7 février 2010

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TUNISNEWS

9 ème année, N° 3547 du 07.02.2010

 archives : www.tunisnews.net 

Slim Bagga: Affaire Zyed Guiga: une autre arnaque des trabelsi

Slim Bagga: Mission de l’administrateur-gerant de l’universite libre de Tunis designe par le tribunal le 2/02/2010

Yahyaoui Mokhtar: Dernier classement de l’annuaire international des médias : Ou en sont les journaux Tunisiens

L´Humanité: Ben Brik, ou le silence pesant sur un crime d’État

El Watan: Mobilisation internationale contre le régime de Ben Ali

Adel  ZITOUNI: Nuages d’intolérance dans le ciel de Carthage …

AFP: Le parlement algérien envisage d’adopter une loi criminalisant le colonialisme français

AFP: Algérie: la décontamination à l’étude, 50 ans après les essais nucléaires


AFFAIRE ZYED GUIGA: UNE AUTRE ARNAQUE DES TRABELSI


SLIM BAGGA Décidément, le système est de plus en plus rôdé. Le chantage est le moyen suprême de mettre la main sur les biens d’autrui. En Tunisie, c’est avec la bénédiction du parrain Ben Ali que les Trabelsi continuent de faire main basse sur le pays et les projets privés de quiconque manifeste la moindre ambition d’entreprendre. Ainsi en est-il de la nouvelle affaire Guiga. Le trafic d’oeuvres archéologiques dont le quotidien du Tartuffe Sakhr Materi nous a entretenus à la fin de l’année 2009, précisant qu’il s’agissait du petit-fils « d’un ministre de l’ancien régime » (car les rejetons des ministres de Ben Ali sont irréprochables, en effet) ressemble de plus en plus à une arnaque en bonne et due forme du clan Trabelsi. S’il est vrai que Kais Guiga, fils de l’ancien ministre de l’Intérieur, a eu maille à partir avec la justice dans les années 90 pour trafic d’oeuvres archéologiques, il a bel et bien été jugé et été incarcéré. Il a donc payé. Le fait est qu’aujourd’hui Kais Guiga vit principalement entre Paris et Genève et qu’il a mis sur pied un immense projet de Marina à Bizerte, Cap 3000, dont il a déjà entrepris la commercialisation à Monaco, entre autres, où Cap 3000 dispose d’un stand battant pavillon tunisien. C’est cette Marina de Bizerte vers laquelle lorgne le clan de « La Régente de Carthage ». Kais Guiga étant inaccessible, car vivant à l’étranger, qu’à cela ne tienne, on implique son propre fils Zyed. Ce dernier étant, par ailleurs, promoteur de la première entreprise de construction de voitures de Rallye en Tunisie. Le montage d’une affaire de trafic de statuettes et autres objets archéologiques, l’habillage pour faire croire à des ramifications internationales où des Anglais seraient de la partie, tout cela ne sert qu’à voiler le seul et unique chantage: prendre possession du projet Cap 3000. Nous voilà donc avertis: Si Zyed Guiga retrouve vite sa liberté, ne croyez nullement à une quelconque justice impartiale. Regardez plutôt du côté de Bizerte si Kais aura cédé pour sauver son rejeton. Enfin, depuis quand le régime tunisien, qui a institué tous les trafics possibles et imaginables, de la drogue au commerce du sexe, s’intéresse-t-il au trafic archéologique? Le clan Trabelsi, n’at-il pas déclassé, dépecé des Domaines classés patrimoine national pour faire toujours et encore plus d’affaires? Le gendre de Moncef Trabelsi, marié à sa fille Boutheina « Butagaz » n’a-t-il pas été surpris par la Garde nationale, dans sa région du Nord-ouest, dans un camion plein à craquer d’oeuvres archéologiques? Il faut bien un jour cesser de prendre les gens pour des imbéciles…. A suivre…


MISSION DE L’ADMINISTRATEUR-GERANT DE L’UNIVERSITE LIBRE DE TUNIS DESIGNE PAR LE TRIBUNAL LE 2/02/2010


 

« Assurer la continuité des études de l’ULT,  préserver les droits des enseignants et des étudiants et du cadre administratif de l’institution ». Voilà ce qu’officiellement l’on essaie de nous dire et expliquer en entamant la destruction pure et simple de l’ULT et sa mise sous tutelle.

Or, les premières décisions prises par l’administrateur-gérant sont à l’encontre des principes annoncés. En effet :

1/ Est-ce assurer la continuité de l’ULT et préserver le cadre administratif que de :

       – licencier sans préavis le premier jour de sa prise de fonction les deux cadres supérieurs de l’institution : le vice-recteur à l’enseignement (directeur-adjoint selon la dénomination officielle du ministère), ainsi que le directeur administratif et financier.Ces deux cadres dirigent l’ULT depuis environ 8 années et sont les fils de M. BOUEBDELLI et ceci dans le non respect du code du travail.

–      réembaucher un enseignant qui avait été licencié en janvier 2010 (à l’issue du 1er semestre universitaire) pour incompétence pédagogique et contesté par les étudiants ;

–      réembaucher un agent administratif qui avait été licencié en janvier 2010 pendant sa période d’essai suite à son incompétence notoire ;

–       réduire la durée de l’horaire des enseignants permanents tenus d’assurer l’encadrement des étudiants avec le maintien de leur salaire et ceci en contradiction avec leur contrat de travail ;

–          affecter les agents nouvellement embauchés à des missions de perquisition sur des dossiers archivés depuis plusieurs années au lieu de s’investir pour assurer le bon déroulement des cours?

2/ Est-ce assurer l’équilibre financier de l’institution que de:

–          embaucher de nouveaux agents, doublant ceux déjà en activité  (frais de personnel supplémentaires) et ceci afin d’avoir une équipe totalement asservie et docile;

–          rendre gratuites plusieurs prestations assurées auparavant aux étudiants contre règlement (remplacement badge  ou attestations égarés ,photocopies à la demande …) alors que ces prestations figurent sur le tarif annuel des frais de scolarité?

 

3/ Est-ce légal d’occuper des locaux n’appartenant pas ou non affectés auparavant àl’institution ?

 C’est ce qui s’est produit pour un immeuble mitoyen n’appartenant pas à l’ULT , occupé par une autre institution l’INTAC en foyer universitaire et actuellement en cours de rénovation?

 

Tout ceci démontre clairement la volonté  de ne pas  assurer la pérennité de l’institution en établissant  un climat de division entre le personnel ancien et  le nouveau, en « fouinant » dans des archives  n’ayant aucun lien avec les formations actuelles, et enfin en liquidant financièrement l’ULT par des charges démesurées.  Cet administrateur est plutôt « un videur » qu’un gestionnaire avisé. Slim BAGGA

 


Dernier classement de l’annuaire international des médias : Ou en sont les journaux Tunisiens


 Le dernierclassement des meilleurs journaux les plus visités sur le net dans le monde que vient de publier l’annuaire international des medias « 4 International Media and Newspapers (4IMN) » n’a, bien entendu, cité aucun journal tunisien dans sa liste des premiers 200 journal au niveau mondial sur une liste de 7000 journaux à travers le monde. Ce résultat ne doit pas constituer une surprise pour personne vue la situation que vie nos médias et les conditions auxquels sont soumis nos journalistes, sauf que ce classement des journaux « ne prétend pas classer les journaux, selon leur qualité, leur fiabilité, leur réputation ou les efforts de leurs journalistes »comme il est précisé par ces promoteurs.

« Le classement est basé sur des critères impartiaux et indépendants recoupant des données recueillies auprès de trois moteurs de recherche différents : Google Page Rank, Yahoo Inbound Links et Alexa Traffic Rank », explique 4IMN sur son site. Par son étude, 4IMN voulait « fournir un classement de popularité approximative de journaux du monde entier basé sur la popularité de leurs sites web ». C’est un nouveau type d’audience qui est en train de s’installer sur la base d’Internet et des nouvelles techniques de communication. C’est pourquoi nous trouvons des pays normalement à notre porté et dont les journaux ne sont pas doté de meilleures condition que les notre qui ont réussi à se positionner dans ce Top 200 contrairement aux journaux tunisiens. Ce qui veut dire que nos journaux ont régressé alors que d’autres dans les mêmes conditions ont réussi à progresser.

Dans le monde arabe, dont on peut dire tout sauf qu’il s’agit d’une aire de liberté de la presse, des journaux d’Egypte, d’Algérie d’Arabie Saoudite, du Koweït du Bahreïn, du Qatar et même d’Oman ont pu se hisser à un niveau de notoriété pour figurer sur la liste des 200 journaux les plus sollicité sur le net alors qu’aucun journal tunisien n’a pu arriver. Cette situation démontre qu’il y a un problème de fond autre que celui de l’espace de liberté et la marge de liberté d’expression autorisées et pour appeler les choses par leurs noms disons que nos journaux souffre d’un problème de médiocrité de leur produit en tant que marchandise exposée sur le marché.

Le constat est plus alarmant quand on se reporte sur le classement des50 meilleurs journaux en Afrique. Seul le journal « La Presse » à pu accéder en 15ème position en Afrique alors que l’Algérie avec 7 titres et l’Egypte avec 5 titres et sans parler des journaux anglophones du Nigeria avec 6 titre de l’Afrique du sud avec ses 15 titres qui sont loin devant nous.

En Tunisie, nos journaux souvent férus de ce genre de classements dans des domaines des plus insignifiants pour souligner les prouesses et les réalisations susceptible de légitimer la dictature en place en lui imputant tous les succès, feraient mieux de se pencher sur leur propres scores et d’avoir le courage de les expliquer.

Yahyaoui Mokhtar –

(Source: « Tunisia Watch » Jeudi 4 Fevrier 2010)


Ben Brik, ou le silence pesant sur un crime d’État


Insulté, agressé par ses codétenus qui lui déchirent ses vêtements, le journaliste subit un calvaire au quotidien depuis que la cour d’appel de Tunis a confirmé sa condamnation à six mois de prison. C’est un cri de détresse traversant la Méditerranée par le biais des ondes satellitaires. Il est lancé par Azza Zarrad, la femme de Taoufik Ben Brik. « Que pouvons-nous faire pour sauver Taoufik Ben Brik  ? Ils sont en train de lui faire beaucoup de mal. Une torture psychologique  : les codétenus l’insultent, l’agressent, déchirent ses vêtements, renversent son couffin, l’empêchent de dormir (…) Ils ne le laissent pas dormir le soir, ils ne lui donnent pas ses médicaments en temps et en heure. » Ce SMS qui révèle son désespoir est un appel au secours face à une situation chaque jour plus inquiétante. Une question humanitaire « Taoufik est malade. Il doit prendre des médicaments à heure régulière », s’inquiétait Azza Razzad lors de son passage à Paris, il y a quinze jours. Elle était alors venue clamer l’innocence de son mari qui croupit dans les geôles tunisiennes depuis le mois de novembre 2009. 
« Je dois faire plusieurs heures de route pour le voir parfois à peine cinq minutes, pour lui porter de quoi se nourrir trois fois par semaine. Ils sont une vingtaine, dans une toute petite cellule », témoignait Azza Zarrad, en grève de la faim. Rien n’y aura fait. Ni les rencontres avec les parlementaires européens – la GUE et les Verts font front commun sur ce sujet –, ni les mots de soutien des partis politiques – Marie-George Buffet a reçu Azza Zarrad –, ni les réunions publiques révélant l’important soutien dont jouit Ben Brik, les progressistes n’étant pas dupes de ce qui se joue de l’autre côté de la Méditerranée. À l’issue du procès en appel, le samedi 30 janvier, le verdict a été confirmé  : Ben Brik restera en prison, à plus d’une centaine de kilomètres de son domicile, victime d’un procès aux allures de vengeance politique – critiquer le gouvernement n’est pas permis au pays de Ben Ali. « Et pourtant, rappelle Azza Zarrad, Taoufik a écrit dans des journaux français. Ce gouvernement doit nous aider. C’est une question humanitaire et une question de respect des droits de l’homme. » les européens complices Ce mot n’aura rencontré qu’un faible écho. Les prises de position de l’État français sur cette affaire se font désespérément attendre, alors qu’Azza Zarrad, à Paris, espérait un soutien. Plus exactement, « un appel pour que la Tunisie respecte ses obligations en matière de droits humains ». « Ce combat pour la vie et la liberté de mon mari symbolise toute une conjoncture, expliquait-elle. On ouvre les portes à un combat plus large en faveur de la liberté et de la démocratie qui profiterait à tout le monde. » En effet, d’autres journalistes sont aussi en prison  : Zouheir Makhlouf, pour avoir effectué un reportage sur l’environnement, dénonçant les agissements de la Tunisie  ; Fahem Boukaddour, pour avoir filmé le bassin minier de Redeyef. Ou encore, des étudiantes, qui ont osé réclamer des chambres en cité universitaire. En attendant, ce témoignage sur le calvaire du journaliste est un cinglant démenti aux propos du président Ben Ali, rapportés par la presse tunisienne, assurant que son « gouvernement agit dans un pays démocratique et pluraliste, où l’information est libre et le citoyen responsable ». Soit. Mais au regard de la réalité, il n’en reste pas moins qu’au royaume de Ben Ali, mieux vaut se taire. Les pays européens, qui qualifient la Tunisie de « partenaire proche et fiable » restent complices. Fabien Perrier
(Source: « L´Humanité » (Quotidien – France) le 6 fevrier 2010)

 

Mobilisation internationale contre le régime de Ben Ali

 


 

Un autre journaliste tunisien, Fahem Boukadous, a été condamné, le 13 janvier, à quatre ans de prison ferme par le tribunal de Gafsa. Selon Reporters Sans Frontières, cette sentence vient en représailles à la couverture que le journaliste avait effectuée des manifestations populaires qui avaient ébranlé la région minière de Gafsa, au début de l’année 2008. Il est ainsi le troisième journaliste à être incarcéré par le régime de Ben Ali, puisque Taoufik Ben Brik et Zouhair Makhlouf sont toujours en détention. L’état de santé du premier se dégrade même dangereusement, et ce, sans qu’une réaction officielle ne vienne mettre un terme à son calvaire. Afin de faire, un tant soit peu, pression sur l’Etat tunisien, l’Association des droits de la personne au Maghreb (ADPM) a adressé, vendredi dernier, une lettre au président Zine El Abidine Ben Ali, l’appelant à intervenir dans les plus brefs délais « pour corriger les excès des institutions en place et rendre à leurs victimes leur liberté ». Le document est paraphé par une trentaine de présidents d’organismes de défense des droits de l’homme, de diverses latitudes. Dans sa missive, l’ADPM rappelle au président Ben Ali son discours de prestation de serment, durant lequel il avait exprimé son « attachement à consacrer la liberté d’opinion et d’expression en Tunisie », ainsi que son « intention d’améliorer la condition des journalistes ». Pourtant, et comme le déplore l’ADPM – ironiquement, serait-on tenté de commenter – « des institutions tunisiennes, notamment la police et le judiciaire, continuent impunément de vider de leur sens vos déclarations et vos intentions ». « Nous vous demandons instamment de veiller à ce que l’appareil gouvernemental traduise concrètement, sur le terrain, dans la rue et devant les tribunaux, votre volonté d’assurer la pleine liberté d’opinion et d’expression », et de garantir aux journalistes des conditions de travail sereines, ainsi qu’une protection contre « l’agression d’institutions hostiles et rétrogrades, qui ne supportent pas les opinions divergentes et les voix discordantes », interpelle l’ADPM. Institutions qui, d’ailleurs, étendent leurs intimidations au-delà des frontières tunisiennes, puisque même l’exil ne protège plus les opposants au régime de Ben Ali. Pour preuve, les menaces de mort répétées proférées à l’égard de Slim Bagga, ancien rédacteur en chef de « L’Audace », défunt mensuel de l’opposition, établi actuellement en France. Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), qui se dit « très préoccupé » par ces menaces, appelle les autorités françaises à enquêter de façon approfondie sur ces faits. Slim Bagga avait contribué à l’écriture du livre La régente de Carthage, provoquant par la même l’ire du clan Ben Ali. Par Ghania Lassal (Source: « El Watan », (Quotidien – Alger) le 17 janvier 2010)

 Nuages d’intolérance dans le ciel de Carthage …
à la mémoire de Mazouz….

Par Adel  ZITOUNI* 

               « Eichmann est mort mais le souvenir de nos frères de persécution ne doit pas pour autant l’être. Apprenons aux jeunes ce qui s’est passé pour qu’il n’y ait plus jamais d’autre Eichmann ».

IVO GOLDBERG – Député de la Knesset

 

Le Parti de Bourguiba….de la collaboration à l’exclusion…

 

L’ère « Bourguiba »,  n’en déplaise aux magnats de la communication, au pays du jasmin, n’était pas,  reconnaissante, ni même valorisante, de ses particularismes identitaires judéo-arabes. Depuis la fondation de l’Etat, l’école et les médias, entretenaient, une amnésie générale sur  les injustices et les préjugés, endurés par la minorité nationale juive, et aggravés, après Vichy, par une conjonction subtilement sournoise, de mesures et d’incidents l’astreignant à disparaître de sa terre natale. A l’école, le  martyr du jeune tunisien « Maazouz », première victime tombée sous vichy, dont on ne peut évoquer le souvenir, sans profonde émotion, demeure inconnu… Curieusement, ce verrouillage des esprits, assiégeant d’un silence assourdissant des fragments capitaux de l’histoire tunisienne, semblerait être toléré par la classe bien-pensante. A Tunis, aucun débat public n’est à entrevoir, y compris au sein de la prestigieuse « Fondation Temimi », sur la passivité du « Néo Destour » face au crime absolu commis à l’endroit de citoyens tunisiens, à une époque où pas un seul jour ne fut un jour ordinaire ( 1 ), la complicité de Bourguiba avec  l’ « Axe » du mal  (  2) et le grand mufti de Jérusalem ( 3 ), l’exclusion du fait culturel judéo-arabe de l’espace public, autant de questions demeurant tabous chez  un peuple foncièrement tolérant , ouvert sur la modernité et digne d’une mémoire nationale rétablie dans ses droits sans exclusive ni mutilation…

L’histoire interdite, regorge d’exemples témoignant de la responsabilité du système, « néo-destour », dans le départ massif des juifs tunisiens de leur terre ancestrale. Par pragmatisme cauteleux, au début de sa carrière à la tête de l’Etat, Bourguiba pris vis- à- vis de cette communauté  des mesures s’apparentant à de la bonne gouvernance ( 4). Quelques années plus tard, il sera procédé, sous l’impulsion du même « Moudjahid Al akbar » ( 5 ), au nom d’une union nationale pathétique, s’agissant d’un pays fraichement autonome, au  nivellement de toutes les institutions, mettant en valeur, au sein de la société tunisienne, les spécificités mémorielles et identitaires juives ( 6).

Trois évènements marquèrent le destin de cette minorité nationale au sein de « sa » jeune Nation indépendante, à l’époque considérée, à savoir : Le discours d’Ahmed Mestiri, (7  ) la fatwa de Kemal Terzi ( 8 ), et certaines mesures économiques  drastiques (9  )

1-       Le discours d’Ahmed Mestiri, secrétaire d’Etat à la justice, prononcé le 17 juillet 1958, fixa pour la minorité juive les termes de sa loyauté, à l’égard de la patrie. Après lui avoir exposé le train de réformes prévues pour son « intégration » dans sa « communauté tunisienne, » qui, notons le, lui bouleversèrent sa cohésion et sa joie de vivre, le secrétaire d’Etat, jetant un pavé dans la mare, déclara que « s’il y a encore d’autres gens qui rêvent de la terre promise, qui vivent dans le pays mais tournent leurs regards vers Israël, qui font consciemment ou inconsciemment le jeu du sionisme.. Eh bien, nous disons aux uns et aux autres qu’il vaut mieux – pour eux comme pour la Tunisie – qu’ils partent, et nous ne les empêcherons pas de partir, à n’importe quelle destination  (sic) ». Des départs massifs s’en suivirent…..

2-      La fatwa de Kemal Terzi : Réunis au Pakistan en 1968, les « foukahas » de l’Oumma  [les docteurs de la Chariaa] Kemal Terzi, entre autres, représentant la Tunisie, devaient répondre à la question de savoir si, au regard de la Chariâa islamique, les Musulmans pouvaient conclure la paix avec les Juifs ? La fatwa rendue par les « foukahas »  fut, on ne peut plus claire, belliciste. La paix, permettrait aux juifs, selon les « foukahas », « d’exister en tant qu’Etat  (sic)». Ils appelèrent les musulmans, formellement, à faire la guerre aux Juifs s’ils voulaient détruire l’Etat d’Israël. Cette fatwa, non abrogée  par fatwa subséquente,  selon  les docteurs de la « Chariâa », du point de vue religieux, préserve sa valeur contraignante!

3-      Les mesures économiques  drastiques :

Dans une étude brochée intitulée «  la fin du judaïsme en terre d’islam »,(10  ) Jacques Taïeb, nous propose un récit éloquent sur « l’échec de l’intégration des juifs de Tunisie » ( 11 ).  Aux termes d’une présentation dépassionnée, Jacques Taïeb, livre à ses lecteurs en quoi le départ des juifs de Tunisie fut-il spécifique ? La « disparition programmée (sic) » de cette communauté séculaire aura été stimulée, provoquée, notamment, par des mesures et pratiques économiques et financières, drastiques. Le Néo-Destour « ne se préoccupa des Juifs qu’après cette date [1950] lorsque un certains nombre de notable Juifs liés économiquement et humainement à la bourgeoisie musulmane commencèrent à y adhérer (sic) ». L’adoption d’une politique collectiviste, dés 1960, et la nationalisation des terres agricoles, sur fond de crise franco-tunisienne,  sonnèrent le glas pour « la masse des entrepreneurs Juifs ou non (sic)» qui choisirent, dans leur majorité, la cessation de leur activité, refusant « leur transformation en salariés.(sic) ». La guerre des six jours donna lieu au pillage des commerces juifs. Ce vandalisme aurait été organisé « par certaines sphères publiques désireuses de pousser les Juifs au départ…(sic) ». Pendant les années 1960, sous Bourguiba, les acteurs économiques des communautés Juives de Tunisie subirent « des discriminations en matière d’embauche et de délivrance de licence d’importation (sic) ». Par ailleurs certaines institutions de la république, si ce n’est les plus importantes, l’armée et la magistrature entre autres, furent carrément fermées aux citoyens tunisiens de confession israélite. Il fallait plier bagage, et « l’opinion tunisienne était satisfaite de voir partir des concurrents (sic) ».

Cependant si, depuis quelques années, le fait identitaire et mémoriel judéo tunisien, se fit entendre, dans « l’espace public », au sens cher à Jürgen Habermas, essentiellement à l’occasion de l’office religieux  annuel de « la Ghriba », il est autant vrai, qu’amalgames dangereux et postulats négateurs, y trouvèrent aussi bonne presse. Certes, depuis quelques années, les initiatives, amorçant l’ouverture de la Tunisie sur sa dimension mémorielle judéo-arabe, se sont succédé. Cependant, celles-ci, Claude NATAF, l’avait à juste titre soulevé au sujet de l’Ecole Historique Tunisienne, demeurent « l’apanage d’un cénacle » (12 ). Due au « fait du prince » et destinée à endiguer le spectre de l’extrémisme, loin s’en faut, si louable soit-elle, cette ouverture est en passe de toucher à ses limites. Désormais une politique nationale d’éducation populaire, instituant l’apprentissage au devoir de mémoire est une urgence. Sans être exhaustive, cette modeste contribution, se propose d’apporter un constat d’évidence sur une apologie judéophobe, qui aura repris de plus belle en Tunisie, gagnant chaque jour du terrain dans les cercles rapprochés de la Cour, particulièrement, depuis la chute du dictateur Irakien et l’offensive israélienne, déplorable, contre Gaza.

 

Une évolution incontestable 

 

Voulant inscrire sa politique vis-à-vis de la minorité juive, dans la rupture d’avec son prédécesseur, et la continuité avec la sagesse du regretté Régent Husseinite Sidi Moncef Bey, en 1992 le Président Zine El Abdine Ben Ali a déclaré que « les Juifs tunisiens sont des citoyens à part entière et ceux qui sont partis peuvent revenir dans leur pays librement pour s’y installer ou pour y passer des vacances (sic) ». Certains observateurs, trouvèrent dans ce message une quête cynique de capitaux ! soit dit en passant, que la constitution et le pacte national (13 )  définissent l’identité par rapport à une langue, l’arabe, et une religion, l’islam,…à titre exclusif.

Quoi qu’il en soit, les lieux de cultes et cimetières israélites ont fait l’objet d’une attention urbanistique soutenue de la part des pouvoirs publics. L’hébreu, tant ancien que moderne, est désormais enseigné dans deux chaires universitaires. Et pour la première fois depuis le discours d’Ahmed Mestiri ( 14 ) la communauté juive de Tunisie confie  sa direction à un comité souverainement élu en 1999. Sur le plan de la coopération économique certaines sources affirment que depuis l’année 2000 les échanges commerciaux tuniso-israélien ne se sont jamais arrêtés. Un vol direct reliant Djerba à Tel Aviv a été inauguré. Et l’homme d’affaire Roger Bismuth  a fait son entrée à la chambre des conseillers. En 2005 le Président Ben Ali, qui jeta, en 1995 les bases, d’une réelle coopération tuniso-israélienne, convia le premier ministre Ariel Sharon, qui s’est fait représenté par Silvan Shalom, son ministre des affaires étrangères, au sommet mondial, tenu à Tunis, sur «  la société de l’information ».    

Autre fait marquant cette évolution : la participation de plus en plus affirmée d’officiels tunisiens aux manifestations organisées autour du « devoir de mémoire » ( 15  ) corroborée récemment à Tunis par la tenue d’un colloque sous l’égide de l’UNESCO (  16  ) sur la thématique de la « Shoah ».

La caste réfractaire !

Voici un système ne manquant aucune tribune internationale pour s’enorgueillir d’avoir à son actif, la célèbre Déclaration pour la Tolérance et le Dialogue des Civilisations (17),  soulignant sa détermination ; et c’est là que le bat blesse ; à prêter main-forte à la lutte contre l’extrémisme..; laissant, en même temps, une caste  parmi ses inconditionnels ; au discours anachronique et maximaliste, prédisposer, impunément, la jeunesse du pays, à l’intolérance. 

Il faut savoir que la rhétorique de la haine boit à des sources aussi diverses que variées. C’est un bric-à-brac idéologique, se proliférant dans les sociétés malades, à dénicher dans la littérature « du trottoir » et la presse « jaune ». Aussi dans la passivité des institutions sensées être un rempart contre les violences, face aux phobies véhiculées sous la bannière des causes justes et  la liberté d’esprit.    

Nationalisme ; panarabisme ; Anti-américanisme :

La haine d’Israël et l’antiaméricanisme seraient selon Borhane Besaies la voix du salut du peuple Irakien et l’« Oumma » Arabe. Le secret de leur vaillante résistance face aux « yankees (sic) », les Irakiens le puisèrent, précise-t-il, dans une culture de résistance vigoureusement raffermie, au cours des guerres de libération arabes, par « la haine d’Israël  et des politiques américaines  (re-sic) » ( 18  ).  Trait marquant des journaux tunisiens en langue arabe,  le radicalisme, Borhane Bsaïes, membre de l’Observatoire national des élections, du Conseil supérieur de la Communication et du Comité supérieur des droits de l’homme, en est un chantre confirmé.    

 

L’actuel diplomate de Carthage à l’UNESCO, Mezri Hadded, qui, stigmatisant la solidarité internationale qu’avait suscitée la grève de la faim du  journaliste tunisien Tawfik Ben Brik en 2001, s’est permis de déclarer ,(19  ) que cette solidarité « n’était somme toute qu’un complot de la juiverie et de la franc-maçonnerie (sic) ». Derechef, quelques jours après l’exécution du dictateur Saddam Hussein,  il fera paraître un billet intitulé « ainsi finissent les grands » ( 20 ) .La grandeur ici, reviendrait, bien entendu,  à un criminel, qui s’est rendu, durant son règne, coupable de tueries massives à l’encontre de sa propre population civile.  Ce «  Grand » dictateur, appartient, par ailleurs, à la lignée des chefs de guerre, de l’ère post- hitlérienne, ayant projeté et tenté, la destruction d’Israël.  Dans sa diatribe, son vibrant hommage à la mémoire d’un tueur, où le pathétique le disputait à l’irrationnel, Hadded, ce docteur en philosophie, enseignant la morale, dans l’une de nos universités parisiennes, versa dans les raccourcis populistes du Baath et d’Al Qaïda : Israël serait, d’après, ses cogitations,  la cause du malheur Irakien ! puisqu’ « il était inconcevable …chez bush le petit  et  bush le grand …les inconditionnels défenseurs de l’olympique d’Israël, que cette puissance régionale arabe, puisse continuer à se développer (sic). »……

Les tirs de missiles aveugles sur les civils, n’entamèrent en rien l’admiration extatique de Mezri Hadded pour Saddam Hussein ! Fallait-il laisser Saddam Hussein achever son entreprise…?! Dans son brûlot intitulé « ainsi finissent les grands »  paru, rappelons-le, dans l’hebdomadaire « Réalités », Hadded fidèle à ses convictions, s’est fait l’écho du mythe de la conspiration américano-sioniste, bravant son rêve de progrès ! et de liberté !, à la Nation Arabe, au profit de « l’Olympique d’Israël  (re-sic)».  

Quelques années plus tard, en prévision de ses missions futures ; craignant voir « sa carrière »  « Hosnisée » (  21 ), Hadded,  investit la toile et certains titres de la presse française, par des contributions, « humano-pacifistes », dont il ne reproduisit ni le contenu ni l’esprit dans ses  écrits publiés, à la même période, dans la presse tunisienne. Ce serait prêcher un convaincu que de parler à une opinion occidentale…démocratique et libérale (au sens philosophique du terme) des bienfaits universels de la Paix et du droit légitime des deux peuples Israélien et Palestinien à une coexistence pacifiée. Il est par contre inquiétant, que le langage journalistique autorisé en Tunisie, pour traiter du conflit israélo-palestinien soit, le plus souvent, haineux et belliqueux.  

 Peut-on, à la fois, prêcher la paix, condamner régulièrement, en dehors de ses frontières nationales, l’extrémisme iranien,  afficher de pertinentes distances par rapport à ce régime théocratique, tout en se gardant d’en dénoncer le prosélytisme ravageur dans son propre pays (22) ? Quelle était l’attitude de Hadded et la classe bien-pensante, sinon le grand silence, par rapport à la coopération culturelle Tuniso-Iranienne …coopére-t-on culturellement, sans renier ses valeurs, avec un régime rétrograde, faisant de l’apologie du négationnisme le substratum de son idéologie et de la destruction d’Israël son projet ? il y’aurait trop de naïveté à croire que l’on puisse bâtir à l’UNESCO une culture de la paix avec des acteurs de l’acabit de Hadded, aux velléités si ambivalentes, voir énigmatiques, partant en guerre contre les mouvements islamiques modérés, les accusant d’alliance objective ! avec « Al Qaïda », une accusation contre laquelle, même le parti turc de la justice et du développement, (AKP) de Recep Tayyip Erdogan ne saurait, selon ses dires, plaider innocent! laissant-faire en Tunisie ; l’apologie chiite du martyre ; glorifiant la guerre sainte contre l’occident mécréant….

Antisionisme, antisémitisme :              

Au Parti Social Libéral (P.S.L), Mondher Thabet, à peine  fut-il désigné secrétaire général, qu’il inscrivit sur la page d’accueil du site du P.S.L…son slogan fétiche à savoir : « Le sionisme et le nazisme sont les deux faces de la même médaille ».Dans les milieux bien-pensants, là aussi, aucune voix ne s’est levée, ne serait-ce que par souci d’hygiène intellectuelle, pour condamner cet analogisme, dangereusement, faux, assimilant l’idée rédemptrice du peuple Juif, le projet nationale cristallisant son histoire, au crime absolu, le Nazisme.  Il va sans dire que l’un des traits génériques de la propagande antijuive contemporaine est d’établir un parallèle entre sionisme et nazisme.

Soit dit au passage que le sionisme fut une idéologie politique de résistance, de survie, pour un peuple menacé dans son existence. Le Nazisme incarnait, quant à lui, une entreprise criminelle se fixant pour idéal l’extermination de l’être juif. Par ailleurs, le sionisme, en tant qu’idéologie, fut traversé par toutes les tendances idéelles de son siècle et ne s’est jamais défini comme une théologie sacrée ni une vérité absolue imperméable à la critique scientifique. Il fut critiqué, combattu, réformé  et dépassé au sein même d’Eretz Israël. Ce qui est le propre d’une société démocratique. Devrions-nous rappeler que par-delà son caractère irresponsable et profanateur, cette analogie est une insulte au courage d’une frange de la société israélienne, des citoyens pro-palestiniens…  justes et légalistes, des objecteurs de consciences, des militants pacifistes, des démocrates, acteurs de la société civile, des intellectuels, des femmes et hommes politiques, ces bâtisseurs déterminés à rendre possible la conclusion d’une  paix juste et durable entre les deux peuples palestiniens et israélien.     

Célébrée, par la minorité arabe, comme « Nakba », au sein même d’Eretz israël, la genèse de l’état hébreu, eut lieu sous l’empire de deux instruments qu’il faut non seulement connaître mais aussi, et surtout, bien comprendre. J’entends par là, la décision onusienne du 29 novembre 1947 et la déclaration d’indépendance définissant Israël comme Etat juif et Démocratique.       

Plus récemment,  Le secrétaire Général du Parti Social Libéral (P.S.L), s’est dit solidaire de l’Egyptienne Soukeina  Fouad, présentée par les connaisseurs de son parcours comme une négationniste, dans son épreuve face à  la police de la pensée au sein de l’internationale libérale. M.Thabet dénoncera sur les colonnes du quotidien « Achourouk » l’aliénation de la liberté  académique en occident,  par l’obligation de ne pas remettre en question l’Holocauste (23).Voici une rhétorique libertaire,  transfigurant en lumières,  pour l’intérêt de la science ! le nihilisme morbide des  Faurisson,  Garaudy   et consorts, …..Ex falso sequitur quodlibet « Du faux, découle ce que l’on veut »…

 

Quelques soit le contenu et le jugement politique que l’on puisse imputer au sionisme, ensemble, notre attachement à la légalité internationale et l’épreuve de la Shoah, rendraient inacceptable ; condamnable, dans un pays se proposant comme modèle de tolérance, qu’un songe creux politique, puisse faire impunément l’apologie du négationnisme. Ces égarements ignobles sont une prime à l’actif des thèses exaltant le fanatisme.  

A travers ces assertions M.Thabet  s’approprie  des airs  fondamentalistes ayant de toute époque justifié et propagé la culture de l’intention homicide contre le peuple d’Israël. Sans doute est-ce là l’expression d’un mal endémique à une génération tunisienne…    

L’offensive militaire Israélienne contre Gaza, dont on ne peut que condamner la tournure saignante, lourdement couteuse en vies humaines,  dans laquelle le mouvement « Hamas », lui aussi,  avait une part de responsabilité, donnera à Mondher Thabet une occasion pour profaner, son unicité et sa singularité  à la Shoah,  Nazifiant  Israël en filigrane, en qualifiant l’offensive considérée d’ « Holocauste » ( 24  ). S’en offusquer ? oui, répond Mohamed Barakeh, député arabe israélien du parti Hadash, invité cette année 2010 à participer à « la marche des vivants » à Auschwitz, pour qui  «  absolument rien ne peut être comparé à la Shoah (sic) »….                    

Tristement stupides, les déclarations de Mondher Thabet, sont cousines germaines de celles tenues aux tribunes « scientifiques » de la honte, à Téhéran, chez les groupuscules d’extrême droite, bien actifs dans certaines vieilles démocraties, et dans les fiefs souterrains de l’islamisme radical, l’allié objectif des dictatures arabes actuelles. Ce narrativisme, participant d’une logique intéressée par l’éternisassions du conflit, donnerait, par ricochet, leur raison d’être, aux tendances extrêmes, professant, dans la société israélienne, le déni des droits légitimes du peuple Palestinien.

Benoitement, inaugurant une nouvelle fédération   (25) du P.S.L. à Djerba, M. Thabet s’est fait inviter à l’école talmudique.  Signalée sur facebook, sans plus de  détail, cette information, non relayée par la presse tunisienne, n’a pas fait, de surcroit,  l’objet d’explications permettant d’y voir, non pas un misérable volte-face politicard, mais, un revirement sincère et sérieux, en prélude à un examen de conscience, par lequel M. Thabet reconnaitrait, publiquement, que son slogan fétiche assimilant le sionisme au nazisme fut une déviance intellectuelle, qu’ en qualifiant d’Holocauste l’offensive militaire contre Gaza, il avait  menti, et qu’en prenant fait et cause, au nom de la liberté d’esprit, pour le négationnisme il aura  failli à son devoir d’exemplarité…éthique           

Appel à la destruction d’Israël 

 

Nationaliste, Nassérien, Ahmed Innoubli, est secrétaire général du Parti de l’Union Démocratique Unioniste (U.D.U)…Il fut surtout candidat, faire-valoir, aux élections présidentielles organisées en Tunisie le 25 octobre 2009. Cet inconditionnel du  Parti–Etat, le Rassemblement Constitutionnel Démocratique (R-C-D), ne lésinant pas sur les mots,  précisera, dans une déclaration, retraçant l’essentiel de son « programme », s’il est élu à la magistrature suprême, sa conception du conflit Israélo-Palestinien. Ce conflit, précise-t-il, dans sa déclaration-programme de compagne, et son communiqué  à l’occasion de  l’anniversaire de la promesse de Lord Balfour, est un conflit non pas de « Houdoud » [ frontières], mais de « woujoud » [ existence].  La résolution de ce conflit passera ainsi inéluctablement, selon Ahmed Innoubli, par la disparition d’Israël…    

La Presse :

Domestiquée et de surcroit démunie en plumes libres, la presse tunisienne est, exceptés quelques rares titres, copieusement  garnie en assertions tendancieuses couvrant mal leur nature haineuse.     

On y trouve le ministre israélien des affaires étrangères, Liberman  stigmatisé sur son nom qui, selon un journaliste du quotidien « Le Temps », « raisonne juste comme Doberman (sic))» ;  ( 26 ) le chef du Parti «  Kadima », Tzipi Livni décrite comme « une naine, comparée à Bourguiba » ( 27  ) .Les juifs tunisiens, sauf quelques uns, «  se seraient rangés dans le camp des traîtres à la cause nationale de l’indépendance (sic) » (28).  Et le culte de satan aurait été inventé et propagé, à en croire l’hebdomadaire « Réalités », par un juif (29).  Le fantasme de la conspiration juive, s’y trouve également exalté  et savamment  diffusé ; tant pour évoquer l’ascension de Nicolas Sarkozy à la magistrature suprême,( 30 ) que  pour défendre l’humoriste Dieudonné sous l’intitulé « nous sommes tous Dieudonné » ! ( 31  ) Et la shoah,  serait devenue, d’après Mounir Charfi, aimant la surnommer  sarcastiquement  « Chouha ! », ( 32),  source d’exaspération, en raison de son récit exagéré, du matraquage médiatique excessif dont elle est l’objet  notamment sur la chaine « ARTE » ;  et l’omnipotence d’un  « lobby sioniste (sic)»refusant qu’elle soit approchée selon une perception, non conforme à la sienne. Le quotidien « Achourouk », consacra la une de sa livraison du 28 janvier 2009, à Cohen Stenly, qu’il avait interviwé au Liban en marge du congrès de la « Moukawama » [résistance] organisé par le Hizbollah.  A la une Cohen Stenly eut droit à une relation intégrale de ces mots cultes, à savoir  « Israël est un Etat criminel et illégitime (sic) » ;  « ce que subissent les palestiniens est pire que la Shoah (re-sic)».

L’art et la culture :

Une scène inouïe eut lieu à la Faculté des Lettres de la Manouba, le 10 mars 2006, où un hommage devait être rendu à l’une de ses imminences scientifique, le fils du pays, Paul Sebag. En présence de sa fille, et quelques uns de ses amis juifs tunisiens, l’on devait célébrer l’inauguration du Fonds Paul-Sebag se constituant de la Bibliothèque que le regretté  voulait, de son vivant, offrir en donation à l’université de la Manouba.

Un déchainement antisémite d’étudiants tunisiens scandant à l’adresse des participants des slogans les désignant comme « sionistes, amis des juifs »…n’était pas sans choquer les organisateurs.

Jamais pris au sérieux par le ministère de l’enseignement supérieur, cet incident à de quoi inquiéter. Il dévoile, surtout, l’élite d’une société, souvent érigée en modèle de modernité, gagnée par l’extrémisme, qui n’est pas que religieux.

Le Fonds Kemal Terzi ( 33  ), un concentré de salafisme wahhabite, remis en donation par sa fille,  ( 34 ) à la Faculté Théologique Ezzeitouna, recevra la bienveillance et  les honneurs de l’Etat. Puisque le ministre de l’enseignement supérieur, Lazhar Bououni, en personne, y avait pris part, rendant hommage au nom de l’Etat à un érudit salafiste.    

Autre terrain d’inquiétudes tunisiennes, la glorification des discours extrêmes décrétant le boycott de toute expression culturelle ou scientifique associant sinon impliquant des acteurs juifs ou, israéliens.   

La manifestation culturelle entreprise autour de l’œuvre artistique «  colombe de la paix »  de Picasso (35) est un exemple édifiant. Elle s’est fait attirer des critiques acerbes l’interprétant comme une forme de collision avec l’ « ennemi sioniste (sic)».  Le salon du livre organisé à Paris le 8 mars 2008, inauguré par le président israélien Shimon Peres, sera boycotté par plusieurs régimes arabes et musulmans. La Tunisie, bien qu’entretenant des relations, économiques, de haut rang avec l’Etat Hébreu, s’est arrimée à cette option de rupture. Césarisé, le film « un secret » de Claude Miller, évoquant la vie d’une famille juive, dans la France occupée, s’est heurté, au 15eme festival annuel du film européen, à une fin de non recevoir de la part d’un public, le jugeant malvenu, au moment où Gaza était assiégée par l’armée israélienne. Cherchez le rapport ! La Presse de langue arabe, destinée au public « nationale », ne manquera pas l’occasion pour exploiter l’incident, à mauvaise escient, en versant de l’huile sur le feu…. N’échappera pas à la règle, le congrès internationale des géographes, tenu à Tunis, au cours du mois d’août de l’année 2008, auquel avaient pris part des participants venants d’Israël et de Palestine. Certains y trouvèrent  un « pas en avant sur la voie de la normalisation avec l’ennemi sioniste (sic) ».                

Pourrait-on ne pas voir dans cette effervescence nihiliste si profondément instillée dans l’espace public, en Tunisie, le syndrome d’une société malade de ses élites?

Le Projet « Aladin »

 

La participation et l’appui magistral apporté par la Présidence de la République au projet « Aladin » m’inspire un sentiment mitigé.

Je m’en réjouis dans la mesure où cette participation, qui par ailleurs n’a reçu aucune couverture médiatique en Tunisie, surgit dans le paysage culturel bourguibien comme une dynamique ruptrice d’avec l’archaïsme d’une époque. En principe, à l’UNESCO, la Tunisie votera pour l’adoption du projet de résolution présenté par la France sur l’enseignement de l’Holocauste. C’est là une avancée historique que la classe bien pensante se devrait de soutenir et d’appuyer. A l’UNESCO sera mis en œuvre un indicateur de performance  permettant d’évaluer « les bonnes pratiques », dans les pays arabes enseignant l’histoire de  l’Holocauste. 

La participation tunisienne m’a laissé, par ailleurs, le regret de voir, parmi la délégation officielle, un certain Mohamed Mzali, l’ex successeur promis de Bourguiba. Figure de proue d’un panarabisme chauvin, ne cachant point ses affinités amicales pour Roger Garaudy ( 36), et durant de longues années aux affaires, aux postes les plus sensibles de l’Etat (  37), il avait l’art de colmater froidement et sans tapage,  la dimension culturelle  mosaïque de la Tunisie. C’est lui qui ne trouva pas meilleur qualificatif stigmatisant  Saïda Sassi  que celui la décrivant comme   « Dame de sion (sic) » (38). Il faut voir le bilan scandaleux de ce personnage atypique qui, jamais au cours de ses mandats à répétition à la tête du ministère de l’éducation n’a laissé fleurir une seule phrase en hommage à la mémoire  des minorités juive et berbère. Comment ne pas se sentir choqué en percevant Mohamed Mzali, sans avoir procédé publiquement à sa « mea culpa », prêcher à la fondation pour la Shoah, devant Madame Simone Veil, l’intérêt que présenterait pour les générations futures l’enseignement de l’Holocauste.  

 Evidemment, Mohamed Mzali, n’est pas interdit de croire aux bonnes causes, aux causes justes dont celle du « devoir de mémoire » vis-à-vis des six millions d’âmes péris, parce qu’ils étaient juifs. Toutefois, sans explications de sa part, sur le silence qu’il avait institutionnalisé autour de cette page de l’Histoire Universelle, au moment où il était « le » décideur de Tunis, son prêche à la fondation de la Shoah, confronté à son passé, est, de notre point de vue, malheureusement, sujet à caution… Peut-on s’improviser, partisan d’une approche démocratique et humaniste de l’Histoire universelle, épris des valeurs citoyennes et morales de notre temps, en s’accommodant au verrouillage de sa propre histoire nationale, et se refusant de confronter le fléau négationniste ?

 

Par l’adoption, en 1857, du Pacte Fondamental (Ahd el Aman) (  39  ) consacrant l’égalité de tous les tunisiens devant la loi, nonobstant leur appartenance confessionnelles ( 40  ), la promulgation de la Constitution de 1861 (  41   ) instaurant  l’Etat de droit, et sa contribution à l’émancipation de la femme à travers l’œuvre de Tahar Hadded ( 42) et la mise en place du code du statut personnel ( 43 ), la Tunisie, a pu faire, par le passé, figure de nation moderne. Je crois que dans la lutte contre l’antisémitisme et le négationnisme elle désormais appelée, à reprendre son rôle précurseur, à persévérer sur le chemin de ses avancées libérales, à faire office d’éclaireuse, pour le reste du monde arabo-musulman. 

On ne peut que déplorer la passivité de la justice face à  une presse et des personnages appartenant à la sphère publique, instrumentalisant impunément la haine, à des fins politiciennes, et  laissant, cyniquement, sur l’autel de leur déviance intellectuelle, une jeunesse, marginalisée , suffisamment stimulée, pour sombrer dans le pire…. Il est inadmissible que le négationnisme et l’antisémitisme aient droit de cité en Tunisie. Le principe de légalité selon lequel il n’y a pas d’infraction sans texte et celui de l’interprétation stricte des lois pénales, rendraient irrecevable, dans l’état actuel du droit tunisien,  toute éventuelle action ayant pour objet des propos ou actes négationnistes et antisémites. La loi étant  tributaire de la volonté de légiférer ; j’en appelle au Président de la République, Zine El Abidine Ben Ali,  aux fins d’éradiquer le mal à la racine, d’ordonner la mise place d’une commission scientifique chargée d’enquêter sur les manifestations actuelles de l’antisémitisme et du négationnisme en Tunisie. La synthèse des travaux de ladite commission, que j’appelle de tous mes vœux,  servirait de support pertinent, pouvant aider à  l’élaboration d’un projet de loi consacrant formellement, dans le code pénal et le code de la presse, la pénalisation du négationnisme et de l’antisémitisme. …  

 Paris le 06 février 2010 

*Président, fondateur de l’Association « Méditerranée Mémoires et Réconciliation »

           

[1 ] : Le Néo-Destour , parti parfaitement structuré pendant les années 1940, avait délibérément choisi le camp de l’Axe. Voir notre contribution intitulée « De la Tolérance d’Etat en Tunisie ».

[2 ] Ibid

[3 ] Dans sa lettre au Grand mufti de Jérusalem du 29 février 1943, Bourguiba , chef du Néo-Destour souligne son engagement irréversible à côté de l’Allemagne Nazie pourvue que cela puisse l’aider à soustraire la Tunisie du protectorat français.

[4 ] En 1956 , André Baruch est nommé ministre et Albert Bessis intègre l’assemblée Nationale, remplacé, , aussitôt , par Ahmed Ben Salah pour insuffisante maîtrise de la langue arabe !. Dans la suite de la promulgation, du code du statut personnel, sont nommés onze magistrats juifs. 

[5 ] C’est le surnom accordé à Bourguiba et signifiant : le plus grand Djihadiste !

[6 ] Suppression du Tribunal rabbinique, dissolution du conseil élu de la communauté, le quartier juif de la Hara où se trouvait l’ancienne grande synagogue est rasé ainsi qu’un cimetière israélite de Tunis dans lequel se trouvaient des tombes de rabbins. 

[7 ] Ahmed Mestiri s’est vu confier le secrétaire d’état chargé de la justice en 1956. En 1978 il fonde l’actuel Mouvement des Démocrates Socialistes. En 1989 il se retire de la scène politique.

[8 ] Mustapha Kemal Terzi : Professeur de théologie, salafiste.  Il a représenté la Tunisie, pendant de longues années, au Congrès Islamique Mondial.

[9 ] Voir la contribution de Jacques Taïeb dans l’étude brochée intitulée « la fin du judaïsme en terre d’islam » sous la direction de Shmuel Trigano.

[10] Ibid

[11] Ibid

[12] Interview accordée par Claude Nataf, Président de la Société d’Histoire des Juifs de Tunisie,  à « Réalité Magazine », du 6 septembre 2007. Parlant de l’apport de l’école historique tunisienne il à précisé «  nous constatons la vitalité de l’Ecole Historique Tunisienne et son implication dans la recherche sur les minorités. Mais il est vrai que ce n’est pas suffisant, car cette histoire, qui s’écrit, reste encore l’apanage d’un cénacle. Ce que je regrette, c’est qu’indépendamment de ces travaux universitaires, la mémoire juive ne soit pas rappelée dans la ville. Il serait souhaitable, il serait beau, que des plaques rappellent aux  passants tel ou tel lieu de la mémoire juive de Tunisie. »  

[13] L’article (1) de la constitution tunisienne dispose notamment que : « La Tunisie est un Etat libre, indépendant, et souverain, sa religion est l’islam, sa langue l’arabe…………. »

Le Pacte National défini l’identité nationale comme suit : L’identité de notre peuple est une identité arabo-islamique.

[14] Le discours du 17 juillet 1958

[15] A titre non exhaustif nous citons la participation d’officiels tunisiens à Paris le 10 décembre 2006, à la cérémonie commémorative de la rafle des juifs de Tunisie et la souscription de la Tunisie au programme « Aladin » en mars 2009.

[16] La publication d’information en ligne Tunisnews du…………

[17] La Charte de Carthage sur la Tolérance, adoptée le 22 avril 1995 à « Beit El Hikma ».

[18] article de Borhane Besaïes, du 4 avril 2003, publié sur les colonnes du  journal en ligne « Arab News ».

[19] Le Mensuel « l’Audace », Avril 2001.

[20]  Article paru dans la livraison du magazine hebdomadaire « Réalités » du 11 janvier 2007

[21] Néologisme faisant allusion à Farouk Hosni

 

[22] Depuis l’ascension d’Ahmadi Nejad, l’Iran est revenu au choix de l’exportation de sa révolution. Cette diffusion s’opère sous Ahmadi Nejad, par la propagation du chiisme. Le Maghreb de tradition « Sunnite », est actuellement, excepté le Maroc, une terre conquise par le prosélytisme des missionnaires des mollahs, menaçant sérieusement sa stabilité.  

[23] Le quotidien de langue arabe «  Achourouk » du 14 novembre 2009. Un rapport publié par le wall street journal la veille du 56 eme congrès de l’Internationale Libérale en Egypte ,(octobre 2009) épingle Soukeina Fouad et la dénonce en tant qu’antisémite et négationniste notoire. En fait il suffit de visiter ses écrits pour se rendre compte que cette personne est effectivement antisémite. Dans un papier publier le 11 mai 2009 au journal « alwafd » elle écrit, à propos des israéliens, à l’occasion d’une visite que le premier ministre israélien devait effectuer en egypte « puisse dieu protéger le peuple égyptien des crimes des porcs et leurs peste (sic) »  

[24] Communiqué du PSL du 28 décembre 2008

[25] Information publiée sur « facebook » .Il faut savoir que le site du PSL n’était plus accessible depuis décembre 2009. La visite eut lieu le 17 janvier 2010.

[26] Le Temps du 02 Avril 2009 – article intitulé « Délire Biblique ».

[27] Assabah du 03 Janvier 2009

[28] Asabah du 28 février 2008 – rapportant les propos de Nabil Khouldoune Grissa, Directeur de l’Institut Supérieur de l’Histoire du Mouvement Nationale

[29] Réalités (partie en langue arabe) du 05 juillet 2007, article écrit par Tahar Sassi

[30] Assabah 19 mai 2007, « la politique étrangère de la France » de Kamel Ben Younes

[31] Réalités du 20 octobre 2007, « nous sommes tous des dieudonné » par Foued Zaouech

[32]Assabah 27 janvier 2010.  « Chouha » en tunisien c’est le scandale – généralement- injustifié.

[33]voir supra la note n°[8]

[34] Salwa Terzi Ben Attia, fille de Kemal Terzi,  est secrétaire d’Etat aux personnes âgées et membre du comité central du Rassemblement Constitutionnel Démocratique.

[35] Voir l’article de Habib Khazdaghli, paru dans «  le Temps »  du  17 août 2007 sous le titre  «  Colombe de la paix de Picasso, rameau d’olivier d’Arafat, œillets de Lisbonne et jasmin d’Hammamet »

[36] Connu pour son amitié avec Roger Garaudy il l’associa à la signature de pétition condamnant l’absence des libertés en Tunisie.

[37] se reporter sur cette question à l’ouvrage de poche intitulé « lettre ouverte à Habib Bourguiba »

[38] Ibid

 [39] Ahd El Aman : Ce Pacte Libéral est le produit de la dynamique réformiste portée par les hommes des lumières tunisiennes, tels que Mohamed Bayram, Ibn Abi Dhiaf etc…avec ce Pacte la religion cessera d’être un élément discriminatoire

[40] Ibid

[41] C’est depuis la Constitution de 1861 que le projet d’un Etat tunisien de Droit est en gestation. Il s’agit de la première constitution moderne dans le monde Arabe. 

[42] Tahar Haddad (1899- 1935), très en avance sur son époque, originaire d’El Hamma, à Gabes, il était le pionnier de la lutte pour l’émancipation de la femme tunisienne. Auteur du célèbre « Notre Femme dans la charia et la société », un plaidoyer  exceptionnel pour l’égalité des chances entre les femmes et les hommes.

 [43] Le code du statut personnel tunisien, [au lieu d’instituer un statut civil pour la famille tunisienne,] va établir un régime, quoi que jetant les fondations d’une égalité entre les femmes et les hommes, inspirer de la chariaa. C’est le défaut capital de ce code, de notre point de vue, puisqu’il conduit à soumettre les familles juives tunisiennes à une loi d’inspiration islamique. D’autres familles juives, naturalisées françaises, seront soumises au code civil français. La suppression des tribunaux rabbiniques était une grave erreur.    


Le parlement algérien envisage d’adopter une loi criminalisant le colonialisme français


AFP 07/02/2010 Le parlement algérien envisage d’adopter une loi criminalisant le colonialisme français, a indiqué dimanche un député du Front de libération nationale (FLN). « Une proposition de loi criminalisant le colonialisme français a été déposée le 13 janvier au bureau de l’Assemblée populaire nationale (APN, chambre basse du parlement). Le projet sera soumis au gouvernement avant d’être adopté par le parlement probablement lors de la session de printemps », a déclaré à Alger Moussa Abdi, député du FLN (conservateur), au cours d’un débat au Forum du quotidien El Moudjahid (gouvernemental). Cette proposition de loi a été signée par 125 députés de différents partis, notamment le FLN, le Rassemblement national démocratique (RND) du Premier ministre Ahmed Ouyahia, le Mouvement pour la société de la paix (MSP, islamiste) et El Islah, a précisé Moussa Abdi. Le FLN, le RND et le MSP forment l’Alliance présidentielle, largement majoritaire au Parlement. « Nous envisageons de créer des tribunaux spéciaux pour juger les responsables de crimes coloniaux ou de les poursuivre devant les tribunaux internationaux », a précisé Moussa Abdi, interrogé par l’AFP. Les représentants du MSP et du parti Islah (réforme, islamiste) ont demandé à la France de « présenter ses excuses pour la période coloniale et d’indemniser le peuple algérien ». Lors d’une visite en Algérie en décembre 2007, le président français Nicolas Sarkozy avait fermement dénoncé le système colonial « injuste par nature ». Mais le chef d’Etat français refuse toute idée de « repentance », estimant qu’il s’agit d’une forme de « haine de soi » et de « dénigrement » de son pays.

Algérie: la décontamination à l’étude, 50 ans après les essais nucléaires


 

AFP 07.02.10 | 07h42 Une loi d’indemnisation des victimes « insuffisante », une décontamination des sites « inexistante »: 50 ans après le premier essai nucléaire français dans le Sahara, la société civile algérienne dénonce ses conséquences que des experts franco-algériens tentent de cerner. « Nous rejetons l’indemnisation, insuffisante, prévue par la loi française du 22 décembre 2009 car ce n’est pas avec quelques sous qu’on va régler un problème qui affecte plusieurs générations », dit à l’AFP Abderahmane Leksassi, vivant à Reggane et vice-président de l’association du 13 février 1960. Ce jour-là, la première bombe atomique française explosait à 7H04 locales près de Reggane dans le grand sud algérien, à quelque 1.700 km d’Alger au cours de l’opération Gerboise bleue. Trois autres essais nucléaires atmosphériques suivront, avant que le site ne soit déplacé plus au sud près de Tamanrasset, où 14 autres essais souterrains seront réalisés. « Il est difficile d’estimer le nombre exact de victimes de ces essais nucléaires, car toute la région a été exposée aux radiations qui persistent et il n’y a eu aucun dépistage », affirme M. Leksassi. « La région comptait entre 16 et 20.000 habitants, et on n’a tenu aucun compte des nomades qui traversaient la région », souligne de son côté pour l’AFP Mohammed Bendjebbar, qui dirige l’Association algérienne des victimes des essais nucléaires (AAVEN). « Inconscients du danger », ces nomades « ont ramassé tout ce qui pouvait leur être utile: des déchets métalliques hautement radioactifs, tel que bidons, fûts et autres objets laissés par les Français », ajoute M. Bendjebbar qui vit aujourd’hui à Oran, dans l’Ouest de l’Algérie. « Aucune décontamination sérieuse n’a été effectuée par la France » et dans certaines zones près de Reggane, « la radioactivité ambiante est aujourd’hui de 22 fois supérieure aux normes internationales », affirme-t-il encore. Les lieux du pas de tir du premier essai sont toujours strictement contrôlés, des barrières interdisant le périmètre à des dizaines de kilomètres à la ronde, selon des habitants. Pour M. Leksassi, la population subit encore les séquelles de ces essais. Il cite des cas de cancer ou de malformations chez les nouveaux-nés à Reggane, dans « un environnement contaminé ». Ces conséquences sont au centre des travaux d’un comité conjoint franco-algérien mis en place après la visite en 2007 du président Nicolas Sarkozy en Algérie, a-t-on indiqué de source diplomatique française. Chargé de réaliser une expertise des sites nucléaires avec la collecte de données et d’études, ce comité d’experts doit faire un état des lieux quant à la dangerosité des sites et parvenir à un diagnostic. Ce groupe technique, dont les travaux sont confidentiels, travaille depuis un an « dans une bonne entente » et a « déjà bien avancé », a-t-on affirmé de même source. Le ministre algérien des Affaires étrangères Mourad Medelci a souhaité de son côté le 19 janvier que ce groupe de travail conjoint puisse « réaliser des avancées » avant la visite à Alger de son homologue français Bernard Kouchner « dans les semaines à venir ». « Le problème n’est pas seulement celui de l’indemnisation mais aussi de la décontamination », avait-il auparavant insisté. « Nous voulons surtout connaître la vérité et que les habitants de la région bénéficient d’examen médicaux approfondis », exige M. Leksassi, qui prône « la construction d’un hôpital spécialisé dans le traitement des maladies provoquées par les radiations et de stations d’épurations d’eau ».

 

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