TUNISNEWS
5 ème année, N° 1680 du 25.12.2004
البيـان الختامي للندوة السياسية للمبادرة الديمقراطية
صدور العدد الأول من « البوابة » نشرية التكتّل الديمقراطي من أجل العمل والحريات
قدس برس: تونس: صادرات النسيج تتراجع بسبب اشتداد المنافسة الدوليةالشرق الأوسط: الدول الفقيرة قد تفقد 27 مليون وظيفة نتيجة إلغاء نظام الحصص العالمي في أسواق الملبوسات والنسيج ماهر حنين: ثقافة الديمقراطيّة
الهادي بريك: مائة مصباح من مشكاة النبــوة – الحلقة الخامسة والعشرون
الحياة: ضحايا التعذيب في المغرب يكشفون أسرار «قبور تزمامرت» و« النساء الرجال» في «درب مولاي الشريف»
د.أحمد القديدي: تركيا بين الشرق و الغرب
توفيق المديني: وجه الرأسمالية الجديد – مرض الليبرالية الأمريكية -قاطرة النمو الأمريكي تجر الاقتصادالإقتصاد العالمي
Déclaration finale de la Conférence Nationale de l’Initiative DémocratiqueِAlternatives citoyennes : Le prix d’une gouvernance économique et politique désastreuse (Dossier) Le Matin: Le Maroc, leader dans le monde arabo-islamique Un livre de Meskaoui Ahmady: Manifeste De La Modernité Complémentaire
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Déclaration finale de la
Conférence Nationale de l’Initiative Démocratique
(Tunis- 18/19 Décembre 2004)
Le Comité National de l’Initiative Démocratique a tenu une Conférence Nationale les 18 et 19 Décembre 2004 à l’Hôtel l’Oriental Palace à Tunis, consacrée à l’évaluation approfondie de l’expérience de l’Initiative depuis sa création en tant qu’entente politique pluraliste contractée sur la base d’orientations fixées dans la plate-forme commune. La Conférence était appelée également à élaborer dans leurs grandes lignes les tâches qui attendent l’Initiative, les conditions politiques et structurelles de leur réalisation ainsi que les perspectives qui s’offrent à l’avenir pour le mouvement démocratique et progressiste.
Un très grand nombre de militants et militantes de l’I.D, notamment les représentants des Comités Régionaux, dont une délégation du Conseil de France, les présidents et membres des listes de candidats aux législatives présentées lors des élections d’Octobre dernier, et plusieurs amis et sympathisants ayant joué un rôle important dans le renforcement de la présence et du rayonnement de l’Initiative et de ses activités avant et tout au long de la dernière campagne électorale.
Cette présence massive a confirmé que l’Initiative a marqué des points dans la conquête d’espaces dans le champ de la politique, de la culture, du syndicalisme et celui des femmes, du fait de la jonction opérée entre les objectifs de l’Initiative tels que fixés par ses fondateurs et les aspirations de nombreux militants ou groupes de militants actifs dans divers secteurs, que ce soit au niveau régional ou au niveau national, y compris dans l’immigration.
Dans le même temps, les débats ont mis en relief les lourdes responsabilités qui pèsent désormais sur l’Initiative, qui s’est imposée comme un maillon qualitatif nouveau dans le parcours du mouvement démocratique et progressiste, qu’il convient de sauvegarder et de faire évaluer en fonction des nouvelles exigences. l’Initiative a été lancée comme un défi « osé » dans un climat national peu propice et dans une situation de l’opposition démocratique marquée par une absence de perspectives qui empêchait ses composantes de traiter les questions essentielles, notamment la nécessité du combat contre le système Etat/ Parti Unique et sa domination sur la société civile et politique, et de la lutte pour créer les conditions favorables à la réalisation de la transition démocratique dont notre pays a grandement besoin.
L’Initiative est parvenue, au-delà de ce qu’espéraient ses fondateurs, à ouvrir des perspectives nouvelles. Il est possible de dire aujourd’hui que la sortie du tunnel pointe à l’horizon et qu’un tournant dont il n’est guère possible de mesurer actuellement la profondeur est intervenu dans le climat politique et psychologique qui règne dans le pays depuis de longues années.
Les participants à la Conférence Nationale ont affirmé que s’il n’est pas raisonnable de tomber dans le triomphalisme quant aux acquis réalisés, il est légitime d’apprécier à sa juste valeur le fait que l’Initiative a réussi à réhabiliter l’identité du mouvement démocratique, tiraillé depuis quelques années par des courants qui ont contribué à créer l’ambiguïté quant à cette identité. L’I.D est parvenue en particulier à remettre les choses au point en affirmant avec clarté que le rejet sans concession de tous les projets despotiques, quelle qu’en soit la référence, constituait un élément non seulement du programme, mais de l’identité même du mouvement démocratique tunisien. La riche expérience des derniers mois a ainsi permis de montrer la possibilité, sur le terrain, de rejeter toute situation de bipolarité entre d’un côté le pouvoir et ceux qui gravitent autour de lui et de l’autre les organisations et groupes de l’Islam politique et ceux qui gravitent autour d’eux. L’I.D a affirmé avec force son refus d’admettre que le peuple et le pays soient pris en tenaille entre deux despotismes ennemis de la liberté, de l’égalité, de la justice et de la dignité. L’I.D est parvenue à se présenter comme l’esquisse d’un projet alternatif sérieux.
La Conférence a considéré qu’il était nécessaire que soit élaborée une évaluation approfondie de l’expérience vécue depuis la naissance de l’Initiative afin d’en tirer toutes les leçons, notamment quant aux différentes lacunes et insuffisances enregistrées, en particulier au niveau de l’information qui a été très en deçà des exigences, ainsi que de la communication et la concertation avec les Comités Régionaux, outre la grande lacune de l’insuffisance des observateurs du scrutin lors des élections d’Octobre. Pour être à même de réaliser ses tâches dans l’étape nouvelle qui commence, L’I.D doit pouvoir disposer de moyens de communication et d’information à la hauteur des projets et des perspectives qu’elle s’est fixée, afin d’assurer l’échange entre ses militants d’une part et de populariser auprès des citoyens ses orientations et ses objectifs.
La Conférence s’est en outre penché, tout au long de la 2ème Journée, sur les perspectives de l’Initiative et le parcours qui sera le sien, en fonction des luttes et des échéances de la période à venir dans les champs politique, social, culturel, et civique et de la nécessité de rassembler les énergies au sein et autour de l’Initiative pour mener les actions adéquates et mobiliser les acteurs et les forces concernés par ces actions.
Les intervenants ont montré une conscience aiguée de l’extrême importance des tâches qui attendent l’Initiative. La Conférence a adopté à ce sujet des recommandations et des orientations quant aux options politiques et de structuration qui s’imposent afin que la concrétisation du pôle démocratique et progressiste et l’approfondissement de l’alternative démocratique au niveau des différentes questions de société passent du stade du slogan et du vœu à celui de la construction et de la réalisation sur le terrain. Pour ce faire, il convient de consolider l’échange positif entre les diverses sensibilités de l’I.D sur la base de la plate-forme qui les rassemble (Textes du 18 mars, du 25 juillet, manifestes électoraux présidentiel et législatif etc…), et à travers l’approfondissement de la réflexion sur les questions fondamentales politiques, économiques, sociales, culturelles, environnementales, avec le souci constant de passer de la réflexion à l’élaboration au niveau régional, national et celui de l’immigration, de dossiers, propositions concrètes et projets alternatifs devant constituer des points d’ancrage pour des interventions militantes sur le terrain politique
La Conférence Nationale décide le principe de la participation aux prochaines élections municipales, qui pourraient constituer l’occasion de mener une nouvelle bataille politique après celle des élections d’Octobre 2004, sous réserve que les conditions soient, en temps opportun, jugées favorables.
Enfin la Conférence Nationale lance un Appel à toutes les forces démocratiques et progressistes, partis et groupes politiques, militants non organisés, pour contribuer ensemble à la construction du pôle démocratique et progressiste pluraliste, large et unifié, instrument incontournable pour la réalisation de l’alternative démocratique dont notre pays a tant besoin.
Tunis le 19/12/04
PR LA CONFERENCE
Le porte parole du Comité National
Me Ayachi HAMMAMI
البيــــــان الخــتــــــامي
للنــدوة السيــاسيـة للمبــادرة الـديـمقراطيـــــــة
( تونس العاصمة 18-19 ديسمبر2004)
******************
انعقدت يومي 18 و 19 ديسمبر 2004 بنزل الشرق بتونس العاصمة الندوة الوطنيــة
للمبادرة الديمقراطية من أجل تقييم شامل و معمّق للتجربة التي خاضتها المبادرة منذ نشأتها بصفتها ائتلاف سياسي متعدد الأطراف على أساس توجهات مشتركة ضبطت في الأرضية التي تكون على أساسها، و كذلك من أجل وضع ملامح المهام المطروحة على المبــادرة
و المتطلبات السياسية و الهيكلية لإنجازها، مع استشراف آفاق و مستقبل مسيرة الحركة الديمقراطية التقدمية.
و قد شارك في الندوة عدد كبير من مناضلي و مناضلات المبادرة من بينهم العديد من أعضاء اللجان الجهوية من بينهم وفد من مجلس المبادرة بفرنسا، و رؤساء و أعضاء القائمات الانتخابية التي قدمتها في الانتخابات التشريعية في أكتوبر الماضي، و كذلك عدد من أنصار المبادرة و أصدقائها و صديقاتها الذين كان لهم دور فعال في إضفاء المزيد من الحضور و الإشعاع لنشاطاتها و تحركاتها سواء قبل الحملة الانتخابية أو خلالها.
و قد أكد الحضور المكثف في أشغال الندوة ما تحقق من التحام مع عدة فضاءات سياسيــة
و ثقافية و نقابية و نسائية حيث التقت أهداف المبادرة كما حددها مؤسّسوها مع طموحات العديد من العناصر و المجموعات الفاعلة في حقول مختلفة، سواء على المستوى الوطني
أو المستوى الجهوي.
وفي ذات الوقت اتضحت من خلال التطلعات التي ميزت المداخلات و المناقشات ضخامة المسؤولية الملقاة على عاتق المبادرة باعتبارها أصبحت تمثل حلقة نوعية جديدة في مسيرة الحركة الديمقراطية و التقدمية ينبغي رعايتها و تطويرها حسب المستلزمات الجديدة. فقد انطلقت المبادرة كرهان جريء في ظروف صعبة بالنسبة للمناخ العام للبلاد و بالنسبة لوضع الحركة الديمقراطية المتميز بانسداد الأفق مما ساهم في عرقلة معالجة القضايا الجوهرية المتمثلة في مواجهة نظـام الحزب الحاكم لوضع حد لهيمنته علــى الدولـة
و المجتمعين السياسي و المدني و خلق الظروف الملائمة لإنجاز التحوّل الديمقراطي الذي تحتاج إليه البلاد. و قد تمكنت المبادرة و بصفة فاقت آمال مؤسّسيها من فتح آفاق جديدة تجعل من الممكن اليوم القول إن الخروج من المأزق بدا ممكنا و أن منعرجا لا يمكن اليوم تحديد مدى عمقه قد حدث في بلادنا و في المناخ السيا في المناخ السيانذ فترة ليست بالقصيرة.
و في هذا المضمار أكد المشاركون في الندوة على أنه و بقدر ما ينبغي عدم السقوط في الإنتصارية حول ما حققته المبادرة، فإنه ينبغي تثمين ما أنجز من تثبيت لهوية الحركة الديمقراطية التي تتجاذبها منذ سنوات بعض التوجهات التي ساهمت في إضفاء الضبابية على طبيعة الحركة نفسها. و قد كان للمبادرة في هذا الاتجاه دور أساسي في وضع الأمور في نصابها حيث جعلت بوضوح من رفض المشاريع الاستبدادية مهما كانت مرجعيتها ليس فقط إحدى ركائز برنامج الحركة الديمقراطية بل عنصرا أساسيا من هويتها.
إن التجربة الثرية التي تخوضها المبادرة منذ بضعة أشهر مكنت من المساهمة في توضيح الرؤية تجاه ضرورة رفض أي وضع يتواجه فيه مداران أولهما النظام الحاكم و من يعمل معه من أحزاب و تنظيمات و غيرها و ثانيهما تنظيمات الإسلام السياسي و من يعمل معها من أحزاب و شخصيات و مجموعات. و جاءت المبادرة لترفض مثل هذا الوضع الذي يجعل الشعب و البلاد رهينة بين مشروعين استبداديين معاديين للحرية و المساواة و العدالة و الكرامة و من مكاسب المبادرة أن المعركة السياسية التي خاضتها بمناسبة الانتخابات جعلتها تبرز كمشروع جدي لقطب ديمقراطي بديل.
و أكد المتدخلون في الندوة على ضرورة وضع تقييم شامل لتجربة المبادرة منذ نشأتها لاستخلاص العبر و تجاوز الثغرات و النقائص المختلـفة التـي سجّلت فـي عـدة مستويـات
و بالخصوص منها الإعلام حيث كان الأداء دون المطلوب و كذلك في مستوى الاتصال
و التشاور مع اللجان الجهوية إضافة إلى نقطة ضعف تمثلت في عدم توفير ما ينبغي من مراقبين للعملية الانتخابية. كما ألحّوا على ضرورة إيجاد الحلول التي تمكّن المبادرة في مهامها و صيغها الجديدة من أدوات اتصال و إعلام ملائمة و متماشية مع تصوراتها
و مشاريعها و آفاق عملها من أجل إحكام الصلة بين مناضليها و مناضلاتها من جهة
و بينها و بين عموم المواطنين و المواطنـات لمزيد التعريف بتوجّهــات الائتــلاف
و أهدافه من جهة أخرى.
و بقدر ما تناول المناقشون تقييم الماضي القريب فقد ركّزوا في اليوم الثاني للندوة على توضيح الرؤية حول مستقبل المبادرة و مسيرتها النضالية القادمة و ذلك بارتباط بما ينتظر الحركة الديمقراطية و التقدّمية من معارك و استحقاقات على مختلف الأصعدة السياسية
و الاجتماعية و الفكرية و الثقافية و المدنية وما تتطلبه هذه القضايا من تجميع للطاقات داخل المبادرة و حولها لخوض النضالات الضرورية لتعبئة الشرائح و القوى المعنية. و قد اتضح عمق القناعة لدى المشاركين بحساسية المهام في المرحلة الجديدة.
ووضعت الندوة في هذا المضمار التوصيات و التوجّهات العامة للمتطلبات و الخيارات السياسية و الهيكلية التي ينبغي على الائتلاف إنجازها حتى تصبح أهدافه سواء فيما يخص بناء القطب الديمقراطي التقدمي أو فيما يخص توضيح و تعميق البديل الديمقراطي في المجالات المجتمعية المختلفة ليست مجرد شعار أو حلم بل عمل نضالي دؤوب و فاعل يتقدم بالمسيرة الديمقراطية. و من أجل ذلك طرحت ضرورة تمتين التّفاعل الإيجابي بين مختلف حساسيات المبادرة حول أرضيتها المبينة في أدبياتها ( 18 مارس / 25 جويليــة
/البيانان الانتخابيان الرئاسي و التشريعي – أكتوبر) عبر تعميق التفكير في المسائل الجوهرية السياسية و الاجتماعية و الثقافية و الإقتصادية و البيئية و العمل على الانتقال من التفكير في هذه المسائل إلى تحويلها إلى ملفات و مقترحات ملموسة و مشاريع بديلة جهويا
و وطنيا بما في ذلك في الهجرة، ثم تفعيلها في مستوى الممارسة السياسية الميدانية.
و قد أقرت الندوة مبدأ المشاركة في الانتخابات البلدية القادمة باعتبار أنها يمكن أن تشكّل فرصة سانحة لخوض معركة ديمقراطية جديدة بعد معركة انتخابات أكتوبر، شريطة أن تتوفر الظروف الدنيا الملائمة التي يقع النظر فيها في الإبان.
و أخيرا تتوجه الندوة الوطنية بنداء إلى جميع القوى الديمقراطية و التقدمية، أحزابا كانت أو مجموعات أو مناضلين غير منتظمين إلى مشاركتها في السعي لبناء القطب الديمقراطي التقدمي التعدّدي والواسع و الموحّد باعتباره أداة لا غنى عنها لتحقيق البديل الديمقراطي الذي تحتاجه بلادنا.
تونس في 19 ديسمبر 2004
عــن النـــــدوة
النـاطق الرسمي للجنة الوطنـية
الأستاذ عياشي الهمامي
الوعي المدني يختلف من حيّ إلى حيّ
لم تتجاوز نسبة الإقبال على المشاركة في الانتخابات الأخيرة بإحدى مكاتب دائرة سوسة ( حيث تولى رئيس قائمة التجديد – المبادرة الديمقراطية مراقبة العملية من أولها إلى آخرها) الـ% 30 من عدد المرسمين في حين تجاوزت هذه النسبة 90% في المكتب المجاور الخالي من المراقبة طبعا. ولو تعلق الأمر بتجاوزات في الأصوات التي تحصلت عليها القائمات المتنافسة لتفهمنا الأمر وأرجعناه لشعبية هذا المترشح أو ذاك في هذه المنطقة وانعدامها أو ضعفها في منطقة أخرى،. أو ربما فسرنا الأمر بعلاقات ذاتية أو عائلية يمكن أن تتوفر في حي وتنعدم في حي آخر. أمّا أن يتعلق الأمر بنسبة الإقبال في حد ذاتها على المشاركة في الاقتراع وبهذا الفارق المهول بين حي وحي لا تفصلهما أكثر من مائتي متر فسبحان الله ! وإن للتجمّع آيات ومعجزات لمن أراد أن يصدق ويؤمن ولمن كذّب وشكّك فإن بطش البوليس لشديد.
إذا كان حماة البيت حرامييه
أحصى أعضاء قائمة حركة التجديد -المبادرة الديمقراطية بجهة المنستير يوم 24/10/2004 جملة من التجاوزات وطلبوا من السيد والي الجهة قبولهم لإطلاعه على هذه التجاوزات، وتم لهم ذلك بالفعل وما أن دخلوا مكتب السيد رئيس الدائرة السياسية بالولاية حتى وقعت أنظارهم على كومة من البطاقات الحمراء الخاصة بالانتخابات الرئاسية وعدد آخر من الظروف الشفافة الخاصة بنفس الانتخابات. ثم استضافهم المعتمد الأول ليستمع إلى شكاويهم فبادروا بالاستفسار حول الغرض من وجود تلك البطاقات والظروف في الوقت الذي يفترض أن تكون قد وزعت على مكاتب الاقتراع وأعربوا عن تخوفهم من أن تستغل لتضخيم أصوات المرشح بن علي وتعويض ما قد يسحب من أصوات مرشحهم، إلا أن السيد المعتمد طمأنهم وأعلمهم بأن المطبعة قد أخطأت في عدد الأوراق الخاصة ببن علي و عوض أن ترسل مجموعات بألفي بطاقة أرسلت مجموعات ب 1650 بطاقة فقط مما حدا بالمسؤولين في الولاية إلى طلب هذه الأعداد الضخمة من الأوراق لتعويض النقص الحاصل.
وللخبرة والتجربة دوراهما
كانت الساعة تشير إلى حوالي الثانية بعد الزوال حين قدم رئيس الشعبة الجنوبية بإحدى المدن الساحلية يعلم زميله في الشعبة الأخرى بأن « الأمور مزمّرة » وأن نسبة الإقبال على المكاتب لم تتجاوز %37 رغم المجهود الجبار الذي قامت به سيارات التاكسي في جلب المواطنين ورغم الحماس الفياض الذي أبداه » مناضلو التجمع « في إحراج المواطنين وتحويل وجهتهم عنوة لمكاتب الاقتراع. وما أن أتم عرضه حتى استحضر سامعه كامل تجربته وخبرته في الغرض وأشار عليه بأن لا يرسل التكسيات لجلب المواطنين بل عليه أن يكتفي بتجميع البطاقات والتصويت بدل أصحابها ثم أمره بأن يجهز مجموعة من الظروف تقارب عدد المتغيبين وأن يسقطها في الصندوق في الدقائق الأخيرة التي
عندما تتحول المعتمدية إلى قاعة عمليات
ما إن برمجت قائمة حركة التجديد -المبادرة الديمقراطية عقد اجتماع عام بمدينة المكنين يوم 21 أكتوبر حتى تجندّت مليشيات التجمع تخطط لكيفية منع هذا الاجتماع فتفتحت قريحة صيدلي ( درس في فرنسا وتشبع بقيم الحرية والديمقراطية…) على فكرة إرسال بعض « المفرخة » لإفساد الاجتماع ومنعه-أسوة بما حدث في صيادة-ثم تعمق النقاش وطرح العقلاء تكوين لجنة من عضوي الشعبة المهنية لشركة « تيسموك » ورئيس شعبة التاكسيات وكل العمد وبعض أعضاء الشعب الترابية أعضاء لجان الأحياء والفنان الشعبي . وبإشراف مباشر من السيد معتمد المكنين الذي كان يدير العمليات من داخل بهو المعتمدية. حيث توزع هؤلاء حول دار الشباب وأرهبوا كل من اقترب من المكان ونصحوه بالانصراف حتى لا تقع معاينته من قبل أعوان الأمن الذين تواجدوا هم أيضا بأعداد مكثفة..فهكذا تكون الديمقراطية ويكون التحضر !
في الكاف :أعضاء الشعب صوتوا بدل المواطنين
انطلقت الحملة الانتخابية للتجمع في جهة الكاف منذ أوائل سبتمبر 2004 ولم تظهر للعيان أية بوادر انتخابية تعددية حتى إبان الفترة القانونية المقررة للحملة الانتخابية بداية من 10 أكتوبر، ففي مدينة الكاف اجتاحت اللافتات الدعائية لمرشحي التجمع في (الرئاسية والتشريعية) جميع الشوارع والأنهج وواجهات المؤسسات العمومية من معاهد ومدارس ومستشفيات وإدارات فلاحية وشركات حكومية. ولم ينج من هذا الفيض قصر بلدية الكاف الشامخ والذي نشرت لافتة عملاقة على كامل حائط شرفته تمجد الإنجازات الرّائدة.في جهة ترزح تحت كلكل الحزب الواحد الأحد،. وفي يوم 24 أكتوبر 2004 جندت منذ الصباح الباكر سيارات التاكسي وأخذت مواقعها قرب العديد من مكاتب الاقتراع، وأمام مدرسة حي حشاد وسط المدينة أرسى طابور من التاكسيات استعدادا لجلب الناخبين والناخبات من ديارهم عنوة. أما في المكاتب الريفية فالنقل الريفي الخاص وضع هو الآخر في حالة تأهب ولعب أعضاء الشعب الدستورية دورا بارزا في جلب الناخبين من مزارعهم، ففي تعاضدية النجاة سابقا (8 كلم غربي مدينة الكاف) والتي هي الآن بأيدي خواص بادر أحد الناخبين بأخذ جميع الأوراق لكنه صد على عقبه وأرغم على حمل ورقة حمراء لوحدها وعندما هم بالدخول إلى الخلوة انتشل بقوة من قبل أعضاء الشعبة وأجبر على وضع الظرف مباشرة في الصندوق.
نماذج من جرجيس :أ – حملة باهتة
لقد كانت الحملة باهتة وباستثناء بعض الأماكن فإن الأحزاب المشاركة لم تتمكن -أو لم تر فائدة – من تعليق لافتاتها وتوزيع بياناتها وكأن الرأي السائد هو أن اللعبة ملعوبة والنتائج مقررة وبالنسبة للمحظوظين » الخبز مخبوز و الزيت في الكوز ».
مجريات المهزلة الانتخابية : نماذج وشهادات كاشفة
تونس: صادرات النسيج تتراجع بسبب اشتداد المنافسة الدولية
الدول الفقيرة قد تفقد 27 مليون وظيفة نتيجة إلغاء نظام الحصص العالمي في أسواق الملبوسات والنسيج سوق هائل يصل حجمه إلى نصف تريليون دولار والصين والهند تستعدان لاقتناص المكاسب
مائة مصباح من مشكاة النبــــــــــــــــــــــــــــــوة
الحلقة الخامسة والعشرون
أخرج الشيخان عن أبي هريرة أنه عليه السلام قال » إن عبدا أصاب ذنبا فقال يا رب إني أذنبت ذنبا فأغفره لي فقال له ربه علم عبدي أن له ربا يغفر الذنب ويأخذ به فغفر له ثم مكث ما شاء الله ثم أصاب ذنبا آخر فقال يا رب إني أصبت ذنبا آخر فأغفره لي فقال ربه علم عبدي أن له ربا يغفر الذنب ويأخذ به فغفر له ثم مكث ما شاء الله ثم أصاب ذنبا آخر فقال يارب إني أصبت ذنبا فأغفر لي فقال ربه علم عبدي أن له ربا يغفر الذنب ويأخذ به غفرت لعبدي فليعمل ما شاء « .
موضوعه : عنوان الاسلام الامل وعدو الاسلام اليأس واليائس من الرحمان هالك قبل الهلاك: يمكن أن يقول المرء بإطمئنان غامر أن أكبر الذنب يأتيه المؤمن هو اليأس من رحمة الله سبحانه بالغ ما بلغت فواحشه حتى ملات قراب الارض نتنا فناطحت السماء ونازلت الثريا وذلك لا ينافي أن أكبر ذنب هو الشرك لان ذلك في حق غير المؤمن فلا يقال أن أعظم ذنب يأتيه المؤمن هو الشرك لان المؤمن لو أشرك حبط عمله وخرج من عداد المؤمنين وكلما كان في عداد المؤمنين فإن أكبر الاثام طرا في حقه هو اليأس من رحمة الله سبحانه ومصداق ذلك قوله « إنه لا ييأس من روح الله إلا القوم الكافرون » والكافرون هنا إما كافرون حقيقة أو كافرو نعمة ومرد ذلك حجم اليأس منه سبحانه وأثر ذلك في النفس والحياة وقد تغشى المؤمن ولا ريب لفحات يأس عاتية في ساعات العسرة غير أنها عابرة سرعان ما تنقشع ويجليها صيب الايمان وطيب اليقين وتنزل غيوث الصبر وبردات الثبات أما الكافر أيا كان صنفه فاليأس من رحمته سبحانه يجثم على قلبه لا يفارقه ولاشك أن خيطا رقيقا دقيقا يفصل بين بعض المؤمنين الذين طبع اليأس على قلوبهم وبين الكفار الذين إربدت قلوبهم بالكلية لذلك قال عليه السلام محذرا من زمن الفتنة » يصبح الرجل مؤمناويمسي كافرا » ولذلك كان عليه السلام كثير الدعاء » اللهم يا مقلب القلوب ثبت قلوبنا على دينك » وأخبر أن القلوب بين إصبعين من أصابع الرحمان يقلبها كيف يشاء .
التوبة هي العبادة المشتركة الوحيدة بين سائر المخلوقات مطلقا لا يستنكف عنها روح ولا حجر: يمكن للمرء أن يتعجب كيف يتوب جبريل أمين الوحي وأقرب الملك المفطور على الطاعة إلى الباري سبحانه وكيف يتوب الانبياء والمرسلون سيما أهل العزم منهم وكيف يتوب الحجر والشجر والنهر والوبر ولو نظرت في السبب لبطل العجب والسبب هو أن المتوب إليه لا يقدره مخلوق حق قدره ولا روح الوحي وأمينه جبريل فضلا عمن سواه إذ لو ذكرت نعمة واحدة من نعمه التي بسطها على الوجود إنشاء وخلقا وتدبيرا لم نتعرف إلىاليوم إلا على قطرة من محيط هادر مائج متلاطم منه لالفيت أن العقل ببصره وباصرته يرجع إليك خاسئا وهو حسير بعد جولة في الافاق البعيدة ليس بظافر منها بغنم كبير ولو تدبر المرء في تضحية والدته من أجله لظل يخفض كل أجنحة الرحمة ليل نهار صباح مساء ثم لا يشعر أنه موفيها أجر حركة غير محسوبة منه جنينا في بطنها أقضت مضجعها شهرا فماذا لو تدبر في نعمة من أوجده وسواه ورزقه وسخر له كل شئ حتى الكواكب والاكوان التي لم يكتشفها العلم بعد ولكن الذي يحجب عنا ذلك حقا هو الغفلة التي لا تعني سوى نبذ التفكر والتدبر والتأمل ولو تعجبت كيف يتوب الحجر ومم يتوب لالفيت أنه يتوب مسبحا لا يفتر كالملك المقرب تسبيحا لا نفقهه ولكن نؤمن به فما الذي يجعله يسبح ربما عبر الحركة الالكترونية الدائرية التي لا تهدأ توجب ثم تسلب وهو لا يعقل ولا يشعر بنعمة ربه عليه ولو تدبرت لاستعصى التدبر على العقل ولكن للحجر الاصم روحا تحب بدليل قوله عليه السلام » أحد جبل يحبنا ونحبه » وبدليل سلام الشجر والحجر عليه عليه السلام والقاعدة المحكمة في ذلك أن كل مخلوق هو أبدا مدين لخالقه شاكرا لولي نعمته إن كرها كالحجر والملك أو طوعا كالانسان والجان وتلك هي مقتضيات شهادة التوحيد إذ أنه سبحانه إله في الارض بحجرها وشجرها وإله في السماء بملكها وبسائر ما لا نعلم منها وألوهيته لا تقتصر على العقلاء ولا على غيرهم بل هي عامة شاملة فسبحان من يسبح الرعد بحمده والملائكة من خيفته وسبحان من يقلب الليل والنهار وسبحان من جعل في ذلك عبرة لاولي الابصار . فالتوبة بالخلاصة هي العبادة الوحيدة المشتركة بين سائر المخلوقات طرا عاقلها وغير عاقلها وهي كذلك لان المتوب إليه قهار خلاق متكبر ولي نعمة لا تعرف حتى تحصى وما عرف منها لا يحصى وما حصي منها لا يشكر شكر وفاء ولكن شكر ذلة وحمد . ولذلك لا تتعجب كيف كان عليه السلام يستغفره سبحانه ويتوب إليه في اليوم أكثر من مائة مرة أي بمعدل مرة كل ربع ساعة تقريبا على مدار العمر .
أملاح القلب الحي : خوف ورجاء : القلب بيولوجيا مضغة وظيفتها مسك وضبط وتصريف السيولة الدموية في الجسم الحي بمثابة الخزان المركزي في معمل كبير أما معنويا فهو تلك اللطيفة الروحية التي بها نتعاطف حبا وكرها وأملا وخوفا ولضمان حياته الروحية لابد له من مراقبة تكوينه المزدوج من خوف من باريه سبحانه ورجاء فيه فالقلب ملك له وحده وسائر ملكاتنا الفطرية إذ يملك الانسان لبدنه ربما أمرا أما روحه فهي من روح الله وديعة فيه مستودعة يقلبها هو كيف يشاء ويتوفاها متى يشاء وهو الذي بناها على ملحين في الظاهر متناقضين ولكنها في الباطن متلازمين لحياة القلوب إذ الخوف وحده يقنط من فضله سبحانه والرجاء وحده يؤمن من مكره والانسان بحكم إزدواجية تكوينه بخلاف الملك والشيطان فضلا عن الحجر والشجر لا يستقيم حاله بدون إصطحاب الازدواج في كل شئ ولاشغب من لدن الذين لا يوقنون لان الانسان مفطور على الخوف فإن خاف ممن يملك له الضر كان خوفه مقبولا ومعقولا وفي محله ثم هو يؤمنه من الخوف من غيره وسائر من غيره لا يستحق الخوف منه إلا خوفا من دابة أو عدو فهو خوف لا ينال من صفاء التوحيد لانه فطرة تحفظ غريزة حب البقاء ولا شغب أيضا لان الانسان مفطور على الحب أي الامل والرجاء فإن أحب ورجا وأمل في من يملك له شيئا فشخصيته النفسية سوية مطمئنة ثابتة مؤهلة للصمود أمام العاتيات وهو سبحانه يملا صدور أعدائه منه مهابة لذلك نصر عليه السلام بالرعب مسيرة شهر وأن أمل في عاجز مثله فهو طفولي التفكير يطمع في حبة حلوى من كهل يقدم عليه وذلك مبلغ الذين لا يوقنون من العلم وليس بالضرورة أن يظل الملحان الخوف والرجاء في ميزان القلب بالتساوي حجما وأثرا ولكن لا بد لكل واحد منهما من قدر محدد يضمن الحياة القلبية السوية والماسك بينهما الميزان دون طغيان ولا إخسار هو الفالح حقا فإنه لا يأمن مكرالله إلا القوم الخاسرون ولا ييأس من روح الله إلا الكافرون إلا حال المنية قال العلماء بأن ميزان القلب من المستحسن أن يفيض إلى جانب الرجاء وحتى في هذا المقام فلا بأس من قدر من الخوف والدليل أن الرجل الذي أمر بحرقه بعد موته غفر الله له لخوفه منه لا لرجائه فيه والتوسط مظنة الصواب أبدا حال الحياة وحال الموت والله أعلم .
تحرير القول في قوله » فليفعل ما يشاء » : لامناص من جمع النصوص بعضها إلى بعض فيفسر بعضها بعضا وإلا حكمنا الرؤية المجزأة القاصرة فضللنا وأضللنا وقوله في نهاية الحديث فليفعل ما يشاء معناه كلما كان مستغفرا تائبا بعد الذنب فليواصل في ذنبه وليواصل في توبته ولاشك أن التوبة تغلب بالحساب العملي الذنب لانها مؤهلة للتكاثر إلى أضعاف مضاعفة تصل إلى حد سبعمائة ضعف بل أكثر بل أكثر مما يحصى أما الذنب فإنه مؤهل للاندثار بمجرد التوبة وربما يلبث رصيدا جامدا لساعات طويلة فإن لم تضعه توبة كتب ذنبا واحدا وبالتالي فإن الشقي في الدنيا والاخرة ليس من يذنب ولكن الشقي فيهما هو من لا يتوب من ذنبه لانه لو تاب من ذنب واحد لمحى عنه تسعة ذنوب أخرى فلا يغلب عسر واحد يسرين أبدا ولكن يغلب الشقي نفسه فيهلكها وهو يحسب أنه يحسن صنعا وقال العلماء أنه رب ذنب ورث ندما خير من طاعة ورثت غرورا ولو تدبرت توبة الله على قاتل مائة نفس كاملة حتى أنه زوى له الارض لتختلسه أرض الرحمة من أرض العذاب لما يئست من رحمته سبحانه يوما وإن أردت زيادة أمل فأذكر أنه سبحانه لم يخصص للتوبة لا زمانا ولا مكانا ولا حالا ولا قربانا وليس لها من شروط سوى إنقشاع الغفلة وذكر الله والاستغفار فالباب دوما مفتوح بل ليس ثمة باب أصلا فهو معك أينما كنت وكيفما كنت ورب تائب رحم الله به جمعا غفيرا ينظر إليه أنه سبب البلاء كما ورد في قصة موسى وأصحابه حين يستسقون الغمام فالتوبة أمل لا يحتاج إلى لسان ولا إلى قلم ولا إلى هيئة بل إلى قلب ييقظ بعد غفلة يبدل الحياة بأسرها من ليل أسود يملاه اليأس إلى ضحى أبهر يتلالا نورا فهل تجد هذا في دين غير دين الاسلام ولدى رب غير الرحمان سبحانه فخذها إليك فأنت بذلك مكرم محرر من نفسك وأحص مظاهر تكريمك لا تحصيها .
الهادي بريك / ألمانيا
Le prix d’une gouvernance économique et politique désastreuse
C’ est la Banque mondiale qui le dénonce elle-même, en termes à peine diplomatiques : le climat des affaires malsain et douteux qui règne en Tunisie vient aggraver une situation économique et sociale dans laquelle les plus importants indicateurs sont au rouge, jusque dans le secteur des techniques de l’information et de la communication et de l’industrie des réseaux. Le pays qui se veut hôte de la seconde phase du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI) en novembre 2005 aura bien du mal à mettre en avant des réussites en termes d’infrastructure et d’emploi dans ce domaine pour cacher l’absence totale de liberté d’information et de communication.
Plus globalement, le débat qui s’est engagé à la faculté des sciences économiques de Tunis à l’issue de la présentation du rapport de la Banque mondiale sur les politiques d’emploi et de développement de la Tunisie renforce la position de la société civile tunisienne, en particulier de l’opposition démocratique, quant à la mauvaise gouvernance économique et politique qui dilapide les acquis de la nation. Si le constat est partagé, le compte-rendu du débat que nous propose Nadia Omrane montre que les économistes tunisiens qui se sont exprimés ont marqué leur réticence à voir le pays se conformer à la lettre à la politique ultralibérale préconisée par les institutions de Bretton Woods.
Dans sa communication présentée lors d’un récent séminaire à Tunis, qu’il a bien voulu nous autoriser à reproduire, Khemaïs Chammari s’interroge toutefois sur la marge de manoeuvre des pays en voie de développement et sur les conditions de leur transition démocratique dans un contexte mondialisé. Il y traite également ce qu’il appelle « le lancinant problème des investissements et les mirages des institutions financières islamiques ».
Dans plusieurs secteurs, il y aurait pourtant peu à faire pour un meilleur développement, plus durable et plus soucieux de l’environnement, offrant des perspectives de création d’emploi et même un contexte favorable au dialogue des cultures qui fait tant défaut par ces temps tourmentés. C’est le cas par exemple du secteur du tourisme, comme le montre un récent rapport du PNUD présenté à Tunis.
http://www.alternatives-citoyennes.sgdg.org/num13/dossier-w.html
Inquiétante évaluation de l’économie tunisienne selon la Banque Mondiale « Ni transparence institutionnelle ni règle du jeu »
La Banque mondiale vient-elle à la rescousse de la société civile tunisienne ? En témoigne ce débat à l’université de Tunis qui reprend son rôle de phare de la pensée qu’elle avait perdu depuis 1985.
La mission de la Banque mondiale en Tunisie, hébergée dans les locaux de la Banque africaine de développement, a soumis à la discussion deux de ses rapports concernant la Tunisie (emploi et politique de développement) et cela dans la belle salle de thèses de la faculté des Sciences économiques de Tunis II où l’institution financière internationale tient un bureau.
Devant un parterre d’universitaires et de doctorants, une discussion très libre s’est engagée, dressant au final un bilan inquiétant de l’économie tunisienne. Ils tirent la sonnette d’alarme sur un état des lieux opaque, sans véritable règle du jeu et dont les indicateurs soulignant une mauvaise gouvernance avertissent qu’il y a péril en la demeure.
À la tribune et dans la salle, les experts tunisiens enfonceront le clou dans cette plaie vive de la nation.
Tout en remerciant les organisateurs de nous avoir permis d’assister à ce très important débat, dont nous rendons compte rapidement à 48 heures de notre mise en ligne, notre journal s’engage à accompagner dans une proximité critique l’effort d’intellectuels et d’acteurs de la société civile tunisienne dans cette réflexion libre, lucide et courageuse au fondement d’une construction démocratique.
La rédaction
Dans un exposé clair et pédagogique, dans le ton soft de la Banque mondial (BM), c’est à grands traits renvoyant du reste à des documents plus complets, que Théodore Ahlers, responsable du département Maghreb de la Banque, fit un diagnostic sans la moindre complaisance de la politique de développement en Tunisie. À partir de l’identification des atouts et des défis, il proposa quelques axes de redressements possibles.
Atouts et défis tunisiens
Parmi les atouts, il releva une croissance soutenue dans un environnement difficile, référence faite particulièrement à l’ouverture de l’Union européenne sur son flanc oriental.
La Tunisie a aussi ces derniers mois accusé le contrecoup de l’inflation des prix du pétrole. Pourtant sa croissance est demeurée élevée, plus élevée d’ailleurs que la croissance des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord et que de la moyenne des pays à revenu intermédiaire. Toutefois, la Tunisie reste en deçà de la croissance de la Malaisie, la Corée du Sud, Thaïlande, l’Ile Maurice, et le Chili (la BM oubliant l’Iran).
Le deuxième point fort relevé par Théodore Ahlers est la réduction de la pauvreté de 8% de la population en 1995 à 4% aujourd’hui. Notons cependant qu’il s’agit là de la pauvreté absolue, du complet dénuement, alors que le pourcentage de la pauvreté relative évaluée en termes de précarité, de non-satisfaction d’un certain nombre de besoins nouveaux qui sont le socle de la qualité de la vie, est bien plus élevé, faisant émerger une couche de travailleurs pauvres et dont s’amenuisent toutes les protections sociales. Cet aspect n’est pas pris en compte par la BM, alors que cette dimension est fondamentale pour un pays émergent.
L’autre point fort concerne la préservation globale des équilibres macro-économiques, ce qui a permis au pays de postuler pour certaines aides internationales.
Dés lors, Théodore Ahlers amorce la liste des faiblesses. Le premier point noir est incontestablement le chômage, particulièrement dans le secteur privé où l’emploi est en perte de vitesse selon la BM. Les intervenants majoreront le taux de 14% à 16% en minimum de chômeurs. Le rapport considère que pour réduire de 3 points ce taux, il faudrait que la croissance soit au moins de l’ordre de 6,5%.
Cette dynamique de croissance repose certes sur des investissements privés supérieurs mais aussi sur davantage de qualification psychologique des ressources humaines, celles-là mêmes que requièrent les secteurs à haute valeur ajoutée. C’est tout le développement de l’économie du savoir qui est ici en question.
Théodore Ahlers relève alors la faiblesse de l’investissement privé dans le secteur des services et industries des réseaux. Le rapport souligne le découragement de l’investissement privé dans ce dernier secteur et l’on peut ainsi confirmer par l’existence d’un quasi-monopole de l’État confondu avec quelques entreprises privilégiées, dans les technologies de l’Internet et services associés.
En dehors des incertitudes liées au contexte du libéralisme européen (problèmes des délocalisations et chômage en Europe), cette tutelle exercée sur l’économie du savoir, soumise à une vraie fermeture, à une très grande frilosité des pouvoirs publics, est une des causes majeures du recul de l’investissement privé.
La Banque Mondiale ne le dit peut-être pas aussi directement, mais elle est très claire quand il s’agit de mettre à l’index le climat des affaires dans la chute de l’investissement privé.
Théodore Ahlers souligne en particulier les interrogations qui portent sur « la prévisibilité et la transparence du cadre réglementaire concernant notamment la concurrence ». Ainsi, précise-t-il en matière de marché « est-ce que c’est la même règle du jeu pour tout le monde ? ».
À l’évidence, le libéralisme prôné par la Banque Mondiale ne peut s’accommoder d’une réponse négative décourageant particulièrement les investissements directs étrangers autant que nationaux, faisant barrage à une politique de privatisation. Toutefois, dans le débat et quelles que soient les divergences sur l’ouverture libérale, tous s’accordent à dénoncer un climat des affaires plus que douteux et l’opacité de la gestion financière.
Quelques lignes de conduite possibles
De ce diagnostic, la Banque Mondiale dégage des pistes de redressement.
D’abord, pour améliorer l’investissement privé, la Banque préconise évidemment la transparence, la prévisibilité et l’harmonie du cadre réglementaire, particulièrement le décalage off shore/on shore, en somme la levée des incertitudes réglementaires. Dans la logique, le rapport recommande d’améliorer le cadre technique de la concurrence, l’infrastructure offerte, l’autonomie des services administratifs.
L’autre axe concerne le renforcement de la solidité du secteur bancaire et son assainissement. Malgré certains progrès, le système bancaire reste encombré par des créances improductives sous-provisionnées, limitant sa capacité de financer l’investissement productif. Cela suppose l’assainissement des bilans et une meilleure sélectivité dans la distribution des crédits. Le rapport stipule :
« – Encourager un meilleur provisionnement des prêts non productifs afin d’accélérer l’assainissement des bilans des banques commerciales. – Accélérer la réalisation des garanties sur les créances compromises, une condition pour la restructuration nécessaire des entreprises en difficultés. – Renforcer l’application des règles de transparence des états financiers des entreprises qui obtiennent d’importants montants de financement bancaire ».
Enfin en matière de consolidation des finances publiques, il s’agira d’une réforme du système fiscal dans le sens de son élargissement. Il faudra aussi garantir une plus grande efficacité des finances publiques en orientant les allocations budgétaires selon les performances des secteurs et non pas par simple reconduction. Ce qui devrait valoir pour la prochaine loi des Finances, dont les pouvoirs publics assurent qu’elle est ordonnée selon les 21 priorités du programme présidentiel (parmi lesquelles « la réduction du chômage, l’amélioration de l’investissement privé et l’économie du savoir »).
Enfin, dans le même ordre d’idées, et suivant l’impératif de la performance, le rapport recommande plus de maîtrise des dépenses régies en assurant une forme de flexibilité du budget ce qui permettra de mieux affronter la dette extérieure et ce qui mettra la Tunisie en meilleure position pour obtenir une rallonge d’aide internationale.
Rigueur, efficacité et rentabilité sont les maîtres mots de ce rapport de l’Institution de Bretton-Woods. On le reconnaît dans la recommandation de la réduction du pourcentage de la masse salariale trop fort par rapport au PIB, plus élevé qu’au Moyen-Orient, en Europe ou dans les PECO. Ce qui pourtant fut à porter au crédit de la Tunisie, de sa politique sociale et de son mouvement syndical.
Mais il est évident que la Banque Mondiale ne l’entend pas ainsi, relevant que les salaires trop élevés dans le secteur public compromettent par contagion le coût du travail dans le secteur privé (qui est alors tiré vers le haut).
Dans le même esprit, la BM, qui se félicite de la flexibilité du travail régissant l’embauche (généralisation des CDD), préconise plus de facilité au licenciement, quitte à trouver des formes de compensation. S’achemine-t-on vers une caisse d’allocation chômage ou des contrats précaires de réinsertion ?
En tout cas, le ton est donné : « des dépenses salariales de 12% du PIB constituent un problème » autant qu’elles lestent la croissance.
Toute la politique sociale (assurance, retraite) est aussi appelée à être réajustée afin d’assurer « l’efficacité et la pérennité du système de sécurité sociale », la B.M. prenant date pour les décennies à venir.
Un second rapport de la BM focalise sur le tissu névralgique, celui du monde du travail, relevant un taux de chômage d’autant plus inquiétant que les emplois sont pléthoriques dans le secteur public ou dans les secteurs à faible valeur ajoutée.
Parmi les facteurs de blocage de cette création d’emplois, la Banque Mondiale, fidèle à elle-même, déplore le coût de cette main d’oeuvre, plus élevé qu’ailleurs et qui irait en s’aggravant avec des charges sociales sur le capital de l’ordre de 16% pour la protection des travailleurs et de 12% d’autres taxes annexes, soit un solde de 28% pour le capital, ce qui est loin d’inciter à l’embauche.
Parmi les autres facteurs de l’aggravation du chômage, on cite le décalage entre la permanence de l’inadéquation de la formation aux besoins du marché du travail, celui-ci se resserrant du fait de l’effondrement du tissu des PME. Mais, comme une idée fixe, signe que la Banque Mondiale ne perd pas sa boussole originelle, Théodore Ahlers revient sur un cadre réglementant trop strictement encore le travail, d’où il faut comprendre : bravo à la multiplication des CDD, du temps partiel, voire de l’intérim, applaudissements pour la précarisation des contrats, avec ce regret que les dégraissages, les licenciements ne puissent se faire plus librement, au bonheur du patronat.
Dès lors, « la fermeture » des entreprises plutôt que leur « restructuration » est portée à la charge des travailleurs coupables, forcément coupables d’être trop choyés par une législation du travail devenue caduque au regard de la Banque Mondiale. Dans un souci d’efficacité, la BM propose quelques mesures tant une politique de développement n’a aucune chance d’aboutir avec 80 000 demandeurs d’emploi supplémentaires par an. Les programmes mis en oeuvre par l’État pour résoudre cette situation sont considérés comme inopérant et délestant le budget de 1%, soit le double de l’OCDE pour une population cible moindre et mal définie. À une refonte de la formation professionnelle et à l’affinement de l’enseignement en direction des secteurs à plus forte valeur ajoutée, il faudrait aussi ajouter la réorientation du système de protection sociale vers l’extérieur du monde du travail, là où les maux ne sont pas pris en charge, et développer davantage l’épargne.
Abdejjabar Bsaies : « Ne pas fragiliser le compromis social »
Ancien doyen de la faculté d’économie, Abdejjabar Bsaies devait marquer toute sa considération pour « un bilan sans concessions parfaitement objectif et qui traduit bien l’état de notre pays aujourd’hui ».
Mettant l’accent sur « les points cruciaux » marquant la stagnation, il devait – entre autres explications attendues – déplorer fortement un « climat des affaires très peu satisfaisant ». C’est un euphémisme et un langage bienséant pour confirmer ce que chacun sait désormais, même profane en la matière, et qu’avaient développé à l’université d’été de l’Initiative démocratique Mohamed Hédi Lahouel et bien d’autres confrères comme Mahmoud Ben Romdhane, Azzam Mahjoub… [NDLR. Voir la synthèse des travaux de cette université d’été dans le numéro 10 d’Alternatives citoyennes].
Au-delà d’un accord sur tout un volet de l’analyse de la BM, le professeur Bsaies devait marquer toutefois quelques réserves avec la veine sociale qui est la sienne. Il note d’abord que le problème de l’emploi s’est aggravé en dépit des efforts faits lors des décennies précédentes, à telle enseigne qu’on peut parler « d’une croissance sans emploi ». Parvenu à ce noeud de la politique de développement, il releva les paradoxes de l’économie tunisienne. Comment en effet maintenir des formes de protection sociale tout en assurant la flexibilité du travail, sachant que notre pays, importateur de tous les intrants, ne peut se montrer compétitif et attractif qu’en agissant sur le coût de la main d’oeuvre ? Mais comment en conséquence réduire la masse salariale quand l’État, en charge de l’intérêt général, recrute à en déborder et en assurant des salaires et des charges sociales que le capital privé refuse de suivre ?
Le deuxième noeud désigné par Abdejjabar Bsaies est celui de l’éducation qui ne parvient pas, en dépit de réformes, à assurer des profils de qualification requis par une économie hautement technologique. Une évolution d’un système d’éducation « colonial » vers les filières d’excellence agirait comme un filtrage sélectionnant les meilleurs dans un État qui n’assurerait plus les mêmes chances à tous.
Dès lors, la réduction de la possibilité de mobilité sociale par l’éducation fonctionnant comme ascenseur pour les déclassés de départ, mettrait en péril l’équilibre d’une nation. De proche en proche, Abdejjabar Bsaies fit valoir les trappes tendues par le rapport de la BM aux acquis sociaux qui fondent le compromis social historique de l’État national.
Mahmoud Ben Romdhane : « des questionnements de fond sur lesquels le pouvoir devra rendre des comptes »
Au professeur d’économie Mahmoud Ben Romdhane revint la redoutable tâche de commenter le rapport sur les politiques de développement. Redoutable ? Non, pas pour Mahmoud Ben Romdhane en tout cas, intellectuel engagé depuis 30 ans dans tous les combats, autant ceux du monde du travail ou des luttes internationales que de la conquête démocratique dans son pays. Aussi fut-il clair dans le commentaire, faisant affleurer à l’entendement les allusions voilées du rapport ou du discours universitaire ordinaire, avec la précision de l’économiste de fond et le courage du démocrate défiant l’Autorité sur l’essentiel qui engage l’avenir de la nation.
Mahmoud Ben Romdhane devait d’abord souligner en quoi la dimension de « bonne gouvernance », prise en compte depuis plusieurs années dans les expertises de la Banque mondiale, allait à la rencontre des aspirations de la société civile, particulièrement dans les pays où l’autorité bride toute revendication participative, toute exigence de transparence, et surtout dans les lieux où le pouvoir absolutiste se refuse à rendre des comptes, à être redevable envers sa population.
Le constat est le même. En dépit de quelques acquis, la machine économique coince. Tous les ressorts incitatifs ayant été sur-sollicités, la mécanique achoppe à l’écueil fondamental : la confiance s ‘est effondrée
Tout en reconnaissant « l’excellence » de la démonstration de la BM, Mahmoud Ben Romdhane se proposa d’abord de porter le bistouri là où notre économie a le plus mal, le climat des affaires et de l’investissement, abcès de fixation de toutes les irrégularités et malignités d’un système d’État, cancer de notre développement.
La question des créances douteuses est aujourd’hui secret de polichinelle, même pour l’homme de la rue, en tout cas au moins pour les internautes qui ont eu le privilège de retrouver sur le web une note concernant quelques entreprises bénéficiant d’une extraordinaire générosité du système bancaire. Sinon, « la BM est notre seule source d’information », et c’est elle qui exprime sa préoccupation de chiffrer le pourcentage des prêts non performants à 19% en 2001, et à 22% en 2002. Selon Mahmoud Ben Romdhane, ce taux atteint présentement 24%, chiffre donné en présence du gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT) en juin 2004. Le provisionnement de ces créances est en baisse (44% en 2002). Cela met à mal la solidité du système bancaire affecté de la très mauvaise note D sur une échelle spécialisée de notation allant de A à E.
Une liste de grands groupes bienheureux s’endettent sans relâche malgré l’alerte de la BM. Certaines banques sont engagées auprès d’un même groupe à hauteur de plus du tiers de leurs crédits. Selon la BM, 38% de ces créances douteuses sont orientées vers le tourisme et l’immobilier, qui voit fleurir de Yasmine Hammamet à Hay Ennasr hôtels de luxe et résidences en grande partie inoccupés ou invendus. Cette flambée d’un parc de résidences de standing dont les offres de vente s’étalent à longueur de colonne de la presse tunisienne sans que leurs nouveaux promoteurs ne trouvent preneur, semble devoir orienter vers l’hypothèse selon laquelle « nous pourrions être à la veille d’une bulle immobilière », développe Mahmoud Ben Romdhane. Dans le monde, les exemples sont nombreux de crises bancaires à la suite d’une bulle immobilière.
Dès lors s’inquiète le professeur d’économie, la question est posée à propos des volumes de prêts accordés à cette promotion immobilière et surtout du recouvrement de ces créances hypothéquées sur des réalisations immobilières dont les prix ont chuté parfois de 25% (à Hay Ennasr) ! L’information selon laquelle il y aurait 14% du parc immobilier inhabité confirme en plus que « nous serions en état de surproduction immobilière ». Au niveau des valeurs mobilières, l’économiste note aussi les grosses fluctuations boursières marquées par des retraits massifs d’actionnaires dont la confiance est ébranlée. Tout renvoie en fait à une question de bonne gouvernance, d’information claire et accessible et de contrôle par des contrepouvoirs, autant d’exigences de la société civile en différentes situations. Un autre exemple est fourni par l’explosion du commerce parallèle qui inhibe tout projet d’investissement privé dans ce secteur.
Mais l’ancien économiste du mouvement syndical était aussi attendu sur le terrain social. En dépit d’une forme d’évolution libérale dont il retient heureusement, pour l’essentiel, la dimension de l’exercice libre de la citoyenneté, Mahmoud Ben Romdhane ne déçut pas pourtant l’assistance : il entreprit en effet une courtoise mais ferme polémique avec la BM sur la question de l’emploi et des licenciements. Car, objecte-t-il, « ce sont les pays qui protègent leur main d’oeuvre à la sortie qui maintiennent un faible taux de chômage et assurent la plus grande promotion de la qualification professionnelle ».
Mettant en garde contre l’ouverture d’une boîte de Pandore, offrant aux démons la perspective de licencier à gogo comme déjà on précarise l’embauche, Mahmoud Ben Romdhane réorienta la problématique vers la centralité de la question de l’investissement : une croissance toute relative de cet investissement aurait fait baisser le taux de chômage de 3,5 points ! L’économiste poursuivit la controverse au niveau de la protection sociale, notamment en matière de retraite, relevant combien les pouvoirs publics font pression et interviennent dans un domaine réservé des acteurs sociaux. Il se déclara très réservé sur le financement de la retraite par les fonds de pension.
En somme, c’est un oui mesuré au libéralisme que cet économiste, partenaire important du mouvement baptisé Initiative démocratique, assortit de réserves fondamentales pour éviter d’aggraver les risques sociaux dans la quinquennie à venir. Il ne s’agit pas que le mouvement démocratique aspirant à un vrai changement hérite au bout de cette mandature d’un pays en décomposition !
– Banque Mondiale. « République de Tunisie – Revue des politiques de développement. Tirer parti de l’intégration commerciale pour stimuler la croissance et l’emploi » (Rapport 29847-TN). Octobre 2004. 137 pages. Disponible en ligne sur le site documentaire de la Banque Mondiale : www-wds.worldbank.org
Nadia Omrane
Transition démocratique et contraintes économiques et sociales
A l’initiative de l’Institut arabe des droits de l’homme, du Centre islam et démocratie (USA) et du Forum tunisien El Jahedh, un séminaire s’est tenu à Tunis les 15 et 16 décembre 2004, avec la participation de personnalités arabes et musulmanes engagées, pour la plupart, dans l’action pour la promotion et la protection des droits de l’homme. Parmi les intervenants, Khemaïs Chammari y a présenté une communication sur le thème : « La transition démocratique, en particulier dans les pays musulmans : problématiques et questionnements ». Cette intervention s’est articulée autour de quatre axes dont nous reprenons, avec son aimable autorisation, le premier consacré aux enjeux et aux contraintes économiques et sociales. Ce développement est intitulé « L’ère de la mondialisation/globalisation et la marge de manoeuvre des pays en voie de développement (PVD) : effets directs et collatéraux sur les conditions de la transition démocratique ». Khemaïs Chammari est membre fondateur de l’Institut, ancien vice-président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH), de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) et du Service international pour les droits de l’homme (SIDH). Il a récemment été désigné membre du premier comité exécutif de la Fondation euro-méditérranénne de soutien aux défenseurs des droits humains, dont le siège est à Copenhague, auprès du Réseau euro-méditérranéen des droits de l’homme (REMDH)
La rédaction
Les débats que nous avons eus au cours de ce séminaire n’ont pas évoqué jusqu’ici les questions économiques et sociales. Il n’est toutefois pas possible, me semble-t-il, de parler des conditions et des modalités de la transition démocratique sans évoquer ces questions, dans la mesure où elles peuvent être déterminantes pour assurer le succès à moyen terme d’une telle entreprise, ou au contraire pour en hypothéquer le cours et en menacer l’issue. J’aborderai cette question au pas de charge en raison des contraintes de temps, l’objectif recherché n’étant pas de livrer une sorte de vade-mecum, mais de dégager quelques pistes de réflexion que nous pourrons approfondir au cours du débat.
1. La tentation ultralibérale
En fin de matinée, un des intervenants a évoqué le célèbre ouvrage de Francis Fukuyama sur la fin de l’Histoire. Il y a vu en quelque sorte la naissance ou la renaissance de la pensée libérale qui déferle comme une lame de fond sur nos économies et nos sociétés. Cette appréciation doit bien évidemment être largement nuancée car « la fin de l’Histoire » n’a été qu’une illusion et le libéralisme économique, tout autant que la fascination pour les mécanismes du « Marché », remontent à plus d’un siècle et demi. Les bouleversements géopolitiques des vingt dernières années leur ont donné il est vrai une indéniable impulsion.
Par delà les controverses philosophiques, cette option pour le libéralisme s’est concrétisée par l’évolution des débats au sein de l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT), puis par la création de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Dans le même temps, la multiplication des zones de libre échange bilatérales et multilatérales en a constitué une illustration significative (le Partenariat euro-méditérranéen – EuroMed – apportant une innovation intéressante avec ses préoccupations politiques sociales et humaines et sa conditionnalité politique relative au respect des droits de l’homme et des principes démocratiques). À cela s’ajoutent les politiques de la Banque Mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) : ajustements structurels, processus de déréglementation et privatisation à marche forcée. Au niveau du continent africain, signalons le Nouveau partenariat économique pour le développement de l’Afrique (NEPAD). Enfin, l’accord d’Agadir a mis en place une zone de libre-échange entre les trois pays du Maghreb central, l’Egypte et la Jordanie.
Ce contexte est d’autant plus contraignant que les tentations d’une dérive ultralibérale sont grandes.
2. La recherche d’une voie médiane
Au sortir de périodes plus ou moins longues de dirigisme étatiste aux échecs si douloureux, nos économies se trouvent être confrontées à des reconversions souvent brutales et non assumées de façon explicite. Le discours officiel n’en est, dans la majorité des cas, que plus schizophrénique. Le fardeau de la dette et les effets des mécanismes de la mondialisation/globalisation ont, dans ces conditions, singulièrement limité les marges de manoeuvre des PVD.
Comme l’explique Zaki Laïdi, « la mondialisation n’est qu’une nouvelle étape du développement du capitalisme. Celui-ci cherche à se défaire des contraintes de l’espace et du temps qu’il avait d’ailleurs lui-même instituées. Au fur et à mesure qu’il se déploie à l’échelle mondiale, il rencontre un nombre croissant de résistances. La force du capitalisme est qu’il n’est pas arrêté par les résistances qu’il rencontre, mais qu’il peut, au contraire, être enrichi par elles ». Le défi qui nous est lancé n’en est que plus motivant. Il nous faut à la fois faire nôtres les objectifs majeurs des mouvements altermondialistes, tout en prenant en compte les évolutions envisageables des règles internationales en matière de croissance économique, de progrès social, de l’approche « genre et développement », de préservation environnementale, de gouvernance nationale et mondiale.
Cette prise en compte implique une mise en oeuvre effective des normes et des mécanismes internationaux de promotion et de protection des droits économiques et sociaux (il en existe une vingtaine – rapporteurs spéciaux et groupes de travail – au sein de la Commission des droits de l’homme des Nations Unies et du Conseil économique et social ou ECOSOC). Tout comme il s’agira de se placer dans la perspective de réalisation des objectifs d’un développement humain durable, celui-ci étant dans ces conditions un droit économique social et culturel, qui répond aux besoins actuels sans compromettre l’aptitude des générations futures à satisfaire leurs besoins.
Partant de là, il y a le discours radicalement antimondialiste qui continue à préconiser une alternative de développement anticapitaliste – et j’y suis pour ma part attentif mais très sceptique sur les possibilités de mise en oeuvre concrète d’un tel discours – et la démarche, que j’ai faite mienne, de la recherche d’une voie médiane sociale libérale et interventionniste. Une voie qui permettrait d’assurer l’effectivité de « filets sociaux » efficients, d’envisager une démocratisation de la mondialisation et l’acquisition de capacités de pilotage macro-économique, de contrôle budgétaire et d’impulsion de réformes indispensables (politiques de l’emploi, fiscalité, répartition foncière et inégalité scandaleuse de répartition du revenu national).
Cette voie médiane est celle que je qualifie de « réformisme radical ». Nul doute que l’on m’accusera « d’apostasie » par référence à mon engagement marxiste dont je ne renie pourtant pas la fécondité méthodologique. Je persiste à penser toutefois qu’il est important que ce débat ait lieu, cartes sur table, pour se donner les moyens de relever les défis économiques et sociaux qui risquent de faire avorter les objectifs de la transition démocratique.
3. L’amélioration de la gouvernance et les stratégies de lutte contre la pauvreté
Je serai très rapide sur ce point dans la mesure où mon souci est simplement d’attirer l’attention sur des problématiques qui ont marqué au cours des douze dernières années les politiques internationales (système des Nations Unies – en particulier le PNUD – et UE) d’appui aux stratégies de développement.
La gouvernance – et je récuse pour ma part l’utilisation en Arabe du terme hakymia en raison de sa connotation théologique évidente, pour utiliser le terme hosn ettessyir – peut être définie comme l’exercice de l’autorité politique, économique et administrative pour gérer à tous les niveaux les affaires d’un pays. Elle comprend, de ce fait, les mécanismes et les institutions au moyen desquels les citoyens et les divers groupes articulent leurs intérêts, exercent leurs droits, assurent leurs obligations et négocient pacifiquement et conformément à des lois leurs différends et leurs conflits en s’efforçant de donner une chance égale à toutes et à tous.
En d’autres termes, il s’agit des processus de modernisation de l’autorité de l’administration et des institutions susceptibles de permettre à tous les acteurs (État, secteur privé et société civile) de participer effectivement à l’élaboration et à la mise en oeuvre des décisions au niveau politique, économique et social.
Cette approche se fonde sur six critères : la primauté du droit et l’application impartiale de la règle de droit, la participation directe par le biais d’institutions légitimes et démocratiques, la transparence, l’équité et l’égalité des chances d’hommes et de femmes bénéficiant des attributs de la citoyenneté, l’efficacité et l’effectivité avec comme corollaire la promotion d’une éthique du service d’intérêt général et enfin la responsabilisation (imputabilité ou culture du rendre compte). Sur cette base, les stratégies de lutte contre la pauvreté – en tant qu’atteinte majeure au droits humains – s’inscrivent dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le Développement.
4. La promotion des droits humains en particulier les DESC et la lutte contre la corruption
La aussi je serai extrêmement rapide et je me permets de vous renvoyer à la communication que j’ai faite sur les droits économiques, sociaux et culturels (DESC) le 26 juin 1999 aux Rencontres internationales de Paris intitulées « La dictature des marchés ? Un autre monde est possible » (cf. site de l’association ATTAC-France) [NDLR. L’auteur fait référence aux Rencontres organisées du 24 au 26 juin 1999, à l’initiative d’ATTAC, du CADTM, de la Coordination contre les clônes de l’AMI, de DAWN et du Forum des alternatives, et à son document distribué en séance].
Quant à la corruption, il s’agit d’un axe majeur dans la mesure où dans l’ensemble de nos pays, la privatisation de l’intérêt public, sinon de l’État lui-même avec la multiplication des passe-droits, de la corruption, des relais et des clientèles privées liées aux plus hautes sphères du pouvoir, constitue un phénomène aux implications nationales et internationales qui entravent tout effort de croissance et de développement.
Je me permets là aussi de vous renvoyer à un autre de mes articles, « L’exception tunisienne de « transparency international » », paru dans le bulletin DEBT de décembre 2003 publié par l’Association des contribuables tunisiens pour la lutte contre la corruption et la mal gouvernance (ACTLMG) [NDLR. L’auteur fait référence à un autre document diffusé en séance].
5. Le lancinant problème des investissements et les mirages des institutions financières islamiques
Les quatre premières sections de ce développement relatif à l’économique et au social sont d’une portée générale et la référence spécifique aux États et aux sociétés des pays d’islam, ou à majorité démographique musulmane, n’a concerné que l’objection quant à la traduction de la gouvernance par hakymia. On aurait pu aussi évoquer la nécessité de mettre en oeuvre des politiques d’amélioration de la gouvernance, de lutte contre la pauvreté et contre la corruption en évitant le piège qui consiste à exonérer de toute sollicitation et de toute contrainte les personnes physiques et morales qui se contentent de mettre en avant leurs obligations en matière de zaket (la contribution fixée par l’« autorité » religieuse en quelque sorte comme « impôt de solidarité »).
À une certaine échelle de fortune, la zaket constitue une contribution dérisoire et surtout un alibi pour s’exonérer, partiellement ou totalement, de la nécessaire fiscalité profane, séculière et procédant d’un choix significatif de justice sociale.
L’ultime élément de réflexion que je soumets à votre attention pour que nous puissions le méditer ensemble au niveau des contraintes économiques, concerne le lancinant problème de l’attractivité des investissements et ce que j’ai qualifié de mirages des institutions financières islamiques (IFI).
Dans nos pays les investissements privés et institutionnels des pays arabes et/ou musulmans bénéficiant de la rente pétrolière sont sollicités avec insistance, ce qui est tout à fait logique. Leur rôle, au cours de la période de transition démocratique, peut être important.
Premier Problème : si les apports des groupes financiers de la Péninsule et du Golfe ont souvent été bénéfiques et spectaculaires, l’évolution récente et un certain nombre de dérapages suscitent une vigilance accrue.
Nous observons, en effet, la multiplication des déboires, ici et là, de groupes saoudiens. Le choix de domicilier leurs supports financiers dans les franchises fiscales, notamment les Îles Caïman, jadis considéré comme un moyen d’optimiser les gains est de plus en plus interprété comme une fuite en avant et un moyen d’échapper aux contraintes d’exécution de jugements prononcés contre eux.
À cela s’ajoutent les conséquences des investigations menées après les attentats du 11 septembre 2001 qui ont abouti à la mise sous surveillance, voire au blocage, d’avoirs et de liquidités importantes dont les détenteurs sont soupçonnés, à tort ou à raison, d’avoir délibérément entretenu une grande opacité quant à la destination d’une partie de ces capitaux recyclés dans les « zones grises » du blanchiment, aux fins de financer, sous couvert d’engagements philanthropiques et caritatifs, des activités suspectes. Sur ce plan, il convient d’être extrêmement prudent et d’éviter les amalgames et les accusations non fondées.
Les scandales révélés au Maroc concernant la dérive d’un des fleurons de ces groupes, le conglomérat saoudien Dallah Al Baraka du Cheikh Salah Kamel, très connu en Tunisie, nous interpellent toutefois avec insistance (cf. les nombreux articles dans la presse marocaine et notamment le reportage du 11 décembre 2004 de l’hebdomadaire Tel quel intitulé « Enquête sur une imposture »).
Second sujet de préoccupation de réflexion : l’évolution des institutions financières islamiques (IFI). Là aussi l’évocation sera rapide et mon souci est d’éviter que mes remarques servent de prétexte à une controverse stérile.
1. Le principe de base des IFI est connu : il faut éviter tout recours à l’usure et donc aux prêts avec intérêts. Dans le contexte économique et social d’émergence de l’islam, ce souci était des plus louables pour limiter les ravages provoqués par des usuriers cupides et n’hésitant pas à fonder leur richesse sur le désarroi de populations sédentaires, et même nomades, soumises aux aléas agricoles et commerciaux d’une nature peu clémente.
2. À partir de là, il est évident qu’entre cette situation et celle d’un système fondé sur le loyer de l’argent encadré par des procédures légales, aucune comparaison n’est possible. Et, de fait, l’usage du crédit bancaire commercial s’est généralisé au cours des décennies écoulées, ne suscitant que quelques protestations isolées aussi violentes que démagogiques.
Les IFI aspirent à apporter une solution à ce dilemme. Au fil du temps, des techniques ont été mises au point à partir des formules traditionnelles d’échange, réputées exemptes de toute forme d’usure.
3. En réalité, il s’agit d’habillages assez habiles, fondés pour l’essentiel sur le crédit-bail ou leasing. Sur ce plan, le débat n’est pas nouveau. Les dénégations offusquées et les anathèmes ont jusqu’ici très peu convaincu les partisans d’une normalisation qui écarte la référence au sacré dans ce domaine primordial de l’activité économique et sociale.
Il se trouve cependant que, sorti de l’activité domestique où les faux-semblants continuent de faire illusion, tout le mode du fonctionnement des IFI, en amont et en aval de cette activité, est tributaire du système bancaire international fondé sur le taux d’intérêt, quand il n’est pas engagé dans les zones grises du non droit des franchises fiscales (des petites îles du Pacifique notamment). C’est ce système opaque, extrêmement flexible et peu contraignant, qui a prévalu au détriment d’autres façons plus transparentes de faire fructifier ses capitaux.
4. Longtemps marginal, le système des IFI s’est beaucoup étendu depuis 25 ans. Le Congrès mondial des banques islamiques s’est tenu à Manama (Bahrein) le 12 décembre 2004, sur le thème de « l’évolution des prestations et la garantie d’un développement durable dans un marché mondial marqué par une concurrence croissante » (cf. le quotidien Al Hayat, publication à capitaux saoudiens paraissant à Londres, des 13 et 14 décembre 2004). « Les investissements des IFI se chiffrent à 400 billions de dollars US, leur capitalisation et leur taux de liquidité étant supérieur à ceux de leurs homologues classiques », pouvait-on lire dans les documents publiés à cette occasion !
Ainsi donc, l’insertion dans le marché financier mondial est non seulement bel et bien réelle, mais elle répond, ce qui est évident, aux normes capitalistiques de ces marchés. Et on est loin du discours vertueux sur « le bannissement de l’intérêt » !
5. Dans le même temps, l’inquiétude pointe puisque, par delà les précautions oratoires, force est de constater que les pertes en termes d’écritures liées aux fluctuations de la monnaie américaine sont de l’ordre de 20 billions de dollars US, et que les titres en circulation au niveau des IFI, dont les relations avec les fonds de pension américains notamment ne sont pas insignifiantes, ne représentent que 4 billions de dollars US sur un total mondial de circulation de titres supérieur à 3,5 trillions de dollars US.
Débat donc sur habillage éthique et théologique, insertion capitalistique prononcée, vulnérabilité par rapport aux fluctuations du dollar US et rôle marginal au niveau de la circulation des titres : le bilan est sujet à caution et le mirage des IFI est d’autant plus trompeur que nombre d’entre elles se trouvent aujourd’hui mêlées, pour certaines probablement à leur insu, à des activités pour le moins controversées.
Autant de raisons qui incitent en tout cas à une vigilance accrue.
Khemaïs Chammari
(Source: Le numéro 13 de la revue en ligne « Alternatives citoyennes »)
Une étude du PNUD sur l’écotourisme et le tourisme culturel en Tunisie – L’autre façon de rapprocher les cultures
Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) se propose de soutenir des projets de tourisme écologique ou culturel, ce qui va dans le sens de l’encouragement, au moyen de petits crédits, de petites entreprises locales dans l’air du temps.
Face aux nouveaux enjeux du tourisme, certes fragilisé par les risques du terrorisme et les contrecoups des guerres, mais aussi modifié dans sa demande thématique, les pouvoirs publics tunisiens ont initié d’innombrables études pour cerner les nouveaux besoins et compenser le manque à gagner d’une hôtellerie fastueuse, dispendieuse et contreproductive. Normal, car comment maintenir l’exigence de rentabilité d’un secteur qui constitue près de 20% des recettes en devises ? Une stratégie d’ensemble est mise en oeuvre depuis quelques années pour diversifier le produit offert à la clientèle étrangère et désormais locale, les Tunisiens s’intégrant aussi, par la hausse de leurs revenus et la mutation des valeurs, à une société des loisirs et du bien-être où se reconnaîtraient le droit à la paresse ainsi que le souci de soi.
Le PNUD, dans son soutien au développement, a rendu publique en ce début décembre, une étude portant sur l’évaluation d’un autre modèle touristique, l’écotourisme et le tourisme culturel. Cette étude a été présentée par son auteur Sami Belhaj qui a, devant une assistance informée et impliquée, tenté de rendre compte des promesses, des logiques et des blocages d’un tourisme « durable », terme générique retenu par-delà des nuances terminologiques.
L’exposé, se rapportant très certainement à des études de terrain et à la consultation d’expertise, mais resté très général, finit par agacer ou rebuter quelques femmes et hommes du métier. Toutefois, l’étude identifiait largement les fondements de ce type de tourisme respectueux de l’environnement matériel et humain autant que sa pertinence : le patrimoine architectural, l’ensemble des vestiges remontant à une histoire plurielle, ainsi que la biodiversité, tout autant que les traditions et les usages, sont des gisements à exploiter et à proposer à une clientèle très « nature et découverte » en quête d’exotisme et d’authenticité.
Encore faut-il que ces gisements puissent être valorisés dans le cadre de PME décentralisées, encouragées dans la mise en valeur de « régions » touristiques et que les acteurs locaux puissent faire l’expérience d’une gestion « participative ». Dès lors, de petits projets pourraient, avec l’aide de l’État, de fondations ou de banques (telle l’agence de la Banque européenne d’investissements (BEI) ou des aides allouées en micro-crédits), trouver le financement requis et être dotés d’un cadre juridique et institutionnel ad hoc. Déjà, la petite expérience d’écotourisme La bécasse de Tahar Nefzi s’est fait connaître jusqu’en Australie. Des médias et des agences spécialisés sont appelés à orienter la demande internationale vers ces nouvelles niches d’opportunités qui, c’est évident, moyennant une petite formation, sont autant de sources de nouveaux emplois et peuvent offrir aux jeunes des supports d’entreprises indépendantes.
Au-delà de contradictions apportées à l’exposé par des experts vétérans d’un développement touristique qui a fait son temps et par des responsables du ministère de tutelle venus en rangs serrés rappeler combien l’État faisait depuis 1987 pour développer ce tourisme « durable », tout le monde convient qu’il est dans l’air du temps, qu’il répond aux échecs d’un tourisme balnéaire prétentieux froid et vide : en un mot, il est aux antipodes du modèle 5 étoiles de Yasmine Hammamet qui dépouille les banques par des crédits énormes et dont on se demande comment ils seront remboursés. Nul doute que si des PME d’écotourisme ou de tourisme culturel bénéficiaient d’autant de largesses, de mesures incitatives et de dispenses fiscales, moyennant un petit effort de sensibilisation et de formation des opérateurs, la Tunisie pourrait devenir un bijou d’hospitalité et un lieu de rencontres et d’échanges avec l’Autre, de l’autre coté de la Méditerranée, de l’Atlantique ou du Pacifique.
Le PNUD et sans doute la BEI sont prêts à soutenir ce décollage. Les pays riverains offrent des modèles. Si les Tunisiens ne sont pas des initiateurs, ils pourraient être de bons élèves et sont dans l’attente des décisions du maître en la demeure.
Le Maroc, leader dans le monde arabo-islamique
MANIFESTE DE LA MODERNITE COMPLEMENTAIRE
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un livre inédit de
MESKAOUI AHMADY Pour télécharger une copie du livre veuillez cliquer sur le lien suivant :
http://www.nawaat.org/forums/index.php?act=Attach&type=post&id=3ضحايا التعذيب في المغرب يكشفون أسرار «قبور تزمامرت» و« النساء الرجال» في «درب مولاي الشريف»
تركيا بين الشرق و الغرب
وجه الرأسمالية الجديد
توفيق المديني
مرض الليبرالية الأمريكية
6 – قاطرة النمو الأمريكي تجر الاقتصادالإقتصاد العالمي:
7 – خطر عودة التضخم إلى الاقتصادالإقتصاد العالمي:
قبل بضعة أشهر فقط كان الانكماشالإنكماش هو العدو رقم واحد للاقتصادللإقتصاد العالمي . أما اليوم, فإن بعض الخبراء يتحدثون عن الأخطار التضخمية المقبلة. وفي الواقع، لم يختف الانكماشالإنكماش، ولكن الاقتصادياتالإقتصاديات العالمية الكبيرة بدأت في تجاوزه. إذ إن خطر الانكماشالإنكماش العالمي قد تم استبعادهإستبعاده، غير أن عدة بلدان لا تزال تواجه ضغوطات الانكماشالإنكماش في الصناعة. في الولايات المتحدة الأمريكية على سبيل المثال، تراجعت الأسعار الصناعية بنحو 3%. ويفسر المحللون الاقتصاديونالإقتصاديون هذا الانخفاضالإنخفاض العام بالانتقالبالإنتقال السريع لإنتاج بلدان منظمة التعاون والتنمية الاقتصاديةالإقتصادية (OCDE), نحو البلدان الناشئة, كالصين مثلا, حيث الأجور المنخفضة للأيدي العاملة, إذ تنقص كلفة ساعة الإنتاج في الصناعة من 8أو 9 دولار إلى 40 سنت. وتبدو هذه الظاهرة على أنها تمثل نوعا من التضخم السلبي، ولكن الأمر يتعلق بالأحرى بانخفاضبإنخفاض الأسعار الصناعية المرتبطةالمرتيطة بخلق فيض القدرات العالمية: فالأمم الصناعية الغربية تخفض قدراتها قليلا, والأمم الصناعية الناشئة تزيد قدراتها بسرعة . وفي آفاق سنة ونصف أو سنتين، إذا ما استمر هذا الانتقالالإنتقال للإنتاج الصناعي على هذه الوتيرة, فإن الاقتصادالإقتصاد العالمي لن يشهد عودة التضخم الشامل. وبالمقابل، سوف تستمر مؤشرات الأسعار في خلق توترات اقتصاديةإقتصادية مهمة إن لم نقل أزمات, ويمكن أن تتراجع أسعار السلع المانيفاكتورية بنحو 3% بينما سوف ترتفع أسعار سلع الخدمات بنحو4%. بيد أنه بمجرد أن تنتهي هذه المرحلة من عملية نقل الصناعات من البلدان الغربية إلى البلدان الناشئة في العالم الثالث, سوف تطفو على السطح الظواهر التضخمية شديدة الخطورة. لقد اتسم عقد التسعينات من القرن الماضي بتبلور نظريتين: الاقتصادالإقتصاد الجديد المرتبط بانتصاربإنتصار النيوليبرالية على مستوى عالمي، وموت التضخم. غير أنه مع انفجارإنفجار فقاعة الانترنتالأنترنت وانهيارإنهيار مؤشر نازداك, تسبب الأول في إلحاق أضراربالإقتصاد العالمي.، في حين أن الثاني سوف يقود إلى عودة التضخم من جديد. يقول رئيس الجمعية الأمريكية لاقتصادييلإقتصاديي الشركات ، السيد دونكان ميلدروم, في هذا الصدد: » إن ارتفاعإرتفاع الأسعار الحالية إذ أضفنا إليها انتظارإنتظار الأسعار والكلفة المرتفعة جدا أيضا تزيدان في احتمالإحتمال حدوث التضخم في المستقبل القريب لكي يصبح مشكلا حقيقيا في الولايات المتحدة الأمريكية عام 2004″. وليس في الولايات المتحدة الأمريكية فقط يتم الحديث عن التضخم, بل إن التضخم أيضا عاد إلى الظهور في أوروبا, رغم أن المصطلح قد اختفىإختفى من المفردات الاقتصاديةالإقتصادية, ليحل محله مصطلح الانكماش.الإنكماش. فما هو التضخم ؟ التضخم هو ارتفاعإرتفاع معمم ومستمر للأسعار, الذي يمكن أن يتوسع ويصبح من المستحيل السيطرة عليه. وتوجد عدة أشكال من التضخم: فهناك أولا، التضخم النقدي الذي يحدث عندما يكون النمو النقدي أعلى من الإنتاج الحقيقي. وهناك ثانيا, التضخم المستورد الذي يجد مصدره في زيادة أسعار المواد الأولية المستوردة( مثل النفط). وهناك ثالثا, التضخم الناجم من ارتفاعإرتفاع كلفة وأسعار عوامل الإنتاج و/أو عوامل التسويق. وهناك أخيرا, التضخم الذي له علاقة بالموازنة، والذي يتطور عندما يتم تمويل العجز في موازنة الدولة بوساطة ضخ النقد. ويتضمن التضخم وجود آلية لنقل ارتفاعإرتفاع الأسعار ( عن طريق « الوسطاء » التضخميين) بحيث إنه عندما ينتقل من جيب إلى آخر, تتضرر عدة أسعار للخيرات والخدمات وأغلب الموارد. ويمكن أن يحدث هذا الانتقالالإنتقال عندما توجد قواعد لتقيسلتقييس الموارد على الأسعار (المنشأة من قبل الدولة أو الاتفاقاتالإتفاقات الجماعية ), الحريصة على الزيادات التلقائية للأجور عندما يصبح ارتفاعإرتفاع الأسعار أعلى من المعدل المسموح به. وهناك عدة أسباب تقليدية لولادة التضخم، التي تتفاعل عندما ينطلق مسار التضخم. ويعتبر عادة الإفراط في كمية العملة المتداولة السبب الرئيس للتضخم. ويرى رواد مدرسة النقديين، الذين يتصدرهم الاقتصاديالإقتصادي ميلتون فريدمان: » التضخم هو دائما ظاهرة نقدية في كل مكان ». وحسب هذه النظرية، ينجم التضخم من تسامح السلطات النقدية ,التي تقدم تنازلات لضغوطات » طالبي العملة » وتخلق بذلك عدم مطابقة بين كمية النقد المتداولة وحجم الصفقات التي يجب تأمينها. ويقودتقود عدم المطابقة هذا هذه إلى ارتفاعإرتفاع الأسعار الاسمية .الإسمية . كما أن زيادة الطلب على العرض الحاضر تشكل مصدرا إضافيا للتضخم. ويمكن للتضخم أن ينجم من انخفاضإنخفاض في العرض المعزو إلى تناقص القدرة في الإنتاج، وزيادة النزوع الطبيعي إلى الاستهلاكالإستهلاك أو إلى دخول موارد قادمة من الخارج( تدفق رؤوس أموال أجنبية, فائض تجاري..). وفي هذه الحالة، يخلق الطلب توترا تضخميا من غير » تسامح نقدي ». ويشكل ارتفاعإرتفاع كلفة الإنتاج المصدر الرئيس الثالث للتضخم.و يجب أن يكون هذا الإرتفاع أعلى من أرباح الإنتاجية لعامل الإنتاج المعتبر.و يمكن للتضخم أن تكون له مصادر أخرى مثل المطالب الأحادية لعارضي عوامل الإنتاج ( ضغوطات النقابات للحصول على زيادة في الأجور في مرحلة التوظيف الكامل، أو قرارات من البلدان المصدرة للنفط..) أو تدهور في شروط الإنتاج. هناك عدة عناصر تؤكد تسارع التضخم، والعنصر الرئيس فيها هو تأكيد عودة النمو في كل العالم – حتى في أوروبا – مع وجود منطقتين على حافة توتر الاقتصادالإقتصاد العالمي حتى درجة التضخم: الولايات المتحدة الأمريكية، حيث استقر معدل النمو على 8,2% في الثلاثة أشهر الأخيرة من عام 2003, الصين, التي ارتفعإرتفع الناتج الوطني الإجمالي إلى أكثر من 9,4% في عام 2003.و في مثل هذه الظروف من الصعب جدا الاستمرارالإستمرار في الحديث عن الانكماشالإنكماش, وهو مفهوم اقتصاديممفهوم إقتصادي يعني انخفاضإنخفاض الأسعار، ولكن أيضا, وبطريقة غير مباشرة, تراجع في الإنتاج والاستهلاكالإستهلاك والتوظيف. وتترجم عودة النشاط الصناعي العالمي في الوقت الحاضر بزيادة الطلب على المواد الأولية – النفط, المعادن, القطن,-و الإرتفاع الجنوني لأسعارها في مجملها بما يقارب 20% خلال عشرة أشهر. ويشكل ارتفاعإرتفاع المواد الأولية مصدرا آخر لارتفاعلإرتفاع التضخم . وهناك سوء تقدير من جانب الدول الغربية لدور النمو في البلدان الناشئة على أسعار المواد الأولية, خاصة في الصين,إذ من الصعب جدا تكوين فكرة دقيقة حول حجم الاقتصادالإقتصاد الصيني. رسميا, الناتج الوطني الإجمالي للصين يبلغ 1400 مليار دولار, وهو أقل من الناتج الوطني الإجمالي لإيطاليا. لكن بالمقابل عندما نحسب حسب التعادلات للقدرة الشرائية التي أنشاها صندوق النقد الدولي, فإنه يجب ضرب الناتج الوطني الإجمالي بسبعة، الأمر الذي يضع الصين في مصا ف واحد مع الولايات المتحدة الأمريكية. والحال هذه نفهم من خلال هذه الأرقام بطريقة أفضل, لماذا تستهلك الصين 30% من الفولاذ العالمي, و30% من الألمنيوم,العالمي, و25% من القطن..أما فيما يتعلق بوارداتها من النفط فقد ارتفعتإرتفعت بنحو 20% سنويا, وارتفع أيضا استهلاكهاإستهلاكها الإجمالي من المواد الأولية بنحو 30%!([10]). وهكذا، فإن سوق المواد الأولية هو في وضعية غير مريحة, مع إمكانية حدوث إختلالات كبيرة. وقبل أن يتم استخدامإستخدام التكنولوجيا ت الاستبداليةالإستبدالية، كما هي الحال في ميدان الطاقة في عقد السبعينات من القرن الماضي, كان العالم الغربي يخشى من أن يشهد مرحلة مستمرة من ارتفاعإرتفاع أسعار المواد الأولية . وفي منطقة اليورو¸يمثل ارتفاعإرتفاع أسعار المواد الأولية بنحو 25% زيادة نقطة إضافية في معدل التضخم. ولن تكون قوة اليورو قادرة على حماية أوروبا من التضخم إلى ا لأبد . أما في الولايات المتحدة الأمريكية، فإن معركة الأسعار بين القوى الانكماشيةالإنكماشية الباقية، والضغوطات التضخمية المتنامية مستمرة.مسنمرة. ونظرا لاعتبارلإعتبار الثورة الهيكلية التي يشهدها الاقتصادالإقتصاد الأمريكي منذ عشر سنوات ,فإن قليلا من الخبراء في الاقتصادالإقتصاد يخاطرون اليوم بالتنبؤ بنتيجة هذه المعركة. * * * [8] – مؤشر ناسداك للاسهم التكنولوجية وصل الى الذروة 5048 نقطة في 10 آذار/مارس 2000، وهو اليوم ما دون الـ 1300 نقطة. [9] – فريدريك كليرمون – الاستدانة عقيدة القوة العظمى في العالم , لوموند ديبلوماتيك , النسخة العربية, نيسان/أبريل2003 [10] – Le Monde mardi 3 Fevrier2004