24 juin 2008

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TUNISNEWS
 8 ème année,N° 2954 du 24.06.2008 archives : www


Liberté et Equité:les jeunes Ali Ben Jouda, Yassine Triki…ont été déférés devant la sixième chambre criminelle du Tribunal de Première Instance de Tunis

Associated Press:Tunisie: arrestation du porte-parole du mouvement de protestation du bassin minier de Gafsa

Albadil Urgent :Lettre de Marie-George Buffet à Mohamed Raouf Najar, ambassadeur de Tunisie en France

Albadil Urgent :Incidents à Redeyef, le Gouvernement du Président BEN ALI donne l’ordre de faire feu sur de jeunes manifestants

Reuters:Tunisie – Amnesty critique les tortures persistantes

AFP:Amnesty s’inquiète des droits de l’homme dans l’Union pour la Méditerranée

Pour une Méditerranée des luttes:Manifestons samedi 5 juillet

Mizaanoun:M. Sarkozy devant la Knesset

AFP:Nicolas Sarkozy critique violemment le Hamas

Kamel Chaabouni:POUR LE RETOUR A UNE SEXUALITE LIBRE EN TUNISIE !

 


Sauvez la vie du prisonnier politique et ingénieur Ridha Boukadi Liberté pour Slim Boukhdhir, la plume libre Liberté et Equité Organisation de droits de l’homme indépendante 33 rue Mokhtar Atya, 1001 Tunis Tel/fax: 71 340 860 Email : liberte.equite@gmail.com Le 24 juin 2008

les jeunes Ali Ben Jouda, Yassine Triki…ont été déférés devant la sixième chambre criminelle du Tribunal de Première Instance de Tunis

 
Lundi 23 juin 2008, les jeunes Ali Ben Jouda, Yassine Triki, Adom Khouni et Mohammed Hédi Houissa ont été déférés devant la sixième chambre criminelle du Tribunal de Première Instance de Tunis, dans le cadre de l’affaire n°17099 pour tenue de réunions interdites, en vertu de dispositions des articles 7 et 26 de la loi de 1969. Cette affaire s’inscrit dans le cadre des affaires montées contre des jeunes pratiquants, connues comme affaires de « salafistes« . Et, effectivement ces jeunes ont été déférés initialement pour adhésion et incitation à la commission d’infractions terroristes en vertu des dispositions des articles 1, 4, 6 et 12 de la loi de l’année 2003. La clôture de l’enquête a écarté toute commission par ces jeunes de faits de nature à constituer les précédentes accusations mais a maintenu que les faits établissaient la tenue de réunion en vertu des dispositions de l’article 7 de la loi de 1969 qui dispose : « les autorités peuvent interdire par arrêté toute réunion susceptible de troubler la sécurité et l’ordre publics. Notification de cet arrêté sera faite aux organisateurs de la réunion par des agents de la Sûreté ». Maîtres Abdelfattah Mourou, Anouar Aouled Ali, Ali Ben Mansour, Sahbi Basli, Nacer Laouini, Slim Boukedida, Mohammed Sami Triki, Aymen Triki ont assuré la défense des accusés […] la séance a été reportée pour le délibéré et le prononcé du jugement au 3 juillet 2008. Les avocats sont convaincus que le tribunal prononcera […] un non-lieu. […] Pour le bureau exécutif de l’organisation Le Président Maître Mohammed Nouri (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version originale, LT)

Associated Press, le 23 juin 2008 à 21h59 Tunisie: arrestation du porte-parole du mouvement de protestation du bassin minier de Gafsa

 
TUNIS (AP) — Plusieurs syndicalistes, dont le porte-parole du mouvement de protestation sociale dans le bassin minier de Gafsa, Adnane Hajji, ont été arrêtés dimanche par la police, a-t-on appris lundi de sources concordantes. Cette région du sud-ouest tunisien a été ces derniers mois le théâtre d’une agitation sociale pour cause de chômage accentué et de conditions de vie difficiles. Selon le président du comité de soutien du bassin minier, Messaoud Romdhani, Adnane Hajji a été arrêté dans la nuit de dimanche à son domicile à Redeyef. Il serait accusé en autres de « port d’armes blanches et de constitution de bande de malfaiteurs ». Présenté lundi devant le juge d’instruction en même temps que deux de ses camarades arrêtés, il a refusé de répondre aux questions en l’absence de ses avocats, a précisé M. Romdhani, selon lequel l’interrogatoire a été reporté à jeudi prochain. Contactées par l’Associated Press, les autorités ont confirmé l’arrestation du syndicaliste « dans le cadre des poursuites engagées contre les personnes impliquées dans les troubles de l’ordre public et dégradation de biens d’autrui ». Selon la même source, « l’enquête a révélé l’implication de Adnane Hajji dans ces troubles », qui ont opposé début juin manifestants et forces de l’ordre faisant un mort et plusieurs blessés. Le calme n’est revenu qu’après le déploiement de l’armée à Redeyef, principale ville minière, où ont lieu les accrochages les plus violents. Associated Press


 

Lettre de Marie-George Buffet à Mohamed Raouf Najar, ambassadeur de Tunisie en France

 
Monsieur Mohamed Raouf Najar Ambassadeur Ambassade de Tunisie 25, rue Barbet de Jouy 75007 Paris Paris, le 19 juin 2008 Monsieur l’Ambassadeur, Je suis informée que Monsieur Hamma Hamami, Secrétaire général du Parti communiste ouvrier de Tunisie et sa fille Sabah, de 9 ans, ont été très récemment physiquement agressés et insultés par des agents de la sécurité lorsqu’ils sortaient de leur domicile pour aller faire quelques courses. Monsieur Hamami a aussi reçu des menaces directes par téléphone, menaces dans lesquelles on le met en demeure de cesser de s’occuper des problèmes sociaux de la région de Gafsa. Je tiens à vous faire part de ma grande inquiétude devant ces faits incompréhensibles et, je dois le dire, injustifiables. Monsieur Hamma Hamami est connu en France comme une personnalité politique attachée à son pays, un militant engagé pour la justice et la démocratie. Il bénéficie du respect et de l’amitié de nombreuses forces de gauche dont notre parti. Je me permets d’exprimer ainsi ma surprise et mon vif souhait que Monsieur Hamami puisse poursuivre ses activités sans les entraves, les agressions et les menaces qu’on lui fait subir. J’ai conscience que tout ceci se produit dans un contexte social marqué par de vives tensions, en particulier à Gafsa. La répression policière et la mort d’une personne dans cette ville ont suscité une légitime émotion chez les Tunisiens résidant en France mais aussi parmi les nombreux amis français du peuple de Tunisie. J’en fais naturellement partie et je souhaite vivement que les problèmes que rencontre votre pays puissent trouver les réponses nécessaires dans le respect des règles et des pratiques d’un Etat de droit. Je vous prie d’agréer, Monsieur l’ Ambassadeur, l’expression de mes salutations distinguées. Marie-George Buffet (Source : « Albadil Urgent », lettre de diffusion du PCOT, le 23 juin 2008)

Incidents à Redeyef, le Gouvernement du Président BEN ALI donne l’ordre de faire feu sur de jeunes manifestants

 
Marseille, le 9 juin 2008 Ambassade de Tunisie en France Monsieur Mohamed Raouf Ambassadeur 25, rue Barbet de Jouy 75007 Paris Monsieur l’Ambassadeur, J’ai été informé des graves incidents qui ont eu lieu, ce 6 juin, à Redeyef, dans le bassin minier de Gafsa, au Sud Ouest de la Tunisie. Ainsi, la police a ouvert le feu sur des manifestants en lutte contre le chômage, le faible pouvoir d’achat, la faiblesse des prestations sociales et autres légitimes revendications pour vivre dans la dignité, communes aux zones déshéritées situées en dehors de la bande côtière. Cette pratique répressive, contraire aux libertés d’expression et d’organisation garanties par les conventions internationales auxquelles la Tunisie a souscrit, a occasionné la mort d’un jeune homme et plusieurs blessés, dont un grave. Le non respect de ces traités est un déni des libertés fondamentales. En outre, en donnant l’ordre de faire feu sur de jeunes personnes sans défense, le Gouvernement du Président BEN ALI donne l’image d’un régime policier, répressif, qui ne parvient pas à gérer les crises autrement que par la force. Pourtant ces manifestants ne sont ni des criminels ni des terroristes mais de simples salariés, voire chômeurs, aux abois. Aussi, eu égard ses engagements, notamment le respect des pratiques normales d’un Etat de droit comme le droit d’expression, le droit d’opinion, je pense qu’il serait opportun et judicieux que le Gouvernement tunisien diligente une commission d’enquête sur ces événements pour faire la vérité sur ce drame et permettre ainsi que les responsables répondent de leurs actes devant la justice. Il en effet intolérable, au XXI siècle, que des manifestants pacifistes, dont le seul tort est de demander l’ouverture de négociations salariales tombent sous les balles. Souhaitant que le message de la présente soit pris en considération, Et restant dans l’attente qu’une enquête soit menée, Je vous prie d’agréer, Monsieur l’Ambassadeur, l’expression de mes salutations distinguées. Robert Bret (Source : « Albadil Urgent », lettre de diffusion du PCOT, le 23 juin 2008)


Reuters, le 23 juin 2008 à 20h11 Tunisie – Amnesty critique les tortures persistantes

 
LONDRES, 23 juin (Reuters) – La Tunisie n’a pas mis un terme aux actes de torture contre les détenus soupçonnés d’atteintes à la sécurité du pays ou de terrorisme, a dénoncé l’organisation Amnesty International dans un rapport diffusé lundi. Mais pour Tunis, les allégations d’Amnesty International manquent de crédibilité. « Le gouvernement a assuré à plusieurs reprises qu’il se conformait à ses obligations internationales en matière de droits de l’homme, mais cela est loin d’être vrai », lit-on dans un communiqué mis en ligne sur le site internet d’Amnesty. Dans un rapport intitulé « Au nom de la sécurité: Atteintes aux droits humains en Tunisie », l’organisation de défense des droits de l’homme cite plusieurs cas où dans lesquels des détenus ont été battus, privés de sommeil ou électrocutés. La Tunisie, allié des puissances occidentales, a toujours démenti des actes de torture. « Il est grand temps que les autorités cessent de rendre un hommage de pure forme aux droits de l’homme et qu’elles prennent des mesures concrètes pour mettre fin aux atteintes commises. Dans un premier temps, les autorités tunisiennes doivent renconnaître la véracité des allégations troublantes recueillies dans ce rapport, s’engager à enquêter sur les cas relatés et traduire en justice les responsables présumés », dit encore le communiqué. Un responsable tunisien a fait valoir que le terrorisme posait un défi grave que les autorités tentaient de relever tout en respectant leurs obligations au plan national et international. « Amnesty International a publié (ce rapport) sans prendre le soin de vérifier la véracité d’allégations illusoires faites par des individus connus pour leur parti pris contre la Tunisie », a expliqué ce responsable officiel, selon qui le gouvernement n’hésiterait pas à enquêter et à punir sévèrement tout abus de pouvoir de la part de policiers, y compris les cas de violence et de mauvais traitements. Le gouvernement tunisien affirme qu’il respecte la démocratie et les droits de l’homme, et juge que les critiques sur ces violations présumées sont le fait d’une minorité d’opposants qui n’ont pour but que de déformer l’image du pays à l’étranger. Lors d’une visite d’Etat en avril, le président français Nicolas Sarkozy avait décerné un brevet de bonne conduite à son homologue tunisien Zine el Abidine Ben Ali malgré les protestations des défenseurs des droits de l’homme. REUTERS
 


AFP, le 23 juin 2008 à 18h43 Amnesty s’inquiète des droits de l’homme dans l’Union pour la Méditerranée

 

PARIS, 23 juin 2008 (AFP) – Amnesty International a « exhorté » lundi les futurs Etats-membres de l’Union pour la Méditerranée (UPM), qui doit être officiellement lancée le 13 juillet à Paris, à inclure les droits de l’Homme dans ce projet. « Amnesty International ne peut qu’exhorter à l’inclusion des droits de l’Homme dans toute Union, tout projet d’association entre la rive nord et la rive sud de la Méditerranée », a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International. « Amnesty International craint que les discussions qu’on avait sur les droits humains dans le cadre des accords d’association euroméditerranéens n’existent plus dans le cadre de l’Union pour la Méditerranée », a-t-elle poursuivi, lors d’une conférence de presse à Paris. L’UPM, une initiative du président français Nicolas Sarkozy, vise à regrouper les pays de la rive sud de la Méditerranée et les 27 pays de l’Union européenne. La participation à ce projet de pays comme la Tunisie ou la Syrie est critiquée par des défenseurs des droits de l’Homme et de la liberté de la presse. Dans un rapport publié lundi, Amnesty accuse le gouvernement tunisien de « mauvais traitements courants » sous couvert de la lutte contre le terrorisme, citant des cas d' »arrestations et de détentions arbitraires », de tortures et de « procès inéquitables ». Tunis a aussitôt rejeté le rapport. « Ces déclarations sont totalement subjectives et dépourvues de crédibilité », a indiqué une source officielle à Tunis, accusant AI d’avoir « publié sans prendre soin d’en vérifier la véracité, des allégations fallacieuses véhiculées par des entités et des individus connus pour leur partialité et leurs partis pris contre la Tunisie ». L’organisation de défense des droits de l’homme met aussi en cause les pays qui renvoient vers la Tunisie des ressortissants soupçonnés d’activités terroristes. « Il y a la responsabilité de la Tunisie mais il y a aussi la responsabilité des autres pays (…) à commencer par la France, qui va présider l’Union européenne à partir du 1er juillet », a déclaré Denys Robiliard, membre d’Amnesty. « Les propos que le président Sarkozy a tenus quand il a été en Tunisie récemment nous inquiètent », a-t-il ajouté, en référence à la déclaration du président français qui avait affirmé que « l’espace des libertés progresse » en Tunisie. AFP

Pour une Méditerranée des luttes pour la paix, la justice sociale, le droit des peuples et les libertés ! contre le colonialisme et  l’impérialisme

Manifestons samedi 5 juillet

 
Loin d’être novatrice, l’Union pour la Méditerranée se place en réalité dans la droite ligne du processus de Barcelone lancé en novembre 1995 par l’Union européenne (UE), et est présentée par Bernard Kouchner, ministre français des Affaires étrangères, comme « un coup de jeune du Processus de Barcelone ». Tous les pays de l’UE y sont invités ainsi que 11 États du Sud et de l’Est de la Méditerranée (Maroc, Algérie, Tunisie, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Syrie, Turquie, Albanie et Mauritanie) et l’Autorité palestinienne, qui n’a pas de souveraineté.   Inquiétant lorsque l’on connaît le contenu de ce processus et ses conséquences. Car si la « coopération » euro méditerranéenne a bien des finalités, elles sont d’une banalité peu surprenante. Économiques tout d’abord, avec la construction d’un espace de libre-échange et de libéralisation du marché d’ici 2010. Celle-ci se concrétise par des privatisations et dans la suite logique par la prise en main des entreprises par des groupes capitalistes du Nord. Une politique qui a bien entendu des conséquences sociales dramatiques : licenciements, augmentation des inégalités avec le développement de bourgeoisies locales quand les peuples restent dans la misère (difficultés d’accès aux droits fondamentaux – soins, alimentation, travail, logement, éducation, etc. –, hausse des prix, etc.). Le ministère français des affaires étrangères le dit très clairement sur son site Internet, au sujet des relations entre la France et le Maghreb : « Les pays du Maghreb (Libye, Tunisie, Algérie, Maroc, Mauritanie) [constituent] un marché et un partenaire économique : nous sommes le premier fournisseur de la Tunisie, de l’Algérie et du Maroc. L’ensemble du Maghreb ouvre de bonnes perspectives d’avenir : réformes, privatisations, grands chantiers et nouveaux marchés lié à la modernisation ». Les enjeux sont aussi « sécuritaires », à travers notamment les prétendues luttes contre le terrorisme et la corruption. Inefficiente pour la seconde, car trop d’intérêts sont en jeu et que la corruption est érigée en véritable mode de gouvernance, elles sont utilisées comme argument pour jeter des militants, notamment des jeunes, en prison. En effet, les atteintes aux droits humains, la torture, la répression des opposants, le musellement des libertés d’association et de presse, la mise en place de législations liberticides d’exception sont le lot quotidien des populations du sud de la Méditerranée. Et bien sûr, derrière le mot sécuritaire se profile le sujet de l’immigration. Parce que cet espace méditerranéen est aussi celui d’une maîtrise accrue, violente et meurtrière des migrations : moyens de contrôle et répression (notamment maritimes) renforcés, sous-traitance de la gestion des flux migratoires aux pays de premières frontières extérieures (Maroc, Algérie, Libye et Mauritanie notamment) pour empêcher l’arrivée sur le territoire européen des populations africaines. La libre circulation, c’est bon pour les capitaux et les patrons, pas pour les êtres humains, notamment les plus pauvres… Citons encore une fois le ministère français des Affaires étrangères : « Nous partageons avec ces pays une proximité culturelle et des enjeux communs : liens avec la France et avec l’UE, défi de la mondialisation, pression islamiste, pression migratoire (comme pays d’émigration et, de plus en plus, comme pays de transit), terrorisme (notamment comme cibles). » Et toutes ces formes de répression sont également utilisées contre les mouvements sociaux : droit syndical bafoué, licenciement et même arrestation des militants (détenus du 1er Mai au Maroc, par exemple), bien loin du prétendu respect et renforcement des droits de l’homme que l’espace euroméditerranéen est censé développer et que le processus de Barcelone estime mettre en avant. Enfin, cette nouvelle Union serait censée développer la paix… Mais sur quels fondements ? Sur celui du statu quo, comme cela semble être le cas jusqu’à présent, ou sur celui de la fin des colonialismes et des dominations de type impérialiste du Nord sur le Sud, d’Israël sur la Palestine, la Syrie et le Liban ; mais aussi entre pays du Sud ou du Nord, bref sur le respect des droits des peuples à disposer d’eux-mêmes ?  D’autant plus que cette Union pour la Méditerranée vise aussi à avaliser le fait colonial israélien et à fermer la porte de l’Union européenne à la Turquie.   Parce que cette « nouvelle union » est un outil au service des puissants et de leurs intérêts nous appelons à la construction d’une union méditerranéenne des peuples et des luttes pour : • le respect des droits humains et le développement des libertés fondamentales, notamment en terme de droit syndical et de libertés de presse, d’expression et d’organisation ; • la libération de tous les détenus d’opinion, l’arrêt de la torture, la fin des régimes d’exception et de terreur et le droit de tout un chacun de pouvoir se défendre juridiquement ; • l’arrêt des politiques économiques de privatisation des services publics et d’attaque des droits sociaux des travailleurs ; • la libre circulation des personnes, la fermeture des lieux d’enfermement et l’annulation de tous les accords de lutte contre les migrations ; • la décolonisation effective, politique, sociale, culturelle et économique ; • le droit au retour des réfugiés ; • le respect de toutes les cultures.
 

Samedi 5 juillet 2008

Manifestation 14 h 30 à Paris, M° Place de clichy Concert-meeting (entrée libre) Avec notamment Mohamed Bahr, Fred Alpi, Kalash (sous réserve) et des interventions de militants syndicalistes et associatifs tunisiens, marocains, palestiniens, etc. 18 heures à la CIP-IDF M° Corentin-Cariou, 14/16 quai de la Charente

 
Premiers signataires : Association des Marocains en France (AMF), Association des Palestiniens en France (APF), Association des Tunisiens en France (ATF), Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF), Attac, Campagne civile internationale pour la protection du peuple palestinien (CCIPPP), Cedetim, Confédération nationale du travail (CNT), FACS, Fédération des Tunisiens citoyens des deux rives (FTCR), Génération Palestine, Mouvement des Indigènes de la République (MIR), Rassemblement des associations citoyennes des originaires de Turquie (RACORT), Sierra Maestra, Union juive française pour la paix (UJFP), Union des travailleurs immigrés tunisiens (UTIT), Association Voie démocratique France…  

Mise au point

Mongi, Ce ne sont pas des pratiques ce que tu as fait. Je ne t’ai adressé mon opinion à propos de ce qu’a fait mon ami Zied pour que tu la fasses publier sur Tunis news. Je refuse d’être un cheval de Troie. Ce n’est pas ainsi qu’on peut avancer dans la solution de la crise… Je suis outré par cette pratique, réellement outré. Si je voulais la rendre publique, je suis majeure, j’ai d’amples relations et je l’aurais fait plus que dans Tunis news… Décidément, c’est un jeu d’enfants attardés que vous faites les deux camps…

 
Khémais KHAYATI Journaliste Free lance. Tél : 0021629549597

M. Sarkozy devant la Knesset

 
Par : Mizaanoun Fidèle à sa nature et sûr de lui-même tout comme ses amphitryons. C’est un discours digne de la politique coloniale française des années 50 ou même antérieur. Un discours qu’aurait prononcé n’importe lequel des généraux de l’OAS. La fondation de l’état d’Israël, « une œuvre grandiose », dit-il. Il a couvert de louanges les députés qui l’écoutaient avec enthousiasme en l’applaudissant frénétiquement au tournant de chaque phrase ou presque à la gloire d’Israël et de tous les juifs « sans lesquels le monde ne serait pas ce qu’il est » dit-il. On ne sait pas à quel monde il fait référence, car l’actuel est bord de l’abîme. Pourtant tous ces députés, hommes et femmes, individuellement,  ont les mains couvertes de sang arabe. Chacun d’eux a sur la conscience au moins la mort directe d’un enfant, d’une femme ou d’un homme. N’étaient-ils pas tous des militaires. La carrière militaire, à quelques exceptions prés, est la seule qui mène à la Knesset et au pouvoir dans cet état glorieux. Celui qui a tué le plus  de palestiniens ou d’arabes a le plus de chance d’atteindre les plus hauts échelons de l’état. L’actuel chef d’état israélien Simon Perez par exemple ou ses prédécesseurs ont tué des palestiniens et des arabes à satiété. Yahud Barak le ministre de la guerre actuel qui n’est pas à sa première nous promet une Shoa à Gaza. Ils ont le sang des innocents sur leurs mains de milliers de palestiniennes et palestiniens ou de musulmans tout court dans les quatre coins de la planète. C’est parce que, dit-il, les juifs français, polonais, russes ou allemands ont rêvé d’avoir un endroit où ils seraient en sécurité, que tout leur soit permis y compris la destruction de tout un peuple, en l’occurrence, le peuple palestinien et leur prendre leur terre. Il ne nous explique pas monsieur Sarkozy l’origine et les sources de cette anxiété supposée de juifs d’à travers le monde. C’est parce qu’ils ont rêvé, qu’ils ont fini par  construire une forteresse inexpugnable ou presque, et, une machine de guerre sans équivalent dans toute la région et peut être même dans le monde entier, puisque tout l’arsenal militaire occidental en général et américain en particulier se trouve à leur entière disposition. Il les a félicités d’avoir gagné toutes les guerres contre leurs voisins (je ne sais plus où mettre les guillemets sur gagné ou voisins. Monsieur Sarkozy doit bien le savoir) alors que toutes ces guerres n’étaient que des démonstrations de la terreur israélienne soutenue pas  tous les instruments à effet fournis par tout l’Occident et en particulier par la France coloniale et démocratique. Souvent à l’insu des électeurs ou des citoyens tout court. À entendre le discours de M. Sarkozy on se demande si jamais cette France coloniale  a  jamais cessé d’exister. Non seulement  mais il n’a cessé d’exhorter tous les citoyens juifs qui pourrait se trouver n’importe où dans le monde, en tant que nationaux normaux à part entière,  dans leurs pays respectifs de ne jamais laisser battre leur cœur pour Israël. Le comble est majuscule. Il a parlé des vicissitudes et de tragédies des juifs et en Europe comme si tout cela s’était passé en terre arabe ou musulmane et non pas dans l’Occident des lumières. Et par conséquent, d’après lui toujours,  il est de justice que les israéliens prennent leur revanche ou plutôt leur vendetta sur les palestiniens d’abord, et, sur les arabes, les musulmans et tous les peuples du monde par la suite. Eh oui la facture de la « démocratie » des israéliens et leur « brillante réussite » sont en train de la payer chèrement tous ces peuples. Et comme ni les palestiniens, ni les arabes, ni les musulmans ne sont disposés à renoncer à leurs droits, à tous leurs droits, opposant une résistance qui est de plus en plus  farouche, il n’y a aucun doute que le discours de M. Sarkozy ne soit venu justement que pour mettre de l’huile sur le feu. Monsieur Sarkozy pense avoir eu, durant sa « glorieuse » tournée dans la région arabe ces derniers mois, l’aval de tous ses amis « arabes », ces dictateurs qui sont partie organique de la « démocratie israélienne » et aussi celle occidentale, deux démocraties, l’une plus discutable que l’autre et surtout aujourd’hui beaucoup plus qu’hier. Car à peine s’il reste l’ombre d’une démocratie dans la jungle dévastatrice du néolibéralisme aux dents d’acier. Ainsi il a pensé qu’il peut d’ores et déjà se permettre, avec un foisonnement d’élucubrations soi-disant intellectuelles auxquelles il n’a pas hésité de mêler une dose substantielle de subjectivité qui n’est ni innocente ni justifiée dans un contexte politique de considérables dimensions, de jeter un peu plus confusion dans l’opinion publique arabe et musulmane. En effet, il nous a « révélé » que son grand père était juif, mais il n’est pas allé jusqu’à  dire que sa propre mère est elle-même juive. Pourquoi a-t-il évoqué les origines religieuses de son grand père et non pas de sa mère ?  De la bouche d’une toute autre personne courante, de tels propos n’auraient eu aucune importance au-delà d’une expression de sentiments appropriée ou non. Mais quand les mensonges déversés tout au long du discours vont jusqu’à l’invention de la survie d’Israël alors que ceux qui ont réellement la vie en sursis sont bien les palestiniens qui sont quotidiennement éliminés, enfants, femmes et vieillards à coup de missiles que les usines françaises, américaines, anglaises et allemandes, entre autres, fournissent généreusement aux israéliens. Les allemands, pour les raisons que chacun sait, ne fournissent pas seulement des  centaines de milliards d’euros mais aussi carrément de l’armement. Les sous-marins nucléaires que vient de livrer l’Allemagne aux israéliens a déclaré Mme Merkel, apparemment l’amie de M. Sarkozy, c’est pour mieux protéger un pays allié. Encore faut-il que les services secrets allemands se mêlent encore pour protéger les israéliens et fournissent des faux-vrais passeports allemands pour mettre aux membres du Mossad israélien de se promener à leur aise en Iran par exemple.  Aucun enfant arabe ou musulman n’ignore le considérable arsenal des « pauvres israéliens » que monsieur Sarkozy craint pour leur survie. C’est vrai qu’il n’a menacé, dans son discours, aucun pays arabes ou plutôt aucun de ces dictateurs acquis corps et âme aux critères de l’Occident et ceux des israéliens, ça revient au même, se sont tous des critères essentiellement israéliens. Il a même couvert de louanges certains d’entre eux comme le « pharaon d’Égypte » qui dit-il avec la sagesse il a récupéré gentiment le Sinaï. Chose qui est totalement fausse. Le Sinaï se trouve sous le contrôle, comme stipulé dans les accords de Camp David, des israéliens puisqu’il doit être totalement démilitarisé. Enfin on n’est pas à une manipulation prés.  Mais monsieur Sarkozy s’en est pris nommément à l’Iran. En vérité la question n’a rien à voir avec l’hypothétique  bombe  atomique iranienne, mais bien avec tout progrès quelconque dans ce pays ou dans n’importe quel autre pays musulman. Pourtant quand monsieur Sarkozy était encore sur les bancs de l’école primaire, les « grands hommes » israéliens, de la carrure  de Simon Pérez, auxquels il s’adressait à la Knesset ce matin du 23 juin 2008, avaient déjà réussi, grâce à la France et au lobby israélite en France à fabriquer leur propre bombe atomique. Ça fait presque un demi-siècle de ça. Toutes les sources fiables indiquent que plus deux cents têtes nucléaires sont opérationnelles à n’importe quel moment. De quoi anéantir tout le monde, non pas arabe mais bien le musulman. Il n’y a pas à l’état actuel aucune compagnie de construction d’armement ou de technologie de pointe qui n’a pas de succursale chez les israéliens.  Ce qui a fait dire au penseur américain Noam Chomsky  que l’état d’Israël n’est qu’un porte-avions occidental fixe dans cette région cruciale du monde. On est loin de l’imaginaire morbide de M. Sarkozy, d’un pauvre pays qui lutte pour sa survie. De quelle côté se trouve-t-elle la terreur cher M. Sarkozy ? – Vous le savez pertinemment et que l’arbre ne peut jamais cacher la forêt. Les palestiniens, les arabes et les musulmans sont terrorisés depuis très longtemps, mais  ils sont décidés, aujourd’hui plus qu’hier à faire face au défi car il va bien réellement de leur survie à eux.  Ils veulent en quelques mots être souverains, rattraper leurs retards scientifiques  devenir puissants et finalement être libres de vous. Oui de vous, des politiciens occidentaux hypocrites, haineux et prédateurs, de votre propre nature M. Sarkozy. Et ce ne sont pas les bombes atomiques israéliennes qui vont les dissuader pour autant ni tout le gigantesque arsenal occidental. Soyez bien sûr. Monsieur Sarkozy s’est fait des soucis pour un militaire, un seul militaire israélien détenu, Gilat Shalit,  par les palestiniens à Gaza et n’en a eu aucun pour les dizaines de milliers de palestiniens et arabes qui se trouvent depuis des années dans les prisons israéliennes. Pour un chef d’état une telle subjectivité et parti pris équivaut tout simplement à concéder le droit au crime aux tortionnaires israéliens. Le droit de tuer impunément. D’ailleurs le père du soldat en question vient de prier le Tsahal de raser tout Gaza avec Gilat, son fils en sacrifice !   À la fin de son trajet verbeux à la tribune de la Knesset  M. Sarkozy  a lancé un os à ces vulgaires dictateurs arabes corrompus en priant les « grands vainqueurs » de faire preuve d’indulgence  et finir par créer, un jour ou l’autre, un état palestinien inoffensif, quelque part en Cisjordanie ou à Gaza ou avec un petit morceau de chaque, quitte à les rattacher ensemble par des tunnels de ponts suspendus en l’air, des couloirs entre des murs électroniques ou quelque chose dans ce style d’un surréalisme  hallucinant et sans équivalent dans l’histoire. En réalité, ce genre de fantaisie de très mauvais goût ne constitue qu’une manière machiavélique, pour ne pas dire israélienne, de gagner du temps et du fait accompli. Car l’objectif  chez les plus modestes des israéliens reste le Grand Israël dont les frontières personne ne les connait avec exactitude. Elles sont diffusives entre Djerba en Tunisie et la Médine dans la Péninsule Arabe en passant par l’Euphrate en Mésopotamie et les Pyramides d’Abou Sambel en Egypte. En tout cas là il s’agit des frontières tangibles entre le Grand Israël et ce qui resterait du monde arabe, car des autres frontières, celles des influences considérables s’en occupent bien les lobbys et les pouvoirs de facto sur place. Aucune des instances occidentales, ni celles dites internationales comme l’ONU, ni personnes d’autres ni même les « Grands fondateurs », selon l’expression de M. Sarkozy, de l’état démocratique et prospère d’Israël n’ont jamais fixé de telles frontières. Ils ont toujours traité la question d’une manière méphistophélique sans pareille: « Aujourd’hui, nous sommes là et demain on sera plus loin. »  Pourtant il ne s’agit ni d’un état démocratique ni d’un état prospère. Et pour preuve, aucun journaliste, aucun homme politique en occident ou ailleurs, n’ose critiquer le moindre du monde cet état ou ses dirigeants sans immédiatement être accusé d’antisémitisme et disparaître de la scène. La liste des noms qui du jour au lendemain ont disparus est longue. L’AIPAC aux États-Unis et les lobbys israélites, du genre dans le reste du monde y compris dans le monde arabe, constituent une authentique, sourde et fulminante terreur. N’importe quel dictateur arabe corrompu sait parfaitement combien est létale, pour lui, la nature de ces lobbys. Et pour conclure, le discours de M. Sarkozy, en ce jour devant la Knesset, ne dévoile rien sur une nouvelle politique française à fortes doses de relents coloniaux ni sur le caractère extrêmement nocif du personnage qui a pris les rênes d’une France sous l’hypnose d’un napoléonisme nouvelle version, avec beaucoup de spectacles mais certainement conduisant aux mêmes résultats ou  encore des plus désastreux.     23 juin 2008
 

AFP, le 24 juin 2008 à 15h34 Nicolas Sarkozy critique violemment le Hamas

 
BETHLEEM (Cisjordanie), 24 juin 2008 (AFP) – Le président français Nicolas Sarkozy s’en est pris mardi au mouvement palestinien Hamas, au pouvoir à Gaza, affirmant que la France ne discutait pas avec les « terroristes ». Réagissant à ces propos, le Hamas a condamné des déclarations qualifiées de « biaisées » et « partiales » en faveur d’Israël. « Le Hamas a grand tort d’agir comme il agit. On ne crée pas la paix avec le terrorisme et on ne discute pas avec les terroristes. C’est valable pour le Hamas et pour tous ceux qui se comportent de la même façon », a-t-il dit après un entretien avec le président palestinien Mahmoud Abbas. « Je le dis à nos amis Palestiniens: +Devenez des femmes et des hommes qui comme le président Mahmoud Abbas ont un engagement politique et séparez-vous de ceux qui pensent que la violence peut résoudre les problèmes », a ajouté M. Sarkozy dans une conférence de presse à Bethléem en Cisjordanie. Mais, a-t-il ajouté, « si demain les choses devaient changer alors nous en tirerions toutes les conséquences ». « Ce sont des déclarations biaisées et partiales en faveur de l’occupation (Israël) sans égard pour la démocratie palestinienne », a réagi le porte-parole du Hamas, Sami Abou Zouhri, soulignant toutefois que le Hamas ne « ferme pas les porte du dialogue ». « M. Sarkozy, qui décrit le Hamas comme un mouvement terroriste, sait très bien qu’il existe des contacts à haut niveau qui ont lieu entre la France et le mouvement Hamas, ainsi que d’autres parties européennes importantes », a ajouté le porte-parole, sans plus de précisions. Le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner a admis le 19 mai que la France avait repris des « contacts » avec le Hamas, en faisant référence à la rencontre en avril à Gaza d’un diplomate de haut rang à la retraite, Yves Aubin de La Messuzière avec le chef du gouvernement Ismaïl Haniyeh et un des principaux chefs du mouvement islamiste, Mahmoud Zahar. La règle officielle européenne est que les contacts avec le Hamas, que l’Union Européenne et les Etats-Unis considèrent comme une organisation terroriste, sont interdits tant que le Hamas ne reconnaîtra pas Israël et ne renoncera pas à la violence. « Il (le président Sarkozy) sait donc que dans la pratique on ne peut court-circuiter le Hamas ou ne pas tenir compte de sa légitimité », a encore assuré Sami Abou Zouhri. M. Sarkozy a aussi appelé les Palestiniens à soutenir des hommes, « qui comme Mahmoud Abbas sont portés par les urnes et non pas par les armes » et souhaité l’avènement d’un Etat Palestinien « où il n’y aura qu’une seule autorité pour faire régner la sécurité, l’armée palestinienne, et pas les milices d’une bande de terroristes ». « Moi je n’ai pas peur de dire les choses telles je les pense, quand on se comporte comme un terroriste on est un terroriste. On ne répare pas une injustice par le terrorisme », a souligné M. Sarkozy, qui achevait une visite de trois jours en Israël et en Cisjordanie. « La France discute avec les hommes et les femmes courageux qui font de la politique et non pas du terrorisme. La France discute avec les hommes de paix et non pas les poseurs de bombes », a-t-il encore dit. Ennemi juré de l’Etat d’Israël qui le considère comme une organisation terroriste, le Hamas a pris par la force le contrôle de la bande de Gaza en juin 2007 après en avoir chassé les forces fidèles à M. Abbas. Ce puissant mouvement armé, qui a récemment accepté une trêve des violences avec Israël, prône la lutte armée contre l’Etat hébreu. AFP

POUR LE RETOUR A UNE SEXUALITE LIBRE EN TUNISIE !

 
Par Me Kamel Chaabouni   La sexualité des tunisiens, reste toujours entachée de zones d’ombre, de non-dit, de cachotteries, et surtout de tabous et d’hypocrisie. Le peuple et le gouvernement tunisiens refusent encore de regarder ce problème en face, de résoudre les problèmes, sociologiques, psychologiques, religieux, moraux et familiaux qu’il pose. Nous aborderons en trois paragraphes, les différents aspects de cette composante essentielle de la vie du citoyen tunisien et cette grande absente du débat social et politique. La sexualité est d’autant plus importante dans la vie de tout un chacun et dans la vie de la société, que sans sexualité, il n’y a ni nouvelles vies humaines, ni renouvellement des générations, ni nouveaux citoyens. Et, tout désir de procréation mis à part, le plus beau plaisir de la vie ! Une vérité de La Palisse, que malheureusement, tout le monde oublie !   1) La sexualité conventionnelle:   La sexualité, entre hommes et femmes, est pour les tunisiens, comme pour tous les Arabes, par ailleurs, la sexualité normale. Son but, à travers le plaisir, est la procréation et l’enfantement. Elle est normale certes, si nous l’analysons sur le plan de la procréation et non du point de vue du plaisir. La sexualité appelée normale est évidemment une source de nouvelles vies, d’enfants, et de renouvellement de générations. Mais la sexualité peut-être aussi, une partie de plaisir détachée de toute intention procréatrice. Dans ce cas la sexualité est source de jouissance sans plus, qu’elle soit hétérosexuelle, quand elle est pratiquée hors mariage ou homosexuelle. Doit-on l’appeler anormale, dans ces deux cas, avec toutes les conséquences sociales (discrimination, maltraitance, irrespect) et juridiques (infraction pénale, peine de prison) attachées à cette qualification ? On verra cela dans le second paragraphe.   La sexualité socialement et juridiquement admise en Tunisie est celle pratiquée dans le cadre du mariage officiel dont le contrat est passé par devant notaire ou un officier d’état civil. Mais le mariage officiel a ses exigences, on ne se marie pas, en Tunisie, comme on achèterait un pain. Si les conditions juridiques du mariage sont, en droit tunisien, encore à la portée de tous les candidats, il n’en ai pas ainsi sur le plan des exigences sociales. le mariage nécessite de faire des économies d’une dizaine d’années. Il coûte au bas mot, dans les dix mille dinars. L’âge du mariage recule de plus en plus, aussi bien pour les hommes que pour les femmes. Celles-ci rechignent à convoler en noces dans l’espoir de terminer leurs études et de trouver un emploi, elles n’acceptent les demandes en mariage, que si elles ont atteint ces deux buts ou si……..elles ont échoué à les atteindre. Pour les hommes la réussite professionnelle est une condition impérative du mariage. Si, en effet, les femmes peuvent se marier, fonder une famille et avoir des enfants même dépourvues d’emploi, les hommes ne peuvent ni se marier ni fonder une famille ni avoir un progéniture, s’ils sont restés sans emploi. Le mariage est rendu encore plus difficile à concrétiser d’autant plus, que les préparatifs et les dépenses engendrés par ses différentes cérémonies et les exigences matérielles dépassent l’entendement à l’heure actuelle, (se fournir en meubles, en appareils électroménagers, dote en bijoux et en vêtements  pour la mariée « zhaz », automobile, frais pour les différentes cérémonies du mariage, et voyage de noces, etc.). A cet égard et en comparaison avec les autres pays, la Tunisie est la moins exigeante socialement en conditions matérielles exigées pour concrétiser son mariage, à titre d’exemple, la dote de la mariée se négocie à 30.000 us $ en Syrie !   Théoriquement les jeunes tunisiens, garçons et filles, demeurent sans pratique sexuelle, depuis la puberté et jusqu’au mariage qui se situe en moyenne vers la trentaine, cela leurs fait, donc, de 15 à 20 ans de vie sans relations amoureuse plénières, sans aucune pratique sexuelle, surtout chez les filles. Si, en effet, les garçons peuvent se rabattre sur la masturbation ou les maisons clauses « bordels », qui continuent d’exister dans toutes les villes tunisiennes, et uniquement en Tunisie, que Bourguiba a eu l’intelligence de ne pas supprimer à l’Indépendance, comme l’ont fait, de façon démagogique, l’Algérie et le Maroc, il ne reste aux filles que la première pratique.   Dans la réalité des choses, il existe entre les hommes et les femmes, en Tunisie, des pratiques sexuelles hors mariages, qui restent toutefois, discrètes, non assumés, non publiquement déclarés et surtout vilipendées par l’opinion publique et sociale tunisienne. Ces pratiques sexuelles hors mariage, sont le lot des jeunes étudiants à l’Université, quelque soit leur origine régionale ou sociale.  A l’Université, et surtout une fois dans les foyers universitaires, les jeunes échappent au contrôle familial et social de leurs villes d’origine. Beaucoup commencent, à ce moment là, à avoir leurs premiers rapports sexuels complets, dans les logements, que leurs amis étudiants plus anciens ont loué en ville et qu’ils leur prêtent à l’occasion.  Une fois leurs études terminées ou interrompus, les jeunes continuent, au cours de leurs vie professionnelle, leurs pratiques sexuelles hors mariage avec leurs anciens camarades d’Université ou avec leurs nouveaux collègues mais de manière plus prudente, car durant les premières années de la vie professionnelle, les intentions des jeunes changent, et le mariage se profile à l’horizon. Les filles, surtout, essayent de renvoyer, d’elles-mêmes, une image idéale, de sérénité et de sérieux  à leurs collègues masculins de travail qui sont leurs prétendants naturels. Elles font les difficiles, et ne s’adonnent plus aussi facilement à leurs pratiques sexuelles libres du temps de l’université. C’est au moment où elles finissent par séduire un prétendant, qu’elles songent à se refaire une virginité, si elles l’ont perdue dans un rapport hors mariage. Une annonce publiée, par une jeune tunisienne de 23 ans, sur un site Internet illustre bien cet état de fait, en voici le texte intégral :     « Cet annonce est destinée spécialement aux filles, c’est, particulièrement, un appel de détresse. Je suis une fille assez ordinaire. Je suis passée par une expérience choquante. Après 4 ans d’amour avec mon petit ami, nous avons fait l’amour…maintenant je ne suis plus vierge. Pour moi, c’est un grand problème. En fait, c’est un grand problème pour la plus part des filles, et ce n’est pas nouveau. Ce que je demande, et s’il vous plaît, sans aucun commentaire blessant, c’est de m’aider à trouver une solution. Mon petit ami commence à être embêtant, il ne  m’aime plus et j’ai l’impression qu’il m’utilise, c’est tout. Alors, je pense rompre avec lui et recommencer ma vie de nouveau. Celles qui connaissent un docteur qui peut m’aider ou qui sont passées par une expérience semblable, elles peuvent m’écrire, c’est seulement pour aider et merci d’avance les filles, s’il vous plaît, évitez-moi les commentaires » (texte corrigé par nos soins pour une meilleure lisibilité).   Pour les plus jeunes, entre 15 et 20 ans, ces pratiques sexuelles « illicites » sont le fait de la classe aisée des quartiers huppés de la capitale principalement, Manazah, Menar, Mutuelleville, la Marsa, Cathage, etc. Dans les autres villes de Tunisie, cette tranche d’âge, est restée plus conservatrice. Ils ne commencent probablement à avoir des relations sexuelles, qu’à l’occasion de leur accès aux études universitaires ou de leur déplacement à Tunis ou à l’étranger pour des raisons professionnelles ou éducatives. Mais les filles restent, tout de même, plus conservatrices dans leurs pratiques essayant de garder leur virginité pour le mariage. Nous assistons, toutefois depuis quelques années, à l’apparition de la pratique de la reconstitution chirurgicale de la virginité. Après avoir eu des pratiques sexuelles complètes, au cours de leurs études après le bac et en début de leurs carrières professionnelles, certaines jeunes filles finissent par trouver l’âme sœur, et juste avant de convoler en noces passent chez un gynécologue. Cette pratique dénote de la valeur symbolique dont est encore revêtue la virginité, dans la société tunisienne.     2) La sexualité non conventionnelle, socialement ou juridiquement condamnable :   Dans cette catégorie, j’inclurai les pratiques homosexuelles, la pédophilie, les viols et la prostitution. Bien que condamnables moralement, socialement et juridiquement, ces pratiques existent, ont toujours existé, et existeront toujours, tant qu’existera l’espèce humaine sur terre. Personne ne pourra les réduire à néant. Aucune puissance publique ne pourra, les éliminer totalement, ni y mettre fin.  Seule la limitation de leurs ampleurs est possible et faisable. Tout autre but, surtout celui consistant à les éradiquer totalement relève des fantasmes. C’est ce que les « islamistes » projettent de faire, mais ils ne feront que déplacer les problèmes, sans les résoudre totalement. La prostitution, la pédophilie et l’homosexualité, ont-ils disparu de l’Iran doté de la « Chariaa » depuis 1979 ? Les pays arabes du golfe, Arabie Saoudite, Emirats, Koweït, Bahreïn, etc. chantres de l’application de la « chari’a » ne sont-ils pas connus pour leurs pratiques, répandues à large échelle, de la pédophile et de l’homosexualité ?   L’homosexualité, entre adultes est un problème qui les concerne, alors même que le Coran, l’opinion publique la condamne et la loi pénale la réprime. Sans vouloir imiter les pays occidentaux dans leur approche juridique et sociale de l’homosexualité, nous prônons sur ce plan la dépénalisation de la pratique homosexuelle entre adultes consentants. Cette pratique existe en Tunisie, et existera toujours, cela servirait à quoi de condamner pénalement des personnes qui s’y donnent, puisque une condamnation à la prison ne fera pas des homosexuels des hétérosexuels.   Toutefois il existe une homosexualité subie surtout dans les prisons.  Dans les établissements pénitenciers, les condamnés à une peine privative de libertés sont de deux sortes les célibataires et les divorcés d’une part, et les mariés d’autre part. Ils vivent en détention dans des cellules à plusieurs dizaines de personnes, voir une centaine ou deux. La promiscuité les condamne à une nouvelle perception de leur corps et transforme leurs rapports au corps de l’autre. Les prisonniers sont deux sortes aussi les faibles physiquement et les forts. Privés de femmes évidemment, l’homosexualité est imposée ou s’impose à certains prisonniers en raison de l’isolement et de l’ennui qui règne en détention. C’est une vraie double peine qui frappe les prisonniers mariés et pénalise leurs femmes surtout ceux dont le mari est condamné à une lourde peine. Que doit-elle faire ? S’abstenir de tout rapport sexuel et attendre son mari des années durant ? Il n’est pas juste en effet, que la peine qui frappe son mari la touche aussi. Si certaines femmes de prisonniers sont patientes et attendent la libération de leur mari après avoir enduré de longues années de privations affective, sexuelle, familiale et financières, d’autres femmes ne se privent pas et se trouvent un amant généreux, pour les moins vertueuses. D’autres préfèrent  divorcer afin de refaire leur vie. Les moins vertueuses tombent dans le gouffre de la prostitution clandestine ou officielle pratiquées dans les bordels.   La privation sexuelle qui touche la femme mariée dont le mari est incarcéré provoque ainsi la destruction de certaines familles, la prostitution, le divorce et le déchirement des enfants. Il nous semble urgent de mettre fin à ce drame de la privation des prisonniers hommes et femmes de leurs conjoints. La loi devrait leur permettre d’avoir, dans la dignité, c’est à dire dans des locaux spécialement aménagés,  des rapports sexuels suffisamment fréquents afin de préserver les prisonniers mâles de l’homosexualité subies et contrainte et leurs conjoints de la prostitution et du divorce. Les prisonniers célibataires devraient se voir permettre de convoler en justes noces en prison. A défaut d’avoir une fiancée ; ils devraient avoir les faveurs de prostituées officielles, qui leur rendraient visite fréquemment en prison dans des locaux aménagés. L’atmosphère sera plus saine en prison et les rapports humains seraient dignes entre personnes du même sexe. Il ne faut surtout pas oublier que le prisonnier sera un jour libéré et remis dans la vie sociale, une fois sa peine terminée. Le préserver en prison de la perversion sexuelle, c’est préserver la société de son crime potentiel une fois libéré. Il serait insensé de jeter dans le corps social des individus détruits sexuellement et psychologiquement par la prison. D’autant plus que ces éléments peuvent trouver leurs victimes parmi des enfants en bas âge, les agresser et leur faire subir des actes pédophiles.   Le problème de la pédophilie est, en effet,  le plus délicat des problèmes sexuels et représente un tabou des plus verrouillé. La presse tunisienne, et arabe en général, ne parle même pas des affaires criminelles qui passent en justice relatives à ce sujet. Les enfants ne sont pas sensibilisés aux dangers éventuels qui les guettent, ni mis en garde par les parents ou par les enseignants. Les enfants, sont la proie d’hommes adultes pervers qui font subir à leurs victimes des attouchements et autres actes d’ordre sexuels graves. Quelque soit la nature et le degré de ces actes, ils ne peuvent être qualifiés d’autre choses que de crimes, rien de moins, et poursuivis en tant que tels en  justice. Ces actes peuvent consister en «caresses » de la part d’adultes sur les parties sensibles du corps de l’enfant. Les actes encore plus criminels sont le fait d’exposer son membre viril à la vue d’un enfant ou à lui demander de le toucher ou de le masturber, à lui demander ou lui imposer une fellation. Le summum du crime est le viol, proprement dit, la pénétration anale, bien que pour moi tout acte ayant une intention sexuelle et visant un enfant constitue aussi un viol de son corps, de sa conscience et de son innocence. Ces actes criminels sont indélébiles de la mémoire de l’enfant, ils le marqueront à jamais et affecteront sa personnalité à vie.   Ce sujet doit être pris sérieusement par l’Etat et les associations afin de limiter son ampleur et les dégâts qu’il provoque sur l’enfance. Tout acte même d’attouchement sur un enfant, dont l’intention est sexuelle, doit relever de la Cour d’assises. Le législateur, le parquet et les juges doivent être très fermes et sans pitié à ce sujet. Il faudrait envisager l’enfermement à vie et la castration chimique des criminels, dont la culpabilité a été définitivement prouvée. Aujourd’hui, le silence sur la pédophilie en Tunisie doit être brisée, et tous les enfants victimes de ces actes ignobles doivent pouvoir poursuivre leurs agresseurs en justice, les adultes qui, dans leur enfance, ont été la proie de pédophiles doivent se rassembler dans une « Association  pour la lutte contre la pédophilie et de soutien à ses victimes ». Ces personnes adultes ne doivent pas avoir honte du traumatisme qu’ils ont subi dans leur enfance et doivent venir au secours des centaines d’enfants victimes de ce fléau destructeur et criminel.   Quant à la prostitution, aucune loi, aucune répression ne pourra y mettre fin définitivement. La France coloniale l’avait organisé et canalisé dans des maisons clauses « bordels » ou « quartiers ». L’intelligent et pragmatique Bourguiba avait laissé subsisté ces lieux de  commerce du sexe, à l’encontre de l’Algérie et du Maroc, dont les dirigeants démagogues, avaient supprimé l’existence mais qui se sont trouvés affrontés à une prostitution clandestine à grande échelle.   Le travail et la famille reste les piliers de la société.  Il n’y a pas de famille équilibrée sans sexualité équilibrée ni travail régulier et permanent. Aujourd’hui le profil de la famille occidentale a radicalement changé, les familles se composent avec ou sans mariage, le divorce les détruit souvent (2/3 des couples divorcent en Ile-de-France). Les familles se recomposent avec des hommes, des femmes et des enfants rescapés d’autres divorces, ou restent brisées à vie ! En Tunisie, le profil de la famille a changé dans la taille mais pas dans la philosophie. Le mariage reste le pilier du lien légal entre hommes et femmes. A l’encontre des pays occidentaux à majorité et de culture chrétienne, la Tunisie, ne connaît et ne reconnaît de famille que suite à un mariage légalement contracté par devant notaire ou officier d’état civil. Toute vie commune entre un homme et une femme sans lien de mariage légal est réprimée par la loi pénale pour  « mariage à l’encontre des usages légaux » et les « conjoints » de fait se voient condamnés à une peine de prison de 6 mois.   En Tunisie, donc, la loi réprime la sexualité en dehors du mariage et des maisons clauses « les bordels ». Les hôtels refusent leur accès aux couples non mariés tunisiens ou arabes, mais ségrégation oblige, mais reçoivent  à bras ouverts les couples d’occidentaux dans une même chambre. Un homme ou une femme célibataire ne peuvent avoir officiellement de relations sexuelles de la sorte. Mais en pratique, si l’opinion publique tunisienne voit d’un bon œil les performances sexuelles masculines et ne les condamnent point, elle continue de vilipender la pratique sexuelle de filles hors mariage. Les jeunes filles ou les femmes qui osent avoir des rapports sexuels sans être légalement mariées sont traitées de pûtes, de « qahba » et de « malhat » ! Alors que les jeunes hommes le crient sur les toits, les jeunes filles cachent leurs aventures sexuelles et n’en distillent parcimonieusement la réalité qu’à leurs amies très intimes. Rares parmi elles, celles qui ne s’adonnent pas à la reconstitution de leur virginité par un gynécologue peu avant leur mariage ! Rappelons aussi que l’adultère, à l’encontre de la majorité des pays occidentaux, continue d’être un délit pénal, mais la loi tunisienne se veut pragmatique, encore grâce au génie de Bourguiba. Elle soumet les poursuites pénales au consentement du conjoint trahi. Celui-ci peut en effet, déclencher les poursuites, les suspendre, et même interrompre la peine de prison en demandant au juge de l’application des peines l’élargissement de son conjoint.   Ainsi va l’état de la sexualité en Tunisie, à l’instar de tous les autres pays arabes et musulmans, un « impensé dans la pensée musulmane » selon l’expression du Pr. Mohamed Arkou. L’Etat refuse de réfléchir à cette composante essentielle de la vie des citoyens, en demandant, par exemple, des rapports et des recommandations aux spécialistes ou en faisant faire des enquêtes et des études, le tout suivi de lois améliorant le vécu sexuel des tunisiens.  De leur part, les citoyens frustrés et avides d’une vie sexuelle épanouie, bricolent, à travers répression pénale et tabous sociaux, de génération en génération, des solutions afin de résoudre les problèmes que pose ce phénomène. Le peu d’évolution qu’a connue la Tunisie d’aujourd’hui, est venu, bien sûr, à travers les réformes du code du statut personnel qui a amélioré le sort de la femme et a libéré son corps de la tutelle de l’homme.   Depuis un siècle environ les pays occidentaux de tradition, greco-judéo-chrétienne, ont commencé la mutation de leurs mœurs sexuelles. Le résultat, est une libération sexuelle totale, tout est permis dans les pays occidentaux avec des variantes plus ou moins libérales. La philosophie socialement acceptée et répandue est que chaque citoyen est totalement libre de disposer de son corps comme bon lui semble. Mise à part la pédophilie, à bon droit, sévèrement réprimée, tout est toléré, et non soumis à des poursuites pénales. Le concubinage, l’adultère, l’homosexualité, le mariage homosexuel, l’échangisme, la prostitution, le changement de sexe, dans les hôtels, l’identité n’est pas exigé pour louer une chambre avec une femme, etc. Les mœurs changent chez les occidentaux et le législateur suit, il ne s’oppose pas aux changement voulus et décidés, sur le plan des mœurs sexuelles, par la société, il les entérine. Seul tabou restant chez eux, qui reste puissant, en raison de sa corrélation avec l’Islam et les musulmans, me semble-t-il, la polygamie. Les hommes peuvent avoir des maîtresses, mais la loi ne suit pas, elle refuse de leur permettre d’être polygames.   L’évolution des mœurs sexuelles en Tunisie est évidente, visible, plus ou moins tolérée par la société, depuis un demi-siècle, mais le législateur ne l’entérine pas. Il refuse absolument d’aborder ce sujet, c’est le tabou des tabous sur le plan législatif et réglementaire. Seule la polygamie a été prohibée. L’adultère, le concubinage, l’homosexualité, les rapports sexuels hors mariage, restent des délits pénaux. Les hôtels tunisiens restent fermés aux couples de tunisiens non mariés. Au final, si l’on rajoutait les difficultés matérielles, financières et sociales du mariage cela donne un peuple frustré, doté d’un langage de plus en plus grossier à connotation sexuelle et blasphématoire. Les célibataires et les divorcés n’ont de choix qu’entre des rapports furtifs non assumés et culpabilisant pour les femmes, la prostitution ou la masturbation. Comment un peuple sexuellement réprimé de la sorte puisse-t-il avoir la joie de vivre et être performant sur le plan économique !   Les changements de mœurs qu’a connu la Tunisie, essentiellement depuis 1956, n’ont pas été entériné par le législateur qui a, par contre, avait aboli l’essentiel du droit musulman en matière de mariage et de divorce et l’avait remplacé par le droit français. Tout particulièrement le mariage est devenu monogamique et le divorce judiciaire. Avant cette date, les hommes pouvaient épouser jusqu’à quatre femmes et divorcer librement, sans aucune procédure judiciaire par devant notaire. Celui, assisté d’un assesseur, prenait acte de la volonté du mari de provoquer le divorce. La femme n’avait que l’unique choix d’accepter. Avant le XIX ème siècle, les tunisiens, se mariaient très jeunes, garçons et filles, vers 15 ans pour les garçons et dès la puberté pour les filles.  Comme le permettait le droit musulman, auquel ils étaient soumis, d’après les rites hanéfite, malékite, chafiite et hanbalite, en plus de quatre femmes légales,  ils avaient les faveurs sexuelles d’esclaves acquises, les « ‘louj » dont le marché se tenait à Bab el-‘olouj à Tunis, des esclaves en provenance du Caucase appréciées pour le teint clair de leur peau.   Il existait donc, en Tunisie, sous l’égide du droit musulman une vraie liberté sexuelle, mais canalisée et institutionnalisée par le fiqh musulman. Ce droit, était certes misogyne, conçu par les hommes et pour eux, mais la sexualité qu’il organisait, soit dans le cadre du mariage soit avec des esclaves, permettait l’épanouissement des individus. En somme une sexualité libérale dans un encadrée par un système juridique des plus permissif. Quand, en 1956, Habib Bourguiba devint Grand Vizir et en Juillet1957 Président de la République, il s’acharna contre le droit musulman, en raison de sa formation universitaire en France. Il institua le Code du Statut Personnel qui reprit l’essentiel du droit civil français, mais garda une synthèse réussie et intelligente du droit de la famille des différents rites musulmans en cours dans la Tunisie de l’époque. Les trois mesures phares que Bourguiba imposa étaient l’abolition de la polygamie et de la tutelle d’un quelconque mâle agna « ‘asib »  sur la femme et l’institution du divorce judiciaire. Les hommes n’avaient plus aucune tutelle juridique sur leur femme, ils ne pouvaient plus se marier avec plus d’une femme avant d’avoir divorcé de la précédente et ne pouvaient plus divorcer par une simple déclaration auprès de deux notaires ! Si la tutelle juridique sur la femme est une mesure juste et adéquate, l’abolition de la polygamie est discutable, mais la mesure la plus catastrophique est la « judiciarisation » du divorce, c’est-à-dire la soumission du divorce à l’examen d’un juge qui le prononcera suite à une procédure judiciaire contradictoire mais fastidieuse. La sexualité libre, mais encadrée par le droit a pris ainsi fin avec le Code du Statut Personnel.   Aujourd’hui, les tunisiens paient les réformes législatives voulues et décidées par Bourguiba, bien que leur bilan soit plutôt positif en matière de famille et de sexualité, par des frustrations, des privation, de la répression, des sentiments de culpabilité et surtout beaucoup d’hypocrisie. Cet état des choses sur le plan familial et sexuel doit changer, il n’est plus tolérable ni acceptable. Une liberté sexuelle existait en Tunisie avant l’avènement du Code de Statut Personnel en 1956   LES SOLUTIONS PROPOSEES :   1) Séparer le principe même du divorce de ses conséquences en rétablissant le divorce non-judiciaire : Actuellement, comme tout le monde le sait, le demandeur en divorce, homme ou femme, s’adresse au Tribunal de première instance afin d’obtenir un jugement le séparant de son conjoint. Le divorce peut être par consentement mutuel, pour faute du défendeur ou sur demande unilatérale. Seule la justice est habilitée, donc, à prononcer le divorce.   Le droit tunisien post-colonial de la famille,  est une excellente synthèse entre le droit français et les différentes écoles de droit musulman. S’il reprend la procédure judiciaire française du divorce, il garde des éléments du droit musulman comme par exemple, le fait de ne pouvoir divorcer de ses femmes plus de trois fois successives. L’ex-épouse ne peut se remarier une quatrième fois avec son ex-mari, avant d’avoir épousé un autre homme et divorcé de lui. Les musulmans d’antan, appuyés par les jurisconsultes musulmans, détournaient cette règle par le recours au « tayyas ». Celui-ci mâle mineur ou énuque, se mariait avec la femme en question puis en divorçait afin de permettre à son ex-époux de convoler à nouveau en justes noces avec elle. Le droit tunisien moderne reprend aussi le délai de viduité, tel qu’il est énoncé explicitement dans le Coran, et que doit respecter une femme, avant de se remarier.   Antérieurement à 1956, nos parents et grands parents obtenaient le divorce en s’adressant à leur notaire, assisté d’un assesseur. Les deux notaires prenaient simplement acte de la volonté de l’époux de se séparer de son épouse. Le divorce est consigné sur un acte délivré à l’époux, et depuis l’organisation de la fonction notariale par les colons français, encore un aspect positif de la colonisation, il est consigné sur le registre appelé « brouillon » du notaire principal et ensuite sur le registre dit « propre » de chacun des notaires. Les trois registres, paraphés par le parquet d’avance, étant déposés au tribunal, une fois toutes leurs pages remplies.   L’avantage de la procédure non-judiciaire de nos grands pères, (rahmatou Allah ‘Alayhim), est la simplicité, la célérité et la souplesse. Le divorce est rapidement obtenu et l’homme peut se remarier le jour même. La femme ne pouvant demander le divorce que dans des cas très stricts. Par exemple, en cas, d’indigence de son mari, ou si celui-ci ne peut assurer son devoir conjugal (sexuel) avec elle.  Certes, cette procédure est tout bénéfice pour l’homme et lèse gravement la femme par son caractère injuste et unilatéral.    Aujourd’hui par contre, le divorce est un parcours du combattant, un vrai calvaire, une procédure très longue qui prend entre deux et cinq ans devant les tribunaux. Avant le prononcé d’un jugement définitif en appel, les deux époux ne peuvent avoir aucun rapport sexuel avec quiconque. Tout rapport hors mariage, même avec une prostituée est qualifié d’adultère et poursuivi en tant que tel. Le rétablissement du divorce non-judiciaire, par devant notaires, qui prennent seulement acte de la volonté de l’un des conjoints, sur le même pied d’égalité, de provoquer le divorce est salutaire et éviterait de nombreux drames et permettra à l’un ou l’autre des conjoints, ou aux deux, de refaire leurs vies, rapidement, sans avoir à attendre la fin d’une  procédure judiciaire longue, fastidieuse et épuisante. Mais, il faudrait permettre au conjoint qui désire divorcer, de revenir sur sa décision dans un délai raisonnable, par exemple trois mois. Le divorce ne devenant définitif qu’après ce délai. Quant aux conséquences juridiques du divorce, la procédure en référé s’appliquera pour la garde des enfants, la pension alimentaire, maintien dans le domicile familial, et de la ils doivent continuer de relever d’une procédure judiciaire  normale devant le tribunal de grande instance.   2) Modifier la conception traditionnelle du mariage en en faisant, aussi, un cadre juridique pour des relations sexuelles précoces assumées et acceptées par la société :   L’idée traditionnelle, que se font les tunisiens aujourd’hui du mariage, est qu’il s’agit d’une institution dont le but est la fondation d’une famille et la procréation. C’est un événement majeur de la vie du tunisien, et des Arabes en général auquel on se prépare dès la fin de ses études ou de la formation, c’est à dire à partir de 25 ans pour les hommes et beaucoup plus tôt pour les filles. Celles-ci n’attendent, souvent pas, la fin de leurs études ou de leur formation pour accepter une demande en mariage. Toutefois, l’âge du mariage actuel en Tunisie est de 17 ans pour les filles et de 20 ans pour les garçons. Ceci est tardif par rapport à l’âge du mariage de nos ancêtres ou comparé à l’âge des premiers rapports sexuels chez les Occidentaux, qui ont lieu un ou deux ans après la puberté.   Mise à part la prostitution réglementée par l’Etat dans les maisons clauses, la sexualité des tunisiens reste sous haute surveillance, et par la société et par l’Etat. En théorie et en droit, elle se résume à cela : « pas de mariage, point de sexualité ! » Cette conception actuelle de la sexualité et du mariage à la tunisienne n’était pas celle de nos grands-parents et ne découle pas de notre culture arabo-musulmane ancestrale. Elle est de facture très récente, introduite par le Code du statut personnel voulu, décidé et imposé par le président H. Bourguiba.   La conception bourguibienne du mariage et de la sexualité, a repris la vision très chrétienne de la famille et du divorce en particulier, qui ont inspiré le droit français, et l’a greffé sur la mentalité tunisienne arabo-musulmane caractérisée par sa rigueur dans la conception du corps féminin et sa morale sexuelle très stricte. Au lieu d’une seule rigueur, les tunisiens se sont vus imposés deux, celle du droit français, surtout en matière de divorce et celle de leur morale sexuelle héritée de leur tradition musulmane.   Si les Occidentaux ont évolué dans leur conception de la morale sexuelle et que leurs législateurs les ont suivi dans leur évolution, les tunisiens, mais aussi tous les Arabes, ont certes évolué dans leurs comportement sexuels, mais traînent encore comme des boulets, leur conceptions archaïques de la sexualité, du mariage et de la morale s’y attachant. Conception qui ne laisse aucune place aux aventures sexuelles hors mariage, ni à une forme de sexualité durable et stable pratiquée dans cadre d’un concubinage par exemple. Une morale qui continue d’exiger l’abstinence aux hommes et aux femmes l’abstinence avant le mariage et au cours du divorce et une loi qui sanctionne tout écart à cette règle !   En effet, et à partir, grosso modo, de la fin de la seconde guerre mondiale, les Occidentaux de culture chrétienne, (Américains du nord et du sud, Européens de l’est et de l’ouest en sus des Russes, des Australiens et des new-zélandais) ont changé leurs conceptions de la sexualité pour adopter une sexualité totalement libre. Ils l’ont ancré dans les mœurs et le droit en dépénalisant l’adultère, l’homosexualité, et en rendant licites, le concubinage et les rapports sexuels hors mariage entre adultes consentants. Mais les Arabes et les tunisiens sont restés statiques et conservateurs en la  matière. Aucun pays arabe n’a modifié sa législation pour entériner les changements de comportements sexuels visibles pourtant à l’œil nu dans la société !   L’appel à une sexualité libre en Tunisie est un appel au retour aux sources de la société tunisienne et à l’histoire de la culture arabo-musulmane qui ne condamnait nullement les mariages multiples, les divorces faciles, car non soumis à une procédure judiciaire, quoique unilatéraux (répudiation) et au profit des seuls hommes et la possession de maîtresses ( ama / ima’). Nos aïeules jouissaient d’une liberté sexuelle, certes socialement canalisée et juridiquement encadrée par le droit musulman, mais il en jouissaient et en profitaient sans gêne, loin de la frustration et de la privation dont sont victimes les nouvelles générations au nom d’une morale rigoriste, alimentée par le courant islamiste, et d’un droit archaïque et répressif qui n’hésite pas à jeter des homosexuels en prison et interdire l’accès aux hôtels aux couples non mariés. Il est temps que les tunisiens et les Arabes en général jouissent d’une sexualité libre, moderne, décomplexée et pleinement assumée !   Me Kamel CHAABOUNI Paris le 24 juin 2008 kamelchaabouni@yahoo.fr

 

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