TUNISNEWS  
 8 ème année,    N° 2724 du 06.11.2007
  
     
     
     
  
 
 
 
 
 
  
 
 
 
 
  
 Association des               Victimes de Torture en Tunisie:Le 7 novembre 2007:Journée de deuil               pour la société Tunisienne               AFP:La torture en Tunisie, “base du système Ben Ali”, dénoncent               des associations                AFP: La Tunisie dément toute pratique de la               torture, dénoncée par des associations
 AFP: Tunisie: des opposants réclament des réformes               politiques “urgentes” AFP: Italie/opération               antiterroriste: les suspects en majorité Tunisiens (Rome)               AFP:Opération antiterroriste en Italie: un Tunisien arrêté en               France               Reuters: Coup de filet antiterroriste en               Europe, 17 arrestations                AP: La Tunisie marque les 20 ans de pouvoir de Ben Ali               Reuters: Tunisie – 20 ans de pouvoir pour               Ben Ali, fermement à la barre               AFP:Tunisie: succès économiques indéniables, aléas politiques               persistants                AFP:Tunisia’s Ben Ali set to extend 20-year               rule               Taoufik Ben Brik: La servitude ordinaire sous Ben Ali                Le Monde: La Tunisie des illusions perdues                             Le Monde: L’ombre de Bourguiba
 
 
 
 
 
           
 
 
 
 
  
  
 
  
 
 Appel de détresse   de Tunisie (*)
   
   
 Au nom de   Dieu le Clément, le  Miséricordieux,
 Appel à   toute âme charitable
 A nos frères   en Dieu dans le monde entier
 A toute   conscience vive et humanitaire
   
 Nous sommes   sur la terre de la Zeitouna et de Kairouan et nous sommes submergés par le   malheur et le dénuement.
   
 Les   difficultés de vos frères et sœurs sont démesurées et il ne nous reste plus   aucun espoir après Dieu et vous.
   
 Chers   frères, une fois sortis de prison, nos frères se sont trouvés dans une   nouvelle grande prison, ils se sont heurtés à la dure réalité à laquelle ils   ne s’attendaient pas.
   
 Leur séjour   a été si long qu’ils doivent non seulement surmonter des obstacles matériels   mais  aussi psychologiques notamment au sein de leurs familles.
   
 Ils ont   frappé à toutes les portes recherchant du travail peu importe le salaire ; peu   d’entre eux ont subvenu à leur besoin. Par contre la majorité d’entre eux se   trouvent au seuil de la pauvreté alors qu’ils avaient promis à leur famille   richesse et aisance et  une vie en rose ; d’autant plus que les enfants ont   grandi entre temps et que leurs demandes et leurs besoins ont grandi aussi.
   
 Tous les   rêves et les espoirs se sont envolés, le travail se fait rare et les proches   et les amis ont tournés le dos ; certains d’entre eux ont même vu partir leurs   épouses et leurs enfants.
 Il y a,   certes,  des frères comme ceux cités par Allah : «… que   l’ignorant croit riches parce qu’ils ont honte de mendier – tu les   reconnaîtras à leur aspects – Ils n’importunent personne en mendiant.. »   La vache/273 . Nous nous soucions d’eux et nous ressentons ce qu’ils   ressentent.
 Il y en a d’autres qui, par pudeur, n’ose pas sortir de chez eux refusant   tout contact extérieur ; craignant le regard des autres en raison de  leur   pauvreté.
   
 D’autres   sollicitent  Allah avant d’aller affronter les gens et leur dire « donnez moi   à manger j’ai faim », et les cas similaires sont nombreux.
   
 Chers   frères, cette crise qui a longtemps duré a engendré des conséquences et des   situations néfastes.
   
 Nos frères qui sont restés en prison parfois plus   de quatorze ans se sont retrouvés dans des situations alarmantes :
   
 Certains ont atteint la cinquantaine et sont toujours célibataires,   ajouté à cela de nombreuses maladies de l’estomac, du rein, le phénomène   d’impuissance sexuelle, le cancer  entraînant  la mort dans de nombreux cas.
   
 Le pire   c’est que la majorité de ces frères sont privés de cartes de soins et certains   d’entres eux sont au chômage ou en invalidité.
   
 La   situation  de leurs enfants est parfois plus alarmante. De nombreux sont ceux   qui présentent des maladies psychologiques du fait du stress permanent   entraînant des perturbations graves, et comme vous le savez, ces cas   nécessitent de l’attention, de la prévention et une prise en charge permanente   qui est coûteuse.
   
 Tout cela   n’est qu’un aperçu de la réalité, une goutte dans un océan.
   
 Chers   frères, la lecture de cette lettre ne doit pas vous laisser indifférents, nous   sommes persuadés qu’après sa lecture votre cœur sera touché.
   
 Notre espoir   en Dieu est grand ainsi qu’en votre générosité devant pareil cas de dénuement   et de pauvreté.
   
 Nous ne   souhaitions à personne de vivre cette situation. Nous prions Dieu pour qu’Il   vous protège et vous donne la paix.
   
 Nous n’avons   pas voulu vous importuner avec nos souffrances mais si nous  faisons appel à   vous après Dieu, c’est que la situation a atteint un seuil critique.
   
 Nous   demandons à toute âme charitable de nous aider afin que nos frères puissent   retrouver et garder leur dignité.
   
 Grâce à   votre aide généreuse et votre main tendue, vous pouvez empêcher le désespoir   de s’emparer de vos frères qui n’ont pour tort que d’avoir souhaiter vivre   dans leur pays en harmonie avec leur religion.
   
 Nous gardons   espoir en Dieu qui, inchallah, nous unira sur la voie de la foi et l’amour de   Dieu.
 Le prophète psl dit : « celui   qui soulage le fardeau d’un croyant, Dieu le soulagera d’un fardeau le jour du   jugement dernier »
   
   Qu’Allah vous vienne en aide et vous protège !
   
 Wassalem   alaikom wa rahmatoullah wa barakatouhou.
   
   
 
(*) Cette lettre est   parvenue récemment de la Tunisie à l’Association « TAKAFUL » pour le secours   et la solidarité, et nous  la transmettons à l’opinion publique  pour   l’alerter sur l’inquiétante situation matérielle, sociale et psychologique   d’un grand nombre de tunisiens victimes de la politique répressive du régime   durant les deux dernières décennies.
 
Vu l’ampleur du drame et   le nombre important des victimes qui sont dans le besoin et la précarité ;   l’Association TAKAFUL fait  appel à votre générosité pour nous aider à   secourir vos frères et les aider à sauvegarder leur dignité.
   
    « Et toute dépense que vous faites dans le bien, Il la remplace, et c’est Lui   le meilleur des donateurs »   (34 Saba /verset 39.)
   
    « Quiconque prête à Allah de bonne grâce, Il le lui rendra multiplié plusieurs   fois. Allah restreint ou étend (ses faveurs).Et c’est à lui que vous   retournerez »   (la vache, verset 245)
   
    Vous pouvez  faire parvenir vos dons:
   
    * directement en donnant vos dons à des gens de confiance en contact avec   l’association TAKAFUL (enregistrée en France)
   
    * en envoyant vos dons à cette adresse :
    TAKAFUL  16, cité vert –  94370 Sucy en Brie.
    France
   
    Tél: 06 09 17 22 88 / 06 80 85 92 98
    e-mail :contact@hotmail.fr
   
    * par virement  bancaire à l’adresse suivante :
   
    la Banque Postale. / France
   
    Etablissement         guichet          n° compte          clé RIP
    30041                   00001        5173100R020          42
   
    Identifiant International de Compte  IBAN
  FR54  3004  1000   0151   7310  0R02  042 
 
     
     
  Association des Victimes de Torture en     Tunisie
Le 7 novembre 2007     Journée de deuil pour la société Tunisienne.     Jugeons LES RESPONSABLES TUNISIENS et Leurs complices         Pour crimes contre l’humanité !!!
 
     
              20 Ans que la Tunisie continue de souffrir sous le joug d’une dictature     policière qui surpasse en cruauté et en grotesque toutes les républiques     bananières du monde. Les rapports alarmants sur cette situation en Tunisie,     publiés par les organismes non gouvernementaux, voire même ceux émis par     certains Etats comme la France (Commission Nationale Consultative des Droits     de l’Homme) ou les Etats-Unis (Human Right Country Reports), n’ont pas     réussi à sensibiliser l’opinion mondiale et la mobiliser sur cette tragédie.     Crimes de sang, disparitions, tortures, racket, vol des propriétés privées     ou des biens de l’Etat, trafic de drogue, trafics d’influence, violations de     domicile, viols, telles sont les méthodes de « gouvernement » de la maffia     tunisienne qui a fait main basse sur tous les organes de l’Etat, de     l’Administration et de l’économie sous la haute protection de Ben Ali.     La responsabilité personnelle de Ben Ali dans ces crimes d’Etat éclate au     grand jour quand il vole au secours des exécutants de ses ordres et les     protège en les plaçant à de hautes fonctions de l’Etat. Ainsi, le     tortionnaire Abdallah Kallel, son ancien ministre de l’Intérieur, réussit en     février 2001 à prendre la fuite de Genève grâce aux services diplomatiques     tunisiens de Berne au moment où le Parquet de Genève, lance contre lui des     poursuites pour crimes de torture. Le jour de son arrivée à Tunis, Ben Ali     le nomme Conseiller du Président avec rang de ministre. Pour camoufler cette     protection, l’on décide d’antidater cette nomination au 23 janvier 2001,     avant les poursuites. Plus tard, Ben Ali le nomme en septembre 2002 à la     fois Trésorier du parti présidentiel le RCD et membre de son Bureau     politique, et, en 2004, Président du Conseil Economique et Social. Il occupe     encore ces positions à ce jour.     Rappelons aussi la protection accordée par le Général Ben Ali à un autre     Ministre de l’Intérieur, le Général Habib Ammar, dénoncé par TRIAL et l’OMCT     en août 2001 pour avoir été nommé Président du Comité préparatoire des Jeux     Méditerranéens. Peu de temps après, le Général Ben Ali le nomme Président du     Comité Préparatoire du Forum Mondial du SMSI qui s’est tenu en novembre 2005     à Tunis. La communauté internationale semble s’accommoder d’un tortionnaire     avéré responsable de mort sous la torture.      Ces exemples, pris parmi bien d’autres, ne laissent aucun doute sur     l’implication personnelle de Ben Ali dans les crimes de torture.      Il est temps de mettre fin à cette situation intolérable et dramatique pour     le peuple tunisien. Il faut à tout prix éviter à la Tunisie le risque d’une     instabilité politique, comme cela se produit sous nos yeux en Afrique,     situation qui pourrait avoir des conséquences imprévisibles non seulement     pour les citoyens tunisiens, mais aussi pour la stabilité politique d’une     région située aux portes de l’Europe.     Nous demandons que les responsables Tunisiens et leurs complices soient     jugés pour crimes contre l’humanité (selon l’Art. 7 des Statuts de la Cour     Pénale Internationale), et que les Etats notamment ceux de l’Union     Européenne facilitent les procédures d’inculpation du dictateur tunisien et     de ses complices conformément à l’esprit et à la lettre des conventions     internationales en la matière.           Pour le bureau     Abdennacer Naït-Liman, (A.V.T.T), Association     des Victimes de Torture en Tunisie
     
      Ben Ali : 20 ans ça suffit !
      
      Le 7 novembre 2007, le président tunisien Ben Ali arrive au bout de ses deux     décennies au pouvoir. Depuis maintenant 20 ans, les tunisiens sont sous la     férule d’un régime totalitaire et oppressif. 
      Pour faire le bilan de ces années de plomb et en mémoire aux victimes,
     Nous organisons  un
      Stand-Bilan des 20 ans
      Le 7 novembre 2007
       De 17h00 à 19h00 à la place Mollard à Genève
  
      Pour tout renseignement nous contacter au :
      079 418 75 05
      Ou le
      079 703 26 11
      Organisateurs:      Forum des Tunisiens de Genève & Vérité-Action  (avec le soutien de plusieurs     autres associations et personnalités Tunisiennes et Suisses)
  
 
 AFP, le 6 novembre 2007 à 13h14     
La torture en Tunisie, “base du système Ben     Ali”, dénoncent des associations
 
     
 PARIS, 6 nov 2007 (AFP) – Des     associations tunisiennes ont dénoncé mardi à Paris la systématisation de la     torture en Tunisie, “devenue méthode de gouvernement”, à la veille du 20e     anniversaire     de l’accession au pouvoir du président Zine El Abidine Ben Ali. “La torture     a toujours existé en Tunisie, mais elle est devenue quasiment systématique,     c’est une des bases du système de M. Ben     Ali”, a dénoncé Kamel Jendoubi, président du Comité pour le respect des     libertés et des droits de l’homme en Tunisie (CRLDHT), lors d’une conférence     de presse organisée à la Fédération internationale     des ligues des droits de l’homme (FIDH) à Paris. “Cela se passe dans les     locaux du ministère de l’Intérieur, dans tous les postes de police de     Tunisie, dans les prisons. La torture est présente à toutes les étapes, de     l’arrestation à la fin de l’incarcération”, a renchéri l’avocate Radhia     Nasraoui, présidente de l’Association de lutte contre la torture en Tunisie     (ALTT). Elle a assuré que la pratique de la torture s’était intensifiée     depuis l’entrée en vigueur d’une loi antiterroriste en décembre 2003.     Estimant “entre 1.200 et 1.500” le nombre de personnes incarcérées dans le     cadre de cette loi, Mme Nasraoui a relevé que ces détenus étaient souvent     jeunes – nés dans les années 1980 – et soumis à des “pratiques barbares”,     telles que le supplice de la baignoire ou des brûlures sur des parties     sensibles du corps. Mme Nasraoui a cité des témoignages de victimes,     recueillis dans un rapport réalisé par son association et le CRLDHT, qui     sera publié le 10 décembre. “Ce rapport, c’est notre façon de faire notre     bilan des 20 ans de pouvoir de Ben Ali, 20 ans de répression, 20 ans de     souffrance”, a expliqué Fatma Bouamaied, du CRLDHT.           AFP  
  
 
La Tunisie dément toute pratique de       la torture, dénoncée par des associations
          
      TUNIS (AFP) – Les autorités tunisiennes ont démenti mardi toute pratique       de la torture dénoncée par des associations à Paris et affirmé que le       président Zine El Abidine Ben Ali avait initié des réformes pour       “consolider l’Etat de droit et le multipartisme”.       “La torture n’existe pas en Tunisie. Elle est proscrite par la loi       tunisienne qui est en tous points conforme aux législations       internationales”, a-t-on indiqué de source officielle.               “La loi tunisienne garantit le respect des droits de l’homme et de la       dignité humaine, et sanctionne lourdement tout manquement avéré”, a ajouté       la même source, qualifiant toutes allégations contraires de       “désinformation et mauvaise foi”.               Des associations tunisiennes ont dénoncé mardi à Paris la systématisation       de la torture, “devenue méthode de gouvernement” en Tunisie, à la veille       du 20e anniversaire de l’accession au pouvoir du président Ben Ali.               “La torture a toujours existé en Tunisie, mais elle est devenue quasiment       systématique, c’est une des bases du système de M. Ben Ali”, avait dénoncé       Kamel Jendoubi, président du Comité pour le respect des libertés et des       droits de l’homme en Tunisie (CRLDHT), lors d’une conférence de presse.                    Selon l’avocate Radhia Nasraoui, présidente de l’Association de lutte       contre la torture en Tunisie (ALTT, non reconnue), “la torture est       présente à toutes les étapes, de l’arrestation à la fin de       l’incarcération”.               “Les nombreuses réformes initiées par le président Ben Ali, ont permis de       consolider l’Etat de droit, d’instaurer le multipartisme dans le pays et       de favoriser l’éclosion des droits humains”, a-t-on souligné de source       officielle.               “La Tunisie compte huit partis d’opposition, qui s’expriment librement       sous toutes les questions de leurs choix” et “depuis 1994, l’opposition       siège au Parlement et dans tous les conseils régionaux et municipaux.       Depuis 1999, les élections présidentielles sont pluralistes”, a-t-on       ajouté.               Les autorités affirment aussi que “la liberté de presse est garantie et       vécue au quotidien, 90% des organes de la presse écrite appartiennent aux       privés, qui décident librement de leurs contenus éditoriaux, (et) l’espace       audiovisuel a été ouvert aux privés”.               Le président Ben Ali avait succédé, le 7 novembre 1987, au président Habib       Bourguiba, alors écarté pour “sénilité”. Il a été réélu en 2004 pour un       quatrième mandat de cinq ans, et son parti, le Rassemblement       constitutionnel démocratique (RCD), a récemment appelé M. Ben Ali à       postuler à un 5e mandat. 
Tunisie: des opposants réclament         des réformes politiques “urgentes”
         
        TUNIS (AFP) — Des opposants tunisiens de diverses sensibilités ont         réclamé “des réformes politiques urgentes” lors d’une réunion dimanche à         l’initiative du Parti démocratique progressiste (PDP, légal).                  “La Tunisie a un besoin pressant de réformes politiques urgentes”, a         déclaré Maya Jribi, secrétaire générale du PDP inaugurant un Conseil         national de son parti, en présence de nombreux opposants dans un grand         hôtel de Tunis.                  Cette réunion organisée sous le slogan “la démocratie maintenant” se         tenait à trois jours de la date anniversaire de l’arrivée au pouvoir du         président Zine El Abidine Ben Ali, le 7 novembre 1987.                  Mme Jribi a aussi souligné l'”urgence d’assainir le climat politique”         par la promulgation d’une “loi d’amnistie générale” qui garantirait,         a-t-elle dit, “la libération de tous les prisonniers politiques, leur         réhabilitation et le retour des opposants exilés”.                  Elle se référait notamment à une trentaine de prisonniers du parti         Ennahdha qui sont encore détenus parmi des centaines de partisans de ce         parti islamiste lourdement condamnés au début des années 1990. Certains         dirigeants de ce parti interdit se sont exilés, dont son chef Rached         Ghannouchi, établi à Londres.                  Parlant de “milliers” de Tunisiens arrêtés “arbitrairement” en         application de la loi antiterroriste, la secrétaire générale du PDP a         affirmé la nécessité “d’assainir au prélable ce dossier”.                  Le gouvernement tunisien ne reconnaît pas le statut de “prisonniers         politiques” et considère les islamistes comme des détenus de droit         commun. Plusieurs dizaines d’entre eux ont été élargis ou graciés ces         dernières années par le président Ben Ali.                  Mme Jribi a également réclamé des réformes démocratiques qui         permettraient une “alternance au pouvoir” à travers une “véritable         compétition politique” et des élections “honnêtes”.                  Ces revendications devant faire l’objet d’une motion finale du Conseil         national du PDP ont été partagées par plusieurs dirigeants de partis         légaux et d’autres non reconnus.                  Parmi eux, Ali Laraidh, ancien détenu et dirigeant du parti Ennahdha,         Hamma Hammami, porte-parole du Parti communiste ouvrier (PCOT, non         reconnu), Mustapha Ben Jaâfar, chef du Forum démocratique pour le         travail et les libertés (FDTL, légal), Ahmed Brahim, chef d’Ettajdid         (légal, un siège au Parlement).                  Ces opposants ont également exigé “le respect des libertés”         d’expression, de réunion et d’organisation et exprimé leur soutien à         l’avocat Mohamed Nouri et au cyber-journaliste Slim Boukhdir, qui         affirment observer une grève de la faim pour le “droit de se déplacer         librement”.                  Les autorités tunisiennes ont indiqué que Me Nouri est interdit de         voyage en raison d’une instruction judiciaire pour “diffusion de fausses         nouvelles” tandis que M. Boukhdhir réclame un passeport, les autorités         affirmant qu’il n’en a jamais fait la demande.  
 
 
  
 
AFP, le 6     novembre 2007 à 13h11     Italie/opération antiterroriste: les suspects en majorité Tunisiens     (Rome)
 
     
 ROME, 6 nov 2007 (AFP) – Le     ministre italien de l’Intérieur Giuliano Amato a affirmé que la plupart des     suspects visés par des mandats d’arrêt pour terrorisme international étaient     essentiellement des Tunisiens qui s’occupaient de former des militants pour     les envoyer en Irak et en Afghanistan. “Il s’agit principalement de     Tunisiens”, a-t-il déclaré, lors d’une conférence de presse consacrée à     l’arrestation de boss mafieux     lundi en Italie.     Un Tunisien a été arrêté en France mardi matin, recherché par la justice     italienne dans le cadre de cette opération antiterroriste menée dans quatre     pays de l’Union européenne, selon une source     proche du dossier à Paris. L’homme arrêté en Seine-Saint-Denis (région     parisienne) par la DST (direction de la surveillance du territoire, contre     espionnage)  était connu des services spécialisés pour son “implication”     dans l’organisation de l’acheminement de volontaires jihadistes vers l’Irak,     a-t-on précisé de même source. Cette opération a permis “de décapiter un     réseau qui opérait en Europe, notamment en Italie”, a affirmé le ministre     italien. Les suspects se consacraient  “à l’entrainement de personnes et à     la préparation des moyens” pour “agir sur les théâtres afghan et irakien”,     a-t-il ajouté.
AFP, le 6     novembre 2007 à 12h38     Opération antiterroriste en Italie: un Tunisien arrêté en France
 
     
 PARIS, 6 nov 2007 (AFP) – Un     homme, de nationalité tunisienne, a été arrêté en France mardi matin,     recherché par la justice italienne dans le cadre d’une opération     antiterroriste menée en même temps     dans quatre pays de l’Union européenne, a-t-on appris mardi de source proche     du dossier à Paris En France, l’homme arrêté en Seine-Saint-Denis, en région     parisienne, par la DST (direction de la surveillance du territoire, contre     espionnage) ) était connu des services spécialisés pour son “implication”     dans l’organisation de l’acheminement de volontaires jihadistes vers l’Irak,     a-t-on précisé de même source. Les perquisitions menées à son domicile sont     “restées négatives”, a-t-on ajouté. Il a été arrêté en exécution d’un mandat     d’arrêt européen lancé par la justice italienne.     Les policiers italiens ont lancé, mardi à l’aube, une opération d’envergure,     sur ordre du parquet de Milan (nord) qui a émis vingt mandats d’arrêt contre     des ressortissants étrangers, accusés d’avoir     formé des cellules “salafistes et jihadistes” et de préparer des attentats     suicide en Irak et en Afghanistan, selon l’agence italienne Ansa. Parmi les     vingt personnes recherchées, certaines le sont, outre     en France, au Portugal et en Grande-Bretagne, a-t-on confirmé mardi de     source française.           AFP 
REUTERS, le 6     novembre 2007 à 13h32     Coup de filet antiterroriste en Europe, 17 arrestations
     
 par Alessandro Corda           ROME, 6 novembre (Reuters) – Dix-sept ressortissants algériens et tunisiens     ont été arrêtés mardi en Europe dans un coup de filet antiterroriste conduit     par les autorités italiennes, a déclaré la police italienne.     Ils sont soupçonnés d’avoir cherché à mettre en place un réseau de     recrutement et d’assistance pour les insurgés en Irak et en Afghanistan,     apprend-on de sources policières. Trois suspects ont échappé aux forces de     l’ordre, a précisé la police après avoir annoncé au départ 20 arrestations.     L’opération ordonnée par le parquet de Milan s’est déroulée dans le nord de     l’Italie, à Milan, Bergame, Varese et Reggio Emilia, ainsi qu’en France, en     Grande-Bretagne et au Portugal.     Les policiers ont dit avoir découvert des poisons et des détonateurs à     distance, et des manuels d’instruction sur les techniques de guérilla.     L’agence italienne Ansa a rapporté que les dirigeants du réseau se nommaient     Dridi Sabri, Mehidi Ben Nasr et Imed Ben Zarkaoui et opéraient tous hors     d’Italie.     Les enquêteurs estiment que les suspects cherchaient à mettre en place des     cellules “djihadistes salafistes”. “Ces cellules ne préparaient pas     d’attentats en Italie mais endoctrinaient et recrutaient des individus pour     les envoyer dans des endroits où les attaques terroristes sont une activité     quotidienne”, a déclaré Gianpaolo Ganzer, de l’antiterrorisme italien, lors     d’une conférence de presse. L’enquête a débuté en 2003, a-t-il précisé.           VOLONTAIRES           Les personnes interpellées sont principalement accusées d’association de     malfaiteurs à des fins terroristes mais également de falsification de     documents et d’aide à l’immigration clandestine.     Deux suspects ont été interpellés en Grande-Bretagne, un autre a été arrêté     au Portugal, a précisé la police italienne. Deux mandats ont été délivrés en     France où l’on ignore s’ils ont conduit à des arrestations.     Scotland Yard a confirmé l’arrestation de deux hommes recherchés en Italie     pour activités terroristes. Ali Ben Zidane Chehidi, 34 ans, a été interpellé     à Croydon, dans le sud-est de l’Angleterre, et Mohamed Salah Ben Hamadi     Khemiri, 53 ans, à Manchester, dans le nord du pays, par des officiers de     l’unité d’extradition de la Metropolitan Police. “Les deux hommes ont été     arrêtés pour le compte des autorités italiennes en vertu d’un mandat     d’extradition relatif à des accusations selon lesquelles, entre 2003 et     2005, ils ont falsifié des documents pour faciliter l’entrée illégale en     Italie de volontaires recrutés pour mener la guerre sainte en     Irak et en Afghanistan”, a expliqué la police dans un communiqué. Les deux     suspects seront déférés dans la journée devant un juge.     De source policière française, on confirme qu’une partie du coup de filet a     été mené sur le sol français par la DST. En juillet, la police italienne     avait arrêté trois Marocains soupçonnés de gérer une “école terroriste” au     sein d’une mosquée servant à recruter et entraîner des activistes à     l’étranger. Elle avait alors saisi des manuels d’instruction sur     l’utilisation de poisons ou d’explosifs et de pilotage d’un Boeing 747.     Il y a une semaine, Rabei Osman Saied Ahmed, surnommé “Mohamed l’Egyptien”,     un des “cerveaux” présumés des attentats de Madrid en 2004, écroué en Italie     pour appartenance à un groupe terroriste, a été acquitté lors du procès des     attentats dans la capitale espagnole.            
REUTERS 
  
 
 La Tunisie marque les 20 ans de pouvoir de Ben Ali  
 
  
     
  
         (AP) Bouazza ben Bouazza           La Tunisie s’apprête à fêter en grande pompe demain le 20e anniversaire du     «Changement», appellation qui consacre l’arrivée au pouvoir de l’actuel     président Zine El Abidine Ben Ali.      Le fait marquant de l’événement sera le grand rassemblement populaire au     cours duquel l’homme fort de Tunis doit prononcer un discours, dont aucun     élément n’a filtré, même dans les milieux habituellement bien informés.      À l’aube du 7 novembre 1987, Ben Ali alors premier ministre démettait «le     père de la nation», Habib Bourguiba, premier président de la République     tunisienne, pour «sénilité». Il était alors salué comme «le sauveur» du pays     «menacé de déliquescence» en raison de la maladie et de l’âge du «Combattant     suprême», 84 ans.      Le président Ben Ali inaugurait son «ère nouvelle» par «la déclaration du     7-Novembre», dans laquelle il annonçait la suppression de la présidence à     vie et la succession automatique à la tête du pouvoir instaurées par son     prédécesseur. Il assurait également aux Tunisiens qu’ils étaient «dignes     d’une vie politique évoluée».      Ce document-programme a d’emblée suscité de grands espoirs largement tenus     pour ses partisans, déçus pour ses détracteurs, notamment ceux de     l’opposition radicale, surtout au plan politique.      Pour célébrer cet anniversaire, la capitale, Tunis, et les villes de     l’intérieur vivent depuis plusieurs jours une inhabituelle effervescence.     Tous les édifices publics ont été ornés de milliers de drapeaux rouge et     blanc, les couleurs nationales, et autres fanions mauves (la couleur des     campagnes présidentielles, NDLR) portant le numéro 7, le chiffre fétiche du     «Changement».      Autour de portraits géants de «l’artisan de l’ère nouvelle» souriant la main     sur le coeur, une multitude de banderoles ont été dressées sur les     principales artères, louant «les acquis et les réalisations du Changement,     fierté de tous les Tunisiens». Certaines appellent même le président Ben Ali     à se porter candidat aux élections prévues en 2009, pour briguer un     cinquième mandat successif de cinq ans.      Mobilisant ses troupes, le puissant parti au pouvoir, le Rassemblement     constitutionnel démocratique (RCD) du président Ben Ali, qui compte, selon     son secrétaire général Hédi Mhenni, quelque 2,3 millions d’adhérents sur une     population de 10 millions d’habitants, a concocté un programme étoffé pour     la circonstance.      Plus de 2000 manifestations culturelles, politiques, sportives et de loisirs     doivent être organisées à travers la Tunisie et dans les pays qui comptent     des communautés tunisiennes.      «Comme la plupart des jeunes de mon âge, j’ai vécu le plus clair de ma vie à     l’ère Ben Ali. Je pense qu’aujourd’hui les horizons sont prometteurs et les     perspectives sont ouvertes. J’estime que de nombreux encouragements sont     offerts pour ceux qui ambitionnent de monter leur propre projet et de se     prendre en charge eux-mêmes», confie un diplômé de la faculté de droit de     Tunis, âgé de 27 ans.      Il déplore cependant ce qu’il appelle «l’absence de culture politique», en     référence à la domination marquante du parti au pouvoir. Pour lui, cette     hégémonie conjuguée à une «opposition presqu’effacée», rend «difficile les     changements démocratiques».      Visiblement satisfaite de la condition de la femme en Tunisie, Aïcha, une     ménagère de 40 ans, trouve qu’il fait bon vivre en Tunisie, malgré des     insuffisances qui restent à combler», en citant notamment la cherté de la     vie. «C’est dommage que la pénurie de lait qui persiste depuis plusieurs     jours vienne faire ombrage à notre fête», regrette-t-elle.   
REUTERS, le 6     novembre 2007 à 15h28     Tunisie – 20 ans de pouvoir pour Ben Ali, fermement à la barre
 
     
 par Sonia Ounissi           TUNIS, 6 novembre (Reuters) – Les partisans du président Zine el Abidine ben     Ali sont confiants qu’il sollicitera d’être reconduit à la tête de la     Tunisie en 2009, à l’expiration de son quinquennat actuel.     Les détracteurs du chef de l’Etat tunisien, qui fêtera mercredi à 71 ans ses     20 ans de pouvoir, redoutent au contraire la perpétuation d’un règne     autoritariste marqué par un contrôle politique et médiatique strict.     Ben Ali doit encore dire s’il entend rester à la barre de l’Etat le plus     petit, le moins peuplé – 10 millions d’habitants – mais le plus moderne du     Mahgreb. Mais l’humeur de ses partisans rappelle le climat qui     prévalait en 2002 lorsque le “tombeur” d’Habib Bourguiba a obtenu par     référendum la suppression de la limitation du nombre de mandats     présidentiels.     A l’occasion du vingtième anniversaire de son arrivée au pouvoir, les rues     de Tunis et des autres villes du pays sont pavoisées de portraits du     successeur d’Habib Bourguiba et de banderoles proclamant qu’il sera “le     meilleur choix en 2009”. Dès novembre 2006, déjà, des parlementaires l’ont     pressé de se représenter pour prolonger la période de prospérité et de     stabilité sociale exceptionnelle que le pays a connu sous son     règne.     “Les Tunisiens ne souffrent pas de la pauvreté. Il souffrent de famine     mentale”, estime l’analyste politique Slah Jourchi, en évoquant le déficit     démocratique qui caractérise la vie politique. La longévité au pouvoir est     une constante au Maghreb. Le colonel Mouammar Kadhafi dirige la Libye depuis     38 ans. Le roi Hassan II a régné autant de temps sur le Maroc. Et l’armée     fait la pluie et le beau temps en Algérie depuis 45 ans.           PRESERVER LA JEUNESSE DE L’EXTREMISME           Habib Bourguiba a été le maître de la Tunisie trente ans durant avant que     Ben Ali, son ancien ministre de l’Intérieur devenu Premier ministre,     n’écourte sa présidence à vie sans effusion de sang le 7 novembre 1987 en     prenant prétexte de sa sénilité, à l’occasion de ce que d’aucuns appelleront     “un coup d’Etat médical”.     Les adversaires de Ben Ali prédisent que sa reconduction à la présidence     ferait glisser la Tunisie dans un système quasi monarchique, faisant peu de     cas de son engagement de 1987 d’épargner au pays toute nouvelle présidence à     vie. Mais ils le créditent d’un bilan économique positif. Plus des deux     tiers des foyers tunisiens sont propriétaires. Un Tunisien sur cinq possède     une voiture. La santé et l’éducation sont accessibles à tous. “Nous avons     assurément bénéficié ces deux dernières décennies de stabilité sociale et de     retombées économiques. Mais nous avons aussi connu un régression politique     remarquable”,     note Maya Djribi, leader du Parti démocratique progressiste d’opposition.     “Auparavant, il y avait un véritable débat politique. Maintenant, c’est     devenu le désert total. Sans liberté de la presse, sans respect du droit de     réunion, sans réhabilitation de la politique, nous risquons de bloquer tout     développement durable.”     La Fédération internationale des droits de l’homme a mis en garde contre les     risques d’une explosion de violence si le régime ne permet pas une plus     grande liberté d’expression et une amélioration de la situation de ses     opposants. Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH et ancienne journaliste     tunisienne, dit craindre une répétition des affrontements armés sanglants de     l’hiver dernier entre forces de sécurité et islamistes armés près de la     capitale. “Sans société civile indépendante, nous risquons une réplétion     incontrôlable de ces événements”, a-t-elle confié à Reuters. Ben Ali a pris     note en mars dernier de ce coup de semonce en     exprimant sa volonté de consacrer un effort particulier pour la jeunesse     afin de la préserver contre “l’extrémisme, le fatalisme et le terrorisme”.           REUTERS
AFP, le 6     novembre 2007 à 13h48     Tunisie: succès économiques indéniables, aléas politiques persistants
 
     
 Par Hamida BEN SALAH           TUNIS, 6 nov 2007 (AFP) – Le matin du 7 novembre 1987, la Tunisie se     réveillait avec un nouveau président, Zine El Abidine Ben Ali. Vingt ans     après, les succès socio-économiques portés à son crédit contrastent, selon     ses détracteurs, avec les lenteurs du processus de démocratisation.     “Ni présidence à vie, ni succession automatique… notre peuple est digne     d’une vie politique évoluée… fondée réellement sur le multipartisme et la     pluralité”, proclamait Ben Ali dans un manifeste applaudi par tous.     L’ancien Premier ministre d’Habib Bourguiba venait d’écarter, sans effusion     de sang, le fondateur de la Tunisie moderne, devenu “sénile” après 35 années     de règne sans partage, alors que le pays sombrait entre intrigues de fin de     règne et islamisme menaçant. “J’étais triste pour Bourguiba, mais soulagé.     On était au bord du gouffre. une crise socio-économique aiguë et un début de     violence”, se souvient Hamid, ingénieur en retraite. Ben Ali, 71 ans, a     réussi à redresser la barre en gouvernant avec une poigne de fer durant 20     ans. Il écrase l’islam politique, conforte les choix sociaux modernistes de     Bourguiba, consacre l’ouverture sur l’Occident et libéralise l’économie pour     l’arrimer à l’Europe.     Pacifiée et quadrillée, la Tunisie est devenue une oasis de stabilité     attirant les investissements dans une région troublée entre l’Algérie     déchirée par la violence islamiste et la Libye isolée de Mouammar Kadhafi.     Précurseur au sud de la Méditerranée, Ben Ali fait signer à son pays, en     1995, le premier accord d’Association avec l’Union Européenne, qui met les     bouchées doubles pour en faire un succès. Début 2008, la Tunisie pratiquera     le libre-échange total des produits manufacturés avec le grand marché de     l’UE. Ce pays au sous-sol pauvre confirme sa croissance –taux moyen de 4,5%     sur plusieurs années– et accède au rang des pays émergents. Revenu par tête     d’habitant à 2.300 euros/an, école pour tous, taux de pauvreté à 3,8%,     gourbis éradiqués et classe moyenne formant 80% de ses dix millions     d’habitants. 32e sur 131 pays, en pôle position au Maghreb/Afrique dans le     dernier rapport de compétitivité du Forum de Davos, la Tunisie doit     cependant mieux faire en matière de chômage (14%) et environnement des     affaires.     “De grands progrès… mais au plan politique la situation est préoccupante”,     résume Ahmed Brahim, chef d’Ettajdid, parti siégeant au parlement pluraliste     depuis 1994 et bicaméral depuis 2002. “L’état des libertés, celui du     pluralisme politique et médiatique, de la gouvernance sont tels que notre     pays est régulièrement classé parmi les pays les plus arriérés     politiquement”, regrette-t-il, dressant un bilan à l’AFP.     “La démocratie véritable est plus que jamais une urgence nationale”, assène     cet opposant, leitmotiv repris en choeur par d’autres partis légaux ou pas.     “Nous sommes réduits à livrer bataille pour disposer de     locaux!”, ironise Mokhtar Trifi, président de la Ligue des droits de     l’Homme, ONG combative mais empêtrée dans des démêlés politico-judiciaires.     La paix civile, les grands projets urbains, internet, les routes asphaltées,     l’eau et l’électricité à la campagne: “C’est excellent! Mais que cela ne     nous dispense pas de liberté!”, lance un journaliste.     La presse, maintes fois tancée par le président lui-même, n’arrive pas,     quant à elle, à sortir de son indigence, malgré une ouverture aux privés.     Elu quatre fois à plus de 90% des suffrages, le président Ben     Ali est appelé par son parti, le Rassemblement constitutionnel démocratique,     à postuler pour un cinquième mandat en 2009, ce que rend possible la     Constitution amendée. Allié privilégié de la guerre antiterroriste, il a eu     beau jeu de rejeter les “leçons” de ses détracteurs dénonçant violations     “systématiques” des droits et des libertés, contrôle de la justice ou     verrouillage politique. La Tunisie, qui accueille des millions de touristes,     a connu en 2002 une attaque d’Al-Qaïda contre une synagogue à Djerba (21     morts). Fin 2006, ce pays a été théâtre d’accrochages sanglants, et son     régime, comme ceux du Maghreb, a été de nouveau menacé samedi par le numéro     2 d’Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri.           AFP  
AFP, le 6     novembre 2007 à 13h57     ANALYSIS-Tunisia’s Ben Ali set to extend 20-year rule
     
 By Sonia Ounissi           TUNIS, Nov 6 (Reuters) – Supporters of Tunisian President Zine al Abidine     Ben Ali predict he will seek another mandate when his latest term ends in     2009, confident the veteran leader will make the Maghreb’s most modern state     more prosperous.           Critics say the continued leadership of the 71-year-old, who celebrates 20     years in power on Wednesday, risks perpetuating an authoritarian system with     tight controls on politics and press.           Ben Ali has yet to confirm he wants to continue leading the north African     country of 10 million. But his backers’ mood is reminiscent of their     confidence in 2002, when he won the right in a referendum to stay in power     for life if he chose to do so. Streets in Tunis and other cities are decked     with Tunisian red flags and portraits of Ben Ali and posters and other     slogans declaring he would be the “best choice in 2009”.           Commentators say Ben Ali can take credit for making Tunisia the healthiest     and best educated population in north Africa. The country has north Africa’s     biggest middle class. More than two-thirds of households own homes. A fifth     of the population own a car, up from a 10th two decades ago. Access to     schools and basic health care are available to all. But they say he has much     to do to close a democratic deficit that makes the political process a     sterile exercise in state control.           “Tunisians do not suffer from poverty. … They suffer from mental hunger     due to a lack of initiative and poor freedom of expression and press,” said     political analyst Slah Jourchi. “The political regime in Tunis had provided     social stability during 20 years, adopting a liberal economic policy without     harming the interests of Tunisia’s large middle class. “But this development     is unbalanced, with poor political initiative and superficial multi-party     politics”, he added.           
QUASI-MONARCHY           Long-serving rulers are nothing new in the Maghreb. Libyan ruler Muammar     Gaddafi has clocked up 38 years — equalling the reign of former Moroccan     King Hassan, whose son Mohammed ascended the throne in 1999. In Algeria,     army-backed leaders have been the norm since independence from France in     1962.           Critics of Ben Ali say another term would push Tunisia towards a     quasi-monarchical system, making a mockery of Ben Ali’s statement when he     took over on Nov. 7, 1987, that Tunisia would never again have a     president-for-life.           He became president in 1987, six weeks after becoming prime minister, when     doctors declared president-for-life Habib Bourguiba, founder of modern     Tunisia, senile and unfit to rule. “Certainly we have recorded social     stability and economic benefits over the past two decades. But we have     recorded also a remarkable political regression,” said Maya Jribi, the head     of the opposition Progressive Democratic Party.           “Before, there was a real political debate. Now it’s a become a complete     desert. Without freedom of the press, without respecting the rights of     assembly, without political rehabilitation, we risk blocking sustainable     development.”           The International Federation for Human Rights has warned the country that it     risks violence unless it allows wider freedom of expression and further     improvement of dissidents’ rights.           “Tunisia’s human rights situation is difficult … Without an independent     civil society … (Tunisia) will face more uncontrollable relapses like     those events in the (Tunis) suburbs,” Federation President Souhayr Belhassen     told Reuters.           Tunisia’s quiet atmosphere was hit at the turn of the year by rare     shoot-outs between security forces and radical Salafist Islamists near Tunis     in which 14 of the gunmen were killed. The government bans Islamist parties     on the grounds that political Islam is a cause of conflict and ultimately     bloodshed.           
GROWTH           Ben Ali said in March Tunisia must take more interest in developing its     youth and “safeguard them against the currents of extremism, fatalism and     terrorism”.           The government insists it is committed to further democracy and liberty,     arguing that a minority of dissidents habitually attempt to discredit the     country’s human rights record.           Multi-party politics began in the early 1980s and the government says it     recently started granting legal opposition groups financial support to boost     democracy.           The ruling party, the Constitutional Democratic Rally, dominates the     legislature, as by law 80 percent of the seats in the 189-seat parliament     are reserved for the ruling party. The remaining 20 percent are contested by     six opposition parties.           “Tunisia is at a crossroads. It achieved satisfactory growth and a good     economic performance,” said Azzam Mahjoub, an economist and professor at     Tunis University.           “But we cannot have sustainable development if we block political aspects,     unless we have a co-existence between economic and social progress and     political issues.”           
(Writing by William Maclean, editing by Mary Gabriel)           REUTERS 
  
  
 Rebonds       
La servitude ordinaire sous Ben Ali
   
 Taoufik Ben Brik journaliste.                    Je me penche sur mon maigre butin de la nuit. Ce n’était pas varié : des       coupures de presse, des entrefilets qui décrivent sur un quart de siècle       ou presque la carrière controversée du général Zine el-Abidine ben Ali       (ZBA), ses états de service dans la lutte contre les partisans de Mohammed       Sayeh, le dauphin de Bourguiba, son retournement de veste après les       accords de Djerba dans les années 70, son rôle douteux pendant son exil       doré au Maroc, son travail de flic au service des promoteurs immobiliers,       son appui (calculé) à Hédi Baccouche, le chef du parti unique, son grade       de général conquis contre les derniers partisans de Mohammed Mzali.       Figuraient en outre des mentions sur sa présence à un bal au Cercle       italien, des nouvelles isolées sur sa participation à une partie de belote       dans la maison de Kamel Ltaïf, un homme de l’ombre, des rumeurs sur un       cancer de la prostate, des renseignements sur un cours de mécanique à       Saint-Cyr.       Le ZBA en question s’est illustré en 1978 en lançant la Brigade d’ordre       public (BOP) sur les petites couturières d’Echarguia et les cheminots. Il       est la bête noire des syndicalistes de la ville de Sfax. Avant d’être un       superflic, il était militaire. Il a été homme de confiance du général       El-Kefi, son beau-père. Au moment du coup d’Etat du 7 novembre 1987, il       s’est rapproché du général Habib Ammar qui a mis à sa disposition la       garnison d’El-Aouina. Il a souhaité la mort de sa première femme. C’est ce       qui se dit. J’ignore si c’est une plaisanterie. Il s’est remarié avec       Leila la belle. Ses frères et sœurs, ses beaux-frères et ses beaux-fils et       ses filles ont monté le Couscous Connection. On raconte qu’ils font du       trafic avec l’administration : des appels d’offres truqués dans la       fourniture du gazole. Ses cheveux noir corbeau n’ont pas blanchi. A 70       ans, il a eu un héritier mâle, Mohamed Aziz. Mais ce n’est pas alléchant       ni nouveau.       A part ça ? Presque rien, mais pas rien. Il aime créer du faux-semblant.       Comme au poker, le plus important, c’est le bluff. On pensait qu’il avait       un full aux as dans la main. Avec ou sans, il a réussi. ZBA occupe toute       la place, comme une mosquée. Rien ne peut le toucher, il n’y a pas de       recours contre lui. Ses reculs ne le font pas perdre. Les vôtres le font       gagner. Contre lui, il ne s’agit pas de le battre deux fois sur trois, il       faut le battre à tous les coups. Si vous perdez une seule fois, il rafle       la mise.       Durant vingt années, les Tunisiens ont accepté les joies de la paix du       palais de Carthage, et nul autre que lui ne sait à quel point il n’a rien       fait. Il ne les a pas divertis ni convertis. Après vingt ans, nous voilà       pareils à une vieille horloge qui n’indique plus l’heure, mais qui ne       s’arrête pas non plus, une vieille horloge continuant à coucouler sans que       cela ne veuille rien dire. Un mannequin empaillé, exposé comme un       avertissement : voilà le sort qui attend les enfoirés et les têtes       brûlées. Un lapin qui accepte de tenir le rôle que prévoit pour lui le       rituel et reconnaît que le loup est le plus fort. Il devient peureux, il       fuit, creuse des terriers au fond desquels il se cache quand le loup rôde       dans les parages. Il y a peu de chance qu’il provoque le loup. Tout ce       dont il a besoin, c’est de devenir heureux d’être un lapin. ZBA n’a pas       marqué les Tunisiens au fer rouge. Tout ce qu’il a fait c’est de vous       assister. Il collecte de la semoule, du sucre, du thé, du café, des       souliers, des pantalons, des caleçons, du savon, et il les distribue aux       jeunes couples qui traversent une mauvaise passe. Un coup discret frappé à       la porte. Le panier enrubanné. Les deux jeunes gens tellement transportés       de joie qu’ils sont incapables de proférer un son. ZBA examine le logis       d’un œil critique. Il leur promet de leur faire parvenir de l’argent pour       acheter… quoi donc ? Un logis réglementaire. ZBA dépose le panier au       milieu de la pièce. Et voilà les Tunisiens définitivement à la merci de la       charité. Ne vous méprenez pas. ZBA n’est pas un ogre de basse-cour. C’est       un croqueur de couilles, voilà tout. Il sait que si le mal qu’il fait est       suffisamment atroce, les hommes ne protesteront point.       On aimerait dire qu’Allah punit ceux qui font de telles choses, mais on       sait que les hommes qui ont derrière eux vingt ans de règne sans partage       jouissent du confort, meurent en paix et sont enterrés avec honneur. Vous       devez comprendre que le mangeur de couilles existe bel et bien, qu’il n’a       pas disparu et ne disparaîtra jamais.
       
 (Source : « Libération » (Quotidien –       France), le 7 novembre 2007)
 
  
Reportage     La Tunisie des illusions perdues
     
 MAHDIA, MONASTIR (CÔTE EST) ENVOYÉE SPÉCIALE           n y a tous cru. Ben Ali, c’était le sauveur. Le 7 novembre 1987, je me suis     dit : “Quel que soit le régime à venir, on va respirer !” On n’en pouvait     plus de trente ans de bourguibisme. L’arrivée de Ben Ali, ça a constitué un     formidable espoir !” Il s’arrête, fouille dans ses souvenirs, puis reprend :     “On a assez vite déchanté. La réalité ne collait pas avec les engagements.     Au début, on s’est rassurés en se disant qu’il y avait des tiraillements au     sein du pouvoir. Puis il y a eu les arrestations des islamistes. Puis le     musellement de la gauche, puis de tous les démocrates. Et ça n’a jamais     cessé…”           Les propos de Lotfi, pharmacien dans un village proche de Monastir, on les     entend à l’infini en Tunisie, en ce 20e anniversaire de l’arrivée au pouvoir     de Zine El-Abidine Ben Ali. Le 7 novembre 1987, celui qui est à l’époque     premier ministre évince en douceur le vieux chef de l’Etat, Habib Bourguiba,     devenu sénile. Pas une goutte de sang. La population n’en a alors que plus     de gratitude pour le nouveau venu qui promet la démocratie et déclare : “On     ne saurait être président à vie.”           Vingt ans plus tard, les propos sont amers. Si les Tunisiens admettent, du     bout des lèvres, que le pays s’est développé et que le niveau de vie a     augmenté, ils expriment, pour la plupart, mal-être et frustration. La     Tunisie d’aujourd’hui, c’est le pays des illusions perdues. Coupés de la     population, les touristes qui se bronzent sur les plages de Mahdia et     Monastir sont loin de pouvoir l’imaginer.           Les droits de l’homme ? Ici, au Sahel, à quelque 250 kilomètres au sud de     Tunis, on s’en préoccupe peu. “C’est un luxe, pour nous”, disent les     habitants. Leur souci majeur, ce n’est pas tant le pouvoir autoritaire du     président Ben Ali que leur situation socio-économique. “Le miracle tunisien     ? Parlez plutôt de mirage ! Les données macroéconomiques sont peut-être     bonnes, mais notre vie quotidienne, elle, va de mal en pis !”, grogne Salah,     enseignant et père de trois enfants, qui croule sous les dettes comme la     quasi-totalité de ses compatriotes.           “Le problème fondamental, en Tunisie, ce n’est pas la création de la     richesse – il y en a – c’est la répartition de cette richesse”, souligne     Hassine Dimassi, professeur d’économie à l’université de Sousse. Si les     Tunisiens sont mécontents, c’est, dit-il, parce qu’ils se sentent     “globalement lésés”, même quand leur situation n’est pas, objectivement,     catastrophique.           En Tunisie, plus encore que dans les autres pays du Maghreb, le fléau des     “diplômés chômeurs” ronge la société. Il explique en partie les jacqueries     qui surviennent ici et là, comme à Bizerte, il y a quelques mois, où une     cohorte de jeunes ont brûlé des voitures et tout pillé sur leur passage à la     sortie d’un match de football. Dans chaque famille, on compte un diplômé     chômeur, voire deux ou trois. Pour les parents, qui ont fait des sacrifices     considérables pour payer des études à leurs enfants, c’est intolérable, et     le ressentiment à l’égard du pouvoir est énorme. Chaque année, le nombre des     diplômés (60 000) dépasse de deux fois la capacité d’absorption de     l’économie du pays, selon le professeur Dimassi, qui accuse les autorités     d’utiliser le système éducatif comme “un outil de gouvernance démagogique”     depuis près de vingt ans et de délivrer des diplômes “à des     quasi-analphabètes”.           Quitter la Tunisie pour trouver du travail et échapper, dans le meilleur des     cas, à un emploi précaire et mal payé, c’est l’idée fixe de la plupart des     jeunes, encouragés par leurs parents. Si le cas de Nejib sort de     l’ordinaire, il est révélateur du degré de désespoir de certains. Depuis     2000, ce jeune de 29 ans a tenté à quatre reprises de quitter la Tunisie     pour rejoindre l’Italie à bord d’embarcations de fortune. Les trois     premières fois, il avait payé un passeur. La dernière fois, c’était lui le     passeur. A chaque fois, en raison de la vigilance des gardes-côtes ou     d’avaries, il a échoué.           Grand, mince, nerveux, Nejib s’exprime avec une rage butée : “Je veux aller     vivre en Europe, et j’y arriverai ! En Tunisie, l’homme n’a pas de valeur.     On est des esclaves modernes.” A-t-il conscience qu’il risque sa vie chaque     fois qu’il prend la mer ? “Ici, je suis déjà mort !”, répond-il, laconique.     Lui et ses copains disent n’avoir qu’une devise : “Chacun pour soi !”           Beaucoup s’inquiètent de cet abandon du combat collectif. Hamida Dridi,     médecin à Monastir, très engagée dans des mouvements de défense des     libertés, raconte que l’un de ses fils lui dit souvent : “Tu as un travail     et un salaire. De quoi te plains-tu ? Moi, je ne fait pas de politique. Le     prix à payer est trop élevé. Je veux vivre. Le reste, je m’en fous !”           Cette dépolitisation affecte l’ensemble de la population. Pourtant, les     actes de résistance individuels se multiplient, y compris dans les coins les     plus reculés de Tunisie. Tel professeur de philosophie ou d’arabe ouvre     régulièrement des discussions, en classe, avec ses élèves, et les incite à     réfléchir. “Dans mon école, il y en a trois comme lui. Ils n’hésitent pas,     par exemple, à qualifier les élections en Tunisie de mascarade”, raconte un     élève de terminale.           A Ksiebet, village perché réputé pour son esprit frondeur, Rafik et     Abderahmane, enseignants, et Mohammed, agriculteur, se battent pour faire     vivre leur petite association, Les Amis du livre et de la liberté, et     réclament inlassablement la réouverture de la Ligue tunisienne des droits de     l’homme, interdite d’activité dans tout le pays depuis plus de deux ans.           Si la peur recule au fur et à mesure que le mécontentement grandit, la     prudence reste la règle. On se méfie toujours du voisin et des innombrables     indicateurs. La population est de plus en plus caustique à l’égard du clan     au pouvoir – en particulier la famille Trabelsi, du nom de l’épouse du chef     de l’Etat, accusée de piller le pays -, mais elle est paralysée par un     sentiment d’impuissance. “On en a tous marre ! Mais que peut-on faire ?”,     soupirent les gens, accablés par ce qui se prépare.           “Ben Ali pour l’éternité” ! Ce n’est pas de la science-fiction. Le slogan a     fait son apparition, il y a quelques mois, sur une banderole déployée sur la     façade d’une entreprise publique, à l’initiative du tout-puissant parti au     pouvoir, le Rassemblement pour la Constitution et la démocratie. Chaque     jour, la presse publique vante “l’image rayonnante de la Tunisie, fruit de     la pensée clairvoyante de Ben Ali”. Personne n’est dupe. Pas même ceux qui     chantent la gloire du président et le “supplient”, dans une surenchère     burlesque, de briguer un nouveau mandat en 2009.           Aujourd’hui comme hier, certains se satisfont de la situation. Ils sont de     plus en plus rares. D’autres s’en désespèrent. D’autres encore, estimant     stérile d’entrer dans une confrontation directe avec le pouvoir, luttent de     l’intérieur pour faire bouger les choses. Le président Ben Ali ne pourra pas     toujours rester arc-bouté sur le statu quo, font-ils valoir. Il sera     contraint, tôt ou tard, de desserrer la vis pour que la Tunisie aille de     l’avant. Mais la grande force de ce régime, n’est-ce pas, en fin de compte,     son extraordinaire capacité à entretenir l’illusion ? Chaque 7 novembre, les     Tunisiens reprennent espoir. Ils se remettent à rêver : l’annonce d’une     ouverture démocratique, une amnistie générale, un miracle… Voilà vingt ans     qu’ils attendent.           Florence Beaugé           (Source : « Le Monde » (Quotidien – France),     le 7 novembre 2007)
L’ombre de Bourguiba
     
 MONASTIR (CÔTE EST) ENVOYÉE SPÉCIALE           C’est à Monastir, sa ville natale, dans un mausolée construit sur une     immense esplanade, que repose Habib Bourguiba, le père de l’indépendance de     la Tunisie.           L’ancien président s’est éteint à 96 ans, le 6 avril 2000, soit treize ans     après le “coup d’Etat médical” perpétré sans violence par son premier     ministre de l’époque, Zine El-Abidine Ben Ali. Tout ce temps-là, Bourguiba a     vécu reclus dans une résidence d’Etat de Monastir, ne recevant que de rares     visiteurs. Très diminué par l’âge et la maladie, celui que les Tunisiens     avaient surnommé “le Combattant suprême” n’éprouvait plus d’amertume à     l’égard de son successeur.           Longtemps, il a été mal vu, en Tunisie, d’évoquer le nom et les faits     d’armes de Bourguiba. Le président Ben Ali, baptisé “l’Artisan du     changement” par la presse officielle, semblait en prendre ombrage. Ce n’est     plus le cas aujourd’hui. Les Tunisiens parlent librement de celui qui a     projeté leur pays dans l’ère moderne et lui a donné une aura internationale.           Ils n’ont pas oublié que, dès 1957, au lendemain de l’indépendance,     Bourguiba a accordé aux femmes le droit de vote et l’éligibilité, puis     interdit la répudiation et la polygamie. Aujourd’hui encore, les Tunisiennes     bénéficient d’un statut inégalé dans le monde arabo-musulman, le président     Ben Ali ayant poursuivi la politique de son prédécesseur. Si les jeunes sont     assez indifférents à Bourguiba, leurs aînés ont tendance à idéaliser le     passé. “Les dernières années de règne de Bourguiba ont été pénibles et     inquiétantes. L’homme avait du coup beaucoup perdu de son prestige, explique     Hassine Dimassi, universitaire. Aujourd’hui, il est un personnage de     légende, tant les Tunisiens sont déçus par le pouvoir actuel.”           UNE QUALITÉ : LA PROBITÉ           Le nom de Bourguiba revient souvent, en effet, dans les conversations. On     oublie son despotisme et ses incohérences de fin de parcours pour mieux     souligner ce qui était, dit-on, “sa qualité première” : la probité. “Il est     parti sans se remplir les poches”, entend-on dire partout. Sous-entendu :     “On ne peut en dire autant de la famille de Ben Ali”, accusée de tous côtés     de “s’infiltrer, de grignoter, de s’imposer” dès qu’il y a de l’argent à     gagner en Tunisie.           Rares sont ceux qui vont jusqu’à affirmer que “c’était mieux du temps de     Bourguiba”. On dit plutôt : “Avec lui aux commandes aujourd’hui, ce serait     mieux.”           Florence Beaugé           (Source : « Le Monde » (Quotidien – France),     le 7 novembre 2007)