7 février 2011

TUNISNEWS 10 ème année, N° 3912 du 07.02.2011 archives : www.tunisnews.net


Résolution du Parlement européen du 3 février 2011 sur la situation en Tunisie

CCPI: La Tunisie annonce son intention de ratifier le statut de rome
CICC: Tunisia expresses intent to ratify the rome statute

C.R.L.D.H. Tunisie: Monsieur Ahmed Ounaies, ministre tunisien des affaires etrangeres, arretez de parler comme du temps de Ben Ali

Délégation du Parti socialiste en Tunisie – Communiqué

Ahmed  BEN AMOR: RCD

dissous : soulagement des destouriens

Chabbi.M: Le Corrompu ne perd jamais son temps, il perd celui des autres


AFP: France: Nicolas Sarkozy tranchera plus tard sur la polémique Alliot-Marie AFP: Monde arabe: l’instabilité peut favoriser l’immigration illégale (Rasmussen) AFP: Tunisie: Le Kef, une ville au bord de la crise de nerfs AFP: Tunisie: le gouvernement engage la bataille contre le RCD de Ben Ali AP: Report: Tunisia PM seeks aid to protect democracy Reuters: La pression monte sur Michèle Alliot-Marie AFP: Tunisie: le Parlement appelé à permettre au président de gouverner par décrets-lois AFP: Tunisie: calme au Kef, plus de 40 blessés dimanche (source hospitalière) AP: Tunisian minister suspends ex-ruling party Reuters: Tunisia takes steps to halt ‘security breakdown’ AFP: Tunisie: la chef de la diplomatie française s’enlise dans la controverse AFP: Tunisie: « soutien » et « vigilance » des députés européens Reuters: Washington veut voir « au-delà de l’horizon » en Egypte

AFP: L’aspiration démocratique, cauchemar d’Al-Qaïda


REVUE DE PRESSE


Résolution du Parlement européen du 3 février 2011 sur la situation en Tunisie


 

Le Parlement européen , –  vu ses précédentes résolutions sur la situation des droits de l’homme en Tunisie et en particulier ses résolutions du 29 septembre 2005, du 15 décembre 2005 et du 15 juin 2005, –  vu l’accord d’association euro-méditerranéen signé entre les Communautés européennes et leurs États membres, d’une part, et la République tunisienne, d’autre part, en mars 1998, –  vu la politique de l’Union sur les droits de l’homme et la démocratisation dans les pays tiers, adoptée par le Conseil en décembre 2005, –  vu sa résolution sur la clause relative aux droits de l’homme et à la démocratie dans les accords de l’Union européenne adopté le 16 février 2006, –  vu la communication de la Commission du 4 décembre 2006 relative au renforcement de la politique européenne de voisinage (COM(2006)0726), –  vu la communication de la Commission «Mise en œuvre de la Politique européenne de voisinage en 2009, rapport de suivi Tunisie» (COM(2010)207- SEC(2010)513), –  vu le plan d’action Union européenne-Tunisie, –  vu sa résolution sur la politique de l’Union européenne en faveur des défenseurs des droits de l’homme adopté le 14 mai 2010, –  vu la déclaration de l’Union européenne à l’issue de la 8e réunion du Conseil d’association UE-Tunisie qui s’est tenue le 11 mai 2010, –  vu les déclarations de Mme  Asthon, haute représentante de l’Union, et de M. Stefan Füle, commissaire européen, sur la situation en Tunisie, le 13 janvier 2011 et le 17 janvier 2011, –  vu la déclaration de M. Buzek, Président du Parlement européen, sur la situation en Tunisie, le 17 janvier 2011, –  vu l’article 110, paragraphe 4, de son règlement, A.  considérant que les manifestations populaires et massives qui se sont déroulées dans tout le pays suite à la suite de l’immolation de Mohammed Bouazizi le 17 décembre 2010 ont entraîné le départ du président Ben Ali, le 14 janvier 2011, et ont permis au peuple tunisien de retrouver la liberté et de mettre fin au régime instauré depuis 1987 par le président Ben Ali, aujourd’hui déchu, B.  considérant que le mouvement pacifique de protestation a été violemment réprimé par les forces de l’ordre, faisant plus d’une centaine de victimes, C.  considérant l’incapacité de l’Union européenne à développer une véritable politique étrangère cohérente et efficace vis-à-vis de ses partenaires; notant en particulier la faiblesse des mécanismes de coopération entre l’Union et la Tunisie et soulignant une nouvelle fois la demande du Parlement européen d’accompagner systématiquement les clauses «droits de l’homme» des accords d’association d’un mécanisme de mise en œuvre effectif de la clause; considérant à ce titre la nécessaire révision de la politique de voisinage en cours, D.  considérant les conclusions du Conseil d’association du 11 mai 2010 rappelant à la Tunisie que la réforme de la justice est un élément essentiel d’un véritable rapprochement vers l’Union européenne tout comme le pluralisme et la participation démocratique, les libertés d’expression et d’association et la protection des défenseurs des droits de l’homme; considérant que les autorités tunisiennes n’ont tenu aucun de ces engagements, E.  considérant que la Tunisie et l’Union européenne étaient en train de définir le plan d’action pour la période 2011-2016; considérant que ce processus nécessitera des engagements accrus de la part des deux partenaires sur l’ensemble des questions, notamment dans le domaine des droits de l’homme et des libertés fondamentales, F.  considérant que l’espoir créé par la fin du régime autoritaire en Tunisie pour une démocratie stable peut contribuer à l’affirmation des mêmes aspirations pour d’autres peuples, 1.  exprime sa solidarité avec le peuple tunisien qui, poussé par des aspirations démocratiques légitimes et l’exigence d’une amélioration des conditions sociales et d’accès au travail, a mené son pays à un tournant politique historique; salue à cet égard son courage et sa détermination lors des manifestations et exprime ses condoléances aux familles des victimes et sa solidarité aux blessés; 2.  condamne la répression et l’utilisation disproportionnée de la force par les forces de sécurité; se félicite au contraire du comportement suivi par les forces armées qui ont refusé de tirer sur les manifestants; réclame l’ouverture d’une enquête indépendante sur les incidents ayant entraîné des morts et donné lieu à un usage excessif de la force au cours des semaines écoulées, ainsi que sur les pratiques de corruption, et à traduire les coupables en justice; 3.  souligne l’importance d’une représentation complète de l’ensemble des forces politiques, sociales, citoyennes et démocratiques tunisiennes, seule à même de doter un gouvernement intérimaire de la confiance de la population et de la légitimité indispensable à la préparation des élections et de la transition démocratique; 4.  soutient avec force le processus démocratique; souligne l’importance de créer les conditions nécessaires à la tenue d’élections, dans des délais suffisants pour permettre à l’ensemble des forces d’opposition et à tous les médias de se structurer à l’échelle nationale, d’une nouvelle Assemblée parlementaire chargée d’élaborer une Constitution démocratique respectant l’équilibre entre les pouvoirs exécutif et législatif et l’indépendance du pouvoir judiciaire; souhaite que toutes les forces démocratiques s’engageant à respecter le pluralisme, la liberté de conscience et l’alternance démocratique puissent participer à cette élection; se félicite à cet égard de la dissolution du ministère de l’information et de la garantie de la liberté d’expression; 5.  se félicite du projet de loi sur l’amnistie générale qui doit permettre la libération des prisonniers politiques, le retour des opposants au régime, la reconnaissance de tous les partis d’opposition ainsi que la possibilité aux organisations non gouvernementales de s’enregistrer; 6.  demande l’application immédiate par l’Union européene des décisions de blocage des biens mal acquis par la famille Ben Ali et ses proches; salue l’annonce faite par les autorités de restituer à l’État les biens mobiliers et immobiliers du parti RCD; 7.  soutient la mise en place des trois commissions, présidées chacune par des personnalités indépendantes et réputées, sur la réforme des institutions et des lois institutionnelles, la lutte contre la corruption et sur les événements postérieurs au 17 décembre; souligne le fait que celles-ci doivent pouvoir agir en toute indépendance et disposer d’un véritable pouvoir d’enquête; estime nécessaire, dans la mesure où elles le souhaitent, que ces commissions puissent bénéficier de l’expertise et du soutien du Haut-Commissariat aux droits de l’homme et des mécanismes pertinents des Nations unies; 8.  demande à la haute représentante de promouvoir la constitution d’une «task force», avec la participation du Parlement européen, permettant de répondre aux besoins d’accompagnement du processus de transition démocratique tels qu’exprimés par les acteurs du changement démocratique, en particulier concernant la préparation d’élections libres et démocratiques, le soutien à la formation de partis politiques et à l’émergence de médias indépendants, ainsi que la reconstruction d’un appareil d’État transparent et indépendant du pouvoir politique et d’une justice équitable et indépendante; 9.  invite la haute représentante et vice-présidente à appuyer le prochain processus électoral en envoyant en Tunisie une mission d’observation électorale; 10 appelle le Conseil, la Commission et la haute représentante de l’Union européenne à se tenir en conséquence prêts à réorienter les fonds – et, au besoin, à les augmenter – des différents instruments financiers de coopération UE-Tunisie; 11.  demande à la Commission et à la BEI d’envisager le soutien à la Tunisie par le biais de prêts à taux bonifiés, afin de permettre à l’économie tunisienne de se diversifier et de donner des perspectives d’emplois qualifiés à la jeunesse tunisienne, dans le cadre d’un véritable contrat de développement favorisant les investissements productifs locaux et étrangers; 12.  demande à la Commission de favoriser, y compris financièrement, l’appui et l’aide que la société civile européenne peut apporter à la société civile tunisienne, en particulier les associations de défense de droits de l’homme et les partenaires sociaux; 13.  appelle instamment l’Union européenne à tirer les leçons de l’exemple tunisien et à revoir sa politique de soutien à la démocratie et aux droits de l’homme en mettant en place un mécanisme permettant la mise en œuvre de la clause de droits de l’homme dans tous les accords avec les pays tiers; insiste pour que la révision de la politique de voisinage accorde la priorité aux critères portant sur l’indépendance de la justice, le respect des libertés fondamentales, le pluralisme et la liberté de la presse et la lutte contre la corruption; invite à une meilleure coordination avec les autres politiques menées par l’Union avec ces pays; 14.  estime que la lutte contre la corruption et le renforcement de l’État de droit dans les pays tiers sont des critères fondamentaux pour répondre aux attentes des peuples et attirer les investissements étrangers; 15.  charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil et à la Commission, à la haute représentante, aux gouvernements et aux parlements des États membres, à l’Assemblée parlementaire de l’Union pour la Méditerranée, ainsi qu’au gouvernement intérimaire et au parlement tunisiens.  

Dernière mise à jour: 4 février 2011


La Coalition pour la Cour pénale internationale (CCPI)

LA TUNISIE ANNONCE SON INTENTION DE RATIFIER LE STATUT DE ROME

Les premières mesures du gouvernement intérimaire comprennent l’engagement en faveur des droits de l’homme


7 février 2011 Amman, Jordanie – La Coalition pour la Cour pénale internationale (CCPI) salue l’important engagement fait par le gouvernement de Tunisie en faveur de l’adhésion au Statut de Rome, le traité fondateur de la Cour pénale internationale (CPI). Lors d’une conférence de presse tenue à la suite de la première réunion du Cabinet du gouvernement intérimaire de Tunisie le 2 février 2011, M. Taieb Baccouch, ministre de l’Éducation et porte-parole du gouvernement intérimaire, a indiqué que le gouvernement intérimaire préparait l’adhésion à d’importants traités internationaux des droits de l’homme, y compris le Statut de Rome de la CPI. La Coalition pour la Cour pénale internationale se réjouit de l’engagement rapide du gouvernement intérimaire en faveur de la justice. L’adhésion de la Tunisie enverrait un message fort au monde arabe, qui est sous-représenté  à la CPI – la première cour internationale capable de poursuivre les responsables de génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. « C’est un événement historique pour la Tunisie. C’est un moment historique pour le monde arabe », a déclaré Souhayr Belhassen, Présidente de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) et ancienne Vice-présidente de la Ligue tunisienne des droits de l’homme. « Le temps est venu pour notre pays de rejoindre la communauté internationale dans la lutte contre l’impunité pour les crimes les plus graves, et de faire les engagements les plus vifs en faveur de la justice et des réparations pour les victimes des pires atrocités », a-t-elle ajouté.  Le gouvernement tunisien peut ratifier le traité par décret présidentiel comme stipule par l’article 28 de l’actuelle Constitution. Après les élections, qui doivent se tenir vers la fin de l’année, la loi entrerait en vigueur une fois ratifiée par le prochain Parlement. « C’est une priorité pour le gouvernement et son engagement est sérieux parce qu’il a décidé de ratifier le Statut de Rome lors de sa deuxième réunion », a déclaré le Dr. Amor Boubakri, professeur à l’université de Sousse et membre de la Coalition et d’Amnesty International–Tunisie. « Le Statut de Rome sera ratifié par décret présidentiel du fait que l’actuel Parlement ne peut pas adopter le texte en raison de son affiliation politique avec le régime de Ben Ali. Mais la loi-décret présidentiel sera suffisant pour rendre les obligations de la Tunisie envers le Statut de Rome contraignantes. »   La région du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (MOAN) ne compte pour l’instant qu’un seul État partie à la CPI, à savoir le Royaume hachémite de Jordanie, un pays membre de la Ligue arabe ayant ratifié le Statut de Rome en 2002. Deux autres membres de la Ligue arabe, les Comores et Djibouti, sont également États parties au Statut de Rome, ceux-ci ayant respectivement ratifié en août 2006 et novembre 2002. Le soutien en faveur du Statut de Rome de la CPI est un objectif  clé visant à garantir une CPI véritablement universelle. Afin que le système du Statut de Rome réussisse, une plus grande majorité des pays du monde doivent soutenir la Cour et son traité fondateur. La Coalition se focalise en particulier sur les pays sous-représentés à la CPI, tels que les pays d’Asie et du Moyen-Orient, et continue son intense travail de plaidoyer dans les États non parties sur l’importance de rejoindre ce système de justice internationale fondamental créé par le Statut de Rome et représenté par la CPI. Contexte : La CPI est la première cour internationale permanente au monde à poursuivre les crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide. Il existe actuellement 114 États parties. Central au mandat de la Cour est le principe de complémentarité qui stipule que la Cour n’interviendra que si les juridictions nationales sont incapables ou n’ont pas la volonté  d’enquêter et de poursuivre de tels crimes. À ce jour, la CPI a ouvert des enquêtes dans cinq situations: en République centrafricaine, au Darfour (Soudan), en Ouganda, en République démocratique du Congo et au Kenya. Elle a émis douze mandats d’arrêt et trois citations à comparaître. Deux procès sont en cours et un troisième devrait s’ouvrir en 2010. Le Bureau du procureur de la CPI a rendu déclaré publiquement examiné au moins huit situations sur quatre continents, dont en Afghanistan, en Colombie, en Côte d’Ivoire, en Géorgie, en Guinée et en Palestine. La Coalition pour la Cour pénale internationale est un réseau mondial des organisations de la société civile dans 150 pays œuvrant pour une Cour pénale internationale juste, efficace et indépendante et un meilleur accès à la justice pour les victimes de génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Pour plus d’informations, veuillez consulter: www.coalitionfortheicc.org  Des experts d’ONG sont disponibles pour des interviews et commentaires. La liste d’experts est disponible sur demande en envoyant un email à :maillet@coalitionfortheicc.org  


The Coalition for the International Criminal Court (CICC) TUNISIA EXPRESSES INTENT TO RATIFY THE ROME STATUTE

First Steps of Interim Government Include Commitment to Human Rights

 


Amman, Jordan – The Coalition for the International Criminal Court (CICC) welcomes the important commitment made by the Tunisian Government toward accession to the Rome Statute, the founding treaty of the International Criminal Court (ICC). During a press conference after the first cabinet meeting of the interim government in Tunisia on 2 February 2011, Mr. Taieb Baccouch, Minister of Education and Interim Government Spokesperson, indicated that the interim government was prepared to adhere to many important international human rights treaties, including the Rome Statute. The Coalition for the International Criminal Court applauds the interim government’s early commitment to justice. Tunisia ’s ratification would send a strong message to the Arab world, which is under-represented at the ICC – the first permanent international court capable of trying perpetrators of genocide, crimes against humanity, and war crimes. « It is a historic moment for Tunisia . It is a historic moment for the Arab world,” stated Souhayr Belhassen, President of the International Federation for Human Rights (FIDH) and former Vice-President of the Tunisian League for Human Rights. “The time has come for our countries to join the international community in the fight against impunity for the most serious crimes, and to make the strongest commitment for justice and redress for victims of grave atrocities, » she added. The Tunisian government can ratify the Treaty by a presidential decree as laid out by Article 28 of the current Constitution. After the elections, which are due to occur later this year, the law would go into effect once ratified by the future parliament. “It is a priority for the government and its commitment is serious because it decided to ratify the Rome Statute just in its second meeting,” said Coalition member Dr. Amor Boubakri, Professor at the University of Sousse and Member of Amnesty International–Tunisia. “The Rome Statute will be ratified by a presidential decree because the present parliament cannot adopt the text for its political affiliation to Ben Ali’s regime.  But the supposed presidential decree-law will be enough to bind the Tunisian state vis-à-vis Rome Statute,” he explained.   The Middle East and North Africa (MENA) region at this time has one ICC state party – the Hashemite Kingdom of Jordan, a member of the League of Arab States, which ratified the Rome Statute in 2002. Two other members of the League of Arab States, the Comoros Islands and Djibouti , are also states parties to the Rome Statute, having ratified in August 2006 and November 2002, respectively. Supporting ratification of the Rome Statute of the ICC is a cornerstone objective to ensure a truly global and universal membership at the ICC. In order for the Rome Statute system to succeed, an increasing majority of the world’s nations must support the Court and its founding treaty. The Coalition focuses its efforts in particular in regions under-represented at the ICC, such as Asia and the Middle East , and continues to advocate strongly in non-party states on the importance of joining this fundamental international justice system, created by the Rome Statute and represented by the ICC. Background: The ICC is the world’s first permanent international court to prosecute war crimes, crimes against humanity and genocide. There are currently 114 ICC states parties. Central to the Court’s mandate is the principle of complementarity, which holds that the Court will only intervene if national legal systems are unable or unwilling to investigate and prosecute perpetrators of genocide, crimes against humanity and war crimes. There are currently five active investigations before the Court: the Central African Republic ; the Democratic Republic of the Congo ; Darfur, the Sudan ; Uganda , and Kenya . The ICC has publicly issued 12 arrest warrants and three summonses to appear. Three trials are ongoing. The Office of the Prosecutor has made public that it is examining at least ten situations on four continents, including Afghanistan , Chad , Colombia , Côte d’Ivoire , Georgia , Guinea , Honduras , South Korea , Nigeria , and Palestine . The Coalition for the International Criminal Court is a global network of civil society organizations in 150 countries advocating for a fair, effective and independent International Criminal Court and improved access to justice for victims of genocide, war crimes and crimes against humanity. For additional information, please visit: www.coalitionfortheicc.org Coalition NGO experts are available for interviews and background. List available upon request to maillet@coalitionfortheicc.org  


C.R.L.D.H. Tunisie اللجنةمن أجل احترام الحريات وحقوق الإنسان في تونس  Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie Membre du Réseau Euro-méditerranéen des Droits de l’Homme 21ter rue Voltaire – FR-75011 PARIS  – Tel/Fax : 00.33.(0)1.43.72.97.34

Monsieur Ahmed OUNAIES, Ministre tunisien des Affaires Etrangères, arrêtez de parler comme du temps de BeN Ali


 

Lors de votre premier voyage en Europe en tant que ministre des Affaires Etrangères du gouvernement de transition issu de la Révolution, vous avez tenu des propos indignes de votre rang et de votre fonction.

En Belgique lors d’un point de presse, en présence de Mme Aston Haute Représentante de l’Union Européenne vous vous êtes permis de qualifier le régime du dictateur Ben ali  comme une « simple parenthèse despotique » ; vous avez continué vos propos ahurissants en disant« qu’avec les derniers événements qui ont précipité le départ de Ben Ali la Tunisie a achevé une course qui n‘a rien à voir avec une révolution. »

Comme si cela ne suffisait pas, vous avez récidivé en France en prenant à contre-pied l’ensemble de l’opinion publique et les médias en couvrant d’éloges la Ministre des affaires Etrangères, Madame Michèle Alliot Marie, en disant que « Parler à côté de Michèle Alliot-Marie, c’est pour moi un honneur, c’était peut-être un petit rêve que je faisais, et que l’histoire ou l’accélération de l’histoire m’a permis de réaliser » rajoutant: «J’aime écouter Michèle Alliot-Marie en toutes circonstances et dans toutes les tribunes» et finalement vous avez osé dire «Je sais que vous êtes avant tout une amie de la Tunisie, parce que la France est l’amie de la démocratie, la France est l’amie des libertés, et donc Michèle Alliot-Marie, au nom de la France, est l’amie de la Tunisie d’aujourd’hui, qui aspire à enraciner la démocratie dans ses institutions.» parlant de « réconfort» que la Tunisie a trouvé «chez ses amis français», «dès l’amorce de son nouvel engagement, et d’abord chez Michèle Alliot-Marie».

Le CRLDHT dénonce ces déclarations qui dénaturent la réalité du processus libérateur en cours en Tunisie. Parler de parenthèse despotique de la dictature de Ben Ali est une offense aux martyres de la révolution. Le CRLDHT se doit de rappeler que le ministre des affaires étrangères a rejoint le gouvernement suite aux manifestations qui exigeaient le départ des ministres issus de l’ancien parti de Ben Ali le RCD.

En outre vos propos concernant Mme Alliot-Marie sont de véritables courbettes pleines de contre-vérités dignes d’une dictature bananière.

Le CRLDHT demande que la diplomatie tunisienne rompe définitivement avec la langue de bois obséquieuse et mensongère de l’ancien régime. La nouvelle diplomatie tunisienne doit être fidèle aux sacrifices des martyrs pour la démocratie et la liberté et à la hauteur des événements révolutionnaires qui sont en train de marquer toute la méditerranée du Sud.

 Paris, le 7 février 2011.

 


Tunis, le 4 Février 2011 Communiqué Harlem Désir, secrétaire national à la coordination Pouria Amirshahi, secrétaire national à la coopération, à la francophonie, à l’aide au développement et aux droits de l’Homme            

Délégation du Parti socialiste en Tunisie

Une délégation du PS s’est rendue à Tunis les jeudi 3 et vendredi 4 février. Harlem Désir et Pouria Amirshahi ont rencontré les organisations de la société civile et les partis démocratiques et progressistes acteurs de la révolution tunisienne : la ligue tunisienne des droits de l’Homme, le syndicat UGTT, le Forum démocratique pour le travail et les libertés, le PDP, ETTAJDID, le PCOT et de nombreuses personnalités parmi lesquelles Moktar Trifi, Souhayrb Belhassen, Mustafa  Ben Jaafar, Hamma Hammami, Radia Nasraoui, Taoufik Ben Brick et Ahmed Mestiri.   Le Parti socialiste apporte son soutien à toutes les forces démocratiques engagées dans la construction d’une Tunisie nouvelle.   Il appelle le gouvernement français à en finir avec les hésitations, les ambiguïtés et les compromissions passées qui ont nuit gravement à l’image de la France. Notre pays doit maintenant pleinement s’engager aux côtés du peuple tunisien pour la réussite de la transition démocratique. Il faut bâtir une nouvelle coopération entre la France et la Tunisie fondée sur le respect et le progrès partagé.   Le Parti socialiste apportera concrètement son aide au cours des mois qui viennent aux organisations qui œuvrent à la construction d’une démocratie durable et irréversible en Tunisie. Il enverra de nouvelles délégations dans les prochaines semaines.  


C.R.L.D.H. Tunisie اللجنة من أجل احترام الحريات وحقوق الإنسان في تونس Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie Membre du Réseau Euro-méditerranéen des Droits de l’Homme 21ter rue Voltaire – FR-75011 PARIS  – Tel/Fax : 00.33.(0)1.43.72.97.34 crldht@gmail.com / www.crldht.org INVITATION Rencontre-Débat Pour que la Tunisie nouvelle s’engage définitivement sur la voie de la démocratie et du respect des droits de l’homme Vendredi 11 février 2011 de 18h30  à 22h. Mairie du 2ème  (8 rue de la Banque, métro Bourse)

Le CRLDHT vous invite à une rencontre afin de débattre du soulèvement, en Tunisie, de la jeunesse et du peuple. Celui-ci a engagé le pays dans un processus révolutionnaire de transition démocratique dont les enjeux dépassent l’avenir de la démocratie dans ce seul pays et ouvre la voie aux peuples arabes qui revendiquent leurs droits à la dignité, à la liberté et à la justice sociale. Face à ces défis, et surtout pour répondre à ce formidable espoir d’une transition démocratique, le rôle des partenaires de la Tunisie, à commencer par ceux de l’opinion publique et de la société civile, en France et en Europe, sera décisif pour soutenir les forces démocratiques. Avec la participation de défenseurs des droits de l’Homme de retour de Tunisie : Kamel Jendoubi, Président du REMDH et du Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie Khémais Chammari, Membre honoraire du REMDH et du Comité pour le Respect des Libertés et des droits de l’Homme en Tunisie Tarek Ben Hiba, Président de la Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives et Secrétaire général du Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie La rencontre sera suivie d’une réception amicale en hommage au peuple tunisien. Contact : Mouhieddine Cherbib 06.15.57.79.14 – Iyed Dahmani 06.26.83.78.26 – crldht@gmail.com


 

RCD DISSOUS : SOULAGEMENT DES DESTOURIENS


Le Rassemblement Constitutionnel Démocratique héritier du Néo Destour est suspendu. Absent lors du «  coup médical de 1987 » le PSD- Parti Socialiste Destourien- est transformé en parti bateau sans idéologie.  Ce parti omniprésent et omnipotent était le passage obligé pour toute fonction dans l’administration ou l’enseignement. Par opportunisme ou par entrisme il  revendique trois millions d’adhérents qui  sont réduits en  supporters du président déchu. Pour un régime policier le parti joue le rôle  d’un parti fasciste qui quadrille la société et fond dans l’état. Il a perdu de sa filiation historique avec le parti déstourien. Les anciens vivaient un malaise et ne se reconnaissaient pas dans ce RCD  reloqué. Le fait de le suspendre et même de le dissoudre soulage ces anciens. Ils vont ainsi rebondir avec un ou deux partis en cherchant un ancrage avec d’une part l’héritage de THAALBI et d’autre part le néo destour de BOURGUIBA. Le RCD qui dégage, va laisser la place à un parti Destour lavé de tout soupçon.  L’héritage sauvé, un parti recomposé rajeuni et s’appuyant sur une expérience d’organisation et de propagande de plus de 70 ans va se positionner sur l’échiquier politique tunisien. Car on peut   dissoudre un parti mais  on ne peut pas dissoudre ses partisans. Le danger est devant nous.  Avec l’émergence d’un tel parti avec une nouvelle lecture de l’histoire de la Tunisie, et en l’absence d’autres partis forts, le risque de retourner à la case du départ est  réel.  Tous les tunisiens et les tunisiennes  ont le droit de s’organiser en parti politique. Un parti qui  respecte la loi, s’autofinance par ses propres moyens et se plie aux règles démocratiques. Une administration complètement séparée des partis, un président qui ne préside que l’exécutif.  Les médias officiels n’ont aucune appartenance partisane. Pas de détachement ni emploi fictif. Ce ne sont que des garanties élémentaires. D’où une  vigilance s’impose sans concession. Hier si on veut salir un citoyen ou lui créer des ennuis, il était accusé de militantisme islamiste, aujourd’hui retour de bâton il n’est pas bien vu d’être un « rcdiste ». Ahmed  BEN AMOR   Paris le 07/01/2011

Le COLLECTIF VIVE LA TUNISIE LIBRE ET PROSPÈRE  et  le gazier du RCD.


 
Au moment où la Tunisie  traverse la phase la plus cruciale de son histoire  et peine à retrouver sa sérénité à l’ombre d’une démocratie chèrement payée,  un groupe -je suppose que c’est le cas- de personnes anonymes, rédige un texte pour défendre et réhabiliter Hédi Baccouche. Je trouve ce texte  opportuniste et indécent … –      –     L’appellation de «  COLLECTIF VIVE LA TUNISIE LIBRE ET PROSPERE », est, le moins qu’on puisse dire, une  appellation bizarre, sans aucune originalité, une appellation qui n’indique ni le but ni le projet des personnes qui se cachent derrière ce label. Tous les tunisiens, excepté  les ennemies de la Tunisie, sont des citoyens qui œuvrent toute leur vie  pour que leur patrie soit libre et prospère. Aucun groupe   ne peut avoir le monopole de sentiments aussi partagés.  Mais peut-être que par le mot collectif on sous-entend  « tout le peuple tunisien » ? Parle au nom du peuple, c’est ambitieux et prétentieux à la fois ! Mais après tout, on peut par charité ou mépris leur laisser le droit de profiter d’une appellation impertinente et mégalo-maniaque, on peut passer sous silence des affirmations sans véracité – l’histoire se chargera de faire le tri-  mais… –       –     Dés les premières liges du texte, une extrême froideur s’installe et on se dit voila que ça s’annonce mal…Voila une écriture que l’on connait trop bien ! Une écriture qui nous a traumatisés depuis le jour où chacun de nous a commencé à déchiffrer les premières lignes de la presse de Tunis et que l’on croyait à jamais disparue au soir inoubliable du quatorze janvier 2011. On retrouve d’un seul coup ces moments de souffrance, cette guerre ouverte entre les bien-pensants, le « Collectif », et les reste du pays…c’est à dire « ces gens mal intentionnés qui mènent une  campagne malveillante pour altérer l’image de l’artisan de notre bonheur, du génie avant-gardiste…et patati et patata… mais heureusement la bave du crapaud n’atteint pas la blanche colombe!» Et la blanche colombe n’est autre que  Hédi Baccouche, la tête pensante du PSD, le pygmalion de Ben Ali et le théoricien du RCD. Le Collectif était à deux doigts de nous sortir l’article 61 bis du code pénal prévu pour punir  une trahison grave.  Mais les temps ont changé!   –   Mais pourquoi diable sortir maintenant ce dinosaure et l’exposer à une population devenue allergique à toutes les créatures préhistoriques qui hantent notre mémoire? Pour être sincère, j’avoue que je le croyais mort et enterré sans bruit, jusqu’au jour où on  annonça qu’il est devenu marionnettiste ventriloque au palais de la Kasbah. Diable! Il a  ressuscité et il reprend du service chez Ghanouchi and Co. Quelle fabuleuse promotion ! Je suppose qu’ayant terriblement souffert durant toutes ces années d’absence politique, de privation de magouilles, de coups fourrés, de compromissions affairistes et  de désinvolture politique abominable, Baccouche revient dans les coulisses du pouvoir en s’autoproclamant l’homme de la situation. J’espère qu’il ne va pas nous faire ensuite le coup du repentir, de la dénonciation du vieux monarque qu’il a adulé et du général analphabète et sanguinaire, créature artificielle qui a échappé au contrôle de son créateur. Au moment du naufrage de toutes les embarcations du monstre, Frankenstein est capable de vouloir, dans un ultime effort, se hisser sur le navire de la démocratie. Mais soyons sérieux, comment peut-il sur le tard, se convertir à la démocratie et, comme saisi par une fausse repentance,  se présenter avec une offre de service citoyenne ou une démarche de contrition qu’il n’a jamais été fichu d’avoir dans son passé ? Franchement, à son âge et avec un passé aussi lourd, lui le soutier du palais de Carthage, se croit-il encore capable de berner sans vergogne ces jeunes merveilleux qui, par leur courage, ont fait l’admiration du monde ? N’a-t-il pas appris qu’il y a à présent des fantômes qui hantent les fascistes, les arrivistes, les RCDistes, les voleurs, les profiteurs, les dictateurs, les Ben-Ali, les Trabelsi, les Matri…et que ces fantômes sont partout, jeunes et intelligents. Allons Messieurs du Collectif, remballez votre momie, elle est invendable. Eh oui, Enough is enough! Votre démarche collective, mettez la au service de la jeunesse éblouissante  de ce pays qui nous font dire que l’on n’a pas vécu pour rien… l’avenir est déjà ici et maintenant! H. KHAZNAGI


Le Corrompu ne perd jamais son temps, il perd celui des autres.


Par Chabbi.M   Heureusement que le ridicule ne tue pas en TUNISIE, sinon, la nation serait réduite en poussière, notre révolution, c’est du jamais vu  dans tous ses sens, et pis, aujourd’hui le  négatif prend le pas sur tout  ce qui peut en sortir de positif.Il est vrai que l’homme est un puits profond, et y jeter  son regard donne le vertige. Bref. Ce 7 février 2011 est à marquer au fer rouge, encore un 7, il y’ a de quoi  mettre le diable en équation dans les limites mauves de  chiffre. Aujourd’hui donc se réunit le parlement  tunisiens, un parlement mauve à 100%, le parlement de BEN ALI, pour, tenez-vous bien, se prononcer sur les futures actions  du gouvernements  fantoche de GANNOUSCHI, et de MBZAA. C’est vraiment coquet et une honte pour la TUNISIE, c’est comme si les espagnols avaient demandé au parti des phalanges franquistes , au parlement franquiste de l’époque,  de se prononcer sur l’avénement de la démocratie espagnole, le personnel politique de cette époque là, n’était ni dupe, ni frileux,  ni stupide et encore moins servil , sans conscience, sans pudeur et sans aucune morale. Un parlement RCD qui va bénir un gouvernement  RCD, et pas plus tard qu’hier soir, le RCD est supposé être  dissout, alors qu’il devrait être interdit pour haute trahison et crimes contre la constituions et contre les tunisiens et leurs bien, Quelle lugubre comédie, d’autres tunisiens vont tomber, la bête immonde mauve bouge encore et de plus en plus. En fait la révolution est en grand danger, ce qui me désole, c’est que certains sages, et ils y’en a beaucoup en TUNISIE, montrent la lune avec le doigt, et les imbéciles regardent le doigts, le peuple tunisien qui n’a plus peur, ni des milices, ni de la violence, ni des balles, subit de plus en plus les agressions par le ridicule et l’ignominie utilisés comme armes de destructions massives par un système et des individus en haut de la pyramide de ce vulgaire gouvernement manipulé en sous_main par  BACCOUCHE et MORJANEet des reliques destouriennes qui reprennent des couleurs en instrumentalisant le sang des martyrs et de leurs anciennes victimes, par des traîtres qui devraient être aux arrêts plutôt que de parader dans les sphères décisionnaires. Le piège est grand et puéril, mais dangereux ne soyons pas tentés par le chant trompeur de ces sirènes carnivores et vampires. Et comme disait  AUDIARD :Les cons, ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît, que penser de ces ministres qui parlent au nom d’un peuple qui les rejette? le gouvernement d’union nationale, le seul, il est dans les rues tunisiennes et dans le refus des tunisiens à encore subir la démagogie et le rhétorique de l’ancien régime, toujours actif à Tunis. Et comme LES CONS sont les plus nombreux sur cette terre, ils croient qu’ils sont toujours gagnant, mais,  plus jamais chez nous, car comme cette révolution tunisienne est un cri du cœur, du ventre et de l’esprit de la TUNISIE profonde, je pense sincèrement que cette fois ci, les usurpateurs  ont affaire à un peuple averti, rigoureux, vigilant et radicalement révolutionnaire, et moi comme beaucoup, je serais de bon conseil et je dirais  aux imposteurs, aux arrivistes et autres  bonimenteurs de la chose publique que ce sont eux qui bloquent la TUNISIE  dans ce no man land  fiévreux de la colère, une colère qui ne tardera pas  de dresser leurs bûchers.  

AFP, le 7 février 2011 à 14h25 GMT

France: Nicolas Sarkozy tranchera plus tard sur la polémique Alliot-Marie


PARIS, 07 Fev 2011 (AFP) – Le président français Nicolas Sarkozy a annoncé lundi qu’il s’exprimerait plus tard dans la semaine sur la polémique touchant sa ministre des Affaires étrangères, qui exclut de démissionner malgré sa mise en cause pour des vacances en Tunisie et son impact sur la diplomatie française.    Michèle Alliot-Marie est attaquée depuis une semaine pour des vacances fin 2010 en Tunisie, alors que la Révolution du jasmin avait débuté. Les appels à sa démission se muliplient au sein de l’opposition qui dénonce une dégradation de l’image à l’étranger de la France, alors qu’elle préside les G8 et G20.    « Vous comprendrez qu’à Varsovie, comme d’ailleurs dans les autres capitales, je ne dise pas un mot sur les questions de politique intérieure, sur lesquelles j’aurai l’occasion de m’exprimer cette semaine », a répondu M. Sarkozy à la presse à l’occasion d’un sommet avec ses homologues allemande, Angela Merkel et polonais, Bronislaw Komorowski.    Le chef de l’Etat participe jeudi soir à une émission sur la chaîne de télévision privée TF1.    Michèle Alliot-Marie, qui a accompagné en Pologne le chef de l’Etat, avait exclu dans la matinée toute démission, affirmant que la controverse l’entourant ne la détournait pas de sa mission.    « Je vous assure que cette polémique ne me détourne pas de ma mission, pas plus que les attaques socialistes », a déclaré la ministre au quotidien Le Parisien. « Je réponds aux questions, pas aux insultes », a-t-elle ajouté, alors qu’elle était interrogée sur une éventuelle démission.    Les attaques contre la ministre ont redoublé après une nouvelle révélation samedi par l’hebdomadaire Le Nouvel Observateur de l’utilisation par Michèle Alliot-Marie et son entourage d’un jet privé appartenant à un riche Tunisien, en relation d’affaires avec le clan Ben Ali.    Michèle Alliot-Marie était attaquée ces derniers jours pour avoir utilisé l’avion d’Aziz Miled pour se rendre de Tunis à l’hôtel de ses vacances, à Tabarka, avec ses parents et son compagnon, Patrick Ollier, lui aussi ministre (des Relations avec le Parlement).    Samedi, le Nouvel Observateur a révélé que Michèle Alliot-Marie et son compagnon étaient montés dans l’avion une deuxième fois, pour une excursion dans le sud du pays, à Tozeur, alors que le pays était déjà en proie aux troubles.    La ministre des Affaires étrangères a observé, sur la radio Europe 1, que son voyage n’avait rien coûté « ni au budget tunisien, ni au budget français ». « Ce n’était pas de l’argent public », a-t-elle insisté.    « Je vois, je constate que ça choque » et donc, « il n’est pas question que je remonte dans un avion privé, quelles que soient les circonstances, tant que je serai ministre », a-t-elle ajouté.    Pendant le week-end, plusieurs responsables de l’opposition socialiste ont réclamé la démission de la ministre qui, le 11 janvier, avait provoqué une première polémique en proposant au régime de Ben Ali la coopération sécuritaire de la France face aux manifestations.    « Vous devriez changer votre ministre des Affaires étrangères », a lancé Jean-Marc Ayrault, le chef de file des députés socialistes à l’adresse de Nicolas Sarkozy. « La seule solution qui permettrait à Mme Alliot-Marie de recouvrer un peu de dignité et à ce gouvernement de retrouver un peu de crédibilité aux yeux des Français, c’est qu’elle parte, qu’elle démissionne », a renchéri le porte-parole du Parti socialiste, Benoît Hamon.  

AFP, le 7 février 2011 à 14h09 GMT

Monde arabe: l’instabilité peut favoriser l’immigration illégale (Rasmussen)


BRUXELLES, 07 Fev 2011 (AFP) – L’instabilité dans le monde arabe ne constitue pas une menace militaire pour l’Otan mais pourrait provoquer un regain de l’immigration illégale en Europe, a estimé lundi le secrétaire général de l’Alliance atlantique Anders Fogh Rasmussen.    « Je ne considère pas la situation » dans le sud de la Méditerranée « comme représentant directement un danger pour l’Otan ou pour ses membres », a-t-il déclaré à la presse, à propos du vent de fronde en Egypte et Tunisie.    Toutefois, « l’évolution au Moyen-Orient et en Afrique du Nord peut avoir un impact sur le processus de paix au Moyen-Orient, et l’instabilité dans la région aussi avoir sur le plus long terme un impact négatif sur l’économie de cette région, entraînant de l’immigration illégale en Europe, etc. », a-t-il estimé.    « L’Otan n’a aucune intention de s’ingérer dans les événements en Egypte » mais « au sein de l’alliance, nous pouvons discuter de tous les sujets qui intéresseraient l’un ou l’autre allié, y compris de l’Egypte et de l’Afrique du Nord », a noté M. Rasmussen.    « D’autant que les pays concernés sont nos partenaires dans le cadre du Dialogue méditerranéen » a-t-il rappelé. Six pays arabes participent à ce dialogue institutionnel avec l’Otan –Egypte et Jordanie, Tunisie, Algérie, Maroc et Mauritanie– ainsi qu’Israël.    « Aussi, a souligné M. Rasmussen, « est-il assez naturel que nous suivions avec grand intérêt la situation en Egypte et dans d’autres pays ».    Le secrétaire général de l’Otan a indiqué que les ambassadeurs des 28 pays membres constituant le Conseil de l’Atlantique-Nord se rendraient avec lui au  Qatar du 14 au 16 février pour une réunion avec les pays du Golfe et a dit « supposer que nos partenaires trouveront intéressant d’échanger les points de vue sur la situation » régionale.    En résumé, a-t-il souligné, « permettez-moi de vous rappeler que l’Otan ne prend aucune part active dans le processus de paix, ou la tournure des événements au Moyen-Orient et en Afrique du Nord », mais que des discussions en son sein ne sont pas exclues « sur tel ou tel sujet » qu’un des alliés serait susceptible de soulever.  

AFP, le 7 février 2011 à 13h42 GMT

Tunisie: Le Kef, une ville au bord de la crise de nerfs


Par Hassen JOUINI LE KEF, 07 Fev 2011 (AFP) – La ville montagneuse du Kef, dans le nord-ouest de la Tunisie, n’est plus qu’une boule de nerfs. Ses habitants viennent de vivre un week-end de violences qui ont fait deux morts, sur fond de pillages et d’incendies. Ils n’en peuvent plus d’avoir été contraints au silence pendant 23 ans sous Ben Ali. « Dites-leur! Mais dites-leur ce qui se passe! On a tellement besoin de parler », lance un vieil homme à un journaliste de l’AFP. Autour, 200 à 300 personnes se sont agglutinées avec un seul et même message: « Qu’on nous entende! ». La police a totalement disparu de la ville mais les militaires postés alentour, nerveux eux aussi, regardent d’un mauvais œil cet attroupement. La veille, à quelques rues de là, l’immeuble abritant le siège de la police a totalement brûlé. Des carcasses de voitures calcinées gisent au pied du bâtiment noirci jusqu’au toit. « Il ne faut pas nous en vouloir après 23 ans de silence et de frustration », poursuit le vieil Abdallah agrippé à sa pauvre carriole de fruits, comme s’il s’excusait. Lundi, écoles et commerces restaient fermés, mais le calme semblait revenu dans la ville qui a enterré la veille deux habitants abattus samedi par le chef de la police locale. Tout avait commencé pacifiquement. Des centaines d’habitants réclamaient le départ du commissaire Khaled Ghazouani, accusé d’abus de pouvoir. Tout a basculé quand le gradé a giflé une manifestante, raconte Jalal, le frère de Fathi Laalaï, un coiffeur de 49 ans tué samedi. Conspué par la foule, le commissaire a sorti son arme et tiré sur un jeune homme de 17 ans, Ahmed Khammassi, qui prenait des photos avec son téléphone portable. « Mon frère Fathi s’est précipité pour prendre le jeune dans ses bras », explique Jalal Laalaï. « Quand il a vu qu’il ne respirait plus, il est devenu fou de colère et s’est jeté sur le commissaire en l’insultant. Et le commissaire a tiré à nouveau ». La gifle de trop au Kef, comme à Sidi Bouzid, plus au sud, pour Mohamed Bouazizi dont le suicide par le feu le 17 décembre avait déclenché la révolte qui a chassé du pouvoir Zine El Abidine Ben Ali le 14 janvier. Mais l’ex-président a laissé derrière lui sa police et son parti, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD). « Au diable le RCD », crie une personne dans la foule. D’autres embrayent immédiatement. « Ils (le RCD) sont allés chercher des ivrognes dans certains quartiers de marginaux et ils les ont payés pour s’attaquer aux biens des gens », assure Kaef, un enseignant du primaire. Tard dimanche soir, quelques commerces et maisons ont encore été attaqués. « Les milices du RCD! », accuse un habitant. Ces deux jours de violence ont fait deux morts et une quarantaine de blessés, dont un homme gravement brûlé dans l’incendie du siège de la police. Alors qu’à Tunis, le gouvernement a annoncé dimanche soir la « suspension » et à terme la dissolution du RCD, les gens du Kef n’en démordent pas et voient la main du parti-Etat derrière tous leurs malheurs. « Même si on le dissout, ses affidés, ses milices sont toujours là », affirme l’enseignant. « Relayez-ça, s’il vous plaît: je lance un appel au ministre de l’Intérieur, au ministre de la Défense: ramenez la sécurité! », dit à l’AFP Aida Ayari, une experte comptable de 25 ans. « Il y a trop de chômage ici, trop de problèmes, mais avant tout on veut que toutes ces attaques arrêtent, on veut une vie normale! »  

AFP, le 7 février 2011 à 12h31 GMT

Tunisie: le gouvernement engage la bataille contre le RCD de Ben Ali


Par Sofia BOUDERBALA TUNIS, 07 Fev 2011 (AFP) – Le Premier ministre tunisien Mohammed Ghannouchi a appelé lundi les députés, réunis pour la première fois depuis la chute de Ben Ali, à autoriser le président intérimaire à gouverner par décrets-lois, contournant ainsi un parlement dominé par l’ex-parti au pouvoir. La bataille contre l’ancien tout puissant Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) avait franchi un premier palier dimanche soir, avec l’annonce par le ministère de l’Intérieur de la « suspension » du parti avant une « dissolution » prochaine. Devant les député réunis au palais du Bardo, siège du Parlement à Tunis, le chef du gouvernement a exhorté les élus à préserver les acquis de la révolution populaire, qui a conduit à la chute de Zine El Abidine Ben Ali le 14 janvier. Un projet de loi en ce sens « va permettre au président intérimaire (Foued Mebazaa) de prendre des décrets-lois, conformément à l’article 28 de la Constitution », a déclaré le Premier ministre. « Le temps est précieux. Ces décret-loi, la Tunisie en a vraiment besoin pour écarter les dangers » qui menacent les acquis de la révolution, a martelé Mohammed Ghannouchi. « Il y a des personnes qui veulent faire revenir la Tunisie en arrière, mais nous devons honorer nos martyrs, qui se sont battus pour la liberté », a-t-il insisté, appelant les 125 députés présents (sur 214 élus) à adopter le texte, qui devrait passer mercredi devant la Chambre des conseillers (Sénat). Les députés devaient se prononcer dans la journée sur ce « projet de loi portant habilitation du président de la République par intérim à prendre des décrets-loi », selon l’ordre du jour unique de la session. A l’extérieur du palais du Bardo, des centaines de manifestants se sont regroupés pour réclamer la « dissolution du parlement », dominé à 80% par le RCD de Ben Ali. Sous la pression de la rue qui réclame la disparition pure et simple de l’ancien parti au pouvoir et à des violences en province, le gouvernement de transition a tenté dimanche soir de désamorcer la contestation en suspendant le RCD et programmant sa dissolution prochaine par la voie judiciaire. Dans son communiqué le gouvernement, qui depuis plusieurs jours évoque un « complot » rampant qui serait l’œuvre d’hommes de mains payés par le RCD, a invoqué son « souci de préserver l’intérêt suprême de la nation et d’éviter toute violation de la loi ». Concrètement, l’intouchable et tout puissant parti du temps du président Ben Ali, qui se targuait d’avoir 2 millions d’adhérents dans un pays de 10 millions de personnes, n’a pour l’instant plus le droit d’organiser de réunions ni de rassemblements, et tous ses locaux sont fermés. Mais nombre de ses cadres sont encore présents dans les administrations et la police. L’opposition redoute que le RCD, seul parti qui bénéficiait de structures partout dans le pays, ne rafle la mise lors des élections prévues dans six mois. Un délai lui aussi contesté, jugé trop court par nombre de formations politiques interdites sous Ben Ali. Cette offensive contre le RCD intervient dans un moment de fortes tensions dans diverses régions du pays (nord, sud et centre), alors que le gouvernement vient d’alléger le couvre-feu en vigueur depuis le 12 janvier, après un grand coup de balai à la tête de la police. Les nominations récentes de 24 nouveaux gouverneurs de provinces ont du mal à passer. Dans plusieurs régions, des manifestants ont réclamé leur départ quelques jours à peine après leur prise de fonction pour cause de « RCDisme ». Le gouverneur de Gafsa (centre-ouest) a même dû quitter dimanche ses bureaux sous protection militaire. Plus au nord, la ville du Kef a connu un week-end d’émeutes, que des habitants attribuent à des provocations orchestrées par le RCD. Deux personnes ont été tuées samedi par un commissaire de police, l’immeuble de la police a été incendié deux fois, et des groupes de pillards ont semé la panique dans la ville.  

Associated Press, le 7 février 2011 à 12h08 GMT

Report: Tunisia PM seeks aid to protect democracy


TUNIS, Tunisia (AP) _ Tunisia’s prime minister is quoted as appealing for international aid to help offset economic losses estimated in the billions following weeks of unrest that helped oust the country’s autocratic President Zine El Abidine Ben Ali.  Mohammmed Ghannouchi reportedly said foreign aid and investment is needed « to protect the Tunisian experiment. »  Ghannouchi says in an interview published in the Financial Times on Monday that the cost to the Tunisian economy of the weeks of anti-government protests are already between $5 billion and $8 billion, « and the needs going forward are even more significant. »  The prime minister says that to safeguard democracy « we must undertake massive and speedy investment in the regions, especially in the most underprivileged regions. »  

Reuters, le 7 février 2011 à 12h36 GMT

La pression monte sur Michèle Alliot-Marie


* Le PS parle d’indécence * Alliot-Marie reconnaît avoir pu choquer * Questions sur son ami tunisien PARIS, 7 février (Reuters) – La pression s’accentue sur la ministre des Affaires étrangères française Michèle Alliot-Marie, qui est sous le feu de l’opposition pour ses vacances en Tunisie peu avant la chute du régime de Zine Ben Ali. Après la confirmation de l’existence d’un deuxième voyage fin décembre dans le jet privé d’un homme d’affaires tunisien qui serait associé au camp Ben Ali, la ministre a subi une nouvelle salve d’attaques. Tout en lâchant du lest, elle a jusqu’à présent refusé d’envisager de démissionner. En déplacement à Varsovie, Nicolas Sarkozy, Nicolas Sarkozy a refusé lundi de s’exprimer sur ce dossier, rappelant qu’il interviendrait jeudi soir à la télévision française. « Vous comprendrez qu’à Varsovie (…) je ne dise pas un mot sur les problèmes de politique intérieure sur lesquels j’aurai l’occasion de m’exprimer cette semaine », a déclaré le président français dans la capitale polonaise, où il participait à un sommet du triangle de Weimar. Aux journalistes qui l’ont accompagnée ce week-end à Munich pour une conférence sur la sécurité, Michèle Alliot-Marie a assuré que le président ne lui avait rien dit de particulier et qu’il s’était montré « très chaleureux » à son égard. Mais l’opposition continue à réclamer sa démission. Le député socialiste Pierre Moscovici a estimé lundi sur France 2 que sa situation était rendue impossible par les révélations à ses yeux « sans cesse plus ridicules ». « Une femme qui a été dans cette affaire aussi incompétente, aussi indifférente, aussi complaisante et qui en plus ne se rend même pas compte de l’indécence de sa conduite, cet femme-là ne peut pas porter haut et fort la voix de la France », a-t-il déclaré sur France 2. La ministre juge n’avoir commis aucune faute, tout en disant comprendre l’émoi suscité par les conditions de ces vacances en Tunisie avec son compagnon Patrick Ollier, également membre du gouvernement, même si elle a amorcé un début de mea culpa. « C’est quelque chose que je ne recommencerai pas puisque ça choque, visiblement », a-t-elle dit dimanche aux journalistes qui l’accompagnaient à Munich. Le gouvernement soutient pour l’instant la ministre, tout en admettant implicitement qu’une faute a été commise. « Elle a dit qu’elle regrettait, pour moi la polémique est close », a dit la ministre de l’Enseignement supérieur Valérie Pécresse sur RMC et BFM TV. QUESTIONS SUR L’AMI TUNISIEN Après une première polémique sur le fait qu’elle avait pris place avec son compagnon dans l’avion de l’homme d’affaires Aziz Miled pour un déplacement de loisirs entre Tunis et Tabarka, la ministre a confirmé après des révélations de presse l’existence d’une seconde excursion dans le même avion. Alors qu’elle était en vacances avec ses parents, elle s’est rendue en jet privé avec Patrick Ollier, ministre des Relations avec le Parlement, dans la ville touristique de Tozeur, dans le sud du pays, le 29 décembre. Elle assure avoir payé les frais de voyages et dit que les factures d’hôtel ont été réglées par ses parents. Les manifestations violemment réprimées au prix de nombreux morts avaient alors atteint la capitale et Zine Ben Ali venait d’intervenir à la télévision pour tenter d’endiguer le mouvement qui devait le pousser au départ le 14 janvier. La position d’Aziz Miled vis-à-vis du régime de Ben Ali est controversée. La ministre l’a présenté comme une « victime » du pouvoir mais d’autres éléments laissent penser qu’il en était proche. Il avait signé une pétition en faveur d’une nouvelle candidature en 2014 du président au pouvoir depuis 1987 et était associé, sans en avoir eu le choix selon la ministre française, avec plusieurs membres de la famille de l’épouse de Ben Ali. La ministre dit qu’elle a le droit de mettre entre parenthèses sa fonction : « Dans ma vie privée, avec ma famille et mes amis, je ne suis pas en représentation officielle, je décompresse. » Trois jours avant le renversement de Zine Ben Ali, Michèle Alliot-Marie avait proposé à son régime le « savoir-faire » de la France pour les opérations de maintien de l’ordre.  

AFP, le 7 février 2011 à 11h54 GMT

Tunisie: le Parlement appelé à permettre au président de gouverner par décrets-lois


TUNIS, 07 Fev 2011 (AFP) – Le Premier ministre tunisien Mohammed Ghannouchi a appelé lundi les députés, réunis pour la première fois depuis la chute de Ben Ali, à adopter une loi permettant au président intérimaire de gouverner par décrets-lois et de contourner ainsi un Parlement dominé par l’ex-parti au pouvoir. « Ce projet de loi va permettre au président intérimaire (Foued Mebazaa) de prendre des décrets-lois, conformément à l’article 28 de la Constitution », a déclaré le Premier ministre devant les députés réunis en session plénière au palais du Bardo, siège du Parlement. « Le temps est précieux. Ces décrets-lois, la Tunisie en a vraiment besoin pour écarter les dangers » qui menacent les acquis de la révolution populaire, a martelé Mohammed Ghannouchi. « La Tunisie est confrontée à des dangers. Il y a des personnes qui veulent faire revenir la Tunisie en arrière mais nous devons honorer nos martyrs qui se sont battus pour la liberté », a-t-il insisté, appelant les 125 députés présents (sur 214 élus) à adopter le texte qui devra ensuite passer devant la Chambre des conseillers (Sénat). Les députés devaient se prononcer dans la journée sur ce « projet de loi portant habilitation du président de la République par intérim à prendre des décrets-lois », selon l’ordre du jour unique de la session. A l’extérieur du palais du Bardo, des centaines de manifestants se sont regroupés pour réclamer la « dissolution du Parlement », dominé à 80% par le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), l’ex-parti au pouvoir sous Zine El Abidine Ben Ali.  

AFP, le 7 février 2011 à 09h26 GMT

Tunisie: calme au Kef, plus de 40 blessés dimanche (source hospitalière)


 

 TUNIS, 07 Fev 2011 (AFP) – Plus de 40 personnes ont été blessées dimanche dont un homme grièvement brûlé lors de l’incendie du siège de la police, dans la ville du Kef, a-t-on appris lundi de source hospitalière dans cette ville du nord-ouest de la Tunisie.    « Il y a plus de 40 blessés, dont un homme grièvement brûlé qui a été transféré à l’hôpital de Ben Arous (spécialisé dans les soins aux grands brûlés) à Tunis », a déclaré à l’AFP une source hospitalière jointe à l’hôpital régional du Kef.    « Presque tous les autres blessés ont été admis pour des cas d’asphyxies légères et des difficultés respiratoires. Il y a aussi quelques cas de fractures. Ils ont tous pu quitter l’hôpital dimanche soir », a ajouté cette source.    La plupart avaient été blessés lors de l’incendie du siège local de la police par des bandes de jeunes pillards.    Lundi matin, la situation était « calme » au Kef, où l’armée est toujours déployée aux carrefours stratégiques de la ville et devant les principaux bâtiments publics, a déclaré à l’AFP Raouf Hadaoui, un syndicaliste joint par téléphone depuis Tunis.    L’activité n’avait toutefois pas repris, les écoles et de nombreux commerces étaient encore fermés vers 10H00 (09H00 GMT).    Tout le week-end, cette ville d’environ 50.000 habitants a été secouée par de violents affrontements et la proie de pillards.    L’immeuble de la police avait déjà été en partie incendié samedi par des manifestants qui exigeaient le départ du chef de la police locale, accusé d’abus de pouvoir. Dimanche, le bâtiment a été à nouveau pris pour cible, cette fois par des bandes de jeunes qui se sont ensuite livrés à des pillages à travers la ville, selon des témoins et des sources syndicales.    Les heurts de samedi ont fait deux morts, selon le ministère de l’Intérieur, qui a démenti le bilan de quatre morts donné de sources syndicales.    Les deux jeunes hommes, abattus par le chef local de la police qui a été arrêté dès samedi soir, ont été enterrés dimanche au Kef, selon des témoins.   

Associated Press, le 7 février 2011 à 00h14 GMT

Tunisian minister suspends ex-ruling party


By BOUAZZA BEN BOUAZZA, Associated Press   TUNIS, Tunisia (AP) _ Tunisia’s interior minister has suspended all activities of the country’s former ruling party amid the most serious protests since the country’s autocratic president fled into exile less than a month ago. Fahrat Rajhi on Sunday suspended all meetings of the Democratic Constitutional Rally, known as the RCD, and ordered all party offices or meeting places it owns closed _ ahead of a demand to dissolve the party, a ministry statement said. The RCD embodied the policies of former President Zine El Abidine Ben Ali, who fled into exile Jan. 14 after a month of nationwide anti-government protests. The party became a key instrument by which Ben Ali maintained power, and by which corruption spread. Should the RCD be dissolve, it would be among the most sweeping moves since Ben Ali’s departure. The official TAP news agency, which carried the statement, said the measure was taken because of the « extreme urgency » of the situation, a reference to deadly weekend protests around Tunisia, and to « preserve the higher interests of the nation. » The announcement came hours after crowds pillaged, then burned a police station in the northwestern city of Kef a day after police shot dead at least two demonstrators. It was the worst violence in Tunisia since Ben Ali fled to Saudi Arabia, ending 23 years in power. Protests have also erupted in other corners of the North African country, which is being run by a caretaker government before presidential elections to be held in six to seven months. Authorities have been removing traces of the Ben Ali regime, notably eliminating figures connected with the former ruling party _ but not fast enough for many citizens. Protests were held in several towns to protest the nomination of new governors belonging to the RCD. The party’s activities were not just limited to politics. Under Ben Ali’s reign, the party had tentacles in all aspects of Tunisian life. There are widespread fears that Ben Ali loyalists within the party are seeding anarchy to upset what Tunisians call their « people’s revolution. » Among other distrusted entities is the police force, which instilled fear as it carried out the repressive policies of Ben Ali. The move by the interior minister, ultimately in charge of police, could amount to a double gesture to shore up the « people’s revolution » in the eyes of many Tunisians. Crowds attacked a police station in Kef on Sunday, pillaging documents and equipment and setting it afire, TAP reported. The army responded by encircling local government buildings to protect them, but tension was high. On Saturday, Kef police officers fired at an angry crowd of 1,000 people attacking the police station with stones and firebombs, killing at least two people and injuring 17, the Interior Ministry has said. The crowd had tried to break into the station after the police chief « mishandled » a citizen, TAP said. Witnesses said the chief had slapped a woman. The local police chief, Khaled Ghazouani, was placed under arrest, according to the ministry.. In Kebili, in the south, a youth hit by a tear gas canister was killed. He was among a group of demonstrators trying to attack a National Guard post to protest the appointment of a local governor, the news agency reported. In the mining town of Gafsa in the center-west, the newly appointed governor, Mohamed Gouider, was forced to leave his new post in a military vehicle provided by the army amid a large demonstration by crowds demanding his departure and a « total rupture with the symbols of the old regime, » TAP reported. Similar demonstrations were held in several other towns, from Sfax, the southern capital, to Bizerte, 35 miles (60 kilometers) north of Tunis. Two opposition parties present in the interim government denounced the naming of regional governors without prior consultation and, for the Democratic Progressive Party, failing to assure a « climate of confidence between the administration and citizens. » The caretaker government is in its second life after being forced by protesters to drop key ministers long linked to the RCD. Prime Minister Mohamed Ghannouchi, a longtime figure in the RCD, maintained his post but dropped his membership. The party’s executive bureau resigned. In an especially sensitive weekend protest, hundreds of people took to the streets in the central-western town of Sidi Bouzid _ where the uprising got its start in December. Hundreds of people protested Saturday after two inmates in a neighborhood police station were killed in a fire late Friday, TAP reported. An investigation into the cause of the blaze was ordered, but Rajhi, the interior minister, speaking Saturday on the private Nessma TV station, left open the possibility that the fire was the work of « infiltrated persons » _ a reference to the RCD. Sidi Bouzid was the site of the start of Tunisia’s uprising, which unfolded with the Dec. 17 self-immolation attempt by an unemployed man whose fruit and vegetable cart was confiscated by police because the man, Mohamed Bouazizi, had no permit. A police woman reportedly slapped him in an ultimate insult. Bouazizi, who later died of his burns, has become a hero in Tunisia. On Sunday, a 4-kilometer-long (2.50-mile-long) caravan of cars and buses arrived in Sid Bouzid bearing aid for the population, TAP reported. Similar convoys are planned for other rural areas that felt forgotten by Ben Ali’s regime.  

Reuters, le 6 février 2011 à 20h08 GMT

Tunisia takes steps to halt ‘security breakdown’


 

 * Interior Ministry suspends activities of ex-ruling party * Allies of ousted president suspected of plotting violence * One man killed in latest clash with police * More clashes in two other provincial towns By Tarek Amara TUNIS, Feb 6 (Reuters) – Tunisia suspended activities of the former ruling party on Sunday, saying it acted to prevent a breakdown in security after some of the worst unrest since the president was ousted in a revolt last month. Security officials in the coalition government put in place after President Zine al-Abidine Ben Ali fled to Saudi Arabia have said there is a conspiracy by officials close to the old administration to spread chaos and take back power. The latest in several days of clashes that have raised questions about whether Tunisia is returning to stability after Ben Ali’s departure. One man was killed during a protest and there were clashes with security forces in two other towns. « The minister of the interior has decided to suspend all activities and all meetings of the RCD (former ruling party) and to close down all its offices pending a judicial decision on its dissolution, » said an Interior Ministry source. « (This is being done) because there is an extreme need and in order to prevent a breakdown of general security and to protect the higher interests of the country, » said the source, who declined to be named. Security officials had earlier suggested that functionaries from the party — which was Ben Ali’s power base but is now shunned by those in power — were involved in attempts to destabilise the country. HALTING PROGRESS Tunisia’s uprising against Ben Ali’s authoritarian rule inspired protest movements elsewhere in the Arab world, including in Egypt, and its halting progress towards a more democratic system is being watched closely in the region. Stability has gradually been returning to the country of 10 million after weeks of unrest before Ben Ali fled and several days of lawlessness afterwards. However, there has been a fresh flare-up of violence and protests in the past few days. The Interior Ministry source said a man died after being hit by a tear gas grenade during clashes in Kebili, about 400 km (250 miles) south of Tunis, between police and protesters angry at the appointment of a new regional governor. There were renewed clashes in the northern town of El Kef, where on Saturday two people died when police opened fire to quell a protest. Young men there on Sunday set fire to a police station and tried to march to the town prison before the military intervened to stop them, the official TAP news agency reported. The news agency also reported that in the town of Gafsa, in central Tunisia, soldiers had to evacuate a newly-appointed regional governor in one of their vehicles after his office came under siege by protesters. The protests over new regional governors are likely to worry the government because they were appointed in response to popular pressure for a purge of Ben Ali loyalists. In the other violent incident of the past few days, townspeople in Sidi Bouzid protested after two men locked up inside a police station there were killed on Friday when the building caught fire.  

AFP, le 6 février 2011 à 19h44 GMT

Tunisie: la chef de la diplomatie française s’enlise dans la controverse


Par Anne-Laure MONDESERT PARIS, 06 Fev 2011 (AFP) – La chef de la diplomatie française Michèle Alliot-Marie s’est davantage enlisée dimanche dans une embarrassante controverse sur ses vacances en Tunisie, après de nouvelles révélations sur l’utilisation du jet d’un chef d’entreprise lié au clan Ben Ali. Ses interventions successives pour se justifier n’ont fait que susciter de nouvelles critiques de l’opposition de gauche, qui a appelé le président Nicolas Sarkozy à la limoger. « Quand je suis en vacances, je ne suis pas ministre des Affaires étrangères », a-t-elle affirmé samedi soir à la radio France-Info, pour se justifier d’avoir voyagé à deux reprises à bord du jet privé d’un ami, Aziz Miled, pendant ses vacances de fin d’année en Tunisie, alors déjà en proie à des troubles sociaux. « Lamentable », a rétorqué le chef de file des députés socialistes, Jean-Marc Ayrault, tandis que le député Pierre Moscovici estimait dimanche qu’elle a « fait preuve d’une incompétence et d’une complaisance rares, inadmissibles ». Le ministre de la Coopération, Henri de Raincourt, tout en faisant valoir que les ministres avaient le droit à la vie privée et au repos, a tout de même concédé: « quand on est membre du gouvernement (…) on l’est évidemment à temps complet ». Michèle Alliot-Marie était attaquée ces derniers jours pour avoir utilisé ce jet privé pour se rendre de Tunis à l’hôtel de ses vacances, à Tabarka, en compagnie de ses parents et de son compagnon, Patrick Ollier, lui aussi ministre (des Relations avec le Parlement). Sa défense s’est trouvée mise à mal samedi quand le Nouvel Observateur a révélé que Michèle Alliot-Marie et son compagnon étaient monté dans l’avion d’Aziz Miled une deuxième fois, pour une excursion dans le sud du pays, à Tozeur. « C’est quelque chose que je ne recommencerai pas, puisque ça choque », a-t-elle déclaré dimanche, en marge de la 47e conférence sur la sécurité à Munich (Allemagne). Elle a de nouveau dénoncé la polémique qui la vise, disant avoir « démonté tous les mensonges ». M. Miled a été présenté comme un proche de Belhassen Trabelsi, le beau-frère du président tunisien déchu. Michèle Alliot-Marie le récuse, estimant que son ami, dirigeant d’une compagnie aérienne, est au contraire « une victime » de la belle-famille de Zine El Abidine Ben Ali qui l’a obligé à s’associer avec elle. La chef de la diplomatie française a aussi tenté de justifier sa présence en Tunisie, en proie aux troubles, en affirmant qu’il n’y avait alors pas « d’émeutes généralisées ». La ministre avait déjà provoqué un tollé en proposant le 11 janvier une coopération policière au régime de l’ex-président tunisien, alors que les manifestations se multipliaient. Cette offre a cristallisé les critiques adressées à la diplomatie de la France, ancienne puissance tutélaire accusée d’avoir tardé à soutenir le soulèvement et passé sous silence le caractère autoritaire et corrompu du régime. Arrivée aux Affaires étrangères en novembre, Michèle Alliot-Marie, 64 ans et habituée des grands ministères, traverse l’une des pires tempêtes de sa longue carrière. Jeudi, le Premier ministre François Fillon a affirmé qu’elle avait « toute (sa) confiance » et celle du président Nicolas Sarkozy. Le président français, qui doit s’exprimer jeudi à la télévision, devra à nouveau évoquer ce sujet. « Si vous voulez donner un peu de confiance aux Français dans les institutions de la République, vous devriez changer votre ministre des Affaires étrangères », a lancé Jean-Marc Ayrault. « Si des décisions ne sont pas prises, nous sommes dans la République irresponsable », a affirmé le député socialiste François Hollande. Parmi les rares à soutenir la ministre dimanche, le député UMP (droite) Patrick Devedjian a fustigé une « chasse à l’homme (…) odieuse ».  

 AFP, le 6 février 2011 à 13h04 GMT  

Tunisie: « soutien » et « vigilance » des députés européens


 TUNIS, 06 Fev 2011 (AFP) – Une délégation du Parlement européen (PE) en mission depuis jeudi en Tunisie a salué dimanche « le courage et la détermination du peuple tunisien et affirmé la détermination du PE à suivre « de façon vigilante » le processus démocratique. « Il faut répondre aux besoins du processus démocratique, apporter un soutien à la formation de partis politiques, à la reconstruction de l’Etat et l’instauration d’une justice indépendante », a déclaré le chef de la délégation, l’Espagnol José Ignacio Salafranca, au cours d’une conférence de presse. Il a exprimé la « vive préoccupation » du PE après la mort samedi de quatre personnes dans des heurts entre la police et des manifestants à Kef, dans le nord-ouest de la Tunisie. M. Salafranca, du groupe PPE (Parti populaire européen, droite), réclame « une enquête pour identifier les coupables ». Les atteintes aux droits de l’homme « ne sont pas terminées », a ajouté Mme Heidi Hautala, en charge de la sous-commission des droits de l’homme au PE. Outre les autorités, la délégation a rencontré tous les acteurs de la transition: forces politiques, associations de magistrats et avocats, acteurs de la société civile, notamment syndicaux et des droits de l’Homme. Les eurodéputés ont souligné le « risque de vide politique » alors que la nouvelle équipe doit organiser dans six mois des élections législatives et présidentielle et est confronté au défi de la sécurité et de mouvement sociaux dans le pays. « Comment gérer l’impatience (des Tunisiens) qui peut faire dérailler le processus? », s’est interrogé M. Salafranca. Dans le pays, le débat fait rage entre les tenants d’une normalisation rapide, avec un scrutin présidentiel et législatif dans six mois pour répondre à l’impatience de la rue, et ceux qui mettent en garde contre une confiscation de la révolution. Ces derniers plaident pour un report d’au moins un an des élections et réclament la mise en place d’une assemblée constituante et une nouvelle constitution, pour permettre l’émergence de nouvelles forces politiques. Actuellement, seul l’ex-parti de Ben Ali, le RCD, est en mesure de faire une campagne nationale. « Nous n’avons pas de conseils à donner aux Tunisiens mais il faut être clair: ou on change d’abord la constitution ou l’on court le risque de se retrouver devant un vide » politique qui pourrait être occupé par le RCD, a averti l’Italien Pier Antonio Panzeri (SD, groupe des socialistes et démocrates au PE). M. Panzeri a appelé à la « vigilance (…) jusqu’aux élections », ajoutant qu’il faudra trouver « quelqu’un qui représentera toutes les composantes de la société ». Les eurodéputés ont particulièrement insisté sur la nécessaire indépendance de la justice et « l’importance de créer les conditions nécessaires à la tenue d’élections (législatives et présidentielle) pluralistes, libres et transparentes ». Concernant l’appui à la réforme de la justice, M. Salafranca indiqué que l’Union européenne travaillait à un plan d’aide doté de 15 à 25 millions d’euros.  

Reuters, le 7 février 2011 à 01h26 GMT

ANALYSE : Washington veut voir « au-delà de l’horizon » en Egypte


par Andrew Quinn WASHINGTON, 7 février (Reuters) – Face à la crise égyptienne, les Etats-Unis veulent porter leur regard « au-delà de l’horizon », vers un avenir démocratique qui doit être minutieusement préparé, a expliqué dimanche Hillary Clinton. Reste que l’approche prudente, voire même changeante, de Washington à l’égard de son plus proche allié arabe a mis l’administration Obama en porte-à-faux avec les manifestants qui réclament depuis bientôt deux semaines la démission du président Hosni Moubarak.  « Nous sommes très cohérents depuis le début de cette situation », a assuré la secrétaire d’Etat, interrogée à bord de l’avion qui la ramenait de Munich, où elle a – semble-t-il – adopté une attitude plus conciliante à l’égard du « raïs ». « Nous voulons voir débuter un processus qui conduira à une transition ordonnée avec ses étapes et ses mesures concrètes qui mènent à des élections libres et équitables », a-t-elle justifié. Intervenant après le discours dans lequel Moubarak a promis de quitter le pouvoir à la fin de son mandat, en septembre, Barack Obama avait pourtant jugé mardi que la transition devait commencer « maintenant ». L’attitude des Etats-Unis, dit-on à Washington, est dictée par la situation sur le terrain. Or les autorités égyptiennes ont promis de s’engager sur la voie de la démocratie, l’opposition n’a aucune expérience du pouvoir et les réformes constitutionnelles nécessaires ne peuvent être menées à bien à court terme. Mais les relations avec Israâl, qui ne cache pas son inquiétude face aux troubles, pèsent également d’un poids non négligeable. L’Egypte, puissance régionale et acteur clé des négociations israélo-palestiniennes, est l’unique pays arabe à avoir conclu un accord de paix avec l’Etat hébreu. Hosni Moubarak s’est, qui plus est, toujours présenté comme un rempart face à l’islamisme. Les prochaines étapes doivent dont être étudiées avec soin, estiment les diplomates américains. « FAIRE LE BON GESTE » « Il est important de regarder au-delà de l’horizon. On ne veut pas arriver en septembre à une élection manquée et voir les gens se demander (…) pourquoi ils ont fait tout cela », a expliqué Hillary Clinton. Certains se posent d’ores et déjà la question depuis que Washington considère que l’heure n’est plus à la révolution mais au dialogue. Les pressions américaines pour amener Moubarak à « faire le bon geste », selon les termes de Barack Obama, sont allées croissant pendant une semaine. Puis Hillary Clinton à semblé se ranger à l’idée de son maintien au pouvoir jusqu’en septembre. Frank Wisner, représentant spécial des Etats-Unis en Egypte, est allé plus loin samedi en affirmant que le chef de l’Etat pourrait jouer un rôle essentiel dans la transition. Cette position, qui semble en accord celle des Européens, risque fort d’indigner les dizaines de milliers d’Egyptiens qui continuent à réclamer son départ immédiat. Si le vice-président Omar Souleimane, ancien chef des services de renseignement militaires, qu’il à chargé du dialogue politique naissant, est considéré d’un oeil soupçonneux dans les rang de l’opposition, il est revanche un interlocuteur connu et apprécié à Washington. Barack Obama a assuré dimanche que « plus rien ne serait jamais comme avant » en Egypte et Hillary Clinton a jugé le changement d’ores et déjà amorcé avec les concessions du « raïs », qui a donc promis de ne pas se représenter, d’écarter son fils de la course à sa succession et de réformer la constitution. Les Etats-Unis, a-t-elle en outre souligné, refusent de « préjuger » de l’avenir des Frères musulmans, mouvement islamiste interdit et première force de l’opposition, qui a accepté pour la première fois ce week-end de dialoguer avec le pouvoir. Pour Robert Danin, expert du Proche-Orient et membre du Council on Foreign Relations, le reflux des violences, l’ouverture du dialogue avec l’opposition et le coât économique des manifestations ont convaincu les diplomates américains de changer d’approche pour permettre à l’opposition de préparer les élections. « Ils ajustent leur vitesse pour s’adapter au terrain. On ne débat pas d’un éventuel départ de Moubarak, mais du calendrier et du mécanisme », observe-t-il. 

AFP, le 6 février 2011 à 05h39 GMT

L’aspiration démocratique, cauchemar d’Al-Qaïda


Le Caire (afp) Les soulèvements populaires dans le monde arabe, leur succès en Tunisie et leurs éventuelles victoires ailleurs sont déjà des revers et pourraient être des catastrophes pour Al-Qaïda et les mouvements jihadistes, selon des experts. La transition pacifique contredit leur thèse d’un recours nécessaire à la violence. Ils contredisent en effet leur credo selon lequel seuls la violence, le jihad et la lutte armée peuvent venir à bout de ce qu’ils considèrent comme des régimes impies, soutenus par l’Occident et oppresseurs de leurs peuples. Ce qui se passe en Egypte « dément toute la théorie du recours à la violence » assure, depuis la place Tahrir au Caire où elle est venue observer la situation, Maha Azzam, du programme « Moyen-Orient » de centre de réflexion londonien Chatham House.  « Tous les groupes en Egypte, y compris les Frères Musulmans, réclament une transition démocratique du pouvoir. Ils condamnent tous la violence politique. S’ils y parviennent et si la transition est pacifique, si cela aboutit à un système politique incluant tout le monde, cela se fera au détriment des groupes radicaux », affirme-t- elle. Pour Dominique Thomas, spécialiste de l’islamisme radical à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHHESS), « les groupes jihadistes sont à la croisée des chemins: si les événements font boule de neige, suscitent des vocations démocratiques dans la région et que les peuples parviennent à renverser des dictatures sous la seule pression de la rue, ce sera une réfutation cinglante de leurs thèses ». Un silence embarrassé « Si c’est par le peuple que les régimes tombent, Al-Qaïda et les groupes jihadistes auront du mal à rebondir et à adapter leur discours », ajoute-t-il. « D’ailleurs, face à l’effervescence actuelle, il faut remarquer qu’ils sont étrangement silencieux. Ils sont sans doute embarrassés. Il va falloir que Ben Laden ou mieux l’Egyptien Al-Zawahiri s’expriment rapidement, faute de quoi leur discours perdra toute substance ». Un silence que remarque également Jean-Pierre Filiu, professeur à Sciences-Po Paris et à l’Université Columbia: « Al-Qaïda a été complètement prise de court par la contestation populaire dans le monde arabe ».  « Elle est d’ailleurs pratiquement silencieuse sur ce sujet, car incapable de proférer le moindre commentaire d’actualité, tant cette nouvelle donne la dépasse », dit-il. Personne ne réclame un califat Il faut remarquer que « les manifestants ne prennent pas des risques physiques incontestables pour demander ‘l’Etat islamique’ ou l’établissement d’un ‘califat’, mais pour exiger la démocratie, les élections et la transparence du pouvoir, tous concepts absents de la vision d’Al-Qaïda », ajoute M. Filiu. Le danger d’une coupure avec les peuples de la région et d’une marginalisation a été senti par un cyber-prédicateur radical, Abou Moundhir al-Shanqiti, qui écrivait le 31 janvier sur un forum jihadiste: « Ce serait une dangereuse erreur pour les jihadistes de s’éloigner des peuples ».  « Nous devrions leur pardonner, nous rapprocher d’eux et les supplier de nous écouter, car séparer le mouvement jihadiste du mouvement musulman populaire signerait notre fin », écrivait-il, dans une contribution traduite par l’institut américain de surveillance des sites islamistes SITE. En revanche, soulignent les trois experts, un échec du mouvement démocratique, une répression aveugle ou des coups d’Etat militaires seraient une aubaine et une validation de leurs thèses pour les partisans de l’islamisme radical.


 

 Le Corrompu ne perd jamais son temps, il perd celui des autres.


Par Chabbi.M   Heureusement que le ridicule ne tue pas en TUNISIE, sinon, la nation serait réduite en poussière, notre révolution, c’est du jamais vu  dans tous ses sens, et pis, aujourd’hui le  négatif prend le pas sur tout  ce qui peut en sortir de positif.Il est vrai que l’homme est un puits profond, et y jeter  son regard donne le vertige. Bref. Ce 7 février 2011 est à marquer au fer rouge, encore un 7, il y’ a de quoi  mettre le diable en équation dans les limites mauves de  chiffre. Aujourd’hui donc se réunit le parlement  tunisiens, un parlement mauve à 100%, le parlement de BEN ALI, pour, tenez-vous bien, se prononcer sur les futures actions  du gouvernements  fantoche de GANNOUSCHI, et de MBZAA. C’est vraiment coquet et une honte pour la TUNISIE, c’est comme si les espagnols avaient demandé au parti des phalanges franquistes , au parlement franquiste de l’époque,  de se prononcer sur l’avénement de la démocratie espagnole, le personnel politique de cette époque là, n’était ni dupe, ni frileux,  ni stupide et encore moins servil , sans conscience, sans pudeur et sans aucune morale. Un parlement RCD qui va bénir un gouvernement  RCD, et pas plus tard qu’hier soir, le RCD est supposé être  dissout, alors qu’il devrait être interdit pour haute trahison et crimes contre la constituions et contre les tunisiens et leurs bien, Quelle lugubre comédie, d’autres tunisiens vont tomber, la bête immonde mauve bouge encore et de plus en plus. En fait la révolution est en grand danger, ce qui me désole, c’est que certains sages, et ils y’en a beaucoup en TUNISIE, montrent la lune avec le doigt, et les imbéciles regardent le doigts, le peuple tunisien qui n’a plus peur, ni des milices, ni de la violence, ni des balles, subit de plus en plus les agressions par le ridicule et l’ignominie utilisés comme armes de destructions massives par un système et des individus en haut de la pyramide de ce vulgaire gouvernement manipulé en sous_main par  BACCOUCHE et MORJANEet des reliques destouriennes qui reprennent des couleurs en instrumentalisant le sang des martyrs et de leurs anciennes victimes, par des traîtres qui devraient être aux arrêts plutôt que de parader dans les sphères décisionnaires. Le piège est grand et puéril, mais dangereux ne soyons pas tentés par le chant trompeur de ces sirènes carnivores et vampires. Et comme disait  AUDIARD :Les cons, ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît, que penser de ces ministres qui parlent au nom d’un peuple qui les rejette? le gouvernement d’union nationale, le seul, il est dans les rues tunisiennes et dans le refus des tunisiens à encore subir la démagogie et le rhétorique de l’ancien régime, toujours actif à Tunis. Et comme LES CONS sont les plus nombreux sur cette terre, ils croient qu’ils sont toujours gagnant, mais,  plus jamais chez nous, car comme cette révolution tunisienne est un cri du cœur, du ventre et de l’esprit de la TUNISIE profonde, je pense sincèrement que cette fois ci, les usurpateurs  ont affaire à un peuple averti, rigoureux, vigilant et radicalement révolutionnaire, et moi comme beaucoup, je serais de bon conseil et je dirais  aux imposteurs, aux arrivistes et autres  bonimenteurs de la chose publique que ce sont eux qui bloquent la TUNISIE  dans ce no man land  fiévreux de la colère, une colère qui ne tardera pas  de dresser leurs bûchers.
 

Tunisie. Remous au ministère des Affaires étrangères

Un «groupe de diplomates tunisiens» souligne les problèmes devant être réglés en priorité «dans l’intérêt de la diplomatie tunisienne dans le contexte de la politique de la promotion de l’image de la Tunisie à l’étranger».

 


Dans le texte qu’il nous a fait parvenir, et dont nous reproduisons ici l’essentiel, ledit «groupe» commence par présenter des éléments d’information à propos des nombreux ambassadeurs actuellement en poste mais qui n’appartiennent pas au ministère des Affaires étrangères.

 

Les obligés de l’ex-président et de son épouse Selon le «groupe de diplomates tunisiens», plus de 60% des chefs de missions diplomatiques et consulaires tunisiennes ne sont pas des fonctionnaires du ministère et ont été désignés par le président déchu pour des considérations personnelles. Ces nominations sont, dans la majeure partie des cas, «des rétributions pour service rendus ou pour la sauvegarde des intérêts» de sa famille et de son épouse. Voici, par ailleurs, la liste de ces ambassadeurs et leurs affectations tels que précisés par le «groupe»: Mongi Bedoui (Le Caire), Mustapha Bahia (Koweit), Sadok Korbi (Rabat), Raouf Najjar (Paris), Habib Achour (Rome), Ali Chaouch (Vienne), Mohamed Ridha Kechrid (Madrid), Mahmoud Karoui (Lisbonne), Houria Ferchichi (Belgrade), Haj Glai (Ankara), Lyes Ben Marzouk (New Delhi), Aberrahmen Kraiem (Séoul), Noureddine Hached (Tokyo, qui a annoncé sa démission), Mezri Haddad (Unesco, a annocé sa démission le 13 janvier- NDLR), Moncef Gouja (Abuja), Chakib Dhaouadi (Ramallah), Alifa Farouk (Berlin), Rafia Baouendi (Berne), Abbes Mohsen (La Haye), Chokri Hermassi (Dakar), Ridha Massoudi (Yamossoukro), Seifeddine Cherif (Brasilia), Kamel Haj Sassi (Prague), Abdelrahmane Belhaj Ali (La Valette), Ahmed Mahjoub (Pretoria), Habib Mbarek (Alger), Mohamed Samir Abdallah (Beyrouth) et Said Naceur Ramadhan (Khartoum). Ces ambassadeurs n’ayant, avant leur nomination, aucune notion de la diplomatie ni des relations internationales, les missions qu’ils dirigent fonctionnent grâce aux cadres du ministère, diplomates de vocation. Selon des communiqués de presse, une décision a été prise le 29 janvier pour effectuer un mouvement substantiel dans le corps des ambassadeurs. Officiellement, les autorités concernées sont restées silencieuses sur la question. Du coup, et selon des informations vérifiés au niveau des missions diplomatiques concernées, les ambassadeurs en question sont en train de manœuvrer en vue d’être maintenus. Pour preuve: certains d’entre eux ont même commencé les préparatifs des réceptions pour célébrer le 20 mars. «Sont-ils vraiment les meilleurs représentants de la Tunisie actuelle?», s’interroge le groupe de diplomates.   Par ailleurs, des rumeurs non vérifiées nous apprennent que l’actuel ministre des Affaires étrangères, Ahmed Ounaies, aurait l’intention de faire appel à d’anciens fonctionnaires du département qui se trouvent à la retraite depuis un certain nombre d’années pour remplacer les ambassadeurs nommés par l’ex-président et son clan.

 

Pour une révision des rémunérations

 

Concernant la rémunération des diplomates tunisiens en poste à l’étranger, le «groupe de diplomates» précise qu’ils sont parmi les plus mal payés du monde. En effet, il n’y a eu que deux augmentations de salaire mineures en 20 ans (5% en 2003 et 7% en 2010). La grille des salaires à l’étranger ne reflète en rien le niveau de vie des pays d’accueil des missions tunisiennes sans compter le renchérissement continu de la vie. Cet état de fait a une incidence directe sur le rendement du diplomate tunisien qui se trouve souvent dans l’incapacité matérielle de représenter dignement son pays et d’accomplir dans les meilleures conditions sa mission. Les fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères tunisien, pour leur part, sont régis par un statut particulier entré en vigueur en 1991, qui ne prévoit pas de prime spécifique au corps comme c’est le cas de tous les autres corps constitués (magistrats, médecins, enseignants….). Le «groupe de diplomates» souhaite que toutes ces questions soient soulevées avec le nouveau ministre des Affaires étrangères, qui est un diplomate à la retraite, en vue d’une meilleure visibilité et de transparence visant à l’assainissement de l’environnement de travail au sein du ministère.

 

(Source : « Kapitalis » (Tunis), le 7 Février 2011 à 08h06)

 

Lien :http://www.kapitalis.com/fokus/62-national/2599-tunisie-remous-au-ministere-des-affaires-etrangeres.html

 


 
Adler, BHL et Finkielkraut anxieux face
 à la perspective d’une Egypte démocratique

 
 

PASCAL BONIFACE (*)

 

 

 

Tout le monde devrait se réjouir de la contestation du régime répressif de Moubarak en Égypte. Mais la joie de voir la mise en place d’une véritable démocratie dans ce grand pays arabe est gâchée par une sombre perspective : la prise du pouvoir par les Frères Musulmans. Mais alors que The Economist qui n’est pas précisément un organe islamo-gauchiste se réjouit d’une révolte pacifique, populaire et séculière, trois des principaux intellectuels médiatiques français sont heureusement là pour mettre en garde les naïfs qui stupidement sont toujours prêts à applaudir à la chute des dictateurs.

 

Dans le Figaro des 29 et 30 janvier, Alexandre Adler est le premier à tirer la sonnette d’alarme dans sa chronique intitulée « Vers une dictature intégriste au Caire ? » dans laquelle il qualifie au passage Mohamed El Baradei, l’une des figures de proue de l’opposition à Moubarak de « pervers polymorphe ».

 

Alain Finkielkraut prend le relais dans Libération du 3 février. Il se demande si Mohamed El Baradei sera « l’homme de la transition démocratique ou l’idiot utile de l’islamisme » et doute de la possibilité de l’instauration d’un régime démocratique en Égypte à cause des Frères musulmans. Selon lui, il y avait une tradition démocratique en Europe de l’Est mais il doute qu’il y en ait une en Egypte. C’est faux et stupide à la fois. Seule la Tchécoslovaquie avait été une démocratie avant l’instauration du communisme en Europe de l’Est. Et il est curieux d’exiger le préalable d’une tradition démocratique pour une nation qui veut justement faire chuter une dictature. Dans Le Point (dont la couverture est sobrement intitulée « le spectre islamiste »), BHL avoue sa crainte de voir les fondamentalistes bénéficier de la chute de Moubarak avec la perspective d’une Égypte qui suivrait l’exemple iranien.

 

Ces trois intellectuels relaient en fait les craintes israéliennes face au changement politique en Égypte. Ce qui est assez amusant c’est que les mêmes qui ont dénoncé pendant des lustres l’absence de régimes démocratiques dans le monde arabe s’inquiètent désormais de la possibilité qu’il en existe. Cela ferait tomber leur argument de « Israël la seule démocratie du Proche-Orient » qu’ils psalmodient. Mais surtout cela pourrait signifier la mise en place de régimes moins accommodants avec Israël. Or c’est leur principale pour ne pas dire unique préoccupation.

 

Il n’est d’ailleurs pas étonnant qu’ils soient passés complètement à côté de la révolution tunisienne ; ils n’ont ni soutenu la révolte populaire comme ils ont pu le faire pour l’Iran, (la Tunisie n’est pas hostile à Israël donc on n’y soutient pas les revendications démocratiques) ni ne se sont inquiétés de ses conséquences comme ils le font pour l’Égypte (la Tunisie n’a pas un rôle clé au Proche Orient).

 

Ils font un parallèle entre la mise en place d’un régime répressif islamiste en Iran après 1979 et ce qui pourrait se produire en Égypte. Comparaison n’est pas raison ; si le régime des mollahs a pu s’imposer en Iran, c’est en grande partie du fait des craintes d’interventions extérieures américaines (et du précédent Mossadegh) et face à l’agression à partir de 1980 de Saddam Hussein, à l’époque soutenu unanimement par le monde occidental. Le sentiment de menace extérieure a largement servi le régime iranien pour se maintenir en place. C’est d’ailleurs une règle générale qui ne vaut pas que pour l’Iran.

 

Curieusement nos trois vedettes médiatiques qui s’inquiètent fortement de l’arrivée au pouvoir d’un mouvement intégriste religieux n’ont jamais rien dit contre le fait qu’en Israël un parti de de cette nature soit membre depuis longtemps de la coalition gouvernementale. Le parti Shass un parti extrémiste religieux (et raciste) est au pouvoir en Israël avec un autre parti d’extrême droite celui-ci laïc et tout aussi raciste, Israel Beiteinu. Ces deux partis alliés au Likoud essaient d’ailleurs de restreindre les libertés politiques et mettent une très forte pression sur les différentes O.N.G. de défense de droits de l’homme sans que nos trois intellectuels s’en émeuvent particulièrement.

 

Les Frères musulmans peuvent-ils prendre seul le pouvoir ? C’est fortement improbable pour ne pas dire impossible. Un gouvernement auquel éventuellement participeraient les Frères musulmans pourrait lever le blocus sur Gaza. Il ne se lancerait pas dans une guerre contre Israël du fait du rapport de forces militaires largement favorable à Israël sans parler de l’appui stratégique américain. Ce qui pourrait se produire par contre, c’est qu’un autre gouvernement égyptien soit moins accommodant avec l’actuelle coalition de droite et d’extrême-droite au pouvoir en Israël. Mais est-ce si grave qu’un pays démocratique d’une part ait une politique indépendante et d’autre part ne laisse pas carte blanche à un gouvernement de droite et d’extrême-droite ?

 

Les masques tombent. Nos trois intellectuels dénoncent un éventuel extrémisme en Egypte mais soutiennent celui au pouvoir en Israël. Ils critiquent l’absence de démocratie dans le monde arabe mais s’émeuvent dès qu’elle est en marche. Leur priorité n’est pas la démocratie mais la docilité à l’égard d’Israël, fut-il gouverné avec l’extrême droite.

 

(*) Pascal Boniface est Directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) et enseignant à l’Institut d’Etudes européennes de l’Université de Paris 8.

 

Pascal Boniface dirige également La revue internationale et stratégique (parution trimestrielle depuis 1991) et L’Année stratégique (parution annuelle depuis 1985).

 

Il a écrit ou dirigé la publication d’une quarantaine d’ouvrages ayant pour thème les relations internationales, les questions nucléaires et de désarmement, les rapports de force entre les puissances, ou encore la politique étrangère française ou l’impact du sport dans les relations internationales.

 

Pascal Boniface publie de nombreux articles dans des revues internationales de géopolitique et intervient régulièrement dans les médias, qu’ils soient nationaux ou internationaux, écrits ou audiovisuels.

 

Il est éditorialiste pour l’hebdomadaire Réalités (Tunisie), et les quotidiens La Croix (France), La Vanguardia (Espagne), et Al Ittihad (Emirats arabes unis).

 

Pascal Boniface a présidé la Commission de prospective sur l’avenir du football auprès de la Fédération française de Football. Il est aujourd’hui Secrétaire général de la Fondation du football.

 

Pascal Boniface est Chevalier de l’Ordre national du mérite et Chevalier de la Légion d’honneur.

 

(Source : le blog de Pascal Boniface, le 7 février 2011)

 

Lien :http://pascalbonifaceaffairesstrategiques.blogs.nouvelobs.com/archive/2011/02/07/adler-bhl-et-finkielkraut-anxieux-face-a-la-perspective-d-un.html

 

 


 

Retour sur la révolte du bassin minier. Les cinq leçons politiques d’un conflit social


 

Lorsqu’elle a éclaté au début de l’année 2008, personne ne soupçonnait l’ampleur qu’allait prendre la révolte du bassin minier de Gafsa. Limitée au départ à des revendications socioprofessionnelles, elle a progressivement revêtu une dimension politique et protestataire qui fait d’elle un mouvement social emblématique de la crise du « système Ben Ali ». Sur le plan sécuritaire d’abord, où les modes d’encadrement autoritaires habituels se sont rapidement avérés incapables de contenir la contestation sociale, au point de remettre en cause la cohérence du dispositif répressif. Sur le plan économique, ensuite, la révolte du bassin minier est venue égratigner sérieusement le mythe de la « Tunisie dragon d’Afrique », le chômage, la précarité généralisée et la corruption constituant les principaux moteurs de la protestation. Sur le plan politique, enfin, dans la mesure où les forces d’opposition classiques et les syndicats se sont retrouvés dépassés par l’audace protestataire de citoyens ordinaires. En ce sens, le mouvement social du bassin minier est porteur de « leçons politiques », sur lesquelles il est nécessaire de revenir, afin d’appréhender la dégénérescence du Pacte de sécurité mis en place par le régime au cours de la décennie précédente.

 

by Larbi Chouikha , Vincent Geisser

 

(31 January 2011)

 

Au début de l’année de 2008 éclatait dans le bassin minier de Gafsa l’un des plus grands mouvements sociaux qu’ait connu la Tunisie depuis son indépendance. Au départ, personne n’aurait pensé, dans un pays totalement verrouillé par l’appareil sécuritaire, que des mères de familles, des adolescents, des « petites gens », des diplômés chômeurs ou de simples militants syndicaux puissent défier le régime des mois durant, au point que la « révolte » est considérée aujourd’hui comme le symbole de la résistance populaire à l’autoritarisme benalien. Alors que tous les observateurs étaient braqués sur la campagne pour les élections présidentielle et législative d’octobre 2009 et, que les opposants cooptés ou indépendants se mettaient déjà en marche pour participer symboliquement ou boycotter énergiquement un « scrutin sur mesure », l’expression du ras-le-bol a explosé là où on ne l’attendait pas forcément : la Tunisie de l’intérieur, déshéritée et oubliée (les « zones d’ombre » pour reprendre la rhétorique officielle du régime1) qui n’intéresse finalement pas grand monde et encore moins les correspondants de la presse étrangère trop accoutumés à leurs réseaux d’informateurs des « beaux quartiers » de la capitale (le triangle La Marsa-Sidi Bousaïd-Carthage). Et, il est vrai, qu’au départ, comme le souligne pertinemment le politologue Amin Allal (2010), le « mouvement » du bassin minier n’a pas été vraiment pris au sérieux par les partis d’opposition et les organisations des droits de l’Homme basés à Tunis, qui ont voulu y voir la résurgence d’une « révolte tribale », que le pouvoir n’aurait aucune difficulté à étouffer dans l’œuf par la distribution de gratifications matérielles et de subventions en tout genre. Selon cette vision élitiste, le clientélisme d’État n’aurait aucun mal à venir à bout de la colère des gueux, peu politisés et facilement « achetables », en dépit du fait que Gafsa reste dans l’esprit de nombreux Tunisiens la « ville indomptable » en référence à une très ancienne tradition de luttes syndicales et aux événements de 1980 (Baduel, 1982, p. 521-574). Or, c’est tout le contraire qui s’est passé : au fil des jours, le mouvement social n’a cessé de se politiser et de revêtir une dimension protestataire, outrepassant largement les registres social et professionnel des premiers temps (demandes d’embauche collective dans la Compagnie des phosphates de Gafsa).

 

Avec du recul, les analyses produites par les social scientists (Allal, 2010 ; Chouikha et Gobe, 2009, p. 387-420) et les observateurs engagés2 ont convergé pour mettre en exergue la charge politique et contestataire de la révolte du bassin minier, au point de se demander si elle n’anticipait pas les contours d’un mouvement social à venir qui, à moyen terme, pourrait ébranler les bases du régime. En somme, les spécialistes du champ politique tunisien ont longtemps estimé que les changements au « pays du jasmin » viendraient du « sérail tunisois » et des milieux élitaires : le mouvement de Gafsa laisse à penser, au contraire, que le « pays de l’intérieur » pourrait jouer aussi un rôle dans la redéfinition des enjeux politiques futurs et la transition vers un nouveau type de régime. La répression policière et judiciaire du mouvement (procès en première instance des 4 et 11 décembre 2008 et procès en appel du 3 février 2009) et la « clémence présidentielle » (libération des condamnés du bassin minier à l’occasion de la fête du 7 novembre 20093) n’enlèvent rien à la charge subversive de la révolte. Cette dernière continue à marquer les mémoires et sert consciemment ou inconsciemment de « modèle de mobilisation », même si celui-ci n’a jamais été pensé par les acteurs protestataires. Pour le dire plus simplement : désormais, il y aura un avant et un après Redeyef4. De ce point de vue, cinq « leçons politiques » peuvent être tirées de ce mouvement social inédit dans la Tunisie indépendante.

 

Le syndicat de salariés, l’UGTT, apparaît bien comme le « maillon faible » des agences de pouvoir (Camau et Geisser, 2003 ; Gobe, 2006, p. 174-192) : si la direction nationale est prompte à collaborer avec le gouvernement et, en particulier, avec le ministère de l’Intérieur, pour pacifier les luttes sociales, les instances régionales et locales, davantage proches de la base militante et de la population, ont montré qu’elles pouvaient à tout moment faire preuve d’audace protestataire, refusant toute forme d’allégeance au régime.

 

A contrario, les partis de l’opposition indépendante et les organisations des droits de l’Homme, en dépit d’une bonne insertion dans les réseaux internationaux et d’un soutien tardif aux activistes du bassin minier, sont apparus en total décalage avec le mouvement social, évoluant dans une « bulle élitaire », certes objet de tracasseries policières permanentes, mais finalement peu menaçantes pour les assises du régime. Pire, la majorité des intellectuels tunisiens se sont montrés relativement indifférents au mouvement social, comme si celui-ci par sa « nature populaire » n’était porteur d’aucune signification politique5.

 

Car, il est vrai qu’une sociologie « fine » des émeutiers du bassin minier6 révèle la prédominance des membres des classes populaires, des diplômés au chômage, des anciens salariés prolétarisés, des femmes seules avec enfants (veuves de mineurs), etc., qui contraste point par point avec l’assise sociale des partis et des ONG ayant pignon sur rue. Même les leaders du mouvement, membres des syndicats de base, appartiennent généralement à la classe moyenne intellectuelle en voie de paupérisation.

 

Contrairement à toutes les analyses qui soulignent une distanciation de facto entre les Tunisiens de l’intérieur et ceux de l’extérieur (immigrés, réfugiés politiques, anciens opposants islamistes et gauchistes), certains milieux de la diaspora tunisienne ont joué un rôle central dans les mobilisations, davantage impliqués que les élites tunisoises. Les « Tunisiens de l’étranger » ont non seulement contribué à rendre visible le mouvement social aux yeux de l’opinion publique internationale mais ont aussi apporté un appui logistique aux révoltés du bassin minier.

 

Enfin, la gestion policière du mouvement social par les autorités apparaît davantage comme le signe d’une certaine impuissance du pouvoir que d’une réelle maîtrise de la situation. Confronté à une contestation « spontanée » et « imprévue », le régime s’est lancé dans une fuite en avant sécuritaire qui apparaît davantage comme un signe de faiblesse que de puissance.

 

Tirant les enseignements sociopolitiques de la « révolte du bassin minier », nous allons brièvement développer ces cinq points qui, selon nous, sont susceptibles de peser sur l’évolution future de la configuration politique tunisienne.

 

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De la Tunisie à l’Egypte Le monde arabe se révolte par Alain Gresh (Le monde diplomatique)
 
De la Tunisie à l’Egypte
Le monde arabe se révolte
par Alain Gresh
(29 janvier 2011)
La tension est à son comble en Egypte, où le président Hosni Moubarak a décrété vendredi soir le couvre-feu. Le président de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée, membre du Parti national démocrate (PND) au pouvoir, a appelé le président Hosni Moubarak à « des réformes sans précédent » pour éviter une « révolution ». M. Mostapha Al-Fekki, dans des déclarations faites à la chaîne Al-Jazira, le 28 janvier, a ajouté : « L’option sécuritaire seule n’est pas suffisante et le président est le seul à même de faire cesser ces événements. » Des informations font état de fraternisation entre des policiers et des manifestants. Ces premières fissures annoncent-elle des craquements plus importants ? Que fera l’armée, le pilier du pouvoir ?
 
Il est impossible de répondre alors que ce 28 janvier, pour le quatrième jour consécutif, des dizaines de milliers d’Egyptiens ont manifesté au Caire, à Alexandrie, à Suez et dans les grandes villes du pays. Ils ont affronté partout la police et le pouvoir a pris des mesures exceptionnelles pour couper ce pays de 80 millions d’habitants du reste du monde – la coupure d’Internet est « une première mondiale », titrait une dépêche de l’Agence France Presse (AFP). Pourtant, les images transmises par téléphone portable ou par les chaînes satellitaires empêchent la mise en quarantaine du pays.
 
Au même moment, en Jordanie et au Yémen, des milliers de personnes descendaient dans la rue et appelaient à suivre l’exemple tunisien. Dans chaque cas, le contexte est particulier : tensions entre le Nord et le Sud au Yémen ; frictions entre Jordaniens « de souche » et Palestiniens ; question copte en Egypte, etc. Mais, dans le même temps, l’explosion est née de la même accumulation de problèmes, de frustrations, d’aspirations communes à l’ensemble de la région.
 
D’abord, le maintien de régimes autoritaires qui ne rendent jamais de comptes à leurs citoyens. S’il existe (ou plutôt existait) une « exception arabe », c’était bien celle-ci : ces régimes ont connu une longévité sans précédent, et même la grande vague de démocratisation qui a emporté l’Europe de l’Est, l’Afrique, l’Amérique latine s’est brisée sur le mur des dictatures proche-orientales et maghrébines : M. Moubarak est président depuis 1982, M. Ali Abdallah Saleh dirige le Yémen depuis 1978 et, à Amman, Abdallah II a succédé en 1999 à son père, qui lui-même avait accédé au pouvoir en 1952. Pour ne pas parler de la Syrie où Bachar Al-Assad a remplacé son père qui avait pris le pouvoir en 1970, ou du Maroc où le roi Mohammed VI a remplacé son père en 1999, celui-ci ayant régné à partir de 1961, de la Libye où Kadhafi sévit depuis 1969 et prépare son fils à lui succéder. Quant à M. Ben Ali, il présidait sans partage depuis 1989.
 
De plus, dans des conditions différentes selon chaque pays, les droits individuels, politiques et d’expression du citoyen sont bafoués. Les moukhabarat, la police secrète, affirment leur toute-puissance et il n’est pas rare, en Egypte et ailleurs, que des personnes arrêtées soient maltraitées, torturées, tuées. La publication par WikiLeaks des télégrammes venus de l’ambassade des Etats-Unis au Caire confirment ce que tout le monde savait (y compris M. Nicolas Sarkozy) — mais qui n’empêchait pas les uns et les autres de saluer cet allié fidèle de l’Occident, tout en dénonçant vigoureusement des comportements similaires en Iran (« Egypte-Iran deux poids, deux mesures », Nouvelles d’Orient, 27 novembre 2010 »). Cet arbitraire total, qui se manifeste aussi dans la vie quotidienne et qui met les citoyens à la merci des forces de l’ordre, alimente une révolte exprimant partout une soif de dignité.
 
Tous ces régimes ont accaparé non seulement le pouvoir politique, mais se sont imposés dans le domaine économique, agissant souvent en vrais prédateurs des richesses nationales, comme en Tunisie. L’Etat né des indépendances, qui avait souvent assuré à ses citoyens un minimum de protection, une certaine couverture sociale, un accès à l’enseignement, s’est délité sous les coups de boutoir de la corruption et de la mondialisation. Même l’accès à l’université qui, naguère en Egypte ouvrait l’accès au fonctionnariat, n’offre plus de possibilités pour une jeunesse de plus en plus frustrée qui voit se pavaner les « nouveaux riches ».
 
Dans les années 1970, le boom pétrolier avait offert une porte de sortie à beaucoup, qui émigrèrent dans le Golfe ; cette région n’est plus capable d’absorber les flux grandissants de chômeurs. Les chiffres de croissance affichés par ces champions du libéralisme économique — l’Egypte, la Tunisie ou la Jordanie faisaient souvent l’objet de rapports élogieux des organisations financières internationales — masquaient mal la pauvreté grandissante. Depuis plusieurs années, des mouvements sociaux s’étaient affirmés en Egypte – grèves ouvrières, luttes paysannes, manifestations dans les quartiers périphériques des grandes villes, etc. – comme en Tunisie (Gafsa), en Jordanie ou au Yémen. Mais jamais encore ne s’était exprimée ouvertement et massivement la volonté de changement politique. L’exemple tunisien a fait sauter un verrou.
 
On peut noter aussi que la lutte contre Israël, qui offrait souvent aux régimes du Proche-Orient un argument pour maintenir leur emprise – au nom de l’unité contre l’ennemi sioniste –, ne semble plus suffire. L’Egypte et la Jordanie ont signé des accords de paix avec Israël, et l’ensemble du monde arabe semble bien incapable de réagir au lent écrasement des Palestiniens. Que l’on ne s’y trompe pas : un éditorialiste américain, Robert Kaplan, faisait remarquer dans The New York Times (24 janvier) que « ce n’étaient pas les démocrates mais les autocrates comme Sadate ou le roi Hussein qui faisaient la paix avec Israël. Un autocrate solidement en place peut faire des concessions plus facilement qu’un dirigeant faible et élu (…) » Et, dans un appel aux dirigeants américains à soutenir les « autocrates » arabes, il s’interrogeait : « Voulons-nous réellement que des dirigeants éclairés comme le roi Abdallah de Jordanie voient leur pouvoir miné par d’importantes manifestations de rue ? »
 
Et maintenant ? Tout pronostic sur l’Egypte est hasardeux, et personne ne peut prévoir la suite des événements. Que feront les Frères Musulmans, très réticents à entrer dans une confrontation avec le pouvoir et qui ont finalement décidé de se rallier au mouvement ? Mohammed El-Baradeï, l’ancien secrétaire général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sera-t-il capable de fédérer les oppositions ? Quoiqu’il en soit, la révolution tunisienne a ouvert une porte et fait souffler, comme le chantait Jean Ferrat, « un air de liberté au-delà des frontières, aux peuples étrangers qui donnait le vertige »…
 
 
Tunisie
« Entre rupture radicale et démocratie autoritaire »
Comment se construit la transition démocratique en Tunisie ? Vincent Geisser, chercheur à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman, analyse le rôle que jouent les différents acteurs tunisiens – opposants politiques, anciens du régime de Ben Ali, parti « islamiste », armée, police – ainsi que les puissances étrangères. Il décrit les scénarios possibles de la consolidation démocratique dans les prochaines semaines. Entretien.
par Eros Sana , Vincent Geisser
(Basta ! : 3 février 2011)
Vincent Geisser  : Les « démocrates » tunisiens qui ont soutenu et accompagné la révolution sont profondément divisés sur le devenir du mouvement protestataire. Il y a ceux qui pensent qu’il faut renforcer la démocratie naissante en mettant fin définitivement au processus contestataire. Ils sont partisans d’une certaine normalisation sécuritaire, basée sur un compromis historique entre les « colombes » de l’ancien régime, les opposants indépendants et les représentants du syndicat unique UGTT (Union générale tunisienne du travail). Ils souhaitent consolider la transition démocratique, notamment en transigeant avec l’armée et les parties les plus « saines » de l’appareil sécuritaire, ainsi qu’avec certains anciens caciques du régime réputés pour leur « ouverture ». C’est la position défendue par Néjib Chebbi (Parti démocrate progressiste), ancien opposant à Ben Ali et actuellement ministre du gouvernement de transition.
 
D’autres veulent éradiquer toute trace de l’ancien régime et de l’État-parti, et rejettent tout compromis. C’est le cas des partisans de Moncef Marzouki (Congrès pour la République) et des membres du Parti des ouvriers communistes tunisiens (POCT). Et bien sûr des leaders du mouvement des « diplômés chômeurs » de l’intérieur du pays. Ces derniers souhaitent pousser jusqu’au bout la « révolution démocratique », afin de donner naissance à un nouveau régime politique, économique et social. Ces deux camps n’ont pas une réelle différence de culture politique, ils sont animés par des idéaux démocratiques. Ce qui les sépare fondamentalement, c’est la stratégie de rupture et surtout l’« agenda démocratique ».
 
Que reste-il de l’ancien régime ?
 
Il y a une certaine désillusion aujourd’hui des acteurs protestataires, tout à fait compréhensible – je pense notamment aux jeunes « diplômés chômeurs ». Mais il n’existe pas de risque objectif de retour à l’ancien régime ou de restauration du système mafieux. Une rupture a bien eu lieu. Le dictateur est parti. C’est un élément primordial lorsque l’on sait que tout en Tunisie tournait autour de lui, avec une personnalisation extrême du pouvoir. Les clans mafieux et affairistes – les familles Ben Ali, Trabelsi et autres – ont fui. Les segments les plus obscurs de l’appareil sécuritaire ont été largement démantelés.
 
Si l’on peut légitimement comprendre la déception des « démocrates radicaux », comme Marzouki, Hammami, Nasraoui, et des diplômés chômeurs qui ont le sentiment que la révolution leur est volée, l’ancien régime est bien déchu. Nous sommes dans une phase de transition. Mais cette transition peut aboutir à un régime bâtard qui verrait un candidat indépendant accéder au pouvoir présidentiel, avec des éléments nouveaux mais aussi avec des éléments de l’ancien régime. Ce qui conduirait à conforter une sorte de « démocratie autoritaire » ou d’« autoritarisme démocratique ».
 
Quel rôle l’armée tunisienne a-t-elle joué dans la révolution et quel rôle peut-elle jouer à l’avenir ?
 
L’armée a eu ces dernières semaines un rôle fondamental, en refusant d’appuyer le plan de répression de Ben Ali. Elle a clairement rejeté la politique jusqu’au-boutiste de son chef suprême, et a joué plutôt un rôle protecteur des acteurs protestataires. La raison ? L’armée n’est pas liée avec les intérêts mafieux et claniques du pouvoir. Contrairement à l’Égypte, la Syrie ou même l’Algérie, l’armée en Tunisie n’a pas d’intérêt direct dans l’industrie ou dans la gestion de la rente pétrolière. C’est une armée d’environ 35.000 hommes, composée de salariés, de fonctionnaires, de techniciens et d’ingénieurs.
 
Il ne faudrait pas pour autant en brosser un portrait romantique. L’armée tunisienne a joué un rôle répressif en 1978 pour canaliser les mouvements sociaux, et en 1981 et en 1984 pour réprimer les « révoltes du pain ». Cette fois, elle a refusé ce rôle parce que les sources de légitimité du régime étaient épuisées. Ben Ali était discrédité, la corruption était généralisée. Face à cette impasse, l’armée a bien compris que la seule solution était de remplacer le dictateur.
 
Cette réaction – que certains qualifieraient de « républicaine » – est avant tout dictée par une analyse pragmatique : les généraux et les officiers supérieurs étant convaincus qu’une répression ne pouvait conduire qu’au chaos et à leur propre disparition. Vu la « fluidité politique » actuelle, l’armée tunisienne peut jouer un rôle de plus en plus important dans le processus constitutionnel et dans la « pacification » sociale, en oscillant entre registre sécuritaire et registre de médiation avec les forces vives du pays.
 
« L’appareil sécuritaire » tunisien est-il encore présent et opérationnel ?
 
La France compte 60 millions d’habitants, la Tunisie 9 millions. Pourtant les deux pays ont quasiment le même nombre de policiers : 135.000. C’est énorme ! La Tunisie est l’un des pays qui comptent le plus de policiers par habitant. L’appareil sécuritaire, à travers le ministère de l’Intérieur, s’est pleinement engagé dans la répression. Une partie de la police a tiré sur la foule à balles réelles. C’est l’appareil sécuritaire de Ben Ali qui est responsable des près de 70 morts officiellement déplorés et des milliers de blessés. Mais tout l’appareil policier n’est pas corrompu : la partie « pourrie », mafieuse, de l’appareil sécuritaire a été en grande partie démantelée.
 
Il n’y a plus à craindre des secteurs du ministère de l’Intérieur directement aux clans Ben Ali et Trabelsi. Ils sont actuellement en fuite. Je ne crois pas en un retour des « vieux démons », même si la future démocratie tunisienne peut connaître des tendances sécuritaires comparables à celles que nous observons actuellement en France avec Nicolas Sarkozy. C’est en ce sens qu’il y a un risque de voir émerger en Tunisie dans les prochains mois une « démocratie autoritaire ».
 
Quel rôle peuvent jouer les « islamistes » dans le processus démocratique ?
 
Les « islamistes » tunisiens sont depuis longtemps intégrés aux « forums démocratiques ». Ce sont des « intégristes intégrés » au débat démocratique, en exil. Ils participaient à Paris, à Londres, à Marseille à de nombreuses réunions de l’opposition, aux cotés de la gauche, communiste, socialiste, voire anti-islamiste. De nombreux leaders de la gauche tunisienne « laïque » ont fréquemment rencontré les leaders « islamistes ». À beaucoup d’égards, les « intégristes » sont déjà intégrés au jeu politique tunisien.
 
Pour le parti Ennahdha (Renaissance) de Rached Ghannouchi, le modèle n’est pas l’islamisme radical ou l’islamisme salafiste de type saoudien, mais plutôt le parti AKP qui dirige actuellement la Turquie. Ce qui veut dire accepter le jeu parlementaire et prôner un libéralisme économique teinté de social, et surtout un certain pragmatisme avec les autres démocrates. Il y a un immense mythe sur les « islamistes » de Tunisie. Le parti Ennahdha est plutôt un parti conservateur libéral, qui n’est pas du tout dans une démarche de création d’État islamique ou de théocratie musulmane. Les « islamistes classiques » tunisiens ont le regard tourné vers Ankara, ils n’ont rien de « fascistes verts ».
 
Comment réagissent aujourd’hui les pays occidentaux et les pays arabes voisins ?
 
Les États-Unis ont joué un rôle de premier ordre dans le départ de Ben Ali. Le soutien du président Barack Obama au mouvement social, même s’il a été timide, a été beaucoup plus net que celui de la France. Au-delà de ce soutien symbolique, il semblerait que l’administration Obama ait donné son appui à l’armée tunisienne et aux « colombes » du régime (Mohamed Ghannouchi, le Premier ministre et Kamel Morjane, le ministre des Affaires étrangères) pour sacrifier Ben Ali. Il est clair que les États-Unis ont appuyé le scénario de transition.
 
En ce qui concerne les pays arabes, on peut vraiment craindre que certains régimes mettent tout en œuvre pour faire capoter le processus démocratique tunisien. L’Arabie saoudite, la Lybie, l’Algérie n’ont aucun intérêt à ce qu’une démocratie puisse naître dans le monde arabe. Une « coalition informelle » des dictateurs arabes pourrait se constituer pour saboter et enrayer le processus démocratique tunisien.
 
L’appui des États-Unis, de l’Union européenne et de la France aux démocrates tunisiens est primordial. Soit on joue la carte de la démocratie dans le monde arabe, soit, au contraire, on joue un rôle ambigu et on favorise le jeu pervers des wahhabites saoudiens, de la dictature mégalomane de Kadhafi et du régime des généraux algériens. Dans ce cas, il ne faudra pas se plaindre de la progression de l’idéologie salafiste jihadiste !
 
Comment la France a-t-elle pu faire de telles erreurs d’analyse sur la situation tunisienne ?
 
La position officielle de la France n’était pas fondée sur une erreur d’analyse, mais sur une logique politique de soutien total et aveugle au régime de Ben Ali. Interpréter les déclarations de Michèle Alliot-Marie comme une faute politique est erroné. Ce n’est pas une faute politique, c’est une faute de politique. La France a toujours soutenu les régimes autoritaires. Elle considère que l’on ne fait de diplomatie que dans les relations d’État à État et que les sociétés civiles importent peu.
 
Les États-Unis ont à la fois soutenu Ben Ali et développé des relations concrètes avec les syndicats et l’ensemble des dissidents du régime. Au contraire, la France a toujours interdit à sa diplomatie d’avoir le moindre contact avec tout ce qui pouvait nuire à la qualité de ses relations avec Ben Ali. Cet aveuglement constitue la logique de la politique française à l’égard du monde arabe : « On soutient les dictateurs contre les risques de déstabilisation ! » Il semble que la France a compris un certain nombre de ses erreurs. On peut espérer qu’elle réoriente sa politique à l’égard de la Tunisie en appuyant ouvertement le processus démocratique.
 
Quels sont les possibles scénarios dans les semaines et mois à venir ?
 
La Tunisie a le choix entre deux options. Soit une consolidation démocratique autoritaire qui conduirait le pays jusqu’à des élections, avec une coalition large autour d’un opposant indépendant tel que Nejib Chebbi (PDP), avec certains éléments de l’ancien régime et des éléments de la gauche syndicale. Dans cette hypothèse, les élections seront certes « démocratiques » (du moins en apparence), mais le scénario sera au préalable « programmé » : le candidat du pouvoir disposera notamment de moyens supérieurs à ceux de ses adversaires. Ce scénario de « démocratie contrôlée » a pour but de préserver les intérêts occidentaux et de poursuivre l’insertion de la Tunisie dans « l’économie-monde », dans la voie tracée par la Banque mondiale et le FMI. Un scénario où le candidat serait une sorte de « Ouattara tunisien ».
 
Autre hypothèse : la pression de la rue se poursuit, voire s’accentue et pousse le gouvernement à démissionner ou à aller beaucoup plus loin, avec la dissolution du parti de Ben Ali (RCD), l’instauration d’un véritable processus constitutionnel avec l’élection d’une assemblée constituante. Démocratie totale ou semi-démocratie ? Rupture radicale avec l’ancien régime ou consolidation autoritaro-démocratique ? C’est en ces termes que je poserais l’avenir politique de la Tunisie. Un avenir, qui, dans tous les cas, se fera sans Ben Ali.
 
 
Tunisie : Tout sur la fuite de Ben Ali : Un journal tunisien lève le voile sur l’énigme
 Alors que l’énigmatique fuite de l’ex-président tunisien Ben Ali suscite toujours moult interrogations, tant en Tunisie qu’à travers le monde, l’hebdomadaire tunisien «Réalités» lève le voile sur cette énigme. Il revient minutieusement sur les dernières heures de l’ex-président de la Tunisie.
Le jeudi 13 janvier à 21h00, Zine El Abidine Ben Ali vient de prononcer son discours, il apparaît fatigué et las, il multiplie les engagements et les concessions dans une ultime tentative de calmer la colère de la rue tunisienne à qui il «vend» et promet la liberté… Le président encore en exercice est loin d’ignorer les appels à la manifestation lancés depuis belle lurette.
 
Selon lui, le lendemain serait une journée test. Elle s’avérera décisive. «Réalités» rappelle que les experts étaient catégoriques : les jours de Ben Ali à la tête de la Tunisie étaient comptés. La pression a fini par payer. Le vendredi 14 janvier débute une journée qui prendra le monde à revers et au cours de laquelle l’échelle «temps» n’a plus lieu d’être.
 
Au matin, l’ex-président est alors loin, très loin, de penser que la rue tunisienne a sonné le glas de ses vingt-trois années de règne sans partage… Même s’il suivait minutieusement les événements, le président croyait toujours en sa belle étoile. Dans le palais présidentiel, Ben Ali est seul ou presque, puisque la veille ses deux plus proches conseillers Abdelwahab Abdallalh et Abdelaziz Ben Dhia avaient été congédiés…
 
Ils incarnaient en grande partie le régime sécuritaire tant décrié par la population. Autour de l’ex-président, le chef de sa garde rapprochée le général Seriati et son épouse Leïla Ben Ali qui était rentrée de Dubaï depuis peu. Dans le palais… les nouvelles qui tombent ne sont pas rassurantes pour le couple présidentiel, l’atmosphère se dégrade de plus en plus.
 
Dans la rue, la mobilisation s’accroît et s’étend à tout le pays, grandes villes ou communes rurales. En quelques secondes, la manifestation de soutien au président organisée la veille par les cadres du RCD est balayée d’un revers de la main et jetée aux oubliettes.
 
Les milliers de Tunisiens qui ont envahi la rue répétaient à tue-tête le même slogan et la même revendication : le départ de Ben Ali. Dans la capitale Tunis, la démonstration de force met un terme à tout espoir pour le «dictateur». Des dizaines de milliers (certains évoquent 100.000) de Tunisois bravent les forces de l’ordre afin de réclamer son départ, devant le ministère de l’Intérieur.
 
A 13h00 alors que la contestation est à son comble, intervient alors le général Rachid Ammar. Jusqu’alors le chef d’état-major de l’armée était l’homme de et dans l’ombre. Mais la situation se dégrade. Il en est alors de la sécurité de la nation. Il décide de «passer à l’action». Entre les deux hommes, les rapports sont tendus depuis le début des émeutes.
 
Quelques jours auparavant, Ben Ali avait même décidé de le limoger. Le motif ? Le général Ammar avait refusé de tirer sur les manifestants conformément aux ordres du président. Rachid Ammar bénéficie du soutien indéfectible de ses soldats et le président ne pouvant rien contre lui le réintégrera à son poste, contraint et forcé. Car au moment où Ben Ali réitère l’ordre de tirer à son remplaçant, la réponse ne se fait pas attendre «ce qu’a dit le général Ammar est partagé par l’ensemble de l’état-major».
 
A Carthage, le chef de l’état-major lui décrit une situation insurrectionnelle. Le peuple se dit prêt dans un ultime souffle à marcher vers le palais… Ben Ali doit quitter le pays… Le conseil «quasi-ordre» tombe, l’armée sera obligée de décréter le couvre-feu général. De fait dans les trois heures, à 17h00, elle procédera à la fermeture de l’espace aérien. Trois heures pendant lesquelles il peut encore assurer sa sécurité. Au-delà l’armée ne répond plus de rien.
 
LE CONVOI DE L’ANGOISSE
 
Assommé et sous le choc, Ben Ali se prépare à quitter Carthage. Il est accompagné de son épouse et de son fils Mohamed Aziz. Mais le général se veut rassurant. Son départ est provisoire… le temps que la situation se décante et s’apaise.
 
Dans une ultime tentative, le couple présidentiel tente de négocier la fuite de certains membres de la famille. Il essuie un refus. Affolée, Leïla Trabelsi multiplie les coups de fil et prévient sa famille. Les Ben Ali ont emmené avec eux le strict nécessaire. Ils doivent plier bagage dans les plus brefs délais.
 
Le convoi présidentiel sort de Carthage. Tout a été organisé dans la précipitation… Escorté par des militaires et des fidèles de sa garde, il se dirige vers l’aéroport de l’Aouina où un Boeing 727 les attend. Ben Ali quittera Tunis sans garde personnelle ni de médecin personnel. L’ex-président embarque, à bord de l’appareil, son épouse, son fils, son équipage habituel et quelques domestiques.
 
Dans l’avion règne un climat de peur et d’angoisse… les minutes passent, la famille en état de choc apprend le destin de l’entourage proche. Certains membres de la famille Trabelsi ont d’ores et déjà été livrés à la vindicte populaire. Il est 14h40 lorsque décolle le Boeing. La destination est alors inconnue.
 
LA CHASSE AUX TRABELSI
 
Les ordres de l’armée étaient clairs, seul le président, son épouse et son fils sont autorisés à quitter le pays. Assoiffée de justice, la Tunisie n’est plus une terre de sécurité pour l’entourage présidentiel. A 14h32, le vol Tunisair TU 750 s’apprête à décoller pour Lyon, lorsque le commandant de bord Mohamed Ben Kilani reçoit un ordre. Il est sommé d’attendre cinq passagers supplémentaires. Habitués aux passe-droits accordés à l’entourage du président, le pilote comprend rapidement.
 
Avertis par la «reine mère», les Trabelsi ont convergé à la hâte vers l’aéroport avec l’intention de fuir le pays. Avec l’assentiment tacite de l’équipage, il tente d’abord de refuser à «l’amiable». Pour cela, il invoque un détail technique… le changement de poids. Débute alors une violente dispute dans le cockpit. Le commandant est humilié et insulté. Mais il se montre intraitable. Il éloigne les passagers, sort de l’appareil avant de s’écrouler sur la passerelle.
 
La compagnie doit alors désigner en urgence un autre pilote. C’est en l’attendant que les cinq membres de la famille Trabelsi sont dénoncés. L’armée viendra les récupérer alors qu’ils patientaient dans la salle VIP de l’aéroport. Ils sont aussitôt placés en «sécurité» par les militaires. Le sort de la famille «régnante» vient d’être scellé en Tunisie.
 
DE SURPRISE EN SURPRISE
 
A bord de l’avion, Ben Ali stressé est toujours aux aguets. Il ne s’installera jamais confortablement. L’ex-président décolle de l’aéroport militaire de l’Aouina.
 
Après une brève hésitation, il choisit de se diriger vers la France. Beaucoup de ses proches dont sa fille Nesrine s’y étaient déjà réfugiés depuis quelques jours. Surprise, alors qu’il survole l’espace aérien français l’Elysée l’informe qu’il n’est pas le bienvenu.
 
Visiblement étonné, il se dirige vers les pays du Golfe. L’Arabie Saoudite l’invite aussitôt. Après une escale forcée dans l’aéroport italien de Cagliari en Italie, il sera reçu à Djeddah en qualité de chef d’Etat. Il est même accueilli avec les honneurs et séjourne dans le palais du roi Fahd.
 
L’équipage de l’avion a reçu pour sa part l’ordre de rentrer en Tunisie après avoir acheminé l’ex-président. Par la suite, Ben Ali apprendra qu’il a été légalement destitué. Au téléphone, le Premier ministre tunisien lui signifie que le peuple ne veut définitivement plus de lui. LA DERNIÈRE ÉNIGME Pour la revue hebdomadaire «Réalités », une question demeure.
 
Au moment où l’armée a mis le général Ben Ali dans l’avion savait-elle pertinemment qu’il ne reviendrait plus sur le territoire tunisien ? Est-ce réellement la sécurité nationale qui a dicté ce choix ? Selon d’autres sources concordantes, l’intervention du général Rachid Ammar aurait été dictée par une rumeur faisant état d’un complot fomenté par Leïla Ben Ali et le général Seriati.
 
Un coup d’Etat «médical»… dans lequel Leïla constaterait l’incapacité de son mari pour prendre le pouvoir. C’est même pour cette raison qu’elle serait revenue à la hâte à Tunis de ses vacances à Dubaï. Preuve en est, le scénario du complot Seriati-Trabelsi n’épargnait aucun détail. Les deux cents fidèles de la garde présidentielle de Ben Ali auraient été envoyés à la frontière algérienne, où ils seraient tombés dans une embuscade. Attaqués et tués sur place, leur mort aurait alors été attribuée à des milices.
Djamel B.
 
Cet article a été publié initialement par « Le Quotidien d’Oran » (Algérie) puis repeis par « Afrique Hebdo », le 7 février 2011.

 

Socialistes du 20ème

4 questions à…

Mouhieddine Cherbib

militant tunisien des droits de l’Homme CRLDHT

> Quelle était la situation de la démocratie et des droits de l’Homme sous Ben Ali ?

MC >

Ces dernières décennies, la Tunisie a vécu une dictature sournoises, derrière lacarte postale de «la Douce Tunisie du Jasmin».

La situation était marquée par uneabsence totale d’espace de liberté, en premier lieu desquelles les libertés d’expression, de publication et d’organisation. Les militants des droits de l’Homme étaient persécutés, Internet contrôlé, la justice aux ordres et la torture la règle  ans les commissariats et les prisons. Il faut ajouter à tout cela, la corruption de la famille régnante et des proches du pouvoir.

> Les jeunes ont semblé être au coeur de la moblisation…

MC > 

Les moins de 35 ans représentent plus  de 60% de la population, la jeunesse a été l’acteur principal de cette révolution  unisienne, c’est une jeunesse éduquée et fortement  diplômée. Cette jeunesse souffre d’un important taux de chômage, surtoutdans les régions pauvres du pays comme Sidi Bouzid, Gafna, Kesserine… Plus de 200.000 diplômés-chômeurs en Tunisie. Face à l’absence totale d’espace de liberté, la jeunesse tunisienne s’est réfugiée dans Internet, on compte près de deux millions d’adhérentsdans les réseaux sociaux (facebook, tweeter) et des milliers jeunes blogueurs. Grâce aux nouveaux outils de communication,ces jeunes ont été le carburant de la mobilisation.

> Maintenant que Ben Ali est parti, quelles sont vos espérances ? vos attentes ?

MC > 

Le dictateur est parti mais il reste le  plus gros, c’est à dire la construction de la démocratie. Il nous faut réformer toutes les institutions et se débarrasser de toutes

les réflexes et pratiques non démocratiques dans la société. L’aspiration du peuple et surtout de la jeunesse est de retrouver la dignité, la liberté et la démocratie. Nous avons à aider à bâtir la Tunisie moderne,

libre, tolérante respectueuse des valeurs universelles de la démocratie. Nous appelons tous les démocrates à travers le mondeà aider à accompagner ce processus démocratique qui doit passer par l’organisation d’élection libre et transparente. Nous attendons que le nouveau pouvoir issu de la révolution trouve des solutions radicales au chômage de la jeunesse des diplômés ; et s’attèle au développement économique, social et culturel des régions laissées pour compte par le passé.

> Peut-on assister à une « exportation » de « la révolution de Jasmin » dans le reste monde arabe ?

MC >

Contrairement à l’idéologie dominante qui annonce que les pays de cultures musulmanes ne peuvent s’accommoder avec la démocratie, la révolution tunisienne et les slogans des manifestants dans les villes tunisiennes, ont prouvé le contraire. Tous lespeuples arabes ont accueilli avec beaucoup de joie la chute de la dictature en Tunisie. Ce que nous voyons en Egypte et dans lesautres pays arabes confirment la volonté de tous les peuples arabes de vivre dans la li-berté et en Démocratie. Lucas Jourdain


  Tunisie. Alliot-Marie promet « de ne plus prendre d’avion privé »

Michèle Alliot-Marie a de nouveau tenté de justifier ce lundi matin surEurope 1 ses deux voyages en jet privé au dessus de la Tunisie à Noël dernier. La ministre des Affaires Étrangères a reconnu des « erreurs » et a promis qu’elle ne volerait plus dans un avion privé « quelles que soient les circonstances, tant que je serai ministre ». L’opposition, qui demande sa démission depuis que l’affaire a éclaté, n’a semble-t-il pas été convaincue par ces nouvelles précisions

Nouvelle prise de parole de Michèle Alliot-Marie ce lundi matin surEurope 1. La ministre des Affaires Étrangères est accusée depuis le début de la semaine dernière d’avoir utilisé le jet privé d’un de ses amis, l’homme d’affaires tunisien, Aziz Miled. Elle a reconnu avoir embarqué deux fois dans cet appareil pour survoler le pays à Noël dernier, alors que la révolte qui mènera à la chute de Ben Ali commençait à gronder. « Quand je suis en vacances, je ne suis pas ministre des Affaires étrangères ! », avait-elle déclaré samedi dernier sur France Info.  « Vrai qu’on est ministre 24 heures sur 24 » Elle est revenue sur cette déclaration, vivement critiquée. « C’est vrai qu’on est ministre 24 heures sur 24 et 365 jours pas an », a-t-elle corrigé surEurope 1. « Avec le rythme que nous avons, on a besoin de temps en temps de se poser, on a besoin d’être en famille et avec des amis, et à ce moment-là, on oublie la représentation », mais « c’est une erreur, je m’en rends compte maintenant ». Une « erreur » qu’elle met sur le compte de la fatigue avant de promettre qu’on ne l’y reprendra plus. « Je vois, je constate que ça choque » et donc, « il n’est pas question que je remonte dans un avion privé, quelles que soient les circonstances, tant que je serai ministre ».  « La seule solution, c’est qu’elle parte » Tant qu’elle sera ministre. Justement. A gauche, depuis plusieurs jours, des voix s’élèvent pour demander sa démission. Jean-Marc Ayrault, patron des députés socialistes a tiré la première banderille dès la publication de « l’affaire » dans le Canard Enchaîné. Ce lundi matin, après la nouvelle déclaration de MAM, Benoît Hamon, porte-parole du PS, a enfoncé le clou estimant que « la seule solution qui permettrait à Mme Alliot-Marie de recouvrer un peu de dignité et à ce gouvernement de retrouver un peu de crédibilité aux yeux des Français, c’est qu’elle parte, qu’elle démissionne ».

Source : « Le Telegramme » le 07-02-2011

Lien :http://www.letelegramme.com/ig/generales/france-monde/france/tunisie-alliot-marie-promet-de-ne-plus-prendre-d-avion-prive-07-02-2011-1199767.php

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La Tunisie veut gouverner par décrets-lois


 

TUNISIE. Pour accélérer les réformes, le premier ministre tunisien Mohammed Ghannouchi a demandé lundi 7 février 2011 aux députés d’adopter une loi qui permettrait au président intérimaire Foued Mebazaa, de gouverner par décrets-lois.

Cette demande s’appuie sur une volonté d’éviter les blocages des textes qui doivent normalement être discutés au Parlement dont les élus sont à 80% issus du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), parti de l’ex-président Ben Ali. 

Des manifestants regroupés ce lundi 7 février 2011 devant le Palais du Bardo, siège de l’Assemblée nationale, réclament la dissolution immédiate du Parlement qui serait, selon le ministère tunisien des affaires étrangères, déjà programmée. Les manifestants ne veulent pas attendre le délai de six mois prévu pour l’organisation des élections présidentielles et législatives.

La veille, le gouvernement de transition a décidé de suspendre le RCD. 

Source: ”econostrum” Le 07-02-2011

Lien: http://www.econostrum.info/La-Tunisie-veut-gouverner-par-decrets-lois_a4562.html

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Tunisie: Le gouvernement tunisien suspend le RCD et prépare sa dissolution


 

Le gouvernement de transition tunisien est occupé actuellement par l’inventaire des biens et avoirs du parti le plus détesté par la population qui réclame sa dissolution et demande des comptes à ses dirigeants, a annoncé M. Ahmed Ounaïes, sur le plateau de la chaine de télévision privée « Nesma ».

Confronté à une recrudescence des violences dans différentes villes tunisiennes, le gouvernement a anticipé la décision de suspendre le Rassemblement constitutionnel démocratique  (RCD), parti au pouvoir sous Zine El Abidine Ben Ali, alors que l’Assemblée nationale, toujours contrôlée à 80% par ce parti, se réunit aujourd’hui pour la première fois depuis la fuite du président le 14 janvier. « Le gouvernement Ghannouchi a programmé sa dissolution prochaine », a indiqué le ministre des AE du gouvernement provisoire en Tunisie.

Le RCD qui, au temps de sa toute puissance, revendiquait plus de deux  millions d’adhérents pour dix millions d’habitants, peut changer, a assuré  dimanche son secrétaire générale M. Mohamed Ghariani. Ce dernier, a affirmé, quelques heures avant cette annonce, que le parti-Etat honni pendant les 23 ans de règne de Ben Ali avait sa place dans la nouvelle Tunisie démocratique.

A noter que le Premier-ministre, Mohamed Ghannouchi, et son président Fouad Lambazaâ sont les premiers démissionnaires de l’ex-parti au pouvoir.

Source: “DonneTonAvis” Le 07-01-2011

Lien: http://www.donnetonavis.fr/actu/news/tunisie-gouvernement-suspension-rcd-dissolution_3666.html

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Tunisie: Témoignages des intellectuels sur la protestation populaire


 

Des intellectuels tunisiens ont apporté, dimanche à l’Hôtel de ville de Paris, leurs témoignages sur la forte protestation populaire ayant conduit au départ du président Ben Ali et aux mesures prises par le gouvernement de transition pour réussir sans heurts le passage à la démocratie.

Moment phare de la 17e édition du « Maghreb des livres« , dédiée cette année à la Tunisie, cette rencontre placée sous le thème « la parole retrouvée » a donné lieu à des témoignages d’une vérité cinglante sur le régime du président déchu Ben Ali copieusement décrié par l’ensemble des Tunisiens qui, par une conjonction de plusieurs forces, ont bousculé un régime où l’expression était bâillonnée.

Le professeur Mahmoud Ben Romdhane, de l’université de Tunis, fondateur et ancien président de la section tunisienne d’Amnesty International, a témoigné en sa qualité de porte-parole d’une quinzaine d’intellectuels et d’universitaires, représentant la classe intellectuelle tunisienne, invités à apporter leur témoignages et point de vues dans le cadre de salon littéraire.

Il est ainsi revenu sur la période Ben Ali où, a-t-il dit, « seule la cooptation et l’allégeance étaient admises », soulignant que tous les espaces « étaient hermétiques aux intellectuels ». « En raison de cette fermeture, les intellectuels qui n’ont pas choisis la voie de l’allégeance, ont opté pour d’autres voies pour ne pas se soumettre et choisi des domaines désamorcés », a-t-il dit. « Ils ont alors parlé ou traité de choses importantes, mais pas de la Tunisie. L’Islam et d’autres thèmes génériques qui permettent au moins de travailler noblement, sans être coopté, sans être allégeant mais qui permettent aussi de contribuer à la réflexion universelle », a-t-il dit, soulignant que l’enseignement des sciences politiques est interdit en Tunisie.

Pour ce militant des droits de l’homme, « tous les agents sociaux, étaient conscients que la démocratie était la seule voie pour sauver la Tunisie et lui permettre de participer à l’avenir du monde », ajoutant que si le mouvement social a explosé, « c’est par ce qu’il n’était pas intégré dans les appareils politiques existants ». « Ce fut un mouvement spontané animé par un désenchantement de plus en plus profond face à l’absence de perspectives qui commença par un sacrifice suprême : l’immolation d’un diplômé, pauvre », a-t-il rappelé.

A travers le cas de Mohamed Bouazizi, a expliqué M. Ben Romdhane, « il y a eu l’identification de tous les Tunisiens qui ont considéré que ce jeune homme qui avait accepté un travail qu’il pouvait considérer comme indigne de sa formation : vendeur à la brouette de fruits et légume n’était même plus en mesure d’exercer cette profession pour venir en aide à sa famille. Sa brouette lui a été saisie et il a reçu une gifle. Il n’avait plus d’autres solutions pour échapper à l’indignité que de s’immoler ».

Sur la transition démocratique, M. Ben Romdhane a expliqué que la Tunisie s’est dotée d’instituions qui vont lui permettre de la réussir. Ainsi, a-t-il poursuivi, une commission d’enquête sur les violations massives commises par les forces de sécurité été mise en place pour juger les coupables, pour que les forces de l’ordre « soient respectueuses des droits des citoyens y compris dans ce maintien de cet l’ordre ».

Une commission du contrôle de la corruption, de la prévarication et du népotisme a également été nommée pour veiller « à ce que plus jamais la Tunisie ne soit soumise à la corruption » et un comité de la transition démocratique appelé Comité de la réforme politique, a en outre été instauré.

Celui-ci a en charge l’abrogation de « toutes les lois liberticides » et l’élaboration de lois permettant à la Tunisie « d’aller vers des élections libres transparentes et compétitives et d’avoir à tous les niveaux une direction qui soit issue du peuple » , a ajouté cet intellectuel qui estime que la révolution « n’est pas un long fleuve tranquille » et que le chemin « est semé d’embuches ».

Deux jeunes tunisiens ont également apporté leurs témoignages lors de cette rencontre dédiée à la parole retrouvée. Fatima, une jeune tunisienne a affirmé qu’Internet et Facebook ont joué un grand rôle dans le déclenchement de cette gigantesque contestation. « Ces réseaux sociaux, qui réunissaient quelque 20 000 adhérents tunisiens contestataires du régime de Ben Ali, ne savaient pas comment traduire cette contestation sur le terrain et il a fallu le geste de Bouazizi pour l’exprimer », a-t-elle affirmé.

« On n’arrivait pas à exprimer le raz-le bol général et l’acte du 17 décembre de Bouazizi qui s’est sacrifié pour nous tous et qui a vraiment exprimé ce raz-le bol a été le catalyseur de cette révolte et, du coup, la rue s’est exprimée et le rôle de Facebook a alors été de relayer cette information », a expliqué Fatima.

Youcef a, pour sa part, déploré le fait qu’il y a eu toujours « deux paroles en Tunisie, la parole du pouvoir et la parole du peuple qui ne se sont jamais rencontrées ». Il s’est également interrogé sur la nature du terrain sur lequel vont devoir s’exprimer les Tunisiens à l’avenir, sur Internet ou les institutions ainsi que sur le rôle des médias pour structurer cette parole et le métier de journaliste qui, selon lui, doit être « totalement réinventé », dénonçant dans la foulée l’absence d’investigations et d’enquêtes.

A la faveur de cette rencontre, le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a annoncé qu’il saisira prochainement le Conseil de Paris pour proposer la dénomination d’une rue qui portera le nom du jeune Mohamed Bouazizi.

Source: “DonneTonAvis” Le 07-02-2011

Lien: http://www.donnetonavis.fr/actu/news/tunisie-temoignages-protestation-ben-ali_3659.html


 

                                                                                       Consul de

                                                       Pour les Tunisiens, le combat continue

 


 

Consul de Tunisie à Grenoble, Hatem Landoulsi est en poste en France depuis le 29 novembre dernier.

o Trois semaines après la chute du régime de Ben Ali, quel message souhaitez-vous faire passer aux Tunisiens de l’Isère ?

« Je veux rassurer mes concitoyens. Leur dire que le consulat est là pour eux, quelle que soit leur appartenance politique. Et aussi que j’ai donné des consignes afin que les gens soient accueillis le mieux possible et que les services soient rendus rapidement. »

o En tant que consul, vous représentiez jusqu’au 14 janvier dernier le pouvoir officiel et le RCD, le parti du président déchu. Et maintenant ?

« Je suis diplomate et à ce titre, j’ai toujours représenté l’État tunisien et non le RCD. Si vous voulez tout savoir, je ne faisais pas partie du RCD. Ce n’est pas parce que j’étais fonctionnaire d’État que je partageais toutes les idées de Ben Ali. Aujourd’hui encore, je sers mon pays, pas une personne. »

o Il n’y a désormais plus aucun portrait de Ben Ali au consulat. Quand les avez-vous décrochés ?

« Le matin du samedi 15 janvier, au lendemain de son départ, les Tunisiens qui sont venus au consulat ont pu constater que les photos de Ben Ali n’étaient plus accrochées au mur. »

o Depuis les événements, avez-vous constaté plus de mouvements au consulat ?

« Oui. À commencer par les gens qui étaient jusque-là privés de passeports. J’ai reçu tous les opposants qui souhaitaient me rencontrer et fait le nécessaire pour qu’ils aient leurs papiers. Tous les Tunisiens ont le droit de rentrer dans leur pays. »

o Cette révolution, est-ce aussi la vôtre ?

« J’aurais aimé être à Tunis pour vivre ça avec mes amis et ma famille… Je respecte la révolution car elle représente la volonté du peuple tunisien et une nouvelle étape dans la vie de notre pays. J’y adhère bien sûr car j’aspire moi aussi à la démocratie et à la liberté. Je serais fier d’appartenir à un pays où les droits de chacun seraient respectés, où l’alternance politique serait possible. »

o Comment voyez-vous l’avenir ? Allez-vous rester en poste ?

« J’espère pouvoir finir la mission que l’on m’a confiée. Contrairement à d’autres consuls, personne en Isère n’a demandé mon départ. Le peuple tunisien lève enfin la tête et regarde l’avenir avec optimisme alors j’invite les Tunisiens à rentrer en masse en Tunisie cet été pour soutenir l’économie du pays et les Français à y passer aussi leurs vacances et à exprimer ainsi leur solidarité. »

Source : « Le dauphine » le 07-01-2011

Lien :http://www.ledauphine.com/isere-sud/2011/02/06/pour-les-tunisiens

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Tunisie : les facteurs économiques et sociaux de la révolution


 

Le renversement politique, qui vient d’avoir lieu en Tunisie, est d’abord une révolution démocratique. Cependant, elle enferme aussi, en son sein, un soulèvement à caractère social qui a déclenché l’ensemble du processus.

Ceci est vrai du début jusqu’au terme (provisoire) du processus. Le mouvement a été lancé, rappelons-le, par le geste désespéré d’un jeune chômeur diplômé – Mohamed Bouazizi, âgé de 26 ans – qui s’est immolé par le feu devant la préfecture de Sidi Bouzid, le 17 décembre 2010.

Cette ville d’environ 40 000 habitants, située au centre de la Tunisie, fait partie de ces zones systématiquement délaissées par le pouvoir au profit du développement des villes côtières ; le taux de chômage de la ville est chiffré à 46 %, celui des jeunes générations à 60 %. Sidi Bouzid est loin d’être situé dans une zone désertique (à la différence de régions dans l’extrême sud de la Tunisie), et possède au contraire une agriculture qui pourrait être prospère. Cependant, 80 % des terres de la région étaient accaparées par le clan qui entourait Ben Ali.

Des chômeurs diplômés par milliers

Mais le désespoir des jeunes, souvent bardés de diplômes et néanmoins chômeurs sans véritable perspective (à défaut d’appartenir à une « bonne famille » ou d’avoir du « piston » qui marche), va bien au-delà de Sidi Bouzid ou d’autres régions de l’intérieur enclavé de la Tunisie.

L’étincelle, provoquée par l’immolation du jeune Mohammed Bouazizi, qui entendait protester contre son harcèlement par les policiers locaux (alors qu’il gagnait sa vie péniblement en tant que vendeur « à la sauvette » du secteur informel), a pu embraser l’ensemble du pays.

Si cela a été possible, c’est parce que des centaines de milliers de Tunisiens – jeunes et moins jeunes – se sont immédiatement reconnus dans la situation du jeune précaire, mort deux semaines et demie après s’être aspergé de térébentine.Le terme de « chômeurs diplômés » est connu dans l’ensemble des pays du Maghreb ; au Maroc, il existe depuis une dizaine d’années un « mouvement des chômeurs diplômés » structuré.

En Tunisie, la situation a fini par devenir plus explosive parce qu’aucune activité de protestation légale n’était possible avant la chute du régime de Ben Ali – aucune « soupape » n’était laissée à la contestation. Cependant, il existe des traits communs entre les différents pays : Maroc, Tunisie, ou encore (avec quelques différences) Égypte.

Tunisie, Maroc, des économies pour de la main d’oeuvre peu qualifiée

Plus on monte en niveau de formation et de diplômes, plus on court de risques de finir son périple comme chômeur. Ce constat, qui ressort même des statistiques officielles – particulièrement nettes dans le cas du Maroc –, tient à la structure profonde de l’économie. Celle-ci est, d’un côté, marquée par une prépondérance des emplois « de basse qualification », délocalisés depuis l’Europe où le patronat ne trouve plus (en nombre) la main-d’oeuvre suffisamment peu chère et malléable qu’il recherche.

Dans le cas de la Tunisie, une bonne partie de l’économie se caractérise par la sous-traitance, et une étroite dépendance vis-à-vis de certaines « niches » des marchés européens ; par exemple dans le secteur de l’industrie automobile, qui fait fabriquer en Tunisie les tapis de voiture, alors que les véhicules eux-mêmes sont construits ailleurs.

Avec la crise financière et économique qui a atteint l’Europe (en particulier le secteur automobile) en 2008, la situation des sous-traitants en Tunisie s’est d’ailleurs elle-même assombrie.

Le même constat est valable pour le secteur textile, deuxième plus gros employeur en Tunisie avec 200 000 emplois (contre 230 000 dans le secteur du tourisme « pas cher »), depuis la fin de l’Accord multi-fibres en 2005 et l’exacerbation de la concurrence mondiale depuis cette période.

De l’autre côté, la monopolisation des « morceaux de choix » de l’économie, des meilleurs emplois et des rentes se situation (le monopole pour l’importation de voitures) par des clans mafieux – au coeur desquels se trouvaient les familles de Ben Ali et de son épouse Leila Trabelsi – a contribué à fermer tous les débouchés.

Si les facteurs sociaux ont été présents lors du déclenchement de la révolte, ils l’ont également été lors de son aboutissement provisoire. Le changement de régime politique (même si certains hommes, à commencer par Mohamed Ghannouchi, Premier ministre depuis le 17 novembre 1999, sont restés) est allé de pair, dans de nombreuses entreprises, avec l’éviction de dirigeants – imposée par les travailleurs de la base – dès lors que ceux-ci étaient impliqués dans l’ancien régime et les réseaux de la corruption généralisée.

Le PDG de TunisAir, compagnie extrêmement phagocytée par les pratiques de corruption – à l’instar d’autres compagnies aériennes du continent – a ainsi cru devoir s’enfermer dans un bureau du cinquième étage, les salariés lui demandant des comptes…

Des parasites au pouvoir

Une partie de la bourgeoisie locale tunisienne peut elle-même trouver, en ce moment, son compte dans les changements en cours. En effet, les entreprises (surtout PME) détenues par des nationaux ne profitaient souvent pas vraiment de la situation, mais se faisaient ponctionner par des membres de la mafia régnante, qui exigeaient des prises de participation pour encaisser des dividendes sans rien apporter.

En revanche, le grand capital international – surtout français et européen – arrivait très bien à s’arranger avec la mafia du pouvoir : il concluait ses affaires directement avec ses membres les plus éminents.

Prenons l’exemple de France Télécom-Orange, dont la filiale Orange Tunisie était à 49 % la propriété de l’entreprise française, mais à 51 % la propriété d’un gendre de Ben Ali, Marwan Mabrouk. Aujourd’hui, Mabrouk a fui le pays, et la multinationale française fait face à un léger problème…

Le capital international, surtout européen, est aussi attristé que ses centres d’appel délocalisés en Tunisie – 8 % à 12 % des appels des opérateurs téléphoniques français passaient jusqu’ici par ce pays – marchent actuellement au ralenti, du fait des grèves et bouleversements en cours.

Source : « survie.org » Le 07-02-2011

Lien :http://survie.org/billets-d-afrique/2011/199-fevrier-2011/article/tunisie-les-facteurs-economiques

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Tunisie : les dérives et le naufrage de la diplomatie française


 

Incapable de mesurer l’ampleur de la contestation socio-politique, la France s’est une fois de plus distinguée par son cynisme.

La volonté de la ministre Michèle Alliot-Marie d’offrir une aide sécuritaire au régime Ben Ali n’est pas une gaffe politique, mais la politique de la France qui prévalait en Tunisie. D’ailleurs la ministre des Affaires étrangères ne s’est pas fait piéger au micro d’une radio puisqu’elle a lu un texte officiel.

Rappelons aussi que la ministre est bien rodée aux dérives sécuritaires de la Sarkozie. Fervente défenseuse de la télésurveillance et promotrice de la disparition du juge d’instruction, MAM était la ministre de l’Intérieur pendant l’affaire Tarnac et, dernièrement dans son fief, elle était restée totalement insensible au mandat d’arrêt européen prononcé contre la militante basque Aurore Martin.

En Tunisie, le président Zine el-Abidine Ben Ali a toujours bénéficié de la bienveillance du gouvernement français, tout particulièrement celle de Jacques Chirac qui parlait toujours du « miracle » économique du pays.

Quand les grands médias découvrent la nature du régime Ben Ali

Ainsi, la diplomatie française a maintenu le cap, jusqu’au naufrage benalien. De leur côté, après avoir été bien timides, les médias généralistes ont paru découvrir la violence et l’arbitraire du régime Ben Ali à sa chute.

S’ils ont jugé indignes les propos tenus par Michèle Alliot-Marie, leur silence systématique pendant ces longues années de répression n’est-elle pas plus répréhensible ? Le 11 janvier, la journaliste Bérénice Dubuc du gratuit 20 min est une des premières à employer le terme « révolution de jasmin ». Or, en 1987, Ben Ali lui-même, utilisait cette expression pour désigner son coup d’État. Raccourci journalistique ou signe d’une information tirée vers le bas ?

En Tunisie, depuis une semaine, on « tire la ligne » sur des sujets qui se ressemblent, les envoyés spéciaux fleurissent sur le terrain, chaque média possède son ancien prisonnier politique à interviewer, son « décryptage » de la transition démocratique et l’enquête « exclusive » sur les biens du clan Trabelsi placés en France ou en Suisse. Pourtant, pendant des années, les militants exilés se butaient désespérément au déni de la plupart des rédactions parisiennes. Omniprésent ces derniers jours dans la presse,l’opposant Moncef Marzouki était à l’époque quasi inconnu et seul le site web bastamag.net lui consacrait une interview en 2009.

Le clan des Tunisiens

Comment expliquer les raisons d’un soutien inconditionnel de Paris au régime Ben Ali ? D’autant que les dérives mafieuses des proches de Zine El Abidine Ben Ali dépassaient largement le sud de la Méditerranée.

En 2006, les frères Trabelsi, deux neveux par alliance du président déchu, avaient été mis en cause dans le vol, à Bonifacio, du yacht d’un ancien président de la banque privée Lazard, Bruno Roger, un proche de Jacques Chirac. Une enquête privée menée par les assureurs du navire avait permis de le retrouver, maquillé et repeint, dans le port de Sidi Bou Saïd, une banlieue huppée du Nord de Tunis, puis, le yacht avait été discrètement restitué à son propriétaire.

On sait que la défense des droits humains passe bien après les intérêts commerciaux ou stratégiques de la France.

De surcroit, en Tunisie, la répression policière et le non-respect des droits fondamentaux étaient intimement liés avec le système économique. Surnommé le « clan des Tunisiens », un groupe de Français très influent s’est toujours distingué par sa loyauté indéfectible envers le président tunisien : parmi eux, l’actuel ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, qui avait contesté la dénomination de « dictature » à l’encontre du régime benalien. Une minorité de célèbres natifs du pays, tel Bertrand Delanoë, et le secrétaire d’Etat au Commerce extérieur Pierre Lellouche ont longtemps promu une vision tronquée de la Tunisie.

« Avant de juger un gouvernement étranger, mieux vaut bien connaître la situation sur le terrain », avait mis en garde le ministre de l’Agriculture Bruno Le Maire. En effet, seule une minorité de français pouvait jouir et donc connaître la panoplie de privilèges offerts par le président Ben Ali. Tant que le pays continua d’accueillir « de manière formidable » Michèle Alliot-Marie, celle-ci ne pensa qu’à défendre sa police.

Car l’été dernier, MAM avait passé quelques jours à Hammamet, dans une suite présidentielle de l’hôtel Phenicia. Fin décembre, alors que la contestation prenait forme dans le pays, elle célébrait le Jour de l’an dans le nord-ouest dans sa villa de Tabarka. Elle y a peut être croisé son compatriote Dominique Baudis, qui apprécie pleinement la « réalité » tunisienne.

Les bonnes affaires françaises chez Ben Ali

Bien entendu, le Code du travail, de rigueur sous le régime Ben Ali semblait très bien convenir aux milliers d’entreprises hexagonales présentes.

Premier investisseur étranger avec un record de 280 millions d’euros, la France est particulièrement représentée en Tunisie dans les secteurs du textile, de l’électronique (Valeo, Faurecia, Sagem ou EADS) et des services avec les centres d’appels (Téléperformance).

Exemple parmi d’autres : le président Ben Ali a toujours été très bien accueilli sur le site d’exploitation de la Sagem qui emploie environ 3 500 personnes dans le gouvernorat de Ben Arous. En 2009, Eric Faubry, directeur industriel et logistique du groupe français, recevait des mains du Premier ministre, Mohamed Ghannouchi, le premier prix du gouvernement pour la promotion de la qualité. Et qu’importe si les emplois générés sont peu qualifiés alors que le pays souffre du chômage des jeunes diplômés.

La Chambre franco-tunisienne du commerce et de l’industrie est aussi le pilier de la proximité des milieux d’affaires entre les deux pays. Ainsi Christian de Boissieu, le président du Cercle d’amitié France-Tunisie, est consultant auprès de Matignon. Le nouveau dirigeant de l’Institut des cultures d’islam, Hakim El Karoui, est à la fois un membre de l’Institut arabe des chefs d’entreprise et proche de Jean-Pierre Raffarin et de Hedi Djiilanil, le patron des patrons tunisiens dont l’une de ses filles, Zohra, est l’épouse de Belhssen Trabelsi.

Mais surtout Hosni Djemmali, qui contrôle tout un pan de l’hôtellerie de luxe, demeure un intime de la famille Debré et de Guillaume Sarkozy. Surnommé « l’ambassadeur bis de Tunisie » Hosni Djemmali a été promu chevalier de l’Ordre national de la Légion d’honneur en 2008 par le secrétaire d’Etat au tourisme, Hervé Novelli.

Djemmali est considéré comme la pierre angulaire de la « Tunisie française ». Ancien journaliste il est resté en contact étroit avec Christian de Villeneuve, directeur des rédactions du groupe Lagardère, Jean Daniel du Nouvel Observateur ou Etienne Mougeotte ancien directeur de TF1 et directeur actuel du Figaro.

Une diplomatie dépassée

La diplomatie française s’est, une fois de plus, distinguée par son mépris envers les droits humains. Mais son incompétence, a aussi marqué les Tunisiens car, incapable de mesurer l’ampleur de la contestation sociale, Paris n’a pas rebondi, même dans la real politik la plus cynique.

Demain, avec qui la Tunisie démocratique préférera-t-elle nouer des partenariats privilégiés ? Avec un pays qui proposait de se joindre à la répression Ben Alienne, ou avec un État qui se réjouit de l’ouverture d émocratique ?

Deux semaines après la chute de Ben Ali, Nicolas Sarkozy a évincé Pierre Ménat, l’ambassadeur de France en Tunisie, au profit de Boris Boillon, jusqu’ici à Bagdad, considéré comme le diplomate star du sarkozysme, qui incarne la diplomatie du business.

Pendant ce temps, l’Elysée cherche toujours des explications à son manque de clairvoyance. Selon le Canard Enchaîné, les réactions d’Alain Juppé et de Michèle Alliot-Marie étaient virulentes contre les diplomates français : « Nous sommes restés tout le temps dans un brouillard total ». La brume des hammams des palais de Ben Ali peut-être ? Parce le déclin du régime Ben Ali était décrit par de nombreux analystes [1] et sur le terrain, depuis plus de deux ans, un changement était notable dans la population, notamment au regard de la solidité du réseau des militants des droits de l’homme, des journalistes et des avocats indépendants.

Il y a quelques semaines Wikileaks révélait un télégramme diplomatique de l’ambassade des Etats- Unis à Tunis, daté du 14 août 2007, où l’on pouvait lire que Serge Degallaix, ambassadeur de 2005 à 2009, avait jugé, que « La Tunisie n’est pas une dictature et ses leaders sont vraiment à l’écoute du peuple ».

L’année suivante, le mouvement social dans le bassin minier de Gafsa se concluait par la répression sanglante par le régime Ben Ali. En visite dans le pays, à l’époque, Nicolas Sarkozy avait suscité l’indignation pour s’être félicité des progrès de l’espace des libertés publiques.

[1] Décrite aussi par l’expertise du Quai d’Orsay, marginalisé depuis 2007 ; par la diplomatie américaine ; et par des chercheurs français dont la politologue Béatrice Hibou. Citons aussi l’ouvrage Économie politique de la répression en Tunisie. La découverte 2006 et l’article :« Kamel Libidi la longue descente aux enfers de la Tunisie » dans le Monde diplomatique, 2006.

Source : « survie.org » Le 07-02-2011

Lien :http://survie.org/billets-d-afrique/2011/199-fevrier-2011/article/tunisie-les-derives-et-le-naufrage

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Échos de la francophonie: Tunisie


 

 Voilà un pays francophone dont le nom est devenu une référence universelle. Maintenant, quand on dit Tunisie, on pense à ces images floues de la foule en révolte, ces vidéos réalisées par les téléphones portables des participants et transmises sur internet, puis reprises par les chaînes de télévision du monde entier.

Une référence, comme la Hongrie de 1956 qui, par son soulèvement populaire contre les forces de l’empire soviétique de jadis, a marqué l’histoire. Des séquences de film pâles en noir et blanc, des jeunes dans les rues avec des fusils, la démolition de la statue de Staline, la foule bravant les chars, mais aussi des cadavres et des édifices carbonisés, le deuil, la tristesse. Une révolution qui ne devait aboutir que 33 ans plus tard, mais qui restera pour toujours gravée dans notre mémoire collective.

Actuellement, nous sommes les témoins de cette explosion révolutionnaire en Tunisie, ce pays apparemment si tranquille – un paradis touristique pour beaucoup. Je me rappelle d’un coucher de soleil à Douz dans le Sahara, notre caravane de dromadaires près du château qui m’évoque un film fantastique – justement, parce que La Guerre des Étoiles fût tournée là, dans le désert de sable. Et je me souviens de cette conversation que j’ai eue avec le jeune homme qui a guidé mon chameau (loué pour une excursion), et qui m’a parlé– en français mais aussi en italien! – de sa vie et de ses ambitions. Electricien de formation, il n’a pas trouvé de travail à l’issue de ses études et a choisi d’exploiter les dromadaires de son père – et de se préparer aux concours dont les héros sont ces curieux animaux du désert.

Je ne peux pas savoir s’il a participé aux événements qui ont conduit à la chute de Ben Ali, le président corrompu, et de son clan mais rétrospectivement, je comprends mieux certains signes précurseurs. D’une part,la contradiction entre un système éducatif ambitieux mais qui, finalement, ne pouvait pas assurer de travail aux jeunes. Dans ce pays francophone et même polyglotte, la révolte fût déclenchée par le suicide d’un vendeur de fruits… diplômé, mais chômeur. Et aussi, cette omniprésence de l’image du président, affiché dans toutes les localités sur l’avenue principale ou place Bourguiba (Bourguiba, le chef d’état précédent, fût écarté par Ben Ali en personne dans le cadre d’une prise du pouvoir „médicale”, pour „cause de sénilité”). Ou encore, l’interdiction de photographier les bâtiments publics, les stations de police et le palais de Ben Ali à Carthage. On nous a dit que c’était une mesure contre le terrorisme, islamiste et autre (d’ailleurs vraiment menaçant dans cette partie du monde, ici aussi…). Et c’est bien-entre autres- au nom de cette lutte contre le terrorisme que la France et d’autres grandes puissances démocratiques ont affiché une grande tolérance – maintenant abondamment critiquée – envers le système Ben Ali.

Nous savons maintenant que le mécanisme apparemment parfait du tourisme de masse alimentait aussi la corruption, l’avidité du pouvoir. Il fallait donc se protéger contre la grogne invisible et inaudible – mais répandue – des jeunes et des pauvres qui n’ont vu aucun avenir devant eux dans leur si beau pays.

Pour le chroniqueur que je suis, l’aspect médiatique de la chute brutale de ce système de clans est particulièrement significatif. Ben Ali pouvait museler une presse traditionnelle docile, et il a longtemps isolé son pays de ces critiques (islamistes et autres) qui s’exprimaient sur les ondes de la télévision Al-Jazira, dont le bureau de Tunis fût fermé depuis des années. Mais il ne pouvait rien contre les nouveaux médias, contre Facebook, Twitter, YouTube et consorts, contre le pouvoir informatique du web. Al-Jazira et Al-Arabiya, ces télévisions satellitaires ont repris les images répandues sur Facebook et les autres nouveaux médias, en contournant les autorités de Tunis. La première révolution web? Certainement pas. Ce sont les masses populaires qui ont chassé, au prix de leurs sacrifices, le clan Ben Ali, mais cela aurait peut-être été impossible sans ce nouvel espace médiatique tunisien et arabe.

Comme nous le savons, le soulèvement hongrois a semé les germes des changements ultérieurs dans tout le bloc soviétique – en quelques décennies. Cette fois, les problèmes qui ont engendré la colère sont bien différents, et les circonstances (techniques et sociales) ont changé, elles aussi. Quelques jours ont suffi pour que les démonstrations se propagent à beaucoup d’autres pays – voisins et lointains – en proie aux mêmes inquiétudes pour le futur et où les populations sont motivées par le même amour de la liberté que les Tunisiens.

Ce qui ne veut pas dire que la voie vers l’avenir joyeux soit déjà largement ouverte et que le piège islamiste soit dorénavant exclu – dans ce but, il faudrait installer de véritables démocraties. Même en Tunisie, si le chapitre Ben Ali est déjà clos, le suivant est encore en sursis, le mouvement de masse continue à exiger un changement plus radical. Au moment où j’écris ces lignes, les protestations de masse s’amplifient encore dans plusieurs pays – tout comme les interventions policières.

Maintenant, nous suivons l’histoire en direct et les reportages ne nous parviennent plus en noir et blanc comme en 1956. Les taches de sang sur le pavé sont bien rouges.

Source : « Journal de lafrancophonie de Budapest » Le 07-02-2011

Lien : http://www.jfb.hu/node/1626

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Les « révolutions » arabes nuisent-elles à Al-Qaïda ?


 

D’après plusieurs experts, les soulèvements populaires que connaissent la Tunisie, l’Égypte ou encore le Yémen et la Jordanie, pourraient être catastrophiques pour Al-Qaïda et les autres mouvements djihadistes, en montrant qu’une autre voie que la violence peut faire tomber des régimes autoritaires pro-occidentaux.

« Ce serait une dangereuse erreur pour les djihadistes de s’éloigner des peuples. Nous devrions leur pardonner, nous rapprocher d’eux et les supplier de nous écouter, car séparer le mouvement djihadiste du mouvement musulman populaire signerait notre fin. »

Cette réflexion, postée par le cyber-prédicateur radical  Abou Moundhir al-Shanqiti le 31 janvier sur un forum djihadiste (et traduite par SITE, l’institut américain de surveillance des sites islamistes), semble témoigner de la crainte de marginalisation des djihadistes après le début des soulèvements populaires et pacifiques dans le monde arabe.

Silence gêné

Car le mouvement djihadiste (comme, sur ce point, de nombreux gouvernements occidentaux) semble n’avoir rien vu venir et est largement dépassé par les manifestations en Tunisie, Égypte, Jordanie ou encore au Yémen.

« Al-Qaïda a été complètement prise de court par la contestation populaire dans le monde arabe », remarque Jean-Pierre Filiu, professeur à Sciences-Po Paris et à l’Université Columbia. « Elle est d’ailleurs pratiquement silencieuse sur ce sujet, car incapable de proférer le moindre commentaire d’actualité, tant cette nouvelle donne la dépasse. »

Pour Dominique Thomas, spécialiste de l’islamisme radical à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS, France), « les groupes djihadistes sont à la croisée des chemins : si les événements font boule de neige, suscitent des vocations démocratiques dans la région et que les peuples parviennent à renverser des dictatures sous la seule pression de la rue, ce sera une réfutation cinglante de leurs thèses ».

« Si c’est par le peuple que les régimes tombent, Al-Qaïda et les groupes djihadistes auront du mal à rebondir et à adapter leur discours », ajoute-t-il.

Les leaders d’Al-Qaïda sont « sans doute embarrassés, estime-t-il encore. Il va falloir que Ben Laden ou mieux l’Égyptien Al-Zawahiri s’expriment rapidement, faute de quoi leur discours perdra toute substance ».

Islamisme non-violent

Surtout, les mots d’ordres des manifestants (la démocratie, les élections et la transparence du pouvoir) sont très éloignés des revendications d’Al-Qaïda.

Les Frères musulmans,qui viennent de réintégrer le jeu politique égyptien, avaient quant à eux su se couler dans le mouvement et ses revendications.

Ils « condamnent tous la violence politique, rappelle Maha Azzam, du programme « Moyen-Orient » du centre de réflexion londonien Chatham House. […] Si la transition est pacifique, si cela aboutit à un système politique incluant tout le monde, cela se fera au détriment des groupes radicaux », affirme-t-elle.

En revanche, soulignent ces experts, un échec du mouvement démocratique, une répression aveugle ou des coups d’État militaires seraient une aubaine et une validation de leurs thèses pour les partisans de l’islamisme radical

Source : « Jeune Afrique » Le 07-02-2011

Lien :http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20110207091623/algerie-egypte-jordanie-tunisieles-revolutions-arabes-nuisent-elles-a-al-qaida.html

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Tunisie: une révolution prometteuse

Le monde entier célèbre la révolution démocratique de la Tunisie qui a déclenché une cascade de soulèvements dans la région, notamment en Egypte, avec des conséquences inouïes.

DAVOS –  Le monde a maintenant les yeux fixés sur ce petit pays de 10 millions d’habitants pour tirer les leçons des événements récents, tout en se demandant quelle va être la suite : ce jeune peuple qui a renversé un autocrate corrompu parviendra-t-il à créer une démocratie stable et fonctionnelle ?

D’abord les leçons. En premier lieu il ne suffit pas que l’Etat assure la croissance économique. Le PIB de la Tunisie a augmenté en moyenne de 5% par an au cours des 20 dernières années, au point d’être souvent citée comme l’une des économies les plus performantes de la région.

De même il ne suffit pas de se conformer aux exigences des marchés financiers – cela permet sans doute d’avoir des obligations bien cotées et de répondre à l’attente des investisseurs étrangers, mais cela ne s’accompagne pas nécessairement de créations d’emplois et d’une augmentation du niveau de vie de la population. La crise de 2008 a mis en évidence la faillibilité du marché obligataire et celle des agences de notation. Elles ont baissé la note de la Tunisie au moment où elle tentait de passer d’un régime autoritaire à la démocratie, ce qui n’est pas à mettre à leur crédit. Cela doit rester dans les annales. 

Même permettre à la population d’accéder à une éducation de qualité ne suffit peut-être pas. Un peu partout dans le monde, on s’efforce de créer des emplois pour les nouveaux entrants sur le marché du travail. Chômage élevé et corruption endémique constituent un mélange explosif.  Des études économiques montrent que la réussite d’un pays dépend avant tout du sentiment de justice et d’équité.

Lorsqu’il faut avoir des relations pour trouver du travail alors que les emplois sont rares et lorsque les dirigeants et les hauts fonctionnaires accumulent des fortunes alors que les  ressources sont limitées, naît un sentiment d’injustice puis de révolte. L’indignation de l’opinion publique à l’encontre les banquiers en Occident est une version édulcorée de l’exigence de justice économique qui est apparue d’abord en Tunisie, et ensuite à travers la région.

Aussi vertueuse soit la démocratie (ainsi que le montre l’exemple tunisien, elle est de loin préférable à la dictature) souvenons-nous des échecs de ceux qui en font un mantra et n’oublions pas qu’elle ne se limite pas à des élections, même équitables. Ainsi aux USA elle s’accompagne d’inégalités croissantes, au point que les 1% d’Américains les plus riches bénéficient du quart du revenu national et que la répartition du patrimoine est encore plus inéquitable.

La plupart des Américains vivent moins bien aujourd’hui qu’il y a 10 ans, presque tous les bénéfices de la croissance économique bénéficiant exclusivement à la petite minorité des plus riches. La corruption de style américain se traduit par des milliers de milliards de dollars de cadeaux aux entreprises pharmaceutiques, l’achat des hommes politiques au moyen de contributions financières massives aux campagnes électorales et des baisses d’impôt pour les millionnaires, tandis que les pauvres voient leur assurance santé se réduire à peau de chagrin.

Souvent la démocratie s’accompagne de conflits, de factionalisme et de dysfonctionnements étatiques. De ce point de vue la révolution tunisienne débute sur une note positive : un sentiment de cohésion nationale généré par le renversement d’un dictateur haï par la grande majorité de la population. La Tunisie doit préserver ce sentiment, ce qui exige un effort de transparence, de tolérance et d’ouverture à l’égard de toutes les couches de la société – tant sur le plan politique qu’économique.

Le sentiment d’équité exige un dialogue public. Car si tout le monde parle d’Etat de droit, on ne peut mettre de coté la nature même de ce droit. La loi peut servir à garantir l’égalité des chances et la tolérance ou bien à maintenir les inégalités et la mainmise des élites sur le pouvoir.

La Tunisie ne parviendra peut-être pas à empêcher que les représentants d’intérêts particuliers fassent main basse sur l’Etat. Pour éviter cette situation il est indispensable de procéder  au financement public des campagnes électorales, de limiter l’action des lobbies et d’interdire les passages trop faciles entre le secteur public et le secteur privé. Privatiser en toute transparence et procéder à de véritables appels d’offre pour les achats publics permettrait de freiner la recherche de rente de situation.

Il y a un équilibre délicat à trouver dans beaucoup de domaine : un Etat trop puissant risque de ne pas respecter les droits des citoyens, tandis qu’un Etat trop faible risque de ne pouvoir conduire l’action collective nécessaire pour parvenir à une société prospère et solidaire à l’égard des plus démunis – ou de ne pouvoir empêcher les puissants acteurs du secteur privé d’exploiter les individus les plus faibles et sans défense. L’Amérique latine montre qu’il y a des problèmes relatifs à la durée des mandats des hommes politiques, mais l’absence de limite est la pire solution.

Les Constitutions doivent donc être flexibles. Inscrire comme loi d’airain le dernier principe économique à la mode, ainsi que l’a fait l’UE avec sa banque centrale qui se préoccupe exclusivement de la lutte contre l’inflation, est une erreur. Mais il est indispensable de garantir certains droits politiques (la liberté de religion, la liberté d’expression et la liberté de la presse) et économiques. Ainsi la Tunisie pourrait entamer son débat public par la question de savoir quels droits supplémentaires introduire dans sa nouvelle Constitution, en plus de ceux figurant dans la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Le début de la révolution tunisienne est étonnamment prometteur. Le peuple tunisien a fait preuve de maturité et de sagesse en établissant un gouvernement intérimaire, tandis que des Tunisiens qui ont réussi par leur talent ont accouru pour servir leur pays dans ce moment critique. C’est aux Tunisiens eux-mêmes de créer un nouveau système qui pourrait symboliser la démocratie du 21° siècle.

Quant à la communauté internationale, après avoir soutenu si souvent des régimes autoritaires au nom de la stabilité (ou du principe qui veux que « les ennemis de mes ennemis sont mes amis »), elle a de toute évidence la responsabilité de fournir à la Tunisie toute l’aide dont elle aura besoin dans les mois et les années qui viennent.

Source : « Les Echos » Le 07-02-2011

Lien : http://lecercle.lesechos.fr/node/33245

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En Tunisie, Radio Kalima surfe sur les ondes de la liberté


 

Au rez-de-chaussée du vieil immeuble du 4, rue Abou-Dhabi, dans le centre-ville animé de Tunis, les visiteurs se succèdent sans discontinuer.Plus aucun policier ne bloque l’entrée des locaux chichement équipés qui abritentRadio Kalima Tunisie. La police est certainement dans les parages, mais se borne à surveiller les allées et venues. La radio a enfin retrouvé ses locaux, dont elle avait été expulsée seulement trois jours après son lancement sur le satellite Hotbird, le 26 janvier 2009, accusée de tentative de coup d’Etat.

Sa jeune rédaction de neuf journalistes, portée par la détermination de Sihem Bensedrine et Omar Mestiri, y prépare dans une certaine frénésie ses premiers pas sur la bande FM. Porte-voix des expressions muselées sous le régime deBen Ali, elle n’a, malgré la censure, jamais cessé de diffuser : en continu sur la Toile et une heure par semaine en direct sur Radio Galère à Marseille.

L’installation ce week-end d’un studio offert par Radio France marque le début d’une nouvelle aventure. L’arrivée de Radio Kalima Tunisie sur les ondes est désormais entre les mains du premier ministre tunisien, Mohamed Ghannouchi, sur le bureau duquel trône la demande d’attribution de fréquence.

SORTIR DE LA CLANDESTINITÉ

L’équipe est anxieuse. « C’est une énorme responsabilité, on sent que l’enjeu est de taille », confie Nibras Al-Hazili, un jeune étudiant. Faten Hamdi, reporter, acquiesce. Les deux jeunes journalistes ne se connaissaient pas il y a trois semaines. Contraints à la clandestinité, ils travaillaient en solo, à Tunis ou dans leurs régions respectives. Sihem, la rédactrice en chef, revenue d’exil le 14 janvier, faisait le lien entre ces électrons libres. Pendant deux ans, ils ont assuré trois heures de programmation quotidienne, diffusées en boucle sur le site Internet aux fidèles auditeurs ayant appris à déjouer la censure grâce aux proxys.ur de Radio Kalima Algérie.Hélène Sallon

A 26 ans, Faten ne compte plus le nombre de fois où elle a été suivie, tabassée, arrêtée et détenue des heures par la police politique. « Ils ont tenté de m’intimider pour que je quitte la radio. Ils ont harcelé ma famille en disant que je tentais de renverser le régime », se souvient-elle. Des tentatives d’intimidation qui n’ont pas entamé la détermination de la radio pirate à dénoncer la répression, la corruption et la torture, et à couvrir les problèmes socio-économiques de la population, ignorés par la presse gouvernementale.

Donner la priorité à la parole des Tunisiens n’a pas été chose facile, confie Omar Mestiri, le directeur de la radio : « Les gens voyaient dans cette opportunité une agression. Le micro sorti dans la rue était pour eux comme une arme, une facon de les impliquer dans une provocation contre le régime. »

EN PREMIÈRE LIGNE DE LA RÉVOLUTION

A n’avoir jamais renoncé à cette « ligne éditoriale indépendante et engagée, explique Omar, la radio a gagné sa crédibilité ». Dès le 20 décembre 2010, le serveur tunisien a saturé. Il a fallu en ajouter deux pour assurer la diffusion à près de 6 000 auditeurs. « La radio a été en première ligne. Elle a donné une quinzaine d’infos en exclusivité mondiale, des massacres à Kasserine aux tirs de l’armée sur la foule », assure Yahia Bounouar, directeur de Radio Kalima Algérie, venu donner un coup de main. Les événements de Sidi Bouzid et Kasserine ont été suivis en direct grâce aux contacts sur place.mdi, reporter à Radio Kalima Tunisie.Hélène Sallon

Sur le terrain, Faten ressent désormais une forme de reconnaissance pour son travail. « Le jour des événements place de la Kasbah, les manifestants ont refusé de s’adresser aux autres médias, à cause de leur couverture biaisée. Quand je disais ‘Radio Kalima’, on me disait tout de suite oui », confie-t-elle. De fait, Radio Kalima Tunisie ne craint pas la concurrence des autres médias, encore loin d’avoir pris vraiment leur indépendance. « Du 14 au 16 janvier, les médias tunisiens ont été plus ou moins libres, indépendants, mais après la constitution du nouveau gouvernement, ils ont commencé à le défendre farouchement, d’une manière pas très objective. Nous, on garde la même position, on ne défend personne et on garde la ligne éditoriale d’avant », assure Nibras l’étudiant.

RELEVER LE DÉFI DE LA PROFESSIONNALISATION

Avec son entrée prochaine dans les foyers tunisiens, d’autres défis attendent Radio Kalima Tunisie. « Maintenant, on a les conditions pour travailler en réel. Il faut qu’on poursuive les mêmes objectifs mais de façon plus professionnelle », indique Omar, en assurant 24 heures de diffusion avec des plateaux en direct. Selon lui, devenir une radio commerciale ne devrait pas les priver de leur indépendance. « Nos investisseurs, ce sont les ONG et les radios qui nous ont toujours soutenus ainsi que des hommes d’affaires tunisiens qui nous ont aidés à préserver notre liberté d’expression. En en payant souvent le prix. »

Source: ”Le Monde.fr” Le 07-02-2011

Lien:http://www.lemonde.fr/tunisie/article/2011/02/07/en-tunisie-radio-kalima-surfe-sur-les-ondes-de-la-liberte_1476067_1466522.html

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«Mohamed a offert son âme pour son pays, il ne faut pas en faire quelque chose de mercantile»


 

La famille de Mohamed Bouazizi tente d’éviter par tous les moyens que le nom de leur défunt ne soit utilisé à tort et à travers…

Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a annoncé vendredi dernier son intention de donner à un lieu parisien le nom de Mohamed Bouazizi,le jeune Tunisien dont l’immolation a déclenché la vague de manifestations ayant abouti à la chute du régime Ben Ali. Une façon de lui «rendre hommage», selon le maire de la capitale.

La famille de Mohamed Bouazizi, par la voix d’un de ses cousins, Chamseddine Lachhab,  et de son frère Salem, a indiqué à 20minutes.fr qu’elle se sentait «honorée par le geste». Cependant, elle déplore que personne de la Mairie de Paris ne les ait contactés pour leur demander la permision d’utiliser le nom de leur défunt. Leur plus grande crainte: que son nom soit récupéré à des fins politiques, ou pour un quelconque profit que ce soit.

«Ce qui est arrivé à Mohamed ne doit pas bénéficier à un parti»

«On ne veut pas que ce soit récupéré, alors on ne laisse à personne la possibilité d’essayer de profiter de nous», indique Salem Bouazizi. Pourtant, des représentants de partis politiques sont déjà venus pour tenter de s’adjoindre ses services. Il les a remerciés. «Je n’y connais rien en politique, je ne sais même pas quels partis ils représentaient», explique-t-il.

«Ce qui est arrivé à Mohamed ne doit pas bénéficier à un parti, à un homme politique pour récolter des voix», reprend Chamseddine, le cousin, qui rappelle que «Ben Ali a déjà tenté de le faire lorsqu’il est venu à son chevet» pour calmer l’opinion publique tunisienne, le 28 décembre dernier.

«Je ne veux pas que les gens profitent de mon frère»

«Mohamed a offert son âme pour son pays, il ne faut pas en faire quelque chose de mercantile», martèle Salem. «Je ne veux pas que les gens profitent, de quelque manière que ce soit, de mon frère.» Il souligne encore qu’il ne veut « surtout pas que des gens se fassent de l’argent» sur le dos de son frère. «Je ne veux pas voir son nom sur des t-shirts ou sur un parasol, par exemple.»

Salem a même refusé de vendre la charrette avec laquelle son frère vendait ses fruits et légumes. Il affirme qu’il «ne la lâchera pas». Il se dit prêt à l’emmener à Tunis pour l’exposer, pour que tout le monde puisse voir ce symbole de la Révolution de Jasmin, mais affirme qu’il la ramènera avec lui, à Sidi Bouzid.

Source : « 20minutes » Le 07-02-2011

Lien :http://www.20minutes.fr/article/665828/monde-mohamed-offert-ame-pays-faut-faire-quelque-chose-mercantile

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