27 juin 2000

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Campagne de RSF en faveur de la liberté de la presse à Cuba et en Tunisie

PARIS, 27 juin (AFP) – Reporters sans frontières (RSF) lance à partir du 29 juin en région parisienne une campagne de sensibilisation sur la liberté de la presse en Tunisie et à Cuba, a annoncé l’association mardi dans un communiqué.

La campagne d’affichage, réalisée gracieusement par l’agence Alice, veut “dénoncer les conditions de travail des journalistes” de ces deux pays et leur “difficulté à informer leurs concitoyens”, selon RSF.

Un numéro de téléphone et l’adresse du site internet de RSF inviteront le grand public “à s’informer sur les atteintes à la liberté de la presse à Cuba et en Tunisie”.

Quatre journalistes sont actuellement emprisonnés à Cuba et deux en Tunisie, selon RSF.

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El-Watan (Algerie) 27/06/2000

L’AUTRE FACE DE LA TUNISIE / La presse muselée


La Tunisie compte sept quotidiens et plus de 160 autres périodiques. Les quotidiens sontles suivants : quatre en langue arabe Essabah (privé), Essahafa (gouvernemental), El Houria (RCD) et Ech Chourrouk (privé) ; et trois en français La Presse (gouvernemental),Le Renouveau (RCD) et Le Temps (privé).

Tous les journaux publics ou privés ont leur imprimerie. Il y a un nombre incalculable d’imprimeries en Tunisie, nous apprend un journaliste. Pour leur achat, on a recours au financement bancaire, nous dit-on. Des problèmes, il n’y a que cela. D’abord, l’un de nature juridique, le code pénal de la presse est l’un des plus répressifs, plus pénal que le Code pénal lui-même.
Il y a châtiment corporel puisque le journaliste, pour délit de !presse, peut encourir une peine de 5 ans de prison. Le code nécessite une révision. Aussi, actuellement des commissions, nous apprend-on, s’y penchent. Autre chose : il faut une autorisation préalable pour toute publication, à demander au niveau du ministère de l’Intérieur. Certains journalistes nous disent qu’il y a tellement de contraintes qu’on a fonctionnarisé le journalisme. Un autre problème pratique : c’est l’intervention de l’administration, des interférences du pouvoir dans la ligne éditoriale. Ceci, sans parler de la difficulté d’accéder à l’information. On observe un véritable verrouillage au niveau des sources d’information. Difficile de confirmer ou d’infirmer une information. L’autre problème majeur, c’est celui de la publicité. Le pouvoir l’utilise comme moyen de pression terrible exercé sur les patrons de la presse, qui doivent faire, s’ils veulent survivre et durer, des concessions éditoriales. D’autres problèmes d’ordre socio-professionnel, la précarité de l’!emploi et du logement, la grille des salaires… La presse doit également se défaire des intrus, des gens non professionnels, qui n’ont pas d’appartenance au corps. Le code de déontologie a déjà été concocté par l’AJT (Association des journalistes tunisiens). Concernant la presse partisane, le RCD a deux quotidiens : Le Renouveau et El Houria, le PUP El Ouihda (hebdomadaire) ; le RSP El Maoukef (mensuel) ; Ettajdid, Ettarik El Djadid (épisodique) ; l’UDU El Watan (en arabe épisodique) ; le MDS El Moustakbal, qui n’est pas paru depuis 1995 ; le PSL El Oufouk, qui n’a jamais vu le jour. Aloès est une maison d’édition de Sihem Bensedrine, co-fondatrice du CNLT. Après avoir été, depuis sa création à la fin de l’année écoulée, volée trois fois, elle est mise sous scellés. Cette même femme a demandé aussi une autorisation pour publier un journal portant le titre de Kalima. Niet, répondra le ministère de l’Intérieur. Un niet de silence, d’indifférence et de hogra.
Les journa!ux privés pratiquent-ils l’autocensure ? Oui, répondent certains journalistes licenciés et d’autres qui osent quelque peu. Les journaux privés sont-ils muselés ? Oui, répondent-ils, du moins indirectement, par la publicité. Au fait, qui n’a pas peur de l’arbitraire, tapi dans chaque coin de rue ? Surtout après l’attentat manqué contre Riad Benfadhel. «C’est un avertissement du pouvoir à tous ceux qui veulent oser», nous dit-on, faisant une lecture de cet attentat. «C’est simple, nous dit-on, si tu oses, tu es licencié.» Lire Kalima de Sihem Bensedrine.

Par A. Boumaza


L’ATTENTAT CONTRE RIAD BEN FADHEL / «J’ai été victime de la lutte des clans au sein du pouvoir »


Nous l’avons trouvé le 11 juin dernier allongé sur son lit, à son domicile, au quartier Reine Didon à Carthage.

Il s’agit de Riad Ben Fadhel, journaliste et directeur du groupe de communication et de publicité FCA et Impact. Auparavant, il était le responsable de la version arabe du Monde Diplomatique, qui a été fermée au mois de mai 1998. Il nous apprend que «la rédaction à Paris a préféré transférer le titre et le siège de l’édition à Beyrouth». Et d’ajouter : «La situation y est propice pour le développement du journal. L’édition est gérée par le quotidien En Nahar qui appartient à Ghassan Tueni, une fois par mois, dans le quotidien,! il y a un cahier spécial du Monde Diplomatique. Avant cela, c’était un journal à part; une moitié du Monde Diplomatique dans sa version originale et l’autre moitié provient de la rédaction arabe faisant écrire des correspondants d’un peu partout ; il y avait même la contribution de Edouard Saïd. L’édition du Monde Diplomatique en arabe a commencé en octobre 1988 et s’est arrêtée au mois de mai 1998.»  Il nous livre ici sa version des faits quant à l’attentat dont il avait fait l’objet le 23 mai dernier.
Riad Ben Fadhel raconte : «Je suis sorti devant chez moi vers 5 h 45 du matin. J’ai pris mon véhicule et au niveau de la grande descente de Carthage, soit à 300 ou 400 m de mon domicile, une voiture est venue se coller à moi. Le passager à côté du chauffeur m’a interpellé. Je me suis retourné, et j’ai vu quelqu’un en face de moi. J’ai vu le visage de la personne qui m’a interpellé et qui a tiré. A ce moment, j’ai senti une brûlure dans ma poitrine. Je n’ai entendu aucu!n bruit. C’était sûrement un silencieux. Plus tard, le rapport de l’institut médicolégal révélera que le tir s’est fait à une distance de 25 cm. Deux balles de calibre 6,35 mm. Puis la voiture de mes agresseurs m’a dépassé. Je suis retourné à la maison, je range la voiture et je prends la Mercedès. Du sang coulait et trempait ma chemise. J’avais deux solutions : soit je me sauve, soit je les suis. J’ai pris la direction de la clinique Sidi Salah, qui est tout près de mon domicile. Entre 6 h et 6 h 15, mes deux frères et ma mère, qui sont tous médecins, me prendront en charge. A la clinique Taoufik de réanimation cardiovasculaire, décision a été prise par les médecins de laisser les balles là où elles sont jusqu’à nouvel ordre. Peut-être l’opération sera-t-elle effectuée en hiver. Mercredi soir, la TAP (Agence tunisienne de presse) publie une dépêche dans laquelle elle viole le code de la presse, le Code civil et les règles élémentaires du secret de l’instruction, en voulant ac!créditer la thèse du suicide.
Ce communiqué a été imposé à l’ensemble de la presse tant privée que gouvernementale. Et là, les gens, qui n’ont pas fait le lien entre l’attentat et l’article que j’avais publié dans Le Monde du samedi-dimanche 21 mai, l’ont automatiquement fait. Mardi, le jour même de l’attentat, TF1, France 2, LCI font l’ouverture au JT de 20 h sur l’attentat. Les pouvoirs publics décident à la hâte de rédiger un communiqué TAP qui se retourne contre eux, provoquant l’effet inverse à celui désiré par ses auteurs qui se retrouvent ainsi accusés de l’attentat. Le communiqué est sorti mercredi et publié jeudi.» L’article publié à la rubrique «Tribune» du Monde est intitulé «En finir avec le ‘’syndrome de Carthage’’», où il fait état de son incompréhension quant à la situation suivante : comment la Tunisie, avec autant d’indicateurs économiques et sociaux positifs, pouvait gérer une image de marque avec autant de bêtise quant à la question des droits de l’homme,! et il demandait au président Ben Ali, l’homme du 7 Novembre 1987, de préparer le relais pour que cette situation ne devienne pas endémique. «De mardi à samedi, certains services ont fait circuler plusieurs rumeurs avec la volonté claire de n’aborder aucunement la piste politique ; il y a eu donc la piste algérienne, celle palestinienne, etc. Dimanche, j’étais reçu par le président de la République qui a voulu s’enquérir de mon état de santé et rétablir les faits. J’ai fait une déclaration après ma rencontre avec le président, dans laquelle j’indiquais que le président m’avait confirmé que tous les moyens seraient mis en œuvre pour rétablir la vérité et pour que l’enquête aboutisse, et j’ai dit aussi que j’avais confiance que l’enquête se fasse dans le respect des règles des institutions de la République.»
A la question de savoir qui pourraient être ses agresseurs, Riad Ben Fadhel nous dira : «Ma conviction intime est que la décision d’attenter à ma vie suite à l’article p!ublié dans Le Monde ne provient pas des hautes instances du pouvoir, le climat malsain sur la question des droits de l’homme a sûrement contribué à faire que, par excès de zèle, certains éléments sont plus royalistes que le roi, et décident de faire taire à leur manière tout esprit critique.» Autrement dit, «l’attentat manqué est l’expression vivante de fissures dans le pouvoir et de lutte de clans en son sein», ajoute-t-il.

Par A. B.


Le Matin (Algerie) 27/06/2000

Maghreb, Bouteflika demain à Tunis

Le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, effectuera une visite d’Etat en Tunisie du 25 au 27 rabie el aoual 1420 de l’Hégire correspondant à la période du 28 au 30 juin 2000, à l’invitation de son frère, Son Excellence Zine El Abidine Ben Ali, Président de la République de Tunisie.
Cette visite s’inscrit, indique un communiqué de la Présidence, dans le cadre de la consolidation des relations de fraternité et de coopération existant entre les deux pays et les deux peuples frères.
Elle sera également une occasion précieuse pour les deux Présidents de passer en revue les relations bilatérales et les moyens de leur renforcement ainsi que les questions d’intérêt commun et la situation prévalant sur les scènes maghrébine, arabe, régionale et internationale.
Le Président A!bdelaziz Bouteflika sera accompagné d’une délégation de haut niveau composée de responsables des appareils de l’Etat.

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Depuis l’affaire Ben Brik, le regard qu’on porte sur la Tunisie est tout autre. Que cache cette façade de calme, de stabilité, cette Tunisie heureuse de s’ouvrir aux touristes ? Notre reporter en revient avec ses impressions, observations et des paroles de Tunisiens.

Une dictature, des espoirs d’en sortir


De notre envoyé spécial en Tunisie, Amar H.

L’étau se resserre sur le régime du Président Ben Ali. Acculé de l’extérieur par les organisations de défense des droits de l’Homme, il fait aujourd’hui face de l’intérieur aux revendications de liberté qui sourdent dans la société tunisienne. De mémoire de Tunisien, il faudrait remonter loin dans le temps pour se remémorer pareille mobilisation pacifique. Taoufik Ben Brik, sorti de la boîte de Pandore, a révélé aux yeux du monde l’i!mage d’un Etat policier. « Ou on va à plus de libertés ou tout le monde sera un Ben Brik », prédit le député Adel Chaouche, du parti Ettadjdid. Le cas Ben Brik n’est que la partie visible du mouvement revendicatif. Nombreux sont ceux qui défendent les mêmes idées loin des caméras. Au prix d’une grève de la faim, deux prisonniers d’opinion ont retrouvé la liberté il y a de cela une semaine. Grâce aussi à l’élan de solidarité exprimé par la société civile et de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme. Ces deux prisonniers, Fahem Boukkadous et Abdelmoumene Belanès, étaient accusés d’appartenir au Parti communiste ouvrier de Tunisie (PCOT). Révélées payantes, les grèves de la faim sont devenues fréquentes. Le jour de l’installation des conseils municipaux, après les élections de mai dernier, une élue du parti Ettadjdid entame une grève de la faim (encore une) pour dénoncer la fraude électorale. Fait inhabituel, l’information est annoncée en petite ouverture à la une d’un journal! local. Même les lycéens se mettent à l’air du temps orageux de la Tunisie. Au mois d’avril dernier, ils étaient sortis nombreux pour protester contre la circulaire ministérielle portant modification du système des examens. Mobilisés autour d’une question pédagogique, cela ne les a pas empêchés de scander des slogans antipouvoir. Cloué de partout au pilori, le régime tunisien ne trouve d’autre alternative que de prendre des mesures d’assouplissement. Certes, conjoncturelles. L’image du pays est en jeu. La Tunisie s’est depuis longtemps imposée comme une destination touristique de choix. En cette haute saison, sa terre est battue et rebattue par des milliers de pas étrangers. Sous très bonne garde policière. Dans la capitale, Tunis, l’ordre règne. Partout. Et les policiers, en tenue ou en civil, veillent au grain. Environ 4 millions de personnes séjournent chaque année en Tunisie. Financièrement, ce flux procure 1,5 milliard de dinars au pays (1 dinar vaut environ 5 ff), et 20 !% de la population active exercent dans le secteur du tourisme. Mais la vitrine exposée aux touristes couve un malaise : la peur est partout, elle se lit sur les visages. « Ici, on se méfie de tout le monde. Chacun peut appartenir aux services de renseignements », ne cesse-t-on de nous répéter. Le tourisme sauve l’économie, pas le régime du Président Zine El Abidine Ben Ali. Un régime qui se mêle les pinceaux quand il s’agit de répondre à des actions sporadiques de résistance. L’inquiétude de la société tunisienne vient du joug du régime, qui ne s’accommode pas de critiques. La Tunisie sort de deux élections, la présidentielle et les législatives de novembre 1999, et les municipales de mai 2000, n’ayant concédé que des miettes à l’opposition. Les chiffres officiels font état, au-delà du raisonnable, de 99,4 % des suffrages accordés au Président Ben Ali. Le parti au pouvoir, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), a raflé 148 sièges sur les 182 que compte le Parlem!ent. Encore que l’opposition rend grâce à l’amendement du code électoral, qui la « gratifie » de 20 % des sièges du Parlement. Le reste, c’est-à-dire 80 %, revient de manière réglementée au parti au pouvoir. Avant cet amendement, les partis d’opposition avaient droit à la moitié. Le RCD caracolle également en tête des municipales : sur les 4 500 conseils municipaux, opposition et indépendants ont eu « droit » à seulement 243. Loin de s’avouer vaincue, l’opposition inscrit, d’ores et déja, sur son agenda l’échéance 2000. A cette date, le Président tunisien aura puisé ses trois mandats. Et la Constitution tunisienne, qui a vu gommée de ses pages la « présidence à vie », instaurée sous le règne Bourguiba, n’accorde pas un quatrième mandat. « En 2004, Zine El Abidine Ben Ali ne pourra pas à nouveau se porter candidat, mais on sait que la Constitution est maléable dans notre pays », affirme Ahmed Najib Chabbi, secrétaire général du Rassemblement socialiste progressiste (RSP). Leque!l n’a pu présenter de candidat à la dernière élection présidentielle, car la loi n’en autorise que les formations parlementaires.

L’alibi islamiste ne fait plus recette
Au lendemain de son accession au pouvoir en novembre 1987, le Président Ben Ali charme l’opposition démocratique en faisant primer l’intérêt national, devant la montée de l’intégrisme religieux. Tout en promettant des réformes économiques et politiques. L’opposition cède, mais le pouvoir conserve ses habitudes, hermétiques aux voix dissonantes. « La société tunisienne sait que le danger islamiste n’est plus aussi menaçant qu’avant. Il est temps de dire qu’il y a un problème dans l’expression et les libertés. Le plan politique n’est pas à la hauteur des acquis dans d’autres secteurs », déplore le député Adel Chaouche du mouvement Ettadjdid.
Paradoxalement, ce parti a soutenu la candidature de Zine El Abidine Ben Ali. Un soutien pour ne pas donner la possibilité !au mouvement intégriste de relever la tête. Le député du parti Ettadjdid craint que si des élections propres se tiennent en Tunisie, les islamistes les remportent. Là-dessus, à des degrés d’appréciation divers, tout le monde s’accorde à dire que la menace intégriste reste pendante. Dans les geôles tunisiennes croupissent encore un millier d’islamistes, et le leader Ghennouchi demeure actif à Londres. Mais le prétexte islamiste, citant souvent l’exemple Algérie, ne fait plus recette, et l’état de grâce accordé au Président tunisien semble définitivement rompu. Les partis démocratiques attendent impatiemment le renvoi d’ascenseur. Le déséquilibre économique et le « trop » d’occidentalisation engagé par Bourguiba ont été les points sur lesquels le Mouvement de la tendance islamique (MTI) avait construit son combat. En 1989, le MTI s’est rebaptisé Nahda pour se conformer à la loi, qui interdit aux partis politiques de se référer à la religion dans leur programme. « Pendant la guer!re du Golfe, Nahda, maniant habilement un discours populiste sur la notion de djihad, avait engagé un bras de fer musclé avec le pouvoir tunisien. Les manifestations avaient gagné plusieurs villes et universités et créé un véritable climat de psychose. Même s’il est tout à fait justifié de critiquer notre pouvoir sur le plan des droits de l’Homme, c’est en tout cas grâce à son coup de poing qu’on a pu en finir avec les islamistes », relativise une enseignante universitaire. En 1991, les islamistes subissent un retour de manivelle : le pouvoir procède à des arrestations massives, ferme les mosquées en dehors des horaires de prière et interdit le port du hidjab aussi bien dans les administrations que dans la rue. Dix ans plus tard, la question de l’islamisme, même aux abois, partage la classe politique tunisienne. Entre réconciliateurs et éradicateurs. Une classe politique, dont plusieurs partis qualifient d’« erreur » le soutien au régime Ben Ali pour contrecarrer Nahda. « Nous! avons soutenu, explique Adel Chaouche, le Président Ben Ali, comme nous avions soutenu Bourguiba, pour que l’Etat reste fort face à Nahda. »
Pour Khemaïs Chammari, ancien député du Mouvement démocratique socialiste (MDS), l’islamisme version Ghennouchi lui semble « soft ». Et souhaite une confrontation d’idées avec le leader islamiste.
Défendant les mêmes convictions, appelant même ouvertement à la réhabilitation de Nahda, le RSP se dit confiant quant aux capacités de la société tunisienne et des forces démocratiques à croiser le fer avec les intégristes. « Aujourd’hui, affirme le responsable du parti, les droits de la femme ont atteint un degré tel que même les intégristes n’oseraient pas les remettre en cause. »

Révolution de la condition féminine
L’amélioration de la condition féminine a procédé d’en haut. Le Code du statut personnel, promulgué juste après la prise du pouvoir par Bourguiba, porte les germes d’une révo!lution. Ce code a accordé aux femmes tunisiennes des droits considérables, traînés comme des boulets de servitude dans plusieurs pays arabes ou musulmans. La Tunisie est le premier de ces pays à avoir très tôt interdit la répudiation des femmes, la polygamie et accordé le droit de demander le divorce.
Entré dans les murs sociales, ce code a fini par créer autour de lui un large consensus de la société. Le résultat est visible : dans les rues, dans les activités de la vie courante. « Le Code du statut personnel est allé dans le sens du progrès. C’est un acquis irréversible. Autour de cette loi, il y a eu de larges débats. Je crois que la reconnaissance des droits de la femme a constitué un rempart contre les intégristes », déclare le député Adel Chaouche. Les droits octroyés aux femmes ne leur permettent pas pour autant plus de libertés politiques. Le régime du Président Ben Ali reste au-dessus de la mêlée. Les tentatives de manifestation de l’Association tunisienne des femm!es démocrates (ATFD) sont systématiquement étouffées. Et certaines de ses membres sont surveillées de près et en permanence par le régime tunisien. Dans un rapport daté de 1999, le rapporteur spécial des Nations unies a dénoncé la répression des femmes, notamment celle des épouses des islamistes incarcérés ou à l’étranger. « Celles-ci, a-t-il dénoncé, sont soumises à des détentions arbitraires, une surveillance constante, des perquisitions sans mandat ou la confiscation de leur passeport. Certaines femmes ont subi des pressions de la part de la police pour divorcer de leur mari emprisonné ou en exil. » Les femmes tunisiennes subissent par ailleurs une violence moins médiatisée, mais tout aussi inquiétante pour elles : la violence familiale. L’ATFD la dénonce fréquemment, mais se heurte au laxisme de la justice.
A. H.

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Entretien avec Ahmed Najib Chebbi, secrétaire général
du Rassemblement socialiste progressiste (RSP)

« Le prix du panier de la ménagère est un secret d’Etat en Tunisie »

Le Matin : Le RSP n’a pu présenter de candidat à la présidentielle car il ne dispose pas de sièges au Parlement. Quel commentaire en faites-vous ?
Ahmed Najib Chabbi : En Tunisie, on devient parlementaire par la volonté du pouvoir, pas par celle des urnes. Aux législatives, le RSP a formé des listes d’alliances avec des personnalités connues. Nous n’avons obtenu aucun siège. Cela nous a amenés à boycotter les municipales. La situation politique s’est tellement dégradée entre octobre et mai (respectivement mois des législatives et des municipales, NDLR) que participer au jeu électorale paraissait une caution !à un processus complètement discrédité, et nous discréditer nous-mêmes. Nous avons demandé la réforme du code électoral, du code de l’information, la cessation des poursuites contre les personnes pour leurs idées. Bien évidemment rien n’a changé. Le parti, au pouvoir, du Président Ben Ali n’a rien cédé.

Pourtant des partis politiques de l’opposition ont soutenu la candidature du Président Ben Ali
Le problème de l’opposition tunisienne, c’est son autonomie de volonté. Les Tunisiens savent qu’ils n’en ont aucune. Ils sont discrédités par l’opinion et par la presse. Le RSP est une exception. Nous avons été une opposition radicale, même du temps de Bourguiba. La plupart des cadres du RSP sont d’anciens détenus.

L’opposition a-t-elle commis une erreur en soutenant le Président Ben Ali contre les islamistes ?
La torture, les abus de toutes sortes, le musellement de la presse et l’état d’exception n’étaient pas de nature à extir!per les intégristes mais la démocratie. Le problème de l’intégrisme est à la fois culturel et social, le traitement sécuritaire à lui seul ne suffit pas. L’intégrisme est certes hors combat, le pouvoir tunisien nous a épargnés une situation telle que vécue par les Algériens. L’intégrisme a connu un net reflux mais n’est pas résolu pour autant : les islamistes sont détenus en prison ou sont à l’étranger.

Quel traitement préconisez-vous pour ce problème ?
Tout ce qui n’avance pas recule. L’intégrisme a perdu énormément de terrain. Mais le traitement suivi jusque-là n’a pas eu de résultats probants. Si demain il y a une compétition électorale normale, Nahda sera là. Il ne faut pas refuser la démocratie au nom du risque intégriste. Le risque fait partie de la vie politique. De toutes les manières, l’islamisme radical se trouve dans une impasse. Regardez ce qui se passe en Iran et au Soudan. La tumeur est importante, on ne peut pas la combattre par un si!mple coup de bistouri. `

Que représente l’opposition démocratique tunisienne?
On nous colle des zéros systématiques. Tous les instruments de mesure sont cassés. Dire pouvoir mesurer son audience en Tunisie, c’est purement et simplement mentir. Il faudrait donner la parole aux Tunisiens, dont nous-mêmes, notamment à travers des élections propres. Ce que je peux vous dire, c’est qu’au RSP nous jouissons du respect de l’élite tunisienne. Maintenant est-ce que cela lui donnerait
un poids électoral ?
Depuis de longues années nous pensons que l’essentiel est l’instauration d’une liberté à la base, qui garantit les droits d’association et d’expression. Cela pourrait contribuer à l’émergence d’organisations représentatives de la société tunisienne.

Avez-vous le sentiment qu’en engageant la Tunisie dans le libéralisme et la modernité le pouvoir a affaibli l’opposition démocratique dans son combat ?
La Tunisie n’a que des res!sources humaines. Elle progresse grâce à leur dynamique. Vu les indices macroéconomiques, il faut dire qu’on s’en sort pas trop mal. Depuis la « déprotection » du marché et les privatisations le pouvoir tunisien communique très peu les véritables chiffres. Les enquêtes et les études économiques ne sont pas publiées. A titre d’exemple, les statistiques officielles font état d’environ 15 % du taux de chômage, mais on sait qu’il est plus important. Et la classe sociale moyenne a tendance à se rétrécir de plus en plus. En Tunisie, le prix du panier de la ménagère est un secret d’Etat. Le plus important est de maintenir la cohésion sociale et continuer à drainer l’investissement étranger. Mais sans démocratie, et sans transparence, les investisseurs ne viendront pas. Est-ce que la stabilité de la Tunisie est précaire ? Est-ce que la situation politique en Tunisie inquiète les capitales occidentales ? Malheureusement, l’avenir de cette stabilité est remis en cause. La seule clé est !l’assouplissement de la politique du pouvoir.
Entretien réalisé par Amar H.

***********************

Les premieéres signatures de L’appel international

(ajoutez vos noms s’il vous plait…)

 
 
Mesdames messieurs:                                
vous trouvez ici les premieres signatures de l’appel
international pour la liberation des prisonniers
politiques et la promulgation d’un amnistie generale
en Tunisie .
Merci tout d’abord pour tous ce qui ont signé,et nous
lancons encore l’appel pour tous les amis,militants
des droits de
l’homme,politiciens,journalistes,etudiants,avocats,membres
des organisations civiles …pour ajouter leurs
signatures a cet appel sous cette adresse:
tunesien2000@yahoo.de                            
Il suffit de nous ecrire;je signe l’appel!
international,nom et prenom,pays et qualite ou travail
du signateur.                                    
Cordialement:M.A
**************************************************************************
                                APPEL INTERNATIONAL
POUR LA LIBERATION DES PRISONNIERS POLITIQUES ET LA
PROCLAMATION D’UNE AMNISTIE GENERALE EN TUNISIE.

Plus de MILLE détenus politiques dans les prisons
tunisiennes ont engagé le 28 mai 2000, une grève de la
faim illimitée pour réclamer leur libération immédiate
et la proclamation d’une amnistie générale.

Leurs avocats ont lancé le 14 juin 2000 un appel à l!a
solidarité internationale avec leurs clients, pour
faire aboutir leurs justes et légitimes revendications
à la liberté, à la dignité et au droit à une juste
réparation des préjudices subis.

Nous:
Organisations syndicales, politiques et des droits
humains, femmes et hommes libres de tous pays, toutes
tendances politiques et confessions philosophiques et
religieuses confondues, apportons notre soutien aux
grévistes de la faim tunisiens et à leurs
revendications justes et légitimes.

Signataires:

Nom-Prénom      Adresse      Signature
1 MARECHAL Brigitte 75C Rue d’Andenne1060 Belgique OK
2 Elafif GHANMI 1800 VeveySuisse OK
3 Vérité-Action Case postale 938Suisse- 1701 Fribourg
OK
4 Charaf AHMIMED, Étudiant Université Laval, Québec
OK
5 Younes BENKIRANE, Informaticien, Ancien Journaliste
Paris, France OK
6 Ligue Suisse des Droits de l’HommeSection de
GenèvePour !le comité : Frédéric Rossmann 9, Avenue
St-ClotildeCH 1205 GENEVE SUISSE OK
7 Comite de defense des libertes et pour le
developpement de la democratie Montreal, Canada OK
8 Khaled Ben M’barek                                 
    23, rue Brulard 25000 Besançon, France OK
9 Moersel Kesibi Allemagne Ok
10 Thérèse MANGOT, 74, rue Saint-Bernard, 1060
BRUXELLES OK
11 Pierre-Yves LAMBERT, (militant syndical dans
uncorps de police) 23 rue du Sonnet 1080  BRUXELLES OK
12 Mohamed REGRAGUI Informaticien – Membre du MDI
Rabat – Maroc OK
13 Professeur KAMARA Cheikh Saad-BouhPrésident de
l’Association Mauritanienne des Droits del’Homme
(AMDH-Mauritanie) BP 5012 Nouakchott (Mauritanie) OK
14 Asma Regragui,  Canada OK
1516 Martinoli Emmanuel et Marie-Clai!re Delémont,
Suisse OK
Yassine khlifi Paris France Yassine
17 Taouti Brahim,avocat                Alger
(El-Harrach) OK
18 Pascal Holenweg         CP 343 CH-1211 Genève 4 OK
19 Jlassi Abdelaziz    OttawaCanada   Abdelaziz
20 Liliane CordovaCIMADE 43 av jean jaures93120La
Courneuve OK
21 Riadh Boukchana  Techniker Gabelsbergerstr.27    
                        80333 München OK
22 Mondher Sfar, CCTE Paris OK
23 Jean-François Poirier BP 119 09 75422 Paris cedex
09 OK
24 BRUNIER Christian       Député, syndicaliste    5,
rue Henry-Spiess     1208GENEVE – Suisse OK
25 Neguez Belgacem Commercant !Germany OK
26 Benali Habib Landsberg Habib
27 Tanich Mohamed               Refige Politique
Allemagne OK
28 Khalfi Mahmoud,Stocholm,  ex  Lieutnant , licence
en théologie. Suède OK
29 Guilai     Tahar,       étudiant-licence en droit
Suisse OK
30 Ahmed Gaaloul.,Chercheur universitaire en
philosophie. Allemagne OK
31 Mondher Sfartunisien, Chercheur France OK
Lucile DAUMASProfession:DOCUMENTALISTE Address: LYCEE
DESCARTES RABATMAROC DAUMAS

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Die Menschenrechtler: tunesien2000@yahoo.de
Les militants des DDH: tunesien2000@yahoo.de
The humanrights militants: tunesien2000@yahoo.de
Für eine bessere Zukunft in Tunesien..
(For arabic Texts,Please use: tunesien2000@maktoob.com/pour

 les textes arabes,priere d’utiliser: tunesien2000@maktoob.com)
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