27 novembre 2006

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TUNISNEWS
7 ème année, N° 2380 du 27.11.2006

 archives : www.tunisnews.net


 

Kalima: Impunité pour l’agresseur « protégé » d’un juge

Kalima: Des citoyens demandent au procureur de faire la lumiere dans l’affaire du yacht volé

L’Audace: Casser nos chaînes

L’Audace: Leïla Ben Ali, l’exemple unique

Le Temps: Viticulture: La saison s’annonce bonne…

Le Temps : Le défi: faire connaître nos vins à l’étranger

Le Temps: Le « choc des incivilités

 

LE NOUVEAU SITE DU PDP

www.pdp.org.tn

 

 

Chers amis et lecteurs de Tunisnews,

 

Nous sommes heureux de vous annoncer la naissance du site officiel du Parti Démocrate Progressiste tunisien accessible à l’adresse : www.pdp.org.tn

 

L’autre site, du PDP aussi, pdpinfo.org souffre de la censure de l’ATI qui l’ouvre et le ferme en fonction de paramètres inconnus.

 

Dr. AHMED BOUAZZI


  

Impunité pour l’agresseur « protégé » d’un juge

Sihem Bensedrine

 

Mohamed Hamdi Nasra, patron de la boite Hannibal communications et époux de la nièce de Leila Ben Ali est entré au bureau d’un juge cantonal du tribunal de l’Ariana dans le courant du mois d’août pour obtenir une ordonnance sur un sujet qui le concerne ; le Juge lui a répondu que le document serait prêt le lendemain.

 

Incapable de comprendre qu’on ne lui obéisse pas au doigt et à l’œil, Hamdi Nasra entre dans une colère noire et insulte le juge en le gratifiant de toutes les grossièretés que comprend son riche vocabulaire. Le juge appelle le policier en faction devant son bureau pour intervenir ; Ce dernier, connaissant l’identité de l’agresseur, s’en abstient ; Le juge s’en va immédiatement voir le Procureur de la république du tribunal de l’Ariana, Souad Maamer ; à son tour, elle refuse de se saisir de l’affaire et de prendre une quelconque décision ; pour toute réponse, elle lui demande de faire un rapport au ministre de la Justice.

 

Le juge a beau lui rappeler que le rétablissement de l’ordre au sein du tribunal relève de sa compétence, rien n’y fit ; Blessé dans sa dignité il s’adresse alors au bureau de l’Association des magistrats tunisiens (AMT) qui vient de faire un coup de force contre le bureau élu, ce dernier lui demande de faire contre mauvaise fortune bon cœur !

 

(Source : www.kalimatunisie.com , le 18 novembre 2006)

Lien: http://www.kalimatunisie.com/article.php?id=372

 

 

La victime poursuivie en justice par un policier qui l’a agressée

 

Abdeljabbar Madahi, vice président de la section de Bizerte de la LTDH et membre du Conseil municipal de la ville de Bizerte a comparu le mardi 21 novembre devant le tribunal de première instance de Bizerte pour violences sur la personne d’un agent de police. Les faits remontent au 24 mai 2006 où Monsieur Madahi a été violemment agressé par trois policiers à l’occasion d’un contrôle d’identité. Après l’avoir battu, ces derniers l’ont menotté et embarqué au commissariat de police. Découvrant son identité et craignant une réaction du milieu des défenseurs, ils le relâchent et inversent les rôles. Après avoir procédé à une mise en scène où ils font appel à une ambulance qui ramène l’un d’eux sur un brancard avec un bras au plâtre, on engage contre lui des poursuites pour voies de fait sur la personne d’un agent de l’ordre dans l’exercice de ses fonctions. Monsieur Madahi avait pris soin de prendre des photos sur les parties de son corps (cou , bras, jambes) où les blessures étaient encore évidentes. Lors de cette première audience qui a été reportée au 19 décembre, de nombreuses personnalités de la société civile étaient présentes et sept avocats se sont constitués pour lui dont maître Mokhtar Trifi pour la LTDH et maître Larbi Abid pour le CNLT.

 

(Source : www.kalimatunisie.com , le 18 novembre 2006)

Lien: http://www.kalimatunisie.com/article.php?id=372

 

Une plateforme syndicale dissidente en vue du congrès de l’UGTT

 

A quelques semaines du congrès de l’UGTT, la campagne s’échauffe ; une initiative vient d’être lancée par des leaders syndicalistes membres de la commission administrative qui représentent de nombreuses fédérations et unions régionales ; cette initiative semble menacer l’équilibre traditionnel formé par l’équipe qui gravite autour de l’actuel secrétaire général, Abdessalem Jrad. Elle s’apparente à une plateforme électorale pour une liste indépendante qui serait probablement conduite par l’actuel secrétaire général adjoint, Ali Ben Romdhane.

 

Cette plateforme se situe dans le prolongement du combat historique de l’UGTT pour son indépendance depuis sa fondation, elle revendique la dimension nationale du combat de l’UGTT qui s’est impliquée dans le combat pour l’indépendance de la Tunisie et son rôle de contrepoids politique qui a été en souvent en butte aux tentatives de mise au pas. Elle revendique aujourd’hui pour la centrale syndicale une implication plus importante dans les questions nationales, ayant trait aux libertés publiques, à la justice sociale, à l’égalité, et une plus grande ouverture sur la soc civile indépendante.

 

Elle stigmatise les promesses non tenues formulées au congrès de Djerba (gestion transparence et démocratique, restructuration, limitation des mandats des responsabilités au bureau exécutif,..) ; enfin elle met m’accent sur l’urgence de combattre la corruption qui sévit au sein des responsables syndicaux et de coller davantage à la défense des intérêts des travailleurs. Tout porte à croire que ce congrès prévu pour les 14-15 décembre à Monastir sera plus houleux que celui de Jerba en 2002.

 

(Source : www.kalimatunisie.com , le 18 novembre 2006)

Lien: http://www.kalimatunisie.com/article.php?id=372

 

 

Standing ovation pour Fadhel Jaibi

Le mardi 14 novembre, la pièce de Fahel Jaibi et Jalila Baccar Junun a été projetée au cinéma Le Mondial à Tunis dans le cadre des Journées cinématographiques de Carthage (JCC). Durant plus de 5 minutes, la salle debout avait acclamé Fadhel Jaibi avant même qu’il ne prenne la parole ; En signe de solidarité avec le réalisateur dont la récente pièce Khamsoun (Corps otages). Vient d’être censurée. Lorsqu’il avait pu enfin parler, Fadhel Jaibi s’est excusé du fait que la pièce soit présentée sous forme de montage vidéo, à cause des fonds non débloqués (le Ministère de la culture n’a toujours pas versé la dernière tranche de la subvention faisant l’objet d’un contrat) ; Il a rappelé dans son allocution que la pièce Khamsoun produite par Familia est toujours sous le coup de la censure et a déclaré en conclusion que le chef de l’Etat vient de parler d’ouverture à l’occasion de la commémoration du 7 novembre et que «c’est le moment de le prouver» !

 

(Source : www.kalimatunisie.com , le 18 novembre 2006)

Lien: http://www.kalimatunisie.com/article.php?id=372

 

 

Des barbouzes pour mater des grévistes

Le samedi 11 novembre, des barbouzes armés de couteaux et de bombes lacrymogènes ont agressé les employés de l’Hôtel Continental à Kairouan en grève pour protester contre le licenciement abusif de deux de leurs collègues, responsables syndicaux ; Ils les ont expulsés de l’hôtel où ils observaient un sit-in. C’est le fils du propriétaire, Fourati qui a loué leurs services ; les forces de l’ordre qui observaient la scène se sont abstenues d’intervenir.

 

(Source : www.kalimatunisie.com , le 18 novembre 2006)

Lien: http://www.kalimatunisie.com/article.php?id=372

 

 

Le Comité supérieur des droits de l’homme va-t-il remplacer les ONG de DDH ?

Le décret présidentiel étendant le mandat du «Comité supérieur des droits de l’homme et des libertés publiques» vient d’être publié au journal officiel du 10 novembre 2006. Selon ce décret, les prérogatives de cette instance consultative qui ne rend compte qu’au Président de la république, couvrent exactement le champ d’activité des ONG de droits humains : recevoir les requêtes des plaignants, diffuser la culture des droits humains, organiser des conférences et publier des rapports.

Son président procède à des missions d’investigation en plus des visites des centres pénitentiaires etc. Quand on sait que les ONG indépendantes de DDH ne sont toujours pas autorisées à mener des enquêtes dans les prisons, qu’elle ne peuvent organiser des événements ou des activités relatives aux droits humains dans les espaces publics, ni même dans leurs locaux, qu’elles sont entravées dans leurs activités ordinaires et les citoyens qui s’adressent à eux sont parfois harcelés, on est tenté de penser que le Comité gouvernemental compte se transformer en une mega ONG qui bénéficiera des fonds gelés des partenaires de la Tunisie au lieu et place des ONG indépendantes qui en sont privées.

 

(Source : www.kalimatunisie.com , le 18 novembre 2006)

Lien: http://www.kalimatunisie.com/article.php?id=372

 

 

Des citoyens demandent au procureur de faire la lumiere dans l’affaire du yacht volé

S’appuyant sur ce qui a été révélé par le journal Le Figaro sur l’implication de Imed Trabelsi dans un réseau de trafic de bateaux volés, un groupe de citoyens tunisiens ont déposé une requête pour l’ouverture d’une information judiciaire contre lui, le 6 novembre 2006. S’appuyant sur les articles 25, 31 et 26 du code de procédure pénale qui stipule que « Le procureur de la République est chargé de la constatation de toutes les infractions, de la réception des dénonciations qui lui sont faites par des fonctionnaires ou des particuliers. », ces citoyens considèrent dans leur requête que l’Etat tunisien a été lésé et que l’action publique devrait être déclenchée, partant du principe que la loi doit être appliquée à tous les citoyens. Le procureur de la République a refusé d’enrôler l’affaire. Le Conseil de l’ordre des avocats, mandé par maître Raouf Ayadi qui avait introduit cette affaire, a pu constater le 14 novembre que le greffe n’a toujours pas enregistré la plainte sur ordre du procureur. Face à la multiplication des plaintes non enrôlées, maître Ayadi envisage de faire un recours pour refus d’accès à la justice auprès du Tribunal administratif qui sera soutenu par de nombreux citoyens. Il est à noter que cette démarche qui vise à pallier la défection dans ce dossier des « grands » partis politiques de l’opposition, a sollicité l’adhésion, à titre individuel, des responsables de ces formations. L’enthousiasme a manifestement fait défaut ; Seul le Dr Marzouki s’est associé à la plainte.

 

(Source : www.kalimatunisie.com , le 18 novembre 2006)

Lien: http://www.kalimatunisie.com/article.php?id=372

 

 

Le blocage des fonds de la LTDH est réédité pour l’ATFD

L’ATFD est actuellement confrontée aux mêmes problèmes de blocage de fonds que la LTDH. Sa banque, la Banque de Tunisie vient d’exiger de l’ATFD qu’elle produise un certificat du ministère de l’Intérieur l’autorisant à disposer des fonds qui ont été virés sur son compte par une ONG internationale depuis le mois de mai 2006. Ce virement correspond à la dernière tranche (les 2 premières ont été libérées) d’un financement d’un projet maghrébin pour l’égalité des femmes appelé « Mussawat » soutenu par la fondation allemande Friedrich-Naumann-Stiftung. Or la loi exige seulement que l’association informe le ministère des fonds qu’elle reçoit. L’ATFD a déjà accompli cette formalité et envoyé au ministère de l’Intérieur une lettre l’informant de ce virement au mois de septembre 2006, mais ce dernier s’abstient toujours de lever la mesure de gel qu’il impose à la banque à ce jour. En 2005, c’était un virement envoyé par l’ONG Global human rights fund (GHRF) qui a été bloqué. Selon quelle loi le ministère de l’Intérieur s’autorise de demander le gel d’un compte d’une association qui a accompli les formalités légales ? C’est la 1e question et selon quelle loi un banquier interdit à un client de disposer de l’argent déposé sur son compte ? C’est la 2e question que l’on est en droit de se poser. Manifestement nous sommes dans un Etat de droit.

 

(Source : www.kalimatunisie.com , le 18 novembre 2006)

Lien: http://www.kalimatunisie.com/article.php?id=372

 

 

Pas de colloque pour les dissidents

 

La Faculté de droit de Sfax avait décidé d’organiser le 15 novembre un colloque sur le cinquantième anniversaire du Code de statut personnel. Parmi les intervenants, on avait prévu Yadh Ben Achour et Sana Ben Achour. Mais les autorités de tutelle ne le voyaient pas de cet œil ; A une semaine de l’événement, ils contactent les organisateurs et leur interdisent de les inviter. Les organisateurs, trouvant mal venu de faire un tel affront à leurs collègues, préfèrent alors reporter le colloque sine die.

 

(Source : www.kalimatunisie.com , le 18 novembre 2006)

Lien: http://www.kalimatunisie.com/article.php?id=372

 

L’Université tunisienne se débarrasse de ses brillants éléments

La nouvelle réglementation organisant les départs à la retraite des enseignants universitaires a été spécialement conçue pour se débarrasser de ses éléments les plus brillants qui font preuve d’indépendance à l’égard des autorités.

 

A l’âge de soixante ans, ces derniers sont « mis à la porte » et ne sont pas autorisés à encadrer les thèses, ni même à terminer l’encadrement des thèses en cours. L’enseignant peut bénéficier d’une prorogation de son mandat, s’il en fait personnellement la demande. Il se trouve que s’il ne fait pas partie de ceux qui font allégeance, il n’aura aucune chance de voir prolonger sa présence à l’Université. C’est ainsi que de nombreux professeurs d’une grande valeur académique ont été humiliés en essuyant un refus de leur demande.

 

Dans certaines facultés c’est le Conseil scientifique qui a décidé de faire la demande de prolongation au nom de l’enseignant concerné, mais le ministère de l’Enseignement supérieur a refusé de considérer ces demandes, exigeant une demande personnellement formulée par l’intéressé ! En attendant, les universités tunisiennes commencent à se vider de ses grands noms qui ont fait leur réputation comme les Hichem Djaït, les Abdeljabbar Bsaies, les Yadh Ben Achour …etc dont les compétences sont désormais exploitées par les universités étrangères et dont les étudiants tunisiens sont privés.

 

(Source : www.kalimatunisie.com , le 18 novembre 2006)

Lien: http://www.kalimatunisie.com/article.php?id=372

 

 

Journée internationale des femmes défenseurs

 

A l’occasion de la Journée internationale des femmes défenseurs qui sera célébrée le 29 novembre 2006, plusieurs ONG dont Amnesty International et l’Organisation mondiale de lutte contre la torture (OMCT) diffusent un document qui proposent des suggestions concrètes à l’attention des missions de l’Union européenne (ambassades des membres de l’UE et délégations de la Commission européenne) afin de mettre en œuvre les “Lignes directrices sur les défenseurs des droits de l’homme” de l’Union européenne. Ce document a notamment pour but d’assurer un soutien et une protection aux femmes défenseurs.

 

(Source : www.kalimatunisie.com , le 18 novembre 2006)

Lien: http://www.kalimatunisie.com/article.php?id=372

 

 

Les missions diplomatiques en Tunisie ne doivent pas contacter les défenseurs

 

A l’initiative de la présidence finlandaise, plusieurs représentants des missions diplomatiques européennes ainsi qu’un représentant de la délégation de l’UE à Tunis ont rencontré le 8 novembre, Naziha Rjiba et Sihem Bensedrine, en tant que femmes défenseurs des droits humains, en vue d’un échange avec elles sur leurs préoccupations. La réaction ne s’est pas fait attendre, ils ont reçu une mise en garde du ministère des affaires étrangères tunisiennes qui a manifesté vertement son mécontentement.

 

D’autres ambassades ont reçu les mêmes mises en gardes qui allaient parfois jusqu’aux menaces de rupture, lorsqu’ils ont invité ou tenté d’inviter des défenseurs tunisiens.

Concernant la LTDH, c’est une note écrite qui a été envoyée à toutes les ambassades pour leur signifier qu’ils ne doivent pas prendre contact avec les membres du comité directeur de la LTDH, au prétexte que la Ligue est sous le coup d’une procédure judiciaire. En réaction, certaines ambassades se sont rendues au siège de la Ligue par acte de soutien.

 

(Source : www.kalimatunisie.com , le 18 novembre 2006)

Lien: http://www.kalimatunisie.com/article.php?id=372

 

 

Elias Khouri ne sait pas dire « Merci »

 

C’est ce que lui reproche Alya Hamza dans un billet paru le 21 novembre dans le journal gouvernemental La Presse et commandité, selon des sources fiables, par le ministère de la Culture. Les autorités tunisiennes reprochent au célèbre romancier libanais de déroger aux règles de l’hospitalité en gardant son franc parler et en « s’immisçant dans l’organisation interne d’un pays hôte»!

Il a eu l’indécence, en tant que président du jury des Journées cinématographiques de Carthage (JCC) de présenter lors de la remise des prix, trois recommandations : une meilleure sélection des films en compétition ; la levée de toute censure « l’art devrait créer en toute liberté » a-t-il déclaré ; enfin que les JCC se dégagent de la tutelle de l’Etat et deviennent une structure autonome. On comprend la légitime colère du Ministre de la Culture ! 

 

(Source : www.kalimatunisie.com , le 18 novembre 2006)

Lien: http://www.kalimatunisie.com/article.php?id=372


 

“Corps otages”, otage de la censure !

Soutien à Jalila Baccar et Fadhel Jaïbi auteur dramatique et metteur en scène tunisiens

 

Nous apprenons qu’en Tunisie la commission consultative dite d’orientation théâtrale a recommandé la censure de la pièce Khamsoun(“Corps otages”).

 

Cette recommandation est effective depuis qu’elle a été entérinée par le ministre de la Culture. Faut-il rappeler que les auteurs de cette pièce, Jalila Baccar et Fadhel Jaïbi, ont été au cœur du renouvellement théâtral en Tunisie et dans le monde arabe? Depuis trente-cinq ans, ils ne cessent, de pièce en pièce, de révolutionner cet art et de l’enrichir par des innovations scéniques animées par un esprit critique qui dénonce les défauts, les manquements et les chimères de leur société. Leur œuvre est, en outre, mondialement reconnue et célébrée. Et ceux qui ont eu le privilège d’assister en juin dernier à Paris au spectacle de leur pièce (à l’Odéon Théâtre de l’Europe), désormais interdite dans leur pays, ont été impressionnés par sa performance littéraire et artistique ainsi que par sa juste portée politique.

 

Ne répercute-t-elle pas par les purs moyens du théâtre la violence intégriste et l’idéologie rampante qui la sous-tend et qui, insidieusement, se répand pour légitimer le crime? Comment un régime construit sur la modernité prive-t-il la société qu’il gouverne d’un travail de représentation émanant de sa réalité et destiné à aider les citoyens à mieux saisir les ressorts de la crise qui bloque les évolutions, favorise les régressions et pénalise l’avenir? Nous nous élevons avec force contre cet acte de censure qui prive les artistes de leurs moyens de vie et de leur raison d’être.

 

Signez la pétition de soutien


 

 

 

 

CASSER NOS CHAÎNES

Khaled Ben M’Barek et Taoufik Mathlouthi

 

Béartrice Hibou a commis un ouvrage qui fera date dans les études tunisiologiques[1]. A l’origine, il s’agissait d’une thèse universitaire sous le titre : Surveiller et réformer : Economie politique de la servitude volontaire en Tunisie. Une somme de 597 pages dont le titre semble s’inspirer d’un autre ouvrage célèbre de Michel Foucault, traitant de la prison : Surveiller et punir

 

Mme Hibou reprend dans cet ouvrage la thèse si actuelle de La Boétie expliquant les mécanismes de domination et d’asservissement des peuples avec leur propre consentement. Il est impossible, en lisant cet ouvrage, de ne pas penser à ce qu’avait proclamé un Algérien anonyme dans une salle de réunion à Genève où l’on discutait de la situation en Tunisie : « Vous autres Tunisiens, avait lancé cet homme, mi-ironique, mi-accusateur, vous semblez adorer ce que vous fait subir Ben Ali : même quand le bâton lui tombe des mains, vous vous baissez pour le ramasser et le lui redonner… »

Cela fait également penser à cet intellectuel féru de La Boétie qu’était Mezri Haddad. A l’instar de nombre de Tunisiens, il semble s’être inspiré bien davantage de la biographie de ce grand penseur, et néanmoins serviteur zélé de l’Etat, que de son œuvre.

 

En fait, la thèse que les Tunisiens revendiquent une forme de servitude bien acceptée est largement répandue, mais le fait qu’elle soit élaborée sous la forme d’un ouvrage si bien rédigé dans un cadre essentiellement académique au départ lui confère un relief et une incidence tout particuliers.

 

Et la réflexion interpelle tous les Tunisiens : sommes-nous à ce point les acteurs de notre propre malheur ? Avons-nous toujours accordé notre concours au Général Ben Ali dans le cadre d’un deal silencieux ou implicite qui nous garantisse le pain et autres avantages en échange de l’abdication de nos droits?

 

Est-ce pour cette raison que nous avons toujours permis, par notre passivité, à notre bourreau de nous traiter – au sens militaire – toujours les uns après les autres et jamais à plusieurs à la fois ? Ne serait-ce pas pour cette raison que, pour sa part, Ben Ali a tout le temps cherché à nous empêcher de nous retrouver physiquement, comme il le fait actuellement encore avec Dr Moncef Marzouki reclus à Sousse ?

 

Ben Ali est-il donc si puissant ou nous tient-il en laisse parce que nous sommes à genoux, pour reprendre cette image célèbre du même La Boétie ?

 

Si l’on considère le rapprochement qui s’est opéré ces dernières années entre les diverses composantes de l’opposition, il est légitime de se poser la question de l’absence d’un organe politique commun en vue de faire face à « la présidence jusqu’à la mort », d’après l’expression de M. Marzouki. Le collectif du 18-Octobre semble avoir constitué un excellent cadre de discussion en vue de mettre en place une plate-forme crédible sur la scène tunisienne comme aux yeux de l’opinion internationale.

 

Les tractations semblent cependant traîner en longueur au moment où le Général Ben Ali cherche à perpétuer son système avec ou sans sa personne.

 

Le pire de ce qu’on peut craindre à ce propos, c’est que les composantes du 18-Octobre, forcément et heureusement très diverses, ne cherchent à se convertir mutuellement les unes aux thèses des autres. En d’autres termes, le débat, si difficile à organiser matériellement, serait pire que byzantin si chacun des participants cherchait d’abord ce qui l’oppose aux autres plutôt que ce qui le rapproche d’eux.

 

Si l’on est convaincu de la nécessité de faire pièce aux sombres projets du Général Ben Ali, il faudrait donc procéder rapidement à un premier bilan des discussions menant à une clarification des positions  et à l’annonce des éléments de la campagne de l’Opposition contre la présidence à vie. Aujourd’hui et pas dans trois ans.

 

C’est ainsi que l’Opposition tunisienne affrontera en ordre de bataille toutes les échéances que Ben Ali impose : Congrès de  la Centrale syndicale ouvrière (l’UGTT), liquidation programmée et multiforme des associations socio-professionnelles…

 

Car, en fait, une fois que l’UGTT aura connu un Congrès comme celui de la Centrale patronale (l’UTICA), avec une direction entièrement à la dévotion de Ben Ali, la société sera privée d’une force considérable qui soutiendra la présidence à vie, comme Jrad l’avait fait en 2004. Les avocats abordent leurs élections professionnelles sous les pires auspices du fait de leurs divisions potentiellement mortelles pour l’indépendance du Barreau. La Ligue est en sursis et les magistrats de l’AMT sont entrés dans une phase de résistance passive…

 

Sur le plan international, l’opinion se lasse de voir la banquise tunisienne se ressaisir après chaque craquement salvateur. Les amis de notre pays attendent beaucoup de la capacité de notre opposition nationale à fédérer ses forces représentatives en vue de faire contrepoids à un pouvoir que seule la force brutale de la répression maintient debout.

 

Si nous n’arrivons pas à nous doter d’un outil politique de décision collective d’ici peu, nous serons condamnés à vivre avec Ben Ali jusqu’à son dernier souffle. Ce ne sera pas parce qu’il était fort, mais parce que nous serions restés à genoux.

D’où l’impérieuse nécessité de méditer le propos de Béatrice Hibou, avant qu’il ne soit trop tard, pour ne pas demeurer perpétuellement dans la servitude volontaire…

 

(Source: “L’Audace”, Numéro 142, décembre 2006)


 

 

 

la plume déchainée

Leïla Ben Ali, l’exemple unique

par Slim Bagga

 

 De tous temps, les épouses de chefs d’Etat ont usé de leur influence auprès de leurs époux pour l’encourager à prendre telle décision ou l’infléchir concernant telle autre. Mais toutes se sont montrées plus ou moins discrètes, oeuvrant dans l’ombre de leurs maris, respectant la fonction présidentielle et ne se consacrant publiquement qu’à des actions sociales ou des oeuvres culturelles.

 

De Hillary Clinton à Rania de Jordanie, c’était et c’est la règle.

 

En Tunisie, Wassila Bourguiba qui avait certes beaucoup d’influence, faisant et défaisant des ministres, était aussi entourée de nombreux courtisans dont l’art de courber l’échine pour être bien vus d’elle était devenu une profession. Mais Wassila demeurait relativement en retrait concernant la politique gouvernementale; mieux: elle accompagnait Bourguiba dans son oeuvre de libération de la femme, de développement du pays et d’édification d’un Etat moderne.

 

Or, force est de constater que ce que l’on vit aujourd’hui en Tunisie, c’est un exemple inédit dans l’histoire des démocraties et des dictatures.

L’influence de Leïla Trabelsi a dépassé toutes les “normes” plus ou moins admises ou tolérées. Sa suprématie est même incontestée. Ses “discours” sont diffusés en boucle par la Radio et la Télévision officielles et intégralement publiés par la presse gouvernementale; sa photo régulièrement publiée en Une des journaux. Elle se permit même de faire le discours de clôture de la campagne électorale de 2004 sous les applaudissements de son époux (ce qui avait valu à l’époque le limogeage d’un fonctionnaire du ministère de l’Intérieur qui avait osé affirmer en privé “la République est foutue”).

 

De plus, les réunions quotidiennes et matinales qu’elle tient dans le Salon bleu du Palais avec son clan et ses courtisans sont légendaires.

Tout le gouvernement lui est inféodé. Les rares ministres et responsables ayant eu l’audace de mettre en garde contre sa prééminence ont été chassés comme des malfrats, bannis à jamais de la politique, à l’instar de l’ancien ministre et conseiller de son Général de mari, Mohamed Jegham.

 

Rien, dans les rouages de l’Etat, n’échappe à son regard ni à son contrôle, et cela avec le laisser faire, voire la permissivité de son mari qui, tel Rodrigue n’a d’yeux que pour elle….

 

Ainsi pour paraphraser le Roi-Soleil, “l’Etat, c’est elle, Leïla”…

Voilà en substance pour ce qui est de l’aspect politique dans cette comédie dramatique.

 

Au chapitre économique, un industriel désemparé m’a récemment confié qu’aucun “marché, aucun projet d’une valeur supérieure à un million de DT (600 000 euros) ne peut se concrétiser ni obtenir un quelconque agrément sans l’autorisation des Trabelsi”. Quel meilleur exemple pour illustrer cette tragique mainmise sur l’économie tunisienne!!!

 

En effet, tous les secteurs de l’économie sont sous le contrôle de cette Première “Drame” de Tunisie et sa famille: le Transport aérien ou terrestre; l’importation en tous genres, allant des pièces détachées jusqu’aux vêtements et autres produits de consommation souvent contrefaits; l’immobilier; les Domaines de l’Etat bradés pour un Dinar (0,60 euro) le mètre carré. Tout y passe. Les rentrées douanières se raréfient car les containers qui arrivent dans les ports se font par arrangement avec la famille Trabelsi; bref les finances publiques sont quasiment à genoux. Des secteurs porteurs en Tunisie tels l’hôtellerie et le tourisme en général depuis des lustres sont usurpés au profit de ses affidés et autres cireurs de pompes.

 

A propos de pompes, justement, la femme du président philippin déchu en 1986, Imelda Marcos et ses 17 000 paires de chaussures, apparaît comme une piètre corrompue par rapport aux exploits inédits de Mme Trabelsi-Ben Ali et sa famille…

 

En verrouillant ainsi un système politique et économique pour préserver ses intérêts immédiats et ceux de sa seule famille; en profitant de “l’absence” de plus en plus manifeste et remarquée de son président d’époux, voire avec sa bienveillance, Leïla Trabelsi conduit tout un pays droit dans le mur et hypothèque son avenir pour de très longues années.

 

A moins d’un sursaut populaire devenu plus que jamais aussi indispensable qu’urgent.

Mais qui tarde à venir…

 

(Source: “L’Audace”, Numéro 142, décembre 2006)

 
 


 

[1] La Force de l’obéissance, Economie politique de la répression en Tunisie. Editions de la Découverte. 2006.

 


 

 

L’huile de Tunisie séduit la Chine

De Châal à Pékin

 

Le premier container d’huile d’olive tunisienne Châal vient d’arriver à Pékin suscitant un réel engouement des fins gourmets. Conditionnée en bouteilles attractives de différents volumes, notre prestigieuse huile pure et limpide a rapidement conquis les palais chinois grâce à ses caractéristiques uniques et à son goût exceptionnel.

 

 

 

« Cette opération, indique M. Tarek Fourati, PDG de la Socohuile producteur de l’huile Châal, marque le coup d’envoi de tout un accord commercial conclu grâce à l’appui de l’Ambassade de Tunisie en Chine, du Ministère du Commerce et de l’Artisanat et du Cepex. C’est aussi une belle consécration de la décision présidentielle de promouvoir l’exportation des huiles conditionnées et de conquérir de nouveaux marchés porteurs. »

 

« Les premières quantités arrivées à Pékin, précise M. Fourati ont rapidement été prises d’assaut par la Jet-Set chinoise qui a plébiscité notre huile ancestrale. Les exportations se poursuivront à un rythme régulier et soutenu afin de pourvoir à la demande de prestigieuses enseignes de distribution ainsi que de grands restaurants. » A noter que l’huile tunisienne Châal, qui jouit d’une grande réputation internationale, vient d’enregistrer une pénétration significative sur le marché américain, après avoir pris pied au Canada.

 

(Source : « Le Temps » du 27 novembre 2006)


 

 

 

Viticulture: La saison s’annonce bonne…

Le grand cru?

 

L’UCCV produit environ de 10 000 à 12 000 bouteilles chaque année

 

Il ne reste plus un raisin sur les milliers de vignes au domaine Magon, à quelques kilomètres de Grombalia. Les vendanges sont terminées depuis déjà quelques semaines. La récolte de cette année a été l’une des meilleures ce qui porte à croire que la cuvée de 2006 sera excellente.

 

À l’Union centrale des coopératives viticoles (UCCV), l’embouteillage des vins bat son plein. Sur les deux lignes de montage, les bouteilles se succèdent les unes après les autres. « Ici, on fait la mise en bouteille une fois que les raisins ont été fermentés et puis filtrés. On produit environ de 10 000 à 12 000 bouteilles chaque année », explique le directeur de la production Ridha Charrada. Tout ce processus de transformation demande une attention particulière pour éviter de contaminer le produit. « On doit surveiller de prêt le rinçage, le remplissage, le bouchonnage et l’habillage des bouteilles. Chaque étape est importante pour s’assurer d’offrir un vin de qualité qui réponde aux normes internationales », ajoute-t-il.  

 

L’UCCV produit jusqu’à présent 25 marques de vin de qualité et de vin courant. Elle s’est particulièrement spécialisée dans les cépages de Pinot, de Cabernet Sauvignon, de Syrah, de Merlot et de Chardonnay. La coopérative détient ainsi 70 % des parts du marché des vins tunisiens et l’autre partie appartient aux producteurs privés. « L’UCCV a longtemps eu une mentalité de monopole. Mais maintenant, on n’est pas tout seul. Il faut donc voir à maintenir et améliorer notre part du marché en Tunisie et aussi à l’exportation », souligne le directeur général, Belgacem D’Khili

 

Pour y arriver, il n’y a qu’une solution : offrir un produit de qualité et fiable. Et tout le travail commence sur les terres. Les agriculteurs doivent s’occuper soigneusement de leurs vignes qui doivent être taillées et irriguées régulièrement. Avec une bonne matière première, il est possible de fabriquer du bon vin. « Ces dernières années, on a beaucoup travaillé à améliorer la qualité des vignobles. On a une plus grande variété de cépages et on s’est assuré d’avoir une main d’œuvre compétente et qualifiée », indique M.D’Khili qui est aussi docteur en viticulture. 

 

L’UCCV vient d’ailleurs en aide aux viticulteurs qui font partie de ses dix coopératives. « On subventionne nos agriculteurs pour les aider à mener à terme leur récolte. On leur donne des avances en fonction des prévisions établies. On les assiste aussi pour s’assurer de la qualité », mentionne le directeur informatique, de communication et des relations extérieures, Moncef Chaouch.

 

L’UCCV s’est aussi associée à quatre sociétés de mise en valeur agricole (SMVA) pour aider à améliorer sa production destinée à l’exportation. Ces sociétés sont en fait des bailleurs de fonds de l’étranger. Le Domaine Magon, par exemple, appartient à 66% à l’UCCV et à 34% au groupe allemand Langguth. Ce domaine a donc une superficie de plus de 250 hectares comparativement aux domaines des petits producteurs qui font entre 20 à 40 hectares. Au Domaine Magon, on retrouve également une variété plus importante de cépages. « On parle de ce domaine comme le Royaume du cépage  avec ces 3 250 plants par hectare », fait part le responsable du marketing, Maher Toumi. La récolte des raisins de ce domaine peut d’ailleurs produire jusqu’à 20 000 hectolitres de vin annuellement dont 70% de la production est destinée à l’étranger.

 

L’exportation des vins tunisiens a toutefois forcé l’UCCV à procéder à une grande restructuration en 2002 pour moderniser ses équipements. 10 millions de dinars ont d’abord été investis pour améliorer la qualité des caves. « On a surtout investi pour maîtriser la température des caves. Pour faire du bon vin, il faut à tout prix éviter les variations de température. Comme, il fait chaud en Tunisie, il faut s’assurer d’entreposer le vin dans des endroits plutôt frais », note le directeur D’Khili.

 

La cave de Grombalia a, entre autres, été entièrement modernisée. Toutes ses cuves sont en acier inoxydable de même que les pressoirs, les fouloirs et les égrappoirs. La cave est également dotée de mécanismes thermorégulateurs. « Ce n’est pas compliqué, la cave de Grombalia est maintenant aussi moderne sinon plus que certaines caves européennes », lance monsieur Toumi du marketing. De plus, tous ses équipements sont automatisés pour limiter le nombre de manipulations. « Moins qu’il y a d’intervention, plus on s’assure de pouvoir produire du bon vin. On sait que les raisins transformés à la cave de Grombalia auront préservé leur qualité », tient-il à préciser. On transforme d’ailleurs là-bas plus de 60 000 hectolitres par année grâce aux récoltes de plus de 200 viticulteurs. Selon le directeur de la Coopérative viticole de Semmeche, Ridha Ziadi, les cuvées de 2006 sont donc à surveiller : « L’été a été chaud et sec et l’hiver passé plutôt froid et pluvieux. C’étaient des conditions idéales pour la production du vin. Il n’y a pas eu de maladie des vignes. Et en plus, nos membres viticulteurs suivent de plus en plus nos conseils techniques pour obtenir le meilleur raisin possible. »

 

Avec toutes ses améliorations, l’UCCV a remporté, en quelque sorte, son pari de produire des vins de qualité en Tunisie. Son prochain défi sera maintenant de faire connaître ses nouveaux produits : ses rosés, ses blancs et ses rouges. Ce n’est pas gagné d’avance.

 

Mélanie Loisel

 

(Source : « Le Temps » du 27 novembre 2006)

 


 

 

Le défi: faire connaître nos vins à l’étranger

 

Les vins tunisiens gagnent de plus en plus à être connus. Mais ils ont encore de la difficulté à se frayer un chemin jusqu’aux grandes tables gastronomiques de ce monde. Un important travail d’image reste à faire.

 

« On doit parvenir à promouvoir nos produits ici comme ailleurs. Il faut faire savoir que nos vins viennent de l’ancien monde, qu’ils sont fabriqués avec les méthodes traditionnelles, mais avec les nouvelles technologies », lance d’emblée le directeur général de l’UCCV Belgacem D’Khili.

 

Ce travail de promotion sera de toute évidence une tâche de longue haleine. Les vins tunisiens ont encore la réputation à l’étranger d’être des vins très légers qui manquent un peu de goût. « C’est justement cette image qu’il faut changer. On fabrique maintenant de très bons vins rouges un peu plus corsés, souples, fruités, qui répondent au goût des consommateurs », mentionne M.D’Khili. « Nos produits commencent à être appréciés sur la scène internationale. Notre Vieux Magon et le Domaine Lansarine ont tous les deux gagné la médaille d’or au concours français Vinalies cette année. On a aussi récolté deux médailles d’argent avec notre Chardonnay Blanc et le Magon », a tenu à spécifier le directeur informatique, de communication et des relations extérieures, Moncef Chaouch.

 

Malgré ces récompenses, l’UCCV parvient seulement à exporter 25% de sa production. La France et l’Allemagne sont ses principaux clients de même que la Belgique, la Suisse et quelques pays de l’Europe de l’Est. L’UCCV aimerait évidemment continuer à développer ses marchés notamment en Europe du Nord et en Asie. « On considère que le marché européen est saturé. On regarde un peu plus vers les États-Unis et le Canada, mais c’est surtout l’Asie qu’on vise. Les Asiatiques sont de plus en plus des consommateurs de vins et les perspectives sont intéressantes », indique le directeur général de l’UCCV.

 

La Tunisie devra trimer dur pour réussir à se démarquer en Asie. La crise viticole entraîne une forte concurrence sur le marché international. Les vins tunisiens devront à la fois se tailler une place entre les vins de l’ancien monde c’est-à-dire de France, d’Italie et d’Espagne et les nouveaux vins du Chili, des États-Unis et de l’Afrique du Sud. Ces pays ont grandement investi ces dernières années pour élargir leur marché. Leurs vins sont maintenant offerts à très bas prix. « La concurrence de l’Amérique du Sud est effectivement très féroce.Ils ont maintenant des dizaines de milliers d’hectares de production, leurs caves sont modernes et la production est là », reconnaît Belgacem D’Khili.

 

Les viticulteurs tunisiens sont conscients que l’offre dépasse largement la demande à l’heure actuelle. L’UCCV est tout de même déterminée à s’y tailler une place. 20 millions de dinars ont été investis pour importer des cépages universels très en demande sur le marché international. L’UCCV a aussi décidé de faire appel à des distributeurs et des agences de communications spécialisées pour développer l’image de ses vins. « La Tunisie a une histoire viticole qui mérite d’être connue. On veut faire connaître nos marques en mettant l’accent sur nos traditions. On ne fait pas de la viticulture industrielle contrairement à d’autres pays », tient à mentionner le responsable du marketing, Maher Toumi.

 

La stratégie de l’UCCV vise donc à faire connaître la Tunisie comme étant un vieux pays viticole. Ses premières plantations remontent d’ailleurs à la période punique, au VIIIe siècle avant Jésus-Christ. À l’époque, l’agronome Magon avait déjà écrit un Traité d’agronomie et de viticulture disant que Carthage était le grenier et même le cellier de Rome.

 

Depuis ce temps, bien du vin a coulé en Tunisie. La production nationale est maintenant évaluée à 340 hectolitres dont 250 hectolitres sont produits par l’UCCV. Mais la grande partie de cette production se fait toujours près des terres de Carthage, dans la région du Cap-Bon. C’est là où on retrouve les plus importants domaines et les zones d’appellation d’origine contrôlée (AOC) c’est-à-dire des régions viticoles où l’on produit spécifiquement des vins typés. Un vin ne peut pas porter l’appellation Mornag, par exemple, si ses raisins n’ont pas été cueillis dans la région de Grombalia.

 

Les terres viticoles sont vraiment une grande richesse pour le pays. Mais les Tunisiens sont encore très peu nombreux à en profiter. L’interdiction de l’alcool par l’Islam explique en partie cette faible consommation de vin. «  Les Tunisiens ne boivent pas beaucoup. On parle d’environ 15 litres de vin par habitant annuellement. C’est bien peu comparativement aux Français qui consomment 60 litres », fait remarquer monsieur Toumi. Mais les Tunisiens qui consomment de l’alcool sont de fins connaisseurs. Ils apprécient généralement les vins qui ont bien vieilli et qui sont issus du terroir. « Ce qu’il reste à faire, c’est aussi un travail au niveau de la gastronomie », note le directeur général M. D’Khili. « La cuisine tunisienne est riche et s’accompagne très bien avec nos vins. On offre d’ailleurs des formations dans les hôtels et les restaurants pour que les serveurs puissent conseiller à leurs clients quel vin va avec quel plat. »

 

Avec cette démarche, l’UCCV espère mieux faire connaître les vins tunisiens aux touristes. C’est un marché potentiel qui reste encore à développer. « Les touristes sont très nombreux en Tunisie, mais ils boivent surtout de la bière pendant les mois chauds de juillet et d’août. Sinon, ils aiment surtout les rosés, des vins de vacances ! », reconnaît le directeur de l’UCCV, Belgacem D’Khili, qui aimerait bien que la situation change.

 

(Source : « Le Temps » du 27 novembre 2006)


 

 

Le « choc des incivilités »

Par : Ridha Kéfi

 

Au Canada, pays d’immigration par excellence, la législation accorde aux minorités ethniques et religieuses, au nom du respect des droits de la personne, des « accommodements raisonnables », c’est-à-dire des droits spécifiques qui ne sont pas accordés aux citoyens « ordinaires », « blancs » ou, si vous voulez, « de souche ».

 

Exemple : en 2004, l’hôpital Sainte-Justine de Montréal a accepté que la communauté juive hassidim installe à ses frais son propre réfrigérateur pour disposer de la nourriture casher le jour du sabbat. Les Hassidim sont des juifs fondamentalistes. Ils compteraient environ 25 000 personnes dans la capitale du Québec, qui compte, elle, quelque 80 communautés ethniques et/ou religieuses.

Autre exemple : en mars 2006, la Cour suprême du Canada a donné raison à un jeune Sikh, l’autorisant à porter son kirpan, poignard rituel sikh, dans l’enceinte de son école, à condition toutefois de le mettre dans un fourreau.

-Troisième exemple : le même mois, les étudiants musulmans de l’École de technologie supérieure (ETS) de la métropole québécoise se sont vus accorder le droit de disposer d’un lieu de prière au sein même de leur établissement. Leurs camarades musulmans de l’université de McGill n’ont pas tardé à déposer une plainte semblable devant la Commission canadienne des droits de la personne.

Des « accommodements (trop) raisonnables »

Jusque là, il n’y avait rien à dire. Les « privilèges » accordés pouvaient être justifiés par la nécessité de respecter les mœurs ou les pratiques religieuses des minorités vivant dans le pays. Seulement voilà, ces minorités ont continué à exprimer des revendications qui auraient prêté à sourire si elles n’avaient pas suscité les réactions courroucées d’une partie de la population. Ainsi, en juillet dernier, un centre hospitalo-universitaire de Montréal dû faire signer aux femmes enceintes une déclaration écrite précisant clairement qu’elles ne peuvent pas choisir le sexe du médecin qui les assistera à l’accouchement. Et pour cause : l’hôpital ne pouvait plus répondre favorablement aux demandes émanant de femmes musulmanes exigeant d’être accouchée par des médecins de sexe féminin. –

Début novembre courant, la police montréalaise a suggéré à ses policières de faire appel à des collègues masculins pour ne pas irriter certains juifs hassidim, qui n’aiment pas être regardés par des femmes. Inutile d’ajouter que cette « suggestion » a provoqué une vague de mécontentement parmi le corps de police, aussitôt relayée par les médias et instrumentalisée par les leaders de la droite xénophobe.

Au cours de ce même mois, un centre YMCA (organisme charitable) de la capitale du Québec a provoqué la colère de ses usagers en changeant ses fenêtres en catimini – remplaçant des vitres claires par d’autres opaques – dans le but de se conformer aux demandes de la communauté hassidique voisine indisposée par la vue de femmes qui s’entraînent.

Les responsables du centre ont eu beau expliquer que c’est la communauté concernée qui a payé les 4 000 dollars canadiens nécessaires à la modification, leur geste a suscité un vif débat sur l’opportunité des « accommodements raisonnables » qui risquent de creuser davantage le fossé entre les communautés.    

La presse canadienne, qui a relaté ces faits, a révélé aussi qu’un CLSC (centre local de services communautaires) de Montréal avait refusé, pendant des mois, à des hommes d’assister à ses cours prénataux afin de ne pas offusquer des femmes musulmanes, hindoues ou sikhs présentes dans ces mêmes cours, lesquels étaient dispensés jusqu’à une date récente devant une assistance mixte.

S’ils sont souvent dictés par des considérations éthiques et/ou juridiques, ces « accommodements raisonnables » sont en train de devenir une source d’incompréhension et de malentendu. Conçus comme un moyen civilisé pour prévenir ou amortir – le « choc des civilisations », ils sont en train de provoquer, à leur tour, un « choc des incivilités », dont les sociétés multiculturelles occidentales – où des communautés immigrées, juive, musulmane ou autres, sont installées depuis longtemps – sont en train de subir les conséquences parfois violentes.

Inutile d’ajouter que ces incompréhensions, malentendus, polémiques et réactions de rejet réciproques s’exacerbent généralement à l’approche des rendez-vous électoraux, lorsque des leaders de droite ou d’extrême droite se mettent à surfer sur les thèmes de l’insécurité, souvent d’ailleurs associée à l’immigration, et à jouer sur la fibre xénophobe de leurs électeurs « blancs ». 

Ne nous voilons pas la face ! 

Par-delà l’exploitation politicienne qui est souvent faite de ces phénomènes sociétaux, ne devrions-nous pas, nous autres peuples du sud, Arabes, kurdes, sikhs, musulmans, juifs, bouddhistes ou animistes, nous regarder en face. Ne devrions-nous pas, avant de fustiger l’intolérance des Occidentaux et de creuser ainsi davantage le fossé qui nous en sépare, nous poser ces questions, en toute honnêteté :

Jusqu’où peuvent aller – ou ne pas aller – les « accommodements raisonnables » souvent consentis aux minorités ethniques ou religieuses par les législations des pays occidentaux ?

Quand on appartient à une minorité, a-t-on le droit d’imposer ses propres valeurs et façon de vivre à la majorité des citoyens de ces pays ? A-t-on le droit d’assujettir ces derniers, qu’ils soient croyants ou laïcs, à des exigences qui leur sont complètement étrangères ? A-t-on le droit d’invoquer les droits et libertés de la personne humaine pour justifier des pratiques et des comportements qui peuvent paraître choquants ou seulement étranges à la majorité des citoyens des pays d’accueil, comme l’excision, le crime d’honneur ou le voile intégral ? Peut-on raisonnablement accepter des « accommodements raisonnables », comme ceux déjà évoqués et qui mettent en question les valeurs même d’égalité des citoyens guidant la société dans son ensemble ? Et, enfin, pourquoi n’accordons-nous pas nous-mêmes aux minorités ethniques et religieuses vivant dans nos pays, au nom du respect des droits de la personne, quelques « accommodements raisonnables », comme, par exemple, le droit de construire des  lieux de prière dans nos établissements scolaires ?

Nous nous posons ces questions alors que le gouvernement néerlandais vient d’annoncer sa décision de rédiger un projet de loi « dès que possible » pour interdire dans les lieux publics le port de la burqa et de tout autre vêtement ou accessoire cachant entièrement le visage d’une personne.

« Le Cabinet juge indésirable que des vêtements cachant le visage, dont la burqa, soient portés dans les lieux publics, pour des raisons d’ordre public, de sécurité et de protection des citoyens », a déclaré la ministre de l’Immigration Rita Verdonk dans un communiqué publié  le 17 novembre. « Du point de vue de la sécurité, les gens devraient toujours être reconnaissables, et du point de vue de l’intégration, nous pensons que les gens devraient être en mesure de communiquer entre eux », a-t-elle ajouté.

Le gouvernement néerlandais a pris le soin d’avancer l’argument de la sécurité publique pour éviter l’accusation discrimination religieuse, qui rendrait sa dernière décision inconstitutionnelle. Il n’en demeure pas moins que la nouvelle loi envisagée vise avant tout les communautés islamiques, ou certaines d’entre elles. Tout comme les autres mesures en gestation, et qui visent à restreindre le droit d’asile, le regroupement familial et à rendre obligatoire l’apprentissage du néerlandais par les jeunes issus de l’immigration. 

Ici, une autre question s’impose : qu’est-ce qui a poussé l’un des pays européens les plus accueillants pour les immigrés et demandeurs d’asile, à durcir ainsi sa législation vis-à-vis des  minorités musulmanes ?

Invoquer les droits et les libertés des minorités culturelles et religieuses pour critiquer la décision du gouvernement néerlandais ne suffit pas. Il faut essayer de comprendre aussi les causes profondes qui ont rendu possible cette nouvelle forme de repli sur soi déguisée en mesure sécuritaire dans l’un des pays occidentaux les plus ouverts au multiculturalisme.

L’herbe vénéneuse de l’islamophobie

Au Pays-Bas, l’islamophobie a commencé à germer comme une herbe vénéneuse au lendemain des attentats terroristes du 11 septembre 2001 à New York. Elle s’est aggravée avec l’assassinat du cinéaste Theo van Gogh, poignardé en pleine rue à Amsterdam, le 2 novembre 2004, par un jeune exalté d’origine marocaine, Mohammed Bouyeri, qui croyait ainsi punir sa victime d’avoir offensé le Prophète Mohamed dans un court métrage de fiction, ‘‘Submission’’, qui dénonçait les discriminations et les violences imposées aux femmes dans l’islam intégriste. Le démantèlement, un an plus tard, d’un réseau terroriste composé de 14 membres, le groupe de Hofstad, nom du quartier de La Haye où il était implanté, n’a pas arrangé les choses. Pas plus d’ailleurs que les menaces de mort proférées à l’encontre des députés Ayaan Hirsi Ali (libérale) et Gert Wilders (libéral dissident), ou le maire social-démocrate d’Amsterdam, Job Cohen. Ou encore l’arrestation, le 6 novembre dernier, à Amsterdam et La Haye, d’un nouveau groupe terroriste de cinq hommes et une femme, musulmans radicaux qui recrutaient pour le jihad international. Sans parler des actes de vandalisme souvent commis, dans les quartiers ouest de la ville, par de jeunes immigrés musulmans qui jugent « discriminatoire » le contrôle d’identité par les policiers néerlandais.

Loin de nous l’intention de minimiser le racisme ordinaire auquel les musulmans sont aujourd’hui confrontés dans la plupart des pays occidentaux. Force aussi de reconnaître que si l’islam et les musulmans inspirent une peur croissante aux Pays-Bas – et ailleurs –, si les sondages d’opinion réalisés récemment dans ce pays montrent qu’un bon nombre de Néerlandais (entre 45 et 55 %) craignent une confrontation mondiale entre l’islam et l’Occident, considèrent que l’islam est une religion misogyne, intolérante et sans humour, estiment que la démocratie et l’islam ne sont pas compatibles et parlent même d’une religion violente, nous ne pourrions plus, en tant que musulmans soucieux de notre image et de celle de notre religion, faire l’économie d’une interrogation sur nous-mêmes, loin de toute  animosité et sentiment de persécution. Seule une autocritique sincère et courageuse nous permettrait de comprendre les causes profondes de nos crispations identitaires, de notre sous-développement et de la difficulté qu’éprouvent certains d’entre nous à s’intégrer dans des sociétés d’accueil, foncièrement différentes.

Cette autocritique, que nous appelons de tous nos vieux, les chrétiens, juifs ou agnostiques, qui ont leurs intégristes, devraient réapprendre à la pratiquer eux aussi. Car l’intolérance se nourrit souvent de l’intolérance et les extrémismes se justifient les uns les autres.

 

(Source : « Le Temps » du 27 novembre 2006)

 


 

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