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TUNISNEWS
8 ème année, N° 3004 du 13.08.2008
Les femmes défenseures cible des attaques sexistes de la police – Commun iqué commun Liberté et Equité: Fête de la femme AISPP; Vérité-Action: Campagne pour sauver la vie des prisonniers des deux décennies – Wahid Srairi Lettre ouverte à Mme Rama Yade au sujet de la situation en Tunisie
Lettre ouverte à Rama Yade au sujet de M. Ess’ghaier Belkhiri tunisien de Nantes Le Figaro: PS : Sous le soleil tunisien, Delanoë élabore une stratégie Hend Harouni: Tunisian Woman Day Feast AFP: Mauritanie: le putsch probablement soutenu par l’Occident, selon Al-Qaïda (site internet) AFP: L’UE met en garde la junte en Mauritanie contre un risque d' »isolement » Jeune Afrique: Mauritanie – Mohamed Ould Abdelaziz : « Nous avons été contraints de prendre le pouvoir » Jeune Afrique: Les intellectuels arabes et l’État de droit
Tunis le 13 août 2008
Les femmes défenseures cible des attaques sexistes de la police
Les ONG soussignées saisissent l’occasion de la célébration de la journée des droits des femmes consacrées par le Code du Statut personnel (CSP) pour alerter l’opinion publique ainsi que les autorités sur la dérive sexiste qui prend une ampleur inégalée au sein des forces de sécurité.
-Elles sont particulièrement choquées par les menaces de viol et le harcèlement sexuel dont a fait l’objet Zakia Dhifaoui, membre de la LTDH, de l’ALT et du FDTL, au cours de sa garde à vue dans les locaux de la police à Gafsa, et que le tribunal a refusé de consigner durant sa première comparution le 29 juillet dernier.
– Elles notent la recrudescence des agressions verbales à caractère sexiste dans plusieurs occasions où la police attaque des défenseurs lors de l’exercice de leurs droits élémentaires au rassemblement, à l’expression et à la réunion. Et où les femmes sont systématiquement traitées de prostituées.
– Le recours à ce dictionnaire riche en vulgarités a également été constaté sur les colonnes des journaux aux ordres en plusieurs occasions et dont la cible étaient des symboles de la société civile, en toute impunité…Des sites Internet dédiés à l’insulte et la diffamation des femmes et hommes défenseurs et opposants se sont multipliés et ne subissent, évidemment pas, la censure qu’affrontent les sites dédiés à la liberté d’expression.
– Des photo- montages et des cassettes vidéos à caractère pornographique ont été fabriqués par les services spéciaux en vue d’atteindre à l’honneur des femmes et hommes défenseurs et de provoquer des dissensions au sein de ces couples.
Les ONG soussignées demandent aux autorités publiques de veiller à ce que ces attaques sexistes cessent et que la loi sur les bonnes mœurs soit rigoureusement appliquée aux forces de sécurité.
Elles exigent la libération immédiate de Zakia Dhifaoui, jugée pour avoir exercé son droit fondamental à la libre expression.
Ligue Tunisienne de défense des droits de l’homme Association tunisienne des Femmes Démocrates Conseil National pour les libertés en Tunisie Observatoire de la liberté de presse, d’édition et de création Amicale des anciens résistants Association tunisienne de lutte contre la torture
Sauvez la vie du prisonnier politique et ingénieur Ridha Boukadi Liberté et Equité Organisation de droits de l’homme indépendante 33 rue Mokhtar Atya, 1001 Tunis Tel/fax: 71 340 860 Adresse électronique: liberte.equite@gmail.com Tunis, le 12 août 2008
Ces derniers temps, les persécutions contre les militants politiques, sociaux ou des droits de l’homme , se sont intensifiées, comme le traduisent les procès successifs de Gafsa (le bassin minier), du groupe de Bizerte, et la poursuite des arrestations et des procès visant la jeunesse pieuse, sans compter l’attaque générales des correspondances électroniques. A la veille de la célébration de la fête officielle de la femme, nous enregistrons ces faits saillants : le procès de Zakia Dhifaoui, une militante politique, a été reporté au 14 août à Gafsa et Mariam Ben Salem Zouaghi (22 ans) est emprisonnée à la Mannouba pour avoir surfé sur le net. […] Pour le bureau exécutif de l’organisation La chargée du dossier des prisonniers Zaïneb Chebli (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version originale, LT)
Association internationale de soutien aux prisonniers politiques
43, Rue Al-Jazeera Tunis Vérité-Action
Case postale 1569 CH – 1701 Fribourg, Suisse Tél: ++41 79 703 26 11 Fax: ++41 21 625 77 20 Email. info@verite-action.org
Campagne pour sauver la vie des prisonniers des deux décennies:
Pour mettre fin à la politique de la mort lente:
15- Wahid Srairi
Prison à perpétuité+3 maladies chroniques + des déplacements abusifs entre 11 prisons = Souffrance sans limite..! Nom et Prénom : Wahid Srairi Date de naissance : 12/03/1967 Date d’emprisonnement : 3 mars 1991 Niveau scolaire : études secondaires Profession : commerçant Etat civil : célibataire Peine : A perpétuité Etat de santé : Rhumatisme, ulcère, migraine Lieu d’emprisonnement actuel : Prison civile d’Ennadhour, Bizerte Anciennes Prisons : Tunis, Bizerte, Ennadhour, Sfax, Mahdia, Kairouan, Sousse, Mornaguia, Gabès, El Kef, Gafsa. Coordonnées de la famille : cité Mellassine, Tunis Pour écrire à Wahid Srairi : Prison civile d’Ennadhour, Bizerte, Tunisie Appel à tous ceux qui sont touchés par la souffrance des « prisonniers des deux décennies »: Faites connaitre la souffrance de ces prisonniers … Envoyez des lettres, des mots, publiez des articles … Ecrivez aux autorités tunisiennes … Appelez les familles des prisonniers pour les soutenir … Aidez leurs femmes et enfants … Pour qu’on ne dise pas qu’on ne le savait pas.
Paris, le 13 août 2008
Mme Rama Yade
Secrétaire d’État auprès du ministre des Affaires étrangères, chargée des affaires étrangères et des droits de l’Homme
Objet : Lettre ouverte.
Madame la ministre,
Nous avons l’honneur de nous adresser à vous, par la présente, afin de vous informer et de solliciter votre réaction à la suite d’évènements graves qui se déroulent en Tunisie.
Vous n’êtes pas sans savoir que la région du Bassin minier de Gafsa, dans le sud de la Tunisie, connaît depuis le début de l’année un mouvement social d’une rare ampleur. Il s’agit d’une région socialement sinistrée dont la population souffre d’un chômage endémique, de grande pauvreté et des effets dévastateurs de la corruption et du népotisme. Face aux manifestations pacifiques quotidiennes mobilisant toutes les catégories de la population, les autorités tunisiennes ont préféré la politique du pire, celle de la répression tous azimuts et de la terreur : tirs à balles réelles ayant causé la mort d’un jeune et blessé 26 autres personnes, siège policier et militaire de la région, simulacres de procès; le tout doublé d’un black out total sur les événements dans les moyens d’information officiels.
A l’heure qu’il est, des dizaines de syndicalistes, de jeunes, de citoyens croupissent dans les prisons de la région et ailleurs, condamnés à de lourdes peines ou en attentes d’être jugés.
Malgré tous ses efforts pour isoler la population du bassin minier, le pouvoir tunisien n’a pas pu empêcher l’élan de solidarité avec la population du Bassin minier dans tous le pays ainsi que dans les milieux de l’émigration tunisienne.
Parmi les manifestations de solidarité, celles des immigrés tunisiens résidant dans la ville de Nantes et alentours, ont été parmi les plus impressionnantes de constance et de maturité. Il s’agit en effet, en majorité d’immigrés originaires de la ville minière de Redeyef, située au cœur du bassin phosphatier. Mobilisés pour soutenir pacifiquement leurs proches dans la détresse, les Tunisiens de Nantes ont eu recours aux droits que leurs permettaient les lois de la République et bénéficié des autorisations légales pour organiser leurs manifestations. Cet élan spontané et affectif n’a rien d’un complot d’opposants politiques comme veut le faire accroire le régime tunisien.
Pourtant, M. Ess’ghaier Belkhiri, 29 ans, originaire de Redeyef et résident à Nantes, a été arrêté le vendredi 01 aout 2008 à son arrivée au port de la Goulette en Tunisie. Il a, ensuite, été transféré à Gafsa où il a comparu, le lundi 04 août 2008, devant le juge d’instruction au tribunal de première instance de Gafsa qui a ordonné son incarcération. Poursuivi pour sa solidarité avec la lutte des populations du bassin minier, il est accusé, tout bonnement de « financement de rébellion ». Un acte de solidarité est ainsi transformé en un crime passible de 20 ans de prison. Tout se passe comme si l’état de non-droit qui sévit en Tunisie s’étend au pays de droit qu’est la France où la liberté de manifester est garantie, et où, en l’occurrence, elle a été légalement sollicitée et obtenue, comme nous continuons à le croire. Liberté de ce côté-ci de la Méditerranée , crime au-delà ?
Est-il besoin de rappeler la situation déplorable des droits de l’Homme en Tunisie et la paralysie quasi-totale des activités de la LTDH que vous connaissez bien, Madame la ministre.
Vous êtes, sans doute moins au courant des contrôles, tracasseries et intimidations de toutes sortes de la part des officines du pouvoir tunisien subis par les citoyens tunisiens résidant en France comme l’illustre le cas de M. Ess’ghaier Belkhiri et d’autres des compatriotes résidant dans la région nantaise qui ont fait l’objet de menaces à leur retour en Tunisie. Les précédents ne manquent pas comme celui de M. Kamel Jendoubi, président du REMDH et ancien président de la FTCR , privé arbitrairement de son passeport tunisien depuis plusieurs années.
En nous adressant à vous qui êtes en charge des droits de l’Hommes au pays éponyme, nous sommes convaincus que la situation de ces droits en Tunisie ne vous laisse pas indifférente.
Nous attendons de vous, Madame la ministre, une intervention ferme pour la libération du jeune Ess’ghaier Belkhiri et la levée des accusations qui pèsent sur lui.
Certes, Madame la ministre, nous avons été échaudés, et pour tout dire déçus par les déclarations du Président de la République à propos de la situation des droits de l’Homme, lors de sa visite en Tunisie. Nous mettrons cela sur le compte des subtilités et des servitudes de la diplomatie et osons espérer, cette fois-ci, une prise de position claire de votre part qui dissipera tout malentendu.
Veuillez agréer, Madame la ministre, l’expression de notre haute considérations.
Jean-Pierre Dubois
Président de la Ligue Française des Droits de l’Homme LDH
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Fouzia Maqsoud
Présidente de l’Association des Travailleurs Maghrébins en France ATMF
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Mouhieddine Cherbib
Président de la Fédération des Tunisien-ne-s pour une Citoyenneté des deux Rives FTCR
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Kamel Jendoubi
Président du Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie CRLDHT
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Paris, le 13 août 2008
Mme Rama Yade
Secrétaire d’État auprès du ministre des Affaires étrangères, chargée des affaires étrangères et des droits de l’Homme
Objet : Lettre ouverte. :
M. Ess’ghaier Belkhiri, 29 ans, originaire de Redeyef et résident à Nantes, a été arrêté le vendredi 01 aout 2008 à son arrivée au port de la Goulette en Tunisie
Madame la ministre,
Nous avons l’honneur de nous adresser à vous, par la présente, afin de vous informer et de solliciter votre réaction à la suite d’évènements graves qui se déroulent en Tunisie.
Vous n’êtes pas sans savoir que la région du Bassin minier de Gafsa, dans le sud de la Tunisie, connaît depuis le début de l’année un mouvement social d’une rare ampleur. Il s’agit d’une région socialement sinistrée dont la population souffre d’un chômage endémique, de grande pauvreté et des effets dévastateurs de la corruption et du népotisme. Face aux manifestations pacifiques quotidiennes mobilisant toutes les catégories de la population, les autorités tunisiennes ont préféré la politique du pire, celle de la répression tous azimuts et de la terreur : tirs à balles réelles ayant causé la mort d’un jeune et blessé 26 autres personnes, siège policier et militaire de la région, simulacres de procès; le tout doublé d’un black out total sur les événements dans les moyens d’information officiels.
A l’heure qu’il est, des dizaines de syndicalistes, de jeunes, de citoyens croupissent dans les prisons de la région et ailleurs, condamnés à de lourdes peines ou en attentes d’être jugés.
Malgré tous ses efforts pour isoler la population du bassin minier, le pouvoir tunisien n’a pas pu empêcher l’élan de solidarité avec la population du Bassin minier dans tous le pays ainsi que dans les milieux de l’émigration tunisienne.
Parmi les manifestations de solidarité, celles des immigrés tunisiens résidant dans la ville de Nantes et alentours, ont été parmi les plus impressionnantes de constance et de maturité. Il s’agit en effet, en majorité d’immigrés originaires de la ville minière de Redeyef, située au cœur du bassin phosphatier. Mobilisés pour soutenir pacifiquement leurs proches dans la détresse, les Tunisiens de Nantes ont eu recours aux droits que leurs permettaient les lois de la République et bénéficié des autorisations légales pour organiser leurs manifestations. Cet élan spontané et affectif n’a rien d’un complot d’opposants politiques comme veut le faire accroire le régime tunisien.
Pourtant, M. Ess’ghaier Belkhiri, 29 ans, originaire de Redeyef et résident à Nantes, a été arrêté le vendredi 01 aout 2008 à son arrivée au port de la Goulette en Tunisie. Il a, ensuite, été transféré à Gafsa où il a comparu, le lundi 04 août 2008, devant le juge d’instruction au tribunal de première instance de Gafsa qui a ordonné son incarcération. Poursuivi pour sa solidarité avec la lutte des populations du bassin minier, il est accusé, tout bonnement de « financement de rébellion ». Un acte de solidarité est ainsi transformé en un crime passible de 20 ans de prison. Tout se passe comme si l’état de non-droit qui sévit en Tunisie s’étend au pays de droit qu’est la France où la liberté de manifester est garantie, et où, en l’occurrence, elle a été légalement sollicitée et obtenue, comme nous continuons à le croire. Liberté de ce côté-ci de la Méditerranée , crime au-delà ?
Est-il besoin de rappeler la situation déplorable des droits de l’Homme en Tunisie et la paralysie quasi-totale des activités de la LTDH que vous connaissez bien, Madame la ministre.
Vous êtes, sans doute moins au courant des contrôles, tracasseries et intimidations de toutes sortes de la part des officines du pouvoir tunisien subis par les citoyens tunisiens résidant en France comme l’illustre le cas de M. Ess’ghaier Belkhiri et d’autres des compatriotes résidant dans la région nantaise qui ont fait l’objet de menaces à leur retour en Tunisie. Les précédents ne manquent pas comme celui de M. Kamel Jendoubi, président du REMDH et ancien président de la FTCR , privé arbitrairement de son passeport tunisien depuis plusieurs années.
En nous adressant à vous qui êtes en charge des droits de l’Hommes au pays éponyme, nous sommes convaincus que la situation de ces droits en Tunisie ne vous laisse pas indifférente.
Nous attendons de vous, Madame la ministre, une intervention ferme pour la libération du jeune Ess’ghaier Belkhiri et la levée des accusations qui pèsent sur lui.
Certes, Madame la ministre, nous avons été échaudés, et pour tout dire déçus par les déclarations du Président de la République à propos de la situation des droits de l’Homme, lors de sa visite en Tunisie. Nous mettrons cela sur le compte des subtilités et des servitudes de la diplomatie et osons espérer, cette fois-ci, une prise de position claire de votre part qui dissipera tout malentendu.
Veuillez agréer, Madame la ministre, l’expression de notre haute considérations.
Jean-Pierre Dubois
Président de la Ligue Française des Droits de l’Homme LDH
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Fouzia Maqsoud
Présidente de l’Association des Travailleurs Maghrébins de France ATMF
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Mouhieddine Cherbib
Président de la Fédération des Tunisien-ne-s pour une Citoyenneté des deux Rives FTCR
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Kamel Jendoubi
Président du Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie CRLDHT
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PS : Sous le soleil tunisien, Delanoë élabore une stratégie
Nicolas Barotte 12/08/2008 | Mise à jour : 21:12 | . DEVOIRS DE VACANCES (7) – Le maire de Paris passe ses vacances dans la ville de son enfance, Bizerte, en Tunisie. Revenir de Bizerte. Là-bas, en Tunisie où il a passé son enfance, Bertrand Delanoë retrouve ses ressources. Alors, lorsqu’il est en France, le maire de Paris y songe souvent. C’est là-bas, dit-il, que sa raison a basculé à gauche, à l’époque de la décolonisation. «Lorsque je me rase le matin, je pense à Bizerte», répond-il aux journalistes qui l’interrogeaient, l’année dernière, sur ses ambitions politiques. Bertrand Delanoë aime sa singularité. «Je suis libre par rapport aux apparences du pouvoir», se plaît-il à dire pour souligner une «différence» avec d’autres responsables politiques. Comme chaque année, il passe donc ses vacances à Bizerte. Mais quand il est là-bas, il pense quand même à la France et à la politique. «L’année dernière, j’ai réfléchi, durant l’été, à ma candidature à la mairie de Paris, confiait-il, en juin. Je savais que c’était la dernière occasion pour moi de retrouver une activité professionnelle.» À mi-chemin dans sa réflexion, il téléphone à son plus proche conseiller, Laurent Fary. Pendant une demi-heure, le maire de Paris lui explique comment il pourrait ne pas être candidat, mais s’investir néanmoins dans l’équipe, derrière Anne Hidalgo. «Laurent a éclaté de rire», raconte Bertrand Delanoë, pas dupe de ses propres faux-semblants. «Je ne cesserai jamais d’aimer Bizerte. Mais, dans ma vie, il y a aussi l’envie de servir…», a-t-il dit dans Le Point, le mois dernier. Le téléphone n’est jamais très loin, même durant les vacances. Cet été, le même genre d’hésitation le saisira peut-être. Défendre sa candidature au sein du PS ou s’inscrire dans un rassemblement plus large, comme le lui proposent les partisans de François Hollande ou ceux du camp Aubry-Moscovici ? Déposer une motion dont il serait le premier signataire ou signer derrière un autre, pour ne pas prendre le risque d’être battu lors du vote des militants ? En clair, viser le poste de premier secrétaire ou pas. Bertrand Delanoë défend la nécessité d’un leadership fort. «Un premier secrétaire qui ne serait pas le produit d’une orientation politique, c’est une promesse d’échec», prévient-il. Réputé pour son autorité – et son caractère difficile parfois -, le maire de Paris se verrait bien en manager de la gauche. Candidat si «c’est utile» Autour de lui, que ce soit Daniel Vaillant, l’un de ses compagnons de jospinisme, ou Harlem Désir, qui coordonne ses partisans, on dit ne pas hésiter : il faut aller au bout de la démarche. Pour se rassurer sur ses chances de succès, le plus populaire des socialistes n’a qu’à se pencher sur les enquêtes d’opinion. Les sondages récents montrent que les sympathisants PS le préféreraient à Ségolène Royal ou à Martine Aubry comme numéro un du parti. Peu importe la crise du PS : le maire de Paris n’aura peut-être pas d’autre occasion plus favorable pour réaliser ses ambitions. Mis à part Ségolène Royal, qui marque néanmoins des signes de faiblesse, aucun autre présidentiable n’est en situation de lui faire concurrence : François Hollande abandonne son poste de premier secrétaire, Dominique Strauss-Kahn est accaparé au FMI, Lionel Jospin ne brigue plus de responsabilités, Laurent Fabius opère un retour au centre du parti, mais un retour lent… Bertrand Delanoë est presque seul en piste. Cette force, espère-t-il, amènera certains de ses concurrents à se rallier à sa bannière. Il faut défendre «une offre politique», disent ses partisans en dénonçant les combinaisons des rivaux. Mais, pour l’instant, le maire n’a prononcé aucune phrase définitive. S’il est prêt à «s’engager», il le souhaite seulement si «c’est utile». La partie ne sera pas simple. La popularité du maire de Paris enregistrée par les enquêtes d’opinion ne se manifeste pas encore sur le terrain. Les séances de dédicaces pour son livre De l’audace déplacent moins de public que celles qu’organise Ségolène Royal. Échaudés par le passé, les militants socialistes se méfient de ceux qui pourraient préempter le leadership trop tôt. Les cadres intermédiaires encore davantage. Les alliances en cours au PS compliquent davantage le jeu. Ainsi l’hypothèse d’un rapprochement entre Bertrand Delanoë et Martine Aubry s’éloigne, puisque la maire de Lille envisage une alliance avec Pierre Moscovici. De retour de congés après le 15 août, Bertrand Delanoë va préparer ensuite sa rentrée politique. Lors de l’université d’été de La Rochelle, à la fin du mois, il a prévu de réunir ses partisans vendredi en fin de journée. Le samedi matin, il participera à une table ronde sur l’environnement.
(Source: le site du journal « Le Figaro » (Quotidien – France) mis à jour le 12/08/2008 | : 21:12 | )
Tunisian Woman Day Feast
Written by Hend Harouni-Tunisia Wednesday 13th of august, 2008-11th of Chabane 1429 With my best wishes as a woman first and as a Tunisian citizen: At this occasion, I would like to start first by congratulating women in Tunisia and especially focus on the wide range of women of Tunisian political prisoners as well as of political refugees allover the world for their 18th commemorations by now, of such a kind of personally felt occasion but unfortunately missing their “men” whether husbands, brothers, sons … all kinds of family and friends’ relatives. I could not as usual forget them whether during ordinary or special days’ occasions as I have always felt that it must be possible relying on ALLAH’S will just like when the day came and my brother Abdelkarim was released -and I thank ALLAH for this happiness-, as a woman I strongly sympathize with these mothers, wives, sisters, relatives, neighbors and friends and keep praying ALLAH that they see their womanhood deprivation being compensated at least to some extent as the long time and distance factors have their extreme heavy influence on both sides, men and women. In my opinion, there must be a common obvious point between both categories; i.e. : women who keep waiting for their imprisoned men to return back to them soon although they visit them in prison; see them – yet those who keep waiting for theirs to return back to their mother country soon although they might have some kind of communication by distance means such as telephones, internet to some extent, yet the full presence of the person can in no way be replaced by any means, technology is facilitating communication in some limited sense in such context. Simultaneously, all these women expect their “men” to be back and to see them back equipped with freedom and dignity and they hope by then to find a way for happiness under respect of both “men “and “women” definitions nature. Society and family are the nucleus of life structure based on both components “man” and “woman” and the balance can never be at the expense of the annulment of any side. So, the exclusion of such great and important part of society negatively affects the humankind relationships on the one hand and hinders the society common nature on the other hand as the various life sectors become affected, economy, politics, civil life, …etc as this part of society has well been made absent, thus it has been made deprived from playing the legitimate participating citizenship role and taking part in the development of the country. As a matter of fact, such handicap also makes alive the feeling of hatred, despair and anger which by now has absolutely to stop and leave room for understanding, solution finding and smile tracing on old and young families’ faces here I remember what Our Sacred prophet Muhammad Prayer & Peace be upon Him sayings : « من فرّج كربة عن أخيه المسلم في الدنيا فرّج الله عنه كربة من كرب يوم القيامة »- – » الرّاحمون يرحمهم الرّحمان يوم القيامة، ارحم من في الأرض يرحمك من في السماء « . ALLAH forgives us for our sins even if they are like the highest mountains while we as small creatures do not think of being ourselves and think positively to advance ?! These women are to be included among all Tunisian women to benefit from their rights as such and by no means to be excluded and they have by now had enough from the sufferance they are living in. I end up my words by calling all the conscious men and women basically in Tunisia to be positive and do their best to make easy the path for all women, without the least exception to find happiness by living with their missing “men” and this is the minimum obvious and natural human right and let an atmosphere of better change overwhelm our Tunisian families and society as they are worth a steady and peaceful life, being absolutely the first required important phase of all kinds of progress for our country Tunisia. Finally, I send all my warmest regards to all the Tunisian women and a woman who seeks to live free has also to care about the other women too! This is not a feminist invitation! But a personal awareness of the others’ needs. I pray ALLAH that these families will really gather around the same table in the coming Sacred Ramadan month-Amen. Salam.
Mauritanie: le putsch probablement soutenu par l’Occident, selon Al-Qaïda (site internet)
AFP, le 12 août 2008 à 19h37 DUBAI, 12 août 2008 (AFP) – La branche nord-africaine d’Al-Qaïda a estimé dans un communiqué sur internet que les auteurs du coup d’Etat du 6 août en Mauritanie étaient probablement soutenus par les pays occidentaux, et exhorté le peuple mauritanien à se « préparer pour la guerre ». « Il est fort probable que ceux qui ont perpétré le récent coup d’Etat militaire en Mauritanie n’auraient pas agi s’ils n’avaient eu l’approbation de l’Amérique, de la France et d’Israël », peut-on lire dans ce communiqué. Daté du 10 août, le texte est signé par le chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), Abdelmalek Droukdel, alias Abou Mossaab Abdelouadoud. L’authenticité de ce communiqué n’a pas pu être confirmée dans l’immédiat de source indépendante mais le texte a été mis en ligne sur un site internet souvent utilisé par des mouvements islamistes. « Les musulmans doivent se méfier de cette démocratie infidèle et de tous ses slogans, parce qu’il s’agit de combines et de tromperies de l’alliance des sionistes et des croisés contre le peuple de l’islam », affirme le communiqué. « Notre message à vous, peuple bien-aimé de Mauritanie est +Réveillez-vous de votre sommeil, préparez-vous à la guerre+ ». « Il n’y a pas d’autre choix pour la communauté de l’islam que de restaurer ses droits volés et sa gloire perdue, mais (elle pourra le faire) seulement avec la guerre sainte pour la cause d’Allah, en combattant les juifs, les chrétiens et les dirigeants apostats », poursuit le communiqué. Sidi Ould Cheikh Abdallahi, premier président mauritanien démocratiquement élu a été arrêté mercredi dernier au matin lors d’un coup d’Etat sans effusion de sang mené par le chef de la garde présidentielle, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, qu’il venait de limoger. Le chef de la junte bénéficie d’une image d’intransigeance face aux islamistes radicaux de la mouvance d’Al-Qaïda qui ont mené plusieurs attaques ces derniers mois en Mauritanie. L’AQMI est l’ex-Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC).
L’UE met en garde la junte en Mauritanie contre un risque d' »isolement »
AFP, le 13 août 2008 à 13h27 PARIS – L’Union européenne (UE) a mis en garde mercredi la junte ayant pris le pouvoir en Mauritanie contre le risque d’un « isolement » sur la scène internationale et dénoncé comme illégitimes les « mesures d’exception » qu’elle a prises, dans une déclaration de la présidence française. « L’Union européenne met en garde la junte militaire contre le risque sérieux d’un isolement durable du pays sur la scène internationale », indique une déclaration de la présidence française au nom de l’Union européenne. « L’Union européenne réitère avec la plus grande fermeté sa condamnation du coup de force survenu en Mauritanie » le 6 août, indique ce texte. « Elle considère que les mesures d’exception prises par les responsables militaires qui se sont emparés du pouvoir, et confirmées par l’ordonnance du 11 août 2008, en particulier la destitution du Président de la République, sont dénuées de toute légitimité », mentionne la déclaration. « Elle exhorte la junte à restaurer le cadre institutionnel antérieur au 6 août et l’invite à coopérer sans délai, à cette fin, avec la communauté internationale. Elle renouvelle son appui aux efforts entrepris en ce sens par l’Union africaine en particulier ». L’Union européenne dit aussi exprimer sa « disponibilité » à contribuer à résoudre la crise « par la voie du dialogue ». Une junte dirigée par le général Mohamed Ould Abdel Aziz, ancien commandant de la garde présidentielle, a renversé le 6 août, sans effusion de sang, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, premier président démocratiquement élu du pays, qui est actuellement en résidence surveillée. La France, ancienne puissance coloniale, et les Etats-Unis ont déjà annoncé le gel d’une partie de leur aide à ce pays pauvre.
Les intellectuels arabes et l’État de droit
par PATRICK SEALE Au cœur des affrontements qui ensanglantent le Moyen-Orient – carnages en Irak, luttes fratricides dans les territoires palestiniens, plaies encore vives au Liban, etc. -, une autre bataille, moins médiatisée, est en train de se jouer : celle que mènent certains intellectuels arabes éclairés contre les tabous absurdes et la dictature, sous le joug de laquelle vivent la plupart d’entre eux. Youssef Chahine, le grand réalisateur égyptien disparu le 27 juillet (voir p. 82) à l’âge de 82 ans, savait avant tout distraire et le faisait brillamment. Parmi la quarantaine de films qu’il a réalisés, plusieurs administrent aussi des coups fatals à l’hypocrisie, au fanatisme religieux et à l’autoritarisme. Il avait, en outre, apporté son soutien à Kefaya (« assez »), le mouvement populaire de contestation qui avait vainement essayé de mettre un terme aux vingt-sept années de règne de Hosni Moubarak. Son film Gare centrale (Bab al-Hadid), en 1958, avait choqué parce qu’il brossait un portrait sympathique d’une « femme de mauvaise vie » et violemment assassinée. Le Moineau (El-Asfour), en 1972, avait osé suggérer que c’était la corruption qui était responsable de la défaite de 1967. L’Émigré (El-Mohagir), en 1994, avait soulevé l’ire des intégristes parce qu’il mettait en scène le personnage biblique de Joseph, le fils de Jacob. Bien souvent, l’Occident ne réalise pas que les critiques les plus virulents de l’obscurantisme religieux sont eux-mêmes d’origine arabe, comme l’universitaire franco-tunisien Abdelwahab Meddeb, professeur de littérature comparée à Paris. Son ouvrage La Maladie de l’islam (2002) a déclenché un tollé dans les milieux conservateurs. « Si le fanatisme est la maladie du catholicisme, écrit-il, le nazisme celle de l’Allemagne, eh bien l’intégrisme est assurément celle de l’islam. » L’exception islamique (2004), de Hamadi Redissi, professeur de sciences politiques à Tunis, est encore plus sévère à l’égard de l’immobilisme des sociétés musulmanes. Pour lui, leur archaïsme tient aux régimes tyranniques et à l’autocratie, à la montée d’une « aristocratie militaire » dans de nombreux pays arabes et à l’exploitation de la religion pour museler le peuple. Et de plaider pour un accès plus large à la connaissance, l’extension des libertés politiques ainsi qu’un accroissement de la participation des femmes à la vie publique. Un autre opposant à l’extrémisme religieux n’est autre que le roi saoudien Abdallah Ibn Abdelaziz, ou, pour employer son titre officiel, le « Serviteur des deux lieux saints ». Son appel admirable à un « dialogue fraternel et sincère entre les croyants et les religions », lancé en mars dernier, a abouti, en juillet, à la conférence interreligieuse de Madrid, un événement historique auquel ont participé des musulmans, des chrétiens, des juifs, mais aussi des sikhs, des hindous et des taoïstes. Al-Qaïda a dénoncé la conférence et le roi Abdallah en personne, signe que la maison des Saoud est sa première cible, avant les États-Unis et Israël. Les intellectuels libyens subissent depuis trente-neuf ans l’oppression de leur « Guide », le colonel Mouammar Kaddafi. Un récent incident jette une lumière crue sur la nature de ce régime ubuesque, en même temps qu’il déshonore les Arabes. L’un des fils du colonel, Hannibal, la trentaine, et son épouse Aline, enceinte, ont été accusés, le 15 juillet, d’avoir battu leurs domestiques dans un hôtel de luxe de Genève. Hannibal a été détenu par la police suisse pendant deux jours. Le jeune homme a une réputation sulfureuse. En 2001, il s’était battu avec des policiers à Rome. Trois d’entre eux avaient été hospitalisés. En 2005, il a dépassé les 140 kilomètres à l’heure au volant de sa Porsche sur les Champs-Élysées, et, en 2006, a tabassé une de ses petites amies – enceinte elle aussi – dans l’hôtel InterContinental de Paris, puis menacé avec un revolver des agents de sécurité. Il a écopé de quatre mois de prison avec sursis pour « violence volontaire contre une personne vulnérable » et de 500 euros d’amende. Au lieu de rappeler à la maison son voyou de fils pour lui administrer une bonne correction après l’incident de Genève, le colonel a décidé de se venger. La Libye a temporairement suspendu ses livraisons de pétrole à la Suisse, interdit l’entrée de ses ports aux navires helvètes, interrompu la délivrance de visas aux ressortissants suisses, fermé les filiales installées sur son territoire de certaines compagnies de ce pays, comme Nestlé, arrêté deux employés suisses, et demandé des excuses. Il est donc désormais clair que le colonel trouve normal que des membres de sa famille tabassent leurs serviteurs. Le cas du président soudanais, Omar el-Béchir, inculpé pour génocide au Darfour par le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno-Ocampo, est, en revanche, plus complexe et plus controversé. C’est, en effet, la première fois qu’un chef d’État en exercice est ainsi poursuivi. Il s’agit d’un mauvais point pour les Arabes. Incontestablement, des atrocités ont été commises dans cette province aride et délaissée de l’ouest du Soudan depuis qu’une rébellion y a éclaté, en 2003, contre Khartoum, entraînant la mort de 300 000 personnes et le déplacement de plus 2 millions d’autres. Les militants des droits de l’homme ont montré du doigt les forces gouvernementales et les janjawids, une milice armée par le pouvoir central. Mais comment les exigences de la justice peuvent-elles contrebalancer les impératifs de la politique ? Le président El-Béchir passe pour plus modéré que certains de ses collègues. S’il part, le risque est de voir le pays plonger dans le chaos. Son départ pourrait aussi empêcher l’application de l’accord de paix signé en 2005 avec les rebelles sudistes, selon lequel des élections se tiendront en 2009 et un referendum pour l’indépendance du Sud-Soudan en 2011, donner à Al-Qaïda l’occasion de reprendre ses quartiers dans le pays et torpiller la nouvelle loi électorale récemment adoptée par l’Assemblée nationale qui prévoit la constitution du premier gouvernement librement élu depuis vingt ans. Néanmoins, l’inculpation d’El-Béchir semble avoir forcé son gouvernement à agir. Le président soudanais a fait une tournée au Darfour – sa première depuis son arrivée au pouvoir, en 1989 -, région à laquelle il a promis une aide économique. D’autre part, il n’est pas impossible qu’un ancien ministre de l’Intérieur ainsi qu’un ancien chef de milice soient arrêtés et jugés pour des atrocités commises dans la zone. Pour beaucoup de Soudanais, et en fait pour beaucoup d’Arabes, l’inculpation d’El-Béchir porte atteinte à la souveraineté de Khartoum et est un nouvel exemple du « deux poids, deux mesures » que pratique l’Occident. Quand, se demandent-ils, la Cour inculpera-t-elle le président George W. Bush pour la destruction de l’Irak ? Ou le Premier ministre israélien Ehoud Olmert pour les nombreux crimes commis par l’État hébreu dans les territoires occupés ? Le monde arabe, loin s’en faut, n’est pas le seul à devoir balayer devant sa porte. L’Occident devrait, lui aussi, écouter la voix de ses intellectuels éclairés. (Source : « Jeune Afrique » (Magazine hebdomadaire – France), N° 2482 du 3 au 9 août 2008)
MAURITANIE Mohamed Ould Abdelaziz : « Nous avons été contraints de prendre le pouvoir »
PROPOS RECUEILLIS PAR MARIANNE MEUNIER
Diplômé de l’académie militaire de Meknès – où il fut le camarade de promotion d’un autre putschiste, le général Ould Ghazouani -, le « général Aziz » est, à 52 ans, un habitué des coups d’État : il en a déjoué deux, en 2003 et 2004, quand Maaouiya Ould Taya était au pouvoir, et perpétré deux autres. Le premier, le 3 août 2005, au côté du colonel Ely Ould Mohamed Vall, son cousin germain devenu chef de l’État pendant la « transition démocratique » (tous deux appartiennent à la tribu commerçante des Ouled Besbah). Et le second, le 6 août dernier. À l’exception d’un bref intermède, il a toujours commandé le Bataillon de la sécurité présidentielle (Basep), corps d’élite de l’armée mauritanienne censé assurer au chef de l’État une protection de tous les instants – et donc le mieux placé pour le renverser. C’est d’ailleurs lui qui l’a créé, à la fin des années 1980. Aux petits soins pour ses troupes, ce père de cinq enfants (deux filles et trois garçons), air affable et silhouette replète, est apprécié au sein de l’armée. Sa stature politique reste, en revanche, à démontrer. Son discours est plaisant – il se dit allergique à la corruption et attaché à la justice -, mais plusieurs de ses proches collaborateurs évoquent une certaine brutalité dans ses prises de décision. Depuis l’élection de Sidi Ould Cheikh Abdallahi, considéré comme le « candidat des militaires », il jouait auprès de lui un rôle ambigu. Toujours dans son sillage, avant même d’être nommé chef d’état-major particulier, il était soupçonné de « tirer les ficelles », sans que ces rumeurs soient étayées par un quelconque élément tangible. Le 6 août a apporté la preuve que, à tout le moins, le général Aziz y aspirait. JEUNE AFRIQUE : Pourquoi avez-vous pris le pouvoir ? MOHAMED OULD ABDELAZIZ : Nous n’avons pas voulu le prendre, nous y avons été contraints. La situation économique est terrible et les institutions sont bloquées. L’ancien président a essayé de monter les parlementaires les uns contre les autres. Par son dernier acte [le limogeage par décret des commandants des quatre corps de l’armée, NDLR], il a tenté de diviser l’armée, la dernière institution à fonctionner normalement. En réalité, c’est Sidi Ould Cheikh Abdallahi qui a tenté de faire un coup d’État contre la démocratie. Nous, nous n’avons fait que sauver la Mauritanie. La sauver de quoi ? Le président renversé a été légitimement élu et les libertés individuelles n’ont jamais été aussi grandes… Les libertés sont là, c’est vrai, mais ce n’est pas Sidi Ould Cheikh Abdallahi qui les a instaurées, ce sont les militaires qui ont pris le pouvoir le 3 août 2005 et organisé des élections démocratiques. Ce président a été pris en otage par des lobbies affairistes et tribaux qui voulaient le démantèlement du pays. Nous avons voulu empêcher la dérive. Vous vous portez garant de la démocratie, mais, le 7 août, des manifestants soutenant Sidi Ould Cheikh Abdallahi ont été dispersés par des gaz lacrymogènes… Ce n’est pas une contradiction. Cette manifestation n’était pas autorisée. Nous sommes dans un État de droit, il faut le respecter. Précisément, l’arrestation de Sidi Ould Cheikh Abdallahi ne contrevient-elle pas à l’État de droit? Non, elle le protège, car en nous limogeant, le président allait mettre le pays à feu et à sang. Quel sort lui réservez-vous ? Il est pour l’instant enfermé dans la résidence d’accueil du Palais des congrès, dans de bonnes conditions, et ne se plaint de rien. Nous le libérerons dans les prochains jours ou les prochaines semaines. Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de le contraindre à l’exil. S’il veut participer à la vie politique du pays, pourquoi pas. Mais je ne pense pas qu’il en ait envie. La communauté internationale a fermement condamné votre coup d’État… Nous ne retrouverons pas sa confiance de sitôt, c’est normal. Mais avec ce que nous allons faire, elle verra que nous sommes de bonne foi.
Qu’allez-vous faire ? D’abord, nous allons procéder à un état des lieux concernant la situation économique. Ensuite, rétablir la transparence dans la gestion des finances publiques. Enfin, adopter un calendrier en vue de l’organisation d’une élection présidentielle, aussi vite que possible. Je ne peux pas vous en dire plus.
Serez-vous candidat ? Je ne peux pas vous le dire aujourd’hui. Le colonel Ely Ould Mohamed Vall, qui a orchestré avec vous le putsch du 3 août 2005, puis dirigé le pays jusqu’en 2007, pourra-t-il se présenter ? Je ne sais pas quelles sont ses intentions, mais tout dépend des critères. On peut interdire aux militaires, ou aux anciens chefs de l’État, d’être candidats. Il faudra en décider. Vous avez annoncé la formation prochaine d’un gouvernement. Allez-vous l’ouvrir aux partis de l’ex-opposition qui vous ont apporté leur soutien, comme le Rassemblement des forces démocratiques (RFD) d’Ahmed Ould Daddah ? Tous les partis qui le souhaitent seront représentés. Pourquoi pas le RFD ? La plupart des hommes politiques mauritaniens, vous compris, ont occupé des fonctions sous Maaouiya Ould Taya. Comment faire advenir cette ère nouvelle que vous promettez ? Le problème, ce n’est pas le choix des hommes, c’est la personne qui les dirige. Si une vision claire prévaut à la tête de l’État, alors, les choses fonctionnent. (Source : « Jeune Afrique » (Magazine hebdomadaire – France), N° 2483-2484 du 10 au 23 août 2008)