21 mai 2000

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CENTRE  D’INFORMATION  ET  DE  DOCUMENTATION  SUR  LA  TORTURE
        CIDT-TUNISIE
Association de citoyens du monde pour le droit des Tunisiens Ă  ne pas ĂȘtre
torturés
Membre du RĂ©seau SOS-Torture de l’OMCT-GenĂšve

    ComitĂ© d’honneur :
    M. Jacques  FRANÇOIS
    Mgr. Jacques  GAILLOT
    Dr. HĂ©lĂšne  JAFFÉ
    M. Gilles PERRAULT
    M. François DE  VARGAS
                                                                    !           
Besançon, le 20 mai  2000
    Président :
    Jean-Marc MÉTIN

Le CNLT lance une campagne nationale pour l’Ă©radication de la torture,

LA SOCIETE CIVILE TUNISIENNE DETERMINEE A S’ATTAQUER DE FRONT
A L’HYDRE DE LA TORTURE

    Le tabou de la torture est en train de voler en éclats en Tunisie. Dans
un communiqué reçu à Besançon (Cf. plus bas), le Conseil national pour les
Libertés en Tunisie (CNLT) prépare un plan de bataille contre ce fléau qui a
ravagĂ© le pays, particuliĂšrement depuis que le gĂ©nĂ©ral Ben Ali s’est emparĂ©
du pouvoir il y a treize ans. A l’occasion du 8 mai, dĂ©crĂ©tĂ© par le CNLT
journée nationale de lutte contre la torture, les militants tunisiens se sont
rendus Ă  GaĂąfour, oĂč est dĂ©cĂ©dĂ© le 8 mai 1987 Nabil BARAKATI, jeune membre du
Parti communiste des Ouvriers de Tunisie (!PCOT), Ă  la suite de tortures
atroces au poste de police de la localité.
    De fait, les séquelles de cette pratique sur la société sont partout,
dans le comportement des gens, jusque Ă  l’intĂ©rieur mĂȘme des familles.
Surtout celles qui ont subi des tortures Ă  caractĂšre sexuel (frĂšres et
soeurs, mÚres et fils, pÚres et filles dénudés les uns devant les autres avec
des simulacres de sodomisation et/ou de viol sous le regard du parent et en
prĂ©sence de nombreux codĂ©tenus…) Lorsque nous en parlions jusqu’au milieu
des annĂ©es 1990, on nous accusait d’exagĂ©ration, on nous reprochait de
“nourrir des desseins inavouĂ©s”, voire de vouloir nuire Ă  un gouvernement
dĂ©mocratique… Le monde saura le moment venu que le cas tunisien nĂ©cessite
un tribunal pĂ©nal ad hoc, Ă  l’instar de ceux d’Arousha ou de La Haye.
    Nul ne sait aujourd’hui l’Ă©tendue rĂ©elle des dĂ©gĂąts, les familles
entiÚres décimées, les morts p!ar dizaines, les suicides et les effondrements
nerveux sans espoir de rĂ©mission (“folie”). Si nous exigeons des poursuites
internationales contre les tenants de la tortiocratie (terme dont nous
revendiquons la pleine et exclusive paternitĂ©), ce n’est pas par opposition Ă 
M. Ben Ali, mais bien parce que ce personnage a mis en place et supervisé une
machine, au sens de Kafka dans “La colonie pĂ©nitentiaire”, destinĂ©e Ă  broyer
les gens, Ă  les faire souffrir longuement, lentement et en variant les
supplices.
    La premiÚre révolte contre la torture, rendue possible notamment par les
travaux d’Amnesty International, Ă©tait celle de la Ligue des Droits de
l’Homme (LTDH) en 1991. En dĂ©cembre de cette annĂ©e-lĂ , le Pr. Moncef
Marzouki, alors président de la Ligue, avait publié un communiqué dénonçant
l’usage de la torture et citant une liste de sept noms de personnes prĂ©sumĂ©es
mortes des suites de tortures. C’est le jour! oĂč les autoritĂ©s avaient dĂ©cidĂ©
que M. Marzouki n’allait plus ĂȘtre prĂ©sident et que la Ligue ne serait plus
la Ligue. Des membres qui avaient rallié la tortiocartie naissante ont monté
et mis en oeuvre toute une entreprise de déstabilisation en vue de
dĂ©barrasser le gouvernement du gĂȘneur. Nous avons dĂ©jĂ  dĂ©signĂ©, entre autres,
comme auteurs de cette machination les dénommés Hichem Gribaa et Serge Adda,
avec la complicité active de Mohamed Charfi.
    Le dĂ©nommĂ© Serge Adda avait alors rĂ©ussi Ă  remporter l’affaire Canal
Horizon sur laquelle il avait dĂ©jĂ  dĂ©pensĂ© des trĂ©sors d’inlassables efforts.
Devenu le florissant patron de cette chaĂźne payante -l’unique de son genre en
Tunisie- il se devait de montrer le maximum de zĂšle pour renforcer et son
monopole et une position personnelle trĂšs prometteuse non seulement dans le
paysage audiovisuel tunisien morose, mais aussi peut-ĂȘtre dans la
maison-mÚre, la non moins !florissante Canal  plus. Ne manquant pas de culot,
ce thuriféraire patenté du général Ben Ali a récemment reconnu publiquement
et sans rougir, avoir aidé Ben Ali à mettre au pas la Ligue des droits de
l’homme. (Cf. Notre ami Ben Ali. La DĂ©couverte. 1999).
    Au congrÚs de la Ligue de février 1994, Dr. Marzouki marque le coup avant
de quitter son poste, poussĂ© par le jeu d’apprentis sorciers de certains
responsables de la Ligue, qui avaient encouragĂ© l’infiltration dans les
sections de “taupes” du sinistre de l’intĂ©rieur et tortionnaire en chef
Abdallah Kallel. Le président de la Ligue dénonce alors avec autant de
conviction que de véhémence, le tabou honteux. Il le fait en présence de
Mohamed Charfi, son prĂ©dĂ©cesseur Ă  la tĂȘte de la Ligue et ministre de
l’Ă©ducation, ralliĂ© Ă  Ben ali dans le cadre des efforts de ce dernier pour
discrĂ©diter la Ligue en la prĂ©sentant Ă  l’opinion comme un passage obligĂ©
vers !la “gloire” gouvernementale. Quelques jours plus tard, Dr. Marzouki
purgera quatre mois de détention et sapera de sa prison des pans entiers de
la notoriĂ©tĂ© d’humaniste dĂ©mocrate, usurpĂ©e par le gĂ©nĂ©ral Ben Ali les
premiers mois de son arrivée au pouvoir.
    Depuis, le tabou n’a Ă©tĂ© approchĂ© que de façon trĂšs limitĂ©e, surtout par
des avocats courageux qui n’hĂ©sitaient pas Ă  dĂ©poser des plaintes contre des
tortionnaires nommément cités. On peut dire que la campagne en préparation
par le CNLT sonne le glas et du tabou et de la peur qui l’engendrait (Qui
parle de la totrure est soumis Ă  la torture.) Il s’agit lĂ  d’une nouvelle
donne dans la vie politique tunisienne, qui augure d’une fin prochaine de
l’Ăšre de la torture. Avec la condamnation du ComitĂ© contre la Torture en
novembre 1998 et celle sur le cas BARAKAT en novembre 1999, la torture,
phĂ©nomĂšne honteusement secret, est devenue trop voyante. Elle ne demande qu’Ă !
ĂȘtre combattue. Il Ă©tait donc temps…
    Le CIDT-TUNISIE salue l’initiative du CNLT et s’engage Ă  tout mettre en
oeuvre pour que la campagne contre la torture soit un succÚs éclatant. Cela
prendra du temps, mais les mille kilomĂštres commencent par un pas.
    Tous les amis du peuple tunisien crieront avec lui d’une mĂȘme voix Ă  la
face du général Ben Ali : ASSEZ !

                                        Khaled BEN M’BAREK, Coordinateur

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CONSEIL NATIONAL POUR LES LIBERTES EN TUNISIE
(CNLT)

Campagne nationale pour l’Ă©radication de la torture

* Dans le cadre de son action pour la !défense des droits humains fondamentaux
et, en premier lieu, de son combat pour le respect de l’IntĂ©gritĂ© physique
des individus,

* Ă  l’occasion de la JournĂ©e nationale contre la torture, commĂ©morĂ©e depuis
l’annĂ©e derniĂšre par le CNLT, en hommage Ă  Nabil Barakati, dĂ©cĂ©dĂ© le 8 mai
1987, symbole de tous ceux qui sont morts sous la torture dans la diversité
de leurs convictions politiques,

* en mémoire de tous Ces martyrs, pour que perdure le souvenir de leurs
sacrifices pour la liberté et la dignité,

* considĂ©rant la rĂ©solution de l’A.G. du CNLT et les objectifs dĂ©finis par
notre rapport sur l’Ă©tat des libertĂ©s an Tunisie, rendu public le 15 mars
dernier,
considĂ©rant la victoire morale qu’a constituĂ© pour notre sociĂ©tĂ© civile et
les défenseurs des droits humains an Tunisie, la résolution de la Commission
contre la torture des Nations Unies, an date du 10 novembre 99, qui dénonce
les autorités tunisiennes à propo!s du cas du martyr Faiçal Barakat,

le CNLT annonce le lancement d’une campagne nationale pour l’Ă©radication de
la torture, des mauvais traitements et de toutes ces pratiques barbares,
indignes d’un peuple civilisĂ© et contraires aux principes fondamentaux de
tout Etat de droit.

Cette campagne se donne comme objectif l’application effective de tous les
articles de la Convention internationale contre la torture et,  en
particulier, ceux qui prĂ©voient l’imprescribilitĂ© de ce crime, la sanction de
ceux qui ont pratiqué la torture, le dédommagement des victimes, le contrÎle
des prisons et des commissariats de police par les organisations
indépendantes de défense des droits humains.

Le CNLT a dĂ©signĂ© une commission pour organiser cette campagne et l’Ă©largir
aux forces qui luttent pour les mĂȘmes objectifs afin de constituer un ComitĂ©
national pour établir la vérité et permettre aux victimes de recouvrer leurs
droit!s.

            Tunis, le 13 mai 2000

             Le porte parole du CNLT
            Dr. Moncef Marzouki

                                                        Khaled BEN M’BAREK,
Coordinateur

                                                   &n!bsp;                           
                                                               
    Centre d’information et de documentation sur la Torture (CIDT-TUNISIE).
Association Loi 1901
23, rue Brulard F25000 Besançon. FRANCE. Tél/Fax : (33 3) 81 41 33 22 .
E-Mail : cidtunisie@aol.com
    CCP N° : 6 458 94 X DIJON

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La Tunisie, terre de jeûne
Le Canard enchaßné.
Le mercredi 10 mai 2000.

Les interviews imaginaires du “canard”, qui valent leur pesant d’absurde, sont encore trĂšs au dessous de celle -inimaginable- que le gĂ©nĂ©ral Ben Ali a accordĂ©e lors de la JournĂ©e mondiale de la libertĂ© de la presse, le 3 mai, Ă  quelques responsables des mĂ©dias tunisiens. Le tout filmĂ© par la tĂ©lĂ©vision.

En fait d’interview, l’Ă©change a durĂ© plus d’une heure, dont les neufs dixiĂšmes consacrĂ©s Ă  un long monologue du chef de l’Etat. Dans un pays oĂč tous les quotidiens sans execption publient chaque jour sa photo Ă  la une, et oĂč “Le Canard” est interdit depuis des lustres, Ben Ali a rĂ©pĂ©tĂ© que “le respect de la libertĂ© de la presse est l’une des constantes des choix du rigime”. Qui en douterait ?

La grĂšve de la faim du journaliste Taoufik Ben Brik, dont la presse tunisienne n’avait jusqu’alors pas soufflĂ© un mot, a particuliĂšrement Ă©mu ce gra!nd dĂ©fenseur des libertĂ©s qu’est Ben Ali. Au point qu’il observe lui aussi un jeĂ»ne : “En venant Ă  cette rĂ©union”, a-t-il dĂ©clarĂ© aux directeurs des mĂ©dias, “j’ai dit que je ne voulais ni verre d’eau ni autre chose. On m’a demandĂ© pourquoi : j’ai rĂ©pondu que j’avais entendu parler de ce type qui, disait-on, Ă©tait en grĂšve de la faim. Alors j’ai dit que j’Ă©tais moi aussi en grĂšve de la faim.” (Rires divers et gras des directeurs de journaux.)

Faut-il l’avouer ? On sent chez le gĂ©nĂ©ral-prĂ©sident tunisien une vocation de journaliste. “Si l’affaire Ben Brik a pris une telle proportion, c’est que la presse n’en pas parlĂ©. Moi, j’aurais Ă©crit quelques lignes et je l’aurais dĂ©samorcĂ©.” Simplement, le Ben Ali reporter aime les articles rigoureux. Pas du genre de ceux publiĂ© dans “Le Monde” et “bourrĂ©s de fausses informations sur la Tunisie”. Et voilĂ  pourquoi, explique Ben Ali aux tĂ©lĂ©spectateurs tunisiens, “Le Monde” est interdit en Tunisie depuis l’automne 1999. A l’instar d!e quelques autres mĂ©dias comme le site Internet de TF1, qui ne passe pas pour particuliĂšrement offensif, ou du “Guide du routard”, ce brĂ»lot rĂ©volutionnaire.

Les esprits malintentionnĂ©s mettent en avant l’uniformitĂ© de la presse tunisienne. Mais c’est qu’ils n’ont pas bien suivi l’enseignement du professeur Ben Ali : “les Ă©vĂ©nements, les informations sont les mĂȘmes. On ne va pas les inventer. Mais l’analyse, l’analyse politique, c’est cela qui peut varier.” Et d’ajouter, avec une belle virulence : “Il ne faut pas croire qu’en Tunisie tout va pour le mieux.” Ben ali en veut pour exemple ses propres apparitions Ă  la tĂ©lĂ©vision : depuis le dĂ©but de son rĂšgne en 1987, les Tunisiens n’entendent jamais la voix de leur cher prĂ©sident en direct. “Les gens qui regardent le journal tĂ©lĂ©visĂ© se demandent ce que je suis en train de dire, voilĂ  un dĂ©faut.” Est-ce si sĂ»r ?

Le soir mĂȘme de cette rĂ©union historique, les Ă©ditorialistes tunisiens faisaient entendre leur diffĂ©ren!ce. Ainsi, la tĂ©lĂ©vision voyait dans une rĂ©cente Ă©mission de la chaĂźne El Jezira, un des seuls mĂ©dias crĂ©dibles du monde arabe, la main des islamistes soutenus par des services de renseignement Ă©trangers. Air connu… Et le lendemain, l’Ă©ditorialiste de “La Presse”, le principal quotidien de Tunis, se lançait dans une analyse politique dĂ©capante : “Le prĂ©sident Ben Ali a sĂ©duit et convaincu par la force de l’argumentation, la clartĂ© et la sincĂ©ritĂ© du propos, la pertinenece de l’analyse et une parfaite maĂźtrise des rĂ©alitĂ©s du pays et du monde d’aujourd’hui.” VoilĂ  Ă  l’oeuvre -enfin- un journalisme de rupture…

Nicolas Beau.

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Quotidien National d'Information

Le Matin (Algerie) 21/05

Au lendemain de l’attaque contre le poste-frontiùre tunisien

Tension aux frontiĂšres

Les autorités tunisiennes ont procédé à un renforcement spectaculaire des mesures de sécurité depuis cet attentat.

De notre envoyée spéciale au poste-frontiÚre de Laùyoune (El-Kala)

Les rĂ©percussions de l’attentat terroriste perpĂ©trĂ© dans la nuit de mercredi Ă  jeudi contre un poste frontalier tunisien situĂ© Ă  quelques kilomĂštres de TĂ©bessa ont largement dĂ©passĂ© la localitĂ© concernĂ©e. Au moment oĂč les forces de sĂ©curitĂ© algĂ©riennes poursuivent leur ratissage dans cette zone, la bande frontaliĂšre sĂ©parant El Kala des premiers villages tunisiens vit elle aussi sous tension. Au mĂȘme moment, les voyageurs algĂ©riens, principalement concernĂ©s et surtout incommodĂ©s par cette situation, s’élĂšvent contre le fait que l’attaque ait Ă©tĂ© directement ” imputĂ©e aux AlgĂ©riens ” avant que l’enquĂȘte ne soit terminĂ©e et ils rappellent que la Tunisie renferme elle aussi des intĂ©gristes.

Selon les tĂ©moignages de citoyens en provenance de Tunisie, rencontrĂ©s au poste-frontiĂšre algĂ©rien Laayoune (aprĂšs El Kala), les autoritĂ©s tunisiennes ont procĂ©dĂ© Ă  un renforcement spectaculaire des mesures de sĂ©curitĂ© depuis cet attentat. Les barrages, nous dit un pĂšre de famille qui se trouvait en week-end Ă  Bizerte, ont Ă©tĂ© non seulement multipliĂ©s mais dressĂ©s tout le long de la route menant du poste-frontiĂšre tunisien Ă  Tunis. ” Leur mission principale, raconte un chauffeur de taxi, est de filtrer les AlgĂ©riens des autres voyageurs. Tous les vĂ©hicules immatriculĂ©s en AlgĂ©rie sont sommĂ©s de se garer sur le bas-cĂŽtĂ© de la route et leurs occupants interrogĂ©s par les Ă©lĂ©ments des services de sĂ©curitĂ© tunisiens. ” Il affirme avoir lui-mĂȘme Ă©tĂ© interrogĂ© pendant plus d’une heure ainsi que les voyageurs qu’il transportait. ” Ils nous ont emmenĂ©s au poste de police sans que l’on nous dise ce qui nous Ă©tait reprochĂ©. Ils nous ont questionnĂ©s pendant plus d’une heure. Ils voulai!ent tout savoir, notre destination, notre lieu de rĂ©sidence, le lieu de provenance. Nos piĂšces d’identitĂ© ont Ă©tĂ© examinĂ©es sous toutes les coutures. A un certain moment, j’ai rĂ©agi en leur disant que mes clients Ă©taient fatiguĂ©s et qu’il Ă©tait temps de nous laisser repartir, mais ils n’ont rien voulu savoir. “

Un autre voyageur algĂ©rien qui revient de Tunis au moment oĂč nous nous trouvons sur place se prĂ©cipite vers d’autres chauffeurs de taxi pour se renseigner : ” Que s’est-il passĂ© ? Un policier tunisien vient de m’apprendre qu’un attentat a eu lieu aux frontiĂšres. C’est vrai ? ” Un douanier en civil nous apprend en mĂȘme temps que l’attaque a Ă©tĂ© perpĂ©trĂ©e par plus d’une vingtaine de terroristes dont l’objectif Ă©tait probablement de rĂ©cupĂ©rer les armes des gardes- frontiĂšres tunisiens. ” Pourquoi disent-ils que l’attaque est venue d’AlgĂ©rie ? Les intĂ©gristes tunisiens ne sont pas plus clĂ©ments que les nĂŽtres, ils n’ont simplement pas la latitude de bouger avec le rĂ©gime de fer imposĂ© par Ben Ali. Rien ne dit qu’ils n’ont pas dĂ©cidĂ© de passer Ă  l’action maintenant. ” Il dit avoir Ă©tĂ© surtout surpris par le fait que le policier tunisien, qu’il ne connaissait pourtant pas, l’ait interpellĂ© juste pour lui annoncer la nouvelle de l’attaque terroriste. Un autre voyageur intervient :! ” L’attentat perpĂ©trĂ© Ă  Marrakech en 1994 a bien Ă©tĂ© attribuĂ© par Rabat Ă  des terroristes algĂ©riens, avant qu’il ne s’avĂšre que les auteurs Ă©taient dans leur majoritĂ© marocains. “

D’autres tĂ©moignages recueillis hier indiquent que les douaniers tunisiens contrairement Ă  leur habitude, se livrent Ă  une fouille rapide et sommaire des voyageurs algĂ©riens avant qu’ils ne soient pris en charge par leurs collĂšgues policiers.

Ce qui dĂ©note la grande inquiĂ©tude des autoritĂ©s tunisiennes. Les voyageurs algĂ©riens craignent, quant Ă  eux, que les brimades ne s’accentuent Ă  leur encontre.

Abla Chérif

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Le Matin (Algerie) 20/05

Le GIA s’attaque à la Tunisie

L’incursion terroriste en territoire tunisien s’est soldĂ©e par quatre morts.

Un groupe terroriste algĂ©rien a attaquĂ© dans la nuit de mercredi Ă  jeudi un poste avancĂ© de la Garde nationale tunisienne. Selon l’agence tunisienne, qui rapporte l’information, l’attaque s’est produite Ă  RaĂŻs El Youn, Ă  5 km de la ville d’El Kouif. Ce poste qui se trouve Ă  400 m de la frontiĂšre algĂ©ro-tunisienne se situe Ă  mi-chemin entre la ville algĂ©rienne TĂ©bessa et une ville tunisienne situĂ©e, elle, dans une rĂ©gion montagneuse, dite Thala (sud-ouest de la capitale tunisienne). Trois terroristes ont Ă©tĂ© tuĂ©s. Deux Tunisiens, dont un gendarme, blessĂ©s lors de l’accrochage, ont Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©s Ă  l’hĂŽpital de Kasserine. L’un d’entre eux aurait succombĂ© Ă  ses blessures. Le commando islamiste qui a traversĂ© la frontiĂšre algĂ©rienne est composĂ©, prĂ©cise l’agence tunisienne, d’une vingtaine d’élĂ©ments. Lors de l’attaque du poste frontalier, le commando a utilisĂ©, selon l’agence tunisienne, des fusils lance-grenades, des pistolets-mitrailleurs kalachnikovs et des grenades. Surpri!s par la riposte des Tunisiens, le commando a Ă©tĂ© contraint de prendre la fuite et de laisser sur place les corps de leurs trois compagnons, ainsi que des armes et des munitions. La presse tunisienne, citant des sources informĂ©es, prĂ©cise que la Garde nationale a rĂ©cupĂ©rĂ© un important lot de kalachnikovs, des munitions et
 des bombes artisanales, sans donner plus de prĂ©cisions. Dans les poches d’un des membres du commando abattus, les Tunisiens affirment avoir trouvĂ© deux documents. L’un comporte la mention du groupe la ” DaĂąwa wa el qital ” (prĂ©dication et combat) que dirige Hassan Hattab, l’émir national du GSPC. Le second mentionne le nom d’une katiba (compagnie) ” El Hadjez ” (obstacle). Ces documents portent Ă©galement plusieurs noms de guerre qui pourraient ĂȘtre ceux du groupe envoyĂ© par Hattab en Tunisie ou
 de Tunisiens islamistes. Une opĂ©ration de ratissage de grande envergure a Ă©tĂ© dĂ©clenchĂ©e par les Ă©lĂ©ments de l’ANP, ArmĂ©e nationale populaire, jeudi vers 3 h du mati!n.

Interrogations

Selon des sources crĂ©dibles, cette incursion terroriste serait un acte de reprĂ©sailles de Hattab. Des gardes-frontiĂšres ont, il y a une annĂ©e, tuĂ© un ” passeur d’armes ” qui Ă©tait aux ordres de l’émir du GSPC. D’autres sources affirment qu’au vu de la qualitĂ© et de la quantitĂ© d’armes utilisĂ©es et dont certaines ont Ă©tĂ© rĂ©cupĂ©rĂ©es, ce groupe serait parti en Tunisie pour perpĂ©trer des actes terroristes. Des officiels algĂ©riens sous le couvert de l’anonymat font un lien direct entre cette tentative d’incursion terroriste en territoire tunisien et deux faits politiques majeurs qui ne seraient pas au grĂ© des islamistes. Un, le renforcement de la coopĂ©ration dans la lutte antiterroriste dĂ©cidĂ© par les deux pays lors de la visite du chef d’état-major de l’armĂ©e algĂ©rienne Ă  Tunis. Deux, la visite de Bouteflika, qui vient de se dĂ©finir comme un ” non-islamiste politique ” et qui a qualifiĂ© Ă  MontrĂ©al la situation algĂ©rienne de ” toujours pas enviable ” sera dans les prochains jour!s dans la capitale tunisienne. L’attaque du groupe terroriste algĂ©rien de mercredi, qui a Ă©tĂ© rapportĂ©e pour la premiĂšre fois par l’agence tunisienne et qui a Ă©tĂ© ignorĂ©e par l’agence algĂ©rienne, l’APS, n’est pas la premiĂšre du genre. Le 11 fĂ©vrier 1995, un poste-frontiĂšre tunisien avait Ă©tĂ© attaquĂ© Ă  Soundous (Centre-Ouest) par des Ă©lĂ©ments du GIA, groupe islamiste armĂ©. Six gardes tunisiens ont Ă©tĂ© tuĂ©s ce jour-lĂ .

Il y a moins d’un mois, les Ă©lĂ©ments de Antar Zoubri, une quarantaine des sources marocaines, citĂ©es par la presse locale, ont tentĂ© une incursion dans un village marocain dit BĂ©ni Hamdoun, situĂ© Ă  4 km de la frontiĂšre algĂ©rienne. Ces incursions des islamistes algĂ©riens dans les territoires de deux pays voisins qui ont signĂ©, rĂ©cemment, des accords de coopĂ©ration dans la lutte antiterroriste, seraient-elles annonciatrices d’un rĂ©dĂ©ploiement du terrorisme islamiste international qui a fait du Maghreb une de ses prioritĂ©s ? En avril 1998, une source policiĂšre belge a dĂ©clarĂ© au Soir de Belgique qu’” un GIA marocain de composition supranationale est en voie de se constituer “. Dans son manifeste, le GID (Groupe islamique djihadiste) (marocain) appelle ” les moudjahidine des autres pays Ă  coopĂ©rer entre eux en vue d’instaurer le califat ” au Maghreb. Est-ce la rĂ©ponse des islamistes algĂ©riens Ă  l’appel ?

Djamel B.

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Source :http://members.boardhost.com/tunisia/msg/7470.html

Meeting de la borse du travail (suite)

Posted by Lo Shem a tous on 5/19/2000, 12:02:56


Avant de reprendre la fin du discours de Shwarzenberg, j’ai omis de vous preciser qu’a l’ouverture de la reunion, on annoncaient l’incapacite de TBB d’assister au debat. Les docteurs le lui interdise. La raison avancee : crise emotive aigue et complications digestives qui font suite a son arret de la greve.
Le prof. Shwarzenberg termine par une citation de Charles Peguy : « Il y a pire qu’une ame asservie, c’est une ame habituee », ovation convulsive dans la salle. l’homme, vieux et fatigue mais bien maitre de son verbe, reprend sa place lentement.
La parole passe au representant de Amnesty International France. Il evoque les trois rapports rediges sur la situation des droits de l’homme en Tunisie. Celui de 1992 qui denonce la prolongation des peines d’emprisonnement sans proces, celui de 1993 qui rappelle la torture subie par les femmes en Tunisie, et celui de 1997 qui s’intitule « le cercle de la repression s’élargit» pour to!ucher les chercheurs et les journalistes. Depuis, Amnesty France semble avoir adopte 150 prisonniers d’opinion tunisiens.
Boujenah annonce un scoop. Le parlement europeen, jusque-la pris en otage par le refus de la droite francaise de mettre a jour le dossier de la Tunisie vient de decider, par la majorite des voix des presidents des differentes commissions, d’organiser une conference sur la Tunisie qui a ete fixee pour le 14 Juin.
Nouvelle interlude comique orchestree par les sbires de Ben Ali, retenus devant les portes de l’amphi.
On apprend que le nombre d’indicateurs au service de Ben Ali s’eleve a quelques 130.000 agents, les sources sont confirmees par deux associations tunisiennes de droits de l’homme installees en France.

21heures : Radhia Nasraoui, avocate et epouse de Hamma hammami, petite femme tunisienne, en tailleur bleu marine, brandissant un sourire aux flashs qui la traquent, insiste a prendre la parole a l’annonce du depart des personnalites francaises presentes au meeting.
Elle s’impose d’emblee comme la premiere voix echappee tout droit des griffes de l’inculte. Elle parle longuement, en detail, des tortures, des morts, des abus de la police. En Tunisie, des geoles prevues pour trente personnes sont occuppees par 80. La police ne porte plus d’uniforme et les matraques, attachees aux ceintres des jeans, chancellent diffusant la peur et l’intimidation dans les rues sombres de Tunis. Un homme est passe a tabac pour un delis mineur de droit commun. Son nom, Bechir Jelassi. Aucune enquete n’est menee par les flics des flics. Sa mere decide de faire le travail. On l’en empeche, on la menace.
Un brillant etudiant tunisien, connu pour ses dons de poete et railleur invetere de l’inju!stice a la fac de Tunis, vient de disparaĂźtre. Il s’appelle Chawqi Chihi. On le retrouve plus tard en prison avec un chef d’inculpation « d’atteinte aux bonnes mƓurs », il n’a pas le droit de dormir. Il s’ecroule, on l’oblige a partager le lit d’un autre detenu

Dans les cellules de prison du 7 novembre, les lits sont un lieu de vie ou de vit. On y fait tout. Meme la lessive

Ben Ali reserve une autre surprise aux avocats, d’ores et deja, ils sont tenus de faire un compte rendu preliminaire de leur plaidoiries devant les magistrats, du jamais vu dans l’histoire du droit.
Nasraoui ne mache pas ses mots. « Je ne suis pas traitre comme on veut vous le faire comprendre », « nous ne sommes pas une poignee d’insoumis » scande t-elle. Elle se bat, dit-elle, en faisant la greve. Elle est rassuree, elle n’est pas la seule a le faire, les avocats tunisiens, dans leur majorite, ont egalement fait greve. Elle termine son discours en exigeant de Ben Ali :
-le respect de l’inte!grite physique, de la dignite humaine et des droits elementaires
-la liberation de tous les detenus d’opinion
-la liberte d’association et d’expression
Elle propose le 8 mai, date symbole de la mort d’un opposant pacifiste tunisien en 1997, comme journee nationale contre la torture.
Radhia Nasraoui sait ce qu’elle dit, elle recuse l’intox que vehiculent les services de contre information de Ben Ali et met sa fille et son mari en danger en s’attaquant ouvertement a Ben Ali.
La salle l’acclame tres fort. D. Mitterrand se leve pour l’embrasser avant qu’elle disparaisse dans la foule.
Les discours de Lutte Ouvriere et de la CGT s’entrecoupe, celui de la CGT se revele plus sage car il evite la demagogie.
Quelqu’un lit une lettre de « Laouididi » exile au Royaume Uni. Lui aussi parle de sa famille, de sa sƓur prise en otage par Ben Ali et torturee. On prend conscience que le probleme est aussi, si ce n’est pas avant tout, d’ordre personnel. Ben Ali fait du chant!age avec des vies humaines innocentes, il divise pour mieux regner. Se mettre a la place de ses gens qu’on appelle « opportunistes, affairistes etc. » ouvrirait les yeux a plusieurs bailleurs de fond.

Un avocat algerien, Maitre Tahri, tente d’eclaircir le debat sur la polemique Bbrik. « Il faut elever le debat » et sortir du piege de l’intox orchestre par Ben Ali. Chez lui, en Algerie, ce genre de procedure « poudre aux yeux » n’impressionne plus personne.

Il se fait tard et le service d’ordre de la bourse du travail presse les intervenants pour conclure. Dehors, les memes aboiements.
21 :45. Escorte par deux femmes qui l’aide a descendre les marche, TBB fait son entree. Il aurait quitte la clinique sans l’accord des medecins traitant. Le Profil bas, une cigarette a la main, l’homme est invite a s’exprimer. Il a l’air epuise, mais determine. Il porte le meme « dingreee »  (bleu de travail chinois) Il parle, il improvise. Un discours court mais consĂ©quent. Ben Brik lis des poemes, sortis de la periode nasseriste et en langue Arabe. Il chante la liberte et le devoir de combattre, de se battre sans relache. Il lis aussi un poeme de lui ou il retrace un des interrogatoires qu’on lui a fait subir.
Plus tard, je l’approche pour l’encourager. C’est un homme inquiet mais souriant, il mesure la gravite de la situation et son absurdite, il fut eleve (a conjuguer) au rang d’opposant malgre lui, il lui incombe de gerer la vicissitu!de des autres
les mauvaise langues comme le dis.

Ils sont nombreux a se battre, ses tunisiens qu’on veut nous faire croire a la solde d’apprentis politicards. Ils se battent
A nous d’en faire autant.
Bien a vous
Lo shem

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