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   TUNISNEWS                        7 ème année, N° 2269 du 08.08.2006      
 
 
   
  
  
  
Adel Tebourski: Enfin, j’ai                               la parole (seconde partie) – Pourquoi cet                               acharnement ?                               AP: Expulsé de France, le                               Tunisien Adel Tebourski est “rentré normalement”                               en Tunisie, selon Tunis                                Afrik.com: L’Etat français expulse Adel Tebourski                               vers la Tunisie                                Le Monde: Adel Tebourski,                               renvoyé en Tunisie avant l’examen de son dernier                               recours                               L’Humanité :Enquête – Bidonville lumière                                Soumaya Ghannoushi:                               Who’s the extremist?            | 
 
  
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 Enfin, j’ai la parole (seconde       partie)       
Pourquoi cet acharnement ?
   
 Personne ne se rappelle d’Abdessatar Dahmane ni de       Bouraoui El Ouaer qui sont morts avec leur victime et chaque fois que l’on       parle de l’assassinat du commandant Massoud, c’est de moi qu’on parle.       Cette affaire me colle et me collera à la peau jusqu’à la fin de mes       jours. Comme je l’ai dit pendant le procès et après, je ne nie rien de mes       amitiés et je reconnais sans aucun problème les délits que j’ai commis ;       mais je n’ai rien à voir, ni de près ni de loin, dans cet assassinat ; les       premiers qui peuvent m’innocenter sont les agents de la DST et le juge       Bruguière lui-même. Tout le monde oublie, même pendant le procès, que       j’étais surveillé, mes téléphones étaient sous écoutes et j’étais       photographié depuis août 2000 jusqu’à mon arrestation le 26 novembre 2001.       Des éléments du dossier le prouvent. Si j’avais été au courant de quoi que       ce soit, la DST l’aurait su et le juge Bruguière n’aurait pas manqué de       l’être, mais tout cela a été occulté. L’affaire de l’assassinat de Massoud       a été pour le juge Bruguière l’affaire du siècle. Elle tombait juste à pic       dans le contexte du 11 septembre. Abdessatar Dahmane et Bouraoui El Ouaer       sont morts tous les deux, mais il fallait absolument un coupable de       substitution. Et de là se met en marche la machine judiciaire       anti-terroriste qui broie tous ceux qui y ont affaire. Depuis le 11       septembre, il y a des Etats et des hommes qui utilisent le terrorisme à       des fins politiques et personnelles. Ceci dit, je ne nie rien de       l’existence du terrorisme et des ravages qu’il peut engendrer. Le juge       Bruguière, qui a un passé que tout le monde connaît, a voulu faire de moi       ce que je ne suis pas. J’ai passé trois années d’instruction dans       lesquelles j’ai subi des pressions (article du 22-23 juin 2003, Le Monde),       j’ai reçu des menaces, tout cela parce qu’il n’a pas eu ce qu’il voulait.       La dernière menace que j’ai reçue de ce magistrat était : « Je vous ferai       un dossier d’enfer, et vous allez voir ». Bruguière a tenu sa promesse et       la cerise sur le gâteau : un réquisitoire délirant a été rédigé par le       petit juge Burgaud. D’ailleurs, lors de l’enquête parlementaire relative à       l’affaire d’Outreau, j’ai écrit une lettre à Daniel Mermet (de « Là-bas si       j’y suis ») dans laquelle je rendais hommage aux innocents d’Outreau. Je       terminai ma lettre en substance :  j’ai la possibilité de prouver       l’incompétence du petit juge, avec des documents à l’appui. Voilà pour       l’image du terroriste international. Le problème quand on est dans une       affaire dite de terrorisme, est que personne ne veut vous écouter. Quoi       que vous disiez, quoi que vous fassiez, vous êtes un terroriste. Les       avocats ne sont qu’un alibi ; ils sont là pour la bonne conscience de la       justice.  
 Après avoir compris le système, mon seul espoir,       c’était mon projet de livre. C’était ma manière de dévoiler ce qui se       passe dans les coulisses du pôle anti terroriste. Un avocat général lors       de l’enquête parlementaire sur l’affaire d’Outreau, a parlé du mythe de la       pédophilie. Je pense qu’on peut parler du mythe du terrorisme, sans, comme       je l’ai dit plus haut, nier l’existence et les conséquences du terrorisme.       Le verrou de la pédophilie a sauté et les magistrats font un peu plus       attention. J’espère que le mythe du terrorisme sautera et que des       magistrats beaucoup plus compétents et beaucoup plus rigoureux seront en       charge de cette question. Si ce système continue, il risque d’être une des       causes du terrorisme : à force de matraquer à certains jeunes (quel que       soit le degré de délit qu’ils commettent) qu’ils sont des terroristes, en       essayant par tous les moyens de les impliquer dans tous les dossiers (méthode       Bruguière), un jeune peut tomber amoureux de cette image de terroriste,       d’où l’effet Pygmalion et il finira par être un vrai terroriste. Il n’est       pas besoin d’aller vivre en Afghanistan ni en Irak pour savoir faire des       bombes. Il suffit actuellement de tapoter sur Internet et on a des       recettes toutes faites. Je ne dis pas que tous les jeunes qui ont été       arrêtés pour des délits dits de terrorisme sont susceptibles de tomber       dans ce piège, mais pour qu’un malheur arrive, il ne suffit que de un sur       cent.                Dans ses conclusions, l’avocat du ministre de l’Intérieur, pendant       l’audience du 29 juillet 2006, au tribunal administratif de Paris, dit que       : « que l’urgence dont se prévaut le requérant n’est que la conséquence de       son propre comportement ». Que mon comportement m’ait conduit en prison       pour une peine de six ans assortie d’une privation des droits civiques,       civils et familiaux pendant cinq ans, je le conçois et je l’admets, mais       qu’on me retire la nationalité française et qu’on m’expulse en urgence,       qu’on me fasse risquer la torture et un nouveau jugement en utilisant       encore le même argument, là ce n’est pas de la justice, c’est de       l’acharnement. Cet acharnement trouve son explication dans les relations       entre Bruguière et Sarkozy.         Adel Tebourski  
 
 (Source: Alerte elctronique de Mme Luiza Toscane     le 8 aout 2006)
 
AP: Expulsé de France, le Tunisien       Adel Tebourski est “rentré normalement” en Tunisie, selon Tunis
 
  
             mardi 8 aout 2006, 19h52        TUNIS (AP) – Le Tunisien Adel Tebourski, condamné en France pour son       implication dans l’assassinat du commandant afghan Ahmed Shah Massoud, a       retrouvé sa famille à Tunis sans embûche, après son expulsion lundi de       France pour “des raisons de sécurité”, a-t-on assuré mardi de source       officielle tunisienne, alors que certains redoutaient qu’il ne soit       torturé.
             Il est “rentré normalement sur le territoire national, à l’instar de tous       les autres citoyens tunisiens” auxquels la Constitution tunisienne “garantit       la liberté de voyage et de retour au pays”, assure un communiqué officiel.
             Craignant que M. Tebourski, 42 ans, ne soit torturé à son retour en       Tunisie, plusieurs associations, appuyées par le Comité contre la torture       de l’ONU, ont engagé des recours pour surseoir à son expulsion. Ces       démarches ont été rejetées par le tribunal administratif de Paris. Le       ministère français de l’Intérieur considérait quant à lui qu’il faisait “peser       une menace grave sur la sûreté de l’Etat et la sécurité nationale”.       On qualifiait de source officielle tunisienne ces craintes d'”allégations       mensongères propagées par certains milieux à des fins suspectes”.
             Condamné en mai 2005 à six ans d’emprisonnement pour avoir aidé les       assassins du commandant Massoud, tué dans un attentat en septembre 2001,       Tebourski a été libéré le 21 juillet dernier à la faveur d’une remise de       peine, mais déchu de sa nationalité française obtenue en 2000. Ami d’Abd       El Sattar Dahmane, l’un des assassins du “lion du Panchir”, Tebourski       avait reconnu lui avoir acheté en mai 2000 les billets d’avion qui lui ont       permis de partir à Islamabad et changé pour son compte plus de 4.500 euros       en dollars. AP
       
  
 
 
L’Etat français expulse Adel     Tebourski vers la Tunisie
  
     
 mardi 8 aout 2006, 19h07  
         Sa peine de prison purgée et sa nationalité française retirée, Adel     Tebourski a été expulsé lundi vers son pays d’origine, la Tunisie, malgré     les menaces de torture qu’il y encourt. Il avait été condamné en 2005 pour «     association de malfaiteurs liée à une entreprise terroriste », dans le cadre     du meurtre du commandant afghan Massoud. Ses défenseurs contestaient le     caractère d’urgence de son expulsion ainsi que sa destination.      Adel Tebourski a embarqué dans le vol Air France de 13h30, lundi, à Roissy     (Paris), en direction de la Tunisie, son pays d’origine. Il avait été     condamné en 2005 par le tribunal correctionnel de Paris à six ans de prison     pour « association de malfaiteurs liée à une entreprise terroriste », après     avoir fourni des papiers d’identité aux deux faux journalistes qui ont     assassiné le commandant Massoud le 9 septembre 2001, en Afghanistan. Le 19     juillet dernier, trois jours avant la fin de sa peine, le ministère de     l’Intérieur l’a déchu de sa nationalité française pour « atteinte manifeste     aux intérêts fondamentaux de la Nation », avant, le jour dit, de prendre un     arrêté d’expulsion « en urgence absolue » à son encontre. A partir de ce     moment, son avocat, Franck Boëzec, et les associations qui l’ont soutenu,     ont entamé une course contre la montre et contre son expulsion vers un pays     où il risque de subir des « traitements dégradants ».
  « L’Etat squizze le droit fondamental »  
      Ces derniers ont contesté le caractère d’« urgence absolue » décrété par le     ministère de l’Intérieur en présentant trois référés contre l’expulsion     devant le tribunal administratif de Paris. Rejetés trois fois. La dernière,     vendredi dernier, Me Franck Boëzec a fait un parallèle avec une affaire     impliquant un activiste basque espagnol pour laquelle la justice avait     estimé qu’il n’y avait pas de lien entre la condamnation et la mesure     d’expulsion. Les « liens » de ce dernier avec son organe [s’étaient] «     distendus », avait-elle jugé. Ce qui serait le cas pour Tebourski, selon     lui-même, ses proches et le personnel pénitentiaire qui a eu à le fréquenter.     « Le niveau d’exigence du ministère de l’Intérieur pour mettre fin à sa vie     de famille doit être très haut. Il ne suffit pas de produire la condamnation.     La jurisprudence dit qu’il n’y a pas de mécanique d’automaticité », a plaidé     Me Franck Boëzec.      « On a l’impression que l’Etat s’est géré son ‘urgence absolue’ afin     d’écraser les droits de M. Tebourski », a-t-il poursuivi. « Il squizze le     droit fondamental à présenter ses arguments à une commission départementale     d’expulsion ». Déchu de sa nationalité, le Tunisien a présenté une demande     d’asile devant l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et     apatrides), qui a été rejetée le 28 juillet. Selon elle, « M. Tebourski     n’exerce pas d’activité pouvant le mettre en danger chez lui », a cité Me     Franck Boëzec. Or, le ministère de l’Intérieur dit précisément le contraire     en le soupçonnant encore de pouvoir porter « atteinte aux intérêts     fondamentaux de la Nation ».      Adel Tebourski a admis avoir fourni des pièces d’identité à son « ami »     terroriste, Abd el-Sattar Dahmane, lorsqu’il vivait à Bruxelles, mais il a     toujours nié avoir été au courant de ses desseins. Ce que que l’avocate du     ministère de l’Intérieur a du mal à assimiler. En ce qui concerne le     caractère d’« urgence absolue », Me Sophie Tassel s’est dite gênée par un «     sentiment d’ambivalence », lorsque Tebourski affirme qu’il n’est pas un     danger pour la France, mais qu’il n’a jamais fait appel de sa condamnation.     De la même façon, elle estime que ce dernier manie le sophisme lorsqu’il     explique qu’il a « été condamné dans une affaire de terrorisme mais [qu’il     n’est] pas un terroriste ».  
  
 La Tunisie a changé ? 
         Le 27 juillet, l’Acat (Association des chrétiens pour l’abolition de la     torture) et la Cimade (Service œcuménique d’entraide) ont reçu le soutien du     Comité contre la torture des Nations Unies (CCT), qui a demandé à la France     de surseoir à l’expulsion d’Adel Tebourski « en raison des risques de     torture et de mauvais traitements encourus par ce dernier en cas de retour     dans son pays d’origine ». Franck Boëzec a également produit le cas de Tarek     Belkhirat, un ressortissant tunisien condamné en France pour « association     de malfaiteurs liée à une entreprise terroriste » et expulsé en Tunisie en     2004, avant que le Conseil d’Etat, le 19 janvier 2005, n’annule son Arrêté     préfectoral de reconduite à la frontière (APRF), trop tard.      Sur ce point, Me Sophie Tassel, pour le ministère de l’Intérieur, s’est     contentée de faire remarquer que 2004, ce n’est pas 2006. Et que les     conditions de respect des droits de l’Homme en Tunisie peuvent avoir évolué.     La juge des référés, la raie de ses cheveux châtains droite comme la justice,     les yeux bleus et le rouge à lèvre vif se détachant sur le mur blanc de la     salle d’audience, a écouté, et décidé. Le premier magistrat de France,     Jacques Chirac, en visite en Tunisie, n’avait-il pas affirmé en décembre     2003 que « le premier des droits de l’Homme, c’est de manger, d’être soigné,     de recevoir une éducation et d’avoir un habitat » ? La jurisprudence est     peut-être là.      Lundi après-midi, Adel Tebourski a été récupéré à l’aéroport par son père et     sa sœur. « En gage de bonne volonté », selon Michaël Garreau, qui a suivi le     dossier pour la Cimade depuis Nantes et explique que la médiatisation de     l’affaire a au moins permis de mettre les autorités tunisiennes sous les     spots de médias. « Mais la police, ajoute-t-il, a gardé quelques affaires     qu’elle a demandé à Tebourski de revenir chercher plus tard. »  
 Zaïre Djaouane
     
  ( Afrik.com, mardi 8 aout     2006, 19h07)  
 
 
 
Adel Tebourski, renvoyé en Tunisie   avant l’examen de son dernier recours
 
 LE MONDE | 08.08.06 | 15h42  •  Mis à jour le   08.08.06 | 15h42       C’est finalement par avion qu’Adel Tebourski, 42 ans, est arrivé à Tunis,   lundi 7 août, dans l’après-midi. Il avait été renvoyé de France, le jour même,   en vertu d’un arrêté d’expulsion en urgence absolue pris par le ministère de   l’intérieur le 21 juillet. Selon la Cimade (service oecuménique d’entraide),   association de défense des droits de l’homme qui s’était engagée en faveur de   M. Tebourski, le ressortissant tunisien, déchu de sa nationalité française, le   19 juillet, a été accueilli par son père à l’aéroport, sans que les autorités   locales cherchent à l’interpeller. Des effets personnels ont été néanmoins   saisis par la police tunisienne.       Condamné le 17 mai 2005 à Paris à six ans d’emprisonnement pour son rôle dans   le réseau de soutien islamiste aux assassins du commandant afghan Ahmed Shah   Massoud, en septembre 2001, il avait été libéré le 21 juillet de la prison de   Nantes par le jeu normal des remises de peine, et aussitôt placé en rétention   administrative au centre du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne), où il avait entamé   une grève de la faim. Lui-même et ses défenseurs craignaient une arrestation   et des actes de torture dès son arrivée sur le sol tunisien.
 L’expulsion a provoqué la colère de Me Franck   Boëzec, l’avocat de M. Tebourski, qui dit “avoir été pris par surprise”. Il   avait adressé plusieurs recours contre la décision administrative (Le Monde du   8 août). Il estimait que l’un d’entre eux avait pour conséquence de suspendre   provisoirement le renvoi de son client vers la Tunisie.
 “INACCEPTABLE”
 “J’ai saisi la commission de recours le 30 juillet,   en vertu de la convention de Genève de 1951 sur les réfugiés, a-t-il expliqué,   lundi 7 août. Cette procédure pouvait s’appliquer à M. Tebourski. Elle aurait   dû interrompre l’expulsion. Or mon client n’a pas pu être entendu ni   bénéficier d’un débat contradictoire. C’est inacceptable.” De fait, l’article   L 731-3 du code de l’entrée et du séjour des étrangers en France indique que,   dans ce cas précis, “le recours est suspensif d’exécution”.
 Le ministère de l’intérieur considère que le   ressortissant tunisien “n’a pas le statut de réfugié”. Dans un communiqué   rendu public, lundi, il ajoute que toutes les voies de recours légales ont été   épuisées. Le tribunal administratif a rejeté à trois reprises, les 26 et 29   juillet et le 7 août, les requêtes de M. Tebourski visant à interrompre son   expulsion. Par ailleurs, l’Office français de protection des réfugiés et   apatrides (Ofpra) n’a pas donné suite, le 28 juillet, à la demande d’asile que   l’ancien détenu avait déposée, après l’avoir examinée, selon la procédure   prioritaire.
 “Cet individu condamné dans une affaire de   terrorisme fait peser une menace grave sur la sûreté de l’Etat et la sécurité   nationale”, affirme le communiqué, qui précise : “Le ministre de l’intérieur a   la responsabilité d’assurer la sécurité des Français, notamment contre la   menace terroriste, dans le respect de l’Etat de droit.” Lors de l’ultime   audience au tribunal administratif, vendredi 4 août, l’avocate du ministère de   l’intérieur, Me Sophie Tassel, avait déclaré que les risques qu’il encourait   dans son pays d’origine “n’étaient pas établis”.
 Pour les associations, le sort d’Adel Tebourski   est loin d’être réglé. ” La mobilisation a permis qu’il reste libre sur le sol   tunisien (…). Nous en sommes heureux, dit l’Action des chrétiens pour   l’abolition de la torture (ACAT) dans un communiqué, car nous avons pu le   protéger face aux autorités tunisiennes, pour un temps au moins.” Mais,   ajoute-t-elle, “nous connaissons les méthodes tunisiennes et sommes portés à   craindre une suite nettement moins douce”. De son côté, Me Boëzec a indiqué   qu’il engagerait de nouveaux recours pour obtenir le retour de son client sur   le territoire français. 
 Pascal Ceaux (Source: Le site du journal “Le Monde” le 08   aout 2006)
 
Enquête Bidonville lumière
 
   
 Près de l’étang de Berre, le « Gourbi », peuplé de   naufragés de l’agriculture environnante, porte bien son nom : « habitation   misérable », en arabe. Plus petits, moins visibles, il y en aurait des   centaines d’autres en France
  Berre (Bouches-du-Rhône),   envoyée spéciale.
     Les chats nous écartent les serpents et les scorpions », explique   Brahim, l’air attendri devant une portée de quelques mois. Originaire de   Tunisie, il a « échoué » au Gourbi en 2002, après 34 ans à travailler dans les   serres de la région. Désormais, il partage 400 mètres carrés de terrain avec   une soixantaine d’hommes immigrés, du jeunot de vingt ans au papi de soixante.   Tous sont saisonniers agricoles chez les exploitants de la plaine maraîchère   des Gravons, aux confins des communes de Berre-l’Étang, Lançon-de-Provence et   La Farre-les-Oliviers. « Si certains ont un contrat de travail, il y a surtout   des sans-papiers, des retraités, des chômeurs ou des érémistes payés au black,   résume Claude Pinaud, de la Ligue des droits de l’homme (LDH). Sans logements   décents, sans fiches de paie, payés 5 euros de l’heure, les habitants du «   Gourbi » sont dans une situation encore plus précaire que les contrats OMI. »   Cabanes de fortune fabriquées avec des arceaux et des bâches de serres   colmatées avec des cartons et des planches de bois, caravanes rouillées aux   pneus crevés : le « « gourbi » » occupe depuis les années 1980 un terrain en   friche de la commune de Berre. Ce bidonville entre dans le cadre du plan de   résorption de l’habitat indigne, relancé au niveau national en 2003. Car même   si, après plusieurs années de concertation stériles avec les pouvoirs publics   locaux, la Fondation Abbé Pierre et les Compagnons bâtisseurs ont construit en   2005 quatre douches solaires et des toilettes sèches « afin de remédier à   l’urgence », le lieu reste invivable, et la dignité, un point aveugle. « La   communauté d’agglomération Agglopôle Provence refuse d’effectuer le   prélèvement des ordures, fustige Claude Pinaud. Du coup, avec les 5 000 euros   récoltés par le collectif de soutien, nous payons la société de nettoyage Onyx   pour qu’elle vienne vider la benne. À chaque fois cela coûte 400 euros ! » Une   information démentie par la communauté d’agglomération qui, malgré les   factures Onyx et les témoignages des habitants du « Gourbi », prétend prendre   en charge « depuis des mois » le ramassage des déchets « comme pour le reste   de la plaine des Gravons ».
     Il faut mettre fin au « gourbi » : sur ce point, pouvoirs publics et   associations de soutien s’accordent. Les voix ne s’échauffent qu’à l’évocation   des solutions envisagées. « Appuyé par l’État, le maire socialiste de Berre ne   cherche qu’à se débarrasser d’un bidonville devenu trop médiatique, trop   voyant, sans proposer de véritables solutions de relogement, s’indigne Denis   Natanelic, du Collectif de défense des travailleurs agricoles saisonniers (Codetras).   Le sous-préfet d’Istres s’est même déplacé en personne chez le propriétaire du   terrain, un ancien exploitant italien octogénaire, pour l’inciter à porter   plainte et à s’en tirer sans frais ! » Le 15 novembre 2005, le tribunal   d’Aix-en-Provence, saisi en référé pour l’expulsion du « Gourbi », conclut   finalement à un prêt tacite du lieu, et non à un squat, étant donné la durée   d’occupation. « Maintenant, au lieu de s’en prendre à notre association, ils   accusent le proprio d’avoir autorisé l’installation des douches et des   toilettes sans permis de construire », explique Fahdi Bouroua, délégué   régional de la Fondation Abbé Pierre. Le procureur de la République a en effet   déclenché en janvier une procédure pour infractions au Code de l’urbanisme.   Initialement prévue en décembre 2006, l’audience avait finalement été avancée   au 9 mai dernier, avant d’être reportée au printemps 2007. « Le plus curieux,   c’est que, le 10 mai, au prétexte de réprimer un trafic de fausses pièces   d’identité, alors qu’il n’y a pas l’électricité dans le « Gourbi », 200   gendarmes ont lancé une opération d’envergure sur le bidonville avec chiens   policiers et hélicoptères. » Résultat, une trentaine d’interpellations «   musclées », onze personnes enfermées au centre de rétention d’Arenc pour une   reconduite à la frontière, mais aucune mention de faux papiers… « En   stigmatisant les habitants du Gourbi, le problème central de leur relogement   était évacué. »
     À la tête de la commune depuis dix-sept ans, Serge Andreoni, le maire de Berre,   a proposé d’acheter dix mobile homes ayant servi aux sinistrés des inondations   de 2003 en Camargue, et de donner une prime de 4 500 euros et une mobylette à   ceux que les pouvoirs publics listeraient comme possibles bénéficiaires de ces   mesures. « Ces mesures seraient extraordinaires si la condition n’était pas de   quitter le territoire de Berre, estime Fahdi Bouroua. Le maire est prêt à   payer cher à condition qu’ils se débrouillent pour trouver un terrain sur   Martigues ou Port-de-Bouc. Des propositions pour construire un pôle de   logement adapté aux travailleurs saisonniers, éclaté en petites habitations   dispersées dans la plaine, ont pourtant été suggérées aux pouvoirs publics   mais ceux-ci n’ont jamais pris la peine de répondre. La lutte du « Gourbi »   est emblématique d’un défi plus général. Même s’ils sont plus petits et donc   moins visibles, il existe des milliers de   « Gourbi » en France. La résolution à Berre ne changera rien au niveau   national sans action volontariste de l’État. N’oublions pas que l’agriculture   intensive française ne résiste à la concurrence étrangère que grâce à la   variable de ces travailleurs corvéables à merci. »
 Christelle Chabaud  
 (Source: Le site du  Journal “l’Humanité” le 08 aout 2006) 
Who’s the extremist?
  By his own definition – and his actions – Blair is     as much of a danger to world peace as al-Qaida  
 
     
 Soumaya Ghannoushi  
    Tony Blair’s speech to the World Affairs Council in Los Angeles was     revealing. His definition of the “arc of extremism” applies to himself     perfectly. He “has an ideology, a world-view, deep conviction and the     determination of the fanatic”. His discourse is full of a secularised     missionary absolutism, founded on a Manichean world-view of “We” and “They”.     The battle of the demons and angels in old Judeo-Christian apocalyptic     literature turns into a conflict of good v evil in Bush’s universe, and into     progress v reaction in Blair’s.    
 
    While constantly pointing the finger at Muslims and denying any part in the     spread of terrorism, this arrogant rhetoric of neoliberal militantism, which     goes hand in hand with military aggression on the ground, is terrorism’s     chief recruiter and the greatest threat to Britain’s national security.  
Today, Bush and Blair are not just giving Israel   the green light to pursue its war on Lebanon. They are partners in this war   aimed at reshaping the map of the Middle East. This is as though the region   were a vacuum, or an empty desert – without a people, or memory – to be   fashioned in light of their political fantasies and military strategies. 
Blair appears intent on turning the clock   backwards to the imperial Victorian age, or even to the French Revolution and   Napoleon’s wars of progress and enlightenment. Like al-Qaida’s sacred warriors,   he is determined to transform the world into opposite trenches and raging   battlefields for the sake of his “global values”. 
So far, the lofty values that Blair preaches to   the people of the Middle East in his fight for their “souls”, “hearts” and   “minds” have ignited wars that rage to this day, in Afghanistan, Iraq, Lebanon   and God knows where next. Yet he still believes that “we are not being bold   enough, consistent enough, thorough enough, in fighting for the values we   believe in”. While evangelising about justice and progress, he has spearheaded   the effort to block attempts by the UN, the Rome summit and the European Union   to agree a ceasefire and put an end to the daily carnage in Lebanon. 
Blair seems to inhabit an imaginary world he has   constructed. He stands at its middle as the King of Salvation, blind to all   the bitterness and suffering his absurd wars are creating. Those who exist   outside this fantastic realm, he insists, are deluded: from the Arab street,   indoctrinated by “years of anti-Israeli and therefore anti-American   propaganda”, through to the British public, which he fears “sympathises with   Muslim opinion”, including his MPs, his cabinet, and the Foreign Office. 
It is no secret that British foreign policy has   for decades been wedded to the Atlantic policies of the US. This state of   affairs, which began in the aftermath of the second world war, assumed a   definite shape with the Suez crisis in 1956, when Eden painfully realised that   Britain was no longer the main player in the international arena. Today the   observer finds it almost impossible to distinguish between what is said on   Capitol Hill and Blair’s pronouncements from 10 Downing Street. 
Heedless of the bottomless abyss he has created   in Iraq, with its blood-letting, sectarian killing, torture and comprehensive   chaos, Blair is preparing to open a new front in Iran, Syria and the entire “arc   of extremism which stretches over the Middle East”. But the world can bear no   more death and destruction. 
· Soumaya   Ghannoushi will be speaking on behalf of the British Muslim Initiative, which   is co-organising today’s Ceasefire Now demonstration in central London     Soumayak@hotmail.com  www.bminitiative.net
(Source:   The Guardian   Saturday August 5, 2006)
 
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