C.R.L.D.H. Tunisie: Tirs à balles réelles à Regueb – Les protestations continuent en Tunisie Liberté et Equité: Poursuite du mouvement de protestation et de solidarité – Encore des affrontements entre les lycéens et les forces de police CNSPBM: Sit-in et affrontements à Oum Larayess AFP:
Tunisie: cinq manifestants blessés dans un affrontement près de Sidi Bouzid AFP: Tunisie: les USA, « préoccupés » par les troubles, convoquent l’ambassadeur AFP: La France dans l’embarras face aux troubles en Tunisie et Algérie Le Devoir: Pression sur la Tunisie – «M. Harper, où êtes-vous?»
Le Député Patrick BRAOUEZEC Communiqué de presse – Situation en Tunisie
Reporters Without Borders : Tunisia – Wave of arrests of bloggers and activists
Mediapart: Tunisie: une journée de solidarité face à une répression accrue
Sit-in de solidarité le lundi 10 Janvier à 17h devant l’Ambassade de Tunisie. à Rabat
Declaration etoile nord africaine anticapitaliste , rassemblement 6 janvier 2011 à la Fontaine aux Innocents Solidarité avec les Luttes des Habitants de Sidi Bouzid – Message à Monsieur le Consul de Tunisie en résidence à TOULOUSE ATS: Manifestation place du Molard en faveur des droits en Tunisie Le progres: Manifestation de soutien devant le consulat général de Tunisie à Lyon Nord Eclair: À Lille, « c’est une fierté de voir ce mouvement » AFP: Troubles en Tunisie: manifestations à Montréal AFP: Protests in Canada amid spiraling Tunisian unrest Reuters: Un rappeur et un blogueur arrêtés en Tunisie Nouvelobs: Des blogueurs tunisiens arrêtés après les troubles de Sidi Bouzid Lepost: Des Blogueurs et un rappeur arrêtés en Tunisie France24: Tunis espère briser le mouvement de révolte en muselant la Toile et les blogueurs France2: Tunisie: internet au coeur de la contestation Radio Canada: La révolte s’étend en Tunisie Libéartion: Grève massive des avocats en Tunisie Rue89: La Tunisie gronde toujours, mais qui pour remplacer Ben Ali ? Lemonde.fr: Manifestation de soutien aux Tunisiens à Paris : « Il fallait que la rage sorte » Lemonde.fr: Le chômage des diplômés, moteur de la révolte tunisienne Lemonde.fr: La Tunisie, un pays qui cherche sa définition Libération: Tunisie, la colère est dans la rue Ei Pais: Les troubles s’étendent au Maghreb suite aux affrontements en Tunisie Nord Eclair: Maghreb : un profond malaise social Le Temps suisse: Les révoltes tunisiennes s’étendent à l’Algérie Le Post: Crise sociale en Tunisie : quelques clés pour mieux comprendre 20Minutes: Révolte en Tunisie: L’immolation par le feu «est devenu un symbole» pour les manifestants Marianne: Tunisie : « Le peuple terrorise le gouvernement » Le Soir: Khémaïs Chammari « Plus rien ne sera comme avant » Afric.com: Entretien de Souhayr Belhassen – La Tunisie vers l’inconnu Slate: Entretien de Taoufik Ben Brik « La génération Facebook plus forte que Ben Ali » l’express: Entretien de Bochra Belhaj Hmida – Seule la démocratie peut « épargner une dérive islamiste » en Tunisie Driss Abbassi: La Tunisie, un pays qui cherche sa définition Le Progrès: Tunisie : « S’il sait se montrer intelligent, le pouvoir peut faire baisser la pression » Yasmine Ryan: Tunisia’s bitter cyberwar Soumaya Ghannoushi: Exposing the real Tunisia Asharq Alawsat: Tunisia’s Crisis: Searching for Islamists The economist: Sour young men – Why protests, once rare, are persisting Pedro Canales: Revuelta juvenil en Túnez Pedro Canales: Ola de solidaridad con la protesta popular en Túnez Amnesty International: Ramzi Romdhani, urgent action
Luiza Toscane: Disparu depuis le 25 novembre ! Qu’est-il arrivé à Ramzi Romdhani ?
Tirs à balles réelles à Regueb
Des sources locales affirment que des affrontements violents ont eu lieu aujourd’hui à Regueb (Sidibouzid). La police a tiré à balles réelles. Trois blessés graves ont été transférés à d’autre hôpitaux, probablement à Sfax. Arrestation (Kidnapping) de Wissem Seghayer Le dirigeant de l’organisation des jeunes du PDP (parti démocrate progressiste) Wissem Sghayer a été kidnappé cet après-midi, par des policiers en civil devant l’institut superieur de la musique à Tunis ————————————————–Les protestations continuent en Tunisie
– Manifestation à kasserine – Manifestation à Jelma – Grève dans les lycée de sidi bouzid, regueb et jelma – Grève au Lycee ennfidha – Grève et présence policière important a Tela (véhicules blindés postés devant les lycées et les principaux carrefours de la ville) – Grève des lycées de Sfax – Manifestations à haffouz – Grève au lycée de jebeniana – Grève de lycée à Kelibia – importante présence policière devant tout les lycée et toutes les universités en Tunisie. Jeudi 06 Janvier : – Manifestations à sidi bouzid – Manifestations à Jelma – Manifestations à Regueb – Manifestations à Siliana et affrontements avec la police (Le local du RCD a été brulé) – Manifestations et affrontements à Makther (région Siliana) – Confrontations entre police et habitants à Téla (Region kasserine) – Un jeune tente de s’immoler en plein centre ville de Tunis – Un autre jeune tente de s’immoler à Kasserine – Grèves dans les lycées de différentes régions – affrontements entre police et étudiants à Sousse – arrestation d’el Genéral (rappeur), Hamadi Kahloutcha, Azyz Ammami et slim Amamou (blogueurs)Poursuite du mouvement de protestation et de solidarité Encore des affrontements entre les lycéens et les forces de police
Le mouvement de protestation […] s’étend à un nombre croissant de villes en dépit du déploiement sécuritaire impressionnant destiné à réprimer tout mouvement […] La ville de Sfax a été le théâtre aujourd’hui d’affrontements entre les lycéens et les forces de police à la cité Habib, quant à la cité Ryadh à Sousse, elle a vu des affrontements entre les étudiants et la police qui a bloqué la faculté et arrêté de nombreux étudiants. La ville de Siliana a été le théâtre dans l’après midi d’aujourd’hui d’affrontements entre les citoyens et la police qui a fait usage de bombes lacrymogènes pour disperser les manifestants. A Kasserine, une manifestation a été organisée et à Tajerouine, il y a eu des confrontations entre les lycéens et les forces de police tandis que les cours n’ont pas eu lieu aujourd’hui à Rgueb dans le gouvernorat de Sidi Bouzid. […] Pour le bureau exécutif de l’Organisation Le président Maître Mohammed Nouri (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)
Reporters Without Borders condemned the arrests and disappearances yesterday of bloggers and online activists across a number of Tunisian cities. The worldwide press freedom organization has monitored at least five such cases but the list could well be longer. Police arrested the bloggers to question them about hacking into government websites by the militant group Anonymous, several sources told the organisation. Reporters Without Borders urged the authorities to release them as soon as possible. “These arrests, intended to intimidate Tunisian Internet-users and their international backers, are likely to prove counter-productive, by stoking up tension. Arresting several bloggers is not the way to get images of demonstrations deleted from the web or for cyber-attacks to be halted”, Reporters Without Borders said. “Stepping up the repression is absolutely not a solution to the crisis engulfing Tunisia today”. Four or five police plainclothes officers arrested the blogger and activist Hamadi Kaloutcha (http://www.facebook.com/Kaloutcha.Hamadi) at his home at around 6am, seizing a computer and a central processing unit. They told his wife they were taking him to the nearest police station and “just have a few questions for him”, and “that will only take a few hours”. There has been no news of him since. Cyberdissident Sleh Edine Kchouk, a student activist, was arrested by police in Bizerte (north of Tunis) and his computer seized. Tunisian rapper El Général – real name Hamada Ben Aoun – was also reportedly arrested in Sfax, about 270kms southeast of Tunis. In his song, “President, your people are dead”, he challenged President Ben Ali over corruption and unemployment. His video is hugely popular among young Tunisians and widely circulated online. (See the video on: http://www.facebook.com/video/video.php?v=129701343760262&oid=153793954645919&comments). Further, there has been no news of Slim Amamou and Azyz Amamy, two netizens based in Tunis. Slim Amamou (http://twitter.com/#!/slim404) was briefly detained on 21 May 2010 just ahead of a demonstration against web censorship which he planned to hold outside the information ministry in the capital. Several human rights activists, who asked for anonymity, said he is being held at the interior ministry. Azyz Amamy apparently covered clashes a few weeks ago in Sidi Bouzid. His blog is currently inaccessible (http://azyz404.blogspot.com/), and his Facebook page has been deactivated. These arrests come as the authorities attempt to shore up censorship of the web to try to stifle political and social protest movements which are raging in the country at the moment and to end cyber-attacks against government websites. Social networking sites have given unprecedented coverage to these events, while the traditional media, most of which are under the control of the regime, have stayed silent. See the previous release. The regime is tightening censorship of online articles on international media about the current unrest. Meanwhile, Isabelle Mandraud, a journalist with the international service of the daily Le Monde, a specialist on the Maghreb, was today refused entry to Tunisia. The daily has been banned in Tunisia since its special correspondent Florence Beaugé was expelled in October 2009. Read the article:http://en.rsf.org/tunisia-wave-of-arrests-of-bloggers-and-07-01-2011,39238.html
Tunisie: cinq manifestants blessés dans un affrontement près de Sidi Bouzid
Tunisie: les USA, « préoccupés » par les troubles, convoquent l’ambassadeur
La France dans l’embarras face aux troubles en Tunisie et Algérie
(Source: « Le Devoir » (Quotidien – Canada) le 7 janvier 2011)
Communiqué de presse – Situation en Tunisie
6 ianvier 2011 Depuis plusieuts semaines des manifestations de la jeunesse tunisienne secouent la Tunisie. Mohamed Bo:uazizi, jeune chômeut, vient de mourir aptès s’êtte immolé par Ie feu par désespoir de ne pouvoir vivte dignement dans son pays dont les performances économiques sont loin du < miracle ) complaisamment présenté pat les médias. Tous les laissés pour compte, les exclus, les jeunes diplômés mais aussi les travailleurs sont descendus dans la rue car ils ne cessent, depuis de longs mois, de protester contre des choix politiques et économiques qui ne tiennent nul compte des conditions dramatiques dans lesquelles vit une large part de la population tunisienne. Suite à ces manifestations, le pouvoir tunisien rongé par la corruption et le népotisme n’a trouvé d’autre réponse que la tépression et des artestations faites la plupart du temps avec violence. Un jeune de 18 ans a ainsi été tué par balle. Les associations et les organisations et les médias oeuvrant pour les dtoits de I’homme se voient menacées de fermeture et de privations de liberté. La France entretient des relations privilégiées avec le gouvernement tunisien; en 2008, de nombteux accords touchant différents secteurs -financier. toutistique. ffansDorr er rourlsme- ont été signés. Selon les normes en vigueur, un accord ne peut se concrétiser que si les droits de l’homme sont appliqués et effectifs. Or, ce n’est plus le cas depuis un cettain temps. De nombreuses otganisations des droits de I’Homme ont dénoncé cette situation où prévalent des violations graves des droits humains. Des événements de même nature secouent I’Algéde où le pouvoir fait tiret sur la foule des jeunes qui s’épuisent à demander du travail et qui s’insurgent contre le doublement des produits alimentaires de base. L’image de la Ftance est très atteinte pat le soutien apporté par des dictatues qui n’ont d’autte atgument que la menace < intégdste ) pour justifiet les atteintes permanentes aux droits humains. Il est temps que le gouvernement français, tout comme l’Union européenne, prenne ses responsabilités que lui dictent cettaines conventions internationales et suspende ses relations avec le gouvernement tunisien tant que les droits de i’Homme seïont ouvertement niés et piétinés.
« la situation des avocats et de la société civile en Tunisie »
avec la présentation de témoignages des chargés de mission de retour de Tunisie et l’analyse de représentants des organisations mandataires le lundi 10 janvier 2011 à 11h30 au Conseil National des Barreaux 22 rue de Londres – 75009 Paris (Métro : St Lazare) Contacts presse REMDH Paris : Email : mse@euromedrights.net Tél : 01 48 18 06 86Jeudi 13 janvier 2011 à 18 heures.
Manifestation de solidarité Samedi 8 janvier à 15 heures Place Royale à Nantes
Maroc…
Sit-in de solidarité le lundi 10 Janvier à 17h devant l’Ambassade de Tunisie.
à Rabat
APPEL DE SOLIDARITE
avec le peuple tunisien dans ses luttes pour la justice sociale et la démocratie
La révolte en Tunisie s’élargit sur le plan social, géographique et politique témoignant d’un fait irréfutable, c’est qu’on ne peut pas tenir un peuple sous l’oppression et la marginalisation indéfiniment. Depuis le 17 décembre 2010, de jeunes chômeurs, des ouvriers, des syndicats des avocats, des étudiants…, manifestent contre la cherté de la vie, la corruption, l’injustice des politiques sociales et économiques et remettent en cause directement la légitimité du pouvoir qui n’ a pas lésiné sur l’emploi de la force et de la répression pour faire taire un peuple qui aspire à ses droits.
Nous, organisations signataires :
§ Affirmons notre entière solidarité avec le mouvement de revendications et de contestation que connait la Tunisie;
§ Dénonçons l’usage de la violence et les recours à la répression et à l’intimidation par le pouvoir tunisien contre des populations qui manifestent de manière pacifique contre l’injustice sociale et pour l’emploi.
§ Appelons à la libération immédiate de toutes les personnes arrêtées, ainsi que toutes et tous ceux qui ont été arrêtées et condamnées lors des évènements du bassin minier de Gafsa.
§ Réclamons que les responsables de la répression, des violences à l’encontre de la population qui ont causé la mort et des blessures graves parmi les manifestants soient traduits en justice.
§ Dénonçons les agressions qui visent les syndicalistes, les avocats, les média indépendants, les associations et partis solidaires de la révolte tunisienne.
Nous appelons tous les démocrates et les épris de justice à manifester leur solidarité avec le peuple tunisien dans ses luttes pour la justice sociale et la démocratie en
participant au sit-in de solidarité le lundi 10 Janvier à 17h devant l’Ambassade de Tunisie.
A Rabat
SIGNATAIRES :
Action Jeunesse(AJ)
Association Beniznassen pour la Culture, le Développement et la Solidarité
Association Chouala pour l’Education et la Culture
Association Eau et Energie pour Tous(ASEET)
Association Femmes pour l’Egalité et la Démocratie (AFED)
Association Marocaine des Droits Humains(AMDH)
Association pour le Contrat Mondial de l’Eau/ Maroc (ACME/Maroc)
Association Troisième Millénaire pour le Développement et l’Action Associatif
Attac/Cadtm Maroc
Espace des Jeunes Animateurs Marrakech
Fédération de la Ligue Démocratique des Droits de la Femme(FLDDF)
Fédération Démocratique Du Travail(FDT)
Forum Beni Zouli pour le Développement et la Communication
Forum des Alternatives Maroc(FMAS)
Forum pour le Droit à l’eau dans la région Arabe
Groupe Antiraciste de défense et d’accompagnement des étrangers et migrants(GADEM)
Instance National de Protection des Biens Publics
Instance National de Protection des Biens Publics au Maroc(INPBPM)
Association La vallée verte
Mouvement Alternatives Citoyenne(ALCI)
Observatoire Marocain des Libertés Publiques(OMLP)
Observatoire Marocain des Prisons (OMP)
Organisation Démocratique Du Travail(ODT)
Organisation pour les libertés d’information et d’expression(OLE)
Réseau Amazigh pour la Citoyenneté(Azetta)
Réseau des Associations de Développement des Oasis du Sud Est du Maroc
Réseau des Associations de Quartier du Grand Casablanca(RESAQ)
Réseau Marocain Euromed des ONG
Union des Initiatives de Développement
Union Général des Travailleurs du Maroc(UGTM)
FMAS,
53 rue Melouiya, Appt.16, 4e étage, Agdal, Rabat
Tél. : 0537 68 39 26/62, Fax : 0537 77 07 22, Mobile 06 64 38 81 31
Paris, Marseille, Nantes, Alger, Naples, Montréal… Partie des jeunes diplômés de Sidi Bouzid – une ville du centre-ouest tunisien, située à 265 km de Tunis et en proie à des manifestations depuis le 19 décembre–, la révolte s’étend peu à peu aux communautés implantées dans les villes européennes et nord-américaines. Pour les Tunisiens de l’étranger, ce 6 janvier est une journée internationale qui doit aider le mouvement et lui donner une ampleur suffisante pour lui permettre de s’enraciner en dehors des bassins traditionnels de luttes du sud du pays, et notamment dans la capitale Tunis. À Paris, rendez-vous est donné à 18h, Fontaine des Innocents, place du Châtelet.
En France, le fait nouveau est la participation au collectif parisien de militants du parti islamiste Nahda (Renaissance), dont le bureau politique demeure exilé à Paris depuis le début des années 1990. Cette union inhabituelle vient à point car, sur place, le mouvement marque un peu le pas en ce milieu de semaine, sous le double coup de la répression et des promesses du gouvernement.
Mercredi 5 janvier, 5 000 personnes ont tout de même marché jusqu’au cimetière de Garaat Bennour, situé à 16 km de Sidi Bouzid, pour commémorer la mort du jeune Mohammed Bouazizi, qui s’était immolé par le feu mi-décembre devant la municipalité pour attirer l’attention sur la détresse des diplômés-chômeurs tunisiens. Rappelons-le : la Tunisie, c’est aujourd’hui ce pays vanté comme «un modèle de développement» par le patron du FMI, Dominique Strauss-Kahn, mais où les chômeurs représentaient quelque 55% des diplômés de l’université en 2008, selon l’économiste Lahcen Achy. Ce chercheur au centre Carnegie pour le Moyen-Orient a publié en novembre 2010 une étude sur «les défis de l’emploi au Maghreb».
Mercredi, selon un syndicaliste de Sidi Bouzid joint par l’AFP, la foule a aussi crié sa colère contre le coût de la vie «qui a conduit Mohamed au suicide», répétant «Honte au gouvernement!». Selon l’oncle de la victime, Mehdi Horaire, la police massivement présente a empêché le cortège de s’approcher du siège de la préfecture, là où Mohamed s’était aspergé d’essence. Cinq jours plus tard, le jeune Houcine Neji se jetait d’un pylône électrique sur une ligne haute tension en criant «plus de misère, plus de chômage.» D’autres habitants ont tenté de suivre cet «exemple»… Mercredi encore, une femme et ses trois enfants ont grimpé sur un pylône électrique, en menaçant de se donner la mort pour obtenir un emploi et un logement, avant que les autorités ne décident de couper le courant.
À Tunis et dans plusieurs villes du pays, la mobilisation était moindre ce mercredi. «Le régime joue le même jeu que d’habitude, la carotte et le bâton», dit Adel Ghezala, militant «de gauche mais non-encarté», qui vit depuis quatre ans entre Paris et Tunis. En 2008 et 2009, il s’est impliqué en Tunisie dans les mouvements de solidarité aux grévistes du bassin minier de Gafsa, puis pour la libération du journaliste Taoufik Ben Brik. Il décrit la situation actuelle comme «un entre-deux: c’est parti très fort en décembre, et la presse internationale a mis du temps à prendre la mesure de l’événement. Les amis sur place nous décrivent maintenant une situation très tendue, beaucoup hésitent à sortir, c’est devenu compliqué de manifester, notamment à Tunis».
La «carotte» présentée aux révoltés de Sidi Bouzid, outre le remplacement de deux ministres… par des proches du président Ben Ali, est faite de nombreuses promesses de relance de l’industrie censée embaucher à tour de bras dans l’année 2011, de versements d’allocations et de la création d’un«pôle emploi» digne de ce nom. Est aussi annoncée la construction de stades pour redynamiser une région laissée à l’abandon.
Le bâton, Ben Ali avait prévenu qu’il le manierait sans ménagement. Lors de son discours télévisé du 28 décembre, le président tunisien avait promis de«frapper fort» contre les «extrémistes» qui animaient le mouvement. Depuis la grève générale de Gafsa en 2008-2009 et la mort d’un jeune manifestant tué par l’armée dans la ville de Redeyef, on sait en Tunisie ce que «frapper fort» veut dire. Le 24 décembre, la police a de nouveau fait feu sur la foule, tuant Mohammed Ammari, 18 ans, et blessant grièvement Chawki Hidri, qui décédera deux jours plus tard.
En Tunisie, la répression continue donc d’être aussi féroce qu’efficace, les effectifs des policiers étant évalués à 80.000 personnes, pour 10,2 millions d’habitants. «Il est clair qu’à l’heure actuelle comme depuis environ quinze ans, on réprime davantage au quotidien en Tunisie qu’en Syrie, pour prendre l’exemple d’un pays au ban de la communauté internationale», explique un doctorant de Sciences-po spécialisé dans l’étude comparative des systèmes politiques des deux pays et contraint de conserver l’anonymat
(Source: « Mediapart » le 6 janvier 2011)
DECLARATION ETOILE NORD AFRICAINE ANTICAPITALISTE RASSEMBLEMENT 6 JANVIER 2011 à la Fontaine aux Innocents
Il existe une véritable lame de fond d’un raz le bol généralisé à l’ensemble de la rive sud de la Méditerranée. Après une année marquée par des mobilisations sur la rive Nord de cette même mer, en Grèce, en France, en Espagne et au Portugal, voici la relève du Sud. L’Afrique du Nord est en train de vivre une synchronisation des luttes qui n’a qu’un seul précédant : la lutte anticoloniale. Ce qui se passe actuellement en Tunisie et commence à se manifester dans l’Algérie voisine après un détour par l’Egypte n’est qu’une même et profonde lame de fond d’une contestation sociale et politique dont le facteur déclenchant est la crise économique qui frappe le système capitaliste mondial. Le rêve des nouvelles classes dominantes nord africaines de « tondre » les classes populaires (travailleurs, paysans, artisans, mais aussi jeunes précaires avec ou sans diplômes) dans une « transe » d’un pur capitalisme sans foi, sans lois et sans aucunes règles autre que celle d’engloutir pour leur seul profit toutes les richesses produites par ces mêmes classes populaires tourne au cauchemar. Pressurisées, exploitées, renvoyées à un statut dont l’inhumanité fait que l’on préfère aujourd’hui en finir « en s’immolant par le feu », comme ce fut le cas du jeune Bouazizi en Tunisie, que de continuer à subir ce que plus personne ne veut endurer. Le capitalisme est dans la tourmente à l’échelle de la planète entière, sa crise s’approfondissant parce que liée au fondement même de son fonctionnement. Comment peut-on continuer à considérer les producteurs de richesses comme de simples « variables d’ajustement » ? Comment peut-on continuer à parler de « coût » du travail ? Comment peut-on continuer à vouloir « produire » toujours plus et au moindre « coût » du monde du travail et en même temps chercher à « vendre » à ces mêmes « consommateurs » de ce même monde du travail, désargentés, précarisés, paupérisés, les marchandises produites ? Il y a là une contradiction que le système capitaliste ne sait résoudre qu’en cherchant à faire payer, toujours plus, aux seules classes populaires, la facture de son disfonctionnement. C’est que les classes dirigeantes nord africaines ont laissé beaucoup de plumes dans le grand cirque de la finance mondialisée. Les « 7 familles » tunisiennes qui avaient pensé mettre « leur magot », volé, à l’abri dans les places boursières du Golfe, Dubaï en tête, attiraient qu’elles étaient par le mirage des sables de la péninsule arabique, se sont réveillées étourdis par les pertes abyssales subies à la suite du tsunami financier qui a touché le centre des Etats Unis avant de se propager à l’ensemble de la planète. La bourse de Dubaï a perdu prés de 70% de sa valeur, et le « petit dragon arabe » a pris l’allure d’un parc de Disney, qui ne connaîtra jamais le jour de l’ouverture tant de fois repoussée. On peut en dire autant des « nouvelles classes de riches » algérienne, marocaine, égyptienne qui ont mordu la poussière durant les deux années qui viennent de s’écouler. Les mêmes « familles », sur la foi du mimétisme propres « aux nouveaux riches » dont la première génération essuie les plâtres, a remis une partie de leur pactole entre les mains de ce « magicien » de Madoff qui a fait beaucoup de « miracles » avec sa pyramide de Ponzy. (Grande martingale inventée par un italien, Ponzy, aux Etats Unis, qui consistait à bien rémunérer les actionnaires avec leurs propres deniers, jusqu’à ce que la pyramide s’effondre par manque de gogos). Ce sont les pertes colossales dans le casino financier qui expliquent, en partie, que les « mêmes familles » ont été obligés de rapatrier leurs capitaux, ou ce qu’il en reste pour les faire fructifier dans leur pays à l’abri du corset policier que les dictatures ont imposé aux sociétés nord africaines. C’est là où le cauchemar de ces familles se transforme en hallucination. Le « peuple » est méconnaissable. Non seulement, le corset policier ne l’empêche plus de crier haut et fort sa révolte contre sa condition d’esclave mais de surcroit il pointe du doigt les responsables de son état : « Les familles régnantes » et réclame leur tête. Pour nous contacter : etoilenordafricaineantikap@gmail.fr
Manifestation place du Molard en faveur des droits en Tunisie
Message à Monsieur le Consul de Tunisie en résidence à TOULOUSE :
Le jeudi 6 janvier 2011, les Toulousains venus à titre personnel ou répondant à l’invitation des organismes signataires de l’appel ci-dessous veulent exprimer leur émotion à l’annonce de la mort de Mohamed Bouazizi et devant la situation qui a conduit ce jeune universitaire sans emploi à ce geste de désespoir.
Ils expriment leur solidarité pour tous les Tunisiens que le manque de ressources, le manque de travail, le manque de perspective d’un avenir meilleur a jetés dans les rues des villes tunisiennes malgré la répression prévisible des forces de police.
Ils expriment, en venant se rassembler de manière pacifique devant le Consulat de Tunisie de Toulouse, leur espoir que tous les Tunisiens puissent trouver chez eux l’emploi correspondant à leur compétence universitaire ou professionnelle de manière à vivre librement dans leur pays dans la paix, la sérénité et la dignité.
JOURNÉE INTERNATIONALE de SOLIDARITÉ
avec SIDI BOUZID et le PEUPLE TUNISIEN
6 JANVIER 2011
Comme Paris, Nantes, Lyon, Marseille, Montpellier, Strasbourg, Lille, …en France et Alger, Rabat, Nouakchott, Beyrouth, Bruxelles, Genève, Berlin, Naples, Londres, Montréal, … dans le monde, TOULOUSE s’associe, ce 6 janvier 2011, à la journée internationale de solidarité avec le peuple tunisien qui lutte pour obtenir le respect des droits fondamentaux : le travail, la dignité, la liberté, la démocratie.
Les Toulousains sont appelés à se réunir
ce jeudi 6 janvier à 18h
devant le Consulat de Tunisie, 19 allées Jean Jaurès .
Un hommage sera rendu au jeune chômeur, Mohamed Bouazizi, décédé le 4 janvier à l’hôpital des grands brûlés de Ben Arous après son immolation par le feu à Sidi Bouzid le 17 décembre. Cet événement a déclenché la révolte qui a gagné tout le pays.
Premiers signataires de l’appel à ce rassemblement :
Mouvement de la Paix 31, FSU 31, NPA, SOLIDAIRES 31, Europe Écologie Les Verts- Midi Pyrénées – , PCF 31, Élus de Toulouse de EELV, Le Parti de Gauche 31, La Maison de Quartier de Bagatelle, « Partenia 31 », l’Appel des Appels Midi Pyrénées, MRAP 31, LDH 31, C.G.T….
Information :helene.dupont@free.fr
Manifestation de soutien devant le consulat général de Tunisie à Lyon
À Lille, « c’est une fierté de voir ce mouvement »
Publié le vendredi 07 janvier 2011 à 06h00 Dans la capitale des Flandres, à des milliers de kilomètres des heurts qui bousculent leur pays d’origine, les membres de l’association des Tunisiens du Nord de la France ont scandé hier que leurs compatriotes « ne sont pas seuls ». Ils étaient entre 70 et 80, au pied du Théâtre du Nord sur la Grand-Place de Lille hier soir, tandis qu’au même moment, 200 personnes manifestaient pour la même cause à Paris, 60 à Lyon… Pour crier leur soutien aux Tunisiens avides de démocratie. Dénoncer le régime de Ben Ali « corrompu, antidémocratique », où la censure est reine depuis des années. « Des décennies de répression », glissait, plongée dans la manifestation lilloise, l’eurodéputée des Verts Hélène Flautre. Elle tenait à participer à cette manifestation, convaincue que « ce qui se passe aujourd’hui en Tunisie se prolongera par un changement en profondeur. Plus rien ne sera plus comme avant », dit-elle. L’eurodéputée côtoyait quelques syndicalistes (Sud, FO), le Mrap et bien sûr l’association des Tunisiens du Nord ainsi que des personnes venues, seules, soutenir le rassemblement. Adjem fait partie de ceux-là : « C’est une vraie fierté pour nous de voir ce mouvement démocratique, non intégriste, qui sort dans les rues tunisiennes et rappelle les fondamentaux : le droit à la dignité, le départ nécessaire de Ben Ali. » Il est convaincu que « lutter pour la démocratie en Tunisie c’est se battre contre l’intégrisme » et en appelle aux gouvernements européens. Car tous se disent choqués du « comportement » des politiques occidentaux. « La France doit cesser de soutenir aveuglément le gouvernement tunisien. Elle doit demander la démocratie, la valorisation des organisations politiques et syndicales avant de poursuivre ses relations avec la Tunisie », clamait ainsi Hafedh, l’un des organisateurs de la manifestation lilloise.w BÉRANGÈRE BARRET (Source: Nord Eclair le 7 janvier 2011) Lien:http://www.nordeclair.fr/France-Monde/Monde/2011/01/07/a-lille-c-est-une-fierte-de-voir-ce-mouv.shtml
Sidi Bouzid Troubles en Tunisie: manifestations à Montréal
Protests in Canada amid spiraling Tunisian unrest
AFP le 6 janvier 2011 MONTREAL — Dozens of Tunisians, many of them students, gathered late Thursday before their country’s consulate in Montreal to call for President Zine El Abidine Ben Ali’s ouster amid growing unrest at home. Braving snow and frigid temperatures, the demonstrators unfurled banners and Tunisian flags. « Ben Ali, it’s over, Tunisians all together, » they chanted. « Stop the carnage, get out of Carthage, » others yelled in reference to the presidential palace. « Freedom of expression, stop the repression. » The protest was organized by a Tunisian social justice group formed by activist citizens from various political beliefs, coordinator Sonia Djelidi told AFP. Another 40-some people held another protest meanwhile in Quebec in front of the Radio-Canada building. Earlier in Tunisia, thousands of lawyers in Tunisia went on strike Thursday, a week after a police crackdown on protests they staged in support of protesters against unemployment in the tightly controlled country. Trade unionists said strikes, protests, even attempted suicides also took place in other parts of the country. The strikes came amid growing unrest following the death of a jobless 26-year-old university graduate who set himself alight last month in the central town of Sidi Bouzid to protest his lack of opportunities. In a related development, police arrested a rapper and two bloggers, their families and friends announced, but could not say why or where they were being detained.
07/01/2011 à 10h34 – mis à jour le 07/01/2011 à 11h34
La Tunisie connait actuellement une révolte sociale inédite. Les Blogueurs Slim Amamou, El Aziz Amami et Hamadi Kaloutcha, très actifs contre la censure dans leur pays ont été arrêtés ainsi que le rappeur Hamada Ben Amor.
Le blogueur et activiste tunisien Slim Amamou a été arrêté le 6 janvier au alentour de 13h, heure à laquelle ses amis et collègues n’avaient plus de ses nouvelles. On ne connait toujours pas les circonstances exactes de son arrestation.
Slim Amamou est l’un des blogueurs tunisien les plus connu. Il a dénoncé l’année dernière une opération de phishing des comptes mails des internautes tunisiens. Il a également était parmi les initiateurs de l’opération “Nhar 3la 3ammar” et l’un des organisateur de la manifestation contre la censure le 22 mai 2010 à Tunis.
La veille de cette manifestation, il a été arrêté avec son cosignataire Yassine Ayari et détenu pendant plus de 12h à la fin desquelles il a été obligé de faire d’enregistrer une vidéo appelant à l’annulation de la manifestation.
Il est important de se tenir au courant de la situation de ces personnes qui ont été interpellés visiblement par qu’ils disent simplement ce qu’ils pensent en Tunisie, et d’en parler un maximum afin de ne pas les oublier.
Arnaud MOUILLARD
source : http://fr.readwriteweb.com
(Source: Lepost.fr le 7 janvier 2011)
Reuters: 07/01/11 13:08 TUNIS (Reuters) – La police tunisienne a arrêté un rappeur et un blogueur critiques du pouvoir sans donner de raisons, a-t-on appris vendredi. La Tunisie connaît depuis le mois dernier une rare agitation sociale, les jeunes dénonçant la pénurie d’emplois dans le pays du président Zine el Abidine ben Ali. Quatre civils sont morts depuis le début de la vague de manifestations: deux ont été tués par des policiers lors d’une émeute et deux se sont suicidés. La police a arrêté jeudi à Sfax le rappeur Hamada Ben-Amor, connu sous le pseudo d' »El General », a dit son frère. Le rappeur de 22 ans a mis en ligne fin décembre une chanson intitulée « Président, ton peuple est mort ». « Une trentaine de policiers en civil sont venus chez nous pour arrêter Hamada et l’ont pris sans nous dire où ils l’emmenaient », a dit Hamdi Ben-Amor à Reuters. « Quand nous avons demandé pourquoi ils l’arrêtaient, ils ont répondu: ‘Il sait pourquoi' », a-t-il ajouté. Par ailleurs, le blogueur Aziz Amami, qui faisait ces dernières semaines la publicité des émeutes, a également été arrêté, a dit Sofiane Chourabi, un militant d’opposition à Ben Ali. Son blog et sa page sur le réseau Facebook étaient inaccessibles vendredi. Les autorités tunisiennes n’ont pas commenté ces arrestations dans l’immédiat. Tarek Amara, Clément Guillou pour le service français, édité par Gilles Trequesser
Des blogueurs tunisiens arrêtés après les troubles de Sidi Bouzid
Cinq cyber-dissidents ont déjà été arrêtés et leurs ordinateurs ont été confisqués. Le Parti Pirate se dit également « sans nouvelles » d’un de ses membres franco-tunisien.
Face à l’agitation sociale à Sidi Bouzid et son onde de choc en ligne, le gouvernement tunisien a choisi de durcir la répression. Au moins cinq blogueurs et cyber-dissidents ont été arrêtés et leur ordinateur ont été saisi, jeudi 6 janvier, dans différentes villes de Tunisie.
« Ces arrestations seraient liées au mouvement des Anonymous [qui lancent des attaques informatiques contre les sites web officiels tunisiens, NDLR] », explique à Nouvelobs.com Lucie Morillon, responsable du dossier chez RSF. « Le gouvernement tenterait d‘identifier les responsables des cyberattaques et de remonter aux responsables, tout en étouffant l’élan des journalistes-citoyens qui s’est manifesté sur les réseaux sociaux » après les événements de Sidi Bouzid.
Sans nouvelles d’un franco-tunisien
Le blogueur et militantHamadi Kaloutcha a été arrêté à son domicile de Tunis jeudi « aux alentours de 6 heures du matin par quatre ou cinq policiers en civil », rapporte RSF. Les policiers ont affirmé à son épouse qu’ils n’avaient que « quelques questions à lui poser » et que « cela ne prendrait que quelques heures », raconte Lucie Morillon. Son ordinateur et son unité centrale ont été saisis.
Le rappeur tunisien Hamada Ben Aoun, dit « El Général« , a lui été arrêté à Sfax (270 km au sud-est de Tunis). Dans son morceau « Président, ton peuple est mort« , le chanteur interpelle le président Ben Ali sur la corruption et le chômage.
Les cybermilitants et membres du Parti Pirate tunisien Slim Amamou,Azyz Amamy et Slah Eddine Kchouk ont également été arrêtés, à Tunis pour les deux premiers et à Bizerte (60 km au nord-ouest de Tunis) pour le troisième. Leurs ordinateurs ont également confisqué. Slim Amamou seraient actuellement interrogé au ministère de l’Intérieur, selon ses proches qui ont pu le géolocaliser via son téléphone.
Contacté par Nouvelobs.com, le président du Parti Pirate français, Paul Da Silva, affirme être « sans nouvelles de Slim [Amadou] depuis hier [jeudi] vers 13h30 ». Inquiet, il évoque également « la disparition » d’un franco-tunisien, membre du Parti Pirate français, sur place pour aider les militants tunisiens.
Dans un message posté sur Facebook, le Parti Pirate tunisien appelle « la communauté internationale à faire pression sur le gouvernement tunisien à libérer nos membres ».
Le Quai d’Orsay « suit de très près la situation en Tunisie »
« Ces arrestations se déroulent alors que les autorités tentent, en renforçant la censure sur le web, d’étouffer les mouvements de contestation sociale et politique qui agitent le pays et de maîtriser les cyberattaques dirigées contre des sites gouvernementaux », résume RSF.
De son côté, la France dit suivre de près la situation en Tunisie, a déclaré la porte-parole adjointe du ministère français des Affaires étrangères, Christine Fages. « Nous continuons de suivre de très près la situation en Tunisie et souhaitons que les tensions, qui ne sont dans l’intérêt de personne, s’apaisent. Il n’appartient pas à la France, pas plus qu’à un autre État, de conseiller les autorités tunisiennes dans le domaine économique et social », a-t-elle ajouté.
La ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, doit rencontrer ce vendredi à 18h son homologue tunisien, Kamel Morjane.
(Boris Manenti – Nouvelobs.com)
(Source: Nouvelobs.com le 7 janvier 2011) Lien: http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20110107.OBS5863/des-blogueurs-tunisiens-arretes-apres-les-troubles-de-sidi-bouzid.html
Tunis espère briser le mouvement de révolte en muselant la Toile et les blogueurs
Tunisie: internet au coeur de la contestation
« Anonymous » (« Anonymes ») qui ont récemment défendu WikiLeaks. Dans le même temps, les réseaux sociaux comme Facebook sont très largement utilisés. Sur une population de 10 millions d’habitants, la Tunisie compterait 3,6 millions d’internautes, selon Reporters sans Frontières (RSF). A l’intérieur du pays La presse tunisienne a mis quatre ou cinq jours avant de parler de l’actuel mouvement de manifestations. « Mais parallèlement, le net s’est mis à crépiter: de message en message, de page Facebook en blog de jeunes, l’info s’est rapidement répandue, avec des appels à la manifestation et des images, photos ou vidéo de la répression policière », rapporte le site de Radio France Internationale (RFI). Selon un blogueur tunisien resté anonyme et cité par RFI, « Facebook a fonctionné comme une trainée de poudre, en quelques heures, plusieurs villes du pays se sont mises dans le mouvement ». Dans un pays où sévit la censure, Facebook est ressenti comme un refuge et un espace de liberté, notamment parmi les jeunes diplômés, très souvent au chômage. « C’est là que nous trouvons l’info libre. Facebook nous redonne l’espoir dans un contexte de grande frustration », explique un jeune blogueur cité par le site de RFI. Selon le site Tunisie numérique, les internautes tunisiens sont « la communauté la plus connectée au Facebook dans l’Afrique du Nord ». Pour cette raison, le gouvernement « n’a pas osé bloquer » ce réseau social comme il l’a fait par le passé, estime un blogueur tunisien cité par Rue88. D’une manière générale, notent les observateurs, la Toile est devenue l’instrument d’une contestation qui paraît peu structurée et, pour l’instant, dépourvue de leadership. Grâce à internet, « on découvre une société civile vivante, en marge des partis politiques », note-t-on à la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), ONG basée à Paris. La Toile « a servi d’instrument de mobilisation de la société civile. C’est un moyen de communication qui dépasse celle des autorités », ajoute-t-on à la FIDH. Pour l’instant, le pouvoir n’a donc pas réussi à faire un blackout total sur l’information comme au printemps 2008, lors des évènements du bassin minier de Gafsa (sud-ouest de la Tunisie), rapporte rue89. Il avait alors pu circonscrire à la région la révolte de la population en bloquant toute information sur les manifestations pour l’emploi et de meilleures conditions de vie. A l’extérieur du pays De nombreux sites officiels tunisiens, ou ceux de la banque Zitouna, étaient toujours inaccessibles jeudi 6 janvier. Ils sont en fait bloqués par des cyber-attaques répondant à un mot d’ordre répandu sur internet par les « Anonymous » (« Anonymes »). Lesquels se présentent comme un groupe d’internautes attachés à la liberté d’expression. Ces « anonymes » reprochent aux grands médias internationaux de ne pas évoquer suffisamment la situation en Tunisie. Ils avaient été associés à un élan de soutien au site WikiLeaks en partie privé de financement après qu’il révélé des milliers de télégrammes diplomatiques secrets du Département d’Etat américain. Sur anonnews.org, forum en ligne pour les « hacktivists » (contraction de hacker et activiste), les « Anonymous » ont publié une déclaration dans laquelle ils expliquent: « Le gouvernement tunisien veut contrôler le présent avec des mensonges et de la désinformation, pour contrôler le futur en dissimulant la vérité à ses citoyens. (…). Anonymous a entendu la demande de liberté des Tunisiens. (…) Toute organisation impliquée dans la censure sera visée, et ne sera pas en paix tant que le gouvernement tunisien n’entendra pas la demande de liberté de son peuple ». Plusieurs sites internet tunisiens non-officiels se sont faits l’écho de cette offensive, qui consiste à submerger de trafic les serveurs des sites visés. « Les attaques cybernétiques s’amplifient en ce début 2011 en Tunisie! Cinq sites gouvernementaux tunisiens, un site informationnel officiel et un site d’une banque islamique privée ont été piratés (…) par un groupe d’activistes plus ou moins organisés qui s’est déjà attaqué à Paypal et Mastercard », rapportait ainsi le site Tunisie numérique. Les organismes financiers Paypal et Mastercard avaient été attaqués par des internautes qui voulaient les « punir » d’avoir interrompu les financements de WikiLeaks. Le contrôle du pouvoir Si Facebook reste un espace de liberté, les autorités tunisiennes tentent de contrôler de près la Toile et ses accès. Selon RFI, elles ont ainsi réussi à « totalement » censurer Youtube, Twitter ou Dailymotion. A tel point que RSF classe la Tunisie parmi les « ennemis d’internet ». « Internet, considéré comme une menace potentielle pour la stabilité et l’image du pays, est soumis à une censure pernicieuse. Un filtrage très strict, un harcèlement des opposants et une surveillance à la Big Brother, permettent de contrôler étroitement l’information », note le site de l’ONG. « La bande passante appartient à l’Agence tunisienne d’internet (ATI), contrôlée par le gouvernement, qui impose un filtrage sévère. Des adresses URLs ainsi que des mots clés sont bloqués. Les 12 fournisseurs d’accès à internet, privés ou publics, sont tous contrôlés indirectement ou non par le régime » du président Ben Ali, poursuit le site de RSF. Dans le même temps, les boîtes e-mails et les sites, notamment ceux des opposants, sont contrôlés. Pourtant, officiellement, la censure ne concerne que le terrorisme et la pornographie. Malgré cela, « la blogosphère tunisienne se révèle dynamique et capable de se mobiliser pour certaines causes », selon RSF. Les internautes savent ainsi se débrouiller en utilisant des « déviations », notamment des « proxies » (outils permettant de cacher l’origine d’une connexion, et notamment utilisés pour contourner la censure) temporaires. Résultat: « les autorités s’intéressent de près aux proxies », note RSF… « Sans attendre de nouvelles mesures, les activistes tunisiens ont commencé le développement de nouveaux moyens pour contourner la censure », précise le site du Monde. Un jeu du chat et de la souris à l’ère numérique, en quelque sorte…
(Source : « France2.fr » Le 06-01-2010)
Lien : http://info.france2.fr/monde/tunisie-internet-au-coeur-de-la-contestation-66675379.html
La révolte s’étend en Tunisie
Mise à jour le jeudi 6 janvier 2011 à 23 h 02
Un avocat et activiste des droits humains, M. Trifi (à gauche), et des collègues avocats, en grève par solidarité avec mouvement de contestation à Sidi Bouzid. |
— Me Abderrazek Kilani, bâtonnier de l’ordre des avocats tunisiens
Manifestations à Montréal et à Québec
Une soixantaine de manifestants tunisiens se sont rassemblés jeudi soir devant le consulat de Tunisie à Montréal, rue University, tandis qu’une quarantaine d’autres faisaient de même devant le bâtiment de Radio-Canada à Québec, pour exprimer leur solidarité à l’égard de leurs compatriotes. Sous la bannière du Collectif de solidarité pour la justice sociale en Tunisie, les manifestants, dont plusieurs étudiants, réclamaient également le départ du président Zine El Abidine Ben Ali. Ils ont brandi des banderoles, des drapeaux, tout en scandant des slogans comme « Du travail et du pain pour tous les Tunisiens » et « Liberté d’expression, arrêtez la répression ». (Source: « Radio Canada » le 6 janvier 2011) Lien: www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2011/01/06/009-tunisie-revolte-greve.shtml
Grève massive des avocats en Tunisie
Ils dénoncent la répression le 31 décembre d’une manifestation de solidarité avec les habitants de Sidi Bouzid, principal foyer de protestations contre le chômage et la précarité dans le pays.
Des milliers d’avocats ont observé jeudi une grève très suivie dans tous les tribunaux tunisiens pour dénoncer la répression le 31 décembre d’une manifestationde solidarité avec les habitants de Sidi Bouzid, principal foyer de protestations contre le chômage et la précarité dans le pays.
«La grève a été suivie par 95% des avocats dans l’ensemble des tribunaux», à l’appel du Conseil national de l’Ordre des avocats (CNOA), a indiqué à l’AFP le bâtonnier Abderrazak Kilani.
«Cela s’est déroulé dans le calme et aucun incident n’a été enregistré dans les régions ni dans Tunis, les avocats démontrant qu’ils peuvent riposter avec sagesse et responsabilité», a-t-il affirmé.
Des permanences ont été assurées auprès de tribunaux pour les affaires présentant un risque de rejet mais l’écarasante majorité des 8000 avocats que compte la Tunisie a suivi le mouvement, a ajouté le bâtonnier. A Tunis, les avocats en robe se sont regroupés dans la salle des pas perdus du Palais de justice, sur l’avenue Bab Bnet, où les forces de sécurité très présentes observaient sans intervenir, a constaté l’AFP.
«Frappés, pourchassés et insultés»
Le CNOA avait appelé à cette grève après la répression le 31 décembre d’une manifestation du barreau en soutien à la population de Sidi Bouzid (centre-ouest), point de départ de troubles et manifestations sociales sur fond de chômage depuis le 19 décembre.
Le 31 décembre, le CNOA avait dénoncé «un usage sans précédent» de la force pour «faire taire les avocats» et affirmé que ceux-ci étaient «déterminés à défendre la liberté d’expression» et «le droit des habitants de Sidi Bouzid et d’autres régions démunies à l’emploi, à la dignité».
Des avocats avaient été «frappés, pourchassés et insultés» à Tunis, Grombalia, Sousse, Monastir, Mahdia, Gafsa et Jendouba. L’un d’eux avait eu le nez fracturé et un autre avait été «gravement blessé à l’oeil», selon le CNOA. Le bâtonnier s’est brièvement adressé à ses confrères jeudi les invitant à «tourner la page maintenant que la profession s’est exprimée pour dire qu’il n’est pas permis de taper sur les avocats».
Des membres du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD, parti au pouvoir du président Zine El Abidine Ben Ali) se sont opposés à la grève. «Cela n’a rien d’une action de défense du barreau, c’est un acte d’intrumentalisation politique» dans le conteste de l’agitation sociale, a affirmé Me Mohsen Harbi.
(Source: « Libéartion.fr le 6 janvier 2011)
La Tunisie gronde toujours, mais qui pour remplacer Ben Ali ?
Faute de relais suffisant dans la population, l’opposition ne devrait pas profiter du mouvement de protestation parti de Sidi Bouzid.
Plus de trois semaines après le début des émeutes et malgré le durcissement de la répression, les Tunisiens continuent à descendre dans la rue[1] pour demander le départ de Ben Ali. Pourtant, les alternatives au régime actuel sont minces et ont du mal à se structurer.
En France depuis trois mois, Adel Ghazala suit les manifestations tunisiennes avec beaucoup d’attention. Cet activiste qui a demandé l’asile politique est pessimiste quand il s’agit d’évoquer l’après Ben Ali :
« Il n’y a pas d’alternative possible pour le moment. Cela va prendre des années pour mettre sur pied un projet politique porteur. »
« Les Tunisiens n’ont pas de culture politique du débat »
Pour expliquer cette impasse, Yanis -le prénom a été modifié-, universitaire tunisien, dénonce le verrouillage politique opéré par Ben Ali :
« Le régime a détruit tout espace de débat. Les Tunisiens n’ont pas de culture politique du débat, il est impossible de susciter un dialogue intellectuel d’où une personnalité et des idées nouvelles pourraient émerger. »
Selon Vincent Geisser[2], chercheur à l’Institut de recherche et d’études sur le monde arabe et musulman (Iremam)[3] et spécialiste du Maghreb, le président tunisien a opéré un virage sécuritaire depuis le début des années 90 . Contrairement à ce qu’il avait promis, le système de parti unique (le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD[4]), héritier du Parti socialiste destourien[5] d’Habib Bourguiba) n’a pas été remis en cause.
L’étau s’est progressivement resserré autour des organisations susceptibles de tenir tête au pouvoir en place. Le principal syndicat, l’Union générale du travail de Tunisie[6] (l’UGTT), a ainsi été infiltré par le gouvernement. Selon Yanis, quelques sections régionales refusent encore de rallier le mouvement de protestation :
« Certains responsables de l’UGTT occupent des fonctions dans le parti unique, ils ne veulent pas se mouiller. »
Des partis d’oppositions officiels existent bien, mais n’emportent pas l’adhésion des Tunisiens. Un professeur tunisien précise :
« Ils ont été créés par le gouvernement afin de légitimer son action. C’est un simulacre de démocratie. »
Depuis le début des émeutes, cinq partis ont ainsi rejoint la position officielle[7] dictée lors du discours de Ben Ali[8] et selon laquelle les médias étrangers ont instrumentalisé la révolte partie de Sidi Bouzid.
Une opposition déconnectée de la réalité
Malgré ce blocage politique, des personnalités se démarquent. Parmi elles, Hamma Hammami[9], leader du parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT). Déjà opposant sous Bourguiba, il a acquis une réputation d’homme honnête et constant dans sa lutte pour la démocratie.
Les membres de cette organisation, non autorisée par le pouvoir, sont obligés de vivre clandestinement. Un problème selon Yanis :
« Hamma Hammami est longtemps resté dans la clandestinité. Même si ses idées sont intéressantes, il peine à être en lien direct avec la population tunisienne. »
Moncef Marzouki[10], ancien candidat à la présidentielle contre ben Ali, exilé politique en France depuis le début des années 2000, est aussi une des figures de l’opposition tunisienne. Fondateur du Congrès pour la République, il milite pour l’instauration d’une seconde république, le régime actuel se rapprochant selon lui davantage d’une monarchie.
S’il n’exclut pas d’être candidat à la présidentielle de 2014, il reconnaissait lors d’une conférence à Sciences-Po que le mouvement qu’il incarne ne représente pas une réelle menace pour le régime de Ben Ali :
« C’est à la jeunesse maintenant de sortir, c’est à elle d’organiser ce front de rupture [avec la dictature]. » (Voir la vidéo)
Le professeur tunisien, que j’ai interrogé, nuance cependant son influence :
« Il est très populaire parmi la diaspora qui l’apprécie pour sa combativité et la pertinence de son analyse, mais il n’est pas connu en Tunisie. »
Pour Vincent Geisser, une caractéristique commune empêche les deux hommes de percer :
« Ils font partie d’un cercle élitiste d’intellectuels en rupture avec le petit peuple tunisien, dont il n’a pas vu venir la colère. Le moteur des revendications actuelles provient vraiment de la base de la population. »
Le chercheur souligne que les émeutes, qui ne sont pas du tout organisées, reposent davantage sur une solidarité familiale et locale que sur un soutien politique de ces partis d’opposition, aussi indépendants soient-ils.
Ettajdid[11], le seul d’entre eux qui soit indépendant et toléré par le régime, partage ce même défaut. Marguerite Rollinde, chercheurse au Centre de recherche en science sociale et politique de Paris-équipe Genre, travail et mobilités, ajoute :
« Comme d’autres partis d’opposition, il ne pourra pas prendre le relais car ses dirigeants ont trop longtemps oscillé entre une position en claire opposition à Ben Ali et un soutien au président, pour faire front commun contre les islamistes. »
Les islamistes, une crainte réelle ?
Ces derniers inquiètent Yanis :
« Il existe à présent un terreau fertile pour les islamistes en Tunisie. Les habitants sont frustrés par la pauvreté et sont désormais nombreux à se tourner vers la religion. »
Les attaques contre les personnalités critiques envers la pression de l’islam se sont multipliées. Sawsen Mâalej, comédienne progressiste, a ainsi été victime d’une campagne de dénigrement[12] menée par le chanteur tunisien Psycho-M et très relayée sur Facebook, pour quelques blagues osées à la télévision.
La sénatrice Riadh Zghal, qui a émis l’idée que l’appel à la prière pouvait gêner les élèves des écoles situées à proximité des mosquées,a elle aussi été vivement critiquée[13]. Certains détracteurs ont même demandé la déchéance de son statut de musulmane[14].
Pourtant, Rached Ghannouchi[15], leader historique des islamistes tunisiens, ne fait plus l’unanimité. Exilé à Londres, il a laissé derrière lui les partisans de son parti, Ennahada. Sévèrement opprimés par Ben Ali et libérés depuis peu, ils restent discrets et ne cherchent pas à prendre le contrôle du mouvement de revendication.
Vincent Geisser précise :
« Ghannouchi n’a aucune prise sur la population, les jeunes ne le connaissent pas. Au même titre que les autres partis d’opposition, il est dépassé par la réalité du terrain. »
Selon Yanis, l’alternative islamiste, possible sans être immédiate, sera plus radicale :
« Il s’agira d’un mouvement situé à la droite de Ghanouchi, qui n’acceptera pas de faire un compromis politique comme Ennahda a tenté pour intégrer le régime. »
Un remplaçant issu du parti unique, mais à la réputation intacte ?
Le vide politique qu’a créé Ben Ali ne donne pas beaucoup d’illusions aux Tunisiens : personne n’affirme que son régime s’effondrera dans une semaine ou dans un mois. Vincent Geisser appelle à encore plus de patience. Pour lui, le changement ne sera pas radical, et viendra davantage de l’intérieur :
« Des élites du parti de Ben Ali contestent de plus en plus la dictature. Une partie des cadres du parti est saine, il s’agit de haut fonctionnaires qui administrent le pays en dépit du régime autoritaire. »
Selon lui, il est possible que l’un d’entre eux succède au président actuel :
« Il faudrait un remplaçant issu du sérail, mais dont la réputation n’a pas été salie par des affaires de corruption. Un technicien qui engagerait des réformes économiques et politiques, pour ouvrir progressivement le paysage politique. »
Il s’agira forcément de quelqu’un de soutenu par la communauté internationale :
« Wikileaks a démontré l’implication des Etats-Unis, qui semblent chercher un successeur à Ben Ali, dont ils déplorent la corruption[16]. »
En attendant, les émeutes continuent. En France, Adel Ghazal espère un changement, sans réellement y croire :
« Il ne suffit pas d’être opposant pour être un leader crédible et porter une alternative. »
► Mis à jour le 7/01/2011 à 12h15 : Ce n’est pas Marguerite Rollinde, chercheurse au Centre de recherche en science sociale et politique de Paris-équipe Genre, travail et mobilités, qui s’est exprimée sur Hamma Hammami mais bien Yanis.
(Source: Rue89.com le 6 janvvier 2011)
Lien: http://www.rue89.com/2011/01/06/la-tunisie-gronde-toujours-mais-qui-pour-remplacer-ben-ali-184012
Manifestation de soutien aux Tunisiens à Paris : « Il fallait que la rage sorte »
Place de la fontaine des Innocents, à Paris, la pluie irrégulière qui tombe en cette fin de journée, jeudi 6 janvier, n’a pas empêché environ 250 manifestants de participer à un rassemblement de soutien au peuple tunisien. « Nous sommes ici pour affirmer notre solidarité à l’égard de nos confrères en Tunisie », assure un étudiant venu ici avec son frère et un ami. « Ce qui se passe est un mal pour un bien, poursuit-il, il fallait que la rage sorte un jour. »
Une mère de famille raconte que ses proches sur place ne sont pas touchés par la répression, mais elle se dit très inquiète à propos de ce qu’elle entend. Elle ne comprend pas le tragique destin de Mohamed Bouazizi, le jeune homme dont le suicide par le feu, le 17 décembre, est à l’origine des troubles actuels. Il est décédé mardi soir. « Il était diplômé et pourtant, il n’a pas pu trouver de travail, comme tant d’autres jeunes en Tunisie. »
« ÉLU AVEC 99 % DES VOIX »
Les revendications sont plus larges, elles dépassent le seul aspect social. Trois jeunes femmes affirment qu’elles sont ici contre la dictature. « Ce n’est pas normal que Ben Ali soit réélu tous les cinq ans avec 99,9 % des voix ». Une de ses amies la reprend et ironise : « Il y a du progrès maintenant, le dernier scrutin lui donnait 96 %… » Les trois sont fières du mouvement de protestation. « Notre soutien ici en Europe va beaucoup les aider. En général, les mouvements sociaux sont trop vite réprimés. »
L’un des jeunes présents au rassemblement est né et a passé son bac à Sidi Bouzid, là où les émeutes ont commencé. Il y était le 18 décembre, un jour après le début des troubles. Il se demandait ce qu’il se passait. « J’étais choqué, je me croyais à Bagdad. Il y avait des pneus et des poubelles qui brûlaient sur les routes. J’ai mis une heure et demie pour arriver chez moi depuis la gare, d’habitude je mets une demi-heure… »
« C’EST COMME LA RÉVOLUTION FRANÇAISE »
Une fois mis au courant de la situation par sa mère et ses copains, il a lui-même participé aux manifestations, qu’il qualifie de guérilla entre les jeunes et la police. « C’est triste, mais les grands changements se passent comme ça. C’est comme la Révolution française », pense l’étudiant.
La nouvelle génération est le moteur du mouvement. Elle cherche à s’émanciper d’un pouvoir qui ne lui laisse pas assez de place à ses yeux. « Les jeunes doivent participer à la vie sociale et politique. Ils doivent prendre leur part », déclare un manifestant dont le sentiment est partagé par tous ici.
Un avocat considère que le premier objectif des manifestations est de briser le mur de la peur. « L’opposition est fragmentée, affaiblie mais on assiste peut-être à une fin de règne. Le résultat sera sans doute une scission au sein du parti au pouvoir. Un clan s’est accaparé toutes les richesses du pays, ça ne peut plus durer. »
Comme tous les interlocuteurs franco-tunisiens rencontrés, cet avocat ne donnera pas son nom. Trop risqué pour eux, s’ils espèrent se rendre encore en Tunisie, et aussi pour leurs familles restées sur place. Ils craignent trop les pressions.
Les autorités tunisiennes ont décidé d’interdire l’accès au site Le Monde.fr.
Le chômage des diplômés, moteur de la révolte tunisienne
Les 5 % de croissance annuelle moyenne de l’économie tunisienne ces dernières années cachent une situation économique très dure pour les jeunes du pays : selon uneétude officielle réalisée par le ministère de l’emploi tunisien en collaboration avec la Banque mondiale, si le taux de chômage global s’établissait en 2008 à 14 %, celui des jeunes de 18 à 29 ans était près de trois fois supérieur à celui des adultes.
UNE JEUNESSE DIPLÔMÉE MAIS AU CHÔMAGE
Ironie d’un système à bout de souffle, les diplômés de l’enseignement supérieur sont particulièrement touchés : si les chiffres précis sont difficiles à obtenir, lesuivi d’une cohorte de diplômés de 2004 montrait que 37 % d’entre eux étaient sans emploi trois ans et demi après l’obtention de leur diplôme.
« La Tunisie a produit énormément de diplômés grâce à une priorité donnée à l’éducation, et ce dès l’indépendance, explique Vincent Guessier, sociologue à l’Institut de recherche sur le monde arabe et musulman, et auteur de plusieurs travaux sur la Tunisie. En trente ans, le pays a connu un développement universitaire incomparable à ce que pouvaient connaître d’autres pays au même stade de développement. Il s’est retrouvé dans une situation de ‘surproduction’ de diplômés – même si je n’aime pas ce terme… »
Dans une économie fortement soutenue par l’Etat, un diplôme de l’enseignement supérieur était autrefois la garantie d’un emploi stable, souvent dans le secteur public ou para-public (anciennes entreprises d’Etat notamment). Mais la donne a changé avec les grandes réformes structurelles de l’ère post-Bourguiba.
Dès la fin des années 1990, le marché de l’emploi s’est avéré incapable d’absorber cet afflux de jeunes diplômés, et la situation s’est aggravée ces dernières années. « La vérité dans notre pays est que si tu n’as pas de piston tu ne peux rien faire, explique un jeune ingénieur tunisien émigré au Canada. Même en ayant des diplômes, tu n’es pas assuré d’avoir un travail si tu ne donnes pas de pots-de-vin ou si tu ne connais personne de haut placé. »
DÉCLASSEMENT ET MISÈRE SOCIALE
Beaucoup de diplômés issus de cursus universitaires, dans le secteur tertiaire en particulier, se sont retrouvés déclassés une fois sur le marché de l’emploi. « Ici, il n’est pas rare d’être servi à la pompe à essence par un jeune titulaire d’un master en sociologie, raconte un commerçant français installé à Soussedepuis 2009. La femme de ménage est licenciée d’anglais, le vendeur de fruits et légumes est docteur en mathématiques et ainsi de suite… »
Un déclassement généralisé particulièrement mal vécu par des populations où la nouvelle génération était la première à accéder à l’enseignement supérieur : c’est le cas en particulier des régions du Centre, où se trouve Sidi Bouzid. « Souvent, les familles[de cette région] s’endettent pour que les jeunes fassent des études et puissent, en retour, aider la famille », explique Vincent Geisser. « Mais aujourd’hui, les jeunes reviennent au contraire comme charge supplémentaire. Ils sont obligés de faire des petits boulots non qualifiés pour survivre. (…) Le retour vers la famille est alors vécu comme une humiliation, un échec personnel. C’est presque une mort sociale », constate le sociologue.
UN MOUVEMENT SOCIAL ET POLITIQUE
Une situation désespérée qui a fini par déclencher la révolte : trois semaines après le geste de Mohamed Bouazizi, le mouvement se poursuit et a gagné les grandes villes du pays. Les revendications politiques ont commencé à fleurir sur la Toile et dans la rue, là où parler des affaires de « la famille » – celle de la première dame, Leila Ben Ali, accusée d’orchestrer une corruption généralisée – était autrefois tabou. Poussés à bout par la situation, les manifestants dénoncent haut et fort la mainmise du pouvoir sur l’économie du pays.
« Il ne faut pas se tromper sur le sujet, explique une jeune Tunisienne étudiante à Paris, les manifestants ne demandent pas à l’Etat de leur trouver du travail mais dénoncent le fait que, sur le marché de l’emploi, les choses ne se font jamais dans la transparence et avec justice. »
« Si nous sommes dans les revendications sociales aujourd’hui, ajoute la jeune femme, c’est parce que la corruption, la précarité et un Etat non démocratique ont conduit notre pays dans une médiocrité soutenue.« Pour Vincent Geisser, la frustration politique accumulée pendant des années de dictature est l’un des facteurs expliquant l’éclatement soudain du mouvement. « L’Etat disait en substance ‘vous n’avez pas de liberté, pas de démocratie mais on vous assure un bien-être social ‘. Cette équation a volé en éclats. »
La Tunisie, un pays qui cherche sa définition
Depuis quelques jours les médias internationaux s’intéressent à la situation en Tunisie et aux troubles qui ont accompagné le suicide d’un jeune tunisien de Sidi Bouzid dans le centre du pays. Vu d’Europe, cette autre image de la Tunisie peut surprendre. Car dans l’esprit de tous, la Tunisie véhicule plusieurs représentations, devenues classiques : une destination touristique prestigieuse, une société qui s’insère dans la modernité et une économie parmi les plus dynamiques de l’aire sud-méditerranéenne. Néanmoins, ce pays renvoie une autre image, plus complexe sur le plan des imaginaires politiques et des rapports entre gouvernants et gouvernés. La Tunisie est un pays à histoire et géographie variables selon la place qu’on lui donne par rapport au Maghreb, à l’Occident chrétien, à la Méditerranée, au monde arabo-musulman et à l’Afrique. Il s’agit d’un pays écartelé entre deux mondes, l’occidental et l’oriental, qui cherche sa définition depuis son accès à l’indépendance, il y a bientôt cinquante cinq ans. Une des évolutions récentes, initiée par le régime de Zine el-Abibine Ben Ali, consiste à attribuer à la Méditerranée et à la période anté-islamique la vraie identité tunisienne. La rhétorique officielle tente alors d’imposer cette ligne comme une évidence historique. C’est ce que les enjeux de la promotion d’une telle vision identitaire sont énormes. Il s’agit d’abord, après avoir mis à l’écart Bourguiba et la personnification de l’histoire nationale (1956-1987) qu’il incarnait, de gagner la bataille, y compris idéologique, contre les islamistes. C’est donc une réponse implicite de la part des autorités tunisiennes, politiques et scientifiques, à la menace intégriste et à la situation algérienne tenue à cet égard pour un contre modèle. Il répond de ce fait à un enjeu politique pour le régime tunisien : sortir du face à face avec l’islam sur le terrain symbolique de l’histoire ; l’identité tunisienne n’a pas pour origine la conquête musulmane et ne commence pas au Moyen-Age. Plus largement, le faire-valoir d’une identité à la fois plus riche et plus ancienne va se renforcer en réaction aux facteurs conjoncturels des années 1990. La guerre du Golfe (1991) et la déception ressentie à propos de l’Union du Maghreb arabe, dont les différends algéro-marocains ont refait surface et conduit au gel des institutions de cette union en 1994, ont pour conséquence un retour sur soi et une plongée aux sources de la mémoire. Dans un tel contexte, avec un horizon politiquement neutre, le thème de la Méditerranée, et la revendication d’une identité plurielle qui lui est sous-jacente, va asseoir son hégémonie idéologique par rapport aux autres thèmes identitaires (« identité maghrébine », arabe, africaine, musulmane). Cette ligne politico-idéologique revêt un autre enjeu important qui se situe sur le terrain économique et diplomatique. Il s’agit pour les autorités tunisiennes de répondre à la nouvelle configuration des rapports Nord/Sud de la Méditerranée, en inscrivant la Tunisie dans la nouvelle politique euro-méditerranéenne inaugurée par la conférence de Barcelone des 27 et 28 novembre 1995. Cet arrimage de la Tunisie à l’Europe et le discours méditerranéen qui lui est propre a pour conséquence d’accentuer la rhétorique officielle portant sur le thème de l' »exceptionnalité » de la Tunisie et de son patrimoine, comme offre touristique aux étrangers, mais aussi pour relier « la diaspora » tunisienne et son potentiel économique et touristique à la patrie d’origine.
Tunisie, la colère est dans la rue
ParCHRISTOPHE AYAD;
Que se passe-t-il en Tunisie ? Pas encore une révolution, mais plus qu’une révolte. Cela fait deux semaines et demi que le pays couve comme un volcan en phase de réveil. Le président Ben Ali, qui règne d’une main de fer depuis 1987, a cru y mettre fin par un discours télévisé de père (Fouettard) de famille, dans lequel il a expliqué comprendre les manifestants mais ne plus tolérer de troubles. Deux ministres et trois gouverneurs ont été débarqués pour l’exemple. Mais, rien n’y fait. La protestation se poursuit : avocats, enseignants, lycéens prennent le relais un peu partout, comme un feu de prairie qui s’éteint ici pour reprendre là. Hier, la police a violemment dispersé des centaines de lycéens à Tala, dans l’ouest du pays, rassemblés pour une marche de solidarité.
Tout a commencé le vendredi 17 décembre. Mohamed Bouazizi, un diplômé chômeur de 26 ans, tente de mettre fin à ses jours en s’aspergeant d’essence et en craquant une allumette sur la place principale de Sidi Bouzid (centre), juste devant la préfecture. Il entend protester contre la confiscation de sa marchandise par des agents municipaux et, plus généralement, contre une vie de misère : à quoi bon faire des études, si c’est pour vendre des légumes au marché. Le lendemain, des dizaines, puis des centaines de jeunes participent à un sit-in devant le siège du gouverneur. Lequel les fait chasser par la police à coups de gaz lacrymogènes et de matraques. La ville s’enflamme, rapidement imitée par d’autres bourgades de la région. La répression alimente les manifestations. Le 22 décembre, un autre jeune, Houcine Neji, se suicide sous les yeux de la foule, à Menzel Bouzaiane, en s’accrochant à une ligne haute tension : «Je ne veux plus de la misère et du chômage», crie-t-il à la foule. La bourgade entre en convulsions. Les manifestants incendient trois voitures de police, les bureaux du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD, au pouvoir), un poste de la garde nationale et un train marchandises… Le 24, la police tire à balles réelles et tue un manifestant, Mohamed Ammari, 18 ans, touché en pleine poitrine. Légitime défense plaide la police. Un deuxième manifestant, Chawki Hidri, grièvement blessé, décède le 1er janvier.
Black-out.
Puis, le mouvement prend une tournure nationale. Des chômeurs diplômés manifestent le samedi 25 et le dimanche 26 décembre, au centre de Tunis, sur la place Mohamed-Ali. Des rassemblements de solidarité essaiment dans le pays : Bizerte, Sfax, Kairouan, Meknessi, Regueb, Souk Jedid, Ben Gardane, Medenine, Siliana, Sousse etc. L’UGTT, la centrale syndicale dont la direction est acquise au gouvernement, se déchire. La Tunisie «de l’intérieur», loin des côtes, du tourisme et des investissements, n’est pas la seule touchée par cette vague de colère. A Paris, la diaspora manifeste devant l’ambassade de Tunisie. Un rassemblement est prévu demain à 18 heures, Fontaine des Innocents, à Paris.
Sur place, les journalistes Zouheir Makhlouf et Moez El-Bey sont violemment empêchés de travailler, ce dernier étant même tabassé en direct lors d’une émission de radio le 24 décembre. Un black-out quasi total de l’information est organisé ; même les agences de presse internationales présentes à Tunis n’accèdent aux informations qu’avec la plus grande difficulté. L’essentiel de la mobilisation – surtout celle des lycéens – passe par Facebook, dernier espace du Net que le pouvoir n’a pas encore verrouillé. Dans la région de Sidi Bouzid, plusieurs localités sont placées sous couvre-feu et l’armée est mobilisée. A Menzel Bouzaiane, les blessés ne peuvent pas être transportés, les habitants ont du mal à s’approvisionner et les écoles servent à loger les renforts de police.
Le 28 décembre, ce sont deux avocats qui sont arrêtés à l’issue d’une journée de solidarité de la profession – les membres du barreau ont tous porté, ce jour-là, un brassard rouge. Mes Abderraouf Ayadi et Choukri Belaïd ont été relâchés après une nuit au poste, le premier ayant été, au passage, violemment molesté. Des journalistes à Tunis, des enseignants à Bizerte ont aussi mené des actions symboliques. Si aucun chiffre n’est disponible sur le nombre d’arrestations ces trois dernières semaines, plusieurs cas de torture ont été confirmés, notamment un militant du PDP (opposition de gauche) à Sidi Bouzid.
Déconnexion.
La répression ne suffisant pas, Zine el-Abidine Ben Ali sort de son silence le 28 au soir. Dans une rare et solennelle allocution pour un homme qui n’aime pas s’exprimer ni agir sous la pression, il dit comprendre «les circonstances et les facteurs psychologiques» de la révolte des chômeurs. C’est pour mieux recourir aux vieilles recettes : Ben Ali dénonce «l’instrumentalisation politique de certaines parties» et l’influence de chaînes étrangères. «L’usage de la violence dans les rues par une minorité d’extrémistes contre les intérêts de leur pays n’est pas acceptable», met-il en garde. D’autant, explique-t-il, qu’elle va décourager touristes et investisseurs.
Le remaniement gouvernemental, annoncé dans la foulée, donne la mesure de la déconnexion du régime avec les attentes de la société : le principal changement consiste en effet à remplacer… le ministre de la Communication, Oussama Romdhani, par son homologue de la Jeunesse et des Sports. Le titulaire des Affaires religieuses change aussi, remplacé par un proche du gendre du Président, Sakher el-Materi, cité comme un dauphin potentiel. Trois gouverneurs, dont celui de Sidi Bouzid, sont limogés. Tout ça pour ça : comme si les événements des jours passés relevaient d’un problème de communication.
Laminée par deux décennies de répression, l’opposition politique tente, elle, tant bien que mal de suivre un mouvement qu’elle n’a ni vu venir ni pu organiser. Regroupées dans l’Alliance pour la citoyenneté et l’égalité, plusieurs formations de gauche ont réclamé des «solutions radicales» pour traiter cette «crise sociale grave, loin d’être conjoncturelle». En l’absence de cadre politique et syndical, il y a peu de chance que la révolte de Sidi Bouzid débouche sur un changement politique. En revanche, elle en dit long sur la fragilité du contrôle du parti-Etat au pouvoir, le RCD, qui revendique près d’un million d’adhérents, soit un Tunisien sur dix. Les services de sécurité, qui emploient 100 000 personnes (1 pour 100 habitants !), se sont montrés tout aussi impuissants. Les failles du système Ben Ali sont béantes, mais il n’y en a pas de rechange. Demain, une journée de grève nationale de solidarité est prévue. Un nouveau test pour le régime.
C.A.
(Source: « Libération » (quotidien – France9 le 5 janvier 2011)
Les troubles s’étendent au Maghreb suite aux affrontements en Tunisie
Par Ignacio Cembrero
EL PAIS 7 janvier 2011
Traduit de l’espagnol par Abdelatif Ben Salem
Les protestations sociales en Tunisie s’étendent à l’Algérie voisine, plus peuplée et plus riche des cinq pays Maghrebins. Dans la capitale mais aussi dans une dizaine d’autres villes comme Boumerdes ou Oran, deuxième grande ville du pays, des centaines des jeunes ont violemment affronté les forces de l’ordre tout au long de l’après-midi de mercredi, jusqu’à la matinée de jeudi.
L’origine de ces protestations sociales, n’est pas aussi claire que celle de la Tunisie. Les premiers signes de mécontentement ont surgi mardi 4 janvier en Algérie, mais ce fut le lendemain que les jeunes, parfois le visage masqué, armés de bâtons ou de barres de fer, investirent le centre d’Oran et au moins quatre quartiers à Alger, dont le quartier central de Bab el Oued.
Les jeunes sont descendus dans la rue pour protester contre la hausse des prix de denrées alimentaires de base tels que l’huile et le sucre, ils ont dévasté le mobilier urbains et lancé des cocktails molotov contre des édifices publics en commençant par des commissariats comme celle de Bab El Oued. L’Etat continuera à subventionner les produits de première nécessité », s’est empressé d’annoncer le ministre de Commerce, Mustapha Ben Bada, pour tenter d’éteindre la révolte.
La révolte en Algérie est plus jeune, moins massive, mais plus violente qu’en Tunisie. Au-delà de leurs irruptions ponctuelles, elles soulignent dans les deux cas le désespoir total d’une jeunesse majoritairement au chômage, qui n’a pas d’avenir et qui de surcroît se considère comme victime de deux régimes autoritaires mais aux politiques économique pourtant différentes, libérale en Tunisie et socialisante en Algérie.
En Tunisie, la révolte qui a commencé il y a trois semaines avec l’auto-immolation par le feu d’un jeune homme de 26 ans, universitaire diplômé, dont le chariot de vendeur ambulant de fruits et légumes fut saisie et renversée par la police, se poursuit jusqu’à aujourd’hui jeudi avec la grève générale appelée par l’ordre des avocats, et suivie par 95% des 8.000 avocats que compte le pays, selon les déclarations de maître Aberrazak Kilani, président de l’ordre des avocats. Des avocats par centaines se sont réunis dans le hall du palais de justice de la capitale sous bonne garde des forces anti-émeute qui se sont abstenus d’intervenir.
Les forces de police ont en revanche procédé, d’après le site web alternatif nawaat.org, à l’arrestation dans la matinée, d’un des plus célèbres bloggeurs, Hamadi Kaloutcha (pseudo), ainsi que El General un rappeur tunisien auteur d’un rap intitulé « Président, ton peuple est mort ». Plusieurs autres arrestations eurent lieu sans que l’on en sache le nombre exact.
Contre le régime
Malgré la répression policière, certaines figures traditionnelles de l’opposition au régime de Ben Ali, prises de court par le mouvement de protestation sociale, sont convaincues que la révolte allait se poursuivre. Car au-delà des « méthodes barbares » des forces de l’ordre « le régime se refuse toujours à donner la moindre réponse aux revendications légitimes de la population », a déclaré à France 24 l’avocate Radhia Nasraoui, présidente de l’Association (non reconnue) de Lutte contre la Torture.
Sihem Bensedrine, porte-parole du Conseil National pour les Libertés qui vit en exil à Barcelone, s’est risquée même à prophétiser au cours d’une conversation avec le correspondant de ce journal, « …la fin du régime du Président Ben Ali » Pourquoi ? « Parce que jamais dans l’histoire contemporaine de la Tunisie , un chef d’Etat n’a été aussi maltraité par des citoyens qui jusqu’ici respectaient, vaille qui vaille, par peur ou par respect les institutions », a-elle répondu.
« Les slogans repris massivement dans la rue sont une preuve du mépris qu’inspire le régime », poursuit Bensedrine. Les mots d’ordres qui reviennent le plus souvent sont d’après elle, « Ben Ali est un lâche ! », « Kleptocrates, rendez l’argent du peuple !», « Dehors les voleurs de Carthage ! » du nom du palais présidentiel que Ben Ali occupe depuis 23ans.
Abdelatif Bensalem, intellectuel hispanophone vivant en exil à Paris, déplore, quant à lui que le régime au pouvoir dans son pays continue de bénéficier d’un large soutien de la France , de l’Italie, de l’Espagne et des Etats-Unis, pays qu’il a réussi à convaincre que son régime constitue le meilleur rempart contre l’islamisme radical. Pour l’instant aucun gouvernement européen n’a condamné les violences policières qui ont causé la mort par balles de deux hommes à Menzel Bouzayane dans le gouvernorat de Sidi Bouzid.
Le secrétaire d’Etat espagnol pour l’Union européenne, Diego López Garrido, a déployé, au cours de la présidence espagnole, des efforts soutenus pour tenter de faire bénéficier la Tunisie du « statut de partenaire avancé », un statut que le Maroc a déjà obtenu en 2008, qui devrait le hisser au rang de partenaire privilégié de l’Europe, mais ses efforts ont échoué et les négociations n’ont pu aboutir.
IFEX, un Ong canadienne qui voulait venir en aide à l’opposition tunisienne en tentant d’organiser au mois de novembre une réunion à Madrid des dissidents tunisiens de l’intérieur et de l’extérieur du pays, fut contrainte, d’après ses organisateurs, d’abandonner ce projet en raison du refus du consulat d’Espagne en Tunisie d’accorder des visas à deux adversaires politiques connus du régime de Ben Ali.
– I-C-
Courtesy El PAIS
(Source: « El Pais » (Quotidien – Espagne) le 7 janvier 2011)
Les révoltes tunisiennes s’étendent à l’Algérie
LT avec les agences Les manifestations se multiplient pour dénoncer le malaise social Est-ce un effet de contagion? Après la Tunisie, en proie à une vague de contestation sociale depuis la mi-décembre, son grand voisin du Maghreb, l’Algérie, est à son tour secoué par de violentes manifestations. Jeudi, la jeunesse est descendue dans les rues de plusieurs villes du pays pour protester contre la vie chère, le manque de logements et le chômage. La veille, dans la nuit, à Bab el Oued, un des grands quartiers populaires du vieux centre d’Alger, des dizaines de manifestants avaient attaqué le commissariat à coups de pierres. Ils ont également saccagé et incendié le magasin du concessionnaire de Renault réduisant en carcasses une dizaine de véhicules. Le Quotidien d’Oran, à 430 km à l’ouest d’Alger, a rapporté hier que les jeunes avaient forcé un dépôt pour en voler des sacs de farine, au moment où le prix du pain est en hausse et qu’une pénurie de blé pointe. Le gouvernement s’efforce pour l’heure de jouer l’apaisement: mercredi, le ministre du Commerce Mustapha Benbada a ainsi affirmé que l’«Etat continuera à subventionner les produits» de première nécessité. En réalité, observe l’AFP, les manifestations se multiplient un peu partout dans le pays contre l’absence de logements sociaux, les passe-droits et la corruption. Dans le même temps, des bidonvilles illégaux sont rasés. A l’aube de son troisième mandat, en 2009, le président Abdelaziz Bouteflika s’était pourtant engagé à construire un million d’appartements manquants depuis le séisme de 2003 et le triplement de la population (35,6 millions d’habitants) depuis l’indépendance en 1962. Seules 10 000 habitations ont été livrées cette année à Alger. En Tunisie, où un appel à la grève nationale avait été lancé pour jeudi, les organisations syndicales ont fait état de manifestations de rue et de nouvelles tentatives de suicide dans des localités du centre, du sud et de l’ouest du pays. Un rappeur et deux activistes blogueurs ont été arrêtés par la police, ont indiqué leurs familles. Les blogs et réseaux sociaux sont devenus les espaces privilégiés d’expression contestataire pour des milliers de jeunes. (Source: « Le Temps » (Quotidien – Suisse) le 7 janvier 2011) http://www.letemps.ch/Page/Uuid/6cff3ca6-19e2-11e0-a565-8959e08567fa/Les_r%e9voltes_tunisiennes_s%e9tendent_%e0_lAlg%e9rie
Maghreb : un profond malaise social
Publié le vendredi 07 janvier 2011 à 06h00 Les protestations sociales en Algérie et en Tunisie témoignent d’un malaise social profond, touchant en particulier les jeunes diplomés, aggravé par la crise économique et l’usure des élites politiques. Analyse. La Tunisie est en proie, depuis le 17 décembre, à une révolte sociale inédite, partie du centre-ouest du pays, qui a fait 4 morts au total : deux lors de manifestations et deux suicides. En Algérie, des émeutes ont éclaté ces derniers jours dans les villes du pays pour dénoncer le chômage et le coût de la vie. Selon les analystes, il y a des points communs entre les deux pays, ainsi qu’avec le Maroc voisin. Leurs économies ne parviennent pas à offrir des perspectives aux jeunes, souvent diplômés, qui arrivent sur le marché du travail. « Dans ces trois pays, il y a eu des efforts dans le domaine de l’éducation, mais on n’a pas pensé aux mécanismes d’intégration des jeunes diplômés à la collectivité, une intégration qui passe évidemment par l’emploi », estime Driss Benali, économiste, professeur à l’université Mohammed V de Rabat. Le Tunisien de 26 ans qui s’était immolé par le feu en décembre et qui est mort mardi des suites de ses blessures était l’un de ces jeunes diplômés. Il était vendeur ambulant, faute de mieux, et sa marchandise venait d’être confisquée par la police. La crise mondiale est venue s’ajouter à ces difficultés, de même que la hausse des prix alimentaires qui, dans ces pays, sont pourtant subventionnés par l’ État. Après les manifestations en Algérie, le gouvernement vient d’assurer que l’« État continuera à subventionner les produits » de première nécessité. « Il y a beaucoup de chômage, beaucoup de diplômés-chômeurs et ça fait longtemps que ça dure. La situation tient tant qu’il y a de la croissance économique », observe Pierre Vermeren, maître de conférence à l’université de Paris I. L’attente, sans perspective « De plus, la crise économique a bloqué l’émigration » qui était une soupape pour les économies du Maghreb, en offrant un débouché à certains diplômés, note-t-il. En outre, explique le chercheur, l’Algérie et la Tunisie sont « deux pays qui ont des systèmes politiques en crise » avec deux présidents, Abdelaziz Bouteflika et Zine el Abidine Ben Ali, qui s’approchent de la fin de leur carrière. En l’absence de relève, « C ela crée une situation politique d’attente, sans perspective », note-t-il. Les régimes politiques des pays du Maghreb sont pourtant très différents, la Tunisie étant très critiquée pour l’absence de libertés politiques. « En Tunisie, ils manifestent parce qu’ils étouffent, ce n’est pas une violence seulement sociale mais une protestation contre le fonctionnement du régime. Le régime et la famille Ben Ali ont écarté toutes les relèves potentielles. Il n’y a plus de relais du pouvoir, il y a la peur qui règne », souligne Antoine Basbous, de l’Observatoire des pays arabes. De fait, le président Ben Ali, qui tient le pays d’une main de fer, a peu de craintes de voir son pouvoir menacé par la révolte sociale, selon les analystes. « Au Maroc, la situation n’est pas aussi fermée, il y a une opposition constituée. Les jeunes au chômage peuvent manifester durant des mois devant l’Assemblée nationale à Rabat », ajoute Karim Pakzad, de l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), à Paris. En Algérie, « Le FLN (au pouvoir) a gardé une légitimité du parti de libération nationale » et « dans l’espace public, les partis d’opposition peuvent s’exprimer », précise-t-il. Pour les trois pays, il faut aussi désormais prendre en compte la dimension Internet et le possible effet de contagion. « Les gens sont toute la journée sur internet, sur Facebook et les Algériens voient très bien ce qui se passe en Tunisie », relève Pierre Vermeren, qui souligne aussi le rôle de la chaîne Al-Jazirah dans la diffusion de l’information au Maghreb. (Source: Nord Eclair le 7 janvier 2011) Lien: http://www.nordeclair.fr/France-Monde/2011/01/07/maghreb-un-profond-malaise-social.shtml
Crise sociale en Tunisie : quelques clés pour mieux comprendre
07/01/2011 à 16h10 |
A vouloir décortiquer les événements en Tunisie à travers un prisme occidental, les médias français se mettent le doigt dans l’oeil. Aveuglés, nos journalistes ont réussi à se convaincre qu’un mensonge répété mille fois devient une vérité.
Servile, le peuple tunisien ? C’est ce que l’on pourrait déduire à la lecture des récents articles sur la situation en Tunisie, tant les médias feignent de découvrir que la population y est capable de soulèvements de grande ampleur.‘Le régime vieillissant de Ben Ali va-t-il s’effondrer’ s’interrogent Les Inrocks. ‘Les richesses du pays sont monopolisées par la famille du Président‘ affirme sur Rue89 le président de Byrsa, un mouvement anecdotique lui-même tenu par les nantis qui profitent du système. Aucun règlement de compte : ce sont pour la plupart des amis d’enfance, des gens avec qui j’ai étudié à Tunis, que je connais depuis le primaire. Autant dire que je suis bien placée pour connaître leurs motivations d’aujourd’hui.
Émeutes en Tunisie : le spectre d’une révolution ? C’est bien mal connaître la culture du pays. Si en France le peuple a pour habitude de décapiter ses élites, la Tunisie a une tradition contestataire moins radicale. Et cela ne date pas de l’ère Ben Ali.
Une longue tradition de contestation…
En 1968 déjà, alors que la France traverse une crise politique et sociale historique, la présidence d’Habib Bourguiba connaît elle aussi des manifestations étudiantes. A l’université de Tunis, berceau des contestations sociales depuis cette époque, on débat des orientations décidées par le président et l’on conteste la mainmise du Parti socialiste destourien sur les institutions du pays. Le soulèvement dure quelques mois, il est violemment réprimé par les forces de l’ordre.
Une décennie plus tard, une grève générale est décrétée le 26 janvier 1978. Il faut savoir qu’une tradition syndicaliste tente alors de s’installer en Tunisie. Le mot d’ordre provoque des heurts entre manifestants et forces de l’ordre. Le président ordonne l’intervention de l’armée. Bilan : plusieurs dizaines de morts, des centaines de blessés.
Ce n’est rien comparé à la rébellion dans la région de Gafsa en 1980. Une commando d’opposants tunisiens expatriés tente le coup d’Etat, soutenu par le régime libyen. Le putsch échoue là encore.
Trois ans plus tard, ce sont les fameuses ‘émeutes du pain‘. Alors que le gouvernement annonce une augmentation des prix du pain et des produits céréaliers, à la base de l’alimentation tunisienne, des émeutes éclatent dans plusieurs villes du sud tunisiens, avant d’atteindre la capitale Tunis. Un peu commeen Bolivie il y a quelques semaines à l’annonce de l’augmentation des prix du carburants. Etat d’urgence, couvre-feu, rien n’y fait. Habib Bourguiba finit par reculer et annuler toutes les augmentations. La vague de contestation aura duré une dizaine de jours. Officiellement, il y a eu 70 morts.
Ce qui est intéressant dans cette chronologie, c’est que la Tunisie s’emballe dès lors que s’engage une logique de transition. Un peu comme si le peuple tunisien devenait fébrile quand son avenir politique est incertain. Habib Bourguiba connaît son premier malaise cardiaque en 1975. A partir de cette année, naissent de nouveaux partis d’opposition, qui tous reprennent à leur compte l’accusation de népotisme. Le pays serait tenu par quelques nantis, des proches du président, de son épouse, de ses ministres. Tous promettent de mettre fin à ce système. Et c’est bien entendu le mot d’ordre que l’on retrouve dans les manifestations.
… qui n’épargne pas la présidence Ben Ali
Ben Ali arrive au pouvoir en 1987. Parmi ses priorités : le développement économique du pays et la lutte contre l’islamisme qui gagne peu à peu la société tunisienne. Il me semble qu’à la lumière de son bilan, il est permis de dire que les deux objectifs ont été atteint. S’il paraît peu politiquement correct en France de trouver des qualités à Ben Ali, il faut tout de même reconnaître que le système de santé est plus performant aujourd’hui qu’à son arrivée au pouvoir. Le taux d’analphabétisme a reculé sous sa présidence. De nouvelles infrastructures ont vu le jour. L’islamisme a été davantage contenu que dans les pays voisins. Et les investisseurs étrangers sont attirés par ce pays politiquement stable.
Alors on me parle de népotisme, d’un ‘pays tenu par quelques familles‘. Dois-je vous rappeler les amis l’affaire de l’Epad ? Dois-je vous parler de la vente de l’hippodrome de Compiègne ? De la consanguinité des conseils d’administration du CAC40 ? Pourquoi ce qui est considéré comme un mythe en France – ‘les 200 familles‘ – n’en serait-il pas un en Tunisie ? Sommes-nous en train de condamner en Tunisie ce que nous n’osons remettre en cause dans nos systèmes occidentaux ? Ce ne sont pas là des affirmations, mais des interrogations qui nous amènent à réfléchir davantage à notre approche quelque fois émotive et souvent subjective face à des événements qui demandent un peu de recul.
Alors parlons des émeutes parties de Sidi Bouzid. Il faut savoir que ce ne sont pas les premières de la présidence Ben Ali. En 2000 déjà, le Sud-Est tunisien s’enflammait face à la crainte d’une hausse du prix du pain. Article de Taoufik Ben Brik à relire ici. Les étudiants et lycéens avaient emboîté le pas à leurs aînés. Je me souviens encore de cette foule et des slogans scandés au Campus d’El-Manar, près duquel j’habitais alors. Beaucoup criaient leur colère face à un avenir professionnel peu réjouissant. Un enseignant professait : ‘Une jeune génération d’émeutiers est apparue‘.
En janvier 2008, des mouvements sociaux éclataient dans la région de Redeyef près du bassin minier de Gafsa – là encore. Les manifestants dénoncent le chômage, le coût de la vie, la corruption et le clientélisme. L’un d’eux est tué en juin d’une balle en plein poumon. L’année suivante, la région s’embrase après desinondations meurtrières, la population accusant le pouvoir de ne pas être à la hauteur. Et en 2010, Sidi Bouzid et tutti quanti.
La Tunisie en phase de transition
Ces émeutes peuvent-elles signer la fin de la présidence Ben Ali ? Réponse catégorique : non. Encore une fois, le peuple tunisien a horreur de l’instabilité politique. S’il est loin d’être servile et s’il sait se soulever quand il l’estime nécessaire, il n’a pas cette tradition de la Révolution que peut avoir le peuple français.
Tout comme la transition s’est faite en douceur en 1987, Habib Bourguiba cédant plus ou moins volontairement la place à Ben Ali – les historiens se déchirent sur ce point – le schéma sera le même cette fois-ci. Les événements actuels en Tunisie en attestent : le pays est bel et bien entré en phase de transition, de transmission du pouvoir. Cela peut durer 5, 10 ou 15 ans, mais c’est un fait. Une certaine élite intellectuelle, politique et économique s’agite actuellement pour jouer un rôle dans cette Tunisie de demain.Quitte à parler vite, trop vite, avant de regretter. Quitte à manipuler un mouvement initialement populaire. Il s’agit pour cette nomenklatura d’accélérer le calendrier. De se rendre indispensable. De forcer la main du président. Qui lui semble déterminé à faire les choses à son rythme. D’ailleurs, contrairement à ce qu’ont raconté un certain nombre de confrères, le remaniement partiel n’est pas la conséquence des émeutes de Sidi Bouzid. Il était prévu depuis l’été au moins.
Quelle peut-être la suite en Tunisie ? A court terme, il y a fort à parier que l’agitation médiatique occidentale se dégonfle. Des émeutiers seront interpellés. Certains d’entre eux jetés en prison. A moyen terme, un nouveau remaniement aura lieu dans quelques mois, pour tester de nouveaux leaders, de nouveaux acteurs. A long terme, Zine el-Abidine Ben Ali s’en ira. En laissant un pays moderne et économiquement solide au successeur qu’il aura choisi. Et pour lequel les citoyens tunisiens auront sans doute voté. Car si le tunisien sait se montrer contestataire, il sait aussi faire preuve de gratitude. Et il gardera en mémoire, tout comme il l’a fait avec Habib Bourguiba, l’image d’un président qui a su inscrire la Tunisie dans l’histoire contemporaine.
(Source: « Lepost.fr » le 7 janvier 2011)
Tunisie : « Le peuple terrorise le gouvernement »
La rébellion tunisienne entre dans sa quatrième semaine. Le peuple enrage contre l’État, ce régime policier si cadenassé. La raison de cette ire populaire ? Un chômage qui grimpe…
Révolte en Tunisie: L’immolation par le feu «est devenu un symbole» pour les manifestants
DECRYPTAGE – Après trois semaines de manifestations de jeunes tunisiens…
Vendredi, cela fera trois semaines que laTunisie est secouée par des manifestations. 20minutes.fr fait le point sur ce mouvement qui a déjà fait quatre morts.
Que s’est-il passé le 17 décembre àSidi Bouzid?
Ce jour-là, Mohamed Bouazizi, un vendeur ambulant de 26 ans, s’est aspergé d’essence et a tenté de s’immoler par le feu devant la préfecture. La police municipale venait de lui confisquer sa charrette de fruits et légumes parce qu’il n’avait pas les autorisations nécessaires.
Pourquoi cet incident déclenche autant de protestations?
La charrette confisquée était le seul gagne-pain du jeune homme, diplômé mais chômeur. Cet incident est devenu un symbole pour les jeunes chômeurs diplômés, qui ont manifesté dans la région de Sidi Bouzid dès le 19 décembre contre le chômage et la vie chère. Une vague de manifestations sans précédent – mais dont on ignore le nombre exact de participants – a alors déferlé dans tout le pays. Des défilés et des rassemblements ont eu lieu àThala, àKairouan, àSousse ou même dans la capitale,Tunis. La répression a été très dure, les heurts entre les manifestants et la police ont ainsi fait quatre morts en trois semaines.
Pour quelle raison cesmanifestations sont-elles aussi fédératrices?
«L’immolation a été l’élément déclencheur, dans un contexte économique et social particulièrement dur», analyse Olfa Lamloum, chercheur politologue franco-tunisienne à l’Institut frrançais du Proche-Orient (Ifpo). Le taux de chômage en Tunisie est de 14%, selon les chiffres officiels – «des chiffres de propagande» selon Olfa Lamloum. Et les jeunes, même qualifiés, sont particulièrement touchés. Ainsi, parmi les manifestants tués, il y avait «un ingénieur en informatique et un professeur de maths», souligne Olfa Lamloum.
«Cela en dit long sur le ras-le-bol de la population dans son ensemble: ce ne sont pas des jeunes socialement marginaux, mais qui ont fait des études. Jusque-là, le président Ben Ali avait toujours réussi à réprimer les mouvements sociaux, mais aujourd’hui il y a un effet cumulatif. La mobilisation prend de telles proportions car les gens n’ont plus rien à perdre: après des années de privation et de répression, ils ont perdu leur dignité, leur droit à s’exprimer, à voter, et se sont même tus sur la corruption à grande échelle qui gangrène le pays.»
Pourquoi le pouvoir tunisien parle d’instrumentalisation?
Déjà parce que lesmanifestations sont rares dans le pays, dirigé depuis 23 ans d’une main de fer par le président Zine el Abidine ben Ali. «Le malaise des dirigeants est palpable parce qu’ils savent que pour la première fois depuis longtemps, ils sont face à un mouvement populaire de masse», indique Olfa Lamloum.
De plus, les manifestants sont soutenus par le syndicat de l’union générale des travailleurs et par des militants des droits de l’homme. Des soutiens qui ont incité, le 28 décembre, le président Ben Ali à dénoncer «l’ampleur exagérée qu’ont pris ces événements à cause de leur instrumentalisation politique par certaines parties qui ne veulent pas le bien de leur patrie».
Ce soulèvement risque-t-il de durer encore longtemps?
Mohamed Bouazizi est mort de ses blessures mardi soir et doit être enterré à Sidi Bouzid ce mercredi. Un décès qui peut «peut-être assurer la continuité du mouvement» sur le sol tunisien, selon Olfa Lamloum. Desmanifestations de soutien sont par ailleurs prévues en Europe, au Canada, et en Algérie jeudi. A Paris, un rassemblement doit être organisé place de la Fontaine des Innocents.
Tunisie Le diplômé chômeur qui s’était immolé par le feu est décédé mercredi
« Plus rien ne sera comme avant »
LOOS,BAUDOUIN; RENETTE,ERIC
Jeudi 6 janvier 2011
Son geste désespéré avait lancé quinze jours de convulsions sociales sporadiques à travers toute la Tunisie. Mohamed Bouazizi, 26 ans, est mort dans la nuit de mardi à mercredi au centre des grands brûlés et de traumatologie de Ben Arous, près de Tunis, où il avait été hospitalisé après sa tentative de suicide par le feu le 17 décembre à Sidi Bouzid. Le jeune homme, diplômé au chômage, avait ainsi répondu au harcèlement policier dont il faisait l’objet comme vendeur ambulant à la sauvette.
« On peut supposer que le régime reprendra les choses en main, nous explique par téléphone depuis Tunis Khémaïs Chammari, vétéran de l’opposition et des droits de l’homme, mais il y aura clairement un “avant” et un “après” Sidi Bouzid. Au niveau de la population, quelque chose a changé. » Les manifestations spontanées de colère et d’indignation qui suivirent l’immolation de Mohamed Bouazizi ont en effet largement dépassé le cadre de l’événement, les foules s’en prenant notamment aux symboles du pouvoir comme des permanences du RCD, le parti quasi unique. Au moins quatre morts, dont deux par balles, sont à déplorer.
« J’en tire deux conclusions, précise notre interlocuteur : l’image de stabilité socio-économique chère au régime a été sérieusement écornée et la dénonciation de la corruption, obsédante pour les Tunisiens, a été le mot d’ordre le plus répandu des protestataires qui ne supportent plus la mainmise du régime sur l’économie et l’enrichissement de certains. »
La corruption ! Le régime du président Zine el-Abidine Ben Ali s’assimile depuis longtemps à cette dérive, qui est généralisée mais aussi et surtout le fait d’une minorité affairiste gravitant dans et autour de la « famille ». Ce ne sont pas des observateurs ou journalistes étrangers mal intentionnés, comme le dénonce le gouvernement tunisien, qui le disent : les révélations du site WikiLeaks montrent que les diplomates américains à Tunis ont largement évoqué ce phénomène dans leurs télégrammes vers Washington ces dernières années, exemples concrets à l’appui.
« Ben Ali et son régime ont perdu le contact avec le peuple tunisien, écrivait ainsi l’ambassadeur US en 2008. Ils ne tolèrent pas de conseils ou de critiques, fussent-elles nationales ou internationales. Ils s’appuient de plus en plus sur le contrôle par la police et se concentrent sur la préservation du pouvoir. La corruption dans les premiers cercles s’accentue. Même les Tunisiens moyens sont à présent très conscients de cela, et les voix de leurs plaintes s’amplifient […]. Les Tunisiens n’aiment vraiment pas, voire éprouvent de la haine envers la première dame Leila Trabelsi et sa famille. En privé, les opposants au régime se moquent d’elle. Même dans les cercles proches du pouvoir, on exprime la consternation face à ses frasques. Entre-temps, la colère s’intensifie face au taux de chômage qui grimpe et aux inégalités régionales. En conséquence, les risques pour la stabilité à long terme du régime sont en augmentation » (traduction du site nawaat.org). Voilà de la prémonition.
Il reste malaisé de jauger la capacité d’amendement du régime. « A moins de fortes pressions de la rue ou des alliés étrangers (Paris, Rome et Madrid, surtout, NDLR), on voit mal le pouvoir décider une vraie ouverture, estime Khémaïs Chammari. Malgré l’épisode tragique et inquiétant que le pays vient de vivre, il n’y a pas de volonté politique en ce sens. »
Alors, la réponse du régime, en dehors de « mesurettes », comme un débat télévisé sans langue de bois resté sans lendemain ou le limogeage de l’un ou l’autre sous-fifre fût-il ministre, devrait rester… la force. Comme toujours. Ainsi en va-t-il déjà de la répression contre les internautes (Facebook a joué un rôle de catalyseurs dans les événements récents). Une blogueuse tunisienne pourtant visiblement peu politisée écrivait ceci ce dimanche : « Autour de moi, beaucoup de personnes me félicitent pour mon “courage”, alors que moi, je meurs de trouille. J’ai peur au réveil, quand je partage des liens, quand j’écris, quand je parle, quand un inconnu m’interpelle dans la rue, et la peur me poursuit jusqu’à en perdre le sommeil. (…) Quand j’ai demandé à la femme de ménage ce que pensaient les gens de ce qui se passe actuellement à Sidi Bouzid, elle m’a répondu que dans le bus personne n’osait en parler car tout le monde a peur qu’il y ait des “intrus” qui écoutent. »
Un internaute lui répondait, le même jour : « Ce qui est positif dans les événements de ces derniers jours, c’est que c’est des mouvements spontanés… Aucun parti politique ou organisation n’est derrière. Cela veut dire que la peur n’est plus la même… Tu en es le meilleur exemple : malgré toute la peur que tu ressens, tu continues à t’exprimer. Et c’est le cas de milliers d’autres comme toi ».
(Source: « Le Soir » (Quotidien – Belgique) le 6 janvier 2011)
La Tunisie vers l’inconnu
Le jeune Mohamed Bouazizi, dont l’immolation par le feu le 17 décembre à Sidi Bouzid (centre-ouest), a déclenché unevague de manifestations à travers le pays, a été inhumé mercredi, après avoir succombé à ses blessures la veille dans un hôpital de Tunis. « Je ne sais pas dans quoi la Tunisie va basculer », s’interroge Souhayr Belhassen, qui nous a accordé un entretien.
Afrik.com : Quelles nouvelles vous sont parvenues jeudi de Tunisie ? Souhayr Belhassen : Selon les informations qui nous sont parvenues, la grève des avocats annoncée en solidarité avec les habitants de Sidi Bouzid a connu une participation maximale. Les avocats étaient rassemblés à l’intérieur du tribunal d’instance de Tunis, et portaient leur robe en signe de solidarité avec les habitants de Sidi Bouzid et pour dénoncer la répression d’une manifestation de leurs confrères, le 31 décembre, en soutien à la population de cette région. La FIDH a envoyé une mission de solidarité du barreau de Paris et du Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme. L’entrée était très filtrée mais les délégués ont pu entrer sans problème. Par ailleurs, un mouvement d’étudiants a été violemment dispersé à Sousse, qui est une station balnéaire située à près de 150 km de Tunis. Un centre universitaire, El-Ghazali, a été envahi par les forces de l’ordre qui ont dispersé violemment les manifestants. La police s’est également introduite aux dortoirs des filles dont certaines ont été molestées. On ne sait pas s’il y a des blessés ou pas. Ces deux mouvements reflètent ce qui s’est passé le 17 décembre, l’immolation du jeune Mohamed Bouazizi pour protester contre le vol de son étal de fruits.
Afrik.com : Pourquoi les manifestations ont-elles pris de telles proportions ? Souhayr Belhassen : C’est un mouvement spontané des jeunes qui sont touchés dans leur quotidien, un mouvement dont la grande nouveauté est qu’il mobilise sur Internet. A travers les réseaux sociaux, c’est une solidarité agissante qui se fait. Cela permet une mobilisation, des échanges entre les internautes. Cette force de mobilisation et cette immédiateté est quelque chose de complètement nouveau que les autorités ne savent pas gérer. Ces explosions de colère à répétition, l’Etat n’arrive pas à les maîtriser. C’est le ras-le-bol des jeunes. Les manifestations, et c’est fondamental, débordent les autorités, et débordent même les traditionnels partis de l’opposition. Ce sont des mouvements spontanés qui ne mobilisent que sur Internet, à travers les réseaux sociaux, comme Facebook etTwitter.
Afrik.com : Pensez-vous que le régime de Ben Ali soit en danger ? Peut-on parler d’un avant et d’un après Sidi Bouzid ? Souhayr Belhassen : Nous sommes dans l’inconnu. C’est vrai qu’il y a un mouvement incroyable de solidarité avec les jeunes Tunisiens sur Internet. C’est la première fois que des hackers détruisent les sites du gouvernement. Mais je ne peux pas pour autant dire qu’il y a un avant et un après Sidi Bouzid. Je ne me pose pas cette question. Des lycéens ont incendié les locaux du RCD (parti au pourvoir) lors des affrontements de Thala (mardi, ndlr). On n’avait jamais vu cela. Le syndicat des travailleurs tunisiens, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), est clairement partagée entre la base qui soutient les manifestants et les dirigeants, proches du pouvoir, qui cherchent à juguler le mouvement. Mais je doute que ces manifestations soient le début de la fin du régime de Ben Ali. Tant que les alliés de la Tunisie, la France en premier lieu et les pays Européens, ne bougent pas, ils donnent du temps de survie au régime.
Afrik.com : Est-ce qu’il y a eu des arrestations lors des affrontements de Thala ? Souhayr Belhassen : La police a arrêté des manifestants et les a relâchés. Je me demande si ce n’était pas pour les ficher et si le véritable coup de filet ne va pas venir une fois que la situation sera calme.
Afrik.com : Pourquoi les pays européens ne réagissent-ils pas ? Souhayr Belhassen : Il y a des intérêts. La Tunisie est un filtre en ce qui concerne l’immigration. Les dirigeants tunisiens sont plus commodes que les Algériens et moins imprévisibles que Kadhafi.
Afrik.com : Comment expliquez-vous qu’on en arrive à s’immoler pour protester contre le chômage ? Souhayr Belhassen : Parce qu’il s’agit d’un désespoir réel. C’est le vécu des gens. Cela veut dire qu’on n’a réellement plus rien à perdre. Hier encore (mercredi), un jeune homme expulsé de France s’est immolé à Kebili, dans le sud du pays. Il a été transporté à l’hôpital de Sfax. Cet acte, comme celui de Mohamed Bouazizi, illustre le désespoir des jeunes qui ne trouvent pas de réponse à leur problème. La réponse, ce n’est pas de leur trouver du travail mais d’être juste avec eux et leur dire la vérité. Au bac, le taux de réussite atteint 90%, ce qui est absolument aberrant. Les universités sont devenues de vraies fabriques de chômeurs.
Afrik.com : La Tunisie est pourtant citée en exemple pour ses performances économiques. Et selon les chiffres officiels le taux de chômage se situe à 14%… Souhayr Belhassen : Je pense que le chômage se situe plutôt autour de 22 à 25%. Il s’est aggravé ces dernières années, avec la crise mondiale et les autorités restent autistes. L’investissement étranger à reculé en Tunisie au profit de marchés asiatiques plus attractifs. La corruption décourage elle aussi les investisseurs. La Tunisie n’est plus ce pays qu’on qualifiait de « Tigre de Maghreb ». (Source: Afric.com le 7 janvier 2011)
La génération Facebook plus forte que Ben Ali
Mohamed Bouazizi, le jeune homme qui s’était immolé le 17 décembre à Sidi Bouzid est décédé le 5 janvier.
Cette mort va donner un second souffle au mouvement de contestation. Ces derniers temps, cette contestation s’exprimait surtout à travers l’Internet. Cette cyberguerre, on la veut aussi sur le terrain. La Tunisie avait besoin de son martyr. Maintenant, elle l’a.
De quels moyens disposent les journalistes pour rendre compte des événements de Sidi Bouzid?
Personne n’a foulé la «lune» Sidi Bouzid. C’est la cité interdite. Interdite à tous ceux et celles qui savent ébruiter de scandaleuses vérités sur la place publique. Des ébruiteurs, observateurs, journalistes; tous sont pris en chasse. Mais les autorités tunisiennes peuvent-elles empêcher l’information de gambader hors de leur périmètre de sécurité? A part le bouche-à-oreille, le téléphone arabe, il y a ces instruments du diable contre lesquels le président Ben Ali ne peut rien: les SMS, Internet, et surtout Facebook. Les Tunisiens font partie des plus grands utilisateurs de Facebook. Jamais un événement local n’a été aussi ébruité. La circulation de l’information a été tellement dense qu’elle a créé un bouchon sur l’Internet. En fait, sans Internet, il n’ y aurait jamais eu une telle implosion. Il vous suffit de taper «Sidi Bouzid» sur Facebook. Des dizaines de pages s’affichent. Les Tunisiens sont de plus en plus nombreux dans le cyberespace.
Quelles sont les revendications de ces manifestants?
Ils n’appartiennent ni à des partis, ni à des organisations syndicales, ni à des associations de la société civile. Ces jeunes se sont identifiés à Mohamed Bouazizi. Ben Ali a cherché à le maintenir artificiellement en vie, mais Mohamed Bouazizi n’a pas voulu. Il s’est immolé par le feu. Il n’a pas voulu que ses brûlures restent vaines. Il faut que cette mort tragique ouvre enfin la voie à la liberté. Celle dont la Tunisie rêve depuis l’indépendance. Celle qu’elle n’a jamais eu depuis l’indépendance. L’heure est venue d’y accéder enfin.
Pourquoi les jeunes sont-ils aux avants-postes de la révolte?
Les villes tunisiennes ne sont pas adaptées aux jeunes ni aux jeunes adultes. Ils n’ont pas beaucoup de loisirs, pas de possibilité de s’impliquer véritablement dans la citoyenneté. Les nouveaux médias sont un véritable défouloir pour cette frange de la population en mal d’expression. Internet est le relais d’un hymne à l’action. Les grandes chaînes de télévision comme Al Jazeera ou France24 se sont transformées en «radios-trottoir». Leurs sources principales ce sont ces internautes, des journalistes amateurs. Les vidéos qu’ils postent. Les journalistes de ces médias ont été censurés: ils n’ont pas vraiment eu accès aux évènements. Sauf la chaîne privée Nessma TV. Mais on peut se poser des questions sur le l’indépendance de ce média vis-à-vis du régime de Ben Ali.
Le régime de Ben Ali est-il menacé par ces troubles?
Il ne peut rien contre ce raz-de-marée qui touche bien un million de Tunisiens. Barak Obama avait qualifié le régime tunisien d’«ennemi de l’Internet» parce que tous ces sites participatifs et ces réseaux ont été bloqués par Ben Ali. Mais la pression est trop grande. Les «intifadas» successives, tout au long de ces deux dernières années, dans le bassin minier de Gafsa, à Ben Guerdane —ville frontalière tuniso-libyenne—, à Sidi Bouzid, sont venues à bout du «mythe Ben Ali», le Caligula maghrébin. A Tunis, on raconte que même la propre fille du président, Cyrine Mabrouk, l’a supplié de débloquer Internet. Elle dirigeait le premier fournisseur d’accès Internet en Tunisie. C’était vital pour elle. Cela l’est tout autant pour le reste des Tunisiens.
Le pouvoir tunisien a-t-il encore les moyens de bâillonner cette opposition?
Bien sûr la répression est là. Mais les internautes savent bien contourner le problème. Pour ouvrir ces sites, tous utilisent un serveur proxy qui leur permet de masquer leur adresse IP. C’est le cas dans tous les pays où la liberté d’expression n’existe pas, en Chine, en Corée du nord. Ben Ali n’a pas les moyens d’empêcher cette intifada de prendre de l’ampleur. Propos recueillis par Pierre Malet et Agnès Ratsimiala (Source: Slate.fr le 4 janvier 2011) Lien: http://www.slate.fr/story/32201/facebook-manifestations-ben-ali-sidi-bouzid-tunisie
Seule la démocratie peut « épargner une dérive islamiste » en Tunisie
Alors que la Tunisie est secouée par une vague de protestation, Bochra Belhaj Hmida, Avocate, explique l’engagement du barreau tunisien. Elle appelle au dialogue. L’appel à la grève lancé par le Conseil de l’ordre des avocats a été largement suivi en Tunisie le 6 janvier. Avocate, ex-présidente de l’Association des femmes démocrates, Bochra Belhaj Hmida explique l’engagement du barreau tunisien.
La Tunisie, un pays qui cherche sa définition
LEMONDE.FR | 07.01.11 | 09h27 • Mis à jour le 07.01.11 | 10h36 Depuis quelques jours les médias internationaux s’intéressent à la situation en Tunisie et aux troubles qui ont accompagné le suicide d’un jeune tunisien de Sidi Bouzid dans le centre du pays. Vu d’Europe, cette autre image de la Tunisie peut surprendre. Car dans l’esprit de tous, la Tunisie véhicule plusieurs représentations, devenues classiques : une destination touristique prestigieuse, une société qui s’insère dans la modernité et une économie parmi les plus dynamiques de l’aire sud-méditerranéenne. Néanmoins, ce pays renvoie une autre image, plus complexe sur le plan des imaginaires politiques et des rapports entre gouvernants et gouvernés. La Tunisie est un pays à histoire et géographie variables selon la place qu’on lui donne par rapport au Maghreb, à l’Occident chrétien, à la Méditerranée, au monde arabo-musulman et à l’Afrique. Il s’agit d’un pays écartelé entre deux mondes, l’occidental et l’oriental, qui cherche sa définition depuis son accès à l’indépendance, il y a bientôt cinquante cinq ans. Une des évolutions récentes, initiée par le régime de Zine el-Abibine Ben Ali, consiste à attribuer à la Méditerranée et à la période anté-islamique la vraie identité tunisienne. La rhétorique officielle tente alors d’imposer cette ligne comme une évidence historique. C’est ce que les enjeux de la promotion d’une telle vision identitaire sont énormes. Il s’agit d’abord, après avoir mis à l’écart Bourguiba et la personnification de l’histoire nationale (1956-1987) qu’il incarnait, de gagner la bataille, y compris idéologique, contre les islamistes. C’est donc une réponse implicite de la part des autorités tunisiennes, politiques et scientifiques, à la menace intégriste et à la situation algérienne tenue à cet égard pour un contre modèle. Il répond de ce fait à un enjeu politique pour le régime tunisien : sortir du face à face avec l’islam sur le terrain symbolique de l’histoire ; l’identité tunisienne n’a pas pour origine la conquête musulmane et ne commence pas au Moyen-Age. Plus largement, le faire-valoir d’une identité à la fois plus riche et plus ancienne va se renforcer en réaction aux facteurs conjoncturels des années 1990. La guerre du Golfe (1991) et la déception ressentie à propos de l’Union du Maghreb arabe, dont les différends algéro-marocains ont refait surface et conduit au gel des institutions de cette union en 1994, ont pour conséquence un retour sur soi et une plongée aux sources de la mémoire. Dans un tel contexte, avec un horizon politiquement neutre, le thème de la Méditerranée, et la revendication d’une identité plurielle qui lui est sous-jacente, va asseoir son hégémonie idéologique par rapport aux autres thèmes identitaires (« identité maghrébine », arabe, africaine, musulmane). Cette ligne politico-idéologique revêt un autre enjeu important qui se situe sur le terrain économique et diplomatique. Il s’agit pour les autorités tunisiennes de répondre à la nouvelle configuration des rapports Nord/Sud de la Méditerranée, en inscrivant la Tunisie dans la nouvelle politique euro-méditerranéenne inaugurée par la conférence de Barcelone des 27 et 28 novembre 1995. Cet arrimage de la Tunisie à l’Europe et le discours méditerranéen qui lui est propre a pour conséquence d’accentuer la rhétorique officielle portant sur le thème de l' »exceptionnalité » de la Tunisie et de son patrimoine, comme offre touristique aux étrangers, mais aussi pour relier « la diaspora » tunisienne et son potentiel économique et touristique à la patrie d’origine. UNE EXTRÊME TENSION SOCIALE Mais néanmoins la construction politico-identitaire – a priori intéressante ne serait-ce que par son ouverture sur l’autre – est loin de passionner l’immense majorité d’un peuple qui, tout en étant ancré dans l’arabisme et l’islam, comme les enquêtes sociologiques le montrent, sa préoccupation principale tourne autour du rêve d’une vie matérielle à l’européenne. Or, sur fond d’une atmosphère de fin de règne, l’autoritarisme politique tel qu’il s’exerce au quotidien de manière très complexe, et les pratiques clientélistes, réelles ou supposées, dans l’exercice du pouvoir à toutes les échelles de la société, n’ont cessé d’approfondir le fossé entre gouvernants et gouvernés. Dans ces conditions, la parole politique a non seulement raté sa cible mais elle a produit de la désespérance. Et la fin tragique du jeune tunisien de Sidi-Bouzid – espérons que son cas ne fera pas école chez ses coreligionnaires – traduit un profond malaise notamment chez les jeunes. Et à ce stade d’une situation marquée par une extrême tension sociale, on est tenté d’affirmer que dans le monde arabe et en particulier en Tunisie, la tradition de l’Etat fort et son appareil répressif ont toujours pu faire taire les mécontentements populaires, sauf que les régimes en place, on l’a vu récemment en Iran, doivent faire face maintenant à une inédite mobilisation populaire orchestrée principalement sur la Toile. Face à la révolution du Web, vecteur à l’efficacité redoutable d’une aspiration légitime à des valeurs universelles, l’enseignement tiré de l’histoire atteint ici ses limites. Tous les scénarios sont désormais possibles. Driss Abbassi est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la Tunisie contemporaine.
Tunisie : « S’il sait se montrer intelligent, le pouvoir peut faire baisser la pression »
publié le 07.01.2011 02h01 >> Alors que vous êtes vous-même d’origine tunisienne, comment appréhendez-vous la situation dans ce pays ? La Tunisie ressent les effets de la crise qui ont conduit à une déréglementation de l’économie et à un désengagement de l’Etat sous la pression du FMI. Or, sa jeunesse est massivement victime du chômage et, en particulier, les jeunes diplômés souvent contraints de recourir à l’économie informelle pour tenter de survivre. A cet égard, l’histoire de ce jeune qui s’est immolé par le feu à Sidi Bouzid illustre parfaitement cette situation. D’autant que ce drame s’est déroulé dans une région du sud-tunisien qui est une véritable poche de misère. >> En quoi ce mouvement se différencie-t-il d’autres troubles ? Ce mouvement de protestation, entamé par la jeunesse, a été relayé par d’autres forces, à commencer par les unions locales du syndicat UGTT. Lequel a proprement éclaté sous la pression des événements puisque la direction de l’UGTT, qui est rappelons-le l’unique syndicat de Tunisie, ne s’est pas désolidarisée du pouvoir, elle. Depuis, d’autres forces ont rejoint le mouvement, les avocats, la Ligue des Droits de l’Homme et des organisations féminines. >> Le pouvoir du président Ben Ali est-il pour autant ébranlé ? Pas pour l’instant, mais la balle est dans son camp. S’il sait se montrer intelligent, s’il sait saisir cette occasion pour lâcher des concessions il pourrait désamorcer cette crise. Si les choses restent en l’état, si le pouvoir se contente de quelques limogeages tout en comptant sur son appareil répressif pour ramener le calme, alors il est à craindre que la violence s’attise et profite aux islamistes qui, pour l’instant, se montrent étrangement silencieux. >> Dans ces conditions que peut faire l’Europe et la France ? Elles pourraient rappeler le pouvoir tunisien à ses devoirs, le contrat d’association liant l’Europe à la Tunisie prévoyant dans son article 98 le respect des Droits de l’Homme. C’est d’ailleurs tout l’intérêt de l’Europe. Il n’est pas besoin d’être devin pour prévoir que de troubles prolongés auraient des conséquences en matière d’immigration. Propos recueillis par René Raffin
Exposing the real Tunisia
A recent wave of unrest belies the myth of a Tunisian miracle, and offers a stark warning
Soumaya Ghannoushi
Tunisia’s bitter cyberwar |
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Anonymous has joined with Tunisian activists to call for end to the government’s stifling of online dissent.
Yasmine Ryan Last Modified:06 Jan 2011 16:23 GMT
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The initial signs that something was underway came on Saturday, he said, when the secure https protocol became unavailable in Tunisia. This forced web users to use the non-secure http protocol. The government’s internet team then appears to have gone phishing for individuals’ usernames and passwords on services including Gmail, Facebook, Yahoo and Hotmail. Web activists and journalists alerted others of the alleged hacking by the government via Twitter, which is not susceptible to the same types of operations. « The goal, amongst others, is to delete the Facebook pages which these people administer, » a Tunisian internet professional, who has also been in contact with Anonymous, told Al Jazeera in an emailed interview. The same source, who asked to remain unidentified due to the potential consequences for speaking out, said that in communication with the international group, he had come up with aGreasemonkey script for fireFox internet browsers that deactivated the government’s malicious code. The script had been installed 1,669 times at the time of writing. « It isn’t like China and Gmail several months ago, where China attacked Gmail, » the web professional said in an email, referring tolast year’s incidentwhen Chinese hackers allegedly broke in the accounts of Chinese dissidents. « This is much more intelligent (and I’m proud of this intelligence!). It’s the communication with Gmail [and the other sites] that is intercepted, » he said. The Committee to Protect Journalists says there isclear proofthat the phishing campaign is organised and co-ordinated by the Tunisian government, as did other sources that Al Jazeera spoke with. Unexpected allies Tunisian web activists found an ally in Anonymous, whose international activists have turned their attention to overthrowing the Tunisian regime of web censorship. The group’s DDoS attacks, which began on Sunday night, local time,succeeded in taking at least eight websites, including those for the president, prime minister, the ministry of industry, the ministry of foreign affairs, and the stock exchange. The web site of the government internet agency – known by Tunisian web dissidents ironically as « Ammar 404 », or « Page not found » for its oversight of censorship operations – was also targeted. In email correspondence with Al Jazeera, one Anonymous activist described the group as a « hive mind, » centred on collective, rather than individual, identity. The activists, who prefer to go unnamed, co-ordinate their operations through discussions held in Internet Relay Chat (IRC) networks, a type of online discussion forum. Al Jazeera discussed « OpTunisia » with a group of the online activists on Tuesday. The operation began when one Anon spent last weekend « spamming » the forum, drawing support from activists around the world. The Tunisian government first drew the Anons’ ire, they say, when it extended its pervasive filtering to WikiLeaks. « The thing that did it for us, was initially their censoring of WikiLeaks, when WikiLeaks reports on .tn came out, » one participant in the forum wrote in response to questions from Al Jazeera, referring the Tunisia-based website that had been set up to host the WikiLeaks memos. With their collective gaze turned to Tunisia, the Anons came into contact with Tunisian web activists. « We did initially take an interest in Tunisia because of WikiLeaks, but as more Tunisians have joined they care more about the general internet censorship there, so that’s what it has become, » another Anon said. It is hard to generalise the Anons’ diverse range of motivations and ever-changing targets, but most appear to share an outrage over the Tunisian government’s censorship and phishing activities, and a sense of solidarity with Tunisian web users. Attacking government-linked websites is much more dangerous for those living within Tunisia, they noted, who risk arrest if they are identitied by the authorities. « Although many Tunisians understandably do not feel comfortable participating in this operation out of precaution, I estimate there [were] about 50 Tunisians participating, to whom we provide the means and knowledge to properly secure their online behaviour from exposure to their government, » one Anon activist wrote via email. Ben Gharbia says he accessed IRC to observe the discussions, and that there were some people chatting in Tunisian dialect. By Tuesday, the government appeared to have taken steps to protect its websites from attack by making them inaccessible from overseas. The same sites were available within Tunisia. On Wednesday, Anonfymous informed Al Jazeera that itsown sitewas under DDoS attack. Anonymous was continuing its DDoS attacks on Thursday, and is likely to move on to another target now that momentum has gathered. « We, as Anonymous, feel we have accomplished our mission with the major media now involved in Tunisia. We will keep DDoS’ing that DNS server probably until after the [Thursday’s] strike, » wrote the source by email. Government hacking, en masse This is hardly the first time Tunisian censors have phished for dissidents’ private information, nor is its censorship anything new. Most popular video-sharing websites have been blocked for years now. Facebook wascompletely blocked in 2008. Tunisia no longer blocks the entire Facebook platform, and is one of the main ways people are able to share video. Individual Facebook pages are quickly censored, however, often within an hour of going online, Ben Gharbia said. « Once they identify a link that needs to be blocked, they block it instantly, » he said. In the siege against cyber dissidence, Twitter has been a bastion for activists. Because people can access Twitter via clients rather than going through the website itself, many Tunisians can still communicate online. The web-savvy use proxies to browse the other censored sites. Yet even if bloggers manage to maintain their blogging, the censorship deprives them of those readers who do not use proxies. The result is what Ben Gharbia described as the « killing » of the Tunisian blogosphere. Ben Mhenni said that the government’s biggest censorship of webpages en masse happened in April 2010, when more than 100 blogs were blocked, in addition to other websites. She said the hijackings that had taken place in the past week, however, marked the biggest government-organised hacking operation. Most of the pages that had been deleted in recent days were already censored. Amamy said the government’s approach to the internet policy is invasive and all-controlling. « Here we don’t really have internet, we have a national intranet, » he said. You can follow Yasmine on Twitter@yasmineryan Updates: Azyz Amamy was arrested on Thursday, sources in Tunisia told Al Jazeera. Another web activist, Slim Amamou was also taken by the authorities. Amamy’s last Tweet prior to his arrest was published on Thursday morning, as was Amamou’s. (6 Jan 2011 21:03 GMT) (Source: aljazeera.net le 6 janvier 2011) Lien: http://english.aljazeera.net/indepth/features/2011/01/20111614145839362.html
Tunisia’s Crisis: Searching for Islamists
The West is fearful of the Nahda Movement’s influence in Tunisia, and this has caused America and its European allies to turn a blind eye to the mistakes committed by the Tunisian government. However, of course, the government has been responsible for some development achievements witnessed in the country. The US, and influential western countries, are committing a grave error when dealing with some of the more repressive countries in the Islamic world. The US and its European allies support and endorse these countries, or at least turn a blind eye to their practices, in accordance with Western interests. When we say that Western states have committed a fundamental mistake, it is not because they have prevented Islamic movements from coming to power – in doing so they are simply acting in accordance with their interests and strategies. Islamic trends are viewed by the West as nothing more than an opposition which must be prevented from gaining control, at all costs. This may mean a total disregard for democratic outcomes, and the results of fair polls – as happened in the Algerian and Palestinian elections – regardless of the catastrophic consequences this may have for Arab or Islamic nations. The fundamental mistake of the Western strategy is that it fails to put pressure on these countries to improve moral relations with their populace, by undertaking genuine economic, political and developmental reforms, fighting corruption, and loosening their iron fist. Failing to do so only generates a sense of injustice and oppression, which results in public uprisings and riots. Sometimes these have catastrophic consequences, as was evident in the Algerian case, which we fear may now be repeated in Tunisia. The US and its European allies could have designed their strategies in a manner that prevented Islamic trends from reaching power, but via the consolidation of pubic liberties, fighting corruption and promoting development. A clean and a fair government with a strong economy, and a transparent supervisory and accountability system, even if it rejected the Islamic agenda completely, would be fully resistant to change, and the Malaysian experience is testament to this. The historic, charismatic, political figure of [former Malaysian Prime Minister] Mahathir Mohamed is not the product of Islamic trends, although he shares some characteristics with them. Indeed he is in some sense an authoritarian, although he did not reach the level of dictator. He competed with the strong Malaysian Islamic movement, and took part in a fierce struggle with its one of its key figures, Anwar Ibrahim. In the end, Mathathir was successful in ousting Ibrahim from government, dismissing him in a somewhat ugly fashion. Nevertheless, this confrontation did not disrupt Mahathir’s government, because the Malaysian nation appreciated his patriotism, and his contribution to the country’s developmental plans, which would enable Malaysia to later become one of the Asian Tigers. The man was religious by nature, and had no quarrel with Islam in general. There is a clear difference between antagonizing the political Islamic movement, and antagonizing the religion of Islam. Therefore, the nation raised no objection, nor did they care much about the defeat of a key symbol of the Malaysian Islamic movement, whilst Mahathir strengthened his firm grip on power. Had Arab states – suffering from disorders and divisions between them and their people – been governed by the Mahathir model, we would not find problems as serious as those ongoing in Tunisia, even when faced with an Islamist opposition. (Source: “Asharq Alawsat” Le 06-01-2011) Lien: http://aawsat.com/english/news.asp?section=2&id=23682
Sour young men
Why protests, once rare, are persisting
UNABLE to find a job after university, Muhammad Bouazizi moved to a big city and tried to get by, selling vegetables from a barrow. But police confiscated his unlicensed cart, slapping and insulting him. The 26-year-old returned to his home town in despair. Last month he stood in its main square, doused himself in petrol and struck a match. On January 4th he died of his injuries. A tragedy like Mr Bouazizi’s might pass unnoticed in many countries. But his struck a rare chord of dissonance with Tunisia’s carefully nurtured image as a tranquil, orderly, mildly prosperous playground for tourists and foreign investors. The dramatic act sparked not just sympathy but a wave of protest that has carried on for three weeks, with no sign of stopping. Trade unionists have joined students, lawyers, political campaigners and unemployed youths to demonstrate repeatedly in more than a dozen cities. Police have struck back with clubs, tear gas and even bullets, killing two protesters in the southern town of Bouziane. President Zine el-Abidine Ben Ali has also sounded a conciliatory note, firing a handful of ministers and promising to inject as much as $4.5 billion into job-creation schemes. The ostensible focus of protest is unemployment; 13% of Tunisians are officially out of work. The figure is double for young people, and even higher for recent college graduates. But the scale and persistence of the unrest point to deeper causes. Young Tunisians often find that the available jobs are menial, in keeping with a model of development that offers cheap labour to European investors. Another complaint is that Tunisia’s prosperity is unevenly shared between richer coastal cities and the poor interior. Some causes of the unrest are political. Since Mr Ben Ali overthrew Tunisia’s last president, Habib Bourguiba, then 84, in a peaceful coup 23 years ago, his people have submitted to an unspoken bargain. In exchange for slowly rising prosperity, steady gains in health and education, and a degree of social peace that contrasts starkly with next-door Libya and Algeria, Tunisians have put up with diminished political rights, intrusive and unaccountable security services, and rising corruption at the top. With formal politics and the press allowing little outlet for grievances, discontent has festered. At the same time, better education has turned nearly 4m of Tunisia’s 10.5m people into internet users, with some 1.8m running accounts on Facebook alone. Despite efforts at censorship that put Tunisia’s government among the worst offenders in global listings of enemies of free expression (measured for instance by a French-based lobby, Reporters Sans Frontières), most Tunisians have heard about the WikiLeaks cables alleging greed and nepotism in Mr Ben Ali’s circle. Tunisia’s troubles are unlikely to unseat the 74-year-old president or even to jolt his model of autocracy. Yet they may serve warning to governments across the Maghreb that a growing number of young people in the region feel increasingly frustrated and marginalised, as ageing and undemocratic leaders seem ever more out of touch with them. (Source:” The economist” Le 06-01-2010) Lien: http://www.economist.com/node/17862305?story_id=17862305&fsrc=rss
Revuelta juvenil en Túnez
Crece el descontento social y político en Túnez. Miles de jóvenes han salido a las calles en diversas ciudades en las dos últimas semanas en protesta contra la falta de trabajo, la carestía de la vida y la corrupción en las altas esferas del Estado. En su mayoría universitarios, los manifestantes han decidido romper con el fatalismo que acarrea la crisis y exigir públicamente sus derechos, una mejor redistribucion de las riquezas y derecho a un futuro digno.
Ola de solidaridad con la protesta popular en Túnez
URGENT ACTION INCREASED TORTURE RISK FOR TUNISIAN PRISONER
Disparu depuis le 25 novembre ! Qu’est-il arrivé à Ramzi Romdhani ?
Sa famille n’a plus de nouvelles de lui depuis le 25 novembre. Ramzi Romdhani, prisonnier politique, antérieurement à la prison de Mornaguia, a été transféré arbitrairement à la prison de Messaadine. C’est là que se rend hebdomadairement sa famille, vivant à Tunis, dans l’espoir de le revoir. A chaque fois la réponse est la même : pas de visite. La raison ? Il serait « sanctionné ». Or la loi portant organisation des prisons limite la sanction à dix jours. Il y a maintenant un mois et demi que sa famille n’a pu lui rendre visite et ni même obtenir arracher une quelconque information. Hier, 6 janvier, son frère s’est rendu à la prison de Messaadine et a demandé à rendre visite à son frère, en vain. Il avait également écrit au Procureur de la République de Sousse et à l’Administration générale des prison et n’a pas reçu de réponse. Pour rappel, Ramzi Romdhani, né en 1977, marié et père d’un enfant, a été arrêté en 2007 et condamné sur les fondements de la loi anti terroriste à 29 ans d’emprisonnement dans des affaires distinctes mais pour les mêmes faits. Depuis son incarcération, il a subi à plusieurs reprises de graves tortures, notamment à l’électricité, et des mauvais traitements. Signez l’appel lancé par l’Organisation Mondiale contre la Torture : http:// www.omct.org/fr/urgent-campaigns/urgent-interventions/tunisia/2010/12/d20955 Luiza Toscane
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