Slim Bagga: Le complot contre la revolution se met en place: et maintenant Habib Ammar!!! Jameleddine El Hajji: Lettre ouverte à Son Excellence Monsieur le Ministre de l’Intérieur du Gouvernement Provisoire – Qu’il se ressaisisse, ou qu’il parte ! Dr Remadi Sami: Récupérons notre argent Mongi Dehliz: M. Grichi aura peur…de son ombre Ahmed Ben Amor: Indigniez vous RABAM: Création d’un parti politique par et pour le peuple ! Tahar Labidi: « Le régime tunisien a militarisé les nouvelles technologies » Luiza Toscane & Marguerite Rollinde: Appel pour Y.Ferchichi, tunisien expulsé à Dakar
REVUE DE PRESSE
Tunisie: suspension des activités de l’ancien parti au pouvoir
06/02/11 19:29 TUNIS (AP) — Le ministère tunisien de l’Intérieur a annoncé dimanche la suspension des activités de l’ancien parti au pouvoir sous Ben Ali, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), qu’il s’agisse des réunions ou des rassemblements de ses adhérents. Il a également décidé « la fermeture de l’ensemble des locaux qui appartiennent à ce parti ou dont il assure la gestion dans l’attente du dépôt d’une demande aux fins de sa dissolution auprès des autorités judiciaires compétentes ». Selon l’agence officielle TAP, cette mesure a été prise « compte tenu de l’extrême urgence et afin d’éviter de porter atteinte à l’ordre public et dans l’objectif de préserver l’intérêt supérieur de la patrie ». Elle s’appuie sur les dispositions des articles 2, 18 et 19 de la loi organique n 32 de l’année 1988, en date du 3 mai 1988, relative à l’organisation des partis politiques, précise la TAP. Plusieurs régions du pays ont connu ces derniers temps des troubles violents attribués à des membres de l’ancien parti de Ben Ali. AP
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LE COMPLOT CONTRE LA REVOLUTION SE MET EN PLACE: ET MAINTENANT HABIB AMMAR!!!par SLIM BAGGA
Ils vont presque tous nous faire pleurer ces grands serviteurs de la Nation, ces inconditionnels de la démocratie mis sur la touche par Ben Ali, mais qui reviennent aujourd’hui verser leurs larmes de crocodiles pour nous raconter combien ils ont souffert et comment ils ont été exclus par leur incontestable et incontesté champion.
Après Hedi Baccouche, voilà donc Habib Ammar, « Le Maréchal » pour les mauvaises langues.
Après la tête, voilà les jambes du coup d’Etat du 7 Novembre 1987.
Et comme toujours, il s’en trouve encore des journaux, plutôt des feuilles jaunes, tels « ECHOUROUQ » pour réveiller les vieux démons et nous sortir de leur léthargie voire de leur hibernation des hommes ayant appartenu au tout premier cercle de la plus implacable tyrannie qu’ait connue la Tunisie.
MENSONGES OU OMMISSIONS DE HABIB AMMAR?
En étant écarté du ministère de l’Intérieur, le Maréchal Ammar n’a-t-il pas été ministre des Télécommunications, et par conséquent à la tête des écoutes? N’a-t-il pas été conseiller auprès de Ben Machin à Carthage?
N’a-t-il pas reçu régulièrement des valises d’argent cash chaque fois que son épouse rendit visite au dictateur qu’il avait lui-même installé au matin du 7 Novembre 1987 à Carthage?
Allons donc « Maréchal Ammar »: il faudra bien que vous cessiez de vous foutre de nous et de jouer les vierges effarouchées avec Hedi Baccouche et tant d’autres encore qui vous êtes servis tels des sangsues des biens du peuple en servant jusqu’au dernier souffle la dictature.
D’ailleurs, il est à se demander pourquoi Habib Ammar ne souffle mot sur les véritables raisons de son limogeage par Ben Ali et ce qui avait provoqué l’ire de ce dernier.
Ministre d’Etat ministre de l’Intérieur, Habib Ammar s’était rendu en Libye, et le colonel Kadhafi lui remit une valise bourrée de dollars dont il ne dira rien à son Président. Glorieux fait d’armes de notre Maréchal qui fut le précurseur et celui qui a ouvert la voie à d’autres puisque l’agité de Tripoli n’aura de cesse plus tard d’apprivoiser le clan des Materi et même Leila Trabelsi grâce à l’argent.
Notre honnête « démocrate » Habib Ammar devrait inscrire à son CV en lettres vertes comme la couleur du billet cette « réussite ». Le peuple tunisien est en droit de savoir…
Habib Ammar, qui dit avoir été sacrifié par Zinochet, s’est enorgueilli, en outre, jusqu’à la dernière minute d’avoir été le premier à appeler Ben Ali, « Monsieur le Président ». « Mission accompli, Monsieur le Président », dit-il au téléphone à Ben Ali au petit matin du 7 Novembre 1987 après avoir pris le contrôle de Carthage…
UNE AMITIE INDEFECTIBLE AVEC ZINOCHET
Malgré son limogeage du gouvernement, Habib Ammar a continué de passer ses soirées charmantes avec Ben Ali dans une villa à Carthage appartenant à la Banque centrale et censée recevoir prestigieusement des hommes de la finance. Rénovée pour plus de 6 millions de dinars, elle était devenue une garçonnière dont Ben Ali ne lui reprendra les clés qu’à la veille de sa nomination à Vienne, en Autriche, en tant qu’ambassadeur .Leur troisième complice était un sinistre policier dont Ben Ali avait fait son directeur du protocole, Abdelkarim Ghouma.
A Vienne, pour l’histoire, Habib Ammar continua d’entretenir des relations avec des barbouzes (Ali Daldoul à Lille, ex-sécurité militaire) et Chedli Guettat, notamment (un obscur ingénieur épinglé dans un trafic de drogue à Paris dont la justice française retrouvera les traces de mandats expédiés par son Excellence.)
DE L’AFFAIRE BON PRIX AU PETIT PALAIS DE GAMMARTH
A la liquidation de l’entreprise BATAM qui avait fait endetter toute la population tunisienne, le liquidateur Ali Debaya avait reçu instructions de la présidence de la République pour céder une filiale de BATAM à Habib Ammar. Il s’agit de BONPRIX. Montant du cadeau présidentiel…que dire, royal: 2, 5 millions de dinars. De plus, les stocks à disposition représentent plusieurs millions de dinars.
Habib Ammar écoula les stocks et remit les clés d’une entreprise vide. Il se permit même le luxe de récupérer la TVA sur la marchandise qu’il n’a jamais payée.
Actuellement, Habib Ammar est en train de construire un petit palais à Gammarth où chaque pièce dispose de sa salle de bains. Le bulldozer oeuvrant jour et nuit, le garage de son voisin mitoyen, le docteur Hatem Yassine, s’est effondré.
Pleurez avec moi, chers amis lecteurs. Habib Ammar a été si malmené par son ami Ben Ali qui l’a laissé dans le besoin…
ET LES COMBINES DU REJETON DOREID AMMAR
Jetez un coup d’oeil sur la liste des privilégiés qui ont ruiné les banques tunisiennes (« L’AUDACE » numéro 128). Doreid Ammar y apparait avec près de 4 milliards de dettes. Seule garantie: un terrain dont le rejeton a fixé lui-même le prix, sans expertise bancaire, à 500 000 DT.
De plus, le fils à papa avait fait l’acquisition du restaurant La Falaise, à la Corniche. Le vendeur, Khaled Ben ATTIA, a bien vendu le fonds de commerce, mais en aucune manière le terrain. Mais les AMMAR père et fils voulaient tout. Les deux parties vont alors devant le tribunal, l’affaire traine deux ou trois ans au contentieux et Khaled Ben Attia gagne.
Il va néanmoins rencontrer Habib Ammar et lui propose d’en finir en achetant le terrain puisque la justice lui donne raison.
En gentleman, Habib Ammar chassa son interlocuteur en le menaçant et en l’insultant.
Je voudrais pour finir conclure sur une note d’humour. Ce n’est pas une blague, mais une anecdote authentique qui avait fait en son temps le tour des rédactions.
Le 15 septembre 1988, Ben Ali effectuait son premier voyage officiel en France. Il est invité avec les membres du gouvernement qui l’accompagnaient à un dîner à l’Elysée, par Mitterrand.
L’huissier du château présentait aux convives les membres du gouvernement français. Soudain, devant Habib Ammar, l’huissier annonce: « Monsieur Robert Badinter, ministre de la Justice Garde des Sceaux ».
Et Habib Ammar de répliquer: « Enchanté, Monsieur le Garde »…
Fermez le ban…Fin de la première partie!!!
SLIM BAGGA
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Lettre ouverte à Son Excellence Monsieur le Ministre de l’Intérieur du Gouvernement Provisoire Qu’il se ressaisisse, ou qu’il parte !
Récupérons notre argen
La place financière et bancaire suisse a connue ces derniers temps de nombreuses affaires liées aux fonds frauduleux de dictateurs corrompus: Abacha (Nigeria), Montesinos (Pérou) et Marcos (Philippines), Mobutu (Zaire : République démocratique du Congo), et voilà que la Tunisie se trouve impliquée dans de telles tourmentes.
Il faudra peut être rappeler qu’après douze ans d’efforts inutiles, la République démocratique du Congo n’a pu récupérer les millions de dollars déposés par Mobutu dans les banques Suisses. Ainsi, c’est avec un déni de responsabilité sans précédent que la classe politique et bancaire suisse s’est désolée de ne pouvoir rendre au peuple de la République démocratique du Congo le fruit du pillage organisé par un dictateur sans scrupule.
Il faudra peut être aussi rappeler qu’en 1999 les banques Suisses ont nié l’existence de fonds juifs en déshérence appartenant aux victimes de l’holocauste. Mais ces mêmes banques ont été mises à genoux par le congrès juif international qui a appelé au boycott de ces banques aux états unis. Pour finir, les fonds, (soit1250 millions de dinars :1250 milliards de millimes) ont été restitués aux ayants droits, et à leurs héritiers , comme quoi les banques Suisses répondent seulement quand leurs intérêts sont menacés.
Je ne passe pas sans rappeler qu’afin d’assurer la sécurité et l’unanimité complète aux dictateurs avérés, les banques suisses leur proposent la possibilité d’ouvrir des comptes à numéro (sans nom). Aucune base de données ne contient le recoupement du nom des clients et de leur numéro de compte, et le seul moyen d’avoir accès à cette information est de consulter le contenu d’un coffre auquel très peu de fondés de pouvoir de la banque ont accès. Les autres employés n’ont aucun moyen de savoir à qui appartient un compte à partir d’un numéro. Faut-il aussi rappeler que de rares députés Suisse, à leur tête Jean Ziegler, n’hésitent pas à dénoncer qu’à Genève d’immenses fortunes de nature frauduleuse prospèrent sur des comptes à numéro.
La loi Suisse impose que le plaignant doit lui-même identifier la banque où sont déposés les fonds avant que la justice donne suite à la plainte ???( le plaignant dans notre cas est le gouvernement tunisien)
Le comble de l’hypocrisie c’est que le gouvernement et les banques suisses demandent aux autorités plaignantes d’apporter à la justice suisse les éléments prouvant l’origine illicite des fonds, afin qu’un juge suisse puisse ordonner la levée du secret bancaire et séquestrer les avoirs incriminés (comme ci l’origine frauduleuse n’est pas évidente!)
Suite à l’information du conseil fédéral suisse par la présidente de la confédération Micheline Calmy-Rey mercredi 26 janvier, le porte parole du gouvernement Suisse André Simonazzi a affirmé « Les sommes dérobés sont importantes, mais pas de l’ordre de ce que l’on a pu craindre », et voilà qu’on nous annonce que les sommes bloquées sont seulement de l’ordre de 925 millions de dinars.
Pendant des années le président déchu, sa femme, et leurs entourages ont spolié le peuple tunisien et les structures de l’état. La fortune du président a été évaluée à cinq milles millions de dinars (5000 milliards de millimes) alors que celle de la famille Trabelsi a été évaluée à 12000 millions de dinars.
Et maintenant vient le tour des banquiers suisses de confisquer les fonds dérobés, en révélant seulement une infime partie. Etant donné que ni le président ni son entourage ne peuvent mettre les pieds sur le sol européen vu qu’ils font l’objet d’un mandant d’arrêt international, on risque de voir ces fonds confisqués à vie dans les banques Suisses.
Que faire ?
– Etant donné que le plaignant est le gouvernement Tunisien, Il faut que les enquêteurs et les juges saisis des affaires de corruption focalisent spécialement dans leurs interrogatoires sur les comptes à numéro qui ne disposent pas de carte bancaire ni de relevé de compte. Il ne faut surtout pas compter sur les banquiers suisses pour qu’ils nous révèlent l’existence de ces comptes. Pourtant il suffit que l’association des banquiers suisse fasse preuve de bonne volonté pour révéler en quelques heures tout les comptes en question.
– Il faut que les associations des tunisiens en Suisse fassent pression sur les banques suisses en organisant des manifestations devant les sièges des banques étatiques et privées à Genève et Zurich, en brandissant des banderoles demandant la restitution de l’argent des spoliés et des déshérités.
– Faire un appel à témoin, entre autres, chauffeurs d’ambassade qui ont déposé des membres de la famille du président déchu et de sa femme dans les banques genevoises afin qu’ils déposent des fonds dérobés.
– Appeler les organisations non gouvernementales tunisiennes à manifester pacifiquement devant l’ambassade Suisse à Tunis. ( la date de la manifestation sera précisée ultérieurement)
– En absence de réponse, et en ultime recours on fera appel au boycott des produits Suisse en Tunisie, et pourquoi pas dans le monde arabe.
– Défendons ensemble nos intérêts contre les corrompus et leurs protecteurs,
Dr Remadi Sami
Pour organiser la manifestation : contact : remadisami@yahoo.fr
M. Grichi aura peur…de son ombre
M. Grichi aura peur…de son ombre
Dans son article « Pourquoi Cheikh Ghannouchi fait peur ? » paru à la Presse du 05/02/2001, S. Grichi semble habité par les mêmes démons hérités du régime de son président déchu qu’il n’a jamais cessé d’apologiser les performances en matière de désinformation et de cupidité.
Des réflexes de diabolisation de l’autre en tentant d’interpréter des déclarations, apparemment sans ambigüité, en leur injectant des significations qui traduisent la malhonnêteté intellectuelle et les fantasmes de ceux qui ont été longtemps soumis aux « dogmes » de leurs supérieurs.
On commence déjà à s’habituer aux répliques ( LA PEUR) que peuvent avancer les serviteurs d’hier en leur brandissant les mièvreries publiées sur les colonnes de certains journaux financés par le trésor public et qui devraient, s’ils avaient un peu de pudeur et de dignité, s’éclipser pour un certain temps ou éternellement tellement leurs manœuvres étaient nocives pour notre pays et son image.
S’il est raisonnable de passer l’éponge sur cet épisode, il n’est plus tolérable de laisser ces mercenaires qui deviennent tout à coup des révolutionnaires patentés de vomir leurs saletés dans les espaces publics en se présentant comme des critiques ou journalistes. Cette profession rime avec analyse objective ou subjective des actes. Elle ne peut, en aucun cas, s’inspirer des méthodes utilisées par la police politique de Ben Ali dans l’extraction des aveux préétablis ou en s’insurgeant dans les pensées des autres pour peindre les préjugés en vérités absolues.
Grichi ne semble pas convaincu des propos de M. Ghannouchi assurant que le mouvement Ennahdha ne prône pas l’application de la Chariaa en Tunisie et que le code du statut personnel ne sera pas remis en cause. Cette méfiance est tout à fait légitime. Pas uniquement pour Ennahdha . Elle serait également valable pour les autres courants politiques de gauche qui pourraient chavirer vers le totalitarisme et le terrorisme d’état.
M. Grichi, comme l’ensemble du peuple tunisien, doit patienter un peu et espérer que le comité dressé pour les ajustements politiques tiendra compte de ces prémonitions en dotant les dispositions à décréter des garanties permettant l’instauration d’un vrai système de gouvernance démocratique et transparent.
En attendant, il est obligé d’opter pour la même recette que lui et ses semblables nous ont prescrite pour dissiper notre crainte vis-à-vis du gouvernement d’unité nationale provisoire et qui consiste à donner à ces « barbus » une chance pour faire valoir leur sincérité et les suivre de près. A moins qu’il ne soit inspiré par la « philosophie » que son président déchu a murmurée à Béchir Ben Yahmed convaincu, depuis, que Ben Ali est un « spécialiste des mouvements islamistes » et que les adeptes de ces courants ne méritent que torture, prisons, répression, assassinats et exil.
Grichi trouve également que la proposition émise par R.Ghannouchi de relever la prime de 20.000 Dinars aux martyrs de la révolution est grave (très grave même) et qu’il aurait dû dire qu’ils étaient des morts de trop et que leur vie n’avait pas de prix… Faut-il rappeler que ce journaleux n’a émis aucune réserve sur les dispositions prises par le gouvernement pour le dédommagement des familles de ces jeunes et qu’il n’a jamais adressé de reproches aux véritables responsables de ce carnage. Laquelle des positions est plus honorable ?
M. Grichi se permet, par la suite, de lancer un avertissement à R.Ghannouchi lui intimidant d’abattre ses cartes et de ne pas jouer sur la confusion et les camouflages qui lui seul, en homme averti, a détectés. On ne lui connaissait pourtant pas ce franc-parler ni, surtout, cette vertu de sorcier ou de magicien capable de dénouer les mystères d’une énigme formulée par quelques phrases.
Enfin, lorsque M. Marzouki ou autre se prononcent pour un régime parlementaire en remplacement du régime présidentiel qui nous a été fatal, tout le monde applaudit. Si cette option est proposée par R. Ghannouchi, elle serait, selon M. Grichi, annonciatrice d’un régime autocratique semblable à celui de la République Islamique d’Iran. Et s’il avait été pour la préservation du régime présidentiel, quelle aurait été son intention ? On attend une réponse éclairée et prophétique de cet illuminé des temps modernes.
M. Ardogan qui a traduit tous les livres de R. Ghannouchi pour s’en inspirer dans sa politique réformatrice et respectée à l’échelle mondiale doit revoir sa copie en s’attachant les services des sorciers qui pullulent en Tunisie qu’il n’a pas voulu visiter lors du règne de son bourreau détrôné.
Je tiens enfin à préciser à M. Grichi que je n’adhère à aucun parti politique, autorisé ou non reconnu, mais j’ai été toujours respectueux des hommes libres et cultivés de ce pays ( quelle que soit leur obédience politique et confessionnelle) et contre cette politique machiavélique, mensongère et d’exclusion incarnée par Ben Ali et son parti de caméléons incultes et bourrés de préjugés.
Mongi Dehliz
Ingénieur
Tunis
Création d’un parti politique par et pour le peuple !
Le PRD ( Parti de la Révolution pour la Dignité)
Appel pour Y.Ferchichi, tunisien expulsé à Dakar
Sachant que vous ou votre association serez présent au FSM à Dakar, nous vous lançons cet appel pour Yassine Ferchichi, Tunisien interdit du territoire français et expulsé à Dakar. Dakar, terre de bannissement Appel aux participants au FSM 2011 Le 24 décembre 2009, Yassine Ferchichi, un ressortissant tunisien interdit du territoire français, était expulsé par les autorités françaises à Dakar, muni d’un laisser passer délivré par la représentation diplomatique sénégalaise. Depuis lors, il a été abandonné à Dakar, sans papiers d’identité, sans travail ni logement, sans droits sociaux ni aucune information sur son avenir. Malade, accidenté, il ne doit sa survie qu’à l’hospitalité de Sénégalais et aux Organisations de défense des droits de l’homme qui ont protesté auprès des autorités de leur pays. Les participants au Forum Social de Dakar auront à cœur d’interpeller les autorités sénégalaises et françaises sur ce déni de justice, ce bannissement qui rappelle les méthodes de l’ère Pasqua, cette survivance de la Françafrique, cet acharnement qui ne s’est pas vérifié pour d’autres personnes dans une situation similaire et qui sont, ainsi que la loi le permet en France, assignées à résidence. Elles exigeront son rapatriement immédiat en France,-puisque seul le vote par le Parlement tunisien d’une loi d’amnistie générale en Tunisie lui permettrait d’envisager un retour dans son pays-, et dans l’attente, qu’une vie digne de ce nom lui soit assurée sur le territoire sénégalais. Luiza Toscane Marguerite Rollinde http://divergences.be//spip.php?article21121lang=fr http://makaila.over-blog.com/article-affaire-yassine-ferchichi-le-forum-social-mondial-dakar-2011-interpelle-le-senegal-66403871.html
« Le régime tunisien a militarisé les nouvelles technologies »
Source : The Arab Press Network / 18 novembre 2008
Considéré comme l’un des rares journa list es tunisiens indépendants,
Tahar Labidi, qui vit actuellement exilé en France, estime que le régime de Ben Ali a « militarisé les nouvelles technologies » en vue de mieux les contrôler. Convaincu que la situation de son pays ne diffère pas des autres pays arabes, le journa list e tunisien juge que les informations répandues par le biais des nouvelles technologies ne menacent pas la presse écrite en Tunisie. Ce qui la menace, c’est surtout son contenu rétrograde, sans intérêt, et qui ne prend jamais en considération les besoins des citoyens et leurs revendications.
Par Samuel Henry
APN: On dit que la Tunisie est un pays relativement développé dans le domaine des nouvelles technologies de communication. Trouve-t-on alors une véritable communauté de bloggeurs ? Tahar Labidi : La Tunisie ne diffère pas des autres pays arabes. Les médias, tous genres confondus, demeurent sous le contrôle du régime en place. Il est vrai que la Tunisie a consenti beaucoup d’efforts dans le multimédia et les nouvelles technologies de l’information, ce qui a favorisé la mise en place d’une communauté de bloggeurs et d’internautes, mais cela ne veut pas forcément dire que nous jouissons d’une véritable liberté d’expression et de communication. En Tunisie, le monde virtuel de l’Internet est soumis au contrôle strict des services de sécurité. C’est une surveillance presque militaire. Pour garder la mainmise sur tout ce qui se fait ou se dit dans la toile, l’état tunisien s’est équipé des dernières technologies et formé de nombreux ingénieurs et spécia list es dans le multimédia. Les objectifs sont de pirater et détruire tout site ou blog critiquant le pouvoir du président Ben Ali ou sa politique. Même les sites implantés en Europe ou aux Etats-Unis n’échappent pas à ce piratage et font l’objet de destruction systématique par le biais des virus.
Je peux citer entre autres les sites Tunisnews, Tunis On-line et Hiwar Net ainsi que le site du docteur Mouncef Merzouki et le site Kalima. Toutefois, malgré la surveillance et le contrôle quasi-quotidien, quelques expériences ont réussies, à l’image du site du défunt Zouhair Yahyaoui intitulé Tunezine qui a attiré beaucoup de monde avant qu’il soit arrêté puis emprisonné de 2001 à 2003. Beaucoup d’autres bloggeurs et internautes ont également investi la toile tunisienne avec des pseudonymes, de peur d’être arrêtés et torturés. Mais toujours est-il, on ne peut pas parler d’une véritable communauté de bloggeurs à l’heure de la « militarisation de la technologie ».
APN: En Europe et aux USA, les nouvelles technologies de l’information concurrencent sérieusement les moyens d’informations traditionnels comme les journaux et les radios. Qu’en est-il exactement de la Tunisie ?
Tahar Labidi: A mon avis, on ne peut faire une comparaison entre deux réalités différentes. En Europe, la presse traditionnelle et les sites Internet sont libres et possèdent des marges de liberté. C’est pour cela d’ailleurs qu’ils rivalisent en imagination et en sujets pour pouvoir attirer le maximum de personnes.
Chez nous en Tunisie, le monde des médias est dominé par la pensée unique et subit le contrôle des services de sécurité. C’est ce qui fait qu’il n’existe pas de concurrence entre les médias eux-mêmes. En conséquence, les tunisiens préfèrent lire d’autres journaux et regarder d’autres télévisions, comme Al-Jazeera ou Al-Arabiya ainsi que les quotidiens arabes paraissant à Londres comme Al-Hayat ou Asharq Al-Awsat. Quant aux quelques blogs qui existent, ils sont loin de constituer une véritable avancée en terme d’information et de liberté d’expression.
APN: Est-ce que les informations répandues par le bias des nouvelles technologies de l’information menacent-elles la presse écrite en Tunisie ?
Tahar Labidi: Non. Les nouvelles technologies ne menacent pas la presse écrite en Tunisie. Ce qui la menace, c’est surtout son contenu rétrograde, sans intérêt et qui ne prend jamais en considération les besoins des citoyens et leurs revendications. Que peut-on attendre d’une presse qui consacre des pages entière à l’artisanat, au football, aux menus que mangent les stars de la musique ou encore aux réalisations du régime de Ben Ali. Mais en Tunisie ils subsistent grâce aux subventions de l’état et des gens qui sont au pouvoir. Contrairement au nombre infime de journaux de l’opposition qui ne reçoivent aucune aide APN: Pensez vous que la presse écrite a évolué au temps du règne de Ben Ali ?
Tahar Labidi: Je ne pense pas. Je tiens comme preuve le nombre de journa list es tunisiens jetés en prison et les journaux suspendus. Pour votre information, deux collègues Mohamed Al Harouni et Sami r Saci ont été agressés alors qu’ils se rendaient au siège de leur journal Al-Mawkif. Ce quotidien a d’ailleurs été suspendu plusieurs fois par l’état et retiré des kiosques.
Le dernier numéro du journal Al-Mouatinoun a été également saisi par la police et son directeur Mustapha Ben Jaafar convoqué par la justice. La police a aussi détruit le site de Sihem Bensedrine de Kalima ainsi que celui du parti démocratique et progressiste. Par ailleurs, le correspondant de la chaîne Al-Jazeera à Tunis, Lotfi Hadji, n’a pas pu se faire délivrer la carte de presse. Il se bat depuis cinq ans pour cela, sans succès. Un correspondant du site Internet du parti démocratique et progressiste a été, pour sa part, agressé dans la rue. Il est actuellement sous contrôle policier. Idem aussi pour le journa list e Abdallah Zaoui, qui après avoir passé 12 ans de prison, vit contraint depuis 5 ans dans le sud de la Tunisie. Il n’a pas le droit de venir voir sa famille à Tunis. La list e est encore longue…
APN: Devant cette absence flagrante de la liberté d’expression, quel est donc selon vous l’avenir de la presse (écrite et audiovisuelle) en Tunisie ? Tahar Labidi: Je pense que le développement de la presse dans un pays ne dépend pas uniquement des nouvelles technologies et des moyens techniques. La presse écrite ne peut évoluer et se développer que dans un espace de liberté d’expression et de tolérance. A ce titre permettez moi de citer un dicton anglais qui dit « Il vaut mieux mourir de faim, mais libre que de vivre esclave, mais en prison ». Hélas, aujourd’hui, la presse écrite et audiovisuelle est considérée comme un relais du discours officiel. Son avenir est intimement lié à l’avenir du régime politique lui-même.
APN: Existe-t-il en Tunisie des journaux privés ? Si non, pourquoi ?
Tahar Labidi: Dans mon pays, la presse est nationalisée par l’état. Et le simple fait de parler d’une presse privée s’apparente à une anecdote médiatique. De toute façon, même si la presse est privatisée, elle se transformera sans aucun doute à une caisse de résonance du pouvoir en place et en tribunes politiques du système. Et gare au journal ou journa list e qui s’éloignera de cette ligne ! Il se retrouvera derrière les barreaux.
Les résultats du premier sondage d’opinion tunisien
Dans le sillage de la révolution tunisienne, le cabinet Sigma conseil a organisé le premier sondage d’opinion du pays. Les résultats mettent notamment en évidence le manque de notoriété des partis et des hommes politiques alors que les élections présidentielle et législatives doivent se dérouler dans six mois.
Donner son avis. La chose est encore nouvelle pour les Tunisiens. Mais désormais personne ne craint plus la répression du pouvoir et chaque occasion est bonne pour partager ses idées. « Nous sommes des muets à qui on aurait rendu la parole », expliquent les intéressés.
Il n’en fallait pas plus pour que le cabinetSigma conseil organise, entre le 1er et le 3 février dernier, le premier sondage d’opinion du pays. Une cinquantaine de questions portant notamment surla révolution et la politique. La méthode utilisée : « une enquête par téléphone réalisée sur un échantillon de 1250 personnes de plus de 18 ans représentatif de la population tunisienne », détaille Hassen Zargouni, directeur général du cabinet Sigma conseil.
Hommage à l’armée et à la jeunesse
Concernant les meneurs de la révolution tout d’abord, les personnes interrogées attribuent à une écrasante majorité (96%) un rôle majeur à la jeunesse. Suivent les pauvres (87,3%) et les chômeurs (85,3%). A l’inverse, le syndicat de salariés Union générale tunisienne du travail (UGTT) a été un acteur décisif des événements pour moins de la moitié du panel (46,7 %).L’armée obtient une grosse cote de confiance : 87,7 % des répondants estiment qu’elle doit rester en charge de la sécurité pour plusieurs semaines et 79,1% lui font plus confiance qu’à la police pour cette mission.
Les résultats du sondage permettent aussi une première approche des sensibilités politiques des Tunisiens. Après des débuts catastrophiques, le gouvernement de transition paraît ainsi peu à peu trouver le bon mode d’expression. Plus de 61% des personnes interrogées estiment qu’il communique bien et 53,5 % qu’il le fait de manière transparente. Son audience populaire s’est notamment amélioréeaprès le discours en arabe dialectal de Farhat Rajhi, le ministre de l’Intérieur, au début de la semaine.
Des partis politiques peu connus
Par ailleurs, cette photographie de l’opinion permet de constater que les formations politiques manquent de notoriété. Et qu’un important travail de communication s’impose dans la perspective des élections prévues après la période de transition.
À la question « quels partis connaissez vous en Tunisie ? » 46,4 % du panel répond « ne sait pas ». Seuls 3 partis dépassent les 20 % de notoriété spontanée : le parti de l’ancien président Zine el-Abidine Ben Ali, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD, 27 %), le parti islamiste Ennahdha (25,8 %) et le Parti démocratique progressiste (PDP, ancienne opposition, 24,7 %). Faible confiance en Rached Ghannouchi Faute de bien connaître le paysage politique, les Tunisiens accordent leur confiance aux hommes qui sont actuellement aux commandes du pays.Le Premier ministre Mohamed Ghannouchi, cité par 20,9 % des personnes interrogées arrive en tête, suivi par le héros de la révolution, le général Rachid Ammar (13,6 %). Puis, on trouve l’ancien opposant du PDP Ahmed Néjib Chebbi (13,5 %) désormais ministre du Développement régional et local, et l’ancien magistrat Farhat Rajhi (11,8 %), devenu ministre de l’Intérieur.L’islamiste Rached Ghannouchi occupe lui la sixième position, mais son score est bas : moins de 4% des personnes interrogées disent lui faire confiance.
Enfin, le sondage ne permet pas de répondre à la question qui va être pour de longs mois au centre de tous les intérêts : qui est en pôle position pour la prochaine élection présidentielle ? En effet, près d’un citoyen sur quatre (73,5 %) ne sait pas qui il souhaiterait voir à la tête du pays à l’issue de la période de transition. Seul Ahmed Néjib Chebbi se détache légèrement, avec 8 % des suffrages, devant Rachid Ammar (4,4 %) et Mohamed Ghannouchi (3,7 %). Quant au leader islamiste, Rached Ghannouchi, il ne satisferait que 1,9 % des Tunisiens.
Source : « Jeune Afrique » Le 05-02-2011
Tunisie : les députés UE « vigilants »
Une délégation du Parlement européen (PE) en mission depuis jeudi en Tunisie a salué dimanche « le courage et la détermination du peuple tunisien et affirmé la détermination du PE à suivre « de façon vigilante » le processus démocratique. « Il faut répondre aux besoins du processus démocratique, apporter un soutien à la formation de partis politiques, à la reconstruction de l’Etat et l’instauration d’une justice indépendante », a déclaré le chef de la délégation, l’Espagnol José Ignacio Salafranca, au cours d’une conférence de presse. Il a exprimé la « vive préoccupation » du PE après la mort samedi de quatre personnes dans des heurts entre la police et des manifestants à Kef, dans le nord-ouest de la Tunisie. M. Salafranca, du groupe PPE (Parti populaire européen, droite), réclame « une enquête pour identifier les coupables ». Les atteintes aux droits de l’homme « ne sont pas terminées », a ajouté Mme Heidi Hautala, en charge de la sous-commission des droits de l’homme au PE. Outre les autorités, la délégation a rencontré tous les acteurs de la transition: forces politiques, associations de magistrats et avocats, acteurs de la société civile, notamment syndicaux et des droits de l’Homme. Les eurodéputés ont souligné le « risque de vide politique » alors que la nouvelle équipe doit organiser dans six mois des élections législatives et présidentielle et est confronté au défi de la sécurité et de mouvement sociaux dans le pays. « Comment gérer l’impatience (des Tunisiens) qui peut faire dérailler le processus? », s’est interrogé M. Salafranca. Source : « Le Figaro » Le 06-01-2011
Interview de Asma Kouki, membre du Parti Socialiste de Gauche Tunisien
Interview de Asma Kouki, membre du Parti Socialiste de Gauche Tunisien.Une Révolution qu’on n’attendait pas.
En Tunisie, quelques journées au parfum de jasmin ont ébranlé le monde. Inexorablement, un formidable mouvement de contestation a laminé une dictature implantée depuis des décennies avec la complaisance hypocrite des démocraties européennes, au premier rang desquelles la France, qui s’est piteusement illustrée à travers les discours du président Nicolas Sarkosy et de la ministre des Affaires étrangères, Madame Alliot-Marie. La France, terre des Lumières, d’habitude plus prompte à s’émouvoir des atteintes aux droit de l’homme, s’est égarée dans des prises de positions embarrassées. Contre toute attente, les Tunisiens, courageux et intransigeants, ont donné au monde une belle leçon de maturité politique et de détermination. Aujourd’hui, tout reste à faire et chacun s’y attelle. Asma Kouki, militante du PSGT, un parti d’opposition qui vient d’obtenir sa légalisation, nous livre ses impressions sur une révolution qu’on n’attendait pas.
1/Vous êtes membre du parti socialiste de gauche, une des trois formations issue de ce qu’il est convenu d’appeler la mouvance communiste. Quelle est votre position face à la situation actuelle marquée par l’instabilité politique?
Brièvement, je veux présenter le PSGT : le parti socialiste de gauche tunisien(PSGT)est une des formations appartenant à la gauche tunisienne notamment au mouvement communiste, le plus ancien des mouvements socialistes dans le monde arabe. En premier, le parti communiste tunisien (PCT) s’est constitué en 1928 (actuellement ETTJDID), ensuite dans les années 60, l’organisation (perspectives – ouvriers tunisiens) a vu le jour au sein du mouvement étudiant et des élites résidant en France, donnant naissance à partir des années soixante dix par scission ou rupture, à plusieurs organisations et tendances marxistes léninistes maoïstes trotskistes et même nationalistes. Ce n’est qu’à partir de 1979 que les islamistes (Ittijah islami – Nahda actuellement) font leur entrée sur la scène politique tunisienne. Le PSGT est né d’une session du parti communiste des ouvriers tunisiens (PCOT) depuis les années quatre vingt sur une base de démocratie interne dans le PCOT mais surtout par rapport aux alliances stratégiques pour faire face à Ben Ali. En effet, c’est une période de bouillonnement et d’incertitude mais ce n’est qu’une étape de transition ou de passage d’une situation politique qui paraissait stable avec le dictateur Ben Ali à un changement inhabituel de la vie politique et sociale en Tunisie: Ce changement est le résultat d’une insurrection populaire qui a commencé par des revendications sociales et qui s’est donné un contenu politique pour l’égalité, la citoyenneté et la démocratie.Le PSGT ne voyait pas d’autre issue pour cette situation que le soutien prudent du gouvernement de technocrates et transitoire à condition qu’il chasse le reste des hommes de Ben Ali et de son parti RCD et surtout ceux qui étaient à ses côtés jusqu’à sa chute et ses serviteurs fidèles pour instaurer sa dictature. Voilà, c’est ce qui s’est passé le 27 janvier quand les hommes de Ben Ali sont partis et le gouvernement transitoire s’est formé de nouveau. Maintenant il doit se mettre au travail pour assurer avec le soutien des citoyens tunisiens, des intellectuels et des politiques, le passage vers la démocratie et prendre des mesures économiques et judiciaires immédiates. Les acquis dans le domaine de l’éducation et la forte présence de jeunes cultivés et diplômés( 50% de la jeunesse tunisienne) sont des garanties pour la révolution . Le parti socialiste de gauche (PSG) s’appuie sur cette certitude et considère que ce gouvernement, tel qu’il est ou bien modifié n’a qu’un rôle de gestion des affaires courantes et ne représente en aucun cas le peuple tunisien. Le travail le plus important pour nous, c’est le travail des différentes commissions pour garantir le changement démocratique afin de mettre les bases juridiques et constitutionnelles pour une république laïque, démocratique et sociale qui répond aux aspirations du peuple en termes de liberté et d’égalité sociale.
2/La « révolution de jasmin » a bouleversé en quelques jours le paysage politique de la Tunisie et est en passe d’ébranler le monde arabe caractérisé par des pouvoirs autoritaires: comment expliquez-vous la puissance de la détermination des Tunisiens et leur maturité, saluée par tous les observateurs?
Je n’aime pas trop le terme « révolution du jasmin », par respect et fidélité aux Tunisiens qui ont payé de leur sang et de leurs vies. C’est grâce à leur détermination qu’aujourd’hui la révolution tunisienne encourage les autres peuples arabes à défier et en finir avec leurs gouvernements autoritaires.Bien que la révolution et la fuite de Ben Ali aient été surprise, il y a eu tout de même des prémisses de rébellion et désobéissance pendant ses dernières années et notamment les évènement de Redyef en 2008, la résistance dans le mouvement étudiant de l’Union Générale des Etudiants Tunisiens (U.G.E.T.) en plus de plusieurs tentatives de radicalisation des actions et de scissions syndicales de l’Union Générale des Travailleurs Tunisiens (UGTT). En apparence la révolution du peuple est spontanée et non encadrée mais en réalité toutes les forces démocratiques, politiques et associatives ont joué un rôle dans l’encadrement pendant des années. Ce qu’il est important de souligner, ce sont les traditions de solidarité réelle et la rapidité d’organisation que les jeunes et les citoyens ont montrées dans les unités de protection de leurs quartiers et établissements. C’est vraiment une fierté pour nous et un signe très fort de civisme.
3/Le régime de Ben Ali se targuait d’être le meilleur rempart contre l’islamisme. Quelle est la réalité de ce mouvement en Tunisie?
Il faut pas oublier que les mouvements islamistes en tant que mouvements politiques ont vu le jour avec la tentative de Bourguiba de les utiliser pour contrer la gauche progressiste, et tous les Tunisiens se rappellent que leurs journaux étaient publiés par l’imprimerie du parti de Bourguiba… La relation entre le pouvoir de Ben Ali et les islamistes oscillait entre « lune de miel » et conflit: Dans les années 90, ce conflit se caractérisait, de part et d’autre, par une violence intense (cocktails Molotov, flacon d’acide, arrestations massives, tortures, agressions et assassinats) qu’on n’oubliera jamais.Mais ce dont on se souvient maintenant c’est malheureusement qu’il y a des milliers de personnes en prison ou exilées, un pays ravagé par la volonté d’éradication des islamistes perçus par les Tunisiens comme anti-islam . Les tentatives du pouvoir pour faire face à ce sentiment, ont été vaines.Nous socialistes de gauches , nous considérons que le régime de Ben Ali et le projet islamiste de ‘Nahda’ sont deux faces d’une même pièce .C’est vrai que les mouvements islamistes ont été écartés de la scène politique par des solutions sécuritaires inacceptables mais sur le terrain les démocrates et les militants de notre parti ont fait face à leur popularité et ont combattu leur projet sociétal et politique antidémocratique. Bref, dans un climat de crise économique, absence de liberté, une presse muselée, et un flux de médias religieux par le satellite qui s’ajoute au sentiment antireligieux qu’on a décrit auparavant, tous ces éléments laissent la possibilité de récupération des islamistes du fruit de la révolution fort probable.Il est vrai que le régime de Ben Ali a essayé de lutter contre l’islamisme mais cette lutte a été menée de la pire des façons. La preuve c’est que l’islamisme reste un vrai danger qui menace la Tunisie . Le régime de Ben Ali n’a pas mené une lutte culturelle contre l’intégrisme, il n’a pas encouragé les débats et le rationalisme . Tout ce qu’il a fait c’est mettre les islamistes en prison et commettre des meurtres et des tortures. Il a privé beaucoup de militants islamistes de leur travail et les a obligés parfois à quitter le pays. Il a diffusé un Islam d’Etat en essayant de marginaliser l’islamisme . Mais les médias du Moyen Orient sont au service des islamistes qui se présentent comme des victimes de la tyrannie de Ben Ali. L’Etat n’a pas défendu une liberté d’expression pour mener un vrai débat sur ce sujet et la laïcité n’est pas encore instaurée en Tunisie , c’est pourquoi le mouvement islamiste reste une des réalité du paysage politique tunisien . Mais n’oublions pas que quelques forces qui se prétendaient démocratiques et même de gauche ont joué un rôle pour la renaissance des islamistes en créant des alliances avec eux et en les présentant comme des démocrates modérés.Nous pensons que le peuple tunisien qui est généralement tolérant et cultivé sera vigilant face à leurs manœuvres politiques. Nous sommes pour une république laïque où le culte est libre et individuel et l’Etat représentatif de tous les Tunisiens.
4/Il semble acquis pour un certain nombre de gens que la Tunisie, contrairement à ses voisins, offrait aux femmes un cadre juridique moderne qui garantissait la reconnaissance de leurs droits. Qu’en est-il exactement?
C’est vrai que le statut de la femme en Tunisie est meilleur que celui des pays arabes et musulmans voisins : ce statut n’a pas été acquis par magie mais grâce à des luttes qui ont débuté depuis le 19ème siècle (Tahar Haddad) et qui continuent encore aujourd’hui. Il convient de citer Bourguiba lorsqu’il a dit : « laissez la femme aller travailler elle va se libérer de son « Sefsari » ( étoffe tunisienne traditionnelle) toute seule. Son destin est entre ses mains » (je cite de mémoire).
Pour cela, et parce qu’ il n’y aura jamais de démocratie réelle en Tunisie sans égalité totale des femmes et des hommes, le PSGT continue la lutte avec tous les démocrates et les progressistes pour l’émancipation de la femme tunisienne qui a montré encore une fois un courage et une combativité exemplaires dans le combat des Tunisiens pour la liberté et la dignité.
5/Qu’est-ce qui peut garantir la protection de cette révolution contre les tentatives de la détourner?
La démocratie dans n’importe quel pays doit se protéger par une constitution démocratique et des lois qui garantissent la séparation des pouvoirs, une liberté d’expression et d’organisation. C’est pour cela que le gouvernement de transition n’a qu’un rôle bien déterminé, celui de la gestion des affaires courantes et nous estimons que la bataille essentielle se déroule seulement dans la rue grâce à la vigilance du peuple mais aussi et surtout dans les 3 commissions (de la constitution, contre la corruption, et celle qui devra déterminer les responsabilités des massacres). Les responsabilités dans un gouvernement de transition ne nous intéressent pas dans le sens où l’important est de préparer l’avenir et d’être vigilant face au risque de dérives islamistes ou autre qui nuirait à une république démocratique et sociale.Nous avons appelé à un front de démocrates et de gauche pour bâtir le chemin vers cette république en étant réaliste avec le rapport de force actuel et pour que la révolution et les sacrifices ne se volatilisent pas.
6/Quel rôle votre parti compte-t-il jouer dans l’avenir de la Tunisie?
Il faut souligner que le PSGT ne constitue point un simple ajout à l’échiquier politique local pouvant accentuer la division au sein de la mouvance de gauche tunisienne. Bien au contraire, le PSGT est porteur d’opinions, de principes théoriques et procède d’une démarche politique propre aux militants du PSG; sans que ces traits distinctifs ne constituent des entraves vis-à-vis des forces démocratiques et de la gauche tunisienne.Ainsi, le PSG se considère comme une partie constituante de la classe ouvrière en Tunisie et dans le monde et une des composantes de son mouvement socialiste international. Localement, il œuvre à l’union de la Gauche, qui, elle seulement, par son unité, peut être le véritable représentant politique de la classe ouvrière et du peuple travailleur, et qui peut l’aider réellement à entrer sur la scène politique en tant que classe. Le PSGT appelle à l’union des forces démocratiques et progressistes contre les tendances rétrogrades et obscurantistes pour une Tunisie démocrate et laïque.
7/Au moment où nous parlons, la situation dans les pays arabes est en train d’évoluer. L’Égypte tout particulièrement connait un soulèvement sans précédent pour demander le départ du président. Moubarak. La révolution tunisienne est-elle en train de s’étendre dans le monde arabe?
Oui, après le soulèvement des Tunisiens couronné le 14 janvier par la chute de la dictature de Ben Ali, les Egyptiens prennent le flambeau et avancent courageusement sur le chemin de la liberté. En effet depuis le 25 janvier le peuple égyptien est sorti massivement dans la rue pour demander d’une seule voix et avec une volonté en acier le départ du président.La révolution tunisienne et la résistance égyptienne sont un modèle pour les autres peuples arabes en lutte contre leur dictature, l’humiliation et la marginalisation subies pendant des décennies. C’est enfin le le réveil et la vrai renaissance tant attendue. Le PSGT est complètement solidaire avec le peuple égyptien. Il dénonce fermement la violence employée contre les manifestants sur la place Tahrir et soutient tous les peuples arabes dans leur quête de liberté et de dignité. Et je finis en citant les paroles de notre hymne national qui décrit parfaitement cette situation « Si le peuple veut la Vie, le destin se pliera forcement à sa volonté ».
Source: “Le MatinDz” Le 06-02-2011
Tunisie : La révolution tunisienne, un cas d’école?
La révolution populaire en Tunisie n’est encore qu’à ses débuts, dit-on.Après la fuite du président déchu et sa famille, il est vrai que les Tunisiens n’ont pas eu le temps ni la volonté de célébrer cet événement.Les choses se précipitaient à tel point que plusieurs ne saisissent pas encore leur portée. On estime que cette révolution sert d’un cas d’école unique en son genre. Pour une fois, c’est le peuple qui a conduit la révolution et qui veut l’achever à son grès. Un cas d’école, donc, puisque le peuple voudrait se portee garant de la réussite de cette révolution. Plusieurs crient à la méfiance et à la prudence: «On ne veut pas qu’on vole notre révolution!». Les retournements de veste devenus fréquents, on devient sceptique quant à la tournure que va avoir cette révolution. Les patrons des entreprises publiques se voient limogés de leurs postes par les employés. Les affaires de corruption et les jugements en public font le tour du web. Dans les pays arabes, on suit cette tournure avec émerveillement. En Algérie, en Egypte, au Yémen et autres, l’effet domino s’annonce et les immolations par le feu et les manifestations se multiplient, voyant dans Mohamed Bouazizi et dans le peuple tunisien des exemples à suivre pour anéantir les dictatures et déclarer la révolte populaire. Aujourd’hui même, des manifestations sont organisées en Egypte appelant le président Moubarak à quitter le pouvoir. Mais tant qu’il soit, la révolution tunisienne a montré que la chute du dictateur ne signifie pas la chute de la dictature. Et ce qui a suivi la fuite de Ben Ali en dit quelque chose. La situation d’anarchie que nous vivons actuellement est due en partie à un état de mépris envers l’ancien régime et ces représentants. Bien évidemment, les ministres de l’ancien gouvernement, les PDG des entreprises publiques et aussi les membres du RCD sont en cause. Et leur jugement était immédiat. Et voilà que l’UGTT se met dans la ligne droite après une reprise discontinue du travail et de l’activité économique. Alors que les entreprises, les organisations professionnelles appellent à la reprise, la centrale syndicale persiste et signe par une grève générale dans le secteur de l’éducation de base pour des revendications politiques. L’UGTT est-elle en train de dévier de sa mission essentielle qui est la défense des droits des travailleurs? Veut-elle se convertir en parti politique? Les commentaires se multiplient entre adhérents et opposants à cette réaction de l’UGTT. Abdessalem Jrad, l’actuel président de l’union, n’est pas épargné d’autant plus qu’il était en relation directe avec l’ancien régime, bien qu’il n’ait pas été mis à plat comme on l’a fait avec Hédi Djilani. Les voix s’élèvent pour lui demander de « dégager » et pour appeler l’union à arrêter son acharnement. « UGTT, foutez-nous la paix! », résume tout. De son côté, le gouvernement de transition reste silencieux sur ces agissements et ne mesure pas encore les appels à faire sortir les ministres de l’ancien régime, évoquant la crainte du vide politique. Mais ceci pourra-t-il calmer la rue? Ne sommes-nous pas pris dans le piège de la revendication gratuite? L’interview qu’a donné le Premier ministre Mohamed Ghannouchi, la semaine dernière, n’a pas réussi à calmer les gens. Les uns y voyaient un être sincère pris dans le piège du pouvoir. Les autres y voyaient un manipulateur qui veut justifier sa main mise sur le gouvernement. Entre temps, l’appel à la création d’un conseil des sages devient persistant, et qui serait chargé de réviser la Constitution et d’organiser les élections. Dans ce climat d’anarchie totale qui sévit, la révolution tunisienne pourra-t-elle vraiment entamer sa marche? Ce gouvernement de transition qu’on accuse de tous les torts -et on est tous d’accord sur cela- n’a-t-il pas besoin d’au moins une chance? Le soutien de l’armée à la révolution populaire, surtout après la dernière déclaration de Rachid Ammar, donne une idée sur un éventuel tournant de l’histoire, celui du contrôle du pays par l’armée. Un scénario que certains craignent bien que le rôle de l’armée dans cette révolution soit positif. Ce que l’on craint le plus, c’est que le pays sombre dans le chaos, que l’activité économique qui peine à redémarrer soit bloquée, que des milliers d’emplois soient perdus. Des craintes que les manifestations actuelles et les grèves lancées empirent. Le temps est à la reprise et la reconstruction du pays. Les jugements populistes devraient cesser et laisser les trois commissions créées à cet effet faire leur travail pour juger la corruption, les dépassements et les déraillements de l’ancien régime et à sa tête Ben Ali et sa famille.Un travail qui ne peut se faire dans l’immédiat et sans la concertation de toutes les parties.
Source:”wmc” Le 06-01-2011
Tunisie : les intellos parlent de la révolution
« J’écris avec toi bien-aimée mon sang mon cœur ma voix. Avec ma patrie Tunisie mon offrande. Je ne suis qu’à toi je peux me déchirer pour toi. Tunisie ma chérie ma Tunisie chaude amante ».Comment ces vers de Moncef Ghachem ne pourraient-ils pas résonner au regard des évènements qui secouent le Maghreb ? La révolution de jasmin, le poète auteur de Car vivre est un pays lui dit merci. Merci aux jeunes, et un souhait : « Que la Tunisie ne manque pas ce moment à la fois glorieux, furieux et mystérieux».
A 10 ans, Moncef Ghachem vit la « Tunisie heureuse », celle de l’Indépendance. Mais l’euphorie prend fin lors de la prise de pouvoir de Ben Ali. De tout son cœur il aime à rappeler qu’il est un homme « engagé » et combien les « créateurs » dont il fait partie « aiment ce moment ». « On est heureux de ce qu’il s’est passé. Certes il y a des martyrs, mais René Char a dit « La pyramide des martyrs obsède la Terre » ».
Quand on lui demande un mot sur l’Egypte, Moncef Ghachem fait un petit rappel historique. « Malgré les différences géographiques et culturelles, l’Egypte et la Tunisie ont en fait beaucoup en commun. Mahdia, la ville où je suis né, c’est Le Caire construit en Tunisie, l’ancienne capitale chiite». Le lien est fait avec l’Egypte avant d’ajouter un remerciement particulier aux femmes tunisiennes, « au front, et réellement émancipées en dépit de la manipulation politique démagogique tunisienne de la question de la condition féminine ».
Mais au Maghreb des livres, on veut vite savoir si cette révolution peut influer sur la littérature maghrébine. D’après la jeune maison d’édition Elyzad, il est « encore trop tôt ». « Nous avons demandé aux auteurs d’écrire dessus, mais il leur faut du temps. Nous avons des propositions pour des essais, des chercheurs, des universitaires qui peuvent écrire tout de suite. Mais pour les romans, c’est plus long, ils n’ont pas envie d’écrire dans le feu de l’action », mais aucun doute, « l’intention est là » dit-il.
Dans les allées du salon, passage obligé sur le stand de Slim, caricaturiste algérien. Comme dans ses dessins, le ton est impertinent : « On ne peut pas raconter des histoires à dormir debout pendant qu’il y a une révolution. Donc oui, il y a matière en ce moment, j’ai commencé à travailler. » Et l’avenir en Algérie ? « Bah en Algérie ils nous ont fait une autoroute gratuite. Ça va peut-être nous amener des émeutiers… ».
Source : « Blondy Blog » Le 06-02-2011
Racketté et emprisonné: le récit d’un entrepreneur tunisien broyé par le système Ben Ali
Naoufel Meddeb, 46 ans, ex-PDG de BuroPapier (papier pour imprimerie et pour imprimantes et consommables), a fait cinq ans de prison pour avoir refusé de rentrer dans le système mafieux Ben Ali. Il raconte.
«J’ai fait mes études un lycée français de Tunis, le lycée Carnot, puis je suis parti à Toulouse où j’ai fait un cycle en informatique à l’université Paul Sabatier. J’avais une situation en France, quelqu’un, une maison, une voiture.
«En 1993, j’ai tout laissé pour rentrer en Tunisie. Je voulais être plus proche de ma famille. Et c’est vrai qu’il y avait plus d’opportunités ici, surtout dans le domaine informatique où ça balbutiait. J’ai d’abord créé une petite entreprise pour l’informatisation de l’administration et des entreprises. J’ai eu un premier croche-pied, des wilayas –l’équivalent des préfectures– ne m’ont pas payé. C’était le seul capital que j’avais.
«J’ai dû tout reprendre à zéro, je me suis lancé dans la papeterie. J’ai commencé à gagner des marchés publics et c’est comme ça que j’ai commencé à travailler avec le ministère de la Justice. En 1999, un nouveau ministre, Béchir Tekery, a été nommé. Il a voulu se faire bien voir de ses services. Je recevais un coup de fil: « Monsieur Meddeb, veuillez livrer tel produit dans telle juridiction, c’est de la part du ministre. »
«J’ai parlé de racket. Il n’a pas aimé le mot»
«Un jour, son bras droit m’a commandé de la marchandise, et il a inscrit « gratuit » sur le bon de livraison. Jusque-là, j’étais payé après coup, mais j’étais payé. J’ai protesté. Il l’a très mal pris. Moi aussi, je lui ai rappelé qu’il avait 800.000 dinars de dette. J’ai parlé de racket. Il n’a pas aimé le mot. En juin 2001, alors que j’avais des contrats en cours avec le ministère de la Justice, ils ont tout arrêté, et bloqué mes paiements.
«Comme j’avais des antécédents d’impayés avec l’Etat, j’ai déposé un dossier à la Commission consulative pour le règlement des litiges à l’amiable du Premier ministre. Ils étaient censés répondre sous trente jours, ils n’ont pas répondu. J’avais des dettes partout, je n’arrivais plus à payer mes salariés –j’en avais 70. J’ai commencé à vendre mes biens.
«J’ai décidé de déposer plainte au tribunal administratif. On a cambriolé quatre fois mes bureaux, volé mon passeport. J’ai fait l’objet d’un redressement fiscal de 1,6 million de dinars. Quand j’ai essayé de faire refaire mon passeport, les services des frontières m’ont dit: « Vous avez un problème, allez voir tel juge. »
«J’ai perdu dix ans de ma vie»
«Le jour où je suis allé voir le juge, j’ai été arrêté, comme ça. Ma sœur est avocate, mon père juge à la retraite, on a l’habitude du droit, on ne peut pas arrêter quelqu’un comme ça, sans préavis, sans motif, sans mandat. J’ai appris que j’étais poursuivi pour pour faux et usage de faux, obtention frauduleuse de marchés publics, corruption et plein d’autres trucs. J’étais passible de quinze ans de prison, j’ai été condamné à cinq ans.
«Je suis sorti le 24 décembre 2007. J’ai perdu dix ans de ma vie. Je suis lourdement endetté. Il ne me reste rien. Ma famille a beaucoup souffert. Ma sœur est morte de dépit, elle avait 42 ans. Elle était au RCD [le parti de Ben Ali], à cause de moi, elle s’est retrouvée de l’autre côté. Mon père a servi l’Etat, il était président de la cour martiale, et membre de la chambre de la sûreté d’Etat. C’est lui qui a jugé les islamistes [du parti interdit Ennahda]. Du temps de Ben Ali, cela ne vous protégeait pas. La seule chose qui vous protégeait, c’était de servir le clan.
«En décembre, [avec le début de la révolution, ndlr] tout a changé. Je vais demander réparation à l’Etat. Je veux qu’on me rende justice.»
Source : « Liberation » Le 06-02-2011
La Revolution tunisienne « ressemble un peu al chute du mur de Berlin », selon Patrick Bedoin (FIDH)
Longtemps honnis par l’ancien régime tunisien, deux dirigeants de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), Patrick Baudouin et Sidiki Kaba, sont arrivés samedi après-midi à Tunis, pour une visite de trois jours.
Président d’honneur de la FIDH, M. Baudouin a, dans une déclaration à la presse, exprimé son « immense joie » d’être en Tunisie d’où il a été « refoulé à trois reprises » ces dernières années en étant contraint de rembarquer dans le même avion qu’il a emprunté de Paris où se trouve le siège de son organisation.
A ses yeux, la révolution tunisienne est « un grand moment pour les Tunisiens et la Tunisie, d’abord, et pour le monde arabe, ensuite, parce que l’expérience tunisienne peut et doit avoir valeur de symbole ».
C’est « un grand moment pour le monde entier, parce qu’on est sur une phase qui ressemble un peu à ce qui s’est passé après la chute du mur de Berlin », a-t-il opiné, en se félicitant des libertés « que le peuple tunisien est en train de conquérir » après en avoir été privé.
De son côté, Sidiki Kaba s’est dit porteur d’un « message d’espoir, et pour être aux côtés du peuple tunisien, des militants des droits de l’Homme, des opposants et des femmes tunisiennes, qui ont montré la voie et le chemin de la liberté ».
Au cours de son séjour, la délégation de la FIDH doit rencontrer plusieurs membres du gouvernement provisoire et des composantes de la société civile tunisienne
Source : « Le Nouvel Observateur » Le 06-01-2011
Le monde arabe entre deux destins
L’onde de choc partie de la Tunisie continue de faire trembler les régimes, comme en Égypte où la rue faitvaciller Hosni Moubarak ou encore en Algérie, auYémen. Les Occidentaux quant à eux craignent une récupération du mouvement par les islamistes et des conséquences sur le processus de paix israélo-palestinien.
· Le monde arabe tout entier va-t-il s’enflammer ?
“L’inquiétude s’empare de l’ensemble des dirigeants du monde arabe”,affirme Mireille Duteil, éditorialiste à l’hebdomadaire Le Point. “D’est en ouest, la révolte gronde.” Une analyse partagée par un journaliste Yéménite qui estime que les populationss’inspirent du “gouffre immense dans le mur des dictatures arabes” occasionné par le chute de Ben Ali.
Au Yémen, le président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, a annoncé mercredi lors d’un discours devant le Parlementqu’il renonçait à un nouveau mandat et à porter son fils au pouvoir. Les mobilisations du 3 février ont rassemblé des centaines de milliers de Yéménites à travers le pays.
En Algérie,une grande marche dans la capitale est prévue le 12 février pour demander le «départ du système» Bouteflika et la levée de l’état d’urgence, en vigueur depuis 19 ans.
La Jordanie traverse elle aussi une période de tensions politiques. Après deux semaines de protestations, le roi Abdallah a voululâcher du lest ce mardi en nommant au poste de premier ministre Marouf Bakhit, son ancien conseiller militaire, en remplacement de Samir Rifaï, dont des manifestants réclamaient ces derniers jours la démission.
Pour Hasni Abidi, politologue et directeur du Centre d’etudes et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam), les suites de l’effet domino dépendent de l’évolution de la situation tunisienne. “Tous les regards convergent désormais vers la Tunisie”, explique-t-il dansune tribune publiée par le le journal Le Monde.
“Une transition démocratique réussie donnerait des ailes à tous ceux qui, dans le monde arabe, veulent sortir de l’autoritarisme. Si une situation trouble et confuse s’installe, l’autoritarisme pourrait revenir en force.”
· Faut-il craindre une montée en puissance des islamistes ?
Hamadi Redissi, professeur de sciences politiques en Tunisie interviewé par le journal libanais L’Orient le jour estime que la “laïcité n’est pas en danger à court terme” en Tunisie :
“La révolution tunisienne a été spontanée et populaire. Les islamistes eux-mêmes prétendent pas avoir pris part au mouvement, encore mois le diriger. Mais j’ai peur pour plus tard ! J’ai proposé de modifier l’article premier (l’islam religion de l’État) de la constitution par : l’État est neutre en matière religieuse.”
Contrairement à leurs cousins tunisiens, les islamistes égyptiens ont un grand poids politique.Les Frères musulmans, leur mouvement, sont présents et implantés dans tout le pays. Mais, comme en Tunisie, “ils ont raté ce tournant”, estime Benard Guetta, éditorialiste à France Inter.
Même si beaucoup de leurs militants se sont retrouvés dans les manifestations, ce ne sont pas les Frères musulmans qui les ont organisées mais une organisation de jeunes démocrates, le Mouvement du 6 avril, qui s’est formée grâce à internet.
· Quelles conséquences le soulèvement du monde arabe peut-il avoir sur le conflit israélo-palestinien ?
Les Occidentaux redoutent particulièrement la suite des évènements en Égypte. Le pays est leur seul interlocuteur arabe dans les négociations pour la paix au Proche-Orient, et l’un des deux seuls États musulmans à avoir conclu une “paix froide” avec Israël.
“Nous attendons du futur gouvernement égyptien, de tous bord politique qu’il soit, qu’il respecte les engagements signés à Camp David en 1978”, a dit le porte-parole de la maison blance Robert Gibbs.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanayahou a également fait part de ses craintes la semaine dernière dans une interview donnée au quotidien Israélien Haaretz. “Nous craignons que l’Égypte ne suive le chemin de l’Iran et installe un régime islamique répressif. Les régimes islamiques ne veulent pas faire la paix avec Israël.”
· Quel rôle peuvent jouer les États-Unis ?
Les États-Unis ont lâché Moubarak, leur allié depuis trente ans. Pour Bernard Guetta, éditorialiste à France Inter,Barack Obama a exprimé son soutien aux manifestants pour éviter notamment la montée en puissance des islamistes.
Pour la première fois vendredi 4 février 2011, le président Obama a répondu directement aux questions des journalistes concernantla situation en Egypte. Les États-Unis souhaitent voir un gouvernement de transition dirigé par le vice-président Omar Souleimane, et soutenu par les militaires, mis en place aussi rapidement que possible. Mais comme l’a dit le président Obama, «l’avenir de l’Égypte sera décidé par les Égyptiens», reconnaissant par cette déclaration qu’il n’y avait pas grand chose que les États-Unis puissent faire.
Source : « Le Courant.info » Le 06-02-2011
L’appel à manifester contre le pouvoir en Syrie tombe à l’eau
Après la Tunisie et l’Egypte, c’est désormais au tour de la Syrie de trouver dans les réseaux sociaux une étincelle de manifestation. Mais cette fois-ci, il semblerait que l’appel n’ait pas été entendu.
Récemment créé sur Facebook, le groupe qui appelait à défiler dans les rues vendredi n’a finalement rien produit, puisqu’aucun manifestant ne s’est présenté.
La page, qui avait pourtant réuni près de 15 000 personnes, semble n’avoir entraîné qu’une velléité de changement. Néanmoins, nombre d’experts, tels que Riad Qahwaji, tiennent à préciser qu’ « Aucun pays arabe n’est à l’abri des mouvements de protestation. Les mouvements de l’opposition (…) ont des revendications, ils se sentent lésés face à des pouvoirs absolus et à l’absence de démocratie« .
Riad Qahwaji, directeur de l’Institut du Proche-Orient et du Golfe pour les analyses militaires, ajoute par ailleurs : « Cesmouvements populaires sans précédent, qui gagnent du terrain en utilisant les nouveaux moyens de communication comme l’internet (…) inspirent les pays voisins« .
Le parti Baas, actuellement au pouvoir en Syrie, règne depuis 50 ans sur la politique du pays.
Source: ”minuteBuzz” Le 06-01-2011
Tunisie : Tout sur la fuite de Ben Ali : Un journal tunisien lève le voile sur l’énigme
Alors que l’énigmatique fuite de l’ex-président tunisien Ben Ali suscite toujours moult interrogations, tant en Tunisie qu’à travers le monde, l’hebdomadaire tunisien «Réalités» lève le voile sur cette énigme. Il revient minutieusement sur les dernières heures de l’ex-président de la Tunisie.
Le jeudi 13 janvier à 21h00, Zine El Abidine Ben Ali vient de prononcer son discours, il apparaît fatigué et las, il multiplie les engagements et les concessions dans une ultime tentative de calmer la colère de la rue tunisienne à qui il «vend» et promet la liberté… Le président encore en exercice est loin d’ignorer les appels à la manifestation lancés depuis belle lurette.
Selon lui, le lendemain serait une journée test. Elle s’avérera décisive. «Réalités»
Source: “Afrique Hebdo” Le 06-02-2011
Tunisie : une démocratie en construction
Créé en 1986, le Parti communiste des ouvriers tunisiens (PCOT) était interdit en Tunisie jusqu’à ce qu’éclate le mouvement révolutionnaire, dont il est l’un des acteurs. Hamma Hammami, secrétaire général et porte-parole du parti, donne le 1er février son analyse de la révolution. Comment expliquer le déclenchement de cette révolution ? Quel rôle y joue le PCOT ? Nous avons d’abord joué un rôle dans la préparation. Même dans les moments les plus difficiles sous la dictature de Ben Ali, le PCOT a milité pour les travailleurs, les chômeurs, les femmes. Il était toujours là pour résister et défendre les intérêts des travailleurs et des masses populaires, notamment sur le front syndical. Depuis 2005, il a joué un rôle important au sein du Collectif du 18 Octobre, visant surtout à éviter des dissensions idéologiques. Surtout avec les islamistes et leur caractère sectaire qui nuisent à la construction du mouvement politique et social contre la dictature. Le travail en commun portait sur les questions se rapportant aux libertés démocratiques avec les islamistes, comme par exemple les droits des femmes, la liberté de conscience, la nature de l’État démocratique. Tout ce travail en commun a joué un rôle très positif au sein de la société tunisienne : ce ne sont pas les divergences idéologiques qui ont émergé dans la révolte. Elles ont laissé la place aux questions politiques, économiques et sociales. Ce travail a participé à l’émergence d’un climat général favorable à l’unité du peuple tunisien. D’ailleurs, on n’a jamais entendu de mots d’ordre religieux dans cette révolution, mais des mots d’ordre politiques, économiques et sociaux. L’été dernier, nous avions tenu deux grandes réunions pour discuter de l’éventualité d’une explosion sociale. Nous ne savions pas où ni comment cette révolution allait éclater, mais nous y étions préparés. Quand la révolte a éclaté à Sidi Bouzid, nous avons suivi le mouvement et cela nous a valu des arrestations de plusieurs militants dont certains dirigeants du parti. Et partout nous avons participé au mouvement et avec d’autres forces démocratiques et progressistes, nous avons essayé de l’encadrer au maximum. Dans les villes on parle de comités, d’appels locaux. Comment s’organise le mouvement ? Je pense que dans cette révolution, il y a deux points forts : d’abord, le peuple tunisien a fait sa révolution avec ses propres forces ; ensuite, on a unifié le peuple autour de mots d’ordres politiques et sociaux. Ce mouvement n’est pas vraiment spontané dans le sens « absence de toute organisation et de toute conscience ». Non, il y a une conscience politique née d’une accumulation de luttes au cours de ces vingt dernières années. D’autre part, il y a une certaine organisation au niveau régional et local, parfois autour de syndicalistes, de militants pour les droits humains, tous ensemble. Dans certaines localités, le syndicat des avocats a pris l’initiative de manifestations et a dirigé le mouvement. Ce qui a manqué, c’est un programme et une organisation centraux, que ce soit un parti ou un front qui dirige le mouvement autour d’un programme concret. Sur cette base, nous avons très vite appelé à l’organisation de la révolution au niveau régional, local, parfois à l’initiative de militantEs, parfois de manière un peu plus spontanée. De tout cela est né ce que l’on appelle tour à tour des assemblées, des conseils ou des comités populaires. La première tâche consistait à protéger les masses des bandes organisées et de la police. Mais petit à petit, ces organisations ont commencé à avoir un titre au niveau régional ou local. Dans certaines régions, c’étaient pratiquement elles qui dirigeaient leurs villes ou leurs localités. Le Front du 14 Janvier des forces de gauche est conscient de cette situation et appellera très prochainement à la tenue d’un congrès national pour la protection de la révolution, où il convoquera les partis, organisations et associations défendant la révolution. Il va aussi appeler les dirigeants qui ont organisé localement la révolution à participer au congrès avec, bien sûr, les associations et organisations qui nous soutiennent à l’étranger. On s’achemine maintenant à l’échelle nationale vers l’organisation des forces de la révolution, pour arriver à une nouvelle étape pour mettre fin à la dictature. Que pensez-vous de la propagation des révoltes dans le Maghreb ? Êtes-vous en lien avec des organisations égyptiennes, algériennes ou marocaines ? On a des liens mais ils ne sont pas très solides. En Égypte, nous avons des contacts avec des anciens du Parti communiste égyptien qui ont défendu une ligne progressiste, anti-impérialiste. Nous avons aussi des liens avec des associations ou des membres progressistes. Nous sommes en contact avec eux quotidiennement. Ils nous demandent comment faire et quels conseils nous pouvons leur donner. Ici, en Tunisie, notre mouvement était plus organisé qu’en Égypte. À mon avis, en Égypte cela reste un peu flou, surtout dans la direction de la construction du mouvement et au niveau de la mobilisation.
Source : « NPA » Le 06-02-2011
Aider la Tunisie
Le peuple tunisien vient de franchir un pas considérable. Il est désormais en charge de son destin. Il doit disposer de tous les moyens de réussir. La France, l’Europe, le monde démocratique doivent tout faire pour l’appuyer.
La Tunisie court en fait aujourd’hui un grand danger : la crise a fait fuir les touristes et a ralenti l’activité économique. Il est fort probable que la croissance en 2011 sera bien moins élevée que prévue, ce qui veut dire que le chômage, une des causes profondes de la révolution des œillets, va encore s’aggraver. Les agences de notation, avec leur clairvoyance habituelle on dégradé ce pays, rendant plus difficile les investissements étrangers.
Si rien n’est fait, le peuple sera déçu par ses nouveaux gouvernants et se tournera vers d’autres : ce n’est pas par hasard si les islamistes se font discrets au point de ne pas présenter de candidats aux prochaines élections présidentielles. Ils attendent en fait un échec de la révolution de jasmin pour apparaitre comme un recours.
Il est donc urgent d’aider la Tunisie. Or, pour l’instant, tout le monde hésite. Les uns parce que leurs intérêts étaient trop longtemps liés à l’ancien régime pour qu’ils comprennent ce qui se jouent et parce qu’ils pensent qu’aider une révolution en Tunisie c’est remettre en cause une séculaire politique arabe, pourtant aujourd’hui obsolète. Les autres parce qu’ils ont peur que des mouvements islamistes ne prennent rapidement le dessus et récupèrent les aides versées. Les autres enfin, au contraire parce qu’ils parient sur une victoire des islamistes et préfèrent attendre les vainqueurs suivants avant de voler au secours de l’ultime pouvoir.
Attendre, ne rien faire, se laver les mains serai une tres grave erreur. En particulier pour la France qui a tout à gagner à faire évoluer les riverains de la Méditerranée vers la démocratie.
Pour y parvenir, la Tunisie a besoin d’une aide budgétaire rapide, que la France peut lui apporter, sans que cela grève ses finances publiques. C’est dans notre intérêt. C’est aussi celui des autres pays de l’Union européenne. Tous doivent se mobiliser. Cela concerne aussi la Banque Européenne d’investissement, le Fonds Monétaire international. Et de la Banque Mondiale. Et de toutes les autres institutions internationales, à commencer par la Banque Africaine de Développement, dont le siège est à Tunis. Tous doivent aller vite, comme on le fit en Europe de l’Est en 1991. Ce serait ainsi un signal donné au reste du monde : tout peuple qui prend son destin en main avec courage sera aidé par les autres démocraties.
Source: “L’express” Le 06-02-2011
Le ministre… dont on attend le meilleur !
Le ministre de l’Intérieur M. Farhat Rajhi qui est de loin le plus populaire du gouvernement en ce moment a fait un passage remarqué à « Hannibal TV » et « Nesma TV », et semble bien parti pour réconcilier le peuple Tunisien avec « sa » police et « sa » Garde Nationale !
Mais comme disait Talleyrand « allons doucement je suis pressé » ! Soyons prudents et n’allons pas trop vite en besogne.
D’abord au niveau de la forme : Il est grand temps de déménager le « Ministère » de l’Intérieur de l’Avenue Bourguiba, dans d’autres bâtiments… sans « caves » ni autres lieux de « pourrissement » des êtres humains portant « l’étoile » non pas jaune de David, mais de l’opposant démocratique ou islamiste !
Le ministre décontracté et naturel, semble acquis à cette idée qui changerait totalement l’image de ce haut lieu de la répression politique coloniale du protectorat français devenue base structurelle de la triste ère totalitaire de Ben Ali !
Ce ministère doit redevenir un ministère de l’Etat de droit et de protection des citoyens contre l’arbitraire et la violence « illégale » ! Quant au fond la vocation des directions générales « sensibles » doit changer ! A titre d’exemple la direction des « services spéciaux » (Idarat Al masalah al mokhtassa), doit revenir aux sources morales et techniques de sa création depuis la tunisification des services de sûreté générale et nationale avec feu Si Taïeb El M’hiri grand militant pour l’indépendance tunisienne et Premier ministre de l’Intérieur à la libération !
Cette direction doit avoir pour vocation la protection de la sûreté nationale extérieure du pays. Ce qui revient à la « DST » d’antan, soit la Direction de la sûreté de « l’Etat » et non du régime en place ! Les renseignements généraux ne doivent pas être une machine de surveillance des mouvements d’idées politiques ni de répression des opposants au régime, mais de protection de notre indépendance nationale contre les menaces extérieures. Autre dossier à revoir c’est celui de garde nationale, l’équivalent de la gendarmerie en France, et qui est censée assurer l’ordre dans les zones non urbaines et non municipales. Une grande dérive a été opérée sur ce corps à la limite du para-militaire, pour encadrer les zones periphériques essentiellement de la capitale et des grandes villes, ce qui donnait l’air à ces populations d’être dans un état de siège permanent.
Pourtant son héritage était des plus méritoires, puisqu’à l’origine ce sont les résistants et les moujahidines qui en ont constitué l’ossature à l’indépendance. La garde nationale est malheureusement devenue par moments, l’instrument du contrôle social, des campagnes avec la main de fer que l’on connaît de l’ancien régime !
Enfin, parlons un peu des « écoutes » téléphoniques ! Là encore le ministre, M. Rajhi, a été épatant d’habileté ! A cette question bien pertinente et bien gênante, le ministre de l’Intérieur a opéré l’esquique dans le style interrogatif « Ah bon ! je ne sais pas »… ! pour se rabattre ensuite sur les terres, où il est le maître ! « Vous savez nous avons presque les mêmes lois qu’en France dans ce domaine… les écoutes téléphoniques doivent être autorisées par un juge… en l’occurrence le juge d’instruction… ! »
Bien joué M. le ministre ! Alors on vous prend au mot, et nous espérons que nos fixes et portables auront désormais un « réseau » sans chahut ni échos « douteux » et hors la loi !
C’est dire le chantier et les défis successifs qui attendent le gouvernement provisoire, dont la bonne foi est présumée, mais qui a une obligation de résultat… unique à notre avis : Adapter l’administration et ses structures institutionnelles et leurs vocations, à la volonté de changement réelle de notre peuple !
N’oubliez pas, Messieurs que vous êtes l’espoir d’une révolution et son gouvernement qui doit rompre à jamais avec la dictature et la tromperie de l’ancien régime !
Source: ”Le Temps” Le 06-02-2011
Cyrine Ben Ali entendue par un juge d’instruction
Cyrine Ben Ali, épouse de l’homme d’affaires Marouen El Mabrouk, a été entendue, croit-on savoir, avant-hier par un juge d’instruction relevant du tribunal de première instance de Tunis. La justice s’intéresse, en effet, au rôle joué par la suspecte dans les exactions et les abus commis par les membres de la famille du président déchu sous l’ancien régime. L’interrogatoire a porté sur la responsabilité de la suspecte dans l’octroi de largesses et faveurs bancaires et fiscales qui lui ont permis ainsi qu’à sa famille de s’enrichir d’une manière illégale. Le juge d’instruction a décidé l’interdiction de quitter le territoire et la confiscation du passeport diplomatique de la suspecte. Il est à rappeler que Cyrine Ben Ali est rentrée à Tunis dimanche dernier après deux semaines passées à Paris suite à l’éviction de son père du pouvoir. Notons, également, que Cyrine est la fille du président déchu née de son premier mariage avec Mme Naima Kefi, fille de feu le général Kefi, l’un des militaires les plus respectés en Tunisie. Elle épousa en 1996 l’homme d’affaires Marouen El Mabrouk qui est à la tête d’un holding qui réalise chaque année un chiffre d’affaires estimé à 500 millions d’Euros et contrôlant la grande distribution (enseignes Monoprix et Géant), l’automobile (concessionnaire de Mercédès, Fiat, Lancia, Alfa Romeo et Mitsubishi), l’agroalimentaire, les assurances et la banque,la BIAT, la première banque privée tunisienne. Il est détenteur depuis le 22 juin 2009 de la première licence universelle (fixe, mobile et Internet 3G) d’Orange Tunisie.
Source : « Le Quotidien » Le 06-02-2011
Tout le monde a un «aïe»
Les visages les plus ronds n’étaient pas si ronds, il y a juste un mois. Les mines étaient si allongées que la rondeur des visages de gens bien portants était quand même un peu ovale. On ne souriait pas, on faisait de la complaisance. Dès qu’on approchait quelqu’un, il disait «aïe !». Même les plus riches, les plus privilégiés, disaient «aïe !». Tous souffraient de quelque chose. C’était évident : quelque chose était pourri dans le royaume de Tunisie. Celui de Ben Ali. En apparence, les gens allaient au travail, avaient des logements, des voitures, des grandes surfaces, des supermarchés, des superettes, des banques, des crédits, de l’endettement. Certains avaient de belles villas, luxueuses, des yachts, des vacances en hiver et en été; d’autres vivotaient, survivaient dans le chômage et la mendicité. On fêtait les Aïd, les Noël, les jours de l’an, les étés, dans l’opulence, la grande bouffe et les feuilletons. On avait des touristes de toutes origines, on accueillait des personnalités étrangères qui ne tarissaient pas d’éloges sur «le modèle tunisien». Et pourtant, tous disaient «aïe !». Chacun avait un ou des motifs de se plaindre. Les gens n’étaient pas heureux mais officiellement, «tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil». Après le 14 janvier, et dès la fin de la dictature et de la chape de plomb, les gens continuent à dire «aie !». Mais ils s’expriment et ils disent les raisons de leurs «aie». Les politiques, plus ou moins opposants, expliquent leurs silences, voire leurs collaborations; les expatriés volontaires jouent aux martyrs et veulent prouver qu’ils ne représentent pas qu’eux-mêmes; les silencieux veulent prouver qu’ils ont des choses à dire; les bavards expliquent qu’ils auraient aimé dire autre chose; les pauvres se plaignent d’être pauvres et exigent l’Etat providence; les bénéficiaires du régime de Ben Ali vont au «Hammam», exigent les services sévères d’un «taieb», essaient de se faire une «virginité», et reviennent plus revendicatifs que jamais; les assis qui n’ont rien fait et qui s’amusaient et faisaient le bonheur et la richesse des «boîtes», des restaurants «chics» et des salons de thé, s’apparentent à la révolution et disent leur «aïe»; bref : tout le monde parle et tout le monde revendique. Et on a à faire à un véritable «Mur des lamentations».Dans les télés, dans les journaux et dans la rue. Pas de problème, c’est normal, tout le monde a un «aïe». Ce qui est inquiétant, c’est que, en cherchant à se faire ou se refaire une virginité, on s’amuse à dénoncer. Sachons faire la différence : il y a ceux qui veulent se recycler et changent de veste plus vite qu’on ne change de culotte; il y a ceux qui s’excusent, hypocritement; il y a ceux qui font des demandes d’emploi; il y a les opportunistes, sans foi ni loi. Il y a de tout dans une société. Sûr que cette révolution a été faite par quelques centaines, quelques milliers en comptant les manifestants de toutes les régions; mais elle a été aussi le fait de ces millions de silencieux qui disaient «aïe» et qui y ont spontanément réagi, qui y ont adhéré et qui l’ont soutenue. C’est ce qui explique son succès et c’est merveilleux cette adhésion. Mais il ne faut pas exclure. Tout le monde est sur le même bateau. Pour le meilleur et pour le pire. Les habitants, les citoyens tunisiens qui vivaient, qui vivotaient, qui disaient «aïe» sous le règne de Ben Ali, sont les mêmes qui vivent aujourd’hui: un moment extraordinaire, unique, celui d’un espoir, celui d’un rêve, celui d’une chance. Il faut la saisir et personne n’est innocent. C’est vrai que «tout le monde n’est pas beau, et tout le monde n’est pas gentil».
Source: “La Presse” Le 06-01-2011
How Egypt Took Tunisia’s Lead
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Egypt seemed likely to be the first to topple its regime. But Tunisia unexpectedly and successfully rose, and Egypt soon followed. Now, Egyptians have made it clear that nothing less than root-and-branch political reform will do, says Sarah Ben Néfissa. |
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Middle East Online |
Everyone thought the democratization of the Arab world, the only region not to have had significant political change since the fall of the Berlin Wall, would begin in Egypt. There were signs — the emergence in 2005 of the Kefaya (Enough) movement, demanding greater democracy and rejecting the hereditary succession of President Hosni Mubarak, and the arrival in politics of Mohamed ElBaradei (former head of the International Atomic Energy Agency) in 2009. To understand why the regime fell first in Tunisia, not Egypt, we have to look at the relationship between social protest and political structure. Some believe the main difference between the countries was the oppressiveness of Ben Ali’s regime: Egypt’s autocratic rule was suppler, and people could speak freely in the press, on television or through blogs, and even take political initiatives. Demands for greater rights in the workplace multiplied after the launch of Kefaya, even if the same did not happen politically. Tunisia was different: Its uprising seemed to come from nowhere, mutating into political upheaval with astonishing speed despite, or perhaps because of, the authorities’ attempts to suppress it. Yet in other ways the situations were similar. No political force started the Tunisian revolution — and the same was true in Egypt, where the popular uprising eclipsed the political opposition. The protest movements here had allied themselves with media, supporting a dilution of power: Let people protest, express their grievances, give ground, but only so far. So all of Egypt’s political class, including the Muslim Brotherhood, were caught off guard by the speed of the protests, among workers, and in the slums, with demands for better services and amenities. Even the sick began to protest about the poor state of hospital services. The most socially, culturally and politically deprived sectors of society had heard the talk about civil society, democracy, human rights, citizenship and political reform that has been part of public discourse in Egypt since 2005. The media has publicized the suffering of people, and their protests, providing alternative political arenas after almost all other vehicles for political expression had been closed: November and December’s legislative elections, in which the ruling National Democratic Party won more than 90% of the vote, were tightly controlled, and on the eve of the poll, the authorities severely repressed newspapers, radio and television. Within Egypt’s protest movements there had already been an increase in violent action — roads blocked in protest at the high number of car accidents due to poor road maintenance, and a sharp rise in the number of people threatening to commit suicide in public in imitation of Mohamed Bouazizi in Tunisia. This violence was a consequence of the regime’s lack of response to other forms of protest: It ignored demands it was sure were non political. After Tunisia, the Egyptian authorities suddenly reacted: They postponed a law on civil service reform, recruited in the public sector, and announced social measures. The official religious authorities reminded people that suicide was a sin, although the popular preacher Yusuf al-Qaradawi was more nuanced when he spoke about Bouazizi on Al-Jazeera. But there are demands that have to do with ethnic or religious identity. The Bedouin of the Sinai have rebelled against ill treatment by the security services because they live near Israel; Nubians have complained about living conditions and demanded the compensation they were promised when they were displaced in the 1960s to make way for the Aswan High Dam. But what really focused attention were the novel protests by the Copts, after an attack on a church in Alexandria on New Year’s Eve. Egyptian analysts saw Tunisia’s social and political movement as more “modern,” more politically mature, because it derives from the educated, literate classes, who speak the language of human rights, liberty and democracy. Does that mean the language of identity and community has no place in the new Tunisia? Not quite: there is a “regional communitarianism,” where ethnic, religious or other community identity comes first, among those left behind by Tunisia’s economic miracle; these people led the protest from Gafsa, Sidi Bouzid, Thala, Kasserine and Jendouba to the deprived suburbs of the capital before reaching the Avenue Bourguiba in the centre of Tunis. In Egypt, in the most underprivileged areas, especially the slums, social movements are characterized by religion and morality, the only things available. Among the educated, protestors talk of justice, and insist their demands are social. Those who understand the limits authoritarian regimes place on protest deny an interest in the directly political. The protests by Coptic young people after the Alexandria attack were an attempt to break out of their community and force all Egypt to address the “Coptic question.” The slogan they shouted at state representatives, “We want respect of our right,” was in the language of citizenship. For, as is quite clear, Egyptians are now demanding an urgent renegotiation of the form national unity takes. Tunisia’s “regional communitarianism” makes a similar demand. Bouazizi set himself on fire in front of the local government building in Sidi Bouzid, and the big demonstration of 14 January in Tunis was in front of the interior ministry. Protests in Egypt have had this same link to the state, with sit-ins or rallies in front of government ministries, regional government offices and police stations. Protesters then set fire to the headquarters of the governing NDP party and besieged state TV and the foreign ministry. This underlines the attachment of the public, particularly the poor, to the post-independence social state, which has been dismantled in recent decades. The protests in Tunisia and Egypt were also aimed at the outside world and international opinion, through the media. This is important, for their globalized societies understand they are no longer the prisoners of Arab strongmen, and the outside world is not necessarily a threat. Political regimes around the world are going through “hybridization” — globalization challenges the capacity of the state and blurs the distinction between authoritarian and democratic regimes. The protests in Tunisia and Egypt showed a parallel hybridization of forms of collective action and means of political expression. For even in Arab countries, politics are not confined to political institutions. Egypt proves that authoritarian control did not stop a fundamental transformation in relations between the state and society. Tunisia has shown that the distance between social protest around specific issues, and political protest, is not so wide. This has now been shown in Egypt, too. The demonstrations, begun in Cairo and provincial cities such as Suez on 25 January, were initially called by young people on the internet. In the days that followed, a diverse range of social groups joined in, of all ages and classes, chanting social and political slogans. The political opposition, particularly the Muslim Brotherhood, took part and, in some regions, opposition candidates who had been sidelined at the recent rigged legislative elections have led the demonstrations. With a presidential election due later this year, Egyptians have made it clear that nothing less than root-and-branch political reform will do. — translated by Stephanie Irvine |
Source: “Middle east online” Le 06-01-2011
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