Slim Bagga: Affaire Zyed Guiga: une autre arnaque des trabelsi
Slim Bagga: Mission de l’administrateur-gerant de l’universite libre de Tunis designe par le tribunal le 2/02/2010
Yahyaoui Mokhtar: Dernier classement de l’annuaire international des médias : Ou en sont les journaux Tunisiens
L´Humanité: Ben Brik, ou le silence pesant sur un crime d’État
El Watan: Mobilisation internationale contre le régime de Ben Ali
Adel ZITOUNI: Nuages d’intolérance dans le ciel de Carthage …
AFP: Le parlement algérien envisage d’adopter une loi criminalisant le colonialisme français
AFP: Algérie: la décontamination à l’étude, 50 ans après les essais nucléaires
AFFAIRE ZYED GUIGA: UNE AUTRE ARNAQUE DES TRABELSI
SLIM BAGGA Décidément, le système est de plus en plus rôdé. Le chantage est le moyen suprême de mettre la main sur les biens d’autrui. En Tunisie, c’est avec la bénédiction du parrain Ben Ali que les Trabelsi continuent de faire main basse sur le pays et les projets privés de quiconque manifeste la moindre ambition d’entreprendre. Ainsi en est-il de la nouvelle affaire Guiga. Le trafic d’oeuvres archéologiques dont le quotidien du Tartuffe Sakhr Materi nous a entretenus à la fin de l’année 2009, précisant qu’il s’agissait du petit-fils « d’un ministre de l’ancien régime » (car les rejetons des ministres de Ben Ali sont irréprochables, en effet) ressemble de plus en plus à une arnaque en bonne et due forme du clan Trabelsi. S’il est vrai que Kais Guiga, fils de l’ancien ministre de l’Intérieur, a eu maille à partir avec la justice dans les années 90 pour trafic d’oeuvres archéologiques, il a bel et bien été jugé et été incarcéré. Il a donc payé. Le fait est qu’aujourd’hui Kais Guiga vit principalement entre Paris et Genève et qu’il a mis sur pied un immense projet de Marina à Bizerte, Cap 3000, dont il a déjà entrepris la commercialisation à Monaco, entre autres, où Cap 3000 dispose d’un stand battant pavillon tunisien. C’est cette Marina de Bizerte vers laquelle lorgne le clan de « La Régente de Carthage ». Kais Guiga étant inaccessible, car vivant à l’étranger, qu’à cela ne tienne, on implique son propre fils Zyed. Ce dernier étant, par ailleurs, promoteur de la première entreprise de construction de voitures de Rallye en Tunisie. Le montage d’une affaire de trafic de statuettes et autres objets archéologiques, l’habillage pour faire croire à des ramifications internationales où des Anglais seraient de la partie, tout cela ne sert qu’à voiler le seul et unique chantage: prendre possession du projet Cap 3000. Nous voilà donc avertis: Si Zyed Guiga retrouve vite sa liberté, ne croyez nullement à une quelconque justice impartiale. Regardez plutôt du côté de Bizerte si Kais aura cédé pour sauver son rejeton. Enfin, depuis quand le régime tunisien, qui a institué tous les trafics possibles et imaginables, de la drogue au commerce du sexe, s’intéresse-t-il au trafic archéologique? Le clan Trabelsi, n’at-il pas déclassé, dépecé des Domaines classés patrimoine national pour faire toujours et encore plus d’affaires? Le gendre de Moncef Trabelsi, marié à sa fille Boutheina « Butagaz » n’a-t-il pas été surpris par la Garde nationale, dans sa région du Nord-ouest, dans un camion plein à craquer d’oeuvres archéologiques? Il faut bien un jour cesser de prendre les gens pour des imbéciles…. A suivre…
MISSION DE L’ADMINISTRATEUR-GERANT DE L’UNIVERSITE LIBRE DE TUNIS DESIGNE PAR LE TRIBUNAL LE 2/02/2010
« Assurer la continuité des études de l’ULT, préserver les droits des enseignants et des étudiants et du cadre administratif de l’institution ». Voilà ce qu’officiellement l’on essaie de nous dire et expliquer en entamant la destruction pure et simple de l’ULT et sa mise sous tutelle.
Or, les premières décisions prises par l’administrateur-gérant sont à l’encontre des principes annoncés. En effet :
1/ Est-ce assurer la continuité de l’ULT et préserver le cadre administratif que de :
– licencier sans préavis le premier jour de sa prise de fonction les deux cadres supérieurs de l’institution : le vice-recteur à l’enseignement (directeur-adjoint selon la dénomination officielle du ministère), ainsi que le directeur administratif et financier.Ces deux cadres dirigent l’ULT depuis environ 8 années et sont les fils de M. BOUEBDELLI et ceci dans le non respect du code du travail.
– réembaucher un enseignant qui avait été licencié en janvier 2010 (à l’issue du 1er semestre universitaire) pour incompétence pédagogique et contesté par les étudiants ;
– réembaucher un agent administratif qui avait été licencié en janvier 2010 pendant sa période d’essai suite à son incompétence notoire ;
– réduire la durée de l’horaire des enseignants permanents tenus d’assurer l’encadrement des étudiants avec le maintien de leur salaire et ceci en contradiction avec leur contrat de travail ;
– affecter les agents nouvellement embauchés à des missions de perquisition sur des dossiers archivés depuis plusieurs années au lieu de s’investir pour assurer le bon déroulement des cours?
2/ Est-ce assurer l’équilibre financier de l’institution que de:
– embaucher de nouveaux agents, doublant ceux déjà en activité (frais de personnel supplémentaires) et ceci afin d’avoir une équipe totalement asservie et docile;
– rendre gratuites plusieurs prestations assurées auparavant aux étudiants contre règlement (remplacement badge ou attestations égarés ,photocopies à la demande …) alors que ces prestations figurent sur le tarif annuel des frais de scolarité?
3/ Est-ce légal d’occuper des locaux n’appartenant pas ou non affectés auparavant àl’institution ?
C’est ce qui s’est produit pour un immeuble mitoyen n’appartenant pas à l’ULT , occupé par une autre institution l’INTAC en foyer universitaire et actuellement en cours de rénovation?
Tout ceci démontre clairement la volonté de ne pas assurer la pérennité de l’institution en établissant un climat de division entre le personnel ancien et le nouveau, en « fouinant » dans des archives n’ayant aucun lien avec les formations actuelles, et enfin en liquidant financièrement l’ULT par des charges démesurées. Cet administrateur est plutôt « un videur » qu’un gestionnaire avisé. Slim BAGGA
Dernier classement de l’annuaire international des médias : Ou en sont les journaux Tunisiens
Le dernierclassement des meilleurs journaux les plus visités sur le net dans le monde que vient de publier l’annuaire international des medias « 4 International Media and Newspapers (4IMN) » n’a, bien entendu, cité aucun journal tunisien dans sa liste des premiers 200 journal au niveau mondial sur une liste de 7000 journaux à travers le monde. Ce résultat ne doit pas constituer une surprise pour personne vue la situation que vie nos médias et les conditions auxquels sont soumis nos journalistes, sauf que ce classement des journaux « ne prétend pas classer les journaux, selon leur qualité, leur fiabilité, leur réputation ou les efforts de leurs journalistes »comme il est précisé par ces promoteurs.
« Le classement est basé sur des critères impartiaux et indépendants recoupant des données recueillies auprès de trois moteurs de recherche différents : Google Page Rank, Yahoo Inbound Links et Alexa Traffic Rank », explique 4IMN sur son site. Par son étude, 4IMN voulait « fournir un classement de popularité approximative de journaux du monde entier basé sur la popularité de leurs sites web ». C’est un nouveau type d’audience qui est en train de s’installer sur la base d’Internet et des nouvelles techniques de communication. C’est pourquoi nous trouvons des pays normalement à notre porté et dont les journaux ne sont pas doté de meilleures condition que les notre qui ont réussi à se positionner dans ce Top 200 contrairement aux journaux tunisiens. Ce qui veut dire que nos journaux ont régressé alors que d’autres dans les mêmes conditions ont réussi à progresser.
Dans le monde arabe, dont on peut dire tout sauf qu’il s’agit d’une aire de liberté de la presse, des journaux d’Egypte, d’Algérie d’Arabie Saoudite, du Koweït du Bahreïn, du Qatar et même d’Oman ont pu se hisser à un niveau de notoriété pour figurer sur la liste des 200 journaux les plus sollicité sur le net alors qu’aucun journal tunisien n’a pu arriver. Cette situation démontre qu’il y a un problème de fond autre que celui de l’espace de liberté et la marge de liberté d’expression autorisées et pour appeler les choses par leurs noms disons que nos journaux souffre d’un problème de médiocrité de leur produit en tant que marchandise exposée sur le marché.
Le constat est plus alarmant quand on se reporte sur le classement des50 meilleurs journaux en Afrique. Seul le journal « La Presse » à pu accéder en 15ème position en Afrique alors que l’Algérie avec 7 titres et l’Egypte avec 5 titres et sans parler des journaux anglophones du Nigeria avec 6 titre de l’Afrique du sud avec ses 15 titres qui sont loin devant nous.
En Tunisie, nos journaux souvent férus de ce genre de classements dans des domaines des plus insignifiants pour souligner les prouesses et les réalisations susceptible de légitimer la dictature en place en lui imputant tous les succès, feraient mieux de se pencher sur leur propres scores et d’avoir le courage de les expliquer.
Yahyaoui Mokhtar –
(Source: « Tunisia Watch » Jeudi 4 Fevrier 2010)
Ben Brik, ou le silence pesant sur un crime d’État
Mobilisation internationale contre le régime de Ben Ali
Par Adel ZITOUNI*
« Eichmann est mort mais le souvenir de nos frères de persécution ne doit pas pour autant l’être. Apprenons aux jeunes ce qui s’est passé pour qu’il n’y ait plus jamais d’autre Eichmann ».
IVO GOLDBERG – Député de la Knesset
Le Parti de Bourguiba….de la collaboration à l’exclusion…
L’ère « Bourguiba », n’en déplaise aux magnats de la communication, au pays du jasmin, n’était pas, reconnaissante, ni même valorisante, de ses particularismes identitaires judéo-arabes. Depuis la fondation de l’Etat, l’école et les médias, entretenaient, une amnésie générale sur les injustices et les préjugés, endurés par la minorité nationale juive, et aggravés, après Vichy, par une conjonction subtilement sournoise, de mesures et d’incidents l’astreignant à disparaître de sa terre natale. A l’école, le martyr du jeune tunisien « Maazouz », première victime tombée sous vichy, dont on ne peut évoquer le souvenir, sans profonde émotion, demeure inconnu… Curieusement, ce verrouillage des esprits, assiégeant d’un silence assourdissant des fragments capitaux de l’histoire tunisienne, semblerait être toléré par la classe bien-pensante. A Tunis, aucun débat public n’est à entrevoir, y compris au sein de la prestigieuse « Fondation Temimi », sur la passivité du « Néo Destour » face au crime absolu commis à l’endroit de citoyens tunisiens, à une époque où pas un seul jour ne fut un jour ordinaire ( 1 ), la complicité de Bourguiba avec l’ « Axe » du mal ( 2) et le grand mufti de Jérusalem ( 3 ), l’exclusion du fait culturel judéo-arabe de l’espace public, autant de questions demeurant tabous chez un peuple foncièrement tolérant , ouvert sur la modernité et digne d’une mémoire nationale rétablie dans ses droits sans exclusive ni mutilation…
L’histoire interdite, regorge d’exemples témoignant de la responsabilité du système, « néo-destour », dans le départ massif des juifs tunisiens de leur terre ancestrale. Par pragmatisme cauteleux, au début de sa carrière à la tête de l’Etat, Bourguiba pris vis- à- vis de cette communauté des mesures s’apparentant à de la bonne gouvernance ( 4). Quelques années plus tard, il sera procédé, sous l’impulsion du même « Moudjahid Al akbar » ( 5 ), au nom d’une union nationale pathétique, s’agissant d’un pays fraichement autonome, au nivellement de toutes les institutions, mettant en valeur, au sein de la société tunisienne, les spécificités mémorielles et identitaires juives ( 6).
Trois évènements marquèrent le destin de cette minorité nationale au sein de « sa » jeune Nation indépendante, à l’époque considérée, à savoir : Le discours d’Ahmed Mestiri, (7 ) la fatwa de Kemal Terzi ( 8 ), et certaines mesures économiques drastiques (9 )
1- Le discours d’Ahmed Mestiri, secrétaire d’Etat à la justice, prononcé le 17 juillet 1958, fixa pour la minorité juive les termes de sa loyauté, à l’égard de la patrie. Après lui avoir exposé le train de réformes prévues pour son « intégration » dans sa « communauté tunisienne, » qui, notons le, lui bouleversèrent sa cohésion et sa joie de vivre, le secrétaire d’Etat, jetant un pavé dans la mare, déclara que « s’il y a encore d’autres gens qui rêvent de la terre promise, qui vivent dans le pays mais tournent leurs regards vers Israël, qui font consciemment ou inconsciemment le jeu du sionisme.. Eh bien, nous disons aux uns et aux autres qu’il vaut mieux – pour eux comme pour la Tunisie – qu’ils partent, et nous ne les empêcherons pas de partir, à n’importe quelle destination (sic) ». Des départs massifs s’en suivirent…..
2- La fatwa de Kemal Terzi : Réunis au Pakistan en 1968, les « foukahas » de l’Oumma [les docteurs de la Chariaa] Kemal Terzi, entre autres, représentant la Tunisie, devaient répondre à la question de savoir si, au regard de la Chariâa islamique, les Musulmans pouvaient conclure la paix avec les Juifs ? La fatwa rendue par les « foukahas » fut, on ne peut plus claire, belliciste. La paix, permettrait aux juifs, selon les « foukahas », « d’exister en tant qu’Etat (sic)». Ils appelèrent les musulmans, formellement, à faire la guerre aux Juifs s’ils voulaient détruire l’Etat d’Israël. Cette fatwa, non abrogée par fatwa subséquente, selon les docteurs de la « Chariâa », du point de vue religieux, préserve sa valeur contraignante!
3- Les mesures économiques drastiques :
Dans une étude brochée intitulée « la fin du judaïsme en terre d’islam »,(10 ) Jacques Taïeb, nous propose un récit éloquent sur « l’échec de l’intégration des juifs de Tunisie » ( 11 ). Aux termes d’une présentation dépassionnée, Jacques Taïeb, livre à ses lecteurs en quoi le départ des juifs de Tunisie fut-il spécifique ? La « disparition programmée (sic) » de cette communauté séculaire aura été stimulée, provoquée, notamment, par des mesures et pratiques économiques et financières, drastiques. Le Néo-Destour « ne se préoccupa des Juifs qu’après cette date [1950] lorsque un certains nombre de notable Juifs liés économiquement et humainement à la bourgeoisie musulmane commencèrent à y adhérer (sic) ». L’adoption d’une politique collectiviste, dés 1960, et la nationalisation des terres agricoles, sur fond de crise franco-tunisienne, sonnèrent le glas pour « la masse des entrepreneurs Juifs ou non (sic)» qui choisirent, dans leur majorité, la cessation de leur activité, refusant « leur transformation en salariés.(sic) ». La guerre des six jours donna lieu au pillage des commerces juifs. Ce vandalisme aurait été organisé « par certaines sphères publiques désireuses de pousser les Juifs au départ…(sic) ». Pendant les années 1960, sous Bourguiba, les acteurs économiques des communautés Juives de Tunisie subirent « des discriminations en matière d’embauche et de délivrance de licence d’importation (sic) ». Par ailleurs certaines institutions de la république, si ce n’est les plus importantes, l’armée et la magistrature entre autres, furent carrément fermées aux citoyens tunisiens de confession israélite. Il fallait plier bagage, et « l’opinion tunisienne était satisfaite de voir partir des concurrents (sic) ».
Cependant si, depuis quelques années, le fait identitaire et mémoriel judéo tunisien, se fit entendre, dans « l’espace public », au sens cher à Jürgen Habermas, essentiellement à l’occasion de l’office religieux annuel de « la Ghriba », il est autant vrai, qu’amalgames dangereux et postulats négateurs, y trouvèrent aussi bonne presse. Certes, depuis quelques années, les initiatives, amorçant l’ouverture de la Tunisie sur sa dimension mémorielle judéo-arabe, se sont succédé. Cependant, celles-ci, Claude NATAF, l’avait à juste titre soulevé au sujet de l’Ecole Historique Tunisienne, demeurent « l’apanage d’un cénacle » (12 ). Due au « fait du prince » et destinée à endiguer le spectre de l’extrémisme, loin s’en faut, si louable soit-elle, cette ouverture est en passe de toucher à ses limites. Désormais une politique nationale d’éducation populaire, instituant l’apprentissage au devoir de mémoire est une urgence. Sans être exhaustive, cette modeste contribution, se propose d’apporter un constat d’évidence sur une apologie judéophobe, qui aura repris de plus belle en Tunisie, gagnant chaque jour du terrain dans les cercles rapprochés de la Cour, particulièrement, depuis la chute du dictateur Irakien et l’offensive israélienne, déplorable, contre Gaza.
Une évolution incontestable
Voulant inscrire sa politique vis-à-vis de la minorité juive, dans la rupture d’avec son prédécesseur, et la continuité avec la sagesse du regretté Régent Husseinite Sidi Moncef Bey, en 1992 le Président Zine El Abdine Ben Ali a déclaré que « les Juifs tunisiens sont des citoyens à part entière et ceux qui sont partis peuvent revenir dans leur pays librement pour s’y installer ou pour y passer des vacances (sic) ». Certains observateurs, trouvèrent dans ce message une quête cynique de capitaux ! soit dit en passant, que la constitution et le pacte national (13 ) définissent l’identité par rapport à une langue, l’arabe, et une religion, l’islam,…à titre exclusif.
Quoi qu’il en soit, les lieux de cultes et cimetières israélites ont fait l’objet d’une attention urbanistique soutenue de la part des pouvoirs publics. L’hébreu, tant ancien que moderne, est désormais enseigné dans deux chaires universitaires. Et pour la première fois depuis le discours d’Ahmed Mestiri ( 14 ) la communauté juive de Tunisie confie sa direction à un comité souverainement élu en 1999. Sur le plan de la coopération économique certaines sources affirment que depuis l’année 2000 les échanges commerciaux tuniso-israélien ne se sont jamais arrêtés. Un vol direct reliant Djerba à Tel Aviv a été inauguré. Et l’homme d’affaire Roger Bismuth a fait son entrée à la chambre des conseillers. En 2005 le Président Ben Ali, qui jeta, en 1995 les bases, d’une réelle coopération tuniso-israélienne, convia le premier ministre Ariel Sharon, qui s’est fait représenté par Silvan Shalom, son ministre des affaires étrangères, au sommet mondial, tenu à Tunis, sur « la société de l’information ».
Autre fait marquant cette évolution : la participation de plus en plus affirmée d’officiels tunisiens aux manifestations organisées autour du « devoir de mémoire » ( 15 ) corroborée récemment à Tunis par la tenue d’un colloque sous l’égide de l’UNESCO ( 16 ) sur la thématique de la « Shoah ».
La caste réfractaire !
Voici un système ne manquant aucune tribune internationale pour s’enorgueillir d’avoir à son actif, la célèbre Déclaration pour la Tolérance et le Dialogue des Civilisations (17), soulignant sa détermination ; et c’est là que le bat blesse ; à prêter main-forte à la lutte contre l’extrémisme..; laissant, en même temps, une caste parmi ses inconditionnels ; au discours anachronique et maximaliste, prédisposer, impunément, la jeunesse du pays, à l’intolérance.
Il faut savoir que la rhétorique de la haine boit à des sources aussi diverses que variées. C’est un bric-à-brac idéologique, se proliférant dans les sociétés malades, à dénicher dans la littérature « du trottoir » et la presse « jaune ». Aussi dans la passivité des institutions sensées être un rempart contre les violences, face aux phobies véhiculées sous la bannière des causes justes et la liberté d’esprit.
Nationalisme ; panarabisme ; Anti-américanisme :
La haine d’Israël et l’antiaméricanisme seraient selon Borhane Besaies la voix du salut du peuple Irakien et l’« Oumma » Arabe. Le secret de leur vaillante résistance face aux « yankees (sic) », les Irakiens le puisèrent, précise-t-il, dans une culture de résistance vigoureusement raffermie, au cours des guerres de libération arabes, par « la haine d’Israël et des politiques américaines (re-sic) » ( 18 ). Trait marquant des journaux tunisiens en langue arabe, le radicalisme, Borhane Bsaïes, membre de l’Observatoire national des élections, du Conseil supérieur de la Communication et du Comité supérieur des droits de l’homme, en est un chantre confirmé.
L’actuel diplomate de Carthage à l’UNESCO, Mezri Hadded, qui, stigmatisant la solidarité internationale qu’avait suscitée la grève de la faim du journaliste tunisien Tawfik Ben Brik en 2001, s’est permis de déclarer ,(19 ) que cette solidarité « n’était somme toute qu’un complot de la juiverie et de la franc-maçonnerie (sic) ». Derechef, quelques jours après l’exécution du dictateur Saddam Hussein, il fera paraître un billet intitulé « ainsi finissent les grands » ( 20 ) .La grandeur ici, reviendrait, bien entendu, à un criminel, qui s’est rendu, durant son règne, coupable de tueries massives à l’encontre de sa propre population civile. Ce « Grand » dictateur, appartient, par ailleurs, à la lignée des chefs de guerre, de l’ère post- hitlérienne, ayant projeté et tenté, la destruction d’Israël. Dans sa diatribe, son vibrant hommage à la mémoire d’un tueur, où le pathétique le disputait à l’irrationnel, Hadded, ce docteur en philosophie, enseignant la morale, dans l’une de nos universités parisiennes, versa dans les raccourcis populistes du Baath et d’Al Qaïda : Israël serait, d’après, ses cogitations, la cause du malheur Irakien ! puisqu’ « il était inconcevable …chez bush le petit et bush le grand …les inconditionnels défenseurs de l’olympique d’Israël, que cette puissance régionale arabe, puisse continuer à se développer (sic). »……
Les tirs de missiles aveugles sur les civils, n’entamèrent en rien l’admiration extatique de Mezri Hadded pour Saddam Hussein ! Fallait-il laisser Saddam Hussein achever son entreprise…?! Dans son brûlot intitulé « ainsi finissent les grands » paru, rappelons-le, dans l’hebdomadaire « Réalités », Hadded fidèle à ses convictions, s’est fait l’écho du mythe de la conspiration américano-sioniste, bravant son rêve de progrès ! et de liberté !, à la Nation Arabe, au profit de « l’Olympique d’Israël (re-sic)».
Quelques années plus tard, en prévision de ses missions futures ; craignant voir « sa carrière » « Hosnisée » ( 21 ), Hadded, investit la toile et certains titres de la presse française, par des contributions, « humano-pacifistes », dont il ne reproduisit ni le contenu ni l’esprit dans ses écrits publiés, à la même période, dans la presse tunisienne. Ce serait prêcher un convaincu que de parler à une opinion occidentale…démocratique et libérale (au sens philosophique du terme) des bienfaits universels de la Paix et du droit légitime des deux peuples Israélien et Palestinien à une coexistence pacifiée. Il est par contre inquiétant, que le langage journalistique autorisé en Tunisie, pour traiter du conflit israélo-palestinien soit, le plus souvent, haineux et belliqueux.
Peut-on, à la fois, prêcher la paix, condamner régulièrement, en dehors de ses frontières nationales, l’extrémisme iranien, afficher de pertinentes distances par rapport à ce régime théocratique, tout en se gardant d’en dénoncer le prosélytisme ravageur dans son propre pays (22) ? Quelle était l’attitude de Hadded et la classe bien-pensante, sinon le grand silence, par rapport à la coopération culturelle Tuniso-Iranienne …coopére-t-on culturellement, sans renier ses valeurs, avec un régime rétrograde, faisant de l’apologie du négationnisme le substratum de son idéologie et de la destruction d’Israël son projet ? il y’aurait trop de naïveté à croire que l’on puisse bâtir à l’UNESCO une culture de la paix avec des acteurs de l’acabit de Hadded, aux velléités si ambivalentes, voir énigmatiques, partant en guerre contre les mouvements islamiques modérés, les accusant d’alliance objective ! avec « Al Qaïda », une accusation contre laquelle, même le parti turc de la justice et du développement, (AKP) de Recep Tayyip Erdogan ne saurait, selon ses dires, plaider innocent! laissant-faire en Tunisie ; l’apologie chiite du martyre ; glorifiant la guerre sainte contre l’occident mécréant….
Antisionisme, antisémitisme :
Au Parti Social Libéral (P.S.L), Mondher Thabet, à peine fut-il désigné secrétaire général, qu’il inscrivit sur la page d’accueil du site du P.S.L…son slogan fétiche à savoir : « Le sionisme et le nazisme sont les deux faces de la même médaille ».Dans les milieux bien-pensants, là aussi, aucune voix ne s’est levée, ne serait-ce que par souci d’hygiène intellectuelle, pour condamner cet analogisme, dangereusement, faux, assimilant l’idée rédemptrice du peuple Juif, le projet nationale cristallisant son histoire, au crime absolu, le Nazisme. Il va sans dire que l’un des traits génériques de la propagande antijuive contemporaine est d’établir un parallèle entre sionisme et nazisme.
Soit dit au passage que le sionisme fut une idéologie politique de résistance, de survie, pour un peuple menacé dans son existence. Le Nazisme incarnait, quant à lui, une entreprise criminelle se fixant pour idéal l’extermination de l’être juif. Par ailleurs, le sionisme, en tant qu’idéologie, fut traversé par toutes les tendances idéelles de son siècle et ne s’est jamais défini comme une théologie sacrée ni une vérité absolue imperméable à la critique scientifique. Il fut critiqué, combattu, réformé et dépassé au sein même d’Eretz Israël. Ce qui est le propre d’une société démocratique. Devrions-nous rappeler que par-delà son caractère irresponsable et profanateur, cette analogie est une insulte au courage d’une frange de la société israélienne, des citoyens pro-palestiniens… justes et légalistes, des objecteurs de consciences, des militants pacifistes, des démocrates, acteurs de la société civile, des intellectuels, des femmes et hommes politiques, ces bâtisseurs déterminés à rendre possible la conclusion d’une paix juste et durable entre les deux peuples palestiniens et israélien.
Célébrée, par la minorité arabe, comme « Nakba », au sein même d’Eretz israël, la genèse de l’état hébreu, eut lieu sous l’empire de deux instruments qu’il faut non seulement connaître mais aussi, et surtout, bien comprendre. J’entends par là, la décision onusienne du 29 novembre 1947 et la déclaration d’indépendance définissant Israël comme Etat juif et Démocratique.
Plus récemment, Le secrétaire Général du Parti Social Libéral (P.S.L), s’est dit solidaire de l’Egyptienne Soukeina Fouad, présentée par les connaisseurs de son parcours comme une négationniste, dans son épreuve face à la police de la pensée au sein de l’internationale libérale. M.Thabet dénoncera sur les colonnes du quotidien « Achourouk » l’aliénation de la liberté académique en occident, par l’obligation de ne pas remettre en question l’Holocauste (23).Voici une rhétorique libertaire, transfigurant en lumières, pour l’intérêt de la science ! le nihilisme morbide des Faurisson, Garaudy et consorts, …..Ex falso sequitur quodlibet « Du faux, découle ce que l’on veut »…
Quelques soit le contenu et le jugement politique que l’on puisse imputer au sionisme, ensemble, notre attachement à la légalité internationale et l’épreuve de la Shoah, rendraient inacceptable ; condamnable, dans un pays se proposant comme modèle de tolérance, qu’un songe creux politique, puisse faire impunément l’apologie du négationnisme. Ces égarements ignobles sont une prime à l’actif des thèses exaltant le fanatisme.
A travers ces assertions M.Thabet s’approprie des airs fondamentalistes ayant de toute époque justifié et propagé la culture de l’intention homicide contre le peuple d’Israël. Sans doute est-ce là l’expression d’un mal endémique à une génération tunisienne…
L’offensive militaire Israélienne contre Gaza, dont on ne peut que condamner la tournure saignante, lourdement couteuse en vies humaines, dans laquelle le mouvement « Hamas », lui aussi, avait une part de responsabilité, donnera à Mondher Thabet une occasion pour profaner, son unicité et sa singularité à la Shoah, Nazifiant Israël en filigrane, en qualifiant l’offensive considérée d’ « Holocauste » ( 24 ). S’en offusquer ? oui, répond Mohamed Barakeh, député arabe israélien du parti Hadash, invité cette année 2010 à participer à « la marche des vivants » à Auschwitz, pour qui « absolument rien ne peut être comparé à la Shoah (sic) »….
Tristement stupides, les déclarations de Mondher Thabet, sont cousines germaines de celles tenues aux tribunes « scientifiques » de la honte, à Téhéran, chez les groupuscules d’extrême droite, bien actifs dans certaines vieilles démocraties, et dans les fiefs souterrains de l’islamisme radical, l’allié objectif des dictatures arabes actuelles. Ce narrativisme, participant d’une logique intéressée par l’éternisassions du conflit, donnerait, par ricochet, leur raison d’être, aux tendances extrêmes, professant, dans la société israélienne, le déni des droits légitimes du peuple Palestinien.
Benoitement, inaugurant une nouvelle fédération (25) du P.S.L. à Djerba, M. Thabet s’est fait inviter à l’école talmudique. Signalée sur facebook, sans plus de détail, cette information, non relayée par la presse tunisienne, n’a pas fait, de surcroit, l’objet d’explications permettant d’y voir, non pas un misérable volte-face politicard, mais, un revirement sincère et sérieux, en prélude à un examen de conscience, par lequel M. Thabet reconnaitrait, publiquement, que son slogan fétiche assimilant le sionisme au nazisme fut une déviance intellectuelle, qu’ en qualifiant d’Holocauste l’offensive militaire contre Gaza, il avait menti, et qu’en prenant fait et cause, au nom de la liberté d’esprit, pour le négationnisme il aura failli à son devoir d’exemplarité…éthique
Appel à la destruction d’Israël
Nationaliste, Nassérien, Ahmed Innoubli, est secrétaire général du Parti de l’Union Démocratique Unioniste (U.D.U)…Il fut surtout candidat, faire-valoir, aux élections présidentielles organisées en Tunisie le 25 octobre 2009. Cet inconditionnel du Parti–Etat, le Rassemblement Constitutionnel Démocratique (R-C-D), ne lésinant pas sur les mots, précisera, dans une déclaration, retraçant l’essentiel de son « programme », s’il est élu à la magistrature suprême, sa conception du conflit Israélo-Palestinien. Ce conflit, précise-t-il, dans sa déclaration-programme de compagne, et son communiqué à l’occasion de l’anniversaire de la promesse de Lord Balfour, est un conflit non pas de « Houdoud » [ frontières], mais de « woujoud » [ existence]. La résolution de ce conflit passera ainsi inéluctablement, selon Ahmed Innoubli, par la disparition d’Israël…
La Presse :
Domestiquée et de surcroit démunie en plumes libres, la presse tunisienne est, exceptés quelques rares titres, copieusement garnie en assertions tendancieuses couvrant mal leur nature haineuse.
On y trouve le ministre israélien des affaires étrangères, Liberman stigmatisé sur son nom qui, selon un journaliste du quotidien « Le Temps », « raisonne juste comme Doberman (sic))» ; ( 26 ) le chef du Parti « Kadima », Tzipi Livni décrite comme « une naine, comparée à Bourguiba » ( 27 ) .Les juifs tunisiens, sauf quelques uns, « se seraient rangés dans le camp des traîtres à la cause nationale de l’indépendance (sic) » (28). Et le culte de satan aurait été inventé et propagé, à en croire l’hebdomadaire « Réalités », par un juif (29). Le fantasme de la conspiration juive, s’y trouve également exalté et savamment diffusé ; tant pour évoquer l’ascension de Nicolas Sarkozy à la magistrature suprême,( 30 ) que pour défendre l’humoriste Dieudonné sous l’intitulé « nous sommes tous Dieudonné » ! ( 31 ) Et la shoah, serait devenue, d’après Mounir Charfi, aimant la surnommer sarcastiquement « Chouha ! », ( 32), source d’exaspération, en raison de son récit exagéré, du matraquage médiatique excessif dont elle est l’objet notamment sur la chaine « ARTE » ; et l’omnipotence d’un « lobby sioniste (sic)»refusant qu’elle soit approchée selon une perception, non conforme à la sienne. Le quotidien « Achourouk », consacra la une de sa livraison du 28 janvier 2009, à Cohen Stenly, qu’il avait interviwé au Liban en marge du congrès de la « Moukawama » [résistance] organisé par le Hizbollah. A la une Cohen Stenly eut droit à une relation intégrale de ces mots cultes, à savoir « Israël est un Etat criminel et illégitime (sic) » ; « ce que subissent les palestiniens est pire que la Shoah (re-sic)».
L’art et la culture :
Une scène inouïe eut lieu à la Faculté des Lettres de la Manouba, le 10 mars 2006, où un hommage devait être rendu à l’une de ses imminences scientifique, le fils du pays, Paul Sebag. En présence de sa fille, et quelques uns de ses amis juifs tunisiens, l’on devait célébrer l’inauguration du Fonds Paul-Sebag se constituant de la Bibliothèque que le regretté voulait, de son vivant, offrir en donation à l’université de la Manouba.
Un déchainement antisémite d’étudiants tunisiens scandant à l’adresse des participants des slogans les désignant comme « sionistes, amis des juifs »…n’était pas sans choquer les organisateurs.
Jamais pris au sérieux par le ministère de l’enseignement supérieur, cet incident à de quoi inquiéter. Il dévoile, surtout, l’élite d’une société, souvent érigée en modèle de modernité, gagnée par l’extrémisme, qui n’est pas que religieux.
Le Fonds Kemal Terzi ( 33 ), un concentré de salafisme wahhabite, remis en donation par sa fille, ( 34 ) à la Faculté Théologique Ezzeitouna, recevra la bienveillance et les honneurs de l’Etat. Puisque le ministre de l’enseignement supérieur, Lazhar Bououni, en personne, y avait pris part, rendant hommage au nom de l’Etat à un érudit salafiste.
Autre terrain d’inquiétudes tunisiennes, la glorification des discours extrêmes décrétant le boycott de toute expression culturelle ou scientifique associant sinon impliquant des acteurs juifs ou, israéliens.
La manifestation culturelle entreprise autour de l’œuvre artistique « colombe de la paix » de Picasso (35) est un exemple édifiant. Elle s’est fait attirer des critiques acerbes l’interprétant comme une forme de collision avec l’ « ennemi sioniste (sic)». Le salon du livre organisé à Paris le 8 mars 2008, inauguré par le président israélien Shimon Peres, sera boycotté par plusieurs régimes arabes et musulmans. La Tunisie, bien qu’entretenant des relations, économiques, de haut rang avec l’Etat Hébreu, s’est arrimée à cette option de rupture. Césarisé, le film « un secret » de Claude Miller, évoquant la vie d’une famille juive, dans la France occupée, s’est heurté, au 15eme festival annuel du film européen, à une fin de non recevoir de la part d’un public, le jugeant malvenu, au moment où Gaza était assiégée par l’armée israélienne. Cherchez le rapport ! La Presse de langue arabe, destinée au public « nationale », ne manquera pas l’occasion pour exploiter l’incident, à mauvaise escient, en versant de l’huile sur le feu…. N’échappera pas à la règle, le congrès internationale des géographes, tenu à Tunis, au cours du mois d’août de l’année 2008, auquel avaient pris part des participants venants d’Israël et de Palestine. Certains y trouvèrent un « pas en avant sur la voie de la normalisation avec l’ennemi sioniste (sic) ».
Pourrait-on ne pas voir dans cette effervescence nihiliste si profondément instillée dans l’espace public, en Tunisie, le syndrome d’une société malade de ses élites?
Le Projet « Aladin »
La participation et l’appui magistral apporté par la Présidence de la République au projet « Aladin » m’inspire un sentiment mitigé.
Je m’en réjouis dans la mesure où cette participation, qui par ailleurs n’a reçu aucune couverture médiatique en Tunisie, surgit dans le paysage culturel bourguibien comme une dynamique ruptrice d’avec l’archaïsme d’une époque. En principe, à l’UNESCO, la Tunisie votera pour l’adoption du projet de résolution présenté par la France sur l’enseignement de l’Holocauste. C’est là une avancée historique que la classe bien pensante se devrait de soutenir et d’appuyer. A l’UNESCO sera mis en œuvre un indicateur de performance permettant d’évaluer « les bonnes pratiques », dans les pays arabes enseignant l’histoire de l’Holocauste.
La participation tunisienne m’a laissé, par ailleurs, le regret de voir, parmi la délégation officielle, un certain Mohamed Mzali, l’ex successeur promis de Bourguiba. Figure de proue d’un panarabisme chauvin, ne cachant point ses affinités amicales pour Roger Garaudy ( 36), et durant de longues années aux affaires, aux postes les plus sensibles de l’Etat ( 37), il avait l’art de colmater froidement et sans tapage, la dimension culturelle mosaïque de la Tunisie. C’est lui qui ne trouva pas meilleur qualificatif stigmatisant Saïda Sassi que celui la décrivant comme « Dame de sion (sic) » (38). Il faut voir le bilan scandaleux de ce personnage atypique qui, jamais au cours de ses mandats à répétition à la tête du ministère de l’éducation n’a laissé fleurir une seule phrase en hommage à la mémoire des minorités juive et berbère. Comment ne pas se sentir choqué en percevant Mohamed Mzali, sans avoir procédé publiquement à sa « mea culpa », prêcher à la fondation pour la Shoah, devant Madame Simone Veil, l’intérêt que présenterait pour les générations futures l’enseignement de l’Holocauste.
Evidemment, Mohamed Mzali, n’est pas interdit de croire aux bonnes causes, aux causes justes dont celle du « devoir de mémoire » vis-à-vis des six millions d’âmes péris, parce qu’ils étaient juifs. Toutefois, sans explications de sa part, sur le silence qu’il avait institutionnalisé autour de cette page de l’Histoire Universelle, au moment où il était « le » décideur de Tunis, son prêche à la fondation de la Shoah, confronté à son passé, est, de notre point de vue, malheureusement, sujet à caution… Peut-on s’improviser, partisan d’une approche démocratique et humaniste de l’Histoire universelle, épris des valeurs citoyennes et morales de notre temps, en s’accommodant au verrouillage de sa propre histoire nationale, et se refusant de confronter le fléau négationniste ?
Par l’adoption, en 1857, du Pacte Fondamental (Ahd el Aman) ( 39 ) consacrant l’égalité de tous les tunisiens devant la loi, nonobstant leur appartenance confessionnelles ( 40 ), la promulgation de la Constitution de 1861 ( 41 ) instaurant l’Etat de droit, et sa contribution à l’émancipation de la femme à travers l’œuvre de Tahar Hadded ( 42) et la mise en place du code du statut personnel ( 43 ), la Tunisie, a pu faire, par le passé, figure de nation moderne. Je crois que dans la lutte contre l’antisémitisme et le négationnisme elle désormais appelée, à reprendre son rôle précurseur, à persévérer sur le chemin de ses avancées libérales, à faire office d’éclaireuse, pour le reste du monde arabo-musulman.
On ne peut que déplorer la passivité de la justice face à une presse et des personnages appartenant à la sphère publique, instrumentalisant impunément la haine, à des fins politiciennes, et laissant, cyniquement, sur l’autel de leur déviance intellectuelle, une jeunesse, marginalisée , suffisamment stimulée, pour sombrer dans le pire…. Il est inadmissible que le négationnisme et l’antisémitisme aient droit de cité en Tunisie. Le principe de légalité selon lequel il n’y a pas d’infraction sans texte et celui de l’interprétation stricte des lois pénales, rendraient irrecevable, dans l’état actuel du droit tunisien, toute éventuelle action ayant pour objet des propos ou actes négationnistes et antisémites. La loi étant tributaire de la volonté de légiférer ; j’en appelle au Président de la République, Zine El Abidine Ben Ali, aux fins d’éradiquer le mal à la racine, d’ordonner la mise place d’une commission scientifique chargée d’enquêter sur les manifestations actuelles de l’antisémitisme et du négationnisme en Tunisie. La synthèse des travaux de ladite commission, que j’appelle de tous mes vœux, servirait de support pertinent, pouvant aider à l’élaboration d’un projet de loi consacrant formellement, dans le code pénal et le code de la presse, la pénalisation du négationnisme et de l’antisémitisme. …
Paris le 06 février 2010
*Président, fondateur de l’Association « Méditerranée Mémoires et Réconciliation »
[1 ] : Le Néo-Destour , parti parfaitement structuré pendant les années 1940, avait délibérément choisi le camp de l’Axe. Voir notre contribution intitulée « De la Tolérance d’Etat en Tunisie ».
[2 ] Ibid
[3 ] Dans sa lettre au Grand mufti de Jérusalem du 29 février 1943, Bourguiba , chef du Néo-Destour souligne son engagement irréversible à côté de l’Allemagne Nazie pourvue que cela puisse l’aider à soustraire la Tunisie du protectorat français.
[4 ] En 1956 , André Baruch est nommé ministre et Albert Bessis intègre l’assemblée Nationale, remplacé, , aussitôt , par Ahmed Ben Salah pour insuffisante maîtrise de la langue arabe !. Dans la suite de la promulgation, du code du statut personnel, sont nommés onze magistrats juifs.
[5 ] C’est le surnom accordé à Bourguiba et signifiant : le plus grand Djihadiste !
[6 ] Suppression du Tribunal rabbinique, dissolution du conseil élu de la communauté, le quartier juif de la Hara où se trouvait l’ancienne grande synagogue est rasé ainsi qu’un cimetière israélite de Tunis dans lequel se trouvaient des tombes de rabbins.
[7 ] Ahmed Mestiri s’est vu confier le secrétaire d’état chargé de la justice en 1956. En 1978 il fonde l’actuel Mouvement des Démocrates Socialistes. En 1989 il se retire de la scène politique.
[8 ] Mustapha Kemal Terzi : Professeur de théologie, salafiste. Il a représenté la Tunisie, pendant de longues années, au Congrès Islamique Mondial.
[9 ] Voir la contribution de Jacques Taïeb dans l’étude brochée intitulée « la fin du judaïsme en terre d’islam » sous la direction de Shmuel Trigano.
[10] Ibid
[11] Ibid
[12] Interview accordée par Claude Nataf, Président de la Société d’Histoire des Juifs de Tunisie, à « Réalité Magazine », du 6 septembre 2007. Parlant de l’apport de l’école historique tunisienne il à précisé « nous constatons la vitalité de l’Ecole Historique Tunisienne et son implication dans la recherche sur les minorités. Mais il est vrai que ce n’est pas suffisant, car cette histoire, qui s’écrit, reste encore l’apanage d’un cénacle. Ce que je regrette, c’est qu’indépendamment de ces travaux universitaires, la mémoire juive ne soit pas rappelée dans la ville. Il serait souhaitable, il serait beau, que des plaques rappellent aux passants tel ou tel lieu de la mémoire juive de Tunisie. »
[13] L’article (1) de la constitution tunisienne dispose notamment que : « La Tunisie est un Etat libre, indépendant, et souverain, sa religion est l’islam, sa langue l’arabe…………. »
Le Pacte National défini l’identité nationale comme suit : L’identité de notre peuple est une identité arabo-islamique.
[14] Le discours du 17 juillet 1958
[15] A titre non exhaustif nous citons la participation d’officiels tunisiens à Paris le 10 décembre 2006, à la cérémonie commémorative de la rafle des juifs de Tunisie et la souscription de la Tunisie au programme « Aladin » en mars 2009.
[16] La publication d’information en ligne Tunisnews du…………
[17] La Charte de Carthage sur la Tolérance, adoptée le 22 avril 1995 à « Beit El Hikma ».
[18] article de Borhane Besaïes, du 4 avril 2003, publié sur les colonnes du journal en ligne « Arab News ».
[19] Le Mensuel « l’Audace », Avril 2001.
[20] Article paru dans la livraison du magazine hebdomadaire « Réalités » du 11 janvier 2007
[21] Néologisme faisant allusion à Farouk Hosni
[22] Depuis l’ascension d’Ahmadi Nejad, l’Iran est revenu au choix de l’exportation de sa révolution. Cette diffusion s’opère sous Ahmadi Nejad, par la propagation du chiisme. Le Maghreb de tradition « Sunnite », est actuellement, excepté le Maroc, une terre conquise par le prosélytisme des missionnaires des mollahs, menaçant sérieusement sa stabilité.
[23] Le quotidien de langue arabe « Achourouk » du 14 novembre 2009. Un rapport publié par le wall street journal la veille du 56 eme congrès de l’Internationale Libérale en Egypte ,(octobre 2009) épingle Soukeina Fouad et la dénonce en tant qu’antisémite et négationniste notoire. En fait il suffit de visiter ses écrits pour se rendre compte que cette personne est effectivement antisémite. Dans un papier publier le 11 mai 2009 au journal « alwafd » elle écrit, à propos des israéliens, à l’occasion d’une visite que le premier ministre israélien devait effectuer en egypte « puisse dieu protéger le peuple égyptien des crimes des porcs et leurs peste (sic) »
[24] Communiqué du PSL du 28 décembre 2008
[25] Information publiée sur « facebook » .Il faut savoir que le site du PSL n’était plus accessible depuis décembre 2009. La visite eut lieu le 17 janvier 2010.
[26] Le Temps du 02 Avril 2009 – article intitulé « Délire Biblique ».
[27] Assabah du 03 Janvier 2009
[28] Asabah du 28 février 2008 – rapportant les propos de Nabil Khouldoune Grissa, Directeur de l’Institut Supérieur de l’Histoire du Mouvement Nationale
[29] Réalités (partie en langue arabe) du 05 juillet 2007, article écrit par Tahar Sassi
[30] Assabah 19 mai 2007, « la politique étrangère de la France » de Kamel Ben Younes
[31] Réalités du 20 octobre 2007, « nous sommes tous des dieudonné » par Foued Zaouech
[32]Assabah 27 janvier 2010. « Chouha » en tunisien c’est le scandale – généralement- injustifié.
[33]voir supra la note n°[8]
[34] Salwa Terzi Ben Attia, fille de Kemal Terzi, est secrétaire d’Etat aux personnes âgées et membre du comité central du Rassemblement Constitutionnel Démocratique.
[35] Voir l’article de Habib Khazdaghli, paru dans « le Temps » du 17 août 2007 sous le titre « Colombe de la paix de Picasso, rameau d’olivier d’Arafat, œillets de Lisbonne et jasmin d’Hammamet »
[36] Connu pour son amitié avec Roger Garaudy il l’associa à la signature de pétition condamnant l’absence des libertés en Tunisie.
[37] se reporter sur cette question à l’ouvrage de poche intitulé « lettre ouverte à Habib Bourguiba »
[38] Ibid
[39] Ahd El Aman : Ce Pacte Libéral est le produit de la dynamique réformiste portée par les hommes des lumières tunisiennes, tels que Mohamed Bayram, Ibn Abi Dhiaf etc…avec ce Pacte la religion cessera d’être un élément discriminatoire
[40] Ibid
[41] C’est depuis la Constitution de 1861 que le projet d’un Etat tunisien de Droit est en gestation. Il s’agit de la première constitution moderne dans le monde Arabe.
[42] Tahar Haddad (1899- 1935), très en avance sur son époque, originaire d’El Hamma, à Gabes, il était le pionnier de la lutte pour l’émancipation de la femme tunisienne. Auteur du célèbre « Notre Femme dans la charia et la société », un plaidoyer exceptionnel pour l’égalité des chances entre les femmes et les hommes.
[43] Le code du statut personnel tunisien, [au lieu d’instituer un statut civil pour la famille tunisienne,] va établir un régime, quoi que jetant les fondations d’une égalité entre les femmes et les hommes, inspirer de la chariaa. C’est le défaut capital de ce code, de notre point de vue, puisqu’il conduit à soumettre les familles juives tunisiennes à une loi d’inspiration islamique. D’autres familles juives, naturalisées françaises, seront soumises au code civil français. La suppression des tribunaux rabbiniques était une grave erreur.
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