17 mai 2000

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C.R.L.D.H.  Tunisie

Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie

21 ter rue Voltaire 75011  Paris- France

fax : (33) 0169058961

E-Mail : crldht@aol..com

http ://  www.maghreb-ddh.sgdg.org

membre du Réseau Euro-méditerranéen des Droits de l’Homme

 

Communiqué

 

La famille d’un autre journaliste tunisien, prise pour cible

 

Noureddine Aouididi est à sa 15 eme  journée de grève de la faim. Collaborateur de plusieurs titres arabes édités en Grande-Bretagne, il voit sa famille subir depuis des années des représailles en raison de ses opinions politiques et plus récemment de deux entretiens qu’il a réalisés avec l’opposant Khémaies Chamari et le président du Forum démocratique Mustapha Ben Jaafar.

 

Noureddine Aouididi, installé en Grande-Bretagne depuis 1994, a obtenu le statut de réfugié politique en janvier 1997. En 1992 il a été condamné à deux ans et demi de prison ferme en raison de ses activités estudiantines.

 

En 1998, il a été de nouveau condamné, à perpétuité, dans le même procès que sa soeur Radhia Aouididi . Rappelons que Radhia Aouididi , fiancée d’un exilé politique en France, a été arrêtée et condamnée en 1996 à trois ans et demi de prison ferme, alors qu’elle tentait de fuir le territoire tunisien après des années de harcèlement. Elle a été par la suite libérée grâce à une campagne de solidarité internationale. Aujourd’hui Radhia ainsi que son frère sont soumis à la procédure inique du contrôle administratif . Nous reprenons ci-dessous la lettre de Noureddine Aouididi où il explique les raisons de sa grève de la faim.

 

Le Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie dénonce l’enfer qu’infligent les autorités tunisiennes à la famille Aouididi, soutient les exigences du journaliste et appelle les organisations nationales et internationales des droits de l’homme à faire de même.

Paris, le 17 mai 2000

 

 Noureddine AOUIDIDI, Journaliste tunisien, vivant en grande Bretagne

Tel: (44) (0) 208 845 4537.     Portable : (44)(0) 780 359 4620.

E-mail: noureddineaouididi@yahoo.com

 

Londres le 12 mai 2000

 

Au dixième jour de ma grève de la faim Je demande de cesser le harcèlement contre ma famille et de délivrer des passeports à tous ses membres.

 

Madame, Monsieur,

 J’entame aujourd’hui le 10 ème jour de la grève de la faim tout en étant décidé à la continuer jusqu’à l’obtention de gain de cause.

 

Madame, Monsieur,

Je suis journaliste tunisien, en grande Bretagne depuis 1994, dont la famille est harcelée, humiliée et intimidée sans cesse à cause de mes opinions et de ce que j’écris dans la presse. En effet, les membres de ma famille sont interdits de leur droit les plus élémentaires : vivre en paix sans peur ni crainte de l’imprévu, la liberté de voyager et avoir des passeports.

Le 9 novembre 1996, les autorités ont arrêté ma sœur Radhia AOUIDIDI. Où elle était prise comme otage après l’exil de son fiancé. Radhia a été condamnée à trois ans et demi de prison et cinq ans de suivi administratif. Libérée en juin 99, Radhia est toujours interdite de tous ses droits (d’avoir un passeport, de pouvoir voyager librement) et elle est obligée de se présenter au près de la police.

En même temps, les autorités ont arrêté mon frère Abdel Aziz et l’ont retenu pendant plusieurs semaines puis libéré après avoir confisqué son passeport. Pendant le mois de mars 1997, ils ont confisqué les passeports des autres membres de ma famille y compris ma mère qui n’a pas pu se rendre à mon mariage.

Le 29 octobre 1998, arrestation de  ma mère Omssaad AOUIDIDI connue comme cardiaque et diabétique, et de mon frère Mohamed AOUIDIDI (âgé de 48 ans et père de 4 enfants)à notre domicile à Bir Salah (Sfax), Tunisie. En même temps, il y a eu arrestation de mon beau-frère Mohamed AMRI (père de 4 enfants).

Mon frère Mohamed AOUIDIDI, tabassé et torturé avec une grande violence. On les accuse d’avoir eu de l’argent de l’étranger. En effet il paraît qu’ils ont trouvé à la maison un reçu de mandat que j’avais envoyé, pour les aider financièrement. Ma mère Omssaad, libérée après quelques jours à minuit dans une ville qu’elle ne connaît pas et loin de chez elle de plus de 50 kms. Alors que mon frère et mon beau-frère ont été transférés en prison où ils sont restés 5 mois avant d’être libérés par manque de preuves et grâce aux efforts des organisations des droits de l’homme.

 

Madame, Monsieur,

Aujourd’hui, l’affaire qui cite ma sœur Radhia, ma mère Omssaad, mon frère Mohamed et mon beau-frère Mohamed AMRI est passé de nouveau en cassation. Malgré l’absence de preuves pour des accusations montées de toutes pièces, est un atout utilisé contre moi pour me faire taire et qui peut être utilisé quand ils veulent et au moment voulu.

 

Madame, Monsieur, défenseurs des droits de l’homme,

Depuis dix ans, je n’ai vu personne de ma famille. Ma mère, âgée de 70 ans, peut mourir sans que je puise la voir ou qu’elle puisse voir ma femme et ma fille âgée de 2 ans et 6 mois. 

 

Madame, Monsieur,

Compte tenu de ce qui est cité ci-dessus, je décide de continuer ma grève de la faim jusqu’à que les autorités :

Délivrent des passeports à tous les membres de ma famille et en premier ma

sœur Radhia  et qu’elle soit libre de voyager et pouvoir se rendre en France où il vit son fiancé Ahmed AMRI.

Arrêtent le harcèlement et l’humiliation de ma famille.

Arrêtent définitivement cette affaire pour que ma famille puisse vivre sans crainte de l’imprévu.

Arrêtent de prendre ma famille comme otage et de les punir pour les opinions que j’écris car la responsabilité est personnelle et ma famille n’a pas à être puni ma place, pour mes opinions.

 

Madame, Monsieur, défenseurs des droits de l’homme,

Je compte sur vous tous pour mettre fin à ce drame que je vis avec ma famille depuis de longues années. Madame, Monsieur, défenseurs des droits de l’homme, Veuillez, agréer, Madame, Monsieur, mes salutations les meilleurs.

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Tunisie-UE-droitshomme                   AFP  May 16 18:41

Ben Brick critique sévèrement l'Union européenne

  STRASBOURG, 16 mai (AFP) - Le journaliste tunisien Taoufik Ben
Brick a critiqué sévèrement l'Union européenne comme servant de
"bouclier" au président tunisien Ben Ali, lors d'!une conférence de
presse mardi au Parlement européen à Strasbourg.
  "L'Europe, et tout ce qu'elle constitue de pouvoirs politiques,
n'est pas du côté de la Tunisie militante. Elle a été toujours été
le bouclier de Ben Ali, et ensuite le blanchisseur de l'ignominie de
Ben Ali. Ce sont eux (les Etats membres) qui le sauvegardent, qui le
mettent sous perfusion, à qui il doit son règne de 13 ans", a estimé
M. Ben Brick.
  "On a pas besoin de l'Union européenne", a-t-il ajouté. Il a
reproché à "Paris d'avoir fermé les yeux pendant plus de 13 ans",
comparant la France "aux collabos du temps de Vichy qui ont fermé
les yeux quand on a parqué les Juifs pour les emmener à Auschwitz".
  Le journaliste, correspondant du quotidien catholique français
La Croix, a cessé lundi une grève de la faim de 42 jours. Il était
invité à Strasbourg par le groupe parlementaire écologiste, qui a
tenté avec les eurodéputés de la gauche néo-communiste, de faire inscrire à l'ordre du jour de la session plénière le vote d'une
résolution d'urgence sur la situation des droits de l'homme en
Tunisie, sans y parvenir. Leur demande a été rejetée lundi par 166
voix contre, et 109 voix pour.
  "Je suis venu surtout (..) pour une éventuelle résolution
d'urgence. Seulement, j'ai remarqué que cela a flippé", a constaté
M. Ben Brick, déçu du silence du Parlement europé!en.
  "Je n'ai qu'une demande au Parlement européen: laissez-nous nous
battre seul contre Ben Ali. Au moins soyez neutre, écartez-vous. On
n'a pas besoin de vous. On a nos véritables amis et des alliés de
taille, qui sont les organisations internationales et le redoutable
bouclier médiatique qu'est la presse internationale", a-t-il
ajouté.
  Le président du groupe socialiste au Parlement européen,
l'Espagnol Enrique Baron Crespo, opposé à une résolution d'urgence,
avait estimé lundi préférable d'attendre la réponse que ferait le
président tunisien à une lettre de Nicole Fontaine, la présidente du
PE, avant d'avoir un "débat de fond" sur la Tunisie.
  Dans ce courrier, Mme Fontaine rappelait que "le respect des
principes démocratiques et des droits de l'homme est un élément
fondamenta!l" de l'accord d'association liant la Tunisie et l'Union européenne.
  Cet accord, dont plusieurs associations de défense des droits de
l'Homme ont demandé la suspension, est en vigueur depuis mars 1998.
Il prévoit la création en 2007 d'une zone de libre-échange avec
l'UE, principal investisseur étranger en Tunisie avec 80% des
investissements extérieurs.
  En entamant le 3 avril à Tunis sa grève de la faim, M. Ben Brick
voulait protester contre le harcèlement continu des autorités
tunisiennes à son encontre, à la suite de la publication dans la
presse européenne de plusieurs de ses articles critiquant la
situation des droits de l'Homme et des libertés dans son pays.
  A Strasbourg, il a souligné qu'il avait arrêté son action avant
de savoir que son frère Jelal Zoghlami, poursuivi pour "agressions
contre des agents de l’ordre » et « outrage aux bonnes moeurs », était
libéré à Tunis par la cour d'appel qui a aussi reporté son jugement
au 18 mai.
  Selon lui, l'élan de contestation en Tunisie "ne pourra plus
être stoppé, tout le monde marche maintenant sur Ben Ali".
AFP
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Le matin ( algérie) du 17 mai 2000.
 
 
La libération lundi du frère de Taoufik Ben Brick est une des mesures, selon
des démocrates tunisiens, d'une ouverture, même timide, du pouvoir de Ben
Ali. Notre collaborateur en a fait parler quelques-uns, depuis Tunis, parmi
les plus en vue dans leur lutte pour la démocratie en Tunisie.
&!nbsp;
Des voix dans le silence
De Tunis, Yassin Temlali
 
M. Omar Mestiri, membre du Conseil national pour les libertés " La terreur
opère aujourd'hui de moins en moins. La société civile et un nombre
grandissant de citoyens expriment leur refus de la gestion policière des
affaires du pays. Le pouvoir recule sous la pression, mais il n'opte pas
encore pour une gestion politique. Est-ce qu'il en sera capable ? Nous n'en
savons rien. 
 
Il est nécessaire d'aborder le problème de l'alternance, mais qu'il ne faut
pas se focaliser uniquement dessus. Nous devons nous atteler à la
construction des institutions alternatives qui consacrent !la véritable
pluralité de la société, qui ne soient pas monopolistiques. Nous devons
remplacer la culture de l'échec et du sectarisme par une culture moderne de
réalisation de la citoyenneté. Cela prendra un certain temps. Il ne s'agit
pas de bâcler cette tâche. Notre entrée dans le XXIe siècle en dépend. "
 
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Azza Ghanemi, SG de l'Association des femmes démocrates 
 
" L'ATFD a lancé la première une campagne pour le droit au passeport. Nous
avions marre d'écrire aux autorités à ce sujet. Nous sommes contentes que
des femmes, membres de l'association, aient obtenu leurs passeports et,
récemment encore, Fatma Ksila. Le Président de la République affirme que ce
doc!ument est un "droit inaliénable". Nous attendons la concrétisation de ses
paroles. 
 
Nous sommes contentes pour la libération de Jalal Zoghlami Ben Brick. Nous
espérons que les promesses des derniers jours prendront corps. Car ce n'est
pas la première fois que nous en avons des promesses. Ce n'est pas la
première fois, par exemple, qu'on parle de "réforme du code de la presse".
Mais le texte révisé a toujours été pire que l'ancien. Autre exemple, notre
dénonciation de l'assimilation de la violence conjugale à une simple bagarre
de rue a fini par être entendue : nous avons obtenu que ce délit soit
aggravé. Nous ne prenons pas les promesses pour argent comptant aussi parce
que les problèmes continuent : nos locaux sont toujours surveillés par la
police. Nos téléphones sont sur table d'écoute et souvent coupés. On parle
d'"apaisement ", nous ne demandons qu'à voir. En attendant, nous continuons
à travailler.
 
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Jalal Zoghlami Ben Brick, dirigeant de l'OCR
 ( organisation communiste révolutionnaire- non reconnue)
 
" Le pouvoir s'est trouvé acculé par la mobilisation autour des libertés. Il
a été obligé de se découvrir. Il fait aujourd'hui quelques concessions. Il
redonne leurs passeports à quelques militants et parle de réforme du code de
la presse. Mais le cœur du système, c'est-à-dire l'omnipotence des quelques
"familles régnantes", en sor!t indemne. Pour que le changement puisse être
réel, il aurait fallu que les témoins de la défense soient entendus pendant
mon procès et que mes agresseurs soient jugés. 
 
Reste que le régime est sur la défensive. Il fait l'unanimité contre lui. Il
est haï par les jeunes, lycéens, étudiants et chômeurs qui ont mis à l'index
le haut de sa pyramide. Il ne faut pas non plus oublier qu'on assiste ces
dernières années à une percée formidable d'un mouvement démocratique, laïque
et anti-impérialiste qui éloigne la perspective intégriste en Tunisie. 
 
Il y a bien sûr l'éventualité d'une solution "occidentale" qui réunirait
dans un même pouvoir des libéraux, des anciens bourguibistes, des
intégristes et la "gauche repentie". C'!est une perspective à laquelle nous
opposons la coordination des luttes de la société civile et du mouvement des
masses. 
 
Les composantes de la société civile ont besoin de coordonner leurs efforts
à la base (jeunes, travailleurs, chômeurs, etc.) et non seulement au niveau
des élites. " 
 
Y. T.
 
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Affaire Ben Brick, 
le mouvement de solidarité s'amplifie
S'il a arrêté sa grève de la faim, le journaliste tunisien Taoufik Ben Brick
n'en a pas pour autant abandonné son combat. Hier, lors d'une co!nférence au
Parlement européen, à Strasbourg, il n'a pas mâché ses mots. " L'Europe et
tout ce qu'elle constitue de pouvoirs politiques n'est pas du côté de la
Tunisie militante. Elle a toujours été le bouclier de Ben Ali, et ensuite le
blanchisseur de l'ignominie de Ben Ali. " 
 
Il n'a pas épargné la France à laquelle il reproche " d'avoir fermé les yeux
pendant plus de treize ans ", la comparant " aux collabos du temps de Vichy
qui ont fermé les yeux quand on a parqué les Juifs pour les emmener à
Auschwitz ". Taoufik Ben Brick était allé à Strasbourg dans l'espoir d'" une
éventuelle résolution d'urgence " sur la situation des droits de l'Homme en
Tunisie, mais la demande, introduite par les Euro-députés de la gauche
néo-c!ommuniste et les écologistes, a été rejetée.
 
En Tunisie, après le libération du frère de Ben Brick, plusieurs
personnalités démocrates parlent de " mesures de détente prises récemment "
par le pouvoir de Ben Ali (lire en haut), alors qu'ici, en Algérie,
l'invitation lancée par des citoyens au journaliste, et pour dénoncer les
autorités algériennes qui lui ont refusé l'entrée au pays, continue de
recevoir des adhésions de tout le territoire national.
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el watan (algérie ) du 17 mai 2000.
 
MEDIASCOPIE / Ben Brik, l'honneur du journalisme maghrébin
 
C'est un acte de déshonn!eur porté à l'image de l'Algérie dans le monde et un
attentat à la liberté de la presse qu'a commis celui qui a pris la décision
- encore courageusement anonyme - d'interdire au journaliste tunisien
Taoufik Ben Brik l'entrée dans son second pays naturel, l'Algérie. 
 
C'est dans le même temps un acte de prédication commis contre la mémoire des
encombrants combattants de la guerre d'Indépendance que de pratiquer l'une
des associations de leurs orphelins (l'ONEC) pour les utiliser comme des pit
bulls, contre un des «mots» de Ben Brik : «proxénète Ali La Pointe». Le
frère du fabuleux martyr de La Casbah, qui a fait vomir leur sale besogne
aux paras, n'a pas tardé à dire les mots justes (Le Matin, 14 mai) : «Le
pouvoir et l'ONEC ne doivent pas explo!iter la mémoire de Ali .» Il a reçu
«cinq sur cinq» le message de Ben Brik, qui a donné le nom du martyr à son
fils de trois ans avant de dire sa volonté de fin de grève de la faim par un
pèlerinage à La Casbah. Histoire d'imaginer d'une touche singulière son Sidi
Bou Saïd à reconquérir, avec ses frères (sans guillemets) algériens. La
trame de fond est là : cette mémoire maghrébine qui a tant besoin d'un
journalisme exigeant et courageux - et pourquoi pas poète comme celui de Ben
Brik - pour lancer des défis qui refondent les valeurs symboliques de nos
sociétés. Porteur d'un indispensable oxygène face à une mondialisation qui
nous passe à la trappe de zones grises, à partir de trois seuls paramètres :
coûts de main-d'œuvre, flexibilité d'à plat-ventrisme et gommage d'ide!ntité,
c'est-à-dire de non-humanité.
Une pratique du journalisme qui n'a pas besoin de passer par des capitales
occidentales ou orientales et d'ONG leaders, traceuses aussi de parts de
marché pour définir la base de ses règles déontologiques, son agenda de
construction de ses organisations syndicales et associatives, les défis de
front à mener d'urgence. Une pratique du journalisme et de définition de ses
professionnels non assujettie à toujours se taper les miroirs de Reporters
sans frontière (RSF) pour se décliner, s'apprécier et situer son parcours.
Qui fasse l'économie de violence symbolique subie par Ben Brik, et dont on
ne saura qu'une infinitésimale partie. Dont les mots d'un paternalisme hors
d'âge du boss exécutif de RSF (Libération, 9 mais)! - première «balle dans le
dos» avant l'assassine passée par «l'agent» d'Air Algérie lui interdisant le
vol sur Alger : «Je suis convaincu qu'il comprendra vite qu'il doit éviter à
tout prix de transformer son combat pour la liberté de la presse et les
droits de l'homme en un cirque médiatique.» Oui, c'est bien le mot «cirque»
que nous avons lu et reproduit. Un captivant rigolo le Ben Brik dans
l'indécente leçon de maître de cirque délivrée. Pour celles et ceux qui ont
«apprécié» la formidable rampe de lancement médiatique capitalisée par RSF,
y compris aux Jt de 20 h, «l'affaire Ben Brik» aura été bonne ; et il faut
la conclure très vite, d'autant que «le fou du roi» s'en prend au président
de la République française lui-même. Dangereusement infréquentable est
devenu ce journaliste.
Entrer en communauté de sens et de combat avec l'électron libre Taoufik Ben
Brik, c'est aussi, d'Algérie, ne pas tarder plus à entendre un signal de
détresse que n'ont cessé de faire vibrer les familles de deux journalistes
déclarés «disparus» : Djamil Fahassi de la radio publique Chaîne 3 et Aziz
Bouabdallah du quotidien El Alam Essiyassi.
Leurs familles et proches en demeurent sans nouvelles depuis,
respectivement, le 6 mai 1995 et le 12 avril 1997. Un article de Daïkha
Dridi (Le Quotidien d'Oran, 4 mai) propose une belle «couleur de solidarité»
et un point insécable d'éthique : la défense de la liberté de la presse
c'est d'abord l'intégrité morale et physique des journalistes face à toutes
les sources de violence!. L'article force des portes de la conscience, à
partir de la douleur de deux familles. Dont, rapporte la journaliste : «Ils
sont venus en civil avec des PA et des armes avec des lunettes infrarouges,
c'était la DRS», martèle le père de Aziz, la mère sursaute, le père insiste
: «De quoi vais-je avoir peur aujourd'hui ? On n'a pas dit tout à la presse
parce qu'on a peur pour nos quatre enfants.» Ce n'est pas seulement au
premier magistrat du pays, aux responsables incriminés de l'armée sur ces
deux affaires de confrères disparus, à la justice, mais aussi au Syndicat
des journalistes d'inclure cette écharde dans leur agenda d'urgence, pour
qu'éclate la vérité.
 
Par B. M.
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la tribune-algérie du 17 mai 2000.
 
Jalal Zoghlami retrouve ses camarades de lutte
 
«Le combat continue»
 
Le frère du journaliste Taoufik Ben Brik appelle l'opposition politique
tunisienne à «associer ses énergies» pour gagner le combat démocratique
Mercredi 17 Mai 2000
 
De notre envoyé spécial à Tunis Zine Cherfaoui
 
Quelques heures à peine après sa mise en liberté provisoire lundi dernier
par la Cour d'appel de Tunis, Jalal Zoghlami Ben Brik a, depuis son domicile
tunisois, rendu un vibrant hommage à la chaîne de solidarité qui s'est
exprimée en A!lgérie autour de sa personne. Entouré de sa famille, de ses
plus proches amis ainsi que de l'ensemble du collectif d'avocats qui a
assuré sa défense, Jalal Zoghlami, au cours d'un bref entretien avec la
presse algérienne, s'est déclaré «touché et ému par le soutien qu'a trouvé
le combat des Tunisiens pour la démocratie et les droits de l'Homme auprès
des médias et de la société civile algériens».Au cours de cette rencontre, à
laquelle ont pris part les principaux représentants de l'opposition
politique tunisienne clandestine, dont celle du Forum démocratique pour le
travail et les libertés du social démocrate le docteur Mustapha Ben Jaafar,
du Conseil national pour les libertés en Tunisie et du représentant du Parti
des ouvriers communistes tunisiens, Jalal Ben Brik a ap!pelé l'opposition
politique tunisienne à «associer ses énergies et à transcender ses
divergences pour gagner le combat pour les droits de l'Homme et les libertés
et amener le pouvoir à prendre en charge les revendications de
l'opposition». 
 
Tout en soutenant l'idée qu'il est impératif d'associer à ce combat même les
représentants du courant islamiste pour lesquels il reconnaît le droit
d'assister et d'exprimer leurs idées, Jalal Ben Brik a précisé que «les
récentes concessions faites à la presse étrangère, les nouvelles mesures
prises en matière de circulation des personnes et la pseudotransparence dans
laquelle s'est déroulé son procès et la mesure de relaxe décidée par la Cour
d'appel de Tunis ne doivent pas occulter la !nature autoritaire et
totalitaire du pouvoir qui cherche à se dédouaner aux yeux de l'opinion
nationale et internationale». Estimant, par ailleurs, que «la victoire
remportée aujourd'hui [lundi dernier NDLR] grâce à la mobilisation des
forces démocratiques ne doit pas faire baisser la vigilance», Jalal Zoghlami
Ben Brik, qui a tenu à rappeler que «le combat était encore long pour
consacrer véritablement le pluralisme politique en Tunisie et donner ainsi
toute sa signification à l'indépendance de la justice et au droit à la
défense», s'est montré persuadé que «la chape de plomb va se rabattre de
nouveau sur la presse et le monde associatif et que les militants des droits
de l'Homme auront encore à subir leur lot de répression aussitôt que la
Tunisie a!ura quitté les feux de la rampe».
 
 Affirmant qu'actuellement «plus de 1 500 militants islamistes continuent à
croupir dans les prisons et dont plusieurs dizaines sont depuis 10 ans
coupés du monde totalement». Jalal Ben Brik, tout en expliquant les actions
menées dernièrement par son mouvement, «a, dans une large mesure, participé
à rendre intelligible la réalité du pouvoir tunisien qui, peu soucieux des
libertés, cherche par tous les moyens à garder une main basse sur la rente
et les richesses du pays, il dira aussi que pour ce qui concerne son
mouvement, il est plus que jamais question d'aller de l'avant pour arracher
tous les espaces de liberté confisqués et faire fléchir le pouvoir». Apparu
pour le moins éprouvé par son séjour en prison et! la grève de la faim qu'il
y a mené mais ne voulant non plus rater l'opportunité de la présence de la
presse maghrébine et étrangère à Tunis, il a eu à puiser dans ses ressources
pour conter son témoignage et surtout donner son appréciation concernant la
situation politique qui prévaut en Tunisie.
 
Il est à signaler que, durant la journée d'hier et de lundi dernier, si les
médias étrangers n'ont pratiquement rencontré aucune difficulté pour
accomplir leur mission d'informer, il reste que la presse tunisienne a
complètement ignoré le procès de Jalal Ben Brik. Dans son édition d'hier, le
quotidien tunisien la Presse, dans un article non signé, reprend l'éditorial
de Claude Imbert de l'hebdomadaire le Point intitulé «Qui veut faire
l'ange…» fustigeant les «faiseurs» d'opinion en France qui soutiennent le
combat pour les droits de l'Homme au Maghreb.  
 
Z. C.
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Bouteflika à Ottawa
 
«Ben Brik n'est pas le bienvenu en Algérie»
Mercredi 17 Mai 2000
 
De notre envoyé spécial à Ottawa Noureddine Azzouz
 
Le président de la République a été, hier, l'invité de marque du cercle des
journalistes canadiens qui regroupe aussi bien des gens de la profession que

des sénateurs, des hommes politiques ou des financiers. Après le petit

déjeuner pris aux environs de 8h30 avec le président du cercle, des
journalistes et des universitaires de renom, Abdelaziz Bouteflika a fait,
protocole oblige, un discours sur les relations bilatérales
algéro-canadiennes, suivi d'un jeu de questions-réponses particulièrement
chaud par moments. Surtout lorsque le président de la République, pour la
première fois sans doute, a réagi à l'interdiction de séjour en Algérie du
journaliste tunisien Taoufik Ben Brik. Répondant à une question d'une
consœur sur le refus des autorités algériennes de laisser Taoufik Ben Brik
entrer en Algérie, Abdelaziz Bouteflika a eu des propos très sévères à
l'encontre de notre confrère qu'il a accusé d'avoir sali des héro!s de la
guerre de libération en traitant Ali la Pointe de «proxénète» et les
poseuses de bombes durant la révolution de «prostituées». Qualifiant
ironiquement le combat de Taoufik Ben Brik d'«odyssée» puis de «parcours
sympathique», le président de la République n'a en fin de compte laissé
entrevoir aucune chance d'espérer dans l'immédiat une prochaine visite dans
notre pays du journaliste tunisien qu'il accuse d'avoir infâmé et insulté
les symboles de la révolution et de la guerre de libération. Les propos
exprimés par le président de la République, moins nuancés que ceux attribués
au ministre des Affaires étrangères qui avait déclaré que l'Algérie n'était
pas disposée à gêner un Etat voisin, risquent de faire rebondir une
polémique déjà bien sérieu!se entre la corporation, qui a dénoncé
l'interdiction de séjour, et les autorités algériennes. Polémique pour
polémique, Abdelaziz Bouteflika, lors de ses réponses à la presse, s'est
livré au jeu du chat et la souris avec les journalistes québécois,
manifestement intéressés par le point de vue algérien concernant les
souverainetés qui revendiquent l'autonomie de la province canadienne
francophone. «Je ne suis pas venu faire ça», a-t-il dit, en levant les deux
bras en forme de V rappelant le geste historique de de Gaulle en 1967. «Je
suis l'invité du Canada et je ne fais pas dans la subversion», a-t-il
ajouté. Cela dit, a-t-il conclu en provoquant le rire de la salle, «je ferai
la francophonie avec le Québec mais sans passer par Paris».    

!

 
N. A.
 
Copyright © 2000 Omnium Maghrébin de Presse - La Tribune 
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© Dernières Nouvelles D'Alsace, Mercredi 17 Mai 2000. 
 
 
Ben Brick : « l'Union sert de bouclier à Ben Ali » 
 
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Il était venu à Strasbourg dans l'espoir! d'une éventuelle résolution
d'urgence et d'un débat de fond sur la Tunisie. Débat qui a été rejeté par
une majorité de parlementaires malgré les talents oratoires déployés par
Daniel Cohn-Bendit, la veille. 
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 Le journaliste Taoufik Ben Brick, qui vient de cesser sa grève de la faim,
n'a donc pas caché son amertume, hier lors d'une conférence de presse,
organisée par les Verts et la Gauche unitaire européenne.  « L'Union
européenne est le bouclier du président Ben Ali, c'est elle qui arme le bras
qui nous bastonne. J'ai une seule demande : laissez-nous nous battre seuls,
écartez-vous et soyez au moins neutres ». Depuis 1998, il existe un accord
d'association entre la Tunisie et l'UE qui est, avec 80%, le principal
investisseur extérieur.  Selon Ben Brick, l'élan pour la défense des droits
de l'homme n'a pas débuté avec sa grève de la faim. « Cet élan a commencé
depuis fin 98 avec l'insurrection des étudiants, l'intifada des élèves, la
dissidence syndicale. Ce mouvement ne pourra plus être stoppé comme le
montre l'éclosion d'associations de défense des! droits de l'homme ».  « Un
mouvement d'opposition encore flou se constitue, il peut très rapidement
aller vers de nouvelles conquêtes », a estimé Sadri Khiari, représentant du
Comité national pour les libertés en Tunisie. « Le mouvement de résistance
qui se développe commence à prendre dans une large frange de la population,
illustré par les récentes émeutes de lycéens et de chômeurs », a souligné M.
Khiari. En rappelant que dans les geôles de Tunisie un millier de
prisonniers politiques vivaient dans des conditions sanitaires exécrables et
que la torture était généralisée même pour des délits de droit communs. 
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W. B. 
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© Dernières Nouvelles D'Alsace, Mercredi 17 Mai 2000. 
 

 


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