28 avril 2010

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TUNISNEWS
9 ème année,N° 3627 du 28.04.2010
 archives :www.tunisnews.net 


AISPPST- ACHR-CRLDHT-FTCR – Voix Libre- OIET:Invitation Soirée de solidarité

AISPP: Procès du 28 avril

Liberté et Equité: le prisonnier d’opinion Rafik Ali commence une grève de la faim

Comité National de Soutien aux Populations du Bassin Minier: Hassen Ben Abdallah condamné à 4 ans

Onze citoyens de la Skhira déférés devant la Cour d’Appel de Sfax le 28 avril 2010 pour avoir revendiqué des emplois

L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme: Zouhair Makhlouf agressé, Taoufik Ben Brik libéré

Reuters: Libération du journaliste tunisien Taoufik ben Brik

AP: Tunisie: le journaliste Taoufik Ben Brik libéré

Le Temps  Suisse: Taoufik Ben Brik, enfin libre

Libération: Tunisie : Ben Ali aux trousses des journalistes dissidents

Libération: Une longue tradition d’acharnement contre la presse

Le Soir: Ben Brik : « Je vais continuer à écrire »

Abdel Wahab Hani: Une foule immense accompagne le Jurisconsulte Ismaïl Saïdi à sa dernière demeure

Mansour Feki: Les tunisiens sont ils antisémites ? Ou L’opportunisme primaire Versus l’hypocrisie légendaire

Mouatinoun:  Le Professeur Mahmoud Ben Romdhane parle des relations UGTT, Pouvoir et Démocratie

AFP: Une majorité d’Européens contre le port du voile islamique à l’école (étude)

AFP: Voile intégral: la loi française « ne marchera pas », selon Tariq Ramadan

AFP: Une majorité d’Européens contre le port du voile islamique à l’école (étude)


 

– Invitation –

Soirée de solidarité

(Votre présence compte pour le soutien des victimes et l’allègement de leurs souffrances)

 

Une soirée de solidarité avec les citoyens tunisiens, persécutés à vie par l’abominable  procédure du contrôle administratif, aura lieu :

Jeudi 29 avril 2010 (18h30)

Salle AGECA

177 rue Charonne 75011 Paris Metro Ligne 2 – Station Alexandre Dumas.

Ce serait une occasion pour présenter le dernier livre / document  élaboré par l’AISPP(Association Internationale de Soutien aux  Prisonniers Politiques) :

« Citoyens en état de siège, le contrôle administratif en Tunisie »

L’objectif  étant la sensibilisation et la mobilisation des tunisiens vivant en  France, de la communauté arabo-musulmane et de l’opinion française et internationale par rapport au calvaire post-carcéral des ex-détenus politiques, des militants politiques et des défenseurs des droits Humains en Tunisie (contrôle administratif, privation de droits civiques, Exil …).

ORGANISATEURS :

AISPP (Association Internationale de Soutien  aux Prisonniers Politiques)

Solidarité Tunisienne

Voix Libre

ACHR (Commission Arabe des Droits Humains)

CRLDHT (Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie)

FTCR (Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives)

OIET (Organisation Internationale des Exilés Tunisiens)

Avec la participation de :

Mme Maya JRIBI : Secrétaire Générale du PDP (Parti Démocratique Progressiste)

Maître Samir DILOU : Président de AISPP

Maître Abdelwahab MATAR : Vice-président de AISPP


 

Association Internationale de Soutien aux Prisonniers Politiques

 
43 rue Eldjazira, Tunis Aispp.free@gmail.com Tunis, le 28 avril 2010
·        Aujourd’hui, mercredi 28 avril 2020, la quatrième chambre criminelle du Tribunal de Première Instance de Tunis, présidée par le juge Mehrez Hammami, a examiné l’affaire N°20169 dans laquelle sont déférés en état d’arrestationMohammed Lafi, Rafik Lafi, Marouane Bachtobji, Slim Terrass et Mehrez Alaya pour tenue de réunions non autorisées, mise à disposition d’un local de réunions non autorisées, incitation à commettre des infractions terroristes et à adhérer à une organisation terroriste, non révélation aux autorités concernées des informations en leur possession sur la commission d’infractions terroristes. L’audience d’aujourd’hui a vu les plaidoiries de la commission de la défense composée de Maîtres Anouar Aouled Ali, Mounir Ben Salha, Najet Labidi, Maha Lafi, Samir Ben Amor et Jamel Ben Taïeb […] la commission de la défense a mis en exergue les vices de procédures lors des investigations dans cette affaire et demandé sur cette base un non-lieu pour nullité de la procédure. La défense a également démontré que le dossier était vide de toute preuve matérielle que les accusés avaient commis les infractions qui leur étaient imputées. Puis la séance a été levée pour les délibérations et le prononcé du jugement. […]
·        La quatrième chambre criminelle du Tribunal de Première Instance de Tunis, présidée par le juge Mehrez Hammami, a examiné aujourd’hui, mercredi 28 avril 2008 les affaires n°20361 et 20362 dans lesquelles est déféré monsieur Lazhar Abab pour participation à une bande de malfaiteurs en vue de la préparation et de la commission d’un attentat sur les personnes ou les biens. Après l’appel de l’affaire, l’accusé a été interrogé et il a nié ce qui lui était imputé. Puis son avocat, Maître Younes Jouini, a plaidé […] et demandé un non-lieu. Puis l’affaire a été mise en délibéré. Monsieur Lazhar Abab fait partie de ceux qui sont rentrés en Tunisie au terme d’une longue absence et il a fait opposition à deux jugements par défaut totalisant 24 ans d’emprisonnement ; Pour la commission de suivi des procès politiques Le Secrétaire Général Maître Samir Ben Amor (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)
 


Liberté pour le Docteur Sadok Chourou, le prisonnier des deux décennies
Liberté pour tous les prisonniers politiques
Liberté et Equité
Organisation Indépendante de droits humains
33 rue Mokhtar Atya, 1001 Tunis
tel/fax : 71 340 860
Tunis, le 27 avril 2010

Nouvelles des libertés en Tunisie


1) le prisonnier d’opinion Rafik Ali commence une grève de la faim
Rafik Ali, prisonnier d’opinion, actuellement à la prison de Mornaguia, a commencé mardi 27 avril  2010 une grève illimitée de la faim pour exiger sa libération, considérant que les accusations portées contre lui sont dépourvues de fondement. il est le seul soutien de sa famille, son père étant très âgé. […]
2) le prisonnier d’opinion Ghaith Ghazouani commence une grève de la faim
Ghaith Ghazouani, prisonnier d’opinion actuellement incarcéré à la Mornaguia, a lui aussi commencé une grève illimitée de la faim pour exiger sa libération, convaincu qu’il est de son innocence, et pour exiger un traitement médical du fait qu’il a une maladie grave ; il proteste également contre les conditions carcérales déplorables, le harcèlement dont il fait l’objet de la part de co détenus de droit commun, notamment le dénommé « Mohammed Oueld Cherguia », qui le dérange lorsqu’il accomplit la prière et il craint que ces brimades ne soient exécutées à l’instigation de l’administration de la prison car il a déposé de nombreuses plaintes pour qu’un terme y soit mis, en vain.
[…]
Pour le bureau exécutif de l’Organisation
Le Président
Maître Mohammed Nouri
(traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


H. Ben Abdallah condamné à 4 ans


Le 27 avril 2010 Tard dans la nuit, le jugement dans l’affaire du militant Hassen Ben Abdallah, l’un des dirigeants du mouvement de protestation du bassin minier, a été prononcé : la Cour d’Appel a confirmé le jugement rendu en première instance, le condamnant à quatre ans d’emprisonnement. Le procès du journaliste Fahem Boukaddous a été reporté au 18 mai 2010, en raison de l’état de santé de ce dernier […] Comité National de Soutien aux Populations du Bassin minier (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


Onze citoyens de la Skhira déférés devant la Cour d’Appel de Sfax le 28 avril 2010 pour avoir revendiqué des emplois


27 avril
 
Demain, mercredi 28 avril 2010, un groupe de 11 citoyens de la Skhira sera déféré devant la Cour d’Appel de Sfax à la suite des mouvements dont la ville avait été le théâtre au début du mois de février, pour exiger le droit à l’emploi, la justice et la transparence dans le recrutement.
La chambre criminelle du Tribunal de Première Instance de Sfax avait prononcé le 8 mars dernier les jugements suivants à leur encontre :
Peines d’emprisonnement allant de 4 mois à un an de prison ferme :
Tarek Ben Salah Dabbar, en fuite, un an.
Khaled Ben Mahmoud Miahi, en état d’arrestation, 4 mois
Abdelkader Ben Mbarek, en état d’arrestation, 4 mois
Rochdy Ben Mohammed Hamidet, en état d’arrestation, 2 mois
Mohammed Ben Sassi Marzouki, en état d’arrestation, 2 mois
 
Peine de quatre mois d’emprisonnement avec sursis :
Abdelkarim Ben Mabrouk Mokhtar
Mounir Ben Mohammed Marzouki
Atef Ben Ali Boukaricha
Hédi Ben Rachid Amri
Aziz Ben Abdallah Dhiab
Abdessalam Ben Ali Mehedhbi
 
Les accusations portées contre eux sont : Agression violente de fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions, atteinte au bien d’autrui et entrave à la liberté du travail, entrave délibérée à la circulation sur la voie publique, jet de matières solides sur des véhicules. Ce procès se tient à la suite des mouvements de citoyens qui avaient exigé du travail en février. Leur mobilisation avait été réprimée et il avait été procédé à des arrestations. Les forces de police avaient utilisé des bombes lacrymogènes, avaient fait intrusions dans les domiciles en usant de chiens […]
Jacer Karim
(traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme
 

Zouhair Makhlouf agressé, Taoufik Ben Brik

libéré


Paris-Genève-Copenhague, le 28 avril 2010. L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, un programme conjoint de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), et le Réseau Euro-méditerranéen des droits de l’Homme (REMDH) dénoncent l’agression violente du journaliste Zouhayr Makhlouf et note avec satisfaction la libération du journaliste Taoufik Ben Brik détenu depuis le 29 octobre 2009.
Le 24 avril 2010, vers 17 heures, huit policiers en civil dépourvus de mandat d’arrêt se sont présentés au domicile de M. Zouhair Makhlouf pour procéder à son interpellation. Ce dernier ayant refusé de les suivre, il a été violemment agressé devant les membres de sa famille et emmené de force au commissariat de Borj Ouzir dans la ville d’Ariana, près de Tunis, où il a été à nouveau victime de mauvais traitements. Il a été libéré sept heures plus tard présentant de nombreuses blessures au visage et le nez cassé. M. Makhlouf fait régulièrement l’objet de représailles de la part des autorités tunisiennes depuis la publication sur Internet d’un reportage qui dénonce la pollution et la dégradation de l’environnement de la ville de Nabeul liées à certaines activités industrielles en octobre 2009. L’Observatoire et le REMDH condamnent vivement l’agression dont a été victime M. Makhlouf et considère que celle-ci ne vise manifestement qu’à sanctionner ses activités de défense des droits de l’Homme. M. Makhlouf devait rencontrer le 24 avril au soir d’autres militants et défenseurs des droits de l’Homme à un dîner organisé par Me Christian Charrière-Bournazel, ancien Bâtonnier de l’ordre des avocats du barreau de Paris. Par ailleurs, le 26 avril 2010, M. Taoufik Ben Brik a été libéré dans l’après-midi après avoir effectué une peine de six mois d’emprisonnement à la prison de Siliana à la suite de la publication d’articles critiques envers le régime du Président Ben Ali. L’Observatoire et le REMDH accueillent avec satisfaction la libération de M. Ben Brik mais rappellent que la liberté de la presse en Tunisie n’est pas garantie et que les défenseurs des droits de l’Homme font régulièrement l’objet d’actes de harcèlement, d’agressions physiques, d’arrestations arbitraires de poursuites judiciaires et de campagnes de diffamation. L’Observatoire et le REMDH demandent instamment aux autorités tunisiennes de cesser tout acte de harcèlement et d’intimidation à l’encontre des défenseurs des droits de l’Homme en Tunisie et de garantir en toutes circonstances leur intégrité physique et psychologique et, plus généralement, de se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 9 décembre 1998 et aux instruments régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’Homme ratifiés par la Tunisie. Pour plus d’informations, merci de contacter : · FIDH : Karine Appy : + 33 1 43 55 25 18 · OMCT : Delphine Reculeau : + 41 22 809 49 39 · REMDH : Marc Degli : +45 32 64 17 16


Libération du journaliste tunisien Taoufik ben Brik

Reuters, le 28 avril 2010 à 19h16  

par Tarek Amara

TUNIS, 27 avril (Reuters) – Le journaliste et opposant tunisien Taoufik ben Brik a été libéré mardi après six mois de détention et a aussitôt promis de continuer à dénoncer le régime du président Ben Ali.

Accusé d’avoir agressé une femme, Ben Brik avait été arrêté en octobre et condamné le mois suivant à six mois de prison. Le journaliste, à l’état de santé précaire, a toujours nié les faits, se disant victime d’une machination.

Les autorités ont démenti toute motivation politique et affirment que personne ne doit être au-dessus des lois.

Joint au téléphone par Reuters, Taoufik ben Brik a annoncé qu’il allait commencer « dans les jours qui viennent à écrire un livre sur cette histoire misérable ». « Même si je suis libre, je ne me sens jamais en sécurité ici (…) Le mal est fait, et ce

mal ne peut que faire peur », a-t-il insisté.

Ben Brik a également fait part de son intention de se rendre à Paris car, a-t-il souligné, la France est le seul pays qui l’a défendu.

Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, s’est dit soulagé par l’annonce de la remise en liberté du journaliste tunisien.

« Je me réjouis de l’issue d’une affaire que nous avons suivie de près au cours des derniers mois », déclare Kouchner dans un communiqué, précisant avoir évoqué le cas du journaliste lors d’entretiens avec son homologue tunisien, Kamel Morjane, à l’occasion d’une conférence à Tunis le 16 avril.

Au ministère tunisien des Affaires étrangères, une source autorisée a répondu au chef de la diplomatie française en rappelant que le journaliste avait été incarcéré à la suite d’une décision de justice.

« Il est important de rappeler à M. Kouchner que les délits pour lesquels M. Ben Brik avait été condamné à une peine de prison n’avaient rien à voir avec la liberté de presse ou d’opinion », a souligné ce responsable.

« M. Ben Brik avait été en effet reconnu coupable des délits de coups et blessures volontaires, dégradation des biens d’autrui et atteinte aux bonnes moeurs, et ce après avoir agressé une femme devant témoins, roué cette dernière de coups

et endommagé sa voiture tout en proférant à son encontre des propos attentatoires aux bonnes moeurs », a-t-il ajouté.

TENSIONS ENTRE TUNIS ET PARIS

Le secrétaire général de Reporters Sans Frontières, Jean-François Julliard, a dit son soulagement après l’annonce de cette libération. Il a toutefois rappelé, dans un communiqué, « que ces six mois de détention étaient six mois de trop, tant il

est évident que Taoufik a été victime d’une affaire montée de toutes pièces, payant ainsi le prix de sa liberté de pensée. »

Selon RSF, le journaliste a été libéré tôt mardi matin de la prison de Siliana, à 130 kilomètres au sud-ouest de Tunis.

Cet opposant notoire au président Zine al Abidine Ben Ali, au pouvoir depuis 23 ans, collabore avec plusieurs journaux français. Il avait été poursuivi sur la foi d’une plainte d’une femme, qui lui reprochait de l’avoir agressée et d’avoir endommagé sa voiture lors d’une dispute dans la rue.

L’affaire a provoqué des tensions diplomatiques entre les deux pays, Bernard Kouchner exprimant sa déception après l’arrestation du journaliste. Le président Ben Ali a dénoncé une « ingérence étrangère » dans les affaires intérieures tunisiennes.

La Tunisie est sensible aux critiques des pays de l’Union européenne car elle souhaite obtenir un statut de partenaire privilégié de l’UE. Les défenseurs des droits de l’homme accusent le pouvoir tunisien de se servir de la police et des tribunaux pour faire taire les opposants au régime.

 


Tunisie: le journaliste Taoufik Ben Brik libéré

Associated Press, le 28 avril 2010 à 18h33  

–par Bouazza ben Bouazza–

TUNIS (AP) — Le journaliste tunisien dissident Taoufik Ben Brik a été libéré mardi matin après avoir effectué sa peine, a-t-on appris auprès de son épouse Azza Zarrad. Il avait été condamné en novembre 2009 à six mois de prison ferme pour « agression », « violence, atteinte aux bonnes moeurs et dégradation de biens d’autrui » lors d’un incident avec une femme d’affaires, Rym Nasraoui, qui avait porté plainte.

« Taoufik m’a appelé ce matin à 6h (5h GMT) pour m’annoncer sa libération. Il doit prendre une voiture louage (taxi inter-urbain) à Siliana (à 130 km de Tunis où il était emprisonné) et devrait être à la maison dans trois heures », a précisé sa femme à l’AP.

Lors de son jugement, le journaliste avait dénoncé un « procès politique » et s’était dit victime d’un traquenard monté par les services spéciaux », alors que les autorités avançaient qu’il s’agissait d’une « affaire de droit commun ».

Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a dit mardi avoir appris sa libération « avec soulagement ». « Je partage la joie de sa famille et de ses proches et me réjouis de l’issue d’une affaire que nous avons suivie de près au cours des derniers mois », a-t-il ajouté dans un communiqué, en rappelant « l’attachement porté par la France à la liberté d’expression, partout dans le monde ».

En réaction, Tunis a convenu que « les excellentes relations tuniso-françaises sont de nature à permettre la discussion de toutes les questions concernant les deux pays ». Il estime néanmoins « important de rappeler à M. Kouchner que les délits pour lesquels M. Ben Brik a été condamné à une peine de prison n’avaient rien à voir avec la liberté de presse ou d’opinion ».

Dans une mise au point transmise à l’Associated Press, le ministère tunisien des Affaires étrangères ajoute que « M. Ben Brik a été reconnu coupable des délits de coups et blessures volontaires, dégradation de biens d’autrui et atteintes aux bonnes moeurs après avoir agressé une femme devant témoins et endommagé sa voiture ».

Taoufik Ben Brik, 50 ans, avait publié dans la presse française une série d’articles virulents à la veille des élections d’octobre 2009, qui avaient reconduit le président Zine El Abidine Ben Ali à la tête du pays, pour un cinquième mandat consécutif de cinq ans.

« J’ai été incarcéré dans une prison où on punit les prisonniers qui ont fait des gaffes. Lorsque j’ai écrit une lettre qui a été publiée, « Le poète et le dictateur », ils m’ont mis dans une prison préhistorique comme on n’en trouve plus, même dans le

cinéma. Ce n’est pas une prison, c’est un tombeau ouvert, où on végète », a commenté le journaliste sur France-Info.

« En plus j’ai été interdit de stylo, de papier, de livres, et tous ceux qui étaient autour de moi (…) c’étaient des analphabètes, pour que je ne puisse même pas parler des choses que j’aime, le théâtre, le cinéma, la politique. Après six mois, ma

mémoire est engourdie », a-t-il poursuivi.

Le journaliste a précisé qu’il comptait continuer à écrire. « Je ne sais qu’écrire, et je ne sais qu’écrire sur Ben Ali, c’est le seul truc vendable en Tunisie. Donc je ne vais pas m’en priver », a-t-il assuré. « Et en plus, ces six mois, au lieu de me casser l’échine, je (re)prends du poil de la bête, je vais prendre ma revanche », a-t-il ajouté en précisant qu’il comptait « débarquer à

Paris ces jours-ci, s’ils me laissent partir ».

A l’annonce de la libération de Taoufik Ben Brik, son épouse n’a pas dissimulé sa joie. « Taoufik aussi était très heureux d’être libre après six mois d’incarcération, jour pour jour », a-t-elle lâché avec un soupir de soulagement.

« C’est un sentiment que ne peut connaître que celui qui vit une telle épreuve. Par moment, on a l’impression que les six mois ne vont pas finir », a encore confié cette femme frêle.

Elle a exprimé également « un sentiment d’impuissance » face à ce qu’elle considère comme une « complicité des démocratie occidentale » dans cette affaire où « l’injustice était claire », selon elle.

Son avocat, Me Néjib Chebbi s’est lui aussi dit « heureux » que Taoufik Ben Brik ait été libéré.

« Taoufik a passé six mois en prison pour défendre notre droit à l’humour. Il n’a fait qu’exercer sa profession comme le font tous les journalistes libres dans des pays libres, en critiquant les politiques avec humour. En l’emprisonnant, ils (les autorités) voulaient nous ôter ce droit », a-t-il déploré.

« Nous sommes soulagés d’apprendre la libération ce matin de Taoufik Ben Brik. Il va enfin pouvoir retrouver les siens », a réagi RSF. « Toutefois, nous rappelons que ces six mois de détention étaient six mois de trop, tant il est évident que Taoufik a été victime d’une affaire montée de toutes pièces, payant ainsi le prix de sa liberté de pensée », a déclaré Jean-François Julliard, secrétaire général de RSF.

Cette affaire a été à l’origine d’une tension entre Tunis et Paris. Les réactions françaises dont celle du Quai d’Orsay ont été considérées comme des « ingérences inadmissibles dans les affaires intérieures tunisiennes ».

Se déclarant dans un premier temps « déçu » par les arrestations de journalistes en Tunisie, le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a ensuite joué à l’apaisement. En visite à Tunis la semaine dernière, il a tenu à féliciter ses « amis tunisiens » pour « les efforts qu’ils font pour que la société soit juste, prospère, moderne et qu’elle respecte les droits des femmes et de l’homme ».

 


Taoufik Ben Brik, enfin libre

 

Caroline Stevan

Le journaliste tunisien Taoufik Ben Brik a été libéré mardi après avoir purgé six mois de prison. L’opposant avait été condamné à la fin de 2009 pour l’agression d’une femme d’affaires, un procès qu’il a toujours qualifié de machination politique destinée à le faire taire

«J’ai parlé à Taoufik. Il a une bonne voix. Il me semble plus combatif que jamais et plutôt en bonne santé.» William Bourdon, avocat parisien de Taoufik Ben Brik se voulait rassurant mardi matin, quelques heures après la libération de son client. Le journaliste tunisien, qui souffre d’une maladie dégénérative de ses défenses immunitaires, a quitté la prison de Siliana – dans le nord-ouest du pays – à l’aube après six mois d’enfermement. «Pas un jour de moins», a précisé son épouse Azza Zarad.

Le dissident, 49 ans, avait été interpellé le 29 octobre 2009 pour «coups et blessures volontaires, dégradation des biens d’autrui et atteinte aux bonnes mœurs» suite à la plainte d’une femme d’affaires l’accusant d’avoir embouti sa voiture, de l’avoir frappée et insultée.

L’entourage de Taoufik Ben Brik dénonce des manigances ourdies par le pouvoir et destinées à neutraliser une plume trop cinglante vis-à-vis du président Zine el-Abidine Ben Ali. Une thèse partagée par les associations de défense des droits humains et l’organisation Reporters sans frontières. «Nous rappelons que ces six mois de détention étaient six mois de trop, tant il est évident que Taoufik a été victime d’une affaire montée de toutes pièces, payant ainsi le prix de sa liberté de pensée», écrit le secrétaire général de RSF, Jean-François Julliard, sur le site internet de l’organisation de défense des journalistes.

Deux heures avant son arrestation, Taoufik Ben Brik avait publié en France une interview imaginaire du chef de l’Etat tunisien briguant son cinquième mandat. Le journaliste, qui n’est pas édité en Tunisie, écrit essentiellement pour la presse hexagonale. Son emprisonnement avait ainsi provoqué quelques tensions entre Tunis et Paris. Ben Brik a annoncé hier qu’il irait célébrer la Journée mondiale de la liberté de la presse le 3 mai à Paris.

(Source : « Le Temps » (Quotidien – Suisse), le 28 avril 2010)

 


Tunisie : Une plume libre sort de prison
Ben Brik : « Je vais continuer à écrire »

·        Le journaliste tunisien Taoufik Ben Brik a purgé la peine de prison infligée pour une improbable agression.

·        Son moral est au beau fixe, il compte reprendre ses activités dès que possible : « Ecrire, c’est la seule chose que je sais faire », dit-il.

·        Un motif de méditation pour le régime.

 

Une douce euphorie semblait avoir gagné notre confrère tunisien Taoufik Ben Brik ce mardi, quelques heures après sa sortie de prison. Le poil à gratter du régime du président Ben Ali était regonflé à bloc : « Je suis frais comme un pinson, comme quand tu m’avais rendu visite en octobre »,nous dit-il par téléphone en allusion à notre conversation dans son appartement de la banlieue tunisoise le lundi 19 octobre dernier. C’était dix jours avant son arrestation.

Condamné ensuite à six mois de prison ferme pour une prétendue agression contre une femme en pleine rue – « une entourloupette, tout le monde le sait » – Ben Brik aura donc purgé cette peine jour pour jour.

Ce séjour dans le pénitencier de Siliana, à 130 km de la capitale, lui laisse bien des souvenirs, qu’il compte écrire. « C’est une prison tunisienne, explique-t-il.Mais en pire : un modèle préhistorique où l’on punit prisonniers comme matons ! Un peu comme dans Papillon ou les films mexicains à la Zapatta ! Nous étions à vingt dans une cellule de 60 m2, toilettes comprises. Ils m’avaient privé de stylo, de papier et de livres. Mes compagnons d’infortune étaient tous analphabètes. On voulait sans doute éviter qu’on parle trop. Mais ces gars sont plus humains que ceux de dehors, c’est ce que je retiens de ces six mois. Et ils pleuraient quand je suis parti… »

A cinquante ans, « TBB », comme on l’appelle, persiste et signe. « Pas question de m’exiler. Je tiendrai jusqu’au bout. Si lui part, c’est OK pour moi. » Lui ? Le pronom désigne le président Zine el-Abidine Ben Ali, bien sûr. Le dictateur local. « Je vais continuer à écrire, c’est la seule chose que je sais faire. Et écrire sur lui. Il croyait me faire courber l’échine, me casser, mais il oublie que je suis une âme damnée dure comme une crosse de fusil. »

Impertinences…

Une âme damnée et une sacrée plume, aussi. L’auteur s’était un tantinet fait oublier depuis quelques années, mais la proximité des élections d’octobre dernier lui avait donné l’occasion de s’épancher sur des sites internet d’information français, comme celui du Nouvel Observateur ou encore Mediapart. Ses impertinences, visiblement, avaient déplu en haut lieu. On connaît la suite…

Ben Brik s’en sort bien, finalement. La maladie dégénérative des défenses immunitaires qui l’affecte l’a épargné pendant son séjour carcéral émaillé par une grève de la faim de onze jours. Sa femme, l’infatigable Azza Zarad, n’a donc pas réussi à abréger sa peine malgré ses efforts incessants à Tunis, Paris ou Strasbourg.

Pour l’heure, notre confrère songe à prendre un bol d’air libre à Paris, pour y célébrer avec ses amis la journée mondiale de la liberté de la presse le 3 mai. « Si on me laisse partir, lâche-t-il comme pour conjurer de nouvelles tracasseries dont le régime a le secret. Sinon, on va se la couler douce ici à Tunis. »

Une dernière boutade caustique bien « à la Ben Brik ». Car la profession de journaliste, en Tunisie, va demeurer quelque chose de maudit. Ce n’est pas Zouhaïer Makhlouf qui le démentira : ce confrère a été interpellé le 24 avril par des policiers qui, selon Reporters sans frontières, l’ont sauvagement frappé devant ses enfants.

 BAUDOUIN LOOS

(Source : « Le Soir » (Quotidien – Belgique), le 28 avril 2010)


Tunisie : Ben Ali aux trousses des journalistes dissidents

Alors que Taoufik Ben Brik a fini hier de purger sa peine, le procès d’un reporter indépendant s’ouvre dans le sud du pays et la police continue de harceler la presse.

Christophe Ayad

Le journaliste tunisien Taoufik Ben Brik est sorti hier matin de prison, au terme de sa peine, après six mois de détention. Fahem Boukadous, lui, passait hier en appel au Tribunal de Gafsa: il risque quatre ans de prison. Quand ils ne remplissent pas les prisons ou les tribunaux, les journalistes tunisiens qui gênent le pouvoir finissent au commissariat pour un tabassage en règle, comme Zouhair Makhlouf samedi soir.

Il est sorti hier à 6 heures du matin de la prison de Siliana, à 130 km au nord-ouest de Tunis. Le journaliste le plus célèbre de Tunisie, âgé de 50 ans, a purgé l’intégralité de la peine de prison à laquelle il avait été condamné, le 26 novembre dernier, pour «coups et blessures volontaires, dégradation des biens d’autrui et atteinte aux bonne mœurs» contre une jeune femme à Tunis. Une manip montée de toutes pièces par le régime qui poursuit Ben Brik de sa vindicte. «Une entourloupette», comme il dit lui-même.

Grève de la faim

Depuis sa grève de la faim en 2000, Ben Brik est devenu la bête noire du président Ben Ali, qu’il avait à l’époque ridiculisé. Interdit de publier en Tunisie, il fait parvenir ses chroniques – satiriques et mordantes – à des médias français. Celles sorties à l’occasion des élections présidentielle et législatives de l’automne dernier, remportées comme d’habitude haut la main par Ben Ali et son parti, ont particulièrement irrité. Au point de susciter la machination, dont le régime a le secret et qui a valu à TBB une condamnation à six mois de prison. Qu’il a purgée intégralement et privé de soins alors qu’il souffre d’une maladie chronique. Il semblait hier en forme à sa sortie. Et annonçait sa venue en France – «le seul pays qui m’a défendu» – d’ici à lundi «pour fêter la Journée mondiale de la liberté de la presse» le 3 mai. Il a aussi l’intention de publier un livre sur sa détention à Siliana.

Sa libération a été saluée par Reporters sans frontières, qui dénonce régulièrement en Ben Ali un «prédateur» de la liberté de la presse. Le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner a, de son côté, exprimé hier son «soulagement».

L’arrestation de Ben Brik avait été l’occasion d’un accrochage inédit, à l’automne dernier, entre Paris et Tunis. Le Quai d’Orsay, habituellement silencieux sur les atteintes aux droits de l’homme en Tunisie, considérée comme le «bon élève» du Maghreb, avait protesté, suscitant la colère du palais de Carthage, qui avait menacé de demander des comptes à la France pour la colonisation. Un discours totalement inhabituel à Tunis. Depuis, le ton s’est radouci. Le 15 avril, Bernard Kouchner félicitait même la Tunisie pour ses «efforts» en matière de droits de l’homme…

D’autres menacés

Fahem Boukeddous, 40 ans, est nettement moins connu que Taoufik Ben Brik. Il vit à Gafsa dans le sud de la Tunisie. Sans lui, le monde et les Tunisiens n’auraient pas entendu parler de l’agitation sociale dans le bassin minier de Gafsa au premier trimestre 2008. Boukeddous en a rendu compte pour la chaîne indépendante Al-Hiwar, diffusée un temps par satellite depuis l’Europe puis sur internet. C’est lui qui a diffusé les seules images connues des émeutes contre les autorités locales; à l’époque la région était hermétiquement fermée. Recherché au même titre que les syndicalistes de la région, le journaliste a plongé dans la clandestinité en juin 2008. Pendant cette période, il a été condamné par contumace à six ans de prison pour «association de malfaiteurs» et «diffusion d’information de nature à perturber l’ordre public. Une peine ramenée à quatre ans.

Fin 2009, quand le pouvoir a gracié les «agitateurs» de Gafsa encore en prison, Boukeddous est sorti de la clandestinité. Il a été laissé en liberté en attendant son procès en appel, qui devait débuter hier à Gafsa. Lundi après midi, Boukeddous a été hospitalisé à cause d’une grave crise d’asthme. Ses avocats ont demandé hier un report du procès. Il risque quatre ans de prison…

D’autres tabassés

Journaliste indépendant lui aussi, Zouhair Makhlouf a réalisé, à l’automne dernier, un reportage sur les conditions de travail dans la zone industrielle de Nabeul. Un sujet sensible dans un pays qui vit de la sous-traitance surtout dans le textile et les plateformes d’appel. Le 1er décembre, il a été condamné à trois mois de prison ferme, 200 dinars (104 euros) d’amende et 6 000 dinars (3 114 euros) de dommages et intérêts pour avoir «nui à un tiers au moyen d’un réseau public de télécommunication». Mais depuis qu’il est sorti de prison, la police ne le laisse pas tranquille. Samedi, alors qu’il était invité à un dîner en présence de Me Christian Charrière-Bournazel, ex-bâtonnier de Paris, il a été arrêté devant chez lui, emmené au commissariat et tabassé. Il en est sorti tard le même soir, en sang et le nez fracassé.

(Source : « Libération » (Quotidien – France), le 28 avril 2010)

 


Une longue tradition d’acharnement contre la presse

NAZIHA REJIBA, KAMEL LABIDI

La libération, hier, de Taoufik Ben Brik n’y changera rien. L’acharnement du président Zine el-Abidine ben Ali contre les journalistes est un fait sans précédent depuis la parution du premier périodique tunisien, «Arra’id Attounissi», en 1860. Aucun bey ou résident général français – et encore moins son prestigieux prédécesseur, Habib Bourguiba, dont la passion pour le journalisme de combat était reconnue – n’avait autant sévi contre la presse. Jamais on n’avait vu autant de journalistes tunisiens harcelés, détenus ou contraints à l’exil.

L’ère Bourguiba L’une des premières victimes de cette hostilité qui ne connaît guère de répit depuis vingt-deux ans fut le journal indépendant «Errai». Créé sous Bourguiba en 1977, tout comme la Ligue de défense des droits de l’homme – la première du genre en Afrique et dans le monde arabe – ce journal de combat pour la démocratie fut contraint de fermer quelques semaines seulement après le coup d’Etat qui porta au pouvoir M. Ben Ali en 1987.

D’autres journaux comme «Le Maghreb», «Al Fajr» et «Al Badil» connurent ensuite le même sort. Des journalistes, dont Abdallah Zouari, et des dizaines de blogueurs, dont Zouhair Yahyaoui, le premier internaute arabe jeté en prison, subirent les affres des centres de police où une quarantaine de dissidents trouvèrent la mort sous la torture. Une centaine de journalistes prirent le chemin de l’exil pour échapper au «miracle tunisien».

Hostilité maladive L’hostilité maladive à la liberté de la presse commença à s’intensifier, l’an dernier, à mesure que la parodie électorale approchait et que la contestation du pouvoir personnel de Ben Ali et de l’influence grandissante de sa famille – surtout de sa femme, Leila Trabelsi – sur la vie politique et économique gagnait du terrain dans le pays. Elle n’épargna ni les blogueurs, ni les animateurs des radios libres diffusées sur internet et des stations de télévision satellitaire, notamment Al-Jezira, ni le syndicat des journalistes mis au pas en août. Le pouvoir n’arrêta pas de harceler même la presse d’opposition reconnue qui avait coutume de ne pas franchir certaines lignes rouges.

stupéfaction Cette hostilité continue à susciter l’inquiétude des organisations de défense de la liberté de la presse et d’intriguer les alliés de la Tunisie. Une délégation parlementaire canadienne a fait état, après avoir visité l’Algérie et la Tunisie en février 2009, de son étonnement. «En Algérie, les médias semblent relativement libres. En revanche, en Tunisie, les médias faisaient l’objet d’une surveillance étroite», conclut un rapport de l’Association parlementaire Canada-Afrique. Les diplomates américains sont paradoxalement presque les seuls à rendre visite à des journalistes et dissidents en grève de la faim, en procès ou en résidence surveillée.

Même Bush George W. Bush n’avait pas hésité à critiquer publiquement, en mars 2004, le musellement de la presse en Tunisie en recevant M. Ben Ali à Washington. Ni le président tunisien ni les médias aux ordres, d’habitude prompts à rejeter toute critique, aussi timide soit-elle, venant d’un responsable français, voire à insulter son auteur, ne lui ont répondu.

L’influence abusive de la famille Ben Ali, parents et alliés, sur les principaux secteurs de l’économie et les médias, et la volonté manifeste de garder le pouvoir dans la famille, à l’instar de ce qui se passe dans la Libye du colonel Kadhafi, dont les relations avec Tunis n’ont jamais été aussi étroites, semblent derrière cette stratégie d’acharnement sans bornes contre les journalistes.

(Source : « Libération » (Quotidien – France), le 28 avril 2010)


Une foule immense accompagne le Jurisconsulte

 Ismaïl Saïdi (الفقيه إسماعيل السّعيدي) à sa dernière demeure


الله أكبر الله أكبر الله أكبر قال تعالى : « يا أيتها النفس المطمئنة ارجعي إلى ربك راضية مرضية فادخلي في عبادي و أدخلي جنتي » صدق الله العظيم  

Par:Abdel Wahab Hani

 

Une foule immense a accompagné le Jurisconsulte Ismaïl Saïdi (الفقيه إسماعيل السّعيدي) à sa dernière demeure ici-bas, au cimetière du Jallaz à Tunis. Le regretté défunt nous a quitté hier 26 avril 2010, dans la soirée, après un long combat avec la maladie.

Atteint d’une méningite tuberculeuse contractée lors de son séjour en prison pour délit politique, le défunt avait été admis à l’hôpital La Rabta à Tunis début janvier où il est resté près de 3 mois dans un profond coma.

Son état semblait s’améliorer récemment et il a même pu regagner le domicile familial de son jeune couple formé en août dernier. Mais le destin en a décidé autrement.

 

Brillant élève, brillant lycéen, brillant étudiant, brillant ENArque, brillant banquier, brillant juriste, brillant Hafidh Li Kitabi Allah, brillant Moudarris, brillant développeur de programme informatique, Brillant spécialiste des Faraïdh et du Droit successoral musulman, Ismaïl était toujours le premier parmi ses camarades, le plus compétent parmi ses pairs et le meilleur de tous.

 

Tous sont venu lui rendre un dernier hommage cet après midi, mardi 27 avril 2010, au cimetière du Jallaz.

 

Il y avait les vaillants militants Abdellatif Makki, Ajmi Lourimi, Adel Thabti, Fadhel Baldi, Sami Brahem, Karim Harouni, Zied Doulatli, Danien Zarrouk, Ali Larayedh, Zouheir Makhlouf et d’innombrables autres personnalités connues ou citoyens anonymes. Certains ne se sont pas vus depuis des années et Ismaïl les a réuni, dans la Compassion et la Loyauté à la Patrie.

 

Tous sont venus l’accompagner à sa dernière demeure et rendre hommage aux qualités supérieures d’un esprit supérieur, d’un militant humble, discret et silencieux.

 

Mais il y avait surtout ses parents à la patience légendaire, son frère cadet Abdallah et son frère junior Âïd Abdeljelil, qui a pu assister aux funérailles, après près de 20 ans d’exil.

 

Depuis leur séparation au début des années 1990, le premier par les méfaits de la prison, le second par les affres de l’asile, Ismaïl et Abdeljelil n’ont pas eu la chance de se rencontrer ici-bas.

 

Les larmes de la disparition du Faqih Ismaïl, Al Maghfouri Lahou, se sont mêlées aux larmes des retrouvailles, marquant le Retour du Âïd Abdeljelil.

 

Leur histoire et celle des Saïdi est l’histoire d’une famille ordinaire, de gens ordinaires, dignes, qui ont payé un tribu humain très lourd que la classe bienpensante, du pouvoir et de l’opposition, ignore totalement.

 

Pourtant, ce sont ces Anonymos qui vont aussi et surtout la vie d’une Peuple, d’une Nation.

 

La disparition d’Ismaïl doit nous inciter tous, gouvernement, opposition et simples citoyennes et citoyens, à regarder en face les énormes dégâts humains causés par les deux décennies de conflit ouvert.

 

En ces heures où nous pleurons un cher frère, un cher compagnon, nous ne pouvons qu’appeler urgemment à une Prise de conscience nationale du calvaire de nos concitoyens Anciens prisonniers politiques et Exilés.

 

Dans notre faire-part du décès du très cher défunt, nous avons lancé un Appel solennel aux autorités pour : Prendre en charge le Dépistage obligatoire et le traitement médical de tous les anciens prisonniers, notamment politiques et d’opinion, appelés à « Caractère spécial » (الصبغة الخاصة) par l’Administration pénitentiaire.

 

L’opposition et les organisations de la société civile devraient INCITER à cette mesure humaine et FACILITER sa mise en œuvre, en y apportant sa contribution, mais surtout en adoptant avant tout un discours et une attitude responsables et respectueux des souffrances des victimes et de leurs intérêts.

 

Nombreux anciens prisonniers politiques souffrent de maladies incurables contractées en prison, y compris des maladies éradiquées au sein de la population, par le génie, la compétence et le dévouement de nos services sanitaires, comme la Tuberculose qui fait malheureusement sa réapparition dans le milieu carcéral.

 

Le comportement irréprochable et exemplaire des autorités médicales, lors de l’hospitalisation d’Ismaïl, ne peut que nous inciter à l’Espoir.

 

Le suivi quotidien du Chef du Service de Réanimation et de la Direction de l’Hôpital La Rabta, ainsi que celle de l’Hôpital Charles Nicolle, témoignent d’un sens aigu des responsabilités, comme le sont aussi les consignes dignes et courageuses de bienveillance donné par le Cabinet du Ministre de la Santé, sous l’impulsion du Ministre M. Mondher Znaïdi en personne. Qu’ils soinet tous remerciés. 

 

En ces jours de deuil, cette attitude hautement appréciable des autorités médicales est de nature à nous encourage à appeler au Dépistage systématique des« maladies carcérales » chez les anciens prisonniers politiques et leur prise en charge médicale.

 

Cette mesure humanitaire est hautement symbolique. Elle apportera un grand soulagement aux victimes et à leurs familles, totalement marginalisées par le système de santé national.

 

Elle permettra à la Nation, comme Nation, de traiter, ne serait-ce que dans sa dimension humanitaire, les effets du conflit ouvert des deux dernières décennies. La Réconciliation nationale, appelé de tout bord, du Chef de l’Etat en exercice à ses détracteurs les plus véhéments, c’est aussi cela.

 

La RECONCILIATION VERTIABLE est avant tout au service de notre Peuple, et des victimes et surtout des plus Anonymes. Ceux là mêmes que vénère notre tradition musulmane :

« إن الله يحب الأتقياء الأخفياء الأبرار، الذين إذا غابوا لم يُفتقدوا وإذا حضروا لم يُعرفوا، مصابيح الهدى، يخرجون من كل غبراء مظلمة »

 

Cette mesure Humanitaire, à très grande valeur Humaine, devrait s’accompagner de l’octroi de leurs passeports tunisiens à tous nos concitoyens exilés ou immigrés qui le demandent, Illa Man Aba (إلا من أبى).

 

Le Farq d’Ismaïl prévu jeudi 29 avril après Salat-Al-Maghrib devrait inciter l’ensemble des acteurs à œuvrer dans ce sens. L’Histoire leur sera redevable si nous nous mettions TOUS à trouver une issue Digne auxsouffrances des victimes nonobstant les règlements des crises politiques en suspens et sans attendre les Réformes politiques dont le pays a le plus besoin.

 

Personne, ni au sein du Pouvoir en place ni au sein de ses différentes Oppositions ne peut prendre la responsabilité de surseoir l’allégement dessouffrances des victimes à une quelconque issue ou gestion des conflits que traverse notre Société.

 

Faisons en sorte que ces deux perspectives Dignes, Loyales et Réalistes de PRISE EN CHARGE MEDICALE DES ANCIENS PRISONNIERS POLITIQUES & de RETOUR DES EXIES se concrétisent sur le terrain. 

 

La Patrie en sera reconnaissance.

 

 

وبشر الصابرين الذين إذا أصابتهم مصيبة قالوا إنا لله وإنا إليه راجعون

 

اللهم أجعل خير أيامه يوم أن لقى وجهك الكريم.. اللهم ارحمه واعف عنه واغفر له.. ..اللهم نقه من الذنوب والخطايا كما ينقى الثوب الابيض من الدنس  

اللهم آنسه في قبره..

اللهم إننا نحبه فيك.. اللهم اسكنه فسيح جناتك

ياعفو يارحيم. اللهم الهم ذويه الصبر والسلوان اللهم اغسله بالماء والثلج والبرد

 

Genève, le 27 avril 2010

 

Âïd / Retornado Bi Idhni Allah

Abdel Wahab Hani

awhani@yahoo.fr;

+33 6 17 96 00 37

 


Les tunisiens sont ils antisémites ?
 Ou L’opportunisme primaire Versus l’hypocrisie légendaire


Par Mansour Feki,

Universitaire, Canada

Un avocat, journaliste à ses heures, monsieur souheil Ftouh, est parti en croisade, corps et âme, pour promouvoir son idolâtrie pour Israël. Il y va avec les outils primaires de l’art de la propagande  en s’alignant sur le discours de la droite Israélienne la plus extrémiste, ceci ne le singularise pas seulement en tant que nord africain, mais  en absolu, car même les militants les plus ardus de la droite israélienne savent que ce qu’ils sont en train de faire ne relève ni de la démocratie ni de l’éthique la plus basique. Ce journaliste ne peut être mu que par un opportunisme primaire ou épris par un amour inconditionnel pour l’extrême droite israélienne.

Quant au groupe de journalistes tunisiens et co. qui s’offusquent à outrance des propos du journaliste, kamikaze de la plume, qui traite la Tunisie et les Tunisiens d’antisémites, ils doivent mettre un peu d’eau dans leur vin ou leur café, car si ces propos sont de la rhétorique extrémiste qui crée ex nihilo cette notion d’antisémitisme en Tunisie, ils doivent faire l’effort de sortir d’une certaine hypocrisie légendaire qui fait que nous Tunisiens nous sommes tout blancs et nets par rapport à notre relation avec les Juifs.

Les gens de ma génération, fin de la quarantaine début cinquantaine, nous sommes déchirés entre une enfance heureuse avec nos amis, nos voisins, nos frères juifs tunisiens, avec qui on a partagé la lumière de l’enfance heureuse dans l’harmonie et l’entraide fraternelle et l’air du temps imprégné d’un certain antisémitisme, larvé, polissé, un peu partout dans le monde. À l’enfance, nous nous sommes bâti un paysage sensoriel commun ; qui peut oublier ces exhalaisons de la terre, asséchée, assoiffée par le soleil de l’été, lors des premières pluies d’automne, ces arcs-en-ciel qui comme une traînée de guirlandes  décorent le ciel lumineux de fin de pluie de printemps, … la brise de la mer, l’odeur du jasmin et les hirondelles qui voltigent dans le ciel, ceci est la Tunisie de notre enfance.  Juifs, Musulmans et quelques Chrétiens étions heureux de partager nos fêtes, le Shabbat, la maïmouna,… l’aid essghir, l’aid elkbir, noël, nouvel an, achoura, Roch Achana,…  nos circoncisions, nos mariages, nos enterrements… Mes amis s’appelaient, Sami, David, Fekri, Marc, Kammouna, Ali, Stéphane, Joëlle… oui ce sont mes frères et sœurs ; ils sont plus proches de moi que tout autre Égyptien, Palestinien, ou n’importe quel autre Arabe ou Musulman. Je le dis sans aucune animosité ni pour les Arabes, ni pour les Musulmans mais avec l’authenticité du cœur et de la raison ce qui me lie à mes frères juifs tunisiens en particulier et aux Juifs nord-africains en général c’est que quand je les regarde je me reconnais en eux, dans leur sourire, dans leurs larmes, dans leurs attitudes, dans leurs joies et dans leurs tristesses… Ce qui me lie à eux, au- delà du sang, beaucoup plus, la tunisianité, ce ciment qui a lié hier nos parents et nos grands-parents et continue, je l’espère pour longtemps, à nous lier à nos frères juifs sépharades en général et Juifs tunisiens en particulier.

La Tunisie a eu la chance d’avoir toujours eu des dirigeants qui l’ont protégée à différents degrés des affres de l’antisémitisme : le Bey qui  avait affirmé qu’il n’avait pas des sujets juifs et des sujets musulmans quand on lui a demandé de mettre à l’index les juifs… Bourguiba à sa manière… sans oublier- et ce sont des faits historiques-que c’est bien dans les années soixante et soixante-dix que la Tunisie a perdu l’essentiel de sa belle communauté juive (avec l’aide des agences d’immigration israéliennes, il faut le dire). Celui qui a donné à la tunisianité son sens le plus profond et à la démocratie son sens supra communautaire au -dessus de tout clivage, religieux, ethnique et de genre reste et  il faut le dire, c’est le président actuel de la Tunisie; c’est avec Ben Ali que la réconciliation proactive des différentes strates de Tunisiens a vu le jour,  faisant fi des clivages sociaux, économiques, religieux, ethnique, de genre …  Il s’est occupé des personnes âgées, des enfants, des handicapés, de la femme,… et il a institutionnalisé la solidarité tuniso-tunisienne et réconcilié les Tunisiens entre eux y compris nos frères juifs qui ont senti cet élan d’ouverture sereine et respectueuse qui a fait qu’aujourd’hui, ils reviennent dans leur pays d’origine, souvent en visite et parfois pour se réinstaller ; ça reste assez timide mais encourageant.

Une hirondelle ne fait pas le printemps ; l’élan de la Tunisie ne peut prendre forme dans toute sa splendeur sans la convergence de plusieurs acteurs nationaux et internationaux et sans que nos propres frères juifs de Tunisie ne prennent leur responsabilité, saisissent l’opportunité et préservent ce patrimoine commun qu’est  la tunisianité  et que nos ancêtres ont bâti pendant des millénaires dans cette Ifriqiya qui a donné son nom à tout un continent; les Juifs tunisiens sont aussi responsables que les Tunisiens restés au pays et complices de ceux qui veulent les empêcher de revendiquer leur authenticité.

Concernant  nos journalistes offusqués par les propos de monsieur Ftouh, tout en étant aux antipodes de ses allégations d’antisémitisme tunisien, je dois dire que la médiocrité, d’une bonne partie, de l’espace journalistique tunisien, écrit et audio-visuel compris, conjugué à la prolifération des médias satellitaires et numériques arabes et à l’anémie idéologique font que l’espace idéologique ouvert par le processus démocratique émergeant les vingt dernières années profite aux idéologies parasites de tout horizon et essentiellement arabes et islamistes de mauvaises qualités et d’éthique très discutable. La société tunisienne est, malheureusement, en train de s’orientaliser ; la francophonie d’hier se transforme insidieusement en arabophonie exclusive, la mode vestimentaire s’orientalise, les leaders d’opinions deviennent Amrou Khaled, Qotb et Tarak Ramadhan ; c’est ça le plus grand danger qui guette la Tunisie. Ces médias véhiculent un discours antisémite polissé et primaire ; ce discours finit par imprégner tous les espaces de vie tunisiens, d’une façon larvée, insidieuse et non déclarée ; ainsi des allocutions, devenues courantes sans que personne ne s’en offusque, telles que « 3zaa fi el yehoudi », quand on trébuche ou « Yehoudi, hachaak » quand on évoque le « Juif »; les théories de la conspiration trouvent un terreau propice à son développement, où tous les maux sont l’œuvre du « Juif ». Certains pays arabes, certains pays musulmans ont besoin de ce « Juif » qui devient leur seul consensus, sur lequel ils cristallisent leurs échecs et leurs décadences.

La Tunisie des vingt dernières années est un pays qui réussit, qui performe et en aucun cas il n’a besoin de cet exécutoire de bas étage ; ça n’empêche que des chaînes numériques et satellitaires déversent leurs haines dans l’espace socioculturel tunisien qui finit par s’en imprégner. AL Jazira, Al Manar, Iqraa,… toutes des chaînes satellitaires dont l’éthique est fortement décriée. Contrecarrer cette déferlante médiatique sur l’Afrique du nord ne relève pas que des gouvernements régionaux, c’est une responsabilité méditerranéenne et américaine ; comme hier le monde s’est organisé pour lutter contre le nazisme, aujourd’hui il doit le faire contre le communautarisme, contre l’intolérance, contre le sexisme, tous les extrémismes religieux, juif, musulman ou chrétien qui font tous le terreau du terrorisme intellectuel, de l’exclusion et entre autre de l’antisémitisme même polissé. Quand la Tunisie a crié haut et fort sa préoccupation à l’égard de ce fléau, nos amis et partenaires ont fait la sourde oreille, nos détracteurs ont crié à l’obstruction à la liberté de la presse. 

L’administration israélienne s’est arrogé le droit de représenter les intérêts de tout Juif, indépendamment de son origine et  avec l’accord tacite de ceux-ci. Les exactions, l’arrogance et le mépris du droit international  des gouvernements israéliens imprègnent la perception des juifs et sèment la confusion et font les choux gras des mass-médias sus cités.

Les Palestiniens et les Israéliens se sont mis d’accord à ne jamais être d’accord, quand l’un est pour la paix l’autre décline l’invitation et vis vers sa. En ce qui nous concerne, nous les Tunisiens, toujours et à chaque époque avec des modalités différentes, nous avons appuyé la paix et la réconciliation régionale. D’une époque à l’autre, l’arrogance et le mépris changent de camp, Il fut un temps où nos amis palestiniens ont préféré l’arrogance du nationalisme arabe de Nasser au pragmatisme de Bourguiba, aujourd’hui l’arrogance aveugle de Netanyahou et la belligérance de l’extrêmes droite israélienne font obstruction à une paix juste ; que d’occasions perdues pour les deux peuples et pour la région. Pourquoi nos frères Juifs tunisiens, nord africains, sépharades devraient-ils  pâtir de cette situation ? Pourquoi devraient-ils renier une partie d’eux -mêmes pour satisfaire l’une des deux composantes de leurs identités ? Oui on peut être juif tunisien et israélophile comme on peut être musulman tunisien et palestinophile.

Non la Tunisie et les Tunisiens ne sont pas antisémites et ne peuvent pas l’être, parce que ils sont sémites en premier lieu et puis la désapprobation de la maltraitance, du non respect du droit international, même aux dépens de l’état d’Israël n’est pas de l’antisémitisme ; il faut que tous les amis d’Israël, les états Unis d’Amérique, l’Europe, l’AIPAC, J Street, … convainquent les israéliens qu’il n’y aura pas de victoire finale et qu’il n’y aura de paix qu’une paix juste et concertée avec les Palestiniens.

 Les Juifs tunisiens sont une partie de nous- mêmes, leur nombre a diminué drastiquement ; si cette hémorragie continue, dans moins de deux générations, il n’y   aura plus de Juifs tunisiens en Tunisie. Quel gâchis, quelle perte pour tous les Tunisiens ; la tunisianité sera tronquée de son âme et la Tunisie de  ses peuples fondateurs d’une civilisation millénaire.

Les Juifs tunisiens sont une espèce en voie de disparition ; nous avons le devoir  de les aider à prendre racine chez eux, dans leur terroir naturel. Ainsi la TUNISIE vivra toujours.

Mansour Feki

Universitaire, Canada.


INTERVIEW
Le Professeur Mahmoud Ben Romdhane
parle des relations UGTT, Pouvoir et Démocratie :


Rien ne justifie que l’UGTT demeure insensible aux exigences démocratiques qui traversent toute la société tunisienne

Propos recueillis par Adel THABTI                                                                                                                                               

Le Professeur Mahmoud Ben Romdhane n’est pas seulement un universitaire de renom spécialiste d’économie, il est aussi membre de la direction politique du Mouvement Attajdid, ancien président  d’Amnesty International, et surtout il est connu pour sa profonde réflexion sur les problèmes du monde du travail et sur les problèmes du développement régional en Tunisie.

A la suite de sa contribution pertinente au colloque organisé par DIRASET MAGHARIBIA sur les questions des compromis dans les sociétés islamiques, concernant le compromis néo – corporatiste en Tunisie,  plusieurs questions se sont posées. Mouatinoun a saisi l’occasion pour les poser au Prof. Ben Romdhane qui nous a accueillis chaleureusement au local de son Mouvement (Attajdid) et nous a accordé l’interview suivante :

* Dans votre communication au colloque organisé par DIRASET MAGHARIBIA au mois de mars dernier vous parlez de compromis entre UGTT et pouvoir, alors que d’autres parlent plutôt d’hégémonie et de soumission, pourriez vous mieux expliquer à nos lecteurs?

M.B.R : C‘est un compromis lorsque les deux parties se font des concessions réciproques, et tirent un avantage mutuel de la relation et du compromis. Ce n’est pas une hégémonie, parce que l’UGTT et le salariat stabilisé en tirent des avantages réels : le premier d’entre eux, c’est celui de bénéficier, de diverses manières, d’une structure organisationnelle stable grâce au concours de l’Etat.  C’est celui-ci qui, dans le secteur public, prélève à la source des cotisations syndicales pour les reverser à l’UGTT. Ces cotisations représentent plus de la moitié du budget de la Centrale. C’est l’Etat qui donne instruction à la CNSS pour verser des subventions à la même Centrale d’un montant équivalent au quart de l’ensemble de ses ressources ; c’est également l’Etat qui donne instruction aux entreprises et aux institutions publiques pour financer des activités syndicales.  Ces ressources dépendant du bon vouloir de l’Etat représentent les trois quarts du budget de la Centrale.

C’est également l’Etat qui met à la disposition de l’UGTT son corps de permanents travaillant au niveau central et au niveau régional.

C’est l’Etat aussi qui garantit à la Centrale unique le monopole de la représentation des salariés, la protège de toute concurrence  en interdisant la création d’organisations syndicales concurrentes et qui sanctionne même ceux les individus ou les groupes qui critiquent fortement la direction en place.

Enfin, et la chose est de grande importance, l’Etat en tant qu’employeur consent, dans le cadre des négociations triennales depuis 1990, des augmentations salariales non négligeables permettant au salariat stable que représente l’UGTT de bénéficier des fruits de la croissance. Et il use de son influence pour amener le patronat à faire des concessions salariales.

 

Ce sont là des concessions réelles que l’Etat accorde au profit du salariat stabilisé et de l’UGTT d’une manière particulière. Il y a, bien sûr, d’autres avantages matériels et non matériels qui sont octroyés à la direction et aux cadres intermédiaires de l’UGTT.

 

En contre partie, l’Etat bénéficie, lui aussi, de concessions importantes. La première et la plus importante d’entre elles consiste à extraire l’UGTT des préoccupations et des luttes de la société civile et politique en matière de revendication des libertés, en matière de lutte contre la corruption, le népotisme, les passes- droit, bref l’Etat de non droit. Le contrat est que l’UGTT contienne les conflits sociaux dans certaines limites et qu’elle déclare allégeance et soutien politique au pouvoir en place.

En bref,  l’ordre néo corporatiste en vigueur organise les individus sur la base de leurs intérêts matériels catégoriels et non sur la base de leur citoyenneté. Il est le système de représentation qui permet de contenir les conflits et de prévenir leur expression politique. C’est le substitut par excellence à la démocratie.

Certains chercheurs ont déduit que la main mise du pouvoir sur la centrale syndicale remonte à l’alignement de l’UGTT au clan de BOURGUIBA au sein du NEO DESTOUR lors du congrès de ce parti réuni à Sfax le 15/11/1955, d’autres rapportent la faiblesse de l’UGTT envers le pouvoir politique à l’absence du leader FARHAT HACHED. Qu’en pensez-vous ?

M.B.R : Vous parlez de l’histoire, c’est vrai, moi je parle de la situation d’aujourd’hui. Si on remonte au congrès de Sfax, l’UGTT n’était pas inféodée au Néo-Destour. En 1956 le rapport économique et social qui a été adopté constructif au congrès de l’UGTT était critique vis-à-vis du parti ;  je crois plutôt qu’il a joué un rôle précurseurlors du combat entre pouvoir et syndicat.

Il est vrai qu’au lendemain de l’Indépendance, il y a eu le Front National et que les organisations dites nationales ont été cooptées. Le régime tunisien a toujours exercé une mainmise politique sur l’UGTT. Mais il lui a fallu, pour cela, procéder à des concessions, voire des compromis. Ils furent  parfois difficiles.

En 1981, la décision d’établir des listes UGTT au sein du Front National a été obtenue à une majorité très serrée. En 2004, le soutien de l’UGTT à Ben Ali a été l’objet d’une réelle réserve : environ 20% des membres de la Commission administrative, représentant des secteurs et des régions qui ne sont pas loin de représenter la majorité des syndicalistes, ont exprimé leur opposition ou leur abstention.

L’hégémonie politique exercée sur l’UGTT est une constante, ce qui change c’est la capacité de l’UGTT de la restreindre et d’imposer un partage équitable des revenus. Durant la période qui va du milieu des années 1970 au milieu des années 1980, l’UGTT a été la colonne vertébrale de la société civile, des revendications démocratiques et de la lutte pour un partage équitable des fruits de la croissance. Elle n’a pas, pour autant, rompu le fil ombilical avec le pouvoir politique.

Dans mon intervention, en traitant de cette période, je parle de compromis inachevé par opposition à celui qui prévaut depuis 1990 et que je considère comme proche de l’ « idéal-type ».

 

* A la lumière des compromis tissés depuis le congrès de SOUSSE 1989. De quoi peut-on parler aujourd’hui : le néo corporatisme a-t-il débouché sur une oligarchie syndicale ou une bureaucratie syndicale ?

M.B.R :Le congrès de 1989 a permis la sortie de la crise de l’UGTT, d’avoir un syndicat qui a repris son rôle. Au sens de la société, le congrès a clos la période de crise entre pouvoir et UGTT ; il a donné lieu à une direction, certes représentative des salariés, mais aussi très proche du nouveau pouvoir.

A partir de 1989 on va assister à la mise en place d’un modèle corporatiste achevé fonctionnant sur le mode que j’ai  décrit dans la réponse précédente. Bien évidemment il y a dans certains secteurs, dans certaines régions, au niveau de la base, des critiques du système de pouvoirs, mais la direction de l’UGTT est parvenue, sauf exception, à les maitriser, à les contrôler, l’exception qui est de taille est celle du bassin minier qui a complètement échappé à la direction de  l’UGTT au cours d’une longue période.

Le maintien et la persistance de l’ordre néo corporatiste renforcent les positions bureaucratiques au sommet et les transmettent même à la structure intermédiaire. Telle est la situation. aujourd’hui. En cas de décompression autoritaire dans le pays, je suis persuadé que les bases syndicales reprendront l’initiative et seront aux avant postes du combat démocratique, elles feront sauter les verrous bureaucratiques à tous les niveaux.

 

* Quelle part de responsabilité assume l’élite en Tunisie envers l’hégémonie exercée par l’Etat sur le syndicat ? Lors d’une conférence de presse organisée par la FGESRS, Mr. SHIMI, membre du BE de l’UGTT, a dit que « la situation de l’UGTT est la situation du pays, n’attendez pas le miracle » ?

M.B.R : Y a-t-il aujourd’hui une expression des élites ? Pour ma part je crois qu’une lutte sans merci, systématique a été exercée depuis deux décennies pour, tout à la fois,  mettre au silence les élites tunisiennes et les coopter. L’Université n’est plus un lieu d’expression et de rayonnement : les universitaires et les chercheurs ont été marginalisés et les espaces publics leur ont été fermés.

Ceci ne doit pas donner prétexte aux institutions représentatives de la société civile pour accepter de se soumettre à l’ordre établi. Les organisations nationales ont, certes, vocation à représenter les intérêts matériels de leurs membres, mais elles ont aussi le devoir de défendre les intérêts de la Nation, et puisqu’il s’agit de l’UGTT rien ne justifie qu’elle demeure insensible aux exigences démocratiques qui traversent toute la société tunisienne ; y compris, et en particulier celles de ses propre adhérents. L’acceptation d’un rôle strictement limité aux questions salariales et l’ignorance des questions démocratiques sont préjudiciables à l’avenir de notre pays, y compris à l’avenir des salariés qui représentent la composante majoritaire de la population tunisienne.

 

* Revenons au problème de la pluralité syndicale, vous avez parlé d’un compromis entre pouvoir et UGTT : la paix sociale contre la garantie du monopole de la représentation syndicale, mais peut-on parler d’un pluralisme syndical en l’absence d’un régime démocratique ?

M.B.R : Le pluralisme syndical a été utilisé par le pouvoir dans l’histoire de la Tunisie pour contrer les directions  devenues critiques voire frondeuses. Mais lorsque des initiatives sont prises, et émanent de vrais syndicalistes indépendants du pouvoir, alors le pouvoir les empêche de se créer, c’est le cas aujourd’hui. Mais vous avez raison de dire que dans les régimes autoritaires il est difficile d’avoir un réel pluralisme syndical parce que le pouvoir craint que ce pluralisme donne lieu à une réelle compétition, à un débordement de l’activité syndicale, et à la revendication d’un réel pluralisme politique.

 

* Si c’est le cas pourquoi ces vrais syndicalistes persistent ils dans des essais vains de créer un nouveau syndicat au lieu de mener la réforme de l’intérieur de l’organisation historique des ouvriers tunisiens ?

M.B.R : Mais peut être aussi, sont-ils sont arrivés à la conclusion que la réforme intérieure est impossible. C’est leur droit, c’est légitime. Le droit international fait de la liberté de créer des organisations et des structures syndicales une liberté fondamentale, et le droit tunisien reconnait cette liberté. Le pouvoir politique ne devrait pas s’ingérer dans  les affaires syndicales. Ceci nous fait revenir à un élément-clé du fameux compromis néo-corporatiste : la garantie du monopole de la représentation que l’Etat accorde au syndicat.

 

(Source: « Mouatinoun » organe du FDTL nr 131 avril 2010)


Une majorité d’Européens contre le port du voile islamique à l’école (étude)


 
AFP, le 28 avril 2010 à 13h07          MADRID, 28 avr 2010 (AFP) – Une courte majorité d’Européens est opposée au port du voile islamique dans les écoles mais favorable à la présence de crucifix dans les salles de classe, selon une étude espagnole dont l’AFP a obtenu copie mercredi.     Au total, 52,6% d’Européns sont « opposés ou totalement opposés » au port du voile islamique à l’école, selon cette enquête réalisée en novembre et décembre 2009 auprès de 1.500 personnes par pays, dans 12 pays de l’Unioneuropéenne (UE), et en Suisse et en Turquie, par le service d’études de la banque BBVA.     Cette moyenne de 52,6% ne prend pas en compte les réponses turques et suisses.     Les résultats divergent de manière importante d’un pays à l’autre.     Les pays où l’opposition est la plus forte sont la Bulgarie (84,3%), la France (68,7%) et l’Allemagne (66,3%).     En France, où le président Nicolas Sarkozy s’est prononcé pour un projet de loi d’interdiction générale du voile intégral, une loi interdit depuis 2004 le port ostensible de signes religieux à l’école, dont le voile islamique.     En Espagne, où la récente exclusion des cours d’un lycée d’une jeune fille voilée a suscité un vif débat, moins de la moitié des habitants (49,6%) sont opposés au port du voile, selon l’étude de BBVA.     Les pays où l’opposition est la moins prononcée sont la Pologne (25,6%) et le Danemark (28,1%).     En moyenne, selon cette étude, 44,2% d’Européens sont contre le port de la kippa juive à l’école, avec une opposition particulièrement significative en Bulgarie (82,4%) et en France (64,1%), suivis par la Grèce (59,2%) et l’Allemagne (58,6%).     Les Européens sont en revanche favorables à 54,4% à la présence de crucifix dans les salles de classe, selon cette étude.     En Italie et en Espagne, deux pays à forte tradition catholique, les sondés y sont favorables à 69,9% et 49,3%. Ce chiffre grimpe à 77% au Royaume Uni et à 78,8% au Danemark.      

Voile intégral: la loi française « ne marchera pas », selon Tariq Ramadan


AFP, le 28 avril 2010 à 01h37     WASHINGTON, (AFP) – La proposition de la France d’interdire le voile intégral n’est pas une bonne façon d’inciter les femmes musulmanes à cesser de le porter, a affirmé mardi à Washington l’islamologue controversé Tariq Ramadan.     « Les français répondent à la burqa, au niqab en restreignant les libertés, et je pense que cela ne marchera pas », a assuré M. Ramadan, au cours d’une de ses premières visites aux Etats-Unis depuis qu’une interdiction de se rendre sur le sol américain émanant de l’administration de George W. Bush a été levée à son encontre.     « Nous devons être très prudents pour ne pas traduire toute question sensible en question légale », a dit le professeur d’études islamiques à la prestigieuse université d’Oxford.     « N’allez pas dans cette direction, parlez plus d’éducation, de psychologie, de changement de mentalités. Cela prend du temps, mais pour moi, nous pouvons faire le travail en tant que musulmans en affirmant que la burqa et le niqab ne sont pas des exigences islamiques », a-t-il dit.     Le président français Nicolas Sarkozy s’est prononcé pour un projet de loi d’interdiction générale du voile intégral. Le Premier ministre François Fillon a annoncé mardi que le projet de loi du gouvernement serait examiné à l’Assemblée nationale en juillet, après sa présentation en Conseil des ministres le 19 mai.  

La Malaisie met en service des wagons réservés aux femmes


AFP, le 28 avril 2010 à 09h52        KUALA LUMPUR, 28 avr 2010 (AFP) – La Malaisie vient de mettre en service des wagons de train réservés aux femmes, afin de les protéger du harcèlement sexuel et de permettre aux musulmanes de voyager séparées des hommes, a indiqué mercredi un responsable.     Ces wagons de couleur rose sont disponibles sur quinze trains et seront étendus à d’autres trains, a indiqué Mohamad Hider Yusof, directeur général de Malaysian Railway.     « Nous pouvons grâce à cela améliorer le confort et la sécurité des passagères et en même temps éviter le harcèlement sexuel », a-t-il indiqué.     « Nous sommes une nation multiraciale et la majorité de la population est musulmane, l’initiative donne donc aux femmes musulmanes la possibilité de voyager séparées des hommes », a-t-il ajouté.     Les femmes ne sont cependant pas obligées de voyager dans ces wagons, ayant encore la possibilité de voyager dans les wagons mixtes, a-t-il précisé.     La Malaisie, pays multiculturel où vivent d’importantes minorités chinoise et indienne, compte 28 millions d’habitants dont 60% sont musulmans.     Un Etat du nord du pays, dirigé par un parti islamique conservateur, avait imposé aux hommes et aux femmes de faire la queue séparément dans les magasins mais la mesure n’a jamais été vraiment respectée.     L’Etat avait également décidé d’infliger des amendes aux femmes trop maquillées, portant des talons hauts ou trop court-vêtues. AFP

 

 

 

 

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