29 mai 2008

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TUNISNEWS
9 Úme année, N° 2928 du 29.05.2008
 archives : www.tunisnews.net


AISPP: ProcĂšs 27  mai 2008 AISPP: Hasni Nasri est sauvagement agressĂ© Ă  la prison de Mornaguia deux jours aprĂšs
 la visite du chef de l’Etat ! Luiza Toscane: Slim Boukhdhir sous la menace d’un couteau AP: La menace d’Al-QaĂŻda est « rĂ©elle » en Afrique du nord, selon le gĂ©nĂ©ral amĂ©ricain Ward Le Temps: Tabagisme : 50% des Ă©lĂšves du secondaire sont des fumeurs permanents – Slogans creux ! Le Temps: Occultisme, mysticisme …Charlatanisme –  NĂ©vroses et mal-vivre Edito de « L’Expression  »Presse, mon beau miroir L’Expression : Moncef Bey rattrapĂ© par l’actualitĂ© L’Expression : ‘‘Moncef Bey’’ par SaĂŻd Mestiri : L’histoire par la nostalgie L’Expression : Bonnes feuilles: Le souverain martyr AFP: Union pour la MĂ©diterranĂ©e: La Libye souligne l’existence de « zones d’ombre » AFP: France: une association rappelle le sauvetage de juifs par des musulmans


Liberté pour tous les prisonniers politiques Liberté pour Abdallah Zouari, le journaliste exilé dans son propre pays   Association Internationale de Soutien aux Prisonniers politiques 43 Rue Eldjazira, Tunis e-mail :  

aispptunisie@yahoo.fr

Tunis, le 27 mai 2008   * La vingt septiĂšme chambre criminelle de la Cour d’Appel de Tunis, prĂ©sidĂ©e par le juge Mannoubi Hamidane a prononcĂ© dans la soirĂ©e hier, mardi 27 mai 2008, son jugement dans l’affaire n°11166. Elle a condamnĂ© Ă  l’emprisonnement : Naoufel Sassi, Anis Hedhili, Taoufik Harzalli et Rafik Elouni pour une durĂ©e de 5 ans Ahmed Hedhili, Oussama Nouar, pour une durĂ©e de 3 ans Hichem Saadi pour une durĂ©e de 8 ans Mohammed Taoufik Ben Abdallah pour une durĂ©e de 4 ans * La treiziĂšme chambre criminelle de la Cour d’Appel de Tunis, prĂ©sidĂ©e par le juge Tahar Yafreni, a examinĂ© aujourd’hui mardi 28 mai 2008 : – L’affaire n°11147 dans laquelle sont dĂ©fĂ©rĂ©s Ali KalaĂŻ, Oualid Zouaghi, Chedli Adouani et Adel Abdi, accusĂ©s d’adhĂ©sion sur le territoire de la RĂ©publique Ă  une entente ayant fait du terrorisme un moyen de rĂ©aliser ses objectifs, d’utilisation du territoire de la RĂ©publique pour recruter des personnes en vue de commettre un acte terroriste sur le territoire de la RĂ©publique, d’incitation Ă  adhĂ©rer Ă  une organisation en relation avec les infractions terroristes, ainsi que d’utilisation d’un mot, d’un nom et d’un symbole pour identifier une organisation terroriste, ses activitĂ©s et ses membres. La commission de la dĂ©fense Ă©tait composĂ©e de maĂźtres Anouar Aouled Ali, Rached Ben Khelifa. Le juge a dĂ©cidĂ© Ă  l’issue des plaidoiries de lever la sĂ©ance pour le dĂ©libĂ©rĂ© et le prononcĂ© du jugement. – L’affaire n°11046 dans laquelle est dĂ©fĂ©rĂ© Oualid Layouni, accusĂ© de collecte de fonds destinĂ©s Ă  financer des personnes en relation avec les infractions terroristes. MaĂźtre Anouar Aouled Ali a plaidĂ© [
] et mis en exergue la vacuitĂ© du dossier de toute preuve de culpabilitĂ© ou de piĂšces saisies, si ce n’est des aveux extorquĂ©s sous une violente torture. Le juge a dĂ©cidĂ© de lever la sĂ©ance pour le dĂ©libĂ©rĂ© et le prononcĂ© du jugement. Pour la commission de suivi des procĂšs Le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’Association MaĂźtre Samir Dilou (traduction d’extraits ni revue ni corrigĂ©e par les auteurs de la version en arabe, LT


Liberté pour tous les prisonniers politiques Liberté pour Abdallah Zouari, le journaliste exilé dans son propre pays   Association Internationale de Soutien aux Prisonniers politiques 43 Rue Eldjazira, Tunis e-mail : aispptunisie@yahoo.fr   Tunis, le 27 mai 2008

Hasni Nasri est sauvagement agressĂ© Ă  la prison de Mornaguia deux jours aprĂšs
 la visite du chef de l’Etat !

 

Le prisonnier Hasni Ben SaĂŻdane Nasri a Ă©tĂ© sauvagement agressĂ© Ă  la prison de Mornaguia ; cette agression lui a laissĂ© des lĂ©sions sur tout le corps. Il a donnĂ© au juge Ă  l’occasion de l’examen de l’affaire 10602 le 23 mai 2008 les dĂ©tails de l’agression perpĂ©trĂ©e par des agents de la prison de Mornaguia « deux jours aprĂšs la visite du chef de l’Etat dans cette prison » selon ses dires. Il en est rĂ©sultĂ© une fracture du genou et une tumĂ©faction de l’Ɠil gauche, ainsi que des contusions sur tous le corps. Le juge a Ă©coutĂ© avec attention
 sans enregistrer quoi que ce soit au procĂšs verbal de sĂ©ance ! Les avocats ont condamnĂ© cette agression abominable sur un dĂ©tenu dont l’affaire est pendante devant la justice et qui est « sous la protection de cette derniĂšre » et le fait qu’il ait Ă©tĂ© totalement dĂ©nudĂ©. Hasni Nasri a affirmĂ© avoir Ă©tĂ© agressĂ© verbalement et physiquement par les agents du pavillon D. L’association condamne ces agressions rĂ©currentes de prisonniers de La Mornaguia. Elle attire l’attention sur le fait que l’administration isole dĂ©libĂ©rĂ©ment les victimes d’agressions du monde extĂ©rieur afin de couvrir ces violations Ă  leurs droits. Ainsi maĂźtre Samir Ben Amor a Ă©tĂ© empĂȘchĂ© de rendre visite Ă  Hasni Nasri le 19 mai 2008, interdiction rĂ©pĂ©tĂ©e Ă  l’endroit de MaĂźtre Samir Dilou le 27 mai 2008. [
] Pour l’Association Le comitĂ© directeur (traduction d’extraits ni revue ni corrigĂ©e par les auteurs de la version en arabe, LT)

 


 

Slim Boukhdhir sous la menace d’un couteau

Mardi 27 mai, les agents de la prison de Sfax ont fait Ă©vacuer les deux dĂ©tenus qui partagent la cellule de Slim Boukhdhir et y ont fait rentrer un dĂ©tenu de droit commun. Ce dernier, une fois seul avec Slim Boukhdhir, a exhibĂ© un couteau et a menacĂ© le journaliste de le poignarder, soit au niveau de la gorge, soit de l’abdomen. Les hurlements et les appels au secours de Slim Boukhdhir n’y ont rien fait. Les deux agents de la prison, en faction devant la porte, ont feint de ne rien entendre, et les menaces ont durĂ© une heure et demie, au terme de laquelle, imperturbables, les gardiens ont fait sortir le prisonnier armĂ© et ont rĂ©intĂ©grĂ© ses deux compagnons de cellule. Slim Boukhdhir a appris que ce dĂ©tenu de droit commun, connu sous le nom d’Hatem Kahla, est condamnĂ© Ă  une lourde peine et est rĂ©putĂ© pour sa dangerositĂ©.

Slim Boukhdhir fait endosser Ă  l’administration pĂ©nitentiaire l’entiĂšre responsabilitĂ© de cette machination visant Ă  le terroriser, le briser et Ă  mettre en pĂ©ril son existence, d‘autant que le port d‘un couteau, ou de tout autre arme est Ă©videmment interdit en prison. Il considĂšre qu’il s’agit d’une menace directe, en reprĂ©sailles contre sa lettre en arabe publiĂ©e la semaine passĂ©e sur Internet. Sa famille, qui lui a rendu visite aujourd’hui, jeudi 29 mai, dans un parloir oĂč il n’y avait pas d’autres familles de prisonniers, appelle Ă  l’aide. Luiza Toscane


Chers lecteurs,

Le numéro 64 de Mouwatinoun organe du Forum Démocratique est maintenant disponible chez votre marchand de journaux.

Vous pouvez visualiser la totalitĂ© de son contenu Ă  partir de dimanche soir en cliquant sur ce lien : http://www.fdtl.org/IMG/pdf/mouwatinoun_64.pdf Pour les internautes se connectant depuis la Tunisie, il est fort possible que l’accĂšs Ă  notre site soit bloquĂ© pour les raisons connues par tous. Dans ce cas la seule maniĂšre de se procurer notre hebdomadaire est de le demander Ă  votre marchand de journaux. Vous contribuerez ainsi Ă  aider financiĂšrement notre parti qui en a besoin dans ces temps difficiles. Merci aussi de diffuser l’info autour de vous. Cordialement, Le webmaster du FDTL (www.fdtl.org)


LE THEATRE D’ART BEN ABDALLAH

AVEC LA COLLABORATION DE L’ACDR

ASSOCIATION ARTS ET CULTURES DES DEUX RIVES (membre de la  FTCR )

PRESENTENT

LE FESTIVAL DES MUSIQUES ALTERNATIVES ET ENGAGEES

Rencontre des Générations

06-07 Juin 2008

Le 06 juin 08 Ă  16H

 

OUVERTURE

-Exposition : Histoire de la Chanson Alternative et engagée

-Projection du film documentaireŰ§Ù„ÙƒÙ„Ű§Ù…Â Űčيون de R.Benhalima

-Présentation et témoignages avec les chercheurs : Ali Saidane, H.Belaïd et Hechmi Ben Frej .

– PrĂ©sentation du site Al Moultaka dĂ©diĂ© Ă  la chanson engagĂ©e par Karim Samaali

A19H PREMIERE SOIREE MUSICALE

******************

Le 06 juin 2008 A 19H

Amal Hamrouni et Khemaiss el Bahri

La troupe AJRASS

Chedly Khomsi et Zine safi


La menace d’Al-QaĂŻda est « rĂ©elle » en Afrique du nord, selon le gĂ©nĂ©ral amĂ©ricain Ward

 

Associated Press, le 28 mai 2008 Ă  18h25

TUNIS (AP) — En visite en Tunisie, le chef du commandement militaire amĂ©ricain pour l’Afrique (AFRICOM), le gĂ©nĂ©ral William Ward, a Ă©voquĂ© mercredi d’une « menace rĂ©elle de l’extrĂ©misme

violent d’Al QaĂŻda » en Afrique du Nord. « Ils l’ont dit. Je les prends au mot. Les menaces des terroristes comme Al-QaĂŻda sont rĂ©elles », a-t-il martelĂ© lors d’une confĂ©rence Ă  l’ambassade amĂ©ricaine Ă  Tunis. Selon cet ancien commandant adjoint des forces amĂ©ricaines en Europe, la mission de l’AFRICOM consiste Ă  « aider les pays africains Ă  assurer leur sĂ©curité »: « Nous travaillons ensemble pour les contrer et les empĂȘcher de rĂ©aliser leurs desseins », a-t-il lancĂ©. « Il n’y a pas d’engagement de forces militaires amĂ©ricaines en Afrique. Il s’agit plutĂŽt de fournir l’aide nĂ©cessaire dont ont besoin les pays du contient pour dĂ©velopper leurs capacitĂ©s sĂ©curitaires afin de pouvoir combattre le terrorisme, garantir la stabilitĂ© et promouvoir le dĂ©veloppement », a-t-il prĂ©cisĂ©. « En aidant l’Afrique, nous nous aidons nous-mĂȘmes, car avec une Afrique stable, on aura un monde plus stable », a-t-il ajoutĂ©, affirmant que les Etats-Unis travaillaient « avec les pays europĂ©ens qui ont des intĂ©rĂȘts en Afrique de maniĂšre complĂ©mentaire ». Et niant avoir demandĂ© Ă  Tunis « une prĂ©sence militaire amĂ©ricaine permanente« . Le gĂ©nĂ©ral, qui a annoncĂ© qu’il se rendrait prochainement au Maroc, a assistĂ© Ă  des manoeuvres militaires conjointes tuniso-amĂ©ricaines Ă  la base de Bizerte (60 km au nord de Tunis) et s’est entretenu avec le ministre de la dĂ©fense, Kamel Morjane. « La Tunisie est un pays modĂšle dans la rĂ©gion, non seulement dans la lutte contre le terrorisme, mais aussi en matiĂšre de tolĂ©rance religieuse, d’Ă©mancipation de la femme et d’Ă©ducation », a-t-il ajoutĂ©.

Associated Press


 

DécÚs du comédien Mohamed Mamdouh

La scĂšne artistique tunisienne vient de perdre le comĂ©dien Mohamed Mamdouh, dĂ©cĂ©dĂ© lundi Ă  l’Ăąge de 64 ans, aprĂšs un riche parcours consacrĂ© au thĂ©Ăątre, Ă  la radio, Ă  la tĂ©lĂ©vision et Ă  l’animation.La carriĂšre de cet artiste a dĂ©marrĂ© en 1961 par son adhĂ©sion Ă  la troupe  »Al Masrah Al Ifriqi »(le thĂ©Ăątre africain) avant de rejoindre la radio nationale en 1964 et de s’intĂ©grer, en 1965, dans la troupe thĂ©Ăątrale relevant de cette radio. Il a Ă©galement travaillĂ© en tant que comĂ©dien Ă  la tĂ©lĂ©vision tunisienne depuis son dĂ©marrage en 1966. Mohamed Mamdouh Ă©tait toujours prĂ©sent dans les productions dramatiques radiophoniques et tĂ©lĂ©visuelles de l’Ă©poque. Il a notamment brillĂ© dans la sĂ©rie TV  »Hafidha et Mahfoudh ». Il a Ă©crit et mis en scĂšne plusieurs piĂšces de thĂ©Ăątre et incarna des rĂŽles au cinĂ©ma. Mohamed Mamdouh a bĂ©nĂ©ficiĂ© de la sollicitude du PrĂ©sident Zine El Abidine Ben Ali qui l’a dĂ©corĂ©, en 2002, des insignes de l’ordre de chevalier, au titre du secteur culturel.

(Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 29 mai 2008)


 

Tabagisme : 50% des Ă©lĂšves du secondaire sont des fumeurs permanents

Slogans creux !

Quatre millions de morts par an, soit 11 000 chaque jour Ă  cause du tabac ! A ce rythme, le nombre de dĂ©cĂšs devrait atteindre 8,4 millions en 2020 et 10 millions en 2030. Face Ă  une telle menace, l’Organisation mondiale de la SantĂ© se mobilise et lutte contre le tabagisme en dĂ©clarant le 31 mai journĂ©e mondiale sans tabac. Ces chiffres portent certes sur l’ensemble des fumeurs dans le monde, tous Ăąges et sexes confondus. Mais nous nous bornerons ici de traiter du tabagisme en milieu scolaire qui prend chez nous des proportions alarmantes. En effet, les prĂ©valences du tabagisme chez les enfants et les adolescents des Ă©coles tendent vers un accroissement rapide. La lutte contre le tabagisme en milieu scolaire devient plus impĂ©rative aujourd’hui que dans le passĂ©, vu que le nombre de fumeurs concernant cette tranche d’Ăąge est en augmentation permanente. Rappelons que  la Tunisie a signĂ©, le 23 fĂ©vrier 1998, conjointement avec l’OMS, une loi interdisant le tabac dans les espaces publics, qui n’est jamais appliquĂ©e ! Il faut peut-ĂȘtre poser la question Ă  un jeune fumeur sur les raisons qui le poussent Ă  fumer pour connaĂźtre les vĂ©ritables causes de ce vice. Notons de prime abord que plus de 50% des Ă©lĂšves du secondaire sont des fumeurs permanents. Le reste se rĂ©partit entre fumeurs occasionnels et non fumeurs. Les cours des lycĂ©es, rĂ©servĂ©es essentiellement Ă  la rĂ©crĂ©ation, sont dĂ©sertĂ©es pendant les rĂ©crĂ©ations de 10H et de 16H qui sont devenues des pauses-cigarettes ; ils vont alors s’agglutiner devant la porte du lycĂ©e pour fumer leurs cigarettes qu’ils achĂštent dans ces petits kiosques installĂ©s sur les trottoirs, tout prĂšs du lycĂ©e ! LĂ , les groupes de fumeurs, surtout ceux qui sont encore amateurs, se lancent toutes sortes de dĂ©fis : fumer sans tousser, avaler la fumĂ©e, savoir faire des ronds de fumĂ©e… Mais ces Ă©lĂšves fumeurs ne se contentent pas de cette petite pause, ils trouvent toujours un moyen pour s’offrir leur dose de nicotine dans les toilettes du lycĂ©e, l’autre lieu de prĂ©dilection. Les Ă©lĂšves des classes terminales sont gĂ©nĂ©ralement les plus grands fumeurs. Ceux-ci associent leur consommation de cigarettes aux pressions et aux angoisses causĂ©es par les Ă©tudes ; ils espĂšrent ainsi pallier les difficultĂ©s rencontrĂ©es dans la vie scolaire et peut-ĂȘtre l’absence d’une satisfaction personnelle par les cigarettes. La cigarette leur procure peut-ĂȘtre un certain soulagement. D’autres s’adonnent au tabac par simple imitation des camarades plus ĂągĂ©s, croyant qu’une cigarette est symbole de maturitĂ© et de virilitĂ© et voire mĂȘme de sĂ©duction. D’autres encore s’y mettent uniquement par plaisir ou par complaisance ; ils n’achĂštent des cigarettes qu’occasionnellement et ne refusent jamais une cigarette offerte par un camarade expert en la matiĂšre. En agissant de la sorte, ils croient Ă©viter le risque de devenir un jour dĂ©pendant. Or, aucun fumeur dĂ©pendant Ă  ce jour ne pensait le devenir au moment oĂč il a fumĂ© sa premiĂšre cigarette ! VoilĂ  donc tout ce qu’on peut dĂ©gager des intentions de ces jeunes fumeurs chaque fois qu’on aborde avec eux le sujet du tabagisme. Des Ă©tudes et des enquĂȘtes plus approfondies menĂ©es scrupuleusement sur ce sujet par des psychologues et des sociologues dans nos Ă©coles nous seront certainement d’un grand intĂ©rĂȘt.

Pas de programme de sensibilisation

Ce qui compte surtout, c’est la maniĂšre dont on doit procĂ©der pour faire face Ă  ce flĂ©au qui menace la santĂ© de milliers de jeunes Ă©lĂšves dans nos Ă©coles. Dans le cadre de la lutte contre le tabagisme en milieu scolaire, il n’y a pas vraiment un programme national permanent destinĂ© essentiellement au public scolaire. Les slogans publicitaires passĂ©s Ă  la Radio ou Ă  la TV, chaque annĂ©e, Ă  la veille de la journĂ©e mondiale sans tabac demeurent insuffisants et ils sont adressĂ©s au grand public et pas aux jeunes des Ă©coles en particulier. Il est donc nĂ©cessaire de se pencher sur ce phĂ©nomĂšne de maniĂšre plus sĂ©rieuse et de lui accorder l’intĂ©rĂȘt qu’il mĂ©rite, car c’est la santĂ© de nos enfants qui est en jeu !

Pour ce faire, plusieurs initiatives peuvent ĂȘtre prises Ă  tous les niveaux. A commencer par les clubs scolaires qui se trouvent au sein mĂȘme des Ă©tablissements, comme les clubs de sciences, les clubs de l’environnement et d’autres encore peuvent mettre la main dans la pĂąte en lançant des campagnes anti-tabac qui s’Ă©tendent sur toute l’annĂ©e scolaire en organisant des rencontres avec des mĂ©decins qui viennent pĂ©riodiquement confĂ©rer devant les Ă©lĂšves sur les consĂ©quences nĂ©gatives du tabac sur la santĂ© physique, psychique et sociale de l’individu, ce qui constitue pour les Ă©lĂšves des occasions favorables Ă  poser leurs questions aux spĂ©cialistes qui leur fourniront les rĂ©ponses adĂ©quates. La projection de films documentaires sur le thĂšme du tabac peut figurer dans les programmes annuels de ces mĂȘmes clubs. Les professeurs de sciences naturelles peuvent Ă©galement Ă©laborer de temps en temps un cours modĂšle ayant pour thĂšme les consĂ©quences nĂ©fastes du tabac qu’ils dispensent Ă  l’intention des Ă©lĂšves du lycĂ©e ou du collĂšge et qui sera suivi d’une discussion. Parmi les actions Ă  mener, l’augmentation du nombre de visites du mĂ©decin scolaire serait Ă©galement souhaitable, car une visite effectuĂ©e en dĂ©but d’annĂ©e est insuffisante. C’est en multipliant les visites mĂ©dicales qu’on arrive Ă  dĂ©nicher les Ă©lĂšves fumeurs et qu’on peut ainsi intervenir pour empĂȘcher le pire. De mĂȘme, l’information et la sensibilisation des Ă©lĂšves doivent se faire quotidiennement soit Ă  travers la Radio interne du lycĂ©e, soit en affichant des messages anti-tabac, des rapports et des statistiques rĂ©cents Ă©manant de l’Organisation Mondiale de la SantĂ© (OMS) ou du ministĂšre de la SantĂ© Publique concernant le tabagisme afin que les Ă©lĂšves soient tenus en permanence des ravages du tabagisme dans le monde. Comme autre initiative, on peut organiser Ă  l’Ă©cole mĂȘme des concours d’Ă©criture ou de dessin sur le thĂšme du tabagisme auxquels participent les Ă©lĂšves intĂ©ressĂ©s ; une telle activitĂ© est Ă  mĂȘme de sensibiliser les Ă©lĂšves Ă  ce flĂ©au et Ă  les inciter Ă  produire des textes et des dessins qui dĂ©noncent la cigarette en milieu scolaire et appellent les jeunes Ă  cesser de fumer ou Ă  s’en abstenir. Les productions gagnantes seront rĂ©compensĂ©es et publiĂ©es dans la revue scolaire.

…Encore une fois, les parents…

Les parents sont certainement conscients du risque couru par leurs enfants fumeurs, mais ils sont souvent incapables d’agir. Certains sont mĂȘme obligĂ©s d’augmenter l’argent de poche destinĂ© Ă  leur enfant qui vient d’embrasser le monde du tabac. Il y a des parents qui savent bien que leur enfant est un accro de tabac et pourtant, Ă©tant eux-mĂȘmes grands fumeurs, il n’est pas toujours facile qu’ils parlent avec lui des mĂ©faits de la cigarette et des maladies graves qu’elle pourrait engendrer. Et mĂȘme s’ils le font, les arguments habituellement invoquĂ©s (la maladie, la mort) ne suffiront pas Ă  convaincre un jeune de ne pas fumer. Et puis, Ă  cet Ăąge d’adolescence, les enfants commencent Ă  se faire leurs propres chemins en voulant se dĂ©tacher peu Ă  peu de l’influence de leurs parents en se comportant comme bon leur semble. Fumer peut faire partie de ces comportements d’adolescents. La seule chose que les parents puissent faire, c’est d’Ă©viter de fumer devant leurs petits enfants pour qu’ils donnent l’exemple ! Cependant, le dialogue parents/adolescents demeure toujours le moyen le plus important dans l’espoir de modifier ce comportement tabagique des jeunes. Mais il faut surtout savoir adapter un langage diffĂ©rent en fonction de l’Ăąge de l’enfant.

Hechmi Khalladi

(Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 29 mai 2008)


 

Occultisme, mysticisme …Charlatanisme

NĂ©vroses et mal-vivre

 

L’Ă©volution et les mutations que connaissent les sociĂ©tĂ©s modernes, conjuguĂ©es Ă  une hausse de plus en plus Ă©levĂ©e en demandes psychothĂ©rapeutiques, ont donnĂ© naissance Ă  un phĂ©nomĂšne de « psychologisation » de la sociĂ©tĂ© et Ă  un vaste Ă©largissement du champ des psychothĂ©rapies concernant nombreux domaines de la vie personnelle et sociale.

Les grandes mutations et les bouleversements -parfois douloureux- opĂ©rĂ©s dans notre jeune sociĂ©tĂ©, ont secouĂ© brutalement les comportements, les mƓurs et les habitudes et mĂȘme les mentalitĂ©s et ont crĂ©Ă© une sorte de « SchizophrĂ©nie » collective. Plusieurs problĂšmes ,caractĂ©ristiques de la vie dans les sociĂ©tĂ©s modernes et aussi des temps modernes, tels que les Ă©checs scolaires, les pertes d’emploi pour des raisons Ă©conomiques, le chĂŽmage, les dĂ©ceptions de tous genres, la croissance du taux des demandes en mariage (chez les filles surtout) – au lieu de faire l’objet d’Ă©tudes et de diagnostics par des professionnels – trouvent leurs « explications » et leurs traitements, faute de maturitĂ© intellectuelle et d’esprit cartĂ©sien rationnel, non pas dans les cabinets de psychiatres mais dans les « cabinets » de « prestigieux  docteurs » en charlatanisme . Avec l’approche des examens de fin d’annĂ©e, candidats, parents et enseignants sont au grand de leurs prĂ©paratifs et au summum de leur mobilisation. Certains armĂ©s de moyens lĂ©gaux et lĂ©gitimes, d’autres, enfreignant les lois et les rĂšgles les plus Ă©lĂ©mentaires, utilisant des moyens arriĂ©rĂ©s et archaĂŻques vont mĂȘme jusqu’Ă  avoir recours Ă  des pratiques pĂ©rimĂ©es, considĂ©rĂ©es comme synonyme d’ignorance et d’obscurantisme et ce en demandant l’aide de gens qui affirment dĂ©tenir des pouvoirs spirituels inaccessibles aux communs des mortels. Nos vulnĂ©rables « Cheikhs » sont lĂ  pour vous proposer, en vrac, toutes sortes de solutions miracles Ă  tous vos problĂšmes, maux et souffrances prĂ©tendant mĂȘme dĂ©tenir un pouvoir magique capable de transformer tous vos malheurs en bonheur Ă©ternel et de vous guĂ©rir des maladies les plus incurables. C’est vrai que l’occultisme et le mysticisme trouvent leurs racines dans des traditions antiques mais le phĂ©nomĂšne est en train de renaĂźtre de ses cendres et de connaĂźtre une Ă©volution croissante allant mĂȘme jusqu’Ă  prĂ©tendre Ă  l’existence d’un lien fort et direct entre l’occultisme et la science moderne et en dĂ©pit des interdits religieux et des progrĂšs Ă©normes de la science moderne, la pratique de l’occultisme et le recours aux services des charlatans persiste encore. Le charlatanisme connaĂźt un large retentissement dans presque toutes les couches de la sociĂ©tĂ©. En effet, de nos jours, beaucoup de personnes parmi les candidats aux grandes Ă©preuves avec l’accord, l’encouragement et la complicitĂ© de leurs parents ne peuvent entreprendre quelque chose d’important sans l’aval ou la bĂ©nĂ©diction de certains charlatans qui se sont transformĂ©s en guĂ©risseurs et en maĂźtres incontestables qui prĂ©disent l’avenir en se servant de la cristallomancie, l’astrologie, la numĂ©rologie ou la chiromancie et en bĂ©nĂ©ficiant des facilitĂ©s qui leurs sont offertes pour l’ouverture de leurs « cabinets » et pratiquer leur noble mĂ©tier en se cachant sous la non moins noble Ă©tiquette de « guĂ©risseur spirituel ». La pratique de l’occultisme est de plus en plus en Ă©volution et connaĂźt un essor florissant qui repose sur la croyance en l’efficacitĂ© d’un ensemble de pratiques comme :les divinations qui sont ces pratiques destinĂ©es Ă  acquĂ©rir des informations sur des Ă©vĂ©nements passĂ©s, prĂ©sents ou futurs par des procĂ©dĂ©s, ne relevant pas d’une connaissance naturelle et prĂ©tendant prĂ©dire l’avenir et dĂ©couvrir ce qui est cachĂ©. La divination fut largement pratiquĂ©e durant l’antiquitĂ© et ce, Ă  travers l’interprĂ©tation de certains signes censĂ©s permettre de comprendre et de connaĂźtre la volontĂ© des dieux, elle fut mĂȘme considĂ©rĂ©e comme une vĂ©ritable science en « mĂ©sopothamie » » ; la magie fondĂ©e sur des connaissances Ă©sotĂ©riques ou cachĂ©es, relatives Ă  l’univers et Ă  ses forces mystĂ©rieuses ou basĂ©es sur le concept des correspondances c’est Ă  dire des relations de type analogique entre les diffĂ©rentes entitĂ©s universelles (Ă©toiles plantes animaux ĂȘtres humains…) et la sorcellerie cet ensemble de pratiques reposant sur l’idĂ©e qu’il existe dans la nature des puissances cachĂ©es sur lesquelles on peut agir pour susciter un malheur ou s’attirer un bien. En effet, la magie se divise en deux catĂ©gories ; la magie blanche ou bĂ©nĂ©fique utilisĂ©e pour Ă©carter les mauvais esprits en guĂ©rissant et en conjurant la malchance on l’appelle aussi sympathique parcequ’elle rĂ©alise des souhaits. Quant Ă  la magie noire ou malĂ©fique, elle cherche Ă  se concilier les mauvais esprits dans le but de nuire Ă  autrui en invoquant les dĂ©mons, elle cherche Ă  nuire Ă  une personne en prononçant son nom dans une formule magique, en implantant des Ă©pingles dans son effigie, en brĂ»lant ses cheveux ou rognures d’ongles lui appartenant. Les rĂ©vĂ©lations qui reposent sur des paroles inspirĂ©es prononcĂ©es par des personnes en Ă©tat de transe. Le phĂ©nomĂšne du charlatanisme commence Ă  s’affirmer Ă  travers la nĂ©gation du rationnel et du cartĂ©sien, plusieurs facteurs internes et externes ont contribuĂ© Ă  son effervescence, qui espĂ©rons, le ne sera que passagĂšre, mais en attendant que le nuage se dissipe, les esprits Ă©clairĂ©s et les disciples de Descartes, Spinoza et autres Hobbes, Montesquieu, Al Ghazali, AvorrĂšs doivent unir leurs efforts dans un combat libĂ©rateur contre l’envoĂ»tement. Car au bout du compte, cette Ă©poque scientiste a eu pour effet de pousser les ĂȘtres humains, pour la plupart, des nĂ©vrosĂ©s, soit vers la religion, soit vers la dĂ©bauche tandis que les Ăąmes faibles croient en l’exorcisme, et en « le don » des guĂ©risseurs. Aujourd’hui, les voyants, les gitans des temps modernes vendent des illusions et ça marche. Jetez un Ɠil sur les annonces publicitaires des voyants ou des catomanciĂšres : les mĂ©decins, les vrais, n’en ont pas le droit. Et c’est lĂ  que le mal vivre dans cette sociĂ©tĂ©, la nĂŽtre, rĂ©vĂšle toute son acuitĂ©.

Rakia MAKHLOUF

(Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 29 mai 2008)


Presse, mon beau miroir

Par Ridha KĂ©fi

 

«Je n’aime pas lire tout ce qui s’écrit dans les journaux français sur la Tunisie, car les articles que j’y lis sont souvent de deux types, Ă©galement tronquĂ©s : les uns sont laudateurs, Ɠuvres de journalistes complaisants et vaguement intĂ©ressĂ©s, les autres excessivement critiques et qui s’apparentent souvent Ă  de l’acharnement. J’ai rarement lu des articles sur votre pays qui m’ont paru sinon objectifs, du moins justes et Ă©quilibrĂ©s», m’a dit un jour un ami français, universitaire et consultant, qui connaĂźt la Tunisie pour y sĂ©journer assez souvent.

«Mais le problĂšme, s’est-il cependant empressĂ© d’ajouter, c’est qu’à chaque fois que  je feuillette les journaux tunisiens distribuĂ©s Ă  bord des avions de votre compagnie aĂ©rienne nationale, je suis pris du mĂȘme sentiment de frustration. Car les articles que j’y lis sont souvent, eux aussi, de deux types Ă©galement tronquĂ©s: laudateurs vis-Ă -vis du gouvernement et trĂšs critiques vis-Ă -vis des opposants –  s’ils en parlent, car ils les ignorent le plus souvent. Cet unanimisme dans l’éloge comme dans la condamnation participe d’une forme de pensĂ©e unique qui  rappelle des pĂ©riodes rĂ©volues de l’histoire contemporaine et qui, surtout,  contraste fortement avec la vivacitĂ© de votre pays, les dynamiques qui le traversent et l’esprit moderne des Tunisiens».

Ce sentiment que la Tunisie n’a pas l’image qu’elle mĂ©rite en Europe (et en Occident en gĂ©nĂ©ral), surtout dans les mĂ©dias qui comptent – et pas dans ceux de seconde catĂ©gorie dont les tirages et l’influence sont assez limitĂ©s –, est partagĂ© par tous ceux qui connaissent assez bien notre pays et apprĂ©cient Ă  leur juste valeur ses performances dans beaucoup de domaines.

Le sentiment aussi que les mĂ©dias tunisiens, et en particulier la presse Ă©crite, ne reflĂštent que partiellement, et parfois trĂšs maladroitement (ou grossiĂšrement), les acquis du pays, ses points forts et son potentiel de progrĂšs, est aujourd’hui partagĂ© par tous les Tunisiens, y compris par le chef de l’Etat, qui a dĂ©plorĂ©, en plusieurs occasions, la pauvretĂ© de cette presse et l’unanimisme de façade qui la caractĂ©rise et exhortĂ© les journalistes Ă  faire preuve d’esprit critique et d’audace dans leur investigation sur les divers aspects de la vie nationale.

Si tout le monde est d’accord sur le diagnostic, Ă  commencer par les plus hautes autoritĂ©s du pays, qu’est-ce qu’on attend pour faire le nĂ©cessaire, d’abord, pour  aider notre presse Ă  se mettre Ă  niveau, afin d’ĂȘtre au diapason du pays dont elle prĂ©tend ĂȘtre le miroir, et ensuite pour mettre en place le dispositif nĂ©cessaire qui permette d’amĂ©liorer l’image de notre pays Ă  l’extĂ©rieur, Ă©tant entendu que le dispositif actuellement existant a montrĂ© ses limites ?

Je pense personnellement que les deux niveaux du problĂšme sont liĂ©s, comme  l’atteste du reste la remarque de notre ami français, car l’image d’un pays Ă  l’étranger est largement tributaire de celle qu’en renvoient ses propres mĂ©dias et, particuliĂšrement, sa presse Ă©crite. Car plus cette presse est libre et autonome, plus elle fait preuve d’ouverture, de responsabilitĂ©, de rigueur et de professionnalisme. Et plus le pays gagne en crĂ©dibilitĂ© et s’attire le respect de la communautĂ© internationale, et tout ce qui en dĂ©coule en termes de rayonnement diplomatique, d’association aux Ă©vĂ©nements internationaux majeurs et d’attraction d’investissements directs Ă©trangers.

Et l’inverse est tout aussi juste : plus une presse est faible, redondante, ronronnante et unanimiste, plus le pays oĂč elle paraĂźt est soupçonnĂ© de fermeture, de monolithisme voire d’arriĂ©ration. La presse Ă©tant le plus Ă©loquent indicateur du degrĂ© de dĂ©veloppement d’un pays, sinon le baromĂštre de son ouverture au reste du monde.

Aussi, est-il difficile de croire qu’une presse, la plus sobre (et la plus policĂ©e) qui soit, puisse accepter, «à l’insu de son plein gré», la servitude de l’assujettissement. Car, Ă  la longue, cela risque de lui aliĂ©ner, tout  «naturellement», ses lecteurs, qui sont les premiers clients et bailleurs de fonds d’un journal, mais aussi les vĂ©ritables garants de sa pĂ©rennitĂ©. C’est pourquoi d’ailleurs ils sont en droit d’exiger, en contrepartie du prix qu’ils dĂ©boursent, d’ĂȘtre convenablement informĂ©s de ce qui se passe dans leur environnement immĂ©diat. Sinon, ils vont voir ailleurs si le soleil brille encore pour tout le monde


 

(Source : Edito de « L’Expression » (Magazine hebdomadaire – Tunis), N° 32 du 23 au 29 mai 2008)

Lien : http://www.lexpression.com.tn/details_article.php?ID_art=338

 


Moncef Bey rattrapĂ© par l’actualitĂ©

Oualid Chine

Les Juifs d’origine tunisienne, qui vivaient dans notre pays pendant la DeuxiĂšme Guerre Mondiale, vont pouvoir ĂȘtre indemnisĂ©s. Mais si les mĂ©dias israĂ©liens mettent en cause le rĂ©gime de Vichy, ils «oublient», Moncef Bey, le souverain tunisien qui les a protĂ©gĂ©s.

Alors que les Arabes commĂ©morent la Nakba, les IsraĂ©liens eux cĂ©lĂšbrent en grande pompe le 60Ăšme anniversaire de la fondation de l’Etat sioniste. Et c’est l’occasion, pour les mĂ©dias et politiciens israĂ©liens, de remettre sur le tapis des sujets toujours controversĂ©s, mĂȘme soixante annĂ©es aprĂšs la fin de la DeuxiĂšme Guerre Mondiale.

Les Juifs qui vivaient en Tunisie pendant cette pĂ©riode, et donc Ă  l’époque du rĂ©gime de Vichy, et du «rĂšgne» de Moncef Bey, vont pouvoir dĂ©sormais ĂȘtre indemnisĂ©s par les autoritĂ©s sionistes. C’est le portail ‘‘ynetnews.com’’ qui le rĂ©vĂšle dans un article publiĂ© le 15 mai 2008. Pour de bon, cette fois-ci. Parce qu’en fĂ©vrier dernier, un tribunal israĂ©lien avait dĂ©jĂ  dĂ©cidĂ© d’accorder aux Juifs tunisiens «qui ont vĂ©cu sous le rĂ©gime Nazi» le mĂȘme statut que les AshkĂ©nazes (juifs europĂ©ens) victimes des persĂ©cutions hitlĂ©riennes. Notre pays ayant Ă©tĂ© en effet occupĂ© par les Allemands de novembre 1942 Ă  mai 1943. Ce qui accorderait donc un statut privilĂ©giĂ© Ă  20 000 Juifs originaires de Tunisie, qui ont choisi de vivre aujourd’hui en IsraĂ«l.

Jusqu’à cette dĂ©cision de la cour de justice, le ministĂšre des Finances israĂ©lien rejetait systĂ©matiquement toutes les demandes. Parce que le titre de «survivant de l’Holocauste» donne droit Ă  une pension mensuelle de 333 dollars. Une aide qui a Ă©tĂ© jusqu’ici refusĂ©e aux juifs sĂ©pharades, jugĂ©s par les autoritĂ©s israĂ©liennes comme ayant Ă©tĂ© Ă  l’abri, dans leurs pays arabes d’origine, de la barbarie nazie et des agressions de Vichy. Mais les autoritĂ©s israĂ©liennes traĂźnent la patte. Elles ne verseront la pension qu’à condition que les demandeurs prouvent qu’ils vivaient bien en Tunisie en cette pĂ©riode. Un problĂšme difficile Ă  rĂ©soudre, mais la France se charge de contribuer Ă  la solution. En impliquant au passage la Tunisie.

La France va en effet dĂ©livrer des certificats attestant que ces IsraĂ©liens avaient rĂ©ellement vĂ©cu en Tunisie, dans ces troubles annĂ©es 40, quand notre pays Ă©tait encore sous «leur protectorat». Et puisqu’on n’est jamais aussi bien servi que par soi-mĂȘme, c’est David Tal, un IsraĂ©lien d’origine tunisienne, et membre de la Knesset, qui est l’auteur de cette initiative. Il a ainsi demandĂ© Ă  l’ambassadeur de France en IsraĂ«l, M. Jean-Michel Casa de l’aider dans ses dĂ©marches, et de lui fournir les documents nĂ©cessaires. Le gouvernement français a promis de fournir les documents demandĂ©s, se basant sur les registres d’état civil, et sur les archives. Et selon le quotidien de droite israĂ©lien ‘‘Yediot Ahranot’’, le gouvernement français se tournera, mĂȘme, si besoin est, vers l’Etat tunisien, pour que ce dernier transmette les documents adĂ©quats. Les Juifs d’origine tunisienne intĂ©ressĂ©s vont ainsi pouvoir accĂ©der au statut «prestigieux» et mĂȘme rĂ©munĂ©rateur, en IsraĂ«l, de survivant de l’Holocauste.

A noter qu’à cette Ă©poque quand les Juifs vivant en France Ă©taient obligĂ©s par le rĂ©gime de Vichy de porter l’étoile jaune, le souverain de la Tunisie, Moncef Bey, s’était dĂ©clarĂ© le pĂšre de tous les Tunisiens, sans faire d’exception ethnique ou religieuse (voir encadrĂ©). Mieux : il aida ouvertement les Juifs, malmenĂ©s par les lois raciales imposĂ©es par les occupants français. Ce que ne dĂ©ment du reste pas le ‘‘Haaretz’’, puisque le quotidien de Tel Aviv souligne, dans son Ă©dition du 11 mai 2008(http://www.haaretz.com/hasen/spages/982357.html) que les «immigrants tunisiens, qui auront le statut de survivants Ă  l’Holocauste, Ă©taient persĂ©cutĂ©s par le rĂ©gime français de Vichy». C’est donc clairement la politique antisĂ©mite du rĂ©gime de Vichy qui est en cause, et nullement celle du souverain tunisien de l’époque. MĂȘme si l’article publiĂ© ne citera, Ă  aucun moment, le souverain nationaliste Moncef Bey.

Ce qui n’empĂȘcha pas selon Said Mestiri, dans son livre ‘‘Moncef Bey’’, d’écrire: «Ce qui demeure inexplicable et indĂ©lĂ©bile pour la communautĂ© tunisienne et musulmane, c’est l’odieuse attitude de la foule en grande partie de jeunes juifs, huant, vocifĂ©rant, insultant, crachant mĂȘme sur la voiture de Moncef Bey, arrĂȘtĂ©e sur la place de la RĂ©sidence, le jour de la ‘‘libĂ©ration’’ et arraisonnĂ©e par les ‘‘libĂ©rateurs anglais’’». Il est vrai que depuis, quelques plumes juives, ont tentĂ© de rĂ©parer l’erreur de leurs coreligionnaires.

Toujours est-il que l’affaire a Ă©tĂ© longtemps passĂ©e sous silence. Comme pour Ă©viter de faire de gĂȘnantes comparaisons, entre le sort actuel des Palestiniens dans les territoires occupĂ©es, et celui des Juifs dans les pays arabes.

Le protecteur des Juifs

Alors que le rĂ©gime de Vichy faisait appliquer en Tunisie les lois de discrimination raciale, et confisquait les entreprises juives au profit des Français, Moncef Bey intervenait personnellement pour adoucir les mesures radicales prises Ă  l’encontre de ceux qu’il considĂ©rait comme ses sujets Ă  part entiĂšre.

Dans son livre consacrĂ© au souverain nationaliste tunisien (Sud Editions, pa. 142), Dr Said Mestiri souligne que «dĂšs les premiĂšres semaines du rĂšgne, Moncef Bey reçoit les chefs de la communautĂ© juive et les rassure publiquement, insistant sur l’égalitĂ© avec les Tunisiens musulmans (
). Il insiste personnellement pour que les mĂ©decins-chefs de services hospitaliers juifs puissent continuer Ă  assurer leurs fonctions». C’est ainsi grĂące Ă  Moncef Bey que des mĂ©decins comme LĂ©on Moati et Roger Nataf ont pu continuer Ă  travailler. A la mort de Ahmed Bey, c’est un mĂ©decin juif, le docteur Emile Fellous qui annonça la «bonne nouvelle» Ă  son successeur, Moncef Bey. Le bey qui hĂ©ritait du trĂŽne a retirĂ© une bague de son annulaire pour l’offrir au mĂ©decin en guise de rĂ©compense. Les Juifs faisaient donc partie de l’entourage immĂ©diat du souverain. Des personnalitĂ©s juives tunisiennes comme Albert Bessis, Meyer Bellity, RenĂ© Smadja, Henry Smadja, dĂ©fendront d’ailleurs Moncef Bey auprĂšs de l’opinion française de l’aprĂšs guerre. Les IsraĂ©liens, eux, n’accordent curieusement pas de place pour la mĂ©moire d’un souverain qui a pourtant clairement dĂ©fendu leurs coreligionnaires d’origine tunisienne.

(Source : « L’Expression » (Magazine hebdomadaire – Tunis), N° 32 du 23 au 29 mai 2008)

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Biographie

‘‘Moncef Bey’’ par Saïd Mestiri : L’histoire par la nostalgie

 

L’auteur, mĂ©decin de son Ă©tat, mais aussi acteur et tĂ©moin de l’histoire qu’il Ă©voque, raconte, dans une abondance de dĂ©tails, une multiplication de sources, et des recoupements incessants de tĂ©moignages, la mĂ©moire d’un souverain de rupture, qui fut aussi martyr de la cause de l’indĂ©pendance de son pays.

Existe-t-il une forme de monarchie bon enfant en mĂȘme temps attachĂ©e Ă  un nationalisme ombrageux qu’on appellerait le Moncefisme ? SaĂŻd Mestiri, auteur d’un volumineux ouvrage de 448 pages paru chez Sud Editions, y croit  fermement. Et il n’est pas le seul, devrait-on ajouter. Bon nombre de Tunisiens continuent Ă  visiter le mausolĂ©e qui lui est dĂ©diĂ©, dans la ferveur du souvenir. D’ailleurs, la rĂ©Ă©dition de l’ouvrage, dans une version encore plus fouillĂ©e et 10 ans aprĂšs la premiĂšre Ă©dition, signifie par ricochet que la nostalgie est encore lĂ .

Maintenant, la ferveur ne persiste que quand elle renvoie Ă  des faits et gestes bien rĂ©els. D’autres beys ont bien rĂ©gnĂ© sur le pays, et on ne garde pas de toute la lignĂ©e des souvenirs impĂ©rissables.

Moncef Bey est prĂ©sentĂ© comme un souverain de rupture, comme on dirait maintenant. Il n’était pas celui qu’on aurait aimĂ© voir intronisĂ© par son prĂ©dĂ©cesseur, il n’aura pas de prise sur la dĂ©signation de son successeur. Et pour cause : un destin tragique devait en faire un exilĂ© devenu symbole de la rĂ©sistance et martyr pour la patrie reconnaissante. Ces titres de gloire, il les a surtout gagnĂ©s Ă  un moment crucial de la seconde guerre mondiale, machine Ă  broyer les individus, encore plus quand ceux-ci sont en charge de petites nations soumises aux alĂ©as du colonialisme le plus pervers.

Un document source

L’auteur, SaĂŻd Mestiri, connaĂźt son affaire sur le bout des doigts. Ce n’est pas spĂ©cialement un historien, mais un tĂ©moin de premier plan. Le genre de tĂ©moin dont on ne peut ignorer l’apport pour d’éventuelles lectures de l’histoire du pays, une source de l’histoire. Il l’est au point de parler Ă  la premiĂšre personne de pĂ©ripĂ©ties dont il connaĂźt les moindres dĂ©tails. Et mĂȘme quand il relate les faits et gestes de protagonistes de premier rang, il se prĂ©sente comme le dĂ©positaire direct de l’information.

Ainsi, pour une pĂ©riode oĂč le premier ministĂšre Ă©tait tenu par M’hamed ChĂ©nik, il reprend les rĂ©cits rĂ©coltĂ©s chez l’homme d’Etat lui-mĂȘme. Il le fait en accompagnant le texte, et parfois Ă  chaque page, de photos dĂ»ment commentĂ©es et expliquĂ©es. Il y a Ă  l’évidence un parti pris, mĂȘme quand la multiplication des Ă©clairages anticipe sur d’éventuelles critiques de partialitĂ©. Des historiens, ou des tĂ©moins français sont ainsi appelĂ©s Ă  la rescousse. Mais toujours pour vĂ©rifier la mĂȘme thĂšse, celle du nationalisme sans Ă©quivoque d’un bey qui contraste avec ses semblables. Le mĂȘme nationalisme lui valut la destitution et l’exil en 1943, juste sur une espĂšce d’entourloupe imaginĂ©e par la partie française de la RĂ©sidence GĂ©nĂ©rale. Les dĂ©sordres de la Guerre aidant, il avait Ă©tĂ© commode de lancer l’anathĂšme de la Collaboration avec les Allemands pour remporter une telle dĂ©cision.

Le MarĂ©chal Juin, alors en cheville avec les gĂ©nĂ©raux d’Alger, exĂ©cuta la besogne, celle lĂ  mĂȘme qu’il semble apprĂ©cier diffĂ©remment dans ses Ă©crits ultĂ©rieurs. Le remplacement par Lamine Bey, plus docile et peu au fait du nationalisme militant qui montait en puissance, a achevĂ© la mise en scĂšne et a donnĂ©, a contrario, les conditions de mise en place de la lĂ©gende, celle de Sidna El Moncef dans laquelle beaucoup se reconnaissent encore. L’image du martyr pour la cause a aussi bĂ©nĂ©ficiĂ© de la reconnaissance militante des grands leaders de l’époque, Habib Bourguiba et Salah Ben Youssef, pour ne citer que ceux-lĂ . Les mĂȘmes avaient, pour l’histoire, tenu Ă  donner un caractĂšre populaire et grandiose quand vint le moment du retour de la dĂ©pouille mortelle de celui qui incarna le nationalisme ombrageux face Ă  un colonialisme Ă  bout d’arguments.

 

Réhabilitation de la mémoire

Le rĂšgne avait durĂ© deux ans, l’exil cinq. Entre-temps, le monarque Ă©tait devenu un symbole, une rĂ©fĂ©rence pour une nation dĂ©sormais entrĂ©e en rĂ©sistance pour recouvrer sa souverainetĂ©. PrĂ©sent ou banni, le monarque joue un rĂŽle important dans une histoire qui se fait Ă  coups de sacrifices et que d’autres ont souvent racontĂ©e Ă  coups d’omissions.

A ce titre, et Ă  d’autres, l’ouvrage de SaĂŻd Mestiri se veut une rĂ©habilitation de la mĂ©moire. Non qu’il faille dĂ©valoriser le rĂŽle d’autres acteurs du combat nationaliste. Mais l’idĂ©e est de revisiter, documents Ă  l’appui, la chronique jusque lĂ  figĂ©e des Ă©vĂ©nements qui ont marquĂ© l’histoire vraie. L’objectif dĂ©clarĂ© est aussi de dĂ©montrer que Moncef Bey «s’inscrit dans la droite ligne des rĂ©formateurs, de tous ces hommes de bonne volontĂ©, de tous les rĂ©sistants qui l’ont prĂ©cĂ©dĂ© en Tunisie et hors de Tunisie, dans ce vaste mouvement de rĂ©gĂ©nĂ©ration et de renouvellement qui a Ă©branlĂ© le monde arabo-musulman dĂšs le XIX siĂšcle».

L’abondance de dĂ©tails, la multiplication de sources, les recoupements incessants de tĂ©moignages militent dans la confirmation de cette dimension que lui reconnaissent, ou lui ont reconnu d’autres grandes figures du nationalisme. L’idĂ©e de portrait qui se dĂ©gage au final confirme le choix du titre : le nom seul de Moncef Bey suffit Ă  lui seul Ă  dĂ©crire le projet et l’Ɠuvre de rĂ©habilitation.

 Bourguiba Ben Rejeb

(Source : « L’Expression » (Magazine hebdomadaire – Tunis), N° 32 du 23 au 29 mai 2008)

Lien : http://www.lexpression.com.tn/details_article.php?ID_art=336


Bonnes feuilles: Le souverain martyr

Dr Slaheddine Tlatli

«Dans chaque Tunisien, vit un Moncef Bey», Ă©crit feu Dr Slaheddine Tlatli dans la prĂ©face de l’excellente biographie de ‘‘Moncef Bey’’, la plus complĂšte Ă  ce jour, Ɠuvre du Dr SaĂŻd Mestiri et que Sud Editions vient de rĂ©Ă©diter. PrĂ©face que nous reproduisons ici avec l’aimable autorisation de son Ă©diteur.

Une atmosphĂšre lĂ©gĂšre, heureuse, presque euphorique, baignait en ce dĂ©but d’étĂ© 1942, la coquette station balnĂ©aire de La Marsa qui, avec sa cour beylicale, sa RĂ©sidence GĂ©nĂ©rale de France et la prĂ©sence d’une nombreuse aristocratie, faisait figure de petite capitale politique de la Tunisie.

La France, la guerre, la dĂ©faite, l’occupation, le gouvernement de Vichy, le MarĂ©chal PĂ©tain et son Premier ministre Laval, Hitler qui aprĂšs avoir absorbé  une grande partie de l’Europe venait d’envahir l’Union soviĂ©tique, tout cela paraissait se fondre dans une brume lointaine incapable d’éclabousser notre pays.

C’est que la Tunisie vivait dans l’allĂ©gresse gĂ©nĂ©rale d’un dĂ©but de rĂšgne particuliĂšrement populaire. Le 19 juin, aprĂšs le long rĂšgne sclĂ©rosĂ© et sclĂ©rosant de Ahmed Bey, venait d’accĂ©der au trĂŽne, un monarque relativement jeune de soixante trois ans, Ă©nergique, rayonnant, d’un exceptionnel charisme et prĂ©cĂ©dĂ© d’une rĂ©putation de patriotisme intransigeant qui aurait dĂ©jĂ  commencĂ© Ă  se manifester en 1922, lors de la crise qui faillit pousser son pĂšre Naceur Bey Ă  abdiquer.

On l’appelait «le Bey destourien»

Moncef Bey, endoctrinĂ© de longue date par ses amis du vieux Destour, Ă  telle enseigne qu’on l’appelait «le Bey destourien» apparut ainsi, dĂšs son accession au pouvoir, comme l’homme providentiel, le hĂ©ros attendu depuis des dĂ©cennies qui allait redonner Ă  notre pays sa souverainetĂ© interne, reconnue par le TraitĂ© du Bardo, mais dont «les dĂ©crets subsĂ©quents» et les intrigues colonialistes nous avaient privĂ©s, durant les soixante ans du Protectorat, et pourquoi pas, compte tenu de l’évolution de la conjoncture internationale, la souverainetĂ© externe, c’est-Ă -dire l’indĂ©pendance.

GrisĂ©s par ces folles espĂ©rances, le peuple tunisien et son souverain Ă©taient convaincus qu’une Ăšre nouvelle commençait pour notre pays. Le nouveau monarque s’était installĂ© dans l’ancien palais d’étĂ© qu’avait construit en partie, sur la mer, Ahmed Bey. Tous les soirs, le public pouvait le voir dans la pergola vitrĂ©e et illuminĂ©e, entourĂ© d’une brillante plĂ©iade de personnalitĂ©s et de hauts dignitaires, tandis que dans la cour extĂ©rieure les soldats et la garde soufflaient dans leurs cuivres les airs nostalgiques, comme celui de «Ma habitech» (Je n’ai pas aimĂ©), la nouvelle chanson de Ali Riahi, que reprenaient en sourdine toutes les jouvencelles voilĂ©es de blanc, venues admirer le nouveau souverain bien-aimĂ© de la Tunisie.

Nul ne se doutait alors en ce si bel Ă©tĂ©, peut-ĂȘtre le plus beau que connut La  Marsa et que je connus moi-mĂȘme, que nous assistions aux prĂ©ludes heureux  d’une tragĂ©die en trois actes dont les consĂ©quences allaient marquer d’une  empreinte dĂ©cisive l’histoire de la Tunisie contemporaine.

Rappelons briĂšvement les deux premiers.

Le premier acte, celui des joyeuses retrouvailles entre un peuple assoiffé  d’indĂ©pendance et un souverain pour la premiĂšre fois nationaliste et rĂ©solu à  redonner Ă  ses concitoyens leurs droits et leur dignitĂ©, devait durer Ă  peine 4 mois, du 19 juin au 9 novembre 1942. Moncef Bey y donne dĂ©jĂ  la mesure de  son envergure. En dĂ©pit de l’ancienne Ă©quipe ministĂ©rielle HĂ©di Lakhoua, hĂ©ritĂ©e de Ahmed Bey et façonnĂ©e par le rĂ©gime du Protectorat, il ne tarde pas à  s’affirmer, face Ă  un amiral EstĂ©va, hĂ©sitant et perdu dans les mĂ©andres de la  politique de Vichy, comme le vĂ©ritable chef de la Tunisie. Outre les diverses manifestations Ă  effet psychologique, comme les visites aux quartiers populaires  de Bab Souika, Ă  La Manouba, dans les hĂŽpitaux, qui lui valent une immense popularitĂ©, il affirme sans ambages son autonomie dans des cĂ©rĂ©monies  officielles, comme celle de son investiture et celle de l’AĂŻd Esseghir, et prĂ©sente  dĂšs le mois d’aoĂ»t, au reprĂ©sentant de la France ahuri, un cahier de revendications en 16 points, vĂ©ritable prĂ©lude de ce que seront, treize annĂ©es  plus tard, les conventions de l’autonomie interne. La tension est Ă  son comble  entre le Bey, surtout aprĂšs le violent incident de l’AĂŻd, le 12 octobre, et l’Amiral  EstĂ©va dont il demande au MarĂ©chal PĂ©tain le rappel, lorsque Ă©clate le coup de foudre du dĂ©barquement alliĂ© Ă  Alger, le 8 novembre et le lendemain mĂȘme celui des Allemands Ă  El Aouina (AĂ©roport de Tunis).

Un ministùre d’union nationale

Le 9 novembre en effet, Ă  8 heures du matin, en allant faire mon cours  d’histoire au LycĂ©e Carnot, je croise (Avenue Jules Ferry, aujourd’hui H.  Bourguiba), dĂ©filant mitraillette au poing, le premier contingent de la Wehrmacht qui venait de dĂ©barquer Ă  El Aouina ; ils Ă©taient quatre vingts, tous  trĂšs jeunes et aucun reprĂ©sentant de l’autoritĂ© française ne rĂ©agissait.

Ainsi se levait le rideau sur le second acte, celui de la guerre, le plus ardu de la  vie de Moncef Bey et le plus tragique de l’histoire contemporaine de notre pays.  La Tunisie, durant six mois, allait devenir le champ de bataille sanglant d’une guerre internationale, sans merci, entre les armĂ©es alliĂ©es d’une part (anglaises, amĂ©ricaines et françaises) et celles de l’axe (allemandes et italiennes) d’autre  part. Que pouvait faire la petite Tunisie dans une conjoncture aussi terrible ? On  imagine aisĂ©ment ce qui serait advenu de notre pays, dĂ©chirĂ© sous plusieurs  occupants, soumis Ă  toutes les pressions pour se rallier Ă  l’un ou l’autre camp,  s’il n’avait eu la chance d’avoir Ă  sa tĂȘte un chef de l’envergure de Moncef Bey.  Sa volontĂ© et son habiletĂ© politique se manifestent d’abord en ces heures cruciales par la dĂ©signation le 31 dĂ©cembre, sans en rĂ©fĂ©rer Ă  la France, fait sans prĂ©cĂ©dent dans l’histoire du Protectorat, d’un nouveau ministĂšre, le premier ministĂšre nationaliste depuis le TraitĂ© du Bardo. Il Ă©tait prĂ©sidĂ© par le vice-prĂ©sident du Grand Conseil, M’hamed Chenik, connu pour sa grande intĂ©gritĂ© patriotique, son expĂ©rience politique et sa compĂ©tence en matiĂšre Ă©conomique.

La gravitĂ© de l’heure exigeait un ministĂšre d’union nationale. C’est ce que rĂ©alisa Moncef Bey, avec en particulier des hommes de valeur comme MaĂźtre Salah Farhat, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du Vieux Destour (dont je devais apprĂ©cier l’ardent patriotisme et la clartĂ© d’esprit, lorsque nous collaborĂąmes ensemble quelques annĂ©es plus tard dans «la Commission exĂ©cutive» et dans notre journal ‘‘l’IndĂ©pendance’’) qui fut dĂ©signĂ© comme ministre de la justice et le Dr Mahmoud Materi, ancien prĂ©sident du NĂ©o Destour, rĂ©putĂ© pour sa grande probitĂ© morale au poste de ministre de l’intĂ©rieur, crĂ©Ă© pour la premiĂšre fois. La formation d’un tel ministĂšre, qui affirmait avec Ă©clat la souverainetĂ© tunisienne, n’était pas de nature Ă  plaire, ni Ă  la France d’Alger dont les troupes occupaient une partie du territoire tunisien, avec pour capitale administrative le Kef, ni Ă  la France de Vichy, soumise Ă  l’Axe dont nous dĂ©pendions officiellement. Dans les convulsions de la guerre et les drames quotidiens des bombardements et des batailles rangĂ©es, il n’était plus question de poursuivre l’expĂ©rience moncĂ©fiste d’arrachement progressif des attributs de notre souverainetĂ© mais avant tout de faire face Ă  la situation et de prĂ©server l’avenir. Pour cela une seule ligne de conduite Ă©tait possible : affirmer par tous les moyens, en dĂ©pit de toutes les difficultĂ©s que cela impliquait, la stricte neutralitĂ© de la Tunisie qui subissait en victime un conflit dans lequel elle n’était nullement partie prenante. Ce fut cette solution de sagesse qu’adopta le ministĂšre Chenik, c’est-Ă -dire Moncef Bey. Les tentatives de pression furent nombreuses pour entraĂźner la Tunisie aux cĂŽtĂ©s de l’Axe et parfois pressantes comme lors de l’entrevue avec Bompieri le 1er mars 1943 et plus tard avec Moelhausen. On fit mĂȘme miroiter des promesses d’indĂ©pendance. Mais Moncef Bey et M’hamed Chenik surent rester, avec courtoisie, fermes sur leurs positions. Malheureusement, la France d’Alger n’a pas su lors de la victoire alliĂ©e, tenir compte de cette fidĂ©litĂ© tunisienne au TraitĂ© du Bardo, et de cette attitude chevaleresque qui force l’admiration. Bien au contraire, manoeuvrĂ© par les intrigues et la haine d’un Peyrouton qui avait un vieux compte Ă  rĂ©gler avec les nationalistes tunisiens et qui Ă©tait devenu Gouverneur GĂ©nĂ©ral de l’AlgĂ©rie, poussĂ© par le clan des colonialistes impĂ©nitents avec Gromand et VĂ©nĂšque, le GĂ©nĂ©ral Giraud, Commandant GĂ©nĂ©ral des troupes françaises d’Afrique du Nord, donna ordre au nouveau RĂ©sident GĂ©nĂ©ral, le GĂ©nĂ©ral Juin, de dĂ©poser Moncef Bey, dĂšs le lendemain de la libĂ©ration de Tunis, dans des conditions fort humiliantes et ce, disait le communiquĂ©, «pour assurer le maintien de la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure et extĂ©rieure de la RĂ©gence». La France qui par l’article 3 du TraitĂ© du Bardo s’était «engagĂ©e Ă  prĂȘter un constant appui Ă  S. A. le Bey contre tout danger qui menacerait sa personne, sa dynastie ou qui compromettrait la tranquillitĂ© de ses Etats», poussait le cynisme jusqu’à dĂ©poser le Souverain de Tunis pour assurer la sĂ©curitĂ© de son pays.

Mais comme disaient les Romains : «Jupiter aveugle ceux qu’il veut perdre». Ce coup de gĂ©nie du GĂ©nĂ©ral, destituant le grand Moncef Bey et le traĂźnant d’un exil Ă  l’autre, jusqu’à sa mort – ce fut le troisiĂšme acte – devait avoir des consĂ©quences irrĂ©versibles. Comme l’écrit Ch. A. Julien (1), «en Ă©liminant Moncef Bey, on avait crĂ©Ă© le moncĂ©fisme qui devait donner au nationalisme tunisien une virulence sans prĂ©cĂ©dent». Tous les analystes de cette pĂ©riode savent que la dĂ©position de Moncef Bey Ă  Tunis et dix ans plus tard, par un autre coup de gĂ©nie cette fois du GĂ©nĂ©ral Guillaume, celle de Mohamed V au Maroc, furent des fautes impardonnables qui devaient dĂ©clencher une rĂ©action en chaĂźne entraĂźnant en fin de compte la perte de l’Afrique du Nord pour la France. Et c’est cela l’essentiel. Sur cette pĂ©riode que nous venons d’esquisser, une des plus glorieuses et des plus tragiques de notre Histoire nationale, de nombreux articles et Ă©tudes fragmentaires ont Ă©tĂ© publiĂ©s, mais aucun travail d’ensemble jusqu’ici n’a tentĂ© d’en faire la synthĂšse et de l’embrasser globalement.

Or voilĂ  que, par une chance inespĂ©rĂ©e, un des plus brillants pionniers de la chirurgie tunisienne, le Professeur SaĂŻd Mestiri, entreprend, avec sa mĂ©thode scientifique, son esprit de prĂ©cision, et sa curiositĂ© du dĂ©tail, de dissĂ©quer presque mĂ©dicalement la question et de nous brosser de Moncef Bey et de son Ă©poque un tableau d’autant plus remarquable qu’il a pu disposer, en tant que gendre de M’hamed Chenik, d’une documentation inĂ©dite de premier ordre. «Je suis, Ă©crit-il dans l’avant-propos, porteur d’un tĂ©moignage que je me dois de transmettre. Le tĂ©moignage de M’hamed Chenik sera donc l’axe principal de ce travail.»

L’un des plus grands hĂ©ros de son Ă©poque

Cela donne dĂ©jĂ  Ă  son livre une dimension particuliĂšre. Mais pour cerner davantage la vĂ©ritĂ© historique et par souci d’objectivitĂ©, il s’abreuve Ă  toutes les sources, prend connaissance de presque tout ce qui a paru sur le sujet, en particulier du prĂ©cieux petit livre-tĂ©moignage de Sadok Zmerli, Directeur du Protocole et ami de Moncef Bey, ‘‘Espoirs et dĂ©ceptions en Tunisie’’ (MTE) (2) et sollicite le tĂ©moignage de ceux qui ont jouĂ© un rĂŽle direct ou assistĂ© Ă  certains Ă©vĂ©nements. Nous dĂ©couvrons ainsi, par exemple, avec un vif intĂ©rĂȘt, la lettre-tĂ©moignage que l’auteur a demandĂ© au lieutenant de l’armĂ©e britannique, le Lieutenant John H. Lambert qui le premier pĂ©nĂ©tra dans le Palais d’Hammam-Lif, aprĂšs l’occupation de Tunis, et qui fut l’artisan inconscient et tĂ©lĂ©guidĂ© de cette sinistre mascarade de l’humiliation de Moncef Bey, Ă  travers les rues de la capitale, le dimanche 9 mai 1943.

Mais nous trouvons aussi, et c’est lĂ  que rĂ©side le charme de cette rĂ©surrection de notre passĂ©, des tĂ©moignages de personnes beaucoup plus humbles, comme celle de ce petit forgeron de Bab-Souika, se remĂ©morant avec nostalgie le magnifique Ramadan 42. Toute cette riche moisson nous vaut souvent une Ă©vocation fine, fouillĂ©e, haute en couleurs, brossĂ©e avec talent par un auteur parfaitement averti des hommes, des choses, des traditions, des «dessous de cartes» et des ambitions non seulement des personnages qui gravitent dans la cour mais aussi de tous ceux qui interviennent dans la mosaĂŻque de la sociĂ©tĂ© tunisienne, Ă  travers les milieux religieux tunisiens, aussi bien que dans la colonie française, juive, italienne… etc. Il y a lĂ  un apport nouveau particuliĂšrement enrichissant.

Mais certains moments forts du rĂšgne sont campĂ©s avec une grande maĂźtrise et un luxe de prĂ©cisions qui les font revivre sous nos yeux. Le rĂ©cit devient alors dialogue et le passĂ© ressuscitĂ©. C’est le cas par exemple de la cĂ©rĂ©monie d’investiture du Bardo, de celle du coup d’éclat de l’AĂŻd, mais surtout de cette sĂ©rie bouleversante, admirablement restituĂ©e, de la destitution, oĂč s’affrontent, dans ces moments dĂ©cisifs, au palais Es-SaĂąda de La Marsa, les trois grands protagonistes du drame : Moncef Bey, M’hamed Chenik et le GĂ©nĂ©ral Juin. Le tragique de la situation, le pathĂ©tique des personnages et du dialogue sont d’une rare intensitĂ©. C’est une des plus belles pages d’anthologie de notre Histoire. Certes, dans quelques passages, on peut ne pas partager certains jugements personnels, on peut ne pas juger indispensables certains dĂ©veloppements trop dĂ©taillĂ©s, quoique fort instructifs, sur les opĂ©rations militaires, mais il n’en demeure pas moins que l’ouvrage du Dr SaĂŻd Mestiri constitue, par tout ce qu’il apporte de nouveau, une contribution essentielle Ă  la connaissance d’un des plus grands hĂ©ros de notre histoire et de son Ă©poque. Avec le recul du temps, en effet, dans le PanthĂ©on de nos murs – le seul qui compte en dĂ©finitive – oĂč, sans faste, sans marbre et sans statue, continue Ă  vivre de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration, la mĂ©moire de ceux qui, aux heures dĂ©cisives, ont servi efficacement notre patrie et se sont sacrifiĂ©s pour elle dans la dignitĂ©, on se rend compte aujourd’hui que Moncef Bey occupe une place de choix, parmi les plus grands, la place d’un Souverain martyr mort pour son peuple et pour la cause sacrĂ©e de l’IndĂ©pendance. Le 1er septembre 1948, le jour mĂȘme des obsĂšques de Moncef Bey, qui furent la plus grande apothĂ©ose jamais offerte par le peuple tunisien Ă  l’un de ses hĂ©ros, au cours de laquelle on avait l’impression que les centaines de milliers de morts du Djellaz communiaient avec la marĂ©e humaine des vivants pour rendre un dernier hommage au Souverain disparu, j’avais Ă©crit, Ă  chaud, un Ă©ditorial, dans ‘‘la Jeune Tunisie’’, sous le titre «la leçon de Moncef Bey» qui se terminait ainsi : «…Demain, du haut de son tribunal serein et implacable, l’Histoire jugera. Elle jugera la France qui, connaissant son erreur, a gardĂ© jusqu’à la mort un souverain dont le seul crime a Ă©tĂ© d’avoir trop aimĂ© son peuple. Elle jugera Moncef Bey dont la fidĂ©litĂ© et la noblesse de caractĂšre n’avaient d’égal que son culte pour la libertĂ©. Elle jugera, mais la France ne sortira pas grandie de l’épreuve. Aujourd’hui tous les Tunisiens pleurent leur souverain-martyr, mort en exil, en terre chrĂ©tienne. Mais tous ont tirĂ© la leçon ; cette leçon est qu’aucune cause nationale n’aboutit sans sacrifices et surtout qu’aucune cause ne triomphe sans l’union de tous ses artisans. Cette union sacrĂ©e il vient de la sceller par sa mort. Dire qu’il en reste le symbole est insuffisant car plus que jamais, dans chaque Tunisien, vit un Moncef Bey. Et les morts tels que lui ne meurent jamais tant que les vivants restent dignes de leur mĂ©moire. n

1. L’Afrique du Nord en marche, p. 101.

2. Voir in S. Tlatli “Multiple Tunisie”, M.T.E., 1985 : “Sadok Zmerli”, pp. 446-456.

(Source : « L’Expression » (Magazine hebdomadaire – Tunis), N° 32 du 23 au 29 mai 2008)

Lien : http://www.lexpression.com.tn/details_article.php?ID_art=337


 

Union pour la MĂ©diterranĂ©e: La Libye souligne l’existence de « zones d’ombre« 

AFP, le 28 mai 2008 Ă  13h29

LE CAIRE, 28 mai 2008 (AFP) – La Libye est d’accord en principe pour la crĂ©ation de l’Union pour la MĂ©diterranĂ©e, a annoncĂ© mercredi au Caire un diplomate libyen de haut rang, soulignant cependant l’existence de « grandes zones d’ombre » dans ce projet proposĂ© par la France. « Nous avons Ă©tĂ© les premiers Ă  appeler Ă  faire un lac de paix du bassin mĂ©diterranĂ©en », a affirmĂ© le coordinateur des relations Ă©gypto-libyennes, Ahmad Kadhaf al-Dam, Ă  l’issue d’un entretien avec le prĂ©sident Hosni Moubarak. Mais selon lui, il « existe encore de grandes zones d’ombre autour de certains aspects de ce projet. On parle d’Union mais ce terme est fort », a-t-il dit, ajoutant que la Libye voulait avoir son mot Ă  dire sur ce projet. Le projet, lancĂ© par la France, et amendĂ© par ses partenaires europĂ©ens, sera discutĂ© les 9 et 10 juin en SlovĂ©nie avec l’Union europĂ©enne et les pays arabes associĂ©s au processus de Barcelone. Outre les Palestiniens, neuf pays arabes sont concernĂ©s par le dialogue euro-mĂ©diterranĂ©en de Barcelone, lancĂ© en 1995 par l’UE en direction des pays de la rive Sud. Il s’agit de l’Egypte, de la Libye, de la Tunisie, de l’AlgĂ©rie, du Maroc, de la Mauritanie, de la Syrie, de la Jordanie et du Liban. Le prĂ©sident français Nicolas Sarkozy doit inaugurer le 13 juillet Ă  Paris cette initiative dĂ©sormais baptisĂ©e « Processus de Barcelone: Union pour la MĂ©diterranĂ©e« .


France: une association rappelle le sauvetage de juifs par des musulmans

AFP, le 29 mai 2008 Ă  14h43

PARIS, 29 mai 2008 (AFP) – Des musulmans ont sauvĂ© des juifs Ă  Paris pendant l’occupation allemande, a soulignĂ© jeudi une association, « Les bĂątisseuses de paix », qui voudrait faire apposer une plaque sur la MosquĂ©e de Paris pour commĂ©morer ces faits. La prĂ©sidente de l’association, Annie-Paule Derczansky, a rappelĂ© l’existence d’une note interne du ministĂšre des affaires Ă©trangĂšres du 24 septembre 1940, signalant que le personnel de la MosquĂ©e de Paris est « soupçonnĂ© par les autoritĂ©s d’occupation » de « dĂ©livrer frauduleusement Ă  des individus de race juive des certificats attestant que les intĂ©ressĂ©s sont de confession musulmane ». L’imam a Ă©tĂ© « sommĂ©, de façon comminatoire, d’avoir Ă  rompre avec toute pratique de ce genre ». « Il semble en effet, ajoute la note, que nombre d’israĂ©lites recourent Ă  des manoeuvres de toute espĂšce pour dissimuler leur identité ». Cette note a Ă©tĂ© authentifiĂ©e par la direction des archives du ministĂšre des affaires Ă©trangĂšres. L’association a Ă©crit au prĂ©sident algĂ©rien Abdelaziz Bouteflika pour avoir l’autorisation d’apposer une plaque qui « rappelle la mĂ©moire des enfants et adultes qui ont Ă©tĂ© sauvĂ©s en ces lieux » Ă  l’entrĂ©e de la Grande MosquĂ©e, soutenue par l’AlgĂ©rie. Pendant l’occupation, la MosquĂ©e, alors dirigĂ©e par le recteur Kaddour Ben Ghabrit, a abritĂ© un groupe de rĂ©sistants algĂ©riens, en majoritĂ© kabyles, qui a aidĂ© les parachutistes anglais puis des familles juives Ă  passer en zone sud ou en Afrique du nord. L’association des BĂątisseuses de Paix, crĂ©Ă©e en 2002, rĂ©unit des femmes juives et musulmanes qui veulent mettre en pratique au quotidien le dialogue entre les deux communautĂ©s

 

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