8 janvier 2011

TUNISNEWS 10 ème année, N° 3882 du 08.01.2011 archives : www.tunisnews.net


Assabilonline: Danger : la police utilise des munitions destinées aux animaux – Bombes lacrymogènes, balles réelles et atteintes graves à Rgueb Reuters: Quatre blessés dans de nouveaux heurts en Tunisie TF1 News: Les violences en Tunisie font de nouvelles victimes AP: Tunisie: six blessés lors de heurts près de Regueb AP: Manifestation syndicale à Tunis en solidarité avec les populations de Sidi Bouzid LeMonde.fr: Tunisie : un deuxième homme s’immole par le feu à Sidi Bouzid AP: Tunisie: décès d’un lycéen et deux nouvelles tentatives de suicide AFP: Tunisie: le patronat promet 50.000 emplois, le gouvernement se défend AISPP: A la recherche de l’étudiant Salaheddine Kichk Radio Canada: Troubles sociaux en Tunisie – Washington critique le gouvernement tunisien Reuters: US worried by Tunisia riots, Internet freedoms Nouveau Parti Anticapitaliste : Ben Ali assassin ! Sarkozy complice ! Le Canard enchaîné: Les punis de Tunis Rue89: Emeutes en Tunisie : « La police a pris d’assaut la faculté » Ouest-France: Tunisie: la centrale syndicale unique déclare son appui au mouvement social Ouest-France: Nantes – Une centaine de manifestants contre la répression en Tunisie Euronews: La Tunisie entre mouvement de révolte croissant et censure renforcée Nouvelobs: Des blogueurs et des rappeurs tunisiens arrêtés après les troubles de Sidi Bouzid Le Monde.fr Tunisie : le principal fournisseur d’accès à Internet accusé de vol de mots de passe Nouvelobs: Le régime tunisien accusé de pirater les mots de passe internet Mediapart: Comment la Tunisie contrôlerait Internet Numérama: En Tunisie, le régime se durcit pour éviter qu’Internet le renverse Le Temps suisse: La guerre contre l’information Metro France: La Tunisie au bord de l’explosion L´Humanité: Tunisie : protestation et colère ne faiblissent pas L´Express: Manifestations au Maghreb: “Il y a une spécificité tunisienne” Larbi Chouikha: Sans censure ni autocensure Quand le discours officiel s’érode…… Afrik.com: Kader Abderrahim – Tunisie : « La crise est là depuis plusieurs années » A.T.M.F & F.T.C.R.: Le Maghreb s’enflamme Le Point: En Algérie et en Tunisie, la jeunesse s’enflamme EL Pais: Le Maghreb de la colère RFI: A la Une: les émeutes au Maghreb France-Soir: Maghreb – le cri de désespoir de la jeunesse La Voix du Nord : Le désespoir mobilisateur du Maghreb

Le Fogaro: Algérie, Tunisie : les raisons économiques de la colère


Danger : la police utilise des munitions destinées aux animaux –

Bombes lacrymogènes, balles réelles et atteintes graves à Rgueb


Assabilonline, Tunisie   Des sources d’Assabilonline ont affirmé que quatre jeunes avaient été atteints par un tir de la police lors des mouvements de protestation violents dont a été le théâtre la ville de Rgueb dans le gouvernorat de Sidi Bouzid vendredi 7 janvier 2011. Ils ont été transportés à l’hôpital universitaire Habib Bourguiba à Sfax. Deux d’entre eux ont des lésions graves et ont été admis dans le service des soins centraux de l’hôpital tandis que les deux autres ont été atteints au niveau du thorax, des poumons et des jambes. La source, qui a parlé avec un médecin de l’hôpital, insiste sur le fait que ce sont les familles qui se sont chargées de leur transport à l’hôpital Habib Bourguiba à Sfax, entre sept et huit heures cette nuit. L’un des médecins a affirmé que les forces de police de Rgueb avaient fait usage de balles réelles utilisées pour la chasse contre les manifestants et a ajouté qu’il y avait de nombreux blessés qui avaient été abandonnés sans soins et qui n’avaient pas les moyens d’arriver jusqu’à l’hôpital. Les forces de police ont fait usage de gaz toxiques destinés aux animaux sauvages. Est-ce que l’usage de carabines et de ces gaz empoisonnants reflète la vision qu’ont les autorités tunisiennes des manifestants ? Mis à jour le 8-1-2011 (traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


 

Quatre blessés dans de nouveaux heurts en Tunisie


Reuters 07/01/11 23:26 TUNIS (Reuters) – Quatre personnes ont été hospitalisées pour des blessures par armes à feu après des heurts entre manifestants et forces de l’ordre vendredi dans la ville tunisienne de Rgeb, à 210 km à l’ouest de Tunis, a-t-on appris de source médicale et auprès des familles des victimes. “Nous avons reçu quatre personnes blessées par des tirs de fusils de chasse. Elles sont atteintes au visage, à la poitrine et aux mains”, a déclaré par téléphone à Reuters un agent hospitalier qui a requis l’anonymat. Trois des quatre blessés ont été transférés à Sfax, a-t-il ajouté. Des proches de deux des blessés, Walid Missaoui et Zied Gasmi, ont confirmé à Reuters leur hospitalisation après les affrontements entre policiers et manifestants. A Washington, l’ambassadeur de Tunisie a été convoqué jeudi au département d’Etat et les autorités américaines lui ont fait part de leur préoccupation face à l’agitation en Tunisie, a déclaré vendredi un responsable américain. “Nous avons appelé le gouvernement tunisien à assurer le respect des libertés civiles, notamment le droit de rassemblement pacifique”, a dit ce responsable qui a requis l’anonymat. “Nous avons également soulevé la question de ce qui paraît être une ingérence du gouvernement tunisien dans internet, notamment (le site) Facebook.” La police tunisienne a arrêté un rappeur et un blogueur critiques du pouvoir sans donner de raisons, a-t-on appris vendredi. La police a arrêté jeudi à Sfax le rappeur Hamada Ben-Amor, connu sous le pseudonyme d'”El General”, a dit son frère. Le rappeur de 22 ans avait mis en ligne fin décembre une chanson intitulée “Président, ton peuple est mort”. Par ailleurs, le blogueur Aziz Amami, qui faisait ces dernières semaines la publicité des émeutes, a également été arrêté, a dit Sofiane Chourabi, un militant d’opposition. Son blog et sa page sur le réseau Facebook étaient inaccessibles vendredi. La Tunisie connaît depuis la fin décembre une rare agitation sociale, les jeunes dénonçant la pénurie d’emplois. Quatre civils sont morts depuis le début de la vague de manifestations: deux ont été tués par des policiers lors d’une émeute et deux se sont suicidés. Le président Zine al Abidine Ben Ali a déclaré que ces manifestations violentes étaient inacceptables et le gouvernement les a imputés à une minorité d’extrémistes. Tarek Amara, Guy Kerivel pour le service français

Les violences en Tunisie font de nouvelles victimes


Par TF1 News le 08 janvier 2011 à 10:12

Les heurts entre manifestants et forces de l’ordre ont fait quatre blessés vendredi dans la ville de Rgeb, tous touchés par des tirs. Depuis le début des troubles, on compte quatre morts, dont deux tués par des policiers.

La Tunisie connaît depuis la fin décembre une rare agitation sociale, les jeunes dénonçant la pénurie d’emplois. Quatre civils sont morts depuis le début de la vague de manifestations : deux ont été tués par des policiers lors d’une émeute et deux se sont suicidés. Le président Zine al Abidine Ben Ali a déclaré que ces manifestations violentes étaient inacceptables et le gouvernement les a imputés à une minorité d’extrémistes. Mais les troubles s’aggravent et s’étendent. Les derniers affrontements qui ont opposé, vendredi, la police tunisienne et les manifestants dans la ville de Rgeb, à 210 km à l’ouest de Tunis, ont fait quatre blessés.

Tous ont été hospitalisés pour des blessures par armes à feu. Un agent hospitalier a évoqué des victimes “blessées par des tirs de fusils de chasse. Elles sont atteintes au visage, à la poitrine et aux mains“. Trois des quatre blessés ont été transférés à Sfax, a-t-il ajouté.

Les remontrances de Washington

Pendant que se poursuivent ces troubles, la police tunisienne a arrêté un rappeur et un blogueur critiques du pouvoir sans donner de raisons. La police a ainsi arrêté jeudi à Sfax le rappeur Hamada Ben-Amor, connu sous le pseudonyme d’El General, a dit son frère. Le rappeur de 22 ans avait mis en ligne fin décembre une chanson intitulée “Président, ton peuple est mort“. Par ailleurs, le blogueur Aziz Amami, qui faisait ces dernières semaines la publicité des émeutes, a également été arrêté. Son blog et sa page sur le réseau Facebook étaient inaccessibles vendredi.

A Washington, l’ambassadeur de Tunisie a été convoqué jeudi au département d’Etat et les autorités américaines lui ont fait part de leur préoccupation face à l’agitation en Tunisie, a déclaré vendredi un responsable américain. “Nous avons appelé le gouvernement tunisien à assurer le respect des libertés civiles, notamment le droit de rassemblement pacifique“, a dit ce responsable qui a requis l’anonymat. “Nous avons également soulevé la question de ce qui paraît être une ingérence du gouvernement tunisien dans internet, notamment Facebook.”

Tunisie: six blessés lors de heurts près de Regueb


AP: /01/11 13:00 TUNIS (AP) — Cinq manifestants et un agent de l’ordre ont été blessés lors d’affrontements vendredi à Saïda près de la ville de Regueb, non loin de Sidi Bouzid dans le centre-ouest de la Tunisie secoué par des troubles sociaux sur fond de chômage et de précarité, selon plusieurs témoins. Selon l’un d’eux, des heurts ont opposé depuis la matinée plusieurs centaines de personnes, élèves et habitants, aux forces de l’ordre ce qui a donné lieu à des échanges de jets de pierres et de bombes lacrymogènes. Les accrochages se sont étendus par la suite à la localité de Saïda, à 20km de Regueb. Alors que les manifestants mettaient le feu à des pneumatiques et lançaient des projectiles sur un poste de sécurité, les forces de l’ordre ont réagi en ouvrant le feu sur la foule, faisant cinq blessés dont deux ont été grièvement touchés par les balles, l’un à l’épaule et l’autre à la poitrine, a relaté depuis l’hôpital de Regueb un témoin oculaire qui a requis l’anonymat lors d’un entretien téléphonique avec l’Associated Press. Un agent de l’ordre a aussi été blessé, selon cette source. Sollicitées par l’AP, les autorités ont déclaré ne pas avoir de confirmation de ces événements. AP

Manifestation syndicale à Tunis en solidarité avec les populations de Sidi Bouzid


AP Samedi 8 janvier, 17h04  Bouazza ben Bouazza Revendiquant des emplois et des libertés, des centaines de syndicalistes ont participé samedi à Tunis à un rassemblement devant le siège de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), unique centrale syndicale du pays, en signe de solidarité avec les populations de Sidi Bouzid et des régions de l’intérieur en proie à des troubles sociaux depuis la mi-décembre.
Des banderoles étaient dressées tout autour du bâtiment, réclamant “des choix économiques alternatifs garantissant l’emploi à tous les enfants de Tunisie”, “une information objective et transparente qui reflète les véritables préoccupations de notre peuple”, “le respect des libertés publiques et individuelles” et “la création d’un fonds national du chômage”. “Je suis venue apporter mon soutien à mes compatriotes de Sidi Bouzid et des autres régions”, a déclaré à l’Associated Press Houda Chéhidi, 32 ans, une diplômée en géomatique au chômage. Enseignant syndicaliste, Belhassen Attia, la cinquantaine, était venu de La Goulette, banlieue au nord de Tunis, pour “appuyer les revendications des masses populaires au travail et aux libertés et protester contre la répression dont le mouvement social fait l’objet”. Entonnant des chants engagés, les manifestants, pour la plupart des jeunes, ainsi que de nombreux artistes, ont scandé des slogans tels que “l’emploi et la liberté, c’est la dignité nationale” et autres dénonçant “la flambée des prix” et appelant à la libération des détenus dont plusieurs étudiants arrêtés à Sousse (centre) et Sfax (sud). Le secrétaire général-adjoint de l’UGTT, Abid Brigui, est intervenu pour proclamer le soutien de la centrale syndicale aux “revendications légitimes des populations de Sidi Bouzid et des régions de l’intérieur du pays”. “Nous ne pouvons pas être en dehors de ce mouvement. Nous ne pouvons que nous ranger du côté des droits des nécessiteux et des demandeurs d’emploi”, a-t-il lancé. Considérant comme “anormal que des manifestations soient accueillies par les balles”, le numéro 2 de l’UGTT a plaidé pour “un intérêt accru aux régions démunies”. Cernée par un important dispositif sécuritaire, la manifestation organisée à l’appel de l’Union régionale du travail de Tunis (URT), place Mohamed Ali, au centre de la capitale tunisienne, s’est déroulée sans incident.

Tunisie : un deuxième homme s’immole par le feu à Sidi Bouzid


 

Un nouveau marchand ambulant s’est immolé par le feu, samedi 8 janvier, à Sidi Bouzid, en Tunisie. Agé de 50 ans, Moncef Ben K., marié et père de famille, s’est aspergé d’essence alors que se tenait le marché de la ville. Il a été emmené en ambulance et son état est jugé grave.

Au même endroit, à Sidi Bouzid, capitale agricole située au coeur de la Tunisie, un vendeur de fruits et légumes, Mohamed Bouazizi, 26 ans, s’était immolé par le feu le 17 décembre avant de décéder le 4 janvier. Son geste de désespoir a provoqué une vague de contestation et de manifestations sans précédent depuis vingt ans dans tout le pays.

Depuis la mi- décembre, plusieurs autres cas de suicides ont été signalés. Samedi, la ville de Metlaoui, dans la région minière de Gafsa, enterrait un jeune qui s’était également immolé par le feu.

Lors d’un rassemblement public organisé samedi à Tunis, l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), centrale syndicale unique, a apporté son appui aux revendications “légitimes” des manifestations de Sidi Bouzid et d’ailleurs. “Nous soutenons les revendications de la population de Sidi Bouzid et des régions intérieures, l’UGTT ne peut être qu’avec ce mouvement, derrière ceux qui sont dans le besoin et qui demandent des emplois”, a déclaré Abid Brigui, le secrétaire général adjoint de l’UGTT, s’adressant à la foule depuis les locaux de la centrale, sur la place Mohamed Ali.

“Il est contre nature de condamner ce mouvement, il n’est pas normal d’y répondre par des balles”, a-t-il lancé sous les applaudissements, en appelant au “dialogue avec les jeunes”. Deux personnes ont été tuées par balles lors d’affrontements avec la police depuis la mi-décembre. Trois autres personnes ont été blessées par armes à feu au cours de nouveaux heurts avec la police à Regueb et Saïda, près de Sidi Bouzid, vendredi.

A Tunis, quelques centaines de personnes strictement encadrées par des centaines de policiers en civil et des unités anti-émeutes, ont observé une minute de silence à “la mémoire des martyrs” du mouvement social.

Isabelle Mandraud
(Source: Le Monde.fr | 08.01.11 | 17h30  •  Mis à jour le 08.01.11 | 17h35)


Tunisie: décès d’un lycéen et deux nouvelles tentatives de suicide


AP le 8 janvier 2011 20h 30 Le lycéen qui s’était immolé par le feu mercredi dernier à l’Ariana, près de Tunis, Aoub Hamdi, a succombé à ses blessures et a été inhumé samedi, a-t-on appris auprès du secrétaire général du syndicat de l’enseignement secondaire Sami Tahri. Lire la suite l’article Des versions contradictoires avaient circulé sur les mobiles à l’origine de son geste, tantôt attribué à ses mauvais résultats scolaires, tantôt à sa convocation par le directeur du lycée qui le suspectait d’avoir été à l’origine d’une agitation parmi les élèves. Dans le même temps, à Sidi Bouzid, la région du centre-ouest où avaient commencé, à la mi-décembre, les troubles sociaux à la suite de l’immolation d’un vendeur ambulant décédé des suites de ses blessures, une nouvelle tentative de suicide a eu lieu samedi. Chômeur et père de quatre enfants, Moncef Belkéfi Abdouli, la quarantaine, s’est aspergé d’essence et y a mis le feu dans un parking situé derrière le souk de la ville, a relaté le syndicaliste Slimane Rouissi, présent sur les lieux. Secouru par des gens sur place et ensuite par la protection civile, il a été aussitôt transféré à l’hôpital de Sidi Bouzid. Sa vie ne semble pas en danger, a-t-il précisé. Une autre tentative de suicide a eu lieu à Kasserine (centre): un jeune homme de 17 ans, Hilmi Khadhraoui, a attenté à sa vie en s’aspergeant de pétrole, selon le syndicaliste Abdelwahed Homri. Vite secouru, sa vie ne semble pas non plus en danger. Sollicitées par l’agence Associated Press, les autorités n’ont ni infirmé ni confirmé ces développements. AP


 

Tunisie: le patronat promet 50.000 emplois, le gouvernement se défend


AFP le 8 janvier 2011 21:18

TUNIS — Le patronat tunisien a annoncé samedi une campagne d’embauche de jeunes diplômés, alors que le gouvernement mettait en avant une batterie de mesures prises au profit des régions, dont Sidi Bouzid, point de départ d’une révolte contre le chômage depuis le 19 décembre.

“Cette campagne vise à engager 50.000 diplômés des universités durant les quatre à huit semaines à venir”, a indiqué Hédi Djilani, président de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA).

M. Djilani a enjoint aux entreprises de “procéder immédiatement” à ces recrutements supplémentaires pour atteindre au moins 4% du total de leurs effectifs en donnant “la priorité aux chômeurs de longue durée et aux enfants de familles nécessiteuses”.

Le chômage, en particulier celui très élevé des diplômés du supérieur, est à l’origine de l’agitation que connaît la Tunisie depuis la mi-décembre et qui avait été déclenchée par le suicide d’un vendeur sans permis qui s’était fait confisquer sa marchandise de fruits et légumes à Sidi Bouzid (265 km au sud de Tunis).

Dans un document intitulé “mesures concrètes”, le gouvernement a affirmé que la région de Sidi Bouzid a engrangé 2,350 milliards de dinars d?investissement depuis 1987 (1 dinar= 0,6 euro).

Le gouvernement a détaillé des projets lancés à Sidi Bouzid au début de l’agitation: un complexe industriel et technologique, renforcement du réseaux routiers et de télécommunications, un fonds commun à capital-développement d?un montant de 5 millions de dinars, outre un programme de formation pour les diplômés du supérieur.

Trois localités ayant connu des troubles ont été assurées d’abriter “des projets de développement intégré” pour un coût de 15 millions de dinars, 30 dans les petits métiers, 55 dans l?artisanat et 122 dans l’agriculture.

Un de ces villages, Menzel Bouzaïane, situé à 60 km de Sidi Bouzid, a été le théâtre d’affrontements ayant fait un tué et dix blessés le 24 décembre.

Dans la même région, plus 220 familles devaient être approvisionnées en eau potable et les sans emplois devraient disposer de 698 nouveaux postes avec des retombées pour 40.000 habitants, selon les chiffres publiés par le gouvernement.

Des mesures et projets chiffrés ont été avancées pour Kasserine (centre), Jendouba et Kef, deux villes du nord-ouest gagné par l’agitation, ainsi que Makthar, où des heurts et des dégâts “très lourds” étaient signalés samedi par des sources locales.


Association Internationale de Soutien aux Prisonniers Politiques Aispp.free@gmail.com 43 rue Eldjazira, Tunis Tunis, le 7 janvier 2011

A la recherche de l’étudiant Salaheddine Kichk


Jeudi à 8h 15 du matin des agents en civil dont ont pense qu’ils sont de la Sûreté politique, ont investi le domicile de la famille Kichk à Bizerte et sont entrés dans la chambre du jeune Salaheddine Ben Mohammed Kichk qu’ils ont emmenés dans un lieu inconnu. Ils ont saisi également l’unité centrale de son ordinateur et des disques laser. Salaheddine Ben Mohammed Kichk est un étudiant, né en janvier 1984 à Bizerte, inscrit en troisième cycle à la faculté de sciences juridiques, économiques et de gestion de Jendouba. Il est connu pour son militantisme au sein de l’Union Générale des Etudiants de Tunisie. […] Pour l’association Le Président Maître Samir Dilou (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


Emeutes en Tunisie : « La police a pris d’assaut la faculté »


Par Marie Kostrz | 
Depuis le 7 janvier, date de la rentrée universitaire tunisienne, les étudiants sont nombreux à manifester contre le pouvoir en place. Beaucoup sont également touchés par la répression du régime de Ben Ali. Un étudiant de l’université de Sousse, à 150 kilomètres de Tunis, raconte.

 

Après la reprise des cours début janvier, les étudiants et les lycéens tunisiens ont pris part à la révolte qui agite le pays depuis plusieurs semaines.

Craignant la visibilité des manifestations de rue, le régime tunisien fait encercler les établissements universitaires et secondaires par les forces anti-émeutes. Il interdit toute manifestation dans les lieux publics et tout rassemblement dans les rues.

Course-poursuite dans les locaux de l’université

« L’université de Sousse et en particulier la faculté des lettres et sciences humaines a subi vendredi l’assaut des forces de l’ordre tunisiennes.

Les étudiants s’étaient réunis en assemblée générale après la session d’examen du matin. Ils ont voulu occuper les locaux afin de protester contre l’arrestation par la police de deux étudiants de l’Union générale des étudiants tunisines (UGET). Ils ont été empêchés de sortir de la faculté pour aller manifester dans la rue.

Les brigades anti-émeutes se sont postées aux différents lieux de sortie. Le mot d’ordre, venu d’en haut, était : “Ils peuvent tout casser dedans, mais qu’ils ne sortent pas.” Face à cette situation, les étudiants ont tenté de forcer les barrages de police, ce qui a donné lieu à des heurts violents.

Suite à ces altercations, la police a répliqué en prenant d’assaut la faculté, pourchassant les étudiants dans l’enceinte des bâtiments. Elle a poursuivi les étudiants dans les salles d’examen, dans les bureaux et même dans l’infirmerie.

 

Plusieurs étudiants blessés et intoxiqués

Des dizaines de bombes lacrymogènes ont été lancées contre les étudiants. Plusieurs dizaines d’entre eux ont été bléssés, sans compter les multiples intoxications. Les enseignants qui tentaient de s’interposer ont été matraqués et agressés, au point que l’un d’eux a perdu connaissance durant plus d’une vingtaine de minutes sans qu’aucun secours ne puisse l’atteindre.

Le doyen, qui cherchait à calmer la situation, a reçu son lot d’insultes et d’agressions de la part de la police.

L’indignation est à son comble, et un mot d’ordre de grève nationale a été lancée dans l’enseignement supérieur. Le régime de Ben Ali tente par tous les moyens d’intimider et d’étouffer une population dont la jeunesse, en particulier, s’est enfin débarrassée de la peur et de la soumission. »

(Source: Rue89.com le Rue89 | 08/01/2011 | 15H11) Lien: http://www.rue89.com/2011/01/08/emeutes-en-tunisie-la-police-a-pris-dassaut-la-faculte-184517


Tunisie: la centrale syndicale unique déclare son appui au mouvement social


L’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT, centrale syndicale unique) a proclamé son appui aux revendications “légitimes” des populations de Sidi Bouzid et d’autres régions en proie à l’agitation sociale depuis la mi-décembre, lors d’un rassemblement public vendredi à Tunis. “Nous soutenons les revendications de la population de Sidi Bouzid et des régions intérieures, l’UGTT ne peut être qu’avec ce mouvement, derrière ceux qui sont dans le besoin et qui demandent des emplois”, a déclaré Abid Brigui, Secrétaire général adjoint de l’UGTT s’adressant à la foule depuis les locaux de la centrale, sur la place Mohamed Ali. Quelques centaines de Tunisiens strictement encadrés par des centaines de policiers en civil et des unités anti-émeutes, ont observé une minute de silence à “la mémoire des martyrs” du mouvement social, entre hymne national et chansons engagées diffusés par hauts-parleurs. Parallèlement au meeting, qui a duré plus de deux heures sans incident, à l’appel de l’Union régionale de Tunis, la Commission administrative de l’UGTT a publié une déclaration en dix points ralliant formellement les revendications sociales. (Source: “ouestfrance.fr” Le 08-01-2011) Lien: http://www.ouest-france.fr/ofdernmin_-Tunisie-la-centrale-syndicale-unique-declare-son-appui-au-mouvement-social-_6346-1647798-fils-tous_filDMA.Htm


 

Une centaine de manifestants contre la répression en Tunisie


Politique samedi 08 janvier 2011 À l’appel du collectif nantais de soutien aux Tunisiens de Redeyef, une centaine de personnes se sont rassemblées samedi après-midi dans le centre de Nantes pour protester contre le régime de Ben Ali et protester contre la « répression sanglante » qui sévit en Tunisie. Ils ont adressé une lettre à Nicolas Sarkozy par l’intermédiaire du préfet pour demander au gouvernement français d’intervenir et de dénoncer la répression dans ce pays du Maghreb.

Troubles sociaux en Tunisie Washington critique le gouvernement tunisien


Mise à jour le vendredi 7 janvier 2011 à 23 h 34

Le gouvernement américain a convoqué l’ambassadeur de la Tunisie pour lui faire part de ses préoccupations quant à la gestion par son gouvernement des tensions dans son pays.

Les États-Unis incitent notamment le gouvernement tunisien à respecter les libertés civiles, particulièrement en matière d’accès à Internet.

Nous avons soulevé la question de ce qui ressemble à une ingérence du gouvernement tunisien dans l’Internet, particulièrement dans les comptes Facebook.  

— Responsable du gouvernement américain

Un responsable du gouvernement a expliqué que l’administration du réseau social Facebook avait elle-même alerté l’administration américaine concernant « une affaire de piratage informatique de comptes privés, de vol de mots de passe et de blocage efficace de l’accès aux comptes » en Tunisie.

Les États-Unis ont par ailleurs exprimé à l’ambassadeur Mohamed Salah Tekaya que les citoyens tunisiens devraient avoir la possibilité de manifester publiquement en toute liberté, faisant référence aux violences policières et aux arrestations apparemment arbitraires de la police tunisienne.

L’intervention de Washington survient un jour avant la visite de la secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton, dans le Golfe pour parler de l’expansion des droits et libertés dans le monde arabe.

Jeudi, la police tunisienne a arrêté un rappeur critique du régime et deux blogueurs qui rendaient compte des manifestations sur la toile.

Depuis trois semaines, la Tunisie esten proie à un mouvement de contestation de la part d’étudiants et de syndicalistes qui protestent contre leurs conditions de vie précaires. C’est le geste d’un jeune diplômé sans travail, qui s’est immolé par le feu pour protester contre la saisie de son étalage de fruits qu’il vendait de manière itinérante, qui a été le point de rupture de la colère des jeunes Tunisiens.

Par endroits, les Tunisiens diplômés sont confrontés à un taux de chômage d’environ 40 %.

La Tunisie, une destination touristique appréciée des Occidentaux, connaît généralement peu de contestation populaire, l’État, très policier, étant peu tolérant à ce sujet.

Or, les Tunisiens subissent en ce moment les contrecoups de la crise économique de 2008, selon ce qu’a dit, en entrevue à Radio-Canada.ca, Najib Lairini, politologue associé au département de science politique de l’Université de Montréal. L’économie de la Tunisie est très dépendante des investissements étrangers et du tourisme, surtout européen, qui ont fait défaut depuis la crise internationale, alors qu’auparavant, le travail de promotion de l’image du pays effectué par le président portait fruit, explique M. Lairini.

Par ailleurs, le politologue constate que même si ce petit pays du Maghreb est souvent considéré comme un modèle de réussite économique en Afrique, il n’y a pas de réelle répartition de la richesse. Les réalisations du régime n’ont pas profité aux citoyens, notamment à cause de la corruption d’une petite élite liée à la famille du président Ben Ali et à sa femme.

En Tunisie, les institutions sont toutes des coquilles vides.  

— Najib Lairini, politologue

La diaspora tunisienne demande au Canada de prendre position

Le Collectif de solidarité avec les luttes sociales en Tunisie, qui manifeste devant le consulat tunisien à Montréal depuis quelques jours, demande à Stephen Harper de rappeler au président Zine El Abidine Ben Ali ses obligations.

Il faut rappeler absolument à Ben Ali ses responsabilités, au nom de la loi internationale. Il faut que ces lois aient un sens, il faut que l’ONU ait un sens, il faut que les conventions de Genève aient un sens. Il faut que M. Harper sorte de ce mutisme. C’est un mutisme complice.  

— Haroun Bouazzi, porte-parole du Collectif de solidarité avec les luttes sociales en Tunisie

Selon le porte-parole du collectif, les revendications des Tunisiens – si elles concernaient surtout au départ le chômage et l’inégalité sociale entre les régions – sont désormais « clairement beaucoup plus larges ».

« On parle de liberté, on parle de démocratie, on parle clairement contre la corruption, en nommant personnellement des gens très proches du président. […] C’est quelque chose d’inédit depuis que M. Ben Ali est arrivé au pouvoir en 1987 », estime M. Bouazzi.

US worried by Tunisia riots, Internet freedoms


WASHINGTON (Reuters) – The United States called in Tunisia’s ambassador in Washington because of its handling of anti-government riots and possible interference with the Internet, including Facebook accounts, a senior U.S. official said on Friday. Speaking a day before Secretary of State Hillary Clinton heads to the Gulf to discuss expanding civil society freedoms across the Arab world, a U.S. State Department official said the department was concerned about rising unrest in Tunisia and Algeria, both of which have seen rioting in recent weeks. “We’re certainly watching what’s happening in both Tunisia and Algeria with a great deal of interest,” a senior State Department official said. Clashes broke out last month in Tunisia as students, professionals and youths protested a shortage of jobs and restrictions on public freedoms. Neighboring Algeria has beefed up security as protests broke out over food prices and unemployment. The State Department official, who was speaking on condition of anonymity, said Tunisia’s ambassador was called in on Thursday to receive a formal expression of concern. “(We) expressed our concern about both what is happening with regard to the demonstrations and expressed and encouraged the Tunisian government to ensure that civil liberties are respected, including the freedom to peacefully assemble,” the official said. The protests have grown into the most widespread and violent flare-up of dissent during President Zine al-Abidine Ben Ali’s 23-year rule. They have included street demonstrations and a strike by lawyers to demand an end to what they said were beatings by security forces. Source: “Reuters” Le 08-01-2011 Lien: http://af.reuters.com/article/topNews/idAFJOE70700L20110108


 

Nouveau Parti Anticapitaliste Ben Ali assassin ! Sarkozy complice !


samedi 8 janvier 2011 Le 4 janvier meurt Mohamed Bouazizi, jeune diplômé chômeur, contraint de vendre des fruits et légumes. Son immolation après la confiscation de son étal, avait déclenché la révolte de Sidi Bouzid. Après d’autres décès et tentatives de suicides, la colère et la contestation continuent de s’étendre. Un grand élan de solidarité internationale a donné lieu à de nombreux rassemblements de soutien aux populations tunisiennes, notamment le 6 janvier en France et dans le monde. Né de revendications sociales légitimes pour une aspiration à une vie digne, du travail pour tous et des salaires décents, ce mouvement, profondément populaire, ancré dans la jeunesse, s’est peu à peu transformé en une dénonciation politique de la dictature de Ben Ali. La population manifeste contre la censure omniprésente, la mainmise de la famille régnante sur l’économie du pays, la corruption et le népotisme qui gangrènent la société, l’utilisation mafieuse du pouvoir à des fins personnelles. Cette radicalisation contredit dans les faits la version officielle du pouvoir, reprise à son compte par une opposition de façade, qui tente d’accréditer la thèse d’une manipulation des média étrangers . Au prétexte de lutter contre l’islamisme, le régime de Ben Ali détruit les libertés individuelles et collectives, promettant en échange le fameux «miracle économique» dont le revers a été dévoilé par la crise mondiale. Ce «miracle», bien loin de profiter aux travailleurs tunisiens, enrichit le clan de Ben Ali et ses soutiens, européens notamment. Le peuple tunisien étouffé par tant d’années d’un régime liberticide, ose affronter la répression pour dire sa colère et son ras-le-bol, un courage qu’il faut saluer quand on connaît la violence et le recours à la torture de ce régime meurtrier. Il y a urgence à exiger du gouvernement français et de l’Union Européenne de rompre, conformément aux principes du Droit International, avec la clique au pouvoir en Tunisie qui en bafoue impunément toutes les règles relatives aux Droits humains. Le 8 janvier 2011


Les punis de Tunis


 Indélicat Wikileaks…Dans les dépêches qu’il révèle, les diplomates américains y qualifient de « quasi mafieux » le régime tunisien et le gratifient d’autres douceurs. Ils s’étonnent aussi du soutien sans faille que lui vouent les gouvernements italien, espagnol et français… De fait, depuis le début du mouvement de protestation, parti le 17 décembre, de Sidi Bouzid (centre-ouest du pays) et qui a gagné les grandes villes, aucune voix ne s’est élevée pour s’étonner de la violence de la répression. Du passage à tabac et de l’incarcération de plusieurs opposants et manifestants. Des agressions par la police de nombreux avocats porteurs de brassard rouge de soutien au mouvement. De la censure généralisée sur Internet et étendue aux médias nationaux. Preuve purtant que, peut-être, le « miracle tunisien » que continuent d’encenser tand d’élus français de gauche et de droite a un peu de plomb dans l’aile. Et que les clans familiaux – Ben Ali, Trabelsi, Chiboub, Mabrouk, El-Materi… – qui s’en partagent les fruits rejettent de plus en plus de noyaux et de pépins…   (Source: Le Canard enchaîné numéro 4706 du 5 janvier 2011)

 


La Tunisie entre mouvement de révolte croissant et censure renforcée


euronews 07/01 19:04 CET Qu’importe la répression, le mouvement de révolte lancé il y a trois semaines continue de plus belle en Tunisie. Les manifestations contre la vie chère et le chômage se sont poursuivies dans plusieurs villes du pays ce vendredi. Excepté sur internet et via les réseaux sociaux, peu d’images transpirent de cette agitation sociale croissante, censure et muselage de la liberté d’expression étant monnaie courante en Tunisie. Les autorités tunisiennes ont serré encore un peu plus la vice. En quelques heures cinq blogueurs ont été arrêtés et leurs ordinateurs confisqués. La liste pourrait s’allonger, selon Reporter sans frontières. Les défenseurs des droits de l’homme critiquent l’attitude de la France. Sans appel au calme ni à la libération des blogueurs, il lui reprochent sa réaction trop timide face aux évènements qui secouent la Tunisie.  


 

Des blogueurs et des rappeurs tunisiens arrêtés après les troubles de Sidi Bouzid


Plusieurs cyber-dissidents ont été arrêtés et leurs ordinateurs ont été confisqués. Le Parti Pirate se dit également “sans nouvelles” d’un de ses membres franco-tunisien. La présidente de la FIDH craint qu’ils “soient désormais torturés”.

 

Face à l’agitation sociale à Sidi Bouzid et sononde de choc en ligne, le gouvernement tunisien a choisi de durcir la répression. Des blogueurs, des cyber-dissidents et des rappeurs ont été arrêtés et leur ordinateur ont été saisi, jeudi 6 et vendredi 7 janvier, dans différentes villes de Tunisie.

Reporters Sans Frontières dresse ainsi une liste –“qui pourrait être plus longue”– de cyberdissidents arrêtés : Hamadi Kaloutcha, Hamada Ben Aoun, Slim Amamou, Azyz Amamy et Slah Eddin Kchouk.

Beaucoup plus de personnes auraient été arrêtés, mais nous n’avons pas de chiffre exact”, affirme la présidente de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), Souhayr Belhassen. “Ils essayent de remonter les filières d’internautes qui alimentent les sites interdits et la contestation en ligne.”

Même constat chez RSF : “de nombreux blogueurs sont également injoignables et ce n’est pas forcément bon signe”. “Ces arrestations seraient liées au mouvement desAnonymous [qui lancent des attaques informatiques contre les sites web officiels tunisiens, NDLR]”, explique Lucie Morillon, responsable du dossier chez RSF. “Le gouvernement tenterait d‘identifier les responsables des cyberattaques et de remonter aux responsables, tout en étouffant l’élan des journalistes-citoyens qui s’est manifesté sur les réseaux sociaux” après les événements de Sidi Bouzid.

Sans nouvelles d’un franco-tunisien

Le blogueur et militantHamadi Kaloutcha a été arrêté à son domicile de Tunis jeudi “aux alentours de 6 heures du matin par quatre ou cinq policiers en civil”, rapporte RSF. Les policiers ont affirmé à son épouse qu’ils n’avaient que “quelques questions à lui poser” et que “cela ne prendrait que quelques heures”, raconte Lucie Morillon. Son ordinateur et son unité centrale ont été saisis.

Les cybermilitants et membres du Parti Pirate tunisien Slim Amamou,Azyz Amamy et Slah Eddine Kchouk ont également été arrêtés, à Tunis pour les deux premiers et à Bizerte (60 km au nord-ouest de Tunis) pour le troisième. Leurs ordinateurs ont également confisqué.

Slim Amamou serait actuellement interrogé au ministère de l’Intérieur, selon ses proches qui ont pu le géolocaliser via son téléphone. Selon des informations de RSF, les blogueurs pourraient être regroupés au ministère de l’Intérieur par la police politique. La présidente de la FIDH craint que les jeunes hommes “soient désormais torturés”.

Le président du Parti Pirate français, Paul Da Silva, affirme être “sans nouvelles de Slim [Amadou] depuis hier [jeudi] vers 13h30”. Inquiet, il évoque également“la disparition” d’un franco-tunisien, membre du Parti Pirate français, sur place pour aider les militants tunisiens.

Dansun message posté sur Facebook, le Parti Pirate tunisien appelle “la communauté internationale à faire pression sur le gouvernement tunisien à libérer nos membres”. Dansun communiqué commun, les Partis Pirate de 21 pays demandent “avec force que les gouvernements européens agissent fermement vis-à-vis de la Tunisie”.

Après les blogueurs, des rappeurs tunisiens arrêtés

Par ailleurs, la vague d’arrestations concernerait aussi des rappeurs tunisiens, dont les morceaux et clips vidéo s’échangent via Internet.

Le rappeur tunisien Hamada Ben Aoun, dit “El Général“, a lui été arrêté à Sfax (270 km au sud-est de Tunis). Dans son morceau “Président, ton peuple est mort“, le chanteur interpelle le président Ben Ali sur la corruption et le chômage.

Selon RSF, cinq autres rappeurs auraient été arrêtés. “Les rappeurs BMG, MC Bilel, DJ Costa, Psyco-M etL’Imbattable auraient pu être arrêtés, mais cela reste encore à confirmer”, avance Lucie Morillon. “Ces rappeurs sont très populaires auprès des jeunes tunisiens, en particulier de par leurs vidéos diffusées sur Internet et qui dérange le pouvoir”, poursuit-elle.

Le Quai d’Orsay “suit de très près la situation en Tunisie”

“Ces arrestations se déroulent alors que les autorités tentent, en renforçant la censure sur le web, d’étouffer les mouvements de contestation sociale et politique qui agitent le pays et de maîtriser les cyberattaques dirigées contre des sites gouvernementaux”, résume RSF.

De son côté, la France dit suivre de près la situation en Tunisie, a déclaré la porte-parole adjointe du ministère français des Affaires étrangères, Christine Fages.  “Nous continuons de suivre de très près la situation en Tunisie et souhaitons que les tensions, qui ne sont dans l’intérêt de personne, s’apaisent. Il n’appartient pas à la France, pas plus qu’à un autre État, de conseiller les autorités tunisiennes dans le domaine économique et social”, a-t-elle ajouté.

La ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie,doit rencontrer ce vendredi à 18h son homologue tunisien, Kamel Morjane.

Une rencontre dont n’attend pas grand chose la présidente de la FIDH. “Les autorités sont autistes à nos appels, y compris dans l’opposition”, lance-t-elle. Souhayr Belhassen y voit “un soutien clair au régime de Ben Ali” : “on ferme les yeux sur [Zine el-Abidine] Ben Ali, sur [Hosni] Moubarak, mais on critique [Laurent] Gbagbo. Quelle est la différence ?”, interroge-t-elle. En Tunisie, “il y a un mouvement populaire évident, mais il n’y a pas de pétrole, pas de nucléaire… donc on laisse Ben Ali tranquille et on laisse tomber les jeunes Tunisiens”, tranche la présidente de la FIDH, d’origine tunisienne.

(Boris Manenti – Nouvelobs.com)

(Source: Nouvelobs.com 08/01/1111:53) Lien: http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20110107.OBS5863/des-blogueurs-et-des-rappeurs-tunisiens-arretes-apres-les-troubles-de-sidi-bouzid.html

 


Tunisie : le principal fournisseur d’accès à Internet accusé de vol de mots de passe


LEMONDE.FR | 07.01.11 | 20h51  •  Mis à jour le 08.01.11 | 10h19

  L’Agence tunisienne d’Internet (ATI), le principal fournisseur d’accès à Internet du pays, est accusé d’enregistrer à l’insu de ses utilisateurs leurs mots de passe pour les services de Yahoo!, Google et Facebook. D’aprèsle magazine en ligne Tech Herald, qui cite plusieurs spécialistes de la sécurité informatique, le fournisseur d’accès injecterait dans les pages de ces trois sites du code javascript lui permettant d’enregistrer les identifiants de connexion et les mots de passe.
L’ATI, qui dépend directement du ministère des communications, gère le réseau des fournisseurs d’accès privés, et dispose donc de fait d’un large pouvoir de contrôle sur le Web tunisien. Elle a donc largement la main sur le système de filtrage du Web en vigueur dans le pays. Lesite de l’agence, cible d’attaques informatiques ces derniers jours, n’est actuellement pas accessible.

De nombreux sites officiels tunisiens sont victimes d’attaques dites de déni de service, qui consistent à saturer un site de connexions pour le rendre inaccessible, depuis plusieurs jours. Ces attaques, revendiquées par le groupe informel Anonymous, ont été déclenchées à la suite de la décision des autorités tunisiennes de bloquer l’accès aux pages de Facebook via le protocole sécurisé https. Lorsqu’un internaute se connecte sur https://www.facebook.com, sa connexion est cryptée ; il est alors très compliqué d’espionner sa connexion pour enregistrer son mot de passe, ce qui est plus simple lorsque l’internaute utilise l’adresse classique, http://www.facebook.com.

COMPTES EFFACÉS

Les défenseurs de la liberté d’expression et les opposants au présidentBen Ali accusent la police de prendre le contrôle de leurs pages Facebook, pour les supprimer ou en modifier le contenu. Ces derniers jours, de nombreux internautes qui ont évoqué les manifestations ou critiques envers le gouvernement ont vu leur contenu effacé du jour au lendemain. De nombreux opposants estiment que les autorités, avec la complicité des fournisseurs d’accès, volent les mots de passe des opposants pour pouvoir supprimer leurs comptes.

Dès juillet, l’activiste et informaticien Slim Amamou détaillait sur Global Voices le résultat d’une enquête montrant qu’à intervalle régulier, les internautes tunisiens étaient victimes de tentative de piratage lorsqu’ils n’utilisaient pas le protocole https, ce dernier étant alors bloqué. Pour mener ces tentatives de piratage de grande ampleur, “il faut avoir le contrôle complet du réseau tunisien, des câbles à la gestion du protocole http”, écrivait-il alors, suggérant sans le nommer qu’ATI était nécessairemement partie prenante des attaques. “Ces pirates contrôlent tout le pays”, estimait-il alors. Slim Amamou a été arrêté jeudi soir par la police tunisienne, et ses proches sont sans nouvelles de lui.


Le régime tunisien accusé de pirater les mots de passe internet


 L’Agence tunisienne d’internet s’empare des identifiants Facebook, pour la plus vive inquiétude des opposants.
 
L’Agence tunisienne d’internet (AIT) est accusée de pirater ses utilisateurs pour les services de Yahoo!,Google et Facebook, indique Le Monde, qui s’appuie des informations de Tech Herald. Le magazine en ligne cite plusieurs spécialistes de la sécurité informatique. Le fournisseur d’accès AIT injecterait dans les pages du code javascript pour enregistrer les identifiants de connexion et les mots de passe.
AIT, qui dépend du ministère des Communications, est accusé par les défenseurs de la liberté et les opposants du présidentBen Ali, de disposer d’un trop large pouvoir dans le pays. Ils accusent également la police de vouloir prendre le contrôle de leur pages Facebook, outil précieux de communication dans un pays soumis à la censure. 

Le site de l’Agence tunisienne d’internet, lui, n’est plus accessible. Des opérations de militants ont été menées pour saturer le site.

La situation reste tendue en Tunisie. Cinq manifestants et un agent de sécurité ont été blessés vendredi au cours d’un affrontement, dans une localité proche de Sidi Bouzid.

(Source: Nouvelobs.com 08/01/1113:19)


Comment la Tunisie contrôlerait Internet


08 Janvier 2011Par wistic
Selon le webzine The Tech Herald, le principal fournisseur d’accès à Internet (Agence Tunisienne d’Internet – ATI) récolterait les mots de passes de leurs clients depuis plusieurs mois à l’aide d’une technique de phishing. En avril dernier, le fournisseur bloquait déjà l’accès à Flickr, Youtube et Vimeo, en utilisant filtres et firewalls. Officiellement, la censure s’exercerait pour traquer les terroristes et déjouer les activités pornographiques. Les journalistes de Tech Herald affirment avoir vu du code javascript injecté dans les pages d’accueil de Gmail, Facebook  et Yahoo, et que des spécialistes de la sécurité l’auraient rencontré sur Twitter. Les login et mots de passe seraient récupérés puis faiblement cryptés avant d’être récupérés sur un serveur dans l’URL au moment de l’envoi du formulaire (requête GET). La récupération de ces informations semblerait ne pas fonctionner lorsque l’utilisateur utilise un protocole de connexion sécurisé, losque l’URL contient https ou lieu de http ; il s’agit d’une option de sécurité qui n’est pas nécessairement activé par défaut dans les sites cités.Cependant, ATI pourrait bloquer l’utilisation du protocole https dans certains cas (avec des erreurs comme pages non trouvées, mot de passe erronnés, etc.). Comme le remarquent ces journalistes, la possibilité qu’ATI se soit inflitrée durablement par un groupe de hackers est très faible. La technique de fishing permet de récupérer des informations sans avoir à supprimer l’accès à certains sites ; mais un navigateur et un système d’exploitation correctement mis à jour suffisent à enrayer ces pratiques pour la majorité des internautes, à moins que le fournisseur d’accès à Internet ne joue un rôle actif en effet. Une opération d’Anonymous, ces hackers (développeurs) et scripts-kiddies (amateurs) anonymes engagés pour un Internet ouvert, proposent un support pour contrer les techniques de censure. Des hackers ont proposéun script pour supprimer le phishing d’ATI. Ce type de script Slim Amamou, le blogueur tunisien qui avait remarqué cette opération dès juillet dernier, a été arrếté le 6 janvier ainsi que et Slah Eddine Kchouk,Azyz Amami, et le blogueur et militant Hamadi Kaloutcha et le rappeur « El Général », de son vrai nom Hamada Ben Aoun selon les partis pirates d’au moins 27 pays. (Source: Mediapart le 8 janvier 2011) Lien: http://www.mediapart.fr/club/blog/wistithi/080111/comment-la-tunisie-controle-internet  

En Tunisie, le régime se durcit pour éviter qu’Internet le renverse


Plusieurs blogueurs et artistes dissidents qui utilisent Internet pour exprimer et organiser leur opposition au gouvernement de Tunisie ont été arrêtés jeudi et vendredi, sans que l’on en connaisse le nombre ou le traitement qui leur est réservé. Sur fond sanglant de suicides tragiques, depuis mi-décembre les jeunes tunisiens exploitent les réseaux sociaux avec le soutien d’internautes du monde entier pour tenter de faire tomber le régime de Ben Ali.  

Ce qui ne devait être qu’un mouvement social de plus en Tunisie est en train de devenir une véritable épreuve de force que livre le régime du président Zine el Abidine Ben Ali contre le pouvoir d’organisation et de médiatisation offert aux Tunisiens par Internet. Un combat en passe de devenir, dans la douleur, un symbole de la lutte contre l’oppression permise par le réseau mondial.

Après le suicide par immolation de Mohamed Bouazizi le 17 décembre dernier, de nombreuses protestations ont éclaté à Sidi Bouzid puis dans tout le pays, pour s’indigner contre le chômage, le coût de la vie et l’absence de liberté d’expression. Plusieurs Tunisiens se sont depuis donnés la mort pour dénoncer la misère de la population. Mercredi, un homme expulsé de France s’est aussi immolé à Kebili, dans le sud du pays, avant d’être hospitalisé. Les médias tunisiens étant réduits au silence, les internautes ont utilisé les outils modernes de communication pour crier leur colère, faire connaître le mouvement au monde entier, et surtout organiser des manifestations. Lundi par exemple, 10 000 citoyens ont relayé un appel à la grève et à la désobéissance civile sur Facebook et Twitter.

 “Face à cet engouement, le gouvernement a bloqué une centaine de pages Facebook, interdisant d’y poster des photos et vidéos. Mais ces restrictions importent peu aux jeunes qui créent de nouvelles pages quand les anciennes sont censurées“, rapportait mercredi le site Afrik.com.”Ils donnent la possibilité à tous d’être informé sur les manifestations à travers des vidéos et articles. « M. le président, les Tunisiens s’immolent par le feu », rédigé en arabe, est l’un d’eux. En moins de 24 heures, le groupe comptait 2500 membres, et a attiré plus de 11 000 soutiens. Mais les autorités l’ont censurée“.

Reporters Sans Frontières rapporte dans Le Nouvel Obs que le gouvernement a bloqué l’accès sécurisé à Facebook (https), bloqué des proxys, et que “les sites de l’opposition politique, les sites de défense des droits de l’homme, les sites d’informations dissidents, des centaines de blogs” sont déjà bloqués depuis longtemps. Tout comme les sites comme Flickr ou YouTube, ou ceux faisant référence à Wikileaks. 

Habitués aux attaques DDOS militantes, les Anonymous sont eux-aussi entrés en scène. Ils ont publié lundi une lettre ouverte, dans laquelle ils se déclarent “fortement attristés et enragés” par le comportement du régime de Ben Ali. “Vous avez unilatéralement déclaré la guerre à la liberté d’expression, à la démocratie et à votre propre peuple (…). Plus vous censurez vos propres citoyens, plus ils doivent en savoir sur vous et sur ce que vous faites. Le temps de la vérité est venu. Le temps pour les gens de s’exprimer librement et d’être entendu partout dans le monde (…) Anonymous a entendu le cri de liberté du peuple tunisien. Anonymous est prêt à aider le peuple tunisien à combattre cette oppression“. Outre les attaques de déni de service, qui ont permis de faire tomber les sites du gouvernement et de tous ses ministères, le groupe a diffusé des informations pratiques sur les manières de contourner la censure.

Mais jeudi soir, la bataille entre les cyber-dissidents et le gouvernement tunisien a pris un autre tour, hors-ligne. “Des blogueurs, des cyber-dissidents et des rappeurs ont été arrêtés et leur ordinateur ont été saisi, jeudi 6 et vendredi 7 janvier, dans différentes villes de Tunisie“, rapporte le journaliste Boris Manenti dans le Nouvel Obs, qui suit le dossier de près. “Le gouvernement tenterait d’identifier les responsables des cyberattaques et de remonter aux responsables, tout en étouffant l’élan des journalistes-citoyens qui s’est manifesté sur les réseaux sociaux“, pense Reporters Sans Frontières.

Parmi les militants arrêtés, dont le matériel informatique a été saisi, figurent le blogueur Hamadi Kaloutcha, et les membres du Parti Pirate tunisienSlim Amamou, Azyz Amamy et Slah Eddine Kchouk. Ils seraient réunis au ministère de l’intérieur par la police politique, et pourraient être torturés, comme le craint la Fédération Internationale des Droits de l’Homme. Des rappeurs qui diffusaient leurs chansons d’opposition à Ben Ali sur Internet, ont aussi été arrêtés. C’est le cas de Hamada Ben Aoun, dit “El Général”, et selon la RSF ce pourrait être le cas aussi de BMG, MC Bilel, DJ Costa, Psyco-M et L’Imbattable.

Le Parti Pirate français a publié un communiqué sur son site Internet pour appeler “le gouvernement Français à ne pas cautionner les exactions de son homologue tunisien à travers la coopération Franco-Tunisienne“. Plus exceptionnel, les partis pirates de 21 pays se sont joints pour publier un communiqué commun, qui demande “avec force que les gouvernements européens agissent fermement vis-à-vis de la Tunisie et de ces récents évènements“.

Le ministère des affaires étrangères en France dit suivre de près la situation, et souhaiter “que les tensions, qui ne sont dans l’intérêt de personne, s’apaisent“. Mais il n’émet aucune critique sur le sort réservé à la liberté d’expression des Tunisiens par le régime de Ben Ali.

A travers les réseaux sociaux, c’est une solidarité agissante qui se fait. Cela permet une mobilisation, des échanges entre les internautes. Cette force de mobilisation et cette immédiateté est quelque chose de complètement nouveau que les autorités ne savent pas gérer“, indiquait vendredi Souhayr Belhassen, la présidente de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), dans une interview à Afrik.com. “Ces explosions de colère à répétition, l’Etat n’arrive pas à les maîtriser. C’est le ras-le-bol des jeunes. Les manifestations, et c’est fondamental, débordent les autorités, et débordent même les traditionnels partis de l’opposition (…) Mais je doute que ces manifestations soient le début de la fin du régime de Ben Ali. Tant que les alliés de la Tunisie, la France en premier lieu et les pays Européens, ne bougent pas, ils donnent du temps de survie au régime.

(Source: www.numerama.com le 8 janvier 2011) Lien:http://www.numerama.com/magazine/17784-en-tunisie-le-regime-se-durcit-pour-eviter-qu-internet-le-renverse.html


La guerre contre l’information

tunisie vendredi 7 janvier 2011

Par Richard Etienne

La révolte des Tunisiens a aussi lieu en ligne. Des hackers s’en prennent aux sites officiels, d’autres militent via les réseaux sociaux.Les autorités n’ont pas attendu pour réagir, fermement

Trois personnes ont été arrêtées jeudi, un activiste caricaturisteKaloucha Hamadi, un rappeur connu sous le nom d’“El General” et un blogueur,Slim Amanou, alors que le pays était en grève générale et que des manifestations éclatent depuis trois semaines pour dénoncer la corruption, surtout au sommet de l’Etat, et la vie de misère des nombreux diplômés. Des rumeurs annoncent d’autres arrestations arbitraires. Difficile de savoir si elles sont fondées, les médias, épousant presque tous la cause du pouvoir, évitent le sujet. Avant le 28 décembre et une intervention du président Ben Ali à la télévision, la presse officielle parlait de “rumeurs infondées”. Le pays est pourtant au bord de la révolution depuis le 18 décembre, après qu’un jeune chômeur, Mohamed Bouazizi, s’est immolé à Sidi Bouzid, une ville du centre, pour protester contre la confiscation de sa marchandise par des agents municipaux. Pendant plusieurs semaines, les cris des manifestants ont été peu entendus, les événements en Côte d’Ivoire semblant prévaloir dans les médias occidentaux. Dans le pays, seuls trois journaux, au tirage limité – moins de 10’000 exemplaires en tout – osent critiquer le régime. “Deux hebdomadaires et un mensuel, note Valentin Tombez, étudiant en journalisme qui écrit son travail de mémoire sur les médias tunisiens. Le mensuel n’a pas encore eu le temps de couvrir les événements et les exemplaires des deux hebdomadairesne sont pas arrivés jusqu’aux kiosques, les autorités étantvraisemblablement intervenues.” Quant aux journalistes étrangers, ils ne sont pas les bienvenus. Depuis une semaine, les autorités refusent de laisser entrer la correspondante du Monde. Voilà pour les médias traditionnels. En ligne, la bataille est plus équilibrée. Des hackersbloquent depuis quelques jours des sites gouvernementaux, notamment ceux du président et du Premier ministre, alors que les nouveaux médias, Facebook et Twitter en tête, se font l’écho des colères et des événements – la nouvelle des arrestations d’activistes est passée par les nouveaux médias. Des pages Facebook, comme celle deSonia Antit – un pseudonyme derrière lequel se cachent des “cyberdissidents” (ainsi surnomme-t-on les activistes geeks en Tunisie) – ou du e-journal Takriz, appellent à poursuivre les manifestations. Des photos, comme celle de la femme du célèbre avocat Mohamed Abbou, tabassée par les autorités, circulent ainsi via Twitter. D’autres images prises par des téléphones portables, comme celles des 5000 personnes qui se sont réunies pour les obsèques de Mohamed Bouazizi (décédé ce mardi), sont aussi reprises par les média traditionnels,France 24 etAl Jazeera en tête. Les autorités réagissent également sur ce terrain. Leblog de l’activiste Lina Ben Mhenni est inaccessible dans le pays. “Depuis aujourd’hui, il est impossible de télécharger des vidéos ou des photos sur Facebook en Tunisie. Certaines pages sont inaccessibles”, constate Soazig Dollet, responsable du bureau Afrique du Nord & Moyen-Orient de Reporters sans frontières. Le front virtuel entend montrer au monde que les événements, eux, ne le sont pas. Les protestations ont commencé du côté des jeunes diplômés, la plupart au chômage. Ce jeudi, d’autres franges de la population ont manifesté leur colère, à commencer par les avocats, qui en sont à leur troisième jour de grève. Dans le passé récent, les gens avaient recours à la grève de la faim, marque suprême de la désapprobation. Depuis le 17 décembre, faute de résultats, des jeunes n’hésitent plus à se sacrifier. Mercredi, un lycéen aurait mis fin à ses jours, dit-on: il avait écopé de quinze jours de renvoi pour avoir participé aux manifestations. (Source: “Le Temps” (Quotidien – Suisse) le 7 janvier 2011)

Lien: http://www.letemps.ch/Page/Uuid/49fcb00c-1a92-11e0-b77c dce418753a33/La_guerre_contre_linformation


La Tunisie au bord de l’explosion


 

Mis à jour 07-01-2011 07:28 Les manifestations se multiplient dans le pays, révélant l’ampleur de la crise sociale qu’il traverse. Cette révolte inédite sonne comme un avertissement pour le régime de Ben Ali. Les troubles sociaux continuent d’ébranler la Tunisie. Signe que la contestation touche toutes les couches de la société civile, au-delà des jeunes qui en sont le fer de lance, les avocats du pays ont observé hier une grève générale. Dans le même temps, de nouvelles manifestations contre la vie chère et le chômage ont eu lieu dans plusieurs villes et des rassemblements de soutien ont été organisés un peu partout en Europe. Depuis trois semaines et malgré la répression, les tensions, qui ont fait quatre morts, restent vives. Tout a commencé le 17 décembre à Sidi Bouzid, une ville du centre, lorsqu’un marchand ambulant, diplômé de 26 ans, s’est immolé par le feu pour protester contre la confiscation de sa marchandise. Mohamed Bouazizi est mort mardi des suites de ses brûlures. Son acte de désespoir, devenu le symbole d’une jeunesse sans perspectives, aura été l’élément déclencheur des manifestations. Au centre des revendications : le taux de chômage des jeunes diplômés, un fléau, mais aussi la chape de plomb qui pèse sur les libertés publiques ou la corruption ambiante. « Le malaise n’est pas nouveau, déplore Kader Abderrahim, chercheur à l’Iris spécialiste du Maghreb : les émeutes de Gafsa, en 2008, portaient déjà sur les mêmes thèmes. Le régime avait misé sur l’émergence d’une classe moyenne importante pour contrôler la situation, on voit que ce n’est plus le cas. » Ces mouvements peuvent-ils déboucher sur un embrasement général et ébranler le pouvoir du président Ben Ali, qui règne d’une main de fer depuis 23 ans ? « C’est la question que tout le monde se pose, mais je n’y crois pas, estime Souhayr Belhassen, présidente de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) : la répression policière risque de faire rage et la communauté internationale reste désespérément sourde. » (Source: Metro France le 7 janvier 2011) Lien: http://www.metrofrance.com/info/la-tunisie-au-bord-de-l-explosion/mkag!scM40UrCK5Uew/
 


 Tunisie : protestation et colère ne faiblissent pas


7 Janvier, 2011 Après les obsèques du jeune Bouazizi, qui ont donné lieu à une manifestation contre le régime, les avocats tunisiens ont observé une grève dans tous les tribunaux du pays. Mohamed Bouazizi, vingt-six ans, qui s’était immolé par le feu sous les fenêtres du gouverneur (préfet) de Sidi Bouzid (à 260 km de Tunis) aura été le détonateur d’un mécontentement populaire au cours duquel trois autres jeunes ont trouvé la mort. Jeudi, à Sidi Bouzid, ils étaient plus de 5 000 personnes à marcher derrière son cercueil scandant « Adieu Mohamed nous te vengerons », « ton sang n’aura pas coulé pour rien ». La veille, les autorités ont dû couper l’électricité pour prévenir un suicide collectif, une femme et ses trois enfants, qui avaient escaladé un pylône à haute tension pour exiger du travail et un logement ! Et hier, jeudi, des milliers d’avocats ont observé une grève dans tous les tribunaux tunisiens pour dénoncer la répression le 31 décembre d’une manifestation de solidarité avec les habitants de Sidi Bouzid. Et ce en dépit d’une vaine tentative d’opposition à cette grève émanant des avocats membres du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) au pouvoir. « La grève a été suivie par 95 % des avocats dans l’ensemble des tribunaux », à l’appel du Conseil national de l’Ordre des avocats (Cnoa), a indiqué le bâtonnier Abderrazak Kilani. « Cela s’est déroulé dans le calme et aucun incident n’a été enregistré dans les régions ni dans Tunis, les avocats démontrant qu’ils peuvent riposter avec sagesse et responsabilité », a-t-il ajouté. Une chose est certaine, Mohamed Bouazizi aura été le symbole du refus du chômage et du mépris affiché par le régime envers les Tunisiens. Son oncle n’a pas tout à fait tort en estimant que « Mohamed a sacrifié sa vie pour attirer l’attention sur sa condition et celle de ses frères ». Car ils sont nombreux ces jeunes – plus de 200 000 diplômés universitaires chômeurs – à la recherche d’un emploi correspondant à leurs qualifications et contraints d’accepter des emplois précaires ou de vivre d’expédients. Plus que la question sociale, le contexte répressif éprouvant, sans équivalent en Algérie et au Maroc, est devenu à la longue insupportable. L’omniprésence policière est un sujet occulté par les partenaires européens, dont notamment la France, pour qui la petite Tunisie est un modèle de bon élève des institutions financières. En plus de la police, qui intervient partout, il faut compter avec les structures du RCD (Rassemblement constitutionnel démocratique), le parti au pouvoir et ses relais qui quadrillent les quartiers des villes et des villages, véritables milices, participant à la mise sous surveillance de la société tunisienne. Dans la vie, cela se traduit par d’innombrables abus de pouvoir émanant de petits potentats locaux contre de simples citoyens, de multiples tracasseries au quotidien, comme faire attention à ce qu’on dit en public, et qui à la longue ont fini par exaspérer les Tunisiens. Et si, jusque-là, seuls les intellectuels et les militants politiques et associatifs tentaient de casser cette chape de plomb répressive, aujourd’hui force est de constater que la contestation, qui a gagné les milieux populaires, est en train de poser avec force la question de la justice sociale et du respect des droits fondamentaux longtemps bafoué par le régime avec la complicité européenne.

Hassane Zerrouky (Source: “L´Humanité” (Quotidien – France) le 7 janvier 2011) Lien: http://www.humanite.fr/07_01_2011-tunisie-protestation-et-col%C3%A8re-ne-faiblissent-pas-461731


Manifestations au Maghreb: “Il y a une spécificité tunisienne”


Par Marie Simon, publié le 08/01/2011 à 10:00

Lahcen Achy, économiste et chercheur à l’institut Carnegie du Moyen-Orient, compare les protestations nées du malaise social qui étreint la Tunisie et l’Algérie.

Ce vendredi matin, la presse s’interroge sur “l’embrasement maghrébin” ou “l’éveil du Maghreb“, après les manifestations en Tunisie et en Algérie. Peut-on ainsi généraliser? Le mouvement pourrait-il gagner le Maroc?

Il y a peut-être un effet de contagion, les manifestations gagnent l’Algérie après la Tunisie, où les troubles durent depuis trois semaines. Quant au Maroc, tout est possible. Après tout, le problème des jeunes est commun au monde arabe: la déconnexion entre la politique économique et sociale de leurs pays et la tranche des jeunes est croissante, ils ne participent pas à la vie politique et peu d’opportunités économiques s’offrent à eux. Ainsi, dans le cas marocain, les manifestations de jeunes diplômés devant le Parlement font-elles déjà partie du paysage depuis les années 1990. Malgré tout, non, on ne peut pas généraliser: la situation algérienne et la situation tunisienne sont bien spécifiques.  

En quoi distingueriez-vous les mouvements algériens et tunisiens?

En Algérie, on a déjà vu émerger des protestations contre la vie chère. Les confrontations non pacifiques sont nourries par le sentiment que les richesses du pays sont gaspillées et que les citoyens n’en bénéficient pas. Le plan quinquennal n’a pas été réalisé et il y a de réels dérapages dans la gestion des ressources nationales. Ces critiques ne sont pas nouvelles.  

En Tunisie, c’est assez nouveau de voir de telles manifestations sur la place publique, qui durent et se généralisent dans le pays. [En 2008, par exemple, un mouvement de contestation était né dans le bassin minier de Gafsa mais y était resté circonscrit, ndlr]. Et si le chômage des jeunes se trouve à la racine du mouvement, la participation s’élargit et dépasse la jeunesse.  

Les revendications vont aussi au-delà des questions économiques: les manifestants dénoncent les pratiques du régime, les privilèges desproches du président Ben Ali, veulent davantage de liberté d’expression et de droits. Le régime n’est relativement toléré que lorsque l’économie est performante, ou que la promesse de l’emploi et d’un niveau de vie acceptable est tenue. Mais ce contrat social ne semble plus tenir.  

Dans unrapport sur le chômage au Maghreb que vous avez réalisé pour l’institut Carnegie Moyen-Orient, vous soulignez qu’un recul relatif de celui-ci est un signe trompeur sur l’état du marché du travail dans ces pays.

Oui, car le chômage au Maghreb est en grande partie absorbé par le secteur informel. Les jeunes diplômés aussi se tournent vers ces emplois précaires plutôt que de rester sans travail. C’est finalement, sauf dans le cas de la Tunisie, un secteur refuge pour eux… En Algérie, une enquête récente de l’Office national des statistiques montre que les lauréats de l’enseignement supérieur n’ont plus aucune exigence en matière d’emploi, faute d’alternative.  

Pourquoi distinguez-vous la Tunisie des autres pays?

Le report vers le secteur informel existe aussi en Tunisie: Mohamed Bouazizi, le vendeur ambulant de Sidi Bouzid qui s’est suicidé en s’immolant, avait des diplômes. Mais la tendance est beaucoup plus faible. Environ 20% des emplois se trouvent dans ce secteur, alors que ce taux passe à 40% au Maroc, 45% en Algérie et 50% en Egypte. Cette proportion s’explique en partie par la politique plus restrictive du régime tunisien qui exige de nombreuses autorisations administratives.  

Les jeunes Tunisiens aspirent encore à la mobilité sociale, alors que la résignation a gagné les autres jeunes du Maghreb   

En outre, depuis l’époque Bourguiba dans les années 1960-1970, la planification familiale a amené les parents tunisiens à investir dans l’éducation de leurs deux ou trois enfants. Le pays compte aujourd’hui plus d’étudiants que le Maroc ou l’Algérie, alors que sa population est moins importante. Dans ces deux pays, la transition démographique a été plus tardive, dans les années 1980-1990. Cela a nourri l’aspiration à la mobilité sociale des jeunes Tunisiens, alors que dans les autres pays, la résignation avait gagné les jeunes.  

La réponse des autorités publiques est-elle à la hauteur, alors que la crise économique mondiale envenime la situation? Prennent-elles les mesures suffisantes pour offrir, de nouveau, des perspectives aux jeunes du Maghreb?

Elles peuvent mettre en place des mesures d’ajustement, pour soutenir l’entreprenariat ou l’emploi des jeunes, certes. Mais un gros problème structurel subsiste. Entre le secteur informel, en bas, et les grands projets menés par de gros investisseurs qui ont leurs entrées dans les palais présidentiels ou royaux, en haut, il manque un maillon essentiel: un tissu d’investisseurs moyens, dissuadés par des barrières dans certains secteurs, ou par l’absence de justice forte et impartiale. Or c’est ce “milieu” qui pourrait nourrir la croissance et relancer l’emploi.  

Ce tissu de petites et moyennes entreprises ne se constituera que si existent déjà une bonne gouvernance, une justice forte, un Etat de droit, une administration non corrompue… La Banque mondiale dénonçait ce climat dominé par les privilèges dans un rapport publié en 2009 qui concernait l’ensemble du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. Et pour l’heure, il manque une chose essentielle aux Etats du Maghreb: une vision économique, une stratégie d’avenir.  

(Source: “Lexpress.fr” le 8 janvier 2011) Lien: http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/manifestations-au-maghreb-il-y-a-une-specificite-tunisienne_950680.html


Sans censure ni autocensure Quand le discours officiel s’érode……


Larbi Chouikha

Dans les pays à régimes autoritaires, comme ceux de l’ex Europe de l’Est, les premiers signes annonciateurs de l’écroulement du système gisaient déjà dans l’effritement du discours que les « dignitaires » de ces pays assénaient à leurs « masses populaires » : des superlatifs à l’emporte pièce sur les « réussites remarquées», des envolées lyriques autour des « grandes réalisations », des panégyriques fleuves sur ces « hauts » responsables « adulés » par leur peuple……Mais l’histoire nous rappelle que ces mêmes peuples peuvent aussi s’élever contre ces régimes et leurs hommes – qui se croyaient indécrottables, inébranlables- par la force de leur police et la machine de la propagande de leur parti.

Aujourd’hui, les évènements de Sidi Bouzid et la fronde populaire qu’ils provoquent et qui s’empare de toutes les couches sociales, leur médiatisation par des relais inégalés comme Facebook et des chaînes satellaires à l’instar d’Al Jazerra, sont autant de signes patents qui montrent que le discours officiel ressassé par les médias et les hommes du pouvoir s’essouffle, s’étiole…

La logomachie constituée des « réalisations accomplies », des « acquis réalisés », des « miracles » qui font de ce pays « un modèle de réussite », agrémenté d’une avalanche de chiffres souvent, invérifiables, ne semble plus émouvoir personne, tout autant que cette rhétorique aux effets soporifiques construite autour de ces « ennemis » de l’intérieur et de l’extérieur, qui « jalousent nos acquis et notre stabilité » et qui seraient même « les instigateurs de toute cette agitation populaire » (relevons au passage, ce magnifique satisfecit pour les uns, et cet aveu d’impuissance pour les autres!)

Aujourd’hui, plus personne n’est dupe, et cette stratégie discursive alimentée à grands renforts de propagande ne convainc plus personne et, dans plusieurs cas, suscite même les effets inverses : nombre d’entre nous, qui n’avaient pas l’habitude de regarder régulièrement Al Jazeera, le font maintenant, depuis que le discours officiel la dépeint comme « ennemie », et les exemples abondent dans ce sens.

Que de fois avons-nous mis en garde contre les risques encourus du fait de la politique économique suivie et du verrouillage des espaces d’expression ! Que de fois avons-nous pointé du doigt les frustrations qui se nourrissent des injustices et des inégalités sociales, des discriminations entres citoyens, des privations de toutes sortes,… qui peuvent mettre le pays à feu et à sang ! Et à chaque fois, le pouvoir est resté de marbre, enfermé dans ses certitudes et déterminé dans ses choix et ses méthodes de gouverner. Pourtant, lors de son avènement en novembre 1987, bien des enseignements liés aux évènements de l’époque étaient à même de l’éclairer! Tout d’abord, l’effondrement de ces régimes qui se targuaient de promouvoir la prospérité économique et sociale du peuple au détriment des libertés et de la dignité humaine, auraient dû l’instruire. Ensuite, la manière par laquelle des « Zaïm » – adulés et choyés par leur peuple – avaient été évincés du pouvoir, mériterait aussi qu’on y réfléchisse. Mais la leçon cardinale se cristallise autour de la fin de règne de l’ex président Habib Bourguiba et les luttes intestines que la question de sa succession avait suscitées autour de lui. Aujourd’hui, nous avons l’impression de revivre des évènements déjà connus au paroxysme de la crise de succession de Bourguiba, et encore une fois, l’histoire se répète, et encore une fois, le même enseignement qui saute à nos yeux : quand un régime s’enferme sur lui-même, qu’il devient outrancièrement méprisant à l’égard des critiques qui lui sont adressées, quand il se coupe des réalités nationales profondes,… la rue finit toujours par prendre le dessus et le pouvoir est décrié…..

Aujourd’hui, nombre d’entre nous se demandent si le pouvoir dispose encore d’assez de ressources, d’intelligence, de capacité d’écoute et de discernement pour pouvoir se ressaisir.

(Source : « Attariqaljadid » Le 08-01-2011)

Lien :http://www.facebook.com/note.php?note_id=496161372939&id=1072386618


Tunisie : « La crise est là depuis plusieurs années »

Interview de Kader Abderrahim, chercheur, spécialiste du Maghreb

           
 
Une importante vague de protestations traverse la Tunisie depuis la mi-décembre. La jeunesse tunisienne n’a pas trouvé d’autres moyens pour exprimer son malaise, en grande parti dû au chômage et la corruption. Kader Abderrahim, chercheur spécialiste du Maghreb, revient sur les raison de cette grogne sociale.

Vendredi, la Tunisie était encore secouée par plusieurs émeutes. Cinq manifestants et un agent de sécurité ont été blessés au cours d’un affrontement violent dans une localité proche de Sidi Bouzid, la ville d’où levague de contestation est partie après qu’un jeune diplômé-chomeur désespéré,Mohamed Bouaziz, se soit immolé. La jeunesse tunisienne a trouvé dansles réseaux sociaux un moyen efficace pour mobiliser et s’organiser. C’est dans ce contexte qu’un rappeur et deux blogueurs renommés du pays,Slim Amamou et El Aziz Amami, ont été arrêtés jeudi. Kader Abderrahim est chercheur associé à l’Iris, spécialiste du Maghreb et de l’islamisme, et Maître de conférences à Sciences-po Paris. Il est actuellement Professeur à l’Université de Californie (UCLA) au département de Relations internationales et de sciences politiques en Master et MBA. Il analyse, pour Afrik.com, cette vague de colère de la jeunesse tunisienne.

 

 

Afrik.com : Comment expliquez-vous que les récentes émeutes en Tunisie aient pris une telle ampleur ? Kader Abderrahim : Cela s’est déjà produit en 1984 à l’époque du président Bourguiba. De violentes manifestations avaient secoué le pays à cause de la hausse du prix du pain et des produits céréaliers. Il y aussi eu des émeutes extrêmement violentes des ouvriers dans la cité minière de Gafsa en 2008. On parle plus des évènements de Sidi Bouzid parce qu’ils sont partis d’un acte spectaculaire, le suicide du jeune Mohamed Bouazizi par immolation. En plus, cela dépasse largement le cadre des ouvriers. Les acteurs sont essentiellement des jeunes qui n’ont de perspectives sociales.

Afrik.com : Quelles sont les raisons de cette crise, selon vous ? Kader Abderrahim : C’est une agrégation d’un certain nombre de facteurs qui a conduit à cette crise. C’est vrai que la Tunisie est régulièrement saluée pour ses performances économiques. Le pays était jusqu’à il n’y a pas longtemps l’arrière-cour des pays Européens dans le domaine du textile. Mais actuellement, beaucoup d’entreprise émigrent vers l’Asie. Il y a un réel problème de mise à niveau de l’industrie tunisienne. D’autres part, la société tunisienne est étouffée par la surveillance policière et la censure…

Afrik.com : Comment expliquez-vous qu’il y ait autant de chômage en Tunisie alors que le pays figure parmi les pays émergents les plus performants économiquement ? Kader Abderrahim : Il faut soulever le problème de manière globale. La crise est là depuis plusieurs années. Comme je l’ai dit, de plus en plus d’entreprises émigrent vers l’Asie. Et les troubles sociaux viennent se greffer là-dessus. Cette fois, ils sont plus importants et plus violents parce que le pays a atteint un seuil critique. Il y a une génération qui ne trouve pas sa place. L’Europe n’en veut pas parce qu’elle vit elle-même une crise très importante. Pour en sortir, il faut que le gouvernement Ben Ali accepte de dialoguer, y compris sur les libertés individuelles. Le pays peut servir de locomotive pour le développement des pays arabes. Il suffit de que le régime lâche du leste.

Afrik.com : Y a-t-il des chances que ces évènements conduisent le régime à plus d’ouverture ? Kader Abderrahim : La question qui se pose est : est-ce que le régime va s’engager dans une phase stratégique de dialogue ou se contentera-t-il de petites inflexions ou de mesures à la petite semaine comme il vient de le faire avec le changement du ministre de la Communication et la création d’un poste de porte-parole du gouvernement ? L’autre point est qu’il peut aussi dire : « Je n’ai pas d’interlocuteur pour dialoguer ». Et c’est vrai, parce qu’il n’y a pas d’opposition. Les opposants ont été soit arrêtés ou torturés. Je ne doute pas que la société tunisienne puisse se fabriquer de nouveaux leaders, mais cela demandera du temps. Cela vaut aussi pour tout le Maghreb. La question des jeunes est transversale pour l’ensemble du Maghreb. Les émeutes de la vie chère qui traversent actuellement l’Algérie le prouvent. Les pays de la région n’ont pas su s’adapter au défi technologique, à celui de l’emploi et du développement.

Afrik.com : Il y a de fortes chances pour que Ben Ali soit candidat à sa propre succession en 2014. Les récents évènements peuvent-ils menacer son éventuelle candidature ? Kader Abderrahim : Cette question se pose depuis très longtemps. Il y a une clique, autour de Ben Ali et sa famille, qui a confisqué l’économie de la Tunisie. Il y a réellement un niveau de corruption très élevé. Si la corruption grippe la machine économique, cela peut être très dangereux pour la survie même du régime.

(Source: Afrik.com le 7 janvier 2011) Lien: http://www.afrik.com/article21678.html


COMMUNIQUE COMMUN de l’A.T.M.F et de la F.T.C.R. Paris le 8 janvier 2011

Le Maghreb s’enflamme


De Sidi Bouzid à Bab Elouad, les mêmes causes produisent les mêmes effets : La mal-vie, un chômage chronique des jeunes…., la cherté de la vie et une corruption généralisée qui provoque un sentiment d’étouffement. La rue reste le seul espace d’expression devant l’aveuglement des dirigeants. Le gouvernement de Ben Ali et celui de Bouteflika répondent à des questions de fond par des artifices tels que le déboulonnage  de certain sous-fifre (ministre de la communication, gouverneur…) des subventions destinées à calmer les gens et par la répression de ceux qui bougent. L’ATMF et La FTCR : –          Dénoncent la répression des manifestations de la jeunesse algérienne. –          Expriment leur solidarité avec la lutte du peuple algérien et de sa jeunesse pour la dignité et un avenir meilleur. –          Appellent les forces démocratiques en France et dans le monde à soutenir cette lutte. –          Demandent que la solidarité exemplaire qui s’est manifestée pour la Tunisie de part le monde soit élargie à l’Algérie. –          Exigent la libération de tous les détenus –          Demandent  la remise en cause des politiques suivies et la démocratisation des pays du Maghreb. –          Exigent le respect des libertés et des droits de l homme. L’ATMF et La FTCR  appellent à la solidarité avec les luttes des peuples du Maghreb, pour la dignité l’emploi, la liberté et la démocratie et contre la précarité et la corruption. Vive la solidarité Magrébine Pour une Maghreb solidaire des peuples


ÉMEUTES – En Algérie et en Tunisie, la jeunesse s’enflamme

Au Maghreb, les jeunes manifestent violemment contre une situation économique insupportable dans un contexte politique en crise.


  Par Mireille Duteil Le Maghreb s’enflamme. Les moins de 30 ans (70 % de la population) sont dans la rue et veulent tout casser pour se faire entendre. Surtout en Algérie, où les manifestations ont un air de déjà-vu. En octobre 1988, les émeutes d’Alger, commencées par une manipulation politique et poursuivies par le soulèvement d’une population excédée par des conditions de vie difficiles, un chômage énorme et le mépris d’une classe politique sclérosée dominée par le FLN, avaient débouché sur un éphémère “printemps d’Alger”. En 1991, des élections pluripartistes avaient montré que le FIS, le principal parti islamiste, risquait d’emporter la majorité au Parlement. L’armée avait alors annulé le second tour du scrutin, prenant le risque d’une guerre civile qui a fait plus de 100.000 morts. La situation politique est différente. Mais les causes du mécontentement social sont les mêmes. En Algérie, c’est l’augmentation des prix de produits de première nécessité (sucre et huile) qui a mis le feu aux poudres. L’État veut mettre fin au secteur informel. Les revendeurs sont depuis le 1er janvier soumis à une TVA de 17 %. Cette taxe a été répercutée sur les prix de vente des produits alimentaires. Une conséquence que les politiques n’avaient pas intégrée. Pour l’homme de la rue, dont le salaire de base est déjà le plus bas du Maghreb, la situation était devenue insupportable. En Tunisie, c’est le geste désespéré d’un jeune diplômé chômeur qui s’est immolé par le feu à Sdi-Bouzid, dans le centre du pays, après qu’un policier eut brisé l’étal ambulant qui le faisait survivre, qui a déclenché une succession de manifestations. Chefs d’État vieillissants Des deux côtés, c’est l’échec économique et politique évident de deux régimes qui vivent, de plus, une crise de succession. Les deux chefs d’État sont vieillissants et malades. Zine Ben Ali détient depuis 1987 un pouvoir chaque année plus policier et plus prédateur. Abdelaziz Bouteflika est président depuis 1999 et son troisième mandat s’accompagne d’un immobilisme croissant. Des deux côtés, le malaise est grand face au manque de liberté. En Tunisie surtout, la presse indépendante a disparu, les intellectuels sont pourchassés et bastonnés, les internautes embastillés. Ces émeutes peuvent-elles faire vaciller les pouvoirs ? C’est douteux. En Algérie, la guerre civile des années 90 a laissé la société exsangue. Les partis politiques sont des coquilles vides, les organisations inexistantes. Les jeunes sont dans la rue et cassent, mais aucune organisation n’est aujourd’hui capable de canaliser leur colère pour le meilleur ou pour le pire. En Tunisie, par contre, la société civile bouge à ses risques et périls. Pour la première fois, la quasi-totalité des avocats du pays est descendue dans la rue pour organiser une marche pacifique où les objectifs économiques se sont doublés d’une protestation politique contre l’absence de liberté et le pouvoir policier. Les autorités semblent l’avoir compris et le chef de l’État a fait sauter des têtes. Il n’est pas sûr que cela soit suffisant. (Source: “lepoint.fr” lr 8 janvier 2011) Lien: http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/mireille-duteil/emeutes-en-algerie-et-en-tunisie-la-jeunesse-s-enflamme-08-01-2011-128165_239.php


Le Maghreb de la colère


Editorial d’EL PAIS Traduit De l’espagnol par Abdelatif Ben Salem La mort de Mohamed Bouazizi a soulevé une vague de protestations en Tunisie qui a rapidement gagné les principales villes de l’Algérie voisine. Bouazizi un diplômé en informatique, sans emploi depuis la fin des ses études, s’est immolé par le feu devant le siège de la préfecture après que la police lui ait saisi et vandalisé le chariot de fruits et légumes, parce qu’il n’avait pas les autorisations nécessaires de marchand ambulant. Son geste désespéré a été l’étincelle qui a fait exploser la colère d’une jeunesse qui n’attend plus rien, en plus d’être soumise à des régimes au système politique, certes différents, mais tout aussi dictatoriaux et corrompus. Pour l’heure, le bilan des protestations s’élève à quatre morts et un nombre inconnu d’interpellation qui avoisinerait la centaine. En Algérie, seules les nouvelles sur les affrontements opposant les manifestants aux forces de la police sont confirmées. La situation sociale explosive au Maghreb était prévisible avant ces événements. Au jour d’aujourd’hui, il est plus que nécessaire de revoir la politique suivie par la communauté internationale, en particulier par les Etats-Unis et l’Union européenne pendant ces dernières années. Les impératifs de sécurité ne doivent plus dominer dans les approches diplomatiques du Maghreb, en reléguant au second plan les exigences de la démocratisation et les initiatives visant à encourager le développement de la région. L’équilibre entre ces divers objectifs est certes difficile à obtenir, mais il le sera davantage si on ne fait rien pour empêcher la dégradation de la situation politique. Le président tunisien Ben Ali a été plébiscité il ya un peu plus d’un an, au cours d’un scrutin électoral sur lequel pesaient des fortes soupçons de fraude. Face à cela, les gouvernements européens ont opté pour une attitude de mutisme prudent, seule l’Administration américaine a exprimé sa préoccupation quant à l’absence des observateurs internationaux indépendants. En retour, Ben Ali fut  récompensé pour sa coopération dans la lutte contre le terrorisme, qu’il a renforcée par des mesures de modernisation sur le plan social, tel celui du statut de la femme. Mais cette modernisation ne devrait plus servir d’excuse, comme Ben Ali l’entend, afin de se perpétuer au pouvoir qu’il exerce depuis plus de deux décennies. La situation en Algérie n’est guère différente, même si rhétoriquement, le régime en place se réclame de quelques principes vaguement révolutionnaires et socialisants. Ce n’est pas parce que certaines branches de l’islamisme, y compris celle, aberrante, qui prône l’action terroriste, avaient tenté de capitaliser à leur profit le profond malaise au Maghreb, qu’il faut nier la réalité de son existence. Ce malaise existe bel et bien, comme le montre la rapidité avec laquelle les troubles se sont propagés, sans tenir compte des frontières, comme un feu de paille à la suite de l’immolation de Mohamed Bouazizi. La corruption et l’absence des libertés qui touchent tous les pays de la région constituent eux aussi une réalité évidente. Les troubles sociaux actuels sont un nouveau signal – un de plus – attestant que cet état des choses ne peut perdurer indéfiniment, et que la coopération avec les gouvernements de ces pays, ne pourra plus se faire au détriment des populations. Pour la communauté internationale cela signifie une direction qui ne mène nulle part ; pour le Maghreb, c’est une bombe à retardement, que si elle explose, il sera difficile d’en circonscrire toutes les conséquences. Courtesy EL PAIS (Source : « EL PAIS » (Quotidien-Espagne) le 8 janvier 2011)


A la Une: les émeutes au Maghreb

samedi 08 janvier 2011
 
«Grèves, manifestations, tentatives de suicides et arrestations en Tunisie, émeutes en Algérie » : c’est ainsi que le tableau est brossé à la Une du Monde, journal qui comme la plupart des autres quotidiens français accorde une large place à l’actualité sociale et politique au Maghreb, d’autant plus large d’ailleurs que l’hexagone abrite une importante communauté d’origine maghrébine. Pour Le Monde, « cette agitation sociale reflète l’impasse politique dans ces deux pays ». Et elle se justifie beaucoup moins dans le cas de l’Algérie, décrit comme un pays riche, alors que sa population est pauvre. Le paradoxe a son explication : « Doté de ressources gazières et pétrolières pléthoriques, l’Etat baigne dans une opulence financière enviable (… ) mais cette pléthore d’argent ne fait que masquer les maux chroniques du pays. Le régime politique est étouffant et sclérosé et le pays mal géré. L’argent public coule à flot mais il est trop souvent mal utilisé. Au lieu de servir à gommer les inégalités sociales, poursuit Jean-Pierre Turquoi du Monde,il les creuse au profit d’une caste de privilégiés proches du pouvoir ». Désastre annoncé Dans Libération c’est un état des lieux bien sombre et lourd de menaces que dresse l’éditorialiste du jour Vincent Giret. Au passage il fustige l’attitude de la France qui «dans l’embarras se raidit». Les événements de la semaine en Algérie comme en Tunisie lui font dire que « la menace islamiste brandie par ces deux régimes vieillissants et sans projets ne peut pas éternellement servir d’excuses à l’immobilisme et au verrouillage. La brutalité policière, l’impéritie des gouvernements, la corruption, le trucage des élections et la captation des richesses ne préparent rien d’autres que le désastre ». Voilà ce qui attendrait un régime tunisien, étrillé dans L’Humanité par Jean-Paul Pierrot pour qui « la chape de plomb de la dictature de Ben Ali se lézarde ».. L’homme fort du pays est présenté comme « le meilleur ami de Nicolas Sarkozy au Maghreb ». Jean-Paul Pierrot conclut en rappelant le jugement du président français, il y a deux ans, sur la progression de l’espace de liberté en Tunisie. Le fait est, malgré tout, que si les espaces de liberté s’entrouvrent dans ces pays, c’est à internet qu’on le doit. « En Tunisie comme en Algérie, rapporte Le Parisien, internet a joué un rôle déterminant pour propager la révolte ». Et dansLibération Samir Aïta, président du Cercle des économistes arabes, explique qu’ « avec internet se développe aussi une critique des pouvoirs ». « Epuration religieuse » De son côté Le Figaro revient sur le sort des chrétiens d’Orient, sujet de préoccupation pour le président français : lors de ses vœux aux autorités religieuses du pays, Nicolas Sarkozy a dénoncé à ce propos une « épuration religieuse ». Le Figaro en fait son principal titre de une, et dans La Montagne, Xavier Panon juge cette dénonciation « lourde de conséquences. On veut espérer qu’elles ont été bien évaluées avant que la France décide de choisir un mot aussi plein de réminiscences historiques que celui d’épuration ». Pour lui, le propos est à même de « nourrir un racisme anti islamique revanchard, déjà prégnant et à l’affût du moindre amalgame ». Revenons au Figaro qui, sur un tout autre sujet, annonce« un coup de vent sur Météo France ». Le titre est bien trouvé, on pourrait aussi parler des zones de turbulences que traverse un service public critiqué, le mois dernier, quand la France était bloquée par la neige. Cette fois c’est une enquête de la Cour des comptes dévoilée par Le Figaro. L’un des points « concerne les pratiques de l’établissement qui profite de sa position d’entreprise publique pour facturer ses services aux collectivités, en dehors de toute compétition équitable avec les opérateurs privés ». Tous à Jarnac En ce jour anniversaire de la mort de François Mitterrand, « les primaires socialistes passent par Jarnac », écrit Libération. En effet, « ce quinzième anniversaire rassemble les ténors du parti qui tous revendiquent l’héritage de l’ancien président », avec -il est vrai- plus ou moins de conviction. Ainsi, à la différence d’une Ségolène Royal, Dominique Strauss-Khan, par exemple, n’a jamais été « mitterrandolâtre ». Le Sud-Soudan s’apprête à voter. A partir demain 3,9 millions d’électeurs se prononceront par référendum sur l’avenir du pays. Pour Le Figaro le résultat ne fait aucun doute : c’est le choix de l’indépendance et donc de la partition du Soudan qui sera fait. « Cette perspective est un crève-cœur pour le Nord, qui se retrouvera amputé de 80 % des ressources pétrolières et perdra le contrôle des eaux du Nil Blanc ». Pour finir le chiffre du jour : 7 milliards. Vous le trouverez à la une du Parisien- Aujourd’hui en France. Cette année la population mondiale passera le cap des 7 milliards d’habitants. Si tout le monde se met à adopter le mode de vie des Occidentaux, c’est à dire si tout le monde consomme autant, alors la planète ne tiendra pas longtemps, faute de ressources : c’est un démographe, Gilles Pison, interrogé par le journal, qui le dit. Il nous apprend aussi qu’en moyenne 4 bébés naissent chaque seconde. En faisant le calcul, depuis le début de cette revue de presse, cela fait 1 200 naissances ! (Source: rfi.fr le 8 janvier 2011) Lien: http://www.rfi.fr/emission/20110108-une-emeutes-maghreb  

Maghreb – le cri de désespoir de la jeunesse


Actu France-Soir 08/01/11 à 07h08 Les violences ont repris hier après-midi en Algérie.  Les jeunes sont sortis spontanément dans la rue, en se servant de bacs à ordure, de blocs de béton et de barres de fer pour dresser des barricades © SIPA Après 48 heures d’émeute, Alger avait renoué avec un calme fébrile, hier matin. Mais après la prière du vendredi, les troubles ont repris dans plusieurs quartiers de la capitale du pays, notamment à Bab el Oued, Belcourt et el Harrach, indiquait hier après-midi le journal El Watan en ligne. Le quotidien francophone rapportait aussi de rugueux affrontements à Tizi Ouzou (Kabylie), où les jeunes sont sortis spontanément dans la rue, en se servant de bacs à ordure, de blocs de béton et de barres de fer pour dresser des barricades. Plus à l’est, à Annaba, pour la première fois, des manifestants se sont également violemment opposés aux forces de l’ordre. Depuis trois semaines, la Tunisie est en proie elle aussi à une révolte sociale inédite. Et selon les analystes, il y a des points communs entre les deux pays, ainsi qu’avec le Maroc voisin. Leurs économies ne parviennent pas à offrir des perspectives aux jeunes, souvent diplômés, qui arrivent sur le marché du travail. « Dans ces trois pays […] on n’a pas pensé aux mécanismes d’intégration des jeunes diplômés à la collectivité, une intégration qui passe évidemment par l’emploi », estime Driss Benali, professeur à l’université Mohammed-V de Rabat. En outre, explique Pierre Vermeren, maître de conférence à l’université de Paris-I, l’Algérie et la Tunisie sont « deux pays qui ont des systèmes politiques en crise » avec deux présidents (respectivement Bouteflika et Ben Ali) s’approchant de la fin de leur carrière. En l’absence de relève, « cela crée une situation politique d’attente, sans perspective », juge-t-il. L’embarras de la France La France est dans l’embarras avec ses voisins du sud de la Méditerranée. Hier, le ministère des Affaires étrangères s’est retranché lors de son point presse quotidien à propos de l’Algérie derrière un banal : « Nous suivons la situation avec attention. » La réserve, voire le silence, affichée par la diplomatie française tant à l’égard de la Tunisie que de l’Algérie tient sans doute aux intérêts économiques importants entretenus dans ces pays par la France. Et à la présence sur notre territoire d’importantes communautés maghrébines…
 

Le désespoir mobilisateur du Maghreb

samedi 08.01.2011, 05:10 – La Voix du Nord Le fond du désespoir. Pas de présent, pas d’avenir, plus de fierté. Et quoi d’autre encore ? Le petit marchand de légumes de Sidi Bouzid n’est plus là pour le dire, mais on peut imaginer l’abattement total, le chagrin, la détresse qui se sont emparés de lui quand les policiers lui ont pris l’étal qui restait toute sa richesse pour tenter d’aider les siens à survivre. Il faut avoir atteint le fond du désespoir pour s’immoler comme il l’a fait le mois dernier, entraînant cette vague d’émeutes qui continue de secouer toute la Tunisie. C’est que le désespoir est mobilisateur. Au point qu’aujourd’hui, c’est l’Algérie qui semble touchée par la contagion, avec les mêmes moteurs que sont la misère et l’injustice qui empêchent la jeunesse de croire que la vie lui tend les bras. Évidemment, à l’heure de l’Internet, la colère a eu vite fait de passer la frontière, mais ce n’est pas par hasard si elle s’est propagée vers Alger où on sait, comme à Tunis ou à Sidi Bouzid, que le pays regorge de richesses – mais que ce sont ses dirigeants qui en profitent, et seulement eux. Les Algériens savent que les réserves de gaz et de pétrole de leur sol suffiraient largement à augmenter le niveau de vie de tout le pays, si l’argent qu’elles génèrent ne suivait pas des canalisations occultes fuitant vers les comptes à l’étranger d’une poignée d’hommes politiques et de militaires. Comme les Tunisiens, les Algériens se désespèrent de l’immobilisme de leurs pouvoirs vieillis, usés, discrédités par tant d’années de corruption et de répression. Aujourd’hui encore, par réflexe sans doute, la Tunisie du président Ben Ali emprisonne les blogueurs qui tentent de s’exprimer librement, tandis que l’Algérie de Bouteflika ordonne à la télévision d’État de passer sous silence les émeutes, pour ne parler que de faits « isolés » circonscrits à quelques quartiers traditionnellement chauds. C’était déjà le cas en 1988, quand des émeutes d’automne avaient fait plusieurs centaines de morts. La répression et quelques mesures dérisoires avaient eu raison du soulèvement. Mais en un peu plus de vingt ans, l’écart s’est encore creusé entre la poignée de caciques qui s’enrichissent et l’immense majorité de ces peuples étranglés et bafoués. En un peu plus de vingt ans, le désespoir a encore creusé son sillon ravageur au front de ces femmes et de ces hommes de Tunisie et d’Algérie, dont la culture et l’histoire sont riches d’épisodes si foisonnants que les dirigeants d’aujour-d’hui n’en semblent plus dignes. Et ce n’est pas avec leurs promesses de baisser un peu le prix de l’huile et du sucre qu’ils rendront confiance à leurs peuples. Hier, cinq manifestants ont été blessés en Tunisie, près de Sidi Bouzid, tandis qu’en Algérie, les émeutes s’étendaient vers l’est du pays et la Kabylie. Comme les Tunisiens, les Algériens se désespérent de l’immobilisme de leurs pouvoirs vieillis, usés, discrédités… (Source:  “La Voix du Nord” Le 8 janvier 2011) Lien: http://www.lavoixdunord.fr/France_Monde/actualite/Secteur_France_Monde/2011/01/08/article_le-desespoir-mobilisateur-du-maghreb.shtml
 

 

Algérie, Tunisie : les raisons économiques de la colère


07/01/2011 | Mise à jour : 21:51

Envolée des prix de l’alimentaire, chômage éternellement élevé, jeunesse qualifiée sans débouchées… La croissance, qui repart malgré tout, ne profite qu’à une minorité.

Depuis quelques jours, le sud de la méditerranée s’embrase. La Tunisie fait face à une révolte sociale spontanée et l‘Algérie connaît des émeutes du pain avec la flambée des prix de l’alimentaire. Les prix du sucre, de la farine et des céréales ont bondi de 20 à 30%. Le kilo de sucre qui valait 70 dinars il y a peu (72 centimes), s’achète aujourd’hui 150 dinars (1,50 euro) quand un camionneur gagne environ 800 dinars par jour (8,40 euros).

Ces deux mouvements prennent racine dans un terreau de très fortes inégalités sociales, et malgré une conjoncture économique qui se redresse après la crise. La Tunisie et l’Algérie devraient connaître une croissance de 3,8% en 2010, et de respectivement 4,8% et 4% en 2011, selon le Fonds monétaire international. Le pays de Zine el-Abidine Ben Ali profite de son ouverture vers l’extérieur et du retour des échanges commerciaux internationaux. Celui du président Abdelaziz Bouteflika tire parti de la hausse du prix du pétrole dont il dépend très fortement.

Pétrole et chômage

«C’est bien là le paradoxe: l’Algérie bénéficie d’une rente pétrolière mais elle connaîtdes émeutes de la faim», dénonce Sion Assidon, membre du conseil d’administration de Transparency international, ONG luttant contre la corruption. Tunisie et Algérie souffrent l’un comme l’autre d’un chômage endémique. Chez le premier, il atteint 13,3%, et beaucoup plus parmi les jeunes diplômés, note le FMI dans un rapport. En Algérie, le taux de chômage s’établirait à 10%. Mais il ne faut pas s’y fier. «Dur de croire aux chiffres, les statistiques sont biaisées par les dirigeants», estime Mokhtar Lakehal, économiste à Sciences Po Paris.

Des mesures ont pourtant été prises à la sortie de la crise. Le gouvernement algérien a augmenté les fonctionnaires de 30% en 2010. Un pompier gagne aux alentours de 14.175 dinars par mois, soit 148 euros (chiffres 2008 de l’Organisation internationale du travail). Il a mis en place un plan quinquennal centré sur le développement des infrastructures et l’emploi doté de 286 milliards de dollars.

Financée par les exportations d’hydrocarbures, «cette somme représente 180% du produit intérieur brut (PIB), même si une partie provient de crédits non dépensés du programme précédent», commente Jésus Castillo, économiste chez Natixis. Reste que l’économie algérienne n’est pas assez diversifiée. Elle ne peut pas offrir les emplois en nombre suffisant à sa jeunesse toujours plus nombreuse (sa population croît encore). Pire, le plan pourrait plus profiter aux entreprises étrangères qui n’emploient que peu de locaux.

Émigration bloquée

Avant la crise, la Tunisie et l’Algérie bénéficiaient de deux «soupapes». L’une est toujours là : l’économie informelle. L’activité qui échappe aux taxes représenterait entre 40 et 60% du PIB. La deuxième échappatoire, l’émigration, a en revanche disparu. «Depuis quelques années, l’Europe a fermé ses frontières aux jeunes maghrébins et les pays du Golfe ont fait de même depuis deux ou trois ans», observe Mokhtar Lakehal. En outre, «on observe une captation de l’Etat par une famille en Tunisie, et par une minorité proche du pouvoir en Algérie qui détournent les ressources à leurs profits», décrit Sion Assidon.

Les révoltes de ces derniers jours changeront-elles a donne ? «La levée de boucliers de la part des avocats tunisiens signifie que le modèle Ben Ali, qui promouvait un minimum la classe moyenne, est en train d’échouer», veut croire Sion Assidon. Mokhtar Lakehal est plus pessimiste : «ce sont des épiphénomènes. Les manifestants seront matraqués, les meneurs arrêtés, et dans un mois les gens retourneront à leurs occupations. Mais la marmite continuera de bouillir.» (Source: Lefigaro.fr le 7 janvier 2011) Lien: http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2011/01/07/04016-20110107ARTFIG00591-algerie-tunisie-les-raisons-economiques-de-la-colere.php  

 
 
 
 

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