25 septembre 2011

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TUNISNEWS
11 ème année, N°4105 du 25.09.2011

 


Le Nouvel Observateur: Tunisie-Algerie: vers un affrontement suscité par la France

Cyberpresse: Interdiction du droit de vote des tunisiens au Canada

Slate Africa: Samir Feriani, une affaire tunisienne

NPA: Des élections en tunisie et après?

NPA: Tunisie : la révolution mise en péril


Tunisie-Algerie: vers un affrontement suscité par la France


La France officielle serait-elle tentée d’inciter à un conflit algéro-tunisen? Oui. A cela pliisieurs raisons:

1.l’Algerie officielle s’est dés les débuts positionné contre la politique française ne Afrique du nord

2.une raison npour vendre des rames et d’intervenir aux cotés des tunisiens pour faciliter l’emprise sur l’économie tunisienne: aide, assistance , vente d’armes, instructions etc

3.influencer le regime algérien pour abandonner son soutien au CNT libyen

4.amener l’Algerie , isolée de part et d’autre, à composer avec la France et à relancer dles relations commerciales

Après la reconnaissance du CNT comme représentant du peuple libyen par l’Union africaine, l’Algérie s’apprête à officialiser ses relations avec cette instance intérimaire dans les tout prochains jours, selon le chef de la diplomatie algérienne.

Qualifiant les relations actuelles de l’Algérie avec le Conseil national de transition libyen de “quasi officielles”, le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a déclaré jeudi que ces rapports vont passer au stade de “relations officielles”. Intervenant à New York en marge des travaux de l’Assemblée générale de l’ONU sur la chaîne satellitaire Al-Arabiya, le chef de la diplomatie algérienne a affirmé que “sur la base des engagements du CNT et de la position exprimée par l’Union africaine, les relations quasi officielles que l’Algérie entretenaient avec le CNT seront transformées en relations officielles”. Il n’a, toutefois, pas fixé de délai à cette perspective, qui devrait intervenir une fois que le gouvernement libyen de transition que devrait former le CNT d’ici une dizaine de jours sera connu. Pour rappel, l’Algérie avait pratiquement conditionné sa reconnaissance officielle des nouvelles autorités libyennes, lorsqu’un gouvernement représentant tous les Libyens sera mis sur pied. Mourad Medelci a rappelé le communiqué publié jeudi par ses services dans lequel il a été souligné que l’Algérie “a pris acte de la déclaration faite par le président de l’Union africaine, Teodoro Obiang Nguema, lors de la réunion de haut niveau sur la Libye parrainée par les Nations unies, tenue mardi à New York, de la lettre envoyée par le CNT au président de la commission, le 5 septembre 2011, ainsi que du communiqué de la 294e réunion du Conseil de la paix et de la sécurité, tenue mercredi à New York”. La même source estime qu’en conséquence, “le gouvernement algérien a déclaré sa volonté à travailler étroitement avec les nouvelles autorités libyennes afin d’asseoir une coopération bilatérale féconde au bénéfice des deux peuples frères et pour favoriser les conditions de la préservation de la paix, de la sécurité et de la stabilité dans la région”. Dans des déclarations à l’APS et à l’ENTV, le ministre a réitéré “la forte volonté de l’Algérie de travailler avec les responsables de la Libye nouvelle pour améliorer les relations bilatérales dans tous les domaines afin que la coopération entre les deux pays redevienne normale”, tout ajoutant que “la Libye n’est pas seulement un pays ami, mais aussi un pays frère”. Mourad Medelci a, par la suite, expliqué la démarche de l’Algérie qui a abouti à cette décision, en soulignant que la position de l’Algérie a été basée, d’une part, “sur la cohérence avec celle de l’Union africaine”, et, d’autre part, “sur l’engagement du CNT à consolider l’unité du peuple libyen, qui est certainement l’objectif le plus important”. Il indiquera que cette position de l’UA a été par la suite confirmée par son Conseil de la paix et de la sécurité qui avait tenu une réunion mercredi dernier à New York. Au sujet de la fermeture par les autorités algériennes des frontières avec la Libye, dans le sillage des troubles politiques et sécuritaires dans ce pays, le ministre des Affaires étrangères a été catégorique en indiquant que la réouverture de ces frontières ne se fera que si leur surveillance est également assurée du côté libyen.

Source: « Le Nouvel Observateur » Le 24-09-2011


Interdiction du droit de vote des tunisiens au Canada


Les Tunisiens d’ici pourront-ils voter lors des élections de l’Assemblée constituante de la Tunisie, qui se dérouleront à la fin du mois d’octobre prochain? Rien n’est moins sûr, constate avec stupéfaction l’homme d’affaires granbyen Salah Chraiet. «Ça crée beaucoup de frustration chez les Tunisiens d’ici. Les gens sont de plus en plus choqués par l’attitude du Canada», lance-t-il, outré par la décision d’Ottawa de leur interdire le droit de vote sur son territoire.

Ce dernier ne comprend pas l’attitude du gouvernement Harper à l’égard des ressortissants, qui rêvent de participer «aux premières élections libres de l’histoire de la Tunisie».

Le scrutin prévu entre le 20 et le 22 octobre dans leur pays d’origine sera en effet le premier depuis la chute du président Ben Ali en janvier dernier. Parmi les 217 députés qui auront le mandat de rédiger la nouvelle constitution du pays et d’élire le futur gouvernement, deux représenteront les Tunisiens vivant en Amérique, explique M. Chraiet. D’où l’importance d’aller voter.

 

«Quand il y avait des élections en Tunisie avant, j’avais le droit de voter ici. Ça s’est toujours fait. Mais là, le Canada est le seul pays à nous le refuser, alors que ça compte vraiment. On ne veut pas se faire priver de cette première élection démocratique!», s’emporte-t-il.

Lui et ses compatriotes – ils seraient environ 15 600 au Canada et une centaine à Granby – se questionnent sur la décision du Canada qui, jeudi, disait espérer que les immigrés tunisiens pourraient voter, tout en refusant d’être considéré comme «une circonscription électorale tunisienne».

Source: « Cyberpresse » Le 24-09-2011

 


Samir Feriani, une affaire tunisienne


Par Lilia Blaise L’ambiance est tendue dans la petite salle d’audience du Tribunal administratif militaire de Tunis, une vingtaine d’avocats bénévoles se sont réunis pour la cause d’un seul homme : Samir Feriani. Ce haut fonctionnaire est devenu depuis quelques mois, un symbole en Tunisie. Emprisonné pour «atteinte à la sûreté de l’ Etat» bien après le 14 janvier, sa mise en liberté est réclamée par tous les Tunisiens depuis. L’homme comparaissait jeudi 22 septembre devant ses juges assumant son droit de «dire la vérité aux Tunisiens». Leila Feriani, l’épouse de l’inculpée, est fatiguée «c’est pénible, je n’en peux plus»a-t-elle répété lors d’un entretien mercredi 21 septembre, un jour avant l’ouverture d’un procès qui est devenu l’affaire de nombreux Tunisiens. Samir Feriani représente malgré lui un symbole après quatre mois passés à la prison de l’Aouina où était emprisonné Abderrahim Zouari ancien ministre du transport de Ben Ali et où séjourne Imed Trabelsi, neveu de Leila Trabelsi . Arrêté ou plutôt «enlevé» le dimanche 29 mai près de son domicile, quelques jours après la parution dans le journal tunisien L’expert d’un article qui dénonçait les agissements de l’ancien régime sur les manifestations de Sidi Bouzid, sa famille et ses proches se battent pour sa libération. «Nous le soutenons depuis le début, c’est un homme respecté qui n’a jamais fait de mal à personne»déclare sa voisine le jeudi 22 septembre dans la foule d’une cinquantaine de personnes venues assister au procès. A 8h30, beaucoup étaient déjà présents avec des pancartes et des banderoles.. L’affaire Sami Feriani est aussi celle d’un soutien populaire ; entre groupes Facebook etmobilisation via des manifestations, les rassemblements et lamédiatisation de l’affaire en ont surpris plus d’un. Il est 9h30, Leila Feriani est entrée depuis quelques minutes dans le tribunal. Le procès qui ne devait pas être public est finalement accessible à quelques journalistes inscrits sur une liste. Chacun négocie, surtout la presse étrangère pour avoir le droit d’accès. Malgré un porte-parole du ministère conciliant, beaucoup n’entreront pas. La presse étrangère prend donc son mal en patience dehors pendant que les journalistes tunisiens assistent au procès, la salle étant petite, la sélection semble être acceptée.  

De quoi exactement est accusé Samir Feriani? Encore aujourd’hui l’intitulé du chef d’inculpation révèle peu sur le contenu de son accusation. Dans le journall’Expert, il aurait dénoncé explicitement les agissements de certains cadres hauts placés pendant l’ère Ben Ali notamment ceux de Yassine Tayeb, chargé de la sécurité et qui aurait ordonné les répressions de manifestants dans les régions de Kasserine et de Sidi Bouzid selonl’enquête menée par le journaliste Pierre Puchot dans Mediapart. Dans la salle d’audience alors que Samir Feriani se tient silencieux face aux trois juges, la salle est remplie de journalistes, de curieux et de militaires qui n’attendent qu’une chose, le verdict de sa libération. Alors que le tribunal énonce plus de 29 chefs d’inculpation, la famille de Samir Feriani, sa femme ses deux fils et sa mère s’emportent avec le collectif d’avocats qui ne comprend pas cette accumulation de charges. La salle s’agite surtout lorsque vers le coup de 10h, le juge déclare que les révélations qu’avait faites l’inculpé sur la destruction d’archives de l’OLP (l’organisation de libération pour la Palestine était basée à Tunis entre 1982 et 1994 et aurait conçu des rapports dans lesquels elle décrivait les liens entre Ben Ali et le Mossad) et sur des documents de sécurité militaire étaient passibles de peine mort… La salle s’étouffe, personne ne comprend, et les avocats répliquent en chœur. Passé ce soulèvement qui est apaisé par une mise au point du juge, les évènements prennent une autre tournure. Samir Feriani n’a pas la parole. Même s’il est «en pleine forme et optimiste » comme l’a confirmé sa femme dans la matinée, il se tient droit face à un juge qui semble indécis. Les avocats quant à eux sortent car une polémique vient de débuter. Que faire ? Ils ne veulent pas plaider la cause de Feriani aujourd’hui car pour eux le procès est biaisé.  

Outre la réclamation de l’ajournement du procès, certains veulent poursuivre les plaidoiries tandis que d’autres revendiquent la libération immédiate de Samir Feriani qui est tout l’enjeu de ce jeudi 22 septembre. Près d’eux, sous le soleil brûlant, Leila Feriani est à bout«Qu’ils se mettent d’accord, c’est plus possible. Il y a trop d’avocats et l’essentiel c’est qu’il sorte».Le groupe finit par s’accorder et retourne dans la salle d’audience. Il semble difficile de faire parler tous les avocats, certains se désignent d’office pour plaider la libération de Feriani. A quelques pas d’eux, sa mère Rafia Bouhejba Feriani suit au détail près chaque parole. Éprouvée par une grève de la faim entamée depuis cinq jours lorsque son fils avait lui-même déclaré ne plus manger jusqu’à sa libération pour se rétracter ensuite, cette femme de 72 ans a eu du mal à retenir ses larmes durant le déroulement du procès. Dans un coin de la salle, discrètement, la militante des droits de l’homme Sihem Bensedrine suit avec attention les évènements.

Dehors, Leila Feriani est sortie s’isoler un instant. A côté des caméras des chaînes de télévisions non autorisées dans la salle et posées le long du mur, elle confie son angoisse,

A l’intérieur, les avocats négocient toujours devant un juge impassible. Quelques minutes plus tard, le silence s’installe. Les deux juges se cachent ostensiblement derrière leurs dossiers pour délibérer face à une audience qui retient son souffle. Qu’en sera-t-il du sort de Samir Feriani ? Pour beaucoup des gens réunis à l’extérieur, c’est aussi une affaire tunisienne qui se joue sous leurs yeux. Alors que l’indépendance de la justice est remise en question depuis des mois à travers l’acquittement d’anciens du régime Ben Ali, la libération de Samir Feriani représente un test à la fois pour le gouvernement et la justice.

Et pourtant l’affaire Feriani est aussi une impasse car sa libération signifierait aussi de poursuivre l’enquête qu’il avait demandé sans sa lettre au ministre de l’Intérieur Habib Essid. Comment le gouvernement fera-t-il face aux accusations de Samir Feriani en période électorale ? Et comment la société civile réagira-t-elle ? Après dix brèves minutes de délibération, le juge déclare impassible que Samir Feriani est libre, la clameur qui retentit dans la salle étouffe les derniers mots, «conditionnellement».En effet malgré la joie de tous, le procès est reporté au 29 septembre et aura bien lieu.  

A la sortie du tribunal, la foule a grossi et se précipite sur Leila Feriani, son mari ne sera libéré que plus tard après être passé à la prison de l’Aouina. On aura vu l’homme qu’un court instant, de dos, le temps de ce procès. Aussi médiatisé que l’a été son portrait, icône de la liberté d’opinion après le 14 janvier, l’homme reste discret jusqu’au bout attendant sans doute la suite des évènements le 29 septembre.


DES ÉLECTIONS EN TUNISIE ET APRÈS?


Le 23 octobre prochain, les Tunisien·ne·s seront appelés aux urnes pour élire leur Assemblée Constituante. Alors que le climat social et politique reste en ébullition, les principales forces politiques semblent vouloir stériliser la charge de transformations sociales et politiques portées par la révolution tunisienne. Pour en parler, nous nous sommes entretenus avec notre camarade Anis Mansouri, membre du Comité de soutien aux luttes populaires dans le monde arabe.

Comment décrirais-tu la situation sociale en Tunisie à la veille des élections?

Elle s’est beaucoup dégradée. Le nombre de chômeurs·euses ne cesse d’augmenter, et le marché de la «débrouille» se développe constamment. La loi qui est entrée en vigueur le 2 septembre dernier ne va malheureusement guère arranger les choses. Celle-ci interdit en effet aux chômeur-euses d’installer un stand dans les rues sans autorisation préalable. Certes, le marché parallèle soutenu par la mafia politico financière de Belhassan Trabelsi s’est particulièrement développé ces derniers temps. Mais cette loi va inévitablement toucher aussi le peuple qui meurt de faim et qui cherche à s’en sortir.

De plus, les indemnités pour les chômeurs·euses décidées par le gouvernement provisoire n’ont été versées que durant quelques semaines et les licenciements se multiplient. Enfin, la production de céréales et de fruits et légumes est en forte baisse alors que les prix ne cessent de monter. Aujourd’hui, certains produits manquent même sur les marchés. Pourtant, pas un mot dans la campagne électorale qui commence sur cette situation difficile.

Est-ce que face à cette situation, les mobilisations sociales se sont amplifiées ces derniers temps?

L’Union des diplômé·e·s chômeurs·euses (UDC) est au cœur des mobilisations. Elle vient d’organiser à Sousse une rencontre nationale à laquelle ont assisté environ 500 étudiant·e·s et chômeurs-euses diplômés. Emancipation sociale et politique et développement équitable des régions, voilà leurs revendications. Le 15 août dernier, les mobilisations promues par la gauche syndicale, les avocats et l’UDC ont atteint leur apogée. A cette date, en effet, certains représentants de l’ancien régime ont été amnistiés et libérés avec la complicité de l’appareil judiciaire et de l’actuel premier ministre. Cette mobilisation a rassemblé à Tunis une dizaine de milliers de manifestant·e·s.

La bureaucratie syndicale aux ordres du gouvernement a essayé d’absorber cette colère en organisant une manifestation isolée dans un coin de Tunis à l’appel également des partis libéraux et des islamistes; moins d’un millier de personnes y ont participé. Cette mobilisation du 15 août dernier a dû essuyer les tirs de la police touchant à mort un manifestant n’appartenant à aucune organisation politique. Ailleurs en Tunisie, les mobilisations se sont poursuivies devant les sièges de l’UGTT (Union générale tunisienne du travail), à Sfax, Sousse, Monastir… Les mobilisations sociales sont donc toujours d’actualité même si la campagne électorale semble ne pas vouloir en tenir compte.

Venons-en justement à cette campagne, quelle est l’importance à ton avis de cette élection?

L’opportunité de participer ou non aux élections a fait l’objet d’un débat. En effet, la revendication populaire d’élire une Assemblée constituante, portée par un mouvement de masse qui a fait chuter le deuxième gouvernement provisoire, a été détournée. L’Assemblée constituante a été vidée de son sens puisque ce qui est largement proposé aujourd’hui, par la frange libérale de la bourgeoisie tunisienne ou par Ennahda, ce sont de vagues réformes politiques et institutionnelles. Les fondements de la révolution sociale sont totalement occultés.

Néanmoins, la gauche anticapitaliste a décidé de participer à ces élections parce qu’elles font partie du processus révolutionnaire et surtout parce qu’elles donnent l’opportunité de faire un tri par rapport aux projets de société qui seront présentés dans la campagne. Elles permettront aussi de proposer un programme de transition vraiment militant et de démontrer que tout ne se jouera pas à l’intérieur de la Constituante nouvellement élue, mais aussi et peut-être surtout à l’extérieure de celle-ci.

Le 3 septembre dernier, 104 listes ont été déposées, mais un seul parti est donné favori. Qu’en penses-tu?

En fait, il existe aujourd’hui en Tunisie plus de 117 partis, certains ne sont pas encore reconnus, d’autres regroupent des associations citoyennes, la situation politique est en ébullition.

Néanmoins on peut distinguer trois pôles qui se disputent la place dans ces élections. Tout d’abord, le pôle des libéraux, qui ne représente pas uniquement la frange démocratique mais aussi les anciens du RCD (Rassemblement constitutionnel démocratique) relookés [le parti de Ben Ali aujourd’hui dissout et interdit NDR]. Ce pôle est aujourd’hui en tractation avec les différentes instances internationales monétaires et les gouvernements occidentaux; il reconnaît la dette et entend préserver les accords d’association avec l’UE. Il se dit en outre prêt à s’allier avec Ennahdha quitte à faire quelques concessions aux acquis dits modernistes, essentiellement à ceux qui touchent aux droits des femmes. Ce premier pôle est sans doute l’un des favoris de ces élections.

Le second pôle est constitué par les islamistes eux-mêmes qui prônent un double discours sensément ouvert et démocratique (parmi les listes qu’ils présentent, quatre sont menées par des femmes) mais qui vise de fait à restaurer les valeurs d’un islam politique obscurantiste et passéiste dans la vie politique de la Tunisie.

Le troisième pôle est porté par les différentes composantes de la gauche, essentiellement la gauche anticapitaliste, ce qui reste du Front 14 janvier. Malheureusement, il ne trouve pas la bonne articulation entre démocratie politique et démocratie sociale. De plus, un certain sectarisme et un manque d’ouverture semble caractériser ce troisième pôle. Il est souvent plus facile de collaborer avec des citoyen·e·s et des associations de quartiers qu’avec des militant·e·s.

Quels vont être les objectifs de campagne de ce dernier pôle?

Il est essentiel pour ce troisième pôle de placer au centre du débat quelques éléments clés qui vont faciliter le tri entre différents projets de sociétés. Ils peuvent être résumés ainsi: 1. La liquidation de l’héritage de l’appareil répressif. 2. Un programme de développement équitable entre les régions. 3. L’égalité entre les citoyen-nes et la suppression des exceptions dites culturelles apposées à la signature de conventions internationales, comme celles relatives aux droits humains et à l’égalité entre les sexes. 4. La gratuité de tous les services, transports, santé et communication. 5. L’annulation de la dette et des accords d’association. 6. La concrétisation de la démocratie directe.

Sans un débat autour de ces questions capitales, la campagne risque de se cristalliser autour de quelques réformes institutionnelles sans véritable contenu social et politique. Aujourd’hui, le vent ne nous est pas favorable. Pensons notamment au fait que la Ligue de la Gauche Ouvrière est à ce jour toujours interdite (voir leur communiqué ci-dessous, NdlR). De plus, les dernières mobilisations sociales se sont soldées par des morts, la police tirant sur la foule. Enfin, les divisions suicidaires au sein de la gauche risquent de faire capoter tout entrée en matière sur des éléments qui constituent le cœur de la révolution tunisienne. Les mobilisations doivent être poursuivies inlassablement, dans la rue, pour amener le débat sur ces questions fondamentales. On ne peut pas considérer que l’Assemblée constituante est le sommet au-delà duquel le processus révolutionnaire ne peut aller. Selon moi, l’Assemblée constituante est un minimum, et le peuple tunisien ne s’est pas révolté pour obtenir le minimum.

TUNISIE : LA RÉVOLUTION MISE EN PÉRIL


Ahlem Belhadj, Nizar Amami et Jalel Ben Brik, responsables de la Ligue de la gauche ouvrière (LGO), analysent la situation en Tunisie à l’approche des élections. Le conflit entre une partie de la police et le gouvernement Beaucoup d’opacité règne sur les motivations réelles des policiers qui ont, le 5 septembre, éjecté de son poste le militaire qui dirige la Garde nationale. Une seule chose est claire : il s’agissait pour eux de remettre en cause la suprématie de l’armée. Le discours du 6 septembre C’est la première fois que l’actuel Premier ministre fait un discours avec à ses côtés le chef d’état-major de l’armée, qui est le symbole des outils de répression en Tunisie. Ils ont sans doute voulu que la population en déduise que la situation sécuritaire du pays était grave, à tel point que des conflits existent entre les corps de répression. Béji Caïd Essebi n’a pas hésité pas à parler de « rébellion » ainsi que de « putsch » et de « coup d’État » au sein de la police. Cela lui a permis ensuite d’annoncer sa volonté de faire un usage rigoureux du décret de janvier 1978 qui permet d’emprisonner des personnes sans recourir aux tribunaux, ainsi que d’interdire toute manifestation, rassemblement sit-in, grève, etc. Le but du pouvoir est certainement de préparer le terrain à la possibilité d’imposer un régime répressif, militaro-policier-bureaucratique face à deux scénarios possibles :

– une situation comparable à celle de l’Algérie après la victoire électorale des islamistes en 1991 ; – une accélération du mécontentement social et un début de rejet du vieux et arrogant Premier ministre. Au passage, Essebsi a perdu son sang froid. Il a traité les policiers rebelles de singes, et annoncé l’interdiction de leur syndicat. Il s’est en fait couvert de ridicule : juste après son discours, sa voiture a été saccagée par des policiers rassemblés devant le siège du gouvernement. Les sit-in de policiers À la suite du discours du Premier ministre, des policiers ont organisé pendant plusieurs jours des sit-in devant le ministère de l’Intérieur. Au-delà de la protestation contre les propos injurieux d’Essebsi, leur attitude s’explique sans doute par la combinaisons de plusieurs facteurs. D’abord, comme beaucoup de salariés, de nombreux policiers sont dans une situation proche de la pauvreté. Simultanément, ils se sentent haïs par la population car ils sont depuis des années en première ligne dans la confrontation directe avec tout ce qui bouge. Ensuite, de nombreux policiers souhaitent être débarassés de responsables formés sous Ben Ali par les États-Unis et la France. Enfin, des nostalgiques de Ben Ali ont très certainement su exploiter ce malaise, en particulier des policiers ayant des démêlés avec la justice pour leurs méfaits passés. Les élections du 23 octobre Il ne faut pas se faire d’illusions sur les élections à l’Assemblée constituante : la presse et la magistrature ne sont pas indépendantes, l’influence de l’argent des capitalistes tunisiens et étrangers est considérable. L’Assemblée constituante sera contrôlées par des partis ne s’opposant pas au capitalisme international. Elle aura une orientation proche de celle des gouvernements de Turquie et du Qatar, et entretiendra de bons rapports avec les USA et la France. Du temps de Ben Ali, nous avions un gouvernement policier d’une seule couleur politique mettant en place la politique néolibérale. Après les élections nous aurons un gouvernement menant la même politique économique, mais comportant plusieurs couleurs politiques : conservateurs religieux, politiciens de droite, sociaux-libéraux, etc. Face aux partis voulant en finir avec la légitimité révolutionnaire au profit d’une prétendue légitimité institutionnelle, il est important d’affirmer la primauté de la légitimité révolutionnaire et de la lutte. La LGO avait appelé pour cette raison à la formation d’un front antilibéral et anti-impérialiste. Elle s’est adressée essentiellement aux composantes de la gauche ayant participé au Front du 14 Janvier, ainsi qu’à des forces plus petites. Mais le sectarisme et le narcicisme des uns, ainsi que la tentation d’alliances avec le centre gauche des autres ont fait échouer ce projet. La LGO sera donc seule dans cette campagne avec le double handicap d’être une organisation de petite taille et de ne pas avoir obtenu son visa. Elle participera néanmoins à ces élections dans trois circonscriptions sur 24 par le biais de la liste indépendante « Continuons la révolution ! »

Source: « NPA » Le 24-09-2011

 

 

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