TUNISNEWS
8 ème année, N° 2987 du 27.07.2008
Liberté et Equité: Arrestation de Khaled Boujemaa, Faouzi Sadkaoui et Ali Naffati
Liberté et Equité: Khaled Boujmaa, Faouzi Sadkaoui, Ali Naffati et Othman Jemili sont en prison
Association de Lutte contre la Torture en Tunisie Nouvelle vague d’arrestations à Redeyef
Alliance Maghrébine pour la Démocratie: Communiqué
Maghreb Confidentiel: La télé islamique du groupe El Materi
Slim Bagga: 25 juillet: Fête des martyrs de l’occupation interne
Slim Bagga: Il a 19 ans, l’assassinat de Marouène Ben Zineb
Kamel Chaabouni : En quoi une monarchie parfaitement democratique et constitutionnelle serait un retour a un etat de non droit ?
Le Temps: Le taux de divorce (en Tunisie) atteint des proportions inquiétantes
AP: La Cour constitutionnelle turque examine à partir de lundi la demande d’interdiction de l’AKP
Reuters: La justice turque doit se prononcer sur le sort de l’AKP
AFP: AKP: nouvelles turbulences en vue dans les relations UE-Turquie
Reuters: Youssef Chahine, géant du cinéma égyptien, est mort
AFP: Youssef Chahine, le premier à dire « je » dans le cinéma arabe
NouvelObs: Youssef Chahine : des liens particuliers avec la France
Reuters: Cinéma – Les hommages à Chahine se multiplient en France
L´orient- Le Jour: Cri d’alarme du PNUD : Halte à la progression du sida dans les pays arabes
Sauvez la vie du prisonnier politique et ingénieur Ridha Boukadi Liberté et Equité
Organisation de droits de l’homme indépendante 33 rue Mokhtar Atya, 1001 Tunis Tel/fax: 71 340 860 Email :
liberte.equite@gmail.com Tunis, le 25 juillet 2008
Arrestation de Khaled Boujemaa, Faouzi Sadkaoui et Ali Naffati
Les militants des droits de l’homme, Khaled Boujemaa, membre de Liberté et Equité, Faouzi Sadkaoui, membre de l’AISPP, Ali Naffati, ex prisonnier politique, ont été arrêtés par le commissaire de Menzel Jemil dans le gouvernorat de Bizerte, Kamel Mansouri, à six heures et demi vendredi 25 juillet 2008. Ils ont été conduits au poste de Bouguetfa à Bizerte. Des militants de la société civile qui s’étaient rassemblés dans le parc Bouguetfa ont été agressés et des propos orduriers leur ont été adressés par des agents de la police politique. […] Pour le bureau exécutif de l’organisation, Le Président Maître Mohammed Nouri (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version originale, LT)
Sauvez la vie du prisonnier politique et ingénieur Ridha Boukadi Liberté et Equité Organisation de droits de l’homme indépendante 33 rue Mokhtar Atya, 1001 Tunis Tel/fax: 71 340 860 Email : liberte.equite@gmail.com Tunis, le 26 juillet 2008
Khaled Boujmaa, Faouzi Sadkaoui, Ali Naffati et Othman Jemili sont en prison
Hier, nous vous avions informés de l’arrestation de Khaled Boujemaa, membre de Liberté et Equité, Faouzi Sadkaoui, membre de l’AISPP, Ali Naffati, ex prisonnier politique. Nous affirmons que monsieur Othman Jemili, membre de l’AISPP, a été également arrêté le 25 juillet 2008. Othman Jemili est cardiaque et sous traitement médicamenteux quotidien. Liberté et Équité a appris que ces quatre personnes ont été écrouées samedi 26 juillet à la prison civile de Bizerte. Leurs familles ont contacté les autorités sécuritaires de Bizerte hier et aujourd’hui pour connaître leur lieu de détention, mais ces autorités ont nié les avoir arrêtés et connaître leur lieu de détention. […] Pour le bureau exécutif de l’organisation, Le Président Maître Mohammed Nouri (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version originale, LT)
Association de Lutte contre la Torture en Tunisie Nouvelle vague d’arrestations à Redeyef
L’Association de lutte contre la torture en Tunisie informe que plus que 400 personnes, essentiellement des femmes et des jeunes, ont manifesté ce matin à Redeyef pour dénoncer la vague de répression dont ont été victimes les habitants du Bassin minier et exiger la libération de tous les détenus. Dès que la manifestation a pris fin, les agents de la police et de la garde nationale ont procédé à l’arrestation de plusieurs personnes dont : – Mme Zakia Dhifaoui (membre de l’ALTT) – Mr Salem Bouslahi (enseignant) – Mr Kamel Khlaïfi (enseignant) – Mr Faouzi Bouslahi (ouvrier minier) L’Association de lutte contre la torture en Tunisie : 1- Dénonce le recours des autorités à la solution sécuritaire pour faire face aux revendications légitimes des populations du Bassin minier. 2- Exige la libération de tous les détenus dont le nombre dépasse actuellement la centaine. 3- Appelle toutes les organisations de défense des droits humains en Tunisie et dans le monde à soutenir activement les détenus et leurs familles. Tunis le 27 juillet 2008 Pour l’association La présidente Radhia Nasraoui
Alliance Maghrébine pour la Démocratie Communiqué
Monsieur Omar S’habou, président de l’Alliance Maghrébine pour la Démocratie, a exposé au Bureau Exécutif les raisons qui l’amènent à se décharger de ses responsabilités. Les membres du BE ont témoigné de leur compréhension et acceptent , avec regret, le départ de leur frère et ami, avec lequel ils ont noué depuis la naissance de l’AMD des relations empreintes de franchise, de courtoisie, de tolérance et de fraternité qui honorent les maghrébins. Le BE tient à exprimer à Si Omar sa profonde amitié et sa considération pour ce qui a été réalisé, même si ce n’est pas encore palpable, au service du rapprochement des élites et des opinions publiques maghrébines. Le BE a chargé le Pr Jamal Ould Mohammed, Vice-président, d’assurer l’intérim de la présidence en attendant la consultation des membres fondateurs de l’association. Le Bureau Exécutif de l’AMD.
MAGHREB CONFIDENTIEL N° 843 du 24/07/2008 Tunis
La télé islamique du groupe El Materi
Le groupe du gendre du président Ben Ali va lancer une chaîne de télévision privée. La ligne éditoriale serait la même que celle de la radio Zitouna FM inaugurée par Materi l’an dernier, à savoir la diffusion de la culture islamique. Sakhr El Materi vient d’accéder au comité central du RCD (parti au pouvoir).
25 juillet: Fête des martyrs de l’occupation interne
Slim BAGGA Voilà 21 ans maintenant que, telle une vieille ritournelle, le Général-policier ânonne tous les 25 juillet et que, dans un langage insipide et outrancier, il expose les réalisations et projets de « sa » République. Confortant sa tyrannie une année après l’autre, il ignore l’adage bien de chez nous méticuleusement aplliqué par ses fans et sbires selon lequel: « ils vendent le singe et se moquent de celui qui l’achète » ( I bi’ou el kird wa iedhakou ‘ala charih). Seul à croire en sa bonne étoile, Ben Ali feint de réaliser qu’il n’est pas seulement impopulaire, mais surtout un dictateur, que son clan ne se compose pas de mandarins affairistes privilégiés, mais de mafieux de la pire engeance qui ont largement souillé le pays. Pourtant, notre « lider Minimo » continue de se comporter comme s’il était ce chef charismatique que le monde entier nous envie. La mise en scène orchestrée à chacune de ses apparitions laisse porter à croire que d’El Qaïda jusqu’à la Fédération internationale des droits de l’homme on veuille nous ravir notre Zinochet national. Pourtant, le seul score qui ne souffre d’aucune manipulation est 99,50% veulent son départ et non son maintien, sa comparution et celle de sa famille devant la justice et non leur impunité. Car la Tunisie a plutôt besoin de dirigeants innocents et non pas de gouvernants mafieux et assassins qui taillent la loi à leur mesure pour garantir leur immunité. Il appartient à l’opposition et aux forces vives de prendre ses responsabilités, d’autant qu’une nouvelle parodie électorale pointe à l’horizon. Dans ces conditions, le mot République résonne comme un mot creux dans les discours méprisants auxquels nous invite notre potentat. Et comme le disait si justement Albert Camus: « Lorsque commence le mépris, s’instaure le fascisme ». A ce niveau, le fascisme est largement installé depuis des années, si bien que les patriotes devraient décreter le 25 juillet, fête des martyrs de la colonisation interne. Si les morts pouvaient ouvrir les yeux des vivants, ce 28 juillet devrait être célébré tous les ans pour rappeler les méfaits de ce régime abject et criminel. Marouène Ben Zineb n’a-t-il pas disparu le 28 juillet 1989, à l’âge de 27 ans inaugurant la longue liste des morts et disparus sous la torture? (voir article ci-bas). De plus, 16 ans après les procès de Bouchoucha et Bab Saâdoun, des langues se délient, y compris parmis d’ex tortionnaires, pour évoquer l’existence d’un charnier en plein centre de Tunis. Aujourd’hui que la justice pénale internationale avance à grands pas, il est encore temps de dénoncer les bourreaux de ces années noires. Ce ne sera que justice envers les morts de la barbarie de Ben Ali et ses serviteurs aux mains tâchées de sang…
Il a 19 ans, l’assassinat de Marouène Ben Zineb
Slim Bagga Alors que Ben Ali s’apprête à annoncer sa ènième candidature à de fausses élections, une famille doit se souvenir dans la plus déchirante des douleurs qu’il y a exactement 19 ans, le 28 juillet 1989, l’un des siens a disparu, assassiné par ce régime criminel. C’est la famille Ben Zineb, originaire de la ville de Mahdia. Leur fils Marouène, 27 ans à l’époque des faits, est un jeune et brillant informaticien sans histoire. Il s’apprêtait à s’installer aux USA. Son crime était d’entrer accidentellement dans le système informatique de Carthage alors qu’il naviguait sur la toile quelques jours auparavant. Ce dont il fit part à sa soeur. Inquiet de sa disparition, le père de Marouène, un juge retraité du tribunal administratif finit par obtenir une audience du ministre de l’Intérieur de l’époque Chedli Neffati qui l’assura que son fils n’a fait l’objet d’aucune interpellation. Mais voilà que quelques jours plus tard, son corps fut retrouvé à la morgue sous une fausse identité (Garci). Le père perd la vie quelques mois plus tard après avoir sombré dans l’alcool alors qu’il n’avait jamais bu auparavant. Et pour cause: dès que l’affaire a commencé à s’ébruiter, la tête à claques, chedli Neffati convoqua Habib Ben Zineb et le « conseilla » de ne pas trop fouiner concernant la mort « accidentelle » de son fils. Voilà pour les faits concernant ce meurtre prémédité par les plus hautes instances de l’Etat. Si jugement, il devrait y avoir un jour, cela doit concerner Ben Ali mais aussi tous ses ministres de l’Intérieur. Abdallah Kallel, cet ex-ministre qui allait être interpellé par la justice suisse s’il n’avait fui en voiture médicalisée, Abdallah Kallel donc a lui aussi usé de méthodes musclées et de menaces contre certains parents. Cette anecdote authentique est peu connue des Tunisiens. Au début des années 1990, le fils d’un ex pdg de banque (la banque du sud et la STB, ne le nommons pas par morale) avait un fils qui a réussi dans le tourisme et s’apprêtait à monter un projet d’envergure. Ce fils se maria avec une belle jeune fille, raconte-t-on, d’origine sfaxienne. Voilà qu’il remarqua qu’à des heures précises, sa femme s’absentait du domicle conjugal pour de longues heures. Le doute s’installa, et il décida de la prendre en filature. Il s’aperçut alors qu’elle allait à Hammamet, toujours au même hotel et y occupait la même chambre. Il se rendit alors au poste de police de la ville balnéaire et se fit accompagner d’agents de police pour faire constater l’adultère en flagrant délit. Quelle ne fut sa surprise (ou double choc) lorsqu’il découvrit que l’amant était un certain …Moncef Ben Ali. En réalité, le défunt frère du Général-Président avait recruté cette jeune femme pour exercer les porteuses de valises (drogue et argent sale) entre l’Europe et la Tunisie. C’est que cette dame était inconnue des services européens, donc insoupçonnable là où Moncef Ben Ali était recherché pour trafic de drogue et condamné à 10 ans de prison par contumace. Là encore, Abdallah Kallel usa de menaces la famille si elle se hasardait à trop parler. Evidemment! Comment éclabousser ces honorables familles au pouvoir?
EN QUOI UNE MONARCHIE PARFAITEMENT DEMOCRATIQUE ET CONSTITUTIONNELLE SERAIT UN RETOUR A UN ETAT DE NON DROIT ?
REPONSE A ABDO MAALAOUI
Me Kamel Chaabouni
Le mérite de M. Abdo Maalaoui (Tunisnews 26/07/2008) est d’avoir lu, apparemment, et répondu par écrit à ma pétition pour une monarchie démocratique et laïque (tunisnews.net du 25/07/2008). Il aurait dû, toutefois, pour la sérénité du débat démocratique, m’éviter des termes comme « avocat arriéré » et des accusations simplistes du genre que c’est la famille Ben Ali qui me finance et commandite mes articles! D’autres tunisiens, m’avaient accusés, naguère, de « recevoir des miettes jetées par l’ambassade américaine » le jour où, dans un article, j’ai soutenu l’intervention américaine contre le régime de Saddam. Diffamations susceptibles de poursuites pénales, je le rappelle, même si, pour ma part, je n’irai jamais jusque là, car je suis un démocrate dans l’âme. Je crois, en effet, à la liberté absolue d’expression, et aux valeurs démocratiques occidentales, que les musulmans n’ont pas encore, malheureusement fait leurs !!! Donc, chers amis, de tout bord, vous pouvez continuez à me diffamer, à m’insulter, à me traiter de tous les noms, je ne vous attaquerez pas au pénal. Si vous le faites, c’est que vous n’êtes pas encore de parfaits démocrates, vos injures projetées sur le mur en béton de mon silence, rebondiront sur vous !!! Je reconnais, toutefois, avoir usé de ce style de critiques touchant les attributs personnels du Président Ben Ali. Avec le recul, je le regrette car cela n’avancera en rien notre cause démocratique! Notre combat, n’est pas contre sa personne, mais bien contre l’absence de démocratie, qu’il représente et maintient au nom de la lutte anti-islamiste, et contre les violations des droits de l’Homme, qu’il ne veut pas ou n’arrive pas à interdire ou empêcher !
Revenons aux critiques de Abdo Maalaoui à propos de ma proposition d’une monarchie constitutionnelle et démocratique, que me reproche-t-il ?
1) Que la monarchie est une solution diabolique qui ramènerait la Tunisie à l’âge de la « jahiliyya »
Réponse: Les monarchies en Europe, sont d’excellents régimes politique démocratiques, pour rappel étudier et visiter le Danemark, la Suède, les Pays-Bas, l’Espagne et bien sûr le Royaume Uni. Sans oublier le Canada, pays de résidence de M. Maalaoui, et l’Australie, qui dépendent de la couronne royale de la Reine d’Angleterre. Ces régimes, ont-ils ramené leurs pays à la jahiliyya, sont-ils des Etats de non droit ? Inutile d’en discuter, c’est devenu une vérité de La Palice, c’est tellement évident qu’elle en risible !!!
Encore que la Jahiliyya avait un droit tribal (conf. Joseph Chelhoud, et Joshep Shacht, éminents spécialistes de la question).
2) Que je veux créer la confusion et la division, que dans les coulisses je critique le gouvernement tunisien, y inclus Ben Ali et dans les médias j’essaye de montrer que je veux l’aider, qu’il s’agit là d’un comportement machiavélique, malhonnête et dangereux !
Réponse: Créer la confusion et la division parmi l’opposition tunisienne ? Veux dire A. Maalaoui ? Je ne suis pas chargé de l’harmonie de l’opposition tunisienne, je ne représente que moi-même, aucun tunisien ne partage mes convictions et ma proposition monarchiste pour le moment. Personne n’a encore signé la pétition que je propose ! Je pourrai obtenir leurs assentiments, si j’ai les moyens de m’adresser à eux à travers des médias conséquents!
Ce qui serait machiavélique, plutôt, c’est d’attaquer la politique de M. Ben Ali en public, et de le soutenir en privé. De quel privé, s’agit-il ? Tout ce que je pense, je l’écris, je n’accepte la censure de personne, je suis un homme connu pour ma spontanéité, ma franchise, mon style direct et mon impulsivité, contre laquelle je n’y peux rien. Je n’ai pas d’action politique privé, tout le monde me rejette, je ne fais partie d’aucun groupe politique ou associatif, en raison de mes opinions à contre-courant de « l’Ordre Intellectuel Etabli »! Je ne représente que ma modeste personne, je suis un libre penseur!
3) Que j’ose écrire que j’ai fait appel à Ben Ali pour lui demander de liquider le PSD. J’étais où en Tunisie entre 1987 et 1990 ? On n’a jamais entendu parler de moi. Est-ce que je veux créer un faux CV politique ? Est-ce que je veux devenir un héros? Est-ce que je veux créer une fausse histoire pour me donner plus de crédibilité !
Oui, en effet, j’ai rédigé un petit, un tout petit courrier des lecteurs, dans la Presse de Tunisie, organe du gouvernement, courant 1987, (je n’ai pas la date exacte en mémoire), appelant le nouveau président Ben Ali, à liquider le PSD. Faites une recherche dans les archives de la Presse de Tunisie, M. Maalaoui et vous retrouverez mon courrier. C’est tout ce que j’ai fait comme action et rien d’autre ! Ce n’est pas étonnant que M. Maalaoui n’ait pas entendu parler de moi, je n’étais rien, j’étais occupé par mes études, c’est peut-être un prétexte que j’avance pour cacher mon incapacité à faire des « Choses »!
Quant à savoir, si je veux créer un faux CV, un historique afin de devenir un héros, je dirai, qu’un petit courrier de lecteur dans un organe de presse, ne constitue pas un CV digne d’un homme politique. Oui, j’aurai dû faire plus, mais comme la majorité des tunisiens, j’étais paresseux, peureux, sans courage, sans perspective politique réelle et berné par la Déclaration du 7/11.
Devenir un héros, me demande M. Maalaoui ? Oui, j’aimerai bien si mes opinions monarchistes arrivent à séduire la classe politique tunisienne, la majorité du peuple tunisienne, l’intelligentsia et surtout le président Ben Ali et sa famille. Devenir l’héros de la démocratisation de la Tunisie, serait le rêve de tout démocrate sincère, je serai en plus un hypocrite doublé d’un menteur si je prétendais le contraire!
4) « Ben Ali nous a dit depuis novembre 1987 que la Tunisie est un État de droit, que tous les Tunisiens et Tunisiennes sommes égaux devant la Loi, si c’est compliqué à comprendre et à accepter et toi tu veux nous ramener à un État de non droit! »
En quoi une monarchie constitutionnelle démocratique et laïque serait un Etat de non droit? M. Maalaoui, n’est apparemment pas au courant de l’existence de monarchies européennes représentant des Etats de droit parfait !!!! Alors le Danemark, les Pays Bas, la Belgique, l’Espagne, le R.U, la Suède, le Canada, et l’Australie, seraient des Etats de non droit, des Etats qui ne respecteraient pas les droits de l’Homme, où les citoyens sont opprimés !!!!!!!!!!!!!! Mon idéal, cher M. Maalaoui, c’est exclusivement les monarchies européennes !!! Mon modèle n’est nullement le Maroc, encore moins l’Arabie Saoudite !
5) « Présente-toi aux élections de 2009, et présente ton programme de monarchie et si tu gagnes déclare-toi le nouveau ROI de la Tunisie ! »
J’appelle M. Z. Ben Ali à instaurer une monarchie constitutionnelle et démocratique, dont il sera le Roi, un roi sans pouvoir politique, c’est la condition sine qua non à l’instauration d’une monarchie parlementaire. Le roi, n’aura plus qu’un rôle protocolaire, un droit de grâce, il sera le symbole et l’esprit de la nation, le chef spirituel des croyants, mais à titre exceptionnel et pendant une dizaine d’années il nommera le ministre de la défense et restera le Chef suprême des armées. C’est la garantie à lui donner, afin qu’il croit au projet et en contrepartie de son abandon de ses prérogatives politiques. Un premier ministre, élu par l’Assemblée Nationale, elle-même élu directement par le peuple, qui conduira la politique du gouvernement dans tous les domaines pleinement et sans interférence du roi. (Lire mon « Projet pour une monarchie constitutionnelle démocratique et laïque » in www.mouvementroyalistetunisien.blogspot.com)
Pourquoi M. Ben Ali, serait intronisé Roi de Tunisie et non les héritiers du Bey ou quelqu’un d’autre ? Le peuple tunisien connaît, en effet, les qualités et les défauts de Ben Ali, il les dirige depuis 21 ans. Ils peuvent lui faire confiance, si et seulement si, il fait sienne la cause de la démocratisation de la Tunisie, s’il fait sa mue démocratique, lui, sa famille, son épouse en particulier, le comité central et le bureau politique du RCD! Pourquoi aller chercher un autre monarque ? Ben Ali, est à la tête de l’Etat, il y restera, au moins jusqu’à 2019, qu’on le veuille ou pas, élections ou pas! Je préfèrerai qu’il se transforme en Roi de jure, plutôt que de recourir à des élections truquées pour demeurer « président de République », alors qu’il est un roi de facto !! De toute manière, on créera le chaos, si on voudrait prendre sa place. Ni lui, ni sa famille, ni la classe politique au pouvoir ne le permettraient. De toute manière, nous sommes tous pareils, chacun de nous a ses défauts et ses qualités, cela changera quoi de mettre sur le trône une autre personne que M. Ben Ali ? « Nehhi khlifa, yiji khilfa » disait feu mon père !
Quant à moi je me contenterai de conseiller M. Ben Ali dans ce projet, s’il veut bien de ma modeste personne. Je suis un penseur, mais nullement un excellent homme politique, j’ai énormément de défauts pour en être un, en autres la spontanéité, la franchise, je n’use pas de la langue de bois je n’ai pas le sang froid !!!
6) « Est-ce que la famille Ben Ali, t’a mandaté pour faire la promotion de la monarchie en Tunisie ? Pourquoi seulement quelques-uns ont le droit de devenir princes ? Qu’est-ce qu’ils ont fait de plus pour le mériter ? Pourquoi nos enfants n’auront pas le droit d’être au pouvoir un jour s’ils le désirent ? Pourquoi tu veux qu’on donne deux statuts différents aux enfants de la Tunisie ?… »
Non la famille Ben Ali ne m’a nullement mandaté, elle a ses plumes en Tunisie et trouverait meilleur que moi pour un tel projet. Cette idée est née dans mon petit cerveau au vue de l’histoire politique de la Tunisie depuis le 20 mars 1956. La Tunisie est une monarchie de facto, doté d’un régime antidémocratique et répressif. Comment faire pour la transformer en démocratie ? Toutes les solutions ont échoué, car elles tendent à supprimer les privilèges de la famille du président et toucherait à ceux de la classe politique qui lui est alliée. Seule solution qui reste, la monarchie parlementaire. Elle préservera leurs privilèges matériels et symboliques en contrepartie de leur acceptation de la démocratisation réelle de la Tunisie. A ce propos j’ai suggéré que la famille royale disposera de 1% des recettes du budget de l’Etat, afin de rester digne et ne pas s’adonner au commerce et autres busness.
7) « À ce que je sache, la Tunisie a eu son indépendance non pas grâce au Bey, qui nous a offerts gratuitement au colonialisme français ? Mais c’est grâce à une lutte armée menée par nos pères et nos mères de toutes les régions de la Tunisie ? »
Celui qui a permis, ou offert comme dis M. Maalaoui, la Tunisie au colonialisme français, c’est l’arriérisme de l’Etat tunisien au XIX ème siècle, la stupidité, la paresse, les superstitions et l’état d’ignorance scientifique de nos grands-pères qui somnolaient dans les mosquées et les Zaouiyas de Sidi Mehrez et Sidi Abdallah, alors que l’Europe était rentrée dans l’ère scientifique et industrielle ! M. Maalaoui, sait-il, par exemple, que lors d’une séance du Conseil municipal de Tunis, en 1900, je crois, alors formé de tunisiens et de français, l’ordre du jour comportait la mise en place d’un médecin légiste ayant pour mission le constat des décès, que seuls les membres tunisiens du conseil avaient voté contre la mise en place de ce service de médecine légale, superstition oblige. Heureusement qu’ils n’étaient pas majoritaires. Et dire que le colonialisme n’a eu que des aspects négatifs !!! Heureusement que la France a colonisé la Tunisie, sinon notre pays serait, aujourd’hui, encore comme l’Afghanistan avec ses Talibans, qui coupaient la main d’une femme qui se pose du vernis à ongle, qui interdisaient aux filles d’être scolarisées, qui lapidaient la femme adultère, qui interdisaient la musique et le cinéma, etc. Heureusement aussi que le président Bush a mis fin à leur régime moyenâgeux.
Pour terminer ma réponse à votre crainte d’une monarchie, cher ami Abdo, dans une future monarchie tunisienne, je répète encore, parlementaire, démocratique, constitutionnelle, et laïque, dotée d’une charte de la démocratie et des libertés comme celle que je propose ( déjà publiée par Tunisnews.net, sinon confère mon blog ci-dessous mentionné), vous auriez, ainsi que tous les citoyens tunisiens, tous vos droits de citoyens libres et fiers de leur Tunisie, à la tête de laquelle se trouvera un monarque, imbu de justice, de démocratie, et dont les prérogatives et la fonction seront encadrés strictement par le Parlement. Un roi qui n’interfèrera jamais dans la politique politicienne, dévolue à un premier ministre élu par une Assemblée populaire, élue elle-même au suffrage universel direct, que veux-tu de plus ???
Enfin, je ne remercierai jamais assez l’équipe de Tunisnews.net, qui permet l’existence d’un débat d’idées entre tunisiens, qui en sont privés dans leur pays, et qui me permet de m’exprimer en toute liberté sans jamais me censurer ou me refuser la publication d’un article, fusse-t-il très choquant pour l’âme très sensible des tunisiens !
Al ‘abd al-faqir ila rahmati rabbihi al-ghaniy
Kamel ben Tahar ben Ahmed Chaabouni
Paris, le 27 juillet 2008
kamelchaabouni@yahoo.fr
www.tunisiedemocratiqueetlaique.blogspot.com
Le taux de divorce (en Tunisie) atteint des proportions inquiétantes
* Toutefois, il y a des unions qui durent ! Il y a un dicton bien de chez nous qui dit : « En été, à la salle des fêtes, en hiver, au palais de justice.», allusion faite aux couples qui se marient pendant la saison estivale et divorcent en hiver. 12557 cas de divorce ont été enregistrés en Tunisie, en 2005, et d’après des statistiques de 2007, la Tunisie a le quatrième taux de divorce le plus élevé dans le monde ! Aussi paradoxal que cela puisse paraître, les jeunes d’aujourd’hui choisissent pourtant librement leur partenaire et plusieurs unions sont établies sur la base d’une relation amoureuse pré-matrimoniale ! Ces mêmes jeunes mariés se sont pourtant bien imprégnés dans leur enfance par les fameuses histoires d’amour entre ce prince et cette princesse et qui finissent toujours par un dénouement heureux exprimé constamment en ces termes : « ils se marièrent, eurent beaucoup d’enfants et vécurent heureux jusqu’à la fin de leurs jours. » Une telle fin plaisait tant aux enfants et même aux grands. Mais, il paraît que l’amour dans les contes est très différent de celui du monde réel au point que la majorité des amours d’aujourd’hui sont incapables d’aller jusqu’au bout et ont une fin souvent malheureuse qu’on pourrait exprimer en ces termes : « ils se marièrent, eurent beaucoup de problèmes et vécurent séparés jusqu’à… ». En effet, le nombre de divorces chez nous a atteint des proportions si alarmantes que certains couples n’arrivent pas à fêter leur premier anniversaire de mariage ! Néanmoins, il y a pas mal de couples qui durent et pour longtemps ! Quels en sont donc les secrets ? Parler des causes de l’échec de certains couples nous amène forcément à évoquer les secrets de la réussite d’autres couples. A vrai dire, il n’y a pas de secrets ni de recettes magiques pour qu’une union conjugale soit longue et réussie. C’est tout simplement un engagement mutuel par lequel on doit être lié pour le pire et le meilleur. Celui ou celle qui n’est pas à la hauteur de cet engagement qu’il (elle) s’en abstienne ! Si nos parents, nos grands-parents et nos arrières grands-parents ont pu établir des vies conjugales durables, c’est qu’ils ont tout simplement su observer les principes de cet engagement : l’amour, le respect et la tolérance. (J’allais ajouter le dialogue, mais certains me diront que les femmes d’antan étaient dociles et loyales à leurs maris. Soit, mais loyauté ne veut pas dire soumission et il y avait toujours une assise d’entente dans les couples du passé surtout concernant les décisions à prendre pour la sauvegarde de la famille qui était sacrée !) Et ces ancêtres, riaient tout le temps, malgré la routine et les rudes épreuves qu’ils ont dû endurer. Certes, il y avait divers malentendus dans les anciens couples, et souvent l’un des deux conjoints était astreint à faire contre mauvaise fortune bon cœur pour faire durer la vie conjugale, et puis, une tierce personne était toujours là pour résoudre les problèmes et empêcher le pire. Aujourd’hui, le dialogue est possible, et pourtant l’on se sépare, chaque jour davantage, parfois pour un oui ou pour un non! Et c’est peut-être le refus du dialogue de part et d’autre et le manque de souplesse qui enveniment la situation et mènent à la rupture. Il est vrai que du train où va le monde de nos jours, les problèmes s’accumulent et deviennent de plus en plus complexes et chaque jour de nouveaux besoins s’imposent à notre vie quotidienne et ceux qui étaient secondaires sont devenus nécessaires, la hausse permanente des prix des produits de consommation et des services, les impôts et les dettes à payer, le manque de moyens financiers, tout cela constitue un lourd fardeau que certains couples ne sont pas capables de supporter, ce qui leur cause de l’embarras, des soucis quotidiens sans cesse croissants, quitte à créer des scènes de ménage qui deviennent si fréquentes que la vie conjugale devient infernale, insupportable… Pour illustrer cette situation vécue par la majorité des couples, les Anglais disent, non sans ironie : « Le premier mois, le mari parle et la femme écoute ; le deuxième mois, la femme parle et le mari écoute ; à partir du troisième mois, les deux parlent et les voisins écoutent !» chez nous, il y a des couples dont les caractères s’avèrent incompatibles dès les premiers jours du mariage et qui font entendre leur voix jusqu’au septième voisin et, ainsi, la séparation ne se fait pas attendre. En effet, s’il existe actuellement des couples qui durent, c’est qu’ils ont pu résister aux difficultés de cette vie moderne grâce à la compréhension mutuelle, à l’intérêt commun, à la bonne gestion des affaires familiales et surtout au dévouement et à la patience, deux vertus, devenues rares de nos jours chez la plupart des couples qui cherchent souvent à brûler les étapes pour tout avoir en même temps, (meubles, bijoux, logement, voiture, voyages…) alors que « rien ne sert de courir, il faut partir à point », disait le poète. Souvent la naissance des enfants chez certains couples, au lieu de consolider les liens conjugaux, fait naître d’autres problèmes qui rendent les relations plus tendues (tâches supplémentaires, nouvelles dépenses, surmenage, privations, sacrifices…) qui dégénèrent en disputes interminables pouvant mener à une impasse. D’où le recours au divorce. Vous me direz peut-être à quoi on peut reconnaître un couple heureux, uni pour toute la vie. Il n’y a pas une seule réponse à cette question, car ce n’est pas en s’aimant l’un l’autre, ce n’est même pas en s’offrant des fleurs et des cadeaux pour les anniversaires et pendant les fêtes qu’un couple peut durer longtemps ; tout cela est devenu chose ordinaire faisant partie des étiquettes ; mais ce qui est le plus fascinant chez ces couples unis, c’est surtout l’entente, la franchise et la fidélité, la complicité en tout, la vision commune des choses, la volonté de vivre ensemble jusqu’à la mort et la confiance en l’avenir. Voilà le couple qui veut bâtir son bonheur, sauvegarder sa cohérence et assurer sa continuité. L’amour est sans doute l’élément catalyseur de l’interaction de tous ces ingrédients nécessaires à la stabilité et la longueur de la vie du couple. Un couple qui dure, c’est un couple qui envisage l’avenir avec enthousiasme et optimisme, qui rêve de fêter ensemble, tour à tour, leurs noces d’argent, d’or, de diamant… Le couple qui dure est celui qui sait renouveler continuellement le rythme de sa vie qui, à partir d’un certain moment, est menacée par la routine et la monotonie. Un couple où chacun vit pour soi et ne prête aucune attention à l’autre, c’est un couple voué à l’échec. Comme autre facteur déterminant d’une vie longue et stable du couple, c’est le partage de tout : le pouvoir, la décision, le travail, l’argent, l’amour, le bonheur et le malheur, à tel point que les adjectifs possessifs « mon, ma, mes » disparaîtront du langage familial pour être remplacés par « notre » et « nos ». C’est dans cet esprit collectif, solidaire et coopératif que de bonnes relations seront établies et maintenues pendant de longues années dans le couple. Toutefois, il faut être toujours prêt à faire de temps en temps des concessions, ne serait-ce que pour contenter son partenaire ; et faire preuve d’une certaine souplesse en matière de gestion des affaires domestiques. L’intransigeance et l’extrémisme, quand ils sont déplacés, peuvent menacer la vie du couple. Bref, la communication dans le couple, en paroles comme en actes et sans préjugés, demeure le seul garant d’une vie conjugale réussie et durable. A bon entendeur, salut !
Hechmi KHALLADI (Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 27 juillet 2008)
La Cour constitutionnelle turque examine à partir de lundi la demande d’interdiction de l’AKP
Associated Press, le 27 juillet 2008 à 18h48 La Cour constitutionnelle turque examine à partir de lundi la demande de dissolution du Parti de la justice et du développement (AKP, au pouvoir), au motif qu’il chercherait à islamiser la très laïque Turquie. Cette demande d’interdiction de la formation du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, issu de la mouvance islamiste, avait été déposée le 14 mars par le procureur de la Cour de Cassation Abdurrahman Yalcinkaya. Il accuse l’AKP de vouloir porter atteinte au principe même de la laïcité, inscrit dans le marbre de la constitution turque, citant notamment la série d’amendements, présentés par le gouvernement et adoptés par le Parlement, permettant d’autoriser le foulard islamique dans les universités. Le procureur réclame aussi l’interdiction pour 70 personnes, dont le Premier ministre et le président Abdullah Gül, d’adhérer à un quelconque parti politique pendant cinq ans. Dans un entretien accordé dimanche au principal journal du pays, « Hurryiet », à la veille du début de l’examen de cette demande, Erdogan a dit ne pas savoir « quel sera le résultat de cette affaire » mais espérer « qu’une décision bénéfique pour notre pays sera prise ». Avant d’ajouter: « ce que je peux vous dire, c’est ceci: il m’est impossible de me comporter avec haine et animosité envers le public ». « Si des erreurs ont été commises et que la tension est montée, alors nous devrions rétablir la paix sociale », a-t-il ajouté. Le Premier ministre a comparé la Turquie à une maison, avec un toit constitué par la République et dont le principal pilier est « la solidarité et l’intégrité »: « si ce pilier s’effondre, nous serons tous ensevelis sous les décombres. Ce qui est important, c’est de pouvoir vivre avec solidarité et intégrité sous ce toit (…) Pour moi, l’un des principaux idéaux de la République d’Atatürk est qu’elle unit tous les membres de notre société sur la base de la citoyenneté et sans aucune discrimination ». Cette affaire met en lumière le bras de fer en cours entre les milieux et institutions laïques de Turquie, principalement l’armée et le système judiciaire, et le parti au pouvoir, dont nombre de membres sont des musulmans pratiquants qui affirment avoir pris leurs distances de l’islam politique. La crise entre les deux camps avait connu un épisode central il y a un an, lorsque le ministre des Affaires étrangères de l’AKP Abdullah Gül était devenu le premier chef d’Etat issu du courant islamiste, avec des manifestations géantes des partisans de la laïcité. Les juges de la Cour constitutionnelle, qui se réunissent pour examiner l’affaire au fond, ont donc un dossier de poids à traiter, dont le résultat affectera la vie politique du pays. Et pourrait avoir également des conséquences sur la relation avec l’Union européenne. Erdogan est un fervent partisan de l’adhésion de la Turquie à l’UE, ce qui en soi prouve déjà selon lui que son parti n’a absolument pas d’ambitions islamistes cachées pour le pays. En juin, la Cour constitutionnelle avait déjà infligé un premier grave revers au gouvernement, en maintenant l’interdiction du foulard dans les universités, un dossier sur lequel l’AKP s’était énormément investi: la Cour a considéré que la levée de l’interdiction violait effectivement les principes laïques de la Constitution. Lorsque la Cour constitutionnelle avait jugé recevable sur la forme la demande du procureur, la Commission européenne avait exprimé ses réserves, jugeant la procédure excessive et inopportune. Depuis sa création en 1963, la Cour constitutionnelle a frappé d’interdiction plusieurs dizaines de partis politiques, souvent kurdes ou islamistes. AP nc/v/sb
La justice turque doit se prononcer sur le sort de l’AKP
Reuters, le 27 juillet 2008 à 18h04 par Daren Butler ISTANBUL, 27 juillet (Reuters) – La Cour constitutionnelle turque entame lundi ses délibérations sur la demande de dissolution de l’AKP, le parti au pouvoir accusé d’atteinte au principe de laïcité, une affaire qui a plongé le pays dans un climat d’incertitude politique et économique. Le tribunal peut estimer que le Parti de la justice et du développement n’est pas coupable de ce dont on l’accuse et prononcer un non-lieu. Dans l’hypothèse inverse, la cour pourrait condamner l’AKP à une amende ou prononcer sa dissolution et interdire d’activité politique ses dirigeants, ce qui entraînerait la chute du gouvernement et la tenue d’élections législatives anticipées. Le gouvernement de l’AKP, issu de la mouvance islamiste, a présidé à cinq années de croissance économiques et de réformes politiques mais il se heurte à l’opposition des élites laïques qui le soupçonnent d’avoir pour dessein d’imposer la loi islamique dans un pays à majorité musulmane mais officiellement laïque. La dissolution d’un parti populaire qui a remporté près de la moitié des voix lors des élections législatives de l’année dernière n’irait pas sans difficultés au plan politique et pourrait entraver la lente progression de la Turquie dans le processus d’adhésion à l’Union européenne. La décision devra obtenir l’aval de sept des onze juges de la plus haute instance judiciaire de Turquie pour être prononcée. Cette affaire a plongé le pays dans un climat d’incertitude politique qui a inquiété les marchés financiers et ralenti le rythme des réformes. Certains analystes estiment que quel que soit le verdict de la cour, l’hostilité qui s’est encore accrue entre l’AKP et les élites laïques va porter préjudice à la vie politique et à l’économie du pays. « La stabilité politique que la Turquie a connue ces cinq dernières années pourrait appartenir au passé et nous entrons peut-être dans une ère de lutte intense pour le pouvoir », estime Ahmet Akarli, économiste à Goldman Sachs. VERDICT ATTENDU DÉBUT AOÛT Les délibérations risquent de se prolonger car une condamnation de l’AKP obligerait les magistrats à se prononcer sur une interdiction de toutes activités politiques pendant cinq ans visant le Premier ministre Tayyip Erdogan, le président Abdullah Gül et 69 autres responsables du parti. Les analystes s’attendent à un verdict début août et la plupart pronostiquent une dissolution de l’AKP bien que les dernières spéculations aillent dans le sens contraire. Si la Cour constitutionnelle décide d’interdire l’AKP, le gouvernement sera dissous et ses députés auront le choix entre rester au parlement sous une étiquette indépendante avant de former un nouveau parti ou rejoindre des formations déjà existantes. Pour la plupart des observateurs, la convocation d’élections législatives anticipées est le scénario le plus probable. Erdogan pourrait briguer à nouveau le poste de Premier ministre sous une étiquette d’indépendant. Il a reconnu pour la première fois dans une interview publiée samedi que son parti avait commis des erreurs qui avaient contribué à cette situation. La décision de son gouvernement de lever l’interdiction du voile à l’université en janvier a suscité une levier de boucliers avant d’être invalidée par la Cour constitutionnelle en juin. L’AKP bénéficie d’une forte popularité qui va au-delà de ses bases traditionnelles dans les classes moyennes mais l’instabilité générée par le procès et son bras de fer avec les élites laïques risque de laisser des traces pour toute formation prétendant à lui succéder, en cas de dissolution. « Le nouveau parti n’aura probablement pas le même niveau de soutien que celui dont l’AKP a bénéficié dans les circonscriptions libérales et urbaines de Turquie, remportées grâce au bilan économique du parti, à des réformes économiques saines, et surtout grâce à sa retenue », estime Wolfango Piccoli, économiste au Groupe Eurasia. La justice turque a interdit par le passé une vingtaine de formations politiques au motif qu’elles portaient atteinte à la laïcité ou parce qu’elles étaient soupçonnées de soutenir la rébellion kurde. L’AKP est issu d’un parti interdit par la justice en 2001. REUTERS
AKP: nouvelles turbulences en vue dans les relations UE-Turquie
AFP, le 27 juillet 2008 à 07h52
Par Yacine LE FORESTIER BRUXELLES, 27 juil 2008 (AFP) – L’interdiction qui menace en Turquie le parti islamo-conservateur au pouvoir risque d’ouvrir une nouvelle période de tensions entre l’UE et Ankara, en renforçant le camp des opposants européens à l’adhésion du pays, même si une suspension des négociations est peu probable. A partir de lundi, la Cour constitutionnelle turque va délibérer pour se prononcer sur une demande d’interdiction, pour activités anti-laïques, du Parti de la justice et du développement (AKP), issu de la mouvance islamiste et au pouvoir depuis 2002. Un destin qu’ont connu avant lui de nombreuses formations politiques dans le pays. Cette procédure n’est pas du goût des Européens qui y voient une atteinte aux règles démocratiques et jugent que les accusations proférées à l’encontre de l’AKP devraient être traitées dans les urnes plutôt que devant les tribunaux. Lorsque la procédure contre l’AKP avait été validée au printemps, le commissaire européen à l’Elargissement Olli Rehn n’avait pas mâché ses mots. Jugeant injustifiée une interdiction de l’AKP, il avait laissé planer la menace de perturbations dans les négociations d’adhésion de la Turquie à l’UE, qui n’avancent déjà qu’au ralenti depuis leur ouverture en octobre 2005. « J’espère que les juges de la Cour constitutionnelle prendront en compte l’intérêt à long terme de la Turquie », qui est « d’être une démocratie européenne d’importance », avait-il indiqué. La réaction de la Commission en cas d’interdiction prononcée par la Cour à partir de lundi, et l’éventuelle recommandation qu’elle pourrait faire, pèseront lourd. Le mandat de négociations précise qu’en cas « de violation grave et persistante » des libertés et de la démocratie, les 27 peuvent suspendre ces pourparlers, par une simple majorité qualifiée. Mais pour ne pas jeter de l’huile sur le feu, Bruxelles et les 27 pourraient se contenter de dénoncer avec véhémence une éventuelle interdiction, sans entraver les négociations. Ou, solution intermédiaire, opter pour une mise de facto entre parenthèses des discussions pour quelque temps, sans décision formelle des pays de l’UE. Une chose est sûre: une mise à l’index de l’AKP donnerait des arguments aux pays de l’UE qui comme la France, l’Autriche ou Chypre sont les plus opposés à l’entrée de la Turquie. La procédure en cours « ne fait que confirmer nos doutes sur les capacités de la Turquie à intégrer l’Europe », soulignait au début du mois un haut responsable français. Pour autant, il semble que la France, qui préside l’UE jusqu’à la fin de l’année et est de ce fait tenue à une certaine neutralité, ne souhaite pas faire de la surenchère en poussant au blocage des pourparlers. Les Européens protesteront mais une interdiction de l’AKP n’aura « pas d’influence » sur l’ouverture de nouveaux chapitres dans les négociations que mène la Turquie, assurait récemment une autre source française. « On ne veut pas être à l’origine d’une crise plus prononcée avec la Turquie », ajoute cette source diplomatique. Une crise qui, de surcroît, risquerait de tuer dans l’oeuf l’espoir d’un règlement du conflit à Chypre, où des négociations sont prévues à partir du 3 septembre en vue de réunifier l’île divisée depuis 34 ans. La France a toujours pour ambition d’ouvrir jusqu’à trois nouveaux chapitres parmi les 35 qui jalonnent les discussions, ce qui porterait à onze le nombre de chapitres ouverts en trois ans, selon la source. En tout état de cause, cela ne modifierait pas la donne fondamentalement car 18 des 35 chapitres restent de facto gelés, dont 5 par Paris qui les considèrent comme « directement liés » à une adhésion qu’elle ne souhaite pas au bout du compte.
Youssef Chahine, géant du cinéma égyptien, est mort
Reuters – Dimanche 27 juillet, 13h31 LE CAIRE (Reuters) – Youssef Chahine, géant du cinéma égyptien, s’est éteint dimanche au Caire à l’âge de 82 ans, apprend-on auprès de son secrétariat. (Publicité) Le réalisateur du « Sixième jour » et du « Destin » qui ne cachait pas ses idées de gauche laisse derrière lui une oeuvre engagée dans laquelle il dénonçait tout autant les dérives autocratiques du régime égyptien que le fanatisme islamiste. Adulé à l’étranger plus que dans son pays, le cinéaste qui s’était essayé à tous les genres, de la fresque historique à la comédie musicale, avait reçu en 1997 le prix du Cinquantième anniversaire du Festival de Cannes pour l’ensemble de son oeuvre, une cinquantaine de films. Il avait remporté la même année un Ours d’argent du Festival de Berlin pour son film « Alexandrie, pourquoi ». Pour Tarek el Shenawi, critique de cinéma égyptien, Youssef Chahine était « un maître » qui avait ouvert la voie à des générations de réalisateurs égyptiens. Il avait offert à l’acteur égyptien de renommée internationale Omar Sharif ses tous premiers rôles dans « Ciel d’enfer » ou « Les eaux noires », sélectionné à Cannes en 1956. Il avait également dirigé la Franco-Egyptienne Dalida dans « Le sixième jour » (1986). Né à Alexandrie dans une famille riche et polyglotte en 1926, francophone et francophile, Youssef Chahine avait été élevé au grade d’officier de la Légion d’honneur en France en 2006. « Le septième art vient de perdre l’un de ses plus célèbres serviteurs », a salué Nicolas Sarkozy dans un communiqué. « Très attaché à son Egypte mais ouvert sur l’universel, réalisateur engagé (…) Youssef Chahine aura cherché, tout au long de sa vie, à travers l’image, à dénoncer la censure, le fanatisme et l’intégrisme », ajoute le président français, saluant un « fervent défenseur du mélange des cultures » et de la liberté d’expression. « REBELLE » ET OPPOSANT « Un cinéaste du tiers-monde n’est jamais assez engagé », racontait-il en 2007 dans Le Monde. « Chaque fois qu’il fait un film, il écrit trois scénarios: l’histoire qu’il veut raconter, l’éloge du gouvernement qui le commandite et le combat qu’il mène contre les adversaires politiques », ajoutait le cinéaste, réalisateur et producteur qui avait appris le cinéma aux Etats-Unis au lendemain de la Seconde guerre mondiale. Ses premiers films – « Papa Amine », « La Terre » – seront d’ailleurs signés « Jo Chahine », un surnom que lui avaient trouvé ses collègues californiens. Sa santé déclinant, son dernier opus, « Chaos », sorti en 2007 en France, avait été terminé par son assistant Khaled Youssef. Le film raconte l’histoire d’un policier corrompu du Caire qui fait régner sa loi dans un quartier de la capitale égyptienne. « Il parlait autant de la réalité que de lui-même », explique le critique égyptien Ahmed Youssef. « De son édification personnelle, celle d’un rebelle, une construction qui refuse d’être emportée par la masse et qui parfois doit se résoudre à capituler face à la masse ». Youssef Chahine avait été victime en juin dernier d’une hémorragie cérébrale et avait dû être hospitalisé d’urgence à Paris avant d’être rapatrié au Caire le 17 juillet. Il est décédé dimanche après avoir passé six semaines dans le coma. Ses frais de santé avaient alors été pris en charge par l’Etat égyptien sur ordre d’Hosni Moubarak, que le cinéaste avait souvent pris pour cible. Il s’était notamment engagé aux côtés du mouvement « Kefaya » qui militait contre la réélection du président égyptien en 2005. « Chahine se battait pour le socialisme, comme nous tous », a raconté la réalisatrice Asma el Bakry qui fut l’une des assistantes du cinéaste. « Nous sommes tous ses élèves. Nous l’aimions parce que nous approuvions souvent ses prises de position ». Jonathan Wright, version française Olivier Guillemain et Laure Bretton
Youssef Chahine, le premier à dire « je » dans le cinéma arabe
AFP – Dimanche 27 juillet, 15h29 PARIS (AFP) – Figure de proue du cinéma égyptien, Youssef Chahine a su s’éloigner du genre codifié des mélodrames populaires pour tourner une oeuvre enracinée dans l’histoire de son peuple tout en se racontant à la première personne, une démarche inédite dans le cinéma arabe. (Publicité) Chahine est « le produit d’une industrie, d’un vrai cinéma national, le Hollywood arabe », affirme à l’AFP le critique de cinéma Thierry Jousse, qui en 1996, a dirigé un numéro spécial des Cahiers du cinéma consacré au cinéaste. Mais il a su « à la fois oeuvrer dans ce système et dans un cinéma plus personnel », estime M. Jousse. Formé aux Etats-Unis, marqué par le cinéma américain, Chahine débute, à son retour en Egypte en 1948, par le genre obligé du mélodrame, dans lequel il introduit un ton réaliste et social, avec « Les Eaux noires » (1956), premier film arabe à évoquer la vie ouvrière, ou « Gare centrale » (1958) où il joue un criminel simple d’esprit. Avec son montage rapide, ses récits parallèles et ses cadrages étudiés, « Gare centrale » rompt avec le récit linéaire et le tempo lent traditionnels. Il parie sur des inconnus tels qu’Omar Sharif dans « Ciel d’enfer » (1954). « Dès ses débuts en 1950, alors qu’il n’avait pas 25 ans », Chahine a pratiqué un cinéma d’auteur qui avant lui, « n’avait pratiquement pas droit de cité en Egypte », déclarait le critique de cinéma égyptien Samir Farid à l’occasion de la rétrospective intégrale organisée par le Festival de Locarno en 1996. Parfois accusé d’avoir un style « occidental », Youssef Chahine a été « important au niveau de la liberté de ton et la liberté tout court », estime Magda Wassef, qui dirige le département cinéma à l’Institut du monde arabe. Il renoue avec la tradition orientale du conte, ignorée par le cinéma égyptien, avec le film historique pro-nassérien « Saladin » puis « La Terre » (1969) qui relate la collusion des grands propriétaires avec les Britanniques. A partir de « L’aube d’un jour nouveau » (1974), il se consacre à l’analyse de la société égyptienne, ses clivages et ses problèmes, avec la volonté de faire de chaque film un spectacle qui « s’oppose à l’ignorance et à la mystification ». Il co-produit ses films avec l’Algérie dans les années 70, puis la France à partir des années 80 et son oeuvre, au contact de deux continents, deux civilisations, reflète les grandes questions qui agitent le monde contemporain. Après « Le moineau » et « Adieu Bonaparte » avec Patrice Chéreau, Chahine revient sur sa jeunesse dans une trilogie semi-autobiographique – « Alexandrie, pourquoi ? » (1979) « La Mémoire » (1982), « Alexandrie encore et toujours » (1990). « A la fin des années 70, il a commencé un nouveau cycle, en réalisant des films qui parlent de lui à la première personne, ce qui est inédit dans la culture arabe », juge Magda Wassef. Il a ainsi ouvert une voie qui « a permis à d’autres, son compatriote Yousry Nasrallah ou le Tunisien Nouri Bouzid, de se raconter ». Imprégné par la tolérance religieuse et l’ouverture qui caractérisent sa ville natale, Alexandrie, cosmopolite cité portuaire, Youssef Chahine a fait montre d’une liberté de pensée qui s’est souvent heurtée à la censure. Chahine « a eu à faire face, à de maintes reprises, à des interdits et des procès comme celui intenté à +L’Immigré+ », rappelle Magda Wassef. Sa réponse aux islamistes sera « Le Destin » (1997), où le cinéaste fait du philosophe Averroes le symbole d’une tolérance combattue par une secte de fous de Dieu, dans l’Andalousie du XIIe siècle. « Il a toujours défendu la tolérance et les diversités, exprimant une volonté de rapprochement dans une région sensible », estime Mme Wassef.
Youssef Chahine : des liens particuliers avec la France
NOUVELOBS.COM | 27.07.2008 | 16:28 Le cinéaste égyptien, décédé dimanche à l’âge de 82 ans, avait un attachement particulier pour la France. Le cinéaste égyptien Youssef Chahine, qui s’est éteint dimanche 27 juillet au Caire à l’âge de 82 ans, entretenait une relation particulière avec la France. Le réalisateur parlait français et avait été récompensé et décoré en France, pays où nombre de ses films ont été produits. Le président de la République, Nicolas Sarkozy, a immédiatement salué la mémoire de Youssef Chahine, « un fervent défenseur de la liberté d’expression et plus largement des libertés individuelles et collectives ». Christine Albanel, la ministre de la Culture, a pour sa part rendu hommage au « fidèle ami de la France » et à l’artiste « épris de démocratie ». « Trait d’union » « Je suis Français en France, et super-Egyptien en Egypte », avait dit avec humour Youssef Chahine, lorsqu’il reçu, en novembre 2006, au Caire, l’insigne d’officier de la Légion d’honneur. « Les Français nous ressemblent beaucoup, à nous, Alexandrins. Ils sont aussi menteurs que nous, ils gesticulent autant que nous, ils sont très proches de nous », avait ajouté l’homme, né à Alexandrie. Il espérait « être un trait d’union entre les deux rives de la Méditerranée ». Youssef Chahine, fils d’un Libanais et d’une Egyptienne, a reçu une éducation en anglais puis en français. Il avait épousé une Française, Colette, et avait été entouré pendant toute sa jeunesse « d’amis et d’amants » français, comme il aimait à le dire. Etudes aux Etats-Unis A l’âge de 21 ans, le cinéaste était parti aux Etats-Unis pour étudier le cinéma à Pasadena, en Californie. « J’ai appris mon métier en Amérique, j’y ai eu mes premières amours », disait-il. Il racontait que « La Grande valse », de Julien Duvivier l’avait « vraiment poussé à m’envoler vers l’Amérique. Ce n’est que bien plus tard que j’ai appris que Duvivier était français ! » Le festival de Cannes, par la voix de son président Gilles Jacob, a affirmé « pleurer un grand cinéaste mais aussi un ami, un modèle et un exemple ». Youssef Chahine était venu à Cannes pour la première fois lorsqu’il était âgé de 26 ans. En 1983, il avait siégé parmi les membres du jury du Festival, avant d’y être récompensé pour l’ensemble de son œuvre en 1997, lors du cinquantième anniversaire de la manifestation. Cinéaste prolifique Depuis le milieu des années 1980, les films de ce cinéaste prolifique étaient produits ou co-produits par la France, par le producteur Humbert Balsan, décédé en 2005, avec le concours de chaînes de télévision comme France-2 ou Canal-Plus ou encore le Centre national de la cinématographie (CNC). Youssef Chahine avait travaillé avec l’homme de théâtre français Patrice Chéreau et l’acteur français Michel Piccoli pour « Adieu Bonaparte » et Dalida, native du Caire, dans « Le sixième jour ». Après l’hémorragie cérébrale qui l’avait touché et plongé dans le coma en juin dernier, Youssef Chahine avait été hospitalisé en France jusqu’à la mi-juillet. AFP
Cinéma – Les hommages à Chahine se multiplient en France
Reuters – Dimanche 27 juillet, 19h05 PARIS (Reuters) – Nicolas Sarkozy et de nombreuses personnalités françaises, dont l’ancien président Jacques Chirac, ont rendu hommage dimanche à l’Egyptien Youssef Chahine, cinéaste francophile et francophone décédé au Caire à l’âge de 82 ans. (Publicité) « Le septième art vient de perdre l’un de ses plus célèbres serviteurs », déclare Nicolas Sarkozy, qui rend hommage dans un communiqué à un « fervent défenseur du mélange des cultures » et de la liberté d’expression. « Youssef Chahine aura cherché, tout au long de sa vie, à travers l’image, à dénoncer la censure, le fanatisme et l’intégrisme », ajoute le président français. « Youssef Chahine était un passeur de culture qui savait comme personne raconter l’un à l’autre l’Orient et l’Occident », écrit de son côté François Fillon, qui le décrit comme un « pourfendeur de l’obscurantisme et chantre de l’humanisme. Marié à une Française, Youssef Chahine avait été hospitalisé en France au début de l’été après une hémorragie cérébrale avant d’être rapatrié dans la capitale égyptienne à la mi-juillet. Il avait reçu en 1997 le prix du cinquantième anniversaire du festival de Cannes pour l’ensemble de son oeuvre et avait été élevé au grade d’officier de la Légion d’honneur française en 2006. A l’annonce de son décès, tous ont souligné ce lien particulier avec la France et son engagement en faveur de la tolérance et du respect. Jacques Chirac a rédigé une lettre de condoléances « affectueuses et attristées » qu’il adressera à la famille du cinéaste lundi. Il y rend hommage à un « combattant inlassable contre l’intégrisme et la violence, un ardent défenseur de la tolérance et du respect ». Pour la ministre de la Culture Christine Albanel, c’est un « fidèle ami de la France » qui vient de s’éteindre « dont chaque film éclairé par la lumière de la liberté se dresse comme un manifeste humaniste ». « Sa disparition est une perte immense pour l’Egypte et pour le cinéma mondial », estime pour sa part le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner. Jack Lang, ancien ministre de la Culture de François Mitterrand, pleure la perte d’un « ami incomparable » dont la « force de persuasion » avait amené le président socialiste à soutenir les cinématographies du Sud. « Nul comme lui savait, à l’égal des grands écrivains égyptiens, faire vibrer sur l’écran ce peuple si ardent, si riche, si inventif, si drôle de l’Egypte contemporaine. Ses films explosent de vie et appartiennent à la grande légende du cinéma mondial », souligne Jack Lang. Au nom de tous les Parisiens, Bertrand Delanoë salue « la mémoire de cette immense figure du monde de la création » dont on retiendra l’engagement « exemplaire contre l’intégrisme et toutes les formes d’intolérances ». Dans un communiqué, le Parti socialiste déplore la mort d’une « des étoiles les plus brillantes du cinéma mondial ». Marie-George Buffet, secrétaire nationale du Parti communiste, salue « le poète de l’image, l’amoureux de vivre, de son peuple, l’homme engagé, politique dans son courage de lire et dire le monde, pour l’indépendance, la justice, la liberté ». Laure Bretton
Le fléau a un impact certain sur le développement
Cri d’alarme du PNUD : Halte à la progression du sida dans les pays arabes
Propos recueillis par Nada MERHI C’est un appel à agir rapidement pour contrer l’expansion du virus du sida dans les pays arabes « avant qu’il ne soit trop tard » qu’a lancé Khadija Moalla, directrice du Programme régional du PNUD (Programme des Nations unies pour le développement) sur le VIH-sida pour la région, en visite récemment au Liban dans le cadre d’un atelier de travail organisé à l’intention de journalistes. Dans une interview accordée à « L’Orient-Le Jour », Mme Moalla a également appelé à œuvrer pour limiter la discrimination vis-à-vis des personnes vivant avec le sida et promouvoir leurs droits. La prévalence du sida dans les pays arabes est faible avec des chiffres qui varient entre 200 000 et 1,5 million, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Des chiffres qui doivent toutefois être confirmés par des enquêtes et des études claires, qui permettront de « connaître la réalité » concernant la propagation de ce fléau notamment au sein des groupes à haut risque et des groupes vulnérables. « Nous savons qu’il y a une augmentation de l’usage de la drogue dans la région arabe, ainsi qu’une augmentation du commerce du sexe, explique Mme Moalla. Nous avons aussi tous les facteurs structurels (conflits, migration, etc.) qui peuvent avoir une influence et expliquer une augmentation de ce chiffre si l’on ne réagit pas rapidement. Tant que la prévalence est faible, nous avons une chance de pouvoir arrêter la progression du virus. C’est ce qui explique d’ailleurs qu’en tant que Programme des Nations unies pour le développement, nous considérons le sida comme un problème de développement et non pas comme un problème de santé. Il ne s’agit pas uniquement d’un virus, mais d’un fléau qui a un impact certain sur l’ensemble du développement. » Établi il y a six ans, le programme régional du PNUD sur le VIH-sida, basé au Caire, a entamé de nombreuses et diverses activités. Rien que pour l’année en cours, 114 actions ont été planifiées. Ce qui se traduit en pratique par près de deux ateliers de travail par semaine dans chaque pays arabe, « axés sur les demandes de chaque pays, sur les financements que nous recevons et selon le plan d’action de chaque année ». Ces activités visent notamment à limiter la discrimination à l’égard des personnes atteintes du sida en faisant la promotion de leurs droits. Pour ce faire, le Programme régional du PNUD sur le VIH-sida travaille beaucoup avec les médias et les dignitaires religieux en collaboration avec les législateurs. « Nous avons déjà préparé un projet de loi de 29 articles rédigé par 70 législateurs, magistrats, activistes dans le monde des droits humains et personnes vivant avec le VIH dans le cadre d’un atelier de travail, souligne Mme Moalla. Nous l’avons proposé à tous les Parlements arabes, mais les réactions ont été différentes et tributaires de la réalité, surtout politique, dans certains des pays arabes. Toutefois, en avril 2007, Djibouti a promulgué une loi pour promouvoir les droits des personnes vivant avec le VIH. Au Yémen, un projet de loi est en train d’être discuté au sein du Parlement. Nous espérons que d’autres pays de la région agiront dans ce sens. Nous travaillons également avec la Ligue arabe pour établir une convention ». Ne plus se limiter aux stratégies Le travail acharné du Programme régional du PNUD sur le VIH-sida a déjà commencé à porter ses fruits. En décembre 2004, la Déclaration du Caire a été ratifiée par près de 80 responsables religieux chrétiens et musulmans dans les pays arabes. « Cette déclaration est un message de compassion vis-à-vis des personnes vivant avec le VIH », insiste Mme Moalla. Un an et demi plus tard, en mai 2006, 80 religieuses chrétiennes et musulmanes ont signé à leur tour la Déclaration de Tripoli. Celle-ci pose les principaux points pour protéger la femme et l’enfant du virus du sida. « Ces déclarations sont en soi un grand accomplissement dans le monde arabe, remarque-t-elle. Mais ce qui est encore plus important c’est le réseau “chahama” qu’ont créé ces responsables religieux en novembre 2006 pour répondre au sida. Ces derniers sont très actifs et leur travail ne se résume pas aux prêches du vendredi ou aux sermons du dimanche. En effet, un grand nombre d’entre eux sont en contact avec des groupes vulnérables et les aident. Donc c’est le message en pratique de ces dignitaires religieux qui est important ainsi que la mise en œuvre de cette déclaration. » Pensez-elle que l’objectif du millénaire visant à limiter l’expansion du sida d’ici à 2015 sera atteint ? « Pour atteindre cet objectif, j’estime que de plus gros efforts doivent encore être déployés, répond Mme Moalla. L’objectif de 2015 serait d’arrêter la progression du virus, ou du moins la ramener à 1 %. Malheureusement, selon les projections de la Banque mondiale, celle-ci sera à 4 % si on ne réagit pas, à l’exception du Djibouti où la progression du sida frôlera les 16 %. C’est un chiffre énorme pour le monde arabe. Si nous voulons réellement arrêter cette épidémie, il faudra redoubler d’efforts, mais surtout agir et ne pas se limiter aux stratégies. Nous avons tous de belles stratégies. Nous avons écrit de très beaux documents. On dépense énormément de temps et d’argent à le faire, mais après personne ne les applique. Il faudrait au contraire agir et travailler au niveau de l’accès aux médicaments. Nous sommes la pire région au monde dans ce cadre. Nous n’assurons le traitement qu’à 5 ou 6 % des personnes qui en ont besoin. Or l’Amérique latine le donne à 65 % de sa population. Je ne vois pas pourquoi cette région serait meilleure que le monde arabe, où les pays riches peuvent par solidarité aider les autres pays, pour que nous puissions assurer l’accès aux médicaments à un plus grand nombre de personnes qui en ont besoin. Je sais que les ministères de la Santé dans les pays arabes sont en train d’assurer gratuitement ces médicaments. Mais le drame, c’est que les gens n’osent pas se faire dépister à cause du stigma. Il va falloir donc créer un environnement favorable aux gens pour qu’ils puissent oser se faire dépister sans risquer pour autant d’être chassés de leur travail ou stigmatisés par leurs familles et leurs proches. » Le drame du sida Espère-t-on un changement des mentalités après ces ateliers de travail ? « Il est vrai que le monde arabe est l’une des régions où la conscience politique est faible, répond Mme Moalla. Malheureusement, les guerres, les conflits, la pauvreté et plusieurs autres facteurs entrent en jeu et font que le sida n’est pas conçu comme une priorité. C’est là le drame. Le jour où le sida atteindra les proportions d’une crise, on ne pourra plus l’arrêter. Nous espérons qu’à travers la collaboration des médias, un plus grand intérêt sera accordé au sujet et qu’un travail sera réalisé pour promouvoir la protection des droits des personnes atteintes du VIH. Il s’agit là d’un moyen de changer les attitudes, mais évidemment ce n’est pas suffisant pour espérer que les gens modifient leur propre comportement. L’information à elle seule ne suffit pas, c’est la raison pour laquelle nous travaillons sur d’autres méthodologies pour atteindre les personnes qui ont un comportement à risque et les pousser à le changer. Et c’est une chose beaucoup plus compliquée qu’on ne le pense. » Quel message aimerait-elle lancer ? « Je voudrais saluer toutes les personnes atteintes du sida, qu’elles soient au Liban ou dans d’autres pays du monde arabe, insiste Mme Moalla. J’aimerais que nous nous unissions tous afin de pouvoir leur offrir un environnement qui ne soit pas stigmatisant ni viole leurs droits, mais qui au contraire les protège. J’aimerais m’adresser également à toutes les femmes qui risquent malheureusement d’être infectées pour leur dire que 80 % des infections arrivent dans le cadre du mariage. La femme arabe croit ainsi à tort qu’elle est protégée du fait qu’elle est mariée. Ce qui n’est pas vrai. J’aimerais aussi lancer un message de prévention à toutes les personnes pour se faire dépister, afin de pouvoir se protéger et protéger l’autre. J’aimerais aussi rappeler que le virus n’est pas importé. Il est d’ores et déjà dans la région. Enfin, je voudrais affirmer qu’il est de notre droit de protéger toutes les personnes qui sont sur notre territoire, réfugiées ou migrantes. De la même manière qu’on demande à l’Europe de protéger nos citoyens chez elles, il est indispensable de protéger n’importe quel autre citoyen qu’il soit d’Asie ou d’ailleurs. » (Source: « L´orient- Le Jour » -Le quotidien libanais d’expression française mercredi 23 juillet 2008)