29 septembre 2010

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TUNISNEWS
10 ème année, N° 3781 du 29.09.2010
 archives : www.tunisnews.net 


Reporters sans frontières: Fin de la grève de la faim du directeur du journal d’opposition Al-Maouqif Luiza Toscane: 30 septembre 2009-30 septembre 2010 – Qu’est-il advenu de Walid Hosni ? Le soir:  Le bruiteur tunisien qui s’amusait à contrarier « Ben Avi » Yahyaoui Mokhtar: Abus de prévilèges Omar Khayyam: Interview de Monsieur Radio Kapitalis: Tunisie. La Ghriba racontée par… un commandant de police Realités: Une victoire aux conséquences redoutables The Daily Mirror: Mum abandons kids to marry Tunisian lover she met on internet


 

Reporters sans frontières Communiqué de presse 29.09.2010 Tunisie

Fin de la grève de la faim du directeur du journal d’opposition Al-Maouqif


Le directeur de l’hebdomadaire d’opposition, Al-Maouqif, Ahmed Néjib Chebbi a mis un terme le 28 septembre 2010 à 18h30 à sa grève de la faim, entamée six jours plus tôt (http://fr.rsf.org/tunisie-une-greve-de-la-faim-illimitee-24-09-2010,38436.html). Il a été suivi par Maya Jribi, secrétaire générale du Parti démocratique progressiste (PDP), dont Al-Maoukif est le journal, qui s’était jointe à lui, le 27 septembre 2010. Pour répondre aux protestations de la direction de l’hebdomadaire, le ministère de l’Intérieur avait autorisé l’impression, puis la livraison, de la totalité des numéros imprimés dans les locaux du journal, le 27 septembre 2010. Cependant, les forces de police empêchaient toujours leur diffusion en kiosque. C’est seulement le 28 septembre 2010 en fin de journée, que la Socopress, société chargée de la diffusion de la presse, a assuré la distribution des exemplaires du numéro 561 de l’hebdomadaire. Interdit de publication pendant près d’une semaine, l’hebdomadaire d’information Al-Maouqif est soumis depuis plusieurs mois à une série de pressions de la part du gouvernement tunisien (http://fr.rsf.org/tunisie-censure-du-dernier-numero-de-l-21-07-2009,33846.html). Le journaliste Fahem Boukadous est toujours détenu à la prison de Gafsa. Incarcéré depuis le 15 juillet dernier, le cameraman de la chaîne privée El-Hiwar Ettounsi et sa famille subissent intimidations et vexations de la part de l’administration pénitentiaire et de la police (http://fr.rsf.org/tunisie-50e-jour-de-detention-pour-fahem-01-09-2010,38256.html). Souffrant de problèmes gastriques et gravement asthmatique, Fahem Boukadous voit ses rendez-vous avec le médecin systématiquement reportés. Le journaliste a été pris d’une nouvelle violente crise d’asthme, le 22 septembre 2010. Afin de l’isoler de ses codétenus militants comme lui des droits de l’homme, Hassen Ben Abdallah a été placé dans un autre pavillon. Zouhayr Zouidi a été roué de coups et transferé de force dans un autre lieu de détention. A chacune de ses visites à Fahem Boukadous, son épouse, Afef Ben Nasser est sujette à des intimidations de la part du personnel de la prison. Lors de leur dernier entretien au parloir, leurs échanges ont de toute évidence été écoutés.


30 septembre 2009-30 septembre 2010

Qu’est-il advenu de Walid Hosni ?


 Il y a un an disparaissait Walid Hosni, né en 1987, étudiant inscrit en troisième année à l’Ecole supérieure des sciences et techniques de santé (ESSTS). Sorti du domicile familial de la cité Nasr de Naassen (gouvernorat de Ben Arous) à 6 heures et demi du matin, sans avoir emporté avec lui argent, papiers ou vêtements, il n’a jamais été revu. Son père, Salah Hosni, l’a cherché en vain dans les hôpitaux ou les casernes d’enrôlement et a informé les autorités de la disparition de son fils, le Procureur près le tribunal de Ben Arous ainsi que le Haut comité des droits de l’homme du ministère de l’Intérieur. Il a déposé une seconde plainte le 15 novembre et un procès verbal a cette fois-ci été rédigé à la garde nationale de Naassen. Par la suite il a été convoqué au poste de la Sûreté de Mourouj. Des agents en civil de la garde nationale de Mourouj ont mené des investigations au domicile des Hosni, les assortissant de questions relatives aux pratiques religieuses de Walid et ont perquisitionné la chambre de l’étudiant. Idem avec les agents du ministère de l’Intérieur qui ont réitéré les questions relatives à la prière et aux amis du jeune Walid. Le 10 avril 2010, le père de Walid a rappelé au Procureur sa plainte précédente et sa demande de recherches de son fils. L’association Alkarama (Suisse) a saisi le Groupe de Travail de l’ONU sur les disparitions forcées. Jusqu’à ce jour, les autorités tunisiennes, interpellées, n’ont pas réagi. Les autorités ont tenté d’accréditer l’idée auprès de la famille du jeune Hosni que leur fils aurait quitté la Tunisie, ce qu’elles ont refusé, -ne venait-il pas de s’inscrire en troisième année pour l’année 2009-2010 ? Salah Hosni, persuadé que son fils est en Tunisie, a exigé qu’on lui donne de ses nouvelles, mort ou vif. Pour rappel, la Tunisie a signé la Convention sur les disparitions forcées mais ne l’a pas ratifiée. A ce jour, il manque toujours la signature d’un pays pour que cette convention entre en vigueur. Après Kamel Matmati et Abbes Mellouhi, Walid Hosni est en Tunisie la dernière victime en date d’une disparition forcée. Luiza Toscane


Le bruiteur tunisien qui s’amusait à contrarier « Ben Avi »


PARIS

DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL  

Taoufik Ben Brik se rencontre chez lui, en banlieue tunisoise, ou dans le fumoir d’un hôtel à Paris. Des endroits, en tout cas, où il peut donner libre cours à son incorrigible tabagisme. Mais cela ne suffit évidemment pas à classer cet inclassable. Résumons. Ce journaliste tunisien atypique, mélange d’emmerdeur, de bouffon, de hâbleur, de mégalo et de… poète s’est forgé l’image d’un opposant au régime du président Ben Ali. Presque à son corps défendant, car il n’a jamais songé à faire de la politique. Mais la politique est dans tout. Surtout quand on passe son temps à décrire la vie quotidienne dans une dictature banale.

Cette posture, rare et assumée, lui valut des tracasseries. Qui le poussèrent à mener une grève de la faim, à devenir célèbre. Nous étions en 2000. Mais « on » trouva plus subtil. Une plainte à Paris, quatre ans plus tard, d’une Tunisienne qui l’accusait de l’avoir violentée et violée, rien moins.

« Personne n’a voulu se mouiller pour me défendre, se souvient-il en fronçant ses gros sourcils. Même pas Reporters sans frontières. Sauf un seul homme, l’avocat William Bourdon. Ils avaient réussi leur coup. Il y avait une tache. Je n’étais plus fréquentable. L’emmerdeur, le bruiteur, se taisait. » Cela s’appelle une traversée du désert.

Puis le régime commit une erreur de débutant. La récidive maladroite qui éclaire tout le monde. Octobre 2009. Ben Brik se retrouve embastillé à Tunis sur la plainte d’une femme qu’il aurait soudain violentée en pleine rue en allant chercher sa fille à l’école. A quelques jours des élections et après quelques papiers impertinents publiés notamment sur le site du Nouvel Obs’. Dont coût : six mois de prison. Ferme et immédiate.

« Là les soutiens ont afflué. Grâce non pas à la mobilisation des Tunisiens de l’opposition, qu’on a peu entendus, mais en raison des appels incessants de ma femme. Même Kouchner a émis une protestation peu diplomatique. Même Bertrand Delanoé (le maire de Paris),l’ami de Ben Ali, m’a soutenu. Et quand je suis sorti, cela a été un vrai tourbillon médiatique planétaire. Les journaux américains, les télévisions arabes par satellite,même une chaîne japonaise ! »

Mais que justifie donc l’acharnement flatteur dont il fait l’objet ? « Ils ne me pardonnent pas mes écrits. Parce que je suis le bouffon qui leur dit : “Vous êtes des hommes, seulement des hommes.” Il faut aduler ceux qui résistent à ce dictateur de 2edivision. Mais la plupart ont choisi l’exil ou ont lâché prise. Il en reste quelques-uns qui vocifèrent, qui crient qu’ils veulent décider ce qu’ils font de leur vie, qu’ils veulent même décider qui haïr, y compris celui qui nous gouverne depuis vingt-trois ans. »

Zine el-Abidine Ben Ali ! Non, « Ben Avi » (la contraction de « Ben Ali à vie », NDLR), corrige-t-il d’un sourire fugace. « Il n’aime pas les surnoms dont je l’affuble. Il y en a des dizaines. comme celui-ci : (Ben) Naïli (semelle usée). Résultat : je vis avec une garnison de policiers déployée autour de chez moi. »

L’affaire de la plainte à Paris de 2004 vient tout juste de se clore, la semaine passée. Par une relaxe de Ben Brik. Et un désaveu pour Ben Ali. « Je ne suis pas étonné, mais soulagé quand même. Il avait pourtant mis beaucoup d’argent. Il a bien exploité l’affaire, j’ai payé pendant six ans. Deux de mes frères ont été incarcérés. Il a remis cela avec l’avocat Mohammed Abbou. Il a fait durer l’affaire par tous les recours possibles, tout cela pour aboutir en appel à une relaxe pure et simple. Et maintenant, cent vingt journaux dans le monde en ont parlé ! » L’arroseur arrosé, une seconde fois.

Ce qui n’empêche bien sûr pas Ben Ali de penser déjà à sa réélection, bien qu’il sera alors trop âgé, ce qui nécessitera une révision constitutionnelle, une simple formalité. Une campagne d’appels populaires massifs se développe déjà pour 2014 dans la presse aux ordres. « Mais quoi ? A-t-il besoin d’une telle mascarade ? Il a tout en main ! La police, l’armée, le parti unique, deux millions d’adhérents, l’argent… A quoi ça rime ? Je serai le dix millionième à l’implorer de rester à la présidence, à exiger le rétablissement de la présidence à vie qu’il avait abolie en 1988. Il mérite bien cela pour tous les bienfaits dont il nous gratifie. Et on oubliera les méfaits. »

Un brin d’ironie ne fait pas de mal. Mais ce vernis ne tient guère à l’évocation du soutien de l’Union européenne à « Ben Avi », laquelle commence les négociations avec Tunis pour lui décerner un statut avancé. « C’est… la couardise de l’Occident. Lequel se demande où trouver une si belle canaille que lui, quelqu’un qui tient bien la boutique. D’ailleurs, il a réussi un truc inimaginable : il a tué toute conscience sociale ou politique en Tunisie, toute conscience tout court. Il n’y a plus rien, plus de syndicat, plus de presse, plus de justice, plus d’opposition, plus de Ligue des droits de l’homme.Que reste-t-il ? Quelques chefs de gang sans gang, dans mon genre. Mais qui suis-je sinon un bruiteur dans un pays qui vit une ère politique préhistorique au sein d’un continent africain lui-même retardataire ? »

Le bouffon ne rit plus. Le poète est las. Il le dit. « Il n’y a pas un seul pays démocratique dans le monde arabe, pourquoi laTunisie sortirait-elle du lot ? Qui l’autoriserait ? Nos grands voisins ? L’Occident ? Mais non ! Je crois que l’Occident ne pense pas que nous sommes des êtres humains. Car on nous laisse avec cette dictature dont même un chien ne voudrait pas. Dites-moi quand je pourrai boire un café en paix sans être entouré par une cohorte d’hommes en costumes noirs ? On est fatigué. On veut vivre. »

Un ange passe. L’avenir ?« Je vais continuer à écrire. J’ai même un projet qui me tient à coeur : un mensuel, qui sortira à Paris puisqu’il sera interdit en Tunisie. Le Bruiteur, El B’rah, en arabe. Dix mille exemplaires bilingues. Avec plein de collaborateurs. Et RSF. Il y a un risque que cela ne plaise pas. » Vraiment ?

 

BAUDOUIN LOOS  

Nom : Zoghlami Ben Brik, dit « Ben Brik ».Nom : Zoghlami Ben Brik, dit « Ben Brik ». Prénom : Taoufik. Naissance : 9 novembre 1960 à Jérissa. Résidence : banlieue tunisoise. Physique : 1 m 73 environ, corpulence forte, santé fragile. Etat civil : marié à Azza Arad, deux enfants. Profession : journaliste, poète, écrivain (une dizaine de livres), censuré dans son pays. Langues : arabe, français. Casier judiciaire : six mois de prison ferme en 2009. Qualités : indocile, courageux, têtu, ironique tendance féroce. Défauts : fumeur pathologique, franc-tireur indolent, provoque les penalties mais refuse de les tirer. Signe particulier : déclaré inapte à la vie sous la tyrannie.

(B. L.)  

(Source: « Le Soir » (Quotidien – Belgique) le 29 septembre 2010)


Abus de prévilèges


Il y a des sujets dont on s’en passerait volentier d’en parler meme si on est un irreductuble opposant à la façon avec lequel le pays est gouverné comme je le suis. Ce n’est pas la peur des répercussions qui me retiens, mais un inexplicable malaise face à autant de mépris et d’abus qui rongent nos institutions au point de désesperer de toute voie pacifique de salut. Je voulais parler de cette anachronique et obsolète machine de propagande qui continue de ravager notre paysage médiatique au mepris de notre intelligence et des régles les plus élementaires d’entendement commun. Il serait caduc de parler aujourd’hui de cette guerre continue contre toute forme de liberté d’expression qui a été instaurée dans notre pays non plus comme un mécanisme d’exercice du pouvoir mais comme une nature propre à ce dernier au point que notre pays est devenu universellement connu comme l’un des plus fermé à la liberté d’opinion d’expression et de la presse. Pire encore, on est parvenu aujourd’hui à un etat de paranoa géneralisée ou chacun a son propre diagnostic de la situation, son coupable et la sentance de son jugement sur la situation. On ne distingue plus l’idée de son auteur ni le contenu des intententions secretes dont on peut relever. Chacun est étiqueté et classé comme dans un musée des médiocrité. La suffisance et la suspicion géneralisée font chanter chacun la gloire de sa propre vérité. La Tunisie n’existe plus ni dans un supposé contrat social ni dans un prétendu projet de société, tel une proie abandonnée, la seule préoccupation qui semble prévaloir est comment etre le premier à s’en emparer. La politique est devenue un domaine de prédiléction de vautours et de charognards affamés. Nous sommes parvenus à un point ou il est devenu impossible de ne pas apercevoir les signes de dislocation de l’etat. La propagnde aussi puissante et omni présente qu’elle soit ne reussi plus a dissimuler cette réalité de manque de projet, de désenchantement national, d’outrage d’abus de prévilèges. Je ne pense plus que la stratégie d’opposition qui consiste à mettre de la pression sur le pouvoir pour dénoncer ses derives et ses abus constitue encore le bon moyens d’action pour un véritable changement. Il y a un seuil audela duquel toute situation en etat de pourrissement ne suscite plus que l’instinct contradictoire de rejet ou de rétention. Notre situation actuelle est arrivée à ce point. Ceux qui sollicitent aujourd’hui le maintient de Ben Ali pour 2014 ne sont que sont expression, il ne voit aucun avenir pour la Tunisie sans lui commen ils l’ont expressement dits. De l’autre coté il y a ceux qui n’en voit aucun avant son depart du pouvoir. Entre ces deux extremes il n’y a plus rien sauf le vide et la saut dans l’inconnu. Essayer de vanter les vertus du dialogue, de la concorde et de la solidarité de tous les tunisiens maintenant, c’est faire abstraction d’un etat de fait incompatible avec toute réconciliation. Meme si on voulais faire semblant de méconnaitre la réalité la propagande est là pour nous le rappeler avec des faits d’actualités quotidiens dont on déploie des moyens inouies à carecteriser la comedie. Il y a trop de priviléges que seuls quelques individus sont entrain de beneficierau point qu’ils débordent les simples avantages économiques aussi enormes soient-ils pour investir le champs politique avec une déroutante désinvolture et médiocrété. Je ne pense pas avoir besoin de rapporter des faits spécifiques que personne n’ignore encore mais je veux tout simplement dénoncer l’indécence de ce déballage outrageux de priviléges mal acquis au mépris de notre sens de notre tunisianneté. Yahyaoui Mokhtar – Tunis le 29 septembre 2010
 
(Source: « Tunisia watch » le 29 septembre 2010)


 

Je l’appelle Monsieur Radio, car il refusé de me donner son nom. Je l’ai rencontré par hasard, en empruntant les escaliers menant au bureau de la Sûreté de l’État où mon premier et dernier interrogatoire a eu lieu. La porte de son bureau était ouverte. Ce qui a attiré mon attention, c’était le dénuement extrême de son bureau. Il n’y avait ni ordinateur, ni dossiers, ni papiers, ni crayon ! Le seul objet posé sur son bureau était un robuste poste radio. Il écoutait la radio avec un intétrêt suspect. La nature de son travail m’a intrigué, mais je n’avais pas eu le temps de l’interroger, car mes interrogateurs étaient en train de m’attendre. À la fin de mon interrogatoire, j’ai emprunté le même chemin pour sortir du sinistre Ministère. Le bonhomme était toujours en train d’écouter attentivement la radio. Pour ne pas interrompre son « activité » insolite, je l’ai salué par un hochement de tête et posé ma carte de visite sur son bureau. Incroyable mais vrai, il m’a appelé pour savoir ce que je voulais de lui. Je lui ai dit la vérité, toute la vérité, rien que la vérité: je voulais l’interviewer. Il a accepté, à condition de garder l’anonymat. Omar K. : En quoi consiste votre travail ? Monsieur Radio: J’écoute la Radio Nationale. O. K. : Pourquoi ? M. R. : Rien ne doit échapper à la Sûreté de l’État. Nous sommes constamment à l’affût du moindre dérapage ou lapsus, surtout au cours des émissions en direct. O. K. : Vous écoutez tout ? M. R. : Absolument tout. O.K. : Même les chansons et les appels à la prière ? M. R. : Je ne rate rien. Je suis payé pour ça. O. K. : Vous n’allez pas me dire que vous écoutez aussi les discours de Ben Ali ? M. R. : J’écoute aussi les discours du patron. Ça me cause parfois des maux de tête, mais je ne me plains pas. Chaque métier exige des sacrifices. O. K. : Je ne comprends toujours pas pourquoi vous écoutez les discours du big boss ? M. R. : Vous êtes vraiment stupide. Qui nous dit qu’un technicien fou de la radio ne glisse pas entre les phrases du Président des extraits de la chanson Dalida:  » Parole, parole, parole … » ? O. K. : Si un besoin naturel se présente pendant votre travail, que faites-vous pour ne rater aucune seconde radiophonique ? M. R. : La Sûreté de l’État a tout prévu. Même la grosse commission ne nous détourne pas de notre mission. Je dispose de deux radios baldeurs dans les tiroirs de mon bureau. O. K. : Vous avez la radio à la maison ? M. R. : Non. Je demanderais le divorce, si un jour ma femme achète un poste radio. Lorsque je rentre chez moi je n’ai envie ni de radio ni de télé. Je passe la soirée à jouer aux cartes avec des voisins. On parle peu. On se contente de jouer. J’ai interdit à mes compagnons de jeu de mettre de la musique pendant ces parties. O. K. : Mais il y a des femmes au foyer qui passent toute la journée à écouter la radio sans s’ennuyer ! M. R. : C’est différent. Dans ma mission, j’ai pas droit à la distraction. Au travail, je dois être concentré tout le temps.  O. K. : De quoi sont faits vos rêves ? M. R. : Ce qui est bizarre c’est que tous mes rêves sont constitués de sons sans images ! O. K.: Votre dernier rêve sonore ? M. R. : C’était plutôt un cauchemar. Une voix qui annonce à la radio, aux premiers gazouillements de moineaux:  »   Citoyens, citoyennes, Les énormes sacrifices consentis par Président Zine El Abidine Ben Ali, deuxième Président de la République Tunisienne, en compagnie d’hommes valeureux, pour la sécurité de la Tunisie et son développement sont loin de se compter. C’est pour cette raison que nous lui avons voué affection et estime et œuvré de longues années durant, sous sa direction, avec confiance, fidélité et abnégation, à tous les niveaux, dans les rangs de notre armée nationale et populaire et au sein du gouvernement. Face à sa sénilité et à l’aggravation de son état de santé et nous fondant sur le rapport y afférent, le devoir national nous impose de le déclarer dans l’incapacité absolue d’assumer les charges de la Présidence de la République. «   

Tunisie. La Ghriba racontée par… un commandant de police


 
Après avoir publié, en 2008, ‘‘Sidi Brahim des neiges… sur les traces du 4e Régiment de Tirailleurs Tunisiens’’, le premier livre de Paul Nicolas, commandant de police français à la retraite résident à Metz, en France, mais très attaché à la Tunisie, où il effectue de fréquents voyages, MC édition, dirigée par Lotfi Essid, récidive et publie le second livre du même auteur intitulé ‘‘La Ghriba, pèlerinage juif en terre d’Islam’’ Juifs se recueillant en terre d’Islam Dans cet ouvrage, où il allie récit de voyage et témoignage de ferveur, Paul Nicolas retrace l’histoire et l’actualité de la plus ancienne synagogue d’Afrique, où, tous les ans, plusieurs milliers de pèlerins membres de la diaspora juive tunisienne viennent du monde entier pour «se recueillir sur cette terre d’Islam». «Passionné par la Tunisie depuis de nombreuses années, un heureux concours de circonstance m’a permis de participer au pèlerinage de la Ghriba en mai 2004 et de découvrir Djerba, l’île des Lotophages, qui mérite plus qu’un détour pour s’imprégner de son authenticité et de son esprit de tolérance séculaire», écrit M. Nicolas dans la préface de son ouvrage. Tout en racontant son vécu de chrétien dans ce lieu sacré juif, l’auteur porte aussi un éclairage sur la communauté juive de Tunisie et celle de Djerba «qui constitue une véritable mosaïque dans ce pays arabe et musulman.» Paul Nicolas raconte l’histoire (ou plutôt la légende) de la Ghriba, qui signifie «la mystérieuse, la solitaire ou l’étrange», temple qui aurait été érigé en 586 avant J.-C. «par les descendants de Juifs ayant fui la Judée, après la destruction du premier Temple de Salomon par les Babyloniens du souverain Nabuchodonosor II.» Un exemple unique au sud de la Méditerranée Au fil des pages, et dans un style direct et simple, l’auteur va «à la découverte de cette communauté juive, attachée à son histoire, à ses traditions et qui cohabite en bonne entente avec la population musulmane.» Il n’oublie pas de rendre hommage aussi à la tolérance des habitants d’une île où la coexistence entre les communautés musulmane, juive et chrétienne offre un exemple quasi-unique au sud de la Méditerranée. Quelques photos illustrent le livre qui se termine par un glossaire, la présentation du calendrier hébraïque et des fêtes musulmanes,  et un tableau recensant la population juive tunisienne par localité et par année (1909-1976). Pour marquer l’événement, MC éditions a programmé une rencontre-dédicace, le vendredi 22 octobre, à 18h30, à la librairie Art Libris, à Salammbô, en présence de l’auteur, et une autre, le jeudi 4 novembre, à 18h, à la librairie Hisler-Even, à Metz, dans le cadre des manifestations de l’association Journées européennes de la culture juive-lorraine.
 
 


Mum abandons kids to marry Tunisian lover she met on internet


29/09/2010 A woman has been branded Britain’s worst mum after abandoning her kids to marry a penniless Tunisian she met on the internet. Wendy Paduch, 26, said she would stay in Tunisia for just a week when she left eight-year-old Natasha and Dylan, five, with her mother in July. But she ended up marrying 21-year-old Wajdi Jouini – and three months later she is still there. Last night her mother Beryl, 59, who has been struggling to look after the children, pleaded with her to come home. She said the kids really miss her – especially little Dylan, who will be six next week. Beryl said: « Her little boy’s birthday is coming up and I want her to be there. He misses her and all he wants for his birthday is his mum. » Daughter Natasha added her own tearful plea: « She has been away too long and I’m really missing her. » But wanton Wendy made it clear what she thinks in a recent message to friends: « We are in love so f*** u all. » Wendy, from Grimsby, Lincs, met jobless Wajdi on social networking site Facebook and spent weeks exchanging messages before she flew out to meet him. She and a pal packed just a single suitcase for a planned week’s holiday. They travelled to the remote Tunisian town where Wajdi lived with his family in a dilapidated house hundreds of miles from the nearest city. The pair were welcomed with open arms by Wajdi’s family. But when it came time to leave, Wendy told her shocked pal that she was not going to return home. Weeks later the couple posted happy pictures of their surprise wedding on their Facebook pages. A video shows Wendy smiling and dancing in her white wedding dress and veil with Wajdi’s female relatives. Advertisement – article continues below » Relatives cheer and clap as Wajdi, dressed smartly in a black suit and tie, grabs hold of his new wife. They waltz around the room as an eight strong band of musicians play. The family look clearly overjoyed, cheering and clapping Wendy as she dances while around 50 guests watch from plastic chairs. In another message, Wendy said: « What ever you all think of me I am not a bad mom. If you all know the love you will understand. I don’t care what you all think. » But back home, her friends and family have grown increasingly angry. Her mother Beryl said: « She kept staying, she hadn’t any money to come home. I couldn’t send her any because all my money was going on looking after her kids. « A friend sent her £200 to come home last month but she didn’t. I was getting frantic. My daughter was thousands of miles away, married to someone I’d never met. « The kids had been fine with her going because they thought she’d be back. « I kept asking Wendy, ‘What about the kids?’ but she’d ask if it was OK to stay for another week. Then one week became two then three and still she didn’t return. » Despite everything, Beryl said the children are safe with her. She said: « Their father is in prison, so I’m all the family they’ve got. Nothing will happen to them as long as I’m here to look after them. » A spokesman for Humberside Police said that they were looking into the case but added that Wendy had not been reported as a missing person. A North East Lincs Council spokesman said: « We are unable to talk about individual cases. However the local authority takes the safety and welfare of every child very seriously. »
 


Une victoire aux conséquences redoutables


Foued Zaouche Les dernières élections turques m’ont laissé un goût amer avec la victoire de l’AKP qui sonne le glas d’une Turquie laïque car, à plus ou moins longue échéance, l’ambition cachée de ce parti politique se révélera aux yeux des Turcs et du monde entier. Que signifie cette victoire ? La réforme de la constitution, voulue par le référendum, limite les prérogatives de l’armée qui sera dorénavant muselée, l’empêchant d’être la gardienne de la laïcité comme l’avait décidé le père de la Turquie moderne, Mustapha Kemal. Les résultats des élections remportées par l’AKP sont de 58% contre 42%, une victoire que l’on peut qualifier de large, saluée d’ailleurs par la Bourse d’Istanbul tant il est vrai que l’essor économique de la Turquie est réel en rappelant qu’elle est devenue la quinzième puissance économique mondiale. Les islamistes au pouvoir ont à présent un boulevard qui s’ouvre devant eux pour appliquer leur programme. La Turquie va probablement nous offrir un exemple extrêmement significatif de la prédominance d’un parti islamiste dans une démocratie jusqu’alors laïque. Il est acquis avec cette victoire, que l’AKP va pouvoir lentement mais sûrement développer sa politique, et montrer aux yeux de tous, la réalité de son programme. Nous allons comprendre la signification réelle du terme d’islamiste qui définit ce parti car, jusqu’alors, celui-ci s’est avancé caché, échaudé par sa précédente expérience, qui avait été interrompue par l’armée dans les années quatre-vingt. La question qui se pose est : que peut vouloir et que peut obtenir un parti islamiste au pouvoir dans une société moderne ? Certainement pas établir la lapidation des femmes pour adultère ni couper la main des voleurs comme dans certaines sociétés rétrogrades. On voit mal la Turquie imposer des châtiments corporels, ni des contraintes vestimentaires comme la burqua ou le tchador. Par contre le foulard sera de mise, symbolisant la législation qui définira le statut de la femme comme un être juridique inférieur, ce qui laisse supposer que celle-ci ne pourra plus disposer d’un compte en banque personnel sans l’autorisation de son mari, ni qu’elle ne pourra plus voyager seule, deux décisions emblématiques suivies par d’autres mesures plus vexatoires les unes que les autres envers les femmes. Les mœurs sont le domaine privilégié des islamistes, car ces gens se piquent de morale et de vertu. Ils ont l’ambition de régenter la société, adieu donc à la liberté de penser, et surtout gare a celui qui oserait affirmer son athéisme. L’ensemble des individus, lentement mais sûrement, vivront la séparation des sexes dans les lieux publics tels que les piscines et autres espaces ludiques, dans les hôpitaux, dans les écoles à l’image de ce qui se passe dans les mosquées. C’est cela ce que représente le fait de se définir comme islamiste, même soft, car il ne sert à rien de se déclarer comme tel, si ce n’est pas pour imposer ce type de réformes sociales. On pourrait me rétorquer ce qui me permet d’affirmer que l’AKP appliquera ces mesures ? Celles-ci constituent le programme minimum d’un parti islamiste. L’économie n’aura pas à souffrir par l’instauration de ces lois islamiques, car la philosophie de l’islamisme est capitaliste, et protège la propriété individuelle, mais cette société n’est pas égalitaire car elle est par essence patriarcale et les femmes sont considérées comme des mineures, dont la vocation naturelle est d’être les gardiennes du foyer même si la Turquie moderne ne peut se priver de la force de travail des femmes sans se pénaliser fortement. Evidemment l’alcool sera interdit pour les musulmans et une police des mœurs fera son apparition pour surveiller et contrôler toutes les interdictions, qui seront érigées pour obtenir la société idéale dont rêve tout islamiste qui se respecte. La notion d’un individu libre et responsable sera remplacée par un individu soumis à un ordre moral. La règle « Ta liberté s’arrête où commence celle de l’autre » sera remplacée par : ta liberté est soumise à celle de l’ensemble de la communauté, ta liberté n’a de sens que dans l’obéissance. C’est cette notion de la primauté de la communauté sur l’individu qui vide de sa substance, l’esprit même de la démocratie qui est censée être, l’expression d’individus libres dont chacun dispose d’une opinion. C’est le problème de ces sociétés qui veulent imposer un ordre moral et qui finissent toutes obligatoirement dans la dictature. Il reste à espérer que les 42% qui ont voté contre la réforme redeviennent un jour la majorité, car nous avions porté beaucoup d’espoirs en une Turquie laïque pour promouvoir un Islam intelligent ouvert sur le futur.
 
(Source: « Realités » (Quotidien – Tunisie) le 27 septembre 2010)  

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