Le 7 Novembre 1987, Zine El Abidine Ben Ali, premier ministre de         l’époque a opéré un coup d’état dit « médical », proclamant :                     « Dans l’exercice de nos responsabilités, nous comptons sur la         contribution de tous les enfants de notre chère patrie, et ce dans un         climat de confiance, de sécurité et de sérénité d’où seront bannies la         haine et la rancœur »(1)                   Les tunisiens de tout bord, ont bien accueilli les propos du nouveau         président autoproclamé, les promesses faites à tous laissaient penser         que la Tunisie avait ainsi fini avec l’exclusion systématique des         opposants. La haine et la rancœur, que la déclaration du 7 novembre         mentionne, vont commencer avec cette ère dite nouvelle.                    Quelques semaines après son coup d’état, le régime tunisien dévoile         l’existence de ce qu’il a appelé « le groupe sécuritaire ». Un groupe         que le nouveau régime soupçonnait de préparer un coup d’Etat en         parallèle avec le sien. L’éminent Docteur Moncef Ben Salem,         mathématicien de renommée internationale, est jugé à la tête de ce         groupe. Quelque temps après, M. Mansouri, un cadre de l’armée         tunisienne, est mort sous la torture. Le Dr. Sahbi Amri, qui a dévoilé         cette mort suspecte, a eu beaucoup d’ennuis, tant sur le plan         professionnel que familial, durant les années qui ont suivies. Dès lors,         la machine de la répression, se composant des mêmes personnes ayant semé         la terreur sous l’ère de Bourguiba et du même Ben Ali comme Ministre de         l’intérieur, s’est mise en marche malgré quelques mois de répit pendant         lesquels les tunisiens ont cru à la réalisation des promesses.                   Quelques mois plus tard, en février 1988, le nouveau président prend la         tête du nouveau parti renaissant des cendres du parti unique de         Bourguiba. L’Etat-parti renaissait de nouveau.                   Lors de ce même discours, Ben Ali         déclarait :                   « Notre peuple a atteint un tel niveau de responsabilité et de maturité         que tous ses éléments et ses composantes sont à même d’apporter leur         contribution constructive à la gestion de ses affaires, conformément à         l’idée républicaine qui confère aux institutions toute leur plénitude et         garantit les conditions d’une démocratie responsable ainsi que dans le         respect de la souveraineté populaire telle qu’elle est inscrite dans la         Constitution. Cette Constitution appelle une révision devenue         aujourd’hui impérative » (2)                         Malgré le degré de responsabilité mentionné par la déclaration, le         peuple tunisien et ses composantes politiques et associatives n’ont pas         eu la chance de pouvoir apporter leur contribution constructive à la         gestion du pays.                    Quelques associations indépendantes ont certes eu le fameux visa du         Ministère de l’intérieur, mais cela n’a été que temporaire pour une         partie d’entre elles telle l’Union générale tunisienne des étudiants         (UGTE) légalisée en 1988 et interdite en 1991 malgré qu’elle était le         syndicat majoritaire des étudiants.                    Des dizaines d’autres associations, plus particulièrement celles de         défense des droits de l’homme, n’ont pas eu cette chance de travailler         dans la légalité malgré le travail formidable qu’elles fournissent au         pays, pour ne citer que  le Conseil national des libertés en Tunisie         (CNLT), ATTAC, et l’Association internationale de soutien aux         prisonniers politiques en Tunisie (AISPP).                   La démocratie responsable, que les tunisiens ignoraient sa vraie         définition à l’aube du 7 novembre 1987, n’a pas tardé à divulguer son         mystère aux tunisiens qui souffrent toujours du fait qu’elle n’est ni         démocratique ni responsable. Etre responsable selon le régime tunisien,         signifie renoncer à ses droits, ne pas réfléchir et ne pas s’impliquer         dans la vie associative ou politique opposante au régime, bref obéir et         se taire.                   La souveraineté populaire a été bafouée dès le premier test lors des         élections présidentielles et législatives de 1989. Le peuple a certes         élu Ben Ali à la présidence de la république vu qu’il s’est présenté         seul, mais aux législatives, bien qu’entachées d’irrégularités énormes,         le peuple a choisi le changement. De sources médiatiques concordantes et         selon le témoignage de plusieurs observateurs, le RCD, parti au pouvoir         est sorti battu des urnes, mais les résultats ont été falsifiés avant         leur publication.                    Quelques jours après, une vague d’arrestations a commencé contre des         dizaines de candidats qui ont osé croire au sérieux de l’enjeu électoral         en se présentant contre le RCD sous différentes bannières, notamment         indépendantes.                   Quant à la Constitution, elle a été révisée, à plusieurs reprises, mais         seulement dans l’idée de donner plus de pouvoir au président de la         république et d’anéantir tout contrôle sur le gouvernement.                     La parole, qui suivra, restera lettre         morte :                   « L’époque que nous vivons ne peut plus souffrir ni présidence à vie, ni         succession automatique à la tête de l’Etat desquelles le peuple se         trouve exclu. Notre peuple est digne d’une vie politique évoluée et         institutionnalisée, fondée réellement sur le multipartisme et la         pluralité des organisations de masse. » (3)                           Ainsi, avant les premières élections de 1989, Ben Ali s’est présenté         seul, il a gagné avec plus de 99%. En 1994, il était aussi le seul à se         présenter aux élections, réalisant le même score.                    En 1999, Me Abderrahmane El-Hani et Dr. Moncef Marzouki, deux figures de         la société civile tunisienne, se sont présentées aux élections         présidentielles, ils ont fini en prison avant les élections. Une fois         encore Ben Ali gagne avec un nouvel score à la soviétique.                    Pour asseoir sa présidence à vie sous une forme « républicaine », la         Constitution a été modifiée (4) deux fois, dont la dernière pour         permettre à Ben Ali de se présenter en 2004.                    Face à deux adversaires choisis, il l’a gagné avec 94.5%. La présidence         à vie a certes été rayée de la constitution tunisienne (l’ancienne         constitution stipule que seule la personne de Bourguiba est désignée         comme président à vie), mais en pratique, et en utilisant des moyens         constitutionnels et frauduleux pour éliminer ses adversaires, Ben Ali         s’est proclamé de fait comme président à vie.                   Au niveau des législatives, aucun élu de l’opposition légale n’a pu         faire son entrée au parlement sans le système de quota qui donne à         l’opposition une quarantaine de sièges distribués aux plus fidèles des «         opposants ».                     Quant aux libertés individuelles et publiques, et contrairement à         l’affirmation de Ben Ali qu’il veillera « à la bonne application de la         loi de manière à bannir toute iniquité et injustice » (5), elles seront         de plus en plus bafouées avec le déclenchement dans les années 90 d’une         décennie d’enfer.                   C’est ainsi que le pays fut mis sous siège et une vraie chasse à la         sorcière a déferlé sur les tunisiens sous prétexte annoncé d’éliminer le         parti d’Ennahdha, mais avec l’intention reconnaissable de verrouiller le         pays à toute velléité de changement.                    Des dizaines de milliers de personnes ont connu les tristes et célèbres         prisons tunisiennes. Des dizaines de morts sous la torture.                    Le rapport complet publié par le CNLT en 2002 concernant les jugements         prononcés en 1992 par les tribunaux militaires fait état de plus de 80         cas de morts sous la torture (6). A cette liste, il faut ajouter les         noms de Lotfi Idoudi, Hachemi Mekki, Lazhar Noman et bien d’autres         libérés en phase finale de maladies incurables.                    L’isolement (7) est appliqué à ces prisonniers dits « de nature spéciale         » (Sibgha Khassa en arabe), comme le cas de M. Ali Larayedh qui a passé         une dizaine d’années en isolement complet.                    Les prisonniers libérés après la fin de leurs peines se trouvent encore         accablés par un contrôle administratif qui ne leur laisse même pas la         possibilité de travailler pour avoir quoi manger sachant que le régime         punit toute personne suspectée d’apporter de l’aide matérielle aux         familles de prisonniers politiques.                     Des dizaines de femmes ont été obligées de divorcer, sous la pression         de la police et les menaces d’affliger des punitions pouvant aller         jusqu’au viol. Des cas de viols ont été perpétrés sur des proches de         prisonniers politiques pour les faire passer aux aveux et parfois         seulement dans l’intention de les humilier.                    La libération de dizaines de prisonniers politiques, surtout ceux aux         peines les plus longues, a certes permis de regrouper des familles, mais         n’a pourtant pas mis fin aux discriminations administratives qui les         frappent (travail, santé, scolarisation des enfants, etc.).                              La Tunisie, signataire des conventions internationales contre la torture         a connu durant ces vingt ans une application systématique de la torture.         Les tortionnaires, dont les noms ont été divulgués par les victimes,         n’ont fait l’objet d’aucune poursuite par les autorités tunisiennes,         malgré les demandes répétitives des organisations de défense des droits         de l’homme, tunisiennes et internationales et malgré les interventions         des instances onusiennes compétentes. (8)                         Il est vrai, à cet égard, que les autorités tunisiennes ont profité des         circonstances internationales.                    Des lois très controversées, dites anti-terroristes, ont été adoptées         pour repartir dans une nouvelle vague de répression touchant cette fois         des centaines de jeunes gens arrêtés et emprisonnés.                    Avec la banalisation de la torture, dans plusieurs des grandes         démocraties, la torture pratiquée en Tunisie a connu un nouvel élan,         relaté par les défenseurs des droits de l’homme et les avocats de ces         jeunes, mais sans que des mesures ne soient entreprises pour l’endiguer.                   Des morts suspectes ont eu lieu à la fin de 2006 et au début de 2007.         Des jugements très sévères ont été prononcés lors d’audiences         expéditives dont la manière de gérer oblige les avocats qui défendent         ces jeunes à se retirer tant que les juges totalement  partiaux refusent         de faire suite aux demandes des inculpés de faire des examens médicaux         suite à la torture subie, malgré les séquelles apparentes dans plusieurs         cas, ou de respecter les droits et garanties données à ces prévenus par         le droit tant interne qu’international.                    La vie associative, riche et prometteuse aux années 80, a beaucoup         régressé durant les vingt dernières années.                    Certes il y a une quantité énorme d’associations qui ont été créées,         mais elles ne sont que des associations satellites. Toute demande qui         n’a pas l’appui du pouvoir se voit refuser le visa pour être légale.         Tous les domaines sont touchés, de la culture à la défense des droits de         l’homme, en passant par les anciens combattants, les syndicats et aux         parties politiques.                   Les journaux ont subi le même sort. Dans les années 80, on pouvait         trouver en Tunisie un journal dissident tel qu’Al-Raii (l’opinion), de         nos jours, seul un journal, Al-Mawkif, organe du parti démocratique         progressiste, est autorisé.                    Ce dernier a, à son tour, subi une campagne de harcèlement et de         dénigrement de ses dirigeants. Mme Maya Jribi, secrétaire général du         parti et Me Ahmed Néjib Chebbi directeur du journal Al-Mawkif ont         observé une grève de la faim de plus de vingt jours pour protester         contre la fermeture des locaux du parti et du journal. Ils viennent de         gagner leurs causes.                   C’est pour dire que durant ces dernières années, la grève de la faim est         devenue le dernier recours des opprimés de la Tunisie.                    Les prisonniers réclamant des conditions d’incarcération plus humaines         doivent passer par une grève de la faim, les familles demandant la         libération de leurs proches après une dizaine d’années, doivent aussi         passer par là. Les ex prisonniers souhaitant la levée de garde         rapprochée des policiers l’ont aussi fait pour avoir gain de cause.                    Cette semaine encore, Me Mohamed Nouri, ancien bâtonnier et président de         l’association « Liberté-Equité » de défense des droits de l’homme et le         journaliste Slim Boukhdir ont entamé une grève de la faim pour réclamer         leurs droits à leurs passeports.                                                    Vérité-Action, en dressant ce bref comparatif entre les promesses du         discours du 7 novembre1987 et le résultat vingt ans après constate que :                   Les droits de l’homme sont de plus en plus bafoués. Une trentaine de         prisonniers politiques souffrent dans des conditions inhumaines depuis         plus de seize ans, d’autres dizaines voire centaines de jeunes viennent         de les rejoindre.                    La torture reste systématique. Chaque personne a droit à ce plat de         bienvenus dès son arrivée. Les témoignages concordants des victimes et         des observateurs affirment la continuité de cette pratique.                   La liberté d’expression est battue en brèche par la multiplication des         lois restrictives et de la mainmise policière sur toute activité non         autorisée par les autorités.                    Vérité-Action, considère qu’après 20 ans du règne de Ben Ali, les         tunisiens ont droit à une bouffée d’oxygène après tant d’années de         répression. Le peuple tunisien mérite une vie plus digne, plus         respectueuse de la personne humaine et de lois équitables. Pour cela,         Vérité-Action appelle la société civile et les militants de droits de         l’homme en Tunisie à réactiver urgemment l’appel à la promulgation d’une         loi d’amnistie générale, seule garante d’un vrai changement dans le         pays.                   Fribourg, le 07 novembre 2007                   Pour Vérité-Action          Safwa Aïssa, présidente                              (1), (2), (3), (5) Déclaration du 07         novembre 1987, discours de Mr. Zine El Abidine Ben Ali         (4) Voir le rapport intitulé « Pour une gouvernance conforme à la charte         fondamentale : Enjeux et perspectives de la réforme constitutionnelle en         Tunisie-26 mai 2002 » publié par Vérité-Action en 2002.         (6) « Le jugement virage : le tribunal militaire de Bouchoucha et Bab         Saadoun de l’été 1992 », rapport publié par le CNLT, Octobre 2002.         (7) Voir le rapport intitulé « les coulisses de la mort lente» publié         par Vérité-Action, décembre 2000.         (8) Vérité-Action a été mandatée par 3 anciens prisonniers politiques         tunisiens établis en Suisse pour déposer une plainte contre le         gouvernement tunisien auprès du Comité contre la Torture de l’ONU (CAT).         La Tunisie refuse encore de donner suite aux recommandations du Comité         pour mener des enquêtes et apporter des renseignements sur ces cas.           
 The Fund for Global Human           Rights           invites you to a reception in honor of           Tunisian human rights activists 
Please join us on Wednesday, November           14th           From 5:00pm to 7:00pm
 At the Mott House           122 Maryland Avenue NE           (between 1st and 2nd streets, across the street from the Supreme           Court, closest Metro stops are Union Station and Capitol South)           Washington, DC             
           
                                 Honored activists include:                        Mohamed Abbou                                                  Khadija           Cherif           Human rights lawyer                                          Tunisian           Association of Democratic Women           Moncef Marzouki                                                Omar           Mestiri           Human rights activist                                         National           Council for Liberties in Tunisia           Radhia Nasraoui                                                  Ahmed           Rahmouni           Association Against Torture in Tunisia          Judge            Mokhtar Trifi                                                                Naziha Rjiba           Tunisian League for Human Rights                 Observatory for the           Freedom of the Press, Publishing and Creation                        This reception is a part of a series of events to promote independent           voices on human rights on Tunisia sponsored by Human Rights Watch,           Amnesty International, Human Rights First, IFEX-Tunisia Monitoring           Group, and the International Federation for Human Rights (FIDH)            Please RSVP by November 13 to           cvillegas@globalhumanrights.org or 202-347-7488           (extension 201)
 
TUNISIA: A MODEL OF MIDDLE EAST           STABILITY OR AN INCUBATOR OF EXTREMISM?
  
           
 Tuesday November 13, 2007 
           
                     Hart Auditorium, First Floor, McDonough Hall, Georgetown University           Law Center                        9:00 a.m. Registration            9:30 a.m. Welcome and Introduction            Representative of the organizers            9:45 a.m. Panel I: Stifling One of the Most Open Civil Societies in           the Middle East and North Africa            Chaired by: Neil Hicks, Director of the Human Rights Defender Program           at Human Rights First.            Panelists:            Clement Henry, Professor of Government at the University of Texas at           Austin:            An Overview of Tunisia under Presidents Habib Bourguiba (1956-1987)           and Zine El-Abidine Ben Ali (1987- ?): Did the “Architect of Change”           Learn from the Mistakes of the “Supreme Combatant”?            Moncef Marzouki, former President of the Tunisian League for Human           Rights (LTDH) and former Spokesperson of the National Council for           Liberties in Tunisia(CNLT):            Tunisian Civil Society’s Achievements and Disappointments.            11:00 a.m.-11:15a.m.: Coffee Break            Khadija Cherif, President of the Tunisian Association of Democratic           Women (ATFD):            Threats and Challenges to Women in a Country that Claims Gender           Equality.            Mokhtar Trifi, President of the Tunisian League for Human Rights           (LTDH):            What Future Role for the Crippled and Oldest Human Rights Group in the           Arab World?            -Representative of the Tunisia government (TBC)            12:30 p.m. Lunch Break            1:30 p.m. Panel II: A War on “Islamist Extremism” or on Freedom of           Association and Expression?            Chaired by: Daniel                                   (Source : le site de l’ong américaine «           HumanrightsFirst », le 7 novembre 2007)           Lien:           http://www.humanrightsfirst.info/pdf/071105-hrd-tunisia-nov13-conf.pdf
 Associated Press, le 6           novembre 2007 à 20h29           
Il n’y a pas de présidence à vie en           Tunisie, selon les autorités
 
           
          Les autorités tunisiennes se sont inscrites en faux mardi contre les           “allégations incorrectes” selon elles d’un des chefs de l’opposition,           qui dénonçait “la restauration, à peine déguisée, de la présidence à           vie” en Tunisie, à l’occasion du 20e anniversaire de l’arrivée au           pouvoir du président Zine el Abidine ben Ali.                       Le chef du Forum démocratique pour les libertés et le travail (FDLT),           le Dr Mustapha Ben Jaâfar, avait fait allusion à la révision de la           Constitution opérée en 2002 pour supprimer la limitation du nombre des           mandats présidentiels, que l’actuel chef de l’Etat avait initialement           fixée à trois mandats.                       “La présidence à vie a été abrogée en Tunisie depuis 20 ans grâce aux           réformes introduites par le président Ben Ali”, déclare le           gouvernement dans un communiqué transmis à l’agence Associated Press.           On y souligne que tous les cinq ans les Tunisiens élisent “au suffrage           universel, direct et secret, le président de la République, parmi           plusieurs candidats”.                       Le communiqué nie par ailleurs l’existence de prisonniers politiques           car “nul ne peut être emprisonné en Tunisie pour ses opinions ou son           appartenance politique”. “L’Etat de droit a été doté de tous les           instruments juridiques pour garantir le respect des droits humains.”           Les associations se sont multipliées et “huit partis d’opposition           mènent librement leurs activités”, fait-on valoir.                       La liberté de la presse est aussi “une réalité en Tunisie”, insistent           les autorités. “Aucun journal n’a été saisi depuis 20 ans et aucun           journaliste n’a été emprisonné pour ses écrits durant cette période”,           affirment-elles, ajoutant que de nombreuses revendications des           journalistes ont été satisfaites.                        Associated Press
 N°3 Novembre-Décembre 2007            
           
                                 EDITO           Un bien amer anniversaire                       Il est des anniversaires dont la célébration a un goût amer. Vingt           ans, c’est l’aube de la vie pour un être humain, c’est une éternité           pour un règne. Voilà vingt ans déjà, que, le 7 novembre 1987, le           général Zine Ben Ali, a accédé à la magistrature suprême par le coup           d’Etat en destituant Habib Bourguiba. C’est en s’appuyant sur           l’article 57 de la Constitution, qui stipule qu’en cas de vacance du           Président de la République, le premier ministre investit la présidence           pour le reste de la législature en cours, que Ben Ali, nommé un mois           plus tôt chef du gouvernement, déposa Bourguiba pour sénilité. La           nouvelle présidence ne qualifiera jamais cette destitution comme un           coup d’Etat, bien que dans la nuit du 6 au 7 novembre, les sept           médecins (dont deux militaires) convoqués ont été contraints de signer           un avis médical défavorable au ministère de l’Intérieur pour           l’exercice de la fonction présidentielle par Bourguiba et bien que des           blindés de la gendarmerie prirent le contrôle du siège du           gouvernement, du parti et de la télévision.                       Les illusions du « changement »                       Le 7 novembre 1987, la Tunisie connaît le « Changement », c’est le           début de « l’Ere Nouvelle », permise par la « révolution du jasmin »,           pour reprendre la sémantique propagandiste tant utilisée par le régime           de Ben Ali et qui servira à la réécriture de l’Histoire moderne du           pays, laquelle commence depuis lors à cette date et non plus en 1956,           date de l’Independence. Une révolution qui n’en n’était, par ailleurs,           pas une, car le renversement de Bourguiba n’était pas le fait d’une           révolte ou d’un mouvement du peuple tunisien, mais bien de la volonté           d’un homme opportuniste appuyé par quelques autres.            Cette « Ere Nouvelle » dont l’omniprésence du chiffre 7 à travers tout           le pays, symbole du changement de régime et qui n’a d’égal que celle           des portraits du président, a été inaugurée par un discours présentant           un ensemble de promesses, dont les premières furent l’abolition de la           présidence à vie et la réforme du code de la presse. Ces illusoires           promesses s’inscrivaient dans une démarche visant à promouvoir une           rupture avec les années de fin de règne de Bourguiba qui étaient           caractérisées par une augmentation de la contestation sociale, ce qui           pouvait rassurer dans une certaine mesure le peuple quant à la           destitution du « Père de la Nation ».                        Le marais tunisien                       Les progrès économiques et sociaux accomplis après un demi-siècle           d’indépendance et qui ont permis aux Tunisiens de jouir d’un ensemble           d’acquis, sont principalement le fait de politiques actives de           développement mises en place dès l’édification de la nation           tunisienne. Après le coup d’Etat de Ben Ali, les réformes entreprises           quelques années plus tôt ont poursuivies leurs dynamiques et aucunes           entraves à leur accomplissement n’ont été mises en place, mais aucune           autre de même envergure n’ont été néanmoins entreprises. Aussi, dans           la mesure où la priorité du régime de Ben Ali est d’ordre sécuritaire           et vise la consolidation de sa présidence, c’est l’ensemble des           mécanismes impétueux qui a connu un significatif développement et qui           a permis l’avènement d’un système policier, au détriment du           développement économique et social, qui demeure stagnant. Cette           situation particulière amène à être comparée à des eaux stagnantes qui           s’accumulent au fil des ans. L’édification et la consolidation de           l’Etat policier a généré ainsi une situation ressemblant à un marais.           Et c’est précisément l’accumulation de telles eaux caractérisant un           marais, qui engendre de la  dégénérescence et est propice à           l’émergence et la prolifération d’organismes pathogènes. C’est en           jouissant d’une totale immunité que les familles proches de Ben Ali,           particulièrement sa belle-famille, les Trabelsi dont les membres sont           nombreux, ont pu proliférer au sein de l’économie tunisienne, en y           développant les pratiques peu scrupuleuses, souvent mafieuses, mais           surtout le tissage d’un système clientéliste et corrompu. Ainsi,           l’affairisme obscur et démesuré des Trabelsi, pénalisent fortement           l’économie du pays par leur présence et leur gestion irresponsable           dans les différents secteurs. L’exploitation outrancière des richesses           du pays ainsi que l’association systématique de ces familles proches           de Ben Ali aux projets économiques de grandes envergures et surtout           rentables, constituent des freins au développement du pays, par           l’effet dissuasifs aux investissements intérieurs et étrangers qui en           résultent.                                          Un danger se profile                       Depuis deux décennies, la transformation d’un Etat fort en un Etat           policier par Ben Ali a généré une dépolitisation massive des tunisiens           par un conditionnement particulier, couplé à une répression           systématique de l’intellect. L’illégitimité de son accession à la           présidence de la République par son coup d’Etat ainsi que son           maintient à sa tête n’a pu naturellement converger que dans le           développement de mécanismes coercitifs conduisant peu à peu à la           privation de droits à l’expression et à l’association. Ceci ne peut           qu’engendrer de la frustration auprès du peuple tunisien, impuissant           et désabusé devant l’enrichissement grossier des proches de Ben Ali,           faisant face à un contexte économique de plus en plus difficile et à           une gouvernance obscure, douteuse et illégitime. La dilapidation en           cours des acquis de la Tunisie, rendue possible par un espace           politique clos et figé, ainsi qu’une dégradation sociale et           économique, favorisent le refuge de plus en plus affirmé dans le           radicalisme religieux. L’absence de perspectives et l’inégalité devant           le droit individuel de chaque tunisien favorise le terreau d’une           régression sociale dont l’extrémisme pourrait paraître répondre.                        D’une manière pacifique, responsable et surtout citoyenne, nous devons           faire valoir les droits élémentaires en Tunisie, faire émerger de           nouveau l’esprit citoyen en écrivant au Palais de Carthage pour faire           part au Président Ben Ali des aspirations du peuple et de l’urgence de           l’ouverture du champ politico-médiatique. Il est impératif, tant qu’il           en est encore temps, d’user de réponses républicaines et laïques, afin           d’éviter qu’elles ne soient données par des mouvances obscures et           effrayantes, et cela, Zine Ben Ali, après vingt ans de présidence,           doit enfin le comprendre.                       SYLLA           Directeur et  Rédacteur en Chef                                             Illusoires promesses du 7 novembre                       C’est dans son édition matinale de 6h du matin que Radio-Tunis           transmet sur ses ondes le discours de Zine Ben Ali, quelques heures           après le coup d’Etat, le 7 novembre 1987, et qui allait d’abords           apprendre au peuple que la Tunisie avait changé de Président. Dans la           déclaration du 7 novembre 1987, les tunisiens ont alors pu prendre           connaissance des futures réformes qui allaient engager le pays dans           une « ère nouvelle ». Surpris par la destitution du fondateur de la           nation Tunisienne, Bourguiba, dont les politiques actives répondaient           à un souci de développement du pays, les tunisiens découvraient la           ferme et honorable volonté de Ben Ali à démocratiser la Tunisie. Le           durcissement du régime de Bourguiba à la fin de son règne et la           nécessité démocratique pouvaient rendre « légitime » le nouveau           Président.           Dans son premier discours « d’investiture suprême », Ben Ali évoque le           niveau de responsabilité et de maturité du peuple, qui ne peut être           exclu de la décision amenant au choix du chef de l’Etat. Il souligne           par ailleurs, la dignité du peuple tunisien de pouvoir jouir d’une vie           politique évoluée, multipartite et plurielle. Ainsi, pour engager le           pays dans la voie démocratique, les premières réformes envisagées sont           une révision de la Constitution en vue d’abolir la présidence à vie et           un projet de loi sur la presse.                       Abrogation de la présidence à vie           Une révision de la Constitution en 1988 a certes bien permis           l’abrogation de la présidence à vie, en limitant à trois, le nombre de           mandants présidentiels et en fixant à 65 ans, la limite d’âge pour se           porter candidat. Seulement une seconde modification par plusieurs           amendements en 2002 et approuvée par référendum (nul ne pouvait en           douter), a d’une part permis d’accumuler un mandat supplémentaire           (passant ainsi de trois à quatre) et d’autre part de repousser à 75           ans l’âge limite de candidature à la magistrature suprême. Ainsi, le           prochain et cinquième mandant de Ben Ali débutera en 2009, à l’âge de           73 ans. La présidence à vie a donc été rétablie en Tunisie, même si           elle n’en porte pas le titre, ce qui dénote du caractère encore plus           hypocrite de cette démarche.                                   Réforme du code de la presse           Trois amendements depuis le 7 novembre 1987 ont permis de modifier le           code la presse qui prévalait en Tunisie jusqu’à cette fameuse date.           Les principes de liberté de la presse concernant l’édition,           l’impression et la distribution de différentes publications ont été           confirmés et élargies dans les versions de 1988 et 1993. Le troisième           amendement de 2001 présente un code de la presse qui semble connaître           de significatives avancées pour la liberté de la presse. Ainsi, le           dépôt légal qui obligeait l’imprimeur à envoyer les copies déjà            tirées au distributeur seulement après avoir reçu l’aval du ministère           de l’intérieur, est abrogé (paragraphe 2 de l’article 8). L’autre           apparent progrès concerne la suppression du délit de « diffamation de           l’ordre public » de l’article 51 du précédent code. Par ailleurs, un           certain nombre d’articles du code de la presse sont transférés au code           pénal.                       Malgré ces modifications du code de la presse, quelques articles ont           été néanmoins conservés, réaffirmés, soulignant le caractère           contraignant de l’exercice du métier de journaliste en Tunisie. La           presse écrite est ainsi composée d’une dizaine de quotidiens et           hebdomadaires progouvernementaux, dont le plus important est La           Presse, journal officiel tiré à 55000 exemplaires, et deux           publications d’oppositions Attariq aljadid et Al-Maoukif (tirés           respectivement à moins de 3000 et 5000 exemplaires). L’uniformité           déroutante des journaux tunisiens progouvernementaux, qui ne se           distinguent d’ailleurs que par les formules élogieuses à l’égard du           président Ben Ali, dénote l’effectif climat de censure de la presse et           auquel l’article 14 du code de la presse a contribué à établir. Alors           que le dépôt légal avait été abrogé, l’article 14 stipule « qu’avant           l’impression de tout périodique, l’imprimeur doit exiger le récépissé           délivré par le ministère de l’intérieur ». Voilà ce qui permet de           filtrer les publications et de contrôler les lignes éditoriales.           L’autre article qui contribue à la convergence vers cette censure est           le numéro 48, qui permet d’infliger une peine de trois à cinq ans de           prison pour quiconque aurait le mauvais goût de faire « offense au           Président de la République ». La suppression de l’article 51 relative           à la diffamation de l’ordre public n’est alors qu’une forme           supplémentaire d’illusion sur la liberté d’expression. D’autant plus           que les « diffusions de fausses informations » constituent depuis           lors, un délit d’ordre pénal et qui a déjà permis de sanctionner de           nombreux diffuseurs de nouvelles non officiellement approuvées par le           régime, comme Zouhair Yahyaoui en 2002 (condamné à plus de deux ans           ferme, libéré au bout d’un an et demi grâce aux pressions           internationales et victime d’une crise cardiaque à l’âge de 36 ans à           cause des mauvais traitements subis lors de sa détention). Concernant           les périodiques étrangers, le même arbitraire est laissé au ministère           de l’intérieur, qui par l’article 25, décide de l’introduction et de           la circulation des œuvres étrangères quand elles sont dénuées de           critiques à l’encontre du régime tunisien.                       Il apparaît donc que les tunisiens ne sont finalement pas aussi           responsables, pas assez mûrs et même indignes « pour apporter leur           contribution constructive à la gestion de ses affaires, conformément à           l’idée républicaine » (déclaration du 7 novembre 1987). Ce qui est           certain, c’est que le conditionnement du peuple tunisien par le régime           de Ben Ali a conduit à un désintéressement de la gestion de la chose           publique et généré la remarquable léthargie quant aux questions liées           à la gouvernance. Les promesses démocratiques de la déclaration du 7           novembre ne sont donc qu’illusoires et peuvent éclairer chacun de           nous, sur le niveau d’altruisme qui a conduit Zine Ben Ali à prendre           le pouvoir.            Hamadi Ben Sliman                                                                                                                                                                                                                                                                       Arnaques, crimes et politique                       Pour son peuple, le président tunisien est seulement un visage           placardé jusque dans la moindre échoppe » (Le Monde, 24/05/2002) avait           écrit Jean-Pierre Tuquoi, co-auteur de « Notre ami Ben Ali » (éd. La           Découverte , Paris, 1999). Cette phrase révélatrice, qui ne manquera           pas de faire sourire les tunisiens, est cependant désuète en cette fin           de règne. En effet, bien que le portrait du dictateur soit le seul à           orner l’iconostase de la vie publique tunisienne depuis maintenant 20           ans, son nom n’évoque plus seulement ces posters de propagande           omniprésents, à tel point qu’on ne les remarque même plus. Depuis           quelques années, le nom de Ben Ali est de plus en plus fréquemment           associé à maints trafics et fourberies, j’oserai même dire que le           président fait figure de chef de la plus grande famille mafieuse du           pays.                       Cette vocation criminelle de la famille Ben Ali ne date pas           d’aujourd’hui. En effet, tout a commencé avec Habib Ben Ali, alias «           Moncef », frère décédé du Général-Président. Moncef a défrayé la           chronique dans les années 1990, notamment dans l’affaire dite de la «           Couscous Connection ». A la tête d’un trafic international de           stupéfiants, il a été condamné à 10 ans de prison par contumace par le           Tribunal Correctionnel de Paris en 1992.  Mais la saga criminelle de           la dynastie ne faisait que commencer.                       Les pilleurs de l’économie tunisienne           Aujourd’hui, deux clans pillent l’économie tunisienne           et s’adonnent à des activités illégales en toute impunité, la justice           étant muselée, et la presse censurée.                       Le Clan Ben Ali-Chiboub           Il y’a d’abord, le Clan Ben Ali-Chiboub qui regroupe les filles du           Président et de sa première épouse Naïma Kéfi et leurs maris. Cette           branche est la plus ancienne et est sans doute la plus discrète. En           effet, le principal leader du clan, Slim Chiboub (mari de Dorsaf Ben           Ali, fille du président) qui avant le coup d’Etat du 7 novembre 1987           devait se contenter de la gestion du « Sorriso », un petit café en           banlieue, brasse aujourd’hui des sommes astronomiques. Son mariage           aidant, il s’est spécialisé dans les commissions sur les marchés           publics, comme celui de la téléphonie mobile estimé à 480 millions           d’euros. Ce clan peu scrupuleux et faisant fi des lois n’hésite pas à           employer la violence, la corruption, la menace pour parvenir à ses           fins.                       Le Clan Trabelsi            D’autre part, le Clan Trabelsi dirigé par Leila           Trabelsi, seconde épouse du dictateur et coiffeuse de formation, fait           du tapage. Il est constitué des dix frères et sœurs de la première           dame qui, il y’a de cela quelques années, étaient cordonnier, caïd de           quartier, vendeur à la sauvette et j’en passe. Cette famille devenue           en peu de temps la plus puissante et la plus crainte du pays s’est           illustrée par la création du groupe Karthago (compagnie aérienne,           chaîne d’hôtels…) par Belhassen (frère de Leila) ainsi que par les           activités des jeunes Moez et Imed. Ce dernier a fait parler de lui,           avec le vol du yacht de Bruno Roger (PDG de la banque d’affaires           Lazard Frères) en juillet 2006, mais aussi par des activités aussi           diverses et illégales que le trafic de stupéfiants, le racket et           l’octroi de passe-droits moyennant finances. Bien entendu, il ne faut           pas oublier Sakhr Materi, l’époux de Nesrine (fille de Leila et Ben           Ali) qui s’est empressé de racheter la société étatique Ennakl           (représentant exclusif de Volkswagen, Audi, Renault Trucks et           dorénavant fournisseur officiel de l’administration), avec un chèque           sans provision de 13 millions de dinars qui ne sera évidemment pas           encaissé.                       Un article ne saurait faire une liste exhaustive des activités           illicites de la famille du dictateur, mais il est certain que ces           pratiques ralentissent les investissements (locaux et étrangers),           créant une grande insécurité juridique et se traduisant par un fort           risque-pays. Et cet enfer, ce brasier crépite depuis 20 ans… et la           République Française (par son soutien implicite de la dictature de Ben           Ali), et même certains de nos professeurs le ravivent, immolant ainsi           le peuple tunisien condamné à supporter ce régime mafieux jusqu’en           2014… Voire plus, grâce à la contribution d’Henry Roussillon           (Président de l’Université Toulouse 1 et Professeur des Universités)           et de certains de ses collègues, devenus tortionnaires par           destination, en fournissant les outils constitutionnels permettant la           présidence à vie de Ben           Ali.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                 Mahmoud Saïdi                        
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   Informations Rapides : 
   
-   L’épouse du président Ben Ali et la                 veuve de Yasser Arafat ont créé pour la rentrée de septembre                 dernier, un établissement privé, l’Ecole internationale de                 Carthage. Après l’éviction de Mme Arafat du projet pour de                 troubles raisons financières, le lycée concurrent Louis-Pasteur                 de Tunis risque de fermer ses portes, car il est susceptible de                 faire de l’ombre au lycée de Mme Ben Ali.
 
 
    
-   Yves Steiner, membre du comité                 exécutif de la section suisse d’Amnesty International, a été                 récemment arrêté et expulsé par la police politique tunisienne                 pour avoir critiqué le régime dans un discours prononcé devant                 les membres de la section tunisienne d’AI.
 
 
    
-   Hamadi Jebali, directeur de                 l’hebdomadaire Al Fajr est détenu depuis 1991 pour                 « diffamation » et « appartenance à une organisation illégale »                 et purgera sa peine jusqu’en 2008.
 
 
    
-   Le 1e Novembre 2007,                 Maître Raouf Ayadi (avocat du journaliste dissident Slim                 Boughdir) a été violemment agressé par la police politique en                 pleine rue à  Tunis.     
 
 
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3 questions à :            Radhia Nasraoui, de l’Association contre la torture en Tunisie.           «Au nom de l’antiterrorisme, Ben Ali renforce en           réalité l’arbitraire»
 
           
 Recueilli par MARIA MALAGARDIS                       Voilà vingt ans jour pour jour, qu’il règne en maître absolu sur la           Tunisie : le 7 novembre 1987, Zine el-Abidine ben Ali destituait son           prédécesseur Habib Bourguiba, le Père de l’Indépendance, pour cause de           «sénilité». Depuis ce «coup d’état médical», l’homme fort du pays est           régulièrement réélu avec des scores soviétiques frôlant les 99,9 %.           Mais il peut se targuer d’un taux de croissance de 6 % et de l’absence           d’opposition islamiste officielle. De quoi justifier le silence des           démocraties occidentales qui passent par perte et profit les tortures           systématiques, les agressions et intimidations contre toute voix           critique. Radhia Nasraoui, présidente de l’Association contre la           torture en Tunisie, interdite par les autorités, en a fait plusieurs           fois l’expérience. Cette avocate courageuse s’est souvent mise en           danger pour dénoncer la chape de plomb qui pèse sur son pays. De           passage à Paris, elle dresse aujourd’hui un bilan accablant.                       Comment vit-on en Tunisie aujourd’hui ?                       Dans la peur ou la soumission. Ben Ali s’autorise des choses qu’il           n’aurait jamais osé faire il y a quelques années. Des gens sont           agressés en pleine rue. Cela m’est d’ailleurs arrivé il y a deux ans.           Mais le procureur a refusé de prendre ma plainte. La torture s’est           également intensifiée. Elle est devenue systématique. Dès qu’on arrête           quelqu’un, prisonnier politique ou prévenu de droit commun, on le           tabasse, on le fait passer «à la baignoire». On lui impose «le poulet           rôti» : pieds et mains liés autour d’un bâton fixé à l’horizontal, et           roué de coups. J’ai beaucoup de clients en prison et je suis inquiète           pour certains, privés d’accès à leur avocat et à leur famille. Nous           allons prochainement publier un rapport sur ces cas de tortures. Ce           sera notre manière de marquer les vingt ans de Ben Ali au pouvoir.                       Comment expliquer que Ben Ali ne soit           jamais critiqué par les démocraties ?                       En France, il faut noter les liens d’amitié entre Sarkozy et Ben Ali.           Mais d’une manière générale, il profite du contexte mondial de lutte           contre l’intégrisme. Il a ainsi promulgué une nouvelle loi en 2003 au           nom de l’antiterrorisme, qui renforce en réalité l’arbitraire. Il y a           aujourd’hui plus d’un millier de prisonniers politiques en Tunisie,           victimes de tortures. Pourtant, les plaintes déposées sont toujours           ignorées par les parquets. Il n’y a jamais d’enquêtes. Quand j’évoque           la torture pendant un procès, le magistrat stoppe souvent net ma           plaidoirie ! Mon cabinet est toujours sous surveillance et sous les           fenêtres de ma maison, un groupe m’attend pour me suivre. Le frère           d’un de mes clients s’est fait tabasser devant mon bureau.                       Quels sont les gens ciblés par la           répression ?                       Ce sont principalement les jeunes accusés d’intégrisme islamiste. En           réalité, c’est en prison qu’ils se mettent à faire leurs prières cinq           fois par jour ! Après tout, ce sont les enfants de Ben Ali : ils ont           20 ans eux aussi.                       (Source : « Libération » (Quotidien –           France), le 7 novembre 2007)
ATS, le 7           novembre 2007 à 15h40           Ben Ali règne depuis 20 ans sur la Tunisie           Le Forum des Tunisiens de Genève dénonce le régime
 
           
          Genève (ats) Le Forum des Tunisiens de Genève et Vérité-Action ont           dénoncé mercredi la politique menée depuis vingt ans en Tunisie par           Zine El Abidine Ben Ali. Les deux associations décrivent le régime           comme “totalitaire et oppressif”.                       Les deux organisations ont demandé à la société civile tunisienne “de           poursuivre le combat pour faire de la Tunisie un pays libre et           démocratique”. Selon elles, Zine El Abidine Ben Ali a mis en place “un           système d’anéantissement de tout souffle de liberté et de toute voix           discordante”.                       Le Forum des Tunisiens de Genève et Vérité-Action ont aussi rappelé           que la torture dans le pays “est devenue systématique et est pratiquée           à grande échelle dans l’impunité la plus totale”. Selon les deux           associations, depuis l’arrivée au pouvoir de Ben Ali, une centaine de           personnes sont mortes sous les sévices.                       (Source : www.romandie.com , le 7           novembre 2007)
Le «sauveur» Ben Ali tient           depuis vingt ans           TUNISIE – C’est un bien étrange cocktail. Entre           répression politique et croissance économique,
 
le           régime autoritaire parvient à se maintenir au pouvoir. Et à séduire           l’Union européenne.
 
           
 ANDRÉS ALLEMAND                       Ce coup d’Etat «médical», les Tunisiens ne sont pas près de l’oublier.           Il y a vingt ans jour pour jour, le 7 novembre 1987, le premier           ministre Zine El Abidine Ben[100] Ali[100] écartait le premier           président de la République tunisienne, Habib Bourguiba, pour cause de…           sénilité. Un formidable espoir s’emparait d’un pays lassé, trente ans           après l’indépendance, par les dérives autoritaires du chef de l’Etat.           Une ère nouvelle s’ouvrait enfin, avec la suppression de la présidence           à vie et la promesse d’une «vie politique évoluée». Hélas, très vite,           il a fallu déchanter. Arrestation d’islamistes, musellement de la           gauche, puis de tous les démocrates… Le ton était donné. Vingt ans           plus tard, le régime n’a pas changé. Toute dissidence est découragée.           Ou, au besoin, réprimée. Surveillance de tous les instants, détentions           répétées, passages à tabac, torture… Les rapports des défenseurs des           droits de l’homme sont accablants.                       Episode ubuesque, c’est avec 99,91% des voix que Ben[100] Ali[100] a           été réélu en 2004 pour un quatrième mandat présidentiel, lui qui en           avait limité le nombre à trois en 1988. Son parti, le Rassemblement           constitutionnel démocratique, l’implore de se porter candidat à           nouveau en 2009. Ce n’est pourtant pas ce visage-là de la Tunisie que           découvrent chaque année quelque 115 000 touristes suisses. Car le pays           de Ben[100] Ali[100], c’est aussi un taux de croissance économique de           près de 5% par an. Un revenu par tête d’habitant passé de 800 à 5800           francs en vingt ans. Et un taux de pauvreté ramené à 3,8%.                       Champion arabe                       Les autorités affirment que 80% des Tunisiens sont propriétaires de           leur logement. En fait, les sujets de fierté sont très nombreux:           sécurité, routes asphaltées, eau, électricité, accès à internet… et           droit de vote accordé aux femmes en 1957 déjà! Ce palmarès rendrait           jaloux pas mal de voisins arabes. Et l’avenir est encore plus           prometteur. Le pays se pose en champion africain de la compétitivité           et revendique le 32e rang mondial. Début 2008 entre en vigueur un           accord de libre-échange, conclu avec l’Union européenne, sur tous les           produits manufacturés. Reste une question: la croissance et la           répression suffiront-elles à faire taire toute contestation? Pas sûr.           Le chômage et la cherté de la vie font aujourd’hui résonner des           critiques que personne n’osait émettre il y a quelques années à peine.                                 (Source : « 24 heures » (Quotidien –           Suisse), le 7 novembre 2007)
ÉDITORIAL           Ben Ali ou l’imposture tunisienne
           
          «Là vous exagérez! La Tunisie, ce n’est quand même pas si terrible!»           Evoquer vingt ans de répression politique au pays du président Ben           Ali, c’est se confronter à coup sûr aux souvenirs ensoleillés de           vacances à Djerba, Kairouan ou encore Carthage. Des hôtes souriants,           des femmes décomplexées, des routes asphaltées… Tout semble indiquer           qu’un miracle arabe est en cours au bord de la Méditerranée. Que           demander de mieux!                       C’est curieux, cette tendance des Occidentaux à confondre liberté           d’expression et niveau de vie. Pour rappel, au Chili c’est le           dictateur Augusto Pinochet qui imposa le modèle d’économie libérale à           l’origine du formidable boom de croissance qui s’est poursuivi bien           des années après le retour de la démocratie. Cela ne justifie en rien           la répression.                       Certes, Ben Ali n’est pas Pinochet. Mais dans un cas comme dans           l’autre, l’opposition politique a été réduite au silence. Ou du moins,           à l’insignifiance. Par la force. Le Chili a ainsi fait barrage à la           gauche révolutionnaire. La Tunisie, elle, se pose en rempart contre           l’islamisme. Pas question de prendre le risque de voir la démocratie           profiter aux fondamentalistes religieux, comme cela se produisit en           Algérie! Un discours qui plaît bien sûr en Europe et aux Etats-Unis.                       Mais n’est-ce pas justement l’absence d’alternative politique qui           jette tant de jeunes Arabes dans les bras des islamistes? Une           transition démocratique, cela se cultive. Ben Ali, lui, en arrache les           pousses.                       (Source : « Tribune de Genève » (Quotidien – Suisse), le 7 novembre           2007)
Vingt ans de souffrances
           
 MOHAMED ABBOU                       Comme il est affligeant de vivre dans une société dirigée par un Etat           qui ne garantit ni les droits de la personne, ni sa dignité, ni sa           liberté, et qui mobilise ses institutions pour réprimer les citoyens,           sans rendre compte de ses actes à personne.                       Et comme il est pénible pour un intellectuel de constater que la           majorité des enfants de son pays sont sous l’empire de la peur,           préoccupés à assurer la subsistance de leur famille, en quête de           sécurité personnelle et de salut individuel. Comme il est triste de           constater que l’opposition n’a pas réussi à mettre en échec le           despotisme, malgré les sacrifices consentis.                       Un Etat de non droit, un peuple sous l’emprise de la peur, une           opposition faible; voilà la moisson de 20 ans de mandat du 2e           président de la «République» de Tunisie. Les institutions tunisiennes           fonctionnent plus ou moins normalement. Si l’appareil sécuritaire           poursuit parfois les criminels et les sanctionne, il agit à d’autres           reprises comme un gang qui menace, frappe et torture, sans aucun           respect des lois qu’il est censé appliquer. Il place au-dessus des           lois les puissants. Il n’est permis ni de les critiquer, ni de les           dénoncer, ni d’évoquer leur corruption sous peine d’être jeté en           prison.                       Ces mêmes institutions sont parfois utilisées pour persécuter les           adversaires du pouvoir en place qui osent le critiquer. Leurs           ressources sont coupées. Ils sont affamés et humiliés. Ils sont           agressés dans la rue. Leurs enfants sont harcelés. Tout cela afin de           garantir la pérennité du régime et d’asseoir son pouvoir absolu. Un           pouvoir qui appuie sa légitimité sur des élections qui se déroulent           dans un climat de peur où une minorité d’électeurs est contrainte de           voter en sa faveur, alors que les chefs de bureau de vote votent pour           les absents et que certains partenaires occidentaux font reluire           l’image de la Tunisie à l’étranger.                       Lorsque j’ai osé dénoncer la réalité de la situation en Tunisie, j’ai           transgressé l’interdit en dénonçant les scandales et en évoquant la           corruption. Le régime a alors décidé de frapper les intérêts de ma           famille et de la persécuter, puis m’a jeté en prison en cherchant à           m’humilier.                       Malgré les nombreuses pressions qu’il a subies, il a prolongé ma           détention au maximum. Pourtant, je ne disputais pas au potentat son           trône. Simplement, je représentais désormais à ses yeux un modèle de           contestation qui risquait de contaminer d’autres franges de la           société. Cette politique de la peur, qui existait sous l’ancien           président, s’est renforcée sous le président actuel. Le pouvoir va           jusqu’à diffuser ses faits d’armes pour que le citoyen comprenne bien           qu’il n’a aucune pitié envers ceux qui le défient.                       Au-delà de l’emprisonnement et de la torture, les représailles sont           également collectives afin que celui qui éprouve une disposition à           sacrifier sa liberté, sa santé et sa vie pour une cause, comprenne           bien qu’il expose également sa famille et ses enfants à la faim, à la           terreur et à la désolation.                       Le pouvoir a admirablement réussi dans cette politique. Jusqu’à           présent, la majorité des citoyens tunisiens est terrorisée à l’idée           même de parler politique.                       La Tunisie dispose de nombreux atouts la prédisposant à devenir une           démocratie où prévaut un Etat de droit apte à assurer la dignité, la           liberté et le progrès à tout citoyen, sans crainte de scissions ou de           chaos. L’opposition tunisienne en est consciente, mais elle n’a pas           encore trouvé la voie pour devenir une vraie force politique.           Oscillant entre la peur de la répression et ses divisions idéologiques           – parfois entretenues par le pouvoir – elle a échoué jusqu’à présent à           attirer vers elle un nombre significatif de citoyens en les libérant           de la peur.                       Mais la conscience du caractère critique de la situation et les           timides rapprochements en cours entre les différents courants           politiques d’une part; et les prémices du rejet de ce régime d’autre           part, font que nous ne renoncerons pas à notre rêve, quand bien même           la répression se resserre et les voix semant le doute se font           pressantes.                                            (Source : Opinion publiée par « Tribune           de Genève » (Quotidien – Suisse), le 7 novembre 2007)
Tunisie : Ubu roi a 20 ans
           
 Driss El-Yazami secrétaire général de la           Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH),           Jean-Pierre Dubois président de la Ligue des droits de l’homme et du           citoyen (LDH)et Kamel Jendoubi président du Comité pour le respect des           libertés et des droits de l’homme en Tunisie (CRLDHT).                       Le 7 novembre 1987, Zine el-Abidine ben Ali prenait le pouvoir à la           faveur de ce que l’on appellera très vite un «coup d’Etat médical». Il           y a vingt ans donc que la vie politique tunisienne vit sous la coupe           du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), parti           présidentiel omnipotent. Vingt ans que le pays se fige dans une           dictature qui ne veut pas dire son nom, en totale contradiction avec           l’image que souhaite se donner ce président hors normes, celle de           «chantre de la démocratisation du pays». D’aucuns objecteront que le           pays connaît une croissance économique continue et rayonne aujourd’hui           sur tout le Maghreb. Ils évoqueront enfin la nécessaire efficacité de           la lutte antiterroriste pour justifier l’ampleur de la répression à           l’encontre de toutes les voix dissidentes. Les arguments de ces           défenseurs d’un «réformisme à la tunisienne» sont connus, jusqu’au           sein même des instances internationales, où des associations créées de           toutes pièces par le régime s’acharnent à empêcher les organisations           indépendantes de s’exprimer. Nous pourrions être fatigués de devoir           sans cesse rétablir certains faits indéniables. Ainsi, si le statut           des Tunisiennes a effectivement pu être considéré comme le plus           progressiste de la région dans les années 80, force est de constater           qu’il n’a guère évolué depuis.           Par ailleurs, toujours citée en exemple en matière de réformes           économiques, la Tunisie ignore encore l’impact du démantèlement des           accords textile sur les droits économiques et sociaux des ouvrières de           ce secteur. Quant aux investissements effectués dans le domaine des           nouvelles technologies de l’information, ils ne peuvent guère se           concrétiser dans les faits, au regard des graves atteintes aux           libertés d’expression et d’information constatées chaque jour dans le           pays. L’autocensure est pratiquée à outrance. Par ailleurs, si des           réformes politiques ont pu voir le jour durant les quelque temps qui           ont suivi l’accession au pouvoir de Ben Ali, il ne s’agit bien souvent           que de réformettes. La décision prise en 2002 d’étendre le nombre de           mandats présidentiels, pourtant limités à trois en 1988, en constitue           à ce titre l’un des exemples les plus édifiants. Réélu en 2004 pour un           quatrième mandat (avec 99,91 % des voix), le président Ben Ali pourra           briguer un cinquième mandat.           Depuis vingt ans, le verrouillage de la société tunisienne est tel que           plus aucun corps n’ose ou ne peut désormais contester le régime. De           l’Union générale des travailleurs tunisiens à la vénérable Association           des magistrats tunisiens, on ne compte plus les tentatives réussies de           mainmise du pouvoir sur les principaux leviers de la société civile           tunisienne. Quant à ceux qui osent encore résister à cette emprise,           ils tombent immédiatement sous le coup d’une répression implacable,           moderne et multiforme. De l’arrestation de cyberdissidents à la           surveillance plus classique de défenseurs des droits de l’homme,           jusqu’au tabassage en règle de militants ou de leurs familles,           l’imagination du pouvoir semble sans limites. Jusqu’à la torture           systématique de tous les islamistes emprisonnés. Harcelée           judiciairement, la Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme           (LTDH) ne peut quant à elle toujours pas aujourd’hui tenir son           congrès, et nombre de ses sections ont été officiellement interdites           d’activités. La réouverture récente du siège du Parti démocrate           progressiste tunisien (PDP), un des derniers espaces libres de réunion           en Tunisie avec le local de la LTDH, aurait pu être une source de           satisfaction. Mais le prix à payer – une grève de la faim de près de           trente jours – montre bien le degré extrême de détermination qu’il           faut aux militants tunisiens pour se faire entendre. Ces faits sont           largement connus sur le plan international. Mais les soutiens           extérieurs de la Tunisie sont nombreux qui continuent de voir dans ce           pays un allié de poids face à la montée de «la menace intégriste» ou           un partenaire économique fiable. Le climat sécuritaire qui y règne est           en effet présenté comme une preuve de stabilité. A tort d’ailleurs, si           l’on se réfère aux derniers affrontements qui ont eu lieu au début de           l’année entre groupes salafistes et forces de l’ordre. Absurde,           brutale, paradoxale, la Tunisie d’aujourd’hui présente bien des traits           communs avec la «Pologne» mythique d’Alfred Jarry. Malheureusement, il           s’agit bien ici d’un pays réel où les acteurs paient au quotidien le           délire paranoïaque d’un pouvoir absolu. Autrefois proposée comme           modèle progressiste dans le monde arabo-musulman, la Tunisie est           devenue un pays monolithique et corrompu.           En 2009, M. Ben Ali se représentera donc probablement pour briguer un           cinquième mandat présidentiel, et nul ne doute qu’il y parviendra sans           difficulté si les défenseurs des droits de l’homme ne reçoivent pas le           soutien qu’ils sont en droit d’attendre de la part des démocraties           partenaires de la Tunisie. Ainsi, en juin prochain, M. Ben Ali sera           probablement l’un des invités de marque du sommet des chefs d’Etat de           l’Union méditerranéenne, qui constitue l’un des grands objectifs de la           présidence de M. Nicolas Sarkozy. Verra-t-on alors la question des           libertés, en Tunisie en particulier et dans d’autres pays de la région           en général, inscrite à l’ordre du jour ?                       (Source : « Libération » (Quotidien –           France), le 6 novembre 2007)
            DE LA MAUVAISE GESTION DU DANGER ISLAMISTE PAR LE REGIME DU 7 NOVEMBRE
             
            Me kamel Chaabouni
            
           Depuis vingt ans le régime du 7/11 gère mal, très mal, le dossier           islamiste.  Il           lutte contre le phénomène islamiste avec les méthodes que l’on sait,           des méthodes non productives, qui paradoxalement serviront le courant           islamiste en faisant de ses militants des victimes, des héros, voir           des martyres. Ces méthodes d’un autre âge, indigne d’une Tunisie           moderne ont salit le régime du 7/11 depuis 1990. Elles lui ont collé           la réputation d’un régime despotique, tyrannique, oppressif, violant           les droits humains. Torture systématique, aveux arrachés par la           bastonnade, les charges électriques et autres brûlures aux mégots de           cigarettes. Jugements expéditifs, sans garantie de défense réelle           offertes aux prévenus, avocats empêchés de faire leur devoir de           défendre leurs clients, jugement rendus par des juges peu regardant           quant à la procédure judiciaire. Exécution des jugements dans des           conditions déplorables, détention violant la dignité humaine,           maltraitance de la part des matôns, punition diverses, entraves           diverses aux visites familiales, conditions d’hygiène laissant à           désirer, isolement dans des cellules de quelques m2, etc. L’achèvement           de la peine n’est pas placé sous de meilleures auspices : contrôle           policier, manque de liberté, interdiction de voyager, rétention de           passeport et de la carte d’identité, empêchement de travailler mettant           à la misère et à la mendicité les anciens prisonniers d’obédience           islamiste. 
  
           Personnellement, je n’ai jamais séjourné en tôle, en Tunisie, pour mes           idées et mon humble activité politique, à part une nuit passée au           ministère de l’intérieur à la fin des années 70, pour vérifier de visu           la véracité de ces accusations, je ne peux que faire confiance aux ONG           qui l’ont affirmé. J’aurai peut-être le loisir de vérifier les           assertions, que je viens d’avancer ci-dessus, en rentrant           prochainement dans mon pays, après 5 ans d’exil volontaire en France           et dont l’unique but était de jouir d’une vie démocratique et d’écrire           librement, sans user d’un pseudonyme, comme le font, malheureusement,           beaucoup d’intervenants sur les sites de l’opposition tunisienne.          
  
 J’ai           écrit ce que je pense sans autocensure et sans peur en France, j’ai           même écrit au quotidien La Presse de Tunisie qui, bien entendu, n’a           jamais publié un mot de mes articles ! Je ne peux cacher à mes           compatriotes, que si j’ai vécu cinq ans de bonheur démocratique et de           liberté totale dans la France de la glorieuse déclaration de 1789,           j’ai vécu, par contre, 5 ans de ” dèche “, 5 longues années de misère           matérielle et financière survivant en bas de l’échelle sociale           française. Je ne vous dirai pas plus, par humilité et dignité ! En           évoquant ça, il me vient à l’esprit les divagations ridicules d’un           islamiste notoire, qui m’accusait, sur ” Tunisnews.com “, d’arrondir           mes fins de mois, par des subsides que me jetterai les américains, en           raison de mes positions en faveur de leur invasion de l’Irak et de           leur lutte contre al-Qaïda.
  
           Revenons à nos islamistes. Il est hors de question que les islamistes           arrivent au pouvoir en Tunisie, même pas la voie démocratique, pour se           rendre maître d’un bien spirituel et mette la main sur un patrimoine           spirituel qui est la religion islamique, trésor commun de tous les           tunisiens et non des seuls ” barbus “. Je refuse que l’héritage de nos           grands-parents soit le bien exclusif des islamistes, leur fonds de           commerce idéologique servant leurs fins politiques. Je refuse que les           islamistes détiendraient le monopole exclusif de l’interprétation du           Coran et de la Sunna. Je n’accepterai pas qu’ils nous imposent leur           fantasmagorique ” chari’a ” renvoyant la Tunisie au Xème siècle,           privant le citoyen de ses libertés fondamentales, coupant la main du           voleur, lapidant la femme adultère, reléguant son statut à celui d’une           servante à domicile. Le citoyen doit avoir le droit de croire, de ne           pas croire, de critiquer la religion, d’examiner de manière critique           le Coran et la Sunna, de ne pas faire les prières, de ne pas faire           Ramadan, de boire une bière ou un verre de vin sur la terrasse d’un           café comme dans les années 60, de faire l’amour hors mariage, d’être           homosexuel d’avoir une sexualité différente ! Son corps lui           appartient, c’est son seul bien quand il n’a plus rien !            En somme de faire tout ce qui lui plaît dans le respect du droit           positif, du code pénal laïque et bien sûr de la liberté d’autrui !
            
 En           raison de l’éducation scolaire de base, reçue de manière semblablement           dogmatique dans les pays arabo-islamiques ; dénués d’une solide           formation historique, philosophique et théologique, les islamistes           sont des attardés intellectuels. Ils sont formatés pour être les           ennemis de la liberté, les pires ennemis de la démocratie. La           démocratie n’a pas été inventé par l’Islam, c’est un produit de la           philosphie grecque. Ce système politico-philosophique et son           corollaire le suffrage universel. La démocratie, n’est pour les           islamistes, qu’un moyen pour arriver au pouvoir sans plus. Ce qui           anime les islamistes, c’est leur foi que le Saint Coran, doit et peut           être appliqué, intégralement, s’il le faut par la violence et la           contrainte, à la manière des Talibans. Pour eux, Dieu est avant tout,           le Coran doit s’appliquer à tout le monde y compris aux non-croyants,           aux juifs et aux chrétiens. On a vu comment les islamistes irakiens           imposent le port du voile et à des chrétiennes irakiennes et ont           liquidé tous les commerçants chrétiens de vins en Irak ! ! ! Pour           nous, démocrates et laïques, la liberté et le respect de la foi           d’autrui passe avant l’Islam comme le dit Dieu lui-même, ” la ikraha           fi-ddin ”  ! Nous ne pouvons cohabiter avec une idéologie qui veut,           elle-même nous éliminer. 
  
 La           laïcité est, en revanche, une idéologie qui peut contenir toutes les           religions, les races et les cultures en son sein et les fait           coexister. L’Islam, quant à lui, comme la majorité des religions,           exclut tout ceux qui ne sont pas musulmans, à moins de les réduire à           l’état de soumis ” ahl dhimma,  wa hom saghiroun ” et ce uniquement           pour les chrétiens et les juifs ! Quant aux adeptes des autres           religions, leur sort c’est, non seulement l’exclusion de la cité           musulmane, mais la condamnation à mort ! Non, l’Islam, ne peut être           une idéologie politique pacificatrice pour un Etat. C’est une           religion, une foi, une soumission spirituelle et affective à Dieu sans           plus ! Certains versets, lus hors de leur contexte historique,           appelleraient à la violence contre les ” infidèles “, contre les juifs           et les chrétiens, ils appellent à les faire soumettre et ne leurs           accordent pas des droits égaux, comme dans un régime laïque et           démocratique. 
  
           Comment comprenons-nous sinon, le déchirement du Soudan pendant des           décennies, dont les autorités islamo-fascistes de Khartoum, voulaient           imposer la ” chari’a ” aux chrétiens et aux animistes du sud. Ce           régime de fanatiques a fait disparaître les Noubas, un peuple libre           qui vivait nu dans sa brousse. C’est son droit c’est sa culture           millénaires, sa façon de vivre, être libre, être nu ! ! !            De quel droit leur imposer de porter des soutien-gorges, et de cacher,           d’avoir honte de leur belle nudité, par des vêtements importés du           surplus occidental.  La           ” chari’a ” n’œuvre pas à la paix civile entre les citoyens d’un pays,           elle les opposent les uns contre les autres, dressent les communautés           les unes contre les autres. Les musulmans contre les chrétiens, les           juifs, les yazidites, comme on la vu en Irak avec l’attentat criminel           qui a visé leur pacifique communauté et en a assassiné des centaines.           L’Islam n’est qu’une religion, une foi, un bel héritage de nos           grands-pères dont nous sommes fiers et que nous aimons. Nous, les           laïques et démocrates occidentalisés, ne sommes pas des mécréants, des           ” kuffars “, nous avons la foi ” man lahou dharraton min al-iman           dakhala al-jannah ” ( toue personne ayant un brin de foi ira au           paradis) (hadidh).            Ce n’est pas aux islamistes de juger de notre foi. Seul Dieu, le tout           puissant, en jugera le jour du jugement dernier.  En           attendant, toute personne, toute religion a droit à l’existence, à           droit à la paix, a droit à un m2 sur terre et a droit à la parole !                     Ce n’est pas aux hommes, fussent-ils islamistes, de juger du degré de           notre foi !  La           religion est un bien spirituel commun, personne n’a droit d’en user en           dehors des mosquées ou des cimetières ! Et surtout pas d’en abuser,           sur le plan politique, pour arriver au palais de Carthage ! Arrivés à           ce palais, 
  
 Dans           ces conditions, il faudrait empêcher les islamistes d’arriver au           pouvoir en Tunisie et de la transformer le pays d’Hannibaal et de           Saint Augustin en petit Iran ou en une base d’al-Qai’da. Tous les           moyens légaux, respectueux des droits humains et de la déclaration           universelle des droits de l’Homme, sont bons pour mettre fin à cette           idéologique démagogique. Cela est possible par le renforcement de           l’arsenal juridique répressif, en termes de peines privatives de           liberté uniquement dans des conditions respectant la dignité humaine.           Je suis convaincu que les autorités peuvent lutter efficacement contre           le phénomène de ” mode ” islamiste par des moyens légaux, dans le           parfait respect des droits humains, sans torture, sans violence ! La           Tunisie dispose d’un policier pour 70 habitants, plus qu’aucun autre           pays au monde. Pourquoi pas ? S’ils étaient mieux formés et s’ils           recevaient des instructions pour respecter le citoyen et ses libertés           fondamentales ! S’ils sont là pour défendre la démocratie et veiller à           son application, rassurer le citoyen et non pour le tabasser dans les           commissariats ? Pourquoi ne pas porter le nombre des flics à           1.000.000 ! Un flic pour 10 habitant ! Mais à condition que la Tunisie           se transforme en pays démocratique, un pays où le citoyen jouit d’une           totale liberté d’expression et d’action politique, et où ses droits           humains sont parfaitement respectés, comme en Islande ! 
  
 On           ne peut qu’être totalement hostile aux méthodes utilisées actuellement           par le régime du 7/11. Ces méthodes brutales en violation des droits           humains s’inscrivent paradoxalement dans le crédit du mouvement           islamiste tunisien. Ces pratiques et leurs effets sur les militants           islamistes seront, demain, des titres de gloire pour un hypothétique           régime islamiste ; ses trophées de guerre. En appliquant ces méthodes,           le régime du 7/11 ne fait que leurs donner les moyens de légitimer           leur pouvoir politique le jour où ils y arriveront. Les Ayatoollahs,           n’ont-ils pas utilisé les mêmes méthodes, les mêmes techniques de           tortures et les mêmes prisons et les mêmes geôliers que le défunt           régime du Chah d’Iran ! La police tunisienne ne devrait pas les           initier à ces méthodes, ils pourraient les utiliser, contre nous tous,           si par malheur, ils arriveraient au pouvoir.
  
 Le           régime du 7/11 avait depuis ses débuts légiféré afin d’interdire la           constitution de partis politiques sur des bases religieuses, ethniques           ou linguistiques. Ceci est à son crédit. Il a vu juste. Il s’est           opposé à l’accession des islamistes à un certain pouvoir politique en           faveur des élections de 1991, il a bien fait ! A son passif, le régime           du 7/11, ne s’est pas engagé dans une réforme totale du régime           bourguibien afin de faire accéder la Tunisie dans la modernité           politique démocratique comme le prévoyait sa déclaration initiale.           J’ai déjà suggéré au régime du 7/11, dans un article précédent sur           ” Tunisnews.com “, de légiférer afin de prévoir des peines privatives           de libertés pour toute personne qui utiliserait les concepts           religieux, coraniques et de la Sunna dans des discours ou un programme           politiques. Il faudrait prévoir une chambre spéciale qui s’appellerait           ” chambre des libertés publiques ” relevant de chaque Tribunal de           grande Instance du pays, qui soit seule compétente pour apprécier la           portée et l’interprétation des concepts religieux litigieux et du sort           réservés à ceux qui les manipulent. 
  
           Toutefois, en raison de la nature des délits en question, qui sont           finalement des délits d’opinion, il faudrait que les personnes           condamnées à des peines privatives de libertés passent celles-ci dans           des lieux adéquats équipés d’un confort hôtelier et où seront           dispensés des cours académiques de philosophie et d’études religieuses           de toute sorte afin de mettre à niveau le cerveau ” moyenâgeux ” des           barbus ! 
  
           Le danger islamiste ne menace pas uniquement le régime du 7/11, il           menace toute la société tunisienne et les acquis depuis 2000 ans de la           Tunisie.  Ce           sont nos libertés, notre conception de la religion, notre idée que           l’interprétation des textes sacrés n’est pas le propre des           islamaistes, que l’Islam est le patrimoine spirituel commun de tous           les tunisiens et non exclusif des seuls ” barbus “, notre philosophie           basée sur la tolérance, le droit à la différence, le droit laïque qui           sont en danger de disparition. 
  
           M. Ben Ali va, sans aucun doute, se porter candidat à sa propre           succession en 2009 puis en 2014, mais après ? Sa femme, peut-être,           mais aura-t-elle sa poigne et sa détermination à lutter contre les           intégristes ? En quittant le pouvoir Ben Ali ne doit pas livrer la           Tunisie mains et pieds liés aux islamistes et livrer son docile           peuple, et surtout ses démocrates laïques, en pâture aux fous de Dieu.           En           les traitants, comme la police nationale le fait, il leur tend la           courte échelle, il finira par légitimer leur accession au pouvoir. La           lutte contre l’intégrisme islamiste est un combat commun, de longue           haleine, qui doit se faire sur le plan politique mais aussi           idéologique. Il doit être très ferme et sans merci contre les ennemis           de la liberté, pour qui nous sommes les ennemis de Dieu, alors que           nous sommes musulmans et nous avons la foi. Aucune concession ne doit           leur être accordée, mais les méthodes doivent être radicalement           révisées à la lumière du total respect des droits humains sans aucune           concession aussi !
  Me Kamel ben Tahar CHAABOUNI
   Kamelchaabouni@yahoo.fr
           Paris, 6 novembre 2007 
            
   
 
           
  
  Tunis           le 07 Novembre 2007
  
  
            ETAT DE LA CRISE SYNDICALE 
             
            ESCALADE FORT POSSIBLE AVEC LA TRADUCTION DEMAIN D’UN PREMIER GROUPE           DEVANT LE COMITE D’ODRE NATIONAL 
  
  
            Par : Ouertatani Noureddine SG du SB des Enseignants Chercheurs           Universitaires
  
            I°)  Détermination de la part de Ali Romdhane et de Abdessalem Jrad à           aller jusqu’au bout dans leur basse besogne de destitution des           syndicalistes démocrates et militants :
     Malgré           les efforts fournis par les syndicalistes élus à différents échelons           et ceux de plusieurs structures syndicales régionales pour convaincre           le Secrétaire Général de l’UGTT (Abdessalem Jrad ) et le Secrétaire           Général Adjoint Chargé du Département des Affaires Internes ou Comité           d’Ordre Nationale (Ali Romdhane) de l’impopularité et de           l’irrationalité des mesures qu’ils sont entrain de prendre, ces           derniers persistent et n’ont pas l’air de vouloir céder et leurs           acolytes vont jusqu’à employer les mêmes termes que ceux du pouvoir :           «  …il n’est pas question de céder devant l’anarchie (pour décrire la           protestation !!) …les tentatives de déstabilisation de l’organisation           (pour parler des tentatives de ramener l’UGTT à des politiques plus           favorables aux travailleurs !!) …, la diffamation  ( pour parler des           dénonciations des pratiques douteuses de certains membres du Bureau           Exécutif !!)…, il faut extirper (استئصال)           les responsables de ces pratiques (comparer ça avec les mots employés           par le Directeur Régional de l’Education du Kasserine :           
               و لوضع حد لهذا الصلف النقابي لا بد من بتر هذه الخلايا السرطانية بترا           قاطعا حتى يعود للمنظمة التربوية إشعاعها المعتاد  !!                     (
      Et            comme pour marquer le coup, la centrale syndicale, après avoir gelé           les activités des syndicats et après avoir obligé  la Fédération           Générale de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique à           repousser les grèves que son Conseil des Cadres a décidé pour la fin           du mois d’octobre pour permettre au Régime en place de fêter           paisiblement  ses 20 ans de pouvoir, la coalition formée autour d’Ali           Romdhane et d’Abdessalem Jrad s’apprête demain à traduire le premier           groupe des syndicalistes démocrates et militants devant le Comité           d’Ordre National en vue de les destituer en bonne et dû forme. Ce           groupe est le suivant : 
 1)                             Naoufel Maayoufa (معيوفة) :           Secrétaire général du syndicat régional du pétrochimie à Gafsa,
  2)           Chayicheaa Jamel (شعيشع)           : Membre du syndicat de base de l’enseignement de base à Elktaar,
 3)           Laroussi Elawali  (العوالي)           : Secrétaire général du syndicat de base de l’enseignement de base à           Erdaif, 
 4)           Mokhtar El Abbassi : Membre du syndicat de base de l’enseignement de           base à Metlaoui,
 5)           Ibrahim Essa i (الساعي)           : Secrétaire général du syndicat de base de l’enseignement de base à           Ksar Gafsa,
      Les           intentions de la Centrale Syndicale ne sont pas encore claires. En           effet, tout ce que les émissaires de cette dernière ont trouvé à dire           face à la contestation des syndicalistes dans les régions c’est : «            que les syndicalistes traduits devant les comités d’ordre présentent           leurs excuses par écrit et en verra ce qu’on pourraient faire… !! ».           la même rengaine a été servie aux délégations de syndicalistes qui           sont allées rencontrer Ali Romdhane en personne pour trouver une issue           favorable à la crise syndicale qui sévit au sein de l’organisation           depuis le milieu du mois de juillet.
     Du           côté des syndicalistes démocrates les décisions qui pourraient être           prises demain vont déterminer la suite qu’ils vont donner à leur           mouvement. Si les décisions prises demain par le Comité d’Ordre           National sont la destitution nous allons instantanément vers une           escalade de grande envergure qui pourrait condamner l’UGTT à           l’éclatement.
 Et voici           un rappel de la liste des syndicalistes qui vont être traduits devant           le  Comité d’Ordre National à partir de demain et tout au long de ce           mois :
            II°) Liste des dernières destitutions (Arrêts provisoire de toute           activité syndicale) des responsabilités syndicales dans l’Enseignement           de Base :
           ·                             Le premier groupe destitué le 13/09/07 :
  
 1)           Med Amer Baccar : Membre du syndicat régional de l’enseignement de           base à l’Ariana,
 2)           Med Lahbib Belhaj : Secrétaire général du  syndicat de base de           l’enseignement de base à  Elkram,
 3)           Chayicheaa           Jamel (شعيشع)           : Membre du syndicat de base de l’enseignement de base à Elktaar,
 4)           Laroussi Elawali  (العوالي)           : Secrétaire général du syndicat de base de l’enseignement de base à           Erdaif, 
           ·                             Le deuxième groupe destitué le 23/09/07 :
  
 1)           Lamine Elhaamdi : Secrétaire général du syndicat de base de           l’enseignement de base à Sidi Hsine, 
 2)           Souad El Inoubli : ex Membre du  syndicat de base de l’enseignement de           base à Sidi Elbachir,           3) Mokhtar El Abbassi : Membre du syndicat de base de           l’enseignement de base à Metlaoui,                      4)           Ibrahim Essa i (الساعي)           : Secrétaire général du syndicat de base de l’enseignement de base à           Ksar Gafsa,
           ·                             Le troisième groupe destitué ces derniers temps :
             
 2)                             Mohammed Erridha Elbarhoumi : Membre du syndicat de base de           l’enseignement de base de Sbitla et Membre du syndicat régional de           l’enseignement de base de Kasserine,
 3)                             Naoufel Maayoufa (معيوفة) :           Secrétaire général du syndicat régional du pétrochimie à Gafsa,
 4)                             Abdelaziz Débib (دبيب) :           Sécrétaire général du syndicat régional des eaux à Tunis,
      Sans compter la           destitution de l’ensemble du syndicat régional de l’enseignement           secondaire de Bizerte (9) et les deux membres du syndicat de base de           la santé de Béja (2) destitués juste avant l’éclatement de cette crise
  
  III°)             Liste des retraits des mises en disponibilité :
 1)                           Hfaidh Hfaidh : Membre du syndicat général de l’enseignement de base,          
 2)                           Taib Bouaicha : Membre du syndicat général de l’enseignement           secondaire,
 3)                           Fraj Chabbaah : Membre du syndicat général de l’enseignement           secondaire,
 4)                         Fethi Ben Ali  (Plus connu sous le nom de Edbek) : Membre du comité           des affaires financières du Syndicat Régional de Tunis
            Remarque :           Mohammed Halim : Secrétaire général du syndicat général de           l’enseignement de base depuis février 2007 est privé de son droit           légitime à la mise en disponibilité pour expédier les affaires           syndicales courantes dans son secteur.
             
             
            Ouertatani Noureddine SG du SB des Enseignants Chercheurs           Universitaires à Nabeul
             
            
                 Source : Bulletin de « Démocratie Syndicale et Politique » N° 28           du 07 Novembre 2007    
                 Liens :             http://fr.groups.yahoo.com/group/democratie_s_p/
                             http://groups.google.com/group/democratie_s_p/