PCOT: A l’occasion de la légalisation du PCOT – La marche doit continuer jusqu’à l’aboutissement de la révolution
AFP: Tunisie: la Haute commission va être remaniée pour préparer les élections AFP: Italie: les migrants mineurs hébergés dans une ancienne base militaire US
REVUE DE PRESSE
A l’occasion de la légalisation du PCOT:
La marche doit continuer jusqu’à l’aboutissement de la révolution
Tunisie: la Haute commission va être remaniée pour préparer les élections
Italie: les migrants mineurs hébergés dans une ancienne base militaire US
Tunisie. La fille de Lazhar Chraiti récompensée à Genève
La France aidera la Tunisie à maîtriser les technologies, selon Eric Besson
Cinquième ministre français à visiter la Tunisie, après la révolution du 14 janvier, Eric Besson s’est rendu hier, vendredi à Béjà et au Kef, histoire de dire que le développement de la Tunisie profonde constituera désormais une priorité dela France. Après une halte à la STEG de Béjà, puis un passage par une ferme privée d’élevage et de céréaliculture à Zaâfrana (le Kef), le ministre français de l’Industrie, de l’Energie et de l’Economie numérique, accompagné de Boris Bouillon, ambassadeur de France à Tunis, et d’une délégation de l’ambassade, a été convié à un déjeuner à la maison d’Hôtes Dar Chennoufi à Sémana (Le Kef) où il a entendu les exposés des différents responsables régionaux sur les potentialités et les attentes du Kef, une ville plusieurs fois millénaires, celle de Massinissa, et de Jugurtha, mais qui demeure inexploitée par rapport à son réel potentiel. Le gouverneur de la région a déploré, à juste titre, “le manque de zones industrielles aménagées, le déficit d’exploitation des richesses forestières, une agriculture basée essentiellement sur la céréaliculture, une population rurale dispersée, un solde migratoire négatif, et un taux de chômage élevé, avoisinant le 28%”.
Raoudha Chennoufi, propriétaire de la maison d’Hôtes, a fait constater, quant à elle, que “le tourisme culturel et écologique qui constitue l’un des atouts du Kef, première capitale de la Tunisie, est négligé ; la région ne figure sur aucun catalogue d’Europe”.Elle a plaidé pour un développement du Kef à travers son tourisme et son agriculture. La société civile était également présente, à travers notamment l’association “CIRTA, Développement et citoyenneté”, dont le Président Koutheir Bouallègue, avocat, a demandé un parrainage au ministre, histoire d’encourager cette jeune association née après le 14 janvier, et qui a à cœur à contribuer à l’essor du Kef. Beaucoup d’attentes d’un côté, et des promesses de l’autre. Eric Besson s’est engagé “à connecter les fils pour promouvoir la coopération décentralisée entre la Tunisie et la France”, indiquant que tous “les départements ministériels de son pays sont impliqués et feront tout ce qui est en leur pouvoir pour accompagner la Tunisie sur le chemin de développement”.
“La France va faire plus d’efforts pour aller vers une véritable décentralisation, nous allons le faire parce que c’est la volonté du gouvernement tunisien qui cherche à répondre aux attentes des régions dont on a sous-estimé les besoins de développement”, a affirmé plus tard Eric Besson en réponse à une question. Lors d’une conférence de presse qu’il a donnée hier soir (vendredi), de retour du Kef, à la résidence Dar al-kamila de la Marsa, le ministre s’est défendu que la France considère ses relations avec Tunisie dans une logique de dominant/dominé. “Même s’il y a un peu de culpabilité par rapport au passé ; et le protectorat continue à faire débat dans tous les milieux, tournons-nous vers l’avenir”, a-t-il appelé, relevant que “le peuple tunisien aura son destin en main, les rapports entre les deux pays ne pourront-être que d’égal à égal”. Eric Besson a exprimé la volonté et l’engagement de la France de promouvoir un partenariat industriel avec la Tunisie pour l’aider à développer son industrie. “Nous comprenons que la Tunisie ne veuille plus être considérée qu’en termes de main-d’œuvre moins chère que l’Europe occidentale. La Tunisie aspire à maîtriser les technologies”, a indiqué Besson, citant quelques entreprises tunisiennes qui se sont déjà engagées sur cette voie. Le ministre français a souligné en préambule que la Tunisie et la France étaient liées sur le plan industriel, essentiellement dans les domaines de l’automobile et du textile, des filières que les entreprises et le gouvernement français comptent développer davantage. “Les industriels tunisiens et français qui se sont rencontrés hier (jeudi) se sont engagés à développer leur activités de coopération”. Il a reconnu toutefois que “tout n’est pas sur un champ de roses”, ” il y a des questions légitimes sur la hausse des salaires, posées par les syndicats, lesquelles sous-tendent la compétitivité de la Tunisie et sa place dans le commerce international”. Tout en martelant que la France souhaite que les entreprises implantées en Tunisie y restent et s’y développent, Eric Besson s’est totalement abstenu d’avoir une quelconque réaction sur les revendications salariales, estimant que “cette question doit être discutée entre le gouvernement, le patronat et le syndicat en fonction de la stratégie de développement de chaque entreprise”. Au sujet de la coopération énergétique, Eric besson a dit avoir proposé que la STEG adhère au consortium Medgrid qui vise à promouvoir les interconnexions électriques à travers les énergies renouvelables en Méditerranée, et à favoriser les échanges s Nord/Sud via le plan solaire”. Selon les dires d’Eric Besson, la France n’est en concurrence ni avec les Américains ni avec les Européens en Tunisie. “Tous ceux qui veulent aider et accompagner la Tunisie, si c’est une bonne nouvelle pour la Tunisie, ça l’est pour la France. Tout le monde a besoin que la Tunisie réussisse sa transition et son passage à la démocratie”. “Pendant ces deux jours, je n’ai pas senti un désir de moins de France, mais un besoin de plus de France qui jouera son rôle en matière d’accompagnement de la Tunisie”, a-t-il réitéré. Il a rappelé le prêt de 150 millions d’euros accordé par l’AFD à la STEG pour étendre le réseau de gazoduc aux régions périphériques. “Ce n’est pas tout à fait rien pour la Tunisie, et ce n’est pas tout à fait rien pour le budget de la France”, a-t-il dit. La STEG compte réaliser un parcours de 1713 km de gazoduc pour un investissement de 832 millions de dinars, un projet qui permettra de développer le ravitaillement en gaz de la zone ouest à l’horizon de 2016. L’approvisionnement en gaz de la Tunisie provient de deux sources : 60 % de nos gisements tunisiens et 40 % du gaz algérien, indique-t-on à la STEG de Béja. Ceci étant, Eric Besson a rendu hommage aux membres du gouvernement provisoire, en qui il a relevé “dévouement et désintéressement”, ce qui le rend optimiste quant “à la capacité de la Tunisie à réussir le passage vers des institutions stables et démocratiques”. Interrogé sur les relations qu’entretenait la France avec le régime Ben Ali, le ministre a laissé entendre que la France entretient des relations avec les Etats et non avec les gouvernements. “On ne peut pas avoir des relations qu’avec les démocraties, même s’il serait toujours préférable d’avoir affaire à des pays qui partagent les mêmes valeurs que nous”. Sur question relative à l’immigration, un dossier qu’il connait bien ayant été lui-même ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale, Eric Besson a déclaré que la France est ouverte à l’immigration légale, professionnelle, dans le cadre du regroupement familial, ou encore celle des étudiants… “l’idée d’une France fermée est un mythe”, a-t-il indiqué, qualifiant l’immigration illégale “de piège pour tout le monde à commencer par l’immigrant lui-même, car les 9/10 des immigrés illégaux vont vivre dans les quartiers des immigrés légaux et cela va provoquer beaucoup de problèmes dont la pauvreté qui reste en lien avec la délinquance”.
Source: “Global Net” Le 26-03-2011
Orange Tunisie : les 51% de Mabrouk seront confisqués par l’État tunisien
Selon Médiapart, les parts de 51 % que Marwan Mabrouk détient au capital d’Orange Tunisie seront confisqués par l’Etat tunisien.
L’article de Médiapart qui est repris par challenges.fr précise, selon une confirmation d’un porte-parole du groupe Orange, que “les 51 % que Mabrouk détient, via son holding Investec, dans la filiale tunisienne d’Orange vont être confisqués… C’est à l’Etat tunisien de décider ce qu’il fera de sa participation de 51 %, s’il la souhaite pérenne ou souhaite la céder”.
Rappelons que le 25 février, la Tunisie avait déjà adopté un projet de décret-loi portant sur la confiscation sans compensation ni décision judiciaire préalable des biens de 110 proches du régime ; biens acquis après le 7 novembre 1987 dont ceux de Marwan Mabrouk, gendre de Zine El Abidine Ben Ali.
Rappelons aussi que le 2 mars, le site d’information Ownia accusé Orange d’avoir non pas payé 130 millions d’euros à l’Etat tunisien pour obtenir cette fameuse licence Télécom mais d’avoir acheté 49 % des parts de Divona Telecom, entièrement aux mains de Marwan Mabrouk et sa femme Cyrine Ben Ali. Orange nie, pour sa part, avoir monnayé sa présence sur nos terres avec le clan Ben Ali via le PDG de France Telecom.
Contactée sur le sujet “des 51% de Mabrouk”, Orange Tunisie nous a indiqué qu’elle a aucune information officielle à communiquer.
Source: “Webdo” Le 26-03-2011
Livre – Tunisie : «Ben Ali le ripou» de Béchir Turki (*)
Malgré la beauté de ce récit singulier et enrichi de documentations puisées dans maintes archives, l’on ne peut, en fermant ce livre, ne pas se poser cette question meurtrissante : mais où étions-nous 23 ans durant ? Et comment avons-nous été menés en bateau par cet homme si simplet, si insignifiant et sans l’ombre d’un scrupule?! Lui et son règne resteront les pages les plus sombres et honteuses de l’Histoire de la Tunisie!
Et malgré tout, c’est un ouvrage qu’il est indispensable d’avoir chez soi, avec l’espoir que nos enfants connaîtront une Tunisie et des dirigeants meilleurs que tout ce que nous avons vu, connu et enduré. En voici de larges extraits.
Dans sa présentation de ‘‘l’inconnu’’ Ben Ali, l’auteur dit: «Le trait dominant de l’homme qui se découvre, c’est le désir de s’imposer, de s’élever, c’est l’envie de se venger d’une société où il est né trop bas. Pour cela, il ne peut compter ni sur son savoir, ni sur ses exploits, ni sur ses relations. Il lui reste une volonté concentrée, un jugement sans illusion, le calcul, la patience et la ruse (…) Sin niveau intellectuel est très moyen.
Aussi est-il avare en paroles. En dehors de longs discours, rédigés par des scribes, discours qu’il se contente de débiter après de multiples répétitions dans le secret de ses salons privés, on ne lui connaît aucune intervention radiophonique et encore moins télévisée. Il n’a jamais tenu une conférence de presse ni accordé d’interview au grand jour ou improvisé la moindre allocution de circonstance. Les speechs, ce n’est pas son fort. Au conseil des ministres, la télévision nous le montre de loin en train de gesticuler, mais elle ne nous a jamais fait entendre sa voix. Lors des sommets des pays africains ou des pays arabes, il sourit béatement au cameraman. Et c’est tout.
Il est né en septembre 1936 à Hammam-Sousse, bourgade agricole située à 140 km au sud de la capitale, devenue aujourd’hui l’un des fleurons du tourisme tunisien. Il est né sous le signe de la Vierge et, selon l’horoscope chinois, sous celui du Rat, au sein d’une famille archi-nombreuse et nécessiteuse. Son père, illettré, bien charpenté mais balourd, ne travaillait que par intermittence. Docker au port de Sousse, il était tributaire du trafic maritime et surtout de la qualité des informations qu’il fournissait aux autorités. Il faisait peu de cas de ses devoirs de chef de famille. Il dépensait la totalité de sa paie dans un des bouges et rentrait chez lui, le soir, ivre mort et sans le sou».
Tel père tel fils, est-on tenté de dire. Marié, grâce à ses copains, à la fille du Commandant Mohamed El Kéfi qui le nomma à la tête du Service de la Sécurité militaire, Ben Ali, n’ayant pas les aptitudes nécessaires pour un tel poste, se vit confier un travail pour le moins dégradant: «On s’est alors rabattu sur le renseignement interne : chercher à savoir, au sein même des unités de l’armée, si tel officier a bu un verre de trop ou si (…) au cours d’une conversation, il a exprimé des jugements sur ses chefs hiérarchique, ou sur le régime politique et( autres balivernes relevant d’un ignoble esprit de délation. Ainsi donc, Ben Ali préparait à l’usage du ministre d’une part et de l’état-major d’autre part un bulletin quotidien à vous donner la nausée. Il y déballait les diverses médisances reçues la veille de tout le territoire».
De la ‘‘grande estime’’ que vouait Ben Ali à ses parents, ce petit chapitre qui déchire le cœur: «Du temps où il était célibataire, Ben Ali se déplaçait dans une vieille Panhard, rendait souvent visite à ses parents et les assistait dans la mesure de ses moyens. A partir de son mariage, les visites s’espaçaient graduellement jusqu’à s’arrêter tout à fait. Ce fut au tour du père de rendre visite à son fils. Une fois par mois, le vieux Hamda Ben Ali, avec son chapeau de paille à larges bords, sa blouse ample et grise et ses grosses sandales, se présentait à la villa du Bardo. Si Ben Ali n’est pas à la maison, Naïma –c’est le prénom de sa première épouse– n’accueillait jamais son beau-père, mais lui demandait d’attendre son fils sur le seuil de la porte d’entrée. Au cas où Ben Ali est chez lui, il introduisait son père dans le vestibule et après un rapide échange de formules de civilité, lui glissait quelques dinars et prenait congé de lui. Par la suite, Hamda, saisissant l’absence de sympathie de sa bru, prit l’habitude d’aller voir son fils au bureau. L’accueil était des plus froids. L’entretien ne dépassait pas quelques minutes. Vers le milieu des années soixante, Ben Ali, excédé, ordonna à son père de ne plus le déranger. Ce jour-là, plusieurs témoins virent un vieillard à la stature gigantesque, de grosses larmes coulant des yeux, descendre en titubant les escaliers des cinq étages du bâtiment».
D’une méchanceté professionnelle, si l’on peut qualifier ainsi les choses, Ben Ali savait (avant de connaître Leila Trabelsi) se tirer d’affaire avec les femmes. Car après s’être départi de sa timidité qu’il a su soigner, et sans avoir eu à courir la gueuse (ce sont elles qui venaient vers lui), il se plut à merveille dans le monde ensorcelant des femmes: «Une dame d’un certain âge, dénommée Dalila, fut sa pemière initiatrice au dévergondage. Elle le recevait chez elle et, à chaque, elle le mettait en présence d’une demoiselle ou, le plus souvent, d’une dame experte dans le raffinement du plaisir des sens. Au lendemain des émeutes du 26 janvier 1978, Ben Ali, qui était au ministère de l’Intérieur depuis le 23 décembre 1977 à la tête de la Sûreté Nationale, eut peur que Dalila n’évente son libertinage de naguère. Il la fit mettre en prison dans un isolement complet. Elle mourut de tuberculose peu de temps après à l’hôpital de l’Ariana. Le commissaire de police qui la protégeait fut mis à la retraite d’office». Et c’est déjà bien gentil à lui de n’avoir pas commandé sa mort…
Toujours à propos des femmes, cette histoire plutôt assez drôle. En 1970, Ben Ali fait la connaissance de Noura dont il tombe fol amoureux et avec laquelle il se prend à sortir tous les soirs. Devenu en 1974 attaché militaire à l’ambassade de Tunisie à Rabat, il choisit de se faire accompagner par sa maîtresse à la place de sa femme. Mais celle-ci, un peu plus tard, exige de se rendre à Rabat, alors que Noura y est déjà. Ben Ali fait rentrer sa maîtresse en catastrophe à Tunis pour éviter la rencontre des deux femmes. Impatiente au bout de quelques jours, Noura décide de faire une belle surprise à son amant en faisant le voyage à Rabat. La rencontre des deux femmes est alors des plus houleuses, elles en arrivent même à en découdre. Pour punir sa maîtresse, Ben Ali la fait regagner de force Tunis et s’arrange pour qu’on lui confisque son passeport une fois pour toutes. Noura n’étant pas n’importe qui, elle parvient à se faire restituer son passeport: «Alors, en fin diplomate, Abdelmajid Bouslama lui restitue son document de voyage avec la mention: ‘‘Pour tout pays, sauf le Maroc’’».
Nous arrivons, plusieurs pages plus loin, aux élections de 2009. L’auteur écrit: «Les élections présidentielles et législatives du 25 octobre 2009 ont été une nouvelle occasion perdue pour le processus démocratique tunisien. Le RCD a fait, s’il en était encore besoin, une magistrale démonstration de sa domination. Présent partout, à tous les niveaux de responsabilité de l’administration publique, dans les milieux des affaires, les directions des quelque 8 mille associations du pays, y compris les partis politiques, le RCD a tout manigancé du début jusqu’à la fin. Il a tout contrôlé, de l’établissement des listes électorales à la proclamation des résultats du scrutin, en passant par la mobilisation de tous les leviers de commande dans le pays au service de son candidat quasi-unique, ‘‘rivalisant’’ avec des comparses grassement payés, désignés par lui pour jouer le rôle de figurants dans une grande parodie d’élection démocratique».
Sur le musellement total et implacable des médias, on peut lire ce passage très édifiant: «Le processus de mainmise du régime sur le secteur de l’information a commencé dès les premières années du règne de Ben Ali. La création de l’Agence Tunisienne de Communication Extérieure (ATCE) au début des années 1990 y a beaucoup contribué. Cette agence, qui est censée œuvrer avec les médias étrangers pour redorer l’image du pays à l’étranger, a été utilisée, en réalité, pour mettre en place un système implacable de contrôle de la ligne éditoriale des journaux locaux. En prenant le contrôle des budgets de communication et de publicité des grandes entreprises publiques, une manne estimée à plusieurs dizaines de millions de dinars –les chiffres sont d’ailleurs tenus secrets-, cette agence s’est dotée d’une arme redoutable qu’elle ne s’est pas privée d’actionner pour prendre peu à peu un ascendant sur les groupes de presse privés, à l’intérieur, et sur certains groupes à l’étranger, qui ont profité de ses financements».
Entre autres crimes odieux commandés par Ben Ali, cette histoire toute sordide, de bout en bout: «Au début de l’année 1990, la police arrête un jeune homme dans le secret le plus absolu. La famille s’inquiète. Le père, haut magistrat à la retraite –il était président du tribunal administratif– effectue des recherches un peu partout. Il interroge les parents et les connaissances de son fils. Il s’adresse aux hôpitaux, à la morgue, à la police, sans aboutir à aucun résultat. Six jours plus tard, on lui remet un cercueil avec la mention ‘‘Défense d’ouvrir’’. On lui explique qu’il s’agit d’un accident de train sur la voie ferrée d’Ezzahra. Le père n’y croit pas. Son flair lui faisait pressentir, dès le premier jour de la disparition, le crime d’Etat. Son fils, féru d’informatique, s’était infiltré dans le système de Ben Ali et avait découvert la relation du président avec le Mossad. Marwane Ben Zineb n’est pas mort avec son secret. Il a laissé de nombreux émules qui, aujourd’hui encore, poursuivent leur traque. Habib Ben Zineb, père de la jeune victime, fut atteint de tétraplégie. Il mourut immobilisé dans son lit, au bout de trois années de paralysie complète».
L’ouvrage revient, quelques pages après, sur le procès de Moncef Ben Ali, «impliqué comme chef d’un réseau de drogue démantelé en France, connu sous le nom de Coucous Connection», et sur la mort mystérieuse de celui-ci en 1996, pour consacrer un bien beau chapitre à «L’irrésistible ascension de Leïla Ben Ali», un chapitre dont beaucoup de Tunisiens savent quelque chose.
«Ben Ali, le ripou» est probablement l’unique ouvrage à avoir rapporté le maximum d’informations sur la personne interlope qui a présidé à nos destinées 23 ans, et qu’on lira avec un mélange d’amertume et d’extase.
Source: ”wmc” Le 26-03-2011
DUBAI – Révolte arabe: les présidents qui voulaient devenir rois écartés, les monarques restent
DUBAI – Les révoltes arabes ont emporté des présidents et en menacent d’autres, mais les monarques semblent pour le moment résister au vent de réformes qui souffle de l’Afrique du Nord au Golfe.
Pour des analystes de la région, ce paradoxe s’explique par les tentations dynastiques des chefs d’Etat écartés et par la légitimité encore préservée des souverains qui se maintiennent au pouvoir.
“Il est clair que les premiers à avoir été dans la ligne de mire de la contestation politique ont été les présidents”, souligne un expert du Brookings Institute à Doha, Salman Shaikh.
Le premier à tomber fut Zine El Abidine Ben Ali, en Tunisie, suivi de Hosni Moubarak, en Egypte. Et aujourd’hui, le président Ali Abdallah Saleh, au Yémen, est la cible de la colère de manifestants qui exigent son départ.
“Les gens se sont révoltés contre des régimes présidentiels qui voulaient se transformer en familles royales”, explique Moustapha Alani, du Centre de recherches sur le Golfe à Dubaï. De fait, MM. Ben Ali et Moubarak avaient l’ambition d’adouber un membre de leur famille comme successeur et M. Saleh n’avait pas caché, jusqu’à récemment, son souhait de voir son fils prendre sa place.
Cette transmission de pouvoir dynastique, en principe étrangère au régime républicain, a permis au président syrien Bachar al-Assad de succéder en 2000 à son père Hafez. Et aujourd’hui le régime de Damas doit, lui aussi, faire face à un début de contestation.
En Algérie, le président Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 12 ans, est confronté à une opposition croissante qui lui reproche d’agir en potentat. Il prévoit de briguer un nouveau mandat de cinq ans en 2014 et de tout faire pour l’emporter.
En Libye, une rébellion armée, avec le soutien de pays occidentaux et arabes, tente de mettre fin au règne de plus de 40 ans d’un leader autoritaire, Mouammar Kadhafi, dont le fils Seif Al-Islam apparaissait comme l’héritier désigné.
“Les gens se révoltent aussi contre des dirigeants arrivés au pouvoir comme des révolutionnaires et qui sont devenus à la longue des tyrans”, souligne Jamil Mroué, journaliste et commentateur, basé à Abou Dhabi. Outre la colère des peuples, l’intervention des armées qui se sont rangées en Tunisie, en Egypte et partiellement au Yémen aux côtés des manifestants est apparue essentielle pour que ces dérives monarchiques soient contrées.
Les monarchies comme le Maroc, la Jordanie ou les royaumes pétroliers du Golfe ont, elles, mieux résisté aux mouvements de colère populaire et les armées qui défendent ces régimes n’ont pas montré de signe de nervosité. A Bahreïn, la contestation de la dynastie sunnite par des manifestants chiites a été réprimée lorsque les exigences des protestataires à plus de participation politique se sont transformées en appels à la chute de la royauté.
“Les monarchies bénéficient d’une plus grande légitimité et d’une plus grande stabilité, liées à leur ancrage dans des sociétés traditionnelles”, assure M. Shaikh.
En outre, le processus de transmission du pouvoir, même s’il est opaque et souvent l’objet de tractations internes, n’est pas remis en cause. “Un roi a le droit de transmettre le pouvoir à son fils ou à son frère”, commente M. Ani. Pour autant, ajoute-t-il, “les monarques, s’ils veulent survivre, doivent conduire des réformes. Leur légitimité historique ne les protégera pas toujours.”
Les monarchies du Golfe bénéficient d’un atout supplémentaire, estime M. Shaikh, face à la nécessité de se réformer: l’Occident, et en premier lieu les Etats-Unis, ne cherchera pas à précipiter les événements. “En terme de pétrole et de ressources énergétiques, il y a trop d’intérêts en jeu”, assure-t-il.
Source : « 20 minutes.fr » le 26-03-2011
Un nouvel ordre prend forme dans le monde arabe
Si la géographie physique varie d’un pays du Moyen-Orient à un autre, la géographie politique, elle, est étrangement homogène.
Il suffit de regarder n’importe quelle chaîne de télévision arabe pour voir des images de manifestants défiant ouvertement les dirigeants qui contrôlent leur vie depuis des décennies.
Cela demande en revanche un peu plus de temps et d’attention pour savoir si ces manifestations se déroulent en Libye, au Yémen, en Egypte, en Tunisie, en Syrie, au Maroc ou à Bahreïn.
Le sol s’entrouvre sous les pieds des élites politiques du monde arabe et peu d’entre elles semblent être en mesure de se maintenir au pouvoir sans opérer de grands changements, politiques comme économiques.
“Il y a un sentiment d’autonomisation, les gens se sentent le courage d’agir. Ils se rendent compte qu’ils peuvent vraiment changer leur gouvernement“, souligne Fawaz Gerges, spécialiste de la politique au Moyen Orient à la London School of Economics. “C’est pour cette raison que presque tous les pays arabes font face à des mouvements sociaux. Il ne s’agit pas que de simples manifestations. Les gens veulent de vrais changements.“
Les révolutions n’ont pas seulement mis au jour la vulnérabilité des dirigeants arabes, elles ont également permis d’arracher des concessions, simplement inimaginables quelques mois auparavant. Quant aux anciennes méthodes pour faire taire l’opposition et les critiques, elles semblent obsolètes.
“Le système dans son ensemble est en train de changer“, estime Rami Khoury, un expert basé à Beyrouth. “Les dirigeants arabes doivent changer. Ils ne peuvent plus utiliser les mêmes techniques qu’ils utilisaient par le passé. Chaque pays sans exception doit faire des changements.“
“Je pense que nous avons atteint un point de non-retour. Je ne pense pas que le Moyen-Orient sera le même. C’est un nouvel ordre qui se met en place. C’est une révolution qui est en train de se réaliser“, souligne pour sa part Fawaz Gerges.
Dans une région du monde où l’opposition, ces dernières années, se concentrait entre les mains d’activistes islamiques, la vague récente de mouvements de contestation a perdu son caractère religieux et rassemble une plus large part de la population.
Souvent très jeunes, les manifestants font montre de courage et de détermination et ne sont guère plus intimidés par l’arsenal de répression déployé par leurs dirigeants.
En Tunisie, la révolution est née d’une insulte et d’une claque assénée à un vendeur ambulant par une policière dans une ville de province, Sidi Bouzid. Mohamed Bouazizi, qui est mort après s’être immolé par le feu, aurait bien du mal à reconnaître son pays et sa région.
En Egypte, une marche pour protester contre la brutalité policière et le meurtre d’un militant Khaled Saïd, a donné le coup d’envoi à des manifestations qui ont eu raison du président Hosni Moubarak.
En Libye, c’est l’arrestation d’un militant des droits de l’homme à Benghazi qui a jeté le feu aux poudres alors qu’en Syrie, des manifestants pacifiques se sont rassemblés à Deraa pour demander la libération de 15 enfants, arrêtés pour avoir écrit des slogans en faveur de la liberté sur les murs.
Résultats : départ de deux dictateurs en Tunisie et en Egypte, un dirigeant soumis à rude épreuve en Libye, les jours au pouvoir semblent comptés pour le président du Yémen et le trône de plusieurs dirigeants arabes commence à chanceler.
Ces Etats n’ont pas seulement en commun des situations économiques et sociales. Ils partagent une langue et une culture qui leur a donné envie de reproduire les révolutions tunisienne et égyptienne. Et ce ne sont pas les concessions accordées jusqu’à présent qui semblent être en mesure de faire taire les appels au changement.
“Il ne s’agit pas seulement de pain, de beurre ou d’emplois. C’est plus que ça. Il s’agit de liberté dans la société, il s’agit d’avoir un gouvernement représentatif. Les gens veulent avoir leur mot à dire sur la manière dont les pays sont dirigés et comment leur société est gérée“, explique Fawaz Gerges.
Les anciennes révolutions ont porté au pouvoir des dirigeants qui avaient promis le changement. Mais la plupart d’entre eux ont fini par établir leur propre dynastie et se sont maintenus aux pouvoir en réprimant les manifestations et en n’hésitant pas à torturer et à arrêter arbitrairement les opposants, via une police secrète.
L’apparition de divisions au sommet de l’Etat, constatés en Egypte ou au Yémen, où des membres de l’armée ont rejoint les manifestants, pourrait constituer une nouvelle difficulté pour les dirigeants arabes.
Certains observateurs estiment que la Syrie va suivre le même chemin que le Yémen. Un analyste, familier des structures du pouvoir en Syrie, indique que la répression des manifestations à Deraa, dans le sud du pays, pourrait semer la division entre le président Bachar al Assad, qui a déjà fait quelques concessions, et son frère Maher, réputé plus radical.
“Le massacre de Deraa franchit une ligne qu’il est difficile de refranchir par la suite. Il y a une haine énorme“, estime-t-il. “Est-ce que la politique de main de fer va se heurter à la volonté de fer de la rébellion comme ce fut le cas en Tunisie, en Egypte et maintenant au Yémen? S’ils continuent à tuer des gens, ils sont en danger.“
Marine Pennetier pour le service français
Source : « L’express.fr » Le 26-03-2011
L’opinion publique: un nouvel enjeu en Tunisie
L’enjeu majeur auquel devra faire face ce troisième gouvernement de transition, comme tous les autres gouvernements qui lui succèderont en Tunisie, est celui de l’opinion.
Tandis que sous Bourguiba, l’opinion publique était, avec les mentalités, l’un des principaux axes de l’action gouvernementale, avec l’arrivée de Ben Ali en 1987, l’opinion est devenue une question négligeable.
L’opinion publique: cette inconnue du «benalisme» Bourguiba et ses ministres savaient agir sur l’opinion et la prendre en compte dans leurs décisions, le modèle dans lequel ils se plaçaient étant celui d’un Etat-instituteur. Avec Ben Ali, cette logique a disparu, l’Etat étant devenu un appareil au service des intérêts de ses chefs. Lorsqu’il prenait des mesures favorables au sort de la population, le gouvernement ne faisait que se prémunir contre un mécontentement excessif. La propagande ne servait pas à modeler l’opinion, mais à indiquer au Tunisien les limites de ce qu’il est permis de dire, le mètre-étalon de l’expression politique, le discours officiel en dehors duquel les sanctions devraient s’abattre, les frontières de la subversion. Le régime de Ben Ali, reposant sur la peur et non sur le consensus et l’adhésion de la population à un projet de société, n’a jamais eu besoin de jauger l’opinion et de la prendre en compte dans son action et dans sa communication. Sous Ben Ali, du fait de la terreur exercée par la police politique, l’opinion, bien qu’elle existât, était enfouie, latente, refoulée, et n’était donc en aucun cas un paramètre de la politique nationale. A quoi bon tenir compte de l’opinion du citoyen lorsque celui-ci est terrorisé à tel point qu’il est possible de lui imposer les mesures les plus injustes et les politiques les plus ignobles, le tout enveloppé dans une langue de bois perpétuelle?
Les premiers échecs de la transition C’est bien l’opinion, ce facteur inconnu, qui a causé la chute des deux premiers gouvernements postrévolutionnaires menés par Mohamed Ghannouchi. La raison de cet échec face à l’opinion est que tant les ministres issus du Rassemblement constitutionnel démocratique (Rcd) que les membres du gouvernement provenant de l’opposition n’ont jamais appris à évaluer l’impact de leur communication et de leurs décisions sur l’opinion publique. Pour ce qui est des opposants, ils ne se sont jamais adressés à la population tunisienne dans le cadre de leur lutte contre Ben Ali, mais plutôt aux instances internationales. Le paradigme dans lequel ils se plaçaient les empêchait de dialoguer avec la population, soit donc avec l’opinion. Cette incompétence absolue du personnel politique présent dans les deux premiers gouvernements de transition, en matière de communication et de gestion de l’opinion, s’illustre par des erreurs monumentales qui, accumulées, ont fini par les mener à leur chute. Ainsi, l’opinion a-t-elle été ignorée lorsqu’il s’est agi de maintenir dans le gouvernement des lieutenants de Ben Ali comme Morjane, Grira et Ghannouchi. C’est également au mépris de la volonté populaire que Mohamed Ghannouchi s’est maintenu à la tête du gouvernement après avoir été contraint par les manifestants de la Kasbah de limoger les ministres issus du Rcd, entachant par là même le deuxième gouvernement provisoire qui avait tous les atouts pour réussir, si ce n’est la présence inquiétante du Premier ministre de Ben Ali à sa tête. De même, si l’opinion publique réclamant la dissolution du Rcd, de la police politique et de la transparence au sujet des milices du Rcd, avait été écoutée plus tôt, les graves troubles que nous avons connus n’auraient pas eu lieu.
La vivacité d’une opinion critique dotée d’un bras armé La peur du citoyen ayant disparu, l’expression ayant été libérée, les Tunisiens, forts d’un sentiment de puissance et de souveraineté né de leur victoire face à «l’indéboulonnable» dictateur, sont aujourd’hui capables d’agir et d’exercer toutes les pressions pour obtenir satisfaction. Plus rien ne les arrêtera. Désormais, ce n’est plus la volonté du Prince, mais l’opinion publique qui fait et défait les gouvernements, la subordination de ce dernier à la volonté populaire étant le premier pas dans la marche vers la démocratie. Et c’est en ignorant l’opinion publique que les gouvernements dirigés par Ghannouchi ont failli à leur mission essentielle: rétablir la confiance. La confiance est en effet la denrée la plus rare en ces temps où règne la méfiance, dans un contexte de révélations et d’investigations relevant de la chasse aux sorcières. Tout homme politique tunisien voit aujourd’hui son passé et son action examinés à la loupe, et à la moindre incartade, au moindre soupçon l’opinion publique se déchaine sur lui, ayant été préalablement informée par la large diffusion instantanée que permet Internet. Faire de la politique est devenu un privilège accordé par l’opinion publique à celui qui aura su montrer patte blanche. La mise en œuvre des conditions de la confiance est donc le seul moyen de gagner l’opinion publique, nouvelle épée de Damoclès prête à s’abattre au moindre soupçon sur la tête des gouvernants. C’est là que réside le fondement de ce que doit être la communication politique et l’action gouvernementale. Or, le nouveau Premier ministre Béji Caïd Essebsi semble l’avoir bien compris. Dès son accession au pouvoir, M. Caïd Essebsi a cherché à gagner la confiance des Tunisiens, conscient de l’enjeu que représente l’opinion publique. Entre le franc-parler de ses discours, notamment en qualifiant Ben Ali de traitre et de déserteur (tandis que son prédécesseur Ghannouchi parlait du dictateur avec une révérence coutumière), et sa volonté d’attester de son adhésion à la révolution par des mesures audacieuses correspondant aux revendications de la rue (suppression de la police politique, dissolution du Rcd, etc.), le Premier ministre a su gagner les faveurs de l’opinion, et les groupes les plus sceptiques et les plus radicaux, voire quasi-anarchistes tels que Takriz lui ont accordé le «préjugé favorable» qu’il demandait. Le nouveau gouvernement a donc montré qu’il était animé par la volonté de tenir compte du facteur de l’opinion publique dans son action et dans sa communication. Il a aujourd’hui tous les atouts pour remplir avec succès sa mission: mener la Tunisie dans la transition vers la Deuxième République. Les défis qu’il va devoir relever sont nombreux: le maintien de la sécurité publique, doter à nouveau la Tunisie d’une position respectable sur la scène diplomatique, favoriser la relance de l’appareil économique tunisien, faire table rase des stigmates de l’ancien régime, assurer le bon déroulement des prochaines élections, etc. Mais le défi essentiel qui, s’il n’est pas relevé fera échouer toute action gouvernementale aussi judicieuse soit-elle, reste celui de l’opinion publique dans une société de citoyens critiques, méfiants et prêts à exiger par tous les moyens que les décideurs leur rendent des comptes. Ce défi de l’opinion est en effet devenu essentiel car le mécontentement de l’opinion publique est devenu le principal facteur d’instabilité, l’opinion étant son propre bras armé, la manifestation étant devenue le mode habituel de résolution des conflits entre une opinion défiante et blessée et un gouvernement « rebelle » qui inspirerait cette méfiance.
Source : « Kapitalis » Le 26-03-2011
Lien : http://www.kapitalis.com/afkar/68-tribune/3241-lopinion-publique-un-nouvel-enjeu-en-tunisie.html
Israël cherche à acheter les juifs tunisiens
Au moment où les tunisiens parlent plus que jamais de laïcité, de tolérance et de liberté de culte, le gouvernement Israélien cherche par tous les moyens de faire peur aux tunisiens de confession juive les incitant à quitter le pays pour s’installer en Israël !
Pour parvenir à ses fins, le ministère israélien de l’intégration essaye de manipuler ces tunisiens en leur sortant l’argument de l’insécurité et indiquant que « le changement de régime en Tunisie qui fait suite à la révolution de jasmin a conduit à l’islamisation du gouvernement et à l’augmentation de l’antisémitisme », et le document du ministère d’ajouter que « l’attitude des autorités actuelles est très inquiétante pour la communauté juive. »
Dans son édition du samedi 26 mars 2011, le site israélien JSS, explique la stratégie machiavélique du gouvernement israélien qui se prépare à offrir aux juifs tunisiens « une opportunité qu’ils ne peuvent pas refuser », ajoute la même source.
Il s’agit d’une intégration avec location d’appartement à prix préférentiel, peu ou pas de taxes pendant plusieurs années ainsi qu’un chèque mensuel important pour une période à déterminer.
Mais puisque ce genre de panier d’immigration existe déjà pour tous les juifs (ou descendants de juifs) qui décident d’aller vivre en Israël, peu importe leur pays d’origine, le ministère de l’intégration a décidé de montrer qu’Israël veut tout faire pour “acheter” ces tunisiens et ce en offrant une subvention exceptionnelle de 2.000€ de plus que pour tous les immigrants qui viennent de Tunisie !
Il est à rappeler que la communauté juive de Tunisie comprend actuellement près de 2.000 personnes. Pour finir il me plaît de reprendre la phrase de M. Gilles Lellouche, un tunisien de confession juive, qui a publié sur Espace Manager, le 16 janvier 2009, un billet dans lequel il a dit « Je suis heureux d’appartenir à ce pays qu’est la Tunisie. Oui je suis tunisien et je crache à la gueule du premier qui en douterai. Je vis ici chez moi et j’emmerde le premier que cela ennuie. »
Source : « Espace Manager » Le 26-03-2011
Pour sauver les derniers juifs de Tunisie, Israël sort le chéquier !
Israël se prépare à offrir aux Juifs vivant encore en Tunisie un panier d’intégration exceptionnel. Le but est d’offrir aux Juifs tunisiens une opportunité qu’ils ne peuvent pas refuser : une intégration avec location d’appartement à prix préférentiel, peu ou pas de taxes pendant plusieurs années et… un chèque mensuel important pour une période à déterminer.
Ce genre de panier d’immigration existe déjà pour tous les Juifs (ou descendants de Juifs) qui décident d’aller vivre en Israël, peu importe leur pays d’origine. Mais la menace plus ou moins importante qui pèse sur la communauté juive de Tunisie depuis la chute de Ben Ali fait craindre le pire, à moyen terme. C’est en tout cas l’avis de certains experts israéliens.
Le Ministère de l’Intégration va donc repousser ses maigres limites économiques pour montrer qu’Israël veut tout faire pour leur éviter le pire. A ce jour, entre 40 et 50 tunisiens ont déjà choisi de partir vivre à Jérusalem ou dans ses alentours. En offrant une subvention exceptionnelle de 2.000€ de plus que pour tous les autres immigrants, Israël propose un geste rare qui en dit long sur ses craintes.
« Le changement de régime en Tunisie qui fait suite à la révolution de jasmin a conduit à l’islamisation du gouvernement et à l’augmentation de de l’antisémitisme », explique un document du ministère. « L’attitude des autorités actuelles est très inquiétante pour la communauté juive. »
Roger Bismuth, président de la communauté juive en Tunisie, a déclaré pour sa part ne pas avoir noté de changement dans l’attitude du gouvernement envers les Juifs, et il n’a pas connaissance de plan de sauvetage. Mais il n’exclut pas son départ de la Tunisie dans les prochains mois. Ce genre de réaction, toutes proportions gardées, ressemble à ce que disent les juifs d’Iran. Sous couvert de grands sourires, ils sont exclus de la société et sont de sérieuses cibles potentielles des islamistes.
« Pendant la révolution, ils ont brûlé un sanctuaire d’un rabbin juif et il arrive que dans certaines synagogues, des gens rentrent et crient « Tuez les juifs ! », mais c’est une révolution tunisienne, pas une révolution anti-juive », a déclaré Bismuth, qui est un ancien membre du Sénat tunisien.
Pour pouvoir prendre la nationalité israélienne en bénéficiant d’un panier d’intégration, il suffit de prouver que l’immigrant a au moins une personne juive dans sa famille sur les 3 dernières générations (au moins un grand-père juif). Cette loi appelée Loi du Retour a été votée de la sorte en mémoire de toutes les personnes assassinées par les nazis car, bien que non-juifs, ils avaient des ancêtres juifs (sur trois générations).
Source: “JSS” Le 26-03-2011
Lien: http://jssnews.com/2011/03/26/pour-sauver-les-derniers-juifs-de-tunisie-israel-sort-le-chequier/
Les 10 mots de la révolution tunisienne
3. SEPT
La chasse aux “sept” a commencé. Ben Ali, comme chacun sait, était un brin superstitieux et croyait aux forces occultes (madame aussi). Arrivé au pouvoir le 7 novembre 1987 après voir fait venir sept médecins pour constater les défaillances de son prédécesseur, Habib Bourguiba, il en avait tiré l’implacable conclusion que le chiffre lui portait bonheur.
Inutile de préciser qu’en vingt-trois ans de règne, le rais a eu le temps d’essaimer son gri-gri. Les rues, avenues, places et monuments du 7 novembre ont envahi les endroits les plus reculés du pays. Les billets de banque, timbres, cartes d’identité ont tous été ornés du fabuleux chiffre.
La télévision nationale avait été glorieusement baptisée TV7, l’aéroport international de Tabarka, estampillé “7 novembre”. Même les épiceries, coiffeurs, pharmacies et autres petits commerces s’étaient mis à arborer un “7” sur leur devanture, histoire d’amadouer le puissant dictateur…
Aujourd’hui, bien sûr, on débaptise à tout va. Le groupe Facebook “Contre le ridicule culte du chiffre 7 en Tunisie” et ses 1351 amis sont en pointe sur le dossier. La compagnie aérienne Sevenair, née le 7/07/2007, a ainsi opté pour un plus neutre Tunisair Express. Idem pour TV7 qui a préféré se faire oublier avec l’impartiale : “Télévision tunisienne nationale”.
Les appellations les plus en vogues ? “Mohamed Bouazizi”, du nom du jeune marchand ambulant de Sidi Bouzid qui s’est immolé par le feu le 17 décembre. Ou mieux : le nouveau chiffre fétiche, celui du jour où Ben Ali a déguerpi. Dans la capitale, la place du 14 janvier (feue la place du 7 novembre) est désormais l’endroit où il faut s’arrêter. Même si, d’après nos calculs, 14, c’est toujours 2 fois 7.
Les chauffeurs de taxis s’emmêlent un peu les pinceaux. Mais ils en ont tiré une nouvelle maxime. “Avant, on disait qu’on savait où était la rue, mais pas la liberté. Maintenant, c’est le contraire”.
4. “Maîtrisard”
Envoyés spéciaux du Nouvelobs.com en Tunisie, nos trois reporters ont rapporté dans leur besace des petites provisions linguistiques : dix mots qui résument l’incroyable changement opéré dans ce petit pays depuis le 14 janvier dernier.
Inutile de chercher. Le mot n’est pas répertorié dans le Larousse. Mais en Tunisie, il est devenu le symbole d’une société sans avenir.
Les “maîtrisards”… C’est comme ça qu’on appelle les 150.000 jeunes gens qui, de l’autre côté de la Méditerranée, ont réussi à décrocher leur quatrième année à l’université, mais n’ont jamais pu trouver le moindre petit job. L’après-midi, à trente ans passés, ils s’entassent désoeuvrés à la terrasse des cafés de l’avenue Habib Bourguiba, au centre de Tunis. Le soir, ils retournent dormir dans le lit qu’ils avaient, enfants, chez leurs parents.
Le pays fabrique à la pelle des ouvriers pour les usines de textile de Sfax et des serveurs pour les hôtels de luxe d’Hammamet. Pas des cadres supérieurs qui soient capables de lire un bilan comptable ou de rédiger un contrat de travail. Ces dernières décennies, 23 universités flambant neuves ont poussé du Nord au Sud, d’Est en Ouest, dans toute la Tunisie. Des flopées de nouveaux diplômés en sortent chaque année. Mais leur titre n’a pas plus de valeur qu’un bout de papier.
On a dit que les “maitrisards” avaient été au coeur de la révolte, qu’ils avaient formé, dans les rues, le gros des bataillons des manifestants et derrière les ordinateurs, l’essentiel des blogueurs qui réclamaient le départ de Ben Ali
On a dit aussi que Mohamed Bouazizi, le vendeur ambulant de Sidi Bouzid qui s’est immolé par le feu le 17 décembre et a donné le coup d’envoi de la révolution, en était un, de “maîtrisard”. Ce n’était pas tout à fait vrai. Il n’était que bachelier.
Source : « Le Nouvel Observateur » Le 26-03-2011
Tunisie – Médias : Appel à l’ouverture des comptes de l’ATCE
Créée au début des années 90 par Slaheddine Maaoui, alors conseiller de Ben Ali, devenu en 1996 ministre du Tourisme et de l’Artisanat puis ambassadeur en Arabie Saoudite, l’Agence tunisienne de communication extérieure (ATCE) avait pour mission –non déclarée- de “soigner” l’image du pouvoir tunisien dans les capitales occidentales et de contrôler les médias de tunisiens en exerçant un chantage par la pub. Les budgets des entreprises et institutions publiques étaient gérés directement par l’ATCE et sous-tutelle directe de Abdelwaheb Abdallah. Mais Révolution oblige, les langues se délient sur le plan intérieur pour dénoncer les pratiques de l’agence.
Dans un récent édito,Taïeb Zahar, directeur de Réalités, a notamment écrit: «…Aujourd’hui, si l’on veut définitivement tourner la page et construire une presse digne de la révolution, il faut que les Tunisiens sachent comment a été dépensé leur argent. Sur quels critères cette publicité publique a été distribuée aussi bien aux journaux locaux qu’aux journaux étrangers, et pour quels usages? Quels étaient les mercenaires qui ont bénéficié de sommes d’argent pour faire de la désinformation ou harceler les opposants? Beaucoup de surprises nous attendent mais pour cela il faut que les pouvoirs publics jouent le jeu de la transparence».
Et de poursuivre: «De même, et loin de nous l’idée d’instaurer une chasse aux sorcières, il me paraît impératif au moment où nous venons juste de dissoudre la Police Politique de voir quels étaient les “confrères“ qui étaient payés pour faire de la délation. Certains faisaient des rapports quotidiens en contrepartie d’avantages de toutes sortes. C’est à ce prix seulement qu’on parlera d’assainissement du secteur et qu’on pourra distinguer le bon grain de l’ivraie. C’est à ce prix enfin que nous distinguerons les vrais journalistes des mercenaires qui, profitant de cette révolution, tentent de se retrouver une nouvelle virginité. Nous exigeons la vérité».
Source: “wmc” Le 26-03-2011
Les nouveaux visages de la démocratie tunisienne
Les fleurs du printemps tunisien sont en train d’éclore : pas moins d’une quarantaine de nouveau partis politiques sont en germe. Il y en aura de toutes les couleurs et pour toutes les ambitions, au point qu’on risque le trop-plein.
Islamistes de toutes les chapelles (ou mosquées), trotskystes, situationnistes, syndicalistes et, bien sûr, quelques rejetons du RCD, l’ex-parti unique, dissous et interdit, en quête de virginité : si la commission nationale pour la réforme politique fait le choix de la proportionnelle pour l’élection de l’Assemblée constituante (un point qui n’est pas encore tranché), le paysage politique risque de ressembler à une campagne désolée après l’explosion d’une bombe à fragmentation.
Mais c’est ainsi, pendant les 23 ans de la dictature de Ben Ali, la vie politique s’est fossilisée. Le réveil donne des ailes : les marxistes avaient à peine subi le contrecoup de la chute du mur de Berlin, aujourd’hui Hamma Hammami, le secrétaire général du Parti Communiste Ouvrier Tunisien (PCOT) confesse qu’il va proposer l’abandon du mot communiste, car le Tunisien moyen l’interprète comme “qui ne croit pas en Dieu”.
Bouillon de culture politique
Depuis le 14 janvier le principe de scissiparité est à l’oeuvre dans ce bouillon de culture politique qu’est devenue la Tunisie. Comme ailleurs, les regards sont rivés vers la Libye voisine, avec un mélange de fierté d’avoir montré le chemin à tant de peuples, et d’appréhension. Plusieurs dizaines de milliers de Tunisiens émigrés sont rentrés au pays grossir l’armée des chômeurs.
L’autre sujet reste l’identification (et le le jugement) des principaux prédateurs enrichis sous Ben Ali. La commission (encore une !) d’enquête sur la corruption et les malversations est présidée par le doyen de la faculté de droit de Tunis, Abdelfattah Amor, réputé incorruptible. Comme à peu près tout en ce moment à Tunis, sa composition a été durement critiquée, mais ses conclusions sont très attendues.
Les conclusions de la commission Amor et surtout la force de détermination des magistrats à “purger” le pays des corrompus auront un impact énorme sur un personnel politique expérimenté, mais largement entaché par l’étiquette “RCD”.
À gauche, ce sera aussi la valse des étiquettes. Mais le Parti démocrate progressiste
(PDP), qui a traversé bon an mal an les années de dictature malgré le harcèlement policier, représente la seule force capable de fédérer les sensibilités de la mouvance. Néjib Chebbi en est toujours le leader charismatique. S’il a abandonné la direction du parti, il est l’un des premier candidats déclarés à une prochaine présidentielle. Éphémère ministre du Développement régional nommé après la Révolution, il a dû démissionner pour respecter la règle fixée par le nouveau Premier ministre : ne compter aucun présidentiable dans son équipe. Certains pensent que son étoile a quelque peu pâli, mais il est un des rares opposants historique à jouir d’une grande expérience et d’un grand respect.
Faut-il avoir peur des islamistes ? Chaque Tunisien apporte une réponse différente à cette question à la mode, mais tous ou presque s’entendent sur un point : si on les considère toxiques, la seule façon de les affronter, c’est à la régulière : projet contre projet.
Le parti Ennahda, principal bénéficiaire de la transition
Principal bénéficiaire de la transition : le parti Ennahda (renaissance). Dès son retour d’exil, son leader Rachid Ghannouchi a annoncé qu’il laisserait la place aux jeunes. Une nouvelle génération qui se dit influencée par expérience de l’AKP turc se prépare à la relève. Le siège d’Ennahda est déjà une ruche. Samir Dilou est l’une de ses figures montantes. Responsable des relations internationales, il nous y reçoit et nous tient un discours remarquablement modéré. Officiellement, les islamistes d’Ennahda promettent de ne pas s’en prendre au Code du statut personnel (CSP), de loin le plus libéral de tous les pays musulmans. Mais beaucoup voient dans ce discours un simple souci tactique.
L’Association tunisienne des femmes démocrates regroupe des militantes chevronnées. Si elle était tolérée sous la dictature, Ben Ali a cherché en vain à l’instrumentaliser. Ces femmes symbolisent à merveille la fameuse exception tunisienne : dans le vaste hall d’entrée, des préservatifs sont à disposition. Les femmes battues y sont reçues et assistées. Sa présidente, Sana ben Achour, ne cache pas son envie de descendre dans l’arène
politique. C’est là, dit-elle, qu’il faudra faire prospérer et défendre les acquis féministes. Si elle est élue à la constituante en juillet prochain, elle proposera par exemple l’inscription, comme en France, de la parité en politique dans la nouvelle loi fondamentale.
Un climat “populiste”
Les élections du 24 juillet ne seront qu’une étape. C’est presque demain – et beaucoup de Tunisiens ressentent la peur du vide. Ce qui inquiète aussi, c’est le climat “populiste” qui s’est emparé du pays. La liberté d’opinion se consomme sans modération et les médias (surtout audiovisuels), qui donnent la parole au peuple, confondent parfois critique légitime et insulte ou dénonciation des corrompus et délation.
Les rues de la capitale sont le théâtre de nombreuses manifestations quotidiennes pour réclamer tout ce qui manque : emplois, salaires, logements… Depuis la fuite du tyran et de sa clique, le peuple est grisé par un sentiment de toute puissance. L’apprentissage des limites de la démocratie parlementaire ne sera pas une mince affaire. Mais pour l’instant, le mot d’ordre serait plutôt, au nom du réalisme, à demander l’impossible. On peut se rassurer en misant sur la légendaire modération des Tunisiens. C’est vrai qu’au plus fort de la libération, on n’a vu aucune tentation de lynchage.
En attendant juillet, le gouvernement de Caïd Essebsi mêle quelques jeunes loups à des “tempes grises”, comme Mouldi Kefi, nouveau ministre des Affaires étrangères. Sorte de grand-père jovial, ce diplomate de carrière a été tiré d’une retraite bien méritée. Il fait partie de ces commis de l’Etat qui ont su garder leurs distances avec une voyoucratie dont les méfaits et la cupidité se révèlent chaque jour un peu plus. L’avenir dira s’ils laisseront eux aussi la place rapidement ou si la deuxième république tunisienne leur demande encore de rendre quelques services.
Source : « France 24 » Le 26-03-2011
Du Pétrole à Bouhajla
A Bouhajla en Tunisie, des réserves de plus d’un milliard de barils de pétrole viennent d’être découvertes, selon une première évaluation du permis accordé par l’Etat tunisien à la société canadienne, DualEx Energy.
La société a déclaré que l’évaluation a montré une meilleure estimation combinée de réserves de l’ordre de 1,03 milliards de barils de pétrole. Elle a ajouté aussi que ‘’nulles réserves non prouvées, probables ou éventuelles n’ont été affectées à la même licence’’, une expression dans le jargon pétrolier pour signifier qu’il n’y a aucun problème.
Le PDG de DualEx Energy, Garry Hides, a précisé que l’objectif opérationnel actuel demeure Bouhajla Nord. “La société est en train d’évaluer les appels d’offres pour le choix de la compagnie qui sera chargée de l’étude sismique en 3D du site”, a-t-il ajouté.
Situé à Kairouan sur une superficie de 416 km², avec un investissement de 4 millions de dollars (5,2 millions de dinars tunisiens), “Bouhajla“ est un contrat de partenariat entre DUALEX Tunisie Inc et l’entreprise tunisienne d’activités pétrolières (Etap) pour la production de pétrole et de gaz.
Suite à cette découverte, et l’annonce faite par DualEx Energy, l’agence Reuters, a révélé que les actions de la compagnie, basée à Calgary, au Canada, ont grimpé, jeudi 24 mars 2011, de 40% à la bourse de Toronto.
Source: ”Tunivisions” Le 26-03-2011
Moncef Marzouki : «Je ne présenterai pas ma candidature au prochain bureau
… car je me suis toujours battu contre la personnalisation des institutions»
Docteur en médecine, Moncef Marzouki est aussi un militant de la première heure des droits de l’Homme. Il était de tous les combats pour instaurer en Tunisie la Ligue tunisienne des droits de l’Homme dont il était le président, et pour fonder le Comité national pour la défense des prisonniers d’opinion… Il paraît presqu’évident que Marzouki en a bavé avec le système Ben Ali. Son parcours de combattant s’est soldé par son exil.
Cela ne l’a pas empêché de poursuivre son chemin dans la ruée vers l’institution d’une démocratie en Tunisie. De retour depuis le 18 janvier, Marzouki ne compte en aucun cas rebrousser chemin pour remettre en marche son parti. Demain au Palais des Congrès de Tunis, se tiendra à 10h00 le premier meeting de son parti ‘’le Congrès pourla République’’ jusque-là interdit du temps de Ben Ali. Moncef Marzouki, en brossera le portrait à grands traits. Notre interview se veut un avant goût de ce meeting et un signe avant coureur d’un programme qui promet beaucoup pour notre avenir de Tunisiens. Marzouki nous en donne quelques étincelles.
Le Temps : Est-ce qu’on peut avoir une idée sur le programme du CPR que vous allez décliner demain ?
Moncef Marzouki : Je vais donner les grandes lignes du programme qui sera validé par le congrès du CPR les 24 et 25 juin prochains. Nous avons des commissions d’experts qui travaillent actuellement d’arrache-pied sur les questions sociales et économiques. On a quasiment 20 commissions décentralisées, qui planchent par exemple sur la question des dettes, une autre sur la réforme du système de santé, ou encore sur l’agriculture… Un véritable travail de fourmis qui sera par la suite avalisé par le congrès. Le plus important pour nous est de pouvoir réfléchir et de donner des propositions concrètes réalistes et réalisables, budgétisées pour éviter les promesses creuses. On ne fonctionne pas dans la démagogie. Il va sans dire qu’on manque de données, puisqu’elles ont été falsifiées ou inexistantes du temps de Ben Ali. Notre programme consiste par ailleurs, à instaurer un système d’audit pour récolter des informations correctes et des statistiques réelles sur la santé et l’éducation, etc.
Combien de partisans avez-vous jusque-là ?
Ce n’est pas le nombre des adhérents qui compte mais la qualité des personnes qui s’engagent avec nous. En 2001 lorsqu’on a créé le parti on était une trentaine de personnes. Ce nombre s’est rétréci aux pires moments de la dictature pour n’en rester que dix. Mais on est parvenu, bon gré mal gré, à donner des coups sérieux à Ben Ali et on a fait des appels à la Révolution à travers Facebook. Aujourd’hui, des centaines de personnes demandent à avoir leurs cartes, on a même un problème de logistique pour gérer le flux des adhérents potentiels, sauf que notre finalité n’est pas de distribuer des cartes mais de s’ouvrir sur les bonnes volontés des gens qui souhaitent travailler et réfléchir avec nous. On est très sélectif.
On a entendu dire que vous êtes sur le point de changer les membres de votre bureau exécutif. Qu’en dites-vous ?
Le bureau actuel est provisoire. C’est le congrès du 24 et 25 juin qui décidera de sa composition. Une chose est sûre est que ce bureau sera rajeuni et féminisé. Il y aura certainement une autre personne à la tête du CRP puisque je ne présenterai pas ma candidature. Car je me suis battu pour la non personnalisation des institutions. Chacun doit faire un mandat ou deux dans une structure et partir tout de suite après pour laisser la place aux autres. Je ne peux pas me permettre une chose que je refuse aux autres. Il faut rester en cohérence avec ses propres idées.
Comment allez-vous, dans ce cas, vous présenter aux présidentielles sachant que vous avez fait une déclaration à la presse française en ce sens ?
J’ai fait une déclaration à la presse française, à RTL précisément mais la question m’a été posée autrement et j’ai répondu en disant que je me suis présenté aux élections présidentielles en 1994 et j’en fus empêché par Ben Ali qui m’a mis en prison et donc je me présenterai encore une fois le jour où on aura une vrai constitution et que toutes les garanties des élections seront observées. Dans ce cas j’exercerais mon droit de citoyen, si jamais mon parti le souhaite. Mais je n’en fait pas une affaire personnelle encore moins une obsession. Le but pour moi est d’asseoir mon parti et de l’amener à bon port. Car les forces politiques sont un élément fondamental de la construction démocratique. Bien avant il faut attendre pour savoir quel régime va-t-on choisir. Personnellement, je suis pour un régime mixte parlementaire et présidentiel, qui ne donne pas la possibilité à un président de devenir dictateur ou à un premier ministre de l’être autant, puisque le pouvoir exécutif est partagé, le parlement a beaucoup de pouvoir et la magistrature est indépendante du pouvoir exécutif.
Que pensez-vous du débat sur la laïcité ?
C’est un débat empoisonné car il y a une confusion chez bon nombre de Tunisiens qui croit que la laïcité veut dire athéisme. Je me considère comme un musulman laïc. Je me suis toujours opposé à un Etat religieux à l’iranienne où on impose une tenue vestimentaire à la femme et j’ai toujours été contre l’Etat laïque de Ben Ali qui ne permettait pas aux femmes qui le souhaitent de porter le voile. Je suis pour un Etat civil qui protège les droits de tout un chacun, les croyants et les non-croyants et n’exerce aucune pression sur les droits des uns et des autres.
On remarque, par ailleurs, que les contours d’un panarabisme se dessinent aujourd’hui. Qu’en dites-vous ?
Le panarabisme de la pensée dictatoriale des années 50, 60 et 70 a fait son temps. Ses partisans étaient sous l’emprise d’une pensée totalitaire qui se fait avec des hommes providentiels comme Jamel Abdennasser ou Saddam Hussein et sous la coupe d’un Etat à la Bismarck comme l’Egypte. Personnellement, je suis pour un panarabisme de la pensée démocratique, car je suis un panarabiste non nationaliste. C’est que je suis pour une unité arabe qui garde les spécificités de chaque pays, comme la tendance arabo-amazigh chez les Marocains ou encore la spécificité islamo-chrétienne chez les Libanais. Nous sommes unis par la langue même si chaque pays a son dialecte, et surtout par l’affect. Rien ne nous empêche de créer un espace économique ouvert puisque les dictateurs sont partis ou sont sur le point de le faire. Ce sera ainsi une unité pour la diversité et le respect des spécificités et non pas une unité égocentrique.
Pensez-vous qu’il y a déjà un panarabisme des peuples qui s’est manifesté avec cet élan de solidarité sans pareil qu’on a observé suite aux révolutions tunisienne et égyptienne ? Croyez-vous que l’Occident est en face à une opinion publique arabe qu’il se doit de prendre en considération ?
L’Occident ne peut plus appuyer des dictateurs car les peuples arabes se sont réveillés. Il est dans l’intérêt de l’Occident aujourd’hui d’aider les pays arabes dans leur transition vers la démocratie autrement les peupels arabes vont le prendre pour un obstacle à sa liberté.
En Tunisie, il est vrai qu’on a vécu des moments euphoriques aux premiers moments de la Révolution mais tout suite après on s’est rendu compte qu’il faut qu’une révolution des mentalités s’opère sous nos cieux. Est-ce que vous êtes de cet avis ?
La Révolution tunisienne s’est opérée au niveau des mentalités, car les gens sont parvenus enfin à franchir le seuil de la peur en prenant conscience qu’il y a un dictateur et un régime répressif à abattre. Cette révolution a son côté positif mais aussi a des effets pervers. Mais il faut s’y attendre car les gens ont toujours été empêchés de parler et du coup ils vont se mettre à dire n’importe quoi. Il nous faut simplement un temps d’adaptation pour que le paysage politique dans notre pays prenne forme. Du temps de l’ancienne dictature il y avait seulement trois partis qui représentaient la vraie opposition : Le CRP, le PCOT et Ennahdha. Aujourd’hui, on en a plus que quarante ! C’est très normal. Au Japon après la guerre il y avait presque 500 partis il n’en est resté que trois. Au Portugal suite à la Révolution, il y avait 80 partis. Aujourd’hui il y en a quatre ou cinq seulement. Il faut laisser au temps de faire son œuvre et d’accepter une phase quelque peu chaotique. Je donnerais à la Tunisie, à tout cassé, deux ans pour qu’elle retrouve ses marques. Je suis très fier de cette Révolution et très optimiste pour son avenir. Aujourd’hui la classe politique est extrêmement responsable, même quand on est des rivaux on discute et ça c’est très tunisien
Source: “Le Temps” Le 26-03-2011