AFP: Tunisie: annulation de festivités pour le pèlerinage de la Ghriba
Tunisie: annulation de festivités pour le pèlerinage de la Ghriba
Tunisie: arrivée du rapporteur de l’ONU sur la torture
Première visite du ministre français de l’Intérieur en Tunisie
Libération prochaine d’activistes en Algérie (sources islamistes)
ANALYSE-Le “printemps arabe” s’invite aux frontières d’Israël
Officiels libyens en Tunisie pour chercher une solution à la crise libyenne (agence)
Le procureur de la CPI demande un mandat d’arrêt contre Mouammar Kadhafi
AFP, le 16 mai 2011 à 14h54
Sit-in planétaire à El Qods Eshareef
En soutien à l’action pacifique de commémoration de la Naqba, aux martyrs impulsant ce sit-in et tombés en ce 15 mai 2011, sous les balles de la machine de mort sioniste, je veux offrir ce cri de douleur et d’espoir, à leur mémoire, et à la Palestine, copie d’un article paru sur Mouatinoun 144, du 11 mars 2011.
Du devoir, de mémoire
…et d’aspirations futures…
Maintenant que vous n’êtes plus la “seule démocratie (sic !) du moyen-orient“, que vous avez perdu deux “alliés stratégiques“, et comptez les jours qui restent au troisième ; comment allez-vous « factuer », expliquer cette insoutenable dictature, comment allez-vous « ingérer » cette colonisation immonde et cette barbarie humaine, au reste du monde …
Et maintenant, Al-Qods, demain.
Le soir de la chute de Moubarak, le peuple de Tunis est descendu en masse à l’avenue Bourguiba, fêter Sa victoire… Certes, ce soir-là, la liesse populaire n’égalait pas celle de Maydèn-Ettahrir, mais nous avons vécu cette deuxième libération d’un pays arabe, comme un fait essentiel de notre existence et de notre devenir. L’Egypte, “mère-du-monde“,est libre et, avec elle, le cœur du monde arabe bat la timbale… Je n’ose imaginer la béatitude du plus tunisien d’entre les égyptiens, Cheikh Imam Issa, à chanter “Ouyoun el Kalèm“, dans l’éther où il est… Repose en paix, mon ami, toi qui nous a tant bercés aux chants révolutionnaires, qui nous a insufflé ta verve et ton indignation devant les actes et les existences ignobles de ces dictateurs de pacotille qui nous gouvernent ; alors que tu voyais, partout où tu chantais en Egypte et chez nous, au palais de la foire, à Gafsa, à l’amphi de la fac de droit dont les murs résonnent encore de tes chants : “Al fallahin“, “Echajara E’btikhdhar“, “ Guevara mèt“… Tu « voyais », à travers nos hourra, que nos peuples ne méritent pas cette chape honteuse, qui-broie-les-hommes, sur nos têtes ; ce glacis qui nous pétrifie à chaque bombe sioniste qui tombe sur nos enfants, à chaque campagne de répression de ces dictatures contre nos peuples, à chaque « accusation » que le peuple arabe ne mérite pas, et n’est pas fait pour, la liberté… A chaque fois que ce sentiment diffus de honte de notre arabité bafouée nous étouffait, on répétait après toi : “Ounadikoum, Achouddou ‘ala Ayadikoum, wa Aboussou el Ardha tahta Ni’alikoum, wa aqoulou afdikoum“…
وأهديكم ضياء عيني ودفأ القلب أعطيكم فمأساتي التي أحيا نصيبي من مآسيكم ,
si bien reprise par Marcel Khalifa.. et l’on repartait, la fleur à la plume-fusil, rechargés de ta haine et de tes luttes chantées…
…
…أنا يا عبلة يا جاهان
أنا خلف المرأة..و المرآة
أنا خلف الذكرى والكرى و الذكريات
أنا…لمّا يغلق فاه الريح في البستان
أزفر و أزمجر و أهذي
بأم القرى..و أم الدنيا..وأم المعارك..وأم الهيجان.
أنا يا جاهان… أنا من أكل بذور الانسان…
…
Pour avoir gravé dans nos gènes, l’amour de la liberté et l’insoumission révoltée, pour avoir semé partout ces graines de la revolucionn, tu peux dormir heu-reux, maintenant. Merci, ya Cheikh, et repose en paix.
Au soir du 11 février 2011, chute de la dictature d’Egypte, domino essentiel, le peuple scandait : « one two three, demain l’Algérie »… c’était le prochain domino populaire… et lorsqu’un jeune a crié : « Ghoudwa Kaddafi », la foule avoisinante a éclaté de rire ; et j’ai ressenti cela comme une gifle…
Je vous demande pardon, filles et fils du peuple Lybien frère ; pour avoir mésestimé votre volonté de vous hisser aux aspirations des peuples assoiffés de liberté, et votre dignité “homérique“ à défendre votre terre devant les coups de boutoir de ce fou sanguinaire-psychopathe qui a juré de ne laisser derrière lui que terre brûlée et désolation, qui menace de “somaliser“ la Lybie (pardon, peuple frère de Somalie, pour cette comparaison-vindicte de ce fou sanguinaire), qui a juré la destruction de cette terre qui l’a enfanté, fils indigne ; comme si ces quarante-deux années de désertification, d’asservissement et de « dé-cervelisation » du peuple, ne lui ont pas suffi…
Tu le paieras cher, petit Hajjaj, tu paieras cher ce massacre, ce génocide moral et humain. Tu seras, par-delà l’histoire, pire que lui, dans nos mémoires… Patience, peuple frère de Lybie. Courage, l’heure de la liberté approche.
Je vous demande aussi pardon pour d’autres faits que l’on n’a pu empêcher ; et je crois que vous en serez compréhensifs en ces temps de révolution, qui a vu inévitablement des débordements (انفلات), non seulement sécuritaires mais médiatiques et diplomatiques ; car comment expliquer, qu’à un jour d’intervalle, on ait vu un media (Interview par Monsieur Sofiane Ben Hamida sur Nessma, le 25 janvier 2011) interviouver le petit hajjaj
et un responsable politique (Monsieur Rached Ghannouchi, à en croire Esharq el Awssat du 24 janvier 2011, non démenti …) (راشد الغنوشي يشيد بدور القذافي فيدعمالانتفاضة الشعبية» في تونس ) http://www.aawsat.com/details.asp?section=4&issueno=11745&article=605128&feature
(par le biais de son rejeton ignoble لاخر طلقة…يا عديم الأخلاق…يا مجرم…يا عديم الأدب… )…
le remercier pour son soutien à la révolution, comme pour s’excuser auprès de lui qu’on ait fait cette (si belle !) révolution, qu’on ait abattu la dictature de son copain-coquin, qu’il voulait dictature-à-vie…
Je disais donc, en ce 11 février de l’an I de la révolution arabe, une clameur montait de l’avenue Bourguiba : ”Le peuple veut libérer la Palestine”…الشعب يريد تحرير فلسطين
Les colons de la Palestine ont dû entendre ce grondement de la rue arabe, et ont dû sentir cette chère terre, ”fière et noire”, se dérober sous leurs pieds… et s’est éveillé alors en moi ce rêve d’enfant, de nous toutes, de nous tous, où des caravanes citoyennes ; mimant en cela celle, partie de Mazzouna-Regueb-Gafsa-Kasserine-Sidi Bou Zid… vers La Kasbah ; partiraient de Tunis, de Nouakchott, de Tindouf, de Bejaïa, de Fès, d’Essaouira, de N’Djaména, de Khartoum, de Regueb, de Zaafrane, d’Ezzaouia, de Sebha, de Tripoli, de Ras Lanouf, de Benghazi (enfin libérées !) du Caire, d’Alexandrie, de Rafah, de Deir el Balah, de Deir Yassine, de Jénine, de Damas, de Baghdad, de Abha, de Qassim, de Bahrein, de Doha, de Sanaa, de Djakarta, de Tachkent, de Buenos Aires, de Tokyo, de Hiroshima, de Porto Alegre, de Chicago, de… pour un sit-in planétaire à Al-Qods, jusqu’à la chute de cette bête-hideuse-du-sionisme…
L’an prochain, à Al-Qods, les enfants…Incha’ Allah.
Mohamed Faouzi Bellalouna
Universitaire, Syndicaliste
Ghazi Gherairi: «L’argent est nécessaire à la politique, mais il faut qu’il soit le plus visible, transparent et surtout (traçable) »
L’enjeu de la « dé-Benalisation »
Many Fear Revival of Islamist Party in Tunisia
La Tunisie aux prises avec les biens mal acquis de Ben Ali
Les avoirs de l’ex-président et de sa famille vont être confisqués par l’État, qui cherche aussi à récupérer les capitaux placés à l’étranger
Démêler les fils par lesquels la famille de Zine El Abidine Ben Ali a ligoté l’économie tunisienne : la tâche à laquelle s’attellent les autorités de transition est ambitieuse.
En vingt-trois ans de pouvoir, le président, sa famille et celle de son épouse Leïla Trabelsi ont fait main basse sur des pans entiers de l’économie, selon des méthodes dignes d’une « quasi-mafia », comme le soulignait en 2008 un câble diplomatique américain, obtenu par WikiLeaks et diffusé l’automne dernier.
« Le système Ben Ali a détourné la loi par la loi, détruit l’État de droit par l’État de droit. Il a gangrené les institutions en les mettant au service d’une famille », dénonce Taoufik Chammari, président du Réseau national anti-corruption (R’Nac), un groupe citoyen né en février dernier.
« Un membre de la famille voulait acquérir un terrain constructible : le président passait un décret de changement de vocation de la parcelle. Devenue terre agricole, elle était acquise pour une bouchée de pain. Un nouveau décret déclarait le terrain constructible. Un projet immobilier était alors lancé, et les logements vendus à prix d’or », décrit-il.
Une logique utilisée par Leïla Trabelsi pour acquérir au dinar symbolique, en 2006, des terrains archéologiques à Carthage, et pour construire une villa dans un parc de la capitale, en 2009.
Leur mainmise sur le secteur bancaire, l’immobilier, les médias, la téléphonie, la grande distribution, ou encore l’industrie, aurait « coûté à la Tunisie 2 à 3 points de croissance par an », selon l’économiste Moncef Cheikhrouhou. La Fondation Global Financial Integrity estime que la corruption a fait perdre environ 700 millions d’euros par an au pays.
« Leurs méthodes décourageaient l’investissement, abonde un entrepreneur tunisien soucieux de garder l’anonymat. Les entreprises restaient petites pour ne pas susciter les convoitises. Quand une société atteignait un certain poids, les sbires de la famille exigeaient souvent une prise de participation, ou sa vente à l’un des leurs ».
Les biens et les avoirs de Ben Ali
Après la fuite de Zine El Abidine Ben Ali, le 14 janvier dernier, plusieurs institutions – la Banque centrale, la Direction des impôts, le Conseil des marchés financiers et la Conservation de la propriété foncière – ont été priées d’examiner leurs registres pour trouver les traces des biens, des avoirs et des parts sociales détenues par le président et ses proches qui représenteraient un tiers de l’économie du pays.
À partir des listes obtenues, l’État a saisi la justice « pour que des mesures de préservation soient prises », indique Jamel Ayari, représentant du Contentieux de l’État, le service en charge de ces questions.
Le tribunal de première instance de Tunis a décrété la mise sous séquestre des biens et des avoirs identifiés, ainsi que des parts minoritaires dans le capital d’entreprises. Les entreprises dont le capital était détenu en majorité par un membre du clan ont été mises sous administration judiciaire.
« L’administrateur a remplacé le chef d’entreprise. Il a la faculté de décider de l’exécution des contrats en cours. Car le premier souci de l’État a été d’assurer le fonctionnement de ces entreprises, pour préserver les emplois », souligne Jamel Ayari.
La mission des séquestres et des administrateurs prendra fin pour laisser la prérogative à l’État, comme le prévoit le décret-loi du 14 mars 2011. Selon le texte, les parts sociales, les avoirs et les biens acquis depuis le 7 novembre 1987, date de l’arrivée au pouvoir de l’ex-président, par 114 personnes – Zine El Abidine Ben Ali, son épouse, et leurs proches – risquent d’être confisqués dans les six mois.
D’ici là, une « commission de confiscation » est chargée de « définir l’étendue exacte des saisies ». Elle doit distinguer « les biens mal acquis de ceux qui reviennent de droit à leur propriétaire », et remettre les premiers entre les mains de l’État.
Les secteurs qui devraient rester dans la domaine publique
C’est ainsi que l’État tunisien devrait se retrouver à la tête d’Orange Tunisie. L’opérateur téléphonique est détenu à 51 % par la holding Investec, propriété du gendre de l’ex-président, Marouane Mabrouk, mise sous administration judiciaire le 28 février dernier. Pour les observateurs, nul doute qu’Investec, et donc Orange Tunisie, sera confisqué.
La naissance d’Orange Tunisie est elle-même entourée de soupçons de favoritisme. L’appel d’offres lancé en 2009 par le gouvernement pour l’attribution d’une troisième licence de téléphonie mobile aurait été taillé « sur mesure » pour disqualifier les autres postulants, selon des observateurs, qui jugent le prix de la licence, 130 millions d’euros, étrangement bas.
Impliqué dans plusieurs dizaines d’entreprises, l’État devra d’abord les « remettre sur pied ». Une tâche qui passera par le remboursement des dettes. « La banque centrale a demandé à toutes les banques de rééchelonner les dettes des créanciers, le temps que l’État rembourse leur dû », explique Jamel Ayari.
La plupart des parts sociales devraient ensuite être revendues ou introduites en Bourse. « L’État n’a pas vocation à garder des parts dans ces entreprises », affirme Jamel Ayari.
De source proche du gouvernement, on estime néanmoins que « quelques secteurs stratégiques » pourraient rester dans le domaine public. À la banque centrale, on avoue aussi qu’« une stratégie spécifique pourrait être élaborée pour quatre ou cinq très grandes entreprises », notamment Carthage Cement et la société Tunisie Sucre.
Une manne financière à l’étranger
Pour l’État, il s’agit aussi de geler puis de récupérer les biens et les avoirs du président déchu et de ses proches à l’étranger. Les pays européens sont tombés d’accord, fin janvier, sur le principe d’un gel, après l’ouverture d’une enquête judiciaire en Tunisie.
La justice française a saisi la semaine dernière 12 millions d’euros sur douze comptes appartenant à quatre proches de l’ancien président. Mais d’autres pays tardent à accéder à la demande des autorités tunisiennes. Au Canada, une nouvelle loi a dû être promulguée.
« C’est très compliqué car les procédures à suivre pour le gel et le rapatriement des avoirs en Tunisie sont propres à chaque pays », confirme Jamel Ayari. Une commission « comprenant des experts internationaux » devrait être créée pour plancher sur la question. L’enjeu est de taille.
En 2008, le magazine américain Forbes estimait la seule fortune de l’ex-président à 3,4 milliards d’euros. Une manne en partie localisée à l’étranger, et dont la Tunisie aurait grand besoin pour mener à bien sa transition démocratique.
Source : « La Coix » Le 16-05-2011
Tunisie : Où sont passés les héros ?
Quatre mois jours pour jour après la chute de Zine el-Abidine Ben Ali et l’union sacrée qui a permis de le chasser, la révolution tunisienne donne la détestable impression de s’enliser dans les sables mouvants de l’après-révolution. Comme l’Égypte, d’ailleurs, deuxième domino à être tombé, en attendant les régimes libyen, syrien ou yéménite…
En Tunisie, devenue le royaume de la rumeur et de la théorie permanente du complot, on ne sait plus à quel saint se vouer. La méfiance est généralisée, le rejet de l’autre et de ses opinions est érigé en mode de pensée, les scènes de violence – physique comme verbale – se multiplient. Les ministres des gouvernements provisoires successifs – je ne sais même plus combien sont passés sous les fourches caudines de la vindicte populaire – ne sont jamais assez bons : anciens, nouveaux, jeunes issus du secteur privé revenus au pays pour donneruncoupdemain, politiques ou technocrates sont constamment sur la sellette. La chasse aux sorcières est devenue un sport national. Seuls les extrêmes, la gauche surtout, ont le droit de s’exprimer sans encourir les foudres d’une population avide d’en découdre avec tout ce qui incarne à ses yeux, souvent à tort, l’ancien régime.
Ainsi siffle-t-on l’hymne national, qui n’a pourtant rien à voir avec Ben Ali. La police ? RCD. L’ordre? RCD. L’argent ? RCD. Le travail ? RCD… Les mémoires, elles, se font sélectives : tout le monde a oublié que rares sont ceux qui n’ont pas eu à composer avec le régime, l’État, les entreprises, le parti et ses satellites. Personne ne veut croire qu’on ait pu être ambassadeur, universitaire, dirigeant ou salarié d’une entreprise publique sans forcément être un voyou ou un voleur. Dans ce véritable pandémonium, où l’on se pique de vénérer Bourguiba et de honnir Ben Ali, impossible de suggérer que le premier n’a pas toujours été un ange et que le second n’était pas qu’un démon.
Last but not least, les partispolitiques,dont tout le monde veut être, se livrent à une véritable foire d’empoigne, plus soucieux d’exister ou de prendre le pouvoir que de réfléchir à l’avenir du pays et à ses besoins. Les ego de la soixantaine de chefs de parti ne désenflent même pas sous le poids des tomates reçues lors de certains meetings…
Qu’elle semble loin l’heure de gloire internationale de la Tunisie, quand le monde entier chantait les louanges de ce peuple fier et uni qui avait acquis sa liberté à force de courage et d’abnégation. Sans doute tout cela est-il normal, inhérent à ce saut dans l’inconnu qu’ont effectué les Tunisiens à partir de ce fameux 14 janvier.Mais au-delà de leur propre destin, ils ont une lourde responsabilité : en ouvrant la voie à leurs frères du monde arabe, voire d’Afrique, ils ont acquis le statut de héros et de modèles. Comment pourraient-ils les décevoir ?
Source : « jeune Afrique » Le 16-05-2011
Tunisie, l’appareil sécuritaire est-il une des clefs de la sortie de crise ?
que la France allait quitter l’Algérie, il subit une tentative d’assassinat et une tentative de putsch par des généraux. Quand Boris Eltsine fit des réformes en Russie en limitant drastiquement le pouvoir des militaires, il fit face à un coup d’état militaire qui dura quelques jours. Dans ces deux exemples, le coup de force des militaires était motivé par la même raison, le refus de la remise en question de l’ordre établi associé à la perte d’intérêts financiers et de pouvoir.
En Tunisie, l’appareil sécuritaire est tenu non pas par l’armée mais par la police (ordinaire, politique, sécurité présidentielle…). Les spasmes sécuritaires auxquels fait face la Tunisie sont du même ordre. Dans la nouvelle Tunisie, ce système policier risque de perdre beaucoup. Par l’entretien d’un climat d’insécurité, il ne fait que manifester son refus d’être sacrifié dans cette transition. Il frappe à la porte afin que des négociations s’engagent avec lui. Il est nécessaire d’ouvrir cette porte si l’on veut éviter le chaos et permettre un retour rapide « à la normale ».
Qui sont ceux qui sont derrière ces troubles et pourquoi pourquoi font-ils cela ?
Avant de répondre à cette question, il faut faire un effort de mémoire car la joie ayant accompagné la Révolution tunisienne a fait quelque peu oublier une réalité tunisienne aux racines profondes. Oui aux racines profondes car elles ont eu le temps de se développer pendant 23 ans ! Pendant 23 ans, l’appareil sécuritaire s’est développé au point tel qu’il y a en, Tunisie, ce tout petit pays, 1 policier pour 100 000 habitants soit par rapport à d’autres pays 10 fois plus de policiers par habitant.
Ce système sécuritaire s’est infiltré de partout au point tel qu’il contrôle dans les faits la Tunisie. Si l’on n’en était pas convaincu, les exemples récents le démontrent. Qui peut croire par exemple que les prisons deviennent, comme ça par enchantement, du jour au lendemain des passoires ? Qui peut croire à la manifestation spontanée d’excités salafistes en plein cœur de Tunis avec des drapeaux neufs inconnus en Tunisie se permettent de scander des paroles jamais entendues avant en Tunisie devant la synagogue historique de Tunis sous les yeux de cordons de police impassibles – alors qu’on sait la tremblote que prend n’importe quel islamiste devant un policier en Tunisie !!.
Il y a quelques mois, personne en Tunisie ne faisait le malin avec la Police. Tout tunisien sain de corps et d’esprit sait ce qu’il risquait en rentrant pour des mauvaises raisons dans un commissariat. L’entrée était permise mais la sortie pas assurée du tout. Chaque tunisien se méfiait même des membres de sa propre famille et évitait les sujets concernant la politique, la famille présidentielle, la police. Les murs en Tunisie avaient des oreilles disait-on. La criminalité était basse. Avec un policier à chaque coin de rue, chaque croisement, dans chaque famille, il ne restait pas beaucoup d’espace pour les délinquants.
Mais aujourd’hui il semble que les choses aient changé. La délinquance prospère. Si ce phénomène accompagne toute période révolutionnaire, certains événements semblent malgré tout douteux et trop bien organisé pour qu’ils soient le fait de simples délinquants. C’est à croire que certains aient entre les mains le robinet de l’insécurité qu’ils ferment et ouvrent au gré de leur envie ou plutôt au gré des messages qu’ils souhaitent envoyer. Des messages du type « soit nous jouons dans le nouveau jeu tunisien, soit nous jouerons contre la Tunisie ».
Il n’y a aucun doute que ce sont ceux qui maîtrisent la sécurité qui sont les mêmes qui détiennent ce robinet ce robinet de l’insécurité, donc l’appareil sécuritaire. Pourquoi de tels actes ?
La réponse est évidente et peut se comprendre à deux niveaux.
Le premier est motivé par la volonté d’échapper à la justice. Si le calme revient en Tunisie, l’une des premières volontés du peuple sera de juger le système policier de l’ancien régime ainsi que ses acteurs principaux (cadres, hauts fonctionnaires…). Cette étape est indispensable pour faire le deuil de l’ancienne période et tourner définitivement la page. L’appareil sécuritaire sait ce danger et ne veut pas être jugé sur ses errements passés. Il n’a donc aucun intérêt à un retour au calme car, dans cette situation, il aurait beaucoup à perdre.
Le second est directement dû aux avantages financiers et en nature. En effet, pendant 23 ans, l’ancien régime a passé un contrat tacite avec son appareil sécuritaire. L’appareil sécuritaire devait maintenir la pression sur le peuple et empêcher toute volonté démocratique (presse, syndicat, partis politique) et en plus de sa rémunération officielle, le pouvoir fermait les yeux sur le racket du petit peuple par ce système policier (personnes ordinaires, commerçants, taxis) et sur ses investissements dans le monde des affaires .Combien de policiers ont des revenus plusieurs fois supérieurs au modeste salaire que leur verse l’Etat ? D’où vient cet argent ? L’appareil sécuritaire sait qu’il n’aura plus les mêmes passes droits si la loi s’appliquait. Il y aurait donc une baisse considérable de ses revenus.
Peut-on supprimer ce mal ?
Voilà la véritable question et la réponse est hélas non car ceux dont le métier était d’agir en secret pendant 23 ans pour espionner et mater le peuple, déstabiliser les opposants à l’ancien régime, agissent aujourd’hui encore dans le plus grand secret pour déstabiliser la Tunisie et maintenir l’insécurité. Les réseaux qu’ils ont développés, les moyens qu’ils possèdent le leur permettent. Surtout ils agissent officieusement et dans l’ombre. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils sont expérimentés pour cela. Ce mal n’est donc pas visible. Si c’était le cas, le problème aurait été réglé rapidement.
Eradiquer ce mal sera difficile est long. Le problème est que la Tunisie n’a pas le temps d’attendre. L’asphyxie économique guette. Une solution radicale, pour quel résultat ?
Il y a bien une solution radicale mais le résultat est aléatoire. Les Tunisiens peuvent bien sûr limoger et remplacer tous les cadres de l’appareil sécuritaire ainsi que fermer les services litigieux. Cela est possible et donnerait en plus de l’emploi à beaucoup de jeunes policiers formés à respecter la loi. Deux obstacles s’y opposent toutefois.
Le premier est qu’il faudrait former ces jeunes policiers certes motivées mais peu expérimentées et la période actuelle en Tunisie exige une expérience sécuritaire que les vieux cadres de Police possèdent eux paradoxalement.
Le deuxième obstacle est que ce serait une extraordinaire erreur stratégique qui serait faite. Les Américains l’ont bien compris pendant la guerre du Golfe. Ils ont licencié du jour au lendemain 40 000 soldats de l’armée de Sadam Hussein en pensant les remplacer par d’autres soldats formés selon leur envie. Ce fut une catastrophe pour eux! Ces 40 000 soldats sont passés du jour au lendemain du statut de soldats à celui de djihadistes contre l’armée américaine au point tel que les Américains ont réembauché quelques mois plus tard ces soldats. Le dicton est connu « ceux qui ne jouent pas avec vous, joueront contre vous » ! Dès qu’ils seront licenciés, ces éléments de l’appareil sécuritaire tunisien se vengeront en engageant cette fois-ci une guerre totale qui condamnera définitivement la Tunisie. Cette solution, même si elle est attrayante, ferait plus de mal que de bien à la Tunisie.
Ouvrir les discussions avec la société civile et politique
Une décision courageuse pour l’intérêt supérieur de la Tunisie doit être prise. Elle consiste en l’ouverture de discussions avec l’appareil sécuritaire. Mais, attention, elles ne doivent pas s’ouvrir seulement entre le gouvernement provisoire et cet appareil sécuritaire. Ces discussions doivent associer les membres influents de la société civile (avocats, journalistes, partis politiques, syndicats) – un peu comme ce qui s’est passé en Afrique du Sud. Elles doivent être discrètes mais pas secrètes et la population doit en être informée quant à ses étapes et conclusions. Réunir toutes les parties de la société civile et politique donnera une légitimité aux yeux de la population aux accords d’amnistie qui seront pris.
Un acte courageux dans l’intérêt de la Tunisie
On peut comprendre que certains soient réticents à envisager un accord de ce type. Il y a eu tant de souffrances, tant d’injustice… et nul ne peut renoncer à son droit à la justice ! C’est vrai et le doute m’assaille même en écrivant ces lignes mais j’en appelle à la conscience de ceux qui aiment la Tunisie et leur demande de se souvenir de l’exemple de l’Afrique du Sud ; ce pays a tenu debout car il y a eu une réconciliation nationale. Mandela, qui passa plus de 30 ans en prison dans des conditions horribles et dont le peuple fut massacré, pardonna à ses bourreaux blancs ! . Pourquoi l’a t-il fait ? Même s’il n’en avait pas envie, il a sans doute pris en compte l’intérêt supérieur de son pays.
Les Tunisiens sont-ils capables d’une telle démarche aujourd’hui ?
Un acte courageux similaire est nécessaire dans l’intérêt de la Tunisie. Le sacrifice qui est fait aujourd’hui en renonçant à juger certains éléments de l’appareil sécuritaire est un investissement pour la Tunisie. Perdre aujourd’hui un peu pour gagner demain beaucoup.
Mais ce sacrifice n’est pas un chèque en blanc. Loin de là. Les cadres de l’appareil sécuritaire doivent s’engager à cesser toute campagne de déstabilisation ainsi que de participer à la réforme du corps policier. Un organe de contrôle indépendant de la police pourrait se charger de cette mission.
Chaque minute compte
Le climat sécuritaire actuel a des incidences économiques en cascades et difficiles à rattraper. Si la sécurité ne revient pas, les touristes ne reviendront pas, les entreprises ne reviendront pas, le moral et la confiance des tunisiens ne reviendront pas. Comment payer les salaires des enseignants, les subventions de produits, payer les produits d’importations. Comment ?
Si les caisses de l’Etat tunisien se vident, il n’y aura pas de gagnants. Ceux qui, parmi l’élite sécuritaire, croient que leurs plans marcheront doivent méditer les exemples des révolutions françaises et anglaises. Après avoir contenu, sans trop de dégâts, la première révolution pendant quelques temps, les élites de l’époque ont fait face à une deuxième révolution populaire sanglante. Des milliers de notables parmi ceux qui n’avaient pas fuit furent exécutés et leur biens confisqués. Les élites tunisiennes, qui jusque là ont été plutôt préservées, veulent elles avoir un tel scénario en Tunisie?
Par ailleurs, il a fallu plus de 100 ans et plusieurs guerres civiles fratricides pour que ces pays se relèvent politiquement et économiquement. Des exemples à méditer et qui doivent, à nous qui aimons la Tunisie, nous inspirer pour nous réconcilier et avancer. La Tunisie est à la croisée des chemins avec, de surcroît, à ses portes un contexte géopolitique compliqué. Le climat d’insécurité doit cesser. Des discussions dans ce sens entre tous les acteurs doivent s’engager sans délais.
Source : « Les Echos » Le 16-05-2011
Lien : http://lecercle.lesechos.fr/node/35139
ANNULATION DU PELERINAGE DE DJERBA POUR DES RAISONS DE SECURITE. LES ISRAELIENS REPRESENTENT ENVIRON 20% DES VISITEURS
Roger Bismuth, le Président de la Communauté juive de Tunisie a annoncé hier et de manière officielle l’annulation du pèlerinage de cette année. Le pèlerinage de la Ghriba, la très ancienne synagogue de Djerba, annuellement fêté le jour de la commémoration du Rabbi Shimon Bar Yo’haï, auteur du Zohar, attire près de 5000 personnes tous les ans. Près du cinquième des visiteurs sont israéliens. Ils transitent toutefois souvent par Paris ou par d’autres grands aéroports européens.
Jusqu’à l’an dernier, la Tunisie était considérée comme un pays sinon sûr du moins sécurisé, et les efforts investis par les autorités au niveau de la tolérance et de la bonne entente entre les différentes communautés avait mis en confiance les voyagistes pour qui le climat était jugé favorable. ce n’est plus le cas depuis “le Printemps arabe”.
La communauté juive tunisienne compte dans les de deux mille personnes, la plupart de ses membres ayant quitté le pays depuis l’accession au pouvoir du Néo-Destour, fondé en 1934 et qui a pris le pouvoir en mars 56. Plusieurs affaires ont été totalement ruinées par des amendements appliqués aux Juifs qui dirigeaient des commerces ou des entreprises. Pour les propriétaires de biens fonciers, les loyers étaient maintenus à un taux modique et ils restaient souvent impayés.
Relativement, cette communauté passée de plus de 100 000 âmes à moins de 2000 est considérée comme l’une des plus grandes communautés juives des pays arabes.
ISRAELVALLEYPLUS JPost : “The annual Lag Ba’omer pilgrimage to the island of Jerba in Tunisia has been officially canceled for the first time ever due to security concerns, a Tunisian Jewish leader told The Jerusalem Post on Sunday. Roger Bismuth, the president of the Jewish community, said the event, which was set to take place at the El Ghriba synagogue next Sunday and usually attracts thousands of Jews from around the world, was called off five days ago after consultations with the government.
“We have this fight at the Tunisian border with Libya so the situation is not as we like,” Bismuth said over the phone from Tunis. “Besides that, we have had a revolution. The situation is not completely quiet yet so we took precautionary measures.”
Source:”Israel Valley” Le 16-05-2011
Lien: http://www.israelvalley.com/news/2011/05/16/31709/israelvalley-tunisie-israel-france-annulation-du-pelerinage-de-djerba-pour-des-raisons-de-securite-les-israeliens-represe
La Tunisie ne veut plus être « l’atelier de l’Europe »
Pour l’Etat, la lutte contre le chômage et le développement régional sont les priorités
Tunis, de notre correspondante
« La réussite économique est une condition fondamentale du succès de la transition démocratique. » Depuis des semaines, Mohamed Haddar, président de l’Association des économistes tunisiens (Asectu), court de séminaires en colloques pour faire entendre cette conviction. « Les difficultés économiques ont été le déclencheur de la révolution. Aujourd’hui, il faut trouver des solutions. »
Une détermination renforcée par le constat d’une économie qui subit de plein fouet les conséquences de la Révolution. Début février, les autorités de transition estimaient que le désordre entourant la chute du régime avait représenté un manque à gagner de 2,6 milliards d’euros pour l’économie tunisienne, soit 4 % du PIB.
La chute du niveau d’activité et le recul de l’investissement ont contraint à revoir à la baisse la prévision de croissance. Le Fonds monétaire international (FMI) avance désormais le chiffre de 1,3 %, pour 2011 contre 3,7 % en 2010. Le gouvernement provisoire table sur 1 %.
Le 1er avril, le ministre des finances, Jalloul Ayed, a lancé un Programme économique et social (PES) d’urgence. Chantiers prioritaires : l’emploi et le développement régional. En visite à Paris le 27 avril à Paris, le ministre a souligné que le chômage restait « le problème crucial en Tunisie » avec « 150 000 à 160 000 diplômés chômeurs » et des perspectives de création d’emploi nettement revues à la baisse.
Le chômage, qui s’élevait à 14 % à la fin de 2010, devrait atteindre 20 % d’ici à l’été.
La situation est particulièrement difficile dans l’intérieur du pays. Alors que le tourisme représente 6,5 % du PIB et 350 000 emplois, la côte a depuis longtemps attiré les investissements, au détriment des autres régions. Résultat : le chômage atteint à certains endroits 40 %.
C’est d’ailleurs dans la zone déshéritée de Kasserine, dans le centre-ouest du pays, qu’a éclaté la révolte populaire, en décembre. « Construisons des logements dans les zones déshéritées. Toute l’activité économique sera dynamisée. Il y aura du travail dans le bâtiment, la menuiserie, la plomberie », argumente Mohamed Haddar.
Mais l’association estime qu’« un milliard de dinars » (500 millions d’euros) d’investissements est nécessaire « pour que les gens perçoivent une réelle évolution ». « Le programme de construction serait l’incarnation d’une révolution qui se construit », explique Mourad Sellami, journaliste et proche de l’Asectu.
À plus long terme, de nombreuses voix s’élèvent en faveur de réformes structurelles. Pour l’Asectu, la solution passe par « une révision du modèle de croissance ». « Fondé sur la sous-traitance, il ne correspond pas au potentiel des 80 000 diplômés qui arrivent chaque année sur le marché du travail », relève Mohamed Haddar.
La Tunisie doit « développer des activités incorporant un savoir-faire et un contenu technologique élevé », plaide-t-il. À Paris, le ministre des finances a lui-même appelé les investisseurs français à ne plus considérer la Tunisie comme une « source d’emplois bon marché », mais comme un véritable « partenaire » et une « opportunité de création de valeur ».
Si la Tunisie ne veut plus être « l’atelier de l’Europe », c’est aussi parce que l’une des conditions de ce modèle est remise en cause. Depuis janvier, de nombreux chefs d’entreprise ont concédé des augmentations de salaires de 10 %.
Source : « La Croix » Le 16-05-2011
Tunisie : Slim Amamou répond aux attaques
Après la publication d’une information sur le site Businessnews.com.tn affirmant que Slim Amamou est membre fondateur du parti pirate tunisien, nous avons contacté l’intéressé pour nous présenter son parti. «Mais attendez. Qui vous a dit que je suis membre du parti pirate ? Je ne suis ni membre fondateur ni affilié à un groupe politique. Cette information est fausse», nous répond-il.
Dans une interview accordée àTunivisions le dimanche 15 mai, Sleh Eddine Kchouk, un jeune tunisien qui a déposé la demande de création du parti pirate auprès du ministère de l’intérieur le 9 mai dernier, a accusé Slim Amamou d’avoir tenté de créer le parti pirate sans consulter tout les membres du groupe. M. Kchouk assure également qu’il a été arrêté avec Slim Amamou durant la révolution et lui reproche d’avoir pris ses distances avec tous le monde après qu’il ait accepté le poste de Secrétaire d’Etat dans le gouvernement provisoire. «Il aurait dû s’occuper des problèmes des jeunes et non du porno et du cannabis», déclare-t-il à notre confrère Tunivisions.
«J’ai vu la vidéo. Je ne connais pas ce monsieur et il ne me semble pas de l’avoir rencontré avant», s’exclame Slim Amamou. «Je ne l’ai pas vu durant mon arrestation. Je n’ai vu que Azyz Ammami au ministère de l’intérieur durant les interrogatoires».
Une question se pose : Sleh Eddine Kchouk est-il en train de se chercher une légitimité électorale en s’attaquant au Secrétaire d’Etat Slim Amamou avec des arguments vraisemblablement montés de toute pièce ?
Source : « Tunisie Haut Debit » Le 16-05-2011
Une justice à dépolitiser
Par Noureddine HLAOU
Deux faits saillants ont marqué le cours des événements lors de ces derniers jours, à savoir un retour prudent au calme grâce à l’amélioration des conditions sécuritaires et une escalade inattendue observée par l’Association des magistrats tunisiens, présidée par Ahmed Rahmouni, à l’encontre du gouvernement transitoire, du ministère de la Justice et de l’Armée. Concernant le premier volet, force est de constater que depuis le débat télévisé au cours duquel le Premier ministre a révélé l’existence d’éléments « payés par des partis politiques afin de semer la zizanie et de créer un climat de confusion lors des marches et autres sit-in, ces scènes quotidiennes auxquelles on assistait à l’Avenue Bourguiba ont disparu comme par enchantement. Un calme assez tendu règne, désormais, dans cette artère vitale et ses environs. C’est à croire que ces « éléments », sachant qu’ils sont démasqués, n’osent plus se manifester de peur d’être pris encore en flagrant délit et embarrasser davantage leurs éventuels commanditaires. D’ailleurs, les chefs des deux partis, qui se sentaient les plus concernés par les présomptions, en l’occurrence, Hamma Hammami et Chokri Belaïd, respectivement du PCOT et du PND, ont tenu une conférence de presse pour rejeter toute accusation et réclamer une enquête indépendante. Il faut dire que le ministère de l’Intérieur est sorti de son silence et a multiplié les sorties. D’abord, pour demander mille excuses à tous les citoyens, plus particulièrement les journalistes, qui ont été violentés et promettre qu’il fera tout pour que cela ne se reproduise plus et qu’il veillera à une meilleure formation et un meilleur encadrement de ses agents. Il a, également, invité, à juste titre, que les organisateurs de marches dites pacifiques, informent les autorités compétentes afin que tout se déroule dans le cadre de la loi et éviter les éventuelles « infiltrations » génératrices de débordements difficiles à contrôler et à maîtriser. Il faut dire qu’avec l’absence remarquable et remarquée des partisans d’Ennahdha de toutes les marches et autres rassemblements à l’Avenue Bourguiba, l’identité des meneurs de ces « harcèlements » devenait plus claire. Il e a été de même dans les autres zones des périphéries de la capitale, notamment à la Cité Ettadhamen, El Intilaka, Le Kram, El Omrane et bien d’autres. En effet, grâce à l’arrestation de dizaines de malfaiteurs et autres repris de justice, la situation a commencé à se décanter et à retrouver un rythme de vie normal. Ce qui explique l’allègement de la durée du couvre-feu. Pourvu que cela dure et pourvu que la relation entre policiers et citoyen retrouve un cachet de respect mutuel, le citoyen retrouvant sa dignité tout en se sentant en sécurité et l’agent de police œuvrant dans le cadre de la loi. Reste la justice dont le comportement demeure insondable par les observateurs et le fonctionnement incompréhensible par le commun des mortels. Tout le monde s’attendait à une réunification du corps de la magistrature après la reprise du Bureau exécutif de l’AMT par les membres issus du congrès de 2005. On prévoyait, logiquement et comme l’avait proposé le ministre de la Justice, Lazhar Karoui Chebbi, l’organisation rapide d’un nouveau congrès rassembleur qui déboucherait sur un nouveau bureau, réellement représentatif de l’ensemble actuel du corps de la magistrature. On s’attendait, également, à une vraie bataille pour le recouvrement de l’indépendance de la justice afin de mener à bien les méga-procès attendus à l’encontre des nombreux « mafieux » du clan Ben Ali et Trabelsi, pour ne citer que ces deux là. Rien de cela ne fut. Au contraire, l’AMT de M. Rahmouni semble vouloir jouer un rôle politique tout en usant d’une intransigeance rare qu’aucune autre partie politique n’a démontrée jusque-là. A titre d’exemple, le Bureau de l’AMT, qui prétend parler au nom de tous les magistrats alors que personne ne sait le degré de sa représentativité dans l’état actuel des choses et au moment même qu’un syndicat des magistrats a vu le jour, bloque la haute Instance électorale à cause d’une nuance à propos de l’article 8. Pourtant, le fameux article 15 a fini par faire l’objet de compromis entre le gouvernement provisoire et l’Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique. Concernant le projet du décret-loi portant organisation de la profession d’avocat, l’AMT a rendu public un communiqué pour s’y opposer. La même Association a appelé à une grève générale pour le 5 mai 2011 et observé un sit-in de protestation, samedi dernier devant le ministère de la Justice. Le point culminant de l’implication de l’AMT dans les affaires de l’Etat a été ce véritable bras de fer engagé avec l’Armée nationale suite aux déclarations de Farhat Rajhi accusant le général Rachid Ammar et les militaires de préparer un coup d’Etat en cas de victoire d’Ennahdha aux élections du 24 juillet 2011 tout en laissant entendre que le général Ammar aurait rencontre Ben Ali à Qatar. Devant la décision du ministère de la Défense nationale de porter plainte contre M. Rajhi et la nécessité d’entamer une procédure de levée de l’immunité judiciaire à cet effet, l’AMT a publié un communiqué dans lequel elle a opposé un niet « menaçant » à cette démarche tout en exprimant sa solidarité avec leur collègue ancien ministre de l’Intérieur. Or, l’Association semble avoir oublié que M. Rajhi a fait ces déclarations en tant que citoyen et en tant qu’ex-ministre de l’Intérieur, et d’aucuns ont estimé que l’attitude de l’AMT n’en constitue pas moins une entrave à la bonne marche d’une action judiciaire légitime. Et rien que pour cet épisode, on a assisté à une véritable guerre de communiqués entre les deux prestigieuses institutions militaire et judiciaire. L’espoir est, qu’avec les dernières excuses franches et officielles, puisqu’écrites avec sa propre main, M. Rajhi aura désamorcé une crise à l’issue incertaine entre la puissance militaire et le corps des magistrats. En ces mêmes moments, les observateurs font remarquer que la justice fait monte de lenteurs doublées d’un manque flagrant de communication concernant les affaires de malversations et de corruption. D’abord, aucune communication n’a été faite à propos des affaires impliquant Ali Seriati, les membres des clans Ben Ali, Trabelsi, Materi et alliés. Au bout de quatre mois, il n’y eut qu’un mini-procès pour Imed Trabelsi portant sur une banale affaire de consommation de drogue. Concernant les anciens conseillers, ministres et responsables du RCD passés, une seule fois, devant les juges d’instruction, parfois à grands coups médiatiques. Ce seul interrogatoire a été suffisant de les garder en prison mais on ne sait pas encore les motifs de leur incarcération. Pourtant leurs avocats et leurs proches parents communiquent et assurent que les dossiers sont encore vides et ne contiennent pas de preuves à charge. Mais du côté des magistrats, motus et bouche cousue. Jusqu’à quand ? Les Tunisiens veulent connaître les dépassements et les abus commis par ces personnes. Un point de presse régulier de la part des procureurs est nécessaire pour que les citoyens comprennent le fonctionnement de la Justice et l’état d’avancement des enquêtes. C’est comme cela que les choses se font sous d’autres cieux. Comme pour ne rien arranger, la justice militaire a fait preuve de rapidité et de grande célérité dans l’instruction de l’affaire du clan Ben Ali. Et le procureur du tribunal militaire a, même, fait une apparition remarquée sur la chaîne nationale de télévision pour communiquer en toute transparence. Toujours est-il que les analystes sont persuadés que la justice ne peut retrouver son rayonnement et son efficacité qu’après réunification de ce pouvoir par l’émergence d’un nouveau bureau représentatif, car, depuis le 14 janvier, on assiste à un seul son de cloche, celui d’un bureau d’une AMT, politisée et intransigeante à outrance, qui impose ses visions. La souplesse et le dialogue seront, à n’en point douter, nécessaires pour dépasser cette situation car la réussite de la révolution passe, entre autres et surtout, par une justice indépendante, transparente et loin des calculs de la politique politicienne.
Source: “Business News” Le 16-05-2011
Lien: http://www.businessnews.com.tn/Tunisie-%E2%80%93-Une-justice-%C3%A0-d%C3%A9politiser,519,24802,1
Démission des Partis Politiques tunisiens
Par Mohamed Chawki Abid, INGENIEUR
Les indicateurs économiques sont au rouge, sans parler des indicateurs sécuritaires, et les Maestros des partis politiques ne bougent pas le petit doigt pour appeler à la cohésion sociale et dénoncer les actes de vandalisme. L’abaissement continu du rating souverain, par les principales agences internationales de notation, assorti d’une perspective négative, reflète les incertitudes entourant la stabilité de la Tunisie et sa politique économique durant cette période difficile de transition politique. En effet, nous continuons à enregistrer partout : des attaques, des braquages, des blocages de routes, des agressions corporelles, des viols de femmes & jeunes filles, des actes de pillages et de destruction, des incendies et des violences verbales, …. alors que les portes paroles des Partis Politiques ne commentent rien. Pire encore, les leaders de partis évitent de se prononcer sur ces évènements même quand la presse les sollicite à ce sujet. Quelle Citoyenneté ! Quel Patriotisme ! …. Quelle Hypocrisie ! Quelle Trahison ! Au lieu de se déchainer pour des débats démagogiques et des discussions de salons, les partis politiques devraient mener une compagne contre les actes de violences, les barrages de routes et les mouvements extrémistes de tout bord. Si jamais un attentat similaire à celui de Marrakech (28/04) venait à se produire en Tunisie, il nous achèverait irréversiblement avec les pays qui veulent nous soutenir pour relancer la machine économique : pays émetteurs de touristes, pays clients de notre industrie manufacturière, pays bailleurs de fonds, etc…. Malheureusement, on constate une ”démission” des leaders et des partis politiques quant à leurs obligations de sensibilisation et d’appel au calme dans un souci de consolidation de la sécurité sociale et de la stabilité économique. Aucun commentaire et aucune position officielle n’ont été donnés par les partis politiques en marge des incidents & grabuges qui se sont produits dans plusieurs régions de la République. Même le parti Ennahdha, connue par sa forte représentativité régionale, n’a pas encore lancé un appel à la raison, comme s’il évitait de mettre à contribution son large réseau sociétal dans le rétablissement du calme dans la rue et le recouvrement de la sérénité sociale. Coté organismes apolitiques, l’UGTT et l’UTICA ne font rien pour nous épargner la paralysie économique et les risques d’attentats. Bien au contraire, on dirait qu’ils composent avec le Diable pour favoriser la discorde et semer la zizanie entre les entrepreneurs et leurs employés ! Seules les sociétés civiles se battent en permanence pour rapprocher les courants politiques autour du socle commun des valeurs citoyennes et des attentes des compatriotes, toutes couches sociales et catégories socioprofessionnelles confondues. Je rejoints l’ensemble de mes concitoyens pour lancer un appel à l’adresse des partis politiques, ainsi qu’aux organisations syndicales et patronales, en vue de placer ces problématiques, qui irritent constamment les Tunisiens, au centre leurs préoccupations à court terme. Dépassé le 24 Juillet, ils pourront être libres de se lancer dans ce qu’ils appellent ‘‘de bonnes guerres’’, pour tenter unilatéralement de concrétiser un gain en notoriété et une montée dans les sondages, de nature à les aider à réussir les futures échéances et à satisfaire à leur gourmandise en pouvoirs.
Source : « Espace Manager » Le 16-05-2011
Lien : http://www.espacemanager.com/chroniques/demission-des-partis-politiques-tunisiens.html
Tunisie. Néjib Chebbi espère l’élection présidentielle en mars 2012
Le leader du Pdp, qui intervenait au cours d’un meeting, vendredi, à Nabeul, a confirmé l’attachement de son parti à la date du 24 juillet prochain pour la tenue des élections de l’assemblée nationale constituante. «Tout report de cette date est néfaste pour le pays qui ne peut désormais tolérer le vide constitutionnel, la dérive sécuritaire et l’instabilité sociale», a indiqué Me Chebbi. Le leader du Pdp, qui ne fait pas mystère de son désir de présenter sa candidature à la présidentielle, certains sondages le donnant largement vainqueur, a lancé au militants de son parti: «Si nous parvenons à occuper une position influente au sein de la constituante, nous promettons de faire en sorte que l’élection présidentielle ait lieu en mars 2012 et les législatives en juin 2012.» Beau programme en perspective, mais qu’en pensent les Tunisiens? Et que pourraient en attendre les autres partis qui se présenteront à l’élection de la constituante? Ce n’est pas là, on s’en doute, un souci pour Me Chebbi, qui a insisté sur la nécessité de faire prévaloir l’intérêt national et de consacrer l’entraide entre les diverses composantes de la société, notamment en cette phase cruciale que vit le pays. Il a, d’ailleurs, souligné l’attachement de son parti au dialogue, à la réconciliation nationale et à l’instauration d’un régime politique garantissant la liberté et favorisant l’établissement d’une économie fondée sur la répartition équitable des dividendes de la croissance, le renforcement du développement régional et la consécration de la décentralisation dans tous les domaines. Me Chebbi a, d’autre part, relevé que les investisseurs tunisiens et étrangers sont, aujourd’hui, dans l’attente des résultats du scrutin du 24 juillet, et que la reprise de leur confiance en la Tunisie exige énormément de travail et le rétablissement du climat de sécurité. Tout en se félicitant de la dynamique de développement que connaît le gouvernorat de Nabeul, l’un des plus prospères du pays, le leader du Pdp a néanmoins fait remarquer que la crise du secteur touristique ne concerne pas seulement la région du Cap Bon, mais touche tout le pays, dès lors que des milliers d’emplois sont menacés. Il a affirmé, à cet égard, que le tourisme tunisien a besoin d’une réforme totale, notamment à travers la diversification du produit et l’exploitation des potentialités réelles disponibles, ainsi que le développement des services et de la révision de la dette du secteur, en préservant le principal et en réduisant au maximum les intérêts. Revenant aux dernières manifestations, qui ont été réprimées de façon musclée par les services de sécurité, Me Chebbi a indiqué que ces événements sont un indicateur du «retour du pessimisme», après que la révolution eut été porteuse d’optimisme. Pour préserver l’optimisme et rétablir la confiance chez les Tunisiens, il convient, a-t-il insisté, de résoudre les problèmes sociaux.
Source : « Kapitalis » Le 16-05-2011
Emergence des filles Bouchamaoui au devant de la scène
« Une revanche pour cette famille du Grand Sud tunisien, longtemps restée dans l’ombre »
Longtemps mises dans le ‘’frigo’’, écartées de la plupart des secteurs, beaucoup de personnes, après la révolution tunisienne du 14 janvier, ont pu s’exprimer, s’immiscer dans la vie politique du pays, entreprendre sans avoir peur d’être persécutées, en vue d’assumer des responsabilités et de hautes charges.
Dans le passé, l’ancien régime dictatorial de Ben Ali éliminait sans en peser les conséquences, toutes celles et tous ceux dont l’étoile commençait à briller, de peur de ravir la popularité aux Ben Ali & Co.On assistait donc, sans pourvoir faire quelque chose, à une fuite de cerveaux tunisiens partis briller ailleurs !
Une fois que les bourreaux de l’ancien régime ont pris la fuite (pour certains) et emprisonnés (pour d’autres), l’émergence a commencé. Et à ce titre, nous publions intégralement un article qui a été réservé aux filles de Feu Hédi Bouchamaoui, publié par : www.africaintelligence.fr :
‘’Le jasmin réussit aux filles Bouchamaoui
La révolution du jasmin profite aux deux filles de Hédi Bouchamaoui (décédé en 2009), Wided et Amel Bouchamaoui. Elles viennent de prendre la tête de deux des plus influents cercles d’affaires du pays. Une revanche pour cette famille du Grand Sud tunisien, longtemps restée dans l’ombre.
Le 2 mai, la cadette Wided, patronne de Maille Fil, a pris la présidence de l’Utica (Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat), au nez et à la barbe de nombreux prétendants (MC nº970). Elle gardera ce poste jusqu’au prochain congrès, au plus tard à la fin de l’année. Mais dans une Tunisie qui vient d’opter pour la parité totale, elle aurait des chances de conserver son fauteuil après cette échéance. Quelques jours plus tôt, le 28 avril, l’aînée Amel avait été désignée présidente de la TACC (Tunisian American Chamber of Commerce) à la place de Nazeh Ben Ammar. Elle était déjà vice-présidente du Réseau MENA des femmes d’affaires et de la Chambre nationale des femmes chefs d’entreprise.
La TACC va prendre de l’importance : les relations tuniso-américaines sont en plein essor à la faveur de la révolution du jasmin (MC nº964). Pour sa part, leur frère Khaled se dédie entièrement à la direction du groupe familial Hédi Bouchamaoui Sons (HBS). Ce dernier est notamment actif dans le pétrole, le textile et l’industrie.’’
Source: ”Tunivisions” Le 16-05-2011
Lien: http://www.tunivisions.net/emergence-des-filles-bouchamaoui-au-devant-de-la-scene,12239.html
Quel journalisme aujourd’hui en Tunisie?»
Peu glorieux le passé, flou est l’avenir
Par Hela Hazgui
«Notre rôle n’est pas d’être pour ou contre, il est de porter la plume dans la plaie», avait dit, un jour, le prince incontesté du grand reportage, Albert Londres. Depuis 1933, le nom de ce journaliste hors pair a été associé à un prix qui valorisait, à travers le monde, le métier de reporter. Cette année, le jury et l’association de grands reporters ont choisi le pays de la révolution pour accueillir la 73e cérémonie de remise des Prix Albert Londres 2011. «Ce prix entend ainsi marquer son amitié et sa solidarité avec des médias libres appelés à naître, condition essentielle à la démocratie, et célébrer, avec eux, ce droit inaliénable à la liberté d’expression», lit-on dans l’argumentaire. Dans ce sens, un premier contact avec les journalistes tunisiens a eu lieu, donc, à l’espace El Teatro, vendredi dernier. Il a réuni, autour de la table, Sihem Ben Sedrine, directrice de la radio Kalima, Larbi Chouikha, universitaire et politologue, notre collègue Olfa Belhassine, Jean-Claude Guillebaud, écrivain et chroniqueur au Nouvel Observateur, Delphine Minoui, grand reporter au Figaro, et Christophe Ayad, grand reporter à Libération. Larbi Chouikha a commencé par évoquer trois défis à relever en toute urgence : d’abord l’acquisition d’une culture politique par les journalistes, qu’on voit prendre le train en marche, trouver ensuite comment cohabiter avec les gens de la profession qui ont collaboré avec le système de Ben Ali, enfin, savoir gérer le paradoxe médiatique que l’on vit au quotidien : même paysage journalistique et absence de cadre juridique qui permettrait la création de nouveaux médias audio-visuels. Mais le point de mire de Chouikha a été la formation des journalistes «qui devrait être revue de fond en comble», a-t-il précisé. Une formation qui est, pour plusieurs, «formatée», voire «moulée» et «sur mesure», pour servir la médiocrité du système politique. Il y en a eu même certains qui ont osé croire que l’Institut de presse et des sciences de l’information (Ipsi) ramasse «les déchets» — pour reprendre le mot utilisé par un collègue — de l’examen du baccalauréat, même s’il est important de rappeler que de nombreux bacheliers ayant eu des mentions à la section «lettres» ont choisi et choisissent l’Ipsi… Des aberrations de formation, il y en a eu et nous en convenons. Nous nous demandons, aujourd’hui, qui sont les vrais responsables de ce «massacre» pédagogique? Les «serviteurs» qui ont exécuté à la perfection les ordres des maîtres ou les «monsieur propre» qui ont gardé le silence? Larbi Chouikha a parlé de la création d’une nouvelle génération digne de la profession, qui soit formée par des professeurs de qualité. Est-ce qu’il fallait, pour cela, enrayer toutes les générations jugées «médiocres» de journalistes de l’Ipsi et en créer une autre, d’après-révolution? La formation académique n’est pas nécessaire Est-ce qu’il fallait condamner tous les professeurs de l’Ipsi, indépendamment de leur compétence pédagogique? La formation académique, pour Zeineb Farhat, directrice de l’espace El Teatro et ancienne de l’Ipsi, peut être utile mais elle n’est pas essentielle pour un journaliste. Ce dernier se forme surtout sur le terrain. Ses compétences se forgent au fur et à mesure de sa carrière et évoluent selon sa propre culture et ses propres références. Maîtriser aussi les langues n’est pas, pour le journaliste de Libération Christophe Ayad, une condition fondamentale pour être reporter. «Je ne suis pas professeur de français, je suis journaliste», insiste-t-il. Delphine Minoui, du Figaro, va plus loin. Dans son intervention, elle a employé le terme «citoyen journaliste», celui qui filme des séquences et les relie par internet pour créer l’événement. N’importe qui, donc, peut être reporter. D’après la Française, ces blogueurs développent, aujourd’hui, plusieurs astuces et ruses pour faire faufiler l’information entre les mailles de la censure. Ils sont dynamiques, créateurs et surtout efficaces. Pour Ayad encore, le journaliste doit d’abord poser les bonnes questions. Un exemple: «Qu’est-ce que la révolution? A qui profite-t-elle? Qui est derrière les cagoules? Qui a jeté les premières pierres sur les gendarmes? Combien ils étaient au début de la manifestation?…». Ce reporter croit que raconter les faits et vivre pleinement dans le feu de l’action contribuent à trouver les réponses, même celles les moins évidentes. Il reproche, cependant, aux journalistes tunisiens de ne pas avoir été à Kasserine et à Thala et de ne pas avoir été témoins de leurs frustrations et de leur vulnérabilité! Rien n’a changé «Comment voulez-vous que les journalistes fassent leur travail quand on nomme des chefs qui ne connaissent rien du métier?», riposte une jeune de Radio Jeunes. Sihem Ben Sedrine dénonce, elle, un système politique qui continue à refuser les ondes à Kalima. Elle croit qu’elle est toujours persécutée: «Figurez-vous que je suis citée dans le PV de la police comme étant celle qui a payé les derniers casseurs!», se lamente-t-elle… «Tout cela parce que j’ai, un jour, défié le régime en faisant un coup d’Etat», reprenant les termes d’un journaliste de l’ancien régime. Pour elle, rien n’a changé. On a juste remplacé le mot «Ben Ali» par «la révolution» et tout continue à fonctionner de la même manière… Les vieilles manies et les vieux réflexes sont les mêmes. On change peut-être de lexique, de vocabulaire, mais le ton reste le même…Ce changement constant, la France l’a aussi connu: «On disait, chez nous, que le mensonge a changé de répertoire», précise, en effet, le chroniqueur du Nouvel Observateur. De son côté, notre collègue Olfa Belhassine a brossé un portrait autant sincère que poétique des journalistes qui ont souffert du manque de liberté. Elle a raconté le côté schizophrène qui rongeait son journal La Presse, avant la révolution. Elle a analysé les mécanismes de la manipulation des journalistes et leurs conséquences sur la qualité du produit. Mais la bataille contre la censure n’est pas propre à la Tunisie, la France, entre autres, l’a elle aussi vécue et la vit toujours. La preuve, la montée continue et la place à part du Canard enchaîné. «Ce journal, créé par Albert Londres, dévoile ce qui ne se dit pas dans les autres journaux. Il fonctionne toujours et de la même manière», explique Jean-Claude Guillebaud, le journaliste du Nouvel Observateur. Pour lui, la liberté de la presse n’est pas facile à acquérir. Les journaux doivent avoir en même temps une indépendance politique et économique. Ils ne doivent pas avoir de proches ni de protégés, ce qui n’est pas évident. «Notre rédacteur en chef nous a, un jour, expliqué que la liberté de la presse est comme un tas de sable qui s’écroule chaque soir et qu’il faut remonter à la petite cuillère, chaque matin», raconte-t-il . C’est dire qu’au fond, ce débat a bien remué le couteau dans la plaie. A l’évidence, si notre passé, en tant que journalistes, n’est pas glorieux, notre avenir n’est pas si évident… Du moins dans l’immédiat.
Source: “La Presse” Le 16-05-2011
Lien: http://www.lapresse.tn/16052011/29176/peu-glorieux-le-passe-flou-est-l-avenir.html
Tunisia Is Uneasy Over Party of Islamists
Accused as subversives or terrorists, they bore the repressive brunt of the Tunisian dictator’s reign — two decades of torture, prison or exile.
But since the dictator, President Zine el-Abidine Ben Ali, fled in January, the Islamists of the once-banned Ennahda Party have emerged from obscurity, returned from abroad and established themselves as perhaps the most powerful political force in post-revolution Tunisia.
Despite repeated assurances of their tolerance and moderation, their rise has touched off frenzied rumors of attacks on unveiled women and artists, of bars and brothels sacked by party goons, of plots to turn the country into a caliphate. With crucial elections scheduled for July 24, Ennahda’s popularity and organizational strength are of growing concern to many activists and politicians, who worry that the secular revolution in this moderate state — the revolt that galvanized the Arab Spring — might see the birth of a conservative Islamic government.
And just as the protests in Tunis heralded the revolt in Cairo, analysts are looking to Tunisia as a bellwether for the more broadly influential developments to come in Egypt, where the Muslim Brotherhood enjoys similar advantages and has stirred similar misgivings.
“How do you want us to go up against Ennahda?” asked an exasperated strategist for the Republican Alliance, a secular party. “They’re prepared to do anything.”
With years of organizational experience, a vast membership and decades of credibility as a sworn enemy of Mr. Ben Ali, Ennahda has proved to be better-equipped than any other party — most have existed only for a matter of weeks — to step into the political void. The Republican Alliance strategist called for the elections to be delayed.
“July 24 is a favor to Ennahda,” he said, requesting anonymity for fear of attacks by the party’s supporters. “It’s suicide.”
With Ennahda in power, he said, “It would be Iran.”
The party says such fears are unfounded. “We aspire to a free, open, moderate society, where each citizen will have the same rights,” said Abdallah Zouari, a member of Ennahda’s executive committee and a party spokesman, adding that the party called for equal rights for men and women, Muslims and non-Muslims.
“We are not in agreement with the secularists who want to force others to be secular,” he said, “the same way we are against the Salafists who want to force others to be Muslim.”
He spoke with a visitor at a modest new party branch on the third floor of a shabby Tunis office building, the rooms still echoing and empty but for some tables and chairs, the white walls dirty and scuffed.
Mr. Zouari — who bears the dark callus on his forehead caused by frequent bowed prayer, common among the devout — was himself imprisoned for more than a decade as a party member.
“The religious sentiment of the Tunisian people is so deep that certain people cannot understand,” he said.
Polling suggests that Ennahda — the renaissance, in Arabic — enjoys broader support than any of the country’s other 60-odd authorized political parties. The party’s weekly newspaper, The Dawn, resumed publication in April after a 20-year hiatus and now sells about 70,000 copies per week, party officials say.
The July vote will create an assembly assigned the task of rewriting the Constitution. In anticipation of the elections, the party has opened dozens of local offices, and imams are said to be promoting Ennahda in mosques across the country.
But mistrust of the party remains widespread. “They’re doing doublespeak, and everyone knows it,” said Ibrahim Letaief, a radio host at Mosaique FM, a popular station where he offers withering criticism of the Islamists. Ennahda, he said, has only tempered its rhetoric in a bid to win votes, but in power would impose strict Islamic law.
It is a common refrain here, despite having first been popularized by the reviled Mr. Ben Ali. Opponents have made similar claims, anti-Ennahda Facebook groups have drawn tens of thousands of supporters, and protesters have denounced the party throughout Tunisia. Some of the fear seems to stem from uncertainty about who, exactly, will lead the party; the group’s longtime leader, Rachid Ghannouchi, has said he will not seek office.
A democratic Tunisia depends on the banning of Ennahda, Mr. Letaief said, though he acknowledged, “I’m not going to seem democratic, here.” Still, he said, “Islam is very much anchored in society.”
Source: “New York Times” Le 16-05-2011
Lien: http://www.nytimes.com/2011/05/16/world/africa/16tunis.html
Democracy’s dawn in Tunisia and Egypt
have been visiting both countries, where many democratic activists have been comparing their situation with the more than 20 successful and failed democratic-transition attempts throughout the world that I have observed and analysed.
One fear should be dismissed immediately: despite worries about the incompatibility of Islam and democracy, more than 500 million Muslims now live in Muslim-majority countries that are commonly classified as democracies – Indonesia, Turkey, Bangladesh, Senegal, Mali, and Albania. But, for almost 40 years, not a single Arab-majority country has been classified as a democracy, so a democratic transition in either Tunisia or Egypt (or elsewhere in the region) would be of immense importance for the entire Arab world.
Tunisia’s chances of becoming a democracy before the year ends are, I believe, surprisingly good. A key factor here is that the military is not complicating the transition to democracy. Tunisia has a small military (only about 36, 000 soldiers), and, since independence in 1956, it had been led by two party-based non-democratic leaders who strove to keep the military out of politics.
Moreover, the current civilian-led interim government engages in at least some negotiations about the new democratic rules of the game with virtually all of the major political actors who generated the revolution and who will contest the elections.
Tunisia’s interim government has announced that elections to a Constituent Assembly will be held on July 24, 2011, and, crucially, that as soon as the votes are counted, it will step down. As in the classic democratic transitions in Spain and India, the newly elected Constituent Assembly will immediately have the responsibility of forming the government.
The Constituent Assembly will be free to choose a presidential, semi-presidential, or parliamentary system. A consensus is emerging among political leaders to choose the same system as the ten post-communist countries that have been admitted to the European Union: parliamentarianism.
Finally, Rachid al-Ghannouchi, who leads the largest Islamic-inspired political party, Al Nahda, went out of his way to tell me that he has signed an agreement with some secular parties that he will not try to change Tunisia’s women-friendly family code, the most liberal in the Arab world. While many party leaders do not fully trust Ghannouchi, they believe that in the new democratic environment, the political costs to Al Nahda would be too great for it to risk trying to impose Islamic rule. They also increasingly believe that the most democratically effective policy toward Al Nahda for secular parties is accommodation, not exclusion.
Democratisation in Egypt in the long term is probable, but it does not share the more favorable conditions found in Tunisia. One of the biggest differences between the two countries is that every Egyptian president since 1952 has been a military officer. Eighteen generals lead the Post-Mubarak interim government, the Supreme Council of the Armed Forces (SCAF). They unilaterally issue statements about what they see as the rules of the game for future elections. Key civil-society and political actors repeatedly told me that they had little access to, and almost no politically serious negotiations with, the SCAF.
The clashes in Tahrir Square on April 9-10, which led to the deaths of two protesters, were the most serious to date between activists and the Army. The distance between the Army and young democratic activists grew further on April 11, when a military court sentenced the first blogger since the fall of Mubarak to prison for criticizing the military.
In the SCAF’s March 30 “Constitutional Declaration,” it became absolutely clear that, unlike Tunisia, the parliament to be elected in September will not form a government. Articles 56 and 61 stipulate that the SCAF will retain a broad range of executive powers until a president is elected. Instead of Parliament acting as the sovereign body that will write a constitution, Article 60 mandates that it is to “elect a 100-member constituent assembly.” The big question now is how many non-elected outside experts will end up in this “constituent assembly” and how they will arrive there.
Of course, many still fear that Islamic fundamentalists will hijack Egypt’s revolution. But I see that as an improbable outcome, given the growing diversification of Muslim identities in the new context of political freedoms, secular parties’ efforts to keep the Muslim Brotherhood within electoral politics, and the profiles of the three leading presidential candidates, none of whom want the Egyptian Revolution to be captured.
In short, a successful democratic transition is possible in Tunisia, and not impossible in Egypt. That fact, alone, should bolster the hopes of Arab democratic activists elsewhere as well. (Project Syndicate)
*Alfred Stepan is Professor of Government at Columbia University and the author, with Juan J Linz and Yogendra Yadav, of the recently published Crafting State Nations
Source: “The Monitor” Le 16-05-2011
Lien: http://www.mmegi.bw/index.php?sid=2&aid=847&dir=2011/May/Monday16