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Appel au secours
Besson trébuche dans le tapis de prière
(Source : « Bakchich.info » (Satirique – France), le 8 février 2010)
Lien:http://www.bakchich.info/Besson-trebuche-dans-le-tapis-de,09972.html
sans-papiers
Sans visa, le Tunisien expulsé ne pourra pas se défendre aux Prud’hommes
Olivier wyser
Les chances de Samir (*) de pouvoir défendre son cas devant le Tribunal des prud’hommes sont de plus en plus minces. Expulsé au mois d’août dernier après quatre mois de détention administrative à la Prison centrale à Fribourg, ce Tunisien a vu sa demande de visa refusée par l’Office fédéral des migrations (ODM). Cela, contrairement aux informations qu’il avait reçues des autorités suisses avant d’être renvoyé dans son pays d’origine.
Une décision qui fait bondir le Centre de contact Suisses-immigrés (CCSI/SOS-Racisme). «On ne lui laisse pas la possibilité de faire valoir ses droits de salarié», déplore Philippe Blanc, du CCSI – qui représente les intérêts de Samir – lors d’une conférence de presse, hier à Fribourg. Le juge des prud’hommes saisi de l’affaire précise pourtant que Samir doit venir en personne pour comparaître le 22 février. Son seul espoir est un recours à la décision de l’ODM.
En effet, l’ODM précise dans sa lettre qu’une suspension de l’interdiction d’entrer en Suisse ne peut être admise «qu’à titre exceptionnel et si des motifs impérieux l’exigent». «Nous comptons bien démontrer que la défense de droits économiques devant les prud’hommes est une raison exceptionnelle», expliquent Philippe Blanc et Armand Jaquier, secrétaire régional du syndicat UNIA.
Ils ont envoyé jeudi une lettre au conseiller d’Etat Erwin Jutzet, lui demandant de prendre position en vue d’un recours à la décision de l’ODM.
Le cas de Samir a déjà été largement médiatisé («LL» du 7 avril et du 4 août 2009) en raison des actions menées par le CCSI en collaboration avec UNIA. «Il est emblématique de la difficulté pour un sans-papiers exploité de faire valoir ses droits», explique Philippe Blanc.
Samir a d’ailleurs pris part à la conférence de presse par visio-conférence. Il a résumé son parcours à Fribourg, employé au noir pour un «salaire misérable» de 1400 francs par mois et 6 jours de travail sur 7. «Je me sentais comme un esclave. J’étais à disposition 24 heures sur 24. Je ne demande qu’à ce que mes droits soient reconnus», explique-t-il.
«Samir est un exemple parmi beaucoup d’autres de l’exploitation de l’homme par l’homme», analyse Armand Jaquier. «Le système est ainsi fait qu’il cautionne le comportement de certains employeurs qui profitent des plus faibles. Si on laissait aux sans-papiers un sursis, le temps de pouvoir faire valoir leurs droits aux prud’hommes, cela limiterait la tentation de les exploiter.» I
(*) Prénom d’emprunt.
(Source : « La Liberté » (Quotidien – Suisse), le 6 février 2010)
LA SITUATION POLITIQUE EN TUNISIE: Dérèglements … et incertitudes
Par Samir Taieb
La fin des élections a été marquée par des signes de nervosité voire de crispation de la part du pouvoir, crispation qui a surpris, de par sa violence, les observateurs les plus avertis. Mais des signes avant-coureurs sont apparus bien avant et ont visé, sans distinction aucune, tout discours ou démarche un tant soit peu critique à l’égard de telle ou telle mesure du pouvoir. Le pic de cette nervosité a été atteint au lendemain des élections à un moment ou on aurait pu, au contraire, voir les «vainqueurs» tenter une ouverture vers leurs contradicteurs. Mais les velléités de revanche sur tous ceux qui l’ont critiqué l’ont emporté sur l’esprit d’ouverture d’un pouvoir qui s’est proclamé champion d’élections qu’il a, lors de la campagne, vidées de tout sens.
Des dérèglements…
C’est à un dérèglement du comportement sécuritaire qu’on est entrain d’assister, qui pourrait cacher un dérèglement d’ordre politique, de plus grande ampleur. Deux exemples attestent de ce dérèglement sécuritaire :
–Les élections dans le contexte tunisien sont un moment de pur formalisme démocratique à l’intention du pays certes, mais surtout des bailleurs de fonds internationaux et de l’Occident. Or, les élections de 2009 ont, de l’avis des observateurs et des acteurs, dérogé à cette règle tant les tracasseries et les divers contrôles ayant entravé la campagne électorale de l’opposition (Ettajdid/Initiative, le Forum, les listes indépendantes «Réforme et développement») ont rendu ce formalisme inopérant car inacceptable pour le pouvoir, engendrant du coup le rétrécissement d’un espace de liberté déjà très exigu.
– Les lendemains des élections sont généralement des moments d’accalmie voire de détente et même quelquefois de lancement de quelques promesses. Or, le 26 octobre et les jours suivants ont été marqués par une crispation sectaire qui a pris une tournure chauvine et pseudo-nationaliste avec le retour d’une vieille rengaine, celle du prétexte colonial, qui avait fait tant de mal aux Etats du sud au lendemain de la vague des indépendances. Les nouveaux dirigeants de ces Etats, pour cacher leur incompétence, leur corruption et la tyrannie, invoquaient le prétexte facile du colonialisme. Bourguiba nous en avait épargné. C’est ce qui explique, en partie, l’avance prise par la Tunisiesur les autres Etats nouveaux, envahis par l’idéologie/alibi de l’anticolonialisme. Mais voilà qu’on remarque, ébahi, l’émergence de concepts antédiluviens tels que le colonialisme, les suppôts du colonialisme…, développés par l’appareil idéologique de l’Etat (RCD, ATCE, presse, télés…) et relayés par les petits rentiers, tenanciers des boutiques de la mouwalat et par des pseudo-nationalistes arabes. Le thème du «patriotisme» est utilisé à tort et à travers pour vilipender les opposants, coupables «de connivence avec des milieux étrangers hostiles à la Tunisie». Le RCD, parti hégémonique, se comporte comme le seul détenteur d’une «légitimité patriotique», distribuant des cartes de «bon patriote» et qualifiant les opposants de «traîtres» par-ci, organisant une rencontre sur la notion de «patriotisme» par-là. Pour ce faire, le RCD a dû changer de registre: de la politique il verse dans la politicaillerie.
L’apparition soudaine de ce discours, qui procède par digressions et raccourcis, vers la fin de la campagne électorale, cache un malaise réel dans le pays et dans les cercles du pouvoir mais tente surtout de «légitimer» maladroitement la campagne de harcèlement et de répression à l’encontre de tout postulant à l’exercice d’une liberté: les partis politiques, les journalistes, les associations indépendantes, les militants des droits humains et les étudiants; tout l’arsenal répressif a été utilisé, de la bastonnade aux lourdes peines de prison sans oublier les saisies de journaux, officielles ou déguisées.
La substance de ce dérèglement sécuritaire indique que le pouvoir semble incapable de tolérer aujourd’hui ce qu’il tolérait il y a vingt ans. C’est ce qu’on appelle la régression. Car un pouvoir peut exercer son autorité de diverses manières sans avoir besoin de recourir chaque fois à la force et à la contrainte. La réussite et l’échec ne sont pas déterminés par le nombre de policiers, le quadrillage du pays ou le contrôle à chaque coin de rue. La sécurité est un facteur parmi d’autres, ni plus ni moins important que le développement à tous les niveaux, politique, économique, social, culturel et moral.
Avant de clore ces développements sur le dérèglement sécuritaire, j’aimerais m’arrêter sur un phénomène nouveau mais très inquiétant, il s’agit de la «criminalisation» du syndicalisme estudiantin auquel on a assisté ces derniers jours. Je trouve scandaleux pour un pays comme le nôtre, dépourvu de richesses naturelles, ne comptant que sur la richesse humaine que n’a cessé de produire un enseignement public de plus en plus paupérisé, de condamner de jeunes étudiants à de lourdes peines de prison pour la simple raison qu’ils ont organisé un sit-in de soutien à des étudiantes, de condition modeste, privées de leur droit à un logement dans les foyers universitaires publics. Le simple fait d’avoir mis le doigt sur les défaillances de la politique de logement du ministère de l’enseignement supérieur ne fait pas de ces étudiants syndicalistes des criminels; au contraire, ce sont de jeunes héros habités par l’intérêt général. Dans cette affaire, plus que d’intolérance ou d’autoritarisme, le pouvoir a fait preuve d’insensibilité.
De façon concomitante, cette vague répressive s’est accompagnée d’une campagne de propagande d’un autre âge, au goût douteux, contenant deux volets, l’un pour vanter le régime par des discours auto-glorificateurs, plus obséquieux les uns que les autres, fêtant tout et n’importe quoi, mais dont le point commun est qu’ils mettent le cap sur une période lointaine, celle de «la Tunisie de demain», de la Tunisie après 2014 (une façon pour le pouvoir de préparer l’opinion à des décisions qui vont dans le sens d’une reproduction peu évidente), l’autre volet d’une rare agressivité, pour vouer les opposants à la détestation et au mépris publics, mené par des pseudo-journalistes dans des feuilles qui puent la haine et suscitent le dégoût. Le «tort» de ces Tunisiens est d’avoir osé exprimer une autre Tunisie plus variée et mieux colorée. A suivre ces haineux, la Tunisie, «ce serait une personne et une seule, univoque, intouchable, irremplaçable et inamovible: le chef de l’Etat». Soit. Mais, les adeptes d’une vision plurielle sont tout autant légitimes à exprimer une autre Tunisie, tolérante et apaisée.
Le recours par le pouvoir à «l’effet de démonstration» par la mobilisation de moyens inconsidérés et illimités et par une «agitation maniaque» qui frôle la fabulation pour démontrer, en toute circonstance, sa toute puissance, crée un sentiment réductionniste à l’égard des opposants, coupables de faiblesse, et fait que la politique devient, pour reprendre Jean Charlot, «extraordinairement plate et ennuyeuse [et] mène à la dépolitisation généralisée des citoyens». Georges Burdeau qualifie ce danger qui guette les systèmes politiques «d’anémie graisseuse».
Au-delà de la dimension politique qu’elle contient, cette campagne pose un vrai problème moral annonciateur d’un dérèglement moral qui se présente de la façon suivante: au début de son règne, le pouvoir abusait de sa propension à transformer sa conscience morale en instrument d’hégémonie (faites ceci, ne faites pas cela), aujourd’hui la campagne qui se déploie sous nos yeux, suscitée et entretenue par le pouvoir, est révélatrice d’une indigence de la conscience morale de certains cercles du pouvoir. «La fin justifie les moyens», se disent-ils; mais ce qu’ils oublient c’est que tout pouvoir, quelque soit sa nature, doit avoir une prééminence morale. Celle-ci s’étiole quand la légitimité s’érode. Alors, de grâce, faites attention et ne jouez pas avec le feu!
Au-delà d’une démarche discursive complètement déconnectée et totalement improductive, se posent les questions de l’engagement citoyen et de l’intérêt pour la politique. L’un et l’autre impactent l’évolution politique de la Tunisie, car si « c’est le rôle des propagandistes de dissimuler les desseins réels sous les déguisements les plus nobles, c’est le rôle des citoyens libres de scruter les actes pour dépouiller les mensonges de leur accoutrement » (A.Maalouf), et contrecarrer, de la sorte, la substance d’un discours qui prétend que, pour des raisons historico-culturelles, la démocratie devra attendre.
La persistance, voire l’obstination dans cette orientation (sorte d’entêtement culturel) d’un côté, le faible degré de mobilisation des forces de progrès de l’autre, ont jusqu’ici desservi la cause de la liberté en Tunisie. Mais la donne devra changer grâce à la conjonction de deux facteurs : l’un objectif et l’autre subjectif.
D’abord, le pouvoir, tel qu’il fonctionne actuellement, a atteint ses limites : le projet qu’il a présenté au pays a épuisé ses potentialités, la légitimité, fruit du « changement », n’opère plus comme auparavant, et il faudrait la remplacer par une nouvelle, fruit d’élections véritables, d’un scrutin honnête.
Ensuite, les perspectives de travail commun entre les composantes de l’opposition progressiste sont meilleures au lendemain des élections d’octobre 2009 qu’elles ne l’étaient avant cette échéance : toutes les combinaisons sont possibles, voire souhaitables, l’essentiel étant de renforcer cette nouvelle conscience unitaire par le travail de terrain auprès de nos concitoyens. L’alliance naturelle des uns ne devrait pas constituer un obstacle ou un motif pour fermer la porte devant ceux parmi les progressistes qui, à un moment ou à un autre, avaient opté pour des choix qui nous paraissaient-et nous paraissent encore-contre-nature. Seuls les acquis réalisés hier et aujourd’hui grâce aux sacrifices consentis par notre peuple, et notre vision progressiste et moderniste pour l’avenir, sont à même de nous réunir, loin des prétentions de leadership des uns et des projets irréfléchis des autres.
Car la situation est grave : les pratiques rémanentes du pouvoir et l’assimilation par la société de nouvelles valeurs (la sacralisation de l’argent, l’enrichissement facile…) sont à l’origine de la régression qui s’annonce ; l’acceptation par la société d’un statut privilégié pour la femme n’est plus incontestable, la qualité de notre éducation est au plus bas, la religion est de plus en plus instrumentalisée dans l’espace public, non seulement du fait de certaines attitudes fortement marquées par la religiosité, mais aussi à cause de la couverture religieuse adoptée dans leurs activités par certains milieux proches du pouvoir. Tout ce qui a constitué le socle de notre modernité est menacé. La période est donc bien périlleuse.
DES INCERTITUDES…
Face à ces problèmes, le danger qui nous guette à l’avenir, c’est la diminution de notre capacité à résoudre les problèmes qui se posent à nous. Cette incapacité est génératrice d’incertitudes pour le futur proche, voire pour l’immédiat, en rapport avec le mode de prise de décision, le mode de développement et avec ce que Michel Foucault appelle la « gouvernementalisation » de l’Etat.
1- La première des incertitudes est liée au dérèglement du mode de prise de décision. L’une des « vertus » du régime présidentialiste réside dans l’instauration d’un processus de prise de décision centralisé et hiérarchisé, lequel, faute d’être participatif, n’en est pas moins clair et sans surprise du fait de son caractère concentratif. Tout est ramené à une institution, à un organe, à une personne. Et voilà que, d’un coup, la boussole politique se dérègle, ce qui, à terme, peut entraîner la multiplication des centres de décision. Ce n’est pas aujourd’hui le cas, mais le scénario est inquiétant ! Deux exemples étayent mon propos :
–d’abord, l’émergence sur la scène politique d’une catégorie de personnes connues pour avoir réalisé, grâce à leur proximité du pouvoir, un enrichissement rapide, mais qui, jusqu’ici, n’ont pas pris part aux décisions se rapportant à la politique et à l’économie politique, et c’est tant mieux. Mais des rumeurs, des indiscrétions, voire des indices, laissent entendre que cette catégorie, loin d’être homogène, a de plus en plus de prétentions politiques ; on retrouve ses membres dans les lieux du pouvoir, dans les instances dirigeantes du parti au pouvoir, aux deux chambres législatives… Elles ne sont plus proches du pouvoir : elles font, en quelque sorte, une partie du pouvoir. Or, l’intérêt général, dans leurs activités financières bâties sur des échafaudages acrobatiques, n’est probablement pas leur souci majeur. La légitimité leur fait également défaut. Ce positionnement politique peut être annonciateur d’une lutte pour la succession, forcément porteuse de germes d’une crise de la légitimité.
–ensuite, les remous qu’occasionne la question du remaniement gouvernemental : ils sont tout simplement symptomatiques des maux de la société tunisienne, à la fois pourvoyeuse et consommatrice de rumeurs. Que disent ces rumeurs ? Tout simplement que les sphères du pouvoir ne seraient pas tombées d’accord sur la composition du futur gouvernement (ce qui fait le bonheur des ministres supposés partir !) et que tel nom a fait l’objet d’un véto de telle sphère, etc. A l’arrivée, on assiste à une situation de blocage tel que, d’après les « officieux » Assabah et Le Temps, les ministres passeraient leurs journées scotchés à leurs téléphones (fixes et mobiles) pour recevoir la bonne nouvelle… (pour eux, sûrement, mais probablement pas pour la Tunisie, qui n’a pas besoin de responsables à ce point attachés à leur poste !) Or, à ma connaissance, rien n’oblige le président de la République, dans un régime présidentialiste, à remanier son gouvernement à la suite des élections législatives ; y recourir constitue une option, tout au plus un usage. De même, le président est le seul concepteur des politiques publiques, il n’a pas annoncé dans ses derniers discours le moindre changement de cap, alors, je suis surpris par la fièvre qui s’empare des Tunisiens et même des élites pour un remaniement qui n’aurait, a priori, que peu d’impact sur leur quotidien. Reste la question essentielle de la compétence : celle-ci est exclusive, le président ne la partage avec personne. Mon seul intérêt pour cette question réside dans le fait de savoir si, comme le suggèrent les rumeurs insistantes, le président de la République est en train de transformer sa compétence exclusive en une compétence partagée. Je n’ose le croire.
2- L’incertitude liée à la « gouvernementalisation » de l’Etat. C’est au nom du «développement» et du «bien être social» qu’a été entreprise l’étatisation de la société tunisienne par Bourguiba. La conquête du territoire par la modernité étatique s’était faite par une mobilisation descendante, orientée du «politique» vers le «social» par le biais de l’Etat-parti. Et c’est au nom de «l’Etat moderne» (ad-Dawla al Haditha) qu’un ordre politique répressif a été instauré pour pouvoir mener à bien une œuvre de modernisation par le haut qui visait l’affaiblissement du fondement même de la société traditionnelle. L’effort moderniste va se déployer dans le sens d’une redéfinition de la place de la femme dans la société, de celle de la religion dans l’espace public. Il passera également par le recul des formations sociales traditionnelles et l’apparition de nouvelles formations, notamment grâce à l’unification de la justice et la réforme de l’enseignement. Et c’est grâce à ces acquis que la Tunisie s’était distinguée pendant un demi-siècle, durant lequel, grâce à la conception «Etato-centriste» de Bourguiba -l’Etat se situant dans un rapport transcendantal et d’extériorité vis-à-vis de la société- a atteint, seul maître à bord, non sans quelques crises, les objectifs du développement économique et social.
Aujourd’hui, le modèle, complètement «amorti», a atteint ses limites. Le triomphe dans le domaine économique du «modèle tunisien» a conduit, faute de réformes politiques réelles, paradoxalement à un affaiblissement du pouvoir et à un début de crise de légitimité. L’étatisation de la société étant achevé depuis plus de trois décennies, il aurait fallu passer à la phase cruciale de ce que M..Foucault appelle la «gouvernementalisation» de l’Etat. Les instruments de la modernisation de la société doivent, à leur tour, subir l’épreuve de l’auto- modernisation, sous le regard critique de la société. La gouvernementalisation appelle l’espace public et la démocratie et signifie la montée en puissance d’une politique rationnelle, sous le regard d’un jugement rationnel: ce sera la naissance de «l’espace public». Ce processus est aussi important, voire plus important, que l’étatisation elle-même. Foucault en est le premier convaincu, lui qui avait écrit: «peut être ce qu’il y a d’important pour notre modernité, c’est-à-dire notre actualité, ce n’est pas l’étatisation de la société, c’est ce que j’appellerai plutôt la «gouvernementalisation» de l’Etat.» (1994, t.III, 656). De la sorte, la société n’est pas exclusivement gouvernée par le gouvernement, car celui-ci s’insère dans une trame complexe d’interactions avec des institutions et des groupes et que «les institutions publiques ne forment que la partie visible de l’iceberg de la gouvernance» (G.Marcou).
Mais un pouvoir autoritaire, qui a réussi à neutraliser ses élites et à réduire l’espace public, voudra-t-il réaliser cette œuvre tant attendue? Le pourra-t-il? Ma réponse sera double: négative d’abord, positive ensuite.
NON, le pouvoir n’est pas en mesure de déconstruire les mécanismes de l’autoritarisme et de construire de nouvelles structures réceptives et ouvertes sur la société, et ce pour les raisons suivantes:
– un gouvernement autoritaire «n’a permis, la plupart du temps, ni auto réforme en cas de blocage ni mobilisation populaire sur la durée, et a surtout provoqué, après le temps de l’espérance des débuts, un désenchantement total.» (P.R.Baduel). Or, le problème du pouvoir aujourd’hui, c’est qu’il croit détenir la vérité, il n’aime pas le dialogue, il lui préfère les monologues. Mais, si nos progrès, si réels soient-ils, n’arrivent pas à balayer les frayeurs des jeunes sur leur présent et les inquiétudes des parents sur l’avenir de leurs enfants, c’est qu’ils ne sont pas suffisants, et qu’il faudrait faire mieux, et autrement;
– la neutralisation des élites favorise la régression, du fait de la démobilisation et du découragement qui affectent une grande partie de ces élites. En effet, le pouvoir donne l’impression de n’être pas à l’écoute de ses élites ni d’une grande partie de la société, l’autre partie préférant garder le mutisme par peur ou par «khobzisme»;
– l’autoritarisme a tellement marqué le système politique qu’il engendrera à court terme une crise de légitimité qui dérèglera les comportements et les attitudes. Or, tant que le pouvoir réfléchit aux problèmes que pose le gouvernement du pays en fonction de ses intérêts spécifiques (et ceux des groupes proches ou alliés) et non en fonction de l’intérêt général, sa capacité de gouverner -et donc de faire passer ses politiques- s’affaiblira, et le gouvernement du pays n’en sera que plus difficile.
OUI, le pouvoir peut engager un processus de rénovation institutionnelle si les conditions suivantes se trouvent réunies :
– l’arrêt immédiat des mesures répressives à l’encontre des acteurs de la société civile peut aider à la décrispation de l’atmosphère lourde et pesante qui règne en Tunisie depuis quelques années, le meilleur moyen pour réaliser ce prélude est l’adoption d’une loi d’amnistie générale;
– les signes encourageants de travail commun entre les forces progressistes, décelés à l’occasion des élections d’octobre 2009, sont encore insuffisants ; ils doivent s’intensifier pour pouvoir faire passer un double message: le premier à l’endroit de la société, pour lui administrer la preuve, en dépit du black out, de l’existence d’une mouvance porteuse d’un projet différent de celui qui est en cours, le second à l’endroit du pouvoir, pour lui montrer, par la persévérance, que l’attachement au dialogue n’est pas un signe de faiblesse ni un appel pour des offres «compromissoires» et des accommodements;
– la mise en place par le gouvernement, avant qu’il ne soit trop tard, d’un dialogue national entre tous les acteurs politiques et associatifs, sur un pied d’égalité, en vue d’instituer un partenariat pour la rénovation institutionnelle et le changement démocratique.
Il va de soi que la TUNISIE sera l’unique vainqueur de ce processus de rénovation par le dialogue. Accepter ce processus, certainement long et difficile, est un acte de courage ; le faire aboutir est un acte de patriotisme, car cela évitera au pays une crise sans précédent, contenant des ingrédients explosifs en rapport avec la légitimité et la succession, et mêlant la violence et la contre-violence, sources de désordre et d’instabilité.
(Source : Le texte ci-dessus (repris par le blog TUNISIAWATCH de Mokhtar Yahyaoui) a été publié en trois parties su l’hebdomadaire « Attariq Al Jadid » Numéros 161, 163 et 164)
Lien : http://www.tunisiawatch.com/?p=1977
A l’occasion de l’Exposition Universelle de Shanghai qui aura lieu du 1er mai au 31 octobre 2010, une convention de sponsoring a été signée entre Commissariat Général de la Tunisie à l’Expo Shanghai (dépendant du Cepex) et cinq entreprises et une compagnie aérienne à savoir le Groupe chimique tunisien, la Compagnie des phosphates de Gafsa, le groupe Poulina, le groupe Loukil et Atlantis voyages ainsi que la compagnie de transport aérien «Qatar Airways».
Il est cependant étrange de constater que ce n’est pas Tunisair qui soit associée à ce sponsoring d’autant plus que la compagnie aérienne tunisienne envisage d’ouvrir une ligne vers Shanghai à partir de 2012. Une sorte de buzz aurait pu faire l’affaire de la compagnie aérienne et le Cepex aurait évité d’associer l’image de la Tunisie à une compagnie arabe concurrente des compagnies tunisiennes et dont le pays n’exprime pas toujours son amitié à notre égard.
Interrogé par Business News, le responsable de la communication du Cepex nous répond qu’il y a eu un appel à manifestation d’intérêt, auquel ont participé Tunisair, Air France, Emirates, Qatar Airways, etc.
« Nous voulions d’une compagnie qui nous offrait le meilleur prix pour le transfert de nos différentes délégations et équipements sur le site de l’Expo Universelle, nous dit le responsable. Qatar Airways a offert les meilleurs prix, des prix imbattables sur le transport et le fret en acceptant le sponsoring.
Le contrat de sponsoring, et par souci de rentabilité qui nous fait gagner des centaines de milliers de dinars, nous avons sélectionné la meilleure offre globale de services.
Nous aurions souhaité que ce soit Tunisair, qui a été la première informée de cette action et qui a toujours été notre premier partenaire dans le passé et le futur, mais vu qu’elle n’a pas de liaison directe sur Shanghai pour le moment, la compagnie aérienne nationale n’a pas pu présenter une offre fortement concurrentielle.
Qatar Airways, qui n’est retenue que sur cette action, a présenté pour sa part une offre imbattable sur le plan financier. Cette offre nous sera fort rentable sur la durée de l’Expo, d’où notre choix qui s’est basé essentiellement sur des critères économiques. »
Selon le Cepex, les signataires publics et privés se sont joints au Commissariat général de la Tunisie pour apporter leur soutien logistique et financier afin de maximiser les conditions de réussite de la participation tunisienne à cet événement et renforcer un choix d’internationalisation de leurs activités à travers une visibilité continue tout au long de la période de la manifestation.
Regroupant plus de 192 pays et organisations internationales sur un espace d’exposition global de plus de 5 km2, cet événement universel est un rendez-vous à la fois économique, social et environnemental, et offre l’occasion pour la Tunisie de mettre en valeur ses spécificités artistiques, culturelles, architecturales, touristiques et culinaires.
N.B.
(Source : « BusinessNews » (portail d’infos – Tunisie), le 8 février 2010)
Lien :http://www.businessnews.com.tn/BN/BN-lirearticle.asp?id=1089005
Par : Carpe Diem
Deux années après les manifestations sociales de Redeyef, un scénario similaire s’est répété récemment à Skhira, petite ville de quelques dix milles habitants située dans le golfe de Gabes :
« La paisible petite ville (…) a connu un début de semaine très mouvementé. Le lundi 1er février 2010, un rassemblement de jeunes diplômés au chômage originaire de la ville s’est formé pour protester et exiger du travail. Très rapidement les forces de l’ordre ont rappliqué en nombre, munis de matraques et bombes lacrymogènes. Poussés violemment aux abords de la ville, les manifestants ont tenté de retourner à leurs domiciles par la route nationale (…) où ils auraient été rejoints par leurs familles, des élèves et d’autres habitants qui assistaient aux événements. La police a finalement réussi à disperser les manifestants dont plusieurs ont été interpelés et certains blessés »
Les manifestants réclamaient depuis longtemps leur droit au travail dans la nouvelle usine de phosphate qui s’installe dans la région. Le faible taux de recrutement de locaux et l’arrivée de travailleurs d’autres recoins du pays ont exacerbé les colères et poussé les habitants à sortir dans la rue pour porter leurs revendications.
Tout comme le bassin minier de Gafsa, Skhira est une ville qui appartient à « l’autre Tunisie », celle qui a été mise à l’écart du développement économique et du progrès social qu’a pu connaître le pays ces vingt dernières années. Et celle dont les populations, surtout les plus jeunes d’entre elles, sont sévèrement touchées par un chômage de longue durée. Un chômage qui crée de la précarité, qui marginalise et qui pousse la population soit à l’exclusion, soit à la migration.
Ce qui s’est passé à Skhira n’est pas nouveau, mais vient nous rappeler que la Tunisie est un pays qui avance à double vitesse : il y a la Tunisie relativement prospère qui concentre 80% de la production nationale sur 60% de la population (Littoral-Nord). Et celle qui se paupérise et qui représente 40% de la population avec seulement 1/5 ème de la production nationale (Sud-Ouest). Des disparités qui ne cessent de se creuser. Cela montre également que la Tunisie peine toujours à transformer de façon équitable la croissance de ses ressources et de ses revenus en progrès social et humain. A ce rythme, le droit à un travail décent et correctement rémunéré, et donc à une véritable place dans la société, vont s’affirmer avec le temps comme des revendications socio-économiques prioritaires pour un certain nombre de catégories marginalisées de la société . Il s’agit essentiellement des jeunes peu ou mal éduqués qui rencontrent des difficultés à trouver leur place dans le marché du travail; ceux qui sont au chômage prolongé et qui peinent à s’insérer malgré leurs formations, et les travailleurs pauvres ou précaires dont le pouvoir d’achat ne cesse de baisser.
Du côté des autorités, le recours à la force a été comme toujours la seule réponse apportée face à des revendications socio-économiques légitimes. De telles démonstrations de force sonnent comme un aveu d’échec des autorités à traiter efficacement le problème du chômage, particulièrement celui des jeunes, autrement que par la violence et la répression comme première réponse, ensuite par des séries de mesures ponctuelles qui ne traitent pas le mal à l’origine mais qui servent seulement à colmater les brèches. Jusqu’à la prochaine explosion de colère…
(Source: le blog tunisien « Carpe Diam », le 7 février 2010)
Lien: http://carpediem-selim.blogspot.com/2010/02/lautre-tunisie.html
Nuages d’intolérance dans le ciel de Carthage …
à la mémoire de Mazouz….
Par Adel ZITOUNI*
« Eichmann est mort mais le souvenir de nos frères de persécution ne doit pas pour autant l’être. Apprenons aux jeunes ce qui s’est passé pour qu’il n’y ait plus jamais d’autre Eichmann ».
IVO GOLDBERG – Député de la Knesset
Le Parti de Bourguiba….de la collaboration à l’exclusion…
L’ère « Bourguiba », n’en déplaise aux magnats de la communication, au pays du jasmin, n’était pas, reconnaissante, ni même valorisante, de ses particularismes identitaires judéo-arabes. Depuis la fondation de l’Etat, l’école et les médias, entretenaient, une amnésie générale sur les injustices et les préjugés, endurés par la minorité nationale juive, et aggravés, après Vichy, par une conjonction subtilement sournoise, de mesures et d’incidents l’astreignant à disparaître de sa terre natale. A l’école, le martyr du jeune tunisien « Maazouz », première victime tombée sous vichy, dont on ne peut évoquer le souvenir, sans profonde émotion, demeure inconnu… Curieusement, ce verrouillage des esprits, assiégeant d’un silence assourdissant des fragments capitaux de l’histoire tunisienne, semblerait être toléré par la classe bien-pensante. A Tunis, aucun débat public n’est à entrevoir, y compris au sein de la prestigieuse « Fondation Temimi », sur la passivité du « Néo Destour » face au crime absolu commis à l’endroit de citoyens tunisiens, à une époque où pas un seul jour ne fut un jour ordinaire ( 1 ), la complicité de Bourguiba avec l’ « Axe » du mal ( 2) et le grand mufti de Jérusalem ( 3 ), l’exclusion du fait culturel judéo-arabe de l’espace public, autant de questions demeurant tabous chez un peuple foncièrement tolérant , ouvert sur la modernité et digne d’une mémoire nationale rétablie dans ses droits sans exclusive ni mutilation…
L’histoire interdite, regorge d’exemples témoignant de la responsabilité du système, « néo-destour », dans le départ massif des juifs tunisiens de leur terre ancestrale. Par pragmatisme cauteleux, au début de sa carrière à la tête de l’Etat, Bourguiba pris vis- à- vis de cette communauté des mesures s’apparentant à de la bonne gouvernance ( 4). Quelques années plus tard, il sera procédé, sous l’impulsion du même « Moudjahid Al akbar » ( 5 ), au nom d’une union nationale pathétique, s’agissant d’un pays fraichement autonome, au nivellement de toutes les institutions, mettant en valeur, au sein de la société tunisienne, les spécificités mémorielles et identitaires juives ( 6).
Trois évènements marquèrent le destin de cette minorité nationale au sein de « sa » jeune Nation indépendante, à l’époque considérée, à savoir : Le discours d’Ahmed Mestiri, (7 ) la fatwa de Kemal Terzi ( 8 ), et certaines mesures économiques drastiques (9 )
1- Le discours d’Ahmed Mestiri, secrétaire d’Etat à la justice, prononcé le 17 juillet 1958, fixa pour la minorité juive les termes de sa loyauté, à l’égard de la patrie. Après lui avoir exposé le train de réformes prévues pour son « intégration » dans sa « communauté tunisienne, » qui, notons le, lui bouleversèrent sa cohésion et sa joie de vivre, le secrétaire d’Etat, jetant un pavé dans la mare, déclara que « s’il y a encore d’autres gens qui rêvent de la terre promise, qui vivent dans le pays mais tournent leurs regards vers Israël, qui font consciemment ou inconsciemment le jeu du sionisme.. Eh bien, nous disons aux uns et aux autres qu’il vaut mieux – pour eux comme pour la Tunisie – qu’ils partent, et nous ne les empêcherons pas de partir, à n’importe quelle destination (sic) ». Des départs massifs s’en suivirent…..
2- La fatwa de Kemal Terzi : Réunis au Pakistan en 1968, les « foukahas » de l’Oumma [les docteurs de la Chariaa] Kemal Terzi, entre autres, représentant la Tunisie, devaient répondre à la question de savoir si, au regard de la Chariâa islamique, les Musulmans pouvaient conclure la paix avec les Juifs ? La fatwa rendue par les « foukahas » fut, on ne peut plus claire, belliciste. La paix, permettrait aux juifs, selon les « foukahas », « d’exister en tant qu’Etat (sic)». Ils appelèrent les musulmans, formellement, à faire la guerre aux Juifs s’ils voulaient détruire l’Etat d’Israël. Cette fatwa, non abrogée par fatwa subséquente, selon les docteurs de la « Chariâa », du point de vue religieux, préserve sa valeur contraignante!
3- Les mesures économiques drastiques :
Dans une étude brochée intitulée « la fin du judaïsme en terre d’islam »,(10 ) Jacques Taïeb, nous propose un récit éloquent sur « l’échec de l’intégration des juifs de Tunisie » ( 11 ). Aux termes d’une présentation dépassionnée, Jacques Taïeb, livre à ses lecteurs en quoi le départ des juifs de Tunisie fut-il spécifique ? La « disparition programmée (sic) » de cette communauté séculaire aura été stimulée, provoquée, notamment, par des mesures et pratiques économiques et financières, drastiques. Le Néo-Destour « ne se préoccupa des Juifs qu’après cette date [1950] lorsque un certains nombre de notable Juifs liés économiquement et humainement à la bourgeoisie musulmane commencèrent à y adhérer (sic) ». L’adoption d’une politique collectiviste, dés 1960, et la nationalisation des terres agricoles, sur fond de crise franco-tunisienne, sonnèrent le glas pour « la masse des entrepreneurs Juifs ou non (sic)» qui choisirent, dans leur majorité, la cessation de leur activité, refusant « leur transformation en salariés.(sic) ». La guerre des six jours donna lieu au pillage des commerces juifs. Ce vandalisme aurait été organisé « par certaines sphères publiques désireuses de pousser les Juifs au départ…(sic) ». Pendant les années 1960, sous Bourguiba, les acteurs économiques des communautés Juives de Tunisie subirent « des discriminations en matière d’embauche et de délivrance de licence d’importation (sic) ». Par ailleurs certaines institutions de la république, si ce n’est les plus importantes, l’armée et la magistrature entre autres, furent carrément fermées aux citoyens tunisiens de confession israélite. Il fallait plier bagage, et « l’opinion tunisienne était satisfaite de voir partir des concurrents (sic) ».
Cependant si, depuis quelques années, le fait identitaire et mémoriel judéo tunisien, se fit entendre, dans « l’espace public », au sens cher à Jürgen Habermas, essentiellement à l’occasion de l’office religieux annuel de « la Ghriba », il est autant vrai, qu’amalgames dangereux et postulats négateurs, y trouvèrent aussi bonne presse. Certes, depuis quelques années, les initiatives, amorçant l’ouverture de la Tunisie sur sa dimension mémorielle judéo-arabe, se sont succédé. Cependant, celles-ci, Claude NATAF, l’avait à juste titre soulevé au sujet de l’Ecole Historique Tunisienne, demeurent « l’apanage d’un cénacle » (12 ). Due au « fait du prince » et destinée à endiguer le spectre de l’extrémisme, loin s’en faut, si louable soit-elle, cette ouverture est en passe de toucher à ses limites. Désormais une politique nationale d’éducation populaire, instituant l’apprentissage au devoir de mémoire est une urgence. Sans être exhaustive, cette modeste contribution, se propose d’apporter un constat d’évidence sur une apologie judéophobe, qui aura repris de plus belle en Tunisie, gagnant chaque jour du terrain dans les cercles rapprochés de la Cour, particulièrement, depuis la chute du dictateur Irakien et l’offensive israélienne, déplorable, contre Gaza.
Une évolution incontestable
Voulant inscrire sa politique vis-à-vis de la minorité juive, dans la rupture d’avec son prédécesseur, et la continuité avec la sagesse du regretté Régent Husseinite Sidi Moncef Bey, en 1992 le Président Zine El Abdine Ben Ali a déclaré que « les Juifs tunisiens sont des citoyens à part entière et ceux qui sont partis peuvent revenir dans leur pays librement pour s’y installer ou pour y passer des vacances (sic) ». Certains observateurs, trouvèrent dans ce message une quête cynique de capitaux ! soit dit en passant, que la constitution et le pacte national (13 ) définissent l’identité par rapport à une langue, l’arabe, et une religion, l’islam,…à titre exclusif.
Quoi qu’il en soit, les lieux de cultes et cimetières israélites ont fait l’objet d’une attention urbanistique soutenue de la part des pouvoirs publics. L’hébreu, tant ancien que moderne, est désormais enseigné dans deux chaires universitaires. Et pour la première fois depuis le discours d’Ahmed Mestiri ( 14 ) la communauté juive de Tunisie confie sa direction à un comité souverainement élu en 1999. Sur le plan de la coopération économique certaines sources affirment que depuis l’année 2000 les échanges commerciaux tuniso-israélien ne se sont jamais arrêtés. Un vol direct reliant Djerba à Tel Aviv a été inauguré. Et l’homme d’affaire Roger Bismuth a fait son entrée à la chambre des conseillers. En 2005 le Président Ben Ali, qui jeta, en 1995 les bases, d’une réelle coopération tuniso-israélienne, convia le premier ministre Ariel Sharon, qui s’est fait représenté par Silvan Shalom, son ministre des affaires étrangères, au sommet mondial, tenu à Tunis, sur « la société de l’information ».
Autre fait marquant cette évolution : la participation de plus en plus affirmée d’officiels tunisiens aux manifestations organisées autour du « devoir de mémoire » ( 15 ) corroborée récemment à Tunis par la tenue d’un colloque sous l’égide de l’UNESCO ( 16 ) sur la thématique de la « Shoah ».
La caste réfractaire !
Voici un système ne manquant aucune tribune internationale pour s’enorgueillir d’avoir à son actif, la célèbre Déclaration pour la Tolérance et le Dialogue des Civilisations (17), soulignant sa détermination ; et c’est là que le bat blesse ; à prêter main-forte à la lutte contre l’extrémisme..; laissant, en même temps, une caste parmi ses inconditionnels ; au discours anachronique et maximaliste, prédisposer, impunément, la jeunesse du pays, à l’intolérance.
Il faut savoir que la rhétorique de la haine boit à des sources aussi diverses que variées. C’est un bric-à-brac idéologique, se proliférant dans les sociétés malades, à dénicher dans la littérature « du trottoir » et la presse « jaune ». Aussi dans la passivité des institutions sensées être un rempart contre les violences, face aux phobies véhiculées sous la bannière des causes justes et la liberté d’esprit.
Nationalisme ; panarabisme ; Anti-américanisme :
La haine d’Israël et l’antiaméricanisme seraient selon Borhane Besaies la voix du salut du peuple Irakien et l’« Oumma » Arabe. Le secret de leur vaillante résistance face aux « yankees (sic) », les Irakiens le puisèrent, précise-t-il, dans une culture de résistance vigoureusement raffermie, au cours des guerres de libération arabes, par « la haine d’Israël et des politiques américaines (re-sic) » ( 18 ). Trait marquant des journaux tunisiens en langue arabe, le radicalisme, Borhane Bsaïes, membre de l’Observatoire national des élections, du Conseil supérieur de la Communication et du Comité supérieur des droits de l’homme, en est un chantre confirmé.
L’actuel diplomate de Carthage à l’UNESCO, Mezri Hadded, qui, stigmatisant la solidarité internationale qu’avait suscitée la grève de la faim du journaliste tunisien Tawfik Ben Brik en 2001, s’est permis de déclarer ,(19 ) que cette solidarité « n’était somme toute qu’un complot de la juiverie et de la franc-maçonnerie (sic) ». Derechef, quelques jours après l’exécution du dictateur Saddam Hussein, il fera paraître un billet intitulé « ainsi finissent les grands » ( 20 ) .La grandeur ici, reviendrait, bien entendu, à un criminel, qui s’est rendu, durant son règne, coupable de tueries massives à l’encontre de sa propre population civile. Ce « Grand » dictateur, appartient, par ailleurs, à la lignée des chefs de guerre, de l’ère post- hitlérienne, ayant projeté et tenté, la destruction d’Israël. Dans sa diatribe, son vibrant hommage à la mémoire d’un tueur, où le pathétique le disputait à l’irrationnel, Hadded, ce docteur en philosophie, enseignant la morale, dans l’une de nos universités parisiennes, versa dans les raccourcis populistes du Baath et d’Al Qaïda : Israël serait, d’après, ses cogitations, la cause du malheur Irakien ! puisqu’ « il était inconcevable …chez bush le petit et bush le grand …les inconditionnels défenseurs de l’olympique d’Israël, que cette puissance régionale arabe, puisse continuer à se développer (sic). »……
Les tirs de missiles aveugles sur les civils, n’entamèrent en rien l’admiration extatique de Mezri Hadded pour Saddam Hussein ! Fallait-il laisser Saddam Hussein achever son entreprise…?! Dans son brûlot intitulé « ainsi finissent les grands » paru, rappelons-le, dans l’hebdomadaire « Réalités », Hadded fidèle à ses convictions, s’est fait l’écho du mythe de la conspiration américano-sioniste, bravant son rêve de progrès ! et de liberté !, à la Nation Arabe, au profit de « l’Olympique d’Israël (re-sic)».
Quelques années plus tard, en prévision de ses missions futures ; craignant voir « sa carrière » « Hosnisée » ( 21 ), Hadded, investit la toile et certains titres de la presse française, par des contributions, « humano-pacifistes », dont il ne reproduisit ni le contenu ni l’esprit dans ses écrits publiés, à la même période, dans la presse tunisienne. Ce serait prêcher un convaincu que de parler à une opinion occidentale…démocratique et libérale (au sens philosophique du terme) des bienfaits universels de la Paix et du droit légitime des deux peuples Israélien et Palestinien à une coexistence pacifiée. Il est par contre inquiétant, que le langage journalistique autorisé en Tunisie, pour traiter du conflit israélo-palestinien soit, le plus souvent, haineux et belliqueux.
Peut-on, à la fois, prêcher la paix, condamner régulièrement, en dehors de ses frontières nationales, l’extrémisme iranien, afficher de pertinentes distances par rapport à ce régime théocratique, tout en se gardant d’en dénoncer le prosélytisme ravageur dans son propre pays (22) ? Quelle était l’attitude de Hadded et la classe bien-pensante, sinon le grand silence, par rapport à la coopération culturelle Tuniso-Iranienne …coopére-t-on culturellement, sans renier ses valeurs, avec un régime rétrograde, faisant de l’apologie du négationnisme le substratum de son idéologie et de la destruction d’Israël son projet ? il y’aurait trop de naïveté à croire que l’on puisse bâtir à l’UNESCO une culture de la paix avec des acteurs de l’acabit de Hadded, aux velléités si ambivalentes, voir énigmatiques, partant en guerre contre les mouvements islamiques modérés, les accusant d’alliance objective ! avec « Al Qaïda », une accusation contre laquelle, même le parti turc de la justice et du développement, (AKP) de Recep Tayyip Erdogan ne saurait, selon ses dires, plaider innocent! laissant-faire en Tunisie ; l’apologie chiite du martyre ; glorifiant la guerre sainte contre l’occident mécréant….
Antisionisme, antisémitisme :
Au Parti Social Libéral (P.S.L), Mondher Thabet, à peine fut-il désigné secrétaire général, qu’il inscrivit sur la page d’accueil du site du P.S.L…son slogan fétiche à savoir : « Le sionisme et le nazisme sont les deux faces de la même médaille ».Dans les milieux bien-pensants, là aussi, aucune voix ne s’est levée, ne serait-ce que par souci d’hygiène intellectuelle, pour condamner cet analogisme, dangereusement, faux, assimilant l’idée rédemptrice du peuple Juif, le projet nationale cristallisant son histoire, au crime absolu, le Nazisme. Il va sans dire que l’un des traits génériques de la propagande antijuive contemporaine est d’établir un parallèle entre sionisme et nazisme.
Soit dit au passage que le sionisme fut une idéologie politique de résistance, de survie, pour un peuple menacé dans son existence. Le Nazisme incarnait, quant à lui, une entreprise criminelle se fixant pour idéal l’extermination de l’être juif. Par ailleurs, le sionisme, en tant qu’idéologie, fut traversé par toutes les tendances idéelles de son siècle et ne s’est jamais défini comme une théologie sacrée ni une vérité absolue imperméable à la critique scientifique. Il fut critiqué, combattu, réformé et dépassé au sein même d’Eretz Israël. Ce qui est le propre d’une société démocratique. Devrions-nous rappeler que par-delà son caractère irresponsable et profanateur, cette analogie est une insulte au courage d’une frange de la société israélienne, des citoyens pro-palestiniens… justes et légalistes, des objecteurs de consciences, des militants pacifistes, des démocrates, acteurs de la société civile, des intellectuels, des femmes et hommes politiques, ces bâtisseurs déterminés à rendre possible la conclusion d’une paix juste et durable entre les deux peuples palestiniens et israélien.
Célébrée, par la minorité arabe, comme « Nakba », au sein même d’Eretz israël, la genèse de l’état hébreu, eut lieu sous l’empire de deux instruments qu’il faut non seulement connaître mais aussi, et surtout, bien comprendre. J’entends par là, la décision onusienne du 29 novembre 1947 et la déclaration d’indépendance définissant Israël comme Etat juif et Démocratique.
Plus récemment, Le secrétaire Général du Parti Social Libéral (P.S.L), s’est dit solidaire de l’Egyptienne Soukeina Fouad, présentée par les connaisseurs de son parcours comme une négationniste, dans son épreuve face à « la police de la pensée au sein de l’internationale libérale (sic ) ». M.Thabet dénoncera sur les colonnes du quotidien « Achourouk » l’aliénation de la liberté académique en occident, par l’obligation de ne pas remettre en question l’Holocauste (23).Voici une rhétorique libertaire, transfigurant en lumières, pour l’intérêt de la science ! le nihilisme morbide des Faurisson, Garaudy et consorts, …..Ex falso sequitur quodlibet « Du faux, découle ce que l’on veut »…
Quelques soit le contenu et le jugement politique que l’on puisse imputer au sionisme, ensemble, notre attachement à la légalité internationale et l’épreuve de la Shoah, rendraient inacceptable ; condamnable, dans un pays se proposant comme modèle de tolérance, qu’un songe creux politique, puisse faire impunément l’apologie du négationnisme. Ces égarements ignobles sont une prime à l’actif des thèses exaltant le fanatisme.
A travers ces assertions M.Thabet s’approprie des airs fondamentalistes ayant de toute époque justifié et propagé la culture de l’intention homicide contre le peuple d’Israël. Sans doute est-ce là l’expression d’un mal endémique à une génération tunisienne…
L’offensive militaire Israélienne contre Gaza, dont on ne peut que condamner la tournure saignante, lourdement couteuse en vies humaines, dans laquelle le mouvement « Hamas », lui aussi, avait une part de responsabilité, donnera à Mondher Thabet une occasion pour profaner, son unicité et sa singularité à la Shoah, Nazifiant Israël en filigrane, en qualifiant l’offensive considérée d’ « Holocauste » ( 24 ). S’en offusquer ? oui, répond Mohamed Barakeh, député arabe israélien du parti Hadash, invité cette année 2010 à participer à « la marche des vivants » à Auschwitz, pour qui « absolument rien ne peut être comparé à la Shoah (sic) »….
Tristement stupides, les déclarations de Mondher Thabet, sont cousines germaines de celles tenues aux tribunes « scientifiques » de la honte, à Téhéran, chez les groupuscules d’extrême droite, bien actifs dans certaines vieilles démocraties, et dans les fiefs souterrains de l’islamisme radical, l’allié objectif des dictatures arabes actuelles. Ce narrativisme, participant d’une logique intéressée par l’éternisassions du conflit, donnerait, par ricochet, leur raison d’être, aux tendances extrêmes, professant, dans la société israélienne, le déni des droits légitimes du peuple Palestinien.
Benoitement, inaugurant une nouvelle fédération (25) du P.S.L. à Djerba, M. Thabet s’est fait inviter à l’école talmudique. Signalée sur facebook, sans plus de détail, cette information, non relayée par la presse tunisienne, n’a pas fait, de surcroit, l’objet d’explications permettant d’y voir, non pas un misérable volte-face politicard, mais, un revirement sincère et sérieux, en prélude à un examen de conscience, par lequel M. Thabet reconnaitrait, publiquement, que son slogan fétiche assimilant le sionisme au nazisme fut une déviance intellectuelle, qu’ en qualifiant d’Holocauste l’offensive militaire contre Gaza, il avait menti, et qu’en prenant fait et cause, au nom de la liberté d’esprit, pour le négationnisme il aura failli à son devoir d’exemplarité…éthique
Appel à la destruction d’Israël
Nationaliste, Nassérien, Ahmed Innoubli, est secrétaire général du Parti de l’Union Démocratique Unioniste (U.D.U)…Il fut surtout candidat, faire-valoir, aux élections présidentielles organisées en Tunisie le 25 octobre 2009. Cet inconditionnel du Parti–Etat, le Rassemblement Constitutionnel Démocratique (R-C-D), ne lésinant pas sur les mots, précisera, dans une déclaration, retraçant l’essentiel de son « programme », s’il est élu à la magistrature suprême, sa conception du conflit Israélo-Palestinien. Ce conflit, précise-t-il, dans sa déclaration-programme de compagne, et son communiqué à l’occasion de l’anniversaire de la promesse de Lord Balfour, n’est pas une question de « Houdoud » [ frontières], mais de « woujoud » [ existence]. La résolution de ce conflit passera ainsi inéluctablement, selon Ahmed Innoubli, par la disparition d’Israël…
La Presse :
Domestiquée et de surcroit démunie en plumes libres, la presse tunisienne est, exceptés quelques rares titres, copieusement garnie en assertions tendancieuses couvrant mal leur nature haineuse.
On y trouve le ministre israélien des affaires étrangères, Liberman stigmatisé sur son nom qui, selon un journaliste du quotidien « Le Temps », « raisonne juste comme Doberman (sic))» ; ( 26 ) le chef du Parti « Kadima », Tzipi Livni décrite comme « une naine, comparée à Bourguiba » ( 27 ) .Les juifs tunisiens, sauf quelques uns, « se seraient rangés dans le camp des traîtres à la cause nationale de l’indépendance (sic) » (28). Et le culte de satan aurait été inventé et propagé, à en croire l’hebdomadaire « Réalités », par un juif (29). Le fantasme de la conspiration juive, s’y trouve également exalté et savamment diffusé ; tant pour évoquer l’ascension de Nicolas Sarkozy à la magistrature suprême,( 30 ) que pour défendre l’humoriste Dieudonné sous l’intitulé « nous sommes tous Dieudonné » ! ( 31 ) Et la shoah, serait devenue, d’après Mounir Charfi, aimant la surnommer sarcastiquement « Chouha ! », ( 32), source d’exaspération, en raison de son récit exagéré, du matraquage médiatique excessif dont elle est l’objet notamment sur la chaine « ARTE » ; et l’omnipotence d’un « lobby sioniste (sic)»refusant qu’elle soit approchée selon une perception, non conforme à la sienne. Le quotidien « Achourouk », consacra la une de sa livraison du 28 janvier 2009, à Cohen Stenly, qu’il avait interviwé au Liban en marge du congrès de la « Moukawama » [résistance] organisé par le Hizbollah. A la une Cohen Stenly eut droit à une relation intégrale de ces mots cultes, à savoir « Israël est un Etat criminel et illégitime (sic) » ; « ce que subissent les palestiniens est pire que la Shoah (re-sic)».
L’art et la culture :
Une scène inouïe eut lieu à la Faculté des Lettres de la Manouba, le 10 mars 2006, où un hommage devait être rendu à l’une de ses imminences scientifique, le fils du pays, Paul Sebag. En présence de sa fille, et quelques uns de ses amis juifs tunisiens, l’on devait célébrer l’inauguration du Fonds Paul-Sebag se constituant de la Bibliothèque que le regretté voulait, de son vivant, offrir en donation à l’université de la Manouba.
L’orchestration d’un déchainement antisémite d’étudiants tunisiens scandant à l’adresse des participants des slogans les désignant comme « sionistes, amis des juifs »…n’était pas sans choquer les organisateurs. Jamais pris au sérieux par le ministère de l’enseignement supérieur, cet incident à de quoi inquiéter. Il dévoile, surtout, l’élite d’une société, souvent érigée en modèle de modernité, gagnée par l’extrémisme, qui n’est pas que religieux.
Le Fonds Kemal Terzi ( 33 ), un concentré de salafisme wahhabite, remis en donation par sa fille, ( 34 ) à la Faculté Théologique Ezzeitouna, recevra la bienveillance et les honneurs de l’Etat. Puisque le ministre de l’enseignement supérieur, Lazhar Bououni, en personne, y avait pris part, rendant hommage au nom de l’Etat à un érudit salafiste.
Autre terrain d’inquiétudes tunisiennes, la glorification des discours extrêmes décrétant le boycott de toute expression culturelle ou scientifique associant sinon impliquant des acteurs juifs ou, israéliens.
La manifestation culturelle entreprise autour de l’œuvre artistique « colombe de la paix » de Picasso (35) est un exemple édifiant. Elle s’est fait attirer des critiques acerbes l’interprétant comme une forme de collision avec l’ « ennemi sioniste (sic)». Le salon du livre organisé à Paris le 8 mars 2008, inauguré par le président israélien Shimon Peres, sera boycotté par plusieurs régimes arabes et musulmans. La Tunisie, bien qu’entretenant des relations, économiques, de haut rang avec l’Etat Hébreu, s’est arrimée à cette option de rupture. Césarisé, le film « un secret » de Claude Miller, évoquant la vie d’une famille juive, dans la France occupée, s’est heurté, au 15eme festival annuel du film européen, à une fin de non recevoir de la part d’un public, le jugeant malvenu, au moment où Gaza était assiégée par l’armée israélienne. Cherchez le rapport ! La Presse de langue arabe, destinée au public « nationale », ne manquera pas l’occasion pour exploiter l’incident, à mauvaise escient, en versant de l’huile sur le feu…. N’échappera pas à la règle, le congrès internationale des géographes, tenu à Tunis, au cours du mois d’août de l’année 2008, auquel avaient pris part des participants venants d’Israël et de Palestine. Certains y trouvèrent un « pas en avant sur la voie de la normalisation avec l’ennemi sioniste (sic) ».
Pourrait-on ne pas voir dans cette effervescence nihiliste si profondément instillée dans l’espace public, en Tunisie, le syndrome d’une société malade de ses élites?
Le Projet « Aladin »
La participation et l’appui magistral apporté par la Présidence de la République au projet « Aladin » m’inspire un sentiment mitigé.
Je m’en réjouis dans la mesure où cette participation, qui par ailleurs n’a reçu aucune couverture médiatique en Tunisie, surgit dans le paysage culturel bourguibien comme une dynamique ruptrice d’avec l’archaïsme d’une époque. En principe, à l’UNESCO, la Tunisie votera pour l’adoption du projet de résolution présenté par la France sur l’enseignement de l’Holocauste. C’est là une avancée historique que la classe bien pensante se devrait de soutenir et d’appuyer. A l’UNESCO sera mis en œuvre un indicateur de performance permettant d’évaluer « les bonnes pratiques », dans les pays arabes enseignant l’histoire de l’Holocauste.
La participation tunisienne m’a laissé, par ailleurs, le regret de voir, parmi la délégation officielle, un certain Mohamed Mzali, l’ex successeur promis de Bourguiba. Figure de proue d’un panarabisme chauvin, ne cachant point ses affinités amicales pour Roger Garaudy ( 36), et durant de longues années aux affaires, aux postes les plus sensibles de l’Etat ( 37), il avait l’art de colmater froidement et sans tapage, la dimension culturelle mosaïque de la Tunisie. C’est lui qui ne trouva pas meilleur qualificatif stigmatisant Saïda Sassi, sa rivale d’une époque, que celui la décrivant comme « Dame de sion (sic) » (38). Il faut voir le bilan scandaleux de ce personnage atypique qui, jamais au cours de ses mandats à répétition à la tête du ministère de l’éducation n’a laissé fleurir une seule phrase en hommage à la mémoire des minorités juive et berbère. Comment ne pas se sentir choqué en percevant Mohamed Mzali, sans avoir procédé publiquement à sa « mea culpa », prêcher à la fondation pour la Shoah, devant Madame Simone Veil, l’intérêt que présenterait pour les générations futures l’enseignement de l’Holocauste…
Evidemment, Mohamed Mzali, n’est pas interdit de croire aux bonnes causes, aux causes justes dont celle du « devoir de mémoire » vis-à-vis des six millions d’âmes péris, parce qu’ils étaient juifs. Toutefois, sans explications de sa part, sur le silence qu’il avait institutionnalisé autour de cette page de l’Histoire Universelle, au moment où il était « le » décideur de Tunis, son prêche à la fondation de la Shoah, confronté à son passé, est malheureusement, de notre point de vue, sujet à caution… Peut-on s’improviser, partisan d’une approche démocratique et humaniste de l’Histoire universelle, épris des valeurs citoyennes et morales de notre temps, en s’accommodant au verrouillage de sa propre histoire nationale, et se refusant de confronter le fléau négationniste ?
Par l’adoption, en 1857, du Pacte Fondamental (Ahd el Aman) ( 39 ) consacrant l’égalité de tous les tunisiens devant la loi, nonobstant leur appartenance confessionnelles ( 40 ), la promulgation de la Constitution de 1861 ( 41 ) jetant les bases de l’Etat de droit, et sa contribution à l’émancipation de la femme à travers l’œuvre de Tahar Hadded ( 42) et la mise en place du code du statut personnel ( 43 ), la Tunisie, a pu faire, par le passé, figure de nation moderne. Je crois que dans la lutte contre l’antisémitisme et le négationnisme elle est désormais appelée, à reprendre son rôle réformateur précurseur, à persévérer sur le chemin de ses avancées libérales, retrouvant pleinement et magistralement son rôle d’éclaireuse, pour le reste du monde arabo-musulman.
On ne peut que déplorer la passivité de la justice face à une presse et des personnages appartenant à la sphère publique, instrumentalisant impunément la haine, à des fins politiciennes, laissant, cyniquement, sur l’autel de leur déviance intellectuelle, une jeunesse, marginalisée , suffisamment stimulée, pour sombrer dans le pire…. Il est inadmissible que le négationnisme et l’antisémitisme aient droit de cité en Tunisie. Le principe de légalité selon lequel il n’y a pas d’infraction sans texte et celui de l’interprétation stricte des lois pénales, rendraient irrecevable, dans l’état actuel du droit tunisien, toute éventuelle action ayant pour objet des propos ou actes négationnistes et antisémites. La loi étant tributaire de la volonté de légiférer ; j’en appelle au Président de la République, Zine El Abidine Ben Ali, aux fins d’éradiquer le mal à la racine, d’ordonner la mise place d’une commission scientifique chargée d’enquêter sur les manifestations actuelles de l’antisémitisme et du négationnisme en Tunisie. La synthèse des travaux de ladite commission, que j’appelle de tous mes vœux, servirait de support pertinent, pouvant aider à l’élaboration d’un projet de loi consacrant formellement, dans le code pénal et le code de la presse, la pénalisation du négationnisme et de l’antisémitisme. …
Paris le 06 février 2010
*Président, fondateur de l’Association « Méditerranée Mémoires et Réconciliation »
[1 ] : Le Néo-Destour , parti parfaitement structuré pendant les années 1940, avait délibérément choisi le camp de l’Axe. Voir notre contribution intitulée « De la Tolérance d’Etat en Tunisie » publiée sur notre page facebook. Lien :http://www.facebook.com/#!/notes.php?id=100000475205283&start=10&hash=6d12f4c419ff024038292749ba9a98be
[2 ] Ibid
[3 ] Dans sa lettre au Grand mufti de Jérusalem du 29 février 1943, Bourguiba , chef du Néo-Destour souligne son engagement irréversible à côté de l’Allemagne Nazie pourvue que cela puisse l’aider à soustraire la Tunisie du protectorat français.
[4 ] En 1956 , André Baruch est nommé ministre et Albert Bessis intègre l’assemblée Nationale, remplacé, , aussitôt , par Ahmed Ben Salah pour insuffisante maîtrise de la langue arabe !. Dans la suite de la promulgation, du code du statut personnel, sont nommés onze magistrats juifs.
[5 ] C’est le surnom accordé à Bourguiba et signifiant : le plus grand Djihadiste !
[6 ] Suppression du Tribunal rabbinique, dissolution du conseil élu de la communauté, le quartier juif de la Hara où se trouvait l’ancienne grande synagogue est rasé ainsi qu’un cimetière israélite de Tunis dans lequel se trouvaient des tombes de rabbins.
[7 ] Ahmed Mestiri s’est vu confier le secrétaire d’état chargé de la justice en 1956. En 1978 il fonde l’actuel Mouvement des Démocrates Socialistes. En 1989 il se retire de la scène politique.
[8 ] Mustapha Kemal Terzi : Professeur de théologie, salafiste. Il a représenté la Tunisie, pendant de longues années, au Congrès Islamique Mondial.
[9 ] Voir la contribution de Jacques Taïeb dans l’étude brochée intitulée « la fin du judaïsme en terre d’islam » sous la direction deShmuel Trigano.
[10] Ibid
[11] Ibid
[12] Interview accordée par Claude Nataf, Président de la Société d’Histoire des Juifs de Tunisie, à « Réalité Magazine », du 6 septembre 2007. Parlant de l’apport de l’école historique tunisienne il à précisé « nous constatons la vitalité de l’Ecole Historique Tunisienne et son implication dans la recherche sur les minorités. Mais il est vrai que ce n’est pas suffisant, car cette histoire, qui s’écrit, reste encore l’apanage d’un cénacle. Ce que je regrette, c’est qu’indépendamment de ces travaux universitaires, la mémoire juive ne soit pas rappelée dans la ville. Il serait souhaitable, il serait beau, que des plaques rappellent aux passants tel ou tel lieu de la mémoire juive de Tunisie. »
[13] L’article (1) de la constitution tunisienne dispose notamment que : « La Tunisie est un Etat libre, indépendant, et souverain, sa religion est l’islam, sa langue l’arabe…………. »
Le Pacte National défini l’identité nationale comme suit : L’identité de notre peuple est une identité arabo-islamique.
[14] Le discours de A.Mestiri du 17 juillet 1958
[15] A titre indicatif nous citons la participation d’officiels tunisiens à Paris le 10 décembre 2006, à la cérémonie commémorative de la rafle des juifs de Tunisie et la souscription de la Tunisie au programme « Aladin » en mars 2009.
[16] La publication d’information en ligne : Tunisnews duN° 3541 du 01.02.2010
archives : www.tunisnews.net
[17] La Charte de Carthage sur la Tolérance, adoptée le 22 avril 1995 à « Beit El Hikma ».
[18] article de Borhane Besaïes, du 4 avril 2003, publié sur les colonnes du journal en ligne « Arab News ».
[19] Le Mensuel « l’Audace », Avril 2001.
[20] Article paru dans la livraison du magazine hebdomadaire « Réalités » du 11 janvier 2007
[21] Néologisme faisant allusion à Farouk Hosni
[22] Depuis l’ascension d’Ahmadi Nejad, l’Iran est revenu au choix de l’exportation de sa révolution. Cette diffusion s’opère sous Ahmadi Nejad, par la propagation du chiisme. Le Maghreb de tradition « Sunnite », est actuellement, excepté le Maroc, une terre conquise par le prosélytisme des missionnaires des mollahs, menaçant sérieusement sa stabilité.
[23] Le quotidien de langue arabe « Achourouk » du 14 novembre 2009. Un rapport publié par le wall street journal la veille du 56 eme congrès de l’Internationale Libérale en Egypte ,(octobre 2009) épingle Soukeina Fouad et la dénonce en tant qu’antisémite et négationniste notoire. En fait il suffit de visiter ses écrits pour se rendre compte que cette personne est effectivement antisémite. Dans un papier publier le 11 mai 2009 au journal « alwafd » elle écrit, à propos des israéliens, à l’occasion d’une visite que le premier ministre israélien devait effectuer en egypte « puisse dieu protéger le peuple égyptien des crimes des porcs et leurs peste (sic) »
[24] Communiqué du PSL du 28 décembre 2008
[25] Information publiée sur « facebook » .Il faut savoir que le site du PSL n’était plus accessible depuis décembre 2009. La visite eut lieu le 17 janvier 2010.
[26] Le journal « leTemps » du 02 Avril 2009 – voir l’article intitulé « Délire Biblique ».
[27] Le journal « Assabah » du 03 Janvier 2009
[28] Le journal « Asabah » du 28 février 2008 – rapportant les propos de Nabil Khouldoune Grissa, Directeur de l’Institut Supérieur de l’Histoire du Mouvement Nationale
[29] Le Magazine « Réalités » (partie en langue arabe) du 05 juillet 2007, article écrit par Tahar Sassi
[30] Le journal « Assabah » du 19 mai 2007, « la politique étrangère de la France » de Kamel Ben Younes
[31] Le Magazine « Réalités » du 20 octobre 2007, « nous sommes tous des dieudonné » par Foued Zaouech
[32] Le journal « Assabah » du 27 janvier 2010. « Chouha » en tunisien c’est le scandale – généralement- injustifié.
[33]voir supra la note n°[8]
[34] Salwa Terzi Ben Attia, fille de Kemal Terzi, est secrétaire d’Etat aux personnes âgées et membre du comité central du Rassemblement Constitutionnel Démocratique.
[35] Voir l’article de Habib Khazdaghli, paru dans « le Temps » du 17 août 2007 sous le titre « Colombe de la paix de Picasso, rameau d’olivier d’Arafat, œillets de Lisbonne et jasmin d’Hammamet »
[36] Connu pour son amitié avec Roger Garaudy il l’associa à la signature de pétition condamnant l’absence des libertés en Tunisie.
[37] se reporter sur cette question à l’ouvrage de poche intitulé « lettre ouverte à Habib Bourguiba »
[38] Ibid
[39] Ahd El Aman : Ce Pacte Libéral est le produit de la dynamique réformiste portée par les hommes des lumières tunisiennes, tels que Mohamed Bayram, Ibn Abi Dhiaf etc…avec ce Pacte la religion cessera d’être un élément discriminatoire
[40] Ibid
[41] C’est depuis la Constitution de 1861 que le projet d’un Etat tunisien de Droit est en gestation. Il s’agit de la première constitution moderne dans le monde Arabe.
[42] Tahar Haddad (1899- 1935), très en avance sur son époque, originaire d’El Hamma, à Gabes, il était le pionnier de la lutte pour l’émancipation de la femme tunisienne. Auteur du célèbre « Notre Femme dans la charia et la société », un plaidoyer exceptionnel pour l’égalité des chances entre les femmes et les hommes.
[43] Le code du statut personnel tunisien, [au lieu d’instituer un statut civil pour la famille tunisienne,] va établir un régime, quoi que jetant les fondations d’une égalité entre les femmes et les hommes, inspirer de la « chariaa ». C’est le défaut capital de ce code, de notre point de vue, puisqu’il conduit à soumettre les familles juives tunisiennes, ou chrétiennes, à une loi d’inspiration islamique. D’autres familles juives, naturalisées françaises, seront soumises au code civil français. La suppression des tribunaux rabbiniques était une grave erreur.
Klarsfeld clôt à Bagdad des conférences dans le monde arabe sur la Shoah
Bahreïn: HRW appelle à la fin des « tortures de détenus de sécurité »
AFP, le 8 février 2010 à 09h34
DUBAI, 8 fév 2010 (AFP) – Human Rights Watch (HRW) a appelé les autorités de Bahreïn à en finir avec « la torture de détenus de sécurité » pendant les interrogatoires, dans un rapport reçu lundi par l’AFP.
Dans ce document basé notamment sur des témoignages d’ex-détenus, l’organisation de défense des droits de l’Homme basée à New York note que les services de sécurité de Bahreïn ont renoué avec cette pratique depuis 2007.
« Le retour à la torture est particulièrement préoccupant surtout que Bahreïn a montré il y a une décennie une volonté politique d’en finir avec cette pratique », a souligné Jo Stork, adjoint du directeur de HRW pour le Moyen-Orient dans ce document.
« Le gouvernement doit enquêter sur les allégations portant sur les tortures et poursuivre leurs auteurs », a ajouté M. Stork en demandant de « suspendre immédiatement tout responsable de sécurité » qui aurait ordonné, pratiqué ou approuvé des actes de torture.
Selon le rapport, les actes de torture courants consistent à administrer des chocs électriques, à maintenir les détenus dans des positions douloureuses ou à les frapper.
Bahreïn est un petit royaume du Golfe à majorité chiite, dirigé par une dynastie sunnite. Après des troubles politiques, le pays est revenu en 2002 à la vie parlementaire suspendue depuis 1975.
Il abrite la Ve flotte américaine et s’était doté en 2006 d’une loi pour lutter contre le terrorisme qui a fait l’objet de sévères critiques de la part des groupes de défense des droits de l’Homme.
Dix journalistes arrêtés ces derniers jours en Iran – opposition
Reuters, le 8 février 2010 à 12h29
TEHERAN, 8 février (Reuters) – Dix journalistes ont été interpellés ce week-end en Iran, à quelques jours de la commémoration sous tension du 31e anniversaire de la Révolution islamique, rapportent lundi les sites de l’opposition.
Kaleme, le site internet du chef de file de l’opposition Mirhossein Moussavi, a déclaré que neuf journalistes et photographes avaient été arrêtés ces deux derniers jours.
Parmi eux figure Akbar Montajabi, rédacteur en chef adjoint du magazine « Iran Dokht », proche du candidat réformateur à l’élection présidentielle du 12 juin dernier Mehdi Karoubi.
Le site ajoute qu’au total, 55 journalistes au moins sont en détention dans le pays.
Parleman News, site de la minorité parlementaire réformatrice, a déclaré pour sa part qu’une journaliste avait été interpellée dimanche.
Son nom ne figure pas parmi les noms cités par Kaleme.
Les femmes au pouvoir dans le monde
AFP, le 8 février 2010 à 13h30
PARIS, 8 fév 2010 (AFP) – Laura Chinchilla, donnée gagnante de l’élection présidentielle au Costa Rica de dimanche, est la première femme à accéder à la présidence du Costa Rica.
Voici la liste des femmes actuellement au pouvoir dans le monde:
Chefs d’Etat élues:
– ARGENTINE: Cristina Kirchner, élue en octobre 2007. Isabel Peron qui l’avait précédée à la tête de l’Etat argentin (1974-1976), était la première femme à accéder à la magistrature suprême en Amérique latine.
– CHILI: Michelle Bachelet, élue en janvier 2006, actuellement en fin de mandat.
– INDE: Pratibha Patil, élue en juillet 2007, première femme à accéder à cette fonction dans le pays.
– PHILIPPINES: la vice-présidente Gloria Arroyo est nommée en janvier 2001 chef de l’Etat pour remplacer Joseph Estrada, destitué pour corruption. Elle est ensuite élue en 2004.
– FINLANDE: première femme à accéder à la magistrature suprême en 2000, Tarja Halonen est réélue en janvier 2006.
– IRLANDE: Mary McAleese, élue en 1997, a succédé à Mary Robinson, première femme à ce poste dans ce pays. Elle a été réélue en octobre 2004.
– LITUANIE: Dalia Grybauskaite, commissaire européenne, élue le 18 mai 2009.
– SUISSE: Doris Leuthard, élue par le Parlement présidente de la Confédération helvétique pour l’année 2010, est la troisième femme à occuper cette fonction depuis 1848.
– LIBERIA: Ellen Johnson Sirleaf est devenue la première femme élue à la tête d’un pays africain en novembre 2005.
Chefs de gouvernement:
– ALLEMAGNE: Angela Merkel, élue chancelière en novembre 2005, est la première femme à accéder à cette fonction dans l’histoire du pays.
– ISLANDE: Johanna Sigurdardottir est devenue en février 2009 la première femme Premier ministre d’Islande.
– CROATIE: Jadranka Kosor est nommée Premier ministre en juillet 2009, une première dans ce pays.
– BANGLADESH: Cheikh Hasina Wajed, investie Premier ministre en janvier 2009, avait déjà occupé ces fonctions de 1996 à 2001.
– UKRAINE: Ioulia Timochenko, Premier ministre de janvier à septembre 2005, puis de nouveau depuis décembre 2007. A l’élection présidentielle de dimanche et selon des résultats provisoires, elle aurait été battue face à son rival Viktor Ianoukovitch.
Inscriptions racistes sur une mosquée du centre de la France
AFP, le 8 février 2010 à 14h09
LYON (France), 8 fév 2010 (AFP) – Des inscriptions racistes et des croix gammées ont été découvertes lundi sur des murs de la grande mosquée de Saint-Etienne, dans le centre de la France, qui est en cours de construction, a-t-on appris auprès de son recteur et de source préfectorale.
Peintes à la bombe, les inscriptions injurieuses comme « La France aux Français », « Pas d’arabes ici » ou encore « Heil Hitler », ainsi que des croix gammées ont été découvertes à 06H00 (05H00 GMT) par des fidèles, a indiqué à l’AFP le directeur de cabinet du préfet, Sébastien Lime.
Une enquête de police a été ouverte, a-t-il dit. Le futur président-recteur de la grande mosquée, Larbi Marchiche, a indiqué qu’il porterait plainte lundi « après-midi ». Le préfet s’est rendu sur place.
Le Conseil régional du culte musulman (CRCM), organe représentatif des musulmans en France, a condamné « avec la plus grande fermeté cet acte ignoble » et appelé à un rassemblement dimanche après-midi au siège de la mosquée. Il a espéré que le ou les coupables « soient rapidement interpellés et sévèrement sanctionnés par la justice », selon un communiqué.
Selon le CRCM, deux autres mosquées de la région ont été profanées en août et décembre 2008.
Plusieurs mosquées et cimetières musulmans ont été profanés ces dernières années en France, notamment le carré musulman du cimetière militaire Notre-Dame-de-Lorette, près d’Arras (nord), dont les tombes ont été dégradées ou détruites à trois reprises depuis 2007.
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