AISPP: Procès 27 mai 2008 AISPP: Hasni Nasri est sauvagement agressé à la prison de Mornaguia deux jours après… la visite du chef de l’Etat ! Luiza Toscane: Slim Boukhdhir sous la menace d’un couteau AP: La menace d’Al-Qaïda est “réelle” en Afrique du nord, selon le général américain Ward Le Temps: Tabagisme : 50% des élèves du secondaire sont des fumeurs permanents – Slogans creux ! Le Temps: Occultisme, mysticisme …Charlatanisme – Névroses et mal-vivre Edito de « L’Expression »Presse, mon beau miroir L’Expression : Moncef Bey rattrapé par l’actualité L’Expression : ‘‘Moncef Bey’’ par Saïd Mestiri : L’histoire par la nostalgie L’Expression : Bonnes feuilles: Le souverain martyr AFP: Union pour la Méditerranée: La Libye souligne l’existence de “zones d’ombre” AFP: France: une association rappelle le sauvetage de juifs par des musulmans
Liberté pour tous les prisonniers politiques Liberté pour Abdallah Zouari, le journaliste exilé dans son propre pays Association Internationale de Soutien aux Prisonniers politiques 43 Rue Eldjazira, Tunis e-mail : aispptunisie@yahoo.fr Tunis, le 27 mai 2008
Hasni Nasri est sauvagement agressé à la prison de Mornaguia deux jours après… la visite du chef de l’Etat !
Le prisonnier Hasni Ben Saïdane Nasri a été sauvagement agressé à la prison de Mornaguia ; cette agression lui a laissé des lésions sur tout le corps. Il a donné au juge à l’occasion de l’examen de l’affaire 10602 le 23 mai 2008 les détails de l’agression perpétrée par des agents de la prison de Mornaguia « deux jours après la visite du chef de l’Etat dans cette prison » selon ses dires. Il en est résulté une fracture du genou et une tuméfaction de l’œil gauche, ainsi que des contusions sur tous le corps. Le juge a écouté avec attention… sans enregistrer quoi que ce soit au procès verbal de séance ! Les avocats ont condamné cette agression abominable sur un détenu dont l’affaire est pendante devant la justice et qui est « sous la protection de cette dernière » et le fait qu’il ait été totalement dénudé. Hasni Nasri a affirmé avoir été agressé verbalement et physiquement par les agents du pavillon D. L’association condamne ces agressions récurrentes de prisonniers de La Mornaguia. Elle attire l’attention sur le fait que l’administration isole délibérément les victimes d’agressions du monde extérieur afin de couvrir ces violations à leurs droits. Ainsi maître Samir Ben Amor a été empêché de rendre visite à Hasni Nasri le 19 mai 2008, interdiction répétée à l’endroit de Maître Samir Dilou le 27 mai 2008. […] Pour l’Association Le comité directeur (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)
Slim Boukhdhir sous la menace d’un couteau
Mardi 27 mai, les agents de la prison de Sfax ont fait évacuer les deux détenus qui partagent la cellule de Slim Boukhdhir et y ont fait rentrer un détenu de droit commun. Ce dernier, une fois seul avec Slim Boukhdhir, a exhibé un couteau et a menacé le journaliste de le poignarder, soit au niveau de la gorge, soit de l’abdomen. Les hurlements et les appels au secours de Slim Boukhdhir n’y ont rien fait. Les deux agents de la prison, en faction devant la porte, ont feint de ne rien entendre, et les menaces ont duré une heure et demie, au terme de laquelle, imperturbables, les gardiens ont fait sortir le prisonnier armé et ont réintégré ses deux compagnons de cellule. Slim Boukhdhir a appris que ce détenu de droit commun, connu sous le nom d’Hatem Kahla, est condamné à une lourde peine et est réputé pour sa dangerosité.
Slim Boukhdhir fait endosser à l’administration pénitentiaire l’entière responsabilité de cette machination visant à le terroriser, le briser et à mettre en péril son existence, d‘autant que le port d‘un couteau, ou de tout autre arme est évidemment interdit en prison. Il considère qu’il s’agit d’une menace directe, en représailles contre sa lettre en arabe publiée la semaine passée sur Internet. Sa famille, qui lui a rendu visite aujourd’hui, jeudi 29 mai, dans un parloir où il n’y avait pas d’autres familles de prisonniers, appelle à l’aide. Luiza Toscane
Chers lecteurs,
Le numéro 64 de Mouwatinoun organe du Forum Démocratique est maintenant disponible chez votre marchand de journaux.
LE THEATRE D’ART BEN ABDALLAH
AVEC LA COLLABORATION DE L’ACDR
ASSOCIATION ARTS ET CULTURES DES DEUX RIVES (membre de la FTCR )
PRESENTENT
LE FESTIVAL DES MUSIQUES ALTERNATIVES ET ENGAGEES
Rencontre des Générations
06-07 Juin 2008
Le 06 juin 08 à 16H
OUVERTURE
-Exposition : Histoire de la Chanson Alternative et engagée
-Projection du film documentaireالكلام عيون de R.Benhalima
-Présentation et témoignages avec les chercheurs : Ali Saidane, H.Belaïd et Hechmi Ben Frej .
– Présentation du site Al Moultaka dédié à la chanson engagée par Karim Samaali
A19H PREMIERE SOIREE MUSICALE
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Le 06 juin 2008 A 19H
Amal Hamrouni et Khemaiss el Bahri
La troupe AJRASS
Chedly Khomsi et Zine safi
La menace d’Al-Qaïda est “réelle” en Afrique du nord, selon le général américain Ward
Associated Press, le 28 mai 2008 à 18h25
TUNIS (AP) — En visite en Tunisie, le chef du commandement militaire américain pour l’Afrique (AFRICOM), le général William Ward, a évoqué mercredi d’une “menace réelle de l’extrémisme
violent d’Al Qaïda” en Afrique du Nord. “Ils l’ont dit. Je les prends au mot. Les menaces des terroristes comme Al-Qaïda sont réelles”, a-t-il martelé lors d’une conférence à l’ambassade américaine à Tunis. Selon cet ancien commandant adjoint des forces américaines en Europe, la mission de l’AFRICOM consiste à “aider les pays africains à assurer leur sécurité”: “Nous travaillons ensemble pour les contrer et les empêcher de réaliser leurs desseins”, a-t-il lancé. “Il n’y a pas d’engagement de forces militaires américaines en Afrique. Il s’agit plutôt de fournir l’aide nécessaire dont ont besoin les pays du contient pour développer leurs capacités sécuritaires afin de pouvoir combattre le terrorisme, garantir la stabilité et promouvoir le développement”, a-t-il précisé. “En aidant l’Afrique, nous nous aidons nous-mêmes, car avec une Afrique stable, on aura un monde plus stable”, a-t-il ajouté, affirmant que les Etats-Unis travaillaient “avec les pays européens qui ont des intérêts en Afrique de manière complémentaire”. Et niant avoir demandé à Tunis “une présence militaire américaine permanente“. Le général, qui a annoncé qu’il se rendrait prochainement au Maroc, a assisté à des manoeuvres militaires conjointes tuniso-américaines à la base de Bizerte (60 km au nord de Tunis) et s’est entretenu avec le ministre de la défense, Kamel Morjane. “La Tunisie est un pays modèle dans la région, non seulement dans la lutte contre le terrorisme, mais aussi en matière de tolérance religieuse, d’émancipation de la femme et d’éducation”, a-t-il ajouté.
Associated Press
Décès du comédien Mohamed Mamdouh
La scène artistique tunisienne vient de perdre le comédien Mohamed Mamdouh, décédé lundi à l’âge de 64 ans, après un riche parcours consacré au théâtre, à la radio, à la télévision et à l’animation.La carrière de cet artiste a démarré en 1961 par son adhésion à la troupe ”Al Masrah Al Ifriqi”(le théâtre africain) avant de rejoindre la radio nationale en 1964 et de s’intégrer, en 1965, dans la troupe théâtrale relevant de cette radio. Il a également travaillé en tant que comédien à la télévision tunisienne depuis son démarrage en 1966. Mohamed Mamdouh était toujours présent dans les productions dramatiques radiophoniques et télévisuelles de l’époque. Il a notamment brillé dans la série TV ”Hafidha et Mahfoudh”. Il a écrit et mis en scène plusieurs pièces de théâtre et incarna des rôles au cinéma. Mohamed Mamdouh a bénéficié de la sollicitude du Président Zine El Abidine Ben Ali qui l’a décoré, en 2002, des insignes de l’ordre de chevalier, au titre du secteur culturel.
(Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 29 mai 2008)
Tabagisme : 50% des élèves du secondaire sont des fumeurs permanents
Slogans creux !
Quatre millions de morts par an, soit 11 000 chaque jour à cause du tabac ! A ce rythme, le nombre de décès devrait atteindre 8,4 millions en 2020 et 10 millions en 2030. Face à une telle menace, l’Organisation mondiale de la Santé se mobilise et lutte contre le tabagisme en déclarant le 31 mai journée mondiale sans tabac. Ces chiffres portent certes sur l’ensemble des fumeurs dans le monde, tous âges et sexes confondus. Mais nous nous bornerons ici de traiter du tabagisme en milieu scolaire qui prend chez nous des proportions alarmantes. En effet, les prévalences du tabagisme chez les enfants et les adolescents des écoles tendent vers un accroissement rapide. La lutte contre le tabagisme en milieu scolaire devient plus impérative aujourd’hui que dans le passé, vu que le nombre de fumeurs concernant cette tranche d’âge est en augmentation permanente. Rappelons que la Tunisie a signé, le 23 février 1998, conjointement avec l’OMS, une loi interdisant le tabac dans les espaces publics, qui n’est jamais appliquée ! Il faut peut-être poser la question à un jeune fumeur sur les raisons qui le poussent à fumer pour connaître les véritables causes de ce vice. Notons de prime abord que plus de 50% des élèves du secondaire sont des fumeurs permanents. Le reste se répartit entre fumeurs occasionnels et non fumeurs. Les cours des lycées, réservées essentiellement à la récréation, sont désertées pendant les récréations de 10H et de 16H qui sont devenues des pauses-cigarettes ; ils vont alors s’agglutiner devant la porte du lycée pour fumer leurs cigarettes qu’ils achètent dans ces petits kiosques installés sur les trottoirs, tout près du lycée ! Là, les groupes de fumeurs, surtout ceux qui sont encore amateurs, se lancent toutes sortes de défis : fumer sans tousser, avaler la fumée, savoir faire des ronds de fumée… Mais ces élèves fumeurs ne se contentent pas de cette petite pause, ils trouvent toujours un moyen pour s’offrir leur dose de nicotine dans les toilettes du lycée, l’autre lieu de prédilection. Les élèves des classes terminales sont généralement les plus grands fumeurs. Ceux-ci associent leur consommation de cigarettes aux pressions et aux angoisses causées par les études ; ils espèrent ainsi pallier les difficultés rencontrées dans la vie scolaire et peut-être l’absence d’une satisfaction personnelle par les cigarettes. La cigarette leur procure peut-être un certain soulagement. D’autres s’adonnent au tabac par simple imitation des camarades plus âgés, croyant qu’une cigarette est symbole de maturité et de virilité et voire même de séduction. D’autres encore s’y mettent uniquement par plaisir ou par complaisance ; ils n’achètent des cigarettes qu’occasionnellement et ne refusent jamais une cigarette offerte par un camarade expert en la matière. En agissant de la sorte, ils croient éviter le risque de devenir un jour dépendant. Or, aucun fumeur dépendant à ce jour ne pensait le devenir au moment où il a fumé sa première cigarette ! Voilà donc tout ce qu’on peut dégager des intentions de ces jeunes fumeurs chaque fois qu’on aborde avec eux le sujet du tabagisme. Des études et des enquêtes plus approfondies menées scrupuleusement sur ce sujet par des psychologues et des sociologues dans nos écoles nous seront certainement d’un grand intérêt.
Pas de programme de sensibilisation
Ce qui compte surtout, c’est la manière dont on doit procéder pour faire face à ce fléau qui menace la santé de milliers de jeunes élèves dans nos écoles. Dans le cadre de la lutte contre le tabagisme en milieu scolaire, il n’y a pas vraiment un programme national permanent destiné essentiellement au public scolaire. Les slogans publicitaires passés à la Radio ou à la TV, chaque année, à la veille de la journée mondiale sans tabac demeurent insuffisants et ils sont adressés au grand public et pas aux jeunes des écoles en particulier. Il est donc nécessaire de se pencher sur ce phénomène de manière plus sérieuse et de lui accorder l’intérêt qu’il mérite, car c’est la santé de nos enfants qui est en jeu !
Pour ce faire, plusieurs initiatives peuvent être prises à tous les niveaux. A commencer par les clubs scolaires qui se trouvent au sein même des établissements, comme les clubs de sciences, les clubs de l’environnement et d’autres encore peuvent mettre la main dans la pâte en lançant des campagnes anti-tabac qui s’étendent sur toute l’année scolaire en organisant des rencontres avec des médecins qui viennent périodiquement conférer devant les élèves sur les conséquences négatives du tabac sur la santé physique, psychique et sociale de l’individu, ce qui constitue pour les élèves des occasions favorables à poser leurs questions aux spécialistes qui leur fourniront les réponses adéquates. La projection de films documentaires sur le thème du tabac peut figurer dans les programmes annuels de ces mêmes clubs. Les professeurs de sciences naturelles peuvent également élaborer de temps en temps un cours modèle ayant pour thème les conséquences néfastes du tabac qu’ils dispensent à l’intention des élèves du lycée ou du collège et qui sera suivi d’une discussion. Parmi les actions à mener, l’augmentation du nombre de visites du médecin scolaire serait également souhaitable, car une visite effectuée en début d’année est insuffisante. C’est en multipliant les visites médicales qu’on arrive à dénicher les élèves fumeurs et qu’on peut ainsi intervenir pour empêcher le pire. De même, l’information et la sensibilisation des élèves doivent se faire quotidiennement soit à travers la Radio interne du lycée, soit en affichant des messages anti-tabac, des rapports et des statistiques récents émanant de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ou du ministère de la Santé Publique concernant le tabagisme afin que les élèves soient tenus en permanence des ravages du tabagisme dans le monde. Comme autre initiative, on peut organiser à l’école même des concours d’écriture ou de dessin sur le thème du tabagisme auxquels participent les élèves intéressés ; une telle activité est à même de sensibiliser les élèves à ce fléau et à les inciter à produire des textes et des dessins qui dénoncent la cigarette en milieu scolaire et appellent les jeunes à cesser de fumer ou à s’en abstenir. Les productions gagnantes seront récompensées et publiées dans la revue scolaire.
…Encore une fois, les parents…
Les parents sont certainement conscients du risque couru par leurs enfants fumeurs, mais ils sont souvent incapables d’agir. Certains sont même obligés d’augmenter l’argent de poche destiné à leur enfant qui vient d’embrasser le monde du tabac. Il y a des parents qui savent bien que leur enfant est un accro de tabac et pourtant, étant eux-mêmes grands fumeurs, il n’est pas toujours facile qu’ils parlent avec lui des méfaits de la cigarette et des maladies graves qu’elle pourrait engendrer. Et même s’ils le font, les arguments habituellement invoqués (la maladie, la mort) ne suffiront pas à convaincre un jeune de ne pas fumer. Et puis, à cet âge d’adolescence, les enfants commencent à se faire leurs propres chemins en voulant se détacher peu à peu de l’influence de leurs parents en se comportant comme bon leur semble. Fumer peut faire partie de ces comportements d’adolescents. La seule chose que les parents puissent faire, c’est d’éviter de fumer devant leurs petits enfants pour qu’ils donnent l’exemple ! Cependant, le dialogue parents/adolescents demeure toujours le moyen le plus important dans l’espoir de modifier ce comportement tabagique des jeunes. Mais il faut surtout savoir adapter un langage différent en fonction de l’âge de l’enfant.
Hechmi Khalladi
(Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 29 mai 2008)
Occultisme, mysticisme …Charlatanisme
Névroses et mal-vivre
L’évolution et les mutations que connaissent les sociétés modernes, conjuguées à une hausse de plus en plus élevée en demandes psychothérapeutiques, ont donné naissance à un phénomène de “psychologisation” de la société et à un vaste élargissement du champ des psychothérapies concernant nombreux domaines de la vie personnelle et sociale.
Les grandes mutations et les bouleversements -parfois douloureux- opérés dans notre jeune société, ont secoué brutalement les comportements, les mœurs et les habitudes et même les mentalités et ont créé une sorte de “Schizophrénie” collective. Plusieurs problèmes ,caractéristiques de la vie dans les sociétés modernes et aussi des temps modernes, tels que les échecs scolaires, les pertes d’emploi pour des raisons économiques, le chômage, les déceptions de tous genres, la croissance du taux des demandes en mariage (chez les filles surtout) – au lieu de faire l’objet d’études et de diagnostics par des professionnels – trouvent leurs “explications” et leurs traitements, faute de maturité intellectuelle et d’esprit cartésien rationnel, non pas dans les cabinets de psychiatres mais dans les “cabinets” de “prestigieux docteurs” en charlatanisme . Avec l’approche des examens de fin d’année, candidats, parents et enseignants sont au grand de leurs préparatifs et au summum de leur mobilisation. Certains armés de moyens légaux et légitimes, d’autres, enfreignant les lois et les règles les plus élémentaires, utilisant des moyens arriérés et archaïques vont même jusqu’à avoir recours à des pratiques périmées, considérées comme synonyme d’ignorance et d’obscurantisme et ce en demandant l’aide de gens qui affirment détenir des pouvoirs spirituels inaccessibles aux communs des mortels. Nos vulnérables “Cheikhs” sont là pour vous proposer, en vrac, toutes sortes de solutions miracles à tous vos problèmes, maux et souffrances prétendant même détenir un pouvoir magique capable de transformer tous vos malheurs en bonheur éternel et de vous guérir des maladies les plus incurables. C’est vrai que l’occultisme et le mysticisme trouvent leurs racines dans des traditions antiques mais le phénomène est en train de renaître de ses cendres et de connaître une évolution croissante allant même jusqu’à prétendre à l’existence d’un lien fort et direct entre l’occultisme et la science moderne et en dépit des interdits religieux et des progrès énormes de la science moderne, la pratique de l’occultisme et le recours aux services des charlatans persiste encore. Le charlatanisme connaît un large retentissement dans presque toutes les couches de la société. En effet, de nos jours, beaucoup de personnes parmi les candidats aux grandes épreuves avec l’accord, l’encouragement et la complicité de leurs parents ne peuvent entreprendre quelque chose d’important sans l’aval ou la bénédiction de certains charlatans qui se sont transformés en guérisseurs et en maîtres incontestables qui prédisent l’avenir en se servant de la cristallomancie, l’astrologie, la numérologie ou la chiromancie et en bénéficiant des facilités qui leurs sont offertes pour l’ouverture de leurs “cabinets” et pratiquer leur noble métier en se cachant sous la non moins noble étiquette de “guérisseur spirituel”. La pratique de l’occultisme est de plus en plus en évolution et connaît un essor florissant qui repose sur la croyance en l’efficacité d’un ensemble de pratiques comme :les divinations qui sont ces pratiques destinées à acquérir des informations sur des événements passés, présents ou futurs par des procédés, ne relevant pas d’une connaissance naturelle et prétendant prédire l’avenir et découvrir ce qui est caché. La divination fut largement pratiquée durant l’antiquité et ce, à travers l’interprétation de certains signes censés permettre de comprendre et de connaître la volonté des dieux, elle fut même considérée comme une véritable science en “mésopothamie”” ; la magie fondée sur des connaissances ésotériques ou cachées, relatives à l’univers et à ses forces mystérieuses ou basées sur le concept des correspondances c’est à dire des relations de type analogique entre les différentes entités universelles (étoiles plantes animaux êtres humains…) et la sorcellerie cet ensemble de pratiques reposant sur l’idée qu’il existe dans la nature des puissances cachées sur lesquelles on peut agir pour susciter un malheur ou s’attirer un bien. En effet, la magie se divise en deux catégories ; la magie blanche ou bénéfique utilisée pour écarter les mauvais esprits en guérissant et en conjurant la malchance on l’appelle aussi sympathique parcequ’elle réalise des souhaits. Quant à la magie noire ou maléfique, elle cherche à se concilier les mauvais esprits dans le but de nuire à autrui en invoquant les démons, elle cherche à nuire à une personne en prononçant son nom dans une formule magique, en implantant des épingles dans son effigie, en brûlant ses cheveux ou rognures d’ongles lui appartenant. Les révélations qui reposent sur des paroles inspirées prononcées par des personnes en état de transe. Le phénomène du charlatanisme commence à s’affirmer à travers la négation du rationnel et du cartésien, plusieurs facteurs internes et externes ont contribué à son effervescence, qui espérons, le ne sera que passagère, mais en attendant que le nuage se dissipe, les esprits éclairés et les disciples de Descartes, Spinoza et autres Hobbes, Montesquieu, Al Ghazali, Avorrès doivent unir leurs efforts dans un combat libérateur contre l’envoûtement. Car au bout du compte, cette époque scientiste a eu pour effet de pousser les êtres humains, pour la plupart, des névrosés, soit vers la religion, soit vers la débauche tandis que les âmes faibles croient en l’exorcisme, et en « le don » des guérisseurs. Aujourd’hui, les voyants, les gitans des temps modernes vendent des illusions et ça marche. Jetez un œil sur les annonces publicitaires des voyants ou des catomancières : les médecins, les vrais, n’en ont pas le droit. Et c’est là que le mal vivre dans cette société, la nôtre, révèle toute son acuité.
Rakia MAKHLOUF
(Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 29 mai 2008)
Presse, mon beau miroir
Par Ridha Kéfi
«Je n’aime pas lire tout ce qui s’écrit dans les journaux français sur la Tunisie, car les articles que j’y lis sont souvent de deux types, également tronqués : les uns sont laudateurs, œuvres de journalistes complaisants et vaguement intéressés, les autres excessivement critiques et qui s’apparentent souvent à de l’acharnement. J’ai rarement lu des articles sur votre pays qui m’ont paru sinon objectifs, du moins justes et équilibrés», m’a dit un jour un ami français, universitaire et consultant, qui connaît la Tunisie pour y séjourner assez souvent.
«Mais le problème, s’est-il cependant empressé d’ajouter, c’est qu’à chaque fois que je feuillette les journaux tunisiens distribués à bord des avions de votre compagnie aérienne nationale, je suis pris du même sentiment de frustration. Car les articles que j’y lis sont souvent, eux aussi, de deux types également tronqués: laudateurs vis-à-vis du gouvernement et très critiques vis-à-vis des opposants – s’ils en parlent, car ils les ignorent le plus souvent. Cet unanimisme dans l’éloge comme dans la condamnation participe d’une forme de pensée unique qui rappelle des périodes révolues de l’histoire contemporaine et qui, surtout, contraste fortement avec la vivacité de votre pays, les dynamiques qui le traversent et l’esprit moderne des Tunisiens».
Ce sentiment que la Tunisie n’a pas l’image qu’elle mérite en Europe (et en Occident en général), surtout dans les médias qui comptent – et pas dans ceux de seconde catégorie dont les tirages et l’influence sont assez limités –, est partagé par tous ceux qui connaissent assez bien notre pays et apprécient à leur juste valeur ses performances dans beaucoup de domaines.
Le sentiment aussi que les médias tunisiens, et en particulier la presse écrite, ne reflètent que partiellement, et parfois très maladroitement (ou grossièrement), les acquis du pays, ses points forts et son potentiel de progrès, est aujourd’hui partagé par tous les Tunisiens, y compris par le chef de l’Etat, qui a déploré, en plusieurs occasions, la pauvreté de cette presse et l’unanimisme de façade qui la caractérise et exhorté les journalistes à faire preuve d’esprit critique et d’audace dans leur investigation sur les divers aspects de la vie nationale.
Si tout le monde est d’accord sur le diagnostic, à commencer par les plus hautes autorités du pays, qu’est-ce qu’on attend pour faire le nécessaire, d’abord, pour aider notre presse à se mettre à niveau, afin d’être au diapason du pays dont elle prétend être le miroir, et ensuite pour mettre en place le dispositif nécessaire qui permette d’améliorer l’image de notre pays à l’extérieur, étant entendu que le dispositif actuellement existant a montré ses limites ?
Je pense personnellement que les deux niveaux du problème sont liés, comme l’atteste du reste la remarque de notre ami français, car l’image d’un pays à l’étranger est largement tributaire de celle qu’en renvoient ses propres médias et, particulièrement, sa presse écrite. Car plus cette presse est libre et autonome, plus elle fait preuve d’ouverture, de responsabilité, de rigueur et de professionnalisme. Et plus le pays gagne en crédibilité et s’attire le respect de la communauté internationale, et tout ce qui en découle en termes de rayonnement diplomatique, d’association aux événements internationaux majeurs et d’attraction d’investissements directs étrangers.
Et l’inverse est tout aussi juste : plus une presse est faible, redondante, ronronnante et unanimiste, plus le pays où elle paraît est soupçonné de fermeture, de monolithisme voire d’arriération. La presse étant le plus éloquent indicateur du degré de développement d’un pays, sinon le baromètre de son ouverture au reste du monde.
Aussi, est-il difficile de croire qu’une presse, la plus sobre (et la plus policée) qui soit, puisse accepter, «à l’insu de son plein gré», la servitude de l’assujettissement. Car, à la longue, cela risque de lui aliéner, tout «naturellement», ses lecteurs, qui sont les premiers clients et bailleurs de fonds d’un journal, mais aussi les véritables garants de sa pérennité. C’est pourquoi d’ailleurs ils sont en droit d’exiger, en contrepartie du prix qu’ils déboursent, d’être convenablement informés de ce qui se passe dans leur environnement immédiat. Sinon, ils vont voir ailleurs si le soleil brille encore pour tout le monde…
(Source : Edito de « L’Expression » (Magazine hebdomadaire – Tunis), N° 32 du 23 au 29 mai 2008)
Lien : http://www.lexpression.com.tn/details_article.php?ID_art=338
Moncef Bey rattrapé par l’actualité
Oualid Chine
Les Juifs d’origine tunisienne, qui vivaient dans notre pays pendant la Deuxième Guerre Mondiale, vont pouvoir être indemnisés. Mais si les médias israéliens mettent en cause le régime de Vichy, ils «oublient», Moncef Bey, le souverain tunisien qui les a protégés.
Alors que les Arabes commémorent la Nakba, les Israéliens eux célèbrent en grande pompe le 60ème anniversaire de la fondation de l’Etat sioniste. Et c’est l’occasion, pour les médias et politiciens israéliens, de remettre sur le tapis des sujets toujours controversés, même soixante années après la fin de la Deuxième Guerre Mondiale.
Les Juifs qui vivaient en Tunisie pendant cette période, et donc à l’époque du régime de Vichy, et du «règne» de Moncef Bey, vont pouvoir désormais être indemnisés par les autorités sionistes. C’est le portail ‘‘ynetnews.com’’ qui le révèle dans un article publié le 15 mai 2008. Pour de bon, cette fois-ci. Parce qu’en février dernier, un tribunal israélien avait déjà décidé d’accorder aux Juifs tunisiens «qui ont vécu sous le régime Nazi» le même statut que les Ashkénazes (juifs européens) victimes des persécutions hitlériennes. Notre pays ayant été en effet occupé par les Allemands de novembre 1942 à mai 1943. Ce qui accorderait donc un statut privilégié à 20 000 Juifs originaires de Tunisie, qui ont choisi de vivre aujourd’hui en Israël.
Jusqu’à cette décision de la cour de justice, le ministère des Finances israélien rejetait systématiquement toutes les demandes. Parce que le titre de «survivant de l’Holocauste» donne droit à une pension mensuelle de 333 dollars. Une aide qui a été jusqu’ici refusée aux juifs sépharades, jugés par les autorités israéliennes comme ayant été à l’abri, dans leurs pays arabes d’origine, de la barbarie nazie et des agressions de Vichy. Mais les autorités israéliennes traînent la patte. Elles ne verseront la pension qu’à condition que les demandeurs prouvent qu’ils vivaient bien en Tunisie en cette période. Un problème difficile à résoudre, mais la France se charge de contribuer à la solution. En impliquant au passage la Tunisie.
La France va en effet délivrer des certificats attestant que ces Israéliens avaient réellement vécu en Tunisie, dans ces troubles années 40, quand notre pays était encore sous «leur protectorat». Et puisqu’on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même, c’est David Tal, un Israélien d’origine tunisienne, et membre de la Knesset, qui est l’auteur de cette initiative. Il a ainsi demandé à l’ambassadeur de France en Israël, M. Jean-Michel Casa de l’aider dans ses démarches, et de lui fournir les documents nécessaires. Le gouvernement français a promis de fournir les documents demandés, se basant sur les registres d’état civil, et sur les archives. Et selon le quotidien de droite israélien ‘‘Yediot Ahranot’’, le gouvernement français se tournera, même, si besoin est, vers l’Etat tunisien, pour que ce dernier transmette les documents adéquats. Les Juifs d’origine tunisienne intéressés vont ainsi pouvoir accéder au statut «prestigieux» et même rémunérateur, en Israël, de survivant de l’Holocauste.
A noter qu’à cette époque quand les Juifs vivant en France étaient obligés par le régime de Vichy de porter l’étoile jaune, le souverain de la Tunisie, Moncef Bey, s’était déclaré le père de tous les Tunisiens, sans faire d’exception ethnique ou religieuse (voir encadré). Mieux : il aida ouvertement les Juifs, malmenés par les lois raciales imposées par les occupants français. Ce que ne dément du reste pas le ‘‘Haaretz’’, puisque le quotidien de Tel Aviv souligne, dans son édition du 11 mai 2008(http://www.haaretz.com/hasen/spages/982357.html) que les «immigrants tunisiens, qui auront le statut de survivants à l’Holocauste, étaient persécutés par le régime français de Vichy». C’est donc clairement la politique antisémite du régime de Vichy qui est en cause, et nullement celle du souverain tunisien de l’époque. Même si l’article publié ne citera, à aucun moment, le souverain nationaliste Moncef Bey.
Ce qui n’empêcha pas selon Said Mestiri, dans son livre ‘‘Moncef Bey’’, d’écrire: «Ce qui demeure inexplicable et indélébile pour la communauté tunisienne et musulmane, c’est l’odieuse attitude de la foule en grande partie de jeunes juifs, huant, vociférant, insultant, crachant même sur la voiture de Moncef Bey, arrêtée sur la place de la Résidence, le jour de la ‘‘libération’’ et arraisonnée par les ‘‘libérateurs anglais’’». Il est vrai que depuis, quelques plumes juives, ont tenté de réparer l’erreur de leurs coreligionnaires.
Toujours est-il que l’affaire a été longtemps passée sous silence. Comme pour éviter de faire de gênantes comparaisons, entre le sort actuel des Palestiniens dans les territoires occupées, et celui des Juifs dans les pays arabes.
Le protecteur des Juifs
Alors que le régime de Vichy faisait appliquer en Tunisie les lois de discrimination raciale, et confisquait les entreprises juives au profit des Français, Moncef Bey intervenait personnellement pour adoucir les mesures radicales prises à l’encontre de ceux qu’il considérait comme ses sujets à part entière.
Dans son livre consacré au souverain nationaliste tunisien (Sud Editions, pa. 142), Dr Said Mestiri souligne que «dès les premières semaines du règne, Moncef Bey reçoit les chefs de la communauté juive et les rassure publiquement, insistant sur l’égalité avec les Tunisiens musulmans (…). Il insiste personnellement pour que les médecins-chefs de services hospitaliers juifs puissent continuer à assurer leurs fonctions». C’est ainsi grâce à Moncef Bey que des médecins comme Léon Moati et Roger Nataf ont pu continuer à travailler. A la mort de Ahmed Bey, c’est un médecin juif, le docteur Emile Fellous qui annonça la «bonne nouvelle» à son successeur, Moncef Bey. Le bey qui héritait du trône a retiré une bague de son annulaire pour l’offrir au médecin en guise de récompense. Les Juifs faisaient donc partie de l’entourage immédiat du souverain. Des personnalités juives tunisiennes comme Albert Bessis, Meyer Bellity, René Smadja, Henry Smadja, défendront d’ailleurs Moncef Bey auprès de l’opinion française de l’après guerre. Les Israéliens, eux, n’accordent curieusement pas de place pour la mémoire d’un souverain qui a pourtant clairement défendu leurs coreligionnaires d’origine tunisienne.
(Source : « L’Expression » (Magazine hebdomadaire – Tunis), N° 32 du 23 au 29 mai 2008)
Lien : http://www.lexpression.com.tn/rubriques.php?id_rub=6
Biographie
‘‘Moncef Bey’’ par Saïd Mestiri : L’histoire par la nostalgie
L’auteur, médecin de son état, mais aussi acteur et témoin de l’histoire qu’il évoque, raconte, dans une abondance de détails, une multiplication de sources, et des recoupements incessants de témoignages, la mémoire d’un souverain de rupture, qui fut aussi martyr de la cause de l’indépendance de son pays.
Existe-t-il une forme de monarchie bon enfant en même temps attachée à un nationalisme ombrageux qu’on appellerait le Moncefisme ? Saïd Mestiri, auteur d’un volumineux ouvrage de 448 pages paru chez Sud Editions, y croit fermement. Et il n’est pas le seul, devrait-on ajouter. Bon nombre de Tunisiens continuent à visiter le mausolée qui lui est dédié, dans la ferveur du souvenir. D’ailleurs, la réédition de l’ouvrage, dans une version encore plus fouillée et 10 ans après la première édition, signifie par ricochet que la nostalgie est encore là.
Maintenant, la ferveur ne persiste que quand elle renvoie à des faits et gestes bien réels. D’autres beys ont bien régné sur le pays, et on ne garde pas de toute la lignée des souvenirs impérissables.
Moncef Bey est présenté comme un souverain de rupture, comme on dirait maintenant. Il n’était pas celui qu’on aurait aimé voir intronisé par son prédécesseur, il n’aura pas de prise sur la désignation de son successeur. Et pour cause : un destin tragique devait en faire un exilé devenu symbole de la résistance et martyr pour la patrie reconnaissante. Ces titres de gloire, il les a surtout gagnés à un moment crucial de la seconde guerre mondiale, machine à broyer les individus, encore plus quand ceux-ci sont en charge de petites nations soumises aux aléas du colonialisme le plus pervers.
Un document source
L’auteur, Saïd Mestiri, connaît son affaire sur le bout des doigts. Ce n’est pas spécialement un historien, mais un témoin de premier plan. Le genre de témoin dont on ne peut ignorer l’apport pour d’éventuelles lectures de l’histoire du pays, une source de l’histoire. Il l’est au point de parler à la première personne de péripéties dont il connaît les moindres détails. Et même quand il relate les faits et gestes de protagonistes de premier rang, il se présente comme le dépositaire direct de l’information.
Ainsi, pour une période où le premier ministère était tenu par M’hamed Chénik, il reprend les récits récoltés chez l’homme d’Etat lui-même. Il le fait en accompagnant le texte, et parfois à chaque page, de photos dûment commentées et expliquées. Il y a à l’évidence un parti pris, même quand la multiplication des éclairages anticipe sur d’éventuelles critiques de partialité. Des historiens, ou des témoins français sont ainsi appelés à la rescousse. Mais toujours pour vérifier la même thèse, celle du nationalisme sans équivoque d’un bey qui contraste avec ses semblables. Le même nationalisme lui valut la destitution et l’exil en 1943, juste sur une espèce d’entourloupe imaginée par la partie française de la Résidence Générale. Les désordres de la Guerre aidant, il avait été commode de lancer l’anathème de la Collaboration avec les Allemands pour remporter une telle décision.
Le Maréchal Juin, alors en cheville avec les généraux d’Alger, exécuta la besogne, celle là même qu’il semble apprécier différemment dans ses écrits ultérieurs. Le remplacement par Lamine Bey, plus docile et peu au fait du nationalisme militant qui montait en puissance, a achevé la mise en scène et a donné, a contrario, les conditions de mise en place de la légende, celle de Sidna El Moncef dans laquelle beaucoup se reconnaissent encore. L’image du martyr pour la cause a aussi bénéficié de la reconnaissance militante des grands leaders de l’époque, Habib Bourguiba et Salah Ben Youssef, pour ne citer que ceux-là. Les mêmes avaient, pour l’histoire, tenu à donner un caractère populaire et grandiose quand vint le moment du retour de la dépouille mortelle de celui qui incarna le nationalisme ombrageux face à un colonialisme à bout d’arguments.
Réhabilitation de la mémoire
Le règne avait duré deux ans, l’exil cinq. Entre-temps, le monarque était devenu un symbole, une référence pour une nation désormais entrée en résistance pour recouvrer sa souveraineté. Présent ou banni, le monarque joue un rôle important dans une histoire qui se fait à coups de sacrifices et que d’autres ont souvent racontée à coups d’omissions.
A ce titre, et à d’autres, l’ouvrage de Saïd Mestiri se veut une réhabilitation de la mémoire. Non qu’il faille dévaloriser le rôle d’autres acteurs du combat nationaliste. Mais l’idée est de revisiter, documents à l’appui, la chronique jusque là figée des événements qui ont marqué l’histoire vraie. L’objectif déclaré est aussi de démontrer que Moncef Bey «s’inscrit dans la droite ligne des réformateurs, de tous ces hommes de bonne volonté, de tous les résistants qui l’ont précédé en Tunisie et hors de Tunisie, dans ce vaste mouvement de régénération et de renouvellement qui a ébranlé le monde arabo-musulman dès le XIX siècle».
L’abondance de détails, la multiplication de sources, les recoupements incessants de témoignages militent dans la confirmation de cette dimension que lui reconnaissent, ou lui ont reconnu d’autres grandes figures du nationalisme. L’idée de portrait qui se dégage au final confirme le choix du titre : le nom seul de Moncef Bey suffit à lui seul à décrire le projet et l’œuvre de réhabilitation.
Bourguiba Ben Rejeb
(Source : « L’Expression » (Magazine hebdomadaire – Tunis), N° 32 du 23 au 29 mai 2008)
Lien : http://www.lexpression.com.tn/details_article.php?ID_art=336
Bonnes feuilles: Le souverain martyr
Dr Slaheddine Tlatli
«Dans chaque Tunisien, vit un Moncef Bey», écrit feu Dr Slaheddine Tlatli dans la préface de l’excellente biographie de ‘‘Moncef Bey’’, la plus complète à ce jour, œuvre du Dr Saïd Mestiri et que Sud Editions vient de rééditer. Préface que nous reproduisons ici avec l’aimable autorisation de son éditeur.
Une atmosphère légère, heureuse, presque euphorique, baignait en ce début d’été 1942, la coquette station balnéaire de La Marsa qui, avec sa cour beylicale, sa Résidence Générale de France et la présence d’une nombreuse aristocratie, faisait figure de petite capitale politique de la Tunisie.
La France, la guerre, la défaite, l’occupation, le gouvernement de Vichy, le Maréchal Pétain et son Premier ministre Laval, Hitler qui après avoir absorbé une grande partie de l’Europe venait d’envahir l’Union soviétique, tout cela paraissait se fondre dans une brume lointaine incapable d’éclabousser notre pays.
C’est que la Tunisie vivait dans l’allégresse générale d’un début de règne particulièrement populaire. Le 19 juin, après le long règne sclérosé et sclérosant de Ahmed Bey, venait d’accéder au trône, un monarque relativement jeune de soixante trois ans, énergique, rayonnant, d’un exceptionnel charisme et précédé d’une réputation de patriotisme intransigeant qui aurait déjà commencé à se manifester en 1922, lors de la crise qui faillit pousser son père Naceur Bey à abdiquer.
On l’appelait «le Bey destourien»
Moncef Bey, endoctriné de longue date par ses amis du vieux Destour, à telle enseigne qu’on l’appelait «le Bey destourien» apparut ainsi, dès son accession au pouvoir, comme l’homme providentiel, le héros attendu depuis des décennies qui allait redonner à notre pays sa souveraineté interne, reconnue par le Traité du Bardo, mais dont «les décrets subséquents» et les intrigues colonialistes nous avaient privés, durant les soixante ans du Protectorat, et pourquoi pas, compte tenu de l’évolution de la conjoncture internationale, la souveraineté externe, c’est-à-dire l’indépendance.
Grisés par ces folles espérances, le peuple tunisien et son souverain étaient convaincus qu’une ère nouvelle commençait pour notre pays. Le nouveau monarque s’était installé dans l’ancien palais d’été qu’avait construit en partie, sur la mer, Ahmed Bey. Tous les soirs, le public pouvait le voir dans la pergola vitrée et illuminée, entouré d’une brillante pléiade de personnalités et de hauts dignitaires, tandis que dans la cour extérieure les soldats et la garde soufflaient dans leurs cuivres les airs nostalgiques, comme celui de «Ma habitech» (Je n’ai pas aimé), la nouvelle chanson de Ali Riahi, que reprenaient en sourdine toutes les jouvencelles voilées de blanc, venues admirer le nouveau souverain bien-aimé de la Tunisie.
Nul ne se doutait alors en ce si bel été, peut-être le plus beau que connut La Marsa et que je connus moi-même, que nous assistions aux préludes heureux d’une tragédie en trois actes dont les conséquences allaient marquer d’une empreinte décisive l’histoire de la Tunisie contemporaine.
Rappelons brièvement les deux premiers.
Le premier acte, celui des joyeuses retrouvailles entre un peuple assoiffé d’indépendance et un souverain pour la première fois nationaliste et résolu à redonner à ses concitoyens leurs droits et leur dignité, devait durer à peine 4 mois, du 19 juin au 9 novembre 1942. Moncef Bey y donne déjà la mesure de son envergure. En dépit de l’ancienne équipe ministérielle Hédi Lakhoua, héritée de Ahmed Bey et façonnée par le régime du Protectorat, il ne tarde pas à s’affirmer, face à un amiral Estéva, hésitant et perdu dans les méandres de la politique de Vichy, comme le véritable chef de la Tunisie. Outre les diverses manifestations à effet psychologique, comme les visites aux quartiers populaires de Bab Souika, à La Manouba, dans les hôpitaux, qui lui valent une immense popularité, il affirme sans ambages son autonomie dans des cérémonies officielles, comme celle de son investiture et celle de l’Aïd Esseghir, et présente dès le mois d’août, au représentant de la France ahuri, un cahier de revendications en 16 points, véritable prélude de ce que seront, treize années plus tard, les conventions de l’autonomie interne. La tension est à son comble entre le Bey, surtout après le violent incident de l’Aïd, le 12 octobre, et l’Amiral Estéva dont il demande au Maréchal Pétain le rappel, lorsque éclate le coup de foudre du débarquement allié à Alger, le 8 novembre et le lendemain même celui des Allemands à El Aouina (Aéroport de Tunis).
Un ministère d’union nationale
Le 9 novembre en effet, à 8 heures du matin, en allant faire mon cours d’histoire au Lycée Carnot, je croise (Avenue Jules Ferry, aujourd’hui H. Bourguiba), défilant mitraillette au poing, le premier contingent de la Wehrmacht qui venait de débarquer à El Aouina ; ils étaient quatre vingts, tous très jeunes et aucun représentant de l’autorité française ne réagissait.
Ainsi se levait le rideau sur le second acte, celui de la guerre, le plus ardu de la vie de Moncef Bey et le plus tragique de l’histoire contemporaine de notre pays. La Tunisie, durant six mois, allait devenir le champ de bataille sanglant d’une guerre internationale, sans merci, entre les armées alliées d’une part (anglaises, américaines et françaises) et celles de l’axe (allemandes et italiennes) d’autre part. Que pouvait faire la petite Tunisie dans une conjoncture aussi terrible ? On imagine aisément ce qui serait advenu de notre pays, déchiré sous plusieurs occupants, soumis à toutes les pressions pour se rallier à l’un ou l’autre camp, s’il n’avait eu la chance d’avoir à sa tête un chef de l’envergure de Moncef Bey. Sa volonté et son habileté politique se manifestent d’abord en ces heures cruciales par la désignation le 31 décembre, sans en référer à la France, fait sans précédent dans l’histoire du Protectorat, d’un nouveau ministère, le premier ministère nationaliste depuis le Traité du Bardo. Il était présidé par le vice-président du Grand Conseil, M’hamed Chenik, connu pour sa grande intégrité patriotique, son expérience politique et sa compétence en matière économique.
La gravité de l’heure exigeait un ministère d’union nationale. C’est ce que réalisa Moncef Bey, avec en particulier des hommes de valeur comme Maître Salah Farhat, secrétaire général du Vieux Destour (dont je devais apprécier l’ardent patriotisme et la clarté d’esprit, lorsque nous collaborâmes ensemble quelques années plus tard dans «la Commission exécutive» et dans notre journal ‘‘l’Indépendance’’) qui fut désigné comme ministre de la justice et le Dr Mahmoud Materi, ancien président du Néo Destour, réputé pour sa grande probité morale au poste de ministre de l’intérieur, créé pour la première fois. La formation d’un tel ministère, qui affirmait avec éclat la souveraineté tunisienne, n’était pas de nature à plaire, ni à la France d’Alger dont les troupes occupaient une partie du territoire tunisien, avec pour capitale administrative le Kef, ni à la France de Vichy, soumise à l’Axe dont nous dépendions officiellement. Dans les convulsions de la guerre et les drames quotidiens des bombardements et des batailles rangées, il n’était plus question de poursuivre l’expérience moncéfiste d’arrachement progressif des attributs de notre souveraineté mais avant tout de faire face à la situation et de préserver l’avenir. Pour cela une seule ligne de conduite était possible : affirmer par tous les moyens, en dépit de toutes les difficultés que cela impliquait, la stricte neutralité de la Tunisie qui subissait en victime un conflit dans lequel elle n’était nullement partie prenante. Ce fut cette solution de sagesse qu’adopta le ministère Chenik, c’est-à-dire Moncef Bey. Les tentatives de pression furent nombreuses pour entraîner la Tunisie aux côtés de l’Axe et parfois pressantes comme lors de l’entrevue avec Bompieri le 1er mars 1943 et plus tard avec Moelhausen. On fit même miroiter des promesses d’indépendance. Mais Moncef Bey et M’hamed Chenik surent rester, avec courtoisie, fermes sur leurs positions. Malheureusement, la France d’Alger n’a pas su lors de la victoire alliée, tenir compte de cette fidélité tunisienne au Traité du Bardo, et de cette attitude chevaleresque qui force l’admiration. Bien au contraire, manoeuvré par les intrigues et la haine d’un Peyrouton qui avait un vieux compte à régler avec les nationalistes tunisiens et qui était devenu Gouverneur Général de l’Algérie, poussé par le clan des colonialistes impénitents avec Gromand et Vénèque, le Général Giraud, Commandant Général des troupes françaises d’Afrique du Nord, donna ordre au nouveau Résident Général, le Général Juin, de déposer Moncef Bey, dès le lendemain de la libération de Tunis, dans des conditions fort humiliantes et ce, disait le communiqué, «pour assurer le maintien de la sécurité intérieure et extérieure de la Régence». La France qui par l’article 3 du Traité du Bardo s’était «engagée à prêter un constant appui à S. A. le Bey contre tout danger qui menacerait sa personne, sa dynastie ou qui compromettrait la tranquillité de ses Etats», poussait le cynisme jusqu’à déposer le Souverain de Tunis pour assurer la sécurité de son pays.
Mais comme disaient les Romains : «Jupiter aveugle ceux qu’il veut perdre». Ce coup de génie du Général, destituant le grand Moncef Bey et le traînant d’un exil à l’autre, jusqu’à sa mort – ce fut le troisième acte – devait avoir des conséquences irréversibles. Comme l’écrit Ch. A. Julien (1), «en éliminant Moncef Bey, on avait créé le moncéfisme qui devait donner au nationalisme tunisien une virulence sans précédent». Tous les analystes de cette période savent que la déposition de Moncef Bey à Tunis et dix ans plus tard, par un autre coup de génie cette fois du Général Guillaume, celle de Mohamed V au Maroc, furent des fautes impardonnables qui devaient déclencher une réaction en chaîne entraînant en fin de compte la perte de l’Afrique du Nord pour la France. Et c’est cela l’essentiel. Sur cette période que nous venons d’esquisser, une des plus glorieuses et des plus tragiques de notre Histoire nationale, de nombreux articles et études fragmentaires ont été publiés, mais aucun travail d’ensemble jusqu’ici n’a tenté d’en faire la synthèse et de l’embrasser globalement.
Or voilà que, par une chance inespérée, un des plus brillants pionniers de la chirurgie tunisienne, le Professeur Saïd Mestiri, entreprend, avec sa méthode scientifique, son esprit de précision, et sa curiosité du détail, de disséquer presque médicalement la question et de nous brosser de Moncef Bey et de son époque un tableau d’autant plus remarquable qu’il a pu disposer, en tant que gendre de M’hamed Chenik, d’une documentation inédite de premier ordre. «Je suis, écrit-il dans l’avant-propos, porteur d’un témoignage que je me dois de transmettre. Le témoignage de M’hamed Chenik sera donc l’axe principal de ce travail.»
L’un des plus grands héros de son époque
Cela donne déjà à son livre une dimension particulière. Mais pour cerner davantage la vérité historique et par souci d’objectivité, il s’abreuve à toutes les sources, prend connaissance de presque tout ce qui a paru sur le sujet, en particulier du précieux petit livre-témoignage de Sadok Zmerli, Directeur du Protocole et ami de Moncef Bey, ‘‘Espoirs et déceptions en Tunisie’’ (MTE) (2) et sollicite le témoignage de ceux qui ont joué un rôle direct ou assisté à certains événements. Nous découvrons ainsi, par exemple, avec un vif intérêt, la lettre-témoignage que l’auteur a demandé au lieutenant de l’armée britannique, le Lieutenant John H. Lambert qui le premier pénétra dans le Palais d’Hammam-Lif, après l’occupation de Tunis, et qui fut l’artisan inconscient et téléguidé de cette sinistre mascarade de l’humiliation de Moncef Bey, à travers les rues de la capitale, le dimanche 9 mai 1943.
Mais nous trouvons aussi, et c’est là que réside le charme de cette résurrection de notre passé, des témoignages de personnes beaucoup plus humbles, comme celle de ce petit forgeron de Bab-Souika, se remémorant avec nostalgie le magnifique Ramadan 42. Toute cette riche moisson nous vaut souvent une évocation fine, fouillée, haute en couleurs, brossée avec talent par un auteur parfaitement averti des hommes, des choses, des traditions, des «dessous de cartes» et des ambitions non seulement des personnages qui gravitent dans la cour mais aussi de tous ceux qui interviennent dans la mosaïque de la société tunisienne, à travers les milieux religieux tunisiens, aussi bien que dans la colonie française, juive, italienne… etc. Il y a là un apport nouveau particulièrement enrichissant.
Mais certains moments forts du règne sont campés avec une grande maîtrise et un luxe de précisions qui les font revivre sous nos yeux. Le récit devient alors dialogue et le passé ressuscité. C’est le cas par exemple de la cérémonie d’investiture du Bardo, de celle du coup d’éclat de l’Aïd, mais surtout de cette série bouleversante, admirablement restituée, de la destitution, où s’affrontent, dans ces moments décisifs, au palais Es-Saâda de La Marsa, les trois grands protagonistes du drame : Moncef Bey, M’hamed Chenik et le Général Juin. Le tragique de la situation, le pathétique des personnages et du dialogue sont d’une rare intensité. C’est une des plus belles pages d’anthologie de notre Histoire. Certes, dans quelques passages, on peut ne pas partager certains jugements personnels, on peut ne pas juger indispensables certains développements trop détaillés, quoique fort instructifs, sur les opérations militaires, mais il n’en demeure pas moins que l’ouvrage du Dr Saïd Mestiri constitue, par tout ce qu’il apporte de nouveau, une contribution essentielle à la connaissance d’un des plus grands héros de notre histoire et de son époque. Avec le recul du temps, en effet, dans le Panthéon de nos murs – le seul qui compte en définitive – où, sans faste, sans marbre et sans statue, continue à vivre de génération en génération, la mémoire de ceux qui, aux heures décisives, ont servi efficacement notre patrie et se sont sacrifiés pour elle dans la dignité, on se rend compte aujourd’hui que Moncef Bey occupe une place de choix, parmi les plus grands, la place d’un Souverain martyr mort pour son peuple et pour la cause sacrée de l’Indépendance. Le 1er septembre 1948, le jour même des obsèques de Moncef Bey, qui furent la plus grande apothéose jamais offerte par le peuple tunisien à l’un de ses héros, au cours de laquelle on avait l’impression que les centaines de milliers de morts du Djellaz communiaient avec la marée humaine des vivants pour rendre un dernier hommage au Souverain disparu, j’avais écrit, à chaud, un éditorial, dans ‘‘la Jeune Tunisie’’, sous le titre «la leçon de Moncef Bey» qui se terminait ainsi : «…Demain, du haut de son tribunal serein et implacable, l’Histoire jugera. Elle jugera la France qui, connaissant son erreur, a gardé jusqu’à la mort un souverain dont le seul crime a été d’avoir trop aimé son peuple. Elle jugera Moncef Bey dont la fidélité et la noblesse de caractère n’avaient d’égal que son culte pour la liberté. Elle jugera, mais la France ne sortira pas grandie de l’épreuve. Aujourd’hui tous les Tunisiens pleurent leur souverain-martyr, mort en exil, en terre chrétienne. Mais tous ont tiré la leçon ; cette leçon est qu’aucune cause nationale n’aboutit sans sacrifices et surtout qu’aucune cause ne triomphe sans l’union de tous ses artisans. Cette union sacrée il vient de la sceller par sa mort. Dire qu’il en reste le symbole est insuffisant car plus que jamais, dans chaque Tunisien, vit un Moncef Bey. Et les morts tels que lui ne meurent jamais tant que les vivants restent dignes de leur mémoire. n
1. L’Afrique du Nord en marche, p. 101.
2. Voir in S. Tlatli “Multiple Tunisie”, M.T.E., 1985 : “Sadok Zmerli”, pp. 446-456.
(Source : « L’Expression » (Magazine hebdomadaire – Tunis), N° 32 du 23 au 29 mai 2008)
Lien : http://www.lexpression.com.tn/details_article.php?ID_art=337
Union pour la Méditerranée: La Libye souligne l’existence de “zones d’ombre“
AFP, le 28 mai 2008 à 13h29
LE CAIRE, 28 mai 2008 (AFP) – La Libye est d’accord en principe pour la création de l’Union pour la Méditerranée, a annoncé mercredi au Caire un diplomate libyen de haut rang, soulignant cependant l’existence de “grandes zones d’ombre” dans ce projet proposé par la France. “Nous avons été les premiers à appeler à faire un lac de paix du bassin méditerranéen”, a affirmé le coordinateur des relations égypto-libyennes, Ahmad Kadhaf al-Dam, à l’issue d’un entretien avec le président Hosni Moubarak. Mais selon lui, il “existe encore de grandes zones d’ombre autour de certains aspects de ce projet. On parle d’Union mais ce terme est fort”, a-t-il dit, ajoutant que la Libye voulait avoir son mot à dire sur ce projet. Le projet, lancé par la France, et amendé par ses partenaires européens, sera discuté les 9 et 10 juin en Slovénie avec l’Union européenne et les pays arabes associés au processus de Barcelone. Outre les Palestiniens, neuf pays arabes sont concernés par le dialogue euro-méditerranéen de Barcelone, lancé en 1995 par l’UE en direction des pays de la rive Sud. Il s’agit de l’Egypte, de la Libye, de la Tunisie, de l’Algérie, du Maroc, de la Mauritanie, de la Syrie, de la Jordanie et du Liban. Le président français Nicolas Sarkozy doit inaugurer le 13 juillet à Paris cette initiative désormais baptisée “Processus de Barcelone: Union pour la Méditerranée“.
France: une association rappelle le sauvetage de juifs par des musulmans
AFP, le 29 mai 2008 à 14h43
PARIS, 29 mai 2008 (AFP) – Des musulmans ont sauvé des juifs à Paris pendant l’occupation allemande, a souligné jeudi une association, “Les bâtisseuses de paix”, qui voudrait faire apposer une plaque sur la Mosquée de Paris pour commémorer ces faits. La présidente de l’association, Annie-Paule Derczansky, a rappelé l’existence d’une note interne du ministère des affaires étrangères du 24 septembre 1940, signalant que le personnel de la Mosquée de Paris est “soupçonné par les autorités d’occupation” de “délivrer frauduleusement à des individus de race juive des certificats attestant que les intéressés sont de confession musulmane”. L’imam a été “sommé, de façon comminatoire, d’avoir à rompre avec toute pratique de ce genre”. “Il semble en effet, ajoute la note, que nombre d’israélites recourent à des manoeuvres de toute espèce pour dissimuler leur identité”. Cette note a été authentifiée par la direction des archives du ministère des affaires étrangères. L’association a écrit au président algérien Abdelaziz Bouteflika pour avoir l’autorisation d’apposer une plaque qui “rappelle la mémoire des enfants et adultes qui ont été sauvés en ces lieux” à l’entrée de la Grande Mosquée, soutenue par l’Algérie. Pendant l’occupation, la Mosquée, alors dirigée par le recteur Kaddour Ben Ghabrit, a abrité un groupe de résistants algériens, en majorité kabyles, qui a aidé les parachutistes anglais puis des familles juives à passer en zone sud ou en Afrique du nord. L’association des Bâtisseuses de Paix, créée en 2002, réunit des femmes juives et musulmanes qui veulent mettre en pratique au quotidien le dialogue entre les deux communautés