7 novembre 2007

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TUNISNEWS
8 ème année, N° 2725 du 07.11.2007

 archives : www.tunisnews.net
 

 

 


 

 

Vérité-Action:Tunisie :20 ans après l’accession de Ben Ali au pouvoir:Appel pour une amnistie générale The Fund for Global Human Rights invites you to a reception in honor of Tunisian human rights activists  HumanrightsFirst :Tunisia: A model of middle east stability or an incubator of extremism? Associated Press:Il n’y a pas de présidence à vie en Tunisie, selon les autorités LA VOIX DES TUNISIENS :N°3 Novembre-Décembre 2007 Libération:3 questions à : Radhia Nasraoui, de l’Association contre la torture en Tunisie ATS: Ben Ali règne depuis 20 ans sur la Tunisie 24 heures : Le «sauveur» Ben Ali tient depuis vingt ans Tribune de Genève : Ben Ali ou l’imposture tunisienne Tribune de Genève : Vingt ans de souffrances Libération:Tunisie :  Ubu roi a 20 ans Me kamel Chaabouni: de la mauvaise gestion du danger islamiste par le regime du 7 novembre Ouertatani Noureddine :   Etat de la crise syndicale

 


 

Appel de détresse de Tunisie (*)

 

 

Au nom de Dieu le Clément, le  Miséricordieux,

Appel à toute âme charitable

A nos frères en Dieu dans le monde entier

A toute conscience vive et humanitaire

 

Nous sommes sur la terre de la Zeitouna et de Kairouan et nous sommes submergés par le malheur et le dénuement.

 

Les difficultés de vos frères et sœurs sont démesurées et il ne nous reste plus aucun espoir après Dieu et vous.

 

Chers frères, une fois sortis de prison, nos frères se sont trouvés dans une nouvelle grande prison, ils se sont heurtés à la dure réalité à laquelle ils ne s’attendaient pas.

 

Leur séjour a été si long qu’ils doivent non seulement surmonter des obstacles matériels mais  aussi psychologiques notamment au sein de leurs familles.

 

Ils ont frappé à toutes les portes recherchant du travail peu importe le salaire ; peu d’entre eux ont subvenu à leur besoin. Par contre la majorité d’entre eux se trouvent au seuil de la pauvreté alors qu’ils avaient promis à leur famille richesse et aisance et  une vie en rose ; d’autant plus que les enfants ont grandi entre temps et que leurs demandes et leurs besoins ont grandi aussi.

 

Tous les rêves et les espoirs se sont envolés, le travail se fait rare et les proches et les amis ont tournés le dos ; certains d’entre eux ont même vu partir leurs épouses et leurs enfants.

Il y a, certes,  des frères comme ceux cités par Allah : «… que l’ignorant croit riches parce qu’ils ont honte de mendier – tu les reconnaîtras à leur aspects – Ils n’importunent personne en mendiant.. » La vache/273 . Nous nous soucions d’eux et nous ressentons ce qu’ils ressentent.

Il y en a d’autres qui, par pudeur, n’ose pas sortir de chez eux refusant tout contact extérieur ; craignant le regard des autres en raison de  leur pauvreté.

 

D’autres sollicitent  Allah avant d’aller affronter les gens et leur dire « donnez moi à manger j’ai faim », et les cas similaires sont nombreux.

 

Chers frères, cette crise qui a longtemps duré a engendré des conséquences et des situations néfastes.

 

Nos frères qui sont restés en prison parfois plus de quatorze ans se sont retrouvés dans des situations alarmantes :

 

Certains ont atteint la cinquantaine et sont toujours célibataires, ajouté à cela de nombreuses maladies de l’estomac, du rein, le phénomène d’impuissance sexuelle, le cancer  entraînant  la mort dans de nombreux cas.

 

Le pire c’est que la majorité de ces frères sont privés de cartes de soins et certains d’entres eux sont au chômage ou en invalidité.

 

La situation  de leurs enfants est parfois plus alarmante. De nombreux sont ceux qui présentent des maladies psychologiques du fait du stress permanent entraînant des perturbations graves, et comme vous le savez, ces cas nécessitent de l’attention, de la prévention et une prise en charge permanente qui est coûteuse.

 

Tout cela n’est qu’un aperçu de la réalité, une goutte dans un océan.

 

Chers frères, la lecture de cette lettre ne doit pas vous laisser indifférents, nous sommes persuadés qu’après sa lecture votre cœur sera touché.

 

Notre espoir en Dieu est grand ainsi qu’en votre générosité devant pareil cas de dénuement et de pauvreté.

 

Nous ne souhaitions à personne de vivre cette situation. Nous prions Dieu pour qu’Il vous protège et vous donne la paix.

 

Nous n’avons pas voulu vous importuner avec nos souffrances mais si nous  faisons appel à vous après Dieu, c’est que la situation a atteint un seuil critique.

 

Nous demandons à toute âme charitable de nous aider afin que nos frères puissent retrouver et garder leur dignité.

 

Grâce à votre aide généreuse et votre main tendue, vous pouvez empêcher le désespoir de s’emparer de vos frères qui n’ont pour tort que d’avoir souhaiter vivre dans leur pays en harmonie avec leur religion.

 

Nous gardons espoir en Dieu qui, inchallah, nous unira sur la voie de la foi et l’amour de Dieu.

Le prophète psl dit : « celui qui soulage le fardeau d’un croyant, Dieu le soulagera d’un fardeau le jour du jugement dernier »

 

Qu’Allah vous vienne en aide et vous protège !

 

Wassalem alaikom wa rahmatoullah wa barakatouhou.

 

 

(*) Cette lettre est parvenue récemment de la Tunisie à l’Association « TAKAFUL » pour le secours et la solidarité, et nous  la transmettons à l’opinion publique  pour l’alerter sur l’inquiétante situation matérielle, sociale et psychologique d’un grand nombre de tunisiens victimes de la politique répressive du régime durant les deux dernières décennies.

Vu l’ampleur du drame et le nombre important des victimes qui sont dans le besoin et la précarité ; l’Association TAKAFUL fait  appel à votre générosité pour nous aider à secourir vos frères et les aider à sauvegarder leur dignité.

 

« Et toute dépense que vous faites dans le bien, Il la remplace, et c’est Lui le meilleur des donateurs » (34 Saba /verset 39.)

 

« Quiconque prête à Allah de bonne grâce, Il le lui rendra multiplié plusieurs fois. Allah restreint ou étend (ses faveurs).Et c’est à lui que vous retournerez » (la vache, verset 245)

 

Vous pouvez  faire parvenir vos dons:

 

* directement en donnant vos dons à des gens de confiance en contact avec l’association TAKAFUL (enregistrée en France)

 

* en envoyant vos dons à cette adresse :

TAKAFUL  16, cité vert –  94370 Sucy en Brie.

France

 

Tél: 06 09 17 22 88 / 06 80 85 92 98

e-mail :contact@hotmail.fr

 

* par virement  bancaire à l’adresse suivante :

 

la Banque Postale. / France

 

Etablissement         guichet          n° compte          clé RIP

30041                   00001        5173100R020          42

 

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Tunisie : 20 ans après l’accession de Ben Ali au pouvoir Appel pour une amnistie générale

                                        Le 7 Novembre 1987, Zine El Abidine Ben Ali, premier ministre de l’époque a opéré un coup d’état dit « médical », proclamant :    « Dans l’exercice de nos responsabilités, nous comptons sur la contribution de tous les enfants de notre chère patrie, et ce dans un climat de confiance, de sécurité et de sérénité d’où seront bannies la haine et la rancœur »(1)   Les tunisiens de tout bord, ont bien accueilli les propos du nouveau président autoproclamé, les promesses faites à tous laissaient penser que la Tunisie avait ainsi fini avec l’exclusion systématique des opposants. La haine et la rancœur, que la déclaration du 7 novembre mentionne, vont commencer avec cette ère dite nouvelle.   Quelques semaines après son coup d’état, le régime tunisien dévoile l’existence de ce qu’il a appelé « le groupe sécuritaire ». Un groupe que le nouveau régime soupçonnait de préparer un coup d’Etat en parallèle avec le sien. L’éminent Docteur Moncef Ben Salem, mathématicien de renommée internationale, est jugé à la tête de ce groupe. Quelque temps après, M. Mansouri, un cadre de l’armée tunisienne, est mort sous la torture. Le Dr. Sahbi Amri, qui a dévoilé cette mort suspecte, a eu beaucoup d’ennuis, tant sur le plan professionnel que familial, durant les années qui ont suivies. Dès lors, la machine de la répression, se composant des mêmes personnes ayant semé la terreur sous l’ère de Bourguiba et du même Ben Ali comme Ministre de l’intérieur, s’est mise en marche malgré quelques mois de répit pendant lesquels les tunisiens ont cru à la réalisation des promesses.   Quelques mois plus tard, en février 1988, le nouveau président prend la tête du nouveau parti renaissant des cendres du parti unique de Bourguiba. L’Etat-parti renaissait de nouveau.   Lors de ce même discours, Ben Ali déclarait :   « Notre peuple a atteint un tel niveau de responsabilité et de maturité que tous ses éléments et ses composantes sont à même d’apporter leur contribution constructive à la gestion de ses affaires, conformément à l’idée républicaine qui confère aux institutions toute leur plénitude et garantit les conditions d’une démocratie responsable ainsi que dans le respect de la souveraineté populaire telle qu’elle est inscrite dans la Constitution. Cette Constitution appelle une révision devenue aujourd’hui impérative » (2)        Malgré le degré de responsabilité mentionné par la déclaration, le peuple tunisien et ses composantes politiques et associatives n’ont pas eu la chance de pouvoir apporter leur contribution constructive à la gestion du pays.   Quelques associations indépendantes ont certes eu le fameux visa du Ministère de l’intérieur, mais cela n’a été que temporaire pour une partie d’entre elles telle l’Union générale tunisienne des étudiants (UGTE) légalisée en 1988 et interdite en 1991 malgré qu’elle était le syndicat majoritaire des étudiants.   Des dizaines d’autres associations, plus particulièrement celles de défense des droits de l’homme, n’ont pas eu cette chance de travailler dans la légalité malgré le travail formidable qu’elles fournissent au pays, pour ne citer que  le Conseil national des libertés en Tunisie (CNLT), ATTAC, et l’Association internationale de soutien aux prisonniers politiques en Tunisie (AISPP).   La démocratie responsable, que les tunisiens ignoraient sa vraie définition à l’aube du 7 novembre 1987, n’a pas tardé à divulguer son mystère aux tunisiens qui souffrent toujours du fait qu’elle n’est ni démocratique ni responsable. Etre responsable selon le régime tunisien, signifie renoncer à ses droits, ne pas réfléchir et ne pas s’impliquer dans la vie associative ou politique opposante au régime, bref obéir et se taire.   La souveraineté populaire a été bafouée dès le premier test lors des élections présidentielles et législatives de 1989. Le peuple a certes élu Ben Ali à la présidence de la république vu qu’il s’est présenté seul, mais aux législatives, bien qu’entachées d’irrégularités énormes, le peuple a choisi le changement. De sources médiatiques concordantes et selon le témoignage de plusieurs observateurs, le RCD, parti au pouvoir est sorti battu des urnes, mais les résultats ont été falsifiés avant leur publication.   Quelques jours après, une vague d’arrestations a commencé contre des dizaines de candidats qui ont osé croire au sérieux de l’enjeu électoral en se présentant contre le RCD sous différentes bannières, notamment indépendantes.   Quant à la Constitution, elle a été révisée, à plusieurs reprises, mais seulement dans l’idée de donner plus de pouvoir au président de la république et d’anéantir tout contrôle sur le gouvernement.    La parole, qui suivra, restera lettre morte :   « L’époque que nous vivons ne peut plus souffrir ni présidence à vie, ni succession automatique à la tête de l’Etat desquelles le peuple se trouve exclu. Notre peuple est digne d’une vie politique évoluée et institutionnalisée, fondée réellement sur le multipartisme et la pluralité des organisations de masse. » (3) Ainsi, avant les premières élections de 1989, Ben Ali s’est présenté seul, il a gagné avec plus de 99%. En 1994, il était aussi le seul à se présenter aux élections, réalisant le même score.   En 1999, Me Abderrahmane El-Hani et Dr. Moncef Marzouki, deux figures de la société civile tunisienne, se sont présentées aux élections présidentielles, ils ont fini en prison avant les élections. Une fois encore Ben Ali gagne avec un nouvel score à la soviétique.   Pour asseoir sa présidence à vie sous une forme « républicaine », la Constitution a été modifiée (4) deux fois, dont la dernière pour permettre à Ben Ali de se présenter en 2004.   Face à deux adversaires choisis, il l’a gagné avec 94.5%. La présidence à vie a certes été rayée de la constitution tunisienne (l’ancienne constitution stipule que seule la personne de Bourguiba est désignée comme président à vie), mais en pratique, et en utilisant des moyens constitutionnels et frauduleux pour éliminer ses adversaires, Ben Ali s’est proclamé de fait comme président à vie.   Au niveau des législatives, aucun élu de l’opposition légale n’a pu faire son entrée au parlement sans le système de quota qui donne à l’opposition une quarantaine de sièges distribués aux plus fidèles des « opposants ».    Quant aux libertés individuelles et publiques, et contrairement à l’affirmation de Ben Ali qu’il veillera « à la bonne application de la loi de manière à bannir toute iniquité et injustice » (5), elles seront de plus en plus bafouées avec le déclenchement dans les années 90 d’une décennie d’enfer.   C’est ainsi que le pays fut mis sous siège et une vraie chasse à la sorcière a déferlé sur les tunisiens sous prétexte annoncé d’éliminer le parti d’Ennahdha, mais avec l’intention reconnaissable de verrouiller le pays à toute velléité de changement.   Des dizaines de milliers de personnes ont connu les tristes et célèbres prisons tunisiennes. Des dizaines de morts sous la torture.   Le rapport complet publié par le CNLT en 2002 concernant les jugements prononcés en 1992 par les tribunaux militaires fait état de plus de 80 cas de morts sous la torture (6). A cette liste, il faut ajouter les noms de Lotfi Idoudi, Hachemi Mekki, Lazhar Noman et bien d’autres libérés en phase finale de maladies incurables.   L’isolement (7) est appliqué à ces prisonniers dits « de nature spéciale » (Sibgha Khassa en arabe), comme le cas de M. Ali Larayedh qui a passé une dizaine d’années en isolement complet.   Les prisonniers libérés après la fin de leurs peines se trouvent encore accablés par un contrôle administratif qui ne leur laisse même pas la possibilité de travailler pour avoir quoi manger sachant que le régime punit toute personne suspectée d’apporter de l’aide matérielle aux familles de prisonniers politiques.    Des dizaines de femmes ont été obligées de divorcer, sous la pression de la police et les menaces d’affliger des punitions pouvant aller jusqu’au viol. Des cas de viols ont été perpétrés sur des proches de prisonniers politiques pour les faire passer aux aveux et parfois seulement dans l’intention de les humilier.   La libération de dizaines de prisonniers politiques, surtout ceux aux peines les plus longues, a certes permis de regrouper des familles, mais n’a pourtant pas mis fin aux discriminations administratives qui les frappent (travail, santé, scolarisation des enfants, etc.).     La Tunisie, signataire des conventions internationales contre la torture a connu durant ces vingt ans une application systématique de la torture. Les tortionnaires, dont les noms ont été divulgués par les victimes, n’ont fait l’objet d’aucune poursuite par les autorités tunisiennes, malgré les demandes répétitives des organisations de défense des droits de l’homme, tunisiennes et internationales et malgré les interventions des instances onusiennes compétentes. (8)        Il est vrai, à cet égard, que les autorités tunisiennes ont profité des circonstances internationales.   Des lois très controversées, dites anti-terroristes, ont été adoptées pour repartir dans une nouvelle vague de répression touchant cette fois des centaines de jeunes gens arrêtés et emprisonnés.   Avec la banalisation de la torture, dans plusieurs des grandes démocraties, la torture pratiquée en Tunisie a connu un nouvel élan, relaté par les défenseurs des droits de l’homme et les avocats de ces jeunes, mais sans que des mesures ne soient entreprises pour l’endiguer.   Des morts suspectes ont eu lieu à la fin de 2006 et au début de 2007. Des jugements très sévères ont été prononcés lors d’audiences expéditives dont la manière de gérer oblige les avocats qui défendent ces jeunes à se retirer tant que les juges totalement  partiaux refusent de faire suite aux demandes des inculpés de faire des examens médicaux suite à la torture subie, malgré les séquelles apparentes dans plusieurs cas, ou de respecter les droits et garanties données à ces prévenus par le droit tant interne qu’international.   La vie associative, riche et prometteuse aux années 80, a beaucoup régressé durant les vingt dernières années.   Certes il y a une quantité énorme d’associations qui ont été créées, mais elles ne sont que des associations satellites. Toute demande qui n’a pas l’appui du pouvoir se voit refuser le visa pour être légale. Tous les domaines sont touchés, de la culture à la défense des droits de l’homme, en passant par les anciens combattants, les syndicats et aux parties politiques.   Les journaux ont subi le même sort. Dans les années 80, on pouvait trouver en Tunisie un journal dissident tel qu’Al-Raii (l’opinion), de nos jours, seul un journal, Al-Mawkif, organe du parti démocratique progressiste, est autorisé.   Ce dernier a, à son tour, subi une campagne de harcèlement et de dénigrement de ses dirigeants. Mme Maya Jribi, secrétaire général du parti et Me Ahmed Néjib Chebbi directeur du journal Al-Mawkif ont observé une grève de la faim de plus de vingt jours pour protester contre la fermeture des locaux du parti et du journal. Ils viennent de gagner leurs causes.   C’est pour dire que durant ces dernières années, la grève de la faim est devenue le dernier recours des opprimés de la Tunisie.   Les prisonniers réclamant des conditions d’incarcération plus humaines doivent passer par une grève de la faim, les familles demandant la libération de leurs proches après une dizaine d’années, doivent aussi passer par là. Les ex prisonniers souhaitant la levée de garde rapprochée des policiers l’ont aussi fait pour avoir gain de cause.   Cette semaine encore, Me Mohamed Nouri, ancien bâtonnier et président de l’association « Liberté-Equité » de défense des droits de l’homme et le journaliste Slim Boukhdir ont entamé une grève de la faim pour réclamer leurs droits à leurs passeports.                                   Vérité-Action, en dressant ce bref comparatif entre les promesses du discours du 7 novembre1987 et le résultat vingt ans après constate que :   Les droits de l’homme sont de plus en plus bafoués. Une trentaine de prisonniers politiques souffrent dans des conditions inhumaines depuis plus de seize ans, d’autres dizaines voire centaines de jeunes viennent de les rejoindre.   La torture reste systématique. Chaque personne a droit à ce plat de bienvenus dès son arrivée. Les témoignages concordants des victimes et des observateurs affirment la continuité de cette pratique.   La liberté d’expression est battue en brèche par la multiplication des lois restrictives et de la mainmise policière sur toute activité non autorisée par les autorités.   Vérité-Action, considère qu’après 20 ans du règne de Ben Ali, les tunisiens ont droit à une bouffée d’oxygène après tant d’années de répression. Le peuple tunisien mérite une vie plus digne, plus respectueuse de la personne humaine et de lois équitables. Pour cela, Vérité-Action appelle la société civile et les militants de droits de l’homme en Tunisie à réactiver urgemment l’appel à la promulgation d’une loi d’amnistie générale, seule garante d’un vrai changement dans le pays.   Fribourg, le 07 novembre 2007   Pour Vérité-Action Safwa Aïssa, présidente     (1), (2), (3), (5) Déclaration du 07 novembre 1987, discours de Mr. Zine El Abidine Ben Ali (4) Voir le rapport intitulé « Pour une gouvernance conforme à la charte fondamentale : Enjeux et perspectives de la réforme constitutionnelle en Tunisie-26 mai 2002 » publié par Vérité-Action en 2002. (6) « Le jugement virage : le tribunal militaire de Bouchoucha et Bab Saadoun de l’été 1992 », rapport publié par le CNLT, Octobre 2002. (7) Voir le rapport intitulé « les coulisses de la mort lente» publié par Vérité-Action, décembre 2000. (8) Vérité-Action a été mandatée par 3 anciens prisonniers politiques tunisiens établis en Suisse pour déposer une plainte contre le gouvernement tunisien auprès du Comité contre la Torture de l’ONU (CAT). La Tunisie refuse encore de donner suite aux recommandations du Comité pour mener des enquêtes et apporter des renseignements sur ces cas.  


 
The Fund for Global Human Rights invites you to a reception in honor of Tunisian human rights activists

Please join us on Wednesday, November 14th From 5:00pm to 7:00pm

At the Mott House 122 Maryland Avenue NE (between 1st and 2nd streets, across the street from the Supreme Court, closest Metro stops are Union Station and Capitol South) Washington, DC  

 
  Honored activists include:   Mohamed Abbou                                                  Khadija Cherif Human rights lawyer                                          Tunisian Association of Democratic Women Moncef Marzouki                                                Omar Mestiri Human rights activist                                         National Council for Liberties in Tunisia Radhia Nasraoui                                                  Ahmed Rahmouni Association Against Torture in Tunisia          Judge Mokhtar Trifi                                                      Naziha Rjiba Tunisian League for Human Rights                 Observatory for the Freedom of the Press, Publishing and Creation    This reception is a part of a series of events to promote independent voices on human rights on Tunisia sponsored by Human Rights Watch, Amnesty International, Human Rights First, IFEX-Tunisia Monitoring Group, and the International Federation for Human Rights (FIDH)  Please RSVP by November 13 to cvillegas@globalhumanrights.org or 202-347-7488 (extension 201)

TUNISIA: A MODEL OF MIDDLE EAST STABILITY OR AN INCUBATOR OF EXTREMISM?

 
Tuesday November 13, 2007
 
Hart Auditorium, First Floor, McDonough Hall, Georgetown University Law Center   9:00 a.m. Registration 9:30 a.m. Welcome and Introduction Representative of the organizers 9:45 a.m. Panel I: Stifling One of the Most Open Civil Societies in the Middle East and North Africa Chaired by: Neil Hicks, Director of the Human Rights Defender Program at Human Rights First. Panelists: Clement Henry, Professor of Government at the University of Texas at Austin: An Overview of Tunisia under Presidents Habib Bourguiba (1956-1987) and Zine El-Abidine Ben Ali (1987- ?): Did the “Architect of Change” Learn from the Mistakes of the “Supreme Combatant”? Moncef Marzouki, former President of the Tunisian League for Human Rights (LTDH) and former Spokesperson of the National Council for Liberties in Tunisia(CNLT): Tunisian Civil Society’s Achievements and Disappointments. 11:00 a.m.-11:15a.m.: Coffee Break Khadija Cherif, President of the Tunisian Association of Democratic Women (ATFD): Threats and Challenges to Women in a Country that Claims Gender Equality. Mokhtar Trifi, President of the Tunisian League for Human Rights (LTDH): What Future Role for the Crippled and Oldest Human Rights Group in the Arab World? -Representative of the Tunisia government (TBC) 12:30 p.m. Lunch Break 1:30 p.m. Panel II: A War on “Islamist Extremism” or on Freedom of Association and Expression? Chaired by: Daniel     (Source : le site de l’ong américaine « HumanrightsFirst », le 7 novembre 2007) Lien: http://www.humanrightsfirst.info/pdf/071105-hrd-tunisia-nov13-conf.pdf

Associated Press, le 6 novembre 2007 à 20h29

Il n’y a pas de présidence à vie en Tunisie, selon les autorités

 
Les autorités tunisiennes se sont inscrites en faux mardi contre les « allégations incorrectes » selon elles d’un des chefs de l’opposition, qui dénonçait « la restauration, à peine déguisée, de la présidence à vie » en Tunisie, à l’occasion du 20e anniversaire de l’arrivée au pouvoir du président Zine el Abidine ben Ali.   Le chef du Forum démocratique pour les libertés et le travail (FDLT), le Dr Mustapha Ben Jaâfar, avait fait allusion à la révision de la Constitution opérée en 2002 pour supprimer la limitation du nombre des mandats présidentiels, que l’actuel chef de l’Etat avait initialement fixée à trois mandats.   « La présidence à vie a été abrogée en Tunisie depuis 20 ans grâce aux réformes introduites par le président Ben Ali », déclare le gouvernement dans un communiqué transmis à l’agence Associated Press. On y souligne que tous les cinq ans les Tunisiens élisent « au suffrage universel, direct et secret, le président de la République, parmi plusieurs candidats ».   Le communiqué nie par ailleurs l’existence de prisonniers politiques car « nul ne peut être emprisonné en Tunisie pour ses opinions ou son appartenance politique ». « L’Etat de droit a été doté de tous les instruments juridiques pour garantir le respect des droits humains. » Les associations se sont multipliées et « huit partis d’opposition mènent librement leurs activités », fait-on valoir.   La liberté de la presse est aussi « une réalité en Tunisie », insistent les autorités. « Aucun journal n’a été saisi depuis 20 ans et aucun journaliste n’a été emprisonné pour ses écrits durant cette période », affirment-elles, ajoutant que de nombreuses revendications des journalistes ont été satisfaites.   Associated Press

LA VOIX DES TUNISIENS

VoixdesTunisiens@Yahoo.fr 

N°3 Novembre-Décembre 2007  
 
  EDITO Un bien amer anniversaire   Il est des anniversaires dont la célébration a un goût amer. Vingt ans, c’est l’aube de la vie pour un être humain, c’est une éternité pour un règne. Voilà vingt ans déjà, que, le 7 novembre 1987, le général Zine Ben Ali, a accédé à la magistrature suprême par le coup d’Etat en destituant Habib Bourguiba. C’est en s’appuyant sur l’article 57 de la Constitution, qui stipule qu’en cas de vacance du Président de la République, le premier ministre investit la présidence pour le reste de la législature en cours, que Ben Ali, nommé un mois plus tôt chef du gouvernement, déposa Bourguiba pour sénilité. La nouvelle présidence ne qualifiera jamais cette destitution comme un coup d’Etat, bien que dans la nuit du 6 au 7 novembre, les sept médecins (dont deux militaires) convoqués ont été contraints de signer un avis médical défavorable au ministère de l’Intérieur pour l’exercice de la fonction présidentielle par Bourguiba et bien que des blindés de la gendarmerie prirent le contrôle du siège du gouvernement, du parti et de la télévision.   Les illusions du « changement »   Le 7 novembre 1987, la Tunisie connaît le « Changement », c’est le début de « l’Ere Nouvelle », permise par la « révolution du jasmin », pour reprendre la sémantique propagandiste tant utilisée par le régime de Ben Ali et qui servira à la réécriture de l’Histoire moderne du pays, laquelle commence depuis lors à cette date et non plus en 1956, date de l’Independence. Une révolution qui n’en n’était, par ailleurs, pas une, car le renversement de Bourguiba n’était pas le fait d’une révolte ou d’un mouvement du peuple tunisien, mais bien de la volonté d’un homme opportuniste appuyé par quelques autres. Cette « Ere Nouvelle » dont l’omniprésence du chiffre 7 à travers tout le pays, symbole du changement de régime et qui n’a d’égal que celle des portraits du président, a été inaugurée par un discours présentant un ensemble de promesses, dont les premières furent l’abolition de la présidence à vie et la réforme du code de la presse. Ces illusoires promesses s’inscrivaient dans une démarche visant à promouvoir une rupture avec les années de fin de règne de Bourguiba qui étaient caractérisées par une augmentation de la contestation sociale, ce qui pouvait rassurer dans une certaine mesure le peuple quant à la destitution du « Père de la Nation ».   Le marais tunisien   Les progrès économiques et sociaux accomplis après un demi-siècle d’indépendance et qui ont permis aux Tunisiens de jouir d’un ensemble d’acquis, sont principalement le fait de politiques actives de développement mises en place dès l’édification de la nation tunisienne. Après le coup d’Etat de Ben Ali, les réformes entreprises quelques années plus tôt ont poursuivies leurs dynamiques et aucunes entraves à leur accomplissement n’ont été mises en place, mais aucune autre de même envergure n’ont été néanmoins entreprises. Aussi, dans la mesure où la priorité du régime de Ben Ali est d’ordre sécuritaire et vise la consolidation de sa présidence, c’est l’ensemble des mécanismes impétueux qui a connu un significatif développement et qui a permis l’avènement d’un système policier, au détriment du développement économique et social, qui demeure stagnant. Cette situation particulière amène à être comparée à des eaux stagnantes qui s’accumulent au fil des ans. L’édification et la consolidation de l’Etat policier a généré ainsi une situation ressemblant à un marais. Et c’est précisément l’accumulation de telles eaux caractérisant un marais, qui engendre de la  dégénérescence et est propice à l’émergence et la prolifération d’organismes pathogènes. C’est en jouissant d’une totale immunité que les familles proches de Ben Ali, particulièrement sa belle-famille, les Trabelsi dont les membres sont nombreux, ont pu proliférer au sein de l’économie tunisienne, en y développant les pratiques peu scrupuleuses, souvent mafieuses, mais surtout le tissage d’un système clientéliste et corrompu. Ainsi, l’affairisme obscur et démesuré des Trabelsi, pénalisent fortement l’économie du pays par leur présence et leur gestion irresponsable dans les différents secteurs. L’exploitation outrancière des richesses du pays ainsi que l’association systématique de ces familles proches de Ben Ali aux projets économiques de grandes envergures et surtout rentables, constituent des freins au développement du pays, par l’effet dissuasifs aux investissements intérieurs et étrangers qui en résultent.                    Un danger se profile   Depuis deux décennies, la transformation d’un Etat fort en un Etat policier par Ben Ali a généré une dépolitisation massive des tunisiens par un conditionnement particulier, couplé à une répression systématique de l’intellect. L’illégitimité de son accession à la présidence de la République par son coup d’Etat ainsi que son maintient à sa tête n’a pu naturellement converger que dans le développement de mécanismes coercitifs conduisant peu à peu à la privation de droits à l’expression et à l’association. Ceci ne peut qu’engendrer de la frustration auprès du peuple tunisien, impuissant et désabusé devant l’enrichissement grossier des proches de Ben Ali, faisant face à un contexte économique de plus en plus difficile et à une gouvernance obscure, douteuse et illégitime. La dilapidation en cours des acquis de la Tunisie, rendue possible par un espace politique clos et figé, ainsi qu’une dégradation sociale et économique, favorisent le refuge de plus en plus affirmé dans le radicalisme religieux. L’absence de perspectives et l’inégalité devant le droit individuel de chaque tunisien favorise le terreau d’une régression sociale dont l’extrémisme pourrait paraître répondre.   D’une manière pacifique, responsable et surtout citoyenne, nous devons faire valoir les droits élémentaires en Tunisie, faire émerger de nouveau l’esprit citoyen en écrivant au Palais de Carthage pour faire part au Président Ben Ali des aspirations du peuple et de l’urgence de l’ouverture du champ politico-médiatique. Il est impératif, tant qu’il en est encore temps, d’user de réponses républicaines et laïques, afin d’éviter qu’elles ne soient données par des mouvances obscures et effrayantes, et cela, Zine Ben Ali, après vingt ans de présidence, doit enfin le comprendre.   SYLLA Directeur et  Rédacteur en Chef   Illusoires promesses du 7 novembre   C’est dans son édition matinale de 6h du matin que Radio-Tunis transmet sur ses ondes le discours de Zine Ben Ali, quelques heures après le coup d’Etat, le 7 novembre 1987, et qui allait d’abords apprendre au peuple que la Tunisie avait changé de Président. Dans la déclaration du 7 novembre 1987, les tunisiens ont alors pu prendre connaissance des futures réformes qui allaient engager le pays dans une « ère nouvelle ». Surpris par la destitution du fondateur de la nation Tunisienne, Bourguiba, dont les politiques actives répondaient à un souci de développement du pays, les tunisiens découvraient la ferme et honorable volonté de Ben Ali à démocratiser la Tunisie. Le durcissement du régime de Bourguiba à la fin de son règne et la nécessité démocratique pouvaient rendre « légitime » le nouveau Président. Dans son premier discours « d’investiture suprême », Ben Ali évoque le niveau de responsabilité et de maturité du peuple, qui ne peut être exclu de la décision amenant au choix du chef de l’Etat. Il souligne par ailleurs, la dignité du peuple tunisien de pouvoir jouir d’une vie politique évoluée, multipartite et plurielle. Ainsi, pour engager le pays dans la voie démocratique, les premières réformes envisagées sont une révision de la Constitution en vue d’abolir la présidence à vie et un projet de loi sur la presse.   Abrogation de la présidence à vie Une révision de la Constitution en 1988 a certes bien permis l’abrogation de la présidence à vie, en limitant à trois, le nombre de mandants présidentiels et en fixant à 65 ans, la limite d’âge pour se porter candidat. Seulement une seconde modification par plusieurs amendements en 2002 et approuvée par référendum (nul ne pouvait en douter), a d’une part permis d’accumuler un mandat supplémentaire (passant ainsi de trois à quatre) et d’autre part de repousser à 75 ans l’âge limite de candidature à la magistrature suprême. Ainsi, le prochain et cinquième mandant de Ben Ali débutera en 2009, à l’âge de 73 ans. La présidence à vie a donc été rétablie en Tunisie, même si elle n’en porte pas le titre, ce qui dénote du caractère encore plus hypocrite de cette démarche.     Réforme du code de la presse Trois amendements depuis le 7 novembre 1987 ont permis de modifier le code la presse qui prévalait en Tunisie jusqu’à cette fameuse date. Les principes de liberté de la presse concernant l’édition, l’impression et la distribution de différentes publications ont été confirmés et élargies dans les versions de 1988 et 1993. Le troisième amendement de 2001 présente un code de la presse qui semble connaître de significatives avancées pour la liberté de la presse. Ainsi, le dépôt légal qui obligeait l’imprimeur à envoyer les copies déjà  tirées au distributeur seulement après avoir reçu l’aval du ministère de l’intérieur, est abrogé (paragraphe 2 de l’article 8). L’autre apparent progrès concerne la suppression du délit de « diffamation de l’ordre public » de l’article 51 du précédent code. Par ailleurs, un certain nombre d’articles du code de la presse sont transférés au code pénal.   Malgré ces modifications du code de la presse, quelques articles ont été néanmoins conservés, réaffirmés, soulignant le caractère contraignant de l’exercice du métier de journaliste en Tunisie. La presse écrite est ainsi composée d’une dizaine de quotidiens et hebdomadaires progouvernementaux, dont le plus important est La Presse, journal officiel tiré à 55000 exemplaires, et deux publications d’oppositions Attariq aljadid et Al-Maoukif (tirés respectivement à moins de 3000 et 5000 exemplaires). L’uniformité déroutante des journaux tunisiens progouvernementaux, qui ne se distinguent d’ailleurs que par les formules élogieuses à l’égard du président Ben Ali, dénote l’effectif climat de censure de la presse et auquel l’article 14 du code de la presse a contribué à établir. Alors que le dépôt légal avait été abrogé, l’article 14 stipule « qu’avant l’impression de tout périodique, l’imprimeur doit exiger le récépissé délivré par le ministère de l’intérieur ». Voilà ce qui permet de filtrer les publications et de contrôler les lignes éditoriales. L’autre article qui contribue à la convergence vers cette censure est le numéro 48, qui permet d’infliger une peine de trois à cinq ans de prison pour quiconque aurait le mauvais goût de faire « offense au Président de la République ». La suppression de l’article 51 relative à la diffamation de l’ordre public n’est alors qu’une forme supplémentaire d’illusion sur la liberté d’expression. D’autant plus que les « diffusions de fausses informations » constituent depuis lors, un délit d’ordre pénal et qui a déjà permis de sanctionner de nombreux diffuseurs de nouvelles non officiellement approuvées par le régime, comme Zouhair Yahyaoui en 2002 (condamné à plus de deux ans ferme, libéré au bout d’un an et demi grâce aux pressions internationales et victime d’une crise cardiaque à l’âge de 36 ans à cause des mauvais traitements subis lors de sa détention). Concernant les périodiques étrangers, le même arbitraire est laissé au ministère de l’intérieur, qui par l’article 25, décide de l’introduction et de la circulation des œuvres étrangères quand elles sont dénuées de critiques à l’encontre du régime tunisien.   Il apparaît donc que les tunisiens ne sont finalement pas aussi responsables, pas assez mûrs et même indignes « pour apporter leur contribution constructive à la gestion de ses affaires, conformément à l’idée républicaine » (déclaration du 7 novembre 1987). Ce qui est certain, c’est que le conditionnement du peuple tunisien par le régime de Ben Ali a conduit à un désintéressement de la gestion de la chose publique et généré la remarquable léthargie quant aux questions liées à la gouvernance. Les promesses démocratiques de la déclaration du 7 novembre ne sont donc qu’illusoires et peuvent éclairer chacun de nous, sur le niveau d’altruisme qui a conduit Zine Ben Ali à prendre le pouvoir.  Hamadi Ben Sliman                                                                                                                                                                                                                               Arnaques, crimes et politique   Pour son peuple, le président tunisien est seulement un visage placardé jusque dans la moindre échoppe » (Le Monde, 24/05/2002) avait écrit Jean-Pierre Tuquoi, co-auteur de « Notre ami Ben Ali » (éd. La Découverte , Paris, 1999). Cette phrase révélatrice, qui ne manquera pas de faire sourire les tunisiens, est cependant désuète en cette fin de règne. En effet, bien que le portrait du dictateur soit le seul à orner l’iconostase de la vie publique tunisienne depuis maintenant 20 ans, son nom n’évoque plus seulement ces posters de propagande omniprésents, à tel point qu’on ne les remarque même plus. Depuis quelques années, le nom de Ben Ali est de plus en plus fréquemment associé à maints trafics et fourberies, j’oserai même dire que le président fait figure de chef de la plus grande famille mafieuse du pays.   Cette vocation criminelle de la famille Ben Ali ne date pas d’aujourd’hui. En effet, tout a commencé avec Habib Ben Ali, alias « Moncef », frère décédé du Général-Président. Moncef a défrayé la chronique dans les années 1990, notamment dans l’affaire dite de la « Couscous Connection ». A la tête d’un trafic international de stupéfiants, il a été condamné à 10 ans de prison par contumace par le Tribunal Correctionnel de Paris en 1992.  Mais la saga criminelle de la dynastie ne faisait que commencer.   Les pilleurs de l’économie tunisienne Aujourd’hui, deux clans pillent l’économie tunisienne et s’adonnent à des activités illégales en toute impunité, la justice étant muselée, et la presse censurée.   Le Clan Ben Ali-Chiboub Il y’a d’abord, le Clan Ben Ali-Chiboub qui regroupe les filles du Président et de sa première épouse Naïma Kéfi et leurs maris. Cette branche est la plus ancienne et est sans doute la plus discrète. En effet, le principal leader du clan, Slim Chiboub (mari de Dorsaf Ben Ali, fille du président) qui avant le coup d’Etat du 7 novembre 1987 devait se contenter de la gestion du « Sorriso », un petit café en banlieue, brasse aujourd’hui des sommes astronomiques. Son mariage aidant, il s’est spécialisé dans les commissions sur les marchés publics, comme celui de la téléphonie mobile estimé à 480 millions d’euros. Ce clan peu scrupuleux et faisant fi des lois n’hésite pas à employer la violence, la corruption, la menace pour parvenir à ses fins.   Le Clan Trabelsi  D’autre part, le Clan Trabelsi dirigé par Leila Trabelsi, seconde épouse du dictateur et coiffeuse de formation, fait du tapage. Il est constitué des dix frères et sœurs de la première dame qui, il y’a de cela quelques années, étaient cordonnier, caïd de quartier, vendeur à la sauvette et j’en passe. Cette famille devenue en peu de temps la plus puissante et la plus crainte du pays s’est illustrée par la création du groupe Karthago (compagnie aérienne, chaîne d’hôtels…) par Belhassen (frère de Leila) ainsi que par les activités des jeunes Moez et Imed. Ce dernier a fait parler de lui, avec le vol du yacht de Bruno Roger (PDG de la banque d’affaires Lazard Frères) en juillet 2006, mais aussi par des activités aussi diverses et illégales que le trafic de stupéfiants, le racket et l’octroi de passe-droits moyennant finances. Bien entendu, il ne faut pas oublier Sakhr Materi, l’époux de Nesrine (fille de Leila et Ben Ali) qui s’est empressé de racheter la société étatique Ennakl (représentant exclusif de Volkswagen, Audi, Renault Trucks et dorénavant fournisseur officiel de l’administration), avec un chèque sans provision de 13 millions de dinars qui ne sera évidemment pas encaissé.   Un article ne saurait faire une liste exhaustive des activités illicites de la famille du dictateur, mais il est certain que ces pratiques ralentissent les investissements (locaux et étrangers), créant une grande insécurité juridique et se traduisant par un fort risque-pays. Et cet enfer, ce brasier crépite depuis 20 ans… et la République Française (par son soutien implicite de la dictature de Ben Ali), et même certains de nos professeurs le ravivent, immolant ainsi le peuple tunisien condamné à supporter ce régime mafieux jusqu’en 2014… Voire plus, grâce à la contribution d’Henry Roussillon (Président de l’Université Toulouse 1 et Professeur des Universités) et de certains de ses collègues, devenus tortionnaires par destination, en fournissant les outils constitutionnels permettant la présidence à vie de Ben Ali.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                       Mahmoud Saïdi    

Informations Rapides :

 

  • L’épouse du président Ben Ali et la veuve de Yasser Arafat ont créé pour la rentrée de septembre dernier, un établissement privé, l’Ecole internationale de Carthage. Après l’éviction de Mme Arafat du projet pour de troubles raisons financières, le lycée concurrent Louis-Pasteur de Tunis risque de fermer ses portes, car il est susceptible de faire de l’ombre au lycée de Mme Ben Ali.

 

  • Yves Steiner, membre du comité exécutif de la section suisse d’Amnesty International, a été récemment arrêté et expulsé par la police politique tunisienne pour avoir critiqué le régime dans un discours prononcé devant les membres de la section tunisienne d’AI.

 

  • Hamadi Jebali, directeur de l’hebdomadaire Al Fajr est détenu depuis 1991 pour « diffamation » et « appartenance à une organisation illégale » et purgera sa peine jusqu’en 2008.

 

  • Le 1e Novembre 2007, Maître Raouf Ayadi (avocat du journaliste dissident Slim Boughdir) a été violemment agressé par la police politique en pleine rue à  Tunis.    

 

 


3 questions à : Radhia Nasraoui, de l’Association contre la torture en Tunisie. «Au nom de l’antiterrorisme, Ben Ali renforce en réalité l’arbitraire»

 
Recueilli par MARIA MALAGARDIS   Voilà vingt ans jour pour jour, qu’il règne en maître absolu sur la Tunisie : le 7 novembre 1987, Zine el-Abidine ben Ali destituait son prédécesseur Habib Bourguiba, le Père de l’Indépendance, pour cause de «sénilité». Depuis ce «coup d’état médical», l’homme fort du pays est régulièrement réélu avec des scores soviétiques frôlant les 99,9 %. Mais il peut se targuer d’un taux de croissance de 6 % et de l’absence d’opposition islamiste officielle. De quoi justifier le silence des démocraties occidentales qui passent par perte et profit les tortures systématiques, les agressions et intimidations contre toute voix critique. Radhia Nasraoui, présidente de l’Association contre la torture en Tunisie, interdite par les autorités, en a fait plusieurs fois l’expérience. Cette avocate courageuse s’est souvent mise en danger pour dénoncer la chape de plomb qui pèse sur son pays. De passage à Paris, elle dresse aujourd’hui un bilan accablant.   Comment vit-on en Tunisie aujourd’hui ?   Dans la peur ou la soumission. Ben Ali s’autorise des choses qu’il n’aurait jamais osé faire il y a quelques années. Des gens sont agressés en pleine rue. Cela m’est d’ailleurs arrivé il y a deux ans. Mais le procureur a refusé de prendre ma plainte. La torture s’est également intensifiée. Elle est devenue systématique. Dès qu’on arrête quelqu’un, prisonnier politique ou prévenu de droit commun, on le tabasse, on le fait passer «à la baignoire». On lui impose «le poulet rôti» : pieds et mains liés autour d’un bâton fixé à l’horizontal, et roué de coups. J’ai beaucoup de clients en prison et je suis inquiète pour certains, privés d’accès à leur avocat et à leur famille. Nous allons prochainement publier un rapport sur ces cas de tortures. Ce sera notre manière de marquer les vingt ans de Ben Ali au pouvoir.   Comment expliquer que Ben Ali ne soit jamais critiqué par les démocraties ?   En France, il faut noter les liens d’amitié entre Sarkozy et Ben Ali. Mais d’une manière générale, il profite du contexte mondial de lutte contre l’intégrisme. Il a ainsi promulgué une nouvelle loi en 2003 au nom de l’antiterrorisme, qui renforce en réalité l’arbitraire. Il y a aujourd’hui plus d’un millier de prisonniers politiques en Tunisie, victimes de tortures. Pourtant, les plaintes déposées sont toujours ignorées par les parquets. Il n’y a jamais d’enquêtes. Quand j’évoque la torture pendant un procès, le magistrat stoppe souvent net ma plaidoirie ! Mon cabinet est toujours sous surveillance et sous les fenêtres de ma maison, un groupe m’attend pour me suivre. Le frère d’un de mes clients s’est fait tabasser devant mon bureau.   Quels sont les gens ciblés par la répression ?   Ce sont principalement les jeunes accusés d’intégrisme islamiste. En réalité, c’est en prison qu’ils se mettent à faire leurs prières cinq fois par jour ! Après tout, ce sont les enfants de Ben Ali : ils ont 20 ans eux aussi.   (Source : « Libération » (Quotidien – France), le 7 novembre 2007)

ATS, le 7 novembre 2007 à 15h40 Ben Ali règne depuis 20 ans sur la Tunisie Le Forum des Tunisiens de Genève dénonce le régime

 
Genève (ats) Le Forum des Tunisiens de Genève et Vérité-Action ont dénoncé mercredi la politique menée depuis vingt ans en Tunisie par Zine El Abidine Ben Ali. Les deux associations décrivent le régime comme « totalitaire et oppressif ».   Les deux organisations ont demandé à la société civile tunisienne « de poursuivre le combat pour faire de la Tunisie un pays libre et démocratique ». Selon elles, Zine El Abidine Ben Ali a mis en place « un système d’anéantissement de tout souffle de liberté et de toute voix discordante ».   Le Forum des Tunisiens de Genève et Vérité-Action ont aussi rappelé que la torture dans le pays « est devenue systématique et est pratiquée à grande échelle dans l’impunité la plus totale ». Selon les deux associations, depuis l’arrivée au pouvoir de Ben Ali, une centaine de personnes sont mortes sous les sévices.   (Source : www.romandie.com , le 7 novembre 2007)

Le «sauveur» Ben Ali tient depuis vingt ans TUNISIE – C’est un bien étrange cocktail. Entre répression politique et croissance économique,

le régime autoritaire parvient à se maintenir au pouvoir. Et à séduire l’Union européenne.

 
ANDRÉS ALLEMAND   Ce coup d’Etat «médical», les Tunisiens ne sont pas près de l’oublier. Il y a vingt ans jour pour jour, le 7 novembre 1987, le premier ministre Zine El Abidine Ben[100] Ali[100] écartait le premier président de la République tunisienne, Habib Bourguiba, pour cause de… sénilité. Un formidable espoir s’emparait d’un pays lassé, trente ans après l’indépendance, par les dérives autoritaires du chef de l’Etat. Une ère nouvelle s’ouvrait enfin, avec la suppression de la présidence à vie et la promesse d’une «vie politique évoluée». Hélas, très vite, il a fallu déchanter. Arrestation d’islamistes, musellement de la gauche, puis de tous les démocrates… Le ton était donné. Vingt ans plus tard, le régime n’a pas changé. Toute dissidence est découragée. Ou, au besoin, réprimée. Surveillance de tous les instants, détentions répétées, passages à tabac, torture… Les rapports des défenseurs des droits de l’homme sont accablants.   Episode ubuesque, c’est avec 99,91% des voix que Ben[100] Ali[100] a été réélu en 2004 pour un quatrième mandat présidentiel, lui qui en avait limité le nombre à trois en 1988. Son parti, le Rassemblement constitutionnel démocratique, l’implore de se porter candidat à nouveau en 2009. Ce n’est pourtant pas ce visage-là de la Tunisie que découvrent chaque année quelque 115 000 touristes suisses. Car le pays de Ben[100] Ali[100], c’est aussi un taux de croissance économique de près de 5% par an. Un revenu par tête d’habitant passé de 800 à 5800 francs en vingt ans. Et un taux de pauvreté ramené à 3,8%.   Champion arabe   Les autorités affirment que 80% des Tunisiens sont propriétaires de leur logement. En fait, les sujets de fierté sont très nombreux: sécurité, routes asphaltées, eau, électricité, accès à internet… et droit de vote accordé aux femmes en 1957 déjà! Ce palmarès rendrait jaloux pas mal de voisins arabes. Et l’avenir est encore plus prometteur. Le pays se pose en champion africain de la compétitivité et revendique le 32e rang mondial. Début 2008 entre en vigueur un accord de libre-échange, conclu avec l’Union européenne, sur tous les produits manufacturés. Reste une question: la croissance et la répression suffiront-elles à faire taire toute contestation? Pas sûr. Le chômage et la cherté de la vie font aujourd’hui résonner des critiques que personne n’osait émettre il y a quelques années à peine.   (Source : « 24 heures » (Quotidien – Suisse), le 7 novembre 2007)

ÉDITORIAL Ben Ali ou l’imposture tunisienne

 
«Là vous exagérez! La Tunisie, ce n’est quand même pas si terrible!» Evoquer vingt ans de répression politique au pays du président Ben Ali, c’est se confronter à coup sûr aux souvenirs ensoleillés de vacances à Djerba, Kairouan ou encore Carthage. Des hôtes souriants, des femmes décomplexées, des routes asphaltées… Tout semble indiquer qu’un miracle arabe est en cours au bord de la Méditerranée. Que demander de mieux!   C’est curieux, cette tendance des Occidentaux à confondre liberté d’expression et niveau de vie. Pour rappel, au Chili c’est le dictateur Augusto Pinochet qui imposa le modèle d’économie libérale à l’origine du formidable boom de croissance qui s’est poursuivi bien des années après le retour de la démocratie. Cela ne justifie en rien la répression.   Certes, Ben Ali n’est pas Pinochet. Mais dans un cas comme dans l’autre, l’opposition politique a été réduite au silence. Ou du moins, à l’insignifiance. Par la force. Le Chili a ainsi fait barrage à la gauche révolutionnaire. La Tunisie, elle, se pose en rempart contre l’islamisme. Pas question de prendre le risque de voir la démocratie profiter aux fondamentalistes religieux, comme cela se produisit en Algérie! Un discours qui plaît bien sûr en Europe et aux Etats-Unis.   Mais n’est-ce pas justement l’absence d’alternative politique qui jette tant de jeunes Arabes dans les bras des islamistes? Une transition démocratique, cela se cultive. Ben Ali, lui, en arrache les pousses.   (Source : « Tribune de Genève » (Quotidien – Suisse), le 7 novembre 2007)

Vingt ans de souffrances

 
MOHAMED ABBOU   Comme il est affligeant de vivre dans une société dirigée par un Etat qui ne garantit ni les droits de la personne, ni sa dignité, ni sa liberté, et qui mobilise ses institutions pour réprimer les citoyens, sans rendre compte de ses actes à personne.   Et comme il est pénible pour un intellectuel de constater que la majorité des enfants de son pays sont sous l’empire de la peur, préoccupés à assurer la subsistance de leur famille, en quête de sécurité personnelle et de salut individuel. Comme il est triste de constater que l’opposition n’a pas réussi à mettre en échec le despotisme, malgré les sacrifices consentis.   Un Etat de non droit, un peuple sous l’emprise de la peur, une opposition faible; voilà la moisson de 20 ans de mandat du 2e président de la «République» de Tunisie. Les institutions tunisiennes fonctionnent plus ou moins normalement. Si l’appareil sécuritaire poursuit parfois les criminels et les sanctionne, il agit à d’autres reprises comme un gang qui menace, frappe et torture, sans aucun respect des lois qu’il est censé appliquer. Il place au-dessus des lois les puissants. Il n’est permis ni de les critiquer, ni de les dénoncer, ni d’évoquer leur corruption sous peine d’être jeté en prison.   Ces mêmes institutions sont parfois utilisées pour persécuter les adversaires du pouvoir en place qui osent le critiquer. Leurs ressources sont coupées. Ils sont affamés et humiliés. Ils sont agressés dans la rue. Leurs enfants sont harcelés. Tout cela afin de garantir la pérennité du régime et d’asseoir son pouvoir absolu. Un pouvoir qui appuie sa légitimité sur des élections qui se déroulent dans un climat de peur où une minorité d’électeurs est contrainte de voter en sa faveur, alors que les chefs de bureau de vote votent pour les absents et que certains partenaires occidentaux font reluire l’image de la Tunisie à l’étranger.   Lorsque j’ai osé dénoncer la réalité de la situation en Tunisie, j’ai transgressé l’interdit en dénonçant les scandales et en évoquant la corruption. Le régime a alors décidé de frapper les intérêts de ma famille et de la persécuter, puis m’a jeté en prison en cherchant à m’humilier.   Malgré les nombreuses pressions qu’il a subies, il a prolongé ma détention au maximum. Pourtant, je ne disputais pas au potentat son trône. Simplement, je représentais désormais à ses yeux un modèle de contestation qui risquait de contaminer d’autres franges de la société. Cette politique de la peur, qui existait sous l’ancien président, s’est renforcée sous le président actuel. Le pouvoir va jusqu’à diffuser ses faits d’armes pour que le citoyen comprenne bien qu’il n’a aucune pitié envers ceux qui le défient.   Au-delà de l’emprisonnement et de la torture, les représailles sont également collectives afin que celui qui éprouve une disposition à sacrifier sa liberté, sa santé et sa vie pour une cause, comprenne bien qu’il expose également sa famille et ses enfants à la faim, à la terreur et à la désolation.   Le pouvoir a admirablement réussi dans cette politique. Jusqu’à présent, la majorité des citoyens tunisiens est terrorisée à l’idée même de parler politique.   La Tunisie dispose de nombreux atouts la prédisposant à devenir une démocratie où prévaut un Etat de droit apte à assurer la dignité, la liberté et le progrès à tout citoyen, sans crainte de scissions ou de chaos. L’opposition tunisienne en est consciente, mais elle n’a pas encore trouvé la voie pour devenir une vraie force politique. Oscillant entre la peur de la répression et ses divisions idéologiques – parfois entretenues par le pouvoir – elle a échoué jusqu’à présent à attirer vers elle un nombre significatif de citoyens en les libérant de la peur.   Mais la conscience du caractère critique de la situation et les timides rapprochements en cours entre les différents courants politiques d’une part; et les prémices du rejet de ce régime d’autre part, font que nous ne renoncerons pas à notre rêve, quand bien même la répression se resserre et les voix semant le doute se font pressantes.                       (Source : Opinion publiée par « Tribune de Genève » (Quotidien – Suisse), le 7 novembre 2007)

Tunisie : Ubu roi a 20 ans

 
Driss El-Yazami secrétaire général de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), Jean-Pierre Dubois président de la Ligue des droits de l’homme et du citoyen (LDH)et Kamel Jendoubi président du Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie (CRLDHT).   Le 7 novembre 1987, Zine el-Abidine ben Ali prenait le pouvoir à la faveur de ce que l’on appellera très vite un «coup d’Etat médical». Il y a vingt ans donc que la vie politique tunisienne vit sous la coupe du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), parti présidentiel omnipotent. Vingt ans que le pays se fige dans une dictature qui ne veut pas dire son nom, en totale contradiction avec l’image que souhaite se donner ce président hors normes, celle de «chantre de la démocratisation du pays». D’aucuns objecteront que le pays connaît une croissance économique continue et rayonne aujourd’hui sur tout le Maghreb. Ils évoqueront enfin la nécessaire efficacité de la lutte antiterroriste pour justifier l’ampleur de la répression à l’encontre de toutes les voix dissidentes. Les arguments de ces défenseurs d’un «réformisme à la tunisienne» sont connus, jusqu’au sein même des instances internationales, où des associations créées de toutes pièces par le régime s’acharnent à empêcher les organisations indépendantes de s’exprimer. Nous pourrions être fatigués de devoir sans cesse rétablir certains faits indéniables. Ainsi, si le statut des Tunisiennes a effectivement pu être considéré comme le plus progressiste de la région dans les années 80, force est de constater qu’il n’a guère évolué depuis. Par ailleurs, toujours citée en exemple en matière de réformes économiques, la Tunisie ignore encore l’impact du démantèlement des accords textile sur les droits économiques et sociaux des ouvrières de ce secteur. Quant aux investissements effectués dans le domaine des nouvelles technologies de l’information, ils ne peuvent guère se concrétiser dans les faits, au regard des graves atteintes aux libertés d’expression et d’information constatées chaque jour dans le pays. L’autocensure est pratiquée à outrance. Par ailleurs, si des réformes politiques ont pu voir le jour durant les quelque temps qui ont suivi l’accession au pouvoir de Ben Ali, il ne s’agit bien souvent que de réformettes. La décision prise en 2002 d’étendre le nombre de mandats présidentiels, pourtant limités à trois en 1988, en constitue à ce titre l’un des exemples les plus édifiants. Réélu en 2004 pour un quatrième mandat (avec 99,91 % des voix), le président Ben Ali pourra briguer un cinquième mandat. Depuis vingt ans, le verrouillage de la société tunisienne est tel que plus aucun corps n’ose ou ne peut désormais contester le régime. De l’Union générale des travailleurs tunisiens à la vénérable Association des magistrats tunisiens, on ne compte plus les tentatives réussies de mainmise du pouvoir sur les principaux leviers de la société civile tunisienne. Quant à ceux qui osent encore résister à cette emprise, ils tombent immédiatement sous le coup d’une répression implacable, moderne et multiforme. De l’arrestation de cyberdissidents à la surveillance plus classique de défenseurs des droits de l’homme, jusqu’au tabassage en règle de militants ou de leurs familles, l’imagination du pouvoir semble sans limites. Jusqu’à la torture systématique de tous les islamistes emprisonnés. Harcelée judiciairement, la Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme (LTDH) ne peut quant à elle toujours pas aujourd’hui tenir son congrès, et nombre de ses sections ont été officiellement interdites d’activités. La réouverture récente du siège du Parti démocrate progressiste tunisien (PDP), un des derniers espaces libres de réunion en Tunisie avec le local de la LTDH, aurait pu être une source de satisfaction. Mais le prix à payer – une grève de la faim de près de trente jours – montre bien le degré extrême de détermination qu’il faut aux militants tunisiens pour se faire entendre. Ces faits sont largement connus sur le plan international. Mais les soutiens extérieurs de la Tunisie sont nombreux qui continuent de voir dans ce pays un allié de poids face à la montée de «la menace intégriste» ou un partenaire économique fiable. Le climat sécuritaire qui y règne est en effet présenté comme une preuve de stabilité. A tort d’ailleurs, si l’on se réfère aux derniers affrontements qui ont eu lieu au début de l’année entre groupes salafistes et forces de l’ordre. Absurde, brutale, paradoxale, la Tunisie d’aujourd’hui présente bien des traits communs avec la «Pologne» mythique d’Alfred Jarry. Malheureusement, il s’agit bien ici d’un pays réel où les acteurs paient au quotidien le délire paranoïaque d’un pouvoir absolu. Autrefois proposée comme modèle progressiste dans le monde arabo-musulman, la Tunisie est devenue un pays monolithique et corrompu. En 2009, M. Ben Ali se représentera donc probablement pour briguer un cinquième mandat présidentiel, et nul ne doute qu’il y parviendra sans difficulté si les défenseurs des droits de l’homme ne reçoivent pas le soutien qu’ils sont en droit d’attendre de la part des démocraties partenaires de la Tunisie. Ainsi, en juin prochain, M. Ben Ali sera probablement l’un des invités de marque du sommet des chefs d’Etat de l’Union méditerranéenne, qui constitue l’un des grands objectifs de la présidence de M. Nicolas Sarkozy. Verra-t-on alors la question des libertés, en Tunisie en particulier et dans d’autres pays de la région en général, inscrite à l’ordre du jour ?   (Source : « Libération » (Quotidien – France), le 6 novembre 2007)


DE LA MAUVAISE GESTION DU DANGER ISLAMISTE PAR LE REGIME DU 7 NOVEMBRE

 

Me kamel Chaabouni

 

Depuis vingt ans le régime du 7/11 gère mal, très mal, le dossier islamiste. Il lutte contre le phénomène islamiste avec les méthodes que l’on sait, des méthodes non productives, qui paradoxalement serviront le courant islamiste en faisant de ses militants des victimes, des héros, voir des martyres. Ces méthodes d’un autre âge, indigne d’une Tunisie moderne ont salit le régime du 7/11 depuis 1990. Elles lui ont collé la réputation d’un régime despotique, tyrannique, oppressif, violant les droits humains. Torture systématique, aveux arrachés par la bastonnade, les charges électriques et autres brûlures aux mégots de cigarettes. Jugements expéditifs, sans garantie de défense réelle offertes aux prévenus, avocats empêchés de faire leur devoir de défendre leurs clients, jugement rendus par des juges peu regardant quant à la procédure judiciaire. Exécution des jugements dans des conditions déplorables, détention violant la dignité humaine, maltraitance de la part des matôns, punition diverses, entraves diverses aux visites familiales, conditions d’hygiène laissant à désirer, isolement dans des cellules de quelques m2, etc. L’achèvement de la peine n’est pas placé sous de meilleures auspices : contrôle policier, manque de liberté, interdiction de voyager, rétention de passeport et de la carte d’identité, empêchement de travailler mettant à la misère et à la mendicité les anciens prisonniers d’obédience islamiste.

 

Personnellement, je n’ai jamais séjourné en tôle, en Tunisie, pour mes idées et mon humble activité politique, à part une nuit passée au ministère de l’intérieur à la fin des années 70, pour vérifier de visu la véracité de ces accusations, je ne peux que faire confiance aux ONG qui l’ont affirmé. J’aurai peut-être le loisir de vérifier les assertions, que je viens d’avancer ci-dessus, en rentrant prochainement dans mon pays, après 5 ans d’exil volontaire en France et dont l’unique but était de jouir d’une vie démocratique et d’écrire librement, sans user d’un pseudonyme, comme le font, malheureusement, beaucoup d’intervenants sur les sites de l’opposition tunisienne.

 

J’ai écrit ce que je pense sans autocensure et sans peur en France, j’ai même écrit au quotidien La Presse de Tunisie qui, bien entendu, n’a jamais publié un mot de mes articles ! Je ne peux cacher à mes compatriotes, que si j’ai vécu cinq ans de bonheur démocratique et de liberté totale dans la France de la glorieuse déclaration de 1789, j’ai vécu, par contre, 5 ans de  » dèche « , 5 longues années de misère matérielle et financière survivant en bas de l’échelle sociale française. Je ne vous dirai pas plus, par humilité et dignité ! En évoquant ça, il me vient à l’esprit les divagations ridicules d’un islamiste notoire, qui m’accusait, sur  » Tunisnews.com « , d’arrondir mes fins de mois, par des subsides que me jetterai les américains, en raison de mes positions en faveur de leur invasion de l’Irak et de leur lutte contre al-Qaïda.

 

Revenons à nos islamistes. Il est hors de question que les islamistes arrivent au pouvoir en Tunisie, même pas la voie démocratique, pour se rendre maître d’un bien spirituel et mette la main sur un patrimoine spirituel qui est la religion islamique, trésor commun de tous les tunisiens et non des seuls  » barbus « . Je refuse que l’héritage de nos grands-parents soit le bien exclusif des islamistes, leur fonds de commerce idéologique servant leurs fins politiques. Je refuse que les islamistes détiendraient le monopole exclusif de l’interprétation du Coran et de la Sunna. Je n’accepterai pas qu’ils nous imposent leur fantasmagorique  » chari’a  » renvoyant la Tunisie au Xème siècle, privant le citoyen de ses libertés fondamentales, coupant la main du voleur, lapidant la femme adultère, reléguant son statut à celui d’une servante à domicile. Le citoyen doit avoir le droit de croire, de ne pas croire, de critiquer la religion, d’examiner de manière critique le Coran et la Sunna, de ne pas faire les prières, de ne pas faire Ramadan, de boire une bière ou un verre de vin sur la terrasse d’un café comme dans les années 60, de faire l’amour hors mariage, d’être homosexuel d’avoir une sexualité différente ! Son corps lui appartient, c’est son seul bien quand il n’a plus rien ! En somme de faire tout ce qui lui plaît dans le respect du droit positif, du code pénal laïque et bien sûr de la liberté d’autrui !

 

En raison de l’éducation scolaire de base, reçue de manière semblablement dogmatique dans les pays arabo-islamiques ; dénués d’une solide formation historique, philosophique et théologique, les islamistes sont des attardés intellectuels. Ils sont formatés pour être les ennemis de la liberté, les pires ennemis de la démocratie. La démocratie n’a pas été inventé par l’Islam, c’est un produit de la philosphie grecque. Ce système politico-philosophique et son corollaire le suffrage universel. La démocratie, n’est pour les islamistes, qu’un moyen pour arriver au pouvoir sans plus. Ce qui anime les islamistes, c’est leur foi que le Saint Coran, doit et peut être appliqué, intégralement, s’il le faut par la violence et la contrainte, à la manière des Talibans. Pour eux, Dieu est avant tout, le Coran doit s’appliquer à tout le monde y compris aux non-croyants, aux juifs et aux chrétiens. On a vu comment les islamistes irakiens imposent le port du voile et à des chrétiennes irakiennes et ont liquidé tous les commerçants chrétiens de vins en Irak ! ! ! Pour nous, démocrates et laïques, la liberté et le respect de la foi d’autrui passe avant l’Islam comme le dit Dieu lui-même,  » la ikraha fi-ddin  »  ! Nous ne pouvons cohabiter avec une idéologie qui veut, elle-même nous éliminer.

 

La laïcité est, en revanche, une idéologie qui peut contenir toutes les religions, les races et les cultures en son sein et les fait coexister. L’Islam, quant à lui, comme la majorité des religions, exclut tout ceux qui ne sont pas musulmans, à moins de les réduire à l’état de soumis  » ahl dhimma,  wa hom saghiroun  » et ce uniquement pour les chrétiens et les juifs ! Quant aux adeptes des autres religions, leur sort c’est, non seulement l’exclusion de la cité musulmane, mais la condamnation à mort ! Non, l’Islam, ne peut être une idéologie politique pacificatrice pour un Etat. C’est une religion, une foi, une soumission spirituelle et affective à Dieu sans plus ! Certains versets, lus hors de leur contexte historique, appelleraient à la violence contre les  » infidèles « , contre les juifs et les chrétiens, ils appellent à les faire soumettre et ne leurs accordent pas des droits égaux, comme dans un régime laïque et démocratique.

 

Comment comprenons-nous sinon, le déchirement du Soudan pendant des décennies, dont les autorités islamo-fascistes de Khartoum, voulaient imposer la  » chari’a  » aux chrétiens et aux animistes du sud. Ce régime de fanatiques a fait disparaître les Noubas, un peuple libre qui vivait nu dans sa brousse. C’est son droit c’est sa culture millénaires, sa façon de vivre, être libre, être nu ! ! ! De quel droit leur imposer de porter des soutien-gorges, et de cacher, d’avoir honte de leur belle nudité, par des vêtements importés du surplus occidental. La  » chari’a  » n’œuvre pas à la paix civile entre les citoyens d’un pays, elle les opposent les uns contre les autres, dressent les communautés les unes contre les autres. Les musulmans contre les chrétiens, les juifs, les yazidites, comme on la vu en Irak avec l’attentat criminel qui a visé leur pacifique communauté et en a assassiné des centaines. L’Islam n’est qu’une religion, une foi, un bel héritage de nos grands-pères dont nous sommes fiers et que nous aimons. Nous, les laïques et démocrates occidentalisés, ne sommes pas des mécréants, des  » kuffars « , nous avons la foi  » man lahou dharraton min al-iman dakhala al-jannah  » ( toue personne ayant un brin de foi ira au paradis) (hadidh). Ce n’est pas aux islamistes de juger de notre foi. Seul Dieu, le tout puissant, en jugera le jour du jugement dernier. En attendant, toute personne, toute religion a droit à l’existence, à droit à la paix, a droit à un m2 sur terre et a droit à la parole ! Ce n’est pas aux hommes, fussent-ils islamistes, de juger du degré de notre foi ! La religion est un bien spirituel commun, personne n’a droit d’en user en dehors des mosquées ou des cimetières ! Et surtout pas d’en abuser, sur le plan politique, pour arriver au palais de Carthage ! Arrivés à ce palais,

 

Dans ces conditions, il faudrait empêcher les islamistes d’arriver au pouvoir en Tunisie et de la transformer le pays d’Hannibaal et de Saint Augustin en petit Iran ou en une base d’al-Qai’da. Tous les moyens légaux, respectueux des droits humains et de la déclaration universelle des droits de l’Homme, sont bons pour mettre fin à cette idéologique démagogique. Cela est possible par le renforcement de l’arsenal juridique répressif, en termes de peines privatives de liberté uniquement dans des conditions respectant la dignité humaine. Je suis convaincu que les autorités peuvent lutter efficacement contre le phénomène de  » mode  » islamiste par des moyens légaux, dans le parfait respect des droits humains, sans torture, sans violence ! La Tunisie dispose d’un policier pour 70 habitants, plus qu’aucun autre pays au monde. Pourquoi pas ? S’ils étaient mieux formés et s’ils recevaient des instructions pour respecter le citoyen et ses libertés fondamentales ! S’ils sont là pour défendre la démocratie et veiller à son application, rassurer le citoyen et non pour le tabasser dans les commissariats ? Pourquoi ne pas porter le nombre des flics à 1.000.000 ! Un flic pour 10 habitant ! Mais à condition que la Tunisie se transforme en pays démocratique, un pays où le citoyen jouit d’une totale liberté d’expression et d’action politique, et où ses droits humains sont parfaitement respectés, comme en Islande !

 

On ne peut qu’être totalement hostile aux méthodes utilisées actuellement par le régime du 7/11. Ces méthodes brutales en violation des droits humains s’inscrivent paradoxalement dans le crédit du mouvement islamiste tunisien. Ces pratiques et leurs effets sur les militants islamistes seront, demain, des titres de gloire pour un hypothétique régime islamiste ; ses trophées de guerre. En appliquant ces méthodes, le régime du 7/11 ne fait que leurs donner les moyens de légitimer leur pouvoir politique le jour où ils y arriveront. Les Ayatoollahs, n’ont-ils pas utilisé les mêmes méthodes, les mêmes techniques de tortures et les mêmes prisons et les mêmes geôliers que le défunt régime du Chah d’Iran ! La police tunisienne ne devrait pas les initier à ces méthodes, ils pourraient les utiliser, contre nous tous, si par malheur, ils arriveraient au pouvoir.

 

Le régime du 7/11 avait depuis ses débuts légiféré afin d’interdire la constitution de partis politiques sur des bases religieuses, ethniques ou linguistiques. Ceci est à son crédit. Il a vu juste. Il s’est opposé à l’accession des islamistes à un certain pouvoir politique en faveur des élections de 1991, il a bien fait ! A son passif, le régime du 7/11, ne s’est pas engagé dans une réforme totale du régime bourguibien afin de faire accéder la Tunisie dans la modernité politique démocratique comme le prévoyait sa déclaration initiale. J’ai déjà suggéré au régime du 7/11, dans un article précédent sur  » Tunisnews.com « , de légiférer afin de prévoir des peines privatives de libertés pour toute personne qui utiliserait les concepts religieux, coraniques et de la Sunna dans des discours ou un programme politiques. Il faudrait prévoir une chambre spéciale qui s’appellerait  » chambre des libertés publiques  » relevant de chaque Tribunal de grande Instance du pays, qui soit seule compétente pour apprécier la portée et l’interprétation des concepts religieux litigieux et du sort réservés à ceux qui les manipulent.

 

Toutefois, en raison de la nature des délits en question, qui sont finalement des délits d’opinion, il faudrait que les personnes condamnées à des peines privatives de libertés passent celles-ci dans des lieux adéquats équipés d’un confort hôtelier et où seront dispensés des cours académiques de philosophie et d’études religieuses de toute sorte afin de mettre à niveau le cerveau  » moyenâgeux  » des barbus !

 

Le danger islamiste ne menace pas uniquement le régime du 7/11, il menace toute la société tunisienne et les acquis depuis 2000 ans de la Tunisie. Ce sont nos libertés, notre conception de la religion, notre idée que l’interprétation des textes sacrés n’est pas le propre des islamaistes, que l’Islam est le patrimoine spirituel commun de tous les tunisiens et non exclusif des seuls  » barbus « , notre philosophie basée sur la tolérance, le droit à la différence, le droit laïque qui sont en danger de disparition.

 

M. Ben Ali va, sans aucun doute, se porter candidat à sa propre succession en 2009 puis en 2014, mais après ? Sa femme, peut-être, mais aura-t-elle sa poigne et sa détermination à lutter contre les intégristes ? En quittant le pouvoir Ben Ali ne doit pas livrer la Tunisie mains et pieds liés aux islamistes et livrer son docile peuple, et surtout ses démocrates laïques, en pâture aux fous de Dieu. En les traitants, comme la police nationale le fait, il leur tend la courte échelle, il finira par légitimer leur accession au pouvoir. La lutte contre l’intégrisme islamiste est un combat commun, de longue haleine, qui doit se faire sur le plan politique mais aussi idéologique. Il doit être très ferme et sans merci contre les ennemis de la liberté, pour qui nous sommes les ennemis de Dieu, alors que nous sommes musulmans et nous avons la foi. Aucune concession ne doit leur être accordée, mais les méthodes doivent être radicalement révisées à la lumière du total respect des droits humains sans aucune concession aussi !

Me Kamel ben Tahar CHAABOUNI

Kamelchaabouni@yahoo.fr

Paris, 6 novembre 2007

 

 


 

 Tunis le 07 Novembre 2007

 

 

ETAT DE LA CRISE SYNDICALE

 

ESCALADE FORT POSSIBLE AVEC LA TRADUCTION DEMAIN D’UN PREMIER GROUPE DEVANT LE COMITE D’ODRE NATIONAL

 

 

Par : Ouertatani Noureddine SG du SB des Enseignants Chercheurs Universitaires

 

I°)  Détermination de la part de Ali Romdhane et de Abdessalem Jrad à aller jusqu’au bout dans leur basse besogne de destitution des syndicalistes démocrates et militants :

    Malgré les efforts fournis par les syndicalistes élus à différents échelons et ceux de plusieurs structures syndicales régionales pour convaincre le Secrétaire Général de l’UGTT (Abdessalem Jrad ) et le Secrétaire Général Adjoint Chargé du Département des Affaires Internes ou Comité d’Ordre Nationale (Ali Romdhane) de l’impopularité et de l’irrationalité des mesures qu’ils sont entrain de prendre, ces derniers persistent et n’ont pas l’air de vouloir céder et leurs acolytes vont jusqu’à employer les mêmes termes que ceux du pouvoir : «  …il n’est pas question de céder devant l’anarchie (pour décrire la protestation !!) …les tentatives de déstabilisation de l’organisation (pour parler des tentatives de ramener l’UGTT à des politiques plus favorables aux travailleurs !!) …, la diffamation  ( pour parler des dénonciations des pratiques douteuses de certains membres du Bureau Exécutif !!)…, il faut extirper (استئصال) les responsables de ces pratiques (comparer ça avec les mots employés par le Directeur Régional de l’Education du Kasserine : 

    و لوضع حد لهذا الصلف النقابي لا بد من بتر هذه الخلايا السرطانية بترا قاطعا حتى يعود للمنظمة التربوية إشعاعها المعتاد !! (

     Et  comme pour marquer le coup, la centrale syndicale, après avoir gelé les activités des syndicats et après avoir obligé  la Fédération Générale de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique à repousser les grèves que son Conseil des Cadres a décidé pour la fin du mois d’octobre pour permettre au Régime en place de fêter paisiblement  ses 20 ans de pouvoir, la coalition formée autour d’Ali Romdhane et d’Abdessalem Jrad s’apprête demain à traduire le premier groupe des syndicalistes démocrates et militants devant le Comité d’Ordre National en vue de les destituer en bonne et dû forme. Ce groupe est le suivant :

1)         Naoufel Maayoufa (معيوفة) : Secrétaire général du syndicat régional du pétrochimie à Gafsa,

 2) Chayicheaa Jamel (شعيشع) : Membre du syndicat de base de l’enseignement de base à Elktaar,

3) Laroussi Elawali  (العوالي) : Secrétaire général du syndicat de base de l’enseignement de base à Erdaif,

4) Mokhtar El Abbassi : Membre du syndicat de base de l’enseignement de base à Metlaoui,

5) Ibrahim Essa i (الساعي) : Secrétaire général du syndicat de base de l’enseignement de base à Ksar Gafsa,

     Les intentions de la Centrale Syndicale ne sont pas encore claires. En effet, tout ce que les émissaires de cette dernière ont trouvé à dire face à la contestation des syndicalistes dans les régions c’est : «  que les syndicalistes traduits devant les comités d’ordre présentent leurs excuses par écrit et en verra ce qu’on pourraient faire… !! ». la même rengaine a été servie aux délégations de syndicalistes qui sont allées rencontrer Ali Romdhane en personne pour trouver une issue favorable à la crise syndicale qui sévit au sein de l’organisation depuis le milieu du mois de juillet.

    Du côté des syndicalistes démocrates les décisions qui pourraient être prises demain vont déterminer la suite qu’ils vont donner à leur mouvement. Si les décisions prises demain par le Comité d’Ordre National sont la destitution nous allons instantanément vers une escalade de grande envergure qui pourrait condamner l’UGTT à l’éclatement.

Et voici un rappel de la liste des syndicalistes qui vont être traduits devant le  Comité d’Ordre National à partir de demain et tout au long de ce mois :

II°) Liste des dernières destitutions (Arrêts provisoire de toute activité syndicale) des responsabilités syndicales dans l’Enseignement de Base :

·         Le premier groupe destitué le 13/09/07 :

 

1) Med Amer Baccar : Membre du syndicat régional de l’enseignement de base à l’Ariana,

2) Med Lahbib Belhaj : Secrétaire général du  syndicat de base de l’enseignement de base à  Elkram,

3) Chayicheaa Jamel (شعيشع) : Membre du syndicat de base de l’enseignement de base à Elktaar,

4) Laroussi Elawali  (العوالي) : Secrétaire général du syndicat de base de l’enseignement de base à Erdaif,

·         Le deuxième groupe destitué le 23/09/07 :

 

1) Lamine Elhaamdi : Secrétaire général du syndicat de base de l’enseignement de base à Sidi Hsine,

2) Souad El Inoubli : ex Membre du  syndicat de base de l’enseignement de base à Sidi Elbachir, 3) Mokhtar El Abbassi : Membre du syndicat de base de l’enseignement de base à Metlaoui, 4) Ibrahim Essa i (الساعي) : Secrétaire général du syndicat de base de l’enseignement de base à Ksar Gafsa,

·         Le troisième groupe destitué ces derniers temps :

 

2)         Mohammed Erridha Elbarhoumi : Membre du syndicat de base de l’enseignement de base de Sbitla et Membre du syndicat régional de l’enseignement de base de Kasserine,

3)         Naoufel Maayoufa (معيوفة) : Secrétaire général du syndicat régional du pétrochimie à Gafsa,

4)         Abdelaziz Débib (دبيب) : Sécrétaire général du syndicat régional des eaux à Tunis,

    Sans compter la destitution de l’ensemble du syndicat régional de l’enseignement secondaire de Bizerte (9) et les deux membres du syndicat de base de la santé de Béja (2) destitués juste avant l’éclatement de cette crise

 

 III°)   Liste des retraits des mises en disponibilité :

1)       Hfaidh Hfaidh : Membre du syndicat général de l’enseignement de base,

2)       Taib Bouaicha : Membre du syndicat général de l’enseignement secondaire,

3)       Fraj Chabbaah : Membre du syndicat général de l’enseignement secondaire,

4)     Fethi Ben Ali  (Plus connu sous le nom de Edbek) : Membre du comité des affaires financières du Syndicat Régional de Tunis

Remarque : Mohammed Halim : Secrétaire général du syndicat général de l’enseignement de base depuis février 2007 est privé de son droit légitime à la mise en disponibilité pour expédier les affaires syndicales courantes dans son secteur.

 

 

Ouertatani Noureddine SG du SB des Enseignants Chercheurs Universitaires à Nabeul

 

 

     Source : Bulletin de « Démocratie Syndicale et Politique » N° 28 du 07 Novembre 2007   

     Liens : http://fr.groups.yahoo.com/group/democratie_s_p/

                 http://groups.google.com/group/democratie_s_p/

 


 

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