21 juin 2006

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TUNISNEWS
7 ème année, N° 2221 du 21.06.2006

 archives : www.tunisnews.net


Les Verts Européens – Alliance Libre Européenne:Communiqué

Atterrissage d’urgence d’un avion de la compagnie Tunisair

Infosud Le Conseil des droits de l’homme entendra-t-il les voix du peuple ?

Jeune Afrique:Tunisie Revoilà le voile

Jeune Afrique:Ballet tunisien macabre

Libération :La pièce de Jalila Baccar sur l’islamisme et son éradication est interdite en Tunisie

Le Figaro:Une implacable sobriété Corps otages de Jalila Baccar à l’Odéon

Jeune Afrique: Ahmed Fouad Negm Poétique de l’engagement

Al Ahram Hebdo: « L’avocat du peuple » n’est plus

International Herald Tribune: America’s message to the Muslim world

Les Verts Européens – Alliance Libre Européenne COMMUNIQUE
(publié avant le vote du parlement européen du 15 juin 2006)  
A l’initiative des Verts/ALE, le Parlement européen a mis à l’ordre du jour de la séance plénière un débat sur la situation des droits de l’homme en Tunisie. Un texte de résolution sera soumis au vote le 15 juin. Les violations des droits de l’Homme sont quotidiennes en Tunisie. Les entraves à la liberté d’expression et d’association y sont monnaie courante, la justice est instrumentalisée par le pouvoir exécutif et les défenseurs des droits de l’Homme sont systématiquement attaqués par le pouvoir en place. La Ligue Tunisienne des droits de l’Homme (LTDH), première ligue du monde arabe et d’Afrique, est la cible première de ces attaques. Le harcèlement des avocats n’est pas non plus chose nouvelle en Tunisie. Les avocats tunisiens œuvrant pour une indépendance de la justice sont régulièrement sujets à des actes de harcèlement ainsi que des agressions verbales et physiques. Certains d’entre eux sont également victimes de l’instrumentalisation de la justice. C’est le cas de Maître Abbou pour ne citer qu’un exemple parmi d’autres, condamné à trois années et demie de prison pour avoir publié un article critiquant la corruption régnant dans l’entourage du Président tunisien. Présente à Tunis pour le 6ème Congrès de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme (27 et 28 mai 2006) qui n’a pu avoir lieu en raison de son interdiction par les autorités tunisiennes, Hélène Flautre, eurodéputée du Groupe des Verts/ALE et Présidente de la Sous-Commission des droits de l’Homme du Parlement européen, estime indispensable une réorientation de la stratégie de l’UE avec ce pays. Pour Hélène Flautre, « il est plus que temps que l’Union européenne passe à l’action avec la Tunisie. Tout un chacun avait déjà pu constater, lors de la tenue du Sommet mondial sur la société de l’information à Tunis en novembre 2005, le caractère liberticide du régime. Les délégations du Parlement européen et de la Commission avaient alors été les témoins directs des nombreuses violations des droits de l’Homme. » A l’époque, le Parlement européen avait adopté une résolution et la Commission avait fait des déclarations fermes, demandant notamment que la LTDH puisse tenir son congrès – déjà empêché en 2005 – et la libération de Maître Mohammed Abbou. Ces déclarations sont cependant restées lettre morte.  

L’Association Ez-Zeitouna

 

Rassemblement et soirée culturelle et de débat sur le thème :

Situation des Prisonniers politiques et des Droits de l’Homme en Tunisie

 

Madame,Monsieur,

 

Lundi 19 juin était une journée hautement symbolique à Genève : le Conseil des droits de l’homme, nouvel organe des Nations unies, tient sa première session sur fond de controverses et de polémiques : parmi les 47 membres du nouvel organe, la Tunisie, pays où le régime dictatorial continue à fouler aux pieds les Droits de l’Homme sous l’ouïe et la vue de la communauté internationale !!!

 

L’Association Ez-Zeitouna(*) organisera, le 24 juin 2006 à Genève, une journée de solidarité avec les prisonniers politiques et les défenseurs des Droits de l’Homme en Tunisie.

Il s’agit :

 

  1. D’un rassemblement devant la poste du Mont-Blanc à Genève de 13H à 15H.
  2. D’une soirée culturelle et de débat à la maison des associations 15 rue des Savoises à Genève de 18H à 21H.

 

Lors de la soirée on parlera de la situation des prisonniers politiques et des Droits de l’Homme en Tunisie et des tractations contre les défenseurs des Droits de l’Homme (Ligue, Avocats, Magistrats, Syndicat…..). Il y aura également des chants engagés et de la musique.

 

Je viens par ma présente vous inviter cordialement à cette soirée.

 

Votre présence et votre participation nous honorent énormément.

 

 

Président de l’Association 

 Larbi Guesmi  

 

(*) : L’Association Ez-Zeitouna est une ONG qui rassemble plusieurs dizaines de familles victimes de la dictature tunisienne. Elle milite pour la promotion des Libertés d’Expression et d’Organisation et pour le respect des Droits de l’Homme en utilisant des moyens pacifiques sans autres.


Vérité-Action Suisse A l’occasion de la Journée internationale pour le soutien aux victimes de la torture Et en marge des travaux du Conseil des Droits de l’homme à Genève, Vérité-Action organise :

Un Stand d’information sur la pratique de la Torture dans les prisons tunisiennes*

Lundi 26 juin 2006 De 11h à 19h A la Place Mollard, Genève *Exposition de photos, témoignages, rapports, livres,… Pour plus d’informations, nous contacter au +41797032611 ou sur info@verite-action.org  


Atterrissage d’urgence d’un avion de la compagnie Tunisair

 

Rome (Italie) – Un avion de la compagnie aérienne nationale tunisienne Tunisair a fait un atterrissage d’urgence sur l’aéroport Fiumicino de Rome (Italie) suite à un problème de pressurisation cabine. L’avion, un Airbus A320, vol TU642, en provenance de Tunis (Tunisie) et à destination de Vienne (Autriche) avait décollé vers 13h20, heure locale, et venait de survoler la Méditerrannée lorsqu’une brutale dépressurisation a surpris les passagers de l’appareil après qu’une oderu de brûlé ait été perçue dans la cabine. Les masques à oxygène sont tombés mais d’après certains témoignages, quelques uns d’entre eux ne fonctionnaient pas. Le pilote a effectué une descente d’urgence afin de retrouver une atmosphère respirable. http://www.crash-aerien.com/airlines/TU/A320.jpg L’avion s’est posé sans incident sur l’aéroport romain de Fiumicino vers 14h30 et les passagers, plutôt choqués, ont été débarqués. Un avion de remplacement a été envoyé sur place afin de poursuivre le vol vers Vienne mais certains passagers ont refusé d’embarquer. Information extérieure (P.H) Si vous connaissez des personnes impliquées dans cet incident, merci de nous communiquer leurs témoignages http://www.crash-aerien.com/www/site/contribution.php. ———- Tous les accidents et incidents aériens du monde entier Les NEWS de CRASH-AERIEN
 
(Source: le site Crach-aerien le 19 juin 2006)


Le Conseil des droits de l’homme entendra-t-il les voix du peuple ?

Carole Vann
GENEVE, 21.06.06 Espoirs et doutes se bousculent chez les défenseurs des libertés. Beaucoup d’ONG du Sud sont outrées de voir leurs « Etats-voyous » siéger au Conseil. Celles du Nord essaient de trier le bon grain de l’ivraie. « Je ferai tout pour que ce Conseil des droits de l’homme soit ouvert aux voix des plus faibles. » C’est ainsi que l‘ambassadeur mexicain Luis Alfonso de Alba a entamé son mandat à la tête du nouvel organe onusien. Cependant, de nombreuses ONG du Sud ont pris une claque en apprenant que leur gouvernement était devenu membre du Conseil. Avec les militants du Nord, ils guettent chaque étape, inquiets de savoir s’ils vont perdre ou gagner au change. « L’Arabie saoudite, le Bahrein, la Jordanie, le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, tous responsables de milliers de détentions arbitraires, de disparitions, de tortures, d’assassinats… Et on donne trois ans à de tels pays pour défendre et promouvoir les droits de l’homme dans le monde ! Vraiment pas sérieux. » Mohamed Zitout est porte-parole de Al-Karama, une ONG pan-arabe créée en 2003 à Genève pour dénoncer des cas de barbarie auprès de l’ancienne Commission. D’entrée de jeu, les ONG du Sud se sentent dupées. Le vrai visage du Conseil De leur côté, les ONG du Nord proposent de voir sur pièce. « Ces élections font partie des règles du jeu de l’ONU », explique Federico Andreu-Guzman, secrétaire général-adjoint de la Commission internationale des juristes. Pour Guzman, le nouveau Conseil offre sans conteste des améliorations possibles. Mais son vrai visage se révèlera lorsque les pays passeront au crible via un examen périodique universel. « Là, on verra vraiment s’il y a deux poids deux mesures, renchérit Eric Sottas, directeur de l’Organisation mondiale contre la torture. Quand les grandes puissances comme la Russie ou la Chine devront comparaître, les autres pays arriveront-ils à faire respecter les rapports des experts ? » Mariette Grange, directrice du bureau de Human Rights Watch à Genève, rappelle qu’à la Commission, les ONG ont réussi à acquérir une place unique dans le système onusien, avec des possibilités d’intervenir dans les sessions. « Sur papier ces acquis sont maintenus, mais il faudra voir dans la pratique, explique-t-elle. En 15 ans, le nombre des ONG a passé de quelques centaines à 2’000. Pour donner un temps de parole à chacune… » Autre inquiétude partagée par tous : les plaintes individuelles pourront-elles se dérouler en public ? « Jusqu’à présent, lorsque quelqu’un portait plainte pour torture ou une autre violation, tout le débat se déroulait à huis-clos. Même le plaignant était écarté, explique Guzman. Il faut changer les règles pour que le système soit transparent. » Réponse d’ici un an ?  (Source : Agence « Infosud » (Suisse), le 21 juin 2006)
 

Tunisie

Revoilà le voile

par RIDHA KÉFI La question du hijab fait à nouveau des vagues à l’université. Crise d’identité, regain de religiosité ou retour de l’islamisme ? Le 26 mai, à la faculté de droit et de sciences politiques de Tunis, des étudiantes sont empêchées par un agent de l’administration d’entrer dans la salle d’examen. À cause du hijab (« voile islamique ») couvrant leurs têtes et leurs épaules. Par peur de rater leur année universitaire, certaines obtempèrent. Les récalcitrantes sont conduites dans un bureau de l’administration. Il faudra l’intervention d’un groupe d’enseignants pour qu’elles soient autorisées à rejoindre leurs camarades. Plusieurs incidents du même genre ayant eu lieu au cours des dernières semaines, un mouvement de protestation se développe. Étudiants et enseignants islamistes, à nouveau très présents sur les campus, y participent, mais ils ne sont pas les seuls. Réagissant à ces incidents qualifiés de « précédents très graves », le Syndicat général de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, affilié à l’Union générale tunisienne du travail, la centrale syndicale unique, publie le 30 mai un communiqué dénonçant le comportement «criminel » (sic) de l’agent administratif concerné et appelant les autorités à prendre des « mesures disciplinaires et légales ». Le lendemain, Mongia Abidi, la présidente de Femmes contre la torture en Tunisie, une association (non reconnue) proche des islamistes, demande à « toutes les forces libres » de « soutenir le droit des jeunes filles à choisir librement leur mode vestimentaire ». Les réactions outrées émanant de diverses organisations, d’intellectuels et de dignitaires religieux se multiplient. Au-delà des manipulations politico-religieuses, que dit la loi ? L’article 5 de la Constitution garantit l’inviolabilité de la personne humaine et la liberté de conscience. Il protège également le libre exercice des cultes. Mais le décret 108 promulgué en 1981, au temps d’Habib Bourguiba, interdit le port de l’allibas al-taifi (« l’habit sectaire ») dans les écoles et les établissements publics. Ce texte est donc jugé « anticonstitutionnel » par ses détracteurs. En 2002, l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) estimait même qu’il contribuait à « creuser l’écart entre les garçons et les filles » en entraînant l’exclusion scolaire de nombre de ces dernières. Affirmation manifestement fausse : toutes les statistiques montrent que les filles sont plus nombreuses que les garçons dans le système éducatif. Et surtout à l’université. Par ailleurs, si le hijab continue de poser problème, c’est parce qu’il n’est pas un mode vestimentaire comme un autre, mais le symbole d’un repli identitaire, d’un durcissement de la pratique religieuse musulmane. Il prend souvent le sens d’une conquête, d’un marquage territorial : il faut qu’il soit visible partout. Dans ces conditions, il est somme toute logique que, pour en limiter l’impact symbolique, les autorités en interdisent strictement le port dans les établissements publics. « Le hijab est un phénomène importé, étranger à nos traditions. Or nous rejetons toute forme de sectarisme, commentait Aboubaker Akhzouri, le ministre des Affaires religieuses, dans un entretien au quotidien indépendant Assabah, le 27 décembre 2005. Ce rejet s’étend naturellement au port de la horka blanche (habit porté par les hommes dans les pays du Golfe) et à celui de la barbe quand il prétend souligner « une appartenance bien déterminée », allusion aux abondantes pilosités arborées par les activistes islamistes. De manière générale, le ministre dénonce « l’influence du Machreq » sur le comportement religieux de certains de ses compatriotes, qui s’exerce par le biais de journaux et de chaînes satellitaires arabes . Dans une déclaration publiée en août 2003, les militantes de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), peu suspectes d’allégeance au régime, exprimaient déjà leur « inquiétude » face aux progrès du hijab en Tunisie. Disparu depuis la fin des années 1950 dans sa forme traditionnelle, le voile a fait sa réapparition, trente ans plus tard, avec la montée de l’islamisme. À nouveau éliminé du paysage urbain, ou presque, au début des années 1990, il a fait son grand retour après les attentats du 11 septembre 2001 et l’intervention américaine en Irak. Devant ce phénomène totalement « étranger aux combats menés depuis la fin du XIXe siècle pour l’émancipation des musulmanes », l’ATFD s’en tient à un double refus : « ni répression ni acceptation », mais « compréhension » et mise en place de stratégies de défense contre « toute pensée hégémonique, d’où qu’elle vienne ». L’universitaire Sana Ben Achour confirme que les jeunes filles voilées sont de plus en plus nombreuses sur les campus, mais estime qu’elles sont encore loin d’être majoritaires, peut-être à cause de la répression dont elles sont l’objet. « J’essaie d’aider mes étudiantes à assumer leur liberté dans le strict respect de la loi, dit-elle. À celles qui sont voilées, je voudrais pouvoir expliquer que le voile n’est pas un signe de liberté, mais une marque de soumission. Mais la répression sans débat préalable est improductive, d’autant que le voile est souvent… dans la tête. Des filles comme des garçons. » (Source : Jeune Afrique N° 2371 du 18 au 24 juin 2006)

Ballet tunisien macabre

par FAWZIA ZOUARI À Paris, rares sont les représentations d’œuvres arabes. La scène de l’Odéon a pourtant fait salle comble avec Corps otages, de Fadhel Jaïbi. L’Odéon, théâtre de l’Europe vient de clôturer sa première saison, après trois ans de fermeture pour travaux, avec la création de Fadhel Jaïbi, Corps otages qui était à l’affiche du 7 au 10 juin dernier. Le travail de ce dramaturge, l’un des plus doués de sa génération, mérite en effet de figurer sur une scène internationale. Jaïbi s’est taillé une belle réputation grâce à ses pièces ciselées, à l’extrême ­rigueur de ses mises en scène et à son excellente direction d’acteurs. Après Soirée particulière et Jounoun, le voici de retour avec une thématique ô combien actuelle : l’intégrisme. Jouda, une enseignante voilée, se fait exploser dans la cour de son lycée. Pourquoi ? Avec cette question récurrente s’ouvre Corps otages, une pièce-procès, un tribunal en Tunisie. Témoins et complices se succèdent, interrogés par une police qui ne ménage ni ses mots ni ses manières. Une galerie de portraits se dessine, campés par d’excellents comédiens. Modernistes obstinés, nouveaux convertis, islamistes décidés à venger l’honneur bafoué de la Oumma, rêveurs impénitents, mystiques persuadés de chasser le mal à coups de prières, nationalistes forcenés… Tout est dit à partir d’une gestuelle de prières et de circonvolutions, sur une partition crescendo de cris de torture, à travers un texte en dialecte tunisien (sous-titré pour le public non arabisant). Reste la tension permanente des interrogatoires, le ballet macabre des voiles, le désarroi d’individus pris en tenailles entre des modernistes oppresseurs et des islamistes rêvant d’instaurer la charia. L’on s’étonne toutefois que ce scénario-catastrophe trouve pour scène la Tunisie. Ni l’histoire ni les mœurs de ce pays ne s’y prêtent, malgré la résurgence réelle du foulard et le débat qui l’entoure actuellement. Les hidjab à l’iranienne, comme la teneur tragique du texte, se détachent sans cesse du contexte tunisien comme un masque qui ne collerait pas au visage. De même que la thèse d’un terrorisme féminin a du mal à convaincre. Il y a donc un hiatus entre le propos et le lieu où il se tient, entre le drame et ses interprètes tunisiens, qu’on dirait d’emprunt. En outre, si le texte est d’une grande intelligence d’analyse, il tombe dans le travers de vouloir tout expliquer, ne laissant au spectateur aucune marge d’interprétation personnelle. On sort brisé et sans espoir. S’ajoute l’impression d’avoir fait endosser à la Tunisie une fiction qu’il est abusif de présenter comme la réalité de demain. Et l’effroi de voir les tchadors investir l’espace de l’art après celui de la cité, nous rattrapant sur une scène européenne devenue indirectement une tribune où éclate le dilemme de l’élite arabe : faut-il diaboliser les islamistes ou tenter de les comprendre ? Leur ouvrir l’espace politique ou les en priver ? Tout cela est brillamment analysé, certes, mais sans émotion. On s’attendait à ce que Fadhel Jaïbi renoue d’autant plus avec la facture universelle de ses pièces qu’il est invité à l’Odéon. Il a, semble-t-il, cédé aux sirènes islamistes et à la fascination occidentale pour les barbes et les fichus. (Source : Jeune Afrique N° 2371 du 18 au 24 juin 2006)

La pièce de Jalila Baccar sur l’islamisme et son éradication est interdite en Tunisie.

L’Odéon, porte de sortie pour «Corps otages»

Par Maoea BOUTEILLET Corps otages de Jalila Baccar, ms Fadhel Jaïbi. Théâtre de l’Odéon, Paris VIe. Samedi à 20 heures. Rens. : 01 44 85 40 40. C’est sans doute la première fois que l’on entend de l’arabe à l’Odéon. Et des youyous à l’heure des bravos. Avec Corps otages de Jalila Baccar, mis en scène par Fadhel Jaïbi, figure de la scène tunisienne, le théâtre de l’Europe se trouve investi d’un rôle politique imprévu : celui d’accueillir un spectacle censuré dans son pays. Au festival d’Avignon où il présentait Junun (démences), le metteur en scène affirmait : «Les libertés publiques sont sujettes à caution, la presse est muselée, mais il y a des gens, comme moi, qui peuvent travailler. C’est une liberté arrachée, tolérée.» Aujourd’hui la «situation s’est durcie» au point que l’équipe du festival de Carthage attendue à Paris s’est vu notifier une interdiction de programmation. Il faut dire que l’homme de théâtre et sa complice et compagne Jalila Baccar ­ auteure et actrice de la compagnie ­ ne mâchent pas leurs mots et abordent là un sujet délicat : celui de l’islamisme et de son éradication par une police musclée. En filigrane, le sort des opposants de tous poils, la détresse d’une jeunesse manipulée et sans horizon, la falsification de l’histoire, la presse muselée. L’intrigue, de pure fiction, (censée se dérouler entre novembre 2005 et mars 2006) évoque, avec ironie, le «succès international» du Sommet mondial de l’information. On s’attache d’abord à Amal, jeune fille de milieu aisé et d’éducation laïque gagnée récemment au fondamentalisme, arrêtée au lendemain de l’attentat suicide d’une de ses amies. Puis à l’itinéraire de ses parents, ex-militants communistes, qui fréquentèrent assidûment les geôles de Bourguiba. Porteur de questions rarement évoquées sur les scènes françaises, le texte plein d’humour, écrit à l’appui du travail avec les acteurs, mêle styles, époques et niveaux de langue. Loin d’un théâtre documentaire, la transcription scénique est des plus sobres, jeux d’ombres et de corps. Comme pour Junun, l’entrée en scène, dans un grand calme, des acteurs de Jaïbi ­ ici, des femmes voilées ­ dégage une force impressionnante. Revers de la médaille, la tentation de faire image, à l’instar d’une bande-son inutilement dramatisante. S’il interroge l’histoire politique et la société tunisienne actuelle, le metteur en scène opère par les moyens physiques d’un théâtre chorégraphié au millimètre. Au corps explosé de l’enseignante répond avec justesse le mouvement choral des acteurs, pour ausculter les déchirures du corps social de la Tunisie contemporaine. (Source : « Libération » (France) du 10 juin 2006) URL: http://www.liberation.fr/page.php?Article=389069

Une implacable sobriété

Corps otages de Jalila Baccar à l’Odéon

Armelle Héliot Théâtre. Entre l’oratorio et la chorégraphie, Jalila Baccar (texte) et Fadhel Jaïbi (mise en scène) proposent une passionnante plongée au coeur de la société tunisienne, aujourd’hui. Sur un plateau nu – juste un espace, carré, comme un tapis orangé pour exercices spirituels –, un plateau qui semble flotter au milieu de la noire cage de scène à découvert, dans la salle sublime de l’Odéon si magnifiquement réhabilitée, une douzaine d’interprètes, hommes et femmes – et parmi elles Jalila Baccar – racontent la vie d’une jeune professeur de physique qui bascule et se détruit. Il s’agit d’une enquête. Le texte a délibérément parfois la froideur qu’on attend du genre. Une très jeune femme, intelligente et sensible, élevée dans une Tunisie moderne, ouverte, choisit – mais toute la question qui hante cette proposition est justement celle des conditions du «choix» – de devenir une musulmane intransigeante, de se voiler et de sacrifier spectaculairement sa vie dans la cour de l’établissement où elle enseigne… Le texte est dense et il est parfois fastidieux de lire sans cesse le sur titrage. Mais on comprend que cette équipe artistique ait choisi de jouer en langue arabe, même à Paris. Attention, s’il s’agit d’un propos engagé, militant, il n’y a nulle propagande dans la démarche de Jalila Baccar et de Fadhel Jaïbi. La troupe est d’une discipline grande et les tensions qui innervent le texte sont traduites sur le plateau en mouvements obsédants, variation des registres, passages d’une narration «off» au jeu du plateau. Il y a un aspect de document dans ce travail sobre et noble, un travail courageux aussi qui dit bien, avec lucidité, ironie, une certaine férocité et beaucoup de compassion pourtant, combien les consciences peuvent être pour jamais déchirées. Théâtre de l’Odéon, jusqu’au 10 juin. Tél. : 01 44 85 40 40. En langue arabe avec surtitrages très précis. A noter, à Berthier, les 9, 11, 16 et 18 juin, un festival de jeunes acteurs présentés par leurs écoles. (Source : « Le Figaro » du 09 juin 2006)

Ahmed Fouad Negm

Poétique de l’engagement

par YASRINE MOUAATARIF À 76 ans, le poète égyptien, qui a écrit la plupart des chansons du cheikh Imam, n’a rien perdu de son souffle libertaire. « Gloire aux fous / dans ce monde stupide ! » Ces deux vers, Ahmed Fouad Negm les a calligraphiés sur le mur de sa modeste chambre, dans l’immeuble d’un modeste quartier du Caire. « Folie » et « modestie », les deux leitmotive de ce poète furieusement libertaire. Celui que ses concitoyens appellent affectueusement « Fagoumi ». Car, à 76 ans, Negm a beau être modeste, il n’en demeure pas moins un véritable monument en Égypte, et dans tout le monde arabe. « Ses poèmes, c’était la Al Jazira de l’époque ! Il osait parler vrai en en payant le prix », se souvient un intellectuel arabe. Une popularité qu’il doit à une verve débridée et à une plume acérée. Depuis plus de quarante ans, rares sont ceux qu’il a épargnés. Sa cible de prédilection : les grands de ce monde, à commencer par les Égyptiens, de Nasser à Moubarak en passant par Sadate. Il est l’auteur de la plupart des chansons du célèbre cheikh Imam, luthiste aveugle à la voix chevrotante qui enflammait les foules. Ensemble, ils ont longtemps formé un tandem de choc et ont connu le succès – et les geôles – depuis leur rencontre en 1962 jusqu’à la mort du cheikh en 1997. Au total, Ahmed Fouad Negm aura passé plus de dix-huit années de sa vie derrière les barreaux. Il n’a pas 30 ans lorsqu’il est emprisonné pour la première fois. À l’époque, il n’est pas encore poète, ou du moins il l’ignore. La rumeur l’accuse de vol et de fabrication de faux billets… Vrai ? Faux ? Toujours est-il que Negm trouvera dans la réclusion l’inspiration de son tout premier recueil, Images de la vie et de la prison, publié en 1959. Il écrit dans sa propre langue, l’égyptien tel qu’il est parlé dans la rue. À sa sortie, c’est la rencontre avec le cheikh, pour qui il rédige d’abord des textes mystiques, puis des chansons d’amour. Mais de simples artistes populaires, ?les deux hommes allaient très vite devenir de véritables emblèmes de la chanson arabe contestataire. C’est l’année 1967 qui marque véritablement la naissance du duo. À l’époque, l’Égypte de Nasser se remet difficilement de la « naksa », la cinglante défaite de la guerre des Six-Jours. C’est le moment que choisit le poète pour célébrer l’événement avec ce cynisme rigolard dont il a le secret. Il écrit alors « À la gloire des héros d’Égypte », une chanson aux paroles faussement enjouées dont le rythme entraînant contraste avec la tragédie ambiante. Le succès, immédiat auprès des Égyptiens, n’est cependant pas du goût du raïs, qui jette chanteur et parolier au cachot. Le mythe était né. « Le Nil assoiffé », « Chanson pour la Palestine », mais aussi « Guevara est mort », « Papa Nixon », et même un morceau dédié à « Giscard d’Estaing »… leurs pamphlets rythmés ont fait le tour du monde arabe, de Rabat à Riyad, parfois sous le manteau. Admirateur et ami du poète, le pamphlétaire marocain Ahmed Snoussi, plus connu sous le nom de Bziz, se souvient : « Dans le Maroc des années 1970-1980, on reconnaissait les chambres d’étudiants engagés à deux choses : le poster du Che, et les cassettes de Negm et du cheikh Imam… Pour moi, il ne fut pas un prisonnier politique mais bien un “prisonnier poétique”. Car Negm, “l’étoile” en arabe, est un poète avant d’être un militant. » Des générations entières se sont ainsi délectées de son verbe insolent. Et même loin de la chose politique, Negm est toujours resté irrévérencieux. Dans l’une de ses plus célèbres chansons, « Le Chien de la Dame », c’est l’icône intouchable – celle qu’on dit être en Égypte la plus sacrée après Dieu – la diva Oum Kalsoum, qu’il écorne. Le « crooner » Abdel Halim Hafez ne sera pas moins épargné. Orphelin depuis la mort du cheikh Imam, Ahmed Fouad Negm demeure toujours aussi fantaisiste, et engagé, tour à tour désinvolte et révolté. Et les années n’ont entamé ni son talent ni sa verve. L’artiste est de toutes les manifestations aux côtés du mouvement Kifaya (« Assez ! »), qui s’est formé contre la réélection du président Moubarak en septembre 2005. Ce sont ses chansons que reprenaient en chœur les centaines de manifestants, brandissant comme autre symbole des portraits… d’Oum Kalsoum. Fidèle à lui-même, il a même déclaré en mai dernier à un journaliste du New York Times : «Le pouvoir a toujours été détenu par les pharaons, mais, autrefois, ils étaient plus honorables. » (Source : Jeune Afrique N° 2371 du 18 au 24 juin 2006)


 
Hommage . Symbole vivant de la gauche marxiste, figure de proue de l’opposition, Nabil Al-Hilali vient de s’éteindre à 77 ans. Quelques semaines encore avant sa mort, il avait pris activement part à la défense des juges Mekki et Bastawissi.

« L’avocat du peuple » n’est plus

Sa modestie était légendaire, son engagement militant exemplaire. Au point que certains l’appelaient « le saint ». Comment qualifier autrement un homme qui avait pris la décision de rompre avec son père, Naguib pacha, premier ministre sous Farouq, propriétaire de 700 feddans de terres sans compter les palais, et d’abandonner tous ses droits sur son héritage pour se consacrer corps et âme à la défense des travailleurs et de tous les « sans », sans-droits, sans-terres, sans-avocats.

Il avait ainsi pris la défense, lors de l’un de ses procès les plus célèbres, de Safouat Abdel-Ghani, accusé d’avoir assassiné le président de l’Assemblée du peuple, Réfaat Al-Mahgoub. Au bout d’une exténuante plaidoirie de 16 heures, il avait réussi à faire reconnaître que l’accusé n’était pas impliqué dans cet assassinat. Il s’agissait pour lui de garantir le droit des accusés à un procès équitable, devant des cours civiles, et non militaires, ainsi que le droit de l’ensemble des courants politiques à l’_expression, même ceux avec lesquels il était en profond désaccord.

C’était un choix profondément cohérent avec l’ensemble de son parcours politique.

Né en 1928, Nabil Al-Hilali était devenu communiste en 1946. C’est dans un tribunal, lors d’une rencontre avec Youssef Darwich, « l’avocat des ouvriers », décédé le mercredi 7 juin dernier (Voir Al-Ahram Hebdo n°614), où Al-Hilali défendait avec son père une grande entreprise de pétrole, qu’il a fait subitement volte-face et décidé de prendre la défense des ouvriers face à son père.

La voie était tracée, pour toute une vie. Tour à tour membre de l’Organisation des communistes égyptiens et du Parti communiste unifié, il avait été l’un des fondateurs du Parti socialiste du peuple en 1989. Comme les autres militants de sa génération, il a connu la prison en 1972, lors du mouvement estudiantin, puis en 1981, avec tous les intellectuels arrêtés par Sadate. Mais les années les plus dures ont été, comme pour beaucoup, celles du bagne à l’époque de Nasser, de 1959 à 1964, en même temps que sa femme, Fatma Zaki, détenue, elle, de 1959 à 1963.

Après la mort, en avril 2004, de celle qui avait, plus qu’une épouse, été la compagne de toute une vie de militantisme, il avait annoncé qu’il « continuerait le chemin tout seul ». Il avait ainsi, entre autres, pris la défense des paysans expulsés de leurs terres à Serando, accueilli les « ouvriers de l’amiante » et suivi leur dossier, tout en intervenant dans les meetings contre l’occupation de l’Iraq et de la Palestine. Et surtout, il luttait pour l’unité de la gauche radicale, du Parti communiste à l’extrême gauche.

Peu d’hommes se sont aussi totalement dévoués à une cause. S’ils s’étaient, avec son épouse, « jurés de vivre communistes et de mourir communistes », comme il le raconte dans un article d’adieu, l’aura d’Al-Hilali était telle qu’il était sans doute l’une des rares personnalités à « faire l’unanimité » dans les rangs de l’opposition. Beaucoup, au lendemain de sa mort, se sentiront orphelins .

Dina Heshmat

(Source: Al Ahram Hebdo, 21 juin 2006)

http://hebdo.ahram.org.eg/arab/ahram/2006/6/21/egypt2.htm


America’s message to the Muslim world

Craig Charney and Steven A. Cook The Boston Globe WEDNESDAY, JUNE 21, 2006   Secretary of State Condoleezza Rice shocked Indonesia during a recent trip. Instead of focusing on familiar U.S.-Indonesia issues – terrorism, business and military ties – Rice promised funds for an Indonesian version of the children’s television program « Sesame Street. » The Muslim nation saw her unveil America’s newest agent abroad – a big red puppet named Elmo. A local blogger wrote, « This is one export the United States can be truly proud of. » The news from the Muslim world is not that anti-Americanism has grown – that’s old hat. The real news is that America’s image in Muslim lands is starting to get better. Government and corporations are retooling U.S. public diplomacy in the Middle East, South Asia and Southeast Asia, with encouraging results. Still, America’s efforts remain paltry compared with private-sector marketing campaigns. Puppet diplomacy can help, but restoring America’s image will take much more. Although Americans have seen numerous reports of growing anti-Americanism in Arab and Muslim countries since 2001, this is not the whole story. In focus groups conducted for the Council on Foreign Relations in Egypt, Morocco and Indonesia, people still admired American education, science, economic strength and law. Moreover, polls show that immediate local issues – education, political change, corruption and job opportunities – concern most Muslims more than Iraq and the West Bank. These findings suggest bases for a more effective public diplomacy. The U.S. message in the Muslim world should be that America is a partner in development and democracy. Since Karen Hughes became under secretary for public diplomacy and public affairs last year, she has begun to craft a message about reform and change. Rice’s speech to Jakarta intellectuals stressing partnership in education and health care was another notable change. The U.S. Agency for International Development has begun a pilot program plugging its good works in Indonesia. The recent earthquake there was followed by widely reported American relief efforts, too. Together with America’s generous, well-publicized relief after the devastating 2004 tsunami, these efforts have turned around perceptions of America among Indonesians. The latest poll shows 44 percent are favorable to America and 41 percent unfavorable. That’s quite a shift from the 85 percent unfavorable to 15 percent favorable ratio found in a 2003 poll. Realizing that anti-Americanism is bad for business, the private sector is also getting involved. Hughes encouraged U.S. business leaders to contribute $100 million to earthquake-stricken Pakistan, while ExxonMobil, McDonald’s, Microsoft and other big companies formed Business for Diplomatic Action, which seeks to rebuild bridges overseas. This good news is obviously welcome, but much remains to be done. The worldwide U.S. public diplomacy budget is only $350 million – one-fifth of Coke’s global ad spending for its products. Of course, a new American approach to communicating with Muslims faces obstacles. One cause of Muslim outrage is the gap between America’s democratic rhetoric and the reality of Washington’s support for authoritarian leaders in the Islamic world. American talk of democracy and reform will not be credible if it is just spin; it must be reflected in deeds, too. Moreover, there are limits to even the best communication effort. Policy differences over Iraq, and the war on terror (which, to many Muslims, looks like a war on Islam) affect how Egyptians, Pakistanis and other Muslims see America. Nevertheless, the evidence indicates that renewed U.S. efforts have started to change Muslim minds about America. Greater success will take more public and private resources, along with tact and creativity. Reaching the Muslim world demands a more serious effort by America to put its best foot forward – even if it is a red and furry one. Craig Charney is president of Charney Research, a polling firm, and a consultant to the Council on Foreign Relations, where Steven A. Cook is a fellow.
 
(Source: International Herald Tribune le 21 juin 2006)

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