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AFP: La page Facebook hébergeant le concours de dessins de Mahomet supprimée
Une manifestation d’internautes étouffée dans l’oeuf en Tunisie
Le journaliste Taoufik Ben Brik se plaint d’être sous surveillance à Tunis
SOLIDARITÉ AVEC L’ATF
EXPULSE DE SON HOTEL ET LAISSE A LUI-MEME Ferchichi dort devant le ministère des Affaires étrangères
Yassine Ferchichi avait été renvoyé de la France vers le Sénégal il y a six mois. Il campe depuis trois jours devant le ministère des Affaires Etrangères à Dakar, pour demander la prolongation de la prise en charge par l’Etat sénégalais, l’hôtel qui l’hébergeait depuis son arrivée l’ayant mis à la porte.
Hébergé par un hôtel de la ville depuis son arrivée, Yassine Ferchichi a été sommé mardi dernier de quitter les lieux. Ne sachant à qui s’adresser au terme de deux jours à arpenter en vain le commissariat de Dakar, Yassine Ferchichi a pris sa valise et campe depuis lors devant le ministère des Affaires Etrangères dans l’attente d’y être reçu puisqu’il a envoyé un courrier au ministre en ce sens au début du mois.
Pour mémoire, Yassine Ferchichi, interdit définitivement du territoire français et ne pouvant être renvoyé en Tunisie où l’attendent, au bas mot, trente deux ans d’emprisonnement et quinze ans de contrôle
administratif, avait été mis dans un avion pour le Sénégal le 24 décembre 2009, muni d’un laisser passer délivré par ce pays. Sa vie n’a été depuis son arrivée qu’un combat contre l’errance et la précarité, puisque dénué de tout document, y compris de papiers d’identité, privé de toute ressource, sans connaissances sur place, il a dû faire face aux volte-faces des autorités sénégalaises. En avril dernier, il avait déjà mené une grève de la faim, ces dernières lui ayant annoncé la fin de sa « prise en charge », laquelle consistait en hébergement et nourriture. Les autorités étant revenues sur leur décision, il avait mis fin à son mouvement, mais c’était pour s’entendre dire par la gérance de l’hôtel que ces mêmes autorités ne réglaient pas la facture.
En France, il a déposé une requête aux fins de relèvement de l’interdiction du territoire qui sera examinée par le tribunal de Grande Instance de Paris le 3 juin prochain.
Luiza Toscane
Par Khémaïs CHAMMARI
La deuxième mi-temps de la présidence espagnole de l’Union Européenne ( 01 Janvier- 30 Juin 2010) aura, entre autres, été ponctuée par un certain nombre d’initiatives et de concertations des sociétés civiles de l’Euro Med. En attendant celles envisagées à Barcelone (à l’occasion du Sommet de l’Union Pour la Méditerranée – UpM prévu, s’il se tient , pour le 07 Juin) et qui seront principalement axées sur la question Palestinienne ; l’Espagne a accueilli, fin avril à Madrid, le Groupe de Solidarité Tunisie (GST) et, surtout du 14 au 16mai à Alicante (Espagne), le Forum Civil Euro Med .
Solidarité pour les droits de l’Homme et la démocratie en Tunisie.
La réunion de la fin du mois d’avril du GST – mis en place par le Réseau Euro Med des droits de l’Homme ( REMDH qui regroupe ,sous la présidence de Kamel Jendoubi, 83 associations et organisations du pourtour méditerranéen) – fait suite à celle tenue à Tunis, dans les conditions de tensions que l’on sait, les 14 et 15 novembre 2009. Ce groupe est composé, à parité, de représentants de composantes autonomes des sociétés civiles tunisienne et européennes.[1] Durant quatre journées , les participant(e)s à la réunion de Madrid ont débattu du rapport initié par le Réseau sur « les institutions de l’UE et du PEM ET l’état des droits de l’Homme en Tunisie » ; des initiatives à l’occasion des négociations sur la demande tunisienne d’un « statut avancé » avec l’UE ; des voies et des moyens de sécurisation des communications en temps réel ; et surtout du développement de l’action de solidarité en Espagne avec les défenseurs et les démocrates tunisiens. A l’initiative de l’association espagnole ACSUR (Droits, Développement, Coopération), le séjour à Madrid a permis , par ailleurs ,de très utiles contacts avec les ONG, les « médias », les parlementaires et les institutions gouvernementales ( affaires étrangères, premier ministère, coopération et affaires européennes). Une réunion publique a été organisée à l’ « Athénéo » de Madrid. Elle a été perturbée en fin de séance, lors du débat avec la salle, par les habituels « trublions » dépêchés de Tunis – cette fois-ci (terrorisme de l’ETA basque oblige !)- au nom de l’association paravent de « soutien aux victimes du terrorisme en Tunisie ». Les méthodes d’obstruction intempestives utilisées, au demeurant contre productives , ont suscité l’indignation des participants espagnols. Le communiqué final relatif à ce séjour madrilène a été repris par plusieurs médias espagnols et internationaux et notamment par « Tunisnews » et la chaine « Al Jazeera ».
Un Forum Civil d’une grande maturité.
Deux semaines plus tard, c’est à Alicante que s’est tenu, avec le soutien de la « Casamediterraneo », le 9ième Forum Civil Euro Med. Cette rencontre est organisée tous les deux ans environ depuis celle inaugurale de Barcelone en 1995 ( la précédente s’est déroulée à Marseille en novembre 2008) ,avec l’appui de la Commission Européenne et des autorités du pays qui assure la présidence de l’UE ( en l’occurrence, l’Espagne pour cette session). Le Forum est organisé par la « Plate Forme Non Gouvernementale Euro Med ». Celle –ci regroupe plusieurs « plate forme » nationales ( France, Espagne, Maroc ,Liban ,Italie), des coordinations nationales, plus ou moins formalisées, et des réseaux thématiques(droits humains, genre/femmes, développement, environnement, culture(notamment la Fondation Anna Lindh),jeunesse, enfance, santé, groupes aux besoins spécifiques ( porteurs d’handicap). Présidée par le marocain Abdelmaksoud RACHDI, co-fondateur du réseau culturel « Achoola », la Plate Forme Euro Med regroupe ainsi plusieurs centaines d’associations et de réseaux nationaux et régionaux et ses instances dirigeantes – le Comité Pilotage et le Conseil d’Administration- sont animés par le secrétaire général M°Michel Tubiana (REMDH-France) et le secrétaire exécutif Yacine SAADI. La Tunisie y est représentée par M° Mokhtar TRIFI(LTDH) et Radhia BENZEKRI- DRIDI (AFTURD), Neïla JRAD étant suppléante.
Durant trois journées, quelques 250 délégués originaires de 27 pays[2]ont débattu « des changements institutionnels intervenus au cours des deux dernières années à la suite de l’entrée en vigueur du Traité européen de Lisbonne et de la disparition du processus de Barcelone au profit de l’Union pour la Méditerranée – UpM ». Une séance en plénière a , par ailleurs, été consacrée pour la première fois « aux propositions des sociétés civiles pour développer une véritable dimension sociale dans le partenariat euro med ». Mais c’est le thème de l’Egalité qui a été ,cette année, le fil conducteur de cette rencontre avec une interrogation centrale, « l’égalité : une question commune pour les sociétés civiles euro med ». Cinq ateliers ont ainsi eu à débattre de cette idée-force de l’exigence d’égalité comme horizon et comme aiguillon pour « interroger non seulement les logiques qui sous- tendent le partenariat euro med , mais aussi celles qui sus- tendent l’évolution de chacune des sociétés qui le composent » : Egalité des échanges et Développement ; L’égal accès aux ressources ; L’égalité n’est pas possible sans démocratie ; Le droit à la culture sans discrimination, droits fondamentaux et fait religieux ; Peuples et Etats, Egalité de droits et d’obligations. Cinq ateliers dont les débats, parfois très vifs, ont été d’une grande diversité avec en toile de fond les incontournables références aux droits humains, aux libertés d’expression, de conscience et d’ association , aux droits des femmes et aux droits des peuples. Les rapports des cinq ateliers, l’intervention en clôture du forum sur l’évaluation du Plan d’Action sur la question Genre (femmes) depuis la Déclaration d’Istanbul 2006 et la « Déclaration finale » ont illustré et confirmé la volonté unanime de participant (e)s de « bannir dans les faits toute forme de discrimination à raison du sexe, du handicap, de l’origine, de la race, de la religion, de l’absence de religion ou de l’orientation sexuelle » et d’imposer « la reconnaissance de sociétés civiles autonomes et indépendantes ».
L’ UpM en question
S‘agissant de l’Union pour la Méditerranée- UpM dont le 2ième Sommet (7 juin 2010) risque d’être « plombé » , en particulier par la situation au Moyen Orient et les blocages israéliens, le Forum d’Alicante a « réaffirmé la nécessité d’un partenariat euro méditerranéen ouvert à tous les pays de la région et qui ne peut reposer sur des projets de développement économiques, aussi importants soient-ils. Il doit s’appuyer sur les mêmes principes fondamentaux qui ont conduit à la création du processus de Barcelone : volonté de partager un destin commun, respect de la diversité des sociétés, intangibilité des valeurs, des libertés et des principes qui sont inscrits dans la déclaration universelle des droits de l’Homme et dans les Pactes internationaux relatifs aux droits civils, politiques et aux droits économiques, sociaux et culturels. »
Enfin, les questions relatives à la jeunesse, à l’immigration, au « Programme Euro Med Société civile 2010-2013 »[3]et , bien sûr, à la solidarité avec le peuple palestinien ont été au cœur des préoccupations des participant (e )s dont la Déclaration Finale – qui sera présentée au prochain Conseil ministériel de l’UpM ( et, s’il se tient, au Sommet des chefs d’Etat de juin 2010),« appelle l’UpM ,les gouvernements qui la composent et la Communauté internationale à cesser de pratiquer la politique des deux poids , deux mesures et à imposer aux autorités israéliennes le plein respect des résolutions internationales pertinentes permettant de mettre fin à l’occupation et à la colonisation de la Palestine. Rappelant que cette situation constitue une violation manifeste, permanente et intolérable du Droit international ; les participant(e)s demandent à tous les pays de l’UpM de prendre immédiatement les sanctions appropriées et d’appuyer les conclusions et les recommandations du rapport de M Goldstone. »
La cuvée 2010 du Forum Civil Euro Med a ainsi permis à la Plate Forme Non Gouvernementale de se poser, avec maturité, comme un outil décisif de la concertation des sociétés civiles euro méditerranéennes et un partenaire crédible des institutions du Partenariat Euro Med. Avec , toutefois, un bémol qui tient à la faible représentation des societés civiles des pays du Nord et de l’est du continent européen. Ce sera là, à n’en pas douter, l’un des défis du 10 ième Forum Civil Euro Med.
K.C.
PS: Ces concertations au niveau des sociétés civiles Euro Med et la participation active des défenseurs tunisiens ont eu pour conséquence subalterne une relance brutale des campagnes indignes orchestrées par la presse de caniveau et animées ,notamment, par Kol En-Nass, AL- Hadath mais aussi le quotidien Ach-Chourouk. Odieuses ,lâcheset n’ayant aucune crédibilité, ces campagnes n’auront d’autre effet que de discréditer un peu plus leurs auteurs et leurs mandants….A moins que cela ne soit le prélude à l’adoption et à l’application du scandaleux projet de loi liberticide visant à punir pénalement « tout tunisien ayant délibérément contacts avec l’étranger pour inciter à porter préjudice aux intérêts économiques vitaux de la Tunisie » !!!
[1].A Madrid, ces dernières étaient représentées par des associations d’Espagne, de Grande Bretagne d’Italie, de France et de la FIDH(Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme). La délégation tunisienne était, quant à elle, composée de Kamel Jendoubi (président du REMDH), Khémaïs CHAMMARI, Lotfi HAJJI (ancien président du SNJ),Sihem BEN SEDRINE et Omar MESTIRI( CNLT), Halima JOUINI (ATFD), M° Houcine BARDI (CRLDHT), Noureddine BAABOURA ( FTCR) ; Jaloul AZOUNNA (Ecrivains Libres)n’ayant pu répondre à l’invitation pour une raison de force majeure , ainsi que Zouhayr MAKHLOUF (journaliste et membre de l’association « Liberté et Equité » privé de son passeport. Outre son président, le REMDH était représenté par son directeur exécutif Marc Shade Poulsen( Danemark) , le chargé du programme Solidarité et son assistante ; et la FIDH par Marie CAMBERLIN.
[2]En dépit de certaines absences dues aux difficultés de communication et de transport ( Khédija CHERIF, secrétaire générale de la FIDH, Mélika HORCHANI du Collectif 95 Maghreb Egalité,Moufida BELGHITH de l’ATFD, Souad TRIKI de l’AFTURD , Zeineb FARHAT du réseau « Culture » ; la participation tunisienne à ce 9ième FORUM a été importante. Outre les deux membres du CoPi et du CA : M° Mokhtar TRIFI (référent politique de l’atelier «Egalité et Démocratie ») et Radhia BENZEKRI-DRIDI ( rapporteure de l’atelier « Culture ») ; ont participé à ce forum : Khémaïs CHAMMARI (REMDH , un des 4 « intervenants principaux » de l’atelier « Démocratie » et intervenant en plénière ), Abdeljellil BEDOUI ( un des cinq «intervenants principaux » de l’atelier « Egalité des échanges et Développement » ), Neïla JRAD (AFTURD) ,Sihem BENSEDRINE ( CNLT) ,Khéllil ZAOUIA ( LTDH), Omar MESTIRI (Kalima),Tarak BENHIBA (FTCR) ,Med Salah KHERIJI ( LTDH et IADH) ,Med Ali ABROUGUI ( ANPE- Environnement) , Soukeïna ABDESSAMAD-BEN HAMADI ( SNJ), Anouar MOALLA (Association Anti-Sida et Fondation du Futur, rapporteur de l’atelier « Démocratie).
[3]Appuyé, au profit de la Plate Forme, par L’UE avec l’assistance technique d’un consortium avec pour chef de file l’IMED de Rome
(Source: AT-TARIQ ALJADID N° 181 du 22 Mai 2010)
Tunisian CyberDissidents Rally for Freedom
Kahéna
Tunis 1er mai 2010
Le régime à mi-temps au deux tiers du salaire au bénéfice des mères » est-il une discrimination positive ou une assignation à domicile ?
Ce régime spécial, instauré par la loi 2006-58, est entré en vigueur en janvier 2007. Il s’applique au secteur public de l’emploi à cinq corps de fonctionnaires : les militaires, les forces de sécurité intérieure, les agents de l’Etat, des collectivités publiques locales, des établissements publics, des offices, des entreprises publiques et des douanes. Il toucherait ainsi une partie des 63 000 femmes fonctionnaires sur les 980 400 travailleuses représentant les 27, 3% de la population active recensée en 20071. Quelle est en pratique la réalité de ce régime, de quoi témoigne-t-il et à quelles objections de principe se heurte-t-il ?
Passés l’effet d’annonce et les clameurs de la propagande, la mesure ne semble pas faire des émules. Elle ne concernerait qu’une infime partie des salariées de la fonction publique. A la première année, il y aurait eu environ 1500 demandes2. Mesure facultative, elle est d’application restrictive ne touchant que « la mère ayant un enfant de moins de 16 ans » ou ayant « un enfant handicapé » pour qui la condition d’âge ne s’applique pas. A vrai dire, les modalités de son bénéfice sont dissuasives et son octroi discrétionnaire. Sa durée est de trois ans renouvelable deux fois, consistant en l’accomplissement d’un service hebdomadaire à mi temps avec conservation des droits à l’avancement, à la promotion, aux congés et à la couverture sociale. Si les bénéficiaires perçoivent les deux tiers du salaire, elles demeurent assujetties aux retenues sur salaire effectuées sur la base du traitement à plein temps.
Ce régime appelle commentaire, d’une part au regard de ce qui, à tord, semblerait être une discrimination positive et d’autre part, au regard de la réalité de l’emploi des femmes frappée de plein fouet par le chômage.
I – « Une discrimination positive » en trompe l’œil.
« La mi-temps au deux tiers du salaire » est présentée à tord comme une mesure de justice faite aux mères fonctionnaires astreintes à « la double journée de travail », entre travail domestique et travail professionnel. Nul ne conteste la légitimité de combattre ce phénomène tant il est l’expression même des rapports inégaux de sexes. Le principe d’égalité ne s’oppose pas en effet à ce qu’une différenciation de traitement soit adoptée dans le but de favoriser une catégorie déterminée de personnes afin de compenser une inégalité de fait préexistante entre elles. La cause est entendue. Le conseil constitutionnel tunisien l’a faite sienne en considérant dans son avis de 2005 « que si les dispositions de l’article 6 de la constitution prescrivent l’égalité en droits, en devoirs et devant la loi(…), elles n’interdisent pas en revanche la discrimination positive au profit de certaines catégories en vue d’assurer l’égalité effective comme c’est le cas pour les personnes handicapées, du moment que cette discrimination positive n’affecte pas les droits fondamentaux garantis par la constitution ; qu’elle vise un seul objectif qui est d’assurer l’égalité des chances et qu’elle est caractérisée par la proportionnalité entre d’un côté, les privilèges, les avantages, les facilités et les exonérations » (avis n° 34-2005).
S’agit-il, en conséquence, d’une mesure de ce genre ? En réalité, loin de rétablir l’égalité des chances, elle reproduit la hiérarchie des sexes et la division sexuelle du travail, en repoussant les mères, à l’exclusion des pères, vers « leur espace domestique naturel », espace féminin du ménage non rémunéré. Opérant par hiérarchisation, elle gratifie le retrait des femmes du marché de l’emploi tout en déconsidérant leur salaire (vu comme un salaire d’appoint) et en délégitimant leur « accès » au travail, ignorant qu’il est un élément crucial dans le processus de construction de soi, et une condition primordiale de l’autonomie et par suite du développement économique et social.
II – Face à la précarité économique des femmes : le défi de l’emploi décent pour tous.
Les données sur l’évolution de la population active par sexe montrent un double phénomène, paradoxal en apparence : la progression du taux d’activité des femmes que contredit la progression du taux de chômage parmi elles. En effet, l’évolution montre que le taux d’activité des femmes a augmenté atteignant 25,3 en 2007 alors qu’il a baissé pour les hommes atteignant 67% en 2007. Si cette baisse s’explique par la rétention du système d’enseignement d’une part importante de la population masculine en âge de travailler, l’augmentation elle, traduit la conquête récente de leurs droits par les femmes : le droit à l’enseignement, à la santé et au travail. Toutefois, cette progression est lente et encore minime par rapport à l’investissement consenti depuis l’indépendance et au potentiel de qualifications féminines existant. D’après Souad Triki, économiste et féministe de renom, à ce rythme il faudrait plus d’un siècle pour atteindre l’égalité des taux d’activité entre les sexes. A ce taux le plus faible du monde qui caractérise la région du Moyen Orient et de l’Afrique du Nord3, s’ajoute un autre phénomène : le chômage. Toutes les études convergent pour dire que si le chômage est élevé (18,4% en moyenne par an) touchant les jeunes et les diplômé-e-s du supérieur, c’est dans la population féminine qu’il est le plus prononcé. En effet, s’il a baissé chez les hommes en passant de 15,3% en 2000 à 12,8% en 2007, il a augmenté chez les femmes, passant de 16,9% en 2000 à 17,8 % en 2006. Ce tableau est aggravé par les conditions effectives de l’emploi des femmes : confinement dans des secteurs de l’économie les moins productifs ou présentant des risques économiques les plus élevés, emploi ne répondant pas aux critères qui définissent un travail décent ; autant de fragilités qui se répercutent sur leur conditions de vie et les précipitent en cas d’aléas dans la vulnérabilité sociale et la précarité économique. Dans ces conditions le défi est moins d’introduire des aménagements d’horaires que d’entreprendre une véritable politique publique d’égalité de chance en termes d’accès au marché de l’emploi et de conditions de travail. L’objectif du millénaire n’est-il pas «le plein emploi productif et le travail décent pour tous » ?
(Source: « Mouwatinoun » organe du FDTL nr 132 mai 2010)
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