25 mai 2007

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TUNISNEWS
8 ème année, N° 2558 du 25.05.2007

 archives : www.tunisnews.net


Kalima: L’activiste Lassaad Jouhri arreté et agréssé par la police Kalima: La Suisse expulse un requérant d’asile tunisien Comité International de Soutien à Abderahmane Tlili: La Juge, le Prisonnier et le Général Liste des fondateurs et fondatrices de l’association culturelle  tunisienne  pour  la defense de la laîcite (A.C.T.D.L) Associated Press:Irish rights group accuses Tunisia over human rights activists Communiqué de « Médecins Sans Frontières »:Relations entre M. Kouchner et Médecins Sans Frontières : une clarification s’impose AFP:Liban: une décision d’attaquer les islamistes serait « juste » dit Kouchner Reuters: Kouchner réaffirme que Paris ne veut pas dialoguer avec Damas AFP: Eva Joly souhaite une enquête sur un compte japonais présumé de Chirac AFP: Turquie: l’élection du président au suffrage universel rejetée par Sezer Associated Press:Le président turc oppose son veto à la réforme du mode de scrutin présidentiel Reuters: L’Europe s’alarme de la conservation des données par Google Associated Press: L’affaire de la « taupe » du centre islamique de Genève se dégonfle ATS: Affaire Covassi:Accusations du Genevois démenties – services secrets tancés L’islamisme essaime en Inde:Le Monde


Le numéro 20 de Mouwatinoun est en ligne sur http://www.fdtl.org/article.php3?id_article=178


 

L’activiste Lassaad Jouhri arreté et agréssé par la police

Sihem Bensedrine
25 mai 2007 Le 24 mai au matin, Lassaad Jouhri, activiste de droits humains, membre de l’AISPP, a été enlevé dans la rue près de son domicile au Den Den (périphérie de Tunis)par une quarantaine de policiers en civil, alors qu’il s’apprêtait à entrer dans sa voiture. Les barbouzes l’ont forcé à monter dans une voiture banalisée, délesté de ses sandales et de la béquille sur laquelle il s’appuie pour se déplacer (séquelles de la torture qu’il subies lors de son emprisonnement antécédent) ; ils l’ont conduit au District de La Manouba et retenu jusqu’à 20 heures dans la soirée.
Mr Jouhri y a été violemment frappé et en garde des séquelles, notamment deux doigts fracturés ainsi que de multiples contusions. Il a été interrogé sur ses activités de défenseur. Cette agression serait en rapport avec son intention d’accompagner ce même jour la mission de Front Line et Human Rights first devant la prison du Kef à l’occasion de la visite hebdomadaire de Samia Abbou à son époux embastillé, l’avocat Mohamed Abbou.
Elle fait suite à d’autres attaques contre les défenseurs, comme les actes de vandalismes perpétrés sur la voiture de l’épouse de Me Abderraouf Ayadi.  (Source : Kalima, N° 53, mis en ligne le 25 mai 2005) http://www.kalimatunisie.com/article.php?id=552  


La Suisse expulse un requérant d’asile tunisien

 
Sihem Bensedrine 25 mai 2007 Sahbi Sallami ben Salah

(également connu sous le nom de WAKOUDI Sahbi),un requérant d’asile tunisien sur le territoire Suisse a été expulsé de la Suisse hier, 24 Mai, tôt le matin vers 5h30 et embarqué à partir de l’aéroport de Zurich vers la Tunisie. La famille n’a aucune nouvelle sur lui. La Ligue suisse des droits de l’homme est en train de suivre son cas de près en collaboration avec le CNLT. La Confédération Helvétique s’y met donc à son tour.

Connue jusque-là, pour son hospitalité et son attachement aux droits des individus, elle emboite ainsi le pas à l’Italie, la France, le Luxembourg ou l’Irlande qui ont choisi depuis plusieurs années d’établir une étroite collaboration sécuritaire avec le pouvoir Tunisien en fermant les yeux sur sa réputation de régime policier pratiquant la torture et déniant l’indépendance de la justice.  
(Source : Kalima, N° 53, mis en ligne le 25 mai 2005)

La Juge, le Prisonnier et le Général

 Pretoria, Afrique du Sud,  25 avril 2007 Chuchotant dans les couloirs du palais présidentiel à Tunis, des hommes prétendent avoir entendu dire que le Général-Président Ben Ali aurait envoyé un médecin (lui aussi un militaire) pour évaluer l’état de santé du prisonnier politique Abderrahmane TLILI, «Il n’est pas mourant, il respire toujours» aurait dit le médecin militaire au Général-Président. Ce dernier aurait affirmé sans hésitation : «il restera donc en prison». Rien de nouveau à l’ombre des dictatures  sans  talents  ni imagination. Mais il semble que les visites répétées à Tunis d’Eva Joly, célèbre juge français spécialiste des affaires financières, ont terriblement inquiété les plus hautes autorités. On dit qu’elle a été accueillie par les intéressés avec un mélange de froideur de crainte et d’indifférence. Il faut dire que les instructions venant du palais ont été claires : éviter à tout prix tout contact entre la juge française et le prisonnier tunisien, car les conséquences de cette entrevue peuvent se révéler désastreuses pour la stratégie du régime tunisien. La volonté de la juge française de rouvrir le dossier du prisonnier politique Abderrahmane TLILI a mis les autorités tunisiennes dans le plus grand des embarras. En effet, par ce geste, elle a exprimé sa méfiance vis-à-vis de la justice du pouvoir tunisien et a     jeté   la suspicion sur ses décisions. D’ailleurs, les atermoiements et les zigzags des responsables tunisiens lui ont fait dire   que Abderrahmane TLILI   n’a en réalité «rien à se reprocher» et qu’il s’agit bien d’une «affaire montée de toutes pièces» pour l’éloigner du pouvoir. En effet, les rumeurs persistantes autour de la santé chancelante du Général-Président alimentent la guerre des clans à Tunis. Les prétendants à la succession du Général-Président sont nombreux mais cachent soigneusement leurs ambitions. Ils travaillent dans les coulisses… du palais. La libération de Abderrahmane TLILI est  susceptible de perturber  leurs stratégies occultes.  C’est la raison pour laquelle ils militent, presque tous, d’une manière active pour maintenir  Abderrahmane TLILI en prison.  Pour  contrarier leur manœuvres, il n’est pas impossible que  le général président procède prochainement à une redistribution des cartes !!!. Enfin, parmi les très nombreux messages de soutien que nous avons reçu, celui Nelson Mandela est le plus symbolique de l’extension du domaine de la lutte contre la dictature en Tunisie. En souvenir de son ami de lutte Ahmed Tlili, père de  Abderrahmane TLILI,  Nelson Mandela nous a assuré qu’il dira bientôt un mot en faveur du prisonnier politique tunisien. Omar Khalassi, pour  le Comité International de Soutien à Abderahmane Tlili (Source : blog dédié à la défense du prisonnier Abdrerrahmane TLILI, le 24 mai 2007) Lien :  http://blogabderahmane.over-blog.com/

LISTE DES FONDATEURS ET FONDATRICES DE L’ASSOCIATION CULTURELLE  TUNISIENNE  POUR  LA   DEFENSE   DE   LA  LAÎCITE (A.C.T.D.L)

 
1- Lassaad    JAMOUSSI                                                     Universitaire 2- Fethi  BELHAJ  YAHIA                                                    Directeur d’école 3- deljabbar  YOUSSEFI  NCIRI                                     Avocat à la Cour 4- Khédija  CHERIF                                                               Universitaire 5- Salah  ZEGHIDI                                                                 Cadre de banque retraité 6- Monia ELABED                                                                  Avocate à la Cour 7- Khédija  BEN HASSINE                                                    Universitaire 8 – Nabil  AZZOUZ                                                                  Enseignant 9 – Emna  MNIF                                                                      Médecin Universitaire 10- Hanem  BEN MILED                                                       Dentiste 11- Leila  AMMAR                                                                  Architecte 12- Cherif FERJANI                                                                Universitaire 13- Najet HEDHLI  BOUBAKER                                          Universitaire 14- Mekki  JAZIRI                                                                  Avocat à la Cour. 15- Mohamed Salah FLISS                                                      Cadre retraité. 16- Hichem  ABDESSAMAD                                                  Universitaire 17- Neila  JRAD                                                                        Universitaire 18- Majid  HAOUACHI                                                           Journaliste 19- Zouheir  CHARFI                                                               Enseignant 20- Basma KHALFAOUI                                                        Avocate à la Cour 21- Moufida  BELGHITH                                                        Avocate à la Cour 22- Latifa  LAKHDAR                                                              Universitaire 23- Sofiane  BEN HAMIDA                                                      Journaliste 24- Nadia  CHÄABANE                                                             Enseignante 25- H’saina  DOUIK                                                                     Enseignante retraitée 26- Raja  BEN SLAMA                                                               Universitaire. 27- Hafidha CHEKIR                                                                  Juriste Universitaire 28- Hédia  JRAD                                                                            Enseignante à la retraite. 29- Hela  ABDELJAOUAD                                                           Médecin 30- Nadia  HKIMI                                                                        Fonctionnaire 31- Hachemi BEN FRAJ                                                              Ingénieur 32- Monia BEN J’MIÄ                                                                 Juriste Universitaire 33- Amel  ELGAIËD                                                                      Fonctionnaire 34- Oumezzine  BEN AMOR                                                       Enseignante 35- Méjida  BOULILA                                                                   Enseignante 36- Abdelkrim  ALLAGUI                                                            Universitaire. 37- Abdesselem  EL  OUNI                                                            Enseignant. 38- Habib  BELHEDI                                                                     Animateur Culturel. 39- Hatem BEN MILED                                                                  Architecte

 

Irish rights group accuses Tunisia over human rights activists

By SHAWN POGATCHNIK, Associated Press Writer Associated Press, le 24 mai 2007 à 14h59 DUBLIN, Ireland (AP) _ An Irish human rights group on Thursday accused the government of Tunisia of hampering its efforts to help human-rights campaigners in the North African country _ and of singling out one jailed activist for punishment because of its interest in his case. Front Line, which highlights threats to human rights activists worldwide, said its officials witnessed a breach of rights inside Tunisia’s El Kef prison 150 miles (250 kms) from the capital, Tunis. The group said guards prevented a jailed lawyer, Mohammed Abbou, from talking with his wife Samia, using force to drag them both away after about a minute. Front Line accused Tunisia of sabotaging the family visit in punishment for Samia Abbou’s contact this week with the Irish group and a U.S. organization, New York-based Human Rights First. « The attack on Mohammed and Samia Abbou is emblematic of what we have witnessed throughout our five-day joint mission to Tunisia, where human rights defenders and their families are victims of heightened repression, » said Front Line’s director of protection, Natacha O’Brien, in a statement issued from outside the prison. Abbou received a 3 1/2-year prison sentence in April 2005 after writing articles that accused Tunisia of torturing political prisoners. Front Line also accused Tunisia of blocking local human rights campaigners from attending training seminars held from last Friday to Sunday at the office of the National Council for Liberties in Tunisia. Abbou, the former director of the Association of Young Lawyers in Tunisia, was arrested in March 2005 and initially charged with publishing slanderous articles about the country on the Internet. Prosecutors later added a charge that he assaulted another lawyer in 2002. Abbou and his lawyers complained of being repeatedly harassed, barred from some court sessions, and having too little time to prepare a defense. He mounted a hunger strike in March 2006 to publicize his demand for freedom. In the same month, police also broke up a demonstration in support of his case outside the El Kef prison. ___ On the Net: Human Rights First background on Abbou, http://action.humanrightsfirst.org/campaign/Abbou3/explanation Associated Press  

Communiqué de « Médecins Sans Frontières »

Relations entre M. Kouchner et Médecins Sans Frontières : une clarification s’impose

Paris, le 22 mai 2007. Médecins Sans Frontières constate, quelques jours après la nomination de Monsieur Kouchner à la tête du ministère des Affaires étrangères français, qu’une forte confusion persiste entre ses actuelles responsabilités et le rôle qu’il a joué dans des organisations humanitaires, dont MSF. Cette confusion qui mélange action politique et action humanitaire, est profondément dommageable à notre action et au déploiement de secours impartiaux et indépendants sur les terrains de crise. Dans les conflits, elle peut même s’avérer dangereuse. C’est pourquoi il nous paraît indispensable de clarifier les relations entre M. Kouchner et Médecins Sans Frontières et réaffirmer notre indépendance, vis-à-vis des autorités françaises, comme de tout pouvoir. Cela passe par un rappel des faits : – M. Kouchner a fait partie du groupe de douze médecins et journalistes qui ont créé MSF en 1971 ; – M. Kouchner a quitté MSF en 1979 sur un désaccord de fond portant sur le développement et la professionnalisation de l’association ; – Depuis cette date, M. Kouchner n’exerce plus aucune fonction ni responsabilité au sein de Médecins Sans Frontières ; – Depuis près de 30 ans, Médecins Sans Frontières et M. Kouchner se sont opposés sur leur vision de l’action humanitaire : M. Kouchner est favorable à un humanitaire d’Etat qui trouve notamment sa traduction dans le « droit d’ingérence humanitaire » ; au contraire, Médecins Sans Frontières défend et met en oeuvre une action humanitaire impartiale et indépendante de tout pouvoir politique, économique et religieux. – Médecins Sans Frontières n’est pas une organisation française mais internationale, comptant 18 sections en plus de la section française. Les activités de la section française de Médecins Sans Frontières sont financées à 99% par des ressources d’origine privée. MSF ne reçoit aucun fonds du gouvernement français. Perçue à tort comme partie prenante de la politique étrangère française, l’action de Médecins Sans Frontières pourrait être gravement compromise, notamment dans les conflits où la France est engagée militairement, comme en République Centrafricaine et au Tchad. Il est aujourd’hui de la responsabilité de chacun, notamment de Monsieur Kouchner, de ne pas assimiler Médecins Sans Frontières à la défense d’intérêts nationaux. L’action des volontaires de Médecins Sans Frontières n’a qu’une seule fin : secourir des populations en danger, sans aucune discrimination. Pour plus d’informations, consultez notre site internet (http://www.msf.fr), notamment l’interview de Jean-Hervé Bradol, Président de MSF : « Humanitaire et Politique : attention à la confusion ». Contacts presse: Anne Yzèbe : +33 1 40 21 28 43 Brigitte Breuillac : +33 1 40 21 29 17   

Liban: une décision d’attaquer les islamistes serait « juste » dit Kouchner

AFP, l e25 mai 2007 à 16h52 BEYROUTH, 25 mai 2007 (AFP) – Le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner a qualifié vendredi « juste » une´éventuelle décision du gouvernement libanais d’attaquer les islamistes armés retranchés dans le camp de réfugiés palestiniens de Nahr al-Bared. La décision d’attaquer ou pas « appartient » au gouvernement et à l’armée. Qu’ils l’a prenne me semble juste », a déclaré M. Kouchner qui a souligné que « les conséquences sont toujours difficiles à calculer ». « C’est à eux de prendre leurs responsabilités (…) Nous soutenons le gouvernement et l’armée », a-t-il encore dit lors d’une conférence de presse avant son retour à Paris. M. Kouchner a indiqué qu’une attaque éventuelle des islamistes du Fatah al-Islam devrait se faire « après l’évacuation de plus de civils possible, ce que j’estime tout à fait nécessaire », et « c’est ce qui est en train de se mettre en place ». Au moins 60% des habitants de Nahr al-Bared, au Liban nord, encerclé par l’armée libanaise, ont déjà évacué ce camp qui compte 31.000 réfugiés à la faveur d’une trêve en vigueur depuis mardi. La sortie des civils palestiniens du camp a marqué un arrêt vendredi. Selon des témoins sur place interrogés par l’AFP, les candidats au départ n’osent pas sortir à cause des tireurs embusqués non identifiés qui effraient les civils palestiniens. Par ailleurs, interrogé sur l’aide militaire de la France à l’armée libanaise, notoirement sous-équipée, M. Kouchner s’est contenté de dire: « nous avons fourni ce qu’ils nous demandaient ». « C’est du matériel de routine de l’armée (…) Tout n’est pas arrivé mais est en train d’arriver », a-t-il dit. Avant son départ à l’issue d’une visite de deux jours, M. Kouchner a rencontré le ministre de la Défense Elias Murr. AFP  

Kouchner réaffirme que Paris ne veut pas dialoguer avec Damas

Reuters, le 25 mai 2007 à 09h30 PARIS, 25 mai (Reuters) – Le nouveau ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a réaffirmé vendredi que la France ne souhaitait pas dialoguer avec la Syrie. S’exprimant par téléphone de Beyrouth, où il achevait une visite de deux jours, il a souligné que s’agissant du Liban il y avait aujourd’hui « la même politique » que durant la présidence de Jacques Chirac, à qui Nicolas Sarkozy a succédé le 16 mai. « Nous sommes disposés à parler avec toutes les personnalités et les représentants de groupes qui sont en faveur de l’unité du Liban, de son autonomie et de son intégrité territoriale », a déclaré Bernard Kouchner sur l’antenne d’Europe 1. « Ça veut dire très clairement que nous n’avons pas à parler avec les dirigeants syriens, que d’autres le font, que des contacts sont établis que si la situation l’autorise nous évoquerons cela et nous pourrons nous ouvrir », a-t-il ajouté. « Pour le moment », a souligné Bernard Kouchner dont le Liban est le premier déplacement à l’étranger depuis sa prise de fonction, « le problème ici c’est de savoir qu’on pose des bombes et qu’on tue des Libanais, quartier par quartier ». Des combats ont opposé ces derniers jours l’armée libanaise à des militants du Fatah al Islam, organisation islamiste armée que certains disent liée aux services secrets syriens, ce que Damas dément. Une fragile trève, en vigueur depuis mardi, à mis fin à ces affontements, les pires depuis la guerre civile qui a ravagé le pays de 1975 à 1990. REUTERS  

Eva Joly souhaite une enquête sur un compte japonais présumé de Chirac

AFP, le 25 mai 2007 à 12h59 PARIS, 25 mai 2007 (AFP) – L’ancienne juge Eva Joly souhaite que la justice française enquête sur l’affaire d’un compte bancaire présumé de l’ex-président Jacques Chirac à la Tokyo Bank en 1992, dans une interview publiée vendredi par le quotidien 20 minutes. « Si les institutions judiciaires françaises fonctionnent normalement, Jacques Chirac sera entendu sur les affaires non prescrites le concernant – les HLM (logements sociaux) de la Ville de Paris et les emplois fictifs du RPR – mais aussi sur son compte allégué au Japon », déclare l’ex-juge d’instruction de la retentissante affaire Elf, l’une des plus vastes affaires de pot-de-vins en France. « Une démocratie digne de ce nom ne peut vivre avec cette suspicion non vérifiée », affirme l’ex-magistrate franco-norvégienne, devenue conseillère anti-corruption en Norvège. L’ex-président, dont l’immunité présidentielle sera levée le 16 juin, a opposé « un démenti catégorique » à toute existence d’un compte bancaire. Il pourrait être amené prochainement à rendre des comptes à la justice dans plusieurs affaires concernant notamment la période précédent son accession à la tête de l’Etat en 1995. L’hebdomadaire d’investigation Le Canard Enchaîné a fait état dans son édition de mercredi de nouvelles notes d’un ancien haut responsable du renseignement, le général Philippe Rondot, dans lesquelles est évoqué ce compte présumé. AFP  

Turquie: l’élection du président au suffrage universel rejetée par Sezer

AFP, le 25 mai 2007 à 16h27 ANKARA, 25 mai 2007 (AFP) – Le chef de l’Etat turc Ahmet Necdet Sezer a rejeté vendredi la nouvelle loi instaurant l’élection du président au suffrage universel et a renvoyé le texte de la réforme au Parlement. Le président a jugé dans une longue argumentation que « le changement de régime visé (par la réforme) n’a pas de justification ni de raison acceptable », selon le texte de sa missive au parlement diffusé par ses services de presse. Le paquet d’amendements rejeté par le président Sezer prévoit en outre des élections générales tous les quatre ans, au lieu de cinq actuellement. Les modifications à la loi fondamentale avaient été préparées par le parti de la Justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste), au pouvoir, et adoptées le 10 mai. Si le parlement adopte à nouveau le texte sans le changer, M. Sezer ne pourra s’y opposer une deuxième fois. Il peut cependant convoquer un référendum. M. Sezer estime que les modifications ont été adoptés sans aucun débat sur le sujet, un argument développé par le principal parti de l’opposition au parlement et par une grande partie de la société civile. M. Erdogan avait annoncé que si le président rejetait la loi, son parti lui renverrait le texte sans modifications. Mais selon les observateurs politiques, l’AKP aura des difficultés à faire adopter une nouvelle fois le texte de la réforme en raison du calendrier électoral serré. L’AKP du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan avait fait adopter les amendements instaurant le suffrage universel pour l’élection du chef de l’Etat après son échec à faire élire par la voie parlementaire son candidat à la présidence, le ministre des Affaires étrangères Abdullah Gül, figure influente de la mouvance islamiste. L’épouse de M. Gül porte d’ailleurs le foulard, signe ostensible de l’appartenance à l’islam politique. M. Gül, seul candidat en lice, s’était retiré de la course électorale au Parlement, car il ne parvenait pas à obtenir le quorum de 367 députés nécessaire pour lancer un vote. L’armée, qui a fait tomber quatre gouvernements depuis 1960, était en outre intervenue par le biais d’un communiqué accusant en termes à peines voilées le gouvernement de ne pas faire assez pour défendre la laïcité et avertissant qu’elle était prête à le faire elle-même le cas échéant. Le gouvernement a rappelé les généraux à l’ordre, mais la crise politique a contraint l’AKP a anticiper les élections législatives, initialement prévues en novembre, au 22 juillet. Des millions de laïcs ont manifesté dans les grandes villes pour affirmer leur attachement à la laïcité, instauré par le père fondateur du pays, Mustafa Kemal Atatürk. AFP  

Le président turc oppose son veto à la réforme du mode de scrutin présidentiel

par Susan Fraser Associated Press, le 25 mai 2007 à 16h31 ANKARA (AP) — Le président turc Ahmet Necdet Sezer, fervent défenseur de la laïcité, a opposé vendredi son veto à un amendement constitutionnel adopté par les députés et prévoyant l’élection du président de la République au suffrage universel direct, et non plus par le Parlement. Ce veto constitue un revers pour le gouvernement du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan et pour le parti au pouvoir, le Parti de la justice et du développement (AKP), issu de la mouvance islamiste, qui espéraient, avec cet amendement, contourner l’incapacité pour leur candidat à se faire élire par voie parlementaire. A deux reprises, le candidat de l’AKP au poste de président de la République, l’actuel ministre des Affaires étrangères Abdullah Gül, a échoué devant le Parlement faute de quorum suffisant, en raison du boycott des parlementaires issus du camp laïque.
Face à l’immense mobilisation du camp laïque avec des centaines de milliers de manifestants dans les rues des plus grandes villes du pays, le gouvernement Erdogan a décidé de convoquer des élections législatives anticipées pour le 22 juillet et espérait bien les coupler avec une élection présidentielle au suffrage universel direct. Pour cela, il avait fait adopter le 11 mai dernier par le Parlement -où il dispose d’une majorité- un amendement constitutionnel modifiant le mode de scrutin pour l’élection présidentielle. Anticipant l’opposition de l’actuel président de la République, le Premier ministre avait prévenu qu’en cas de veto présidentiel, l’amendement constitutionnel serait soumis une seconde fois au vote du Parlement, probablement dès la semaine prochaine. En cas de nouveau vote favorable des députés sur ce texte, le président de la République ne pourra pas opposer une seconde fois son veto. Il pourra en revanche convoquer un référendum sur la question. Pour justifier son veto, le président Ahmet Necdet Sezer a expliqué que l’amendement n’était pas compatible avec le système démocratique turc, car, selon lui, un président élu au suffrage universel direct pourrait défier le Parlement, les deux institutions étant alors l’émanation de la volonté du peuple. Outre ce risque d’instabilité politique, le chef de l’Etat a souligné que la réforme du mode de scrutin menaçait de remettre en cause la neutralité de la fonction présidentielle. Associated Press  

L’Europe s’alarme de la conservation des données par Google

Reuters, le 25 mai 2007 à 18h12 PARIS, 25 mai (Reuters) – Google  pourrait enfreindre les lois communautaires sur la protection de la vie privée en conservant les données relatives aux recherches effectuées par ses utilisateurs sur une période pouvant aller jusqu’à deux ans, déclare vendredi un comité d’experts européens sur la protection des données personnelles. Le groupe, réunissant des représentants des organes consultatifs nationaux conseillant l’Union européenne sur la politique de protection de la vie privée, a adressé un courrier aux dirigeants du premier moteur mondial de recherche su internet pour signifier son inquiétude face au fait que Google conserve des informations sur les requêtes de ses utilisateurs pendant de trop longues périodes, a indiqué une porte-parole parisienne de la firme américaine. « Leurs préoccupations portent sur la conservation des données concernant les recherches effectuées par les utilisateurs pendant une période allant de 18 à 24 mois », a-t-elle expliqué. « L’organisme concerné, le « groupe de l’article 29″ [du nom de l’article d’une directive européenne qui l’a institué] estime que ce délai se montre trop long », a-t-elle poursuivi. A travers chaque requête, Google collecte des informations sur les goûts de l’utilisateur, ses centres d’intérêt et ses croyances, ces différentes données s’avérant susceptibles d’être utilisées par des tiers (des groupes religieux ou des publicitaires, par exemple). La porte-parole a souligné que le moteur de recherche, de sa propre initiative, a décidé il y a quelques mois de limiter à deux ans au maximum la période de conservation des données personnelles de ses utilisateurs, alors que jusqu’ici la firme américaine n’avait défini aucune limite. Google annonce préparer sa réponse à cette lettre avant la prochaine réunion du comité, prévue en juin. « Nous nous sommes engagés à mettre en place un dialogue constructif avec les instances concernées par la question de la protection des données personnelles, y compris le groupe de l’article 29, sur la façon d’améliorer les pratiques dans ce domaine dans l’intérêt des utilisateurs de Google et de l’ensemble des internautes », a déclaré dans un communiqué Peter Fleischer, conseiller de Google en matière de protection de la vie privée. REUTERS

L’affaire de la « taupe » du centre islamique de Genève se dégonfle

Associated Press, le 25 mai 2007 à 15h02 Berne (AP) La « taupe » du Centre islamique de Genève, Claude Covassi, a bel et bien travaillé pour les services de renseignement suisses. Par contre, ses graves accusations contre son ex-employeur ne reposent sur rien. Il a même donné, en tant que preuve, un CD-Rom vierge à la Délégation des commissions de gestion des Chambres fédérales, où les spécialistes de l’EPFL n’ont trouvé aucune trace d’un quelconque enregistrement. La « taupe » n’a donc pas pu apporter le moindre indice montrant que son employeur, le Service d’analyse et de prévention (SAP), lui avait demandé d’utiliser des moyens illicites pour compromettre Hani Ramadan, le directeur du Centre islamique de Genève (CIG). Son engagement et le financement de ses activités se sont déroulés conformément à la loi. Par contre, le rapport de la délégation publié vendredi à Berne met en évidence des lacunes aussi bien à la police cantonale genevoise que dans les organes de la Confédération impliqués. Services imprudents Selon le rapport, en se basant principalement sur la recommandation d’un inspecteur de la police genevoise, le SAP a « manqué à ses obligations de prudence et de circonspection lors du recrutement de Claude Covassi ». Son engagement par le SAP, puis par le Service de renseignement stratégique (SRS), a mis à jour « une fois de plus les lacunes existant dans la collaboration entre les services de renseignement de la Confédération ». En outre, des dissensions « d’ordre structurel et personnel » sont apparues entre la police genevoise et le SAP « dans la conduite de la source ». « Faute d’avoir été réglées à temps, elles ont permis à Claude Covassi de jouer un service contre l’autre ». Vide législatif Dans ses conclusions, le rapport reconnaît toutefois que « pour un corps de police ou un service de renseignement, le recours à des informateurs représente une nécessité que la délégation ne conteste pas » et que « la conduite des informateurs reste un domaine qui, bien qu’il fasse l’objet d’un contrôle politique par l’exécutif et le Parlement, échappe largement aux normes juridiques ». Il existe donc un vide législatif « difficilement compatible avec les principes d’un Etat de droit » et que la délégation propose de combler dans une prochaine révision de la loi fédérale instituant des mesures visant au maintien de la sécurité intérieure (LMSI). La « taupe » du centre islamique n’a donc pas eu les aventures de « 007 » qu’il s’était attribuées. Il n’a joué aucun rôle dans la mise à jour d’une tentative d’attentat contre un avion de la compagnie aérienne El-Al. Ce n’est pas le SAP qui l’a envoyé en Syrie, même si au terme de son voyage, il a été chargé de rédiger un rapport. Il a bien travaillé dans le cadre d’une mission pour le SRS à l’étranger, mais cette mission avait pour but de le mettre à l’épreuve en vue d’une collaboration éventuelle. Associated Press  

Affaire Covassi

Accusations du Genevois démenties – services secrets tancés

ATS, le 25 mai 2007 Berne (ats) L’affaire Covassi se dégonfle. La délégation des commissions de gestion du Parlement n’a pu trouver aucun indice sérieux étayant les accusations de l’informateur genevois. Elle n’en tance pas moins les services secrets fédéraux pour leur comportement. Claude Covassi, 36 ans, a déclenché une saga médiatique début 2006 en accusant le Département fédéral de justice et police (DFJP) d’avoit tenté illégalement de compromettre le directeur du Centre islamique de Genève (CIG) Hani Ramadan avec l’islamisme radical. Dans son rapport publié vendredi, la délégation parlementaire, affirme que son enquête « n’a pas apporté la preuve ni mis en lumière un seul indice sérieux susceptible d’étayer les graves accusations » du Genevois. Les documents qu’il a remis n’ont pas fourni un seul élement fiable. Le CD-ROM sur lequel devait se trouver des documents sonores ne portait trace d’un quelconque enregistrement. Opération Memphis Dans le détail, l’enquête confirme que Claude Covassi a été recruté en 2004 comme informateur par le Service d’analyse et de prévention (SAP) de la Confédération par l’entremise de la police genevoise. Il a participé à l’opération « Memphis » visant à connaître les éventuels liens entre le CIG et l’islamisme radical. Mais rien ne permet d’affirmer que le SAP lui a ordonné d’utiliser des moyens frauduleux, déloyaux ou illicites pour compromettre Hani Ramadan, ni même qu’il en ait eu l’intention. Le Genevois n’a pas reçu de mission d’infiltration du CIG, ni mandat de se convertir à l’islam. Le chef du DFJP et la délégation ont régulièrement été informés du déroulement de l’opération Memphis. L’engagement de Claude Covassi correspondait à celui d’un informateur de police mais pas d’un agent infiltré. Il n’a jamais été doté de fausses identités par des autorités ou des services fédéraux. Missions à l’étranger Aucun élément ne confirme que le SAP ait eu l’idée de lui confier une mission de renseignement à l’étranger. Ce service ne l’a jamais chargé de se rendre en Syrie pour y récolter des informations. Faute de pouvoir s’opposer à ce voyage privé, il l’a toléré et a chargé le Genevois de rédiger un rapport, ce qui a pu apparaître comme une caution tacite. Claude Covassi a bel et bien travaillé en Afrique pour le Service de renseignement stratégique (SRS), qui dépend du Département de la défense. Mais cette mission avait pour but de le mettre à l’épreuve. Et les résultats obtenus n’ont pas été à la hauteur des attentes. Le Genevois n’a par ailleurs joué aucun rôle dans la mise au jour d’une tentative d’attentat contre un avion de la compagnie israélienne El Al à Genève. Services secrets tancés La délégation n’est pas tendre pour autant avec les services secrets: « Le SAP a manqué à ses obligations de prudence et de circonspection lors du recrutement de Claude Covassi », son engagement par ce service puis par le SRS, « a mis à jour une fois de plus les lacunes existant dans la collaboration entre les services de renseignement ». Des lacunes existent aussi en matière de traitement d’informations secrètes entre la Confédération et la police genevoise. La délégation, qui ne conteste pas le recours à des informateurs, demande donc au Conseil fédéral de rappeler aux autorités et services compétents les règles applicables. Le DFJP est invité à fixer, d’entente avec les cantons, une procédure pour régler les éventuelles divergences de vue entre un collaborateur du SAP et un agent cantonal dans la conduite d’un informateur. Les rôles respectifs de la Confédération, responsable de la direction des tâches de protection de l’Etat, et des cantons doivent être clarifiés. Enfin, si le vide législatif actuel concernant les informateurs permet une certaine liberté opérationnelle, il est difficilement compatible avec les principes d’un Etat de droit. Une prochaine révision de loi devrait toutefois combler cette lacune. (Source : www.romandie.com , le 25 mai 2007)  


L’islamisme essaime en Inde

Françoise Chipaux – Correspondante en Asie du Sud Un nouvel attentat antimusulman, à l’intérieur même d’une mosquée du XVIIe siècle, à Hyderabad, a tué onze personnes et en a grièvement blessé une trentaine d’autres, le 18 mai, dans cette ville du centre-sud de l’Inde. Cette nouvelle attaque, après l’attentat de septembre à Malegaon – bilan : 31 morts -, a provoqué une émeute mettant aux prises la police et plusieurs centaines de jeunes parmi les 10 000 croyants qui se pressaient en ce lieu pour la prière du vendredi. Deux autres personnes ont été tuées dans ces affrontements, tandis que la police découvrait deux autres engins explosifs dans la mosquée. Rajasekhara Reddy, le ministre en chef de l’Andhra Pradesh, où se trouve Hyderabad, a immédiatement dénoncé un « sabotage intentionnel contre la paix et la tranquillité qui règnent dans le pays ». Litote ? Ce nouvel attentat et les mouvements de colère qui ont suivi ont en tout cas relancé les craintes, récurrentes en Inde, et notamment à Hyderabad, d’affrontements plus fréquents entre la majorité hindouiste d’Inde et la minorité musulmane. Problème nouveau : deuxième du monde avec 140 millions d’âmes (sur 1 milliard d’Indiens), la communauté musulmane indienne pourrait ne pas être aussi immune que par le passé à l’idéologie d’Al-Qaida et de son fondateur, Oussama Ben Laden. Alors qu’aucun Indien musulman n’a jamais été impliqué dans une opération liée à l’extrémisme islamiste, l’arrestation de jeunes musulmans locaux dans plusieurs récents attentats sanglants en Inde a réveillé le spectre d’une participation locale au panislamisme militant. Le premier ministre, Manmohan Singh, et la présidente du Parti du Congrès, Sonia Gandhi, ont tiré la sonnette d’alarme. Manmohan Singh a insisté sur la nécessité de donner aux musulmans plus de place dans la société, et en particulier dans les appareils de sécurité. Le Raw (Research Analyse Wing, service indien de renseignement) n’emploie pas un seul musulman, et l’Intelligence Bureau (équivalent de la DST) en compte très peu. Au-delà des problèmes opérationnels que pose aujourd’hui cette absence, elle souligne surtout la méfiance vis-à-vis d’une communauté qui a choisi l’Inde au moment de la partition, en 1947. « L’histoire des soixante dernières années nous dit que la peur (vis-à-vis de la minorité musulmane) sera toujours là », affirme Animesh Roul, chercheur à la Société pour l’étude de la paix et des conflits. Sans toujours l’avouer ouvertement, beaucoup d’Indiens partagent ce sentiment, et les années au pouvoir des nationalistes hindous du BJP (Parti du peuple indien) n’ont pas contribué à améliorer les choses. Cette méfiance alimente des griefs qui, jusqu’à maintenant, étaient restés « indiens ». Mais plusieurs événements ont radicalisé une frange de la communauté musulmane devenue plus sensible aux sirènes du panislamisme. « La démolition de la mosquée d’Ayodhya (le 6 décembre 1992) a été un tournant », explique Wilson John, de l’ORF (Observer Research Foundation). « Les musulmans ont été profondément troublés non pas tant par la destruction de la mosquée que par l’échec de l’Etat à protéger ce lieu et à prévenir les extrémistes hindous de massacrer des musulmans. » Environ 1 700 personnes, en majorité de confession musulmane, ont été tuées, notamment à Bombay, capitale économique de l’Inde, au cours d’émeutes interreligieuses en décembre 1992 et janvier 1993. Dix ans après Ayodhya, 2 000 musulmans ont été victimes d’émeutes dans l’Etat du Gujarat, avec la complicité du gouvernement nationaliste hindou. Ce massacre a donné un nouveau coup de pouce aux radicaux dans un contexte général d’après 11-Septembre, où, comme l’affirme le professeur Imtiaz Ahmad,  » les musulmans étaient suspects ». C’est, semble-t-il, après Ayodhya que les activistes du Mouvement islamique des étudiants (SIMI) ont commencé à s’organiser dans l’Etat du Maharashtra. « Ce fut la naissance d’un extrémisme islamiste », affirme M. John. Interdit en 2001, le SIMI avait été créé en 1977 comme un mouvement de cadres destiné « à fournir à la communauté musulmane des intellectuels instruits et ouverts », selon Mohammad Yasim Patel, avocat du mouvement, qui a été condamné à sept ans de prison pour, selon lui, avoir collé des affiches. Largement financé par l’Arabie saoudite, le SIMI entretenait des relations avec des mouvements islamistes au Pakistan, au Bangladesh, dans les pays du Golfe. Certains de ses cadres ont profité de leur présence en Arabie saoudite, dans les années 1990, pour recruter des militants parmi les milliers de musulmans indiens qui y travaillent. Actif dans plusieurs Etats indiens, le SIMI ne cachait pas son admiration pour Ben Laden. Dans tous les récents attentats, la police indienne a impliqué des anciens du SIMI, qu’elle accuse soit d’avoir aidé des exécutants venus du Pakistan, soit d’y avoir suivi des entraînements. Incontestable, le soutien du Pakistan aux musulmans du Cachemire, qui luttent pour le rattachement de cet Etat à majorité musulmane à Islamabad, s’est-il étendu à tous les croyants indiens ? Beaucoup, en Inde, le pensent. « Depuis des dizaines d’années, le Pakistan envoie des agents provocateurs en les dotant de ressources et de moyens », affirme Ajai Sahni, directeur général de l’Institut pour la gestion des conflits. « Dans toute société, vous avez toujours de petits groupes disposés à transformer des griefs en violence », dit-il. Plus discret mais peut-être plus marquant à terme, le rôle de l’Arabie saoudite est aussi souligné dans la radicalisation de la communauté. « Ces vingt-cinq dernières années, les Saoudiens ont très sérieusement essayé de propager leur vision salafiste et wahhabite (rigoriste) de l’islam », affirme le professeur Imtiaz Ahmad. « Les oulémas salafistes, qui ont bénéficié brusquement de gros moyens, ont aidé à modeler un état d’esprit très étroit et très rigide », ajoute-t-il. « Le SIMI et le Tablighi Jamaat, qui ont une présence substantielle dans la basse classe moyenne, peuvent créer un environnement politiquement réceptif au djihad », dit-il encore. Fondé en Inde en 1927 par un religieux de l’école deobandi (fondamentaliste), le Tablighi Jamaat se veut un mouvement apolitique de prédication, mais il est largement considéré comme une puissante agence de recrutement au service de l’extrémisme. Le Tablighi entretient un réseau d’écoles coraniques (madrasas) comme la Jahma Rahmania Tajweed Ul-Kuran à Nangloi, dans la banlieue nord de Delhi. Avec ses mares putrides, ses rues poussiéreuses et défoncées, ses maisons en quinconce, Nangloi n’est pas le Delhi du XXIe siècle, et la madrasa est à l’image de ce quartier défavorisé. 280 enfants, dont 135 pensionnaires venus de différents Etats indiens, y étudient. « A Delhi, le Tablighi Jamaat a 400 000 membres », affirme Mohammad Lukman, directeur de l’école. Dans le quartier musulman de Nizamuddin-Ouest, à Delhi, personne n’avoue connaître leur lieu de rassemblement. « Le Tablighi Jamaat n’a ni adresse ni bureau officiel », affirme l’un de ses membres : « Tout le monde se contacte par téléphone. » Dans sa madrasa, Mohammad Lukman avoue sa peur. « Que pouvons-nous faire ? Si un de nos fils fait quelque chose de mal, toute la communauté est blâmée. Si on s’adresse aux autorités, elles nous accusent de nourrir la violence dans les madrasas. Les musulmans ne sont pas capables de défendre leurs droits, car même s’ils disent la vérité, celle-ci est interprétée à leur détriment », ajoute-t-il. « Au nombre de 15 000, les madrasas, en majorité deobandi, fournissent une éducation conventionnelle qui ne fait aucune part à l’esprit critique et forme des mollahs conservateurs », affirme le professeur Ahmad, tout en soulignant que seuls « 1,5 % à 2 % des enfants musulmans étudient dans les madrasas ». Celles-ci sont fortement financées par les milieux d’affaires musulmans. « Très généreux, les hommes d’affaires musulmans ne désirent sûrement pas soutenir le terrorisme, mais l’argent donné peut être détourné à des fins extrémistes », explique M. Ahmad. Les cassettes d’Oussama Ben Laden ou de son adjoint, Ayman Al-Zawahiri, sont facilement accessibles en Inde. « Nous n’avons pas le droit de parler de cela », affirme simplement Omar, un étudiant de la madrasa de Nangloi. « Le panislamisme n’a pas atteint le point où les extrémistes indiens auraient un lien direct avec Al-Qaida », affirme le docteur Subhas Kapila, consultant du South Asia Analysis Group. « Mais l’Inde est aujourd’hui assiégée », dit-il. « Si le gouvernement échoue à examiner certains griefs de la communauté musulmane, je pense que l’extrémisme islamiste va s’accroître et dériver vers le terrorisme », affirme M. John. « Le gouvernement ne devrait pas traiter tous les musulmans comme des terroristes, car, s’il le fait, il aura de gros problèmes », ajoute-t-il. Pour l’instant, selon les experts, les cellules islamistes extrémistes sont encore isolées les unes des autres, et on ne peut pas parler d’un véritable réseau. Mais la multiplication des incidents – soixante-quinze rien qu’à Delhi impliquant des groupes islamistes entre 2004 et 2006, selon M. Sahni – et les saisies de plus en plus fréquentes d’armes et d’explosifs reflètent, selon eux, une activité croissante. Limité à une infime minorité de musulmans, le panislamisme militant a pénétré l’Inde. Comme l’affirmait M. K. Subramanian, membre du Conseil national de sécurité au lendemain des attentats de Mumbai, en juillet 2006 (200 morts) : « Vous ne pouvez pas exclure la présence de sympathisants locaux d’Al-Qaida. » (Source : « Le Monde » (Quotidien – France), le 26 mai 2007)

 


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