TUNISNEWS
10 ème année, N° 3690 du 30.06.2010
Sylvie Deschamps: La Tunisie étoffe sa politique criminelle Fethi Touzri: Unis pour la democratie unis pour la Tunisie AFP: Algérie: onze gendarmes tués dans le sud AP: Onze gendarmés tués dans une embuscade terroriste dans le sud de l’Algérie AFP: Le Maroc soutient la diffusion d’un coran uniformisé (ministre Qantara: Media Freedom in the Arab World – Unchecked Farce
La Tunisie étoffe sa politique criminelle
par Sylvie DESCHAMPS Le Parlement tunisien vient d’adopter un projet de loi visant à criminaliser les atteintes à la sécurité économique de la Tunisie en insérant un troisième paragraphe à l’article 61 bis du code pénal. Dans l’échelle des infractions prévues et réprimées par le Titre II du Code pénal qui traite des attentats à la sécurité extérieure de l’Etat, celle qui vient d’être adoptée occupera une place particulière en tant qu’elle vise à punir de peines privatives de liberté tout ressortissant tunisien qui se rendra coupable d’entretenir avec l’Etranger, des relations qui préjudicieraient aux intérêts économiques vitaux du pays. Certaines organisations de défense des droits de l’homme croient voir dans cette mesure, une volonté politique de réprimer l’expression d’une opinion ou d’une action qu’elles seraient tentée d’émettre ou de mener contre un intérêt économique protégé de l’Etat. Du côté des autorités tunisiennes qui ont été amenées à préciser le sens et la portée de cette nouvelle incrimination en délimitant le périmètre d »application de la loi, il ne saurait être question de réprimer les libertés publiques même au cas d’abus. Sur les incriminations limitativement prévues par la loi Selon le ministre de la justice et des droits de l’homme, seules seraient visées par le nouveau texte, les incitations à mettre obstacle à l’octroi de crédits à l’Etat, à décourager l’investissement étranger, à boycotter le tourisme ou encore à torpiller les négociations en cours afin que la Tunisie n’accède pas au statut de partenaire avancé de l’Union européenne tout en précisant que cette loi n’a d’autre but que de combler « un vide juridique » par rapport à d’autres législations étrangères comme celle de la France. Sur la notion d’incitation Par incitation, le langage commun désigne généralement le fait de conduire, de pousser, d’amener quelqu’un à commettre un acte, à prendre une décision qui préjudicie aux intérêts de quelqu’un d’autre, s’agissant au cas d’espèce, des intérêts économiques de l’Etat tunisien. Le fait d’inspirer par des actes ou des propos, des décisions qui compromettraient les chances de l’Etat et par voie de conséquence de ses nationaux, d’accéder à une plus grande prospérité intérieure serait-il réprimable sur le fondement de cet article de loi ou ressortirait – il comme le dénoncent les organisations de défenses des droits humains et certains partis politiques tunisiens, à la liberté d’expression et d’opinion, libertés garanties et protégées par l’article 8 de la Constitution tunisienne et par l’article 10-1 de la convention européenne des droits de l’homme ? Sans risque de se tromper, on peut déduire des propos du ministre que le critère qui caractérisera l’infraction sera celui du moyen qui sera utilisé par le ou les auteurs de l’atteinte aux intérêts supérieurs de l’Etat. L’intelligence avec une puissance étrangère étant par nature occulte, si l’atteinte est consommée dans l’antichambre d’une organisation ou d’une institution étrangère et que les desseins de son auteur restent secrets, il est bien évident que l’impunité sera acquise. Le support public de l’incitation Mais qu’en sera t-il si les incitations prennent une tournure publique c’est-à-dire si elles sont proférées dans un lieu public ou dans un lieu privé avant d’être exposées au public au moyen d’un procédé de communication ? Une opinion qui serait contraire au texte et diffusée ou reproduite par un média de la presse écrite, audiovisuelle ou électronique ou encore exprimée lors d’ un débat public, devrait immanquablement conduire les juridictions répressives à retenir leur auteur dans les liens de la prévention de crimes contre la sécurité économique nationale. Si l’on suit cette analyse, l’intention du législateur aurait été de criminaliser ce que les professionnels de l’information et de la communication considèrent comme étant une oeuvre de l’esprit relevant de la liberté d’expression et d’opinion. C’est dans ce sens que le raisonnement des organisations de défense des droits humains peut paraître pertinentes.Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. La position de la Cour européenne des droits de l’homme En première lieu, parce l’incrimination est désormais prévue par une loi, c’est-à-dire selon la propre définition de la Cour européenne des droits de l’homme, comme une norme énoncée avec suffisamment de précisions pour permettre au citoyen de régler sa conduite nonobstant l’interprétation et l’application qui en sera faite ultérieurement par les juridictions. En second lieu, parce qu’en application de l’article 10 § 2 de la Convention de sauvegarde des droits de l’homme, figurent au rang des restrictions ou sanctions qui peuvent atteindre l’exercice de la liberté d’expression, les atteintes à la sécurité nationale qui s’entend dans le sens de la défense des intérêts nationaux d’un Etat et notamment de ses intérêts économiques. Selon la jurisprudence de la Cour européenne, une ingérence d’un Etat dans le droit d’une personne à la liberté d’expression ne constitue pas une violation sous réserve que les trois conditions cumulatives suivantes soient remplies. 1. l’ingérence doit être prévue par la loi. S’agissant de l’incrimination en cause, nous avons vu qu’elle a été établie par une loi. 2. elle doit ensuite être inspirée par un but légitime. Comme tout autre Etat souverain, il est légitime pour la Tunisie de prendre des dispositions légales en vue de préserver ses intérêts économiques essentiels. 3. elle doit enfin répondre à un besoin social impérieux. Cette troisième conditions est également remplie car un appel au boycott du tourisme tunisien par exemple, s’il était suivi d’effet, se solderait pas une perte de recettes qui auraient pour effet de déséquilibrer les comptes de l’Etat mais surtout, entraînerait la destruction de nombreux emplois parmi les 340 000 personnes employées dans ce secteur de l’économie. Les magistrats de Strasbourg ont toujours rappelé qu’une immixtion étatique n’enfreignait pas la Convention de sauvegarde des droits de l’homme si elle remplit les exigences du paragraphe 2 de l’article 10 de la Convention au rang desquelles, nous l’avons vu, figure la préservation des intérêts stratégiques. La position concordante de la Cour de cassation française La Cour qui avait été saisie d’un pourvoi selon lequel « l’article 24, alinéa 5, de la loi modifiée du 29 juillet 1881, constituerait en lui-même une violation de la liberté de pensée et d’expression protégée par les articles 9 et 10, point 1 de la Convention européenne des droits de l’homme » a clairement indiqué que « la liberté d’expression se heurte à la limite instaurée par le point 2 de ces mêmes articles, lesquels valident les restrictions prévues par la loi lorsqu’elles constituent des mesures nécessaires à la sécurité publique, à la protection de l’ordre, de la morale et des droits et libertés d’autrui » Il est plus que probable que la Cour aurait statué de la même façon si le pourvoi avait été formé au visa de l’article 24 alinéa 4 de la loi de 1881 qui réprime les provocations aux crimes et délits portant atteinte aux intérêts fondamentaux de l’Etat dont nous verrons plus loin qu’ils concernent aussi les intérêts économiques essentiels de la nation. Sur l’argument tiré du « vide juridique » Cette nouvelle disposition pénale répond-elle à un besoin réel de pallier une insuffisance normative ? Si les articles 60 à 62 du livre II du code pénal tunisien traitent bien des atteintes portées à la sécurité extérieure de l’Etat, ils ne visent que celles commises sur le plan militaire et diplomatique. On déduit du silence des textes que les juridictions répressives sont incompétentes jusqu’à la promulgation de la loi, aux fins de juger un ressortissant tunisien qui se rendrait coupable d’un crime ou d’un délit commis à l’extérieur du pays contre la sécurité économique du pays. Sur la notion de sécurité économique Qu’entent-on par sécurité économique d’un l’Etat ? Est-elle dissociable de sa sécurité politique ? S’il est d’usage d’admettre que la sécurité politique touche à tout ce qui tend à protéger la stabilité de l’Etat et de ses institutions, la sécurité économique peut dès lors être définie comme étant un ensemble de mesures devant concourir au maintien de la prospérité et au développement de l’économie de cet Etat. L’industrie, le tourisme, la sécurité nucléaire, l’aérospatiale, la recherche figurent au rang des intérêts économiques majeurs qu’un Etat se devra de protéger contre toute atteinte extérieure y compris contre celle commise par certains de ses ressortissants dans le cadre d’une collusion d’intérêts avec un autre Etat ou une organisation étrangère. L’article 410-1 du code pénal français Pour légitimer le projet de loi, les autorités tunisiennes mettent en avant la législation française, précisément les dispositions de l’article 410-1 du code pénal qui traite des atteintes aux intérêts fondamentaux de la nation. Aux termes de cet article, les intérêts fondamentaux de la nation s’entendent de son indépendance, de l’intégrité de son territoire, de sa sécurité, de la forme républicaine de ses institutions, des moyens de sa défense et de sa diplomatie, de la sauvegarde de sa population en France et à l’étranger, de l’équilibre de son milieu naturel et de son environnement et des éléments essentiels de son potentiel scientifique et économique et, enfin, de son patrimoine culturel. Interprétations jurisprudentielles de la notion d’éléments essentiels économiques La Cour de cassation avait été saisie d’un pourvoi formé par un informaticien français d’origine roumaine qui avait été renvoyé devant la Cour d’assises de Paris pour avoir entretenu une entente avec des agents des services de renseignements roumains dans le but de s’introduire dans les milieux français chargés de la recherche fondamentale [ crim. 23 mars 1982 ] On aurait pu attendre de la chambre criminelle qu’elle saisisse l’occasion qui lui était donnée de se déterminer sur ce qu’il fallait entendre par intérêts économiques essentiels. Mais en jugeant que les faits de la cause étaient de nature à porter atteinte à la situation militaire ou diplomatique de la France ou à ses intérêts économiques essentiels sans préciser lequel de ces trois intérêts protégés avait été atteint par l’infraction, les magistrats ont entretenu un flou jurisprudentiel jusqu’à ce qu’un arrêt de cette même chambre dessine un peu mieux les contours de ce que peut recouvrir cette notion. Dans cette arrêt, elle avait refusé à un inculpé, accusé de vols avec port d’arme, le bénéfice des dispositions de la loi d’amnistie de 1981 au motif que ces crimes non revendiqués comme des actes politiques, étaient par nature des infractions de droit commun commis au préjudice d’établissements bancaires privés non représentatifs de l’autorité de l’Etat [ crim. 14 mars 1989 ] La position de la Cour est doublement intéressante : d’une part parce qu’elle énonce que les intérêts fondamentaux de l’Etat sont en cause toutes les fois qu’une infraction porte atteinte à à des domaines où l’Etat ou ses institutions a des intérêts ; d’autre part en exigeant que l’atteinte qui serait portée à ces intérêts fondamentaux, soit fondée sur des motifs politiques ou idéologiques de nature à troubler l’ordre public. Pour revenir à notre cas d’étude, une incitation publique à boycotter le tourisme tunisien ne serait-elle pas animée par un sentiment idéologique, celui de provoquer des désordres parmi la population civile avec pour finalité, de déstabiliser l’Etat et le régime qui l’incarne ?
UNIS POUR LA DEMOCRATIE UNIS POUR LA TUNISIE
Par Fethi TOUZRI
Depuis plus de six mois, des pourparlers se sont engagés entre des partis politiques et des personnalités indépendantes en vue d’une action politique commune. Ces composantes partageaient déjà depuis quelques années une même approche politique.
Le mouvement « Ettajdid », le FDLT, le PTPD, le courant politique « Réforme et Développement » et des personnalité indépendantes, fondateurs de ce projet d’alliance, se sont encore plus rapprochés lors des élections législatives 2009 et des élections municipales 2010.
Ils sont déterminés à apprendre des erreurs passées, à construire sur les acquis du mouvement démocratique et à créer des synergies avec ce qu’ils ont en commun en vue d’une action politique prodémocratique plus efficace à l’horizon 2014. De ce dialogue politique approfondi, un consensus s’est dégagé pour constituer un outil/instrument de transformation de l’environnement politique du pays appelé « Alliance pour la Citoyenneté et l’Egalité ».
Certes, quand on évoque le changement politique nous devons faire preuve d’humilité. D’ailleurs certains pensent que cette alliance est un non événement, d’autres évoquent un « déjà vu », et pour les plus sceptiques une alliance c’est du « bla bla… », et après c’est du « business as usuel » ! . Mais quoiqu’on dise l’ « Alliance pour la Citoyenneté et l’Egalité » (ACE), est aujourd’hui une réalité politique. Le changement politique est une affaire de plusieurs acteurs avec des stratégies très variables. Ce n’est pas juste une affaire entre le pouvoir et l’opposition ; et ce n’est pas non plus comme si il y avait les bons d’un côté et les mauvais de l’autre. Cette dichotomie n’est d’aucun secours pour la réalité politique de notre pays et encore moins pour la réalité politique en général.
L’Alliance est construite sur des principes bien définis, elle dispose d’une approche commune, d’une finalité pratique et d’un but politique précis ; le tout consigné dans le projet de déclaration de l’Alliance. Et, puisque il s’agit de faire de la politique autrement, il n’était pas question d’ignorer les sujets relatifs à la moralisation de la vie politique et ceux relatifs aux valeurs en partage, même si ces derniers sont d’une complexité et d’une sensitivité extrêmes.
L’Alliance est un processus qui démarre, il crée des attentes parmi les tunisiennes et les tunisiens autour d’une certaine vision des réformes politiques qui nécessite un climat de liberté, de responsabilité et de participation. Cette Alliance cible en priorité la citoyenneté et l’égalité. Elle considère que la diffusion de la culture citoyenne est l’élément crucial d’influence de l’environnement. En ce sens c’est une alliance dirigée contre l’inertie, l’immobilisme, le retrait de la vie publique et le désespoir. Elle est aussi dirigée contre l’émergence d’un contexte et d’un environnement qui risque d’alimenter l’attractivité de la haine, de la violence et de l’autoritarisme.
Les protagonistes de cette Alliance sont conscients à la fois des limites et des contraintes qui pèsent sur l’environnement politique national. Cet environnement marqué par les restrictions, le contrôle et la cœrcition, exige des réponses à la mesure de la complexité du contexte politique tunisien.
Le cadre paradigmatique de l’Alliance est basé sur les interactions possibles et nécessaires dans un système complexe. Dans ce cadre les principes clés sont la réflexion stratégique, le débat citoyen, la participation active, l’information pertinente et la maîtrise du jeu d’influence. Dans ce cadre, il y a une marge de manœuvre pour les changements politiques, mais c’est loin d’être simple comme on veut le faire croire. Plus que jamais, la Réforme Politique doit quitter le roman familial du « microcosme politique » et le « rêve éveillé » des activistes de tout bord pour devenir un souci quotidien de tous, une responsabilité collective, une question d’intérêt national, l’œuvre d’une nation.
C’est aussi une Alliance de raison et non un marché de dupes. Nous la construisons progressivement, de manière participative, comme une œuvre collective et comme un choix rationnel et motivé. L’Alliance est conçue à la fois comme unité et diversité, elle associe interdépendance et autonomie et permet à la fois la coopération et la compétition. Elle doit offrir à ses constituants des opportunités pour vivre des interactions positives et surtout des échanges constructifs ainsi que des attitudes et des comportements fondamentalement démocratiques.
En ce sens, l’Alliance n’est pas une simple manœuvre politique, elle se veut une démonstration de maturité, une promesse à tenir et une expérience de fidélité à l’idéal de liberté et de justice qui anima l’esprit des fondateurs de cette nation moderne et qui continue d’animer les tunisiens sur plusieurs générations.
Plus ce que jamais, c’est l’avenir, la capacité de son anticipation et la compréhension de ses tendances qui vont délimiter notre action présente. La modernisation de notre pays, les transformations de notre société, les conflits contingents aux transformations et aux diverses transitions nécessitent des réformes institutionnelles dans le sens d’une démocratisation de la vie politique.
L’Alliance doit aborder les grandes questions socioéconomiques du pays. Elle devrait susciter des débats sur notre modèle de développement, les défis en matière de bonne gouvernance, de disparités régionales, d’emplois, de gestion des ressources, du système éducatif, d’économie de savoir, de compétitivité économique ; ainsi que les enjeux stratégiques d’intégration dans l’espace régional et mondial dans un contexte de globalisation. L’ensemble de ces facteurs, nécessite de nouvelles modalités de gouvernance qui permettent de rendre l’Etat plus efficace, l’économie plus performante et le système social plus équitable ; avec un haut niveau de participation et de redevabilité.
Les réformes démocratiques, institutionnelles et de gouvernance sont vitales pour la prospérité économique, la paix sociale, et la sécurité nationale. La mise en œuvre de ces nouvelles modalités de gouvernance sera la tache politique la plus noble, la plus difficile et la plus complexe à accomplir.
L’Alliance est concernée par ces défis. C’est notre champ de redevabilité et nous assumons pleinement cette responsabilité qui nécessite par ailleurs, beaucoup d’habilités et de compétences politiques. Cette Alliance doit impérativement unir les tunisiens et non les diviser, elle doit consolider l’unité nationale et non la polariser, elle doit favoriser la coopération/compétition et non alimenter les fractures sociales ou idéologiques. Elle doit créer du sens à l’égalité, à la citoyenneté à la liberté et à l’Etat de droit.
Pour atteindre ses objectifs clairement définis dans son texte fondateur, cette Alliance a besoin de vous et de votre participation. Souhaitons bonne chance à ce nouveau né du printemps de Tunis.
(Source: « Tunisia Watch » le 30 juillet 2010)
Algérie: onze gendarmes tués dans le sud
(AFP) – 30/06/10 20:27 ALGER — Onze gendarmes algériens ont été tués mercredi à l’aube près de Tinzaoutine, à la frontière entre l’Algérie et le Mali dans le grand sud, par un groupe d’islamistes qui ont tendu une embuscade à leur convoi, a rapporté mercredi le quotidien El Watan. Les gendarmes ont été tués près de Tinzaoutine, dans la région de Tamnarasset, à quelque 2.000 km au sud d’Alger, alors qu’ils circulaient à bord de véhicules tout-terrain, a précisé le journal sur son site internet. Les assaillants ont également détruit ces véhicules et emporté les armes des gardes-frontières, a ajouté la même sourece. La région du Sahel connaît depuis quelques années une recrudescence des activités de trafiquants et contrebandiers en tous genres mais aussi de groupes affiliés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qui ont revendiqué plusieurs enlèvements de ressortissants étrangers. L’Algérie, qui a des frontières communes au sud avec la Mauritanie, le Mali, le Niger, a annoncé la semaine dernière qu’elle allait mettre en oeuvre une nouvelle stratégie en coordination avec les pays voisins dans la lutte contre le « terrorisme transsaharien », Cette nouvelle stratégie repose sur la coopération et le travail commun, la communication et la coordination afin d’intensifier les moyens de contrôle (…) et le renforcement de la bande frontalière par des unités de la Sûreté et de la Gendarmerie nationale pour lutter contre le terrorisme transsaharien, avait indiqué le ministre algérien de l’Intérieur. Les violences impliquant des groupes armés islamistes ont sensiblement diminué d’intensité ces dernières années en Algérie mais Al-Qaïda au Maghreb reste actif particulièrement dans l’est du pays. L’armée algérienne est « fermement » déterminée à éradiquer le phénomène terroriste, a affirmé mardi à Cherchel (ouest d’Alger) son chef d’état-major, le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah. Le chef d’état-major a estimé que les groupes armés n’avaient plus que deux options: « ou bien ils reviennent sur le droit chemin (…) et bénéficient des dispositions de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale ou bien subir le sort d’une mort certaine ». Cette charte, approuvée par référendum en 2005, prévoit des mesures de grâce en faveur des islamistes repentis qui renoncent à la violence.
Onze gendarmés tués dans une embuscade terroriste dans le sud de l’Algérie
AP 30/06/10 20:49 ALGER (AP) — Onze gendarmes appartenant au groupement des gardes frontières (GGF) ont été tués mercredi en début de matinée par un groupe armée islamiste faisant partie d’Al-Qaida au Maghreb Islamiste (AQMI) dans la localité de Tinzaouatine, à la frontière algéro-malienne, a appris l’Associated Press de sources proche du commandement national de gendarmerie. Les gendarmes, dont un officier, étaient en patrouille à bord de trois véhicules 4×4 quand ils ont été surpris par les membres du groupe armé embusqués derrière un rocher. Ils ont été attaqués au mortier et à la grenade, selon l’entourage du préfet de Tamanrasset, département dont relève la localité de Tinzaouatine, à l’extrême sud de l’Algérie. Aucun des gendarmes n’a survécu à l’attaque, ajoute cette même source qui indique par ailleurs que les membres du groupe armé ont pu récupérer des armes, des munitions et du matériel de communication, avant de mettre le feu aux trois véhicules de la patrouille. Cette embuscade terroriste, la plus meurtrière depuis le début de l’année 2010, survient douze mois presque jour pour jour après celle qui avait coûté la vie en juin 2009 à 15 gendarmes, dans la région de Bordj Bouarraridj (230km à l’est d’Alger). Mardi, le chef de l’état-major de l’armée algérienne a réaffirmé, en présence du président Abdelaziz Bouteflika, « la détermination » de l’institution militaire à éradiquer le terrorisme. AP
Le Maroc soutient la diffusion d’un coran uniformisé (ministre)
30/06/2010 16:31 RABAT, 30 juin 2010 (AFP) – Le Maroc a pris mercredi de nouvelles mesures pour renforcer la réforme du champ religieux en décidant d’éditer un « million d’exemplaires du coran uniformisé » et en adoptant un code sur « la gestion des biens religieux », a-t-on annoncé de source officielle à Rabat. « Le royaume a mis en place une Fondation Mohammed VI pour l’édition du saint coran Mohammadi » (ndlr: appellation qui fait référence au roi, commandeur des croyants au Maroc), selon Ahmed Taoufik, le ministre des Affaires islamiques et des Habous (biens religieux) dans une conférence de presse. « Cette fondation sera chargée de l’édition et de la distribution du livre saint dans les 50.000 mosquées du royaume pour uniformiser les exemplaires du coran avec une copie comme seule référence et une calligraphie standardisée », a ajouté le ministre. La fondation Mohammed VI devra désormais « accorder et agrémenter tous les exemplaires du livre saint », a précisé le ministre. Ahmed Taoufik a en outre affirmé que cette fondation « compte produire annuellement un million d’exemplaires du coran uniformisé ». « La moitié des exemplaires ira aux mosquées, un tiers aux pays d’Afrique de l’ouest et le reste destiné » aux lieux de culte fréquentés par « les résidents marocains à l’étranger », selon M. Taoufik. L’autre principale innovation concerne un code sur le « contrôle et la gestion des biens religieux et publics » confiés au ministère. Il a été décidé de créer un Conseil supérieur pour le « contrôle des finances des biens religieux » gérés par le ministère des affaires islamiques. Quelque 80.000 hectares et 48.000 maisons et magasins constituent l’essentiel du patrimoine des Habous. La valeur approximative de tous ces biens est estimée à un milliard de dirhams (90 millions d’euros). Selon le ministère cette évaluation « reste approximative ».
Media Freedom in the Arab World
Unchecked Farce
The Yemeni army besieges a newspaper to prevent a certain item of news from entering the public domain. In Kuwait journalists are convicted for uncovering a rigged horse race: Arab regimes are making a laughing stock of themselves as they endeavour to restrict the freedom of the media. By Hamid Skif | Life is tough for journalists in the Arab world right now – a lamentable fact confirmed as the world marked Press Freedom Day last May. While this freedom continues to be improved and enhanced on the rest of the planet, the Arab world is experiencing Kafkaesque situations in this regard. Every attempt to express a free opinion is, also through the application of force, nipped in the bud. Wayward journalists are imprisoned or beaten up, with or without the addition of seemingly grotesque trials, newspapers are shut down or providers of satellite media are pressured to block critical radio or television programmes broadcast from abroad. Algeria and Saudi Arabia have excelled at this in particular. Arab regimes appear to enjoy making themselves look risible, with actual cases such as that of the journalists convicted for uncovering a rigged horse race in Kuwait, or publishing a caricature of a cousin of the Moroccan leader. Not to mention the occasion when the Yemeni army besieged a newspaper to prevent an item of news entering the public domain. It appears that power elites everywhere have put their heads together and agreed that no free media should exist on their territory. This is certainly nothing new, but the fact that the situation persists is evidence of just how inflexibly and obstinately these regimes cling to the status quo. The Internet: In league with the devil | The new hobby of Arab dictatorships is control of the Internet, which is viewed as a force in league with the devil. Although access to the Internet is infinitesimal, the web has become an enemy against which special laws were enacted and special units mobilised. The concept of « Internet crime » – a term that covers everything deemed by censors to represent an attack on morals and criticism of the contemptible deeds of the regime – has already notched up dozens of victims within the blogger community. Not a week passes without an arrest or a trial providing the secret headlines to this fight for freedom, a fight that seldom has repercussions abroad. The repression is organised at whim, in the firm conviction that the support of western countries, which was exchanged for complicity, silence at the UN or several economic advantages, nips any impulse for protest in the bud. Appeal for a free television service The state of Arab media is neatly summed up by an appeal recently issued by three journalists for a peaceful demonstration outside an Algerian television station nicknamed by the general public « orphan » or « the one and only »: « There is no way around the realisation that there has been terrible retrogression as regards general freedoms, and in particular press freedom, » they write, and continue thus: « Censorship dominates all areas of public expression. The freedom of print media to decide themselves which tone to adopt, a freedom that also always served the regime as an advertisement for its farcical understanding of democracy, is today markedly impaired and has been fitted with a gag that was not there before. | « We call on Algerians to mobilise themselves to demand the opening of audio visual media to independent initiatives, the lifting of controls on public media, to liberate images and sound, and hand Algerian television over to the Algerians, so that it can fulfil its true function as a public service. It is time to allow Algerians to set up alternative broadcasters that better represent them and reflect the political and social reality of our country. » The authors of this text, which could have been written, with minimal amendments, by any Arab journalist, were temporarily detained by the police on May 3rd and interrogated over a number of hours. The Algerian State Secretary for Communication postponed the liberalisation of audiovisual media until 2015, thereby contravening a law on media reporting passed in 1990. A catalogue of repression from Tunisia to Israel It is hardly better elsewhere. Alongside Syria, Libya, Saudi Arabia and Yemen, Tunisia is, under the undivided power of President Zine el-Abidine Ben Ali, right up there on the hit list of most repressive countries with respect to freedom of expression. When the Tunisian journalist Tawfik Ben Brik was freed after six months in jail for criticising the presidential « elections », we discovered that the appeal hearing of his colleague Fahem Boukadous was postponed until June 22nd due to continued hospital treatment. Boukadous had been sentenced to four years in prison for his coverage of violent labour demonstrations in the Gafsa mining region for a satellite broadcaster. In his case, the regime did not even think it necessary to fake a trial using every trick in the book, as they were wont to do for Ben Brik and the human rights activist Zouhaïer Makhlouf, victim of a proper beating at the hands of Tunis police officers on April 24th. As far the Gulf states are concerned, Kuwait has just joined the group of countries that demonstrate impatience with anyone attempting to express a free opinion: the persecution of the writer and journalist Mohamed Abdel Qader al-Jassem, detained on May 18th for something he had written in the year 2006, bears testimony to this. The author, a victim of the Prime Minister’s grim determination, has now embarked on a hunger strike despite his precarious health. In the Israeli occupied territories, Palestinian journalists are repeatedly subjected to harassment by the Israeli army, especially in the vicinity of the separation barrier that the occupier is currently erecting through Palestinian areas. More than 60 aggressions of this nature have been recorded since 2009. The Israelis are trying to stem the flow of all information coming out of the Palestinian territories, and Israeli security forces set their sights in particular on cameramen and women, as well as photographers. But unfortunately, this persistent aggravation of Palestinian journalists finds no echo in western media. A lack of credible organisations | In view of the present situation in the Arab world, it would be hard to imagine the existence of any trade union organisations with clout. But the fact that such organisations are lacking is a great handicap for a profession that is exposed to all manner of abuse. Any national organisations that do exist are just empty husks. These are simply propaganda tools of regimes that are masters in the conformity of every free initiative. For example, during a Union of Arab Journalists congress in Tunis last May, the Tunisian president received an award for his contribution to the defence of press freedom. There may have been the odd attempt to establish forums or independent leagues, to do something to counter this lamentable situation. But the power of indolence, combined with common interest networks and complicities between the regime and some journalists and media bosses, denies these organisations any possibility of truly making a difference. Those that are financed by other countries or foreign organisations are regarded as puppets of the West. Of course governments encourage such mistrust, but despite their flaws, these organisations are the only ones reporting on the lonely battle of Arab journalists in a region where populations are being robbed of their basic rights. Hamid Skif © Qantara.de Hamid Skif is an Algerian journalist and writer living in Hamburg. Translated from the German by Nina Coon Editor: Lewis Gropp/Qantara.de
(Source: Qantara.de le 25 06 2010)