29 mai 2011

TUNISNEWS
11 ème année, N°4023 du 29.05.2011


AFP: Echaudée par un possible report des élections, la rue tunisienne s’exaspère

AFP: Tunisie: le gouvernement projette un plan de développement de 125 milliards de dollars

Webdo: Rached Ghannouchi : Ben Ali est derrière les attentats contre des hôtels de Sousse et de Monastir

Le Temps: Le Pole Moderniste Démocratique voit le jour

La Presse: Election de la Constituante : le 24 juillet ou le 16 octobre? – La date de la discorde

AfricanManager: Caïed Essebssi informe les Tunisiens, via presse étrangère, sur leurs propres affaires !

France Soir: Tunisie en convalescence

La Nouvelle Republique: Et si les islamistes gagnaient ?

L´Express: Tunisien, il est discriminé à l’achat d’un presbytère


Echaudée par un possible report des élections, la rue tunisienne s’exaspère


AFP 29/05/11 11:28
 
TUNIS – Face aux tergiversations des décideurs tunisiens sur la date de l’élection d’une Assemblée constituante, qui pourrait bien être reportée de juillet à octobre, les citoyens ordinaires s’impatientent et réclament une issue rapide à ce « calvaire ».
 
La Haute instance indépendante chargée des élections a confirmé jeudi le report au 16 octobre des premières élections post-Ben Ali pour des raisons techniques, contre l’avis du gouvernement qui avait maintenu deux jours plus tôt la date initiale du 24 juillet.
 
Nouveau rebondissement vendredi au sommet du G8 à Deauville, où le Premier ministre tunisien Béji Caïd Essebsi a finalement ouvert la porte à un report, en affirmant que son gouvernement l’accepterait si la commission électorale « pense que c’est nécessaire ».
 
Le Conseil des ministres se prononcera mardi.
 
« Je n’y connais rien à la politique et je m’en fiche de ces réunions! Tout ce que je veux, c’est voir un gouvernement légitime en Tunisie le plus tôt possible », lance Nouri, un vendeur de légumes au marché central à Tunis.
 
« Ca fait cinq mois qu’on s’est débarrassé de Ben Ali et de sa bande et nous sommes pas prêts encore à attendre des mois encore pour savoir où on en est exactement », ajoute-t-il.
 
Le régime de l’ex-président Zine El Abidine Ben Ali a chuté le 14 janvier sous la pression de la rue après 23 ans de pouvoir sans partage. Depuis, aucune élection n’a eu lieu et c’est un gouvernement provisoire qui préside aux destinées du pays.
 
Pour Mouna, fonctionnaire, « on ne peut sortir de cette ambiguïté qu’après l’élection d’un gouvernement légitime qui pourrait imposer sa loi ».
 
« Les choses doivent être claires le plus rapidement possible, attendre cinq mois de plus, quelles que soient les raisons, ne feront que prolonger encore une période de doute, d’insécurité et d’instabilité et Dieu sait ce qui peut se passer! », renchérit Soufiène, étudiant.
 
 


TUNIS – Tunisie: le gouvernement projette un plan de développement de 125 milliards de dollars


 
 
AFP le 29/05/2011 à 09h34 —
 
TUNIS – Le gouvernement tunisien de transition a élaboré un plan de développement économique et social nécessitant des investissements de 125 milliards de dollars sur cinq ans, dont 25 milliards seraient financés par l’aide internationale promise au G8, a indiqué samedi à l’AFP un de ses porte-parole.
 
« Ce programme chiffre les besoins pendant cinq ans à hauteur de 125 milliards de dollars, dont 100 milliards d’effort national devant être fourni par la Tunisie et 25 milliards qui seront financés par l’aide internationale que nous avons sollicitée » au sommet du G8 en soutien à ce programme, a détaillé le porte-parole du Premier ministère, Moez Sinaoui.
 
Au G8 à Deauville, le président français Nicolas Sarkozy a annoncé vendredi un paquet financier de 40 milliards de dollars pour soutenir le « printemps arabe », sans détailler la part qui reviendrait à la Tunisie. Son montant doit être décidée en juillet, a rappelé M. Sinaoui.
 
Ce plan de 125 milliards de dollars « est un projet, il faut encore aller dans le détail, identifier les besoins », notamment en matière d’infrastructures, d’emploi, et de soutien des PME, a-t-il ajouté, en se disant optimiste sur la capacité de la Tunisie à dégager par ses propres moyens 100 milliards de dollars d’investissements sur les cinq prochaines années.
 
Le gouvernement tunisien de transition compte engager prochainement des concertations sur ce programme avec les forces politiques et sociales du pays.
 
La Tunisie, qui s’est débarrassée en janvier du régime autoritaire de Zine El Abidine Ben Ali, anticipe cette année un net ralentissement économique cette année avec une croissance de 0% à 1% à peine, en raison notamment de la crise du secteur du tourisme.
 
Le gouvernement redoute que le chômage, autour de 13% de la population active en 2010, monte aux alentours de 20%.
 


Rached Ghannouchi : Ben Ali est derrière les attentats contre des hôtels de Sousse et de Monastir


 
Publié par Neil
 
Rached Ghannouchi, président du mouvement Ennahdha, a indiqué aujourd’hui que les attentats contre des hôtels de Sousse et de Monastir en 1987 étaient l’œuvre du président déchu Ben Ali et avaient été mis sur le dos des militants islamistes pour salir l’image du mouvement, rapporte la TAP.
 
Ces déclarations ont eu lieu lors d’une manifestation culturelle organisée par le parti Ennahdha à Sousse devant une grande foule de ses partisans où il a appelé, dimanche, à opter pour le consensus entre l’instance supérieure indépendante pour les élections, l’instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la révolution et les différentes parties politiques concernant le report de la date des élections de la constituante.
 
Rached Ghannouchi a également ajouté « ne pas douter de l’intégrité des membres de l’instance chargée de l’organisation des élections, estimant toutefois que le débat sur le report des élections pour le 16 octobre pourrait ouvrir la porte à d’autres propositions de report », précise la même source. Ce qui n’est pas dans l’intérêt du mouvement Ennahdha.  
 
(Source: Webdo.tn le le 29 mai 2011 à 20:00)
Lien: http://www.webdo.tn/2011/05/29/rached-ghannouchi-ben-ali-est-derriere-les-attentats-contre-des-hotels-de-sousse-et-de-monastir/


Premier regroupement avec 11 partis sous la même bannière

Le Pole Moderniste Démocratique voit le jour


 
Une alliance électorale regroupant 11 partis politiques a été formée vendredi 27 après suite à une série de réunions organisées par deux initiatives ; « Assez de divisions » et « Appel pour un pole culturel démocratique ». Durant deux mois, ces deux initiatives ont multiplié les efforts pour faire réunir un éventail de partis politiques dont des libéraux, des centristes, des gauchistes, des nationalistes arabes et des verts autour du même table pour former ainsi le « Pole Moderniste Démocratique ».
 
Ayant pour objectif d’assister les Tunisiens dans leur choix politique à quelques mois des élections de la Constituante, le Pole Moderniste Démocratique a établi un programme de travail qui sera d’ailleurs, présenté mardi 31 mai, lors d’une conférence de presse, et ce à partir de 10 heures à l’espace El Teatro. La conférence sera ouverte au public afin de lui donner une idée pertinente sur les axes de travail du pole, les partis politiques qui le composent. Ils vont d’ailleurs « laisser derrière leurs programmes propress pour présenter un programme unificateur basé sur les principes démocratiques et modernistes », d’après un initiateur.
 
En fait, le paysage politique s’élargit de plus en plus. Nous comptons actuellement 81 partis ce qui rend la tâche très difficile aux Tunisiens pour faire leur choix lors des élections de la Constituante. D’ailleurs, les chiffres affichés par les derniers sondages démontrent que 50 % des Tunisiens sont encore indécis quant à une décision concernant le parti qui va les représenter, d’où l’idée de former ce pole. Et si 11 partis ont répondu à l’appel des deux initiatives d’autres ont choisi de faire cavalier seul à l’instar du Parti Démocratique Progressiste (PDP) et le Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés (FDTL). Il est clair que le PDP est en train d’investir lourd pour se faire connaître auprès des Tunisiens. Les affiches du parti sont très visibles dans le Grand-Tunis ainsi que sur les supports médias ce qui plante le décor pour une nouvelle époque où ceux qui ont été exclus du paysage politique ont le droit de s’afficher librement.
 
Sana FARHAT
 
Les 11 partis signataires du Pole Moderniste Démocratique :
 
1-Mouvement Ettajdid
2-Parti Socialiste de Gauche
3-Mouvement de la Citoyenneté et de la Justice
4-Parti Taliaa Arabe Démocratique
5-Front Populaire Unioniste
6-Union Populaire Républicaine
7-Parti la Voix du Centre
8-Parti du Travail Patriotique et Démocratique
9-Mouvement Patriotique et Démocratique
10-Tunisie Verte
11-Alliance Républicaine
 
(Source: “Le Temps” (Quotidien – Tunisie) le 29 mai 2011)
 


Election de la Constituante : le 24 juillet ou le 16 octobre? La date de la discorde


La Presse – Entre les partisans du maintien du 24 juillet prochain en tant que date de l’élection de l’Assemblée nationale constituante et les pro 16 octobre 2011, rendez-vous décidé par l’Instance indépendante des élections, la bataille ne fait que commencer. Entre ceux qui pensent que Kamel Jendoubi, président de l’Instance des élections, fait fausse route et ne fait « qu’obéir aux ordres de forces occultes qui ne cherchent que leurs propres intérêts», et ceux qui estiment qu’il n’est pas «homme à se laisser influencer ou guider et que seules des raisons techniques, procédurales et logistiques sont à l’origine du choix du16 octobre», le débat devient de plus en plus passionnant et mobilisateur, surtout qu’il quitte les arcanes des partis politiques et qu’il engage des citoyens, des intellectuels et des universitaires décidés plus que jamais à rompre avec la méfiance et la suspicion qui caractérisent, désormais, le paysage politique national, pour des raisons inconnues et incompréhensibles. Hier, à la salla Al-Hamra, le forum des citoyens indépendants animé par la militante Noura Borsali a donné la parole à ceux qui «n’ont jamais voté, qui n’appartiennent à aucun parti, qui travaillent à l’étranger mais qui suivent attentivement l’évolution de la situation en Tunisie» pour dire leurs sentiments à propos du report des élections de la Constituante ou de leur attachement à la date initiale. Des normes à respecter Mme Borsali devait soulever, en introduisant le débat, certaines interrogations comme celle de savoir si le Premier ministre, M. Caïd Essebsi, était au courant de la décision du report de la date des élections bien avant son annonce dimanche dernier par le président de l’Instance indépendante des élections. Idem pour la concertation entre l’Instance, les partis politiques et le gouvernement avant de prendre une décision. Mme Borsali souligne qu’à la lecture du décret-loi portant création de l’Instance indépendante des élections, l’on ne trouve aucune référence, même pas un petit alinéa, l’obligeant à en référer à quiconque avant de prendre ses décisions. Et pour une fois qu’on dispose d’une commission indépendante, justement de gouvernement et des partis politiques et qui aura la charge de conduire des élections libres, transparentes, démocratiques et conformes aux normes internationales, pourquoi ne pas la laisser fonctionner et mener sa mission conformément aux prérogatives qui lui sont dévolues, loin de toute suspicion? La plate-forme étant lancée, le débat démarre à une vitesse impressionnante avec une question que pose le jeune intervenant Rafaâ Bechaoui : «Y-a-t-il réellement un danger de vide politique au cas où les élections se dérouleraient le 16 octobre prochain, à la lumière des déclarations du Président et du Premier ministre intérimaires soulignant qu’ils partiront le 24 juillet, quelle que soit la décision qui sera prise?» Le report sert-il la transition démocratique et qui peut garantir que le climat d’insécurité qui règne actuellement se détendra de lui même, que l’élection se tienne le 24 juillet ou le 16 octobre? Un avis qui rejoint les propositions formulées par un deuxième intervenant qui appelle à un sondage dont les résultats révéleront les attentes des Tunisiens. «Si on a choisi une date, il faut la respecter — souligne-t-il — avant de se rétracter pour exprimer sa conviction que même dans deux ou trois mois, si l’on opte pour le report, on n’atteindra pas les normes internationales en matière de transparence, de clarté et de compétition réellement démocratique». Les craintes qui accompagnent cet «optimisme démesuré» quant à cet attachement incompréhensible de certains à la date sésame du 24 juillet domineront les interventions de plusieurs participants. Ils sont persuadés qu’il y a une réelle volonté de la part des partis politiques d’induire en erreur et que ceux-ci n’hésitent pas à assurer que les problèmes seront résolus à condition que les élections se tiennent à la date initiale. «Il ne faut en aucune manière bâcler les élections, sous prétexte, comme l’avancent certains, que les erreurs, les oublis ou les lacunes peuvent être rattrapés après», clament-ils en chœur. Veut-on réellement l’instauration de la démocratie? «J’ai l’impression qu’on a chassé Ben Ali et qu’on se dit actuellement ça suffit. Pour moi, la révolution se fait dans la durée et la division actuelle du peuple est un signe de dynamisme et de vitalité intellectuelle. Je fais confiance à une commission indépendante plutôt qu’à des partis politiques qui martèlent quotidiennement des discours angoissants. Je m’aligne aux côtés de ceux qui cherchent à offrir à la Tunisie une place au soleil». Voilà le message de l’artiste Leïla Toubel, un message clair, transparent et qui a le mérite d’éviter les calculs politiciens et les explications trop techniques qui ne font qu’accentuer la peur des uns, et l’angoisse et les doutes des autres. «Qu’est-ce que nous voulons réellement ? Un gouvernement à n’importe quel prix ou l’instauration de la démocratie sur des bases pérennes ?» s’insurge un jeune juriste. Dans le même sillage, une intervenante qui vit en France et suit attentivement l’évolution de la situation en Tunisie appelle à «donner le temps au temps» et précise que «répondre à l’urgence par l’urgence est la pire des choses». Elle conclut en soulignant: «Le jeu démocratique est un exercice qui s’apprend sur plusieurs années. Ayons confiance en l’avenir mais avec beaucoup de vigilance et avec beaucoup aussi d’écoute de l’autre». Et les avis et les opinions des participants au débat entre ceux qui sont «pour trois mois de plus afin que les partis politiques puissent élaborer leurs programmes et nous les fassent découvrir» d’une part, et ceux qui dénoncent les non-dits et les raisons occultes derrière la décision du report d’autre part. «Une décision à l’origine d’une grave crise du fait de l’inexpérience de Jendoubi et de sa non-maîtrise des réalités tunisiennes» Comment les Tunisiens à l’étranger vont-ils s’organiser pour participer aux élections et choisir ceux qui occuperont les 16 sièges qui leur ont été réservés sur un total de 215 sièges? La question est posée par Mohamed Hamrouni qui vit en France depuis plusieurs années et qui pense qu’il y a beaucoup de problèmes logistiques à résoudre avant que les 1.200.000 Tunisiens établis à l’étranger puissent faire entendre leur voix et participer à ce rendez-vous historique. Les problèmes logistiques, techniques et matériels se posent également en Tunisie. «Ainsi, la commission indépendante des élections est-elle appelée à choisir les hommes qui connaissent le plus la Tunisie, jusque dans ses zones les plus reculées et à établir une feuille de route aussi précise que scientifique qui lui permette d’assurer convenablement sa mission », appelle Mondher Ben Salem, cadre et communicateur. Et si le débat lancé à l’initiative du Forum des citoyens indépendants a permis à plusieurs participants de dire ce qu’ils avaient sur le cœur, il n’a pas réussi à trancher entre les partisans du report et ceux qui sont pour le maintien de la date du 24 juillet. Toutefois, la bataille qui ne fait que commencer semble avoir démarré avec un léger avantage (aux points comme diraient les pugilistes) pour les pro-16 octobre prochain. Il est à préciser que le Forum des citoyens indépendants convie ses membres, samedi prochain, 4 juin 2011, à un débat avec le Pr Hassine Dimassi, sur les résultats du sommet du G8 qui vient de se dérouler à Deauville.

Auteur : A.D.

(Source: “La Presse” (Quotidien – Tunisie) Ajouté le : 29-05-2011)


Caïed Essebssi informe les Tunisiens, via presse étrangère, sur leurs propres affaires !


Il aura beau avoir tous les atouts et toutes les compétences pour gouverner au mieux cette Tunisie de l’après Ben Ali, le gouvernement tunisien de cette ère post-Ben Ali n’a pas encore perdu ses vieux réflexes en matière de communication, une discipline où tous les gouvernements de Ben Ali, y compris surtout lui-même, avaient zéro de conduite.

Le Premier ministre tunisien, Béji Caïed Essebssi, n’échappe pas encore à cette règle et son horloge biologique, en matière de communication, semblait encore accordée sur l’horaire européen.

En effet, alors que le gouvernement tunisien s’en allait au G8 [ne laissant au passage aucune personne pour répondre à Kamel Jendoubi et défendre sa position d’une élection pour le 24 juillet qui prend l’aspect d’un bras de fer avec la Commission des élections], plaider le dossier de l’aide à la Tunisie, les Tunisiens ne savaient encore rien de son programme et découvraient sur les pages des journaux étrangers ce que leur Premier ministre aurait dû leur dire et leur expliquer, bien avant d’aller parler en leur nom devant les grands de ce monde de l’économie. Il s’agit pourtant de leur devenir économique et surtout financier, puisqu’il est question d’engagements financiers. Cela rappelle une communication d’un autre âge !

Au lieu d’en parler d’abord à ses concitoyens, à ceux qui ont mis leur devenir entre ses mains, jusqu’aux prochaines élections, le Premier ministre tunisien s’en va donner deux interviews au moins, à des journaux étrangers. Il donnait ainsi, en boudant la presse de son pays, une piètre image des médias de la Tunisie de l’après Ben Ali, devenus de facto des médias non crédibles et incapables de véhiculer les messages qu’il avait besoin de donner au G8, et incapables d’attirer un autre lecteur que celui local. Caïed Essebssi fait ainsi, en matière de communication, du «deux poids, deux mesures» !

Caïed Essebssi aux Tunisiens : Les islamistes, c’est des anges !

C’est ainsi qu’on apprendra de sa bouche [cette fois-ci sans pique ni réplique pour les journalistes comme il le fait avec son sourire narquois pour les journalistes tunisiens lorsqu’il accepte de leur parler en groupe et jamais individuellement], que le Premier ministre tunisien ne prend pas trop au sérieux le danger islamiste dans ce pays où il y a pourtant 700 mille chômeurs-électeurs, face au seul parti qui dispose d’importants, très importants moyens financiers. Questionné ainsi sur le fait que «se pourrait-il que le parti islamiste d’Ennahdha remporte la majorité des sièges de la future Assemblée constituante? », il minimise comme s’il n’avait pas vécu, comme le reste des Tunisiens, le raz-de-marée de la participation islamiste aux élections de 1984, et indique que «les partis islamistes ont été utilisés comme un épouvantail pour faire peur aux Européens. Mais ce sont eux qui ont consenti le plus de sacrifices dans le combat contre la dictature. Au jour d’aujourd’hui, ils émergent comme la force politique la mieux organisée, et ils obtiendront un score qui reflétera leur poids politique. Il ne faut ni minimiser ni exagérer ce résultat».

Le Premier ministre tunisien n’était peut-être pas en Tunisie, lors des évènements de Sousse et de Bab Souika ? A moins que le Premier ministre ait des éléments factuels, ou soit en possession d’informations que le peuple tunisien ignore à propos des faits pour lesquels les Islamistes ont été condamnés et dont certains avaient alors pris la fuite pour vivre chichement à Londres et ailleurs, il nous semble que Caïed Essebssi n’a pas vu, comme le reste des Tunisiens, les bombes de Sousse et le défiguré de Bab Souika ?

Il est vrai qu’il n’a pas, non plus, dit un mot lorsque les islamistes de Soliman ont été relâchés dans la foulée de l’amnistie et qu’aucun communiqué n’avait attiré l’attention sur le fait que l’un d’eux faisait partie du groupe de Rouhia. Il n’est dans notre intention de lancer nulle accusation, suggestion ou métaphore. Les faits sont là et l’exemple algérien doit être certainement arrivé aux oreilles du Premier ministre !

Qu’en pensez-vous, chers concitoyens ? Mais c’est moi qui décide !

Et alors que certaines voix, certes non officielles, mais dans un pays où l’information n’est pas encore un droit, encore moins constitutionnellement protégé et clairement énoncé, que le gouvernement aurait fait préparer son programme spécial G8, dont la population locale ne sait rien, par un bureau étranger pour plusieurs millions DT, c’est encore par le biais de la presse étrangère que notre Premier ministre nous apprend que «nous avons établi un plan de développement de 125 milliards de dollars. La plus grande part sera financée par les Tunisiens eux-mêmes. Nous demandons à la communauté internationale de ne couvrir qu’une petite partie de cette somme : 25 milliards sur cinq ans. Mais nous traversons actuellement une conjoncture difficile. Pour la première tranche, un décaissement immédiat serait souhaitable». Dixit le Nouvel Observateur.

Qui a entendu ou discuté ce plan ? Qui sait ce qu’il y a à l’intérieur de ce plan ? Sur quel nombre d’années s’étale-t-il, quelles régions concerne-t-il et comment sera-t-il financé ? Et ces 5 milliards par année, seront-ils des prêts, des dons, des dettes converties ou autres ? A quelles conditions seront-ils donnés à la Tunisie et sur la base de quels projets prouvés ? Qui le sait ? Personne ! Ce n’est qu’au retour de Deauville que le gouvernement de transition annonce qu’il «compte engager des concertations à l’échelle nationale sur un programme de développement économique et social, nécessitant des investissements de 125 milliards de dollars (172,5 milliards de dinars) sur 5 ans». L’annonce n’était pas publique, mais réservée à une agence, ce qui n’était pas non plus du politiquement correct vis-à-vis du reste des médias tunisiens.

Il annonce aussi que «cette concertation concernera l’ensemble des forces politiques et sociales (…)» et qu’il s’agit de « réaliser un consensus national » autour de ce programme et des principales questions économiques et sociales dans le pays, tels que les besoins en matière d’infrastructure, d’emploi et de financement des petites et moyennes entreprises». L’agence Tap indique aussi que «une première version pour le court terme de ce programme avait été déjà présentée, le 14 mai, aux représentants de la société civile, partis politiques, secteur privé». Nous, on n’en a pas entendu parler et nous n’avons pu lire cela chez aucun de nos confrères.

A quel type de communication se livre ainsi le gouvernement Caïed Essebssi ? Pourquoi ira-t-il consulter après avoir tout convenu avec les parties étrangères dont certaines lui ont carrément dit non à l’aumône ? Ne sait-il pas que les conventions internationales priment sur les lois, ou voudrait-il courir le risque de se désavouer, et derrière lui tout le pays, si les consultés lui disent non ?

Béji Caïed Essebssi nous répètera certainement, en guise de réponse, que «c’est moi qui décide» !

La Tunisie a chassé un tyran. Pourquoi n’arrive-t-elle pas encore à se défaire de la pire illustration de cette tyrannie qu’était la non-communication ?

Khaled Boumiza.

(Source: AfricanManager le30-05-2011)


Tunisie en convalescence


Quatre mois après la « révolution du jasmin » qui a précipité le départ du président Ben Ali et alors que l’avenir du pays est au cœur des discussions du G8, l’économie tunisienne, atone et en sursis, tente de se relever et de préparer l’avenir.

Mohamed Bouazizi s’est immolé devant la préfecture de Sidi Bouzid le 17 décembre 2010. Ce jeune chômeur de 26 ans survivait en vendant des fruits et légumes. Son geste désespéré a servi de déclencheur de la révolution et agi comme un révélateur de la détresse des Tunisiens. « Les moteurs de la révolte sont clairement économiques, note Ridha Gouia, professeur en sciences économiques à l’université El-Manar de Tunis et secrétaire général de l’Association des économistes tunisiens (Asectu). C’était une révolte de chômeurs, due à des déséquilibres régionaux, une révolte pour le pain. » Cause de la révolution, l’économie en a également subi les conséquences de plein fouet.

Croissance bridée

Les prévisions de croissance ont été revues à la baisse. Le Fonds monétaire international (FMI) l’estime désormais à 1,3 % pour l’année 2011 alors qu’elle atteignait 3,7 % en 2010. De son côté, le gouvernement provisoire table sur 1 %. « Certains analystes s’attendent même à une légère récession », précise Stéphane Alby, économiste risque-pays chez BNP Paribas. D’autant que le désordre accompagnant la chute du régime a eu un coût. Les autorités officielles ont estimé le manque à gagner pour l’économie à 2,6 milliards d’euros, soit 4 % du PIB. Depuis janvier, la machine tourne au ralenti : les investissements étrangers – principalement européens, les deux tiers du PIB tunisien dépendent de l’UE – ont diminué de 30 % au 1er trimestre. L’incertitude politique dans laquelle le pays est plongé refroidit les investisseurs et plonge le pays dans l’attentisme. Mais, en l’absence d’un cadre clair, l’économie ne pourra pas repartir. L’élection d’une assemblée constituante, première étape dans la reconstruction d’un système politique stable, devrait se tenir le 24 juillet, mais certaines voix s’élèvent dans le pays pour réclamer son report.

Victime : le tourisme

La révolution a fait une autre victime : le tourisme. Véritable pilier de l’économie tunisienne (il représente 6,5 % du PIB), le secteur a connu une récession de 40 % au cours des quatre premiers mois de l’année 2011. Près de 20.000 emplois ont été perdus. « 20 % de la population vit du tourisme, note Mehdi Houas, ministre du Commerce et du Tourisme de Tunisie : s’il ne repart pas, la situation pourrait être dramatique. » Malgré des efforts de communication et un plan d’aide, la saison s’annonce compromise.

« La Libye constitue notre premier marché avec des réservations en chute de 57 % tandis que celles venues d’Europe ont plongé de 51,5 %, commente Nizar Bahloul, directeur du site d’informations Businessnews. De plus, cette année le ramadan tombe en plein mois d’août ! » Du temps de Ben Ali, les chiffres officiels du chômage tournaient autour de 14 %. Aujourd’hui, les observateurs craignent une explosion du nombre de demandeurs d’emplois, notamment chez les jeunes. Dans certaines régions enclavées du centre du pays, le chômage dépasse même les 40 % !

Progression des exportations

« Il y a malgré tout des points positifs, précise Stéphane Alby. Au premier trimestre, les exportations de produits manufacturiers se sont maintenues et ont même progressé légèrement. Les crédits bancaires alloués au secteur privé ne se sont pas effondrés et, dernier point, des aides internationales devraient bientôt parvenir à la Tunisie. » Tunis a évalué ses besoins à 17,7 milliards de dollars sur cinq ans. La Banque mondiale annonce 1 milliard d’euros pour Tunis afin d’accompagner la transition démocratique. L’Union européenne, par l’intermédiaire de la BERD, doit également venir en aide au pays. «Certains craignent que ces prêts extérieurs ne fassent peser un poids lourd sur les générations futures », commente Nizar Bahloul. Ils sont pourtant nécessaires pour remettre le pays debout. Le modèle actuel de croissance basé sur la sous-traitance n’est pas parvenu à intégrer les 80.000 jeunes diplômés qui, chaque année, arrivent sur le marché du travail. Il va falloir miser sur des activités plus technologiques. « Il faudra surtout mieux répartir les richesses, note Stéphane Alby : ce qui implique un changement de modèle et s’inscrit comme un défi à long terme pour le pays. »

(Source: France Soir le 27 mai 2011)
 


Tataouine, la ville des invisibles


En deux mois, 30.000 Libyens ont trouvé refuge de l’autre côté de la frontière, en Tunisie. Seules quelques centaines vivent dans un camp ; les autres se sont fondés dans la population tant bien que mal.

Ils sont là mais on ne les voit pas. Ou si peu. Même le Haut Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR) a failli passer à côté. Pourtant, le HCR sait bien que depuis un mois et demi, 55.000 Libyens ont passé le poste frontière de Baouaba pour fuir les combats qui s’intensifient dans l’ouest de leur pays. Presque 800 se sont installés dans le camp de réfugiés de Dehiba, première ville tunisienne après la frontière. Près de 800 autres ont poursuivi la route jusqu’au camp de Remada. Mais tous les autres? « Ils passent la frontière et c’est comme s’ils disparaissaient », reconnaît Kamel Deriche, chef d’opérations au HCR. Cet humanitaire algérien est arrivé vendredi soir à Tataouine, préfecture du gouvernorat du même nom, un gouvernorat pauvre qui s’étend comme un entonnoir vers le Sahara, coincé entre la Libye et l’Algérie.

Alors où sont-elles, ces familles qui ont chargé leur pick-up à la hâte du peu qu’elles pouvaient avant de tout abandonner devant l’avancée des forces de Kadhafi? La grande majorité est là, à Tataouine, une ville de 75.000 habitants, étendue et écrasée de chaleur. Elles sont là, tellement discrètes que leur nombre exact échappe à toute rigueur. Les chiffres varient de 22.000 à 32.000. Tout a commencé début avril. Saïd Benghayed s’en souvient bien. Saïd sortait de chez lui, dans la route principale de la ville, celle qui vient de la frontière et file vers le nord-ouest du pays. La jambe dans le plâtre, un homme est sorti d’une voiture immatriculée en Libye et lui a demandé s’il connaissait une maison à louer. Aytham Saïd, un rebelle blessé, venait mettre sa famille à l’abri. Ils étaient sept. Le Tunisien leur a offert l’un des deux appartements vides au-dessus de son magasin de meubles. Aujourd’hui, il héberge cinq familles libyennes dans ses deux appartements et une maison.

L’histoire s’est répétée des dizaines de fois dans la ville. Avec toujours ce même élan de solidarité. En voyant des voitures libyennes garées devant le magasin de meubles, d’autres se sont arrêtées, chaque jour plus nombreuses. « J’ai alors décidé de créer une association, explique Saïd Benghayed. Cela faisait longtemps que je voulais aider des personnes. Sous le régime de Ben Ali, on ne pouvait rien faire. Depuis la révolution, on peut agir spontanément. » L’association Ihsan [charité] n’a d’ailleurs toujours pas reçu d’autorisation officielle mais elle fonctionne. Des appels ont été passés sur les ondes de radios locales et nationales pour demander de l’aide. Ihsan met ainsi en relation des réfugiés libyens avec des Tunisiens propriétaires de maison ou d’appartement vides. Elle distribue aussi des colis alimentaires. Tous les week-ends, des camions de Tunis, Sfax, Monastir… apportent de la nourriture donnée par des habitants de ces villes.

Dans la crainte d’attaques de miliciens de Kadhafi

La famille de Salah Youssef n’est pas passée par Ihsan pour trouver la villa où elle est aujourd’hui installée avec deux autres familles. Dix-sept personnes vivent ici. Salah Youssef, un fonctionnaire de 52 ans de Nalut, en Libye, connaît depuis longtemps les Boutabba de Tataouine. En arrivant dans la ville, il est allé voir un des hommes de la famille. Spontanément, celui-ci lui a ouvert la villa de son frère, Moustapha, boulanger dans le 5e arrondissement de Paris.

Cet été, Moustapha voudra peut-être venir passer ses vacances au pays. Que vont-ils faire? « On sera obligés de retourner à Nalut sous les bombardements », craint le père. « Peut-être que Moustapha restera à Tunis… », espère la mère, Warda. « Kadhadi aura dégagé d’ici là! », lance la fille, Reba, 27 ans, un diplôme de médecin mais qui est resté dans la maison abandonnée et se révèle désormais inutile.

Dans le salon, assise sur un des matelas qui font le tour de la pièce, Warda parle d’une voix mal assurée. Elle s’inquiète pour son frère qui se bat à Nalut. Elle s’inquiète pour sa maison qui risque d’être détruite. « Je ne dors plus, reconnaît cette femme de 45 ans, le visage alourdi par l’anxiété. Je ne sors jamais. Il y a des hommes étrangers. Je ne peux pas marcher dans la rue comme ça. À Nalut, il y avait la famille, c’était plus facile d’aller chez eux. »

« Je ne sais pas combien de temps va durer cette cohabitation, s’interroge Saïd Benghayed. On a beau être proches, on n’a pas les mêmes mentalités. Les Libyens ne sont pas habitués à travailler comme nous, ils avaient leurs employés égyptiens, pakistanais… Un peu comme les pétromonarchies. Leurs femmes ne sortent pas. Les hommes sont fiers et nous ont souvent regardés de haut. D’ailleurs, ils ne veulent pas aller dans des camps. » Ici, aucun Tunisien ne prononce le mot de réfugié en parlant des Libyens. Ce sont des « frères », des « invités ».

Il y a une semaine, un camp a tout de même ouvert à la sortie de Tataouine, sous la responsabilité du Qatar. Il n’y aurait plus de maison libre dans la ville et le Qatar a mis le paquet pour le confort… Électricité, et bientôt climatisation, sous les tentes, aire de jeux pour les enfants, salle d’opération : 580 personnes vivent là. Devant l’entrée, un cerbère avec l’uniforme de l’armée tunisienne aboie sur tout ce qui bouge, détecteur de métaux à la main. Les hommes d’une compagnie de sécurité qatarie fouillent les sacs que portent ceux qui entrent.

La crainte d’attaques de miliciens de Kadhafi plane. Le 9 mai, deux Libyens avec deux grenades ont été arrêtés à l’hôtel Médina du centre-ville, qui héberge des réfugiés. Le 15 mai, un Algérien et un Libyen avec des ceintures d’explosifs ont été interceptés à Nekrif, entre Tataouine et la frontière. Trois jours plus tard, une voiture sans plaque, conduite par un Libyen, était contrôlée avec des GPS et télescopes dans le coffre. Ces hommes seraient des membres d’Aqmi (Al-Qaida au Maghreb islamique) affirment les autorités tunisiennes. Des miliciens de Kadhafi, répondent certains habitants de Tataouine.

L’aide de la communauté internationale se fait attendre

La ville est devenue la base arrière des rebelles libyens et pourrait devenir une cible. Depuis que les insurgés ont pris le poste frontière de Baouaba aux forces de Kadhafi, le 21 avril, les allers et retours entre le djebel libyen et Tataouine se multiplient. Certains rebelles restent quelques heures, d’autres plusieurs jours. « On laisse un homme dans chaque famille pour protéger les femmes et les enfants, explique Abdel Hamid. Les autres se battent. » Le jeune homme de 25 ans, pantalon militaire, regard franc, sait de quoi il parle. Il est arrivé il y a deux semaines pour voir sa femme et son frère handicapé, et faire des radios après une blessure à la tête lors d’un bombardement. Il repart demain matin pour Zenten avec du ravitaillement pour la rébellion. C’est un ami de Yassin Nouri, commerçant de Tataouine, qui lui aussi fait la navette entre Tataouine et Nalut, parfois Zenten. Pain, jus de fruit, eau, lait, fromage, orange. Mais aussi jumelles professionnelles, bidon d’essence…

Assis sur des nattes sous un olivier, dans le quartier de Reqba, les deux hommes parlent peu. Abdel Hamid est pressé. Il a des « affaires » à régler. Des réunions se tiennent régulièrement dans la ville entre les rebelles de passage et ceux qui restent. Yassin Nouri laisse partir son ami avant de parler de ses appréhensions si la guerre se prolonge. La solidarité des Tunisiens a été spontanée, évidente. Une dizaine d’associations ont vu le jour pour distribuer vivres, logements… « Un jour, on ne pourra peut-être plus les aider, lâche Yassin Nouri. Nous ne sommes pas riches ici, même si les habitants du reste du pays nous aident. » La présence des réfugiés a déjà multiplié le prix des tomates par trois, de 0,35 à 1,3 dinar (70 centimes d’euros), l’essence se fait rare. À l’hôpital, une trentaine de malades venaient chaque jour pour une consultation d’urgence. Ils sont aujourd’hui 200.

« Où est l’aide de la communauté internationale?, s’emporte le docteur Moncef Derza, chef du service des urgences à l’hôpital. Les Libyens doivent pouvoir faire leur révolution mais pas en menaçant la nôtre ni en déstabilisant notre région. Nous devons aider ces gens mais là, la ville arrive à saturation. » Hier encore, une bagarre est intervenue dans un hôtel du centre, impliquant quatre ou cinq hommes, des Tunisiens et des Libyens. Des miliciens de Kadhafi, selon la rumeur.

(Source: “Le Journal Du Dimanche” le 29 mai 2011)

Lien:http://www.lejdd.fr/International/Afrique/Actualite/A-Tataouine-30.000-Libyens-sont-refugies-de-l-autre-cote-de-la-frontiere-en-Tunisie-322195/?sitemapnews


Et si les islamistes gagnaient ?


Mohamed Zribi, qui se revendique « laïcard », a pu constater la poussée de l’islam, sinon de l’islamisme, dans un pays qui, depuis l’ère Bourguibaa, s’est toujours revendiqué laïc. « J’ai constaté que plusieurs de mes amis, qui buvaient volontiers l’apéritif chez moi, se mettaient à aller à la mosquée, dans les mois qui ont précédé la chute de Ben Ali. Ils m’expliquaient que c’était par précaution» La révolution va-t-elle favoriser un retour à la laïcité. C’est possible. Mais les islamistes sont malgré tout très présents dans les débats en cours. « Les islamistes sont les plus organisés, les plus riches. S’ils gagnent le pouvoir, ils ne voudront pas le partager », estime Mohamed Zribi. (Source: “La Nouvelle Republique” le29/05/2011 05:26 Lien: http://www.lanouvellerepublique.fr/vienne/ACTUALITE/24-Heures/Et-si-les-islamistes-gagnaient  


 

Tunisien, il est discriminé à l’achat d’un presbytère


Par Anne Vidalie, publié le 29/05/2011 à 10:00

Kaled Lebh prévoyait d’acheter une bâtisse qui jouxte l’église de Quillebeuf-sur-Seine (Eure). La mairie bloque la transaction, il porte plainte contre le maire pour discrimination.

Immortalisé par le peintre britannique William Turner en 1833, le lieu exhale une douceur de carte postale normande. Derrière ses hauts murs, le presbytère de Quillebeuf-sur-Seine (Eure), solide bâtisse de briques aux larges embrasures, jouxte l’église Notre-Dame-de-Bon-Port et ses étranges gargouilles. Par-delà le bocage, la silhouette du pont de Tancarville se découpe sur l’horizon. C’est ici, une fois le presbytère restauré, que Kaled Lebh, 36 ans, espérait s’installer avec sa femme et ses vieux parents, originaires de Tunisie.

Le jeune homme, conducteur de travaux sur les chantiers pétroliers, était d’accord pour payer les 118 100 euros auxquels le maire de Quillebeuf, le sénateur UMP Ladislas Poniatowski, avait mis le bâtiment en vente dans une agence de Pont-Audemer, voilà un mois. Pourtant, ce n’est pas sur une promesse de vente qu’il vient d’apposer son nom, mais sur une plainte pour discrimination raciale et religieuse contre Ladislas Poniatowski et son deuxième adjoint, Neuville Lambert. « Monsieur Lambert a dit au directeur de l’agence qu’il ne voulait pas voir le presbytère acheté par un Arabe, un Tunisien quipourrait le transformer en mosquée« , affirme Kaled Lebh. Quant au sénateur maire, il se serait démené pour bloquer la vente.

La proposition de Kaled Lebh était conforme au prix et aux conditions fixés

Le presbytère, Kaled, enfant de Quillebeuf, le convoitait depuis longtemps. Sa maison est à quelques pas de là, derrière l’église. A l’automne dernier, déjà, il avait confié à Ladislas Poniatowski son envie de le racheter lorsqu’il en aurait les moyens. « Il m’a dit qu’il attendait une proposition du bailleur social Eure habitat et qu’il me tiendrait au courant. Je ne l’ai pas cru. La suite m’a donné raison. »

Le mois dernier, apprenant que la vente de la demeure avait été confiée à un agent immobilier de Pont-Audemer, Kaled Lebh se porte acquéreur au prix demandé. Pourtant, la nouvelle ne transporte pas de bonheur les élus quillebois qui tentent alors de faire machine arrière. Le 21 avril, Ladislas Poniatowski informe l’agence immobilière qu’il retire le bien de la vente. Trop tard, lui dit-on. Il doit céder le presbytère à Kaled Lebh puisque la proposition faite par celui-ci est conforme au prix et aux conditions fixés par le mandat de vente.

Seule issue de secours: dénicher un acheteur qui accepterait de débourser davantage. Le lendemain, le maire annonce avoir trouvé son homme. Mais trois semaines plus tard, l’agent immobilier ne connaît toujours pas l’identité de l’acquéreur providentiel, que le vendeur est pourtant tenu de lui communiquer…

« Le petit Arabe ne s’écrasera pas… »

Ladislas Poniatowski proteste de sa bonne foi. « Je ne savais pas que la signature du mandat m’obligeait à vendre au prix indiqué, assure-t-il. Ce montant, qui est une évaluation dela Direction nationale d’interventions domaniales (DNID), ne devait s’appliquer qu’en cas de cession à Eure habitat. La valeur du presbytère est beaucoup plus élevée, en réalité, et il n’est pas question de le brader! » Il l’affirme, « quels que soient les propos qu’ait pu tenir [son] adjoint », il serait « ravi de vendre à M. Lebh, issu d’une famille méritante et respectée ».

Kaled, lui, a tiré un trait sur les vieilles pierres dont il rêvait. « Je suis amer, déçu, lâche-t-il. Mais le petit Arabe ne s’écrasera pas… » Pour défendre ses intérêts, il a fait appel au prestigieux cabinet de l’avocat parisien William Bourdon.

(Source: lexpress.fr le 29 mai 2011)

lien: http://www.lexpress.fr/actualite/societe/tunisien-il-est-discrimine-a-l-achat-d-un-presbytere_993725.html

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