11 octobre 2011

فيكل يوم،نساهم بجهدنا فيتقديمإعلام أفضل وأرقى عنبلدنا،تونس Un effort quotidien pour une information de qualité sur notre pays, la Tunisie. Everyday, we contribute to abetter information about our country, Tunisia

TUNISNEWS
11 ème année, N°4121 du 11.10.2011


Les groupes de défense de la liberté d’expression demandent au gouvernement de s’engager fermement sur la voie de la réforme à l’approche des élections

Free expression groups call upon the government to act decisively on reforms ahead of historic elections

Ennahdha Movement: No to Attacks on the People’s Faith, Yes toProtecting the Political Process

Amnesty International: Journée mondiale contre la peine de mort. Le Bélarus doit mettre un terme aux exécutions

Romandie: Persepolis: le ministre du Culte appelle au respect du sacré

20 minutes: Tunisie: «Les islamistes ont été mal compris

RTBF: La Tunisie à l’aube de la démocratie

Le Post: La Tunisie des voiles et des barbes

Slate Afrique: La dernière tentation des salafistes

Kapitalis: La Tunisie et le risque d’enlisement d’une Constituante divisée

Business News: Enquête pour établir la « liste noire » des médecins tortionnaires


 

Les groupes de défense de la liberté d’expression demandent au gouvernement

de s’engager fermement sur la voie de la réforme à l’approche des élections


SOURCE: Le groupe d’observation de la Tunisie de l’IFEX
(TMG de l’IFEX) – Tandis que la Tunisie s’apprête à tenir le 23 octobre des élections historiques, la réforme profonde du secteur des médias reste à faire, en dépit de la conduite d’initiatives importantes et de recommandations valides formulées par des personnalités et des groupes compétents. Pourtant, le temps est compté si on veut soutenir efficacement la liberté d’expression par l’adoption d’une série de mesures positives et l’instauration de normes élevées pour l’avenir.
Dans ce contexte, le Groupe d’observation de la Tunisie organisé par l’Échange international de la liberté d’expression (TMG de l’IFEX), une coalition de 21 groupes de défense de la libre expression, exhorte le gouvernement par intérim à autoriser sans délai les 12 services de radio et les cinq de télévision recommandés, les 29 juin et 7 septembre respectivement, par l’Instance nationale pour la réforme de l’information et de la communication (INRIC).
Dans son rapport de mission du mois d’avril, le TMG de l’IFEX avait déjà recommandé « l’attribution rapide de fréquences à de nouveaux services susceptibles d’ajouter au pluralisme, à la diversité et à l’indépendance des services disponibles » en prévision des élections. Ce processus, critique en ces temps extraordinaires que traverse la Tunisie, doit être débloqué.
Au cours d’un atelier de stratégie de deux jours qui s’est tenu à Tunis les 27 et 28 septembre, les médias tunisiens et les acteurs de la société civile invités par le TMG de l’IFEX ont partagé leur évaluation du paysage médiatique neuf mois après la révolution et ont formulé des recommandations et des plans d’action afin de guider la réforme du secteur des médias, de créer le cadre juridique et institutionnel de la liberté d’expression, de promouvoir le développement des secteurs de la radiodiffusion et de la presse écrite, et de protéger l’Internet contre la résurgence de la censure.
Parmi les priorités que les participants ont soulignées, il y avait :
• la promotion de garanties constitutionnelles et juridiques solides pour protéger le droit à la liberté d’expression et à l’accès à l’information;
• l’instauration d’un organisme de réglementation indépendant capable de promouvoir l’indépendance et le développement des médias audiovisuels de service public, privés, commerciaux et communautaires;
• l’adoption de mesures positives de soutien au développement et au rayonnement de la presse écrite indépendante, des médias audiovisuels et des médias en ligne indépendants;
• la promotion d’une culture numérique, par le soutien à la pratique des blogues, du militantisme en ligne et du journalisme citoyen;
• enfin, l’habilitation et la protection des journalistes qui se consacrent à la pratique d’un journalisme de qualité capable de servir et d’informer le grand public.
Les membres du TMG de l’IFEX souhaitent reconnaître l’engagement exceptionnel de professionnels des médias, de groupes de la société civile et d’organismes consultatifs dans la réforme du secteur des médias et dans l’instauration de réformes et du professionnalisme après des décennies de répression et d’épreuves. Leur ambition et leur vision en ce qui concerne leur profession et la société ne peuvent plus être tenues en otages par ceux dont l’unique volonté est de bloquer le processus de réforme afin de protéger leurs propres intérêts.
Parmi les groupes de la société civile qui dirigeaient les séances lors de l’atelier, il y avait l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), le Centre de Tunis pour la liberté de presse, l’Observatoire pour la liberté de presse, d’édition et de création (OLPEC), le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) et le Syndicat tunisien des radios libres (STRL).
L’atelier était mené sous la direction de l’Association mondiale des journaux et des éditeurs de médias d’information (WAN-IFRA), en collaboration avec l’Association mondiale des radiodiffuseurs communautaires (AMARC), Index on Censorship et ARTICLE 19.
Pour tout renseignement complémentaire:
Le groupe d’observation de la Tunisie de l’IFEX
Rohan Jayasekera, Chair
c/o Index on Censorship
London
United Kingdom
rj (@) indexoncensorship.org
tél: +44 20 7324 2522

Free expression groups call upon the government to act decisively on reforms ahead of historic elections


SOURCE: IFEX Tunisia Monitoring Group
(IFEX-TMG) – As Tunisia is preparing to hold historic elections on 23 October, the profound reform of the media sector is yet to take place, despite genuine initiatives taken and valid recommendations made by competent groups and voices. Yet, time is of the essence to effectively support freedom of expression by adopting a series of positive measures and setting high standards for the future.
In this context, the International Freedom of Expression Exchange Tunisia Monitoring Group (IFEX-TMG), a coalition of 21 free expression groups, urges the interim government to authorise without any further delay the 12 radio and five television services recommended by the National Authority to Reform Information and Communication (INRIC), respectively on 29 June and 7 September, to start broadcasting.
In its April mission report, the IFEX-TMG had already recommended « the rapid assignment of frequencies for new services that can add to the plurality, diversity and independence of services available » in the run-up to elections. This process, which is critical in the extraordinary times Tunisia is living through, needs to be unlocked.
In the course of a two-day strategy workshop held in Tunis on 27 and 28 September, Tunisian media and civil society participants invited by the IFEX-TMG shared their assessment of the media landscape nine months after the revolution and formulated recommendations and action plans to guide the reform of the media sector, create the legal and institutional framework on freedom of expression, promote the development of the broadcast and print media sectors, and protect the Internet from the resurgence of censorship.
Among the priorities highlighted by the participants were:
• the promotion of strong constitutional and legal guarantees for freedom of expression rights, and access to information,
• the establishment of an independent regulatory body that can effectively promote the independence and growth of a public service, private, commercial and community broadcasting sector,
• the adoption of positive measures that support the development and reach of independent print, broadcast and online media,
• the promotion of a digital culture, by supporting blogging, online activism and citizen journalism,
• and the empowerment and protection of journalists dedicated to quality journalism that can serve and inform the public at large.
The IFEX-TMG members wish to acknowledge the outstanding dedication of media professionals, civil society groups and consultative bodies in reforming the media sector and achieving reforms and professionalism after decades of repression and hardship. Their ambition and vision for their profession and society can no longer be held hostage by those whose only desire is to stall the reform process to protect their own interest.
Among the civil society groups leading sessions at the workshop were the Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), the Centre de Tunis pour la liberté de presse, l’Observatoire pour la liberté de la presse, de l’édition et de la création (OLPEC), le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) and le Syndicat tunisien des radios libres (STRL).
The workshop was led by the World Association of Newspapers and News Publishers (WAN-IFRA) in cooperation with the World Association of Community Radio Broadcasters (AMARC), Index on Censorship and ARTICLE 19.
For more information:
IFEX Tunisia Monitoring Group
Rohan Jayasekera, Chair
c/o Index on Censorship
London
United Kingdom
rj (@) indexoncensorship.org
Phone: +44 20 7324 2522
http://ifex.org/tunisia/tmg/
 

Ennahdha Movement
Statement

No to Attacks on the People’s Faith, Yes toProtecting the Political Process


In the name ofGod, Most Beneficent, Most Merciful
 
Following Nessma TV’s broadcasting of acartoon film that included a flagrant attack on the Divine, and ensuing incidentsand reactions, Ennahdha wishes to emphasise the following:
 
1. 1. Its shock at, and condemnation of attacks on people’s beliefs andsacred symbols.
 
2. 2. The distinction between the right to expression, thought andcreativity – rights for which the Movement has struggled and is stillstruggling – and attacks on beliefs and sacred symbols.
 
3. 3. Its cautioning that provoking people and inciting marginal issuesonly lead to threatening civil peace and the people’s unity and historicalharmony, just as they threaten the democratic political process which iseagerly being awaited by everyone for the realisation of the revolution’s aims.
 
4. 4. Its astonishment at the time chosen for these provocations, and itsquestioning of the motives behind them.
 
5. 5. Its stress on the right to expression and protest, within the lawand maintaining the peaceful character of protests.
 
6. 6. Its emphasis on the police’s right and duty to protect property,while respecting citizens’ dignity and sanctity.
 
7. 7. Its belief in the media’s duty of informing and enlightening thepublic, while maintaining responsibility and maturity and avoiding provocationand sensationalism.
 
8. 8. Its belief that the channel’s action, in addition to the above,contravenes electoral laws by inciting hatred on the basis of religion, andpromoting certain candidates at the expense of others.
 
9. 9. Its call upon the interim government and independent higher electioncommission to apply the law in order to protect the political process.
 
10. 10. Calls on the public to be vigilant and to focus on the election date,and to avoid falling into traps aimed at derailing the revolution and takingthe country into the unknown.
 
Our people haveachieved their revolution, and they will, God-willing, realise its aims.
 
Tunis, 9 October 2011
 
On behalf of Ennahdha Movement
 
SecretaryGeneral
 
Hammadi Jebali

 

AMNESTY INTERNATIONAL

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

 

EMBARGO : 10 octobre 2011 à 00h01 TU

 

 

Journée mondiale contre la peine de mort. Le Bélarus doit mettre un terme aux exécutions


 

 

Les militants d’Amnesty International du monde entier se rassemblent à l’occasion de la Journée mondiale contre la peine de mort pour demander la fin des exécutions au Bélarus, le seul pays d’Europe et de l’ex-Union soviétique qui procède encore à des exécutions.

 

« Le Bélarus est le seul pays d’Europe qui continue de tuer des gens au nom de la justice », a indiqué Roseann Rife, experte sur la peine de mort à Amnesty International.

 

Selon les estimations, pas moins de 400 personnes ont été mises à mort au Bélarus depuis 1991 ; on ne connaît pas le chiffre réel en raison du secret qui entoure les exécutions.

 

Les prisonniers qui attendent dans le quartier des condamnés à mort ne sont informés de leur exécution, d’une balle dans la nuque, que quelques instants avant l’application de la sentence.

 

« Au Bélarus, la cruauté de la peine de mort se prolonge bien au-delà de l’exécution. Les familles n’en sont averties que plusieurs semaines voire plusieurs mois après, elles ne peuvent pas récupérer les corps de leurs proches et ne sont pas même informées du lieu où ils sont enterrés », a ajouté Roseann Rife.

 

Le 23 septembre, la famille du condamné à mort Andreï Bourdyka a reçu un appel du tribunal régional de Grodno, l’informant qu’elle pouvait se rendre au bureau de l’état civil afin de récupérer le certificat de décès de leur fils.

 

Andreï Bourdyka, 28 ans, et un autre homme ont été condamnés à mort le 14 mai 2010 pour un triple meurtre. Selon certaines rumeurs, les deux hommes avaient été exécutés vers la mi-juillet 2011. La famille de l’autre homme attend toujours des informations officielles.

 

La mère d’Andreï Bourdyka, Nina Semyonovna, réclame de savoir où est enterré son fils et a parcouru plusieurs cimetières près de Minsk pour tenter de retrouver sa tombe.

 

Dans une autre affaire, le 19 mars 2010, la mère d’Andreï Jouk, condamné à mort pour meurtre, a tenté de lui faire parvenir un colis ; il lui a été retourné par les autorités carcérales au motif que son fils « avait été transféré ».

 

Les autorités lui ont demandé de ne plus se rendre à la prison pour tenter de voir son fils et d’attendre qu’un avis officiel lui soit adressé par le tribunal. Dans la matinée du 22 mars 2010, elle a été informée par des membres du personnel de la prison que son fils avait été passé par les armes, tout comme un autre détenu.

 

Elle a fait part à Amnesty International de l’angoisse qu’elle ressent du fait qu’elle ignore où repose le corps de son fils. Elle a aussi raconté que son petit-fils regarde souvent en silence le portrait de son père. « Je me demande ce qu’il peut penser de tout ça », a-t-elle déclaré.

 

En 2010, Amnesty International a recensé des milliers d’exécutions dans 23 pays.

 

Fin 2010, au moins 17 800 personnes étaient sous le coup d’une sentence capitale dans le monde, attendant que leurs gouvernements les mettent à mort.

 

La peine de mort est le châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit. Le caractère inhumain de son application est clairement illustré par de nombreux cas dans le monde. Les détenus décrivent les conditions épouvantables dans le quartier des condamnés à mort, l’angoisse dans laquelle ils vivent en attendant leur exécution, souvent parce qu’ils ont « avoué » sous la torture un crime qu’ils affirment n’avoir pas commis.

 

« Lorsqu’Amnesty International a été créée, en 1961, seuls neuf pays avaient aboli la peine de mort pour tous les crimes, et la sentence capitale était rarement abordée en tant que question de droits humains. Cinquante ans plus tard, le processus vers l’abolition universelle de ce châtiment est une réalité incontestable et le combat se poursuit », a déclaré Roseann Rife.

 

Note aux rédacteurs

Des centaines de militants d’Amnesty International organiseront des manifestations publiques afin de dénoncer la peine de mort dans plus d’une dizaine de pays à travers le monde, notamment au Paraguay, en Malaisie, en France, au Royaume-Uni, à Hong Kong, en Grèce, en Italie, à Porto Rico, en Ukraine et en Mongolie.

 

Pour en savoir plus ou organiser un entretien avec l’un des experts d’Amnesty International sur la peine de mort, veuillez prendre contact avec : Josefina Salomon, tél. : +44 7778 472 116, jsalomon@amnesty.org.

 

Pour de plus amples informations, veuillez vous reporter au document suivant :

La situation de la peine de mort dans le monde : http://www.amnesty.org/fr/library/info/ACT51/002/2011/fr

 

Vidéo d’un entretien avec un ancien bourreau biélorusse :

http://livewire.amnesty.org/2011/09/26/end-the-death-penalty-in-belarus/#more-4568

 

Vidéo d’un entretien avec Svetlana Jouk, mère d’un prisonnier exécuté au Bélarus : http://www.amnesty.org/fr/appeals-for-action/save-two-men-execution-belarus

 

FIN


Persepolis: le ministre du Culte appelle au respect du sacré


TUNIS – Le ministre tunisien des Affaires religieuses a condamné lundi les troubles et actes de vandalisme survenus dimanche à Tunis après la diffusion du film Persepolis, tout en appelant les médias et la presse à respecter les croyances et la chose sacrée. Le ministère des Affaires religieuses a suivi avec une immense tristesse les actes de vandalisme et de troubles survenus suite à la diffusion par la chaîne Nessma d’un film contenant quelques images incarnant l’être divin suprême, écrit le ministre Laroussi Mizouri dans un communiqué. Dans ce cadre le ministère invite tous les Tunisiens, tous les médias et toute la presse publique et privée à respecter les croyances et la chose sacrée religieuse et s’engager à respecter les principes de la paix sociale pour faciliter la transition démocratique, souligne-t-il. Des salafistes qui protestaient contre la diffusion vendredi du film franco iranien de Marjane Satrapi Persepolis ont tenté d’attaquer dimanche la télévision privée Nessma, située dans le centre de Tunis. De son côté, l’Instance nationale chargée des médias et de la communication (INRIC) a dénoncé fermement toute tentative de violence et toute tentative de terroriser les professionnels des médias dans un communiqué. L’INRIC considère que cette tentative d’agression représente un danger pour la liberté d’expression et appelle les autorités à prendre les mesures qui s’imposent pour protéger ce droit. L’INRIC appelle toutes les parties concernées à faire preuve de responsabilité face au rendez-vous électoral du 23 octobre pour barrer la route à toutes les tentatives visant à perturber ou déstabiliser le scrutin. Les Tunisiens sont appelés à élire une Assemblée constituante le 23 octobre, premier scrutin depuis la chute du régime Ben Ali le 14 janvier.

Source: “Romandie” Le 10-10-2011

Lien: http://www.romandie.com/news/n/_TunisiePersepolis_le_ministre_du_Culte_appelle_au_respect_du_sacre101020111610.asp


Tunisie: «Les islamistes ont été mal compris


Ennahdha, le parti islamiste tunisien, compte sur le scrutin du 23 octobre pour s’imposer dans le paysage politique…

Le parti islamiste tunisien Ennahdha espère bien apposer sa vision du monde dans la future Constitution, entre islamisme économique à la turque et tradition. Le programme que le groupe présente pour les élections du 23 octobre est simple: emprunt, union des pays arabes et diminution du temps de travail hebdomadaire pour les femmes, qui pourraient ainsi «se consacrer à leur famille».

Pas un meeting, pas un rendez-vous sans chant de versets du Coran. La mécanique est rodée, chaque intervenant commence son discours par «au nom de Dieu clément et miséricordieux». Dans les villages, l’accent est mis sur la pêche et le maraîchage, via des propositions inscrites dans le programme, mais aussi sur la revalorisation des bas revenus et les aides aux familles pauvres. «Les islamistes ont toujours été mal compris. On ne veut de l’islam que des choses objectives: la paix, la science. La religion, c’est entre une personne et Dieu», confie le professeur en médecine Momdher Ounissi, militant Ennahdha.

Plusieurs mandats

Surfant sur les thèmes à la mode: indépendance de la justice, interaction entre pouvoir et peuple et surtout emploi– la création de 590.000 postes est évoquée, Ennahdha veut imposer l’Union du maghreb arabe (UMA) face à l’Union pour la méditerranée (UPM): «Un marché maghrébin avec nos frères libyens et égyptiens» et avec un investissement qui participerait à la «croissance du PIB». Rien dans le programme du parti islamiste ne concerne le port du voile ou la polygamie (laTunisieétant le seul pays de la zone où les hommes n’ont le droit de se marier qu’avec une seule femme).

Rached Ghannouchi, le leader d’Ennahdha, a aussi bien appris les leçons de la révolution et plaide en faveur d’«une société participative, une économie de marché portée par un contrat social nouveau». Un projet sur le long terme puisqu’il a plusieurs fois évoqué le fait de «dépasser les deux mandats présidentiels». Un discours qui passe mal dans les rues de Tunis, surtout auprès de la jeunesse.

Source: ”20 minutes.fr” Le 10-10-2011

Lien:http://www.20minutes.fr/monde/802768-tunisie-les-islamistes-mal-compris


La Tunisie à l’aube de la démocratie


La révolution tunisienne a surpris tout le monde.La parole s’est libérée, le pays doit se réorganiser sur de nouvelles bases.Les élections pour l’assemblée constituante auront lieu le 23 octobre. Simone Susskind s’est battue pendant des années contre l’ancien régime;elle nous livre ses premières impressions.

Je rentre de Tunisie. La campagne électorale pour l’élection de l’assemblée constituante a été lancée le 1er octobre.

Pour quelqu’un qui, comme moi a vécu de près les excès de la dictature sous Zine Abidine Ben Ali, le pays bruisse de tous les enthousiasmes et de toutes les inquiétudes à la veille de cette première élection démocratique depuis des décennies.

Plus de 100 partis se sont inscrits pour participer à cette élection. Un de mes amis, fondateur d’un de ces partis m’a raconté que Felipe Gonzales, au cours d’une visite qu’il a effectuée récemment en Tunisie, lui avait rapporté que, durant la période de transition en Espagne, il y avait eu 230 partis en lice !

Des décisions difficiles, prises dans l’urgence

La Haute Instance pour la Réalisation des Objectifs de la Révolution, de la Réforme politique et de la Transition démocratique mise sur pied au lendemain de la révolution pour préparer ce processus a entériné la parité entre femmes et hommes sur toutes les listes (avec l’alternance des sexes), y compris le parti islamiste Ennahda. Tout parti qui ne respectera pas cette règle sera invalidé et ne pourra participer aux élections.

L’Instance a décidé que l’élection se ferait à la proportionnelle avec le plus haut reste ce qui aura pour conséquence, que seules 5 à 10% de femmes seront élues car elles sont peu nombreuses en tête de listes.

Mais nombre de féministes tunisiennes comprennent cette situation et se préparent activement à jouer un rôle dans les débats de l’Assemblée constituante et à préparer le terrain pour les diverses élections qui découleront de la mise sur pied de la nouvelle Constitution tunisienne.

L’ISIE (Instance supérieure indépendante pour les Élections en Tunisie), présidée par Kamel Jendoubi, un opposant de toujours du régime de Ben Ali (il a passé 17 ans en exil), a dû dans un espace de temps très limité, prendre des décisions difficiles qui ont suscité de nombreuses oppositions dans un monde politique tunisien qui a émergé à la suite de la révolution; l’Instance doit gérer un processus électoral complexe, avec un nombre très important de partis : certains ont survécu dans des conditions difficiles durant la dictature ; reconnus ou non du temps de Habib Bourguiba, ils n’ont jamais eu la possibilité d’avoir une représentation au parlement ; d’autres avaient leurs leaders en exil – c‘est le cas du parti Ennahda ; la plupart enfin ne se sont constitués qu’au lendemain de la révolution.

L’ISIE a pris la décision, pour des raisons d’équité, d’interdire la publicité électorale. L’affichage électoral n’est autorisé que dans les cadres (format A4) prévus à cet effet dans les lieux publics. La publicité électorale dans les médias audiovisuels est strictement réglementée : chaque parti a droit à 3 minutes à la radio par exemple et les auditeurs entendent une litanie de professions de foi soporifique se succédant sur les ondes.

Les candidats doivent donc se résoudre à faire campagne sur le terrain et sur internet.

J’ai eu l’occasion de rencontrer plusieurs leaders de partis en lice pour l’élection ; n’oublions pas que cette révolution tunisienne a été totalement inattendue pour tous et qu’en l’espace de quelques mois, certains partis on vu leur nombre d’adhérents explosé. Après des années de plomb, durant lesquelles ils n’ont pas eu accès aux médias officiels, où ils étaient harcelés par la police et le système dans leur vie quotidienne, ils se retrouvent soudain sous la lumière des projecteurs. Ils font l’apprentissage sur le tas de la gestion de partis et de l’organisation de campagnes. Les journalistes qui ont servi le régime n’ont pas d’expérience d’une presse démocratique et sont eux-mêmes dans un processus d’apprentissage.

La police, les magistrats n’ont pas nécessairement intégré les changements de la vie politique du pays ; on rapporte régulièrement des excès et même des cas de torture comme « au bon vieux temps ».

Espoir et excitation

Mais il règne une atmosphère d’espoir et d’excitation.

Les Tunisoises et les Tunisois se retrouvent devant les affichettes représentants les différents partis. Les discussions vont bon train. J’ai assisté à une vive discussion dans la Medina de Tunis entre des membres d’un parti progressiste laïc et des membres de Ennahda.

Les bouches se sont ouvertes après des décennies de silence !

Des milliers d’associations en tous genres se sont constituées ces derniers mois. Un des enjeux importants pour les nouvelles associations de femmes a consisté à mobiliser les femmes dans les régions rurales à s’inscrire sur les listes d’électeurs et surtout à voter. Elles travaillent en dehors des partis car elles comprennent bien qu’elles auront plus d’influence si elles restent au-dessus de la mêlée. Des centaines de Tunisiennes et de Tunisiens ont tout simplement interrompu leurs activités professionnelles au lendemain de la révolution pour se consacrer à leur engagement social et politique pour la démocratie.

Les atouts de la Tunisie

Les défis sont immenses pour la Tunisie. Mais plus que dans d’autres pays de la région, elle réunit des atouts qui devraient lui permettre de réussir sa transition vers la démocratie.

Elle ne possède que très peu de ressources naturelles (les mines de phosphates de la région de Gafsa) ; l’armée tunisienne, à la différence de l’armée égyptienne, ne joue pas un rôle important dans la vie politique. L’immense majorité de la population est sunnite. Le taux d’analphabétisme est très bas et il y a en Tunisie une classe moyenne structurée. Et, à la différence de l’Egypte, la Tunisie ne se trouve pas au cœur de stratégies internationales et régionales.

Incontestablement, si un pays du monde arabe peut réussir une transition vers la démocratie, c’est bien la Tunisie. Tant la Belgique que l’Union européenne ont tout intérêt à apporter un soutien efficace à ce pays qui peut représenter un modèle pour le monde arabe si elle réussit sa transition.

Simone Susskind, Présidente de « Actions in the Mediterranean », Docteure Honoris Causa de l’ULB

Militante de la paix entre Israéliens et Palestiniens, Simone Susskind a été une des premières à organiser concrètement le dialogue entre les deux communautés. Depuis des années, elle se bat aussi contre les dictatures du Maghreb et pour une reconnaissance du droit des femmes dans cette région. Élue femme de l’année en 91, elle conseille le président du PS sur les questions internationales.

Source: ”RTBF” Le 10-10-2011

Lien:http://www.rtbf.be/info/opinions/detail_la-tunisie-a-l-aube-de-la-democratie?id=6891293


La Tunisie des voiles et des barbes


La Tunisie est en pleine ébulltion en cette période pré-électorale, aube d’une Renaissance tant espérée, acquise dans les larmes et le sang. Mais que se passe-t-il au pays du Jasmin ? et qui sont ces barbus qui font la une régulière des médias ?

A un public en quête de sens, ayant pour visée de comprendre les évènements actuels en Tunisie, en voici ma vision, celle d’un franco-tunisien ayant fait l’expérience de la dictature sous Ben Ali.

Il faut le dire, les barbus et leurs familles sont heureux, oui Heureux. Ce sont eux qui ont été la cible privilégiée de la dictature durant 23 ans, ce sont eux qui ont été torturés, ce sont encore eux qui ont été emprisonnés et cela pour satisfaire un double objectif :

1) S’attirer les bons sentiments de l’occident en guerre contre l’islamisme, sous couvert d’intégrisme religieux

2) Erradiquer le seul ennemi politique ayant la capacité de le battre si des élections libres et démocratiques étaient organisées

Et cet objectif se réalisa durant toutes ces années mais la Révolution vint changer la donne.

Il est clair que les islamistes n’ont été ni à l’origine, ni n’ont même participé activement à cette révolution. Cependant, ils en seront les principaux bénéficiaires et c’est cela, le jeu de la démocratie.

Malgré les coups de bouttoir de Bourguiba et Ben Ali contre le sentiment religieux, les tunisiens sont restés en grande majorité attachés très fortement à l’Islam, ce qui explique aujourd’hui la prépondérance du mouvement islamiste modéré qu’est Ennahda.

Il est aussi clair que la majorité des tunisiens est pour un islam modéré du style de l’AKP en Turquie et non pour un islam tel qu’appliqué en Iran ou en Arabie Saoudite.

Mais alors d’ou viennent ces troubles si Ennahda est réellement un mouvement modéré ?

En fait, ils viennent d’un autre mouvement, At Tahrir, parti qui n’a pas été autorisé par le gouverment tunisien. Les médias le présentent comme un mouvement salafiste, ce qui est faux.

Le crédo des salafistes est de ne pas créer de parti politique dans un système démocratique, les troubles viennent en réalité d’une autre frange de l’islam, réellement radical celui là, les takfiri. Ceux-ci se présentent en tant que salafistes, mot qui a pour origine la perpétuation des actes des pieux prédécesseurs, et sèment ainsi le trouble dans l’esprit du commun du peuple, non informés sur les mouvances inhérentes à l’Islam.

Le parti Ennahda a beau se démarquer à chacun de ces évènements, qui ne reflètent en rien la ligne du parti, les autres partis utilisent cette confusion dans l’esprit de beaucoup de gens afin de discréditer Ennahda. Cette méthode, bien que malhonnête, porte ses fruits et une partie des supports d’Ennahda, craignant un double language de celle-ci, se tourne vers d’autres partis.

L’élite tunisienne actuelle, héritée de la dictature de Ben Ali est majoritairement laïque, comme l’était leur mentor et comme le leur a enseigné la vision française de la politique, ils contrôlent les médias.

Mais le vent tourne, et le fait de diffuser des films attaquant le sentiment religieux n’est pas anodin, surtout en cette période pré-électorale. Cette élite bourgeoise laïque se sent menacée dans ses privilèges, et à juste raison, car si Ennahda arrive au pouvoir, elle se fera un devoir de rétablir la justice sociale et de juger les injustices de l’ère Ben Ali, ils auraient beaucoup à y perdre, il va sans dire. Donc elle sème les graines de la violence, qu’elle retourne ensuite contre ses opposants.

Aujourd’hui la Tunisie est réellement libre, et le danger islamiste tant agité par le passé n’existe pas plus qu’avant, si ce n’est cette très minoritaire frange qui n’aura aucun poids politique dans la future Tunisie et qui est donc vouée à la page des faits divers.

Ainsi va la vie politique au pays du Jasmin…

Source: ”Le Post.fr” Le 10-10-2011

Lien: http://www.lepost.fr/article/2011/10/10/2610217_la-tunisie-des-voiles-et-des-barbes.html


La dernière tentation des salafistes


Les autorités tunisiennesont arrêté une cinquantaine d’islamistes salafistes, des fondamentalistes musulmans sunnites, ayant tenté d’incendier une chaîne de télévision privée, le 9 octobre à Tunis, pour protester contre la diffusion dufilm Persépolis.

Le PDG de la chaîne, Nabil Karaoui, a expliqué que près de trois cent islamistes avaient tenté d’investir les locaux. Il a réagi à cette assaut sur la radio tunisienne Mosaïque FM:

«Ces extrémistes veulent imposer une nouvelle dictature, mais nous continuerons notre tâche conformément à notre ligne éditoriale indépendante».

Le porte-parole du ministre de l’Intérieur tunisien, Hichem Meddeb, a déclaré que la police a arrêté ces manifestants avant qu’ils n’entrent dans les bureaux de la chaîne tunisienne Nessma TV, rapporte la BBC. Ces islamistes manifestaient contre la diffusion le 7 octobre du film d’animation franco-iranien basé sur les bandes dessinées autobiographiques de Marjane Satrapi, et contre le débat sur l’intégrisme religieux qui a suivi la projection. Ils jugent blasphématoire ce film décrivant les derniers jours du Shah d’Iran et la Révolution islamique de 1979 ménée par l’ayatollah Khomeini. La scène où l’héroïne parle avec Dieu, personnifié par un vieil homme à la barbe blanche, a particulièrement déclenché la colère de ces islamistes. La personnification de Dieu étant proscrite par la religion musulmane.

Dans d’autres secteurs de la capitale tunisienne, les autorités ont repoussé à coup de gaz lacrymogène d’autres manifestants islamistes lançant pierres, bâtons, couteaux et autres projectiles. Ces derniers réclamaient la levée de l’interdiction du voile islamique, le niqab, dans les universités.

Le principal parti islamiste modéré, Ennahda, a condamné ces violences, les qualifiant«d’incident isolé». A deux semaines de la première élection depuis la chute de Ben Ali, pour désigner une assemblée constitutionnelle nationale, il semble que les revendications islamistes trouvent un échode plus en plus fort dans l’opinion.L’hebdomadaire égyptien Al-Arham rappelle qu’Ennahda est le favori des sondages pour le scrutin du 23 octobre prochain en Tunisie, où près de cent partis s’opposeront.

Le correspondant de la BBC à Tunis explique que les tensions entre les Tunisiens qui veulent que la religion ait une part importante dans la vie politique et ceux qui désirent qu’elle soit cantonnée à la sphère privée sont de plus en plus tangibles.

Source: ”Slate Afrique” Le 10-10-2011

Lien: http://www.slateafrique.com/51959/tunisie-nessma-television-persepolis-censure-cinema-islamistes-salafistes


La Tunisie et le risque d’enlisement d’une Constituante divisée


 

Le pire qui pourrait arriver à la suite de l’élection de l’Assemblée constituante est que cette dernière se transforme en café à palabres où d’interminables discussions et divisions empêchent de légiférer et d’avancer.

Un peu à l’image de ce qui s’est passé, longtemps en Italie, ou de ce qui se passe actuellement en Irak où le pétrole est pillé, les conflits ethniques ou religieux réels et la population délaissée parce que les parlementaires mettent des mois pour se mettre d’accord et que le pouvoir exécutif, fragilisé, représente une multitude d’intérêts et non celui de l’Irak.

La nécessité de nommer rapidement un gouvernement

Si cette division peut être organisée par des forces de l’ombre pour continuer à diriger la Tunisie, il n’en demeure pas moins que les députés tunisiens nouvellement élus auront une responsabilité dans cela s’ils n’arrivaient pas à faire des coalitions pour dégager des majorités et prendre rapidement des décisions.

Au-delà de cet écueil, qui serait terrible pour notre pays, un autre guette. Celui où les partis vainqueurs de l’Assemblée constituante n’arrivent pas se mettre d’accord pour désigner rapidement un gouvernement d’union nationale. S’il est important d’essayer de capter des ministères clefs, il est encore plus important de désigner dans une échéance très brève un exécutif qui mettra enfin en place les réformes tant attendues par le peuple.

S’il faut reconnaître que le gouvernement provisoire actuel n’a pas eu la tâche facile car il a du prendre les commandes dans l’urgence (et qu’il a sans doute évité à la Tunisie le chaos), il n’a cependant fait que gérer la situation. Aucune des grandes préoccupations des Tunisiens n’a été réellement traitée (réforme de la police, corruption, justice malade, chômage, etc.).

Or, la Tunisie a actuellement besoin d’une impulsion nouvelle. Ce nouveau départ ne se fera que si le gouvernement est nommé rapidement. A défaut, non seulement le gouvernement provisoire perdurera alors qu’il ne représentera pas le peuple puisque non désigné par l’Assemblée constituante mais les Tunisiens eux-mêmes ne comprendront pas pourquoi les partis politiques pensent à leurs intérêts avant de penser à ceux de la Tunisie en s’entendant sur la constitution d’un exécutif qui agira rapidement. A méditer !

Le délai d’un moi sera-t-il respecté ?

Toutes les situations, où le pouvoir parlementaire à été faible et divisé et le pouvoir exécutif inexistant, se sont terminées soit par un coup d’Etat, soit par une guerre civile (entrainant l’intervention de forces étrangères sous couvert d’organisations internationales et l’on sait ce que cela signifie : perte de la souveraineté, mise sous tutelle…)

A quelle échéance pensez-vous que le gouvernement d’union nationale soit nommé suite à l’élection de l’Assemblée constituante ? Un mois m’a répondu Moncef Marzouki lors de son passage à Lyon pour rencontrer la communauté tunisienne lyonnaise. La réponse m’a satisfait car il y a bien urgence mais ce délai sera-t-il respecté ?

Source: “Kapitalis” Le 10-10-2011

Lien: http://www.kapitalis.com/afkar/68-tribune/6265-la-tunisie-et-le-risque-denlisement-dune-constituante-divisee.html


Enquête pour établir la « liste noire » des médecins tortionnaires


 

Après les magistrats, les avocats et les journalistes, menacés par une chasse aux sorcières, en rapport avec leurs éventuelles implications avec le régime déchu, c’est maintenant au tour des médecins d’être visés et ce sont précisément ceux exerçant dans les prisons qui sont dans la ligne de mire. La question de torture se poserait toujours, même après le 14 janvier. Certaines associations et organisations non gouvernementales de droits de l’Homme, ont déjà adressé des accusations claires à l’encontre de certains médecins des services pénitentiaires, pour participation active ou passive à des actes de torture. De son côté, l’Ordre des médecins «s’engage à ouvrir une instruction et prendre toutes les mesures disciplinaires, si les faits reprochés se confirment ». Il s’agit d’un sujet tabou, dont très peu de médias ont parlé, mais des éclaircissements s’imposent afin que la vérité soit dite et les responsabilités, s’il y a lieu, soient établies. On a beaucoup entendu parler de sévices commis par les sbires de Ben Ali, contre des opposants politiques. On se rappelle bien, par exemple, des souffrances infligées aux détenus de la fameuse affaire de «Barraket Essahel» en 1991, qui est remontée à la surface à l’aube de la révolution avec les témoignages accablants de certaines victimes. Rappelons également que l’Association de Lutte contre la Torture en Tunisie (ALTT) avait publié en 2008 un rapport alarmant sur les conditions de détention carcérale, d’interpellation ou de garde à vue. Le rapport décrit clairement, témoignages à l’appui, les violations des droits de l’homme avec, notamment, des atrocités sans limites des tortionnaires et une grande «créativité» en matière de « modes de torture ». Le même rapport a, entre autres, mis en évidence la complicité des médecins de la santé pénitentiaire, aux actes de torture. Il y aurait même un médecin qui exerçait au sein des services pénitenciers sans être inscrit à l’Ordre des médecins afin de garantir l’anonymat et ne pas être démasqué ! Cette information a été révélée par un rapport de l’ONU publié en novembre 1998 intitulé « ONU : Comité contre la torture – Tunisie : des violations caractérisées graves et systématiques». De l’avis de tout le monde, ce n’était pas une surprise que d’imaginer les tortionnaires de l’ancien régime s’acharner sur des détenus afin d’extorquer des aveux de complots contre la sûreté de l’Etat. Les injustices commises à l’époque sont certes à dénoncer, mais étaient prévisibles et correspondaient à la «logique» de répression en vigueur. Cependant, parler de torture après la révolution devient inconcevable, et d’autant plus choquant, quand les accusés ne sont autres que des médecins. L’association Liberté et Equité a récemment organisé une conférence de presse afin de dénoncer la maltraitance, voire la torture de certains détenus à l’hôpital Charles Nicolle. Information à prendre avec des pincettes vu le peu de crédit dont bénéficie cette association d’autant plus que cette grave accusation, a été catégoriquement démentie par le ministère de la Justice. Interrogé par Business News, Kadhem Zinelabidine, porte-parole du ministère de la Justice, a affirmé que toute agression éventuelle ou mauvais traitement sur des personnes arrêtées ou condamnées doit être prouvée. Une plainte doit donc être déposée et le ministère se chargera de poursuivre alors toute personne responsable, quel que soit son poste ou son grade. « Il n’y a plus d’impunité et toute torture sera punie à condition qu’il y ait preuve et plainte auprès du procureur de la République », a insisté le représentant du ministère de la Justice. De son côté, l’Ordre des médecins a diffusé, ces derniers jours, un communiqué assez confidentiel que Business News a réussi à obtenir. Selon ce communiqué, l’Ordre des médecins s’engage à ouvrir une instruction afin de répondre aux accusations publiques des organisations non gouvernementales de droit de l’homme. Il relève «la poursuite de la torture après le 14 janvier 2011 au cours des interrogatoires musclés et dans certaines prisons en insistant sur la complicité des médecins de prison, qui auraient aidé les tortionnaires, selon ces accusations, par leur évaluation de la résistance des prisonniers à la torture et par leur maitrise des sites et endroits du corps qui ne gardent pas de traces de violence.» L’Ordre des médecins a donc pris ces accusations au sérieux et compte bien suivre l’affaire. D’un autre côté, l’Ordre a rappelé l’intérêt particulier qu’il accorde aux spécificités des soins en milieu carcéral. Une table ronde intitulée «Accès aux soins des personnes privées de liberté» a eu lieu lors de la réunion de coordination de l’Ordre qui s’est tenue les 16 et 17 juillet 2011 aux îles Kerkennah. Au cours de cette table ronde, trois exposés ont traité de l’aspect juridique, l’aspect éthique et l’état des lieux de la médecine pénitentiaire. Il a également été convenu que l’ordre des médecins s’implique activement dans tous projets d’organisation du secteur médical carcéral, en élaborant avec le ministère de la Santé «un cahier de charges ou statuts spécifiques des centres de soins des établissements pénitentiaires (où il sera précisé les normes en locaux, normes en personnels, mission de chaque intervenant, indépendance du médecin, etc.)». Ces précisions limiteront les dépassements et protègeront à la fois les médecins et les détenus contre tout abus. «Enfin, pour libérer les médecins de la pression de l’administration pénitentiaire, il a été proposé aussi de transférer la tutelle de la direction médicale des prisons du ministère de la justice au ministère de la Santé à l’instar de plusieurs pays européens». Ceci étant, la discrétion dans ce genre de communiqué et le choix plutôt dissuasif de la pleine saison estivale pour organiser cette table ronde, nous porte à penser que l’initiative reste timide et limitée et la question reste encore gênante. L’image du médecin censée apaiser et soulager les maux ne peut être associée à celle qui inflige les souffrances. On a donc du mal à reconnaitre les dépassements de certains. Les responsabilités doivent tout de même être clarifiées, pour que chacun, quel que soit son appartenance ou tâche, assume et paye pour ces erreurs.

Source: “Business News” Le 10-10-2011

Lien. http://www.businessnews.com.tn/Tunisie—Enqu%C5%BAte-pour-%C3%A9tablir-la–liste-noire–des-m%C3%A9decins-tortionnaires,519,26928,1

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