TUNISNEWS
9 ème année, N° 2906 du 07.05.2008
Comité de soutien aux luttes du bassin minier de Gafsa: Un jeune chômeur en lutte du bassin minier de Gafsa mort électrocuté
FTCR: TUNISIE … Bassin minier de Gafsa UN JEUNE DU BASSIN MINIER MORT ÉLECTROCUTÉ Liberté et Equité: Nouvelles des libertés en Tunisie
AISPP: Qui saura mettre un terme aux dépassements commis dans les prisons de Mornaguia et de Borj El Amri ? AFP: Delanoë à Tunis pour une aide aux villes victimes des émeutes de la faim Libération.fr: La phrase «maladroite» de Sarkozy, selon Kouchner AFP: Libertés : la phrase de Sarkozy à Tunis a été « maladroite », selon Kouchner AP: Un site de paiement en ligne victime d’un escroc AFP: La microfinance essentielle pour la cohésion sociale en Méditerranée (BEI) AgoraVox: Témoignage sur la Tunisie de Ben Ali Jeune Afrique: Copie conforme webmanagercenter: Des travailleurs tunisiens en France… comme chez eux ! Le Temps: Au Forum du progrès – Débat passionné sur la mémoire nationale AFP: Des soldats marocains accusés d’avoir noyé 30 immigrants (presse) L’Express: La diplomatie du chéquier Saâd Lounès: L’échec des modérés annonce le retour de l’islamisme radical Washington Post : Secular and Antidemocratic – In Turkey, another attempt to reverse the elections won by moderate Islamists Droits pour Tous: Communique’
COMMUNIQUE DU COMITÉ DE SOUTIEN AUX LUTTES DU BASSIN MINIER DE GAFSA
UN JEUNE CHÔMEUR EN LUTTE DU BASSIN MINIER DE GAFSA MORT ÉLECTROCUTÉ
Mardi 6 mai, le jeune ALI BEN JEDDOU EL ALEIMI, 26 ans, est décédé électrocuté à l’intérieur d’un générateur électrique desservant les ateliers de la compagnie des phosphates de Gafsa (Bassin minier situé à 400 kms de Tunis). Le jeune TAOUFIK BEN SALAH, 21ans, se trouve dans le coma. Ces deux jeunes faisaient parti d’un groupe de jeunes chômeurs qui, la veille avaient occupé le générateur électrique en stoppant par leur action l’alimentation d’une partie des installations de la Compagnie. Ils protestaient par cette action spectaculaire contre le non respect par les autorités préfectorales d’un engagement stipulant le recrutement au sein de la Compagnie d’un certain nombre de chômeurs. Le sous-préfet accompagné d’une brigade d’intervention de la police s’est rendu sur place pour dégager les jeunes chômeurs en utilisant des gaz lacrimogénes. Le jeune Al Aleïmi, se serait emparé de câbles électriques afin d’empêcher que l’évacuation ai lieu. Le générateur était à ce moment hors tension. La remise en route du courant électrique a provoqué son électrocution et celle d’un certain nombre de jeunes chômeurs qui se trouvaient avec lui. Selon des témoins présents au moment des faits, le corps du jeune El Aleïmi aurait été projeté sous le choc en dehors de l’installation électrique. Les secours ne sont intervenus que plusieurs heures après l’accident. Ce drame a mis toute la région en émoi et les affrontements avec les forces de police ont dégénéré. Encore une fois, la seule réponse du régime de Ben Ali au désarroi des jeunes chômeurs du bassin minier, c’est un pas de plus dans la répression. Cette répression a fait pour la première fois des victimes. Deux jeunes qui, n’ayant plus rien à perdre ont pris tous les risques pour que l’on tienne compte de leur situation. L’un est mort électrocuté et l’autre est dans le coma. Les autorités préfectorales régionales portent la responsabilité de cette incident. Leur entêtement à passer en force à causer la mort. Le comité de soutien aux luttes du bassin minier de Gafsa réclame d’urgence: – l’ouverture d’une enquête indépendante pour faire toute la lumière sur cette bavure qui a entrainé la mort du jeune El Aleïmi – l’arrêt de toute provocation policière à l’encontre des protestations légitimes des jeunes chômeurs – la satisfaction de leurs revendications concernant le travail et une vie digne – la solidarité des organisations syndicales, associatives, politiques au combat que mènent depuis bientôt 5 mois toute la population du bassin minier de Gafsa pour leur revendications légitimes – l’envoi de délégations internationales formées de défenseurs des droits sociaux de l’homme afin de desserrer l’étau policier qui enferme la région minière. mercredi le 07 mai 2008
Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR)
TUNISIE … Bassin minier de Gafsa UN JEUNE DU BASSIN MINIER MORT ÉLECTROCUTÉ
Mardi 6 mai, le jeune Hichem BEN JEDDOU EL ALEIMI (24 ans) est décédé électrocuté à l’intérieur d’un générateur électrique desservant les ateliers de la compagnie des phosphates de Gafsa (Bassin minier situé à 400 km de Tunis). Le jeune TAOUFIK BEN SALAH (22ans) se trouve dans le coma. Ces deux jeunes faisaient parti d’un groupe de chômeurs qui, la veille, avaient occupé le générateur électrique pour stopper l’alimentation d’une partie des installations de la Compagnie. Ils protestaient par cette action spectaculaire contre le non respect par les autorités préfectorales d’un engagement stipulant le recrutement d’un certain nombre de chômeurs au sein de la Compagnie. Le sous-préfet accompagné d’une brigade d’intervention de la police s’est rendu sur place pour dégager les jeunes chômeurs en utilisant des gaz lacrymogènes. Le jeune Hichem Al Aleïmi, se serait emparé de câbles électriques afin d’empêcher l’évacuation des lieux. Le générateur était à ce moment hors tension. La remise en route du courant électrique a provoqué son électrocution et celle d’un certain nombre de jeunes chômeurs qui se trouvaient avec lui. Selon des témoins présents au moment des faits, le corps du jeune Hichem aurait été projeté sous le choc en dehors de l’installation électrique. Les secours ne sont intervenus que plusieurs heures après l’accident. Ce drame a mis toute la région en émoi et les affrontements avec les forces de police ont dégénéré. Encore une fois, la seule réponse du régime de Ben Ali au désarroi des jeunes chômeurs du bassin minier était la répression. Cette répression a fait pour la première fois des victimes. Deux jeunes qui, n’ayant plus rien à perdre ont pris tous les risques pour que l’on tienne compte de leur situation. L’un est mort électrocuté, l’autre est dans le coma. Les autorités préfectorales régionales sont responsables de cet incident. Leur entêtement à passer en force a causé la mort. Le comité de soutien aux luttes du bassin minier de Gafsa à Paris tient à exprimer à la famille El Aleïmi ses sincères condoléances et souhaite un prompt rétablissement pour Taoufik Ben Salah Le comité réclame d’urgence : § l’ouverture d’une enquête indépendante pour faire toute la lumière sur cette bavure qui a entraîné la mort du jeune Hichem El Aleïmi ; § l’arrêt de toute provocation policière à l’encontre des protestations légitimes des jeunes chômeurs ; § la satisfaction de leurs revendications concernant le travail et une vie digne Le Comité appelle à la solidarité de toutes les organisations syndicales, associatives, politiques dans le combat que mène depuis, bientôt 5 mois toute la population du bassin minier de Gafsa. Comité de soutien aux luttes du bassin minier de Gafsa à Paris. C/o FTCR, 3 rue de Nantes 75019 Bassin.minier@hotmail.com. www.ftcr.eu Mercredi le 07 mai 2008 Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR) 3 rue de Nantes Paris 75019 Tél: 01 46 07 54 04 Fax: 01 40 34 18 15 e-mail: ftcr2@wanadoo.fr Site: www.ftcr.eu
Sauvez la vie du prisonnier politique et ingénieur Ridha Boukadi Liberté pour Slim Boukhdhir, la plume libre
Liberté et Equité Organisation de droits de l’homme indépendante
33 rue Mokhtar Atya, 1001 Tunis Tel/fax: 71 340 860 Email : liberte.equite@gmail.com
Tunis, le 5mai 2008
Nouvelles des libertés en Tunisie
Abdelaziz Jellali, lycéen en quatrième année technique (baccalauréat) au lycée de Sidi Bouzid, a été renvoyé définitivement de l’établissement précité pour un flagrant délit de prière du soir dans l’enceinte du lycée. Il a été arrêté par des agents en civil il y a trois jours dans le gouvernorat de Nabeul alors qu’il venait de s’inscrire dans un lycée et emmené dans un lieu inconnu. Abdelaziz Jellali a dix sept ans, a une bonne conduite et est brillant dans ses études.
Pour le bureau exécutif de l’Organisation
Maître Mohammed Nouri
(traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)
Liberté pour tous les prisonniers politiques Liberté pour Abdallah Zouari, le journaliste exilé dans son propre pays Association Internationale de Soutien aux Prisonniers politiques 43 Rue Eldjazira, Tunis e-mail : aispptunisie@yahoo.fr Tunis, le 5 mai 2008
Qui saura mettre un terme aux dépassements commis dans les prisons de Mornaguia et de Borj El Amri ?
L’administration de la prison de Borj El Amri s’acharne à priver les prisonniers dits de « l’antiterrorisme » de leurs droits élémentaires, garantis par la loi tunisienne et imposés par les conventions internationales. Parmi les violations quotidiennes auxquelles sont confrontés les prisonniers Ahmed Mrabet et Jameleddine Mellakh, les mauvais traitements : en effet Ahmed Mrabet ne peut recevoir de lettres depuis de longs mois et l’administration lui refuse le droit de se soigner, même à ses propres frais, d’où une aggravation de son état […] Jameleddine Mellakh, lui n’a pu mener à terme la visite, sa mère l’ayant informé.. de la libération de Sami Elhajj ! L’AISPP a appris que les prisonniers de « l’antiterrorisme » des pavillons H et J de la prison de Mornaguia ont entamé une grève de la faim pour protester contre les mauvais traitements, les violences, la sanction de l’isolement au cachot individuel, auxquels ils sont en butte arbitrairement et pour exiger un lit par prisonnier (ils sont contraints de dormir à trois par lit actuellement), ainsi que pour être séparés des prisonniers de droit commun, avoir droit à être soignés correctement. […] Pour l’association Le Comité directeur
Delanoë à Tunis pour une aide aux villes victimes des émeutes de la faim
AFP, le 7 mai 2008 à 16h44 PARIS (AFP) – Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, se rendra du 8 au 10 mai en Tunisie, déplacement à l’occasion duquel une aide d’urgence de 200.000 euros sera octroyée par la Ville de Paris et l’Association Internationale des Maires Francophones (AIMF) aux villes victimes des émeutes de la faim. Cette aide permettra d’offrir dans un premier groupe de villes une dotation alimentaire aux enfants scolarisés, premières victimes de la famine. D’autres maires de l’AIMF ou de l’Organisation des Villes Arabes (OVA) pourraient par la suite renforcer ce dispositif, précise la ville de Paris dans un communiqué. Au cours de cette visite, sera également signé à Tunis le premier accord de coopération entre l’Association Internationales des Maires Francophones (AIMF), présidée par M. Delanoë. Le déplacement devrait porter notamment sur le développement de projets communs, comme le soutien aux éco quartiers. A Tunis, l’AIMF devrait décider également de financer neuf nouveaux projets de coopération estimés à plus d’un million d’euros concernant notamment l’accès à l’eau (Abomey au Bénin, Saint Louis au Sénégal) ou des projets novateurs comme le SAMU social de Bucarest.
Libertés : la phrase de Sarkozy à Tunis a été « maladroite », selon Kouchner
AFP, le 7 mai 2008 à 10h00 PARIS, 7 mai 2008 (AFP) – La déclaration du président Nicolas Sarkozy affirmant que « l’espace des libertés progresse » en Tunisie a été « maladroite », a estimé mercredi le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner. « Cette phrase fut maladroite », a dit M. Kouchner, en réponse à une question de la radio France Inter. « En dehors de cette phrase, oui, par rapport aux autres pays, en particulier dans la région, ça va bien mieux » en Tunisie, a-t-il dit, ajoutant : « Mais c’est insuffisant et il fallait le souligner ». Les propos du président Nicolas Sarkozy, tenus la semaine dernière lors d’une visite officielle à Tunis, ont soulevé un tollé de la part des défenseurs des droits de l’Homme. M. Kouchner a fait valoir que les atteintes aux droits de l’Homme en Tunisie étaient « vraiment des péchés véniels comparés à l’état du monde ». « Il y a un gros livre de (l’organisation de défense des droits de l’Homme) Human Rights Watch qui paraît tous les ans pour faire l’état des droits de l’Homme dans le monde : la Tunisie n’y figure même plus », a-t-il affirmé. L’antenne française d’une autre organisation de défense des droits de l’Homme, Amnesty international, a dénoncé la « triste continuité de la politique française en Tunisie » après les propos du président Sarkozy. Le ministre des Affaires étrangères a reconnu que le gouvernement français allait devoir être « plus attentif » à la question des droits de l’Homme à l’avenir. « On peut dire : vous vous acharnez à libérer Ingrid Betancourt, pour le reste, qu’est-ce que vous faites pour les droits de l’Homme ? », a déclaré le ministre. « C’est une juste question et il faut que nous soyons plus attentifs, comme d’ailleurs le président Sarkozy l’avait promis dans sa campagne ». AFP
La phrase «maladroite» de Sarkozy, selon Kouchner
La semaine dernière, le Président estimait que «l’espace des libertés progressait» en Tunisie. Une affirmation corrigée du bout des lèvres par le ministre des Affaires étrangères. Sarkozy maladroit, c’est Kouchner qui le dit. Le ministre des Affaires étrangères a réagi ce matin sur France Inter, suite à la déclaration du président de la République affirmant que «l’espace des libertés progresse» en Tunisie. «Cette phrase fut maladroite», a dit Bernard Kouchner, en réponse à une question de la radio. «En dehors de cette phrase, oui, par rapport aux autres pays, en particulier dans la région, ça va bien mieux» en Tunisie, a-t-il ajouté. «Mais c’est insuffisant et il fallait le souligner». Les propos de Nicolas Sarkozy, tenus la semaine dernière lors d’une visite officielle à Tunis, ont soulevé un tollé de la part des défenseurs des droits de l’Homme. Kouchner a fait valoir que les atteintes aux droits de l’Homme en Tunisie étaient «vraiment des péchés véniels comparés à l’état du monde». «Il y a un gros livre de (l’organisation de défense des droits de l’Homme) Human Rights Watch qui paraît tous les ans pour faire l’état des droits de l’Homme dans le monde: la Tunisie n’y figure même plus», a-t-il affirmé. Une affirmation démentie par l’ONG auprès de Libération.fr. «La Tunisie figure bien toujours dans notre rapport mondial 2008.» (*) L’antenne française d’une autre organisation de défense des droits de l’Homme, Amnesty international, a cependant dénoncé la «triste continuité de la politique française en Tunisie» après les propos du président Sarkozy. Le ministre des Affaires étrangères a reconnu que le gouvernement français allait devoir être «plus attentif» à la question des droits de l’Homme à l’avenir. «On peut dire: vous vous acharnez à libérer Ingrid Betancourt, pour le reste, qu’est-ce que vous faites pour les droits de l’Homme?, a déclaré le ministre. C’est une juste question et il faut que nous soyons plus attentifs, comme d’ailleurs le président Sarkozy l’avait promis dans sa campagne.» (Source : « LIBERATION.FR » (Le site web du quotidien français Libération), le 7 mai 2008)
(*) Un site français répond sur le champ à Kouchner le menteur Selon Bernard Kouchner ce matin sur France Inter, « il y a un gros livre de (l’organisation de défense des droits de l’Homme) Human Rights Watch qui paraît tous les ans pour faire l’état des droits de l’Homme dans le monde : la Tunisie n’y figure même plus ». Human Rights Watch a démenti auprès de Libération. Voici comment commence et se termine la page Tunisie du rapport sur le site de l’ONG : « Le Président Zine el-Abidine Ben Ali et le parti au pouvoir, le Rassemblement constitutionnel démocratique, dominent la vie politique tunisienne. Le gouvernement utilise la menace du terrorisme et de l’extrémisme religieux comme prétexte pour réprimer la contestation pacifique. Des témoignages dignes de foi mettent continuellement en lumière l’usage de la torture et des mauvais traitements aux fins d’obtenir les dépositions de suspects placés en garde à vue. Les prisonniers condamnés sont également exposés à des mauvais traitements délibérés. (….) Le 10 juillet, le président nouvellement élu, Nicolas Sarkozy, s’est rendu en Tunisie en compagnie du ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, et de la secrétaire d’Etat chargée des Affaires étrangères et des Droits de l’Homme, Rama Yade. Dans ses commentaires publics, Sarkozy n’a pas tari d’éloges sur les autorités tunisiennes mais il a déclaré aux journalistes qu’en privé avec le Président Ben Ali, il avait soulevé certains cas relatifs aux droits humains, notamment celui de Mohamed Abbou. Lors de cette première visite, le président français n’a guère cherché à se distancier du soutien fidèle que son prédécesseur, Jacques Chirac, accordait au Président Ben Ali, en dépit des pratiques de ce dernier en matière de droits humains. » (Source : « France Démocrate » (Site politique français), le 7 mai 2008) Lien : http://www.francedemocrate.info/spip.php?breve470
Témoignage sur la Tunisie de Ben Ali
Article rédigé par Bayrem Ces derniers jours, un groupe de touristes français a visité la Tunisie tout en étant médiatisé. Mes deux présidents se sont enfin rencontrés en Tunisie sous un beau soleil et leur entente fait plaisir à voir: Sarkozy tombe sous le charme de Ben Ali et va jusqu’à déclarer qu’il est venu «en ami». Un ami ne peut pas critiquer son hôte qui lui a offert le gîte et le couvert! On reconnaît là une certaine vision: exactement pareil, je ne peux me permettre en tant qu’immigré tunisien, reçu en «ami», de critiquer la France… Trêve de plaisanterie, il est venu le moment pour moi de faire mon coming out de Tunisien ayant vécu sous une dictature. Depuis que j’ai appris à écrire, je n’ai cessé de penser à ce témoignage que je voulais partager. Il était impossible pour moi de l’écrire en Tunisie bien évidemment puisqu’il ne pouvait être publié ni sur le net ni sur un quelconque journal. Je suis en France depuis sept ans: pourquoi alors ne pas avoir présenté ce témoignage dès mon arrivée? D’abord pour des raisons purement financières: je suis boursier du gouvernement tunisien à 50 % (les deux dernières années je suis passé à 100 % mois pour des raisons qui seront expliquées plus tard…). Je ne pouvais me permettre de perdre cette bourse vis-à-vis de ma famille qui n’avait pas les moyens de financer mes études à l’étranger. Car, il ne faut pas se faire d’illusion, critiquer le régime vous vaut la suspension de votre bourse. Aujourd’hui, je vais acquérir mon indépendance financière et je peux enfin «acheter» ma liberté d’expression en tant que Tunisien… Ensuite, tout simplement, la peur: la peur de ne plus pouvoir rentrer en Tunisie, la peur de décevoir des amis tunisiens qui préfèrent ne pas en parler en public, la peur de trahir la Tunisie et les Tunisiens en exposant publiquement cette critique… Cela peut paraître comme étant de la lâcheté, mais je vais me racheter avec ce témoignage. Un matin de 1987… J’avais 5 ans à l’époque. J’étais dans la chambre de mes parents quand notre oncle a déboulé avec la nouvelle: «ça y est, Bourguiba a été destitué». Je n’ai pas compris ce que ça voulait dire sur le moment, mais je sentais que c’était un événement historique. J’ai commencé alors à crier ma fidélité à Bourguiba, puis cinq minutes plus tard à Ben Ali: le cheminement logique de tout Tunisien en somme! Bref, j’étais content de cette nouvelle, même si je ne savais pas ce qu’elle voulait dire! Je me rappelle vaguement de ma mère qui a versé des larmes et de mon père qui la rassurait en lui disant que c’était plutôt une bonne nouvelle. Mon père est ingénieur centralien qui a fait ses études en France dans les années 70 (il a même fait partie de Mai-68). Il est revenu en Tunisie à la fin de ses études pour des raisons familiales et a occupé des postes dignes de sa formation au départ. Il était directeur à la SNT (Société nationale des transports). Il pouvait gravir les échelons comme il l’aurait souhaité s’il avait pris la carte du parti unique au pouvoir. Ainsi, il aurait assuré son confort financier pendant des années en étant un PDG d’une grande entreprise nationale. Ou même ministre pour trois de ses collègues de la même promotion de Centrale Paris. Il a même fait pire: en 1982, lors des émeutes du pain, il a pris parti pour les ouvriers et s’est fait condamné lors du procès des militants de la gauche tunisienne. Depuis, ses rapports avec les autorités étaient conflictuels. Il a toujours critiqué la façon dont était menée la politique économique dans la Tunisie de Bourguiba. Peut-être, qu’il a vraiment cru en novembre 1987, comme tous les Tunisiens, qu’il pouvait exprimer ses idées politiques sans que cela n’interfère avec sa vie professionnelle comme cela a été le cas dans la Tunisie des années 80. A la radio, notre nouveau président nous promettait démocratie, pluralisme et liberté! Les années se succèdent et se ressemblent Les jours qui suivirent, je n’arrêtais pas de découper toutes les photos des journaux de l’époque de notre nouveau président et de les coller aux murs de ma chambre. J’étais vraiment heureux comme un enfant de 5 ans qui voulait s’approprier un événement qui lui échappe. A l’école, j’avais participé à tous les concours de dessin qui mettaient en gloire le 7 novembre 1987. Le summum a été atteint quand j’avais 10 ans et quand j’avais appris par cœur le fameux discours de notre président! Quand je le récitais, je le faisais même en imitant la voie du président devant ma mère morte de rire! Ce dont je me gardais de faire à l’école inconsciemment. Durant ce temps-là, mon père continuait à travailler et espérait être reconnu à sa juste valeur par les autorités. Car, durant cette époque, les plus grandes entreprises étaient publiques et le gouvernement décidait des nominations… Il voulait être reconnu pour son travail (il a quand même construit 15 000 logements sociaux). Une nouvelle proposition lui a été faite d’intégrer le parti, mais il a refusé. Il n’acceptait de sacrifier ses idées ni de se mettre en veilleuse pour passer sous silence des affaires de corruption… Entre-temps, ses collègues de promotion furent récompensés puisqu’ils ont juré fidélité au nouveau président. Mon père avait un salaire correct, nous vivions dans un quartier très huppé de la capitale (El Manzah) et nous avons une belle et grande maison que mon père a fini de rembourser au bout de vingt ans. Tout cela pour dire que, malgré tout, mon père a réussi son début de carrière malgré les ennuis. La traversée du désert de mon père A partir de 1994, le régime se crispe. Ben Ali a organisé des élections où il était le seul candidat. C’était pour moi l’heure de vérité et de la grande déception: je me rappelle qu’on venait juste d’installer la parabole et qu’en plus d’Antenne 2 et Rai Uno, on pouvait accéder à des informations libres! Le premier reportage qui avait mis la puce à l’oreille au pré-ado que j’étais devenu est celui de la chaîne Euronews. Sur le ton de l’ironie, elle présentait ces élections «démocratiques» dans laquelle se présentait un seul candidat et qui a été élu à 99 %… Mon père commence à pointer du doigt des dysfonctionnements qui était liés à la corruption au sein de la SPROLS (Société de promotion des logements sociaux: la société qui gère les HLM tunisiennes). Il n’a cessé de les dénoncer auprès de son PDG qui s’avère être un proche du régime et organisateur de ce grand mic mac! A cause de ses gesticulations, mon père se fait muter à l’Office nationale de l’huile. Là aussi, il n’a pas les promotions qu’il mérite pour un centralien. Un certain Tlili (candidat à la présidentielle de 1999) était alors PDG et a tout fait pour bloquer l’ascension de mon père. Je me rappelle de cette anecdote. Une fois, lors d’une confrontation, mon père lui a dit que quoi qu’il décide «le destin sera du côté des bons». Tlili lui a répondu: «Tu peux garder le destin de ton côté, moi j’ai Ben Ali avec moi!». Aujourd’hui, il est en train de croupir en prison après que «son ami Ben Ali» a décidé de se débarrasser de lui… C’est tout ce système mis en place par les proches du régime et avec la bénédiction du président qui a coûté à mon père sa carrière d’ingénieur et grand cadre du pays. Il a été bloqué dans sa carrière et sa traversée du désert commença pour durer jusqu’à sa retraite en 2002. Même si, au niveau financier, notre famille n’a pas eu le confort d’un cadre centralien, on avait bien vécu et ses ressources financières nous ont permis de manger à notre faim (Oh le couscous de ma mère!). Ma mère en a souffert même si elle travaillait de son côté en éduquant les petits bambins au jardin d’enfant. En fait, elle ne pouvait accepter qu’à compétences égales on n’avait pas le même train de vie que les collègues de mon père. Ceux-là même qui accumulaient voitures et chauffeurs ainsi que des vacances aux hôtels les plus huppés du pays. On n’avait pas les moyens de se les payer. Elle a reproché à mon père sa décision de ne pas rejoindre le parti, mais elle l’a toujours soutenu dans sa démarche. Surdiplômé sous-employé Du coup, quelle carrière a eu mon père? Un poste de directeur «conseiller» au sein de la SPROLS. En fait, les autorités voulaient que mon père lâche prise et laisse tomber ses idées pour qu’il rentre dans le rang. Mais il n’a pas lâché et a tenu le coup pendant dix ans. Alors, que faisait mon père durant toutes ces années au boulot? Quasiment rien! Il partait au boulot à 10 heures et revenait à midi. L’après-midi, il n’y restait qu’une heure au plus! Quel gâchis! Une fois, il m’a raconté que comme on ne le laissait pas travailler, la SPROLS patinait et des projets prenaient du retard à cause des personnes «encartées» incompétentes, pourtant haut placées dans l’entreprise. Un exemple frappant était celui d’erreurs de conception d’appartement de HLM qui faisait perdre des semaines au projet. Il s’y est penché en une après-midi et a fini de résoudre ce problème alors que les autres y ont passé des semaines! Le plus grand perdant dans cette histoire n’est pas mon père, mais la Tunisie. Car, en l’empêchant de travailler, le pays ne progresse pas. Et je suis sûr que le cas de mon père n’est pas isolé. Si tous ceux qui ont des responsabilités dans ce pays doivent être encartés, ça laisse de côté de nombreuses personnes surdiplômées et qui auraient fait passer la croissance du pays de 6 points par an (officiellement) à 10! Car, avec toutes les affaires de corruption, de vol, de censure de tous les talents de ce pays, la Tunisie réussit quand même à s’en sortir économiquement (du moins officiellement). Quant à la Tunisie de Ben Ali, elle te met au ban de la société si tu n’es pas un fervent supporter du président et que tu ne fermes pas ta gueule. Les journaux se sont mis au pas. Personne ne critique le président. Le quotidien La Presse met toujours notre président sur sa une. Tous ces gens n’arrêtaient pas de nous expliquer que nous vivions dans une démocratie formidable, que le président faisait progresser l’espace des libertés alors que je voyais le contre-exemple de mon père! Ma mère m’a transmis son humour, mon père son amour de la liberté d’expression et du débat. Cette soif de débat, de liberté d’expression, d’idées, je l’ai assouvie en suivant la vie politique… française! Comme de nombreux Tunisiens, j’ai déplacé cette envie de liberté et ce vide démocratique vers la France. Je ne comprenais pas pourquoi la Tunisie ne pouvait m’offrir une émission des Guignols comme celle de Canal+! Jacques Chirac, le président français aux Guignols! Cela me paraissait le summum de la liberté d’expression! Et pourquoi nous, on ne peut pas mettre Ben Ali dans nos Guignols à nous? Bien évidemment, la liberté d’expression ne s’arrête pas là. Car, quand j’ouvrais le journal La Presse, il n’y avait que la propagande officielle. J’ai alors noyé mon chagrin dans le football où l’espace d’expression était plus large… Pour conclure cet épisode, j’ai énormément appris de mon père: quel meilleur exemple d’intégrité que celui d’une personne qui refuse de fermer les yeux au prix de son confort personnel? De sa carrière professionnelle? Je suis fier de mon père et de sa grande gueule! Alors, quand Sarkozy débarque en Tunisie pour nous dire que tout va bien dans le meilleur du monde tunisien… La suite dans le prochain épisode… Bayrem (Source: Le site « AgoraVox », le 2 mai 2008) Lien: http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=39437 __________________________________________________
Un site de paiement en ligne victime d’un escroc
Associated Press, le 5 mai 2008 à 19h26 MONTPELLIER (AP) — Au moins dix-neuf personnes et le site de paiement en ligne paypal.fr ont été victimes d’une escroquerie impliquant un jeune Tunisien habitant à Tunis, cerveau présumé du dispositif, et quatre personnes domiciliées en France, a-t-on appris lundi auprès de la commissaire principale Marjorie Ghizoli, commandant de la sûreté départementale de l’Hérault et de deux enquêteurs de la brigade financière. Les quatre personnes domiciliées en France -à Montpellier, Rennes, Toulouse et Valenciennes- ont été mises en examen pour escroquerie en bande organisée et recel d’escroquerie en bande organisée. Le « cerveau » présumé de cette escroquerie aurait attiré des Internautes avec une fausse page d’accueil du site de paiement en ligne paypal. Disposant des noms d’utilisateurs et des mots de passe des victimes, il aurait eu ainsi l’accès à des milliers de comptes. « De chaque compte piraté, il virait entre 50 et 1.500 euros sur les comptes paypal de ces quatre complices basés en France », a précisé la commissaire principale Marjorie Ghizoli, commandant de la sûreté départementale, lors d’une conférence de presse au commissariat central de Montpellier. Avec cet argent, les « mules » complices achetaient sur des sites spécialisés du matériel hi-tech, envoyé en Tunisie. Dix mille victimes potentielles auraient été identifiées en France. L’alerte est partie de Montpellier en février. « La société Chronopost nous a appelés pour un paiement réalisé en vue d’un envoi de matériel en direction de la Tunisie », a précisé un enquêteur de la brigade financière. « Les services de Chronopost ont constaté que le compte paypal n’était pas valide. Cela nous a permis d’interpeller la personne, un jeune étudiant en BTS, qui s’était présenté dans un bureau de Poste de Montpellier ».
« Nous avons découvert chez lui du matériel hi-tech et des bordereaux Chronopost et Colissimo d’envoi de matériel en Tunisie. Avec l’étude de son ordinateur, on a vu qu’il avait été contacté par Internet. La proposition consistait à acheter du matériel hifi avec de l’argent versé sur son compte paypal, à envoyer ce matériel au commanditaire tunisien et à acheter avec la ‘monnaie’ ce qu’il voulait », a-t-il expliqué. Une commission rogatoire internationale a été délivrée pour interpeller le commanditaire présumé, un lycéen de 17 ans. « Déjà identifié », selon Marjorie Ghizoli, il est parent de la personne mise en examen à Toulouse. Ne pouvant à ce jour être arrêté, il peut continuer à agir, a souligné Marjorie Ghizoli. Associated Press
La microfinance essentielle pour la cohésion sociale en Méditerranée (BEI)
AFP, le 5 mai 2008 à 20h12 TUNIS, 5 mai 2008 (AFP) – La microfinance est un élément essentiel pour la croissance et la cohésion sociale des pays de la Méditerranée, a estimé lundi Philippe de Fontaine Vive, responsable de la Banque européenne d’investissement (BEI) à l’ouverture d’une réunion internationale à Tunis. « La microfinance a une dimension économique et sociale majeure », a-t-il dit parlant « des risques actuels de famine et de pauvreté réelle » devant plus de 400 délégués publics et privés du secteur de la finance d’une trentaine pays, y compris Israël et la Syrie. M. de Fontaine Vive, responsable de la FEMIP, instrument de financement de la BEI au sud de la Méditerranée, a annoncé la création d’un fonds spécial pour la promotion du microcrédit et plaidé pour ce secteur dans la perspective des projets de la future Union pour la Méditerranée (UPM). L’Union européenne a accepté d’ouvrir une « fenêtre spéciale » d’une capacité de 10 millions d’euros sur trois ans pour l’appui des organismes de microcrédit dans les pays de la Méditerranée, a-t-il précisé à l’AFP. « Il ne faudra pas négliger les toutes petites entreprises », a-t-il ajouté jugeant « essentiel » de réserver au microcrédit un volet spécial dans le cadre d’un futur outil de financement des PME en Méditerranée. Les chefs d’Etat décideront d’un tel outil –peut-être une banque–, lors du lancement de l’UPM en juillet prochain à Paris. « Il est temps de revenir aux choses basiques: nourrir et faire travailler les gens » a lancé M. de Fontaine Vive dans son discours à la conférence. Cette réunion devait dresser un état des lieux du secteur dans le bassin méditerranéen pour « une meilleure compréhension des enjeux et perspectives », en prélude au lancement de l’UPM. Co-organisatrice, Esma Ben Hamida, présidente de « Sanabel » (« épis de blé » en arabe) un réseau d’institutions de 11 pays arabes, a souligné la vitalité de la microfinance dans sa région, « en pleine croissance », selon elle, avec un nombre de clients actifs en hausse de 40% par an (contre 25% dans le monde). Elle a estimé à 70 millions de personnes « le marché » de la microfinance. Parmi ces personnes vivant avec moins de deux dollars/jour, trois millions seulement ont eu accès à des microcrédits, a déploré Mme Ben Hamida, regrettant un manque d’enthousiasme de certains fonds et banques arabes. Selon elle, les fonds et banques arabes restent « réticents » exception faite du Maroc, où les banques ont investi près de 400 millions de dollars dans la microfinance. AFP
Copie conforme
par MARWANE BEN YAHMED Il souhaitait incarner la rupture. Un an après son élection, force est de constater que Nicolas Sarkozy n’a pas chamboulé les us et coutumes d’une Françafrique qu’il souhaitait, un peu hâtivement, enterrer. Le candidat Sarkozy avait une obsession en matière de politique étrangère : faire de l’anti-Chirac. Sa récente visite en Tunisie (28-30 avril) vient au contraire confirmer le retour en force du pragmatisme chiraquien (voir Focus pp. 16-17). Après les grands principes, comme « mettre les droits de l’homme au cœur de la politique extérieure de la France », la réalité. En Tunisie, comme ailleurs sur le continent, il ne fait pas bon froisser ses homologues. Le « langage de vérité » que le futur président souhaitait tenir devant les Africains n’aura guère dépassé le stade du programme électoral. Mieux vaut donc se faire discret pour signer de bons contrats. Et mener le combat pour la défense des droits de l’homme de préférence sous d’autres cieux. Là où les intérêts du pouvoir sont moins directement engagés. Sacrifier un secrétaire d’État coupable d’avoir critiqué la mauvaise gouvernance de chefs d’État en Afrique centrale ? C’est la moindre des choses. Le soldat Bockel s’occupera des Anciens Combattants. Faire les yeux doux à Mouammar Kaddafi, pendant que Rama Yade et Bernard Kouchner boudent dans leur coin ? Élémentaire. S’appuyer sur les services et les réseaux d’un avocat ultime héritier de Jacques Foccart, l’architecte de la Françafrique ? Pourquoi pas… « Le temps des réseaux occultes et des émissaires autoproclamés est révolu. C’est justement à ce système de relations personnalisées dans lequel on traite indistinctement avec les démocraties et avec les dictatures que je souhaite mettre un terme », déclarait Sarkozy dans une interview remarquée à Jeune Afrique, en novembre 2006. Idriss Déby Itno, Mouammar Kaddafi, Omar Bongo Ondimba, Zine el-Abidine Ben Ali, Denis Sassou Nguesso et quelques autres peuvent mesurer le chemin parcouru… Les allures commerciales des déplacements présidentiels, aujourd’hui jugés à l’aune des milliards d’euros qu’ils rapporteront (peut-être), ne sont pas sans rappeler les voyages VRP de Chirac. Et les contours, l’organisation, le casting des acteurs de la politique africaine de Sarkozy ressemblent étrangement à ceux en usage sous son prédécesseur. Même absence de poids du ministre des Affaires étrangères sur les dossiers stratégiques, même prééminence de la structure diplomatique élyséenne, rôle identique du secrétaire général de l’Élysée… Copie presque conforme ! Pour le meilleur et pour le pire… (Source: « Jeune Afrique » (Magazine hebdomadaire – France), N° 2470 du 4 au 10 mai 2008)
Des travailleurs tunisiens en France… comme chez eux !
Par Tallel BAHOURY L’ambassadeur de France en Tunisie, M. Serge Degallaix, a animé ce matin 7 mai 2008, à la salle des conférences de la chancellerie, un atelier de presse portant sur l’accord franco-tunisien signé dernièrement par les gouvernements des deux pays sur ‘’la gestion concertée des migrations et le développement solidaire’’, et ce à l’occasion de la visite officielle de M. Sarkozy en Tunisie. Il s’agissait plus exactement d’expliquer aux journalistes présents –aux autres d’ailleurs- l’esprit et les dispositions de cet accord, en attendant sa ratification par les Parlements des deux pays. Sans trop nous étaler dans les détails, soulignons tout simplement que, selon M. Degallaix, la ‘’Gestion concertée des migrations et le développement solidaire’’ constitue quelque chose de nouveau par rapport à ce qui se faisait auparavant en termes de circulation des personnes entre la Tunisie et la France : ‘’c’est maintenant mieux organisé’’, a-t-il dit. Le diplomate français dira en substance qu’aujourd’hui la situation d’emploi en France est meilleure qu’elle ne l’était il y a quelques années. Soit ! M. Degallaix ne l’a pas dit, mais nous pensons que ce nouvel accord s’inscrit dans le cadre du programme de l’immigration choisie, cher à M. Sarkozy. D’ailleurs peu importe qu’il y ait ou pas un lien entre les deux, parce que, à regarder de plus près, il faudrait peut-être saluer le travail de négociation accompli par le gouvernement tunisien. Car les nouveautés contenues dans cet accord montrent bien que la France et la Tunisie sont dans une nouvelle phase en matière de marché du travail. Au final, les dispositions de l’accord vont bénéficier aux détenteurs de la Carte de séjour ‘’Compétences et talents’’, les jeunes professionnels, aux étudiants en fin de formation universitaire à la recherche d’un emploi, etc. Pour ce faire donc, il suffit de posséder un diplôme (une maîtrise, un diplôme de formation professionnelle…) dans les certains secteurs (menuiserie, bâtiment, transport, restauration, agriculture, agroalimentaire…). L’accord prévoit des échanges des jeunes professionnels, ou de faire venir en France un Tunisien en qualité de ‘’salarié en mission’’, ou tout simplement au titre de ‘’Compétences et Talents’’. En tout état de cause, désormais, la loi française ne peut plus opposer à une entreprise le refus d’embaucher une compétence tunisienne quelle qu’elle soit, au motif que le motif que ce Tunisien va occuper peut l’être par un Français.
(Source : webmanagercenter.com (Portail d’infos économiques – Tunis), le 7 mai 2008 à 17h20) Lien : http://www.webmanagercenter.com/management/article.php?id=42278
Au Forum du progrès Débat passionné sur la mémoire nationale
Le forum du progrès, relevant du Parti de l’Unité Populaire (PUP) a organisé vendredi après-midi une conférence – débat qui a drainé bon nombre d’intéressés de tous bords et tous âges attirés par le thème à débattre : la mémoire nationale. La fondation Temimi Le conférencier était bien évidemment l’incontournable Abdejlil Temimi en une pareille occasion, puisque sa Fondation s’est imposée par ses louables initiatives pour dépoussiérer la mémoire collective. Les séminaires consacrés à divers chapitres de l’histoire contemporaine de la Tunisie, ont été des réussites éclatantes. Les témoignages collectés et publiés constituent une matière première riche et abondante. Elle permettrait d’écrire ou de réécrire l’histoire de la Tunisie indépendante. M. Temimi, tout fier de ce qu’a accompli sa Fondation, estime néanmoins qu’il y a encore du chemin à faire et que les chercheurs aspirent à ce qu’ils aient accès aux archives classées dans les différents départements. C’est en procédant au recoupement des documents et leur confrontation avec les témoignages recueillis que l’historien situe les événements et les acteurs dans leurs vraies proportions. Histoire et impartialité M. Bouchiha, secrétaire général du PUP devait justement évoquer tout au début de son allocution de bienvenue qu’en matière d’histoire, les risques de manipulation sont énormes, alors que l’histoire est censée être la discipline la plus impartiale. Plaçant le débat dans la trajectoire qui doit être la sienne M. Bouchiha précise « nous aspirons à ce que ce forum soit un espace ouvert à tous, sans dogmatisme, sans préjugés et sans parti-pris. Nous aspirons ainsi à ce que le débat sur la mémoire nationale soit empreint de sobrieté, d’objectivité et de profondeur. La passion n’est pas de nature à bien appréhender l’histoire ». Entre passion et pondération Les passions ne tardèrent pas à se déchaîner à l’évocation de certains événements ou certains personnages de l’ancien régime. Certains intervenants n’ont pu s’empêcher d’extérioriser l’amertume qu’ils ressentent encore, en se rappelant les geôles et les supplices des années soixante et soixante-dix, mais d’autres intervenants purent ramener le débat à une dimension moins passionnée « Nous ne sommes pas là pour faire le procès de qui que ce soit, l’histoire est toujours une compilation de réussites et d’échecs », souligne M. Adel El -Kadri, militant Pupiste et animateur du débat. M. Mohamed Sayah, ex-directeur du PSD et l’un des hommes forts du régime de Bourguiba, écoutait et intervenait de temps en temps. Un militant de gauche, n’a pas manqué de souligner que grâce à la Fondation Temimi, des personnages contradictoires, ont pu apporter leur vision et perception des événements qu’a connus la Tunisie des années 60 et 70, tel le débat consacré à l’expérience des perspectivistes et qui a réuni un face à face Sayah – Ben Khidhr (feu Noureddine Ben Khidhr). Les actes de ce séminaire seront bientôt publiés, selon M. Abdejlil Temimi. Ainsi, lutte-t-on contre l’oubli, comme l’a souligné le juriste et militant Abderrahmen Kraïem « La mémoire nationale est notre mémoire à tous ». Mohamed Ali Habachi (Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 7 mai 2008)
Des soldats marocains accusés d’avoir noyé 30 immigrants (presse)
AFP, le 5 mai 2008 à 12h05 MADRID, 7 mai 2008 (AFP) – Des soldats marocains sont accusés par des clandestins africains d’avoir délibérément fait couler fin avril leur embarcation alors qu’ils tentaient la traversée du Maroc vers l’Espagne, provoquant la noyade d’une trentaine de passagers, rapporte mercredi El Pais. Pour le quotidien qui s’appuie sur le témoignage « d’au moins cinq survivants », entre 29 et 33 immigrants dont quatre enfants sont morts noyés le 28 avril au large d’Al Hoceïma (nord-est du Maroc), leur embarcation pneumatique ayant été crevée à coups de couteau par des soldats. Une source sécuritaire marocaine avait évoqué lundi la mort par noyade de seulement « dix migrants subsahariens » mais une ONG marocaine, se basant sur des témoignages, avait fait état de « 36 migrants subsahariens morts noyés ». Selon un envoyé spécial d’El Pais, les survivants ont été transportés près de la frontière avec l’Algérie et le Maroc essaye « d’étouffer » cette « tragédie ».
La diplomatie du chéquier
Éric Chol
En Tunisie ces jours-ci, en Chine, dans les pays du Golfe ou encore en Argentine, l’Elysée a ouvert tous azimuts la chasse aux grands contrats. Pour remporter ces marchés juteux, le gouvernement s’est mis en ordre de bataille. Incorrigible! Ce matin du 29 février, dans le centre de conférences Clock Tower de la ville du Cap (Afrique du Sud), Nicolas Sarkozy n’écoute pas un mot du discours de bienvenue du ministre sud-africain de l’Industrie: il bavarde avec sa voisine, Christine Lagarde. Au point que son homologue, Thabo Mbeki, s’agace de ce conciliabule improvisé et demande à son ministre de recommencer son discours… Mais il en faudrait davantage pour fâcher les deux présidents! Depuis son arrivée, la veille, Nicolas Sarkozy n’a cessé d’œuvrer pour réchauffer les relations entre les deux pays. Déclaration sur l’Afrique devant le Parlement, annonce de multiples accords de coopération, envoi prochain d’une mission de techniciens pour venir en aide aux électriciens sud-africains…
Sans parler de la présence de Carla Bruni – sa première sortie officielle – très appréciée par le président Mbeki. Aussi, quelques minutes plus tard, quand Nicolas Sarkozy prend la parole, il peut dévoiler très ouvertement l’un des objectifs de son voyage. « On va se battre pour obtenir le marché des centrales – charbon comme nucléaire. Parce que nous, on est comme cela. On a compris que tout prendre, c’est plus facile que prendre à moitié. » Ce jour-là, la délégation française repartira avec un contrat d’une centrale au charbon pour Alstom… Et l’espoir, pour la société Areva, d’être bien placée pour gagner l’appel d’offres pour deux centrales nucléaires. Nicolas Sarkozy est comme cela. « Cash » et super-VRP. De Pékin à Abou Dhabi, du Cap à Moscou, et encore à Tunis, la semaine dernière, il déploie une nouvelle diplomatie commerciale, n’hésitant pas à se retrousser les manches pour conclure une négociation. « Il est capable de se transformer en véritable pitbull, accroché aux fesses de ses interlocuteurs », lance l’un de ses proches. Comme lors de ce coup de fil, en juillet 2007, avec le président Vladimir Poutine: ce jour-là, le chef de l’Etat convainc le maître du Kremlin d’accorder à Total la concession du gisement de Chtockman. Trois jours plus tard, le pétrolier français signera le contrat à Moscou au siège de Gazprom. Realpolitik « Je n’adhère pas à cette realpolitik qui voudrait qu’au nom d’intérêts économiques supérieurs on devrait oublier ses principes. Au premier rang de ceux-ci se trouve le respect des droits de l’homme », écrivait Nicolas Sarkozy dans son livre Témoignage, du temps où il était candidat à la présidence. Certes, le chef de l’Etat a bien abordé ce sujet lors de son voyage en Chine. De même, il a reçu des représentants de la société civile à Moscou. Mais sa diplomatie se distingue surtout par son pragmatisme, comme en témoignent la réception du colonel Kadhafi à Paris, le coup de fil de félicitations à Vladimir Poutine après sa victoire aux élections législatives et, plus récemment, sa visite à Tunis, ou l’envoi de plusieurs émissaires à Pékin, chargés de lettres d’excuses et de cadeaux, après l’image désastreuse laissée par le relais parisien de la flamme olympique. Nucléaire, TGV, Airbus ou armement: l’ancien avocat sait plaider les dossiers tricolores. Quitte à faire de la gonflette médiatique, mélangeant un peu vite les contrats signés et les simples promesses de vente, les exportations et les investissements. Ainsi, l’addition des marchés remportés depuis mai 2007, claironnés par l’Elysée, dépasserait les 40 milliards d’euros, de quoi effacer le déficit du commerce extérieur! Sans parler des 40 autres milliards de «contrats potentiels» négociés avec l’Arabie saoudite lors d’une visite en janvier dernier, ou des centrales nucléaires virtuelles annoncées avec les Emirats arabes unis ou la Libye. « Cette communication est de bonne guerre, juge un habitué de l’Elysée, d’autant que la plupart des chefs d’Etat ont l’habitude d’embellir leur tableau de chasse ». Comme le Premier ministre britannique, Gordon Brown, qui n’a pas hésité, à l’issue d’un voyage en Inde, au début de l’année, à annoncer 10 milliards de livres de contrats. En réalité, il évoquait son « espoir » de pouvoir signer ceux-ci « dans les prochains mois »… Quoi qu’il en soit, le président français a bel et bien donné une impulsion à la diplomatie commerciale. Certes, Jacques Chirac savait lui aussi mouiller sa chemise pour arracher un marché. Mais, depuis quelques mois, le sujet a pris une importance stratégique. D’abord, parce que chaque «moisson» permet de combler une partie du trou béant de notre commerce extérieur, qui se creuse chaque jour de 110 millions d’euros. Ensuite, parce que la demande de biens d’équipement explose un peu partout. Changements climatiques et hausse du prix du baril ont remis à la mode le nucléaire ou les trains à grande vitesse. Surtout, grâce à l’enrichissement des Etats pétroliers et aux réserves de change des pays émergents, les clients de la France n’ont guère de problème de solvabilité. Sans surprise, le volume des grands contrats gagnés dans les pays émergents a bondi, en 2007, de 20 à 37 milliards d’euros, record historique. Et encore, ce chiffre, communiqué par Bercy, ne prend-il pas en compte la totalité des contrats signés en 2007. Sur le plan militaire, non seulement les exportations se tiennent bien (5,6 milliards d’euros en 2006), mais de nouveaux contrats sont en discussion. Après le fiasco, à l’automne 2007, de la vente de Rafale au Maroc, à l’origine d’un véritable « électrochoc » dans l’administration, le gouvernement a revu son dispositif, en créant une war roommilitaire. Le principe? Une douzaine de conseillers se réunissent une fois par mois dans le plus grand secret pour suivre à la loupe l’état d’avancement des grands contrats. Parmi eux, deux proches du chef de l’Etat – l’amiral Edouard Guillaud, chef d’état-major particulier, et Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée – ont accompli des missions discrètes en Arabie saoudite, en Angola ou en Inde. Toute une diplomatie « non médiatique, mais très efficace », juge le patron d’une entreprise de la défense. Pour les grands contrats civils, la mobilisation est identique. Le gouvernement devrait d’ailleurs annoncer dans les prochains jours la création d’une war room civile, véritable cellule de suivi des marchés. Car, souvent, la perspective d’une visite du président à l’étranger joue le rôle de catalyseur. « Elle crée un environnement propice et accélère les décisions en matière de grands contrats », commente Henri Lachmann, président du conseil de surveillance de Schneider Electric et habitué des délégations tricolores.
C’est ainsi que les négociations ouvertes en 2004 par Areva en Chine ont pu déboucher, lors de la visite de Nicolas Sarkozy en novembre 2007, sur la vente de deux réacteurs nucléaires de troisième génération. Un marché historique de 8 milliards d’euros. Les cinq mois précédant l’accord ont ressemblé à un véritable marathon.
Négociateurs et diplomates se sont livrés à un ballet permanent entre les deux pays. Au siège parisien d’Areva, la présidente, Anne Lauvergeon, habituée à recevoir des dignitaires chinois, avait même fait changer le numéro d’étage de son bureau, le chiffre 4 portant malchance dans la numérologie chinoise… Flash-back: au cours de l’été 2007, les Français comprennent que le contrat est à portée de main. Pèchent-ils par excès de confiance? Pékin souffle le froid, retardant une visite de Christine Lagarde prévue en août. Celle-ci a finalement lieu fin septembre, mais la ministre de l’Economie, qui espérait pouvoir parapher une esquisse d’accord, rentre bredouille. Il faudra encore toute l’habileté des émissaires, parmi lesquels Jean-David Levitte, patron de la cellule diplomatique de l’Elysée, pour conclure le contrat. Le 26 novembre, dans le Grand Palais du peuple de Pékin, Anne Lauvergeon, veste lie-de-vin et talons interminables, pourra enfin laisser éclater sa joie à l’issue de la cérémonie des signatures… Pour Airbus, le suspense a été encore plus insoutenable. «Quand nous sommes partis le 24 novembre de Paris, nous n’avions que 20 avions sur la shopping list», raconte un diplomate. Or l’Elysée avait fixé la barre très haut: il fallait, pour réussir la visite de Nicolas Sarkozy en Chine, faire aussi bien que Jacques Chirac un an plut tôt – autrement dit, la vente de 150 avions… Conscient des desiderata des Français, Pékin joue avec leurs nerfs. « Un vrai supplice, se souvient un négociateur; nous avons dû attendre la dernière minute pour être fixés sur le nombre d’appareils. » Quand l’Airbus de Nicolas Sarkozy se pose à Xian, dans la matinée du 25 novembre, le président part visiter les soldats en terre cuite. Dans l’ombre, deux hommes s’enferment pour discuter des derniers détails de la visite: Jean-David Levitte et Dai Bingguo, sherpa du président chinois, Hu Jintao. Les dirigeants communistes, qui connaissent mal Nicolas Sarkozy, se montrent extrêmement prudents. « Ils attendaient la tonalité des premières déclarations françaises: à chaque propos favorable envers la Chine, le nombre d’avions augmentait », se souvient un proche du dossier. Le dimanche soir, après le dîner, un accord est enfin trouvé. Mais, au petit matin, Fabrice Brégier, directeur général délégué d’Airbus, fait la moue devant la proposition chinoise, jugée trop basse, libellée en dollars et n’incluant pas d’Airbus A 350. Louis Gallois, patron d’EADS, qui subit la pression de l’Elysée, somme son collaborateur d’accepter. Un peu plus tard, Nicolas Sarkozy peut annoncer la vente de… 160 appareils. Dix de plus que Chirac! En général, les industriels français refusent rarement le soutien politique que leur propose l’Etat. Mieux: ils se battent pour faire partie des délégations officielles. « Nous sommes ensevelis sous les demandes », confie-t-on à l’Elysée. « Le côté vu et approuvé par le président de la République nous confère une plus grande visibilité », reconnaît un haut dirigeant. Parfois, l’intervention du politique se révèle décisive. Au Maroc, par exemple, quand Nicolas Sarkozy, déplorant l’échec du Rafale, a réclamé des compensations. Résultat, il rentre, au mois d’octobre, de son voyage dans le royaume chérifien avec une moisson de 3 milliards d’euros. Au passage, il grille la politesse aux Espagnols, en arrachant le tramway de Rabat…
De même, la visite de François Fillon en Argentine en décembre 2007, à l’occasion de l’intronisation de la nouvelle présidente, Cristina Kirchner, a permis de débloquer le contrat du TGV, signé un mois plus tard. Dans l’ombre, les technocrates français avaient bien préparé le terrain. Ainsi, Xavier Musca, directeur du Trésor, a profité d’une réunion des grands argentiers du G 20 (pays émergents et industrialisés), au mois de novembre en Afrique du Sud, pour organiser nuitamment une réunion secrète avec la délégation argentine. Cette nuit-là, la France a proposé ses bons offices pour régler le dossier complexe de la dette argentine. Une offre de service que n’a pas oubliée Cristina Kirchner… Efficace, la diplomatie du chéquier? Les technocrates de Bercy ou de l’Elysée en sont persuadés. Mais les industriels restent vigilants: pas question de se laisser piéger par une obligation de résultats. « Je n’ai jamais considéré que l’obtention d’une signature lors d’une visite officielle valait n’importe quelle concession », affirme Patrick Kron, patron d’Alstom et pilier des voyages de Nicolas Sarkozy.
En témoigne cette anecdote, lors d’un déplacement en Algérie en décembre dernier. Les responsables d’Alstom sont alors en train de boucler le marché d’une centrale à gaz à Terga, portant sur 1,3 milliard d’euros, mais les discussions avec le partenaire algérien butent encore sur des détails. « Tu ne lâches rien à cause de la visite de Sarko! » indique Patrick Kron à un collaborateur. Le contrat sera bien signé devant les chefs d’Etat, mais la dernière page restera non paraphée… Un accord ne sera trouvé que quelques jours plus tard. Il arrive pourtant que les discussions commerciales s’enlisent. Ainsi, en janvier dernier, le chef de l’Etat est rentré les mains vides ou presque de son voyage en Inde. Non seulement New Delhi avait annulé, un mois plus tôt, un contrat d’hélicoptères, remporté par Eurocopter, mais une commande d’Airbus par la compagnie Kingfisher (estimée à 5 milliards d’euros) n’a pas abouti à temps. Affront supplémentaire: le lendemain du départ de Nicolas Sarkozy, l’américain Lockheed Martin signait la vente de six avions de transport pour un montant de 1 milliard de dollars! Car, sur le terrain, les concurrents sont à l’affût. Comme à Riyad, ce lundi 14 janvier 2008. A peine l’Airbus de Nicolas Sarkozy avait-il redécollé de l’aéroport que se posait l’Air Force One de George W. Bush. Et le locataire de la Maison-Blanche de proposer au roi des contrats d’armement pour un montant de 20 milliards de dollars. En Libye, Vladimir Poutine, passé par Tripoli le 17 avril, vient d’empocher un contrat ferroviaire de 2,1 milliards d’euros. Tandis que le gouvernement français espère toujours engranger les dividendes de la visite à Paris du colonel Kadhafi en décembre 2007! Mais il arrive à la France d’avoir le dernier mot: en témoigne le contrat historique avec le Pentagone des avions ravitailleurs (35 milliards de dollars), remporté, le 29 février, par EADS au nez et à la barbe de Boeing. Certes, Nicolas Sarkozy n’y est pas pour grand-chose. Mais, comme le constate un acteur du dossier, « la volonté de rapprochement transatlantique a rendu possible politiquement ce qui ne l’était pas auparavant ». Quand les affaires du monde coïncident avec le monde des affaires…
(Source : le site de « L’Express » (Magazine hebdomadaire – France), le 6 mai 2008) Lien : http://www.lexpress.fr/info/france/dossier/sarkozy_president/dossier.asp?ida=470958&p=3
L’échec des modérés annonce
le retour de l’islamisme radical
Le pouvoir algérien continue à avancer un à un les pions de son échiquier politique devant conduire à ficeler l’élection présidentielle de 2009. Comme d’habitude, il ne veut prendre aucun risque en maintenant les statu quo aux sommets. Sidi-Saïd a été reconduit à la tête de l’UGTA, malgré son implication déclarée dans le scandale Khalifa. Soltani va entamer son deuxième mandat à la tête d’un MSP passé corps et âme dans la soumission totale au pouvoir. En parlant de menottes, il ne croyait pas si bien dire, mais il n’a pas vraiment compris qui les lui a mises. Quant à Belkhadem, il continue de naviguer à vue en attendant de se mettre au garde-à-vous le moment venu. Le retour aux avants postes d’Ouyahia préfigure qu’une décision a été prise sur le favori du pouvoir. Trois scénarios de candidatures se précisent dans une sorte de primaire à l’algérienne. Un troisième mandat de Bouteflika nécessitant un douloureux viol de la Constitution qui laissera des traces. Le candidat du DRS Ouyahia qui ne recueille aucun consensus ni militaire, ni civil, ni politique. Enfin le candidat du consensus militaire Abdelmalek Guenaïzia, nommé en mai 2005 ministre délégué à la Défense nationale. Un poste qui a toujours été considéré comme l’antichambre du futur détenteur du pouvoir présidentiel dans la logique du système. Ce fut le cas avec Boumediene, Chadli, Nezzar, vrai patron du HCE de la transition 92-94, et Zeroual. L’expérience Bouteflika a été l’exception civile qui a confirmé la règle du pouvoir militaire depuis l’indépendance. Mais le plus inquiétant n’est pas ce qui se passe dans les us et coutumes prévisibles du pouvoir. Un autre échiquier politique est en train de se mettre en place dans la rue qui risque d’aboutir au même scénario de la période 88-92. D’un côté, on assiste à une montée en intensité du mécontentement populaire à travers les émeutes et une désintégration sociale. L’ampleur des injustices, de la délinquance, et du phénomène des harraga plante les mauvaises graines d’où germeront de nouveaux terroristes. D’un autre côté le pouvoir a pris un risque énorme en marginalisant les islamistes modérés. Abdallah Djaballah a été dépossédé de son parti et isolé. Les compagnons de feu Mahfoud Nahnah ont été désarmés et humiliés par l’arrogance de Soltani qui se prévaut d’être un allié inconditionnel du système. Dans ses meetings, il clame fièrement son statut de «brosseur du pouvoir» (naâm, nahnou chiyatine el solta). Il n’est pas étonnant dans ce nouveau contexte qu’on se pose à retardement des questions sur la disparition prématurée de Nahnah, victime d’une leucémie foudroyante. On sait depuis l’affaire de l’opposant russe Litvinenko, empoisonné à Londres, que des cancers et des maladies du sang peuvent être provoquées par l’inhalation de substances radioactives. On peut d’ailleurs se poser les mêmes questions sur certains décès récents par cancer ou «longue maladie» de journalistes ou de militaires. Le résultat est que l’islamisme modéré, allié conditionnel du pouvoir dans la marginalisation du FIS, a perdu ses leaders et ses structures partisanes. Sa présence dans les institutions est devenue anecdotique. Les démocrates, autres alliés conditionnels du pouvoir dans sa guerre contre le FIS, n’offrent toujours pas d’alternative crédible du fait de leurs divisions stériles et leur incapacité à investir la rue pour prendre la tête de la révolte populaire. Que personne ne se méprenne. Ce pouvoir est capable de s’allier avec n’importe qui pour conserver ses privilèges et rassurer ses alliés. Avec la loi sur la réconciliation nationale, il a pris le soin d’effacer les ardoises pour remettre les compteurs à zéro. Est-ce un acte conscient ou une très grosse bêtise? Si la rue bascule dans une violence dévastatrice, comme celle d’octobre 88, le pouvoir cherchera dans l’urgence des partenaires capables d’éteindre rapidement les incendies d’une explosion sociale qui risque de menacer les puits de pétrole et la stabilité régionale. Il ne faudra alors pas s’étonner qu’un nouveau tapis rouge soit déroulé sous les pieds de l’islamisme radical.
Saâd Lounès
Secular and Antidemocratic In Turkey, another attempt to reverse the elections won by moderate Islamists
Washington Post Editorial Friday, May 2, 2008; Page A20 IN MANY countries where elections and Islam overlap, religious political parties are suspected — often rightly — of trying to use the democratic system to advance an illiberal agenda. Turkey, the most advanced democracy in the Muslim world, has the opposite problem. Its mildly religious ruling party has led the way in introducing progressive political and economic reforms and preparing the country for membership in the European Union. Its secular opposition, meanwhile, has repeatedly resorted to antidemocratic tactics. Last year the Turkish army, which sees itself as the ultimate guardian of Turkey’s secular constitution, tried to stop the Justice and Development Party (AKP) from electing its candidate for president by posting a threatening statement on its Web site. This « e-coup » led to a ruling by the Constitutional Court against the AKP — and then a general election that the party won decisively over secular parties that had abetted and cheered the court ruling. Abdullah Gul, a moderate and pro-Western politician, duly became president. Rather than being chastened by this reversal, the secular establishment is attempting an even more radical maneuver. Egged on once again by opposition political parties, a state prosecutor filed a case in March seeking to ban the AKP and 70 of its members, including Mr. Gul and Prime Minister Recep Tayyip Erdogan, on charges of violating the constitution. The case is based in large part on the party’s move to lift a ban on the wearing of head scarves by women in Turkish universities, a highly charged if largely symbolic domestic issue. The prosecution mainly serves to reveal the weakness of the constitution, which makes it far too easy for courts to outlaw political parties on flimsy grounds. A proper response to the lawsuit would be for Mr. Erdogan to press forward with his liberal reforms, including constitutional amendments that would change the criteria for banning political parties. But while the government has introduced legislation to change the constitution’s notorious criminalization of speech « insulting Turkishness, » it has been slow to react to the threat of banishment. The result may well be months of litigation followed by a ruling that plunges the political system into chaos. The European Union has sent a clear message about the danger of undermining democracy. Javier Solana, its foreign policy chief, said that banning a party is « not something normal » and that « the consequences would be very grave » for Turkey’s relations with Europe. Unfortunately the Bush administration has not been nearly so clear. Secretary of State Condoleezza Rice said last month that the case was « a matter . . . for Turks to decide, » adding only the « hope that this will be decided within Turkey’s secular democratic context and by its secular democratic principles » — whatever that means. In fact, the administration ought to make it plain that banning the AKP would cause serious damage to U.S.-Turkish relations. The United States has a vital interest in the success of Turkish democracy — and of the moderate Islamic party that now leads it. (Source : Editorial du « Washington Post”, (Quotidien – USA), le 2 mai 2008) Lien : http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2008/05/01/AR2008050103199.html
COMMUNIQUE DE PRESSE de l’ONG suisse « Droits pour Tous »
Suite à la récente polémique concernant le choix de nos invités dans le cadre de la commémoration de la 60ème année de la « Nakbah », nous tenons à préciser les points suivants : – Notre association, Droit Pour Tous (DPT), a toujours condamné catégoriquement le terrorisme d’où qu’il provienne. Les principes éthiques et moraux de nos actions doivent être en parfaite adéquation avec notre charte qui condamne : « les meurtres de personnes innocentes et les violences sur les civils». Cette même charte préserve le droit des peuples à lutter contre l’occupation et à sauvegarder leur liberté et leur droit à l’autodétermination comme cela est consacré par l’ensemble des dispositions du droit humanitaire. – C’est pourquoi, nous affirmons que d’éventuels propos tenus par certains de nos invités et qui seraient contraires à l’esprit de notre charte ne seraient en aucun cas soutenus et approuvés par DPT. Nous en profitons pour rappeler que l’Etat d’Israël utilise des méthodes terroristes pour réprimer le peuple palestinien sans que cela n’offusque nos détracteurs. – Nous nous demandons aussi pourquoi l’on prend toujours plaisir à faire le procès de tout propos prononcé par des intellectuels musulmans, palestiniens y compris, alors que l’on passe sous silence les paroles fielleuses de certains politiciens israéliens qui dépassent de manière plus ostentatoire et gravissime les limites de l’entendement. C’est ainsi que l’ex-présidente et fondatrice de l’Etat d’Israel (un peuple sans terre sur une terre sans peuple !) Golda Meir, par exemple, alla même jusqu’à nier l’existence du peuple palestinien et déclara ressentir une douleur lors de la naissance de chaque Palestinien ! Plus prêt de notre époque, Ariel Sharon traita les Palestiniens d’animaux à deux pattes et un ministre israélien alla même jusqu’à menacer les habitants de GAZA d’un génocide sans que cela ne soulève l’indignation et ne donne lieu à des réactions à la hauteur de tels propos odieux. Dans un souci d’égalité de traitement, pourquoi ne pas dès lors demander à nos responsables politiques de ne plus fréquenter un Etat dont les plus hauts responsables se permettent de telles déclarations ? – Nous sommes aussi étonnés par l’ampleur que prend cette polémique en faisant croire à un danger pour la paix publique et par le fait qu’elle masque (mais est-ce peut-être là le but réel de ces attaques) les évènements que nous organisons pour commémorer ici les 60 ans de l’occupation de la Palestine qui, en permettant la création d’Israël, a provoqué l’exode de plus de 800’000 Palestiniens et la destruction de près de 416 villages avec des massacres collectifs à connotation expressément terroriste si on veut tenir à la définition ci-dessus exposée. – Il est encore plus grave de déceler dans cette campagne de dénigrement préméditée de notre action une volonté d’imposer une seuleinterprétation du conflit qui oppose les palestiniens à l’occupant, et ce en cherchant par tous les moyens à discréditer les défenseurs de la cause palestinienne et à les tirer dans des débats parallèles qui les empêchent de jouer leur rôle dans la mise à nu du terrorisme intellectuel imposé par les « amis d’Israël » à chaque fois qu’il s’agit de répondre à la question : qui est responsable de quoi ? – Pour finir, la venue de M. Azzam Tamimi a aussi pour objectif deprovoquer un débat sans tabous sur la tournure que prend la situation en Palestine et notamment sur l’usage de la violence afin de trouver les meilleurs moyens pour y mettre un terme. Toute personne ayant le courage de venir discuter dans un esprit d’ouverture, d’équité et de tolérance les abords compliqués de ce conflit est évidemment la bienvenue. Forte de ces constatations, DROIT POUR TOUS appelle tous les intervenants, et plus particulièrement les médias, à assumer un rôle plus neutre et à s’inscrire dans une logique stratégique de résolution réfléchie des problèmes, en lieu et place de la recherche des sensations démesurées ou des accusations infondées. Genève le 6 mai 2008 Association « Droit Pour Tous » Rue des Savoises 15 1205 Genève Tél. &fax : +4122 785 21 43 et +41 22 321 12 55 Médias contacts : Anouar Gharbi +4179418 75 05 , Xavier Carlo : +4178 615 69 91 info@droitpourtous.ch ; www.droitpourtous.ch