AP: Tunisie: deux morts et 20 blessés dans les troubles à Metlaoui (centre-ouest)
AFP: UE: les migrants tunisiens soumis à un « arbitraire total » (ONG)
AFP: « Conseils » à Ben Ali: démission du président de l’institut des cultures d’Islam
Tunisie: deux morts et 20 blessés dans les troubles à Metlaoui (centre-ouest)
AP 11/03/11 20:01 TUNIS (AP) — Deux personnes sont mortes et 20 autres ont été blessées vendredi lors de violences qui ont éclaté dans la ville de Metlaoui, une ville du bassin minier de Gafsa, dans le centre-ouest tunisien, a annoncé l’agence officielle TAP. Selon l’agence de presse tunisienne, ces troubles auraient été provoqués par la diffusion d’un « faux communiqué » faisant état de recrutements d’agents sur une base tribale (arouchs) dans les mines de Metlaoui par la Compagnie de Phosphates de Gafsa (CPG), principal employeur de la région. Malgré les démentis apportés par les autorités et « l’assurance que les recrutements n’auront lieu que dans le cadre de la loi », plus d’un millier de personnes sont descendues dans la rue pour manifester leur colère. L’agence signale des « actes de violence, des jets de pierre et de cocktails Molotov et des tirs avec des fusils de chasse » perpétrés par les protestataires. Citant un communiqué du ministère de l’Intérieur, elle fait état de deux morts, une jeune fille et un jeune garçon, tués par tirs de fusils de chasse et d’une vingtaine de blessés. Par ailleurs, un officier de l’armée nationale a été blessé par balle par les tirs d’un fusil de chasse, ajoute la TAP, selon laquelle les manifestants ont tenté de mettre le feu à un camion militaire par jet d’un cocktail Molotov. Les « auteurs de ces actes de violence » ont été dispersés par les agents de l’ordre et l’armée nationale qui ont eu recours aux gaz lacrymogènes, poursuit le communiqué qui note qu’une enquête a été ouverte « pour élucider les circonstances de ces incidents et arrêter les éléments impliqués dans ces actes criminels ». AP
Tunisie: 2 morts et plus de 20 blessés dans des heurts dans le sud
(AFP) – 11/03/11 18:35
TUNIS — Deux personnes ont été tuées et plus de 20 ont été blessées vendredi dans des affrontements entre des habitants à Metlaoui (sud de la Tunisie), à la suite de la publication de fausses offres d’emploi dans le bassin minier de la région, a annoncé le ministère de l’Intérieur. « Deux jeunes personnes, dont une fille, ont été tuées par des tirs de fusils de chasse et plus de 20 autres ont été blessées », a déclaré à l’AFP une source du ministère de l’Intérieur. Un soldat a été blessé au bras par des tirs de fusil de chasse dans ces affrontements, qui ont démarré jeudi et qui se poursuivaient épisodiquement vendredi à Metlaoui, selon la même source. Ces affrontements ont éclaté à la suite de l’affichage d’une fausse offre d’emplois à la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG), proposant des quotas sur une base tribale. Cet affichage a été démenti par les autorités, qui ont assuré la population que les recrutements à la CPG se feront conformément aux règlements en vigueur et non sur une base tribale.
Mais des troubles se sont poursuivis: plus d’un millier de personnes se sont affrontées dans la matinée à coup de pierres, de cocktails Molotov et de couteaux, certains usant de fusils de chasse, selon la même source.
Un véhicule militaire a été la cible d’une attaque au cocktail Molotov, a-t-on ajouté. Les forces de l’ordre et la garde nationale, soutenues par des unités de l’armée, ont dû faire usage de gaz lacrymogène pour disperser les personnes engagées dans « les troubles et les actes de violence », a indiqué la même source, faisant état d' »arrestations » sans préciser leur nombre.
Dans un communiqué, le ministère de l’Intérieur a appelé la population de Metlaoui au calme, menaçant de poursuites judiciaires les fauteurs de troubles. En 2008, le bassin minier de Gafsa avait été secoué par une longue grève, sévèrement réprimée par le régime de Zine El Abidine Ben Ali, qui tenait alors le pays d’une main de fer. Les ouvriers du bassin minier s’étaient révoltés contre des suppressions massives d’emplois à la CPG. La Compagnie était passée en quelques mois de quelque 15.000 postes à 5.000 dans le cadre d’un plan de restructuration et de modernisation.
UE: les migrants tunisiens soumis à un « arbitraire total » (ONG)
PARIS, 11 mars 2011 (AFP) – Plusieurs ONG de défense des droits de l’Homme ont dénoncé vendredi à Paris « l’arbitraire total » auquel sont soumis les migrants clandestins tunisiens après leur arrivée en Italie et « l’instrumentalisation politique de la question de l’immigration » en France. Ces ONG, dont la Ligue française des droits de l’Homme (LDH), le Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme (REMDH) et Migreurop, qui ont mené fin février une enquête en Italie et en Tunisie, exigent le respect des droits des clandestins tunisiens, dont plus de 7.000 sont arrivés en Europe depuis la chute de Ben Ali le 14 janvier. « Les migrants tunisiens sont soumis à un arbitraire total en Italie: après leur arrivée sur l’île de Lampedusa, ils sont transférés sur le continent. Certains sont sont placés dans des centres d’accueil, d’autres dans des centres de rétention en vue d’une expulsion », a déclaré Sarah Prestani, du réseau Migreurop, au cours d’une conférence de presse. « Certains sont libres de leurs mouvements, d’autres sont enfermés; certains sont considérés comme des demandeurs d’asile, d’autres non. On ignore sur quels critères. Et quand on demande aux autorités italiennes combien de Tunisiens sont encore sur leur sol et dans quelle situation, nous n’avons pas de réponse », a-t-elle poursuivi. En outre, les autorités italiennes envisagent « de regrouper tous les demandeurs d’asile dans un nouveau centre près de Catane, en Sicile », où ils seront « isolés » et « privés de toute possibilité de s’intégrer ». Les ONG dénoncent aussi « l’instrumentalisation politique » de cette situation et le « discours alarmiste des autorités européennes, française et italienne en particulier, qui continuent à ne voir dans ce qui se passe en Méditerranée qu’un danger migratoire », a déploré Michel Tubiana de la LDH. « Pour l’instant, il n’y a eu aucune expulsion de Tunisiens, ni de France ni d’Italie. Nous assistons à des discours officiels hypocrites et mensongers sur les risques d’une invasion de clandestins dont la seule conséquence est une atteinte aux droits des migrants », a déclaré Omeyya Seddik, du REMDH.
Des blogueurs tunisiens reçoivent un prix de Reporters sans frontières
De The Associated Press (CP) –11/03/11 22:18 PARIS — Reporters sans frontières a remis vendredi son prix annuel de liberté d’expression sur Internet à un blogue collectif indépendant tunisien — mettant en relief le rôle joué par les réseaux sociaux dans les soulèvements populaires dans le monde arabe cette année. Le blogue tunisien Nawaat.org est le lauréat du prix Net-Citoyen, remis avec la collaboration de Google. Le prix est offert avec une bourse de 3450 $. Nawaat.org a joué un rôle important pour rassembler les protestataires antigouvernementaux en Tunisie, contre la répression des dissidents et le contrôle des médias exercé par le régime de Zine El Abidine Ben Ali. Le site, un blogue collectif créé en 2004 pour permettre aux Tunisiens de partager leurs tracas quotidiens, a mis en ligne des images d’actions policières violentes durant les manifestations de décembre contre le chômage et la corruption. Les manifestations avaient été ignorées par les médias nationaux. Les protestataires ont partagé les images sur Facebook et d’autres sites, et incité à d’autres actions contre le régime de Ben Ali. Le président s’est envolé pour l’Arabie saoudite le 14 janvier et le soulèvement pour plus de libertés en Tunisie a entraîné des manifestations populaires semblables dans le Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Jean-François Julliard, secrétaire général de Reporters sans frontières, a toutefois souligné que la liberté d’expression sur Internet reste fragile, avec près de 119 internautes actuellement emprisonnés pour avoir exprimé leur opinion en ligne, principalement en Chine, en Iran et au Vietnam.
« Conseils » à Ben Ali: démission du président de l’institut des cultures d’Islam
La révolution en cours et les défis du changement démocratique en Tunisie
Samedi 12 mars 2011 à 19h21 ter, rue Voltaire 75011 ParisMétro rue des boulets, ligne 9 Maitre Anouar Kousri vice président de la ligue tunisienne pour la défense des droits de l’Homme (LTDH) est de passage à Paris, à cette occasion le front du 14 janvier – Paris vous invite à une rencontre débat avec lui sur la révolution en cours et les défis du changement démocratique en Tunisie. Front du 14 janvier – ParisParis, le 9 mars 2011
Compte-rendu du débat sur le « miracle » économique tunisien organisé par le collectif Dauphine Tunisie
Le 11 mars 2011 à 13:55:07 CET
Le collectif Dauphine Tunisie a organisé une conférence-débat sur le thème Envers et avenir du ‘miracle’ économique tunisien, le 10 mars 2011, avec Sophie Bessis, Moncef Cheikhrouhou, Mohieddine Cherbib et Mouhoub El Mouhoud. La grande qualité des intervenants a donné un éclairage particulièrement intéressant sur le modèle économique passé et actuel de la Tunisie, ainsi que sur les choix qui s’imposeront pour son développement futur.
Mythe ou réalité du “miracle économique“
Sophie Bessis a ouvert la conférence-débat en affirmant que le “miracle économique“ en Tunisie était une formule sacrée, véritable mantra du régime de Ben Ali. Une formule relayée et martelée par l’Agence Tunisienne de Communication Extérieure, dont Moncef Cheikhrouhou a fustigé le rôle redoutable qu’elle a pu jouer pour vanter la réussite de l’ancien régime à l’étranger. Car en réalité l’économie tunisienne n’est ni un miracle, ni un cauchemar car son état est précisément contrasté, a expliqué Sophie Bessis, avant de décrire très clairement la construction du modèle économique du pays. Dépourvue de ressources minières importantes, la Tunisie ne pouvait être une économie de rente, mais une économie productrice. Ainsi, après la brièveté de l’expérience collectiviste rejetée par la population et du modèle de l’importation-substitution des années 1960, la Tunisie est passée au modèle du Sud-Est asiatique tourné vers l’exportation, au début des années 1970. C’est un modèle qui a marché car avec les transferts sociaux (de l’ordre de 19% du PNB), il a réussi à sortir de l’extrême pauvreté une part très importante de la population. Néanmoins, ce modèle n’a pas réussi a évoluer au milieu des années 1990, en se cantonnant à l’industrie de sous-traitance de basse et moyenne gamme et un tourisme massif privilégiant les touristes à faible pouvoir d’achat.
Faiblesses de l’économie tunisienne
Il a été relevé que le modèle économie tunisien n’était pas en mesure d’absorber les milliers de diplômés sortant du système éducatif et entrant sur le marché du travail. Ceci a crée un climat d’insécurité sociale et une accentuation des clivages sociaux et régionaux. C’est ce qu’a confirmé Mohieddine Cherbib par une analyse de la situation économique récente par le prisme de la révolte du bassin minier de Gafsa. Une révolte peu médiatisée, étouffée mais qui a permis la découverte de la pauvreté depuis 2008, selon Sophie Bessis. Autre handicap, celui de l’abaissement récent de la note souveraine de la Tunisie par les agences de Moody’s et Fitch, dont Moncef Cheikhrouhou a expliqué le surcoût insensé que le pays va devoir désormais payer pour lever des fonds auprès des marchés financiers. Alors que la Tunisie a toujours fait preuve d’une grande rigueur dans la gestion de sa dette, l’absurdité et le panurgisme des agences de notations soulignés par l’économiste, ont été révélateur d’un comportement jugé irresponsable vis-à-vis d’un pays qui doit être soutenu. Pour Mouhoub El Mouhoud, on ne peut changer ces comportements mais il est possible d’utiliser des outils pour contrer l’abaissement de la note par des prêts bonifiés ou une restructuration de la dette, par exemple.
Potentiel et avenir de l’économie tunisienne
Malgré la précarisation de la société, la Tunisie dispose de bons fondamentaux a affirmé Sophie Bessis, au premier lieu desquels une population relativement éduquée. Certes, le chômage des jeunes diplômés est une plaie pour la Tunisie et il faudrait selon Moncef Cheikhrouhou, un taux de croissance de 7% pour que l’économie puisse absorber l’ensemble des chômeurs. Mais comme, il n’a pas manqué de rappeler, la mauvaise gouvernance coûte 2 à 3% de PIB par an, avec une croissance ces dernières années de plus de 3,5%. C’est donc possible, mais des choix de changement de modèles économique s’imposent. Le développement des infrastructures comme un pré-requis pour le développement des « régions de l’intérieur » est une priorité capitale et admise pas tous, mais il ne doit pas être indépendant d’une politique économique précise. Point souligné par les quatre intervenants, la Tunisie devrait sortir de la grande dépendance économique avec l’Union Européenne, avec laquelle elle réalise 80% de ses échanges. Aussi, comme l’ont précisé Moncef Cheikhrouhou et Mouhoub El Mouhoud, la Tunisie doit s’ouvrir fortement vers l’Est et favoriser un développement régional, pour se créer une croissance significative et sortir de la dépendance avec les pays de la rive Nord de la Méditerranée. Des suggestions globales pour le court et moyen terme ont été formulées par Moncef Cheikhrouhou, qui s’est refusé toutefois à donner des précisions d’un programme électoral en cours d’élaboration (vraisemblablement pour les élections de 24 juillet prochain).
Slim Dali pour El Mouwaten (Source: « El Mouaten » le 10 mars 2011)
Abdallah Kallel, arrêté
Que justice soit faite
Abdallah Kallal, ex-président de la chambre des conseillers du régime du président déchu, ancien ministre de l’intérieur, ex-trésorier du RCD qui vient être dissout par le tribunal de Tunis, vient d’être arrêté, apprend-on de source informée.
L’arrestation de Abdallah Kallal qui fut également membre du bureau politique de ce même parti qui vient d’être démantelé, a eu lieu jeudi 10 février vers 17 heure, lorsqu’une brigade des forces intérieures a encerclé son domicile à Carthage et procédé à son arrestation après une période de résidence surveillée.
Son arrestation vient s’ajouter à celle de Rafik Belhaj Kacem, ex-ministre de l’intérieur du régime dictatorial du président déchu, Zine El Abidine Ben Ali, ayant été déjà inculpé d’homicide volontaire.
Source : « Tunivisions » Le 11-03-2011
Astrubal : « La révolution en Tunisie aurait eu lieu sans Internet »
Le blog tunisien Nawaat.org reçoit le prix du Net citoyen, remis par Reporters sans frontières. Interview de Riadh Guerfali, alias Astrubal, l’un de ses fondateurs.
Reporters sans frontières (RSF) vient d’attribuer le prix du Net citoyen 2011 au blog Nawaat.org. A l’occasion de son passage à Paris, celui qui est connu sur la Toile tunisienne sous le pseudonyme d’Astrubal lève le voile sur son identité. Riadh Guerfali, qui est enseignant à l’université dans sa vie non numérique, revient sur la censure orchestrée sous le gouvernement de Ben Ali. Il relativise aussi le rôle d’Internet dans la révolution tunisienne, sur lequel les médias occidentaux avaient beaucoup insisté.
01net. : D’où est venue l’idée de Nawaat.org ? Riadh Guerfali (alias Astrubal) : Nawaat ( le « noyau ») est né de la nécessité de créer un site où les Tunisiens puissent s’exprimer librement, en toute indépendance. Nous voulions créer un blog 100 % tunisien qui soit en mesure de relayer une parole libre dans un contexte où l’expression était verrouillée par Ben Ali, y compris sur Internet. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Nawaat a été censuré dès le premier jour de sa mise en ligne.
Cela signifie-t-il que les Tunisiens du pays, à l’inverse de ceux de la diaspora, n’avaient pas accès au site ? Nawaat a été bloqué dès sa création en 2004. A cette époque, la censure existait déjà, mais un petit nombre de Tunisiens savaient comment la contourner à travers des proxies ou des VPN [virtual private networks, NDLR]. Le site était alors confidentiel. Puis nous avons travaillé à la diffusion d’outils et de conseils pour qu’un plus grand nombre de personnes puissent accéder à un Internet libre [et donc à Nawaat.org, NDLR]. L’audience de Nawaat a été plus importante.
Comment s’exerçait la censure sur le web ? Elle était insupportable. Vous n’aviez pas accès librement aux informations. Des sites qui n’avaient rien de subversif, qui ne traitaient pas de politique, étaient touchés par la censure. Je me rappelle un site Internet du barreau de Paris auquel je n’avais pas accès. 01net. même aurait pu être censuré si la police d’Internet l’avait décidé. Mais rien n’était fait officiellement. Vous lanciez une requête, elle était interceptée, et l’on vous renvoyait une erreur 404 comme si elle provenait des serveurs du site auquel vous cherchiez à vous connecter. C’est ni plus ni moins que de l’usurpation d’identité. Passer par des VPN et des proxies n’était pas sans problème. En raison de l’affluence, la vitesse de connexion était très diminuée, et il était très souvent impossible de lire une vidéo.
Et comment s’exerçait la censure sur les blogueurs ? Les blogueurs subissaient des pressions, du harcèlement, des arrestations. Zouhair Yahyaoui, économiste et créateur du site TuneZine, a été le premier prisonnier d’Internet. Il a été arrêté en 2002, a fait presque un an et demi de prison. Il est mort quelques mois après sa libération. C’est à sa mémoire que nous dédions le prix que Nawaat reçoit de Reporters sans frontières. Quant à moi, je m’attendais à ce que la police d’Internet arrive à m’identifier et vienne me chercher. Ce qui était rassurant, c’est que rien ne pouvait m’arriver sans que des ONG, RSF, mes amis, d’autres blogueurs le sachent. Face au silence des gouvernements occidentaux, heureusement que la société civile était là.
C’est pour une question de sécurité que vous avez fait le choix d’animer un blog sous un pseudo ? Quand j’ai commencé, j’étais en France. Je voulais surtout séparer mon activité professionnelle [d’enseignant universitaire, NDLR] de mon activité militante. Science et militantisme ne font pas bon ménage. Je n’avais pas envie non plus qu’un de mes étudiants m’interpelle sur mes écrits. Maintenant que je vais mettre de côté ma vie d’enseignant, je peux dévoiler mon identité. Est-ce que l’anonymat m’a servi du point de vue de ma sécurité ? Oui, sûrement. Mais ce n’était pas l’objectif premier.
Les médias occidentaux ont expliqué que la révolution avait été possible grâce à Internet. N’est-ce pas une vision un peu simpliste ? Si la question est : le régime de Ben Ali serait-il tombé sans Internet ? La réponse est oui, mais sûrement pas le 14 janvier dernier. Les choses auraient pris plus de temps. La circulation de l’information sur les réseaux sociaux a permis aux Tunisiens de se donner rendez-vous dans la rue. La révolution d’Internet, ce n’est pas une révolution Facebook ni une révolution Twitter. C’est la révolution d’un nouvel outil, d’un nouveau canal de circulation de l’information.
Le droit d’auteur, prétexte à la censure ?
Depuis le 14 janvier, les Tunisiens ont-ils un accès libre à Internet ? Aujourd’hui oui. Mais ce ne fut pas le cas dans les deux premières semaines qui ont suivi la fuite de Ben Ali. Les tensions étaient nombreuses. Malgré l’annonce de la levée de la censure, plusieurs sites étaient bloqués au prétexte qu’un Internet libre était dangereux pour nos enfants, qu’il fallait les protéger de la cyberpornographie. Il est inacceptable qu’un quelconque fonctionnaire puisse de façon clandestine décider si je peux accéder ou non à un document qui traite de sociologie des mœurs ou de gynécologie, par exemple. Il n’appartient à aucune administration de bloquer quoi que ce soit. Cela est du ressort des tribunaux.
Vos propos ont un retentissement particulier en France, alors que le filtrage administratif du Web vient d’être validé par le Conseil constitutionnel… Rien n’est définitivement acquis. Nous devons être vigilants sur la liberté d’Internet en Tunisie, et vous devez l’être en France. Sous prétexte de protéger le droit d’auteur, il se passe de sacrées choses : coupures d’accès, fin de l’anonymat des contributeurs. L’information doit circuler librement. La culture doit être partagée. Je ne suis pas en train de dire qu’il ne faut pas protéger le droit d’auteur ; il faut rémunérer les auteurs. Mais il est inacceptable de porter atteinte à la liberté de circulation et d’accès à l’information pour protéger les intérêts financiers de quelques puissants.
Source : « 01net » Le 11-03-2011
Hakim El Karoui, cible de la révolution tunisienne à Paris
L’ex-plume de Raffarin, soutien de Ségolène Royal en 2007, créateur duClub XXIe siècle, intello inspiré, banquier chez Rothschild et « réseauteur » de haut vol, est au cœur d’une réplique parisienne de larévolution tunisienne : on lui reproche des conseils adressés à Ben Ali.
Ce vendredi, Hakim El Karoui aurait dû être à Marrakech, pour le forum des Young Mediterranean Leaders, un club de « décideurs » qu’il a fondé. Mais la réunion a été annulée. Motif invoqué : « l’instabilité » qui règne dans la région. Surtout, Hakim El Karoui a quelques problèmes à régler.
Une pétition réclame sa démission de la présidence del’Institut des cultures d’islam (ICI), établissement culturel de la ville de Paris qui doit aussi, à terme, accueillir des lieux de culte dans le XVIIIe arrondissement.
« El Karoui dégage ! »
Du coup, Hakim El Karoui a convoqué ce vendredi soir un « conseil d’administration extraordinaire ». L’intitulé de l’ordre du jour (« point général de situation sur l’avancement du projet ICI ») ne trompe personne : il va devoir s’expliquer.
Peut-être entendra-t-il les « El Karoui dégage ! » des manifestants qui ont prévu de se rassembler au même moment à la Goutte-d’Or à l’appel de plusieurs organisations tunisiennes (l’Union pour la Tunisie, leFront de Libération Populaire de la Tunisie, leMouvement des Jeunes Tunisiens). Pour elles :
« Les victoires successives du peuple tunisien contre le régime deBen Ali doivent s’accompagner de changements en France. Les artisans et les bénéficiaires de la relation privilégiée entre la France et ce régime criminel et corrompu doivent assumer les conséquences de leurs actes. […] La révolution tunisienne se poursuit. »
Des conseils adressés à Ben Ali
Que reprochent-elles à Hakim El Karoui ? Deux notes adressées au « Père de la nation », « Son Excellence » Ben Ali « en pleine répression du soulèvement démocratique en Tunisie » – queMediapart a rendues publiques.
La première, datée du 12 janvier, proposait à Ben Ali de « sanctionner les responsables qui ont mal fait leur travail » et d’envoyer « un message de compassion aux familles des victimes ». Deux jours plus tard, le banquier prodiguait de nouveaux conseils de sortie de crise. A quelques heures de la fuite de Ben Ali.
Hakim El Karoui n’a pas l’intention de démissionner. A des amis, il a confié qu’il était « sûr et certain » du « soutien total » deBertrand Delanoë. Selon un administrateur de l’ICI :
« Il sait que son profil n’est pas si répandu pour qu’on puisse se passer de lui : une personnalité indépendante du PS et du microcosme de l’hôtel de Ville, qui connaît bien le monde musulman et les milieux économiques, capable d’organiser des levées de fonds pour financer les futurs lieux de culte. »
« Volonté de s’expliquer sans détours »
A Rue89, Hakim El Karoui assure être habité par « la volonté de [s]’expliquer simplement et sans détours en dehors de jeux politiques qui [le] dépassent ».
Il a commencé à le faire, jeudi 3 mars, dans une lettre adressée aux membres du conseil d’administration de l’ICI.
Dans ce courrier, que Rue89 s’est procuré, il raconte que Marwan Mabrouk, un des gendres de Ben Ali, lui a demandé des idées pour « faire baisser la violence et d’organiser une transition pacifique vers la dé‚mocratie ». Il écrit :
« Dans l’extrê€me urgence de la situation, j’ai eu le tort de ré‚diger ces notes et de les signer comme si je m“adressais non pas àƒ lui mais àƒ Ben Ali. Et parce qu’elles ne correspondaient pas àƒ ce qu’entendait habituellement Ben Ali, j’ai utilisé‚ des formules rhé‚toriques qui peuvent apparaî†tre, hors contexte, choquantes.”
Ses arguments ont-ils porté ? Réponse ce vendredi soir.
Source : « rue89 » Le 11-03-2011
Lien :http://www.rue89.com/2011/03/11/hakim-el-karoui-cible-de-la-revolution-tunisienne-a-paris-194451
Tunisie. Abdelwaheb El Hani présente le parti Al Majd
Selon son fondateur, Abdelwaheb El Hani, le parti Al Majd (La Gloire) va présenter, prochainement, un programme comprenant un ensemble de propositions sur les prochaines échéances politiques et le contenu du Code électoral.
Au cours d’une conférence de presse tenue jeudi à Tunis, M. El Hani a indiqué que l’augmentation du nombre des partis ayant déposé des demandes pour l’obtention d’une autorisation légale reflète la dynamique politique en Tunisie. Il a souligné que cette situation est naturelle et qu’elle est le résultat de la «domination du parti unique durant plus de deux décennies», ajoutant que le rôle effectif des partis est de garantir une transition démocratique saine et mettant l’accent sur la nécessité pour les partis de coller aux préoccupations des citoyens et d’être fidèles à la mémoire des martyrs de la Tunisie.
Des ententes électorales en vues? M. El Hani a affirmé, par ailleurs, qu’il n’écarte pas la possibilité d’une entente entre son parti et d’autres formations partageant les mêmes orientations et principes qu’Al Majd. Il a fait remarquer, à ce propos, que son parti va présenter, dans les prochains jours, un programme comprenant un ensemble de propositions sur les prochaines échéances politiques et le contenu du Code électoral. Sur un autre plan, M. El Heni a indiqué qu’il est du droit de chaque citoyen, capable d’assumer des responsabilités politiques et nationales, de se présenter à l’élection présidentielle. Il a, dans ce contexte, évoqué le rôle des médias dans l’information sur les orientations des partis et le suivi de leurs activités. Le fondateur du parti Al Majd qui s’est choisi pour slogans «Citoyenneté, République, Démocratie» avait déposé, mercredi, une demande pour l’obtention d’une autorisation légale du ministère de l’Intérieur. Selon son statut, ce parti politique est centriste, d’obédience maghrébine, arabe et islamique, ouvert sur ses dimensions africaine et méditerranéenne. Il vise, principalement, la consécration des principes de la civilisation islamique, la diffusion des valeurs humaines et la dynamisation de la politique étrangère de la Tunisie, au service des intérêts supérieurs du pays et des justes causes arabes et humanitaires. Il voudrait, en outre, œuvrer pour la protection du droit à la différence et de l’alternance pacifique au pouvoir, la promotion de la démocratie régionale, la consécration de la décentralisation administrative et le développement des mécanismes de contrôle des finances publiques.
Source : « Kapitalis » Le 11-03-2011
L’homme qui veut faire de la Tunisie la «Suisse du monde arabe»
«Je suis le seul à pouvoir sauver durablement la Tunisie du chaos grâce à mon programme social, politique et économique. Je pourrais protéger la démocratie et la liberté à long terme».
Qui parle ainsi? Néjib Chebbi? Hamma Hammami? Rached Ghannouchi? Non, c’est Samy Charrad. Qui c’est? Vous connaissez? Est-ce l’un de ces jeunes révolutionnaires qui ont fait leurs armes à Sidi Bouzid, à la Kasbah ou à la Couple d’El Menzah? Non, rien de tout cela. Il s’agit d’un financier travaillant à Futures Research Technology & Management SA à Genève, en Suisse. Domicilié à Besançon, ce dernier a des attaches dans le village de Saulnot, en Haute-Saône, en France, d’où est originaire sa mère.
Le retour au pays Samy Charrad, qui vise la présidence de la Tunisie (pas moins !), garde des liens très forts avec le pays de son père, un médecin proche de Bourguiba et officier de la Légion d’honneur française. Né le 9 juin 1963 à Tunis, d’une mère infirmière française, Samy est musulman de confession et il veut faire de la Tunisie la «Suisse du monde arabe». Ses liens avec son pays natal se sont renforcés au lendemain de la révolution tunisienne, que le Bisontin (c’est ainsi qu’on appelle les habitants de Besançon) a suivi, avec son épouse et ses deux enfants de 11 et 13 an, «en direct mais de loin grâce à la télévision, internet, Face book et le téléphone», note le journal régional ‘‘Le Pays’’, qui lui a consacré un portrait. Diplômé en informatique et finance de l’Université Paris-Dauphine (1986) et de Hec-Paris (1986), Samy Charrad s’est réconcilié avec son pays après la chute de l’ex-dictateur, le 14 janvier dernier. Il affiche aujourd’hui ses ambitions politiques. Il s’apprête à retourner dans son pays, le 20 mars plus précisément – fête de l’Indépendance –, pour y créer le Nouveau parti national tunisien (Npnt), une formation «nationaliste, libérale et laïque», à la tête de laquelle il souhaite se présenter à l’élection de l’assemblée constituante et, pourquoi pas, à la prochaine présidentielle.
En attendant l’amendement de l’article 40 Pour cela, il faudra que l’article 40 de la constitution tunisienne soit tunisienne soit amendé. Car il impose aux candidats d’être de mère et de père tunisiens, or la mère de Samy Charrad est française. La Haute commission pour la réalisation des objectifs de la révolution, la réforme politique et la transition démocratique est donc prévenue : elle ne doit pas fermer la porte de la candidature à Samy Charrad qui envisage selon ‘‘Le Pays’’, le programme du Npnt est constitué de 17 points relatifs notamment, et dans le désordre, au développement de la démocratie et des libertés individuelles, à la convertibilité totale du dinar tunisien et au développement économique grâce aux marchés financiers et à l’extraction des réserves pétrolières du golfe de Gabès pour financer la construction d’une centrale nucléaire
Source : « Kapitalis » Le 09-03-2011
Amor Shabou de retour sur la scène politique et médiatique tunisienne
Suite aux événements du 14 janvier, le journaliste et militant tunisien Amor Shabou exilé
pendant dix ans en France a enfin pu rentrer au pays. Condamné en 1991 à douze mois de prison pour avoir rencontré des dirigeants de l’opposition en exil, le fondateur de la revue hebdomadaire « le Maghreb » compte créer un nouveau parti politique.
Amor Shabou était l’invité de Boubaker, il est revenu sur les raisons de sa condamnation, sur son combat pendant des années contre le régime de Ben Ali et sur ses nombreux projets en Tunisie dont notamment le lancement du quotidien « Le Maghreb ». Il a aussi expliqué l’idéologie de son futur parti politique qu’il veut réformiste et démocratique et cela en s’inspirant des idées des réformateurs comme Bourguiba
Source : Mosaiquefm » le 11-03-2011
« Nous réclamons la récupération des entreprises privatisées sous Ben Ali »
Mouldi Jendoubi, secrétaire général adjoint de l’Union générale tunisienne du travail dévoile la position de l’UGTT à l’égard du nouveau gouvernement de transition, et réclame la récupération des entreprises cédées au secteur privé sous le règne du président déchu Ben Ali.
Econostrum.info: « Nous voulons créer un climat de confiance avec Béji Caïd Essbsi », déclare Abdesslam Jrad, secrétaire général de l’UGTT, dans une interview accordée au quotidien Tunisien Al Sabah? Est-ce aussi la position de tous les membres de l’UGTT? En fait, la nomination de Béji Caid Essebsi à la tête du gouvernement transitoire est un signal fort et la preuve que les choses évoluent dans le bon sens. Une lumière faite d’espoirs en des lendemains meilleurs qui riment avec les aspirations des Tunisiens, désireux d’ancrer les bases d’un régime démocratique et pluraliste dans notre pays. Nous soutenons tous l’idée d’un gouvernement transitoire qui répond aux revendications du peuple et protège en même temps les acquis de cette révolution populaire. L ‘UGTT a accordé sa confiance à ce nouveau gouvernement, dans l’espoir de mettre le pays de nouveau sur les rails. C’est dans cette optique et dans le but de préserver les acquis de la révolution que nous avons annoncé la création du conseil national pour la protection de la révolution. La constitution de cet outil de contrôle et de législation résulte d’une concertation avec des associations, des partis politiques, la centrale syndicale, le conseil national des avocats, et des magistrats. Pourvu d’un pouvoir décisionnel, le nouveau conseil qui verra le jour d’ici fin mars planchera sur l’élaboration de textes législatifs et veillera à leur adoption pendant toute la période de transition. Econostrum.info : A votre avis, Béji Caid Essebsi, ex-militant bourguibiste, sera-il capable de sortir le pays de la tourmente durant cette période transitoire? Béji Caid Essebsi est un homme de grande expérience, rompu aux arcanes de la politique .Son audace et son charisme le qualifie pour le rôle du premier ministre à la tête du gouvernement transitoire. Je pense que la Tunisie a besoin dans cette période de Béji Caid Essebsi qui n’a aucune ambition politique, sauf celle de servir encore une fois le pays. Le nouveau premier ministre a déclaré vouloir réaffirmer l’autorité et le prestige de l’Etat et rebâtir un climat de confiance entre le gouvernement et le peuple. Je pense qu’il sera capable de mener ce beau pays à bon port durant la période transitoire.
« Le gouvernement formé par Mohamed Ghannouchi a commis une série de bêtises »
Econostrum.info : Que s’est il passé entre avec le gouvernement sortant? En fait, le gouvernement formé par Mohamed Ghannouchi, l’un des allié de l’ancien régime, a commis une série de bêtises. Son mandat s’est finit en queue de poissons par une faillite en cascade. Mohamed Ghannouchi qui occupait la Primature du gouvernement de transition post-révolutionnaire en Tunisie avait formé le 17 janvier un premier gouvernement composé des principaux caciques de l’ancien régime. 14 ministres appartenant au clan RCD détenaient les postes clés au sein de ce premier gouvernement. Après avoir essuyé une tempête de critiques sur sa politique comme sur son gouvernement, l’équipe au pouvoir s’est réorganisée. Après dix huit jours, et dans le but de corriger le hiatus constaté avec les protestataires, l’ex-premier ministre a dévoilé la composition de la nouvelle équipe gouvernementale provisoire tout en réduisant le nombre de 14 à seulement 2 ministres appartenant au clan RCD: Afif Chelbi et Nouri Jouini. Toutefois, la nouvelle équipe au pouvoir n’a pas pu réduire l’effervescence de la rue. Le mouvement s’est durci. Les appels à la dissolution du gouvernement Ghannouchi se sont multipliés. Finalement, la démission de Mohamed Ghannouchi vient mettre fin à cette situation de chaos. Espérons que le calme règne de nouveau dans le pays.
« 53 pourcent des entreprises publiques ont été privatisées, sous le règne de Ben Ali »
Econostrum.info: Abdesslam Jrad et par la suite tous les membres de l’UGTT sont accusés de fraudes et de corruption. Que pensez-vous de ces accusations? L’UGTT est ouverte à tous ceux qui veulent vérifier ses comptes. Les commissaires aux comptes ou encore les audits externes peuvent certifier que les comptes annuels de l’UGTT sont réguliers. L’UGTT a les mains propres. Econostrum.info : L’UGTT est ainsi accusé d’être l’un des derniers caciques du régime Ben Ali. Quel regard portez-vous sur cette question? L’UGTT a toujours milité contre la politique de l’ancien président Ben Ali, particulièrement concernant la privatisation des entreprises publiques. Durant les quatre dernières années, nous avons pu stopper le flux de privatisation qui submergeait le secteur publique. Il s’agissait d’un véritable bras de fer entre l’UGTT et le gouvernement de Ben Ali. Les efforts déployés par l’UGTT en vue de sauver l’usine de sucre à Béjà, l’usine de production d’acier à Bizerte et le groupe Tunisie Telecom de la privatisation confirment mes dires. Sous le règne du président déchu Ben Ali, 53 % des entreprises publiques ont été privatisées et vendues pour 6 millions de dinars à la famille Ben Ali et ses gendres. Durant son mandat, l’ex- premier ministre Mohamed Ghannouchi a fermé les yeux sur la privatisation forcée des entreprises publiques. Ce silence de Mohamed Ghannouchi sur l’affaire de privatisation lui est aujourd’hui reproché. Dans ce contexte, nous demandons la récupération des entreprises cédées au secteur privé ainsi que la protection des intérêts des entreprises publiques et leurs employés. Econostrum.info : Avec pour affiche « Jrad dégage », une campagne agressive vient d’être lancée sur Internet, dans la presse et parmi les manifestants à la coupole d’El Menzah à l’encontre du secrétaire général de l’UGTT Abdesslam Jrad. Pensez-vous que le secrétaire Général de l’UGTT devra démissionner sous la pression de la rue ? La campagne lancée à l’encontre de Abdesslam Jrad ne vise pas seulement le secrétaire général mais aussi l’UGTT. Sous les feux des critiques depuis la chute du régime Ben Ali et victime de ses décisions et de sa position à l’égard du gouvernement sortant, l’UGTT est aujourd’hui au centre de toutes les polémiques. La tendance actuelle, les revendications des protestataires à la coupole d’El Menzah et la compagne menée sur facebook confirment ce constat. Nous sommes deveunus une cible. S’agissant de la démission de Abdesslam Jrad, la décision revient à l’UGTT. Les membres de l’UGTT sont élus et choisis dans le cadre des élections libres et non pas sous la pression de la rue. Je diraisque le moment est venu de remplacer le mot « dégage » par « je m’engage ». La période transitoire demande plus d’engagement de rigueur et surtout de confiance pour ériger notre pays sur de bonnes bases.
« L’UGTT compte en coordination avec le gouvernement transitoire réintégrer les compétences de retour de Libye dans les entreprises tunisiennes ».
Econostrum.info : L’UGTT a créé une commission pour le suivi des entreprises sinistrées et l’encadrement des travailleurs ayant perdu leur emploi en cette période agitée. Avec quels objectifs? Composée de quatre secrétaires généraux adjoints, des représentants des offices, des établissements publics et des institutions de l’union, la commission syndicale récemment créée est chargée de suivi de la situation des entreprises sinistrées opérant dans les secteur privé et publique à la fois, et de l’encadrement des travailleurs ayant perdu leur emploi en cette période délicate que connaît le pays. Elle a pour but d’assurer la coordination entre les unions régionales, les fédérations et les syndicats généraux afin d’apporter le soutien moral et matériel aux travailleurs qui se sont retrouvés en chômage forcé. Cette commission a également pour mission de relancer les activités des entreprises économiques en coordination avec les parties concernées, en vue d’installer un climat favorable au retour des investisseurs en Tunisie. Econostrum.info : L’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a entamé une action en vue de rassembler les données sur les travailleurs tunisiens en Libye et sur leurs avoirs dans ce pays. Décryptez-nous les grands traits de cette initiative? Je me suis rendu en compagnie avec Mohamed Chandoul, membre du bureau exécutif de l’UGTT, à Ras Jedir et Dhiba pour coordonner les actions avec les structures syndicales de Médenine, Tataouine et Ben Guerdane et pour installer une tente pour apporter une aide alimentaire et médicale aux travailleurs de retour de Libye. Nous réitérons notre engagement à recourir le cas échéant à l’Organisation internationale du travail (OIT) et aux organisations des droits de l’Homme pour protéger les droits des travailleurs tunisiens, face à la détérioration de la situation en Libye aux plans économique, social et politique. Nous comptons dans une deuxième étape et en coordination avec le gouvernement de transition réintégrer ces personnes dans les entreprises tunisiennes.
Source : « econostrum » Le 11-03-2011
Tunisie : Démocratie et/ou sécurité
Pendant plus de 20 ans, le régime de Ben Ali a tenté de nous persuader que notre sécurité ne pouvait être garantie qu’en contrepartie d’entorses à la démocratie. Islamistes, nationalistes et gauchistes ont été réduits au silence alors que les partis légalisés ont été soumis à la politique de la carotte et du bâton et y ont succombé à l’exception d’Ettajdid qui a oscillé, au gré de ses directions, entre le soutien (Mohamed Harmel) et l’opposition (Ahmed Brahim). Alors que le PDP, ainsi que la Ligue des droits de l’homme et quelques militants (Radhia Nasraoui, Hamma Hammami, Khémais Chammari, Sihem Ben Sedrine, Mohamed Abbou, Moncef Marzouki …) ont subi le dénigrement, l’oppression, les tracas et le lynchage médiatique en raison de leur refus de montrer patte blanche. Après la révolution, on s’est rendu compte jusqu’où cette logique faussement sécuritaire était factice. Les troupes de sécurité présentées comme un monstre de force et de terreur étaient en fait trop faibles pour assurer la sécurité et étaient surtout composées de police politique, de garde présidentielle et d’équipes chargées de suivre les opposants et mettre tous les citoyens sous écoute. Il en a résulté un vide que des brigands, des truands, des voyous, des sbires et des délinquants ont utilisé pour piller, terroriser et semer l’anarchie dans la plupart des villes et des quartiers. Mais alors que des voix s’élèvent pour que l’ordre soit rétabli, l’UGTT par la voix de son porte-parole et unique homme public Abid Briki et les courants d’extrême gauche nous surprennent en minimisant l’aspect sécuritaire, critiquant au passage le nouveau premier ministre qui l’a évoqué, et nous obligent à choisir entre la démocratie et la sécurité. La première doit, selon eux, avoir la priorité, comme si c’est pour avoir la démocratie que des bandes organisées pillent, brûlent et sèment la panique, ou peut-être parce que le déficit sécuritaire permet aux partisans de la dictature du prolétariat de priver de parole leurs adversaires politiques comme ils l’ont fait à Kasserine, Sfax, Jendouba et Bizerte pour Attajdid et le PDP. Non, messieurs, les Tunisiens veulent en même temps la démocratie et la sécurité, l’une ne pouvant être séparée de l’autre. La première seule mène à l’anarchie et la seconde seule engendre la dictature. D’ailleurs, dans le contexte actuel, il serait opportun d’accroître les effectifs de la police dans une optique de promotion d’une police citoyenne au service de la population et non de ses oppresseurs, à travers la constitution de divers corps particuliers et spécialisés tels que : – La police municipale dont le rôle ne serait plus de terroriser les vendeurs ambulants ou marchander l’approbation de constructions anarchiques mais de veiller au bien-être social, environnemental et sécuritaire dans les cités et les quartiers, – La police de gardiennage qui doit remplacer l’esclavage pratiqué par certaines sociétés d’intermédiation, – La police du transport qui doit être active sur les lignes du métro et dans les bus pour assurer la sécurité des voyageurs et mettre fin au braquage, – La police de l’eau qui veille à la sauvegarde de la nappe d’eau.. Une telle option se traduirait par une plus grande sécurité et une meilleure qualité de vie pour les citoyens mais essentiellement par le recrutement de nombreux jeunes et par la réhabilitation de ce corps indispensables à la vie social.
Source : « GlobalNet » Le 11-03-2011
Tunisie-Assemblée constituante: Pour un grand parti de gauche
Assemblée constituante-Tunisie – Une fois la page de la dictature tournée, le peuple tente de s’organiser en vue des prochaines élections d’une Assemblée constituante prévues pour le 24 juillet. De nombreux partis ont été déjà agréés et ont commencé leurs activités. Bien que le Code électoral n’ait pas été encore revu et corrigé, il est à prévoir que le foisonnement politique ira en s’intensifiant. Le peuple a été sevré de démocratie et il veut prendre sa revanche sur tant d’années de marginalisation pendant lesquelles on le disait pourtant, dans les mascarades électorales, élire un président à 99,99%. Même l’Union soviétique était plus modeste. Il n’y a que la Corée du Nord qui pouvait nous rivaliser sur de tels scores! Il est donc naturel que de nombreux partis politiques se créent et revendiquent l’attention des électeurs. On passe ainsi du désert politique dans lequel un parti accaparait tout, en laissant des miettes à des partis d’opposition de parade, à la pléthore politique dans laquelle on se gratte la tête et on lance un parti politique. On va risquer d’aller à l’émiettement, quitte à ce que chaque représentant dans la future Assemblée représente à lui seul une entité politique. J’espère que la proportionnelle uninominale, si elle est adoptée, ne nous amène pas à un tel excès. Il est donc important que le Code électoral soit révisé de manière telle qu’il permette des choix fondamentaux à notre peuple: un régime présidentiel ou un régime parlementaire, une orientation de progrès ou une orientation régressive, une politique économique proche du peuple ou une favorisant les élites, une éducation tournée vers les sciences, les langues modernes, notamment l’anglais, et les besoins de la société ou une éducation générale telle que nos enfants ont eu à subir pendant si longtemps et qui les a amenés au chômage de longue durée. Afin de cristalliser ces choix, le Code électoral devrait permettre aux courants fondamentaux de la société de s’exprimer dans une clarté et une transparence sans ambage. Il devrait favoriser la constitution de grands partis qui reflètent et même expriment ces courants fondamentaux. Cela n’exclut pas la constitution de pactes ou coalitions mais ceux-ci risquent d’être fragiles et risquent de donner lieu à des tractations et manoeuvres que les circonstances de notre pays ne permettent pas. Pour ma part, je préconise la création d’un grand parti de gauche que l’on peut qualifier de Parti travailliste qui serait l’expression de ce que Farhat Hached aurait créé dans la Tunisie de la Révolution. Un parti qui défendra les libertés, la justice sociale, y compris la justice tout court, l’équilibre des revenus et des régions, l’égalité des chances et le progrès social. Un parti du plein emploi, surtout des jeunes. L’Union générale tunisienne du travail (Ugtt) qui a joué un rôle crucial dans la réussite de la Révolution, ne peut pas, de part ses statuts, se transformer en parti politique mais ses sympathisants et citoyens-militants peuvent s’organiser d’une manière telle qu’un parti de cette envergure soit lancé avec le maximum de chances de réussir.
Source : « Afrique en ligne » Le 11-03-2011
Tunisie: leçon de Droit Constitutionnel élémentaire
« Les Carthaginois aussi sont réputés pour avoir une bonne constitution, supérieure aux autres par bien des points. Et beaucoup des institutions qu’on trouve chez eux sont bonnes », du philosophe Grec Aristote.
La première partie du combat pour notre liberté est finie. Nous pouvons maintenant affirmer que nous l’avons gagné. Le temps historique l’a emporté sur le temps économique. Certes, il y a encore beaucoup de résidu de l’ancien régime qui subsiste, mais ils sont à découvert, seuls, et face à dix millions d’ennemis.
Laissons donc le temps faire et soyons sûr que la mémoire et l’honneur du peuple tunisien ne leur laisseront pas de répit. Ils finiront par disparaître dans la honte, la solitude et le mépris de tous.
Maintenant commence une autre partie de cette guerre pour la liberté. Cette partie va être, comme la précédente, longue, compliquée et dure à mener. Mais n’ayons pas peur, le peuple tunisien saura vaincre et arracher sa liberté de haute lutte, parce que son destin le veut.
Notre nouveau champ de bataille est la Constitution, cette bataille s’organisera autour de l’Assemblée Constituante et le premier objectif à sécuriser est le Code électoral. Ces choses là ne sont pas vraiment claires pour tous et la première des choses à faire est d’expliquer et de clarifier chacun de ces points.
La Constitution (Destour)
Qu’est ce qu’une constitution ?
La constitution est la chose la plus importante qui fonde une Nation, comme son nom l’indique elle constitue l’essence de ce qu’est une Nation. C’est à partir de ce texte que toutes les lois d’une Nation sont pensées et rédigées. C’est le texte fondamental à partir duquel une Nation construit et ordonne son État.
C’est en même temps la forme que prendra l’État, et l’esprit avec lequel on rédigera ses lois.
La constitution est le texte qui agence les principes fondateurs de l’État dont se dote une Nation. Cela signifie que lorsqu’une Nation (qui est la matérialisation géographique d’un peuple) décide de construire un État qui pourra organiser la vie collective et la chose publique, elle doit penser une constitution. C’est dans ce texte que les institutions sont pensées.
Ce texte doit être compris par tous comme reflétant la volonté générale et comme le contrat social qui lie l’ensemble des individus en tant que peuple.
C’est un texte qui devient, dès qu’il est accepté, juridique, parce que l’ensemble des lois qui régissent un État doivent lui être subordonné. Mais il est très important de comprendre que sa rédaction ne nécessite pas forcément de compétence juridique. Une constitution n’est pas écrite par des juristes, mais par les représentants du peuple.
L’essentiel d’une constitution n’est effectivement pas qu’elle soit juridique, mais qu’elle pose les fondations à partir desquelles le droit pourra commencer. Autrement dit, le fondement d’une constitution n’est pas le droit, mais les principes desquels découle le droit.
La constitution sera donc le texte qui déterminera quels seront les principes qui fonderont l’État que notre Nation va décider de se doter.
L’Assemblée Constituante
Qu’est ce qu’une Assemblée Constituante ?
Une Assemblée Constituante est une assemblée élue par le peuple selon certaines modalités afin de rédiger une Constitution. Le mandat de ses membres, appelés les députés constituants, doit s’arrêter à la rédaction de cette constitution et à sa promulgation.
Comment se passe la rédaction de la Constitution par l’Assemblée Constituante ?
Une Assemblée Constituante, parce qu’elle est constituée des représentants du peuple élu par le peuple, est forcément divisée à certains moments et sur certains points. C’est pourquoi son fonctionnement relève de l’argumentation et du débat et c’est pourquoi il est nécessaire que soit représenté en son sein l’ensemble des courants qui constituent le peuple de la Nation qui l’élit. Si cette représentativité venait à faire défaut alors la Constitution qui sortirait de cette Assemblée Constituante ne pourrait faire l’unanimité et, alors, la dissension reviendrait dans la Nation et l’État serait incapable de fonctionner.
Concrètement les députés devront se réunir régulièrement et leur séance de travail sera décomposée en plusieurs temps.
– Dans un premier temps les députés feront les propositions des articles qui leur semblent les plus évidentes et les plus nécessaires. Ces propositions d’articles seront compilées, analysées, puis il sera procédé à un débat et à un vote pour chacune d’entre elle.
Dans le débat devront s’opposer les arguments des défenseurs de la proposition et les contre arguments des détracteurs de cette proposition d’article. Il est évident que les propositions qui reflètent des courants trop radicaux, trop spécifiques, trop corporatistes, seront éloignées par la majorité rapidement. Ne resteront que les propositions qui auront fait l’unanimité.
– Ensuite ces propositions qui auront fait l’unanimité seront compilées, puis devront être mise en ordre.Cette étape sera une étape de réflexion collective qui aura pour but de produire l’esprit de la Constitution. Car la place des articles déterminera leur importance et, partant, l’inclination que les députés constituants donneront à la Constitution, et, partant, à l’État.
La procédure sera la même que précédemment, à savoir, les députés feront leur proposition, les défendront et les attaqueront, puis il y aura un vote afin de déterminer quelle proposition l’emportera sur les autres.
Le Code électoral
Qu’est ce que le Code électoral ?
Le Code électoral est la manière dont va être mis en place une élection. Cette expression recoupe en même temps :
– Le type de suffrage, c’est à dire les conditions qui seront requises pour avoir le droit de voter. Étant donné que la Tunisie a théoriquement le suffrage universel, le seul point de détail important à régler sera l’âge minimum requis pour voter.
– Les conditions d’éligibilité, c’est à dire les conditions requises pour qu’un citoyen puisse se présenter aux élections. Il est évident qu’en ce qui concerne les élections à une Assemblée Constituante, ces conditions doivent être le moins exigeantes possible puisque cette Assemblée doit être la plus représentative du peuple. Plus il y aura de limites, moins l’Assemblée sera légitime. La question de l’âge y sera particulièrement importante puisque la jeunesse doit y être représentée.
– Le mode de scrutin, c’est à dire la manière dont les votes attribueront les sièges à l’assemblée. Ce terme regroupe aussi la manière dont les candidats doivent se présenter, en leur nom propre (scrutin nominal) ; ou en se regroupant autours d’idées communes ou de programmes (scrutin de liste).
Il y en a de plusieurs types et le choix du mode de scrutin est extrêmement déterminant. On pourrait dire que c’est presque par ce seul point que l’on pourra avoir un système de représentation démocratique ou pas.
Pour esquisser le problème qui fera l’objet d’un article à part entière, il faut dire qu’il y a deux grands types de mode de scrutin :
– Le scrutin proportionnel, c’est à dire un scrutin qui permet à tous les candidats d’avoir des sièges proportionnellement à leur résultat. Par exemple, si une liste obtient 30% des voix, elle obtiendra 30% des sièges à l’Assemblée. Ce mode de scrutin a l’avantage de permettre une véritable représentation du peuple car tous ceux qui ont obtenu des voix en nombre suffisant obtiennent un siège dans l’assemblée en proportion.
– Le scrutin majoritaire, c’est à dire un scrutin où celui qui obtient le plus grand score obtient le siège. Ce scrutin permet si peu la représentation qu’il ne mérite pas plus que d’être évoqué. Ceux qui perdent n’auront pas de représentants élus, or pour une Assemblée qui se doit d’être le plus représentative possible, ce scrutin est bien évidemment malvenu.
– Le tirage au sort parmi les candidats. Même si ce mode de scrutin est le plus démocratique d’entre tous, il ne semble pas valable pour l’élection d’une assemblée constituante, pour les mêmes raisons qu’énoncées précédemment pour le scrutin majoritaire.
– Les modalités de vote, c’est à dire la manière dont les électeurs pourront voter. Faudra-t-il être inscrit sur des listes électorales ? sera-t-il possible de voter avec sa carte d’identité de manière électronique ? Cette question est très importante en ce qui concerne la possibilité pour tous de voter et pour le contrôle de la légalité des élections.
– Le découpage du territoire Nationale en circonscriptions, c’est à dire le nombre de Députés à élire en fonction du nombre d’habitant et la manière dont les zones d’habitations sont découpées. Cette question est vitale en ce qui concerne la répartition et la représentativité des régions et des Tunisiens dans leur ensemble, et elle occupe tout particulièrement les Tunisiens résidants à l’étranger.
Ainsi s’achève cette première esquisse de ce que sont ces choses qui doivent devenir pour nous tous l’une des préoccupations majeures de ces prochains mois.
Avant de terminer il convient d’insister sur le fait qu’une assemblée constituante n’est pas le lieu de la dissension mais le lieu de la réunion. Ce n’est pas une arène politique mais le lieu d’où toutes les forces politiques de la nation devront s’entendre pour écrire les fondations de l’espace publique. Il faut insister sur le fait que la question des partis est complètement déplacée dans cette assemblée.
Effectivement, les personnes voulant devenir des députés constituants, c’est à dire les représentants du peuple Tunisien, qui vont avoir la responsabilité devant l’avenir de notre Nation d’écrire le texte qui servira de base à tout le reste, doivent se réunir, non pas par parti, mais par affinité de pensée et de représentation d’intérêt. Tout autre façon de faire n’entraînera que des complications et amènera des problèmes insolubles dans ce qui sera le cœur et l’âme de notre avenir.
Et il ne s’agit pas ici d’avoir une expérience dans la gestion de l’État, mais d’avoir des idées sur ce que doit être notre nation. C’est sur ces seules idées que nous devrons choisir nos représentants à cette assemblée.
Et si cette assemblée est une assemblée des probes, des intègres, de ceux qui veulent fonder le futur de la Tunisie sur le dialogue, la discussion et l’accord, alors ce sera la seule véritable institution que notre pays aura eue en cinquante ans.
Et c’est pourquoi il est plus que temps pour les membres de la société civile de se manifester et d’écrire une nouvelle page de l’histoire de la Tunisie. Femmes, hommes, jeunes, vieux, tous, nous avons notre place dans cette assemblée, à partir du moment où nous savons ce que nous voulons pour notre pays et que nous pouvons le défendre.
Source : « Espace manager » Le 11-03-2011
Lien :http://www.espacemanager.com/politique/tunisie-lecon-de-droit-constitutionnel-elementaire.html
Article de l’Express : La politique est la passion préférée de Kamel el-Taief. Ce chef d’entreprise, qui a hérité de son père une société de BTP, est avant tout un homme de réseaux et un conseiller de l’ombre. Il est à l’origine de l’ascension de l’ex-Président Zine el-Abidine Ben Ali, comme lui originaire de Hammam Sousse, et fut l’un des instigateurs du «coup d’Etat médical » du 7 novembre 1987, puis de la politique d’ouverture des débuts, à la fin des années 1980. Il est tombé en disgrâce lorsque Ben Ali a choisi de divorcer pour épouser Leila Trabelsi, contre laquelle il l’avait mis en garde, l’interview qui suit constitue un témoignage direct notamment sur les conditions dans lesquelles Ben Ali a renversé Habib Bourguiba en 1987.
Comment avez-vous fait la connaissance de Ben Ali ?
Je l’ai rencontré en 1978 par l’intermédiaire d’un ami qui était alors le chef d’État-major de l’armée, Abdelhamid Escheikh. Il me l’a présenté. Nous sommes tous les deux originaires de la même ville, Hammam Sousse.
Pourquoi avez-vous choisi de le parrainer ?
Dans les années 1980, le principal problème de la Tunisie était celui de la sécurité. Ben Ali était un homme sérieux, gros travailleur. Et surtout un bon professionnel de la sécurité. Au moment de la « révolte du pain », en 1984, il était en poste à l’ambassade de Tunisie à Varsovie. Je suis allé voir le Premier ministre de l’époque, Mohamed Mzali, que je connaissais bien, et je lui ai dit qu’il fallait quelqu’un qui soit capable de gérer la situation. Je lui ai suggéré de rappeler Ben Ali, ce qu’il a fait. Il l’a nommé chef de la Sûreté nationale. Par la suite, il est devenu secrétaire d’Etat puis ministre de l’Intérieur et Premier ministre, le 2 octobre 1987.
Avait-il les qualités politiques requises ?
Non. Sur ce plan, il était limité.
Comment avez-vous décidé de renverser Bourguiba ?
Quelques jours seulement après la nomination de Ben Ali à la tête du gouvernement, l’entourage de Bourguiba est entré en conflit avec lui. Il ont réussi à convaincre le vieux Président de nommer Mohamed Sayah à sa place. Un soir, la nièce de Bourguiba, Saïda Sassi, qui s’occupait de son oncle depuis le départ de son épouse, Wassila, est passé chez Ben Ali. Elle lui a révélé qu’il allait être limogé. Dès qu’elle est partie, Ben Ali m’a téléphoné. Il a aussi appelé Hédi Baccouche, alors ministre des Affaires sociales, ainsi que Mohamed Chikri, qui était à l’époque au ministère de l’Intérieur. Chargé de suivre pour son compte les activités de Saïda Sassi, et Habib Ammar, le commandant de la garde nationale. Nous nous sommes tous retrouvés chez Ben Ali un peu avant minuit. Je lui ai dit ce que je pensais, à savoir que Bourguiba n’était plus en mesure d’assurer ses fonctions de chef d’Etat, que le pouvoir était à ramasser et qu’il fallait le prendre. La situation était grave. Il était Premier ministre et ministre de l’Intérieur, il était donc l’homme idoine. Habib Ammar était prêt à faire ce qu’il fallait sur le terrain. Hédi Baccouche était hésitant. Le lendemain, Ben Ali, qui avait rendez-vous avec Bourguiba, est allé le voir.
Il a était très mal reçu : Bourguiba l’a insulté et même giflé. Il m’a appelé immédiatement, et nous nous sommes revus chez lui, en tête à tête. Je lui ai dit qu’il ne fallait plus attendre, qu’il fallait passer à l’acte.
Je connaissais très bien l’ambassadeur américain de l’époque, Robert Pelletrau, et je savais qu’il devait voir Bourguiba le lendemain en compagnie du représentant des Etats-Unis auprès de l’ONU, Vernon Walters, et d’une délégation de sénateurs américains. J’ai organisé avant cette rencontre un rendez-vous entre lui et Ben Ali. L’idée était de convaincre les Américains de glisser un mot à Bourguiba en faveur de Ben Ali, en leur faisant croire que l’entourage du Président voulait l’éliminer parce qu’il était proaméricain. Nous espérions ainsi gagner du temps et pouvoir intervenir avant la nomination de Sayah, qui se profilait. C’est ce qui a été fait. En plus au cours de cette audience, Bourguiba a dit aux Américains qu’il voulait la condamnation à mort pour Rached Ghannouchi, le chef du mouvement islamiste Ennahda. Ils ont été atterrés…Ensuite, nous avons commencé à travailler sur les modalités. Les détails techniques ont été mis au point par Habib Ammar et Ben Ali. Mais Ben Ali tergiversait. Il avait peur, en fait, je suis revenu plusieurs fois à la charge. Hédi Baccouche s’est rallié sur le tard. C’est lui qui a rédigé, dans la soiré du 6 novembre, au ministère de l’Intérieur, ce qui allait devenir « le discours du 7 novembre », le texte dans lequel Ben Ali promettait aux Tunisiens l’instauration de la démocratie…
On dit que vous avez prévenu les Algériens, et eux seuls. Est-ce vrai ?
Le hasard a voulu que le ministre de l’Intérieur algérien. Hédi Khédiri, soit en visite à Tunis alors que nous préparions le renversement de Bourguiba. J’ai en effet suggéré à Ben Ali de le mettre dans la confidence afin que le président Chadli Bendjedid soit informé de notre projet. Le chef de l’Etat algérien a donné son feu vert, en y mettant une condition : que Bourguiba soit bien traité.
Vous avez poussé un homme à prendre le pouvoir alors que vous saviez qu’il n’avait ni l’intelligence ni la hauteur de vue d’un chef d’Etat…
Bourguiba était malade et sénile. La Tunisie était dans une situation dramatique. Le changement s’imposait et, il fallait le faire dans le respect de la Constitution. Or, Ben Ali était Premier ministre. Constitutionnellement, il était le seul à pouvoir remplacer Bourguiba. D’ailleurs, au début, cela a bien fonctionné. La déclaration du 7 novembre avait promis la démocratie. Grâce à mes conseils et à mes réseaux, le nouveau Président a pu s’entretenir avec l’ensemble de la classe politique et de la société civile : les indépendants, les dissidents, les militants des droits de l’homme, dont plusieurs sont devenus ministres… Tout le monde était alors persuadé qu’une nouvelle page de l’histoire de la Tunisie allait s’ouvrir.
A qui faut-il imputer l’échec des élections de 1989 ?
A Hédi Baccouche, qui ne croyait pas au multipartisme. Mais aussi à Abdallah Kallel, qui était ministre de la Défense, à Chedli Neffati, ministre de l’Intérieur, et à Abderrahim Zouari, qui était à l’époque secrétaire général du Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD), qui avait succédé au Parti socialiste destourien.
Et vous, avez-vous été membre du RCD ?
Non, jamais. Ni du RCD ni d’aucun autre parti politique.
Rapidement, au début des années 1990, les arrestations se multiplient. Elles visent d’abord les islamistes, puis les défenseurs des droits de l’homme, puis tous ceux qui tentent d’exprimer leur différence…
Oui, ce tournant remonte à 1991 et correspond à la nomination d’Abdallah Kallel au ministère de l’Intérieur. Il a fait croire à Ben Ali qu’il y avait une menace terroriste. Il est aussi, l’année suivante, à l’origine d’une nouvelle loi sur les associations, qui visait directement l’indépendance de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme (LTDH). Il a même essayé d’obtenir le limogeage de l’Assemblée nationale de l’ancien ministre des Affaires étrangères, Béji Caïd Essebsi, connu et respecté de tous pour son patriotisme (NDLR : nommé Premier ministre le 27 février). Il a fait croire à Ben Ali qu’il était profrançais parce que la sécurité avait intercepté un courrier qui lui était adressé dans lequel il y avait un livre écrit par un homme politique français et traitant de la démocratie ! Pour la loi contre la Ligue, je suis intervenu auprès de Ben Ali. Je me souviens avoir dit au Président que cette loi était absurde, qu’il ne pouvait pas avoir promis la démocratie et avaliser un texte qui risquait de faire tomber la Ligue sur la coupe du RCD ! La loi a été abrogée. Mais elle a été réintroduite peu après, lorsque je suis tombé en disgrâce.
En effet, vous vous brouillez ensuite avec Ben Ali. A cause de Leïla Trabelsi ?
Oui. Elle était sa maîtresse depuis 1984, à l’époque où il l’a rencontrée, elle travaillait comme secrétaire dans une société de BTP. C’était une femme légère qui aimait l’argent. Il était très amoureux d’elle. En 1992, lorsqu’il a décidé de divorcer pour l’épouser, je lui ai dit qu’il faisait une grave erreur. Ce n’était pas une femme pour un chef d’Etat. Je connaissais aussi la famille. Ses frères étaient des voyous. Il l’a épousée et lui a dit que je l’avais mis en garde contre elle. Elle m’en a bien sûr voulu.
Que vous est-il arrivé ? Sans poste officiel, vous ne pouviez être limogé…
Non, mais j’ai été soumis à un harcèlement constant orchestré par le ministre de l’Intérieur, Abdallah Kallel. Il y mettait d’autant plus de zèle qu’il m’en voulait par ailleurs personnellement à cause de cette loi sur les associations. J’ai été suivi et mis sur écoute. Il y avait des policiers devant mon bureau, les gens qui venaient me voir étaient placés sous surveillance… Il y a eu aussi quelques incidents plus graves. En juillet 1992, j’avais convié de nombreuses personnalités, comme cela se fait chez nous, à l’occasion de la circoncision de mon fils. Plusieurs de ces invités avaient des postes ministériels. Le lendemain, ils ont tous été limogés… En 1996, mes bureaux ont été incendiés. Cinq ans plus tard, alors que j’étais chez le coiffeur, deux motards cagoulés ont détruit ma voiture. Cette fois-là, il s’agissait de me faire payer un dîner, la veille, chez l’ambassadeur des Etats-Unis. A la suite de cela, j’ai été arrêté et emprisonné. Il cherchait à m’isoler, à me dissuader de voir des personnalités politiques ou des diplomates. En même temps, au palais, Leila prenait de plus en plus d’importance. A la fin, c’était elle qui commandait.
A partir de quand a-t-elle réellement pris le pouvoir ?
Dès le début, elle a mis certains des conseillers de son mari dans sa poche, notamment Abdelwaheb Abdallah, qui était alors au palais de Carthage et avait déjà la haute main sur l’information, ainsi qu’Abdelaziz Ben Dhia. Abdallah Kallel s’est mis aussi à son service. Voyant le Président amoureux, ils ont estimé qu’ils auraient d’autant plus d’influence qu’ils plairaient à son épouse… Dès 1992, elle a obtenu de faire tomber des têtes. Dès le début des années 2000, tout passait par elle : personne ne pouvait directement accéder au Président car elle filtrait toutes les visites. Cela n’a fait qu’empirer lorsque la santé de Ben Ali s’est dégradée.
Sa nombreuse fratrie a mis la main sur des pans entiers de l’économie tunisienne. Mais, qu’apparaisse le clan des Trabelsi, le frère du Président avait déjà sévi, ainsi que ses nombreux gendres, les Slim Zarrouk, Slim Chiboub, Marwan Ben Mabrouk…
Oui, et Ben Ali laissait faire. En 1991, je me souviens de l’avoir mis en garde contre l’appétit de l’un de ses gendres, en lui conseillant de freiner. Il m’a répondu que si ce n’était pas lui ce serait un autre… Mais avec l’arrivée des Trabelsi on a changé de braquet. Ils étaient nombreux, sans aucun scrupule, rien ne les arrêtait. Et pas seulement les frères de Leila. La mère aussi, les cousins, les amis, tout le monde. Ils ont bâti d’immenses fortunes, à partir de rien. Ils demandaient à Ben Ali d’intervenir en leur faveur, et le président s’exécutait.
A ce propos, qu’en est-il d’Aziz Miled, l’homme d’affaire qui a accompagné Michèle Alliot-Marie et son compagnon lors de leurs vacances tunisiennes ?Etait-il proche des Trabelsi ?
En fait, au départ, il était surtout proche de Slim Chiboub. Il faisait des affaires avec lui. Puis, après la mise à l’écart de celui-ci, il s’est approché du clan des Trabelsi. Dernièrement, on le voyait surtout avec le dernier gendre de Ben Ali, Sakhr el-Materi.
On ne peut donc pas dire qu’il a été une « victime » des Trabelsi ?
En aucun cas. Il faisait partie du cercle.
Le 14 janvier 2011, qui a décidé Ben Ali à partir ?
Je ne peux en être sûr car je n’étais pas sur place, mais tout indique que c’est Ali Seriati, le patron de la garde présidentielle. Il l’a convaincu de partir en lui expliquant qu’il valait mieux qu’il s’éloigne, le temps pour lui pour reprendre la situation en main.
Etait-ce que faire revenir Ben Ali ou pour son propre compte ?
A mon avis, pour son propre compte. Il semble bien qu’il s’agissait d’une tentative de coup d’Etat.
Source : « Tunisie numerique » Le 11-03-2011
Tunisie : Hommage au cyber-militant Zouhair Yahyaoui
Ils se rassembleront, samedi 12 mars, devant le Théâtre Municipal de Tunis. Ils sont des cyber-activistes, des militants des droits de l’homme et des citoyens tunisiens. Ils y seront pour rendre hommage à feu Zouhair Yahyaoui, figure phare de la résistance contre l’appareil politico-médiatique de Zaba.
«Nous nous dirigerons ensuite au domicile familial de Zouhair Yahyaoui, situé au 50, rue Habib Thameur, à Ben Arous. Nous nous recueillerons enfin sur la tombe de Zouhair pour dire que nous ne l’oublierons jamais» écrit Sophie Piekarec, sa fiancée et sa compagne dans son combat contre la dictature de Zaba.
Bien avant que l’opération Tunisie soit lancée par Anonymous, bien avant que la campagne «Sayeb Salah» soit adoptée par certains blogueurs et tweeples tunisiens, bien avant que Slim Amamou et Azyz Amamy soient arrêtés et emprisonnés par la police politique de Ben Ali, il était une fois TUNeZINE. A ce moment, il n’y avait quasiment que Takriz qui luttait aussi contre la dictature via les pages du Net.
Lancé en juin 2001, Tunezine intégrait un magazine en ligne et un forum. C’était le repère des cyberdissidents tunisiens. Et son défunt créateur Zouhair Yahyaoui a vu et a vécu le pire, deux ans après le lancement de son journal web. Ses articles satiriques ciblant Zaba explicitement lui ont valu torture et emprisonnement entre juin 2002 et décembre 2003. Il a dû multiplier les grèves de la faim pour obtenir la liberté conditionnelle. L’indomptable cyberdissident est décédé à l’âge de 37 ans d’une attaque cardiaque le 13 mars 2005.
En juin 2003, Zouhair Yahyaoui a reçu, à Paris, le Prix Cyberliberté. Il s’est également fait connaitre en relayant sur son site une lettre dénonçant le fonctionnement de la justice, adressée au président ZABA et signée par son oncle, l’avocat et ex-magistrat Mokhtar Yahyaoui. Né en décembre 1967, Zouhair Yahyaoui, connu sur TUNeZINE sous le pseudo d’Ettounsi, était le catalyseur d’un noyau dur de cyber-dissidence. Nous en citerons Decepticus, Sophie Elwarda, Omar Khayam, Lecteur assidu. «Le lendemain du décès de Zouhair. Nous avons tous révélé nos identités. Il n’était plus question de rester sous couvert de pseudos alors que notre ami est décédé» nous raconte Taïeb Moalla, journaliste tunisien au Journal de Québec, connu sur TUNeZINE sous le pseudo Lecteur assidu.
Mohamed Nouri, président de l’Association de soutien aux prisonniers politiques, Mustapaha Ben Jaafar, chef du parti d’opposition FDTL ainsi que la journaliste dissidente Sihem Bensedrine et certaines autres figures militantes des Droits de l’Homme étaient présentes à ses funérailles, lundi 14 mars 2005. L’organisation internationale phare de la défense de la presse «Reporters Sans Frontières» a même délégué un représentant pour assister aux funérailles du défunt militant.
A l’époque, certains opposants et militants notamment Mustapaha Ben Jaafar ont proposé de faire du 13 mars une «journée de la liberté d’expression sur internet». Ce genre de recommandations n’avait évidemment pas de poids sous le régime dictatorial de Zaba. Aujourd’hui, cette proposition, sera-t-elle abordée de nouveau et aura-t-elle des échos?
Source : « Tekiano » Le 11-03-2011
Lien :http://www.tekiano.com/net/7-web-2-0/3451-tunisie-hommage-au-cyber-militant-zouhair-yahyaoui.html
« On jouit d’une sorte d’irresponsabilité »
Gisèle Halimi :
Vous êtes née en Tunisie. Comment avez-vous vécu les récents événements ?
Je suis tunisienne. Quand je suis née, mes parents étaient tunisiens. Ils sont devenus français, moi aussi, mais j’ai les deux nationalités. J’ai vécu ces événements avec émotion et avec fierté. Emotion, car quoi qu’il soit arrivé en Tunisie, je n’ai jamais rompu avec mon pays et j’y suis toujours allée. La Tunisie, pays arabe, a été à l’avant-garde pour les droits des femmes, et cela ne pouvait que me toucher. J’ai été, à 21 ans, l’avocate de Bourguiba. Et il est honnête de reconnaître qu’ensuite, Ben Ali, dans un premier temps, en 1987, a consolidé les acquis pour les femmes. Puis, il y a eu cette extinction des libertés. Et récemment, les femmes ont été au coeur de cette révolution, et je regrette qu’on n’ait pas assez montré qu’elles étaient à l’avant-garde.
Pourtant, certaines décident de nouveau de se voiler…
Elles le font en pensant que c’est un retour aux sources. Cela reste sur un plan privé, celui de la foi, mais, paradoxalement, cela n’entraîne pas de conséquences sur le plan de leur liberté et de leur travail. C’est une revendication culturelle, identitaire et patriotique.
Dans « Histoire d’une passion » (Plon, 200 p., 18,50 euros), vous évoquez votre attachement à une certaine tradition tunisienne. Laquelle ?
Je suis de culture française, mais mes grands-parents ne parlaient pas le français, mais l’arabe populaire, qui ne s’écrit pas. J’aime cet idiome judéo-arabe-tunisien et j’y suis attachée, j’utilise toujours certaines expressions, qui mettent un peu de soleil dans cette vie parisienne.
Avant de parler de cette passion pour votre petite-fille, vous précisez que vous êtes mère de trois garçons et que vous auriez aimé avoir une fille pour « mettre à l’épreuve » votre engagement féministe…
J’aurais voulu savoir si, en l’élevant, j’allais me conformer exactement à ce que j’avais revendiqué, à la fois pour moi et pour toutes les femmes. Il n’est pas anodin d’être une fille aujourd’hui, peut-être plus qu’avant encore. Car elle va être confrontée au monde qui n’a pas disparu, celui des préjugés, de la violence. Et, en même temps, elle peut avoir accès à tout, même au prix de discriminations. N’aurais-je pas fait, par peur, une différence avec les garçons, lui demandant, par exemple, de ne pas sortir le soir ? Je crois toutefois, que puisque je me posais la question, j’aurais été fidèle à mes engagements.
La relation avec votre petite-fille, que vous analysez, va au-delà de votre cas. Elle pose la question du statut des grands-parents aujourd’hui.
Beaucoup de grands-parents d’aujourd’hui ne ressemblent pas à ceux d’autrefois. Ils se sentent jeunes encore. Même s’ils continuent à travailler, ce qui est mon cas, ils ont un peu plus de temps libre que lorsqu’ils élevaient leurs enfants, ils n’ont plus à construire leur carrière. J’ai réfléchi à cette question. Et je me demandais ce que, grands-parents, on peut apporter aux petits-enfants. Comment on le leur apporte. Et comment cela va se concilier avec l’éducation donnée par les parents.
C’est très différent, car, grands-parents, on jouit d’une sorte d’irresponsabilité. On a les enfants en week-end, pendant les vacances, on n’a pas à régler la question de l’école. On est dans une sorte de bien-être. On a une relation plus libre et plus gaie avec eux. Les parents sont prisonniers du quotidien.
Pour les grands-parents, c’est très gratifiant d’emmener leurs petits-enfants au musée par exemple. On a un autre sentiment de bonheur que quand on venait au musée entre deux rendez-vous. Et on ne parle pas de la même manière à ses petits-enfants qu’à ses enfants. On a plus de fantaisie. Pour moi, avoir eu une petite-fille fut un moment charnière de mon existence. Pas dans une perspective de transmission. Je n’avais pas de leçon à donner.
Vous employez dans votre livre deux mots, « passion » et « amoureuses ». Mots tabous dans les rapports entre grands-parents et petits-enfants ?
Ils sont même tabous entre parents et enfants. Quand ma petite-fille a employé ce mot, « amoureuses », cela ne m’a pourtant pas choquée, mais remplie d’amour. En fait, il faudrait trouver un autre mot qu' »amour ». Cela n’a rien à voir avec l’amour entre deux adultes, ni avec l’amour des parents. C’est quelque chose de très nouveau, qui vous raccroche à la vie, mais en même temps vous fait entrevoir que vous êtes bien avancé en chemin. C’est un sentiment à plusieurs charnières. Pour moi, tout cela était décuplé par mon désir d’être mère d’une fille.
Est-ce que cela ne suscite pas presque fatalement la jalousie des parents et les amène à éloigner grands-parents et enfants ?
Je ne l’ai pas réalisé. Ma petite-fille et moi nous avons un peu vécu dans une bulle. C’était vraiment une passion. Certes, j’ai fait certaines maladresses que j’aurais dû éviter. Par exemple, quand elle refusait que sa mère la conduise chez le dentiste et voulait que je le fasse. Je n’aurais pas dû le faire. Je rejetais toute arrière-pensée qui aurait pu me culpabiliser. Mais je n’ai jamais essayé de profiter de notre relation intime pour l’influencer, lui demander de prendre exemple sur moi. Pourtant, pendant trois ans, j’ai vécu une interdiction de l’autorité parentale. Je n’ai plus vu mes petits-enfants. Mais nous avons de nouveau une très belle relation, très libre.
Cela peut aller très loin, puisque vous racontez la visite, à votre cabinet, d’une grand-mère qui vous dit « on m’a enlevé mes petits-enfants » et vous demande si un recours légal est possible.
Elle était désemparée et je connais ce sentiment. Il y a des recours légaux. Un article du code civil donne aux grands-parents des droits. Des droits limités. On accorde des droits de visite, comme dans les questions du divorce. Il y a plus de grands-parents qu’on ne le pense qui font intervenir la loi. Comme je le disais, les grands-parents d’aujourd’hui sont différents de ceux des générations précédentes. Ils occupent un espace infiniment plus grand qu’avant. Très différent de celui de parents, qui, parfois, se sentent infériorisés. Ce qui, assez souvent finalement, incite l’autorité parentale à vouloir rompre la relation grands-parents/petits-enfants. Et pousse les grands-parents à se battre pour éviter cela. Cela se plaide en général en chambre du conseil, donc de manière privée.
Mais d’autres grands-parents, comme cette dame venue me voir, ne connaissent pas leurs droits. Et quand on les leur explique, souvent ils n’osent pas faire intervenir la justice. Ils reculent devant les difficultés judiciaires, et plus encore devant la nécessité d’étaler sa vie privée devant autrui.
Dans votre livre, vous voyez les petits-enfants comme « un frein contre la vieillesse ». Avez-vous eu peur de la vieillesse ?
Je me suis évidemment interrogée. Quand on a ce minimum de philosophie qui est de savoir que la vie a un cours et une fin, on peut envisager cela. Moi, je vais avoir 84 ans. La seule crainte, si l’on est en bonne santé, est celle de la faiblesse intellectuelle. Or je me sens en pleine capacité. Plus riche même, de l’expérience. Cela donne un point de comparaison. Bien sûr, il y a certaines limites.
Autrefois, pour un procès d’assises, comme celui de Bobigny, qui a fait avancer la cause des femmes sur l’interruption de grossesse, je pouvais travailler une nuit entière sur un dossier, me doucher, prendre un café et aller plaider. Aujourd’hui, je ne pourrais pas aller au-delà d’une heure du matin. Mais c’est assez minime. Je ne sens pas vraiment la vieillesse. Ce n’est pas si désagréable de vieillir si l’on ne coupe pas la vie en étapes, si on ne se dit pas « maintenant c’est fini, je suis entrée dans la vieillesse ».
Source : « Le Monde » Le 11-03-2011
Sondage – La politique est encore floue aux yeux des Tunisiens
Quelles personnalités aptes à diriger le pays ?
• 59,2% ne se prononcent pas. Les autres disent : Mohamed Ghannouchi, pourtant parti (9%) ; Béji Caid Essebsi (6,1%) ; Rachid Ammar (4,2%) ; Farhat Errajhi (3%)
• Les partis les plus cotés : Ennahdha (29%); PDP (12,3%) ; Ettajdid (7,5%) ; le PCOT (6,4%) ; PVP (5,9%)
Le paysage politique tunisien navigue à vue dans le flou. Trois gouvernements transitoires en deux mois. Une cinquantaine de partis politiques naissent dans un temps record. Les militants politiques rebondissent sur la scène post-Révolution. Face à ce dynamisme du monde politique, il y a un autre revers de la médaille nous trouvons des Tunisiens et Tunisiennes totalement profanes en matière politique. La politique ne dit pas grand chose à nos concitoyens. Sont-ils devenus apolitiques effarouchés et bâillonnés qu’ils étaient depuis plus de cinquante ans. Il faut dire que le camouflage et le monopole du RCD (Rassemblement constitutionnel Démocrate) n’a guère laissé de place aux autres partis d’opposition pour s’exprimer et agir en toute latitude dans un environnement politique pluraliste. Deux ou trois mouvements ont longtemps milité pour la cause de leurs partis, ce qui fait que la scène politique fut désertée durant la période de vache maigre. Rendre à César ce qui appartient à César pour pouvoir agir sur un véritable champ parsemé de forces politiques crédibles capables d’asseoir la démocratie et une image politique pluraliste, un parcours embusqué sur lequel ils devront se familiariser aux ficelles de la politique politicienne. Sans nul doute, cela prendra beaucoup du temps.
Un premier sondage d’opinion sur l’actualité politique en Tunisie vient d’être publié par l’Institut EMRHOD Consulting, un bureau d’études de marché et de sondage d’opinion, implanté dans la région de l’Afrique du Nord à travers ses deux bureaux basés à Tunis et Alger. Les résultats de l’enquête ne tiennent qu’à leurs auteurs. Indépendamment de la crédibilité ou non de leurs résultats et mises à part les techniques non scientifiques utilisées par le sondage, les travaux de l’étude valent bien le détour et ce, pour information et non pour diffamation.
Le sondage réalisé couvre la période allant du 28 février au 5 mars 2011 sur un échantillon de 1021 personnes représentatives de la population tunisienne âgée de 18 ans et plus selon la méthode de quota appliqué à un certain nombre de variables : sexe, âge, profession du chef de famille après satisfaction par région et catégorie d’agglomération. L’enquête est réalisée selon le mode CATI (interview téléphonique assistée par Ordinateur). Il faut dire que partout dans le monde, les méthodes de sondage font toujours l’objet de contestations, qu’elles soient probabilistes ou empiriques
A propos de la démission de Mohamed Ghannouchi, 40% des interviewés sont contre le départ de l’ex-Premier ministre, 39% sont pour et 21% sont sans opinion. Et à propos de la nomination de M.Béji Caïd Essebsi, 53% ont une opinion favorable, 17% ont une opinion défavorable et 30% restent sans opinion. Ainsi les réponses des interviewés sont mitigées.
S’agissant de la notoriété des Partis politiques, l’échantillon représentatif de la population confirme son ignorance des partis politiques actifs sur la scène politique sans parler du nombre de partis qui se crée chaque jour. Et Dieu sait comment va-t-on subventionner ce nombre en crescendo de partis politiques. Sur les 1021 personnes interrogées, 61,4% n’ont aucune idée sur les partis politiques en Tunisie. 38,6% affirment par contre avoir une idée sur le paysage politique tunisien. Et parmi les 38,6%, 52% d’entre eux sont âgés entre 25 et 34 ans et 49% possèdent un niveau d’instruction supérieur.
Ennahdha, le PDP et Ettajdid en tête
Parmi les questions posées par l’enquête on notera la suivante : d’après vous quels sont les partis politiques que vous connaissez actuellement sur la scène politique ? 61,4% des interviewés ne se sont pas prononcés (NSP) sur la question. Un résultat qui dénote encore plus l’ignorance et l’indifférence envers les partis politiques. Avant la révolution, le peuple tunisien ne connaissait qu’un seul parti : celui du rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), récemment dissout. Par ailleurs, les cinq autres partis les plus connus par les interviewés sont respectivement : Ennahdha, PDP, Ettajdid, le PCOT et le PVP avec les suffrages suivants : 29%, 12,3%, 7,5%, 6,4% et 5,9%. Ennahdha est donc le parti le plus connu par les Tunsiens (selon le sondage d’opinion bien sûr).
En deuxième position vient le PDP (parti démocrate progressiste), fondé par l’Avocat Ahmed Néjib Chebbi. Ettajdid représenté par son leader Ahmed Brahim arrive en troisième position avec 7,5% de suffrages. Le Parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT), le parti de Hamma Hammami leur emboîte le pas en quatrième position. Le Parti des verts pour le progrès (PVP) ferme la marche avec 5,9% de voix dans le sondage d’EMRO.
Il va sans dire que 14,6% des interviewés pensent que le parti Ennahdha est le parti le plus à même de contribuer dans le développement du pays, suivi respectivement par le PDP (3,2%), Ettajdid (2,6%). Ceci dit 74,7% des personnes interrogées s’abstiennent carrément.
Plus de 20 partis légalisés en une semaine
Par ailleurs et outre les 5 partis reconnus à peine par les interviewés et représentés par respectivement leurs leaders, Rached Ghannouchi, Néjib Chebbi, Ahmed Brahim, Hamma Hammami et Mongi Khmmassi, nous trouvons d’autres partis tels que : Hizb elwehda dimokrati, Hizb Ettahrir, Hizb Ichtiraki, Elwatanyiin dimkratiin, Hizb el ichtirakiin dimokratiin, Ettakattol, Hizb Chabeb Elhor et Hizb El3amal watani dimokrati.
Bien entendu d’ici l’élection de l’Assemblée Constituante, d’autres partis occuperont la scène politique et là les électeurs auront toutes les peines du monde pour faire leur choix et si nous osons dire séparer l’ivraie du bon grain. Ahmed Friâa et Mohamed Jegham, ex_ministres de l’Intérieur et du Tourisme et Commerce au sein du premier gouvernement provisoire viennent d’obtenir l’autorisation pour leur nouveau parti dénommé « El Watan ». Rien que durant cette dernière semaine, une vingtaine de partis ont été légalisés. Le dernier né en date du 9 mars courant est dénommé : parti de l’avenir. Une autre liste de partis est en attente de légalisation. Après la dissolution du RCD par le Tribunal de première instance de Tunis, de nouvelles donnes pourraient surgir sur la scène politique. Certains pensent que le RCD pourrait réapparaître et troquer une autre étiquette politique. Serait-il le parti mort-né.
Quelle est la personnalité politique que vous jugez apte à bien diriger le pays ?. Sur cette question 59,2% ne se sont pas prononcés. Toutefois, Mohamed Ghannouchi (9%), Béji Caïd Essebsi(6,1%), Rachid Ammar (4,2%) et Frahat Errajhi (3%) sont pour l’instant les quatre hommes bénéficiant de la confiance des Tunisiens. Ahmed Néjib Echabbi, Rached El Ghannouchi et Foued Mbazâa, n’obtiennent respectivement que 2%, 1,3% et 1,2% des suffrages.
Clôturant donc sur une note d’optimise, 82% des Tunisiens interviewés pensent que la Révolution va réussir et 79% sont optimistes pour les prochains jours.
Source : « le Temps » le 11-03-2011
Thérapie contre l’intégrisme musulman
Par Docteur DHAOUI Hechmi, Psychiatre Psychanalyste
Il ne faut surtout pas oublier que Rached Ghannouchi a donné carte blanche à Ben Ali juste après le 7 Novembre 1987 en déclarant au journal le Temps : « Je crois en Dieu et en Ben Ali ». Il vient de refaire la même bêtise en acclamant le sanguinaire Maamar El Ghaddafi.
Pour le comprendre, le pauvre, et non lui donner raison, il faut revenir à l’histoire des Musulmans qui nous permettra de savoir qu’il est le produit de plusieurs échecs, depuis les salafistes auxquels il se réfère.
Les salafistes étant les premiers califes de l’Islam, quand Omar El Khattab a fait allégence à Abou Bakr Essidik qui l’a nommé à son tour avant de mourir. Puis Omar a laissé en place un soit disant conseil de six personnes (Majliss Choura), dont quatre étaient acquis à Othman Ibnou Affen contre l’Imam Ali. Alors que le Pprophète voulait que le pouvoir se fasse dans la concertation entre les musulmans.
Enfin c’est Mouaouia Ibnou Abi Soufien qui a ignoré la Choura (concertation) pour la remplacer par la succession. Ce qui pourrait déjà expliquer qu’aussi bien Ghannouchi que son entourage ne sont pas fait pour la démocratie. Il s’agit donc de la première mise en échec des salafistes d’un des désirs du prophète de l’Islam.
Il faut d’abord essayer de comprendre le double langage des islamistes. Ils ont l’art de mobiliser tantôt un imaginaire d’opposition, caractérisé par le goût des conflits, de l’exclusion et du sectarisme, tantôt un imaginaire de fusion caractérisé par le goût des analogies, de la communion et du ralliement. Ce dont ils sont incapables, c’est l’imaginaire de l’alliance caractérisé par la cohabitation, la communication et de la dialectique. Ce qui correspond totalement à Rached Ghannouchi, qui a vécu l’échec du nationalisme arabe, dont l’intégrisme musulman se présentait comme le substitut et la solution.
Après avoir été donc un nationaliste nassérien, il a épousé la doctrine des frères musulmans, fondée en 1927 en Basse-Egypte par deux instituteurs, Hassan Al-Banna(1906-1948) et Sayed Qotb(1906-1966). Il est donc rentré en Tunisie en 1969 pour créer le Mouvement de la Tendance Islamique(MTI). Il a commencé par organiser plusieurs campements à la manière des scouts qu’il a infiltrés. Il orientait les étudiants scientifiques systématiquement à l’académie militaire, sur lesquels il projetait son coup d’Etat avorté en 1987. Il a infiltré aussi le corps de la police, dans le cadre de sa volonté guerrière, qui est essentiellement terroriste, dénaturant l’esprit même de l’Islam, dont la règle de la vie sociale est la paix dans le respect des choix religieux. En voici cinq verset du Coran comme exemples : « Point de contrainte en matière de religion » (verset 256 sourate La Vache), « Appelle au chemin de ton Seigneur par la sagesse et l’édification belle » (v 125, sourate Les Abeilles), « Le vrai ne procède que de notre Seigneur. Croit celui qui veut et dénie celui qui veut » (v 165, sourate La Vache), « Lance donc le rappel. Tu n’es là que celui qui rappelle, tu n’es pas celui qui régit » (v 31, sourate La famille d’Imran), et enfin « A vous votre religion, la mienne à moi »(v54, sourate La Table Pourvue). Les sages de la Nahdha ont même reconnu leurs fautes, d’avoir vitriolé des hommes et d’avoir explosé quelques institutions touristiques, à travers la déclaration de l’un des piliers de leur mouvement Mohamed Chammam. Mais comment croire ces porteurs du double discours.
Quant à la psychologie des intégristes musulmans, elle est marquée, de part sa fixation anale, par la phobie des femmes, par la différence sexuelle vécue comme une honte inavouable. La femme doit se cacher afin de ne pas provoquer l’homme, qui causerait en lui un sentiment de culpabilité religieuse. La femme n’est-elle pas, selon le Coran et la Bible, responsable du premier péché, commis par Adam ? Ce refus de l’altérité de la femme se transforme en refus de toute altérité.
Mais si la femme est la source de la vie, la haïr c’est haïr la vie, donc aimer la mort. Vidé de sa libido (énergie vitale), le fanatique devient aisément manipulable. On voit ainsi se former le terreau sur lequel peut se développer une vocation terroriste et de destructeur de la vie. Nous sommes en plein délire paranoïaque, délire qui se développe à partir de personnalités rigides, susceptibles, rancunières, vindicatives et cruelles. De surcroît, la clinique psychanalytique a pu vérifier que le thème de la persécution se forme à partir d’une homosexualité refoulée. La conséquence en est leurs discours haineux non seulement à l’égard des non-musulmans, mais aussi à l’égard des minorités, des femmes et des enfants. Le fanatisme amplifie cette tendance générale.
Les fanatiques vouent une haine infinie à tous ceux qui cherchent à prendre du recul par rapport à la mainmise patriarcale et à devenir responsables et indépendants. C’est pourquoi ils n’ont rien à voire avec la Révolution tunisienne qui a appelé à la liberté et à la dignité.
Je pense profondément qu’il n’existe pas d’islamisme modéré, et si parfois il apparaît ainsi, c’est uniquement par le double langage. Ils ne cessent d’amplifier les mérites de leurs prédécesseurs dans une régression identificatoire et idéalisante de leurs ancêtres, à leur mode d’être. Cela les prédispose à désirer la mort et à devenir autant de dangereuses bombes humaines ambulantes. Ajoutons enfin que la psychologie de l’intégriste est dominée par ce qu’on pourrait appeler le principe d’opacité, présent dans le monde arabo-musulman et amplifié dans l’intégrisme. A savoir : « Si vous péchez, soyez discrets ». Tout est presque permis, mais dans la discrétion. On camoufle ainsi un grand nombre de perversions comme la zoophilie et la pédophilie, favorisées par la frustration sexuelle et affective.
Ce qui est très loin des objectifs de notre Révolution, réclamant la liberté, la dignité, l’égalité et surtout la communication et la transparence. C’est une Révolution postmoderne avec ses deux versants : traditionnel sur le terrain, communautaire (mouvement de foule), irrationnelle (contre les tirs à balles réelles des sbires de Ben Ali) et émotionnelle (réactionnelle) sans leader. Elle a été aussi moderne par les Facebookeurs, rationnelle, intelligente et individuelle.
La Révolution tunisienne s’est inscrite dans une évolution et une maturité qui ont imposé un mouvement progressif et non régressif qui caractérise l’intégrisme de Ghannouchi et dont dit Jung : « Si la libido reste fixée au royaume merveilleux du monde antérieur, alors l’homme est devenu une ombre…il est comme mort et gravement malade », ce qui n’est pas le cas de notre Révolution qui est pleine de vitalité. Elle s’est inscrite dans un mouvement de sacrifice symbolique de la nostalgie, permettant la libération d’une énergie prisonnière pour s’investir dans un mouvement progressif. C’est peut être pourquoi les jeunes de Sidi Bouzid et de Kasserine ont renvoyé la caravane d’aide envoyée par Ghannouchi et son entourage, afin de ne pas leur permettre de monter sur leur Révolution.
Source : « le temps » Le 11-03-2011
Tunisian Revolt Bloggers Win Google-Sponsored Web Freedom Prize
A Tunisian blogging collective that compiled WikiLeaks revelations on the country’s now-deposed government won Reporters Without Borders’ annual prize for promoting freedom of expression on the Internet, highlighting the role of online media in this year’s Middle East uprisings.
Nawaat.org, a Tunisian site offering news, commentary, and advice on circumventing censorship will be presented with the Netizen Prize in Paris today, Reporters Without Borders said in an e-mailed statement. Nawaat beat finalists from countries including Bahrain, Thailand and China for the award, which is sponsored by search-engine owner Google Inc. (GOOG)
Social media and other online information sources have taken center stage in uprisings in Tunisia, Egypt, Bahrain, and Libya, with participants using Twitter, YouTube, and Facebook to spread news and co-ordinate protests. In Libya, where rebels are fighting forces loyal to Muammar Qaddafi, Internet access has been periodically blocked in much of the country since early March, sending traffic plunging below normal levels.
“These movements have demonstrated how the Internet has become a genuine tool of mobilization,” Reporters Without Borders Secretary-General Jean-Francois Julliard said by phone yesterday. “The revolutions took place in the street, but they clearly used social media and other technologies as tools.”
U.S. Secretary of State Hillary Clinton this year announced the creation of a State Department office dedicated to online issues, and criticized efforts to block Internet access in countries such as Egypt.
Google, owner of the world’s most-used search engine, last year suspended its Chinese operations after declining to censor search results in line with government requests.
Source: “ bloomberg” Le 11-03-2011