10 mars 2006

TUNISNEWS
6 ème année, N° 2118 du 10.03.2006

 archives : www.tunisnews.net


AFP: Les Verts français dénoncent la légalisation d’un « pseudo parti Vert » en Tunisie

MAP: Tunis prévoit 1,2 milliard de dinars d’IDE en 2006

AFP: Le Fonds de l’Onu pour la Démocratie a réuni 41 millions de dollars AFP: Premières télévisions privées au Maroc en avril prochain AFP: Le monde arabe, parent pauvre de la révolution numérique

AFP: L’humoriste français Dieudonné condamné pour des propos antisémites L’Editorial de L’Audace: Quelle independance  ?? Le Monde: Pour les journalistes algériens, le temps de la liberté et de l’insolence est révolu

 

Les Verts français dénoncent la légalisation d’un « pseudo parti Vert » en Tunisie

 
AFP, le 10 mars 2006
 
PARIS – Les Verts français ont dénoncé vendredi la légalisation par la « dictature » du président tunisien Zine El Abidine Ben Ali d’un « pseudo parti Vert entièrement à ses ordres » et réclamé l’autorisation du « véritable parti Vert tunisien ».
Dans un communiqué intitulé « la dictature de Ben Ali choisit ses Verts », les Verts ont condamné « l’imposture par laquelle le pouvoir dictatorial de Ben Ali vient de légaliser un pseudo parti Vert entièrement à ses ordres quand le véritable parti Vert tunisien, +La Tunisie Verte+, dirigé par Abdelkader Zitouni, attend vainement sa légalisation depuis près de deux ans ».
Cette situation s’explique, selon les Verts par le fait que « +Tunisie Verte+ mettait en effet en avant non seulement la défense de l’environnement mais aussi la démocratie, les droits de l’Homme et les droits des femmes ».
« D’autre part, ce parti a inscrit d’emblée son action aux côtés des forces progressistes et de gauche du pays tout en initiant un fécond travail commun avec les Verts français et européens », ajoute le texte.
Un premier parti écologiste tunisien, le « Parti des verts pour le progrès » a annoncé le 3 mars à Tunis sa légalisation par les autorités.
Dirigé par Mongi Khammassi, député et ancien membre du bureau politique du Parti social démocratique libéral (PSDL, opposition légale), il affirme vouloir privilégier « l’interaction avec les organes de l’Etat et les différents pouvoirs publics pour la réalisation de ses objectifs ».

 

Tunis prévoit 1,2 milliard de dinars d’IDE en 2006

 
MAP, le 7 mars 2006
 
La Tunisie prévoit des investissements directs étrangers (IDE) de l’ordre de 1,2 milliard de dinars (10 dirhams = 1,5 dinar environ) en 2006, dépassant ainsi les estimations du 10ème Plan (2002-2006), a estimé mardi le ministre tunisien du Développement et de la Coopération internationale, M. Mohamed Nouri Jouini.
 
Intervenant devant la chambre des députés à l’occasion de l’adoption de deux projets de loi portant ratification de deux conventions relatives à l’impulsion et la protection réciproques de l’investissement conclues entre la Tunisie et le Congo, d’une part, et la Tunisie et la Chine, d’autre part, le ministre a constaté que les IDE continuent à croître, réalisant la valeur d’environ un milliard de dinars en 2005, soit une progression de 25 pc par rapport à 2004.
 
Il a indiqué que ces résultats ont pu être accomplis « grâce à l’environnement d’affaires et d’investissement incitatif qui prévaut en Tunisie ».
 
Les deux conventions visent à instaurer « un environnement incitatif à l’investissement et à promouvoir l’initiative privée » avec ces deux pays.
 
M. Jouini a estimé que le volume des investissements tunisiens dans les pays africains » est encore modeste », évoquant « la nécessité de mettre à profit les opportunités qui s’offrent dans ces pays, notamment dans le cadre de la coopération triangulaire ». Il a annoncé que des rencontres de partenariat entre des chefs d’entreprises tunisiens et chinois sont programmées au cours du mois de mars en Chine.
 


MAGHREB CONFIDENTIEL N° 732 du 09/03/2006
 
Tunis

Bisbilles entre les « célèbres » actionnaires d’une unité d’exportation d’huile d’olive ?

 
Les hommes d’affaires saoudiens Walid Ibn Talal et Cheikh Mohamed Ben Aissa Al Jaber (MBI) ne seraient plus en phase avec les enfants du leader palestinien Farouk Al Kaddoumi (ex ministre des affaires étrangères de l’OLP), leurs partenaires dans une affaire d’exportation d’huile d’olive à Ben Arous. Ben Aissa Al Jaber qui vient, par ailleurs, de signer à Tunis avec l’International Maghreb Merchant Bank (IMBank) une convention portant création du MBI Tunisia Fund, va reprendre quelques hôtels pas très rentables.


 

LIBYE

Ghannouchi félicite Seif el-Islam

 
Le chef du mouvement islamiste tunisien Ennahdha, Rached Ghannouchi, qui vit en exil à Londres depuis une quinzaine d’années, a téléphoné, le 2 mars, à Seif el-Islam Kaddafi. Il tenait à féliciter le fils du leader libyen, qui préside une organisation caritative, d’avoir réussi à faire libérer les 84 membres de la confrérie des Frères musulmans libyens emprisonnés depuis 1998 et dont trois dirigeants étaient condamnés à la peine capitale.
 
(Source : Jeune Afrique N°2356 du 5 au 11 mars 2006)


France Telecom : le dossier Tunisie Telecom en ligne de mire…

 
10 Mars 2006 à 11h11 
 
C’est finalement 6 candidats qui se sont manifestés sur le dossier Tunisie Telecom portant sur l’achat de 35% de l’opérateur tunisien. Parmi ces 6 groupes France Télécom est en bonne position aux côtés de Vivendi Universal, Telecom Italia, MTN, Etisalat et Tecom.
 
Le début des enchères est programmé la deuxième quinzaine de mars. L’affaire devrait être bouclée cet été.
 
Côté français, rappelons que VU possède déjà une part importante du capital de Maroc Telecom…
 
(Source : le site « boursier.com », le 10 mars 2006)

 

Le Fonds de l'Onu pour la Démocratie a réuni 41 millions de dollars

AFP, le 06.03.2006 à 21h57
 
NEW YORK (Nations unies), 6 mars 2006 (AFP) - Le Fonds des  Nations unies pour la Démocratie (Fnud), destiné à aider les pays  cherchant à établir ou à renforcer leur démocratie, a reçu plus de  41 millions de dollars de contributions des Etats membres, a annoncé  l'Onu lundi.
 
Le Comité consultatif de ce fonds créé en juillet par le  Secrétaire général de l'Onu, Kofi Annan, s'est réuni à New York pour  discuter de ses modalités de fonctionnement et de ses programmes, a  indiqué Stéphane Dujarric, porte-parole de M. Annan, dans un  communiqué.
 
M. Annan considère ce fonds comme "un mécanisme innovant et  flexible pour faire avancer les principes démocratiques des Nations  unies", ajoute le communiqué. Le Fnud "soutiendra des projets visant  à consolider les institutions et processus démocratiques, tels que  la rédaction de constitutions et le développement de médias  pluralistes".
 
Il financera également des projets "visant à autonomiser les  sociétés civiles, renforcer l'état de droit, accroitre la  participation populaire aux processus électoraux et assurer que les  populations sont en mesure d'exercer leurs droits démocratiques",  indique le texte.
 
Selon l'Onu, les contributions et promesses de contributions à  ce fonds se montent pour l'instant à 41,114 millions de dollars. Les  plus gros donateurs sont les Etats-Unis et l'Inde avec 10 millions  de dollars chacun.
 
La création de ce fonds, annoncée par M. Annan lors du sommet  africain de Syrte (Libye) en juillet, fait partie de la vaste  réforme de l'Onu en cours actuellement.
 
L'ambassadeur d'Allemagne à l'Onu, Gunter Pleuger, a indiqué à  la presse que son pays, qui a donné 1,6 million de dollars au Fnud,  attendait maintenant que celui-ci "agisse rapidement et propose des  projets concrets qui puissent avoir un impact sur le terrain (...)  et que l'argent versé puisse être utilisé rapidement".
 
Son homologue américain, John Bolton, a affirmé que ce fonds  "est une priorité très haute pour les Etats-Unis" qui, outre leur  contribution de 10 millions de dollars, sont "prêts à verser 7,9  millions de dollars supplémentaires en 2006, ce qui porterait leur  part à quelque 34% du total".
 
M. Bolton a souligné la nécessité de profiter du lancement de ce  nouveau fonds "pour établir des critères de performance, une  approche mettant l'accent sur les résultats". "Nous avons une chance  de faire les choses un peu différemment, dans le cadre de la  réforme, d'oeuvrer à des résultats tangibles (...), à des projets  qui feront réellement avancer la démocratie", a-t-il dit.
 
Il a indiqué que le comité consultatif n'avait pas encore de  liste de pays susceptibles d'être les premiers bénéficiaires du  fonds. Il a estimé important que "les pays souhaitant être aidés en  tant que démocraties émergentes se désignent eux-mêmes en présentant  des projets nous permettant de voir quels sont les plus intéressés  et les plus motivés".
  


 

Le monde arabe, parent pauvre de la révolution numérique

AFP, le 10.03.2006 à 08h09
Par Taïeb MAHJOUB
 
DOHA, 10 mars 2006 (AFP) -  Le monde arabe fait figure de parent  pauvre de la révolution numérique, avec seulement 3,7%  d'utilisateurs d'internet, selon des participants à la conférence  mondiale sur le développement des télécommunications, qui se  poursuivait vendredi à Doha.
"La présence arabe sur le réseau internet est presque nulle  (...), se réduisant à quelques sites d'informations ou des sites  personnels", déplore le ministre syrien des Télécommunications et de  la Technologie, Amr Salem.
Les raisons en sont d'ordre technique "avec l'absence d'un  portail arabe, les connexions sur le réseau passant obligatoirement  par l'Europe ou l'Amérique, ce qui augmente les coûts", a-t-il dit.
En outre, "le manque d'un cadre juridique couvrant la région  arabe et l'hésitation des investisseurs" à opérer dans les  télécommunications sont autant d'obstacles qui handicapent le  secteur, en plein boom dans les pays industrialisés, a-t-il ajouté.
En 2004, sur une population totale de 316 millions d'habitants,  les 22 membres de la Ligue arabe --avec un PIB cumulé de 813  milliards de dollars et un revenu par tête d'habitant de 2.571  dollars-- ne comptaient que 11,755 millions d'utilisateurs  d'internet, soit un taux de pénétration de 3,71%, selon des  statistiques obtenues auprès de l'Union internationale des  télécommunications (UIT), qui organise la conférence de Doha.
En revanche, le téléphone portable progresse dans le monde arabe  avec, en 2004, 45,9 millions d'abonnés et un taux de pénétration de  14,51%, contre 27,1 millions d'abonnés et un taux de pénétration de  8,59% pour le téléphone fixe, selon la même source.
En 2004, les pays du G8 comptaient 429 millions d'internautes,  contre 444 millions d'internautes dans le reste du monde.
L'utilisation de l'internet dans le monde arabe connaît une  évolution "disparate" d'une région à une autre, a indiqué à l'AFP le  représentant de l'UIT dans la région arabe, Ibrahim Haddad, citant  une évolution "très rapide" dans les riches monarchies pétrolières  du Golfe.
"Mais les pays arabes souffrent en général de problèmes liés à  l'infrastructure ainsi que de la pauvreté, de l'analphabétisme et de  l'analphabétisme numérique en particulier", a-t-il ajouté.
Les pays arabes sont conscients de la nécessité de remédier aux  difficultés et ils "sont unanimes à vouloir promouvoir" les  technologies de l'information, a indiqué Amr Salem, laissant  entendre que ce secteur est à l'abri des divergences politiques qui  marquent d'habitude les relations interarabes.
"Il n'y a aucun pays arabe qui puisse redouter le commerce  électronique ou les services numériques sur l'internet", a-t-il  assuré, tout en déplorant les retards pris dans la mise en place  d'un cadre juridique pan-arabe pour la réglementation du secteur des  technologies de l'information.
M. Haddad est plus optimiste. "La moitié des pays arabes se sont  dotés d'organismes indépendants de télécommunications, ce qui aide à  régler en partie les problèmes juridiques et rassure les  investisseurs", a-t-il dit.
En outre, les pays arabes ont déjà privatisé 43% de leurs  principaux opérateurs de télécommunications, a-t-il poursuivi,  précisant que l'internet est à 76% ouvert au secteur privé, et la  téléphonie mobile à 87%.
Au plan régional, le secteur privé sera largement associé à la  réalisation d'un projet de connexion interarabe sur l'internet,  baptisé "Regional Access Point" et initié par les pays arabes en  coopération avec l'UIT pour un coût estimé à 200 millions USD,  a-t-il encore indiqué.
Selon lui, il s'agit d'un des six projets arabes approuvés lors  du sommet mondial de la Société de l'information de Tunis (novembre  2005) et incluant la création d'une banque de données documentaire  numérique. Baptisé "Mémoire arabe", ce projet a été mis en chantier  par le Maroc, a-t-il dit.


 

Premières télévisions privées au Maroc en avril prochain

 
AFP, le 09.03.2006 à 14h26
 
                      RABAT, 9 mars 2006 (AFP) - Le Maroc va octroyer en avril  prochain une première "vague" de licences pour la création de  télévisions et radios privées, a indiqué jeudi la Haute autorité de  la communication audiovisuelle (HACA) à Rabat.
                      Sur neuf projets de télévisions privées, quatre ont été déclarés  "recevables" ainsi que 31 projets de radios privées sur un total de  52, ajoute le communiqué.
                      Il s'agit de "la première vague de licences pour de nouveaux  services audiovisuels privés", ajoute la même source.
                      Les auditions des porteurs de projets de "radiodiffusion sonore  et télévisuelle" vont démarrer le 13 mars, et les appels à  concurrence une semaine plus tard.
                      Au terme des procédures réglementaires, Le Conseil supérieur de  la communication audiovisuelle (CSCA) rendra ses décisions au cours  de la première semaine d'avril 2006.
                      Le Maroc compte deux grandes télévisions, toutes deux publiques  - TVM à Rabat et 2M à Casablanca. 
                      Il compte également une grande radio nationale, une radio  régionale qui émet d'El Ayoun - chef-lieu du Sahara occidental - et  la radio franco-marocaine Medi1 qui émet de Tanger, et cible les  pays du Maghreb. 


L’humoriste français Dieudonné condamné pour des propos antisémites

   
AFP, le 10.03.2006 à 14h37
 
                      PARIS, 10 mars 2006 (AFP) – L’humoriste controversé Dieudonné,  né de mère française et de père camerounais, a été condamné vendredi  par le tribunal correctionnel de Paris à 5.000 euros d’amende pour  des propos antisémites assimilant les « juifs » à des « négriers ».
                      Dieudonné M’Bala M’Bala, qui a annoncé récemment son intention  de se présenter à l’élection présidentielle française de 2007, a été  reconnu coupable d' »incitation à la haine raciale » pour ces propos  tenu dans une interview avec l’hebdomadaire français Le Journal du  dimanche (JDD) en février 2004.
                      L’humoriste, absent à la lecture du jugement, devra aussi verser  un euro symbolique de dommages et intérêts à la Ligue internationale  contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA), à l’Union des  étudiants juifs de France (UEJF), au Consistoire israélite de  France, à Avocats sans frontières et à SOS Racisme, associations  s’étant portées parties civiles.
                      Dans Le Journal du Dimanche, le 8 février 2004, Dieudonné avait  déclaré: « +sale nègre, les juifs auront ta peau+, voilà le genre de  slogans que j’ai entendus. Ce sont tous ces négriers reconvertis  dans la banque, le spectacle et aujourd’hui l’action terroriste qui  manifestent leur soutien à la politique d’Ariel Sharon ».
                      Lors de l’audience de fond le 27 janvier, Dieudonné s’était  défendu d’avoir voulu assimiler « juifs » et négriers », expliquant  qu’il faisait référence au soutien « indéfectible » qu’Israël avait  apporté au gouvernement d’apartheid en Afrique du Sud « qui opprimait  les Noirs ».
                      Le parquet avait demandé sa condamnation, estimant que Dieudonné  avait eu recours à un « cliché antisémite ».
                      L’humoriste se trouve depuis plusieurs mois au cœur d’une  intense polémique et ses prises de position lui ont valu plusieurs  procès, qu’il avait jusqu’à présent gagnés.
                      En novembre 2003, il avait affirmé que les juifs étaient « une  secte, une escroquerie », ajoutant: « C’est une des plus graves parce  que c’est la première. » Il sera prochainement rejugé pour ces  déclarations.
                      Mais c’est son apparition, en décembre 2003 à la télévision,  grimé en juif religieux, exécutant le salut nazi au cri de  « IsraHeil », qui a suscité la plus vive polémique, suivie d’une  déclaration, en février 2005 à Alger, dénonçant la « pornographie  mémorielle » autour de la mémoire de la Shoah. 
 
AFP                                   

 

 
EDITORIAL DE « L’AUDACE »

QUELLE INDEPENDANCE  ??

 
Du haut de ses douze années d’existence, l’Audace contemple sereinement les réalités tunisiennes, qu’il a accompagnées depuis 12 ans. 50 ans après l’indépendance formelle, notre journal, comme tous les Tunisiens libres, se rend à l’évidence : le 20 mars 1956 n’était qu’une première indépendance. La seconde, la vraie, l’authentique indépendance reste un projet et un rêve à réaliser.
 
Qu’est-ce qu’en effet qu’une indépendance où le peuple n’a aucune liberté que celle accordée par le chef de l’Etat ? Qu’est-ce que l’indépendance dans un régime où le pouvoir est entièrement concentré aux mains d’un individu ? Qu’est-ce qu’une indépendance où la vie politique, sociale est régie, régulée, structurée par l’usage de la torture, par la répression de toute velléité d’autonomie et de tout souffle libre, ainsi que par une corruption généralisée qui s’apparente à un pillage en règle de tout un pays ? Comment peut-on parler d’indépendance lors même que tout est construit sur le faux : fausse justice, fausses lois, faux parlement, à deux chambres, qui plus est -, fausses élections, fausses associations, faux partis…
 
Même l’amnistie est fausse. La dernière en date n’a concerné que des détenus en fin de peine ou des affaires elles-mêmes aussi fausses que fortement médiatisées.
 
A chaque fois que la société bouge, le naturel réapparaît. La milice, que l’on qualifie encore trop souvent de police, se met à l’œuvre. La justice aux ordres jette quelqu’un comme Mohamed Abbou au trou et ne rougit nullement lorsque l’exécutif libère à sa guise, les dangereux terroristes qu’elle avait condamnés à des décennies de prison. Là où il y a un arpent d’espace de libre concurrence politique ou associative, le pouvoir rameute ses sbires pour intimider, décourager, diviser ou submerger ceux qu’il perçoit comme ses adversaires. C’était le cas chez les magistrats spoliés de leur association et c’est ce qui attend les jeunes avocats s’ils ne prennent garde aux manœuvres destinées à les empêcher de récupérer leur prestigieuse association. Certains opposants parmi eux se sont retirés de la course au Bureau directeur de l’ATJA ; ils semblent avoir pris la mesure de l’erreur commise il y a deux ans ayant entraîné la capture de leur organe rassembleur et sa transformation en khaliya bis. C’est un geste qu’il faut saluer, car il permettra très certainement la résurrection de l’ATJA, si l’élection se passe correctement, ce qui est loin d’être acquis.
 
Sur le plan international, M. Rumsfeld vient d’effectuer une courte visite à Tunis. Cela a suffi pour qu’on lui impute la paternité de la libération des prisonniers politiques. On remarquera que le pouvoir s’efforce au devant des plus secrets désirs de cette puissance amie».
 
C’est notamment vrai pour ce qui est de la répression, pour le moins mesurée de tous les opposants que les Américains connaissent bien. On évaluera encore davantage l’indépendance de Tunis à l’égard des USA au vu de la position docile qu’il adoptera à l’égard de la cause palestinienne après le succès électoral du Hamas !. Jusqu’ici on ne peut pas dire que cette nouvelle donne ait particulièrement enthousiasmé le pouvoir tunisien, qui semble s’être aligné sur les positions jusqu’auboutistes de la droite likoudienne colonisatrice chérie par M. Rumsfeld.
 
Dans ces circonstances, le peuple tunisien ne peut compter que sur ses propres moyens pour se libérer du joug bénalien destiné à durer au-delà des élections de 2009. Le combat interne devra porter dès à présent sur la nécessaire mobilisation post-18-Octobre. La conjoncture internationale actuelle limite la marge de manœuvre du pouvoir, comme l’a montré avec éclat le SMSI. Il incombe aux leaders d’opinion tunisiens de continuer à réclamer le droit à l’alternance pacifique au pouvoir. Cela passe immanquablement par l’explicitation sans équivoque de cet objectif central. Doit donc être révolu le temps où l’on réclamait une libération par-ci, un passeport par-là, voire même une amnistie générale, encore trop souvent présentée comme un objectif en soi.
 
La société politique tunisienne se doit de faire le ménage dans ses rangs. Une association légale qui se conforme scrupuleusement aux vœux du pouvoir doit être dénoncée comme ce qu’elle est, c’est-à-dire objectivement un rouage de la tortiocratie régnante. Son action est rendue encore plus nuisible par son objet social souvent très louable et sa réputation d’autonomie.
 
Les femmes authentiquement démocrates, par exemple, ne sauraient se reconnaître dans une ATFD qui refuse de souscrire à une revendication aussi modeste que l’amnistie générale. Les Naziha Rjiba, Sihem Bensedrine, Khadija Chérif et autres Souhair Benlhassen ou Sana Ben Achour ont assez de prestige, de crédibilité, d’honnêteté intellectuelle et de volonté d’indépendance pour prétendre rassembler les femmes tunisiennes par-delà les petits calculs politiciens qui ont tant profité au pouvoir.
 
Les vrais syndicalistes auront à cœur de mettre fin au jaunissement toujours plus prononcé de l’UGTT, sous la coupe du tortiocrate Abdesslem Jrad. Cet ancien procureur de Sahbani jouit d’une inexplicable et extraordinaire mansuétude, alors qu’il est le geôlier de la lasse ouvrière tunisienne.
 
Le silence face à la situation de ces deux grandes organisations authentiques, mais instrumentalisées, de la société civile fait que leurs directions actuelles sont bien perçues à l’étranger où elles restent complaisantes à l’égard du pouvoir, quand elles ne font pas son apologie de la même manière que les organisations satellites.
 
Quant aux corporations prestigieuses que le pouvoir réussit à phagocyter par diverses manœuvres policières, judiciaires et/ou électoralistes, il est impératif pour le combat à venir de l’opposition, qu’elles soient isolées et neutralisées. C’est notamment le cas de l’AMT et de l’ATJA, déjà évoquée. Au moment où nous mettions sous presse, l’assemblée générale élective du samedi 5 mars avait été annulée dans une grande confusion, les avocats du pouvoir ayant refusé que l’élection se tienne en toute transparence à la Maison de l’Avocat, juste en face du Palais de justice. Le pouvoir a convoyé de jeunes avocats par cars entiers de toutes les régions et se préparait de toute évidence à rééditer avec l’ATJA le scénario de 2004, dont avait été victime la LTDH.
 
Il apparaît ainsi plus que jamais inconcevable que des organisations usurpées dans de telles conditions demeurent membres de structures internationales qu’elles contribuent à aveugler sur la situation réelle dans notre pays. On avait bien vu les bienfaits de la bonne information donnée aux organisations amies de bonne foi, telles que MSF, ASF, la FIJ ou les Directeurs de journaux.
 
De son côté, l’internet, un moment considéré comme un puissant adjuvant au combat des Tunisiens, a progressivement été pollué par les agents du pouvoir et la cyberpolice. Selon toute vraisemblance, il s’agit d’une politique d’Etat dotée d’infrastructures et de moyens humains considérables. Cela est particulièrement perceptible sur les forums publics tunisiens ou ayant un intérêt particulier pour la Tunisie. On y constate en effet quelques dégâts causés par l’infiltration, le spam, l’intox et, parfois, le manque de vigilance de militants dont la bonne foi n’est nullement contestable. Ils auront fort à faire pour sauvegarder l’unique liberté d’_expression qui échappe relativement à la tortiocratie.
 
C’est la conjugaison de tous ces efforts qui pourra nous donner espoir de recouvrer notre « Seconde indépendance », selon la désormais célèbre formule du Dr Moncef Marzouki.
 
Si rien d’imprévu ne vient déranger les desseins du général Ben Ali pour régner ad vitam, il faudra que la société civile se décarcasse plus que jamais, car 2009 commence aujourd’hui. A défaut, nous sommes repartis pour 50 ans de servitude…
 
(Source : L’Editorial de « L’Audace » du mois de Mars 2006)


 
 

 
En plein tournage

 » L’autre moitié  » de Kalthoum Bornaz

 
La réalisatrice et scénariste tunisienne Kalthoum Bornaz est en plein tournage de son dernier film  » l’autre moitié « , une coproduction tuniso-franco-marocaine dont les dialogues sont l’œuvre de Mohamed Raja Farhat.
 
Dans ce film, Younes Ferhi campe le rôle d’Ali alors que Sana Kassous interprètera le rôle de Sélima et Mourad Meherzi le rôle de Sélim.
 
Ils sont jumeaux, ils viennent de fêter leur vingt ans. Sélim et Sélima sont orphelins de mère qui est morte en les mettant au monde, ils vivent à Tunis avec leur père ALI, avocat au barreau de Tunis.
 
 Ali ne s’est jamais remis du décès de sa femme. Il est persuadé que les jumeaux sont responsables de la mort de leur mère et qu’ils n’ont aucun droit sur elle, comme celui de connaître son nom ou l’emplacement de sa tombe, ou de voir ses photos.
 
Sélima est une jolie fille franche et impulsive. Elle est étudiante en archéologie et compte se spécialiser en fouilles sous-marines. Elle harcèle constamment son père pour connaître la vérité sur sa mère.
 
Sélim plus rusé et plus secret que sa sœur, rêve de devenir grand couturier. Concernant sa mère, il se détache petit à petit de la question et ne pense qu’à l’argent et au profit.
 
Sélima rencontre BASSAM, écrivain originaire d’un pays arabe en poste à Tunis. Ils vivent une belle et intense histoire d’amour, mais Sélima se rend compte petit à petit que si elle se marie avec Bassam et s’installe dans son pays, elle perdra tous les droits dont elle bénéficie en tant que citoyenne tunisienne. 
 
(Source : « Le Temps » du 10 Mars 2006)
 
 


 
LIBYE

Libye : ouverture économique, bunker politique !

 
Le colonel Kadhafi a du mal à se remettre des « émeutes » de Benghazi du 17 février : les opérations des comités révolutionnaires contre les intérêts italiens se sont retournées contre lui… Aussi, le Guide s’est-il crispé et verrouille à nouveau son système sécuritaire.
 
Les changements intervenus, le 5 mars, dans les cercles dirigeants reflètent la nouvelle schizophrénie du régime : ouverture aux compagnies étrangères qui travaillent offshore dans des bases-vie et « bunkerisation » politique autour d’un noyau dur de fidèles. Les sourires à l’Occident seront poursuivis par le « dauphin » Saïf al Islam avec pour « lieutenants » l’ancien premier ministre Choukri Ghanem, nommé patron de la National Oil Company (NOC), le vice-premier ministre Mohammad Houij (ancien ministre des finances et ancien président de la Lafico) et le ministre de l’industrie et de l’électricité, Fathi Ben Chatouan.
 
Le maintien aux affaires étrangères d’Abdelrahman Shalgam (originaire de Sebha et très anti-islamiste) est également un gage donné à Washington. En revanche, Kadhafi qui explique à ses proches craindre « une dérive démocratique à l’algérienne » dans la région frondeuse de l’Est, a promu tous ses hommes de confiance dans le nouveau gouvernement : le général Saleh Mesmari à l’intérieur, Taïeb al-Safi à l’économie, Nouri al-Hamidi (cousin du commandant Khouildi Hamadi, coordinateur des services de renseignement) à l’information, Abdekader Baghadi, (membre dur des comités révolutionnaires) à l’éducation…
 
Au parlement, il a nommé une femme de son premier cercle, Houda Ben Amer comme secrétaire général. Un autre « faucon », Saïd Rached, a été chargé des projets ferroviaires tandis qu’un ancien ambassadeur à Paris, Saad Mujber, a été promu envoyé spécial ! Le nouveau premier ministre Baghadi Mahmoudi devra jongler avec cette redistribution tribale et régionale des pouvoirs. Mais la tour de contrôle de la galaxie est toujours sous la tente du colonel…
 
(Source : Jeune Afrique N°2356 du 5 au 11 mars 2006)


 
FUSTIGEANT LA DÉRIVE DES TRADITIONS NATIONALES

Bouteflika: «le hidjab n’est pas algérien»

 
Il a expliqué que cette dégradation est l’une des conséquences de la tragédie nationale. C’est avec un air d’amertume que le président de la République a dénoncé hier, la perte de nos valeurs et de nos traditions allant jusqu’à parler carrément de menace qui pèse sur l’identité et la culture algérienne.
 
«On est arrivé à un stade de fragilité de la personnalité nationale au point que nous avons perdu même nos habits traditionnels», a-t-il regretté lors du discours qu’il a prononcé hier, à l’hôtel El Aurassi à l’occasion de la fête du 8 mars.
 
«Même le hidjab n’est pas de chez nous», a-t-il lâché sèchement avant d’ajouter sous une salve d’applaudissements et de youyous: «Je le dis en toute sincérité, nous devons renforcer l’immunité identitaire et culturelle chez nos citoyens.
 
(Source : le journal « l’_Expression » (Alger), le 09 mars 2006)


 

Pour les journalistes algériens, le temps de la liberté et de l’insolence est révolu

Florence Beaugé
 
 ALGER ENVOYÉE SPÉCIALE
 
Directeur de la publication d’El Khabar, le plus fort tirage de la presse algérienne (500 000 exemplaires, langue arabe), Ali Djerri a un programme bien rôdé ; son collègue Omar Belhouchet, directeur d’El Watan, (140 000 exemplaires, langue française), aussi. Le dimanche, ils sont chez le juge d’instruction. Le mardi, au tribunal. Le mercredi, devant la cour d’appel. L’un et l’autre sont à bout de nerfs. Ils ne sont pas les seuls. Les directeurs de journaux algériens passent à présent la moitié de leur temps au palais de justice, parfois à 500 kilomètres de chez eux. « C’est du harcèlement », disent plusieurs d’entre eux.
 
Longtemps, la presse algérienne a été tenue pour la plus libre du Maghreb, peut-être même du monde arabe. Il n’est plus sûr qu’elle mérite cette appellation aujourd’hui, tant le pouvoir paraît décidée à la « normaliser ». Le désamour entre le président, Abdelaziz Bouteflika, et les journalistes algériens ne date pas d’hier.
 
Dans un premier temps, le chef de l’Etat s’est refusé – parfois stoïquement – à porter plainte pour insultes ou diffamation. Il s’y était engagé en arrivant au pouvoir. A partir d’avril 2004, début de son second mandat, changement de cap. Le terrain a été préparé dès 2001. Cette année-là, le délit d’offense au chef de l’Etat et de diffamation envers les institutions commis par la presse est introduit dans le code pénal. Désormais, toute offense au président de la République, à l’armée et à la justice, notamment, peut valoir à son auteur une peine de trois à douze mois de prison ferme et une lourde amende. Pas besoin d’une plainte : le parquet s’autosaisit. « Sitôt reconduit, le président Bouteflika s’est mis à régler ses comptes. Il a fait payer aux journalistes leur campagne hostile à sa réélection », explique l’avocat Khaled Bourayou.
 
Pour ce spécialiste du droit de la presse, « être journaliste, aujourd’hui en Algérie, c’est exercer un métier à haut risque pénal, et surtout, c’est se voir traiter comme un simple délinquant ».
 
Pour la seule année 2005, plus d’une centaine d’affaires de presse ont ainsi été enregistrées. Dix-huit journalistes ont été condamnés à des peines de prison ferme et attendent l’issue de leur pourvoi en cassation. Parmi eux, le caricaturiste Ali Dilem, qui ne rate jamais l’occasion de brocarder le président Bouteflika, et les généraux algériens, lesquels sont systématiquement présentés comme des mafieux.
 
 » Les juges ne veulent pas comprendre qu’une caricature ou un billet d’humeur croque une personnalité, désavoue l’événement ou le ridiculise, regrette Me Bourayou. Un jour, l’un d’eux m’a dit au tribunal : « Maître, vous plaidez l’ironie, mais j’ai six dictionnaires chez moi. Je les ai tous consultés. L’ironie, c’est du sarcasme, et cela mérite une sanction ! » »
 
Trois journalistes sont actuellement sous les verrous, dont l’ex-directeur du Matin, Mohammed Benchicou, qui purge une peine de deux ans, officiellement pour une affaire de bons de caisse. Le mois dernier, un journaliste d’El Khabar a fait un mois de prison pour avoir dénoncé la corruption d’un élu local. Il ne s’est pas pourvu en cassation, sachant pertinemment que c’était cause perdue.
 
Avocats et journalistes sont unanimes à se plaindre de  » l’instrumentalisation grandissante » de la justice en Algérie.  » Je ne suis pas du genre à considérer que les journalistes sont au-dessus de la mêlée, et j’accepte tout à fait de rendre des comptes, mais les juges ont clairement la volonté de nous casser », raconte d’un air las Omar Belhouchet.
 

« L’ENNEMI » À ABATTRE

 
 » La justice en Algérie, indique de son côté Ali Djerri, c’est un prolongement du pouvoir. Etre journaliste, c’est déjà en soi une faute grave. Toutes les plaintes sont recevables. Et, automatiquement, il y a condamnation ». Pour sa part, Me Bourayou avoue « ne plus gagner une seule affaire de diffamation » depuis deux ans.
 
L’arsenal juridique dont disposent les magistrats est, il est vrai, impressionnant. A l’inverse de leurs confrères français, les journalistes algériens n’ont pas le droit d’invoquer la bonne foi. Pas le droit non plus à « l’exception de vérité ». En matière de diffamation, la prescription n’est pas de trois mois mais de trois ans. La plainte de la victime n’est pas exigée. Et le retrait de la plainte de la partie civile n’arrête pas les poursuites.  » Rien ne protège la liberté d’__expression et les conditions de l’activité journalistique en Algérie », constate Me Bourayou pour qui les journalistes algériens ne sont rien d’autre, aux yeux du pouvoir, que  » l’ennemi » à abattre.
 
Par ses excès, la presse algérienne n’est-elle pas responsable de ce qui lui arrive aujourd’hui ? Même s’ils admettent  » des dérives et un manque d’expérience », les journalistes soulignent que cela ne justifie nullement des peines d’emprisonnement. Et les directeurs d’El Watan et d’El Khabar disent répliquer  » par un professionnalisme grandissant à la répression grandissante du pouvoir », ce qui est exact. Mais leurs moyens restent dramatiquement inégaux face à ceux du pouvoir.
 
La difficulté majeure à laquelle se heurte la presse est l’absence d’interlocuteurs. Aux questions des journalistes, il n’est opposé que le silence.  » Nous n’avons pas d’accès à l’information. Jamais de confirmation. Jamais de démenti. Seulement le mépris », dénonce Ali Djerri.
 
A quoi sert la presse algérienne ? A tout et à rien. C’est son drame. Elle est appelée à jouer tous les rôles à la fois : partis politiques, opposition, intercesseur entre la société civile et le pouvoir. Mais avec quel effet ? « Le pouvoir nous laisse écrire ce qu’il veut, et ensuite, lui fait ce qu’il veut ! » souligne, lucide, le directeur d’El Khabar. Pendant les années de guerre civile, les journalistes de la presse privée sont montés en première ligne pour combattre le terrorisme. Mais ils ont aussi souvent servi de caution au régime, par leurs positions  » éradicatrices » (hostiles aux islamistes).
 
Aujourd’hui, le « système » algérien n’a plus besoin d’eux. Les médias audiovisuels publics lui suffisent.  » On tâtonne, on fait des efforts, mais, en face de nous, on a un pouvoir qui nous pousse à l’extrême et à la faute, se désespère Ali Djerri. Avant de parler de moralisation des journalistes, le pouvoir devrait penser à moraliser ses propres pratiques. »
 
(Source : « Le Monde » du 10 mars 2006)

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