17 mars 2007

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TUNISNEWS
7 ème année, N° 2490 du 17.03.2007

 archives : www.tunisnews.net


 

CNLT :Bulletin du Conseil.Poursuite des abus dans les prisons tunisiennes

Appel du citoyen Hamadi Labidi, détenteur de la CNI n°02413140 à toutes les composantes de la société civile
L´Humanité: Hamma Hammami violemment agressé

Réalités : Brahim Letaief persiste et signe « 10 courts, 10 regards »:Pour assurer la relève… Béchir Turki : Néoconservateurs et apprentis sorciers


 

Bulletin du Conseil Mars 2007 Poursuite des abus dans les prisons tunisiennes

 
Le CNLT a enregistré de nombreux abus commis à l’encontre des prisonniers politiques et des détenus en vertu de la loi anti terroriste. * Le prisonnier politique Abdellatif Bouhjila est privé de visites depuis plus de deux mois. Monsieur Abdelmajid Bouhjila, père du prisonnier Abdellatif, n’a pu voir son fils depuis trois mois, sa dernière visite remontant au 12 décembre 2006. Lors de la dernière visite, le prisonnier avait informé son père qu’il était en grève de la faim depuis le 4 novembre 2006 pour avoir droit à des soins et pour pouvoir poursuivre en justice le dénommé « Taoufik », chef du département des soins à la prison de Mornaguia et qui l’avait violemment agressé. Le père du prisonnier Abdellatif Bouhjila a été empêché mardi 6 mars de voir son fils au prétexte que l’administration de la prison ne disposait pas de fauteuil roulant pour handicapés et que Abdellatif Bouhjila n’était pas en mesure de marcher, à cause de sa dernière grève de la faim. La loi portant organisation des prisons dispose que la punition d’un prisonnier ne peut dépasser 10 jours de « mise en cachot individuel » et son article 22, que la privation de visite ne peut excéder 15 jours. Poursuite des brimades à l’encontre du prisonnier politique Aymen Dridi et de sa famille.

La famille d’Aymen Dridi, détenu en vertu de la loi antiterroriste, ne voit pas respecter son droit à lui rendre visite. La visite que sa mère lui a rendue le 17 février 2007 a été interrompue au bout de cinq minutes alors qu’il voulait l’informer de ses conditions carcérales et des tortures auxquelles il était soumis, lui et d’autres prisonniers. Il a signalé à sa mère qu’il avait été torturé lorsqu’il avait été puni par une mise au cachot, par les agents Sofiane Ben Romdhane, Abbes Askri, Néjib Bounab et Mohammed Aouadi. Sa mère a elle-même été agressée verbalement par les agents de la prison de Béja après en avoir été chassée et accusée d’insolence envers les gardiens pour avoir protesté contre les traitements qu’ils infligeaient à son fils, et contre l’interdiction qui lui était faite de recevoir les mandats qu’elle lui envoie depuis le début du mois de janvier depuis le bureau de poste de Béja. Le Conseil rappelle que Monsieur Aymen Dridi n’avait pu recevoir de visite le 3 février 2007 au prétexte qu’il était puni. Contrôle renforcé des prisonniers politiques lors des visites L’administration des prisons impose un contrôle renforcé des prisonniers politiques lors des visites de leurs familles. Avant d’entrer au parloir, il leur est enjoint de ne pas aborder de sujet autre que celui de la famille, et surtout pas leur affaire ou les contacts avec les avocats et les organisations de défense des droits de l’homme. Dans la plupart des cas, la visite est interrompue s’ils enfreignent ces directives. Des fonctionnaires du ministère de l’Intérieur, en civil sont présents à côté des détenus pour les intimider au cas où ils aborderaient des sujets autres que d’ordre familial. Quant au prisonnier du net, Ramzi Bettibi, son frère a été menacé par le directeur de la prison d’interrompre la visite si on en venait à parler des avocats et des organisations. Privation du droit à la promenade quotidienne Les prisonniers détenus dans le cadre de l’affaire instruite sous le matricule 1/7717 n’ont pas droit à la promenade. Ils sont répartis dans des cellules exiguës dépourvues d’aération et fermées à longueur de journée, et ce, en violation flagrante de la loi sur les prisons dont l’article 19 dispose que le « prisonnier a droit à une promenade quotidienne d’une heure minimum » Isolement au cachot injustifié pour Oualid Layouni Le prisonnier politique Oualid Layouni, détenu en vertu de la loi antiterroriste à la prison de Mornaguia, est enfermé dans une cellule individuelle dépourvue d’aération et ne pouvant contenir qu’un lit, et ce, depuis son dépôt en prison le 16 janvier dernier, alors que la mise en isolement prévue par la loi sur les prisons est réglementée par l’article 22 comme ne pouvant excéder 10 jours « après avis du médecin de la prison et si la cellule dispose d’équipements sanitaires » Privation de prisonniers de leurs droits aux soins L’administration de la prison de Mornaguia s’acharne à refuser des soins au prisonnier Khaled Arfaoui, condamné à cinq ans d’emprisonnement dans une affaire relative à la loi antiterroriste, alors que son visage a enflé parce qu’il n’a pu recevoir les soins d’un dentiste. De même, Hichem Saadi n’a pu recevoir de traitement alors que l’état de sa jambe s’est détérioré, suite à sa chute d’une fenêtre d’un des bureaux du tribunal le 10 octobre 2006. Il souffre de douleurs et d’enflures au niveau de la lésion.
(traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)

Au nom de Dieu le Tout Puissant, le Très Miséricordieux Jendouba, le 14 mars 2007 Appel du citoyen Hamadi Labidi, détenteur de la CNI n°02413140 à toutes les composantes de la société civile

 
A la suite de ma libération conditionnelle le 5 novembre 2006, les services du ministère de l’Intérieur et du Développement Local m’ont informé qu’en vertu du décret de contrôle administratif n°17755 du 9 novembre 2006, je devais résider à la cité Tatawwour jusqu’à la fin de ma peine complémentaire. Cela m’entrave et m’empêche même de maintenir le contact avec ma famille qui a déménagé lorsque j’effectuais ma peine, pour s’installer 12 rue Bach Hamba à Hammam Lif. J’ai envoyé des courriers à toutes les autorités et parties concernées, depuis les instances judiciaires jusqu’à messieurs les ministres de l’Intérieur, de la Justice et des Droits de l’Homme et monsieur le Président de la République. Mais je n’ai eu aucune réponse en retour.

Je suis sans domicile effectif et à la charge de mon frère qui habite à la cité Tatawwour avec sa famille. Je fais part de ma situation critique et qui empire du fait de l’éloignement de la résidence de ma mère et de l’interdiction qui m’est faite d’avoir une activité professionnelle. J’ai décidé de mener une grève de la faim illimitée à compter du 14 mars 2007 jusqu’à satisfaction de mes revendications.

J’exhorte toutes les composantes de la société civile, partis, comités et organisations de droits de l’homme, personnalités nationales à me soutenir et à se solidariser de mes revendications humaines.

Hamadi Labidi Tel : 94 773 154 (Source : Tunisnews du 16 mars) (Traduction ni revue ni corrigée par l’auteur de la version en arabe, LT)


 

Dans l’actualité  Hamma Hammami violemment agressé

 

Mardi, en fin d’après-midi, Hamma Hammami, époux de l’avocate Radhia Nasraoui, a été agressé par plusieurs policiers à Tunis. Le dirigeant du Parti communiste ouvrier se rendait au cabinet de Maître Mokhtar Trifi, président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme, pour lui faire part de surveillances policières quasi quotidiennes, sur fond de menaces, dont il est l’objet et déposer une plainte. C’est au moment où il pénétrait dans l’immeuble abritant le bureau de l’avocat que plusieurs policiers en civil l’ont agressé. Le cabinet de son épouse est également sous surveillance policière.  
(Source: L´Humanité (France) le 15 mars 2007) source : http://www.humanite.presse.fr
 


 
Brahim Letaief persiste et signe « 10 courts, 10 regards »:

Pour assurer la relève…

Une sacrée floraison. Pourtant, ce n’était pas donné d’avance. Ce n’est même pas donné du tout, dans la mesure où ce concept, clés en main s’il en est, imaginé par Brahim Letaief, c’est, mine de rien toute une machine qui se met en branle, qui nécessite énergie, bonne volonté et financements, aussi modestes soient –ils, pour donner chair et corps à un rêve : offrir l’opportunité à de jeunes cinéastes tunisiens de réaliser, dans les règles de l’art, leur premier court-métrage. En les soutenant, en les encadrant, et en les accompagnant dés la première phase, qui est celle de la réécriture de leur scénario, jusqu’à la finalisation de l’œuvre. Une manière de penser à la relève, et de baliser le terrain devant une génération de jeunes cinéastes, dont les aînés avaient été parfois obligés d’attendre la cinquantaine avant de pouvoir signer un premier long-métrage. Ainsi, en avril 2006, dix courts métrages étaient déjà fin prêts, produits par « Long et court », en association avec Ulysson : « Bahja » de Walid Tayaâ,, « Conversation » de Med Kaîs Zayed, « Contretemps » de Amine Chiboub, « Le bonheur » de Med Ben Bêcheur, et nous en passons. Des films toniques, neufs, inventifs, et porteurs d’un nouveau souffle, qui augurent de lendemains meilleurs, pour une cinématographie locale qui a mal aux entournures. Faute de moyens, mais pas seulement. Projetés d’abord devant un parterre de 900 personnes au cinéma Le Mondial, les dix films ne sont pas passés inaperçus, loin s’en faut, récoltant au contraire l’adhésion enthousiaste du public, comme ce fut le cas lors de la projection dans le cadre du festival international de Carthage, et suscitant, dans le sillage, l’intérêt de festivals étrangers, comme Montpellier, Cannes, Tarifa et Tanger (Maroc), ou encore à Ouagadougou, dans le cadre du Fespaco. Un concept gagnant s’il en est, et la somme d’un véritable travail d’équipe, qui a donc conduit à la sélection, au Festival de Cannes 2006, des 10 courts-métrages dans la section : « Tous les cinémas du monde ». L’ambition étant de réussir à renouveler cette expérience, pour que ce rendez-vous devienne annuel. Et « persévérance » n’est pas un vain mot pour Brahim Letaief, lequel fort de la promesse de soutien du ministère de tutelle, a reconduit une deuxième édition de « 10 courts, 10 regards », encouragé en cela, notamment, par les sollicitations de toutes parts, venues de plusieurs pays, arabes, africains et méditerranéens. Ainsi cette année, « Long et court » a reçu pas moins de 107 projets. Au bout du compte, et après une première présélection, dix projets tunisiens ont été retenus par le comité de sélection. Les scénarios, signés par des étudiants d’écoles de cinéma, d’histoire de l’art et de journalisme, profitent, depuis la mi-février, des premiers ateliers d’écriture. En attendant l’été pour tourner. Brahim Letaief qui se trouvait dernièrement à Ouagadougou, pour accompagner « Conversation », un film qui fait partie de la cuvée 2006 des « 10 courts, 10 regards», sélectionné par le Fespaco, ne cache pas sa fierté de voir un de ses poulains émerger du lot, d’ores et déjà. Un concept original, de l’or en barres, pour la relance d’un cinéma, jeune et autrement porteur, si tant est qu’on lui donne les moyens de s’exprimer, en l’accompagnant, le temps qu’il sache voler de ses propres ailes… Samia Ghachem (Source : « Réalités » (Magazine hebdomadaire – Tunis), N° 1107 du 15 mars 2007)

Néoconservateurs et apprentis sorciers

Par Béchir Turki (*) Le 26 janvier 1998, l’ancien président William Clinton reçut une lettre l’exhortant à intervenir en Irak pour « renverser le régime de Saddam Hussein » et « préserver l’intérêt des Etats-Unis et de leurs alliés ». Les auteurs de la lettre écrivaient notamment : « Cher M. le Président, nous vous écrivons parce que nous sommes convaincus que l’actuelle politique envers l’Irak ne réussit pas, et que nous pourrions être confrontés bientôt, au Moyen-Orient, à la plus grave menace depuis la fin de la guerre froide. Dans votre prochain discours sur l’état de l’Union, vous aurez une occasion de mettre au point une politique claire et déterminée pour faire face à cette menace. Nous vous exhortons à saisir cette occasion et à annoncer une nouvelle stratégie qui préservera les intérêts des Etats-Unis et de nos amis et alliés dans le monde. Cette stratégie devrait viser surtout le renversement du régime de Saddam Hussein. Nous nous tenons prêts à vous apporter notre plein soutien dans cette tâche difficile mais nécessaire. » La suite de cette lettre, signée par dix-huit personnes dont Paul Wolfowitz, Donald Rumsfeld, Richard Perle, Elliot Abrams, Richard Armitage, John Bolton, Francis Fukuyama, Zalamay Khalilzad etc…montrait déjà l’obsession du groupe devant « les armes de destruction massive » de Saddam Hussein. « Il va sans dire », écrivaient encore les auteurs de la lettre, «que si Saddam acquiert la capacité de délivrer des armes de destruction massive, et il est certain qu’il en sera capable si l’on continue à mener la politique actuelle, la sécurité des troupes américaines dans la région, celle de nos alliés comme Israël et les Etats arabes modérés et l’approvisionnement en pétrole seront en danger. (…) La seule stratégie acceptable est celle qui élimine la possibilité pour l’Irak d’utiliser ou de menacer d’utiliser les armes de destruction massive. » Cette lettre a été écrite trois ans, presque jour pour jour, avant que Georges Bush ne mette les pieds à la Maison-Blanche. Le mensonge des armes de destruction massive était déjà dans l’air avant même que l’actuel président ne pense à se présenter à l’élection présidentielle de novembre 2000. C’est un mensonge délibéré depuis le départ, car des intellectuels et des politiciens aussi avertis et aussi bien informés que les signataires de la lettre adressée à Clinton ne pouvaient ignorer que les équipes successives d’inspecteurs de l’ONU, composées de plusieurs centaines de personnes, dont des dizaines d’agents et d’informateurs de la CIA, avaient sillonné l’Irak de 1991 à 1998 et avaient détruit tout ce qui se rapportait de près ou de loin aux armes chimiques, biologiques ou nucléaires. Le mensonge était donc au cœur du projet néo-conservateur pour l’Irak, en tant que point de départ de la transformation du Grand Moyen-Orient en «démocraties ». Le mensonge en tant qu’instrument « légitime » pour réaliser des objectifs politiques est une vieille idée développée par le père spirituel des néoconservateurs, Leo Strauss (1899-1973). Strauss était professeur à l’Université de Chicago dans les années 50 et 60 où il exerçait, avec son collègue Alan Bloom, une influence considérable sur leurs étudiants, dont certains signataires de la lettre à Clinton, tels que Paul Wolfowitz et Francis Fukuyama. Mais l’influence la plus déterminante de Strauss et Bloom fut exercée sur Irving Kristol et Norman Podhoretz, qui devaient par la suite fonder le mouvement néo-conservateur américain. Il est à noter ici que l’influent magazine néoconservateur, Weekly Standard est dirigé actuellement par William Kristol, fils d’Irving et disciple de Harvey Mansfield, lui-même disciple de Leo Strauss. Dans la pensée de Strauss, la vérité sur la société, la politique et l’histoire est une chose trop sérieuse pour qu’on y mêle le peuple « dépourvu de force morale ». La solution ? Elle est aux mains de « l’élite » qui doit détenir la vérité et servir au peuple, en cas de besoin, quelques « mensonges consolateurs » et l’amener ainsi à soutenir les projets politiques mis au point par cette « élite ». William Pfaff, l’un des plus grands journalistes américains, écrivait dans l’International Herald Tribune du 15 mai 2003 : « Strauss faisait valoir que, pour les gens ordinaires, la vérité platonicienne est trop difficile à assumer, et que l’exhortation classique à la vertu en tant qu’objectif de toutes les actions humaines est irréalisable. De là découle la nécessité qu’il y a de mentir au peuple sur la nature réelle du monde politique. Une élite sait quelle est la vérité et doit garder sa connaissance pour elle. Cela lui confère une clairvoyance et un pouvoir que les autres, ceux qui n’appartiennent pas à l’élite, ne possèdent pas. Il convient de voir dans cette vision, bien entendu, un élément important de la séduction que la pensée straussienne exerce sur les néo-conservateurs. » Dans le cas de l’Irak, les néo-conservateurs ont dépassé la simple séduction platonicienne, si l’on peut dire, pour passer à l’acte. De la lettre envoyée à Clinton le 26 janvier 1998 à l’invasion de l’Irak le 20 mars 2003, les néo-conservateurs n’avaient fait que servir des mensonges au peuple américain et au monde dans le but de réaliser leurs objectifs utopiques au Moyen-Orient. Si William Clinton a ignoré leurs exhortations et résisté à leur pression, George Bush est vite devenu l’un d’eux en se prêtant docilement à la double influence des néo-conservateurs et des évangélistes chrétiens qui nourrissent pratiquement les mêmes idées sur l’Irak et Israël, et défendent les mêmes objectifs pour le Grand Moyen-Orient. Il faut dire que les évènements du 11 septembre 2001 ont été une divine surprise pour les néo-conservateurs. Ces évènements avaient brutalement éliminé toute réticence aux projets néo-conservateurs en instituant une atmosphère de peur parmi les Américains. Quiconque s’opposait à leur politique ou posait les questions gênantes était qualifié d’«anti-américain » et d’ « anti-patriote». Loin de chercher la vérité, qui restera longtemps cachée, sur les évènements du 11 Septembre et de poursuivre les vrais responsables, les néo-conservateurs les ont cyniquement exploités à fond pour mettre au point un autre grand mensonge qu’ils ont servi au peuple américain ad nauseum : la guerre contre le terrorisme. A côté des mensonges « légitimes » qu’ils instrumentalisent sans le moindre remords, les néo-conservateurs ont développé, toujours dans le cadre de leurs projets utopiques pour le Grand Moyen-Orient, des théories aussi étranges que celle du « chaos créateur». Pour eux, la destruction, le chaos et l’anarchie ne sont pas des valeurs négatives. Ce sont des convulsions nécessaires, même si elles sont douloureuses, pour « progresser » et « passer de la dictature à la démocratie ». Au début de l’invasion, et alors que l’ancien secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, n’avait jugé nécessaire de protéger que le ministère du Pétrole, livrant le reste du pays au pillage, ce haut responsable de l’administration Bush jubilait face à l’anarchie qu’il qualifiait de liberté. La caractéristique principale des néo-conservateurs est leur fanatisme aveugle et leur incapacité de tirer les leçons de leurs erreurs ni même de reconnaître tout simplement ces erreurs. Il n’y a pas longtemps, et alors que la mort et la destruction en Irak prenaient des proportions hallucinantes, la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice parlait encore de « chaos créateur » en Irak. Tout le monde, sauf les fanatiques de l’Administration Bush, sait qu’il n’y a pas de chaos créateur, mais des néo-conservateurs créateurs de chaos. La situation désastreusement chaotique qu’ils ont créée en Irak n’a engendré que la mort, la destruction, la haine ethnique entre Sunnites et Chiites qui, avant l’invasion, coexistaient pacifiquement. Loin de semer les « germes de la démocratie et de la liberté », comme ils ne cessent de le crier sur les toits, les néo-conservateurs ont plutôt semé les germes de la haine et de la dissension. Ils ont détruit tout un pays et transformé en enfer la vie de 25 millions d’habitants. Sans parler des problèmes inextricables dans lesquels ils ont plongé leur armée et leur pays dont l’image est fortement ternie par la politique insensée des apprentis sorciers qui tiennent toujours le haut du pavé à Washington. Le grave échec essuyé par les Etats-Unis et leur armée en Irak ne semble pas dissuader les néo-conservateurs de pousser à d’autres aventures militaires. Cela fait un bon bout de temps qu’ils pointent du doigt vers l’Iran, n’hésitant pas à remettre en selle les mensonges utilisés contre l’Irak. Leur engluement en Irak les prive des moyens militaires d’envahir l’Iran, mais le président américain semble déterminé à attaquer par air et par mer les infrastructures iraniennes avant son départ de la maison Blanche. Le journaliste Seymour Hersh, généralement bien informé, l’a écrit depuis des mois dans le magazine The New Yorker. « Bush, a-t-il écrit, est déterminé à finir le boulot en attaquant l’Iran ». Il ferait peut-être mal à l’Iran en lançant quelques bombes et quelques missiles, mais il aggraverait surtout le mal qu’il est en train de faire à son pays en ternissant davantage sa réputation et en accentuant le danger auquel ses soldats sont en train de faire face quotidiennement en Irak. Le peuple américain semble de plus en plus conscient du mal que ce président est en train de faire à leurs pays. Moins de 30% des Américains le soutiennent aujourd’hui, contre plus de 80% au moment où les néo-conservateurs faisaient passer leurs mensonges pour des vérités indiscutables. Mais ni les records d’impopularité de Bush ni les recommandations et les conseils des hommes « sages » et expérimentés aux Etats-Unis ne semblent convaincre les néo-conservateurs fanatiques de renoncer à leur politique insensée. Il est à craindre qu’ils continueront à répandre le mal là où ils vont jusqu’au départ de leur marionnette de la Maison-Blanche, le 20 janvier 2009. (*) Ecrivain et savant tunisien (Source : « Réalités » (Magazine hebdomadaire – Tunis), N° 1107 du 15 mars 2007)

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