Cette torture que la justice ne saurait voir…
 
             
 JEAN-NOËL CUÉNOD 26 Mai 2007                           «Allez vous faire juger ailleurs!» Me François Membrez —             vice-président de TRIAL, l’association suisse contre l’impunité —             résume ainsi une décision que vient de prendre le Tribunal fédéral             (TF) concernant son client Abdennacer Naït-Liman, un Tunisien qui a             obtenu le statut de réfugié politique en Suisse, après avoir été             tor_turé durant les quarante jours de sa garde à vue dans les             bureaux du Ministère de l’intérieur de son pays.                          Il a introduit devant la justice civile genevoise une demande             d’indemnisation contre la République de Tunisie mais aussi contre             Abdallah Kallel, ministre tunisien de l’intérieur à l’époque des             faits. Une «première» pour la justice helvétique.                          Mais qui risque fort de devenir une «dernière»! Mardi, le Tribunal             fédéral a rejeté cette demande. Motif: les liens entre les faits             dénoncés et la Suisse ne sont pas suffisamment établis. Cette             décision a été prise par les juges fédéraux à quatre voix contre une,             celle du Genevois Dominique Favre, qui était d’ailleurs, l’auteur du             rapport présenté à l’ensemble de cette Cour.                          Comme le veut la procédure devant le Tribunal fédéral, si l’on             connaît la décision — prise en audience publique — on ignore encore             sa motivation. Dès lors, il faut attendre que ces explications             soient écrites et diffusées avant de tirer une leçon juridique de             cet arrêt.                          Toutefois, en lui-même, ce rejet du TF pose de graves problèmes             moraux. TRIAL et le réfugié tunisien ont tendu aux magistrats une             perche que, dans leur majorité, ils ont laissé choir.Cette perche             est, en l’occurrence, l’article 3 de la Loi fédérale sur le droit             international privé relatif au «for de nécessité». Le for, c’est le             lieu où une affaire doit être jugée. Cet article 3 prévoit que             lorsque la loi n’institue aucun for en Suisse et qu’une procédure à             l’étranger se révèle impossible à engager, une cause de ce genre             peut quand même être introduite devant le tribunal du canton ou du             lieu qui présente un lien suffisant avec ladite affaire.                          En l’occurrence, il est évident que la justice tunisienne ne va pas             statuer sur un cas pareil! En outre, la victime a un lien avec le             canton de Genève puisqu’il y vit en tant que réfugié politique.                          En refusant que cette cause soit jugée, le Tribunal fédéral empêche             une victime de faire valoir ses droits. Cela s’appelle un déni de             justice.                          Nous sommes persuadés que le Tribunal fédéral enrobera son refus             d’un bel onguent juridique. Mais cela n’empêchera pas sa décision de             heurter le sens moral qui veut qu’à tout préjudice, une réponse soit             donnée. Dans le cas présent, nous sommes dans le «Tartuffe» de             Molière: «Cachez cette tor_ture que nous ne saurions voir!» Certes,             il est dangereux de confondre la morale et le droit. La première             contient l’ensemble des règles qui dictent le comportement en             fonction, non pas du cadre rigide de la loi, mais de l’usage. Le             droit a besoin de fixité alors que la morale fluctue plus aisément.                          Néanmoins, le droit a pour origine la morale et s’il s’en écarte             trop, il trahit ce qui fait son essence. La décision du Tribunal             fédéral est bien dans le frileux air du temps. Mais le rôle des             juges n’est-il pas de lui offrir une résistance?                           (Source : “La Tribune de Genève”             qotidien (Swisse) le 26 mai 2007)
             
             Lettre ouverte au président de la république :
 
  Bir Ali Ben Khalifa,  théatre de pillages quotidiens 
            
 
                           Les habitants de la délégation de Bir Ali Ben Khalifa (région              agricole à 60 km à l’ouest de Safx) vivent aujourd’hui sous la             terreur. Ils ne  dorment plus la nuit, ils doivent veiller à             proteger leurs betails et récoltes, seuls sources de revenus, des             mains des mafias. Toutes les nuits, une famille de cette région est             la cible d’un combriolge; bilan, tout ce qu’on trouve dans l’étable             est pillé: des troupeaux de mouton,              des vaches, des sacs d’olives, bref tout ce qui est vendable             facilement et transportable.               Ce sont des drames qui se produisent aujourd’hui. Des familles qui             s’apprêtent à organsier le mariage de leur fils ou filles voient             leurs troupeaux s’évaporer d’un jour au lendemain. D’autres familles             n’ont que              ces moutons à élever qui constituent leur seule source de revenu.             Les victimes sont souvent des familles  pauvres qui n’ont pas la             voix assez portante pour qu’elle puisse être entendu par les             autorités locales.                               La situation est vraiment alarmante et à la limite de l’explosion.             Il est urgent d’intervenir. Les autorités locales semblent             impuissantes et accusées même, par certains habitants, de             complaisance si ce n’est pas              de connivence.               Les cas de vols se comptent par dizaines ces derniers mois et ont             raflé des centaines de têtes de moutons.               Devant le silence sans fin des autorités et face une situation qui             ne cesse de s’empirer je crains le pire. Jusqu’ici, les voleurs             procèdent la nuit en cachette, demain le feraient en portant des             cagoules en              plein jour et en menaçant les habitants par des armes pour voler             d’autres objets de valeur (argent, bijoux) gardés dans les maisons.                               Urgent, urgent, plus que jamais d’intervenir. La situation ne             supporte plus de silence. Une “alqaida” spécialisée dans             l’enlèvement de bétail est en train de ravager le pays et surtout la             région de Bir ALi Ben Khalifa.                               Tunisien
  L’agence TAP :   
En attendant Godot 
               
 La situation à l’Agence TAP frise l’hystérie.               Aux étages supérieurs, on a même atteint le stade de la panaoïa.
               
 Ce n’est plus une chasse aux sorcières qui               est ouverte (voir Tunisnews du 12 mai), mais une véritable chasse               à courre dont l’équipage est composé, selon des sources               divergentes, d’un tandem ou d’un trio de “rabatteurs” expérimentés, vieux               routiers de la combine et de la magouille, coiffés par le PDG de               l’agence en personne.                               Face un climat social délétère, suffisamment tendu et qui réclame               plutôt l’apaisement, condition essentielle pour se consacrer au               règlement des vrais problèmes, le premier responsable de cette               entreprise “publique”  a opté pour l’escalade et la fuite en avant.                              Pour “laver l’honneur” de l’agence qui, à ses yeux, n’a été               éclaboussé que depuis le printemps de cette année, il a décidé               d’utiliser tous les moyens. Sauf se démarquer de quelques barons               qui sont à l’origine du mal et qui, depuis de longues années, au               vu et au su de tout le monde, dans l’impunité la plus totale, ne               cessent, par leurs comportements indécents, méprisants et               méprisables, de fouler dédaigneusement du pied la dignité et               l’honneur de l’ensemble du personnel de l’entreprise.  
               
 Des barons prêts à tout – absolument à tout-               pour défendre leurs privilèges. Des barons sur qui, il faut bien               le dire, le PDG lui-même n’a plus, depuis belle lurette, aucun               pouvoir réel.                              Le PDG de la TAP a donc été jusqu’au bout pour soutirer le maximum               de signatures sur une malheureuse pétition qui circule depuis une               vingtaine de jours et qui est censée prouver que “tout va bien à               l’agence”.  
 Une pétition qui n’a plus désormais aucun               sens aux yeux de la grande majorité des journalistes de la TAP, y               compris pour certains qui l’ont déjà signée . Une pétition lourde               de conséquences pour l’avenir de l’entreprise. Un menu détail pour               des pseudo-retraités !!!                              Des techniques ancestrales bien rodées, ayant fait leur preuve à               l’agence, durant les années 70 et 80, ont été remises au goût du               jour à cet effet : intimidation, harcèlement systématique,               chantage, menaces, séduction…                               Mais d’autres techniques sont inédites, dont notamment « le coup               de fil à un parent » : Des journalistes qui ont dépassé depuis des               années l’âge de la maternelle sont sermonnés en famille, parfois               devant leurs propres enfants, et sommés d’apposer, contre leur               propre gré, une signature au bas d’une pétition dont ils ne               cautionnent pas tout le contenu.  
 Une pétition qui, leur dit-on, est censée               servir les intérêts d’un bienfaiteur généreux et charitable qui               les a soustraits au chômage en les recrutant dans “son” entreprise.                                            Tout le monde à l’agence, y compris le PDG et ses conseillers               prodiges, est pourtant conscient et convaincu que la plupart de               celles et ceux qui ont signé cette pétition l’ont fait sous la               contrainte : Certains en sont encore littéralement et               irrémédiablement choqués.  
 D’autres ont signé par crainte de gaspiller des               avantages ou des privilèges souvent mal acquis ou dans l’espoir               d’en récolter. 
 D’autres, encore,  comble de l’hypocrésie et               du ridicule, ne l’ont fait que pour laver – vainement, peut être               – les soupçons qui pèsent sur eux d’être impliqués dans la               publication du fameux pamphlet ayant déclenché toute cette affaire               (voir Tunisnews, édition arabe, du 5 mai).  
 D’autres, enfin, majoritaires parmi les               signataires, se disent ouvertement salis, blessés et humiliés               d’avoir été injustement enrôlés, utilisés comme munitions ou pris               comme otages dans une sale guéguerre où les couteaux ont volé bien               bas. 
 Un conflit aux contours très louches,               vraisemblablement monté de toutes pièces et dont ils sont, pour               l’instant, les seules victimes.  
 Un conflit dont ils ne connaîtront peut être               jamais les vrais mobiles mais dont ils mesurent déjà les               conséquences : des revendications absolument légitimes sont               aujourd’hui déconsidérées et discréditées et un zeste de               solidarité, laborieusement tissée, qui vole en éclats.   
 Quelques uns, parmi celles et ceux qui n’ont               pas signé cette pétition, vivent désormais la peur au ventre, dans               l’angoisse du lendemain.                              Les autorités de tutelle, quant à elles, continuent comme à               l’accoutumée, tel dans la pièce de Samuel Beckett, “En attendant               Godot”, d’assister, en spectateurs passifs, à l’épilogue d’un vaudeville               de mauvais goût qui n’a que trop duré.                  Nidhal CHERIF
 
 
 
Stuck in a time warp
Soumaya Ghannoushi
May 21, 2007 3:15 PM
http://commentisfree.guardian.co.uk/soumaya_ghannoushi_/2007/05/stuck_in_a_time_warp.html
I, like many, have followed with interest the                debate about Hizb ut-Tahrir which was sparked by the         much-too-warmly-received publication of Ed Husain’s book,                The Islamist. 
Interesting as it was, the discussion centred on a         confusion, common to both defenders and critics of the “Hizb” with         Islamic political thought, and the entire phenomenon widely referred to         as “political Islam”, or “Islamism”. The truth, however, is that this         movement born at the turn of the last century represents an extreme form         of ideologisation of Islam, which gets transformed under the pens of its         founders into a closed and rigid system, the sum of a set of simple,         pre-determined formulae. 
Islam thus emerges as a set of frozen,         straightforward, almost mathematical equations. The circle of questions         is narrow, just like that of the predefined answers. If anything         preoccupies your mind, all you need do is rush back to the writings of         the “Sheikh” (Taqiy         al-Din al-Nabhani). There, supposedly, you will find all the answers         to your questions.
In this, the spirit of ijtihad, or free inquiry,         described by the Indian philosopher Muhammad Iqbal as the source of         Islam’s dynamism, vanishes – giving way to a dry-as-dust legalism. 
Ironically, the Hizb, or party’s founders and         followers, commit the same grave error as a great many of the “westerners”         they criticise continuously: that of reducing Islam into a narrow         collection of dogmas and doctrines, ignoring its rich dynamic character.         The absence of an ecclesiastical institution in Islam has freed the         religious text of the monopoly of any one group and made it the property         of the entire community of believers. All are equidistant to the text.         In the absence of a clergy that claims ownership of truth and imposes         its own interpretations on laity, a great multitude of schools of         thought emerged, in jurisprudence, as in theology, in philosophy as in         linguistics. The intellectual stagnation of the last few centuries is no         reflection of the general character of Muslim history. 
Hizb ut-Tahrir (“The Party of Liberation”) is a         living example of the extreme politicisation of Islam. To the party’s         ideologues, the political is not just one aspect of the whole, so much         as the whole itself. Their thinking revolves around an “Islamic state”         presided over by a caliph         (khalifa). This mythical being holds the keys of salvation from         the terrible ills of the present. Like the messiah, or saviour king of         Judeo-Christian apocalyptic literature, he will crush the enemy, deliver         the faithful from the yoke of servility and bring them resounding         victory. 
The party is, in reality, the illegitimate child of         modern day totalitarian ideologies, which see the state as the chief         instrument for transforming the human condition. Unlike fascism, nazism,         or socialism, it does not speak a secular discourse, but one overwhelmed         in religious terms and symbols. The structural foundations are one and         the same but top-down modernisation is substituted by top-down         Islamisation. 
What makes matters worse, however, is the attempt to         transplant this failed ideology from its native lands, such as Jordan         where it was first conceived and has remained on the margins of         political life ever since, to the radically different environments of         London, Paris, or Rome. The effect has been the greater complication of         the Muslim minority’s situation and its further isolation behind fences         of suspicions and stereotypes. 
Instead of working with other forces to safeguard         his/her minority’s civil and political rights, defend the tradition of         ethnic, cultural and religious pluralism and strengthen the value of         common citizenship, the Muslim’s sacred duty with the Hizb becomes         centred around establishing the caliphate in London, Madrid and New         York, and awaiting the glorious coming of the Saviour Caliph. 
What absurd nonsense!
Hizb ut-Tahrir’s ideology is founded on a         reductionist and simplistic interpretation of Islamic history,         superficially viewed through the narrow prism of caliphate and caliph.         Certainly there was a political institution named the caliphate in         Muslim history, but the caliph and the state represented one element         within a complex socio-political structure. There wasn’t one, but         several realms of authority. 
Broadly speaking, the Islamic socio-political order         revolved around two milieus: the court milieu of the state military and         administrative elite, and the ahli (civil) milieu made up of         religious, commercial, local, and communal elites. Of all these multiple         spheres of authority, the market, the mosque, and the school exerted the         greatest influence over the lives of ordinary men and women and acted as         factors of stability and continuity amidst political upheaval and         conflicts between caliphs and sultans. The affluent major cities of         Cairo, Baghdad or Damascus would have been inconceivable in the absence         of these vibrant institutions. If Islam’s destiny had depended on         caliphs and sultans, Umayyad, Abbasid, Seljuk, or Mamluk, it would have         vanished with no trace with the eruption of political feuding and schism         a mere decades after its birth.
I am often amused to hear Hizb’s members analyse         international politics. All the ills of the Muslim world are referred to         Britain, its plots and conspiracies. They seem to have remained stuck at         the turn of the last century, in the days when their spiritual father,         Taqiy al-Din al-Nabhani, wrote his tracts. It is as though the wheel of         history has stood still ever since and we still live in the age of Pax         Britannica where the sun never sets.
To identify weaknesses and pitfalls in Hizb         ut-Tahrir’s discourse is not to implicate it in the phenomenon of         terrorism, or to side with those who would wish to see it banned. We         should not confuse the issues. Terrorism has its socio-political causes,         which have been                explored in length in numerous studies by leading think-tanks, such         as Chatham House and the Economic and Social Research Council.
If the group has not been outlawed it is not for lack         of trying, but because no evidence has been found for its involvement in         terrorist activities. The truth is that Hizb ut-Tahrir is more noise         than substance. It exists in a self-imposed state of historical         redundancy, a prisoner of the utopia of the caliphate and the dream of a         caliph who never comes.