23 juin 2008

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TUNISNEWS
 8 ème année,N° 2953 du 23.06.2008 archives : www.tunisnews.net


C.R.L.D.H. Tunisie:Arrestation du porte-parole du mouvement de protestation du bassin minier de Gafsa, M. Adnène HAJJI.

C.R.L.D.H. Tunisie:Invitation

Comité de soutien aux Habitants du bassin minier de Gafsa:Arrestation du syndicaliste Adnane Hajji: D’autres animateurs du mouvement sont recherchés par la police

AMNESTY INTERNATIONAL :Tunisia: Human rights lip service

Communiqué de presse de Amnesty International France:Tunisie. Des proclamations de pure forme en faveur des droits humains

AFP:Caricatures: Amnesty demande au Danemark de ne pas expulser des Tunisiens

Tribune des Droits Humains :Ouverture tunisienne

LEMONDE.FR :Un Tunisien meurt au centre de rétention de Vincennes

Centre de Rétention de Vincennes:COMMUNIQUE  Le Temps :Crise de la Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l’Homme (LTDH) AFP:Incendie d’un centre de rétention en France: un clandestin manquant

Associated Press:Incendie de Vincennes: l’UMP s’en prend à RESF

AFP:Rétention-immigration-incendie:Le Mrap appelle à une manifestation mardi devant le CRA de Vincennes

LEMONDE.FRDrame de la rétention

AFP:Tunisie: collision entre un train et un tramway, 43 blessés

Le Temps :Assemblée Générale élective du Conseil de l’Ordre des pharmaciens

AFP:Transfert – Tunisie – Adieux de Lemerre, la presse dresse un bilan mitigé

le blog du journaliste Mongi Khadraoui: Message adressé par Khemaies Khayati à Zied El Hani  

Le Temps » (Quotidien – Suisse) :Le foulard, tenue réglementaire aux JO

Mezri Haddad: L’Union méditerranéenne doit être un projet de civilisation

EL KHADRA 111:Pourquoi le monde arabe n’est pas libre

EL KHADRA 111:DU GRISBI POUR BEN ALI: Tunisie: Hausse des réserves

Reuters: Un président pour relancer le Conseil du culte musulman

AFP:Des milliers de manifestants à Istanbul pour dire « stop aux coups d’Etat »
 


C.R.L.D.H. Tunisie Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie Membre du Réseau Euro méditerranéen des Droits de l’Homme 21 ter rue Voltaire – FR-75011 PARIS – Tel/Fax : 00.33. (0)1.43.72.97.34 contact@crldht.org / www.crldht.org

Communiqué Arrestation du porte-parole du mouvement de protestation du bassin minier de Gafsa, M. Adnène HAJJI.

 
La police Tunisienne a procédé , le dimanche 22 juin 2008 vers deux heures du matin, à l’arrestation de M. Adnène Hajji, secrétaire général du syndicat de l’enseignement de base de Redaïef et l’un des principaux animateurs du mouvement de protestation au bassin minier de Gafsa. Son épouse. Mme Jomâa Hajji s’est présentée au poste de police de Redaïef pour demander des nouvelles de son mari et lui procurer ses  médicaments. Les policiers ont nié son arrestation et ont refusé de prendre son médicament. Par ailleurs, les militants les plus engagés pour « le  Combat pour la dignité » sont recherchés par la policière et par l’armée. Il s’agit notamment de Adnène Hajji, Béchir Labidi, Taïeb Ben Othmane, Hassen Ben Abdallah, Belgacem Ben Abdallah, Adel Jayyar, Tarek Halimi, Boujemaâ Chraïti…. C’est ainsi que la police a effectué cette nuit du 22 juin 2008, une descente au domicile du syndicaliste de M. Béchir Labidi et a interpellé, à sa place, son fils Ghassen. D’autres descentes similaires ont eu lieu aux domiciles de Adel Jayyar, Taïeb Ben Othmane, Béchir Labidi et Tarek Halimi et d’autres syndicalistes et militants du mouvement. Depuis le 6 juin dernier, date de la mort par balles du jeune Hafnaoui Maghzaoui, et  la blessure de 27 autres, dont plusieurs gravement, la ville de Redaïef vit sous le contrôle de la police et de l’armée : ses quartiers et rues sont occupés par les forces de l’ordre  qui provoquent et humilient la population dont une partie préfère se réfugier dans les montagnes limitrophes. Des arrestations et des détentions au secret sont signalées, des dizaines de condamnations à l’emprisonnement ont été prononcées lors de procès iniques….. Encore une fois, en réponse aux revendications légitimes de la population, le pouvoir tunisien répond par la répression pour faire taire toute expression et toute velléité  de lutte pour les droits fondamentaux à l’emploi et à la justice sociale. Le CRLDHT dénonce cette nouvelle escalade de violence exercée à l’encontre de la population de Redaïef, paralysée par un impressionnant arsenal répressif afin d’interdire la moindre manifestation pacifique et mettre un terme à ce combat de la dignité. Il appelle à la libération immédiate de M. Adnène Hajji et à l’arrêt de la politique de chasse à l’homme qui vise les animateurs du mouvement de protestation pacifique. Il s’élève contre cet état de siège non déclaré que vit le bassin minier de Gafsa et notamment la ville de Redaïef  et  appelle à une campagne de solidarité internationale pour la libération de touts les détenus Il salue le combat de toutes ces femmes et tous ces hommes, là où ils sont,  qui honorent la Tunisie et leur exprime son engagement total à leurs côtés. Paris, le 23 juin 2008.

 


C.R.L.D.H. Tunisie Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie Membre du Réseau Euro méditerranéen des Droits de l’Homme 21ter rue Voltaire – FR-75011 PARIS  – Tel/Fax : 00.33. (0)1.43.72.97.34 contact@crldht.org / www.crldht.org Invitation
 
A l’occasion de la journée mondiale de lutte contre la Torture, l’Association tunisienne de lutte contre la torture (ATLT) et le Comité pour le respect des libertés et des droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT) Vous invitent à une conférence de presse pour la publication de leur rapport conjoint «La torture en Tunisie et la loi  anti-terroriste du 10 décembre 2003. Faits et témoignages pour que cesse l’impunité»

Le jeudi 26 juin 2008 de 14h à 17h,

au siège de la FIDH , 17, passage de la Main d’or 75011 Paris. En présence de Me Radhia NASSRAOUI, porte parole de l’ ALTT Fatma Bouamaied Ksila, secrétaire générale du CRLDHT Me Barbara manara et Me Sandro Clementi, avocats au barreau de Milan. Me Houcine BARDI, avocat au barreau de Paris, membre du CRLDHT Kamel Jendoubi, président du Réseau euro méditerranée des droits de l’homme Patrick Baudouin et Antoine Bernard  président d’honneur et directeur exécutif  de la FIDH Avec le soutien de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) Ce rapport documente les effets de la « guerre anti-terroriste » en Tunisie entre 2005 et 2007 : chasse aux opposants, transgression des normes internationales relatives aux procédures judiciaires, systématisation du harcèlement et de la torture, impunité garantie pour les tortionnaires, négation paradoxale des aspirations de la population tunisienne à la sécurité et aux libertés fondamentales…Il met également en lumière le recul du droit international et la légitimation de telles pratiques au nom de la « lutte contre le terrorisme » par des Etats démocratiques, partenaires du régime. En prenant pour objet spécifique l’application de la loi de la «lutte contre le terrorisme» en Tunisie, le rapport présentant une analyse de cette loi expose à la lumière de témoignages de victimes, de leurs familles et de leurs avocats, comment sous couvert de lutte contre le terrorisme, les droits humains sont bafoués en Tunisie. Cette situation a récemment été dénoncée par un arrêt de la Cour européenne des droits de l’Homme qui a reconnu une décision d’extradition d’Italie d’un ressortissant tunisien accusé « d’activités terroristes », en violation avec la Convention européenne des droits humains au regard des risques de torture encourus. Les témoignages de victimes et de leurs proches font découvrir des vies anéanties par les brimades continues, les multiples séances de torture et leurs conséquences. Ils mettent en lumière l’ampleur du désespoir d’une partie de la jeunesse, la désertification de la vie politique, associative et même culturelle, l’appel au conformisme le plus zélé, qui n’empêche pas pour autant l’insécurité de tous. Le rapport dresse le portrait de vies personnelles et familiales détruites, de voisinages meurtris et d’une « société » devenue proprement anéantie. Ces témoignages donnent au final au lecteur à comprendre comment la société tunisienne ne cesse de se déliter et de s’étouffer. Etabli dans des conditions difficiles par le CRLDHT et l’ATLT, ce rapport a bénéficié du soutien de la Fédération Internationale des ligues des Droits de l’Homme (FIDH), du Réseau euro méditerranéen des Droits de l’Homme (REMDH) , d’ACSUR (Asociacion para la cooperacion con el sur- Las Segovios – Espagne), de l’ADPM (association pour le droit de la personne au Maghreb- Canada) et de CIHRS (Institut du Caire pour les études des droits de l’homme). Contacts FIDH : Gaël Grilhot/Karine Appy : 01 43 55 25 18 / 01 43 55 14 12 / 01 43 55 90 19 – ggrilhot@fidh.org/ kappy@fidh.org Contact CRLDHT : +33 (1) 143729734- +33 (0) 685522281- Inscription : contact@crdht.org


TUNISIE : le régime intensifie la répression contre le mouvement social du bassin minier Arrestation du syndicaliste Adnane Hajji D’autres animateurs du mouvement sont recherchés par la police

 
La nuit dernière, la police tunisienne a arrêté le syndicaliste et animateur du mouvement du bassin minier à Redeyef Adnane Hajji. Sa femme, Mme Jomâa Hajji, s’est déplacée ce matin au poste de police de Redeyef pour demander de ses nouvelles. La police a nié son arrestation et refusé de lui remettre ses médicaments. Adnane Hajji souffre d’une insuffisance rénale. Plusieurs dizaines de syndicalistes et animateurs du mouvement à Redeyef sont activement recherchés par la police. Durant la nuit du 21 au 22 juin, la police a effectué une descente au domicile du syndicaliste Béchir Labidi. Ce dernier n’étant pas chez lui, elle a arrêté son fils Ghassen pour l’interroger sur le lieu où pouvait se trouver son père. Il a été relâché après un tabassage en règle. Le domicile de Tarek Hlaïmi a subi le même sort, la police a arrêté son frère puis l’a libéré. Au cours de la même nuit, des opérations similaires ont eu lieu aux domiciles de Adel Jayar, Taeïb Ben Othmane et d’autres syndicalistes et militants du mouvement. Depuis la répression dans le sang du mouvement à Redeyef le 6 juin dernier, qui s’est soldée par un mort et 27 blessés, des arrestations et des enlèvements ont lieu quotidiennement. Hier, 21 personnes ont comparu devant le juge d’instruction à Gafsa, parmi elles se trouvaient des personnes dont on était sans nouvelles depuis plusieurs jours. C’est le cas du photographe Mahmoud Raddadi disparu depuis le 9 juin. Par cette nouvelle vague d’arrestations, le pouvoir tunisien semble décidé à en finir avec le mouvement social du bassin minier de Gafsa, qui s’est étendu récemment à Fériana, ville du gouvernorat limitrophe de Kasserine. Malgré la répression le mouvement rencontre de plus en plus de soutien en Tunisie. Une réunion publique a été organisée par le comité national de soutien à Tunis vendredi 13 juin, ainsi que des rassemblements de syndicalistes devant le siège de l’UGTT. D’autre part, les femmes de Redeyef ont tenté à plusieurs reprises de se rassembler hier, elles ont été dispersées par la police. Aujourd’hui, elles ont réussi à se rassembler pour protester contre la répression sauvage des forces de l’ordre. Le comité de Paris de soutien aux habitants du bassin minier de Gafsa : -dénonce les arrestations et les procès visant à criminaliser les luttes pacifiques de ces populations pour leur droit au travail et à une vie meilleure. – exige la libération immédiate de Adnane Hajji et de toutes les personnes emprisonnées pour leur participation au mouvement, et l’arrêt des poursuites contre tous les autres animateurs. –  appelle les organisations syndicales, politiques et associatives à accroître leur solidarité avec les luttes de la population du bassin minier en participant aux différentes initiatives qui seront organisées les 5 et 10 juillet à Paris. Paris, le 22 juin 2008 Comité de soutien aux Habitants du bassin minier de Gafsa Courriel : bassin.minier@hotmail.fr C/o FTCR, 3 rue de Nantes 75019 Paris
 


AMNESTY INTERNATIONAL PRESS RELEASE

Tunisia: Human rights lip service

 
The Tunisian government is misleading the world as it conveys a positive image of the human rights situation in the country while abuses by its security forces continue unabated and are committed with impunity, Amnesty International revealed in a new report today. “The Tunisian government has repeatedly asserted that it abides by its international human rights obligations, yet this is far from the reality. It is high time that the authorities stop paying lip service to human rights and take concrete action to end abuses,” said Hassiba Hadj Sahraoui, Deputy Director for the Middle East and North Africa Programme. “As a first step, the Tunisian authorities must acknowledge the disturbing allegations documented in this report, commit to investigating them and bring those responsible to justice. » The report, In the Name of Security: Routine Abuses in Tunisia, details Amnesty International’s concerns regarding serious human rights violations being committed in connection with the government’s security and counter-terrorism policies. In their efforts to prevent the formation of what they call “terrorist cells” inside Tunisia, the authorities have been responsible for arbitrary arrests and detentions which breach Tunisian law, and have forcibly disappeared detainees, used torture and other ill-treatment and tried, convicted and sentenced people using unfair proceedings. In addition, they have tried civilians before military courts and produced little evidence to substantiate the charges. A broad definition of terrorism in the Tunisian Anti-Terrorism Law is used by the authorities to criminalize legitimate and peaceful opposition activities. Although some legal reforms were introduced in recent years to provide better protection for detainees, the laws are routinely flouted by the Tunisian security forces, and have not served as an adequate safeguard against torture, unfair trial and other serious human rights abuses. Ramzi el Aifi, Ousama Abbadi and Mahdi Ben Elhaj Ali were three of the co-defendants in the Soliman case. Their lawyers report that they were punched, tied up and kicked by prison guards at Mornaguia prison on 16 October 2007, apparently because they had gone on hunger strike in protest against their conditions of detention. Abbadi sustained a serious eye injury and a deep, open leg wound and was in a wheelchair, unable to stand, when seen by his lawyer on 20 October 2007. Ramzi el Aifi told his lawyer that he had been tied up with a rope, beaten up and that a stick had been inserted into his anus. No investigation into these abuses is known to have been initiated by the Tunisian authorities and those allegedly responsible have not faced justice. Ramzi el Aifi and Ousama Abbadi were sentenced to life imprisonment, though Abbadi’s sentence was reduced to 30 years’ imprisonment on appeal. Mahdi Ben Elhaj Ali was sentenced to 12 years in prison, reduced to eight years on appeal.   Most human rights abuses are committed by forces of the Department of State Security (DSS), who use torture virtually with impunity. By failing to investigate allegations of torture, the Public Prosecutor and his staff as well as judges, who often lack independence, effectively help to cover up instances in which detainees are held incommunicado for prolonged periods in breach of Tunisia’s own law, as well as torture of detainees in violation of Tunisian and international law. Through their silence and failure to act, they become complicit in the abuses. “The Tunisian authorities have an obligation to protect the public and combat terrorism, but when doing so they must comply with their obligations under international human rights law, » said Hassiba Hadj Sahraoui. « They must ensure that the anti-terrorism and related provisions do not facilitate human rights abuses, and that, in practice, the DDS and other security forces at all times fully respect international human rights laws and standards.” Despite this record of abuses, a number of Arab and European governments and the US government have returned people they suspected of involvement in terrorism to Tunisia, where they have then suffered arbitrary arrest and detention, torture or other ill-treatment, and blatantly unfair trials.   Houssine Tarkhani was forcibly returned from France to Tunisia on 3 June 2007, and detained on arrival. He was kept in secret detention in the DSS in Tunis for nine days, in violation of international human rights law, as well as three days longer even than the period permitted by Tunisian law for garde à vue detention. During this time, his lawyer reported, Houssine Tarkhani was beaten with a stick all over his body, given electric shocks, insulted and threatened with death. He was subjected to further beating when he asked to be allowed to read the police report, which he was not permitted to read. During his detention in garde à vue, none of his immediate relatives were informed of his detention as required under Tunisian law. His family knew of his whereabouts only when he was brought before an investigating judge on 12 June 2007. He first appeared before the investigating judge without the assistance of his lawyers, who were not permitted access to him until 19 June 2007, when they saw him at Mornaguia prison. His lawyer’s request to have him examined for evidence of torture still remains unanswered. “Instead of forcibly returning Tunisian nationals who face torture and unfair trials, foreign governments should be pressing the Tunisian government to take concrete steps to promote human rights reform,” said Hassiba Hadj Sahraoui. Note to editors: Amnesty International experts will present the findings of the report at a press briefing in Paris at 15:00 GMT on Monday 23 June. To arrange for an interview with a spokesperson in Paris, please contact Aurélie Chatelard on + 33 (0) 6 76 94 37 05. To arrange for an interview with a spokesperson in London, please contact Nicole Choueiry, Middle East and North Africa Press Officer on +44 (0) 7831 640 170. Public Document **************************************** For more information please call Amnesty International’s press office in London, UK, on +44 20 7413 5566 or email: press@amnesty.org International Secretariat, Amnesty International, 1 Easton St., London WC1X 0DW, UK www.amnesty.org

 


Communiqué de presse de Amnesty International France Paris, le 23 juin 2008 – réf : SF 08 M 61 Tunisie. Des proclamations de pure forme en faveur des droits humains

 
 
Le gouvernement tunisien cherche à tromper le reste du monde en présentant une image positive de la situation des droits humains dans le pays tandis que ses forces de sécurité persistent à commettre des exactions qui restent impunies, a révélé Amnesty International dans un nouveau rapport publié ce lundi 23 juin. « Le gouvernement tunisien a assuré à plusieurs reprises qu’il se conformait à ses obligations internationales en matière de droits humains. Mais cela est loin d’être vrai. Il est grand temps que les autorités cessent de rendre un hommage de pure forme aux droits humains et qu’elles prennent des mesures concrètes pour mettre fin aux atteintes commises, a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International. Dans un premier temps, les autorités tunisiennes doivent reconnaître la véracité des allégations troublantes recueillies dans ce rapport, s’engager à enquêter sur les cas relatés et traduire en justice les responsables présumés. » Le rapport, intitulé Au nom de la sécurité : atteintes aux droits humains en Tunisie, expose dans le détail les préoccupations d’Amnesty International quant aux graves violations des droits humains commises actuellement en rapport avec la politique du gouvernement en matière de sécurité et de lutte antiterroriste. Résolues à empêcher la formation de ce qu’elles dénomment «cellules terroristes» sur le territoire tunisien, les autorités se sont rendues responsables d’arrestations et de placements en détention arbitraires qui enfreignent la loi tunisienne ; elles ont provoqué la disparition forcée de détenus, elles ont utilisé la torture et d’autres mauvais traitements, elles ont jugé, déclaré coupables et condamné des personnes à l’issue de procès inéquitables. De surcroît, elles ont déféré des civils devant des tribunaux militaires et n’ont produit que peu d’éléments susceptibles d’étayer les accusations portées contre eux. Une loi antiterroriste contenant une définition vague du terrorisme est utilisée par les autorités tunisiennes pour ériger en infraction pénale des activités d’opposition légitimes et pacifiques. Bien que quelques réformes législatives aient permis, ces dernières années, d’accorder une meilleure protection aux détenus, les lois sont régulièrement bafouées par les forces de sécurité tunisiennes, et n’ont pas constitué une garantie efficace contre la torture, les procès iniques et d’autres graves atteintes aux droits humains. Citons le cas de Ramzi el Aifi, Ousama Abbadi et Mahdi Ben Elhaj Ali, trois des accusés dans l’affaire Soliman. Leurs avocats ont indiqué que des gardiens avaient attaché ces trois hommes et les avaient roués de coups de poing et de pied à la prison de Mornaguia le 16 octobre 2007 pour les punir, semble-t-il, d’avoir entamé une grève de la faim pour protester contre leurs conditions de détention. Lorsque l’avocat d’Ousama Abbadi lui a rendu visite le 20 octobre 2007, il a constaté que son client était grièvement blessé à l’œil et présentait une blessure ouverte profonde à la jambe ; il était dans un fauteuil roulant, incapable de se tenir debout. Ramzi el Aifi a déclaré quant à lui à son avocat qu’il avait été ficelé et frappé et qu’on lui avait enfoncé un bâton dans l’anus. Aucune enquête sur ces violences ne semble avoir été ouverte par les autorités tunisiennes, et les personnes soupçonnées d’être responsables de ces agissements n’ont pas été déférées à la justice. Ramzi el Aifi et Ousama Abbadi ont été condamnés à la réclusion à perpétuité puis la peine d’Ousama Abbadi a été réduite en appel à trente ans d’emprisonnement. Mahdi Ben Elhaj Ali a été condamné à une peine d’emprisonnement de douze ans, réduite à huit ans en appel. La plupart des atteintes aux droits humains sont commises par les agents de la Direction de la sûreté de l’État, qui ont recours à la torture en bénéficiant d’une impunité quasi totale. En ne procédant à aucune enquête sur les allégations de torture, le procureur et ses services ainsi que les juges, qui manquent souvent d’indépendance, contribuent à l’étouffement de certaines affaires de maintien de détenus au secret pendant des périodes prolongées, au mépris de la législation tunisienne elle-même, et d’actes de torture sur la personne de détenus en violation de la loi tunisienne et du droit international. Par leur silence et leur inaction, ils deviennent complices de ces violations. « Les autorités tunisiennes sont dans l’obligation de protéger la population et de combattre le terrorisme, mais ce faisant elles doivent se conformer à leurs obligations en vertu du droit international relatif aux droits humains, a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui. Elles doivent veiller à ce que les dispositions relatives à la lutte contre le terrorisme ne facilitent pas les atteintes aux droits humains et à ce que, dans la pratique, la Direction de la sûreté de l’État et les autres forces de sécurité respectent à tout moment et dans leur intégralité les normes et les textes internationaux relatifs aux droits humains. » Malgré ce bilan marqué par les violations, un certain nombre de gouvernements de pays arabes et européens ainsi que le gouvernement des États-Unis ont renvoyé des personnes soupçonnées de participation à des actes terroristes en Tunisie, où ces personnes ont été arrêtées, placées en détention de façon arbitraire, soumises à la torture ou à d’autres mauvais traitements, et jugées de manière inéquitable. Houssine Tarkhani a été renvoyé de France en Tunisie contre son gré le 3 juin 2007 et arrêté à son arrivée à Tunis. Il a été maintenu en détention secrète à Tunis, dans les locaux de la Direction de la sûreté de l’État, pendant neuf jours, en violation du droit international relatif aux droits humains ; de plus, cette période excédait de trois jours la durée maximale de la garde à vue autorisée par la législation tunisienne. Au cours de cette période, a indiqué son avocat, Houssine Tarkhani a reçu des coups de bâton sur tout le corps ainsi que des décharges électriques ; il a été insulté et menacé de mort. Il a été de nouveau frappé lorsqu’il a demandé à prendre connaissance du rapport de police, qu’il n’a pas eu le droit de lire. Pendant sa garde à vue, aucun de ses proches parents n’a été informé de son placement en détention, alors que la loi tunisienne le prévoit. Sa famille n’a été mise au courant de l’endroit où il se trouvait que lors de sa comparution devant un juge d’instruction, le 12 juin 2007. Lors de cette première comparution, il n’a pas bénéficié de l’assistance de ses avocats, qui ne sont entrés en rapport avec lui que le 19 juin 2007, date à laquelle ils ont pu le voir à la prison de Mornaguia. Un de ses avocats a demandé qu’il bénéficie d’un examen médical permettant de constater d’éventuelles traces de torture, mais cette requête est pour l’instant restée vaine. « Au lieu de renvoyer de force dans leur pays des Tunisiens qui risquent d’y être torturés et sont exposés à des procès inéquitables, les gouvernements étrangers devraient faire pression sur le gouvernement tunisien en l’incitant à prendre des mesures concrètes en faveur d’une réforme des droits humains », a conclu Hassiba Hadj Sahraoui. TELECHARGER : – le rapport « In the Name of Security: Routine Abuses in Tunisia » 23 juin 2008 – Index Number: MDE 30/007/2008 PDF (version anglaise) Texte intégral du rapport (en anglais), cliquer ici : http://www.amnesty.fr/var/amnesty/storage/fckeditor/File/mde300072008eng.pdf

AFP, le 23 juin 2008 à 12h40 Caricatures: Amnesty demande au Danemark de ne pas expulser des Tunisiens

 
COPENHAGUE, 23 juin 2008 (AFP) – Amnesty International a appelé lundi le gouvernement danois à ne pas expulser vers leur pays deux Tunisiens, soupçonnés d’avoir projeté un attentat contre un auteur de caricatures de Mahomet, avertissant qu’ils risquaient d’y être torturés. Dans un nouveau rapport publié lundi à son siège à Londres, l’organisation de défense des droits de l’Homme a accusé le gouvernement tunisien de recourir à des « mauvais traitements courants » sous couvert de lutter contre le terrorisme. « Le gouvernement danois qui veut les expulser sans jugement ne peut le faire sans violer les conventions internationales, qui interdisent de refouler des personnes vers des pays où l’on pratique la torture, comme c’est le cas de la Tunisie », a déclaré à l’AFP Eva Hesse, porte-parole de la section danoise d’Amnesty International. Les deux hommes âgés de 26 et 36 ans, résidant au Danemark, sont détenus depuis le 12 février et en attente d’expulsion. Ils sont soupçonnés d’avoir projeté de tuer Kurt Westergaard, l’auteur d’une des douze caricatures controversées du prophète Mahomet. Le gouvernement danois, sur recommandation du service de renseignement de la police (PET), a décidé leur expulsion sans jugement, s’appuyant sur le PET qui estimait que les deux hommes constituaient une menace pour la sécurité de l’Etat. Les lois antiterroristes adoptées au Danemark en 2002 dans le sillage des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis permettent les expulsions administratives sans passer par les instances judiciaires. La porte-parole d’Amnesty a estimé que le Danemark ne devait pas les renvoyer vers leur pays « en raison de risques évidents de torture surtout de gens suspectés de terrorisme, et parce que des Tunisiens expulsés par d’autres pays européens vers la Tunisie ont été maltraités et torturés ». Amnesty a estimé aussi que le gouvernement danois ne parviendrait pas à conclure, comme il le souhaite, un accord dit d' »assurances diplomatiques » avec Tunis, garantissant que les expulsés seront traités correctement. « La Tunisie a refusé de tels accords avec d’autres affirmant que la torture n’existe pas dans ce pays », a précisé Mme Hesse. AFP


Ouverture tunisienne Juan Gasparini/Tdh
 
Lors de la conclusion de son Examen Périodique Universel (EPU) la semaine dernière, la Tunisie avait fait une série de promesses. Deux d’entre elles sont déjà en train de se réaliser. TDH a reçu confirmation de l’ONG Human Rights Watch (HRW) que la visite de ses représentants dans les prisons tunisiennes et la possibilité de parler librement avec les détenus est « en bonne voie ». Une première réunion entre un envoyé de HRW et le gouvernement a ainsi eu lieu à Tunis il y a quelques jours. Et ça n’est pas tout. Profitant de la présence à Genève de tous les rapporteurs spéciaux lors de leur assemblée annuelle, des diplomates tunisiens vont rencontrer lundi prochain l’expert indépendant sur le terrorisme et les droits humains, Martin Sheinin, pour régler sa visite en Tunisie.
(Source : « Tribune des Droits Humains » (Suisse), le 17 juin 2008)
Lien : http://www.humanrights-geneva.info/+Ouverture-tunisienne,1187

Un Tunisien meurt au centre de rétention de Vincennes

 
LEMONDE.FR avec AFP | 22.06.08 | 12h22  •  Mis à jour le 22.06.08 | 12h23 Un Tunisien de 41 ans est mort, samedi 21 juin en fin d’après-midi, au centre de rétention administrative de Vincennes. Selon une source proche de l’enquête, la personne est décédée « d’une crise cardiaque, sans intervention des effectifs de police ». La préfecture de police, qui a confirmé le décès, a indiqué que ce ressortissant tunisien était « sous le coup d’une interdiction définitive du territoire français décidée par un arrêt de la cour d’appel de Paris ». Un premier examen médical n’a décelé « aucune trace suspecte sur le corps »  selon une source proche de l’enquête citée par l’AFP. LA POLICE DÉMENT TOUT INCIDENT Le député Jean-Pierre Brard (app PCF) s’est rendu sur place où il a été informé du décès. « Le médecin m’a dit qu’il ne voulait pas se prononcer sur les causes de la mort » de cette personne, « une autopsie sera pratiquée dimanche pour les déterminer », a-t-il déclaré à l’AFP. M. Brard a indiqué qu’on lui avait rapporté que son compagnon de chambre s’était déjà « inquiété » de son état de santé vendredi, trouvant qu’il « respirait mal ». Des personnes retenues, qui avaient alerté l’AFP, ont fait état d’incidents une fois que la nouvelle s’est répandue dans le centre. Des sans-papiers ont fait part à l’AFP, par téléphone, de troubles et de forte présence policière. Un témoin a fait état d’un « début d’émeute » dans le centre de rétention avec dispersion de gaz lacrymogènes. Une représentante du Réseau Education Sans Frontières (RESF), Florence Ostier, a évoqué auprès de l’AFP le témoignage d’un retenu, selon lequel il y a eu du « grabuge dans le centre » après l’annonce du décès. La préfecture de police a démenti tout incident, affirmant que »les retenus ont simplement voulu connaître la situation ».  RESF appelle à un rassemblement de protestation et de solidarité avec les retenus, dimanche à 15 heures, devant le centre de rétention. (Source : le site « LEMONDE.FR » (France), le 22 juin 2008)


 
COMMUNIQUE Centre de Rétention de Vincennes: le MRAP, l’UTIT , la FTCR appellent à un rassemblement

 

Après la mort d’un Tunisien de 40 ans au Centre de Rétention de Vincennes samedi 21 juin, le MRAP exprime son émotion face aux informations extrêmement graves qui lui parviennent sur l’incendie qui embrase le CRV et aurait fait plusieurs blessés.  Solidaire de l’expression de la révolte des Sans papiers ainsi que de tous ceux qui estiment que les Centres de Rétention représentent une honte pour la République, le MRAP, la FTCR et l’UTIT appellent à un rassemblement devant le Centre de Rétention de Vincennes mardi 24 juin à 18h.  Ils appellent l’ensemble des organisations qui refusent la politique de criminalisation de l’immigration ainsi que l’immonde obsession du chiffre du Ministre de l’Intérieur – dont les événements de Vincennes sont une des conséquences – à se joindre à ce rassemblement.   Paris le 22 juin 2008
 
 


Crise de la Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l’Homme (LTDH)

 » Pourquoi devrions-nous soulever le faux problème de la légitimité ? Interview de Me Taoufik Bouderbala ex-président de la ligue

Le Comité directeur de la Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l’Homme (LTDH) a rendu public un rapport dans lequel il avance des propositions pour une solution consensuelle entre les différentes parties pour sortir la Ligue de la crise qu’elle traverse. Il invite les mécontents, ceux qui ont porté plainte contre le comité directeur dénonçant les fusions des sections, a un dialogue franc sur toutes les questions objet du litige. Le comité directeur propose des réunions avec les plaignants et tous les adhérents sans exclusion au siège de la Ligue et il a établi un calendrier de ces réunions qui seront couronnées par la tenue d’un Conseil National et par la fixation de la date du 6ème congrès. Mais les plaignants et à leur tête Me Chedly Ben Younès ont estimé que  » ces propositions ne sont pas sérieuses et ont été préparées unilatéralement par le comité, directeur qui (estime Me Ben Younès), oublie qu’il est désigné par le tribunal comme étant un administrateur judiciaire « . Pour en savoir plus sur ces dernières péripéties nous avons invité Me Taoufik Bouderbala ancien président de la Ligue et considéré par tous les observateurs et ceux qui suivent de près les affaires de la Ligue comme étant indépendant. Interview. Le Temps : Que pensez-vous de la dernière initiative prise par le Comité directeur de la LTDH pour renouer le dialogue avec les « mécontents » en vue de trouver une solution à la crise ? Me Taoufik Bouderbala : Tout d’abord je pense que la crise a énormément duré malgré toutes les tentatives qui ont été faites depuis un certain temps par différentes parties. Cette stagnation ne sert ni la Tunisie ni le mouvement associatif et encore moins le pouvoir parce que on ne peut pas imaginer des avancées substantielles dans le domaine de la garantie et de l’effectivité des libertés en Tunisie sans la LTDH qui est devenue malgré tout une institution incontournable dans le pays. Il se trouve que actuellement et après beaucoup de discussions le comité directeur a proposé un certain nombre d’actions pour relancer le dialogue avec tous les militants en vue de trouver une plate-forme consensuelle qui mettrait fin au « désastre ». • Mais cette initiative n’a-t-elle pas trouvé d’échos ?Personnellement je m’attendais à ce  qu’elle trouve l’écho qu’elle méritait de la part de toutes les composantes et les sensibilités au sein de la Ligue dans un esprit consensuel et constructif. D’après ce que j’ai compris le comité directeur a proposé une certaine action pour amorcer le dialogue et trouver des solutions. Refuser cette initiative et d’après moi une décision malencontreuse et je souhaiterais que cette décision soit révisée par les intéressés pour que le dialogue démarre même si l’incompréhension et les doutes subsistent encore. Je rappellerai qu’Edgar Faure a dit quelque part que le fait de prendre conscience qu’on ne se comprend pas et déjà positif en soi. Donc de grâce j’appelle les uns et les autres à se réunir, à discuter et je suis sûr que les solutions justes et équitables seront au rendez-vous. • Mais les mécontents disent que le comité directeur est « illégitime » et que cette initiative a été préparée unilatéralement ? -C’est absolument faux sur le plan juridique et sur le plan pratique. Du point de vue juridique je rappelle que l’arrêt de la cour d’appel de 2001 a restitué à la LTDH donc au comité directeur les locaux de la Ligue qui étaient sous séquestre et a demandé au comité directeur de préparer le congrès de la Ligue dans un délai d’un an. Cela veut dire que le comité directeur est légitime et tous ceux qui se considèrent comme partie prenante dans la crise actuelle ont reconnu et accepté cette légitimité et je ne vois pas pourquoi on viendrait aujourd’hui la contester. Sur le plan pratique il ne faut pas oublier que le comité directeur a fonctionné depuis la date de ce fameux arrêt donc depuis 2001 jusqu’à 2005 avec le consentement, la présence et la participation de tous ceux qui sont maintenant des protagonistes de la crise au sein de la Ligue et ce sont les procédures adoptées par le comité directeur concernant la restructuration des instances qui ont déclenché la crise actuelle. Donc c’est un problème de procédures qui n’a rien à voir avec la légitimité. • D’après vous qu’elles sont les solutions possibles pour sortir la LTDH de la crise ? -Je pense qu’il est urgent de se mettre autour d’une table  de commencer à se parler et d’accorder un préjugé favorable au comité directeur et  de peser sur les décisions qui pourraient voir le jour parce que l’expérience confirme que le non systématique n’amène à rien et que les absents ont toujours tort. Dans ce domaine, je suis convaincu que les propositions avancées par le comité directeur peuvent faciliter la reprise du dialogue et tout doit être mis sur la table y compris les décisions concernant la restructuration des sections pour retrouver le consensus qui a tant réussi à la LTDH. Tous les militants de la ligue ne doivent pas oublier que nos citoyens ont besoin d’eux et que cette inactivité ne fait honneur à personne. Interview réalisée par Néjib SASSI (Source : « Le Temps Lundi » (Hebdomadaire – Tunis), le 23 juin 2008)


AFP, le 23 juin 2008 à 14h22

Incendie d’un centre de rétention en France: un clandestin manquant

 
VINCENNES (France), 23 juin 2008 (AFP) – Une personne manquait à l’appel après un incendie qui a détruit dimanche un centre de rétention pour étrangers en situation irrégulière près de Paris et entraîné l’évacuation de ses occupants, a indiqué lundi la préfecture de police. « Un seul retenu manque à l’appel, après le comptage des étrangers », a déclaré la porte-parole, Marie Lajus. La préfecture avait auparavant évoqué les chiffres de 50 puis de 14 personnes évadées. Un incendie « d’origine volontaire », déclenché par un feu de matelas selon les premiers éléments de l’enquête, a détruit dimanche les deux bâtiments de ce centre à Vincennes, près de Paris, le plus grand de France, entraînant l’évacuation des 249 occupants. Dix-huit blessés, légèrement intoxiqués, ont été hospitalisés. Lundi matin, les pompiers ont fini de fouiller les décombres du centre et n’ont trouvé aucune victime. Selon la préfecture de police, 249 retenus étaient présents dans ce centre d’une capacité de 280 places au moment de l’incendie. Deux retenus ont été placés en garde-à-vue dans le cadre de l’enquête sur l’incendie, a précisé la préfecture, ajoutant que cinq autres avaient été libérés du centre après examen de leur dossier. L’incendie s’est déclaré dimanche vers 16h00 (14h00 GMT) alors qu’un collectif d’associations manifestait devant le centre au lendemain du décès d’un sans-papiers tunisien de 41 ans. Une source proche de l’enquête avait indiqué samedi qu’il était mort « d’une crise cardiaque ». Le parti de droite au pouvoir a dénoncé lundi les « provocations » des associations de défense des sans-papiers « aux abords de ces centres, au risque de mettre en danger des étrangers retenus ». Ce centre a été ces derniers mois plusieurs fois le théâtre de tensions, certains retenus protestant contre leurs conditions de rétention. Plus de 35.000 étrangers en situation irrégulière ont transité par les 22 centres de rétention administrative (CRA) en France métropolitaine en 2007. Le gouvernement français a fixé un objectif de 26.000 reconduites à la frontière pour 2008. Cette affaire intervient alors que les eurodéputés ont adopté mercredi une loi qui fixe des normes minimales pour le renvoi des sans-papiers de l’UE, très critiquée par la gauche et les organisations non gouvernementales. AFP

Associated Press, le 23 juin 2008 à 14h51 Incendie de Vincennes: l’UMP s’en prend à RESF

 
par Emmanuel Georges-Picot PARIS (AP) — L’incendie de Vincennes relance la polémique sur la rétention des immigrés en instance d’expulsion. Le porte-parole de l’UMP Frédéric Lefebvre a pointé lundi la responsabilité des collectifs de défense des sans-papiers, dont le Réseau éducation sans frontières (RESF).  RESF voit au contraire dans l’incendie la « faillite » de la politique de Nicolas Sarkozy en matière d’immigration.  Frédéric Lefebvre n’a pas tardé à faire entendre sa voix après l’incendie du centre de rétention administrative (CRA) de Vincennes. Utilisant une stratégie de diversion souvent utiliséepar son mentor, l’ultrasarkozyste porte-parole de l’UMP a trouvé un responsable: le collectif RESF, qui manifestait avec d’autres organisations à proximité du centre au moment de l’incendie.  Selon les informations diffusées dès dimanche par la préfecture de police de Paris, cette manifestation « non déclarée », organisée au lendemain du décès dans le centre d’un retenu tunisien, s’est déroulée à partir de 15h25, et vingt minutes plus tard, « plusieurs foyers d’incendie volontaire ont été détectés ».  Une coïncidence promptement exploitée par l’UMP. Dans un communiqué publié lundi matin, Frédéric Lefebvre a accusé les « collectifs type RESF » de « provocations aux abords de ces centres, au risque de mettre en danger des étrangers retenus ». Et de demander au gouvernement que « toutes les conséquences soient tirées y compris au plan judiciaire si la responsabilité de membres de collectifs comme RESF était avérée ».  « Ils ont poussé à des émeutes et à des manifestations », a poursuivi M. Lefebvre lors du point presse hebdomadaire de l’UMP. Le député des Hauts-de-Seine a opposé les « actions de type violentes » menées selon lui par RESF et d’autres collectifs « noyautés par l’extrême gauche », à celles des associations humanitaires comme la Croix-rouge et la Cimade qui « font leur travail en respectant la loi ». A la différence de RESF, ces associations sont admises dans les centres de rétention.  Du côté du gouvernement, alors que Brice Hortefeux ne faisait aucun commentaire, la secrétaire d’Etat aux droits de l’homme Rama Yade sur RMC-Info et BFM-TV rappelait que « des efforts ont été faits » pour rénover les centres de rétention et notamment celui de Vincennes.  « C’est le coup classique du pyromane qui crie au feu et dénonce des innocents », a répondu RESF. Pour le réseau, constitué en 2004 pour protéger les familles de sans-papiers face à la politique de lutte contre l’immigration clandestine de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, « les responsables de l’incendie de Vincennes sont ceux que sert M. Lefebvre avec tant de reconnaissance: MM. Hortefeux et Sarkozy ».  Le ministre de l’Immigration a fait état jeudi dernier d’une hausse de 80% des reconduites à la frontière d’étrangers en situation irrégulière sur les cinq premiers mois de 2008, avec 14.660 expulsions et départs volontaires, alors que l’objectif de l’année est de 26.000 reconduites. L’an dernier, la France avait expulsé moins de 24.000 personnes.  Frédéric Lefebvre « ferait mieux de regarder la responsabilité qui est celle des pouvoirs publics de ne pas avoir su prendre à temps les mesures qui s’imposaient pour éviter un tel drame », a estimé de son côté sur France-Inter le secrétaire général de la Cimade Laurent Giovannoni.  La gauche a elle aussi pointé la responsabilité du gouvernement dans cet incendie. Stéphane Le Foll (PS) y a vu « le résultat d’une politique qui consiste à faire du chiffre ». Dire: « ‘c’est de la faute des associations’, c’est pas acceptable », a-t-il estimé.  Pour le sénateur Vert Jean Dessessard, qui avait visité le centre de Vincennes il y a 15 jours, ce sont bel et bien les conditions de rétention des étrangers qui expliquent l’incendie. « La tension était palpable, la moindre chose était prétexte à tension. Je ne peux pas être étonné que ça dégénère », a témoigné le sénateur de Paris.
Associated Press


Rétention-immigration-incendie

Le Mrap appelle à une manifestation mardi devant le CRA de Vincennes

 

 PARIS, 22 juin 2008 (AFP) – Le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap) a appelé dimanche soir à « un rassemblement devant le  centre de rétention de Vincennes » mardi à 18H00 pour dénoncer la « honte pour la République » que représentent selon lui les centres de rétention. » Solidaires de l’expression de la révolte des sans-papiers ainsi que de tous ceux qui estiment que les centres de rétention représentent une honte  pour la République, le Mrap, la FTCR (Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives, ndlr) et l’UTIT (Union Des Travailleurs Immigrés Tunisiens, ndlr) appellent à un rassemblement devant le centre de rétention de Vincennes mardi 24 juin à 18H00″, selon un communiqué. « Ils appellent l’ensemble des organisations qui refusent la politique de criminalisation de l’immigration, de l’immonde obsession du chiffre du Ministre de l’Intérieur dont les événements de Vincennes sont une des conséquences, à se joindre au rassemblement », ajoutent-ils. Les deux bâtiments du centre de rétention administrative (CRA) de Vincennes, le plus grand de France, ont été détruits dimanche dans un incendie provoqué par des personnes retenues dont une cinquantaine ont profité de la confusion pour s’enfuir.


Edito du Monde Drame de la rétention

 
Avec ses barbelés et ses caméras de surveillance, le centre de rétention administrative (CRA) de Vincennes (Val-de-Marne), le plus grand de France, dérobe à nos regards un concentré de la misère du monde. Il retient donc, puisque tel est son rôle, des étrangers qui ont cru à tort trouver un asile en France, des immigrés qui, pour certains, n’ont commis aucun délit mais sont sans papiers, en attente d’expulsion. Dimanche 22 juin, des retenus ont mis le feu à ce refuge qui n’en est pas un, à la suite d’incidents consécutifs à la mort d’un Tunisien. Déja, il y a deux ans, il avait brûlé. Cet incident dramatique donne de la France, patrie des droits de l’homme, une image honteuse au moment même où l’Union européenne, comme si elle se crispait soudain dans la peur, durcit, à travers sa « directive retour », adoptée par le Parlement européen le 18 juin, ses règles d’expulsion d’étrangers en situation irrégulière. Désormais, la durée légale de rétention, actuellement illimitée dans huit Etats, ne pourra pas excéder six mois s’il y a risque de fuite. En cas de non-coopération du retenu, cette durée pourra être de dix-huit mois. La politique de la rétention gagne du terrain en Europe. Le Vieux Continent va donc continuer à se protéger, à se barricader à travers ces centres. Les associations de défense des droits de l’homme s’insurgent à juste titre contre cette « directive de la honte » qui suscite colère et réprobation en Amérique latine et en Afrique. En France, où la durée maximale de rétention est aujourd’hui limitée à 32 jours, on devrait avoir à coeur de se distinguer au nom d’une tradition de terre d’accueil qui n’oblige certes pas à abriter « toute la misère du monde », mais au moins à traiter l’étranger avec respect et humanité. Pas d’angélisme facile : aucun gouvernement responsable ne peut rester sans rien faire devant le flux de l’immigration illégale. Mais plutôt que de se réjouir benoîtement des succès de sa politique du chiffre, Brice Hortefeux, le ministre de l’immigration, devrait demander un audit des 22 CRA existants et prendre, avec humanité, les mesures nécessaires pour éviter la répétition d’un tel drame. (Source : « Le Monde » (Quotidien – France), daté le 24 juin 2008)
 


AFP, le 23 juin 2008 à 13h09 Tunisie: collision entre un train et un tramway, 43 blessés

 
TUNIS, 23 juin 2008 (AFP) – Un train et un tramway sont entrés en collision au niveau de l’aéroport international de Monastir (180 km au sud de Tunis), faisant 43 blessés, a rapporté lundi l’agence tunisienne TAP. Les jours des blessés ne sont pas en danger, selon la même source citant des sources hospitalières. L’accident, qui s’est produit dimanche, a impliqué un train assurant la liaison Tunis-Mahdia (centre-est) et un tramway venant de Sousse (140 km au sud de Tunis) en direction de Monastir. Le réseau du tramway, appelé « métro du Sahel », dessert la région, dont Sousse et Monastir sont les principales villes, distantes de 40 kilomètres sur la côte touristique du centre-est tunisien. AFP

Assemblée Générale élective du Conseil de l’Ordre des pharmaciens La liste conduite par Abdelkrim Hamrouni remporte 9 sièges

 
Le Conseil national de l’ordre des pharmaciens a tenu samedi 21 juin 2008 à Tunis son assemblée générale élective. Deux listes ont été en lice  pour les 11 postes du Conseil. La liste conduite par M. Abdelkrim Hamrouni a remporté 9 sièges , les deux restants sont revenus à MM Hichem Neifer et Khaled Bahri dans l’autre liste conduite par l’ancien secrétaire général M. Mokhtar  Bel Aïba qui n’a pas été réélu et qui est considéré comme le grand perdant de ces élections. 6 membres sortants ont été réélus. Il s’agit  de MM. Abdelkrim Hamrouni, Sami Ouahchi, Rafik Kilani, Hichem Neifer, Ahmed Ben Toumine et Rabeh Blibech. La répartition des tâches au sein du conseil se ferait aujourd’hui . Le grand gagnant de ces élections M. Abdelkrim Hamrouni serait (sauf surprise) élu président du Conseil. En voici la composition du conseil élu M. Abdelkrim Hamrouni M. Sami Ouahchi M. Rafik Kilani Mme Meriem Gourssani M. Hichem Neifer M. Khaled Bahri M. Hamadi Mezid Mme Zineb Mokrani M. Ahmed Toumine M. Rabeh Blibech M. Néjib Ouad Néjib SASSI (Source : « Le Temps Lundi » (Hebdomadaire – Tunis), le 23 juin 2008)
 
 


 
AFP, le 22 juin 2008 à 17h20

Transfert – Tunisie – Adieux de Lemerre, la presse dresse un bilan mitigé

 
TUNIS, 22 juin 2008 (AFP) – Le Français Roger Lemerre a fait ses adieux à la Tunisie, lors du match samedi soir des « Aigles de Carthage » face au Burundi (2-1) pour les qualifications de la coupe d’Afrique des nations (CAN) et du Mondial 2010, sur un bilan humain jugé mitigé par la presse locale. L’entraîneur français, en partance pour le Maroc, a dirigé la sélection tunisienne durant six ans, période marquée en 2004 par une victoire en Coupe d’Afrique des Aigles de Carthage pour la première fois de leur histoire. L’ancien patron des Bleus devenait alors le premier entraîneur à remporter un double titre continental, après l’Euro avec l’équipe de France en 2000. « Six année de discipline, de professionnalisme, quelques succès éclatants (CAN-2004) mais aussi une incommunicabilité qui a fait rager journalistes, supporters et observateurs », a résumé le Quotidien. La Presse (gouvernemental) a évoqué le « soulagement » de voir le contrat de Roger Lemerre arriver à son terme le 30 juin, avant de créditer le sélectionneur français des résultats remportés par la Tunisie. « Sous sa direction notre équipe a gagné en maturité, en crédibilité (…) avec un football plus proche du haut niveau », convenait La Presse, avant de parler de « rupture » entre les Tunisiens et Lemerre, épinglé pour son « comportement hautain » et sa « vanité ». « Silence partout. Pouvoir absolu! Et si les millions de supporteurs tunisiens s’avisaient de crier leur désaccord, au lieu de leur répondre, de les rassurer, on les ignorait purement et simplement », ajoutait le journal. Selon ce quotidien, l’épilogue du match contre le Burundi « n’est pas qu’un simple au revoir, c’est une séparation sans lendemain ». « Elle ne laissera ni regret, ni remords aux Tunisiens qui auront fait de leur mieux jusqu’au bout! » Et d’espérer que cet adieu « donnera à réfléchir à Roger Lemerre » après « un parcours aussi controversé, tant de choix entêtés, d’expériences ratées, de confiance dilapidée, d’échecs répétés… ». Le Portugais Humbzerto Coelho engagé pour succéder à Lemerre prendra lundi le relais de la Tunisie. AFP


Message adressé par Khemaies Khayati à Zied El Hani

Tunis Lundi, 23 Juin 2008, 8h13mn 49s Ci-après copie de ma réaction à Ziad à propos de son dernier courriel. Bonne réception

« Là Ziad, je suis en complet désaccord avec toi dans cette façon de montrer les choses… ça ne te va pas de jouer ce rôle…L’administration – et tu le sais bien – n’est pas une sainte nitouche. Elle a « ordonné » les élections du Syndicat autonome « croupion ». La moindre morale serait de défendre NOTRE Syndicat pour lequel tu t’es présenté et dans le bureau exécutif duquel tu as été élu… La moindre des attitudes serait de respecter ceux qui t’ont donné leur voix… Dommage que tu fasses ce jeu… Crois-tu que M. Ben Abdallah est homme à s’indigner? Pourquoi ne l’a-t-il pas fait quand l’éthique de la pratique de notre métier dans notre pays est au plus bas…Dommage… Même toi, Ô Brutus! Amicalement Khayati »— Khémais KHAYATI Journaliste Free lance. Tél : 0021620549597 Tunis/Tunisie (Source : le blog du journaliste Mongi Khadraoui, le 23 juin 2008) Lien : http://www.minerva2presse.blogspot.com/


 

Le foulard, tenue réglementaire aux JO

 
Le Comité international olympique a autorisé une athlète iranienne à participer voilée aux Jeux de Pékin. Une décision qui crée des remous, alors que la neutralité olympique avait été invoquée lors du débat sur le Tibet  Caroline Stevan/Le Temps – Le sport en hidjab, ce n’est pas facile. Surtout, ça fait débat. Le Comité international olympique (CIO) a autorisé une athlète iranienne à porter le voile islamique aux prochains Jeux de Pékin. Alors même que les Français n’ont pas décroché le droit d’arborer le badge portant l’inscription « pour un monde meilleur » – comprendre : pour une Chine meilleure. « C’est comme s’il y avait deux poids deux mesures. C’est scandaleux », s’insurge Annie Sugier, présidente d’Atlanta +, une association militant pour la promotion des femmes aux Jeux olympiques. « La charte olympique impose la neutralité. On ne peut pas l’invoquer pour les badges français et l’ignorer à propos du foulard, continue-t-elle. Selon la règle 51, en effet, aucune sorte de démonstration ou de propagande politique, religieuse ou raciale n’est autorisée dans un lieu, un site ou un autre emplacement olympique ». Le fait de se couvrir la tête peut-il être assimilé à une forme de propagande – ici religieuse ? Non, en a décidé le CIO. « Nous avons estimé que les motivations de cette Iranienne n’avaient rien à voir avec de la propagande. La règle 51 ne s’applique donc pas à cette situation. Nous voulions avant tout permettre à une personne qualifiée de participer aux Jeux, argue Emmanuelle Moreau, porte-parole du CIO. Le badge est une autre histoire. A la vérité, nous ne l’avons pas interdit, puisqu’aucune demande officielle ne nous a été faite. Nous avons simplement pris position. Et le comité national français a ensuite décidé de ne pas soutenir la demande de ses sportifs. Nous avions spécifié qu’une telle revendication serait examinée dans le cadre de son contexte. Or ce contexte, celui des tensions entre la Chine et le Tibet, était loin d’être neutre. » Les Hexagonaux n’ont pas posé comme condition de porter le fameux badge. La sportive iranienne, championne de taekwondo, elle, ne viendra que si elle peut se couvrir du foulard. « On nous reproche assez la défection des femmes. Nous faisons un réel effort pour promouvoir leur participation et atteindre la parité. A Pékin, d’ailleurs, nous escomptons 45,4% de sportives », ajoute Emmanuelle Moreau. Selon le CIO, mieux vaut donc une femme voilée qu’une femme absente. Cette année, sur 205 délégations, 9 seront uniquement masculines, contre 35 en 1992. Six sont musulmanes (Brunei, Oman, Qatar, Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Yémen), les 3 autres sont minuscules (îles Vierges, Antilles néerlandaises et Liechtenstein). Pour Atlanta +, accepter le hidjab pour encourager la mixité n’est pas recevable. Anne Sugier : « Ne pas envoyer de concurrentes ou les envoyer voilées, c’est la même chose ! Une femme qui vit en Iran ne va pas se laisser mourir chez elle sous prétexte qu’elle refuse de porter le foulard, c’est évident. Mais là, nous parlons des Jeux ! La vraie question c’est : croit-on en des valeurs universelles ou non ? A l’époque, les athlètes Nawal el-Motawakel et Hassiba Boulmerka avaient été menacées parce qu’elles avaient couru en short. Si on autorise le hidjab, ces femmes-là n’auront plus le choix, elles devront le porter ! » Le CIO, pour l’heure, défend une position « au cas par cas », et refuse de généraliser la pratique, bien que Téhéran ait déjà envoyé une athlète voilée par le passé. Des requêtes pourraient venir d’autres délégations, afghane notamment. Hors des Jeux olympiques, la question se pose également. La Fédération danoise de football vient d’autoriser une joueuse d’origine palestinienne – sélectionnée en équipe nationale – à taper dans le ballon coiffée d’un fichu. « Il ne s’agit pas d’un foulard islamique », a tranché l’organisation (sic). Au Canada, des demoiselles voilées ont été écartées d’une compétition de taekwondo. A Paris, c’est une milieu de terrain du PSG qui a été évincée d’un match. Maintes fédérations des différents sports s’abritent derrière des réglementations imprécises. « Le code du sport fixe ce que porte le joueur, non ce qu’il ne doit pas arborer, à l’exception des bijoux ou accessoires dangereux », indique la Fédération française de football. Idem à la FIFA, ou encore à la Fédération internationale de volley-ball, dont les statuts évoquent minutieusement les chaussettes, mais point le hijab. « Ce n’est pas que c’est autorisé, c’est que ce n’est pas interdit », résume l’entraîneur d’une équipe féminine. En Australie, Aheda Zanetti peut se réjouir. Le « burqini » – tenue de sport large et couvrante qu’elle a conçue pour les musulmanes – est un marché porteur. (Source : « Le Temps » (Quotidien – Suisse), le 19 juin 2008)
 


L’Union méditerranéenne doit être un projet de civilisation

 
23/06/2008 . Mezri Haddad, philosophe tunisien, s’interroge sur ce que sera l’Union pour la Méditerranée voulue par Nicolas Sarkozy.
Désormais, il ne s’agit plus de l’Union méditerranéenne mais de l’Union pour la Méditerranée (UPM). Par-delà cette inflexion terminologique, que recèle cette nouvelle dénomination ? Un abandon de l’ambition française originelle ou un changement sémantique dans la continuité stratégique ? Une chose est certaine, ce projet géopolitique majeur n’est plus exclusif mais inclusif : il ne concerne plus uniquement les pays des rives nord et sud de la Méditerranée, mais l’ensemble des États du Sud ainsi que tous les membres de l’Union européenne. L’Allemagne a réussi à imposer ses exigences en phagocytant le projet initial, mais la France n’a pas pour autant perdu la face. Et pour cause : en dépit des rivalités de leadership entre une Allemagne tournée vers l’est et une France regardant vers le sud ; nonobstant le refus ou la réticence de certains pays arabes de s’associer à une union où Israël est géographiquement concernée, la déclaration de naissance de l’UPM sera bel et bien annoncée le 13 juillet prochain, lors du sommet des chefs d’États à Paris. Mais, suffit-il de naître pour exister ? Bien des questions demeurent en suspens : va-t-on définitivement abandonner le processus de Barcelone, lancé en 1995, et son excroissance, dialogue 5 + 5, initié en 2003 précisément pour relancer un partenariat euroméditerranéen agonisant faute de moyens et d’ambitions réelles ? Va-t-on au contraire ne pas tenir compte de l’échec de ce processus, en choisissant de le réactiver moyennant quelques améliorations cosmétiques ou tactiques ? D’une part les énormes investissements qui seront injectés dans certains ex-pays de l’Est que l’URSS a laissé exsangues, désormais futurs membres de l’UE, et d’autre part les investissements dans les pays du Sud, futurs membres de l’UPM, sont-ils conjointement possibles et compatibles ? En d’autres termes, l’UE a-t-elle les moyens de cette double ambition ? Quels seront les projets prioritaires de l’UPM ? Quels vont être ses instruments institutionnels, son mode de gouvernance et ses moyens financiers ? Comment cette Union va-t-elle surmonter son principal talon d’Achille, à savoir tous ces conflits actuels ou potentiels : israélo-palestinien, syro-israélien, algéro-marocain sur la question du Sahara occidental, hispano-marocain sur la question de Ceuta et Melilla, hispano-britannique sur la question de Gibraltar, turco-grec sur la réunification de Chypre, libano-libanaise… ? Et les États-Unis d’Amérique dans tout cela ? Ne voient-ils pas dans l’UPM un projet alternatif à leur éphémère et bien chaotique Grand Moyen-Orient ? Déjà en 1989, dans ses Mémoires des deux rives, Jacques Berque, le précurseur de l’unité méditerranéenne, se demandait s’il n’y avait pas «quelques paradoxes à préconiser une construction méditerranéenne au moment où le pays (Liban) qui aurait dû en offrir l’exemple privilégié s’effondre dans la destruction. Il faut l’avouer, entre la Palestine occupée, le Liban suicidaire et Chypre en trois morceaux, la Méditerranée fournit au monde un lugubre échantillonnage d’erreurs et de châtiments». Malgré ses obstacles consubstantiels que les bonnes volontés finiront par vaincre , l’idée d’Union pour la Méditerranée reste mobilisatrice et porteuse d’espérance. C’est toujours par des vues utopiques que s’accomplissent les grands desseins. N’est-ce pas sur les ruines de la Seconde Guerre mondiale que les bases de l’UE ont été jetées ? Néanmoins, pour que l’UPM soit un projet d’avenir et qu’il soit profitable à l’ensemble des protagonistes, afin qu’il infléchisse la marche d’un monde unipolaire et de plus en plus menacé par les conflits régionaux et par le terrorisme, pour qu’il devienne un instrument de développement, de pacification et de concorde, il faut qu’il soit un projet de civilisation. Bien plus qu’à l’émergence d’une nouvelle zone d’échange économique ou d’un nouveau bloc géopolitique, c’est à la naissance, ou plutôt renaissance, d’une civilisation méditerranéenne que nous devons tous travailler. Renaissance, car les racines existent et elles sont carthaginoise, grecque, romaine, juive, chrétienne, islamique. Quoi qu’en ait dit Paul Valéry, les civilisations ne sont pas mortelles. «Qu’est-ce que la Méditerranée ? s’interrogeait Fernand Braudel. Non pas une mer, mais une succession de mers. Non pas une civilisation, mais une succession de civilisations entassées les unes sur les autres.» La Mare Nostrum a été, en effet, un carrefour des civilisations et le berceau des trois grandes religions monothéistes. Cette «machine à civilisations», selon Paul Valéry, peut redevenir un grand bassin d’échange interculturel et de dialogue interreligieux, la source d’une civilisation résolument humaniste et universaliste, radical antidote au choc des civilisations conjecturé par Huntington. Mais cette civilisation ne peut pas voir le jour sans la construction graduelle, par le changement des mentalités, d’une véritable identité commune méditerranéenne. L’Union doit pouvoir se réaliser sur la base d’un même repère identitaire et d’un même sentiment d’appartenance, celui a une histoire partagée et a un avenir commun. C’est encore Braudel qui écrivait : «Avoir été, c’est une condition pour être.» Source : http://www.lefigaro.fr/debats/2008/06/21/01005-20080621ARTFIG00482-l-union-mediterraneenne-doit-etreun-projet-de-civilisation.php

Pourquoi le monde arabe n’est pas libre

 
François Xavier Pour qui veut faire l’effort de ne pas répéter les antiennes infantilisantes que nous servent les médias dominants au sujet du terrorisme islamique en particulier et de la société arabe en générale, un livre s’impose dans un silence de plomb. Silence qu’il rencontra lors de sa première publication en arabe, en Egypte. Repris par la suite dans une version anglaise, dont est ici tiré celui-ci, agrémenté d’un dernier long chapitre, justement inséré à propos du terrorisme. Il n’est pas possible d’expliquer le terrorisme islamique sans prendre en considération la structure du pouvoir politique au Moyen-Orient. Et l’époque s’offre – enfin ! – à une analyse de cette structure du pouvoir absolu qui devient patente dès lors que l’État fait faillite dans ses fonctions militaires, politiques et économiques. Pour nous expliquer par le détail ce long processus d’effritement de la société civile arabe depuis des siècles, Moustafa Safouan semble très bien placé : de part son origine, égyptien installé en France depuis des décennies, tout d’abord ; puis de part son métier, psychanalyste – analysé par Lacan -, il parvient à marier l’historiographie à l’introspection du Moi du peuple arabe toujours dénié par les gouvernants afin de mieux domestiquer des citoyens avilis par des régimes brutaux et sanguinaires. Le Moyen-Orient est le berceau de la civilisation où naquirent des Etats qui, grâce à l’art de l’écriture, devinrent des empires. Aujourd’hui, cette région du monde n’est plus que sang et larmes, régimes dictatoriaux et intégrisme religieux. Comment en sommes-nous arrivés-là ? Faut-il chercher du côté de la tendance naturelle de l’État à assujettir son propre peuple ? Certainement, l’histoire nous le rappelle : ces Etats devinrent très vite archaïques en mettant l’art de l’écriture au service de leurs propres buts. Ils limitèrent l’enseignement de l’écriture à une certaine catégorie de serviteurs civils et maintinrent le peuple à l’écart de tout contact avec elle. A cet égard, il est significatif de constater qu’un grand nombre des habitants du pays où l’écriture apparut pour la première fois sont à ce jour illettrés. Car n’oublions jamais qu’il est plus facile à l’appareil d’État d’avoir à manipuler des sujets non instruits. D’autre part, s’est infiltrée dans l’âme arabe une peur profonde : le peuple est terrorisé par le Léviathan qu’est l’État, une peur qui remonte à des milliers d’années, une peur qui est devenue le vice le plus malin de l’âme (Boulgakov) et qui a corrompu la fonction même de la parole … D’un moyen pour l’engagement il est devenu le moyen pour échapper à tout engagement. Pour synthétiser, on peut rapprocher l’expression Inch’Allah, utilisée lors de chaque accord ou promesse, comme attestant moins d’une foi authentique que d’être devenue une manière d’éviter l’assomption d’une responsabilité définie. Entendons-nous bien, s’il faut chercher une cause, une explication, il faut la chercher dans l’appareil étatique et non dans le religieux. Oui, la religion est conservatrice par nature, mais ce qui caractérise ce conservatisme est la détermination de la communauté à survivre, tandis que le conservatisme de l’État vise à conserver le pouvoir et à réserver les privilèges à ceux qui le servent. Dès lors, affirmer péremptoirement que la suprématie de l’Occident sur l’Orient tient à la différence entre le christianisme et l’islam, entre un christianisme ouvert à l’argumentation et un islam fermé tel un monolithe est un non-sens ! N’oublions pas que l’islam s’ouvrit à certaines périodes à une très sérieuse et fructueuse discussion entre « ceux à qui appartient le jugement », ashab alra’y, c’est-à-dire les traditionalistes, et « les amis du nouveau », les modernes, ashab alhadith. Ensuite, lorsque les empereurs chrétiens s’installèrent en Orient, à Byzance, et agirent à l’instar des rois perses, imitant le luxe et la splendeur de leurs cours, la chrétienté commença à décliner. A l’exception des icônes, ils ne laissèrent aucune trace comparable à ce que laissèrent l’islam ou la chrétienté occidentale. Il serait donc plus juste de dire que l’islam fut victime des nations qu’il envahit, victimes elles-mêmes de régimes politiques et d’appareils administratifs dont le seul propos était d’assurer la domination de l’État sur tous les aspects de la vie. La conséquence en fut que le monde arabe devint une nation prête à applaudir n’importe quel personnage débordé par sa folie mégalomaniaque, prétendant être le Un qui arrangerait tout … Une nation qui attend après un sauveur ne peut rien vivre d’autre qu’une déception répétée. Et qu’en est-il de la culture dans le monde arabe ? Si nous entendons par ce mot tout ce qui dépend d’une méthode de transmission créatrice, alors nous devons avouer que le monde arabe n’est pas vide de personnes cultivées mais est vide de culture ! En effet, il convient que les écrivains cessent de défendre la culture arabe ou de prédire son avenir mais qu’ils œuvrent à créer cet avenir ! Ils doivent participer à l’émergence d’école où enseigner le dessin, la sculpture, la poésie, la narration, le journalisme, le théâtre, etc. Il faut surtout qu’ils trouvent le courage de rompre la barrière élitiste de l’arabe classique car il lie et aliène le peuple au régime ; et fait des lecteurs un groupe de lettrés qui se lisent les uns les autres mais n’ont aucune communication avec le reste de la population. Ils doivent revenir à la langue vernaculaire car le but de l’écriture est de fournir la matière avec laquelle le peuple pourra articuler une compréhension plus efficace de sa situation. Aujourd’hui, les Arabes vivent dans des sociétés où le pouvoir politique, malgré son caractère apparemment grotesque, ne suit pas la volonté de la majorité mais celle du monarque, lequel est supposé incarner un idéal paternel. Dans la culture arabe, cette fascination de l’idéal prend racine dans la fascination exercée à l’aurore de la vie par la figure dite du père imaginaire ou idéal, une fascination qui peut prendre toute une vie pour se dissiper dans ses effets conscients ou inconscients … A cela, il convient d’ajouter que chaque langue a inscrite en elle une certaine philosophie que la parole présuppose sans l’expliciter. Par exemple, le français se tourne en premier vers l’universel, puis vers le particulier considéré comme exemple et preuve de l’universel. Parler arabe, par contre, nécessite d’entrer dans un univers bien ordonné où chaque chose est à sa place, où tant l’être individuel que l’univers en général sont protégés du changement. C’est une philosophie que la réalité peut réfuter un millier de fois sans jamais la réfuter, parce qu’elle constitue les prémisses latentes de la communication. Et qui osera se libérer des limites que la langue lui impose ? A l’origine des origines, à la naissance de l’écriture en Mésopotamie et dans la vallée du Nil, un dogme s’est imposé donnant à l’ascendant de l’écriture une puissance telle que les peuples étaient empêchés de pénétrer ses secrets. En Extrême-Orient et au Moyen-Orient, ceux qui savaient lire et écrire n’excédait pas 3 à 5% de la population car le but de l’écriture était de maintenir les différences sociales entre ceux qui gouvernent et les autres … Le résultat aujourd’hui en est flagrant ; d’où l’urgence qu’il y a à convaincre les écrivains arabes d’écrire dans la langue parlée par le peuple et appeler à une démocratie qui soit l’expression réelle des sentiments du peuple. Car si les écrivains arabes ne remplissent pas leur devoir, les Arabes n’auront aucune autre existence que celle que l’Occident jugera convenable – si ce n’est pas déjà le cas … Enfin, pour aborder la question du terrorisme islamique, Moustaf Safouan nous rappelle que le Coran est la parole de Dieu présentée sous la forme d’un texte et, comme tel, il ne peut pas, comme Platon nous l’a dit, répondre aux questions. Il ne peut pas échapper, non plus, aux conflits des interprétations. Néanmoins, excepté pour le Prophète, Dieu ne donna pas la connaissance de la signification finale ou de la vérité à quiconque en particulier, quel que puisse être son statut, ni à aucune institution, quelle que puisse être son autorité. Ainsi, la foi seule est à la mesure du discernement de chacun dans la lecture du Coran et de l’approximation de la vérité à laquelle parvient chacun. En d’autres termes, la foi est une interprétation et l’interprétation est la mesure même de la foi. Donc, proclamer partager le savoir de Dieu est tout aussi blasphématoire que proclamer qu’il existe d’autres dieux que Dieu. Et c’est précisément sur un tel mensonge blasphématoire que l’État islamique a été construit en proclamant que Dieu lui a délégué non seulement Son pouvoir mais aussi Son savoir de la « vérité ». En 1517, l’Egypte devint une province ottomane et en 1522 les Turcs créèrent le poste de cheikh Alazhar à l’université islamiques qui est encore, à ce jour, la plus importante du monde musulman. Le nom de la fonction de ce cheikh peut être traduit par « la Maison des Terres d’Egypte qui dit ce qui est juste en matière de Croyances et d’Action » (Dar Al-Ifta’Al-Masriya). Mais qui donc nommait le mufti, l’agent des décrets ? C’était le sultan ottoman, et à présent c’est la président de la République ! Comment justifier que la religion soit au service du pouvoir temporel ? ! En réalité, le pouvoir au Moyen-Orient a toujours tiré sa légitimité de quelque occulte pouvoir supérieur de caractère divin ou religieux. Ce type de légitimité provient d’un système de gouvernement fondé sur un abîme, une infranchissable différence entre le monarque, le Un qui gouverne, et ses sujets. Ainsi, les Arabes subissent trois impostures depuis la nuit des temps : l’isolement du peuple du champ de la pensée par le confinement de l’écriture dans une langue classique ; un pouvoir d’État qui a usurpé cet attribut de Dieu d’être celui qui « a le savoir de l’interprétation finale » ; la soumission à l’imposture de ce père imaginaire. La structure du pouvoir est inchangée dans le monde arabe depuis des siècles : un seul homme gouverne par la répression et la corruption. Ainsi, l’on peut expliquer ce maintien d’un régime théocratique depuis des siècles les siècles par la perpétuation de l’infantilisation des peuples à travers une comparaison fallacieuse et impudente entre l’Un et le père. Et cet État rusé a continué à monopoliser le prestige impressionnant de l’écriture : aucun dirigeant du Moyen-Orient n’acceptera jamais l’enseignement de l’arabe vernaculaire à l’école comme une langue tout aussi « grammaticale » que l’arabe classique. On peut donc considérer que le principal désastre du Moyen-Orient tient à ce qu’il n’a jamais connu le principe de l’humanisme linguistique tel qu’il fut introduit en Europe par Dante au Moyen-Age, et développé plus tard grâce à la Réforme et à la création des nations européennes. L’effet fut d’autant plus abrutissant que l’identification de la vérité avec l’écrit demeura inquestionnée, contrairement à ce qui s’était passé en Grèce antique grâce à Platon. Quant à ceux qui veulent fonder leur leadership sur l’islam en appellent à un dire du Prophète, un hadith, qui nous enjoint d’obéir à ceux parmi nous qui ont la charge de la direction (ouli-l-‘amr). Mais nulle part il n’est dit que ceux qui ont cette charge sont les politiciens ou les chefs d’État, ils peuvent tout aussi bien être des enseignants ou des philosophes qui transmettent une branche de leur savoir … N’oublions pas que le Coran concerne uniquement la relation de l’homme à Dieu, à l’exclusion de toute autre autorité. Le Coran ne dit rien sur l’autorité politique et sur les moyens de gouverner. Mais par une incroyable supercherie, le hadith qui dit que l’islam est à la fois temporel et spirituel (dunia wa deen) a été exploité pour soumettre le Coran au gouvernement absolu. Si l’islam avait demandé le pouvoir, le Prophète aurait dit que l’islam était un Etat et une religion. Or il ne l’a pas dit. Ce qui distingue l’islam, c’est d’être une religion qui ne s’est pas institutionnalisée ; à la différence du christianisme, elle n’est pas équipée d’une Eglise. L’Eglise islamique est en fait l’État islamique : c’est l’État qui inventa la soi-disant « plus haute autorité religieuse » et c’est la tête de l’État qui nomme l’homme qui occupe cette fonction ; c’est encore l’État qui construit les grandes mosquées et qui supervise l’éducation religieuse et c’est toujours l’État qui exerce la censure dans tous les champs de la culture et se considère comme gardien de la tradition et de la moralité (sic). Donc, s’il y a émergence d’un terrorisme islamique, c’est du côté de l’État, et uniquement du côté de l’État, qu’il faut en chercher les raisons. P.S. Moustafa Safouan, Pourquoi le monde arabe n’est pas libre – Politique de l’écriture et terrorisme religieux, traduit de l’anglais par Catherine et Alain Vanier, coll. « Médiations », Denoël, avril 2008, 175 p. EL KHADRA 111

DU GRISBI POUR BEN ALI

Tunisie: Hausse des réserves

 
La Banque Centrale de Tunisie a relevé son taux de réserves obligatoires à hauteur de 7,5% de manière à contenir l’inflation. La hausse de 0,25 point est la deuxième augmentation en l’espace de quelques mois, suite à la hausse de 3,5 à 5% du mois de novembre 2007. Le taux de base reste néanmoins inchangé à 5,25%. En théorie, la hausse des réserves obligatoires vise à réduire l’excès de liquidités dans les banques, et donc à enrayer l’inflation. Néanmoins, en pratique, cette mesure anti-inflationniste s’avère moins efficace que l’ajustement des taux d’intérêt. En effet, les réserves obligatoires touchent seulement les dépôts bancaires. Par ailleurs, la surliquidité n’est pas seule à l’origine des pressions inflationnistes auxquelles la Tunisie est confrontée. L’indice des prix à la consommation affiche une baisse mensuelle de 0,7% au mois de mai pour s’établir à 5,3%, essentiellement en raison de la désinflation observée dans le secteur alimentaire et des transports, qui ont enregistré une baisse de 1% et 1,7% respectivement par rapport au mois d’avril. Les principaux moteurs de l’inflation sont les produits alimentaires, qui sont en hausse de 7,1% actuellement, et les transports, qui sont en hausse de 5,1%. Le gouvernement table sur un taux d’inflation annuel de 5% en moyenne pour l’année 2008, deux points au-dessus des prévisions initiales de 3%. Selon la doctrine monétaire orthodoxe, la banque centrale devrait augmenter son taux directeur. Néanmoins, étant donné que le dinar n’est pas totalement convertible, le gouvernement préfère maintenir une monnaie légèrement dévaluée par rapport à ses partenaires commerciaux de la zone euro de manière à stimuler la croissance de ses exportations. En effet, le dinar s’est déprécié de 1,9% par rapport à l’euro au cours de l’année écoulée (mai 2007-mai 2008). Cette situation se rajoute aux pressions déjà considérables découlant de l’instauration d’une zone de libre-échange avec l’UE au mois de janvier dernier : un dinar fort pourrait entraîner une détérioration de la balance commerciale de la Tunisie, tandis qu’un dinar faible agit comme un frein non tarifaire aux importations. Par conséquent, la banque centrale est susceptible de poursuivre volontairement sa politique monétaire basée sur la non-intervention dans ses taux directeurs, au profit de mesures indirectes comme la manipulation des réserves obligatoires pour apaiser la pression inflationniste à court terme. Néanmoins, la manipulation des réserves obligatoires n’a pas que des avantages. En effet, elle affecte principalement les bénéfices des banques nationales (en effet, elle a un effet minime voire inexistant sur les institutions financières internationales). Augmenter le coefficient des réserves obligatoires réduit le capital des banques, puisque l’argent qui pourrait être utilisé sous forme de prêt bancaire (engendrant un intérêt) est bloqué. Puis se pose la question de savoir qui assumera le poids de ce manque à gagner – sera t-il reporté sur la clientèle sous forme d’augmentation des taux d’emprunt ? Ou sera t-il reporté sur les dépositaires sous forme de baisse des bénéfices? Selon le rapport du Fonds monétaire international (FMI) sur la Tunisie publié récemment, le secteur bancaire « reste fragmenté et de taille limitée ». Il reste à savoir quels seront les répercussions sur le secteur : la croissance élevée en 2007 a permis de renforcer la rentabilité des banques tunisiennes. Les obliger à maintenir des réserves obligatoires élevées pourrait enrayer toute perspective de surchauffe. Et, alternativement, toute croissance supplémentaire. A ce jour, le FMI a exprimé son soutien à ce qui’il définit comme la « politique monétaire restrictive » adoptée par la banque centrale de la Tunisie. Maintenir une telle politique de rigueur pourrait s’avérer salutaire en termes de perspectives de croissance à long terme. Néanmoins, à court terme, la hausse du coût de la vie et du chômage sont responsables du malaise social qui sévit dans certaines villes du pays. Pour l’heure, toutes les parties concernées espèrent que la décision de la banque centrale permettra de poursuivre la tendance désinflationniste initiée au mois de mai. ————————— Increasing Reservations —————————- The Tunisian Central Bank has raised its minimum reserve requirement (MRR) to 7.5% in an attempt to curb inflation. The 250 basis point increase is the second in recent months, following a rise in November 2007 from 3.5% to 5%. The benchmark interest rate has been left unchanged at 5.25%. Raising MRR rates theoretically reduces money supply, and hence inflation. In practice, raising the MRR is a less effective anti-inflationary measure than adjusting interest rates. It affects only money held in transaction accounts. There is also the added question as to the extent to which excess liquidity is the cause of Tunisia’s current inflationary pressures. The year-on-year consumer price index fell by 0.7% in May to 5.3%, primarily on the back of disinflation in food and transport, which fell by 1% and 1.7% respectively in comparison to April. The rate of inflation for food currently stands at 7.1%, while transport is at 5.1%. The government expects the annual inflation figure for 2008 to average out at 5%, two points above earlier estimates of 3%. Orthodox monetary policy would see the central bank raising benchmark rates in response. However, with the dinar still not freely convertible, it would appear that the government favours maintaining a slightly devalued currency against trading partners in the euro zone (the dinar has depreciated 1.9% against the euro year-on-year for May), in order to boost export growth. There is also the added pressure to the economy of entering the EU free trade area in January: a stronger dinar may well lead to a deterioration in Tunisia’s balance of trade, while a weaker dinar is a useful non-tariff deterrent to imports. As such, the central bank is likely to continue to avoid shaping monetary policy through direct intervention in the benchmark rate, and instead look to indirect measures such as MRR tweaking to assuage short-term inflationary pressure. However, MRR tweaking has its drawbacks: for one, it affects the profitability of domestic banks more severely than international banks (indeed, it has relatively little effect at all on international institutions). Increasing MRR reduces the asset base of banks, as money which they could be lending out (and earning interest on) is locked up in the vault. There is then the question of who will bear the cost of this reduced profitability – will it be passed on to customers in the form of an increase in high-street borrowing rates? Or will it be passed on to depositors in the form of lower yields? As the IMF noted in its recent report on Tunisia, the banking sector « remains fragmented and of limited size ». It is questionable what effect the latest development will have on the sector: strong growth in 2007 helped increase the profitability of Tunisia’s banks. Forcing them to maintain greater reserves now may check any potential overheating. Alternatively, it may check further growth. As it stands, the IMF has voiced support for what it describes as the Tunisian Central Bank’s « restrictive monetary policy ». Maintaining such a rigorous policy may be beneficial to Tunisia’s long-term growth prospects, however, in the short-term, rising living costs and unemployment are leading to unrest in some parts of the country. For the time being, all concerned will be hoping that the central bank’s latest move continues May’s disinflationary trend. Commentaire : En vérité quand on étudie vraiment les textes du  FMI, les analyses sur la Tunisie démontrent un état de spéculation  grandissant, un des plus élevé du monde, sans parler des fuites de capitaux qui sont devenus une norme  dans le paysage économique de la dictature tunisienne. L’endettement de la Tunisie  reste un des plus élevés du monde, et l’avenir du pays est  sans aucune exagération des plus sombres. C’est à l’aune  de ces réalités qu’il faut se réjouir, en se pinçant le nez, des investissements et des capitaux provenant du golfe     Privatisation de 7 entreprises en 2008 Les opérations de privatisation en cours ou déjà réalisés en Tunisie portent sur sept entreprises industrielles en 2008, a déclaré lundi une source officielle tunisienne. Selon l’agence de presse tunisienne (TAP), les entreprises industrielles concernées sont la Société nationale de distribution de pétrole (SNDP), la Société tunisienne des industries automobiles (STIA), la Société tunisienne des industries pneumatiques (STIP)et la Société tunisienne de forage (CTF). Il s’agit aussi de la Société cimenterie de Bizerte (SCB), la Société de production et de commercialisation des engrais dont principalement le phosphate granulé (Granuphos) et la Société tunisienne des engrais chimiques (STEC).   COMMENTAIRE : Concours pour deviner les noms des  heureux propriétaires de ces fleurons économiques….. EL KHADRA 111


Reuters, le 22 juin 2008 à 19h44 Un président pour relancer le Conseil du culte musulman

 
PARIS, 22 juin (Reuters) – Mohammed Moussaoui, vice-président du Rassemblement des musulmans de France (RMF), a été élu dimanche à la présidence du Conseil français du culte musulman (CFCM), avec la mission délicate de relancer cet organisme créé en 2003 à l’initiative de Nicolas Sarkozy. Cet homme de 44 ans succède à Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris, qui dirigeait le CFCM depuis 2003, mais ne s’était pas représenté et a boycotté les élections. Il dénonçait le fait que le scrutin était organisé sur des critères basés sur les surfaces des lieux de culte en France. Il a félicité son successeur, de même que la ministre de l’Intérieur et des Cultes Michèle Alliot-Marie. Elle a déclaré dans un courrier qu’il lui appartenait « de maintenir et de faire vivre l’esprit de rassemblement en recherchant en toutes circonstances l’union et la concorde entre tous les musulmans ». La ministre souhaite que le CFCM se consacre « à la gestion effective et concrète » des dossiers tels que l’organisation du pélerinage à la mecque, le contrôle de la viande hallal et la construction de mosquées. Tous ces projets sont victimes actuellement des rivalités et le plus grand désordre rêgne parfois, une action judiciaire pour escroquerie ayant ainsi été introduite contre les organismes douteux qui se consacrent aux pélerinages dans des conditions chaotiques. L’ouverture de lieux de culte est souvent paralysée également, notamment pour des problèmes de financement. Imam et professeur de mathématiques à l’université d’Avignon, Mohammed Moussaoui a annoncé une réforme du CFCM en évitant toute critique explicite de son précécesseur. « La façon dont le bureau du CFCM a travaillé n’a pas été optimale », a-t-il dit aux journalistes. Il a présenté un programme d’action. TROIS VICE-PRESIDENTS Le conseil d’administration a voté à 72% en faveur d’une liste unique où figurait son nom et ceux de trois vice-présidents. Il s’agit de Fouad Alaoui, premier vice-président de l’UOIF (Union des organisations islamiques de France, jugée proche des traditionnalistes), Chems-eddine Hafiz, un haut responsable de la Grande Mosquée de Paris et Haydar Demiryurek, président du Comité de coordination des musulmans turcs de France (CCMTF). Les grandes tendances de l’islam français sont donc toutes représentées. Le RMF avait emporté 43.2% des voix aux élections le 8 juin, devant l’UOIF avec 30,2% et 12,7% au CCMTF. Le différend sur le mode de scrutin cachait une lutte d’influence au sein des musulmans de France. Elle est vue comme la plus importante d’Europe avec environ cinq millions de personnes de culture musulmane, bien qu’il ne s’agisse pas forcément de croyants ou de pratiquants. Le problème majeur reste financier, Dalil Boubakeur restant à la tête d’une fondation mise en place en 2005 sur cette question, ce qui pourrait s’avérer problématique après son boycoot des élections. La lutte d’influence est religieuse autant que politique, la Fédération nationale de la Grande mosquée de Paris (FNGMP) étant plutôt soutenue par l’Algérie et le Rassemblement des musulmans de France (RMF) ayant été créé en 2006 avec le soutien du Maroc. Alors ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy avait établi le CFCM en 2003 pour représenter l’Islam au niveau national, en imposant Boubakeur à sa présidence. La Fédération nationale de la Grande Mosquée de Paris n’occupe que 15% de la surface cultuelle en France, mais se présente comme l’organisation islamique la plus ancienne et la mieux établie du pays. Michèle Alliot-Marie a consulté Alger et Rabat mais sansfaire pression sur les membres du CFCM pour qu’ils soutiennent Boubakeur. REUTERS

AFP, le 21 juin 2008 à 17h55 Des milliers de manifestants à Istanbul pour dire « stop aux coups d’Etat »

 
ISTANBUL, 21 juin 2008 (AFP) – Plusieurs milliers de personnes ont manifesté samedi à Istanbul leur opposition au procès en dissolution intenté contre le parti au pouvoir, une procédure qualifiée par ses détracteurs de « coup d’Etat judiciaire ». Les manifestants ont fait retentir tambours et sifflets au cours de leur marche sur l’avenue Istiklal, la plus prestigieuse artère commerçante du pays. La manifestation, réunie à l’appel d’organisations de gauche, de défense des droits de l’Homme et de tendance islamiste, rassemblait un public hétéroclite composé entre autres de femmes voilées, d’étudiants et d’intellectuels, scandant « main dans la main contre le coup d’Etat ». Le procureur de la Cour de cassation Abdurrahman Yalçinkaya a déposé en mars un recours devant la Cour constitutionnelle demandant la dissolution du Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste) au pouvoir pour cause d’activités « anti-laïques ». M. Yalçinkaya a également réclamé une interdiction d’activité politique de cinq ans à l’encontre de 71 membres éminents du parti, dont le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, ou anciens cadres du parti, comme le président Abdullah Gül. Les premières audiences doivent avoir lieu début juillet. Dans une défense écrite, l’AKP, qui affirme avoir renié son passé islamiste et se définit désormais comme un parti « démocrate conservateur » respectueux du principe constitutionnel de laïcité, a réfuté ces accusations. De nombreux observateurs ont analysé les démêlés judiciaires de l’AKP comme le dernier épisode d’une lutte de pouvoir entre une élite urbaine laïque, très influente dans le système judiciaire et l’armée, et une nouvelle classe moyenne conservatrice, représentée par l’AKP. AFP

 

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