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   TUNISNEWS   
             7 ème année, N° 2336 du 14.10.2006 
   
  
   
   
  
  
  
  
  
  
 C.R.L.D.H. Tunisie: FLASH –INFOS                                 Khemais Chammari:                                 Tracasseries et fouille injustifiee a l’aeroport                                 de Tunis Carthage – Communique                                 Mondher Sfar: Qui est le traître ?                                 AFP: Le gouvernement                                 tunisien stigmatise le voile islamique                                 Presse Canadienne: Tunisie: Le verdict du procès                                 de la LTDH reporté au 13 janvier                                 Bakchich:Ben Ali & Co                                 Le Figaro :À Tunis, le consulat passe au                                 crible les postulants aux études en France                                 Fathi Chamkhi (RAID                                 Tunisie): Tunisie. 50 ans d’indépendance                                 Le Journal: Agir a structurer l’opinion                                 Webmanagercenter: De la                                 mesure dans la mesure                                 AFP:”Quand … on est sans pays” ou                                 l’interdiction d’être enterré sur sa terre                                  Le Figaro: Le réalisateur                                 de la “Bataille d’Alger” est mort                                 Le Monde: Les illusions arabes de Jacques Chirac                                 Le Monde: Les sucreries du                                 Ramadan  
   
 
   
   
 
   
  
  
 
   
   
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 C.R.L.D.H. Tunisie   Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie   Membre du Réseau Euro méditerranéen des Droits de l’Homme
   
   
                                                                                                          Paris, le : 13/10/2006
 TUNISIE
   
 
L’HUMILIATION, LA VIOLENCE ET   L’ARBITRAIRE
 
   
 FLASH –INFOS
 Halte à ce banditisme d’Etat qui s’abat sur des   innocentes citoyennes 
   
 Des centaines de citoyennes tunisiennes vivent   depuis plusieurs mois, partout sur le territoire, un cauchemar sans fin en   raison du voile qu’elles portent. 
   
  Des campagnes médiatiques, politiques et policières de grande envergure ont   été orchestrées, des descentes organisées devant les collèges, les lycées, les   universités et les entreprises pour interdire fut-ce par la force à ces femmes,   jeunes et moins jeunes le droit d’accès à leurs établissements scolaires ou à   leurs lieux de travail. D’autres se sont vues interdire l’accès aux hôpitaux   pour se soigner ou porter assistance à un proche. Bref, une véritable chasse à   la personne humaine a été déclenchée à l’encontre de ces innocentes, semant la   terreur et infligeant l’humiliation en leurs déchirant en pleine rue leurs   voiles et habits et en leurs empêchant l’accès à tout lieu public.
   
  Cette politique de grande répression n’est pas la première dans son genre,   elle se décide à chaque rentrée scolaire et ce depuis le fameux circulaire   ministériel  108 de 1981, contraire aux libertés individuelles garanties par   les conventions et traités internationaux, une politique qui prive ces femmes   de leurs droits les plus fondamentaux à l’éducation, à l’emploi, à la santé et   à la circulation… Elle survient dans un climat politique très étouffant,   puisqu’une violence extrême s’applique depuis plusieurs mois sur toute la   société comme seule
     réponse à toute aspiration aux moindres droits et   libertés réclamés. Les   associations indépendantes  de défense des droits de Humains et notamment la   Ligue Tunisienne pour la défense des droits de l’Homme, sont les premières   victimes et vivent depuis plusieurs années des situations d’exclusion et de   marginalisation qui ne cessent de s’amplifier de jour en jour au point de se   trouver dans l’incapacité totale d’assumer leurs rôles dans la protection des   victimes et la dénonciation des atteintes et des violations.        Le CRLDHT, attaché à la défense    de tous les droits pour toutes et pour tous,  dénonce vigoureusement ces   graves violations à l’égard de ces citoyennes et considère que toute cette   violence traduit une impuissance évidente quant à la gestion politique de la   société.Il assure à toutes ces victimes son soutien inconditionnel dans leurs   droits à la vie et à la dignité.        Le pouvoir tunisien fait la sourde oreille aux   revendications légitimes des chômeurs diplômés  
   
    Les chômeurs diplômés en Tunisie se comptent en plusieurs dizaines de   milliers et leurs nombres ne cessent de s’agrandir au fil des années.   Plusieurs d’entre eux  vivent depuis la fin de leurs  études des conditions de   grande précarité, sans logements et sans aucune source substantielle de vie.   Leur cause a, depuis, pris de l’ampleur et  suscité la sympathie et la   solidarité de toute la société civile tunisienne. Depuis plusieurs années, ils   se sont constitués en associations autonomes et depuis peu en coordination   nationale et se sont livrés à un combat courageux pour  leurs droits dans la   capitale et dans plusieurs régions du pays telles que  Kairouan, Bizerte,   Gafsa, Jendouba…
   
  En réponse à ces légitimes revendications, le pouvoir politique tunisien n’a   que la force policière pour réprimer et faire taire  toute aspiration à une   citoyenneté effective. Il a fait preuve, une fois encore d’impuissance et   d’incohérence manifestes traduites par une politique de plus en plus musclée   et de plus en plus grotesque.
   
  Le mardi 10 octobre courant au matin, des militants de la coordination   nationale des chômeurs diplômés ont organisé in sit-in devant le ministère de   l’éducation nationale à Tunis pour protester contre les pratiques du ministère   qui leurs tourne le dos et applique une politique de favoritisme à l’égard des   diplômés appartenant au parti au pouvoir.  La police politique était présente   sur les lieux en nombre impressionnant pour réprimer et faire couler le sang   des protestataires. Blessés, plusieurs d’entre eux ont perdu connaissance et   ont été transférés d’urgence aux hôpitaux avoisinants.
   
  Le CRLDHT s’élève contre cette  politique arbitraire, faite de tricherie et de   favoritisme et ces méthodes musclées faites de violence et d’intimidation qui   ne laissent présager rien de productif pour la Tunisie et exige l’arrêt   immédiat de ces méthodes policières d’un autre âge.    Il exprime à la coordination nationale des chômeurs diplômés et à ses   représentants tout son soutien et toute sa solidarité dans leur noble combat   pour les droits et la dignité.
                                                                                                   La censure frappe de nouveau la création   artistique et culturelle en Tunisie
   
  La nouvelle pièce théâtrale de Jalila Baccar et de Fadhel Jaïbi« Corps Otages   » (Khamsoun) vient d’être interdite en Tunisie. Après trois mois de silence, (   la commission nationale d’orientation), un organe officiel groupant des   représentants des ministères de l’intérieur, du culte et de la culture dont le   rôle est de censurer et d’organiser la distribution de la production théâtrale,   a refusé de délivrer à la troupe  Familia le visa d’exploitation  et de   présentation.
   
  « Corps otages » qui a été présentée en juin 2006 au théâtre d’odéon à Paris   et a connu un grand succès, traite l’histoire de la Tunisie, cinquante ans   après l’indépendance politique et les grands bouleversements qu’a connus la   société tunisienne durant, avec la politique du tout sécuritaire, la menace de   l’extrémisme religieux et la grande désillusion de tant de générations à   l’ouverture et à la tolérance.
   
  Cette mesure arbitraire de censure et d’interdiction a été prise sous prétexte   que la pièce portait atteinte à la morale et à la religion des tunisiens et a   exigé de son metteur en scène, Mr Fadhel Jaibi de supprimer toutes les dates,   les noms des différents personnages et  lieux et d’éliminer toute référence   historique ou coranique dans le texte !
   
  Le CRLDHT considère que cette nouvelle censure qui frappe la liberté   d’expression les créateurs artistique  et prive les tunisiens d’un grand   spectacle, est une atteinte à un droit fondamental garanti par la constitution   tunisienne et les conventions et traités internationaux, ratifiés par la   Tunisie.
   
  Le comité dénonce cette politique de désertification culturelle qui crée le   vide et favorise la médiocrité ; il assure la troupe Familia et ses auteur et   réalisateur Mme Jalila Baccar et Mr Fadhel Jaibi de son soutien agissant face   à cette injustice qui les frappe. 
   
                                                                                                         Le CRLDHT 
 COMMUNIQUE                          TRACASSERIES ET FOUILLE INJUSTIFIEE A   L’AEROPORT DE TUNIS CARTHAGE
   
      De retour d’un séjour en Europe[1]  j’ai eu la désagréable surprise de faire   l’objet à l’aéroport de Tunis  Carthage le mardi 10/10/2006 de mesures   vexatoires  et d’une fouille  systématique (de mes bagages et au corps) qui a   duré 85 minutes.
     Depuis plus de trois mois, je fais l’objet d’une attention particulière des   services de la douane et de la police à mon départ et à mon arrivée à Tunis.   Cela s’est produit huit fois (4 allers et retours).
     Le comportement courtois des douaniers et des policiers m’a, toutefois incité    à  relativiser  ces tracasseries et à  ne pas en faire état publiquement Le   mardi 10 octobre 2006, les choses ont pris une autre tournure.
     Je suis arrivé à Tunis sur le vol Paris Tunis à 11h05 et je n’ai pu quitter   l’aéroport qu’à 12h40.
     Mon passeport a été confisqué dès mon arrivée et il ne m’a été restitué   qu’après la fouille  systématique à laquelle j’ai été soumis en présence de   trois agents de la douane et trois agents de la police en tenue civile.
     Cette fouille systématique et approfondie a été suivie d’une fouille au corps   dans un local attenant  au hall d’arrivée.
     Si j’ai tout lieu de me féliciter du comportement courtois et calme des agents   chargés de cette opération, et dont les commanditaires ont tablé vainement sur   un effet d’intimidation et d’humiliation, j’ai décidé après avoir consulté  un   grand nombre d’amis de rendre publique ma protestation énergique  contre  la   mesure  discriminatoire  et vexatoire dont j’ai fait  l’objet sans  qu’aucune   explication   m’ait  été  donnée.
     A l’évidence, les commanditaires de cette opération espéraient que cette   fouille injustifiée et prolongée me ferait perdre mon sang froid. Cela n’a   heureusement pas été le cas. Mais le risque est réel, si ces agissements   arbitraires venaient à se répéter, qu’ils débouchent à la longue sur des   provocations de tous ordres contre lesquelles je voudrais, calmement mais   fermement, mettre en garde.
     Au terme de cette fouille, et après avoir envisagé une saisie plus importante   et totalement dénuée de fondement, de livres et de documents, les services des   douanes ont, en définitive, saisi le livre de Mme Béatrice Hibou : « La force   de l’obéissance », qui évoque la situation en Tunisie et qui est édité par les   éditions de la Découverte à Paris.
     J’ai réclamé, et obtenu, un reçu dont j’ai  remis copies à Mr Zakaria Ben   Mustapha, Président de l’instance gouvernementale du Conseil pour les Droits   de l’Homme et des Libertés en Tunisie et à Me Mokhtar Trifi, Président de la   LTDH.
     Ce reçu administratif comporte d’ailleurs la mention,  cocasse en l’occurrence,   du fait que « passé le délai de 4 mois, la marchandise sera mise en vente aux   enchères publiques » !.
     J’ai fait part de ma protestation à Mr Zakaria Ben Mustapha et j’ai écrit à Mr   le Directeur Général des Douanes pour prendre acte de l’attitude courtoise et    pondérée des agents auxquels j’ai été confronté mais surtout pour protester    contre les ordres arbitraires qui leur ont été donnés.
     Cette nouvelle atteinte à mes droits fondamentaux ne m’intimide nullement,   mais elle m’attriste sincèrement en raison de l’image qui est ainsi donnée de   mon pays et de la situation dans laquelle les services de l’administration  se   voient dans l’obligation de placer leurs agents et fonctionnaires contraints à   effectuer des missions contraires au droit, à la raison et à la logique.       Je voudrais, enfin, exprimer toute ma gratitude à toutes celles et à tous ceux   (avocats, dirigeants associatifs et politiques et journalistes), dont la   promptitude de la réaction et les expressions de solidarité m’a énormément   touché.       TUNIS LE 13/10/2006       KHEMAIS CHAMMARI       [1] Je me suis notamment rendu à Genève à l’invitation   de l’Union Interparlementaire ;  à Strasbourg à l’invitation du groupe du   Parti  Socialiste Européen -PSE  du parlement Européen en compagnie  de sept   autres invités ,dirigeants  de formations  de l’opposition   démocratique   tunisienne et d’associations autonomes au sein de la société civile;   à Paris   à l’invitation du CRLDH T,  puis de la FIDH sur le programme CPI  Maroc et   Maghreb;  et enfin  pour participer à la réunion de l’équipe de suivi du   groupe de travail sur le droit et la liberté d’association du REMDH en vue du   lancement de l’étude sur l’évolution de cette question dans la région Euromed.
   
   
   
  Par Mondher Sfar mondher.sfar@club-internet.fr       Les agents du Premier Sioniste de Tunisie viennent de s’attaquer au Juge   Mokhtar Yahyaoui. De quoi l’accuse-t-on ? Rien moins que de traîtrise contre   sa patrie ! 
Ce n’est pas la première fois que la propagande benalienne a   recours à ce genre d’attaque contre les résistants. A chaque fois que les   militants de l’intérieur prennent contact ne serait-ce qu’avec des démocrates   associatifs étrangers, on les accuse de l’infamie suprême. 
Ces attaques sont si hilarantes et si amusantes qu’on ne redemanderait ! 
 Accuse-t-on les opposants de parler avec des étrangers, comme si notre   dictateur n’a jamais été à Washington, à Paris, à Rome ou même jusqu’à Malte   uniquement pour redorer son blason si terni par ses crimes que mêmes ses   patrons étrangers évitent son contact physique ?
Accuse-t-on les opposants de recevoir des aides pour leurs associations   humanitaires assiégées par la flicaille politique vingt-quatre heures sur   vingt-quatre, dont les militants sont si harcelés dans leur gagne-pain qu’ils   sont littéralement affamés ? 
 Un régime qui interdit par la loi la solidarité entre Tunisiens se permet   de critiquer ses citoyens pour avoir cherché de l’aide à l’étranger ! 
Mais ce régime, dont les bénéficiaires emplissent leurs poches en milliards   de dollars volés de leurs concitoyens, ne cesse de faire appel à l’argent de   l’étranger au risque de précipiter le pays dans la banqueroute, celle-là même   qui a permis sa colonisation par les troupes étrangères en 1881. Ce crime là   ne compte pas !
L’imposture ne s’arrête pas là. Ce régime se permet même de donner des   leçons de patriotisme anti-sioniste à ses opposants (voir les campagnes   haineuses contre un ancien secrétaire d’Etat à l’Intérieur), lui qui n’hésite   pas à inviter, sans rougir, un grand criminel contre l’humanité du nom de   Sharon à venir en Tunisie, terre encore ensanglantée de dizaines de victimes   du même Sharon à Hammam Chott et à Sidi-Bousaid. Comment qualifier dans ces   conditions ce crime benalien ? Ce n’est plus de la traîtrise, c’est de la   haute trahison ! Sans parler de l’établissement en 1996 des relations avec   l’entité sioniste à l’insu du peuple tunisien et sans sa consultation. Et   comme pour en rajouter à l’infamie, cette ouverture de relations avec l’ennemi   a été officialisée quelques heures après l’horrible massacre sioniste à Cana.
Le régime compte sur le verrouillage médiatique pour continuer à salir   tranquillement l’opposition. Ses campagnes mensongères les plus féroces contre   ses opposants montrent aujourd’hui qu’il a épuisé ses dernières cartouches. Et   qu’il est en train de fabriquer avec la corde qui va l’étrangler.
   Paris, le 14 octobre 2006. 
 
Le gouvernement tunisien stigmatise le   voile islamique
   
 AFP, le 14 octobre 2006    Agence France-Presse – TUNIS – Le gouvernement   tunisien a lancé une offensive contre le retour du voile islamique, “tenue   sectaire d’inspiration étrangère” et l’obscurantisme, a indiqué samedi la   presse tunisienne.   Le ministre des Affaires étrangères, Abdelwaheb Abdallah, a stigmatisé samedi   soir lors d’une réunion du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD, au   pouvoir) à Nabeul (ouest) “le danger que représente la tenue vestimentaire   d’inspiration sectaire, étrangère à notre pays, notre culture et nos   traditions”.   Le voile islamique, a ajouté M. Abdallah, qui est membre du bureau politique   du RCD, est “un slogan politique affiché par un groupuscule qui se dissimule   derrière la religion pour réaliser des desseins politiques”.   Soulignant que la Tunisie est “fière et attachée à la religion islamique, il a   ajouté qu’elle “n’a pas besoin de donneurs de leçons sur les fondements de la   religion et qu’elle est un pays de modération et du juste milieu qui rejette   la violence et l’extrémisme”.   Face à un regain d’activisme islamiste, se manifestant notamment par le port   du voile par de plus en plus de femmes, M. Abdallah a rappelé que le président   Zine El Abidine Ben Ali avait insisté cette semaine sur la “nécessité de   distinguer l’habit sectaire, intrus et importé, tant pour les hommes que pour   les femmes, de l’habit traditionnel tunisien, témoin d’une identité enracinée   dans notre histoire”.   Lors d’une autre réunion du RCD, à Ben Arous, près de Tunis, le ministre de   l’Intérieur, Rafik Belhaj Kacem, a dénoncé “toutes les sortes d’extrémismes   qui sont des intrus dans notre société et n’ont aucun lien avec nos traditions   et notre religion bénie”.   Il a notamment stigmatisé “l’habit sectaire, signe distinctif d’une frange   dure et renfermée sur elle-même et symbole d’une appartenance politique qui se   cache derrière la religion” et qui “cherche à spolier la femme de ses droits   et ses acquis”. 
 
  
Tunisie: le verdict du procès     de la LTDH reporté au 13 janvier
Le 14 octobre 2006 – 11:30 
Presse Canadienne     Reporté déjà à plusieurs reprises, le verdict du procès de la Ligue     tunisienne des droits de l’Homme (LTDH) opposant le comité directeur à des     adhérents souvent proches du pouvoir a de nouveau été renvoyé samedi et fixé     au 13 janvier prochain, a-t-on appris de source judiciaire.      Le tribunal de première instance de Tunis a accédé à une demande faite dans     ce sens par l’avocat des plaignants pour pouvoir se procurer un document     nécessaire au dossier.      Intenté par 22 membres de la LTDH, dont sept présidents de section, la     plupart proches du parti au pouvoir, qui accusent le comité directeur     d'”abus de pouvoir” et de “violation du règlement intérieur” dans le but de     les en exclure, ce procès a été à l’origine de la suspension du congrès de     cette association initialement prévu en septembre 2005.      La direction de la LTDH, la plus ancienne organisation du genre dans le     monde arabe et en Afrique, dénonce, quant à elle, ce qu’elle considère comme     une tentative des autorités de la “mettre au pas”, tandis que le pouvoir     s’en défend en assurant que la ligue fait face à “une crise interne”.      En tout état de cause, ce nouveau report pourrait favoriser les tractations     menées par d’anciens dirigeants de la ligue en vue d’aboutir à une solution     amiable.  
 
 
  
   
 Par Léa Labaye       Le gendre préféré de Leïla emprunte l’argent à une   banque pour en racheter des parts   La Tunisie est, à entendre certains opposants, une mafiocratie où Ben Ali fait   office de parrain des parrains. Aucun business n’est laissé de côté par cette   grande famille, et sûrement pas celui, juteux, 60 millions d’euros tout de   même, des marchés publics. Tout le monde a droit à sa part du gâteau de la   privatisation, même le tout jeune gendre du président.   L’aînée de Leïla et du président Ben Ali, Nesrine, a épousé en 2004 Sakher   Materi. Ce jeune homme n’est pas un inconnu de la famille. Il est le fils de   l’officier Moncef Materi, un ami de promo de Ben Ali au temps de Saint-Cyr qui   avait tenté de renverser Bourguiba en 1962. Une amitié de longue date que Ben   Ali s’est empressé d’oublier du temps de Bourguiba puis de renouer une fois   aux commandes du pays. Le rejeton Materi est moins diplômé que son père, au   mieux un BTS, mais son rôle dans la privatisation de la Banque du Sud   satisfera pleinement le parrain.   Originellement la Banque du Peuple, la Banque du Sud fut constituée en 1964 à   partir de fonds des syndicats, pour devenir par la suite une banque   commerciale dotée d’un réseau d’agences florissant. Mais, comme souvent en   Tunisie, elle affiche des créances douteuses exorbitantes, si bien que son   coût prohibitif n’intéresse personne quand il est question de la privatiser.   Son actionnaire majoritaire, l’Italien Monte De Pasche De Sienna, qui détient   16% du capital, a fini par se faire une raison. Pourtant, il y a un an,   miraculeusement, l’association entre le marocain Attijariwafa Bank et la   banque espagnole Sentender se porte acquéreure et devient propriétaire de la   Banque du Sud.       17 millions dans la corbeille de mariages   Et dans la foulée, le gendre Ben Ali, passe brillamment son examen d’entrée   dans la famille. N’ayant pas mis assez de côté pour racheter les 16% de   l’Italien, le rejeton a une idée lumineuse : il emprunte tout bonnement à la   Banque du Sud l’argent nécessaire pour acquérir ces parts. La privatisation   s’opère en un temps record de trois semaines : le gendre préféré de Leïla se   tourne ensuite vers les financiers de Sentender auxquels il propose de vendre   ses 16% au prix fort. En contrepartie, le gouvernement baisse de 25% sa   proposition sur le reste des actions. Et comme Nesrine a le sens de la famille,   il investit ses 17 millions d’euros (un peu plus de 22 millions dt) de   plus-value chez le fournisseur officiel de voitures de la smala : Enakl,   représentant exclusif de Volswagen, Audi et Renault véhicules industriels, et   dorénavant fournisseur officiel de l’administration pendant cinq ans.       Voilà comment fabriquer un millionnaire : dans la corbeille à mariage.       (Source : Article paru dans Bakchich#3 du 06   octobre 2006)   Lien: http://www.bakchich.info/article303.html
À Tunis, le consulat passe au crible   les postulants aux études en France
   
 De notre envoyée spéciale à Tunis MARIE-CHRISTINE TABET.       Les fonctionnaires doivent distinguer les vrais projets   des intentions frauduleuses.       « VOUS voulez faire vos études en France. Expliquez-moi votre projet ». Comme   pour se donner du courage, Mouna sort de son porte-documents un épais dossier,   d’où dépassent ses diplômes. Elle esquisse un mince sourire, reprend son   souffle et lâche en s’épongeant les mains avec son mouchoir : « J’ai trop peur   ». Cette jeune femme de 24 ans, diplômée d’une école d’architecture de Tunis,   veut intégrer l’École nationale d’ingénieurs de Saint-Étienne en mastère I,   l’ancien niveau maîtrise. Ce rendez-vous, début octobre, avec l’auditrice du   Centre pour les études en France (Cef) est la dernière étape avant le visa.   Corinne, la quarantaine décontractée, conduit l’entretien. Femme d’expatriée,   recrutée pour l’occasion, elle traque les parcours incohérents, les   candidatures opportunistes et les faux diplômes. Mouna sait que l’avis du Cef   est déterminant pour l’obtention du visa étudiant. Elle veut créer une   entreprise de décoration à Tunis lorsqu’elle aura terminé l’école stéphanoise.   C’est Adèle Martial-Gros, l’attachée scientifique de l’Ambassade de France,   une universitaire pure sucre, qui donne le feu vert final. D’un seul clic,   elle visualise sur son écran d’ordinateur le cursus de Mouna. Le dossier ne   pose pas de problème. Adèle Martial-Gros transmet – toujours en ligne – un   avis favorable au consulat.       Frustrations et rancoeurs   Dans quelques jours, Mouna fera partie des quelque 2 500 étudiants tunisiens   partant chaque année finir leurs études en France. Depuis des décennies, les   bonnes familles tunisiennes envoient leurs enfants dans les meilleurs   établissements français pour terminer leurs études. Un passage obligé qui fait   rêver le plus grand nombre. La liste des candidats s’allonge avec l’explosion   du nombre d’étudiants (36 % des 18-24 ans poursuivent des études supérieures).   L’économie du pays a du mal à absorber chaque année les nouveaux diplômés (380   000 en 2006 pour une population de 10 millions d’habitants). Du coup, les   jeunes tunisiens, francophones et francophiles, rêvent de traverser la   Méditerranée pour enrichir leur CV, d’autres ne songent qu’à immigrer.   Aux premières heures de l’immigration choisie, le consulat doit faire le tri   entre les étudiants dont la France a besoin, ceux qui rentreront dans leur   pays après leurs études et ceux qui, pour détourner les règles contraignantes   du regroupement familial ou de l’immigration de travail, risquent de grossir   les rangs des sans-papiers… La sélection est compliquée car il ne faut pas   laisser filer les meilleurs et éviter les injustices. « Je fais beaucoup   d’efforts d’information, explique Serge Degallaix, l’ambassadeur, l’année   dernière nous n’avons refusé que 24 % des demandes de visas étudiant. L’homme   de la rue est persuadé que ce taux dépasse les 50 %. Cela génère des   frustrations et des rancoeurs ». Les universités canadiennes, allemandes et   russes démarchent les éléments les plus brillants.   Karim, le candidat suivant audité par Corinne, aura moins de chance que Mouna.   À trente ans, il a perdu du temps pendant sa scolarité et ne peut présenter   qu’une maîtrise en sciences naturelles et biologie. « J’ai eu des problèmes de   santé, des infections à la gorge, argumente-t-il maladroitement, j’ai dû   arrêter mes études pendant un an. » Autre mauvais point pour Karim : après son   bac, il voulait s’inscrire en médecine à Bizerte, mais sa vocation de carabin   a tourné court.       Fausse inscription universitaire   Aujourd’hui, Karim souhaite obtenir un visa pour compléter son diplôme par un   mastère à dominante informatique à l’université de Corte, en Haute-Corse. Le   projet de e-médecine qu’il veut mettre en oeuvre à la clef ne convainc pas. Il   est recalé. Comme l’étudiante qui le suit. Et pour cause : la jeune femme à   l’allure austère accompagnée jusque sur le pas de la porte par son père, est   une fraudeuse. Elle présente une fausse inscription de Paris VIII. « Nous   avons tout de suite eu des doutes, raconte Nicolas Duhaut, le responsable du   Cef de Tunis, elle est originaire d’une ville où nous avons eu dans le passé   beaucoup de faux documents. Mon assistante a appelé Paris VIII qui ne la   connaît pas. » Pour le consulat général de France à Tunis, le filtre du Centre   pour les études en France constitue une aide précieuse. Le poste, qui   enregistre plus de 85 000 demandes de visas par an doit en permanence trouver   le juste équilibre entre la gestion du risque migratoire et le « désir de   France ».   « Vu d’ici, la France est un département tunisien, plaisante un fonctionnaire   français, ou l’inverse. Même si le visa est rétabli depuis 1976, les Tunisiens   n’acceptent pas de devoir montrer patte blanche. » Pourtant, depuis le début   de l’année, Paris a demandé à Tunis de reprendre 300 de ses ressortissants   interpellés sans papiers en France.       (Source : « Le Figaro » du 14 octobre 2006)  
 
Tunisie. 50 ans d’indépendance
 
   
 Fathi CHAMKHI (RAID Tunisie)
   
  Le cinquantenaire de l’indépendance de la Tunisie, qui avait mis fin, en 1956,   au « Protectorat » français établi en 1881, vient de passer dans   l’indifférence générale ! Seule exception, le discours du général Ben Ali,   maître absolu de la Tunisie, qu’il a débité devant quelques milliers d’«   applaudisseurs professionnels », rassemblés pour l’occasion dans le Palais des   congrès à Tunis, et retransmis en direct à la télévision,.
   
  Dans son discours, Ben Ali s’est contenté de marteler les mêmes assertions   concernant la poursuite de l’« œuvre du développement intégral », tout en   inventoriant les prétendus acquis des Tunisiens sous son « Ere nouvelle ». Ces   allégations cachent mal le sentiment de ras-le-bol qui règne désormais dans le   pays. Les Tunisiens, d’habitude peu enclins à la révolte, se sentent poussés à   bout par un système économique qui les écrase et un pouvoir politique qui les   étrangle.  
  Désillusionnés, ils ne croient plus en l’avenir !
   
  En effet, un demi-siècle de « gouvernement national » et d’efforts de   développement, n’ont pas réussi à changer la donne de façon radicale en faveur   de la majorité des tunisiens. Celle-ci est aujourd’hui obligée de trimer dans   des conditions économiques et sociales de plus en plus pénibles, afin   d’assurer un revenu minimum. Dans le même temps, toute contestation est   sévèrement réprimée.
   
  Mais, face à la dictature, la majorité des Tunisiens préfère pour le moment   avoir la tête ailleurs ; sa principale préoccupation, c’est de tenter de   réussir à joindre les deux bouts. Les difficultés sont bien pires dans les   rangs de la jeunesse qui est accablée par le chômage, la misère et le manque   de perspectives d’avenir. Aujourd’hui, une majorité de jeunes n’a qu’une idée   en tête : tout faire pour aller tenter sa chance en France, en Italie ou   ailleurs en Europe.
   
  Cette description sommaire de la situation générale en Tunisie, contraste avec   une certaine image perçue de l’extérieur ; celle d’un pays qui réussit plutôt   bien en affaires, qui paraît moderne et assez stable dans un environnement   géopolitique contraignant. La réalité est beaucoup plus nuancée.
   
 LE LIBERALISME NE FAIT QU’EMPIRER LES PROBLEMES   DE LA TUNISIE
   
  Au cours d’un demi-siècle d’indépendance, la Tunisie a connu deux règnes :   celui de Bourguiba (1956-1987), puis celui de Ben Ali (depuis 1987). A chaque   règne correspond un modèle économique et social, mais un unique mode de   gouvernement : la dictature.
   
  Vers le milieu des années 80, le régime de Bourguiba était empêtré dans les   difficultés économiques. Pour s’en sortir, il avait décidé, en 1984, la   suppression des subventions aux produits de première nécessité, ce qui   provoqua contre lui « la révolte de pain », obligeant ainsi Bourguiba à faire   marche arrière. Dans la foulée, le régime fut rattrapé par la crise de la   dette.
   
  En 1986, il avait fini par adopter le Programme d’Ajustement Structurel (PAS),   qu’il refusait quelques années plus tôt. Mais la crise économique s’était   entre temps doublée d’une crise politique en rapport avec la succession du «   Combattant suprême ». Le coup d’État de Ben Ali (7 novembre 1987) était arrivé   à point nommé pour remettre de l’ordre au sommet de l’État, afin de rendre   possible la mise en application des réformes néo-libérales,
   
  Assez rapidement, Ben Ali arrime la Tunisie à la mondialisation néolibérale en   la soumettant au consensus de Washington : en 1990, il adhère au GATT, puis à   l’OMC en 1995 et, la même année, il signe un « Accord de Partenariat » avec   l’Union Européenne qui vise à intégrer la Tunisie, à l’horizon 2008, dans la   zone de libre échange de celle-ci.
   
  De fait, la Tunisie est devenue un pays administré par des institutions   impérialistes pour le compte du capital mondial, telles que la Commission   Européenne, via la « Commission de Partenariat », et surtout les institutions   de Bretton Woods à travers leurs « représentations techniques ».
   
 LA CENTRALITE DE LA QUESTION DE LA DETTE
   
  La dette extérieure a joué un rôle éminemment important dans l’histoire   moderne de la Tunisie. Elle fut, au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle,   le principal prétexte pour la colonisation française de la Tunisie. L’Etat   Beylical fut alors appâté par des emprunts généreux, que lui proposaient les   cercles financiers français. Le Bey, mal conseillé, se laissa prendre au piège.   En 1876, ses finances furent mises sous le contrôle d’une « Commission   financière » franco-britannique. Quelques années plus tard, la France imposa   son Protectorat colonial à la Tunisie.
   
  De nos jours, la dette est devenue le principal vecteur du néocolonialisme.   C’est ainsi que, sous les effets conjugués de l’échec de la politique de   développement et ceux de l’impact de la crise de la dette, le pouvoir de Ben   Ali a été amené à se soumettre aux directives et aux exigences des différentes   institutions impérialistes.
   
  De source d’appoint pour le financement des programmes de développement,   durant les premières années de l’indépendance, la dette est devenue   aujourd’hui un fardeau économique et un argument politique de taille à la   disposition de l’impérialisme.
   
  Sous prétexte de sortir de la crise, de faire face aux paiements extérieurs et   afin de relancer la croissance, Ben Ali s’est engagé dans un processus   d’endettement massif.
   
  Entre 2001 et 2003, l’encours de la dette publique extérieure a progressé de   façon significative, plus de 4,6 milliards de dollars (Mrds), bien plus que   pendant les onze dernières années, où il n’a progressé que de 3,2 Mrds de   dollars.   La charge de la dette par rapport au PNB se maintient à un niveau assez élevé   ; soit 64,7%
   
  Le service de la dette cumulé depuis 1980, représente 28,5 Mrds de $ ; soit   plus de 8 fois le montant de la dette initiale. Dans le même temps, les prêts   nouveaux contractés par la Tunisie ont représenté 27 milliards de dollars ; en   d’autres termes, elle est devenue exportatrice nette de capitaux.
   
  Au cours des dix dernières années, le service de la dette a augmenté selon un   rythme plus élevé que celui du PIB : 62,2% contre 43,4% : le surendettement   est assez clair.
   
  De plus, au cours des dix dernières années, la Banque mondiale est devenue le   principal créancier de la Tunisie. Ainsi, la part des crédits multilatéraux,   contractés essentiellement auprès de cette institution, a progressé entre 1980   et 2003 de 12,3% à 34,4%, dans l’endettement total du pays. Cela a permis à   cette institution impérialiste de tenir sous son joug des leviers essentiels   de l’économie locale, et de prendre part dans la définition de la politique   économique et sociale de l’Etat.
   
  Enfin, l’argent des emprunts nouveaux sert d’abord à rembourser le service de   la dette. La Tunisie se voit obligée de s’endetter afin de payer une dette qui   ne diminue pas. Il apparaît donc bien difficile de soutenir l’assertion du   régime qui justifie les nouveaux emprunts par la nécessité de financer un   hypothétique développement. Rappelons à cet égard que le produit de la   liquidation d’une bonne partie de l’appareil productif, à la suite de deux   décennies de politique de privatisation, n’a pas excédé 1,4 Mrds de dollars ;   soit une valeur inférieure au service de la dette de la seule année 2003 (1,6   Mrds de dollars). De plus, plus des trois quarts des entreprises privatisées   l’ont été au profit du capital européen.
   
 DEFAILLANCE GRAVE AU NIVEAU DES LIBERTES   DEMOCRATIQUES
   
  L’absence quasi-totale des libertés démocratiques est de nature à aggraver une   situation sociale bien difficile, et de rendre la recherche d’alternatives   assez hypothétique. Le pouvoir tunisien qui n’est pas à une contradiction près,   continue pourtant d’affirmer haut et fort qu’il est attaché aux valeurs   démocratiques et qu’il s’attelle à les concrétiser dans toutes les sphères de   la vie sociale tunisienne.
   
  Au lendemain de son coup d’État, en 1987, Ben Ali s’était engagé   solennellement à supprimer la présidence à vie, qui fut instaurée par son   prédécesseur, quelques années auparavant. Il avait même promis la   libéralisation de la vie politique et l’instauration d’un État de droit.
   
  Mais, dix huit ans plus tard, l’encadrement et le verrouillage policier de la   société tunisienne n’ont jamais été aussi importants.
   
  La société tunisienne semble aujourd’hui totalement désarmée face à la double   dictature : celle du marché et celle de Ben Ali. Assez paradoxalement le   dégoût des Tunisiens pour un régime en tout point haïssable, n’a d’égal que   leur indifférence et leur désaffection totale des sphères dans lesquelles se   décide leur avenir. Aujourd’hui, Ben Ali semble avoir gagné par KO contre la   Tunisie ! L’avenir nous dira, peut être, si cette dernière a su trouver les   forces suffisantes pour se redresser à nouveau.
   
 La Lettre du Journal   
AGIR A STRUCTURER L’OPINION
 
 Par M’hamed JAIBI                             La multiplication dans nos rues des tchadors, voiles et autres foulards, pose   une nouvelle fois, sur fond d’exacerbation du choc des civilisations, la   problématique de l’interprétation du texte coranique et des références et   écoles religieuses à travers les siècles et jusqu’à nos jours.   L’encerclement médiatique opéré par les chaînes satellitaires et la montée de   l’intégrisme comme source désespérée de résistance à l’agresseur, ont créé   dans l’ensemble des pays arabo-musulmans un état de fait pré-insurrectionnel   alimenté par les forces maléfiques du néo-colonialisme anglo-saxon.   Les provocations occidentales, qui se multiplient et se diversifient, attisant   la flamme d’un conservatisme passéiste de façade, plus nostalgique que   réellement porteur de projet, cantonnent nos opinions publiques   sud-méditerranéennes dans une attitude de guerre de religion dont nous n’avons   ni l’aspiration ni les moyens. Cette même guerre sainte que Bush, de l’autre   côté, semble appeler de ses vœux.   Dans ce magma d’incertitudes, de marasme économique et de dérive sociale, la   Tunisie se distingue par des choix clairs de modernité et de progrès, qu’il   serait judicieux de consolider et d’affirmer toujours plus haut et plus fort.   Mais cette affirmation de nos profondes aspirations à une vie citoyenne et à   une qualité de vie dignes, nécessite de voir la société tunisienne ressortir   ses énergies les plus profondes, à travers l’adhésion la plus large à un   projet mobilisateur qui serait l’émanation d’un libre débat national auquel   s’associeraient tous les intellectuels du pays.   Ce projet mobilisateur doit être la synthèse des acquis du pays et des   diverses aspirations qui s’expriment ça et là. Il doit intégrer l’ensemble des   problématiques politiques, économiques, sociales, culturelles religieuses et   existentielles qui se dégagent à travers les réflexions, les revendications et   les débats qu’enregistrent les partis politiques, les organisations   socio-professionnelles, le réseau associatif, les clubs universitaires et les   petits cercles de discussion, dont émanent ici et là la multitude des leaders   d’opinion qui, à leur corps défendant, donnent forme à l’opinion publique   nationale.   Cette opinion est aujourd’hui informelle, disparate, contradictoire,   marginalisée. Il serait utile de la structurer et de l’établir dans ses   fonctions.   Cette opinion saura alors faire la part des choses, identifier l’intérêt des   Tunisiens et de leur pays, établir les faits et rétablir la vérité. Elle saura   dire ce qu’il en est vraiment des aspirations populaires, elle saura orienter   les comportements sociaux, elle encadrera les tendances et les us.   En attendant, faut-il vraiment s’inquiéter de la poussée des «foulards   islamiques» dans les rues de Tunis ? Sans doute. Mais il y a mille et une   manières de s’en inquiéter. Et autant d’y réagir.   Le plus judicieux ne serait-il pas d’en appeler à ces leaders d’opinion qui,   tapis dans l’ombre, agissent en snipers, avec force références aux venins de   certaines satellitaires. Ainsi, a-t-on, au dernier «Mouled», mis directement   en cause cette fête religieuse ancestrale, sous le prétexte que chiîtes et   wahabistes ne la célèbrent pas.   C’est dire à quel point notre pays a besoin d’une urgente reformulation de ses   certitudes, de ses références et de son projet de société, sur la base de la   participation la plus large. Cela appelle un resserrement des rangs et   l’association de toutes les forces et sensibilités politiques, syndicales,   associatives, universitaires et intellectuelles. Sans compter la structuration   d’une réelle opinion publique qui saura encadrer les foules. Et qui dira   parfois non.       (Source : Editorial du « Le Journal », N°44 du   14 octobre 2006)   Lien : http://www.gplcom.com/journal/fr/
   
 
De la mesure dans la mesure
 
 Par Ibtissem
   
  Dans cette ambiance télévisuelle ramadanesque on ne peut plus affligeante, une   série de spots sur Hannibal est venue nous réveiller et nous faire un clin   d’œil à intervalles réguliers. Étant simple téléspectatrice et peu versée dans   ce domaine de la médiamétrie, je n’avais rien compris à ces messages qui   s’adressaient à «Am Hassen» comme on s’adresse à son marchand des 4 saisons du   coin pour qu’il vous laisse choisir les bonnes pommes.
   
  Et comme ces spots à répétition se faisant insistants citaient une firme que   je ne connaissais ni d’Eve ni d’Adam, et à force de répéter, j’ai fini par   accrocher et m’intéresser à ce sujet. C’est très simple en vérité :   l’entreprise mise en cause dirigée par un éminent polytechnicien exerce parmi   ses activités les mesures d’audience ; et comme en Tunisie on n’a que 2   chaînes, la nationale et la privée, elle a mesuré on ne sait ni où ni comment   l’audience de ces 2 chaînes et est arrivée à une conclusion que, environ trois   Tunisiens sur 4 regardent la chaîne nationale!
   
  Évidement cela a un impact sur les budgets pub des annonceurs pour qui Ramadan   représente plus de 30% des 100 millions de dinars annuels -je crois même   savoir que les frais de l’émission Dlilek Mlek sont largement couverts par la   pub ; la pub qui fait aussi vivre Hannibal et même WMC. On peut considérer la   réaction de cette chaîne comme légitime, car le budget qui lui sera affecté   s’en ressentira si son audience est si faible.
   
  Cette situation en rappelle d’autres que j’avais vécues à l’éclatement de   l’ORTF et la création de TF1 et de France 2, puis M6 et les autres. Les   querelles à ne plus en finir sur les taux d’audience qui, à l’époque, étaient   dans leur majorité faits par la SOFRES compagnie nationale : lorsque les taux   d’écoute d’A2 étaient meilleurs que de ceux de TF1, ses résultats étaient   critiqués par TF1 laquelle disait qu’une société nationale truquait les   chiffres au profit d’une société nationale, et quand c’était le contraire, A2   prétendait que la SOFRES voulait encourager le groupe Bouygues qui lui avait   proposé d’autres contrats pub plus mirifiques !
   
  De longues années durant, ce fut un combat d’audiences, et le système évolua,   se structura et se développa avec des équipements adéquats et des appareils de   mesure électroniques ; actuellement, on peut, à la personne près, mesurer le   taux des chaînes françaises –cf. site MSN.fr. Alors pourquoi ce déchaînement ?
   
  D’abord, par principe déontologique, les attaques directes sur une firme et   son responsable me dérangent même si les chiffres qu’il aligne ne reflètent   pas la réalité. Ensuite, pourquoi pas une solution à la tunisienne où une   autre firme locale ou étrangère -s’il le faut- ne viendrait-elle pas faire des   contre-mesures et donner un autre éclairage à cette nouvelle donne ? Car,   malheureusement, ces chiffres, qu’ils soient justes ou faux, ont le mérite   d’exister, et j’aurais, avec tout le respect à cette chaîne et à ses efforts   d’animer un paysage télévisuel amorphe, préféré qu’elle utilise d’autres   moyens que ces attaques personnelles et directes sur une firme   tuniso-tunisienne pour nous éclairer sur son audience.
   
  A mon avis, je dirais à première vue que l’audience des 2 chaînes tunisiennes   est équivalente et que le bon tiers qui reste est actuellement accroché aux   chaînes moyen-orientales et occidentales et que cette quotte part ira en se   développant si le ‘’lamentabilisme’’ télévisuel tunisien continue de régner   sur nos chaînes …
   
   
  La retraite reculera-t-elle de 60 ans à 63 ans ? Il semblerait bien que oui si   l’on se tient aux propos du quotidien arabophone Ashourouq qui évoque un   projet dont l’annonce officielle est pour bientôt. Selon le quotidien, qui   cite des sources dignes de foi, l’âge légal pour prétendre officiellement à la   retraite sera désormais de 63 ans et non plus de 60 ans actuellement. Il sera   possible, pour ceux qui le souhaitent, de partir à la retraite à l’âge de 65   ans.   Cette décision, si elle est prise, est justifiée par le fait que la moyenne   d’âge des Tunisiens est de 73,4 ans. Le départ à 60 ans à la retraite signifie   une grande perte pour le pays au vu des compétences et grands cadres qui   arrêtent ainsi et assez tôt leur activité professionnelle. L’autre raison   invoquée est l’allégement des charges des caisses sociales.
   
  Il se trouve cependant qu’un point n’a pas été évoqué est la question du   chômage qui a dépassé en Tunisie, selon les chiffres officiels, les 14%. Le   fait que l’administration ne renouvelle pas ses équipes en recrutant des   jeunes qui vont remplacer le retraités ne va pas certainement pas aider   l’employabilité dans le pays et notamment les diplômés de l’enseignement   supérieur.
   
  R.B.H.
   
“Quand … on est sans pays” ou   l’interdiction d’être enterré sur sa terre
   
 AFP, le 13 octobre 2006 Najeh MOUELHI       TUNIS – Le dernier souhait de Yasser Arafat d’être enterré à Jérusalem n’aura   pas été exaucé, pas plus que celui d’autres Palestiniens considérés comme   d’éternels réfugiés et interdits de sépultures sur “leur terre” : une   situation dénoncée dans le film “Quand on est sans pays” du Palestinien Nasri   Hajjaj.       Ce cinéaste et écrivain a choisi de rendre hommage à ses compatriotes morts à   l’étranger et où ils reposent, la loi israélienne interdisant aux Palestiniens   nés à l’étranger d’être inhumés sur leur terre, dans son film qui sera dans   les salles début 2007.       “Le Palestinien restera un réfugié, même après sa mort, tant que la loi   israélienne lui interdira d’être enterré dans sa patrie”, déclare à l’AFP le   réalisateur, qui réside à Tunis.       Nasri Hajjaj explique qu’il a voulu souligner le problème de cette   interdiction faite par la législation israélienne à un non juif d’être enterré   en “terre d’Israël” y compris Jérusalem s’il est décédé à l’étranger.       Hajjaj, né lui-même dans un camp de réfugiés du Liban il y a 55 ans, a tourné   en Tunisie et au Proche-Orient (Egypte, Jordanie, Liban, Syrie, Territoires   occupés) mais aussi en Europe (Bulgarie, France, Grande-Bretagne) aux   Etats-Unis et au Vietnam.       “Dans chacun de ces pays, dit-il, est enterrée une personnalité palestinienne   importante avec une histoire particulière”.       Pour lui, le temps fort du film se déroule au moment des funérailles du   président de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat, en novembre 2004 et des   images de sa sépulture “provisoire” dans l’enceinte de la Moukataa (son   quartier général de Ramallah, en Cisjordanie). Les autorités israéliennes   avaient refusé qu’Arafat soit inhumé à Jérusalem comme le dirigeant   palestinien l’avait demandé avant de mourir dans un hôpital militaire parisien.       La disparition d’Arafat a constitué “l’évenement majeur qui a fait plonger   dans le vif du sujet en raison des nombreuses questions suscitées par sa mort   et le lieu de son enterrement”, estime le cinéaste palestinien.       L’idée du film lui est venue lorsqu’il s’est rendu, en 1999, pour la première   fois sur la terre de ses parents dans la région d’El Khalil (Cisjordanie),   qu’ils ont été contraints de quitter en 1948 pour passer le reste de leur vie   dans le camp de réfugié d’Ain El Heloué.       Le tournage a démarré fin 2004 à Londres sur la tombe du caricaturiste Naji El   Ali assassiné il y a près de 20 ans.       A Paris, des prises de vues ont été réalisées sur celle de Mahmoud Al Hamchari,   représentant de l’OLP en France assassiné par les services secrets israéliens   dan la capitale française en 1973.       D’autres scènes ont été réalisées en Syrie sur la tombe de Khalil Al Wazir (Abou   Jihad), numéro deux de l’OLP et initiateur de la première Intifada dans les   territoires occupés, assassiné par un commando israélien à Tunis en avril   1988.       Hajjaj s’est également rendu sur les sépultures du premier président de l’OLP,   Ahmed Al Choukeiri, en Jordanie, et d’autres Palestiniens inhumés en Bulgarie,   aux Etats-Unis et au Vietnam.       En Tunisie, il a aussi filmé des tombes d’exilés palestiniens tués lors d’un   bombardement de l’aviation israélienne en octobre 1985 sur le quartier général   de l’OLP à Hammam Chott, dans la banlieue sud de Tunis, et la tombe de Salah   Khalef (Abou Iyad), bras droit et chef des services de renseignement de Yasser   Arafat, assassiné en janvier 1991.       Le film montre également des images des cimetières des camps de réfugiés d’Ain   El Héloué au Liban, datant du premier conflit israélo-arabe en 1948. Des   séquences ont été tournées au “cimetière de l’ennemi mort”, en Israël, où   reposent des combattants palestiniens tués entre 1948 et la deuxième intifada.       Le film, dont le budget est d’environ 200.000 dollars, a été produit par la   société tunisienne Familia production de Fadhel Jaibi.       AFP
Les illusions arabes de Jacques Chirac
   
 Patrice Claude       Au Maghreb, Mohammed VI, le roi du Maroc, trouve sa tutelle “pesante” et   poursuit un rapprochement accéléré avec les Etats-Unis. Abdelaziz Bouteflika,   le président algérien, qu’il a soutenu dès 1999, lui refuse ce grand traité   d’amitié franco-algérienne qui mettrait enfin un terme aux vieilles   récriminations. Zine Ben Ali, le maître de la Tunisie, avec qui il s’est   beaucoup compromis, notamment sur la question des droits de l’homme, “tourne   mal” et devient infréquentable.       Au Machrek, Abou Mazen, le successeur russophile de Yasser Arafat à la   présidence de l’Autorité palestinienne, l’ignore royalement. Bachar Al-Assad,   le jeune dictateur syrien sur qui le président avait tant parié pour ouvrir le   régime et laisser le Liban tranquille, est devenu son ennemi personnel lorsque   – Jacques Chirac en est convaincu et il n’est pas le seul – il a fait   assassiner son très proche ami libanais, Rafic Hariri. Le Hezbollah, dont la   France était la seule à refuser l’inscription sur la liste noire des   organisations “terroristes”, n’a pas digéré la résolution 1559, qui lui fait   obligation de désarmer, et que Paris, visant la Syrie, a concoctée – et fait   voter à l’ONU en septembre 2004 – avec l’administration Bush.       Aux Emirats arabes unis, son “grand ami” Cheikh Zayed est mort. C’est un fils   peu connu à l’Elysée qui lui a succédé. Le roi Abdullah d’Arabie saoudite   l’aime bien, mais c’est d’abord la poursuite du soutien américain à la   dynastie régnante qui l’obsède. Quant à l’Irak… Depuis l’invasion de mars   2003, la France, largement absente du terrain, n’y existe pratiquement plus.       Tel est le sombre – trop sombre ? – tableau d’une “politique arabe”   chiraquienne par trop personnalisée autour des autocrates dirigeants, et par   trop oublieuse des peuples et des grands principes, donc soumise à toutes   sortes de volte-face, de zigzags et de tête-à-queue. Que restera-t-il de la “politique   arabe” de Jacques Chirac dans dix ou quinze ans ?, s’interrogent les deux   auteurs, journalistes à Libération. Son opposition ferme, résolue et, en   l’occurrence, visionnaire à la guerre en Irak, est-on tenté de répondre.   L’intervention militaire à Bagdad, que l’administration Bush préparait dès   novembre 2001, “offrira l’Irak à l’Iran”, confie le président à Jean-Pierre   Chevènement six mois avant l’invasion. “Les faits lui donneront amplement   raison”, admettent les auteurs, qui regrettent cependant l’”outrance” du défi   hexagonal à l’Amérique.       Jacques Chirac, qui avait su, avant la guerre, envoyer promener tous les   “atlantistes” militants de son camp – le député UMP Pierre Lellouche notamment,   qui a, depuis, recyclé ses certitudes néoconservatrices auprès de “Sarkozy   l’Américain” -, a-t-il regretté son action par la suite ? Sur la forme,   sûrement. Brandir son veto à la télévision au moment où la diplomatie   américaine s’efforçait d’obtenir une majorité au Conseil de sécurité des   Nations unies était “une connerie”, confie un de ses proches. Le président   s’est-il effrayé après coup de sa témérité ? A-t-il éprouvé de l’amertume   envers ces “amis arabes”, hostiles à la guerre pour la galerie mais prêts, en   coulisse, à donner un coup de main à Washington, comme l’ont fait la Jordanie   et d’autres au Machrek ? Ou bien a-t-il finalement conclu que, maintenant que   l’Amérique est embourbée, la France est dans le même bateau ? Une chose est   sûre, la “politique arabe” française a changé.       Au printemps 2006, Maurice Gourdault-Montagne, le conseiller diplomatique en   chef de Jacques Chirac, a résumé la diplomatie du président d’une formule   lapidaire : “Eviter toute confrontation.” Avec qui ? Les Etats-Unis. C’est un   peu, écrivent Christophe Boltanski et Eric Aeschimann, “comme si, désormais,   l’unique objectif (de Paris) était de faire la paix avec… Washington”.       Chirac d’Arabie : les mirages d’une politique française. Christophe Boltanski   et Eric Aeschimann. Grasset, 430 pages, 19,90 ¤.       (Source : « Le Monde » du 14.10.06)
Le réalisateur de la “Bataille d’Alger”   est mort
   
  Le cinéaste italien Gillo Pontecorvo, décédé jeudi à Rome à 86 ans, restera   dans l’histoire du cinéma grâce à son film controversé sur la guerre d’Algérie,   interdit de diffusion pendant près de 40 ans en France.        Gillo Pontecorvo était reconnu comme l’un des plus grands réalisateurs   italiens de l’après-guerre, deux fois candidat aux Oscars, et père de la «   Bataille d’Alger ». Cinéaste engagé, Pontecorvo avait déclaré en 1983 au   Guardian : «Je ne suis pas un révolutionnaire à tout prix. Je suis simplement   un homme de gauche, comme beaucoup de Juifs Italiens.»        Né à Pise en 1919, Gillo Pontecorvo se lance d’abord dans des études de chimie.   Pendant la Seconde Guerre mondiale, il travaille comme journaliste et messager   pour le parti communiste italien. Une fois la paix signée, il devient   correspondant à Paris de plusieurs journaux italiens. C’est alors qu’il voit «   Paisa » de Rossellini : il abandonne aussitôt son métier de journaliste,   achète une caméra et commence à tourner des courts métrages documentaires.        Des films à caractère social        En 1956, « Giovanna » relate la grève des femmes dans une usine de tissus.   L’année suivante, il tourne son premier long métrage, « La Grande route bleue   » (La grande strada azzura), aussi exploité sous le titre «Un dénommé Squarcio».   Cette adaptation d’une nouvelle de Franco Solinas, son scénariste de   prédilection, décrit la vie difficile d’un petit village de pêcheurs où l’on   voit notamment Yves Montand lutter pour nourrir sa famille. En 1959, « Kapo »   narre l’histoire d’une jeune fille juive, internée dans un camp de   concentration et qui devient l’auxiliaire des officiers nazis.        La controverse de la « Bataille d’Alger »        Fortement marqué par la guerre d’Algérie, Gillo Pontecorvo avait très vite   songé à réaliser un long métrage sur le conflit, mais celui-ci ne voit le jour   que trois ans après la fin des hostilités, lorsque Yacef Saadi, un des chefs   militaires du FLN à Alger, lui propose l’idée d’un film basé sur ses propres   souvenirs de combat.        Tourné avec des non professionnels (excepté Jean Martin, dans le rôle du   colonel Mathieu à la tête des parachutistes français), « La bataille d’Alger »   traite de la lutte pour le contrôle de la Casbah en 1957 entre les paras   français et les hommes du FLN, avec l’usage de la torture d’un côté et les   attentats aveugles de l’autre.        Interdit en France, le film finit par sortir en 1971 avant d’être très vite   retiré des écrans. En 2003, le film, considéré comme un modèle d’enseignement   sur la guérilla urbaine, est projeté au Pentagone en vue de préparer la guerre   en Irak. Le film ne ressort en France qu’en 2004, presque 40 ans après sa   réalisation.        Le colonialisme avec Marlon Brandon        Après « La bataille d’Alger » en 1965, il revient en 1971 avec « Queimada »   sur le colonialisme, cette fois dans les Antilles du XIXe siècle. L’histoire   du cinéma a surtout retenu les caprices sur le plateau de la star Marlon   Brando. En 1979, il tourne son dernier long métrage, « Ogro », qui traite du   terrorisme à travers le meurtre du successeur du général Franco, et de la fin   d’une dictature.        (Source : lefigaro.fr (Avec AFP), le 13 octobre 2006)
Les sucreries du ramadan
   
 Jean-Claude Ribaut     Depuis quelques semaines, les pâtisseries orientales ont ravivé leurs étalages   qui, à profusion, offrent tard le soir mille et un délices sucrés et colorés.   La Bague de Kenza, rue Saint-Maur à Paris, brille de tous ses feux, tandis que   les épiceries spécialisées du quartier regorgent de fruits secs, épices,   dattes, miel et beurre destinés à la préparation des gâteaux du ramadan. Le   début du ramadan, date mobile au neuvième mois lunaire du calendrier hégirien,   tombait cette année le 24 septembre, le même jour que le Nouvel An juif. Ce   jour-là, comme le chantait Charles Trenet, le Soleil avait rendez-vous avec la   Lune. Le ramadan est l’un des cinq piliers de l’islam, une période de jeûne   destinée à commémorer la Nuit du destin au cours de laquelle le Saint Coran   fut révélé au Prophète (97e sourate). Une période exceptionnelle, qui impose   au croyant de ne rien absorber entre le lever et le coucher du soleil, mais   lui permet de se rattraper la nuit tombée. A la différence du carême et de sa   diététique pénitentielle, le ramadan, qui dure trente jours, privilégie les   mets reconstituants, les gâteaux sucrés et parfumés à l’eau de rose ou à la   fleur d’oranger.           Les pâtisseries du Maghreb sont les plus familières en France. Les Tunisiens   disputent aux Marocains la palme des “pâtisseries orientales”, terme générique   qui désigne des sucreries très raffinées, tels le makroudh (gâteau de semoule   trempé dans du miel et fourré de dattes), le ghrayba (sucre, farine de pois   chiches et beurre salé formant une pâte sèche) ou bien la samsa, qui est une   feuille de brick farcie aux fruits secs moulus. Le baklava, d’origine turque,   présente un feuilletage assez compact fourré de pâte d’amande, comme le kaak   tunisien, auquel s’ajoutent les saveurs délicates de la pistache et de la   noisette.       Quelques gâteaux toutefois, selon les traditions locales, sont réservés au   ramadan. Le griouach (el-mkharka aux amandes) est un mélange de farine,   d’oeufs, de beurre et d’huile, d’amandes moulues, de sésame grillé, d’anis et   de cannelle, de safran et de fleur d’oranger, lié d’un trait de gomme arabique   et relevé d’un verre de vinaigre, selon l’usage importé d’Orient. Découpée en   forme de fleurs, la pâte est plongée dans la friture, puis dans le miel tiède.   Le sellou est un gâteau de farine dorée à la poêle, de graines de sésame,   parfumé à l’anis et à la cannelle, formant une pyramide saupoudrée de sucre   glace.       A base de sucre, de lait, de farine et de pâte de sésame, coloré au curcuma et   agrémenté de pignons de pin, le sfouf est un gâteau traditionnel que l’on cuit   dans un four avant de le découper en carrés ou en losanges. On le trouve au   Liban comme dans tout le Maghreb. La galette aux mille trous (ghrayef) trouve   également son origine au Moyen-Orient. C’est une recette familiale qui n’a   comme différence avec les crêpes de la Chandeleur que la semoule de blé fin   tamisée, ajoutée à la farine et à la levure, largement mouillée d’eau tiède   pour donner une pâte veloutée. Une demi-louche répandue d’un geste maîtrisé   dans une poêle chaude suffit à confectionner une crêpe que l’on ne fera cuire   que d’un seul côté. Lorsque la surface se recouvre de petits trous – d’où son   nom -, la galette est cuite.       Pour confectionner le chabakya, il faut d’abord mouiller les filaments de   safran avec la fleur d’oranger, puis avec la levure. La pâte est composée de   farine, de sésame, fenouil, sel, gomme arabique pilée, cannelle, sucre, un   demi-verre de vinaigre, l’huile d’olive, le beurre fondu, la levure, le safran   et deux oeufs battus. Un pétrissage énergique permet d’obtenir une feuille   très fine, découpée en carrés, puis incisée, de manière à permettre un   entrelacs de lanières qui forment bientôt une rose. Plongé dans la friture   puis le miel chaud, et saupoudré de sésame grillé, c’est l’un des gâteaux les   plus prisés du ramadan.       Le menu de ramadan du restaurant Oum-el-Banine, à Paris (16e), servi le soir   uniquement, est respectueux de la tradition. Son propriétaire, Ahmed Termidi,   né à Mazagan, au sud de Casablanca, ancien du Nikko au temps de Joël Robuchon,   met un point d’honneur à respecter les saveurs d’une cuisine dont il connaît   les usages.       Rituellement, la rupture du jeûne est marquée par une datte servie avec un   verre de lait. Viennent ensuite le chabakya, puis la galette aux mille trous.   Le repas se poursuit avec la harira, un potage aux saveurs de persil,   coriandre et tomate. Couscous ou tagines suivent. Mais rien n’interdit de   déguster le délicat harguma, pied de veau aux pois chiches et blé concassé,   finement pimenté, avec lequel la règle impose de ne boire qu’un verre de jus   de fruit. Le repas sera complet avec d’autres pâtisseries ou bien une   rafraîchissante salade d’orange à la cannelle. Le repas (40 euros tout compris)   se termine par le thé à la menthe ou le café maure, l’un comme l’autre   parfumés à la fleur d’oranger.       La Bague de Kenza. 106, rue Saint-Maur, 75 011 Paris. Tél. : 01-43-14-93-15.   Ouvert jusqu’à 22 heures. L’une des meilleures pâtisseries algériennes de la   capitale.       Oum-el-Banine. 16 bis, rue Dufrenoy, 75016 Paris. Tél. : 01-45-04-91-22.   Cuisine marocaine très raffinée (menu du ramadan 40 euros).       (Source : Le Monde, le 11 octobre 2006)
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