9 juillet 2009

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TUNISNEWS

9 ème année, N° 3334 du 09.07.2009

 archives : www.tunisnews.net  


Le REMDH et L’Observatoire: TUNISIE : Multiplication des mesures vexatoires à l’encontre des défenseurs des droits de l’Homme

FIDH – OMCT: Tunisie – Agression à l’encontre d’une délégation du Parti Démocratique Progressiste.

L’Observatoire: Harcèlement à l’encontre de M. Khemaïs Chammari – Appel Urgent

OLPEC: Une universitaire condamnée à 8 mois de prison pour un message publié sur Facebook

Reuters: Tunis dément qu’un complot visait des soldats américains

Businessnew: L’interview imaginaire d’Aznavour : le premier quotidien tunisien piégé par son journaliste !

Reuters: La Tunisie a acheté 92.000 tonnes de blé tendre – Traders

Slim Bagga: « Borhène Flaies », l’agité du sérail AFP: Immigration: la crise économique réduit le nombre de clandestins dans l’UE AFP: Les moines de Tibéhirine ont bien été tués par le GIA (ex-chef du GIA)

Courrier International: Et si c’était Chirac qui était visé ?

The Ibtimes : Sahara Solar project to move forward at Munich meet

AFP: L’Allemagne s’interroge après le meurtre xénophobe d’une Egyptienne

Farid Laroussi: Ce que la burqua dévoile de la France

Mezri Haddad : La crise iranienne ou la fin du mythe théocratique


Le REMDH et L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme

TUNISIE : Multiplication des mesures vexatoires à l’encontre des défenseurs des droits de l’Homme

Copenhague-Paris-Genève, le 25 juin 2009 : Le Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme (REMDH) et l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, un programme conjoint de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), expriment leur extrême préoccupation face à la recrudescence d’actes de harcèlement violents organisés à l’encontre de plusieurs défenseurs des droits de l’Homme en Tunisie.

 
    Les avocats Maître Radia NASRAOUI, présidente de l’Association de lutte contre la torture en Tunisie (ALTT), Maître Raouf AYADI, ancien secrétaire général du Conseil national pour les libertés en Tunisie (CNLT) et membre du comité exécutif de l’association Liberté et Equité, ainsi que Maître Samir DILOU, avocat membre de l’Association internationale de soutien aux prisonniers politiques (AISPP), ont été accueillis, ce mardi 23 juin 2009, à l’aéroport Carthage de Tunis par des policiers en civil qui leur ont demandé de se soumettre à une fouille corporelle. Face au refus des avocats qui soutenaient, à bon droit, que cette procédure était illégale, les policiers les ont amenés de force dans des pièces isolées de l’aéroport, où ils ont procédé à une inspection du contenu de leurs bagages et notamment de leurs dossiers professionnels, en violation du principe de confidentialité de la relation entre un avocat et ses clients. Afin d’ajouter à l’humiliation, les policiers ont délibérément déchiré les vêtements de Me AYADI et souillé le contenu du bagage de Me DILOU avec un produit d’entretien. A l’intérieur et à la sortie de la zone de contrôle, Me AYADI et Me NASRAOUI ont été publiquement injuriés, et Me AYADI a reçu un coup violent qui l’a blessé au genou.

Le même jour, Me Abdelwahab MAATAR, avocat défenseur des droits de l’Homme et membre de l’AISPP, a fait l’objet d’actes similaires à son arrivée à l’aéroport de Sfax, où il a été retenu deux heures durant et violemment molesté.

Ces actes font suite à la tenue du congrès constitutif de l’Organisation Internationale pour le retour des exilés politiques, les 20 et 21 juin à Genève (Suisse), et s’inscrivent dans le cadre d’une politique délibérée et systématique de harcèlement et de persécutions de l’état tunisien à l’égard des défenseurs des droits humains (Cf. le communiqué conjoint du REMDH, de la FIDH et l’OMCT du 18 avril 2009).

Par ailleurs, le mercredi 24 juin, une dizaine de policiers en civil ont de nouveau bloqué physiquement l’accès au domicile de M. Khemaïs CHAMMARI, ancien vice président de la FIDH et membre du Conseil d’administration de la Fondation euro-méditerranéenne de soutien aux défenseurs des droits de l’Homme (FEMDH), à MM. Ayachi HAMMAMI, secrétaire général de la section de Tunis de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme (LTDH) et rapporteur sur la question de l’indépendance et de l’impartialité de la justice pour le REMDH, et Lotfi HAJJI, journaliste et vice président de la section de Bizerte de la LTDH, portant atteinte à leur liberté de réunion pacifique.

Le REMDH et l’Observatoire expriment leur profonde préoccupation quant à la multiplication et la banalisation des mesures affectant les défenseurs des droits de l’Homme en Tunisie, dénoncent ces obstacles systématiques à la liberté de mouvement de ces défenseurs des droits de l’Homme, et demandent aux autorités tunisiennes de cesser tout acte de répression à leur encontre, ainsi qu’à l’encontre de tous les défenseurs des droits de l’Homme tunisiens.

Le REMDH et l’Observatoire demandent en outre aux autorités tunisiennes de :

  • Garantir en toutes circonstances l’intégrité physique et psychologique des défenseurs tunisiens ;
  • Mener sans délais une enquête exhaustive, indépendante, effective, rigoureuse et impartiale sur les événements mentionnés ci-dessus, et en rendre les résultats publics, et ce afin d’identifier les responsables, de les traduire devant un tribunal indépendant, compétent et impartial conformément aux instruments internationaux et régionaux de protection des droits de l’Homme, et d’appliquer les sanctions pénales, civiles et/ou administratives prévues par la loi ;
  • Mettre un terme à toute forme de harcèlement à l’encontre de tous les défenseurs des droits de l’Homme afin qu’ils puissent exercer leur profession et mener leur activité de défense des droits de l’Homme librement et sans entrave ;
  • Se conformer aux dispositions de la Déclaration des Nations unies sur les défenseurs des droits humains, adoptée par l’Assemblée Générale des Nations Unies le 9 Décembre 1998 ainsi qu’aux dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et aux instruments régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’Homme ratifiés par la Tunisie.

L’Observatoire et le REMDH appellent enfin les organes de décisions de l’Union européenne et les Etats membres de l’UE à garantir sans plus de délai le respect de l’article 2 de l’accord d’association UE/Tunisie ainsi que la mise en œuvre des lignes directrices de l’Union européenne sur les défenseurs des droits de l’Homme.

Pour plus d’informations, merci de contacter :

* REMDH : Mathieu Routier +33 1 48 18 06 86 * OMCT : Delphine Reculeau : + 41 22 809 49 39 * FIDH : Gaël Grilhot / Karine Appy : + 33 1 43 55 25 18


La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT)

Tunisie Agression à l’encontre d’une délégation du Parti Démocratique Progressiste.

 
La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) sont préoccupées par les actes répétés de harcèlement et d’intimidations à l’encontre des militants politiques d’opposition en Tunisie et plus particulièrement de l’attaque perpétrée contre une délégation du Parti Démocratique Progressiste (PDP), lundi 6 juillet 2009 dans l’après-midi. Les représentants du PDP, y compris la Secrétaire générale, Mme Mia Al Jeribi, ont été agressés par un groupe armé de bâtons et de pierres, alors que la délégation était à Sidi Bouzid en visite chez la famille de M. Wahid Berahimi (un membre du PDP) pour fêter sa libération de prison. Les membres du groupe ont jeté des pierres sur les trois voitures, alors que celles-ci étaient garées à l’intérieur de la propriété familiale de M. Wahid Berahmi ce qui a causé des dommages sur les véhicules et blessé deux personnes : M. Ahmad Bouazi (membre du bureau politique du PDP) blessé au bras, et M. Asaad Bouazizi, un autre membre de la délégation, blessé au visage. L’agression a eu lieu devant des agents de police en civil et notamment devant le président du Centre de sécurité, qui ont assisté à la scène mais ne sont pas intervenus, malgré les appels et les cris des victimes. La Secrétaire générale du PDP a essayé en vain de joindre le ministre de l’Intérieur vers 16 heures pour informer les responsables de ce qui venait de se passer et demander que les agresseurs soient arrêtés. Pour seule réponse, on lui a dit que le ministère fonctionnait selon l’horaire d’été et jusqu’à 14 heures seulement. A quelques mois d’une échéance électorale importante en Tunisie, la FIDH et l’OMCT s’indignent contre la multiplication de ces actes d’intimidation à l’encontre de militants politiques et des défenseurs des droits de l’Homme par les autorités, qui semblent vouloir strictement contrôler voire empêcher toute réunion d’activistes prônant des valeurs démocratiques dans le pays. La FIDH et l’OMCT appellent les autorités tunisiennes compétentes à diligenter une enquête immédiate, efficace, exhaustive, indépendante et impartiale sur les événements et à poursuivre les agresseurs ; elle enjoint également les autorités tunisiennes à mettre un terme à tout acte de harcèlement à l’encontre des opposants politiques et à respecter leurs engagements internationaux en matière de droits de l’Homme, et notamment la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, la Convention des Nations Unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants et le Pacte international relatif aux droits civils.

L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme  APPEL URGENT TUN 005 / 0709 / OBS 101

Actes de harcèlement

Tunisie 8 juillet 2009

L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, programme conjoint de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) et de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), vous prie d’intervenir de toute urgence sur la situation suivante en Tunisie. Description des faits : L’Observatoire a été informé de sources fiables des nouveaux actes de harcèlement à l’encontre de M. Khemaïs Chammari, ancien vice-président de la FIDH et membre du Conseil d’administration de la Fondation euro-méditerranéenne de soutien aux défenseurs des droits de l’Homme (FEMDH). Selon les informations reçues, le logement de M. Khemmais Chammari continue d’être encerclé par des policiers en civil depuis le 11 avril. Depuis cette date, l’accès à son domicile a été à plusieurs reprises empêché à plusieurs visiteurs, pratique qui se fait de plus en plus régulière. Ainsi, le 7 juillet 2009, M. Nejjib Chebbi, secrétaire général du Parti démocratique et progressiste (PDP), et son épouse ont été empêchés d’accéder au domicile de M. Chammari Ce dernier incident s’ajoute à une série d’actes de harcèlement dont fait sans cesse l’objet M. Khemmais Chammari. L’Observatoire rappelle ainsi que le 24 juin 2009, une dizaine de policiers en civil avaient déjà bloqué physiquement l’accès au domicile de M. Khemaïs Chammari à MM. Ayachi Hammami, secrétaire général de la section de Tunis de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme (LTDH) et rapporteur sur la question de l’indépendance et de l’impartialité de la justice pour le Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme (REMDH), et Lotfi Hajji, journaliste et vice président de la section de Bizerte de la LTDH L’Observatoire est préoccupé par ces nouveaux actes de harcèlement à l’encontre de M. Khemmais Chammari, et craint qu’ils visent uniquement à sanctionner ses activités en faveur des droits de l’Homme. Actions demandées : L’Observatoire vous prie de bien vouloir écrire aux autorités tunisiennes en leur demandant de : i. Garantir en toutes circonstances l’intégrité physique et psychologique de M. Khemaïs Chammari et de ses proches ; ii. Mettre un terme à toute forme de harcèlement à l’encontre de M. Chammari et celle de tous les défenseurs des droits de l’Homme afin qu’ils puissent exercer leur profession et mener leur activité de défense des droits de l’Homme librement et sans entrave ; Ce harcèlement contre des défenseurs se double par ailleurs de mesures d’intimidation contre l’opposition politique. Cf. communiqué de presse conjoint de la FIDH et de l’OMCT, 8 juillet 2009. Cf. communiqué de presse conjoint de l’Observatoire et du REMDH, 25 juin 2009. iii. Se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 9 décembre 1998, et plus particulièrement à son article 1 qui prévoit que “chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, de promouvoir la protection et la réalisation des droits de l’Homme et des libertés fondamentales aux niveaux national et international” et son article 12.2 qui dispose que “l’Etat prend toutes les mesures nécessaires pour assurer que les autorités compétentes protègent toute personne, individuellement ou en association avec d’autres, de toute violence, menace, représailles, discrimination de facto ou de jure, pression ou autre action arbitraire dans le cadre de l’exercice légitime des droits visés dans la présente Déclaration” ; iv. Plus généralement, se conformer aux dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et instruments régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’Homme ratifiés par la Tunisie. Adresses : • M. Zine el-Abidine Ben Ali, Président de la République, Palais de Carthage, 2016 Carthage, Tunisie, Fax : +216 71 744 721 ou +216 71 731 009 • M. Mohamed Ghannouchi, Premier Ministre, Secrétariat Général du Gouvernement, Rue de la Kasbah, 1008 Tunis, Tunisie, Fax : +216 71 562 378 • M. Rafik Belhaj Kacem, Ministère de l’Intérieur et du Développement local, Avenue Habib Bourguiba, 1001 Tunis, Tunisie, Fax : ++ 216 71 340 888 ; Email : mint@ministeres.tn • M. Kamel Morjane, Ministère de la Défense Nationale, Avenue Bab Mnara, La Kasbah, 1008 Tunis, Tunisie, Fax : +216 71 561 804 • M. Bechir Tekkari, Ministère de la Justice et des Droits de l’homme, 57, Boulevard Bab Benat, 1006 Tunis, Tunisie, Fax : +216 71 568 106 ; Email : mju@ministeres.tn • Ambassadeur, S.E M. Samir Labidi, Mission permanente de la Tunisie auprès de l’Office des Nations Unies à Genève, 58 Rue Moillebeau, Case postale 272, 1211 Genève 19, Suisse, Fax : +41 22 734 06 63 ; Email : mission.tunisia@ties.itu.int • Ambassade de la Tunisie à Bruxelles, 278 avenue de Tervueren, 1150 Woluwe-Saint- Pierre, Belgique, Fax : + 32 2 771 94 33 ; Email : amb.detenusie@brutele.be Prière d’écrire également aux représentations diplomatiques de Tunisie dans vos pays respectifs. *** Genève – Paris, le 8 juillet 2009 Merci de bien vouloir informer l’Observatoire de toutes actions entreprises en indiquant le code de cet appel. L’Observatoire, programme de la FIDH et de l’OMCT, a vocation à protéger les défenseurs des droits de l’Homme victimes de violations et à leur apporter une aide aussi concrète que possible. L’Observatoire a été lauréat 1998 du prix des Droits de l’Homme de la République Française. Pour contacter l’Observatoire, appeler La Ligne d’Urgence : E-mail : Appeals@fidh-omct.org Tel et fax OMCT : + 41 22 809 49 39 / 41 22 809 49 29 Tel et fax FIDH : 33 1 43 55 20 11 / 33 1 43 55 18 80  


Observatoire pour la liberté de presse, d’édition et de création

Une universitaire condamnée à 8 mois de prison pour un message publié sur Facebook

Tunis le 8 juillet 2009   Le 4 juillet 2009, le tribunal de première instance de Tunis a condamné l’universitaire Khedija Arfaoui, défenseure des droits des femmes, membre de l’Association tunisienne pour la recherche et le développement (AFTURD) à huit mois de prison ferme pour « diffusion de fausses nouvelles de nature à troubler l’ordre public » selon l’art.49 du code de la presse. Dr. Khedija Arfaoui avait rediffusé sur Facebook, le réseau social sur internet, une information faisant étant d’enlèvements d’enfants en Tunisie ; Mme Arfaoui avait repris sur sa page Facebook cette information qu’elle avait reçue d’une autre source, dans un contexte où une rumeur persistante sur le kidnapping d’enfants à des fins de trafic d’organes avait largement circulé dans toute la Tunisie au mois de Mai dernier, ce qui a conduit le ministre de l’Intérieur à faire une conférence de presse où il avait formellement démenti cette rumeur. Suite à cette déclaration publique, l’arrestation de l’universitaire « responsable de la propagation de la fausse rumeur » était annoncée dans tous les journaux officiels et officieux.   Selon les avocats de Dr. Arfaoui, l’inculpée elle-même a appris le 31 mai par les journaux proches du pouvoir (Echourouk et le Temps), la date de son procès annoncé pour le 6 juin, sans trop comprendre qu’il s’agissait d’elle-même; Elle n’a reçu sa convocation au procès que la veille de l’audience, le 5 juin. Tandis que la défense n’a eu accès au dossier et n’a pu en disposer qu’à la deuxième audience qui s’est déroulée le 27 juin. Tout comme le verdict, rendu le 4 juillet qui avait été publié dans les journaux avant même que les avocats de la concernée n’en aient été informés.   L’OLPEC ·         considère ce verdict comme inique et disproportionné par rapport à l’acte, un simple transfert de message sur Facebook à un nombre très limité de personnes; de nombreux média avaient rapporté cette rumeur sans avoir été inquiétés ; Les éléments de l’infraction ne sont pas constitués et aucune preuve n’a été avancée par la cour établissant le lien entre le message posté par Dr. Arfaoui et la rumeur publique. ·         estime qu’il s’agit là d’une affaire instrumentalisée politiquement où la justice n’a pas été sereine et que l’acharnement contre Dr.. Khedija Arfaoui ne peut avoir d’autre explication que la volonté de « châtier pour l’exemple » en vue de faire cesser une rumeur qui avait d’autres sources et qui pour des raisons non encore élucidées, inquiétaient particulièrement les autorités publiques qui avaient, à cette occasion, pris des mesures de sécurité particulières. ·         estime que dans le cas de madame Arfaoui, l’accusation de « fausse nouvelle de nature à troubler l’ordre public » n’a pas de fondement légal, compte tenu que le public auquel elle s’est adressé ne dépasse pas quelques dizaines de personnes qui sont ses « amis » sur facebook », donc un groupe privé. ·         Appelle à la levée des poursuites contre Dr. Khedija Arfaoui et l’assure de son entière solidarité. ·         Exige l’abolition de la peine corporelle pour délit de presse.     Pour l’Observatoire La secrétaire générale Sihem Bensedrine


Tunis dément qu’un complot visait des soldats américains  
Reuters, le 8 juillet 2009 à 16h51 TUNIS, 8 juillet (Reuters) – Le gouvernement tunisien a démenti avoir inculpé neuf hommes, dont deux officiers, de complot contre des soldats américains et il a précisé que l’enquête n’avait mis au jour qu’un complot visant des particuliers et des biens. L’avocat Samir Ben Amor, spécialiste des procès pour terrorisme, qui a souvent défendu des islamistes présumés, avait déclaré lundi que les neuf hommes étaient soupçonnés d’un projet d’attaque de soldats américains lors de manoeuvres communes en Tunisie. Il a ajouté qu’ils avaient été inculpés de tentative de vol d’armes et d’explosifs sur une base militaires en vue de l’attaque projetée. Selon une source judiciaire qui a requis l’anonymat, huit « extrémistes » ont été arrêtés mais les interrogatoires menés depuis le 4 juillet ne permettent nullement de conclure que les suspects visaient des cibles militaires étrangères. « L’enquête concernait un groupe extrémiste de 14 personnes, dont six sont toujours en fuite, qui se préparaient à commettre des crimes contre des personnes et des biens », a dit cette source sans autre précision. La Tunisie est une alliée proche des Etats-Unis et les deux pays entretiennent des liens militaires étroits depuis le début des années 1960.  

L’interview imaginaire d’Aznavour : le premier quotidien tunisien piégé par son journaliste !

Samedi 4 juillet, le quotidien tunisien Assabah publie une interview exclusive de Charles Aznavour. Trois jours plus tard, la grande star franco-arménienne donne une déclaration à l’AFP affirmant n’avoir jamais donné cette interview et dément tout son contenu et notamment cette question de tournée d’adieu et de retraite artistique. Que s’est-il passé ? Charles Aznavour a-t-il été trompé par son imprésario tunisien ou bien c’est Assabah, premier quotidien arabophone en Tunisie, qui a été trompé par son journaliste ? Respectueux de la déontologie journalistique et fidèles à la réputation de leur journal, les responsables d’Assabah (rédaction et direction) ont mené l’enquête durant ces dernières 24 heures et ont dû constater avec désarroi que le quotidien a tout simplement été piégé par son journaliste. Face à la quête au scoop et l’enthousiasme pour un événement majeur de la scène culturelle tunisienne, le « journaliste » a tout simplement perdu la tête. Pété les plombs, comme on dit dans le jargon, oubliant, dans sa fougue la déontologie et le respect des lecteurs, qui font (et défont) la réputation de tout journal et de tout journaliste. Assabah, fort réputé pour son sérieux, n’oubliera pas de sitôt cette mésaventure. On croit savoir que des mesures disciplinaires aient été prises immédiatement à l’encontre du « journaliste ». Il serait actuellement suspendu de ses fonctions jusqu’à complément d’enquête. Selon un membre du Syndicat des journalistes, il aurait même présenté sa démission. En attendant, nos confrères prendront leur mal en patience en pensant que le New York Times a été piégé, il y a quelques mois, par un courrier fictif de Bertrand Delanoë ou encore que le célèbre Patrick Poivre d’Arvor (PPDA) a fait la même grossière erreur en publiant une interview imaginaire de … Fidel Castro ! N.B. (Source : « businessnews » (journal électronique – Tunis), le 8 juillet 2009) Lien : http://www.businessnews.com.tn/BN/BN-lirearticle.asp?id=1087349  

La Tunisie a acheté 92.000 tonnes de blé tendre – Traders

09-07-2009  PARIS, 9 juillet (Reuters) – L’Office tunisien des céréales a acheté mercredi 92.000 tonnes de blé tendre toutes origines au prix unique de 179,00 dollars/tonne coût et fret, apprend-on jeudi auprès d’exportateurs européens. Les embarquements, en trois bateaux de 25.000 tonnes chacun et un quatrième de 17.000 tonnes, s’échelonneront du 20 décembre au 10 février et le prix de vente suggère que la marchandise proviendra probablement de la mer Noire, de l’Ukraine vraisemblablement, ont-ils ajouté.


 

« Borhène Flaies », l’agité du sérail

par Slim Bagga Nos gommeuses d’antan, leurs langues de vipères, leur mauvaise foi et le déshonneur en plus, vous connaissez? C’est la première impression que j’ai chaque fois que j’entends parler de Borhène Bsaies. Je dis bien »entendre parler » car ce monsieur n’est ni à voir ni à regarder ni à entendre ni à écouter. Mercenaire à la solde d’un régime corrompu et sanguinaire, il doit sa rédemption à la violente agression qu’il a subie à Tunis par les sbires du même régime qu’il défend de la manière la plus imbécile. C’était du temps où il exerçait sous les ordres d’une autre girouette, Hachemi Hamdi, sur la chaîne El Mustaquilla. On apprend donc aujourd’hui et grâce à lui que l’argent qui sent le soufre et le mensonge a des vertus qui agissent sur la mémoire. Après tout, on s’en fout si ce n’est que les contre-vérités qu’il distille à chaque plateau de télévision et à chaque article publié sur les colonnes de la presse de caniveau sont l’occasion pour moi de remettre à sa place ce soldat, et surtout ses Généraux. Pour ne rien cacher, j’avais assisté à Paris à l’enregistrement de l’émission de la chaîne El Horra avec Mohamed Abbou dont le contradicteur dépêché par la caserne de Carthage est ce même Borhène Bsaies ou « Flaies »…Cela sonnerait mieux pour notre pathétique ignorant. Parmi les lacunes enregistrées, il y en a une grosse comme son portefeuille: selon lui, en effet, Margaret Thatcher, Premier ministre britannique, serait restée au pouvoir pendant 25 ans. On ne peut reprocher ici à Borhène Bsaies d’ignorer l’histoire lorsque son commanditaire ignore l’histoire, la géographie, les Lettres, la philosophie et jusqu’au code d’honneur dans le domaine du renseignement…Margaret Thatcher a été Premier ministre de 1979 à 1990, elle a démissionné d’elle-même cédant la place à une équipe plus jeune animée par John Major. Margaret Thatcher a été de plus démocratiquement élue. Tandis que Ben Ali a usurpé le pouvoir grâce à la signature, un révolver sur la tempe, de six ou sept médecins frappant Bourguiba d’incapacité. Alors, si tant est que Bourguiba l’était, n’était-ce pas le decret même nommant Ben Ali Premier ministre le 2 octobre 1987, qui serait à son tour nul et non avenu. La question mérite d’être posée, même si ses aspects juridiques échappent à Borhène « Flaies » désormais beaucoup plus préoccupé par l’impression qu’il donne à son maître qu’à l’Histoire… L’agité du sérail prétend en outre que la corruption au sommet de l’Etat est une illusion, une chimère. Un homme payé grâce à la caisse noire, au racket de la population et aux commissions occultes sur les marchés publics peut-il soutenir une autre thèse? Le tout étant de se poser cette question intéressante pour ses semblables tels Boubaker Sghaier, Mezri Haddad et autres Jeridi et cruciale pour lui: que vaudrait Bsaies en démocratie? Rien! Que dalle!! Pas même un « flaies »!!!


Immigration: la crise économique réduit le nombre de clandestins dans l’UE

AFP, le 9 juillet 2009 à 13h23              ROME, 9 juil 2009 (AFP) – La crise économique, mais aussi la coopération accrue avec les Etats d’où partent les immigrés, ont réduit en un an le nombre de clandestins dans l’Union européenne (UE) de 16% au cours du 1er trimestre 2009, a indiqué jeudi l’agence européenne des frontières Frontex.     « Le nombre d’immigrés clandestins interceptés aux frontières de l’UE au cours du premier trimestre 2008 était de 24.000 et un an plus tard de 20.200, soit une réduction de 16% »,  a déclaré à la presse à Rome Gil Arias Fernandez, vice-directeur de Frontex.     Ces chiffres ne tiennent pas compte des effets, qui se font sentir à partir du 15 mai 2009, de l’application de l’accord entre l’Italie et la Libye sur la lutte contre l’immigration clandestine « et la baisse pourrait atteindre à la fin de l’année peut-être 20% ou 25% » pour l’ensemble de l’UE, a ajouté M. Arias Fernandez, précisant qu’il ne s’agit que d’estimations.     Plusieurs éléments ont favorisé la baisse de l’immigration clandestine, dont la coopération accrue avec les Etats de départ des immigrés, « les accords de réadmission qui ont un effet dissuasif et la crise économique », selon le responsable.     « La crise économique a réduit les postes de travail et la possibilité d’en trouver un, elle a réduit l’espoir et donc la volonté d’un candidat potentiel à l’immigration d’affronter toutes les difficultés est plus faible », a expliqué M. Arias Fernandez.     « Les accords de réadmission dans le pays de départ ont aussi un très fort effet dissuasif. Quand vous voyez des gens qui ont dépensé beaucoup d’argent pour le voyage, qui ont affronté de grands dangers lors de la traversée en mer, revenir expulsés du pays d’arrivée, vous y pensez à deux reprises avant d’entreprendre un voyage similaire », a-t-il expliqué.     La baisse du nombre de clandestins en Italie est encore plus importante depuis l’entrée en vigueur de l’accord avec la Libye que pour le reste de l’UE.     Elle est de 54% en ce qui concerne les débarquement en Sicile, incluant aussi l’île de Lampedusa, principale porte d’entrée dans le pays, qui passent de 14.800 immigrés entre le 1er janvier et le 5 juillet 2008 à 6.760 au cours de la même période de 2009. AFP


Les moines de Tibéhirine ont bien été tués par le GIA (ex-chef du GIA)

 

AFP, le 9 juillet 2009 à 16h01 Un ancien chef du Groupe islamique armé (GIA), Abdelhak Layada, a affirmé jeudi que les moines de Tibéhirine avaient été exécutés par son mouvement en 1996 en Algérie, réagissant à la déposition d’un ancien officier français qui a mis en cause l’armée algérienne. « Les assassinats ont été commis par Djamel Zitouni (alors chef du GIA), à la suite des tergiversations du renseignement français », a-t-il déclaré au quotidien arabophone algérien El Khabar. « Les négociations qu’il menait avec les Français concernaient ma libération contre la libération des moines. Les Français ont tardé à répondre s’ils acceptaient de négocier ou non avec le GIA. C’était la cause de l’échec », a-t-il ajouté. Officiellement, les sept moines français ont été tués par le GIA. Mais le général français à la retraite François Buchwalter, ancien attaché de Défense à Alger, a attribué leur massacre à une « bavure » de l’armée algérienne dans une récente déposition devant le juge antiterroriste chargé de l’enquête en France. Abdelhak Layada, condamné à mort en 1993 par la justice algérienne après avoir été extradé du Maroc, a été libéré en 2006 dans le cadre d’un programme de « réconciliation nationale » voulu par le président algérien Abdelaziz Bouteflika. Le GIA, qui avait promis de faire la guerre à la France, avait revendiqué le 26 avril 1996 l’enlèvement des sept religieux et proposé de les échanger contre ses militants détenus. Le 23 mai, l’organisation annonçait avoir décapité les captifs en accusant le gouvernement français d’avoir « trahi » les négociations. Selon Abdelhak Layada, les « services secrets français ont doublé les autorités algériennes et traité directement avec les ravisseurs ». Il a estimé que les services secrets français avaient commis « une grande trahison » car ils « n’ont pas informé les autorités algériennes quant à leurs négociations avec le GIA pour la libération d’Abdelhak Layada ». Cet ex-chef islamiste a également dénoncé une « deuxième trahison », évoquant le « non-respect par les Français de l’accord conclu avec le GIA pour la libération des moines ». « L’attaché militaire à l’ambassade de France à Alger (…) qui a donné son accord préliminaire pour ma libération n’a été en fait engagé que pour espionner le GIA », a encore accusé Abdelhak Layada, dont un entretien est également publié par le journal Le Temps. « C’est pour cette raison que le GIA a décidé d’achever les sept moines ». Interrogé par El Khabar sur les motivations du rapt des moines, Abdelhak Layada a répondu que le GIA avait « pris en flagrant délit de prosélytisme les moines dans la région où ils se trouvaient ». « Ce n’est qu’après les avoir capturés que l’idée de monnayer ma libération avec la leur a germé », a-t-il ajouté.


Et si c’était Chirac qui était visé ?

Après les révélations du début de semaine, l’assassinat des moines de Tibéhirine en mars 1996 continue de défrayer la chronique… et les incompréhensions entre Alger et Paris.  

09.07.2009| Saïd Chekri | 

Un général français, en poste à Alger à l’époque des faits, témoignant que les moines de Tibéhirine auraient été tués par des tirs de militaires algériens, puis Nicolas Sarkozy demandant la levée du secret-défense, cela signifie tout simplement qu’Alger ou Paris, peut-être même Alger et Paris d’un commun accord, auraient alors étouffé l’affaire. Côté français, le ministre de la Défense Hervé Morin se veut quiet et rassurant : il n’y a“aucune raison de cacher la moindre chose”, a-t-il déclaré, le 7 juillet, à la presse. Il s’agit ici d’Alger sous Zéroual et de Paris sous Chirac, deux hommes qui, on le sait, ne s’appréciaient pas particulièrement. Il est vrai que pour Morin lui-même comme pour l’actuel patron de l’Elysée, il n’y a pas de quoi perdre le sommeil. Cela n’est pas le cas pour les responsables français qui ont eu, sous Chirac, à officier dans le domaine de la diplomatie et de la sécurité. Nombre de ceux-là, Chirac en premier, seraient plus ou moins éclaboussés si la levée du secret-défense confirmait le témoignage du général français.

Côté algérien, le silence officiel est toujours de rigueur, y compris après la sortie bulldozer de Sarkozy, qui n’a même pas pris de gants diplomatiques pour relayer les soupçons du même général. Doit-on s’en tenir à l’adage selon lequel qui ne dit mot consent ? Ou alors veut-on insinuer par ce mutisme que l’affaire est strictement franco-française ? Notons toutefois que la réaction du parti du Premier ministre Ouyahia, qui a crié à la “provocation”, n’est pas faite pour conforter cette dernière hypothèse. Quoi qu’il en soit, les répliques de la presse nationale ne suffiront pas à pallier l’absence d’une réaction officielle d’Alger. Si le silence des autorités sur une question aussi lourde devait encore s’éterniser, cela signifierait que de ce côté-ci de la Méditerranée on baigne dans la même quiétude que celle qu’on affiche à l’Elysée. Et, comme pour là-bas, ce n’est pas forcément rassurant pour tous.

(Source: « Courrier International » (Hebdomadaire- France) le 09 juillet 09)

Lien: http://www.courrierinternational.com/article/2009/07/09/et-si-c-etait-chirac-qui-etait-vise  


Sahara Solar project to move forward at Munich meet

By Erik Kirschbaum Posted 09 July 2009 @ 10:28 am ET A group of companies from Europe and northern Africa will meet in Munich on Monday to map out concrete steps for a series of large-scale renewable energy projects worth 400 billion euros ($560 billion) over 40 years. They will launch a venture to explore the feasibility of harvesting solar thermal energy from the deserts of northern Africa and the Middle East to be used within the next decade or so in those regions and Europe. Invited by German reinsurer Munich Re, executives from blue chip companies such as Siemens, E.ON, RWE and Switzerland’s ABB along with firms from southern Europe and northern Africa will be at the inaugural meeting. About 10 companies are expected to sign a memorandum of understanding setting up the Desertec Industrial Initiative. Despite uncertainties associated with such vast multinational projects and concerns about political stability in the Mediterranean region, host Munich Re said the companies were eager to move forward with the next concrete steps. « We believe the time is ripe for projects like this, » said Alexander Mohanty, a Munich Re spokesman. « It’s a great vision for the future. But we’re not dreamers. This is the start of an industry initiative and we’re looking for results. « We’re not just setting up a ‘working group’ to meet from time to time. The focus is on concrete results. The initiative will be doing lobby work, getting a dialogue going. The issue of the power price is important to be able to raise capital. » The European Union and German government are also firmly behind the projects. EU Commission President Jose Manuel Barroso and Chancellor Angela Merkel both expressly praised the idea behind Desertec at a recent Berlin meeting of energy executives. Growing global efforts to slow climate change by reducing greenhouse gas emissions along with a projected increase in energy demand in the Middle East and northern Africa make the projects all the more attractive, its proponents say. Analysts are eagerly waiting for details. « I think it’s a serious project, but it will take a very long time until there will be concrete news, » said Commerzbank analyst Robert Schramm. « The time schedule seems a bit overambitious. The technology is certainly there and it makes sense but there are political factors that need to be taken into consideration regarding the Sahara region. » HARNESSING SUN’S POWER The Desertec Foundation has noted in six hours the world’s deserts receive more energy than mankind consumes in a year. The projects would use concentrated solar power (CSP) — a technology that uses mirrors to harness the sun’s rays to produce steam and drive turbines to produce electricity — from the Sahara and deliver to markets locally and in Europe. Using high-voltage direct current transmission lines there is only a minimal power loss of 3 percent per 1,000 kilometers. Solar thermal is a well-tested technology from operation since the 1980s of an installation in the U.S. Mojave Desert as well as in Spain, but it is a more expensive source of electricity than fossil fuels. Desertec officials hope the Sahara could be supplying 20 gigawatts of power — the equivalent of 20 large conventional power plants — by 2020 and one day deliver 15 percent of Europe’s electricity, helping the EU meet CO2 reduction targets. « After the founding we’re planning to invite more companies to join in, » said Michael Straub, head of marketing at the Desertec Foundation in Hamburg. « At first we’ll be studying which countries and which areas could be used for the first plants, and we’ll also be studying the costs, the financing and other fundamental questions. » Straub said one project is already moving ahead; it would link power produced in Tunisia with users in southern Italy. He said it was possible it could be on line within five years. Germany’s Solar Millennium, which helped develop Spain’s Andasol 1 solar thermal project, will also be at the Desertec meeting as is German solar technology company Schott Solar.
The Ibtimes  

 

L’Allemagne s’interroge après le meurtre xénophobe d’une Egyptienne

AFP, le 9 juillet 2009 à 16h03   Par Lénaïg BREDOUX         BERLIN, 9 juil 2009 (AFP) -L’Allemagne était en pleine introspection jeudi après le meurtre dans un tribunal d’une Egyptienne enceinte par un Allemand ouvertement xénophobe, qui serait le premier crime islamophobe de l’histoire récente du pays. Les faits remontent à plus d’une semaine : mercredi, vers 10H20 (08H20 GMT), Marwa El-Sherbini, 31 ans, enceinte de trois mois, vient de témoigner devant le tribunal de Dresde (est), quand l’accusé, identifié comme Alex W., 28 ans, se jette sur elle et lui assène très vite « 18 coups de couteau », selon le parquet. Deux policiers interviennent, mais l’un d’eux se trompe d’agresseur et tire sur le mari de la victime, déjà atteint par le poignard de l’accusé. Elle meurt peu après, lui est toujours hospitalisé. Leur fils de trois ans a assisté à la scène. Depuis, Alex W., un Allemand d’origine russe, a été inculpé de meurtre et incarcéré. Pendant près d’une semaine, la plupart des médias sont restés silencieux. « Pourquoi la mort d?une femme voilée, qui n?a pas été la victime d?un +crime d?honneur+, est-elle restée toute une semaine une brève », s’interrogeait jeudi le quotidien de centre-gauche berlinois Der Tagesspiegel. « Est-il possible que cette mort ne cadre pas avec notre façon de penser ? » Discrétion aussi du côté des politiques : un porte-parole de la chancelière Angela Merkel a attendu mercredi pour indiquer, en réponse à une question au cours d’un point de presse du gouvernement, qu’il s’agissait d' »un acte horrible, qui nous a tous touchés ». Il a expliqué avoir manqué de détails pour réagir plus tôt. Il n’empêche, pour une partie de la communauté musulmane et plus encore en Egypte, la mort de Marwa El-Sherbini est devenue le symbole de l’islamophobie en Europe. En août 2008, Alex W., manutentionnaire au chômage arrivé en Allemagne en 2003, et cette pharmacienne de formation expatriée avec son mari, chercheur en génétique au prestigieux Institut Max-Planck, sont sur le même terrain de jeux. Elle lui demande de libérer la place sur la balançoire pour son fils. Il répond par des insultes à cette femme voilée : « islamiste », « terroriste », « salope ». La jeune Egyptienne porte plainte, Alex W. est condamné à une amende. Mais le parquet fait appel, car il a déclaré en audience que « ces gens-là » n’étaient pas de « vrais êtres humains ». Le meurtrier est un « xénophobe fanatique », a assuré à l’AFP le porte-parole du parquet de Dresde Christian Avenarius. mais le procureur ignore encore s’il a agi par « islamophobie ». Il n’est pas non plus prouvé pour l’heure que le meurtrier, sans antécédents judiciaires en Allemagne, était sympathisant d’un parti d’extrême droite comme l’ont affirmé certains médias. Mais pour les quatre organisations représentant la communauté musulmane en Allemagne, il s’agit bien d’un « crime du foulard ». Elles ont appelé à « prier pour Marwa » au cours de la prière de ce vendredi. Des manifestations sont aussi prévues ce week-end. Le secrétaire général du Conseil central des juifs en Allemagne, Stephan Kramer, qui s’est rendu au chevet du mari de Marwa El-Sherbini avec son homologue du Conseil musulman, a lui aussi mis en garde contre « l’islamophobie » et dénoncé le peu de réactions politiques et médiatiques. « J’ai voulu exprimer ma solidarité parce que j’ai été très surpris que les réactions politiques et médiatiques soient si limitées », a-t-il expliqué à l’AFP. « Tous ceux qui ont affirmé que l’islamophobie était un faux débat ces dernières années ont été désavoués ». Ces dernières années, la construction de mosquées notamment a déclenché de vives polémiques, alimentées par des réseaux proches de l’extrême droite, comme à Cologne (ouest) où a récemment été organisé un congrès « contre l’islamisation ». AFP  

 

Xinjiang-Un ministre turc prône le boycott des produits chinois

Reuters, le 9 juillet 2009 à 16h07     ANKARA, 9 juillet (Reuters) – Le ministre turc de l’Industrie, Nehat Ergün, a invité jeudi la population turque à boycotter les produits chinois en signe de solidarité avec les Ouïgours, musulmans et turcophones, qui ont été la cible d’émeutes meurtrières dans la province chinoise du Xinjiang.     Le porte-parole du ministère a confirmé les propos du ministre, tenus au cours d’une réunion d’exportateurs industriels à Yozgat dans le centre de la Turquie, mais a dit qu’il s’agissait d’un point de vue personnel qui n’engageait pas le gouvernement.     Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a déclaré mercredi que la Turquie allait demander au Conseil de sécurité des Nations unies de débattre des moyens de faire cesser les violences entre Ouïgours et Hans au Xinjiang, où au moins 156 personnes ont péri et un millier d’autres ont été blessées.     Mardi, des heurts ont brièvement opposé des policiers à 250 personnes qui manifestaient à Ankara devant l’ambassade de Chine. REUTERS AFP, le 9 juillet 2009 à 15h55 Xinjiang : la Turquie prête à accorder un visa à la dissidente Rebiya Kadeer (Erdogan)       ANKARA, 9 juil 2009 (AFP) – La Turquie est prête à accorder un visa de séjour à la dissidente ouïghoure en exil Rebiya Kadeer, accusée par la Chine d’avoir fomenté les émeutes interethniques dans sa province du Xinjiang, a déclaré jeudi le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan.     « J’ai appris par la presse ce matin que le ministère des Affaires étrangères avait rejeté de précédentes demandes (de visa). Si elle nous fait une nouvelle demande, nous lui accorderons un visa », a-t-il dit aux journalistes avant de quitter la capitale turque pour la réunion du G8 en Italie.     Mme Kadeer, 62 ans, qui vit en exil aux Etats-Unis depuis 2005, a dit mercredi soir à une chaîne de télévision turque avoir déposé deux demandes de visa auprès de l’ambassade de Turquie à Washington et qu’elles avaient été rejetées.     La dirigeante du Congrès Mondial Ouïghour (CMO) avait affirmé que 400 Ouïghours, des musulmans turcophones, avaient été tués dans les troubles à Urumqi, capitale du Xinjiang (nord-ouest) où, selon Pékin, 156 personnes ont été tuées dans les émeutes de dimanche soir.     En Turquie, un dirigeant du CMO, Seyit Tümtürk, a indiqué à la chaîne d’information NTV, avoir parlé au téléphone à Mme Kadeer qui lui a exprimé son intention de venir sur le territoire turc.     Comme certains de leurs voisins d’Asie centrale, les Ouïghours, principale minorité ethnique du Xinjiang, parlent une langue turque et sont musulmans. De nombreux exilés ont trouvé refuge en Turquie.     M. Erdogan a de nouveau évoqué jeudi des « atrocités » au Xinjiang, affirmant que la Turquie saisissait toutes les instances internationales pour exhorter les autorités chinoises à la retenue.     Ankara soutient la souveraineté chinoise au Xinjiang.      AFP AFP, le 9 juillet 2009 à 14h05 Pékin appelle la communauté internationale à s’unir contre le terrorisme         PEKIN, 9 juil 2009 (AFP) – La Chine a appelé jeudi la communauté internationale à s’unir contre le terrorisme, quatre jours après les sanglantes émeutes d’Urumqi, qu’elle avait imputées aux séparatistes ouïghours en exil. « Le terrorisme est l’ennemi de la communauté internationale dans son ensemble », a déclaré Qin Gang, porte-parole du ministère des Affaires étrangères. « Les trois forces –l’extrémisme, le séparatisme et le terrorisme– sont un fléau pour la Chine et d’autres pays de la région », a-t-il dit lors d’un point de presse régulier. « La Chine a toujours soutenu et pris part à la coopération internationale dans l’antiterrorisme », a-t-il ajouté, « y compris dans le cadre des Nations unies et dans (celui de) notre coopération avec les pays voisins ». « Mais, en ce qui concerne les séparatistes en Chine, qui font partie de ces trois forces, nous avons des preuves que ces personnes ont été entraînées à l’étranger, y compris par al-Qaïda, et qu’elles ont des contacts avec les forces terroristes à l’étranger ». En début de semaine, les médias officiels chinois ont largement repris une déclaration du gouvernement régional du Xinjiang accusant le Congrès mondial ouïghour, dirigé par la dissidente en exil Rebiya Kadeer, d’avoir fomenté les violences de dimanche. Celles-ci ont fait au moins 156 morts, selon un bilan officiel, et un millier de blessés, et ont mis aux prises les Ouïghours, des turcophones musulmans, et des Hans, ethnie majoritaire en Chine.     AFP AFP, le 9 juillet 2009 à 16h31 Téhéran: la police disperse un rassemblement en mémoire des émeutes de 1999 Par Siavosh GHAZI         TEHERAN, 9 juil 2009 (AFP) – Des milliers de personnes ont bravé jeudi à Téhéran l’interdiction des autorités pour marquer le 10e anniversaire des émeutes étudiantes et affiché leur hostilité au pouvoir, conduisant la police à disperser le cortège et arrêter des manifestants, selon des témoins. Il s’agit du premier rassemblement d’opposants depuis la confirmation le 29 juin de la réélection de l’ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad, à la suite du scrutin présidentiel du 12 juin. L’annonce de cette réélection avait entraîné les plus grandes manifestations de l’histoire de la République islamique, et le pouvoir avait promis d' »écraser » toute nouvelle contestation. Malgré l’avertissement, quelque 3.000 personnes se sont rassemblées en fin d’après-midi sur l’avenue Taleghani, proche de l’université (centre), lançant des slogans hostiles au pouvoir, selon des témoins. Les manifestants criaient « Libérez les prisonniers politiques! » ou encore « mort au dictateur! ». De mêmes sources, « la police a fait usage de gaz lacrymogène pour disperser » le cortège. Peu auparavant, la police avait déjà eu recours au gaz lacrymogène contre 200 à 300 manifestants, près de la place Enghelab (révolution), qui scandaient des slogans similaires. Des témoins ont par ailleurs fait état de l’arrestation de plusieurs manifestants ainsi que de l’intervention de la police anti-émeutes et des miliciens islamistes (bassidjis) pour prévenir tout nouveau rassemblement. Des manifestants ont mis le feu à plusieurs poubelles non loin de l’université et brisé les vitres d’une banque d’Etat, toujours selon des témoins. Ces derniers jours, des tracts avaient été distribués à Téhéran afin d’appeler les habitants à manifester pour commémorer l’anniversaire des émeutes du 9 juillet 1999, mais aussi pour protester contre la réélection de M. Ahmadinejad. Chaque année, des groupes d’étudiants organisent des cérémonies pour l’anniversaire de ces émeutes, qui avaient commencé après une attaque par des hommes en civil et la police contre les dortoirs universitaires de Téhéran. Les affrontements avaient duré plusieurs jours, faisant officiellement un mort. Le pouvoir avait cette année pris les devants. « Aucune autorisation n’a été accordée pour un rassemblement (…). Si certains veulent mener des actions anti-sécuritaires sous l’influence des chaînes de télévision contre-révolutionnaires, ils seront écrasés », avait prévenu le gouverneur de Téhéran, Morteza Tamadon. Au moins 20 personnes ont été tuées, des centaines blessées et des centaines d’autres arrêtées lors des violentes manifestations qui ont suivi le scrutin, les partisans des candidats battus accusant le pouvoir de fraude. Selon le chef du groupe réformateur minoritaire au Parlement, Mohammad Reza Tabesh, cité le quotidien réformateur Sarmayeh, quelque 500 personnes sont toujours emprisonnées dans le cadre des manifestations post-présidentielles. « Environ 2.000 ont été libérés et 500 sont toujours en prison », a déclaré M. Tabesh, citant le procureur général iranien, Ghorbanali Dori Najafabadi. Le vice-procureur de Téhéran, Mahmoud Salarkia, a signalé que seuls les individus accusés d' »action contre la sécurité nationale » ou de « destruction de biens publics » étaient toujours détenus, selon Sarmayeh. L’avocat iranien Mohammad-Ali Dadkhah, proche collaborateur du prix Nobel de la paix Shirin Ebadi, a été arrêté mercredi, selon ses proches interrogés jeudi par l’AFP. Suite à la vague de protestations internationales à la répression du mouvement, le président Ahmadinejad a prévenu jeudi que les « ennemis » de l’Iran étaient « obligés » de traiter avec son gouvernement. M. Ahmadinejad a obtenu officiellement 63% au scrutin.


 La crise iranienne ou la fin du mythe théocratique

ParMezri Haddad

Pour Mezri Haddad, philosophe, l’instauration d’un régime théocratique en Iran en 1979 a galvanisé l’islamisme à travers le monde. Sa chute aurait des influences pacificatrices.

 

À partir d’une fausse prémisse, on arrive toujours à une fausse conclusion. Ainsi, lorsqu’on considère que le régime iranien est une démocratie islamique parfaitement respectable, l’on déduit que la crise qui vient de secouer ce pays n’est pas structurelle mais conjoncturelle, qu’elle n’est pas profondément idéologique mais vaguement politique, que les événements sanglants qui se déroulent en Iran ne traduisent pas un rejet du système théocratique mais tout simplement un dysfonctionnement du dispositif électoral qui serait au demeurant tout à fait démocratique. Les troubles en Iran n’auraient par conséquent rien d’exceptionnel : deux candidats à la présidence, l’un «réformateur», Mir Hossein Moussavi, l’autre «ultraconservateur», Ahmadinejad, se disputent démocratiquement le pouvoir. C’est une scène ordinaire de la vie démocratique iranienne.

C’est cette normalisation d’un régime autocratique et anachronique qu’il faut d’abord infirmer. C’est cette banalisation et subversion de l’idéal démocratique qu’il faut dénoncer. Pire qu’un despotisme «ordinaire», le régime iranien est théocratique dans son essence et totalitaire dans son existence. Il est théocratique depuis la confiscation de la révolution par Khomeyni en 1979 et l’instauration du Wilayat al-Fakih (règne du guide suprême), une doctrine politico-ésotérique basée sur la fusion inextricable de l’auctoritas et du potestas et qui procède de la dogmatique la plus éculée du chiisme duodécimain et millénariste. Dans ce totalitarisme vert, l’autorité religieuse et le pouvoir politique reviennent entièrement au représentant de Dieu sur terre : le guide suprême, dont la sainteté n’a d’égale que l’infaillibilité.

Les Iraniens, tombés sous le joug des théocrates par un caprice de l’histoire, mènent aujourd’hui le même combat contre une oligarchie cléricale honnie par une société qui ne croit plus au mythe de la «cité parfaite et vertueuse» jadis et naguère promise par le tombeur du chah et qui découvre, grâce aux technologies nouvelles de communication, l’écart abyssal entre le monde réel à l’aube de ce XXIe siècle et l’univers orwellien dans lequel la cléricature entend la maintenir. Les manifestations qui ont désarçonné les mollahs par leur témérité, ouvrent un nouveau chapitre dans l’histoire de ce peuple. Par-delà l’explosion sociale qu’une manœuvre électoraliste a provoquée, ces événements traduisent deux lames de fond aussi profondes que durables : un désenchantement politique et une désacralisation du régime que le guide suprême a exaspéré en donnant l’ordre à sa milice (les bassidjis) de réprimer les contestataires. Défiance exceptionnelle et lourde de conséquences, ces derniers ont défilé à Téhéran aux slogans inédits de «mort à Khamenei». La non-soumission aux oukases du Torquemada chiite est un symptôme inquiétant pour la caste cléricale, qui se réfugie dans la répression, l’intimidation et la diversion en agitant l’épouvantail du complot étranger. Et pour cause, c’est la légitimité même du sacro-saint Wilayat al-Fakih qui est désormais ébranlée ?

Quoi qu’il en soit, l’antagonisme entre deux prétendants à la présidence, l’un qu’on dit «progressiste» et «réformateur», et qui est néanmoins un pur produit de la nomenclature théocratique : Mir Hossein Moussavi a été, en effet, pendant huit ans premier ministre à l’époque où Khamenei était président et l’ayatollah Khomeyni guide suprême ; l’autre, Ahmadinejad, un illuminé qui a fait du chantage au nucléaire, du pourrissement de la situation irakienne, du choc des civilisations et du négationnisme, l’axe central de sa politique étrangère, cet antagonisme clanique n’est qu’un épiphénomène devant l’antagonisme structurel entre un peuple déterminé à recouvrer sa liberté et un pouvoir conscient que la moindre ouverture provoquera l’écroulement de l’édifice totalitaire. Les «réformateurs» et à leur tête Rafsandjani, ne militent pas pour abolir un régime auquel ils sont résolument attachés. Bien au contraire, ils manœuvrent pour assurer le changement politique dans la continuité idéologique, se contentant d’améliorer l’image d’un État terni par les discours messianistes et jusqu’au-boutistes d’Ahmadinejad. Le rapport conflictuel entre société civile et pouvoir théocratique ira se radicalisant jusqu’au moment paroxystique qui provoquera la chute du régime.

C’est que les Iraniens savent qu’une théocratie ne se réforme point, mais se jette dans la poubelle de l’histoire. Ils savent aussi que l’émancipation sera dure à obtenir et que dans cette lutte décisive, le soutien du monde libre sera déterminant. De même que l’instauration de ce régime en 1979 a galvanisé les mouvements islamistes partout dans le monde arabe, sa chute contribuera à la décrue de cette idéologie qui, partout où elle est passée, n’a laissé derrière elle que ruine et désolation.

(Source: « Le Figaro » (Quotidien – France) le 8 juillet 2009)


Ce que la burqua dévoile de la France

Farid Laroussi

Jeudi 9 juillet 2009

Il arrive parfois que les titres de l’actualité se télescopent de manière inattendue et ironique. En France on débat de la burqua et de son interdiction possible. Michael Jackson meurt soudain. Or ce dernier lors de son long séjour à Bahrain en 2006-2007 n’hésitait pas justement à porter la burqua pour pouvoir se rendre dans les centres commerciaux et autres lieux publics en paix et incognito, ou presque. Puis en novembre 2008, de retour à Los Angeles, Michael Jackson s’est converti à l’Islam.

Un détail pour les médias puisque dans les émissions hommage et les journaux télévisés, l’information n’a toujours pas été reprise ou bien elle reste en suspens comme s’il s’agissait d’une autre toquade de star sans vraie conséquence. Une fois encore le dogme islamophobe consacre la dimension des évidences que l’on se construit pour ne pas regarder la réalité en face. Imaginez donc des centaines de millions de fans à travers le monde qui pleurent la disparition d’un musulman ! Les funérailles planétaires c’était juste pour la musique, comme de bien entendu.

En utilisant le débat sur la burqua en France aujourd’hui comme support de stigmatisation d’une communauté donnée, les politiques et les médias s’offrent les moyens de libérer le refoulé de l’islamophobie devenue en quelques décennies le pendant de l’antisémitisme français au XIXème siècle. On sent une menace, l’étrangeté absolue, et surtout le sentiment de la double allégeance.

Pendant ce temps, le tissu industriel français se délite inexorablement, l’agriculture pâtit de décisions de technocrates établis à Bruxelles, le système financier traverse sa plus profonde crise, le principe de service public se réduit à une peau de chagrin, le pouvoir d’achat est devenu l’art du renoncement, et pourtant ce sont les femmes en burqua qui dominent l’actualité. Faut-il vraiment que les idéaux de la République soient à ce point vacillants que quelques milliers de femmes parviennent à les ébranler ?

On sait que ni le Coran ni la tradition prophétique ne prescrivent le port de la burqua. Elle-même est un attribut saoudien et de pays d’Asie centrale, pas du Maghreb, d’Afrique occidentale, ni de Turquie, qui sont les zones géographiques sources de l’Islam en France. Selon toute apparence il y a donc un décalage entre la culture, la pratique religieuse et le message politique.

Comme lors du débat sur le foulard en 2003-04, le corps de la femme musulmane devient une mesure de la chose dicible et de salut public, celle des droits et de la dignité. Sauf bien entendu que la liberté de conscience et de confession passent au second plan. Ajoutez à cela un soupçon de paternalisme colonial : le message ne consiste-t-il pas à énoncer que le devoir de la France est de contribuer à l’émancipation de la femme musulmane ?

Dans les quotidiens qui ont pignon sur rue, les islamophobes attitrés s’en donnent à coeur-joie dans les approximations culturalistes, les mécanismes d’une subjectivité profane, et autres fallacies qui flattent le nouvel intégrisme laïcard. Les féministes médiatiques montent au créneau avec pour preuve fondamentale qui fasse adhérer à leur vérité, le mépris de la femme dès lors qu’elle n’appartient pas à la sphère reconnue et avalisée du discours dominant. Les intellectuels, eux, tellement généreux avec leurs axiomes de liberté sont soit réduits au silence, soit saisis de l’ivresse de sauver les meubles d’une modernité qui leur échappe de plus en plus.

En tout état de cause, le discours sur la différence subvertit la logique de la Raison des Lumières sans abolir pourtant les fondements du droit universel. On pourrait être choqué, par exemple, que ceux qui se voient déjà sur les barricades pour défendre les droits de la femme ne s’expriment jamais sur ceux de la femme palestinienne. Naturellement, tout le monde sait qu’une bonne discussion sur la burqua est plus essentielle qu’un débat sur l’auto-détermination d’un peuple.

Au lieu de cela les politiques et quelques penseurs en chaise longue nous servent, à leurs dépens, la tarte à la crème d’un Occident hégémonique comme si rien ne s’était produit depuis les indépendances. Comment pourraient-ils dès lors comprendre que la citoyenneté aujourd’hui n’est ni un miroir ni une limite : elle est devenue l’enjeu de l’État-nation au bord de la rupture.

En France aujourd’hui on « intègre » son voisin italien ou danois mais on continue à entretenir la suspicion à l’endroit de son compatriote de confession musulmane. D’abord qu’est-ce qu’une femme en burqua ? C’est un sujet qui cache en rendant visible. Pas simplement son corps, mais la nouvelle étrangeté citoyenne. D’aucuns ont parlé d’une cinquième colonne salafiste, mouvement littéraliste et ultra-conservateur musulman, c’est possible.

Mais c’est aussi une réalité minoritaire qui exclut autant les non-musulmans que ceux-là même parmi leurs coreligionnaires qui pratiquent leur foi et respectent les lois de la République. Hormis une présence confidentielle, le salafisme c’est l’épouvantail de ceux qui sont incapables de concevoir l’objet anthropologique de la citoyenneté. Disons-le, le radicalisme islamique et le nationalisme français (en vérité européen) convergent ensemble sur le terrain de l’origine et du destin sur lequel on remet en question toute causalité, c’est-à-dire la Raison. Chez les uns il y a les bons musulmans, chez les autres il y a les bons Français. Pas de juste milieu, seule la fiction de l’extrémisme.

Si l’on remonte la filière des enchaînements idéologiques depuis les années 1980 et l’avènement d’une revendication dite « beure », on arrive à un concept qui pourrait se résumer à une guerre de représentations : « vous m’avez exclu, à mon tour de vous exclure ». C’est en considération de cette logique qu’il conviendrait peut-être d’aborder la réflexion. On retrouve là également une question qui affecte la nouvelle citoyenneté comme montage culturel, pas seulement un appareil légalisateur. En ce sens la pensée politique française s’est emprisonnée elle-même, tout en déclamant ses vertus occidentales sans voir qu’il n’y a plus de certitude mesurable depuis que Dieu a été coché de l’équation démocratique.

On navigue à vue dans une République qui est à deux doigts de revendiquer haut et fort son origine judéo-chrétienne. Ainsi personne ne s’est-il offusqué que le corps politique français, avec le président en tête, assiste à une prière à Notre-Dame à la mémoire des victimes de l’accident du vol Rio-Paris. En même temps on pousse des cris d’orfraie pour que les signes religieux (entendu non-chrétiens) soient le moins visibles possible dans rues de la République. Ces femmes en burqua, pour autant que leur situation prête à discussion, sont avant tout le symbole des limites de valeurs et d’une identité nationale en souffrance. Elles sont un miroir que l’on ne veut plus voir, quitte à forcer ces femmes à demeurer enfermées chez elles. N’est-ce pas la même chose qui s’est produite lorsqu’on a exigé des jeunes françaises qui voulaient étudier à l’école de la République qu’elles aillent voir ailleurs littéralement ?

Sans entrer dans une problématique du désir, de l’eros permanent dont la femme est l’objet, le débat sur la burqua nous entraîne néanmoins vers ce qui est constitutif d’un idéal de possession. Il faut que tous les enfants appartiennent à la République, qu’ils soient présents, visibles, dans ce lien que l’on nomme société voire civilisation. L’identité y devient exactement cela : une similitude, une consubstantialité de valeurs et de références. Surtout pas un rapport de forces.

Toute discontinuité identitaire creuse un doublement, exhibe la réalité d’une France ni pure ni simple. D’une certaine manière, la burqua théâtralise le rapport de la division psycho-somatique de ce que ce cela signifie qu’être français aujourd’hui. Un raciste, ou un islamophobe, qui s’emporte contre la burqua, veut dire en premier lieu : « cela n’est pas moi ». Le terme de burqua passe alors pour un signifiant allogène (arabe ? farsi ? pachtoune ?), et la représentation, elle, se transforme en totem dogmatique, car au fond c’est Ben Laden qui se cache derrière.

Comment donc évoquer la burqua sans toucher au déterminisme politique français ? On l’a bien vu, le sujet fédère les partis de tous horizons. Le débat qui commence à peine, selon les déclarations du président lors de son discours au congrès de Versailles, porte en lui pourtant son archive. Toute question de culture donne lieu à une topique d’appartenance, c’est-à-dire d’inclusion ou d’exclusion. On retrouve là le mode binaire classique d’une nation en perte de repères, qui pense aller de l’avant par un repli sur soi. Mais les accusations et décisions à venir ne sont pas sans conséquence car elles visent à faire de ses propres citoyens un corps étranger. Si la question d’une loi, comme ce fut le cas en 2004, reste aujourd’hui une option, on n’en demandera pas moins à ces femmes de faire un choix. La burqua sera synonyme de tout ce qui n’est pas français, même si ces femmes sont elles-mêmes aliénées à toute autre culture. Il y a fort à parier que la jeune fille, née et élevée en France, et qui aujourd’hui porte la burqua serait incapable de s’acclimater à une nouvelle vie en Algérie ou en Égypte, et ce pas seulement pour des raison de différences économiques.

Une solution serait peut-être que la France s’acquitte enfin de l’infantilisme imposé à ses citoyens musulmans, qu’elle les laisse seuls examiner et régler la question de la burqua. Malaxés par les discriminations, la haine de soi, et aussi une ignorance patente de l’Islam, les jeunes générations doivent faire leur éducation, reprendre en main le flambeau de la fierté de leur religion, se délester aussi de la faute de certains aînés qui ont fait à tort du terrorisme une condition du dialogue. C’est bien la maîtrise de l’identité qui sera le recours contre les outrances du nationalisme et de la mondialisation.

Farid Laroussi est professeur de littérature française contemporaine et de littérature du Maghreb d’expression française, à l’université Yale (New Haven, Connecticut).

Source : Oumma.com http://www.oumma.com/…

 

 

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