AFP: Italie: des semaines d’attente angoissée pour les boat people tunisiens AP: Immigration: Rome accorde une aide de 150 millions d’euros à la Tunisie AFP: Tunisie/immigration:financement 80 M€
Reuters:
Egypte, Tunisie: les troubles ont pesé sur le transport aérien
AFP: Italie/débarquements clandestins: alerte maximale des capitaineries de port
REVUE DE PRESSE
Italie: des semaines d’attente angoissée pour les boat people tunisiens
Immigration: Rome accorde une aide de 150 millions d’euros à la Tunisie
Tunisie/immigration:financement 80 M€
Italie/débarquements clandestins: alerte maximale des capitaineries de port
Egypte, Tunisie: les troubles ont pesé sur le transport aérien
Les manifestations et changements de régimes en Tunisie et en Egypte, pays qui dépendent fortement du tourisme, ont eu un effet prononcé sur le transport aérien, avec au moins 100.000 sièges par semaine en moins vers et en provenance de ces deux pays.
Même si la situation se normalise peu à peu, l’extension des troubles à des pays du Moyen-Orient, ainsi que les affrontements armés en Libye, ont poussé les compagnies aériennes à revoir leurs plans pour la période touristique d’avril.
Lors de la semaine ayant précédé le départ de l’ancien président tunisien Zine ben Ali, le 14 janvier, les compagnies aériennes ont effectué 733 vols vers ou en provenance de Tunis, pour un total de 107.000 sièges, selon un rapport du cabinet Innovata, spécialiste des données sur l’aviation, dont Reuters a obtenu l’exclusivité.
Entre cette semaine et la même semaine au mois de mars, période de grande incertitude suivant la chute du président égyptien Hosni Moubarak et le début de la révolte en Libye, 57 vols hebdomadaires sur Tunis ont été suspendus, avec 9.400 sièges de moins chaque semaine.
Ces modifications se traduisent par un recul de 6,2% du nombre de kilomètres par siège disponible, une mesure de la capacité des compagnies aériennes en fonction des distances parcourues.
La compagnie la plus affectée est logiquement Egyptair, avec 51% de réduction des capacités. Emirates, basée à Dubaï, et Alitalia viennent ensuite.
Toutefois, Saudi Arabian Airlines a relevé de 35% le nombre de sièges disponibles vers la Tunisie, tout en maintenant six vols par semaine.
Il n’empêche que les troubles en Afrique du Nord viennent à leur tour affecter un secteur du transport aérien qui a déjà dû compter avec un hiver particulièrement rigoureux dans l’ensemble de l’Europe et qui subit l’impact de la flambée des prix des carburants.
BAISSES PRÉVUES POUR AVRIL
Ces chiffres n’indiquent pas le taux de remplissage des appareils, ni le nombre d’annulations de vols au jour le jour.
L’industrie touristique tunisienne, première source de devises du pays, s’est en tous les cas trouvée paralysée en février. Le secteur représente plus de 6% de l’économie nationale et emploie à peu près 400.000 personnes sur une population totale de 10 millions.
L’économie égyptienne aussi est presque passée au point mort durant les manifestations qui ont débuté le 25 janvier, et certaines de ses principales sources de devises, notamment le tourisme, se sont taries.
Entre le 11 janvier et le 11 mars, 776 vols à destination ou en provenance du Caire ont été supprimés, soit 32% du total, selon Innovata.
Le nombre de sièges disponibles à reculé de 28%, ou de presque 30% une fois ajusté des distances parcourues. A elle seule, Egyptair représente 85.000 des 110.000 sièges en moins chaque semaine entre le 11 janvier et le 11 mars.
Alitalia, Air France et Emirates ont toutes réduit leurs capacités de 40% à 50%, mais Lufthansa n’a modifié ni le nombre de vols ni le type d’appareils les effectuant.
Le 4 mars, la fédération allemande des voyagistes DRV estimait que le tourisme reprenait rapidement vers la Tunisie et l’Egypte mais le ministre tunisien du Tourisme a également laissé entendre que les arrivées dans le pays chuteraient de 40% en 2011.
Le pic de la saison touristique en Tunisie a lieu entre avril et juin.
L’incertitude demeure et se reflète dans les calendriers détaillés et les programmes de capacité des compagnies.
Avant même le début des frappes en Libye la semaine dernière, Air France et Emirates avaient déjà fortement revu à la baisse les capacités programmées vers Tunis pour le mois d’avril.
A plus long terme, le transport aérien pourrait, selon des analystes, profiter d’un essor de l’investissement en Afrique du Nord une fois qu’elle se sera stabilisée mais l’échéance d’un tel développement reste encore très incertaine.
« Election de l’Assemblée constituante en Tunisie :
Expertise juridique et enjeux politiques »
Les 10 mots de la révolution tunisienne – 2. « Dégage »
Envoyés spéciaux du Nouvelobs.com en Tunisie, nos trois reporters ont rapporté dans leur besace des petites provisions linguistiques : dix mots qui résument l’incroyable changement opéré dans ce petit pays depuis le 14 janvier dernier.
DEGAGE
L’histoire officielle de la révolution tunisienne se souvient du premier « dégage ! ». Celui de la rue hurlante qui avait poussé Ben Ali à prendre la poudre d’escampette et le premier avion venu dans l’après-midi du vendredi 14 janvier. Elle a oublié le second. C’était à l’aube du lundi 18 janvier, 48 heures après la fuite du raïs. Comme si rien ne s’était passé, Alya Abdallah, la sémillante présidente de la Banque de Tunisie, quinqua à la coupe au carré et au cou perlé, comme on en croise des centaines sur la rive-droite parisienne, s’apprête à rejoindre ce matin là son bureau moquetté, rue de Turquie, dans le centre de Tunis. Mais son chauffeur doit stopper la berline avant d’être arrivé au parking. Plusieurs centaines de salariés l’attendent avec un cérémonial désormais bien rodé. Hymne national à fond, épaules recouvertes du drapeau tunisien et panneaux ornés du mythique mot : « Dégage ! ». La dame n’essaye même pas de négocier. Marche arrière toute. Il y a quelques semaines encore elle était dépeinte dans les gazettes comme la « businesswoman » montante, celle qui faisait la pluie et le beau temps dans le monde des affaires tunisiennes. Elle n’est plus aujourd’hui que l’épouse détestée du non moins détesté ministre des Affaires étrangères de Ben Ali (Abdelwaheb Abdallah) et l’employée de l’encore plus détesté beau-frère (Belhassen Trabelsi). Deux « Dégages ! » en deux jours, c’était parti. La liste désormais est longue comme un jour sans baklava. Ministres, gouverneurs, patrons, fonctionnaires… Tous les « bénalistes » sautent les uns après les autres sous les hourras et les « dégage ! ». Les révolutionnaires égyptiens ont tenté d’importer le mot. Mais à en croire une mauvaise langue de Tunis qui tient à ce que le terme reste une marque déposée de son pays, ils prononceraient « dégaze ! ».
Source : « Le Nouvel Observateur » Le 25-03-2011
Tunisie: les mille et un défis du premier ministre intérimaire
Économie flageolante, spectre du parti tentaculaire de Ben Ali, question lancinante des islamistes, élection à risque dans quatre petits mois: à 84 ans, le Premier ministre tunisien Béji Caïd Essebsi a une longue liste de défis à relever pour gérer une révolution de jeunes et une démocratie naissante.
Plusieurs fois ministre du temps d’Habib Bourguiba mais aussi président de la Chambre des députés sous Ben Ali, Béji Caïd Essebsi ne se sent pas du tout en décalage avec les jeunes qui, dans la rue et sur l’internet, ont poussé Zine El Abidine Ben Ali vers la sortie après 23 ans de règne autocratique: «La génération internet, c’est celle de mes petits-enfants mais la jeunesse, c’est un état d’esprit pas un état civil», dit-il à l’AFP.
À coup de manifestations permanentes, la rue a exigé et finalement obtenu l’élection d’une assemblée constituante, à charge pour le deuxième Premier ministre de l’après-Ben Ali d’organiser ce rendez-vous crucial. La date du 24 juillet a été arrêtée mais beaucoup commencent à juger ce délai trop court.
«C’est difficile mais c’est un délai raisonnable, presque six mois après la révolution du 14 janvier (chute de ben Ali). Il ne faut pas s’éterniser dans le provisoire», concède M. Caïd Essebsi, en poste depuis un mois et qui affirme «ne pas avoir l’intention de changer la date». Pour l’instant.
Conscient qu’il est temporairement en poste jusqu’aux élections et sous surveillance permanente des jeunes «gardiens» de la révolution de janvier, il n’écarte toutefois pas l’hypothèse d’un report «s’il y a un consensus le plus large possible»
Car, à part le vieux mouvement islamiste Ennahda récemment légalisé, les tout nouveaux partis légalisés qui ont fleuri «ne sont pas au meilleur de leur forme» pour se préparer au scrutin, dit-il.
Pour lui, la nouvelle Tunisie n’en est qu’au début: «La révolution ce n’est pas la démocratie, ce n’est que la première porte. Il faut ramer pour aller à la démocratie». «Il y a évidemment des risques de dérives, ceux qui sont aux responsabilités doivent être vigilants. Nous le sommes», assure-t-il, non sans exclure de possibles «accidents de parcours».
Avec ses deux millions de membres revendiqués, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti de Ben Ali, pourrait-il constituer un obstacle sur la route de la démocratie, bien que dissous sur le papier par la justice? Béji Caïd Essebsi ne le pense pas même s’il «peut renaître de ses cendres» sous une autre appellation. «Certains y travaillent».
Est-ce un risque pour la démocratie balbutiante? «Pas du tout», assure-t-il dans une quasi-plaidoirie pour l’ancien parti qu’il estime avoir été dévoyé par le clan Ben Ali: «Beaucoup de patriotes en ont été écartés, et dans le RCD, il n’y a pas que des monte-en-l’air».
«Ce n’est pas en trois ou quatre mois qu’il se refera une virginité», dit-il encore, en excluant une chasse aux sorcières: «Je ne crois pas à la justice expéditive et collective», et préconisant juste un «coup de tamis» de l’appareil judiciaire.
Quant au péril islamiste dans un pays arabo-musulman pionnier sur le droit des femmes, il n’y croit pas. «Ce courant ne peut être combattu que par un mouvement d’idées. La majorité des Tunisiens, si on leur propose un autre choix que la dictature ou l’islamisme, iront vers des formations moyennes», analyse-t-il.
C’est lui qui en tout cas s’est récemment et personnellement opposé à la légalisation du mouvement islamiste Hezb et Tahrir, «un parti xénophobe».
Malgré une croissance «presque à zéro», le libéral Béji Caïd Essebsi sait enfin que l’avenir démocratique du pays se joue largement sur sa capacité à répondre aux revendications sociales de millions de gens en désespérance: «La Tunisie retravaille et nos exportations ont augmenté de 5% pendant la période de la révolution».
Source: “Cyberpresse” le 25-03-2011
Tunisie : qui a fait la révolution ?
La révolution tunisienne n’est pas une simple révolution libérale. Les manifestations qui ont conduit à la fuite de Ben Ali ont aussi cherché à entraîner une requalification profonde des rapports sociaux, vouée à s’inscrire durablement dans le tissu social tunisien. Le 24 janvier 2011, alors que les caméras sont toutes fixées sur le palais du gouvernement, assiégé par des milliers de personnes, une foule de vacataires se concentre devant le siège de l’Agence tunisienne de la formation professionnelle (ATFP) pour réclamer régularisations et augmentations de salaires. Protestant contre des conditions de travail extraordinairement précaires et l’absence de réelle couverture sociale, ces formateurs, titulaires d’une maîtrise voire d’un doctorat, réclament un bouleversement des rapports sociaux et hiérarchiques au sein de l’agence ; qui dépasse de loin les revendications entendues à la Casbah. Ce rassemblement spontané se répète rue après rue, devant chaque bâtiment officiel de Tunis. Venus de tout le pays, les diplômés précaires qui se pressent devant les grilles de l’ATFP sont issus d’une classe sociale traversée par la contradiction entre un haut capital culturel et une forte précarité économique et sociale. Une discordance qui a été poussée à l’extrême dans la Tunisie des années 2000, où l’investissement massif dans l’enseignement supérieur initié par Bourguiba et perpétué par Ben Ali ne s’est pas accompagné d’une adaptation en conséquence du tissu économique, resté, dans le cadre de la division internationale du travail, orienté sur l’industrie classique (textile notamment) ou la sous-traitance de services pour l’Occident (centres d’appel par exemple). Bien que les rassemblements les plus visibles aient eu lieu à Tunis, où se concentrent les symboles du pouvoir, le terreau de la révolution tunisienne se situe bien à l’intérieur des terres, rural et déshérité. Mohammed Bouazizi, devenu un héros national, était originaire de Sidi Bouzid, bourgade agricole de 40 000 habitants du centre de la Tunisie, tandis que c’est à Sousse, Gafsa, Sfax et Béja que les premiers manifestants ont commencé à faire trembler le régime de Ben Ali. La transformation de cette puissance populaire en un pouvoir politique effectif, durable et enraciné, est aujourd’hui le vrai défi. Les premières revendications sociales ont été écoutées. Le nouveau pouvoir choisira-t-il pour autant la voie de réformes structurelles originales, ou se contentera-t-il de répliquer les schémas imparfaits de nos démocraties occidentales ? La porte est étroite.
Source : « L’humanite » le 25-03-2011
Lien : http://www.humanite.fr/25_03_2011-tunisie-qui-fait-la-r%C3%A9volution-468650
Tunisie: 400 MDT de pertes pour les entreprises, selon UTICA
400 millions de dinars. C’est l’estimation faite par Hammadi Ben Sedrine, président du bureau exécutif provisoire de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’Artisanat (UTICA), des pertes subies par les entreprises dues aux actes de vandalisme, de pillage, d’incendie, de sit-in et autres grèves observées durant la période de la révolution tunisienne.
Et M. Ben Sedrine d’appeler, par conséquent, « à indemniser, le plutôt possible, les entreprises touchées, afin qu’elles puissent reprendre leurs activités », écrit la TAP, tout en soulignant que tout retard dans le processus de paiement de ces entreprises est de nature à exposer « des dizaines de milliers d’employés au chômage.
Par ailleurs, le président du BE de l’UTICA affirme que les “sit-in et manifestations ont été à l’origine du départ de certains investisseurs de la Tunisie et ont même dissuadé d’autres promoteurs étrangers à s’installer dans le pays“. Voilà une lecture -différente de celle des ministres-, de la situation des investisseurs étrangers en Tunisie.
Au chapitre des négociations sociales, M. Ben Sedrine indiquera que l’UTICA y prendra part, mais avertit toutefois que « la situation actuelle n’est pas favorable aux augmentations de salaires ».
Quid des élections pour le renouvellement des structures de l’UTICA? Pas d’inquiète à ce sujet, affirme M. Ben Sedrine, “elles se dérouleront dans un climat d’ouverture, de démocratie et de transparence totale ». Ecartant par la même occasion toute idée de “favoritisme ».
Source: ”wmc” Le 25-03-2011
La Tunisie entre la peur du chaos et l’envie de démocratie
En trois semaines, les Tunisiens ont fait tomber leur dictateur. Le 14 février 2011, après plusieurs manifestations durement réprimées, le président Ben Ali – au pouvoir depuis vingt-trois ans -, a fui et trouvé refuge en Arabie Saoudite. C’était le début de la «révolution de jasmin ».
Où en est-on? Le 27 février, à la suite de nouvelles manifestations, le peuple tunisien obtient la démission du Premier ministre Mohamed Ghannouchi, dont le gouvernement provisoire était jugé trop proche du Président déchu Ben Ali. « Je ne suis pas l’homme de la répression et ne le serai jamais », a-t-il déclaré en jetant l’éponge sous la pression de la rue. Il est remplacé par Béji Caid Essebsi, qui devrait assurer une transition démocratique vers de nouvelles élections, prévues pour le mois de juillet.
Ce nouveau Premier ministre, connu pour son ouverture d’esprit, doit être le garant d’un gouvernement pluriel. Il devra également apporter une réponse rapide aux urgences sociales longtemps étouffées, comme la lutte contre le chômage et contre le clientélisme.
A la mi-février, le Conseil national pour la protection de la révolution (CNPV) a été créé. Cette assemblée regroupe tous ceux qui s’opposaient au gouvernement Ghannouchi, ou du moins s’en méfiaient: les islamistes d’Ennahda, le conseil de l’ordre des avocats, l’UGTT (la principale centrale syndicale), la Ligue tunisienne des droits de l’homme et l’extrême gauche. Le CNPV exige un pouvoir décisionnel dans l’élaboration des législations pendant la période de transition. Il ne reconnaît au gouvernement provisoire que “l’exécution des affaires courantes”.
La nouvelle commission consultative, avalisée par Essebsi, devra non seulement modifier les textes pour assurer un scrutin transparent, mais aussi trancher entre les tenants d’une élection présidentielle et ceux qui souhaitent l’élection d’une assemblée constituante, voire un référendum. La deuxième option paraît être la plus probable. Ce qui est certain, c’est que le peuple (en particulier dans les régions du centre, là où tout a commencé), ne veut pas que le débat institutionnel traîne au détriment d’une reprise en mains de la situation économique du pays.
La méfiance populaire reste d’ailleurs de mise. Même le comité de protection de la révolution « est loin d’avoir l’aval de la population », relaye le blog Ma Tunisie sans Ben Ali, qui explique que « les partis d’opposition, censés être à l’image du pluralisme idéologique des Tunisiens, sont, pour la plupart, inconnus du peuple ».Les Tunisiens restent vigilants dans cette phase cruciale.
Source: ”Le Vif” Le 25-03-2011
La laïcité en Tunisie : le grave malentendu
A propos d’une dialectique peu maîtrisée, principale cause des tensions actuelles qu’il faut très vite apaiser au nom de l’unité de la nation.
En Tunisie, le débat neuf autour de la place de la religion dans la sphère publique revêt une importance vitale car il conditionne directement l’unité nationale, atout essentiel pour réussir la reconstruction du pays. Face à de tels enjeux, l’État a décidé de ne rien décider, renvoyant ainsi la «patate chaude» à la société civile. A l’initiative d’associations et de partis politiques, une campagne «pour la laïcité» a été lancée et a vite tourné en confrontations ouvertes, aussi prévisibles que regrettables, entre deux camps.
Laïcité ou laïcités? La définition littérale et originelle de la laïcité renvoie au principe de la séparation du civil et du religieux dans l’État. Aujourd’hui, la laïcité dépasse largement ce cloisonnement du politique et du religieux; elle est interconnectée avec les enjeux d’identité nationale. La France passe à la fois pour un pays précurseur et radical de la laïcité. Elle est l’un des rares pays où le principe de laïcité est inscrit dans la constitution et elle est même un des fondements du pacte républicain. L’État a ainsi l’obligation de ne pas intervenir dans les convictions de chacun et de garantir l’égalité de tous devant la loi, quelle que soit sa religion. Les réalités en Europe sont plus disparates. En Grande-Bretagne, Grèce, Danemark et Finlande, la religion officielle est financée et organisée par l’État. En Italie, Pays-Bas, Suède, Portugal, Espagne, Italie ou Irlande, il y a bien séparation de l’église et de l’État mais la religion historique y est privilégiée. Tous ces pays ont pour point commun d’avoir su ajuster leur modèle de laïcité en fonction de leurs enjeux nationaux du moment. Aujourd’hui, la laïcité suscite encore des débats permanents et, à cet effet, elle est non dénuée d’ambiguïté. Avec la pression migratoire dans les grandes démocraties et le large écho de nouvelles sensibilités (exemple: l’islam en France qui s’est imposé comme la deuxième religion), les enjeux se sont déplacés de la sphère religieuse vers la sphère culturelle et identitaire. Dans le contexte moderne, la laïcité est davantage le porte étendard de la préservation de l’identité nationale. Les références régulières aux origines chrétiennes de la France contenues dans les discours du président Sarkozy participent à cette logique.
La Tunisie n’a jamais été un État laïque! Ce truisme historique est lourd de sens pour des millions de Tunisiens qui se définissent d’abord comme musulmans! La constitution de 1956 déclare que l’islam est la religion officielle de l’État et dispose que le président doit être musulman (articles 38 et 40). Dans le même temps, le gouvernement contrôle et subventionne les mosquées et paie les salaires des imams. Le président nomme également le mufti de Tunisie qui est lui-même le chef officiel des pèlerins au Haj. Les fêtes religieuses musulmanes sont considérées comme des jours fériés (Aïd el-Kebir, Aïd el-Fitr, le nouvel an de l’hégire, etc.) Comme le rappelait mon confrère Samy Ghorbal dans un récent article publié par Kapitalis, «Le Pacte national, signé en novembre 1988, par l’ensemble des forces politiques et associatives du pays, proclame solennellement l’attachement aux – valeurs arabo-islamiques spécifiques – de la Tunisie». Ben Ali ne ponctuait-il pas ses discours de sourates du Coran? Les partis religieux ne sont-ils pas autorisés? Y a-t-il égalité des droits entre les citoyens en fonction de leurs appartenances religieuses et ethniques (conversion obligatoire lors d’un mariage d’une musulmane avec un non-musulman, droits civiques…)? La morale religieuse n’est elle pas la norme? Certes, le code pénal tunisien n’a pas consacré le délit de blasphème. Néanmoins, la construction pénale réprime régulièrement sur la base des textes portant sur «l’atteinte à la sûreté de l’Etat et la tentative de subversion intérieure». Même si, à l’évidence, les rapports entre l’État tunisien et la religion musulmane ont toujours été ambivalents, une réalité immuable s’impose à tous: le pacte républicain tunisien s’est toujours fondé sur l’islam (et non la laïcité), seule religion officielle tout en reconnaissant l’exercice libre des religions. Dans le contexte actuel de la Tunisie, revendiquer la laïcité c’est prendre le risque d’une rupture avec des générations d’hommes et femmes attachées à cet islam d’ouverture et de partage. C’est au nom de ces mêmes valeurs que ce peuple a toujours vécu en harmonie sur son sol avec les adeptes des autres religions, a accueilli avec tolérance depuis 30 ans près de 150 millions de touristes, héberge avec hospitalité une centaine de milliers d’étrangers sur son sol et vient de courir au secours de milliers de réfugiés à la frontière libyenne…
Changer le mot d’ordre: «pour la laïcité» en «contre l’intégrisme». Au lendemain des premières prises de parole publiques des leaders de partis religieux, des manifestations en faveur de la laïcité ont vu le jour un peu partout dans la république. Auparavant, des groupes poursuivant la même cause s’étaient créés sur Facebook. Cette campagne n’a pas eu la mobilisation populaire escomptée mais, plus gravement, elle a viré aussitôt à l’affrontement physique avec les «anti». Il faut dire que la dialectique employée n’a pas été très opportune. En évoquant la laïcité, les militants envoient le message d’une opposition à l’islam de Tunisie, l’Adn de notre identité. C’est cette représentation dominante que l’on peut lire ainsi sur les forums internet consacrés: «Je suis fier d’être tunisien et musulman… Je suis contre la laïcité». Le fait que ce combat soit porté quasi-exclusivement par des citadins, femmes, artistes et catégories professionnelles moyennes à supérieures, au style de vie réputé occidental, ajoute à la défiance de la vox populi. Pourtant, l’analyse du discours des militants de la «cause laïque», dégage un très large consensus autour de la conservation, dans l’espace public, d’un Islam modéré et fidèle à nos traditions, dans le respect des libertés individuelles de conscience (autres religions, athéisme…). Aucun n’est, par exemple, contre la célébration collective des fêtes musulmanes, le respect de la pratique du ramadan, l’enseignement du Coran à l’école… bien au contraire! En définitive, il s’agit moins de laïcité que de régler le curseur de la pratique de l’islam de Tunisie que personne ne souhaite remettre en cause (exception faite des fondamentalistes). A terme, ce quiproquo risque de faire le jeu des radicaux religieux qui ne manqueront pas de brandir la menace sur notre patrimoine identitaire et fustiger ces «kouffars» (infidèles) de «laïcs» («âlmaniyin»). Pour se prémunir contre ce risque, il faudrait très vite que la société civile redéfinisse ses prises de position autour d’une stratégie articulée autour des actions suivantes: – lever toute ambivalence en rappelant l’attachement des «laïcs» aux racines musulmanes de la Tunisie. Ensuite, sur l’exemple des femmes algériennes, pendant leur combat contre le Front islamique du salut (Fis) des années 2000, il faut viser et dénoncer directement l’intégrisme religieux (et ne plus parler de combat pour la laïcité) ; – donner du contenu au débat. Comment se décline la religion au quotidien aujourd’hui dans notre république? Quels sont les ajustements raisonnables et ceux qui sont déraisonnables? – enfin, impliquer des théologiens et imams, modérés et disposant d’une grande légitimité, pour rappeler et consolider le cadre de l’islam en Tunisie.
Une belle opportunité pour la société civile… et les partis En Europe centrale et orientale, la société civile a connu une forte expansion à la fin des années 1980 quand les groupes de base se sont opposés au régime communiste. Dans certains pays d’Amérique latine et d’Asie, la société civile s’est développée en opposition à la dictature. La société civile en Tunisie détient là une première et grande opportunité pour se structurer et se développer en opposition à une cause commune: le radicalisme religieux sous toutes ses formes. Pour l’avenir et dès les prochaines élections, l’identité nationale va demeurer un enjeu électoral essentiel. Dans cette perspective, il est souhaitable que tous les partis politiques républicains apportent très vite leur contribution au débat public
Source : « Kapitalis » Le 25-03-2011
Tunisie: Abdelfattah Mourou, l’autre illusionniste!
Les islamistes… s’il y a un courant politique qui accapare aujourd’hui le regard (et l’inquiétude) des Tunisiens, c’est bien celui-ci. Particulièrement Ennahdha qui verse dans les manœuvres politiques à fond les boulons. Et quand l’une des grosses têtes (et des grandes gueules) de ce mouvement se voit offrir plus d’une bonne heure sur une télévision tunisienne à une heure de grande écoute pour vendre sa marchandise, on doit faire l’effort de comprendre et de lier alpha à oméga.
Nous affichons à cet égard notre crainte que Cheikh Abdelfattah Mourou n’aurait plus rien en stock puisqu’il a tout vendu en bloc à ses quatre interlocuteurs. Imaginez un bébé de trois mois, disant »areu » et riant de toutes ses fossettes devant un public qui est en train de fondre de tendresse! C’est exactement ce qui s’est passé entre Mourou et les quatre journalistes censés le cuisiner et le pousser à se dévoiler en profondeur.
Pourtant, l’illusionnisme, on connaît; rien dans les mains, rien dans les poches mais vos yeux (qui ne parviennent pas à suivre le mouvement) sont abusés sans autre forme de procès. On le connaît avec une autre grosse tête du mouvement islamiste: Cheikh Rached Ghannouchi, qui est venu il y a quelques semaines avec un joli tour de passe-passe en annonçant, est qu’il ne se présentera pas à l’élection présidentielle mais omettant de dire que ses troupes (hautement disciplinées, encadrées, disposant des moyens qu’il faut) sont déjà sur le terrain pour préparer les législatives (clef de tout dans un système parlementaire).
Le 23 mars au soir, en direct à la tété, Cheikh Rached est ainsi relayé par Cheikh Abdelfattah Mourou; un autre stratège qui est tout aussi aguerri par des décennies de manœuvres, de confrontations avec le pouvoir, de travail inlassable sur la base…
Le même hommage à la Révolution et aux jeunes qui en ont allumé la mèche, la même déférence envers les femmes, la même insistance sur le respect des lois, la même disposition à accepter toutes les autres obédiences politiques, le même souci du message démocratique, le même respect des institutions, le même soutien à la non-violence, le même attachement au Code du statut personnel… Et tout cela fait peut-être un peu peur car le discours de l’un et de l’autre est fait exactement comme s’ils nous disaient tout ce que nous voulions entendre!
Une différence cependant: Cheikh Abdelfattah Mourou est bien plus »charmeur » que Cheikh Rached Ghannouchi, plus habile à »rapprocher » les textes purs de la Chariaâ de la réalité culturelle comme il dit, plus doué pour poser des questions rhétoriques, sortir des histoires drôles de son giron, alterner le chaud et le froid, n’éludant aucune interrogation mais la traitant tellement en profondeur que le sens en devient dilué et semblant soudain comme bénin, allant jusqu’à critiquer Ennahdha d’abord pour ne pas l’avoir associé au bureau fondateur pour la nouvelle demande de visa puis pour lui avoir demandé de revenir parmi ses rangs (sous la pression de la base, dit-il)…
Bref, si Cheikh Abdelfattah Mourou a manifestement plus de facilité à faire avaler la pilule aux Tunisiens que Cheikh Rached Ghannouchi, il n’empêche que leurs dissensions (dont tout le monde parle avec un plaisir d’inconscient) ne sont qu’une autre illusion. Rien dans les mains, rien dans les poches… et votre regard s’égare, mais croyez-vous vraiment que l’un pourrait se mettre l’autre à dos? »J’aime Cheikh Rached et Cheikh Rached m’aime », a affirmé clairement et nettement, en direct à la télé, Abdelfattah Mourou.
Le seul exemple des quatre journalistes qui ont essayé de cuisiner Abdelfattah Mourou invite à réfléchir parce qu’ils ont fini par tomber gaga devant lui alors qu’ils sont loin d’être de la Bottom-Line. Au contraire, Slaheddine Jourchi, Sofiane Ben H’mida et Jamel Arfaoui (en plus d’Elyès Gharbi, un jeune journaliste déjà très prometteur) sont parmi les plus respectés et les plus expérimentés de nos confrères et leur attitude montre qu’en fin de compte Abdelfattah Mourou n’est pas seulement un illusionniste mais aussi un magicien. Et nous formulons l’espoir que ce ne soit pas de la magie noire au moment où les Tunisiens ont besoin de lucidité, de franchise et de réalisme!
Source: ”wmc” Le 25-03-2011
Tunisie : la résistance à la révolution s’organise
Il semble aujourd’hui clair que des forces puissantes – juges et anciens dignitaires du régime, entre autres – se sont mises d’accord pour éviter que toute la lumière soit faite sur le fonctionnement du régime de Ben Ali : trois des plus hauts dignitaires du régime déchu faisant office de boucs émissaires ont été arrêtés, et les travaux de la Commission d’Investigation sur la Corruption et les Malversations (CICM) ont été suspendus depuis le 10 mars.
Ceci, dans l’espoir que le peuple tunisien soit dupe de cette manœuvre : ceci procède d’une stratégie politique inacceptable sur le plan moral, irresponsable, et bien mal inspirée au regard de la révolution tunisienne. En effet, il est évident que cette mascarade sera rapidement dénoncée, la méfiance envers le gouvernement s’en suivra, et l’instabilité politique reprendra.
Cette résistance à la révélation de la vérité et des responsabilités des anciens dignitaires d’un régime dictatorial est classique, on y a assisté au cours de toutes les périodes post-révolutionnaires dans l’Histoire. Mais le gouvernement de transition doit avoir le courage de faire ce travail, certes douloureux mais absolument nécessaire, en rétablissant sans délais et en soutenant la CICM dans son rôle d’enquêteur.
Alors seulement, une fois que la vérité sera établie, certains seront naturellement condamnés, mais à l’issue de procès équitables. Puis, le principe de l’amnistie générale devra être appliqué, sauf à de rares exceptions, et il sera alors légitime de faire un appel à l’union nationale, qui sera certainement suivi par le peuple tunisien.
Connaissant toute la vérité sur leur passé, les Tunisiens auront ainsi une chance de ne pas le revivre dans le futur.
Premier fait : l’arrêt des travaux de la CICM
Suite à une plainte des juges demandant l’arrêt des travaux de la CICM, au motif qu’ils sont les seuls capables de rendre la justice et que cette Commission est inefficace car elle ne produirait pas de résultats tangibles assez rapidement, les travaux de la CICM ont été suspendus par une décision de justice le 10 mars 2011.
Il est légitime d’être surpris par cette initiative, à plusieurs égards.
Premièrement, on peut s’étonner, sur le principe, qu’une personne veuille arrêter les travaux d’une commission d’enquête. Si on veut que la vérité soit révélée, il serait plus logique de l’aider, ou de demander à en faire partie, si on considère qu’elle n’est pas assez efficace.
Deuxièmement, la seule fonction de cette Commission étant de mener des enquêtes, elle n’est pas apte à prononcer des jugements, elle n’empiète donc pas sur les prérogatives des juges. Son rôle est de fournir des éléments aux procureurs qui seront éventuellement nommés si des procès ont lieu.
Troisièmement, le fait même qu’un juge, solidaire de l’appareil judiciaire, puisse se prononcer sur cette décision n’est pas normal : il a potentiellement des conflits d’intérêts car la CICM a pour mandat d’enquêter sur l’ensemble des malversations sous le régime déchu, y compris donc sur le système judiciaire. En conséquence, seul le Premier Ministre ou le Président par intérim – voire le peuple tunisien, car ces derniers n’ont pas été élus – devraient avoir le pouvoir éventuel de stopper les travaux de cette Commission.
Quatrièmement, le fait que la CICM ne produise pas de résultats tangibles d’une manière rapide est tout à fait logique : même si elle bénéficiait de tout le soutien et le pouvoir nécessaires, les enquêtes vont être longues et fastidieuses, les auditions seront nombreuses, avant d’obtenir une image claire des malversations de toutes sortes du régime déchu et d’établir les responsabilités de chacun. Malheureusement, dans cette tâche ardue mais ô combien nécessaire, son travail était sapé par les pressions qui s’exerçaient sur elles par des forces très puissantes, que l’on tentera de délimiter plus loin dans cet article.
La CICM, par la voie de son Président, M. Abdelfattah Amor, a fait appel de cette décision. Mais, l’appel n’est pas suspensif du jugement, et la décision concernant cet appel n’a pas été rendue comme prévu initialement le 22 mars, elle a été renvoyée au 29 mars prochain.
Courageux, M. Amor a assuré que, en dépit de cette décision, la CICM poursuivrait ses enquêtes. Néanmoins, il semble assez clair que, sans un soutien politique appuyé, cette Commission n’a aucune chance d’arriver à des résultats probants.
En effet, elle doit auditionner absolument tous les acteurs importants du monde politique et des affaires sous le régime de Ben Ali, avoir tout pouvoir pour conduire des investigations et convoquer des témoins. Ceci, afin de faire toute la lumière sur l’ensemble des malversations politiques et financières de l’ancien régime : la grande corruption, la torture, le rôle du syndicat unique, l’attribution des grands contrats, la censure, la mainmise de la famille du Président sur l’économie et les dysfonctionnements de l’appareil judiciaire, etc.
Le travail est titanesque, et prendra plusieurs années. Aussi, les auditions doivent commencer sans tarder, et les enquêtes doivent être menées sans délai. En plus du soutien des plus hauts représentants actuels de l’Etat, la CICM pourrait également être renforcée, avec une direction bicéphale, car les enquêtes nécessiteront une fine compréhension de deux mondes très différents : la politique et les affaires.
Deuxième fait : la mascarade de justice et les trois boucs émissaires
Le jour même de la décision suspendant les travaux de la CICM, le 10 mars dernier, trois des plus importants dignitaires de l’ancien régime ont été arrêtés et placés en détention à la base militaire de l’Aouina, près de Tunis. Il est à noter que ces personnes se trouvaient déjà en résidence surveillée.
Il s’agit de :
- M. Abdelaziz Ben Dhia, considéré comme étant le conseiller le plus proche du Président
- M. Abdelwahab Abdallah, conseiller de M. Ben Ali, qui a été porte-parole du Président pendant 15 ans puis Ministre des Affaires Etrangères pendant 5 ans au cours des années 2000
- M. Abdallah Kallel, Président du Conseil Constitutionnel, ancien Ministre de l’Intérieur au début des années 2000 et surtout unique trésorier du parti présidentiel, le RCD, dès 1988 et ce, jusqu’à la chute de Ben Ali
Ces trois personnes, qui devront, comme beaucoup d’autres, s’expliquer sur leur rôle et dire toute la vérité au peuple tunisien, font actuellement l’objet d’un procès expéditif, une véritable mascarade de justice, digne des pires heures du régime de M. Ben Ali.
Après leur arrestation à leurs résidences respectives, ils ont été présentés à un Procureur qui ne les ayant pas convoqués, les a renvoyés vers leur lieu de détention. Le lendemain, ils ont été présentés à un juge d’instruction qui a eu la même réaction. Puis quelques heures plus tard, le même juge, cédant visiblement à de fortes pressions, les a finalement rappelés pour procéder à leur audition, qui n’a duré que quelques heures, et qui s’est conclue par un mandat de dépôt à l’encontre des trois prévenus. En droit tunisien, le mandat de dépôt permet la mise en détention pour une période de six mois, renouvelable deux fois.
Une enquête est en effet actuellement ouverte, légitimement, sur le détournement de fonds publics au profit du parti présidentiel. Ces trois personnes, ont certainement beaucoup de choses à nous dire sur cette question, notamment M. Kallel. Mais l’enquête est loin d’être terminée, et 23 ans de dictature méritent évidemment bien plus que quelques heures d’audition à l’issue d’une enquête de quelques semaines. C’est le rôle de la CICM de faire toute la lumière sur cette affaire, extrêmement importante. Naturellement, entretemps, le RCD déjà suspendu, doit voir l’ensemble ses avoirs gelés par l’Etat.
Par ailleurs, il est à noter que l’actuel ambassadeur de Tunisie au Qatar a déclaré début mars, sur Al Jazeera, sans fournir de preuves, que M. Abdallah aurait exigé une commission lors de l’attribution d’un appel d’offres international lancé par l’Etat Tunisien visant à construire une raffinerie de pétrole sur le site de la Skhira. Il affirme que l’appel d’offres ayant été attribué à une société qatarie (Qatar Petroleum) pour la somme de 6.3Mds$, M. Abdallah serait ensuite intervenu pour que cette somme soit portée à 7Mds$. Cela parait déjà peu crédible, M. Abdallah étant plutôt spécialisé dans la maitrise de l’information que dans les affaires économiques et financières, dans lesquelles il semble qu’il intervenait très peu. De plus, M. Kedidi affirme que M. Abdallah aurait récupéré l’ensemble de la différence, soit 700m$, ce qui semble encore moins crédible. Enfin, il est avéré que cet appel d’offres a en réalité été attribué pour une somme inférieure à 2Mds$, bien inférieure à celle évoquée par M. Kedidi.
Il est étonnant de constater qu’une enquête ait été ouverte par un procureur tunisien sur la foi de déclarations aussi approximatives qu’infondées. Néanmoins, encore une fois, cet appel d’offres international, comme tous les autres, devra faire l’objet d’une enquête approfondie de la CICM, qui devra faire la lumière sur ses conditions d’attributions, et les personnes ayant éventuellement bénéficié d’une commission occulte.
Le juge instruisant les deux affaires (détournement de fonds publics au profit du RCD et raffinerie de Skhira) aurait un dossier vide, semblerait vouloir prononcer la relaxe mais il subirait une très forte pression politique et judiciaire pour prononcer une condamnation à leur encontre.
Il ne s’agit pas de les plaindre ou de dire que ces trois personnes sont innocentes : beaucoup de Tunisiens ont été martyrisés par un appareil judiciaire gangréné par la corruption, les procès politiques, la torture, la censure et l’absence de liberté d’expression. Mais si les Tunisiens veulent définitivement abolir ces pratiques indignes, il leur faut se hisser moralement au-dessus des agissements de l’ancien régime : dans le cas contraire, ils sont condamnés à revivre sous le même joug dictatorial dans un futur proche. En conséquence, le gouvernement de transition a la responsabilité de faire en sorte que des enquêtes complètes soient menées et que les éventuels procès soient instruits d’une manière exemplaire, dans le respect le plus strict des principes fondamentaux de la justice. Ces trois personnes devront naturellement, comme beaucoup d’autres, s’expliquer sur leur rôle et leurs responsabilités mais ils méritent, comme tout un chacun, un procès équitable.
Ces procédés sont honteux au regard du sacrifice des martyrs de la révolution et de la formidable espérance qu’a suscitée la chute de M. Ben Ali dans toute la Tunisie, et par delà ses frontières, dans le monde arabe. Un certain nombre de voix en Tunisie commencent à dénoncer cette mascarade de justice qui ne sert pas les intérêts du peuple tunisien, dont le salut passera par l’établissement de la vérité pleine et entière sur le fonctionnement de l’ancien régime.
A qui profite cette mascarade : la politique de la barbichette des dignitaires de l’ancien régime
Il est clair que les anciens dignitaires du régime ont tout intérêt à l’arrêt des investigations de la CICM, afin que leurs méfaits ne soient pas révélés ou que leur image auprès du public ne soit pas éclaboussée par la révélation d’affaires compromettantes. Ceci, pour certains, simplement afin d’éviter une enquête et une condamnation éventuelle, et pour d’autres, afin de ne surtout pas compromettre leur avenir politique à court ou à long terme. Les enquêtes stoppées, et les trois boucs émissaires condamnés, ils pensent pouvoir ainsi aisément se laver les mains de leurs éventuels méfaits sous l’ancien régime.
Un élément d’appréciation de la capacité de résistance et la détermination des anciens dignitaires du régime, est le procès actuellement en cours concernant la dissolution du parti présidentiel : la cour d’appel de Tunis a reporté au 28 mars la délibération du jugement sur la dissolution du parti du président déchu (RCD). En effet, la défense du RCD avait fait appel le 9 mars à la suite du jugement décidant de dissoudre ce parti et de mettre son patrimoine sous la tutelle de l’Etat : la défense est donc bien organisée, et l’arrestation des trois hauts dignitaires du régime ne signifie donc en rien que l’ancien système ne perdurera pas, c’est plutôt le contraire. Il est par ailleurs intéressant de constater que l’appel est suspensif pour l’exécution du jugement visant à dissoudre le RCD, mais ne l’est pas concernant celui ordonnant l’arrêt des travaux de la CICM…
De plus, les juges et les procureurs, dont une partie significative, pour le moins, est fortement suspectée de compromissions plus ou moins graves avec l’ancien régime, voient leur image redorée auprès du public grâce à l’arrestation rapide de ces trois dignitaires du régime, particulièrement connus et sur lesquels se focalisent par cette manœuvre l’essentiel de la haien de la population tunisienne pour l’ancien régime.
Par ailleurs, il est difficilement imaginable que les plus hauts représentants actuels de l’Etat tunisien ne soient pas au courant de cette affaire. Auquel cas, il est nécessaire d’intervenir sans délais pour rétablir la CICM dans ses fonctions. Naturellement, le gouvernement bénéficie également de la stabilité de courte durée que va instaurer l’éventuelle condamnation de ces trois personnes, pensant ainsi satisfaire les demandes de la population tunisienne.
Mais cette mascarade n’a rien à voir avec la justice, le peuple tunisien demandera à tout savoir et à rompre définitivement avec l’ancien système. Miser sur le fait que le peuple tunisien se satisfasse de ces trois boucs émissaires est un gambit bien hasardeux pour le gouvernement qui sacrifie ainsi la vérité et la justice, sur l’autel de la stabilité à très court terme. Ce sera à perçu, à terme, comme une collusion avec les dignitaires de l’ancien régime, ce qui décrédibilisera l’actuel gouvernement, avec les conséquences désastreuses que l’on imagine.
Cette résistance des dignitaires de l’ancien régime à la révolution et à la révélation de la vérité est tout à fait classique des périodes post-révolutionnaires, c’est la politique de la barbichette : ils sont les seuls à connaitre, chacun en partie, la vérité sur le régime déchu, leurs responsabilités personnelles et ont donc tout intérêt à ce que le peuple tunisien en apprenne le moins possible. Néanmoins, le peuple tunisien ne sera laissera certainement pas abuser par cette manœuvre, il a montré une maturité politique et une détermination exceptionnelles, il fera éclater la vérité : le combat contre l’ancien régime n’est pas terminé, il va certainement nécessiter encore plusieurs années de lutte politique.
Que faire ?
Les jugements du 28 (RCD) et du 29 mars (CICM), s’ils ne sont pas encore reportés, seront importants pour l’avenir de la Tunisie. Il est absolument nécessaire pour le gouvernement de rétablir la CICM dans ses fonctions, lui donner tous les moyens nécessaires à la révélation de la vérité sur le fonctionnement de l’ancien régime. Les responsabilités de chacun des hommes-clé devront être établies, et d’éventuelles condamnations seront prononcées, pour les questions les plus graves notamment les crimes et tortures, mais dans le strict respect d’une justice exemplaire et équitable.
Il ne s’agit pas de faire une chasse aux sorcières, ni de condamner des milliers de personnes : le plus important est l’établissement de la vérité, puis l’amnistie générale devra certainement être appliquée pour l’écrasante majorité. Sur une base de vérité et de justice, l’union nationale pourra se faire, afin d’aller vers l’avant dans la construction d’une démocratie solide.
Espérons que le gouvernement de transition saura méditer ces quelques mots de Zola : « La vérité et la justice sont souveraines, car elles seules assurent la grandeur des nations »
Source: “Le Post” Le 25-03-2011
Tunisie. A qui profitera l’échec d’Iyadh Ben Achour?
Qui veut empêcher l’Instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique, de préparer l’élection de l’Assemblée constituante? Et pour quels desseins?
Ces questions sont d’autant plus légitimes que la réunion de ladite Instance, mardi, s’est déroulée dans une ambiance électrique. Un nouveau raté qui porte une ombre sur la jeune démocratie tunisienne. Commentaire de l’un des membres de l’Instance, visiblement dégoûté: «Les querelles de clocher reprennent désormais le dessus, chacun voulant pousser ses pions».
Qui représente qui? Ceux qui cherchent à empêcher l’équipe dirigée par le professeur Iyadh Ben Achour de faire son travail prétendent que sa composition est «incompatible avec les objectifs de la révolution et les aspirations du peuple tunisien». D’autres vont jusqu’à affirmer que cette commission de 70 personnes serait «noyautée» par le pouvoir de transition mis en place après la chute de Ben Ali le 14 janvier. Ce qui est pour le moins contestable. Des slogans à la limite de l’insulte ont même été proférés à l’adresse des membres de l’Instance, par des personnes qui voulaient entraver le déroulement de ses travaux. Il a donc fallu l’intervention des forces de la sécurité nationale afin de protéger la tenue de la réunion. Celle-ci, la deuxième depuis sa recomposition et son élargissement à la demande des contestataires, s’est finalement tenue à huis-clos, en l’absence des journalistes. Comme on devait s’y attendre, les confrères n’ont pas apprécié. Les protestataires estiment que l’Instance ne représente pas les jeunes de la révolution et ne répond pas, dans son actuelle composition, au devoir de fidélité aux sacrifices consentis par les martyrs et que le choix de ses membres est venu consacrer, en quelque sorte, les pratiques de l’ancien régime (pas moins !). Ils considèrent aussi le Conseil national de la protection de la révolution comme étant le représentant légitime de la révolution du 14 janvier.
Le jeu des légitimités autoproclamées Toute cette agitation aurait du sens si ce fameux Conseil autoproclamé avait la légitimité dont il se prévaut et si Iyadh Ben Achour et son équipe pouvaient être sujets à contestation. Le problème de l’Instance réside aussi dans le fait que certains de ses membres, pour de mystérieuses raisons, œuvrent, de l’intérieur, pour la dynamiter. Tout ceci est d’autant plus inquiétant que certains activistes politiques donnent l’impression d’être déjà en campagne électorale, alors que le Code électoral devant régir l’élection de l’Assemblée constituante, le 24 juillet, n’est même pas encore prêt et ne saurait l’être si l’Instance allait continuer à être empêchée de faire son travail. D’où le paradoxe actuel de la transition démocratique tunisienne: certaines des forces politiques qui ont le plus intérêt à la faire réussir se comportent d’une manière qui risque plutôt de la faire capoter. Ce qui donne à réfléchir et suscite des interrogations quant aux motivations des uns et des autres et à leurs mystérieux calculs. Sachant que seuls des Rcdistes, les dirigeants de l’ex-parti au pouvoir, pourraient finalement tirer bénéfice du désordre actuel qui risque de ralentir le processus de transition et d’empêcher le changement.
Source : « Kapitalis » Le 25-03-2011
Tunisie: Un rapport met en exergue les impacts de la révolution sur l’économie
Les effets et tensions suscités par le choc conjoncturel du début 2011 sont beaucoup plus diffus et ambigus sur l’économie nationale tunisienne que ceux de la dernière crise mondiale des années 2007-2009, selon un rapport de l’Observatoire de la Conjoncture Economique (OCE) au ministère de la Planification et de la Coopération internationale. Selon ce rapport cité jeudi par l’Agence de presse tunisienne (TAP), les événements qui ont accompagné le renversement de l’ancien président Zine El-Abidine Ben Ali ont fait subir au système économique national une ‘convulsion brutale’, notamment au niveau des secteurs du tourisme, du commerce extérieur, de l’investissement extérieur et de la hausse du taux d’inflation. Au niveau du secteur touristique (deuxième secteur après celui des exportations des produits industriels), le rapport de l’OCE précise que le secteur touristique a été le plus affecté étant donné que les revenus du tourisme se sont repliés de près de 40 pour cent pour s’établir à 190,1 MD, au 28 février pour une baisse de 60,5 pour cent des nuitées. De ce fait, les avoirs nets en devises ont continué leur reflux entamé début 2010 pour se situer à -5,6 pour cent pour l’ensemble des deux premiers mois. En ce qui concerne le secteur du commerce extérieur, le document note ‘un effondrement’ des exportations durant le mois de janvier de (-20 pour cent) par rapport à décembre, selon les données des exportations mensuelles en volume. Cette évolution est imputable aux mouvements opérés par les unités off-shore, qui ont plus que compensé le ralentissement d’activité durant le mois précédent pour hisser de nouveau le rythme de progression de leurs exportations à plus de 20 pc en glissement annuel. Par ailleurs, le déficit de la balance commerciale sur deux mois s’établit à 871,7 MD pour un taux de couverture à 80,9 pour cent contre 1070,3 MD et 76 pour cent à la fin de février 2010. D’un autre côté, les flux d’investissements directs étrangers se sont également contractés durant le mois de janvier, s’établissant à 116,4 MD contre 142,2 MD en 2010, soit une baisse de 22 pour cent. Parallèlement, les intentions d’investissement recensées par l’Agence de promotion de l’industrie et de l’innovation (APII) se sont inscrites en hausse de 9,7 pour cent sur les deux premiers mois grâce à un doublement des investissements prévus dans l’agro-alimentaire, mais avec des baisses significatives pour les industries mécaniques et électriques (-46 pour cent), les industries du textile et du cuir (-50,3 pour cent) et les industries chimiques (-61 pour cent). Le rapport indique que l’année 2010 s’est achevée sur une inflation moyenne de 4,4 pour cent. Cependant, le glissement annuel en fin d’année s’était stabilité à quatre pour cent après un plus haut à 5,2 pour cent en février. Le début de l’année en cours a cependant été marqué par une baisse de l’indice général des prix en janvier (-0,1 pour cent). Le document indique que pour les prochains mois, il est probable que l’inflation (2,9 pour cent en février) remonte graduellement pour se stabiliser dès l’été autour d’un palier à 3,3 pour cent.
Source: “Afrique en ligne” Le 25-03-2011
B. Caïd Essebsi à l’AFP : les élections du 24 juillet, le RCD et «le péril islamiste»
On sait que la date du 24 juillet a été arrêtée pour l’élection d’une assemblée constituante. le pari sera t-il tenu ?«C’est difficile mais c’est un délai raisonnable, presque six mois après la révolution du 14 janvier (chute de Ben Ali). Il ne faut pas s’éterniser dans le provisoire», confie M. Caïd Essebsi à l’AFP, ajoutant «ne pas avoir l’intention de changer la date». il n’écarte toutefois pas l’hypothèse d’un report «s’il y a un consensus le plus large possible» Car, remarque t-il, à part le vieux mouvement islamiste Ennahda récemment légalisé, les tout nouveaux partis légalisés qui ont fleuri «ne sont pas au meilleur de leur forme» pour se préparer au scrutin, dit-il. Pour lui, la nouvelle Tunisie n’en est qu’au début : «La révolution ce n’est pas la démocratie, ce n’est que la première porte. Il faut ramer pour aller à la démocratie». «Il y a évidemment des risques de dérives, ceux qui sont aux responsabilités doivent être vigilants. Nous le sommes», assure-t-il, non sans exclure de possibles «accidents de parcours». Avec ses deux millions de membres revendiqués, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti de Ben Ali, pourrait-il constituer un obstacle sur la route de la démocratie, bien que dissous sur le papier par la justice? Béji Caïd Essebsi ne le pense pas même s’il «peut renaître de ses cendres» sous une autre appellation. «Certains y travaillent». Est-ce un risque pour la démocratie balbutiante? «Pas du tout», assure-t-il dans une quasi-plaidoirie pour l’ancien parti qu’il estime avoir été dévoyé par le clan Ben Ali: «Beaucoup de patriotes en ont été écartés, et dans le RCD, il n’y a pas que des monte-en-l’air». «Ce n’est pas en trois ou quatre mois qu’il se refera une virginité», dit-il encore, en excluant une chasse aux sorcières: «Je ne crois pas à la justice expéditive et collective», et préconisant juste un «coup de tamis» de l’appareil judiciaire. Quant au péril islamiste dans un pays arabo-musulman pionnier sur le droit des femmes, il n’y croit pas. «Ce courant ne peut être combattu que par un mouvement d’idées. La majorité des Tunisiens, si on leur propose un autre choix que la dictature ou l’islamisme, iront vers des formations moyennes», analyse-t-il. C’est lui qui en tout cas s’est récemment et personnellement opposé à la légalisation du mouvement islamiste Hezb et Tahrir, «un parti xénophobe». Malgré une croissance «presque à zéro», le libéral Béji Caïd Essebsi sait enfin que l’avenir démocratique du pays se joue largement sur sa capacité à répondre aux revendications sociales de millions de gens en désespérance: «La Tunisie retravaille et nos exportations ont augmenté de 5% pendant la période de la révolution».
Source: “Leaders” Le 25-03-2011
L’agent municipal qui a giflé Bouazizi en grève de la faim
Fedia Hamdi qui se trouve aux arrêts est en grève de la faim depuis 4 jours
L’agent municipal, Fedia Hamdi, qui aurait giflé Mohammed Bouazizi, avant que ce dernier ne s’immole, et qui se trouve depuis quelques temps aux arrêts, a entamé une grève de la faim depuis quatre jours.
Cette grève est en signe de protestation de sa part, car dit-elle, depuis son arrestation elle attend son jugement qui tarde à venir, le pire c’est qu’il n’y a aucune accusation ni chef d’inculpation à son encontre.
Source: “Tunivisions” Le 25-03-2011
Lien: http://www.tunivisions.net/l-agent-municipal-qui-a-gifle-bouazizi-en-greve-de-la-faim,11756.html#
Israël appelle les juifs de Tunisie
Outre la citoyenneté, le gouvernement israélien proposerait compensations et indemnités aux juifs tunisiens
Le gouvernement israélien va étudier dimanche prochain la possibilité d’indemniser ou récompenser les juifs tunisiens déjà installés ou ceux qui désirent s’installer en Israël, rapporte le quotidien Yediot Aharonot.
La ministre de l’intégration et de l’immigration israélienne Sofia Landver, a déclaré que pour chaque juif tunisien qui souhaiterait s’établir en Israël, la somme de 10 000 shekels (environ 2000 Euro) lui sera octroyée individuellement, ou 85 000 shekels (environ 17000 Euro) par famille, ainsi que des avantages sociaux. Selon Landver, cette décision rentre dans le cadre de l’encouragement de la politique de migration. Elle ajoute que la situation économique en Tunisie depuis la chute de Ben Ali, a mis les juifs tunisiens dans une situation, pire que celle de tous les juifs du monde. Toutefois l’Etat hébreux précise que ces avantages sont réservés à ceux qui sont partis depuis le 14 janvier et ceux qui arrivent avant fin Aout dans les territoires occupées. Le nombre de juifs tunisiens recensés est de 1 500, dont 900, résident dans l’ile de Djerba, et 600 à Tunis.
Selon les estimations de Mme Landver, entre 20 et 25 familles juives tunisiennes sont susceptible d’arriver sur le territoire israélien dans un premier temps. Selon la ministre, depuis la chute de Ben Ali le phénomène de l’antisémitisme a pris de l’ampleur ce qui exposerait les juifs aux dangers.
Source: ”Tunivisions” Le 25-03-2011
Lien: http://www.tunivisions.net/israel-appelle-les-juifs-de-tunisie,11758.html#
Tunisie – Les Islamistes cachent-ils leur jeu ?
Les partis à orientation islamiste, plus particulièrement celui d’Ennahdha qui a, finalement, obtenu son visa, constituent indéniablement une composante essentielle du paysage politique en Tunisie et avec laquelle il faudra compter lors des prochaines échéances électorales. En l’absence d’un gros parti – et c’est tant mieux dans l’état actuel des choses – Ennahdha se présente comme étant celui le mieux structuré, le plus discipliné et, surtout, avec une capacité de mobilisation sans pareille. C’est dire qu’avec l’avènement de la Révolution et l’ouverture logique du jeu politique à tous les courants, les divers acteurs du processus démocratique regardent avec appréhension la présence et le comportement des islamistes qui se sont gardés, jusque-là, de faire des démonstrations de force. Mais ils se sont gardés, aussi, de donner tout programme électoral avec ses visions politique, sociale, économique et culturelle. Lors des débats organisés par certaines radios ou télévisions et dans d’autres supports médiatiques, les représentants d’Ennahdha ont adopté un langage marqué par la tolérance, la modération à un point tel que les observateurs avouent qu’ils ne les reconnaissent plus. Cette démarche a été confirmée, de la manière la plus éclatante, sur le plateau de Nessma TV, en cette soirée du 23 mars 2011, avec pour invité le cheikh Abdelfattah Mourou, un des fondateurs de ce mouvement. Fin Tunisois, d’origine morisque andalouse, cheikh Mourou a confirmé sa réputation de beau parleur doublé d’un habile orateur. En effet, il avait réponse à tout sans s’impliquer carrément dans un sens ou dans l’autre. Les Tunisois ont été plus que sensibles à ce vocabulaire et sa façon de parler. Sauf que voilà, à l’issue de l’émission télévisée, on ne savait pas si M. Mourou restait avec cheikh Rached Ghannouchi ou non. On ne savait pas s’il allait fonder son propre parti ou non. On ne savait pas s’il était islamiste religieux ou un politicien pragmatique. Bref, on n’avait aucune certitude à propos de ses convictions personnelles ou politiques. Il a été tellement déroutant que notre confrère Slaheddine Jourchi (lui aussi islamiste modéré et un des fondateurs du mouvement Ennahdha), n’a pas résisté à la tentation de lui poser la question : « je me demande si on peut vous considérer encore comme étant un islamiste » ? Il faut dire que M. Jourchi avait raison de lui poser cette question exclamative dans la mesure où Abdelfattah Mourou épousait toutes les thèses prônées par les libéraux et les laïcs. A part le fait de juger qu’il était prématuré de discuter de l’article I de la Constitution, à savoir que la Tunisie est un pays dont la langue est l’arabe et la religion est l’Islam, cheikh Mourou s’est révélé un défenseur acharné du Code du statut personnel (CSP) qu’il faudrait, peut-être même, faire évoluer et améliorer. Un défenseur acharné des libertés individuelles et personnelles. Concernant le tourisme avec tout ce qu’il génère comme d’éventuels comportements, qualifiés par les « durs » comme contraires à la religion islamique, le leader d’Ennahdha, a été clair comme étant un partisan farouche de la préservation de ce secteur et de son renforcement. Quant à ce qu’on appelle les « houdoud » de la chariâ, à savoir la coupure de la main du voleur et la lapidation des auteurs d’adultère, cheikh Mourou estime qu’il ne s’agit pas de jugement définitifs étant donné que l’Islam autorise l’Ijtihad selon les spécificités du temps et du lieu et des mentalités. La Tunisie n’est ni un pays du Moyen-Orient, ni du Golfe. Les pays du Maghreb ont leurs spécificités, tranche t-il rappelant que la bonne interprétation de la religion exigeait de tenir compte, en priorité, du sens de la loi et de sa finalité et non de la forme de la sanction. Cheikh Mourou a été tellement conciliant que les Soufiane Ben Hamida, Jamel Arfaoui et Elyès Gharbi n’avaient pu lui poser les questions agressives et embarrassantes qu’on attendait d’eux face à une personnalité du courant islamiste. Mais Cheikh Mourou a été aussi très évasif sur les détails d’un éventuel programme islamiste en matière politique, économique et sociale. Quelles solutions et quelle démarche préconise t-il pour les Tunisiens et les Tunisiennes en chômage ? On n’en sait rien. Même si dans certains cercles, on parle de la solution islamiste classique à savoir le licenciement des femmes en activité en leur octroyant une allocation-chômage et en embauchant, à leur place, les hommes sans travail. Il faut mentionner qu’à l’issue du débat, on se demandait si Abdelfattah Mourou représentait un mouvement islamiste ou un courant libéral et rationnel. In fine, c’est à se demander en quoi diffère un islamiste tel Mourou d’un partisan d’un mouvement libéral ou laïc. Sauf que tous les Islamistes ne s’appellent pas Abdelfattah Mourou. Car, entretemps, les incidents engendrés par les courants dits durs de tendance salafiste, tel le « hezb Ettahrir », qui s’est vu refuser le visa, font parler d’eux. Les violences et les agressions dont ont fait l’objet les manifestants à Sousse pour la laïcité, les prêches organisés en pleine Avenue Bourguiba et bien d’autres sont là pour faire soulever les craintes et les peurs. D’ailleurs, nombreux sont les analystes qui estiment que le discours des islamistes est trop « beau » pour être « vrai ». Ils sont persuadés que les partisans d’Ennahdha adoptent, délibérément, un profil bas et consensuel pour ne pas susciter les frayeurs des intellectuels libéraux et, surtout, de l’opinion publique internationale, en majorité occidentale qui défend avec acharnement la Révolution tunisienne et le nouveau printemps démocratique qui s’installe chez nous. Même dans leurs meetings, on n’a pas vu la grande foule que certains attendaient ou redoutaient. La mouvance islamiste s’est-elle rétrécie à ce point ? Ce serait, également, trop « beau » pour être « vrai » ! Alors ? L’impression qui prévaut est que le parti d’Ennahdha adopte une tactique intelligente. Et les éventuels différends entre les deux Cheikhs, Ghannouchi et Mourou, feraient partie de cette stratégie. Abdelfattah Mourou ayant laissé entendre que la possibilité d’un tandem entre les deux hommes restait plausible et fort possible. En tous les cas, les autres petits partis sont sûrement conscients et avertis. Car le verdict des urnes, dans un climat démocratique ne pardonne pas.
Source: “Business News” Le 25-03-2011
Lien: http://www.businessnews.com.tn/Tunisie-–-Les-Islamistes-cachent-ils-leur-jeu-,519,24067,1
Conférence internationale – La Tunisie et la Révolution
Pas de risque de dérapage
La Révolution tunisienne ne risquerait pas de déraper ni vers l’extrême droite, ni vers l’extrême gauche, car le peuple tunisien qui l’a accomplie, spontanément, et loin de toute connotation idéologique , s’est toujours attaché au juste milieu et si elle a eu un impact et un écho des plus profonds dans la région maghrébine et arabe, la Tunisie n’a pas cherché à l’exporter, comme l’avaient fait, et le font encore, vainement, d’autres pays.
Telles sont quelques unes des principales idées développées par les participants à une Conférence internationale de deux jours sur les derniers changements en Tunisie et leur impact dans la région de la méditerranée, ouverte, ce jeudi 24 mars 2011, à Gammarth, à Tunis, et organisée à l’initiative de la Fondation allemande ‘’Konrad Adenauer Stiftung’’, le Centre des études méditerranéennes et internationales, et le réseau ‘’ EuroMeSCo’’.
Des professeurs universitaires, des spécialistes en sciences politiques et des experts de Tunisie, des pays maghrébins et arabes ainsi que d’Europe ont été invités à animer la rencontre qui est la première du genre à se tenir, en l’espace de deux mois à peine après le triomphe de la Révolution populaire tunisienne, le 14 janvier dernier, avec le renversement total de l’ancien régime du président déchu Ben Ali.
Le Professeur Hans-Gert Pottering, président de la Konrad Adenauer Stiftung, et ancien président du parlement européen, a salué la Révolution populaire tunisienne qui a montré à l’Occident que la stabilité des pays et des régimes qu’il avait soutenus, était, en réalité, une stagnation, soulignant qu’il ne peut pas y avoir, en fait, une stabilité sans liberté, sans démocratie et sans respect des lois. ‘’La Révolution tunisienne a montré, également, que la croissance économique ne peut pas être séparée de la consécration des droits politiques, car elle a été une Révolution de la dignité et de la liberté, a-t-il ajouté, mettant l’accent sur la nécessité de protéger ce mouvement exemplaire des risques de dérapage vers l’extrémisme de tout bord, et assurant les tunisiens de l’appui et du soutien de l’Europe en vue de concrétiser les principes révolutionnaires pour lesquels ils ont combattu la dictature et l’autoritarisme.
Dilemme
Mr Taieb Baccouche, ministre de l’éducation du gouvernement provisoire et président d’honneur de l’Institut arabe des droits de l’homme, a écarté l’éventualité de tout dérapage idéologique pour la Révolution tunisienne, car, a-t-il dit, le peuple tunisien refuse l’extrémisme et a toujours prôné et préféré la voie du juste milieu, avec une ouverture évidente au progrès et à la modernité. ’’Politiquement parlant, le peuple tunisien est un peuple qui penche davantage vers le Centre et je dirai même vers le Centre gauche, a indiqué Mr Taieb Baccouche, analyse qui ne manquera pas de plaire à beaucoup de partis politiques tunisiens se réclamant de cette tendance, en prévision des prochaines échéances électorales.
Après avoir insisté sur la spontanéité et le caractère pacifique de la Révolution tunisienne et son accomplissement en dehors de tout endoctrinement idéologique quelconque, le ministre a rappelé que la principale revendication du peuple tunisien a été la rupture totale avec l’ancien régime et la séparation de l’Etat et du Parti a pouvoir, dans la mesure où la confusion totale entre l’Etat et le Parti a été la plus grande perversion de l’ancien régime et a facilité la mise de l’Etat et de ses rouages au service des intérêts particuliers et de la spoliation des biens du peuple.
Il a évoqué aussi le dilemme devant lequel se trouve le gouvernement provisoire qui est chargé en principe d’assurer la transition démocratique mais qui se trouve face à une explosion de revendications urgentes et légitimes, comme l’emploi, mais difficiles à satisfaire, dans l’immédiat, car elles nécessitent un plan d’action à moyen terme. Il a qualifié ce dilemme de ‘’véritable crise’’.
S’agissant de l’influence exercée par la Révolution populaire tunisienne à l’échelle régionale, le ministre a indiqué que la Tunisie n’avait pas cherché, ni aspiré à exporter sa révolution, mais il y a eu une contagion positive, et il a émis l’espoir que la nouvelle situation créée par les révolutions arabes incitera à instaurer de formes nouvelles de coopération internationale, concernant les questions d’intérêt commun.
Tout en saluant le rôle pionnier de la Révolution populaire tunisienne dans le déclenchement des mouvements de contestation dans la région maghrébine et arabe, les autres orateurs ont signalé la similitude des situations dans les pays arabes concernés, en ce qui concerne la soif et l’aspiration des peuples à la liberté et à la démocratie, aspiration sans cesse exprimée depuis longtemps, et toujours réprimée, sans pitié, par les dirigeants en place, mais le mérite de la Révolution tunisienne a été d’avoir brisé la barrière de la peur et montré que le changement démocratique dans les pays arabes auquel personne ne croyait, sérieusement, était possible.
Source: “Le temps” le 25-03-2011
Lien: http://www.letemps.com.tn/article-54391.html