2 décembre 2008

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TUNISNEWS

8 ème année,N° 3115 du 02.12.2008

 archives :www.tunisnews.net  


IFEX: Invitation à participer à une rencontre de solidarité, à Beyrouth, avec les journalistes et les défenseurs de la liberté d’expression en Tunisie

IFEX: Invitation to Tunisia Solidarity Event in Beirut Honouring Activists and Journalists Under Threat

Radhia Nassraoui, invitée d’Amnesty International à l’occasion de la sortie du livre « Défenseurs des droits humains »

AP: Tunisie: le gouvernement annonce une réforme électorale en faveur de l’opposition AFP: Alger souhaite l’extension du Réseau méditerranéen de lutte contre la drogue AP: UPM: Jean-Pierre Raffarin plaide pour l’accélération des projets Le Temps: « Ouled Lenin » de Nadia el Fani – Communisme tunisien: Naissance et mort d’une utopie Le Temps:  Congrès de l´ATFD – Sana Ben Achour élue présidente ! Sonia.D: SALUT Ô FRÈRES THAÏLANDAIS

Tel Quel: Christine Lagarde, ministre Française des finances  » La finance islamique présente bien des avantages »


Liste actualisée des signataires de l’initiative du Droit de Retour : http://www.manfiyoun.net/fr/listfr.html Celles et Ceux qui veulent signer cet appel sont invités à envoyer leur: Nom, Pays de résidence et Année de sortie de la Tunisie sur le mél de l’initiative : manfiyoun@gmail.com


 

 

Invitation à participer à une rencontre de solidarité, à Beyrouth, avec les journalistes et les défenseurs de la liberté d’expression en Tunisie

 
28 novembre 2008 Le Groupe d’observation de la Tunisie (TMG) vous invite à participer à une rencontre spéciale sur la Tunisie, qui aura lieu en marge des travaux du 3ème forum de la presse arabe indépendante, qui sera organisé à Beyrouth les 12 et 13 décembre 2008 par l’Association mondiale des journaux (AMJ) et le quotidien libanais An-Nahar. L’ordre du jour du forum comporte un tour d’horizon sur la situation de la presse dans le monde arabe. Le 12 décembre à 16h30, une rencontre sera organisée en l’honneur des partenaires tunisiens du TMG. L’avocat et ancien prisonnier d’opinion, Mohamed Abbou – qui a été emprisonné pour ses écrits sur Internet – prononcera une allocution, pendant sa première apparence internationale depuis juillet 2007, date de sa libération. Le TMG formule l’espoir que les autorités tunisiennes ne priveront pas Me Mohamed Abbou de son droit au voyage comme elles l’ont fait plusieurs fois durant les derniers mois pour l’empêcher de participer à des événements internationaux. Parmi les autres amis tunisiens qui accompagneront Me Mohamed Abbou, figurent Mmes Neziha Rejiba et Sihem Bensedrine, rédactrices du Webmagazine Kalima. Mme Rejiba occupe les foncions de vice-présidente de l’Observatoire de la Liberté de Presse, d’Edition et de Création (OLPEC) en Tunisie, membre de l’IFEX, et dont Mme Bensedrine est la secrétaire générale. Lotfi Hidouri d’OLPEC fera également partie de la délégation tunisienne. Mme Rejiba parlera, à cette occasion, de l’acte de sabotage commis contre le site du Webmagazine Kalima (www.kalimatunisie.com) et des attaques similaires subies par d’autres sites électroniques tunisiens, en plus de l’affaire instruite, actuellement, contre elle à cause de certains de ses écrits. Des représentants de la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’homme (LTDH) et du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) seront également présents à cette rencontre. La rencontre sera organisée à l’hôtel Monroe à Beyrouth. Le débat sera animé par Rohan Jayasekera, de l’organisation Index on Censorship, qui préside actuellement le TMG. M. Rohan Jayasekera a déclaré, à ce propos : « Le moment est venu pour la communauté internationale de prendre conscience de l’ampleur des restrictions et des harcèlements que subissent les journalistes indépendants et les défenseurs de la liberté d’expression en Tunisie. Nous invitons les journalistes de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord à faire la lumière sur les multiples violations de la liberté de la presse en Tunisie, les procès intentés dans ce pays pour délits de presse, les attaques répétées contre les sites électroniques et la censure systématique». Cette rencontre, qui sera suivie d’une réception en l’honneur des amis tunisiens, offrira aux participants l’opportunité de discuter avec les journalistes présents au forum de l’amplification de la censure et des restrictions à l’encontre des journalistes et des acteurs de la société civile en Tunisie. La Forum sera clôturé par les allocutions de M. Frank La Rue, rapporteur spécial de l’ONU sur la liberté d’expression, et Gavin O’Reilly, président de l’AMJ. Quelque 120 journalistes, éditeurs et défenseurs de la liberté d’expression dans le monde participeront à ce forum. La cérémonie de clôture sera dédiée à la mémoire de l’éditeur Gebran Tueni, assassiné en décembre 2005, et qui était durant plusieurs années membre du conseil d’administration de l’AMJ. Un prix spécial sera attribué à cette occasion au directeur d’une publication arabe qui se serait distinguée dans la promotion des valeurs défendues par Gebran Tueni. La participation à cette rencontre est gratuite. Un service de traduction simultanée en arabe, français et anglais sera assuré. Pour plus d’informations et pour s’inscrire au forum, prière visiter le site : http://www.wan-press.org/arabfreepressforum/home.php Le TMG est une coalition formée de 18 organisations membres du réseau de l’Échange international de la liberté d’expression (IFEX). Pour plus d’informations sur TMG : http://campaigns.ifex.org/tmg/fr_index.html Nous remercions spécialement AMJ, le ministère norvégien des affaires étrangères et l’Institut Open Society pour avoir aidé le TMG à rassembler et à honorer les journalistes et les défenseurs de la liberté d’expression en Tunisie.  

 

Invitation to Tunisia Solidarity Event in Beirut Honouring Activists and Journalists Under Threat

 

 
28 November 2008 Members of the IFEX Tunisia Monitoring Group (TMG) would like to invite you to a special event highlighting Tunisia during the 3rd Arab Free Press Forum hosted by the World Association of Newspapers (WAN) in Beirut, Lebanon, on 12 and 13 December 2008. A joint initiative of WAN and the Lebanese « An-Nahar » daily newspaper, the Forum will provide an overview of the latest press developments in the Arab world. At 16h30 on 12 December, the TMG, hosted by WAN, will honour our Tunisian partners, featuring remarks by Mohamed Abbou, the noted human rights lawyer and former prisoner of conscience who was jailed for his Internet writing. We hope that he will not be prevented from travelling again and will be able to make his first international appearance since his release from prison in July 2007. Other Tunisian guests will include Naziha Rjiba and Sihem Bensedrine, Editors of « Kalima » online magazine and respectively Vice President and Secretary General of IFEX’s member in Tunisia, the Observatory for the Freedom of Press, Publishing and Creation in Tunisia (OLPEC). Lotfi Hidouri of OLPEC will also participate. Rjiba will speak about the recent destruction of « Kalima » and other websites, as well as court cases against her resulting from her reporting on the incident. Representatives of the Tunisian League for Human Rights (LTDH) and the Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT) will also attend. The event, taking place at the Monroe Hotel in Solidere, will be facilitated by TMG Chair Rohan Jayasekera of Index on Censorship. « The time has come for the international community to recognise that human rights defenders and independent journalists in Tunisia are under great constraints. We ask journalists in the region to bring to light the ever-expanding list of violations facing independent media including recent court cases, Internet hacking and constant surveillance, » says Jayasekera. Please join us at this event and a reception to honour our friends. The event will give the Tunisians the opportunity to talk with other participants and local journalists to discuss the increased censorship and harassment facing journalists and civil society activists in Tunisia. The Forum will be closed by UN Special Rapporteur on Freedom of Expression, Frank La Rue, and WAN President Gavin O’Reilly. Around 120 leading publishers, journalists and press freedom advocates are expected to take part in discussions and to benefit from networking opportunities. The closing ceremony will pay special tribute to Lebanese publisher Gebran Tueni, a long-standing WAN Board Member and press freedom advocate, murdered in December 2005. An award will be presented to an Arab newspaper executive, embodying the qualities Tueni epitomised. Attendance to the Forum is free of charge and simultaneous translation into Arabic, French and English will be available. For more information on the conference panels, schedule of events and registration, click here (http://www.wan-press.org/arabfreepressforum/home.php) The TMG is composed of 18 members of the International Freedom of Expression eXchange (IFEX). For more information on the TMG, visit: http://campaigns.ifex.org/tmg/ The TMG event is made possible thanks to support from WAN,  the Norwegian Ministry of Foreign Affairs, and the Open Society Institute.

 

Radhia Nassraoui, invitée d’Amnesty International à l’occasion de la sortie du livre « Défenseurs des droits humains ».

 
Alors que la Déclaration universelle des droits de l’homme fête en 2008 ses 60 ans, la Déclaration sur les défenseurs, texte qui fonde et reconnaît internationalement leur rôle et consacre le besoin de les protéger, fête, elle, ses 10 ans. À cette occasion, AMNESTY INTERNATIONAL et les ÉDITIONS AUTREMENT publient un ouvrage de portraits de défenseurs accompagné d’une exposition de photographies issues du livre, afin de souligner l’engagement de tous les instants de ceux qui se battent pour que les droits humains soient enfin une réalité pour tous et partout dans le monde. Une rencontre autour du livre et d’une exposition En présence de Christian Courrèges, photographe Stéphane Hessel, Ambassadeur de France ( sous réserve) Michel Forst, secrétaire général de la CNCDH Geneviève Garrigos, présidente d’Amnesty International France Radhia Nasraoui, défenseure des droits de l’homme Le mercredi 3 décembre 2008 à partir de 18h30 Lieu : ESPACE AUTREMENT – 77, rue du Faubourg-Saint-Antoine – 75011 Paris Métro : Bastille ou Ledru-Rollin – Parking avenue Ledru-Rollin Pour toute information  contacter, Hélène Desodt Coordinatrice Programme Défenseurs des Droits Humains Amnesty International France www.amnesty.fr/defenseurs 76 boulevard de la Villette 75019 Paris +33.(0)1.53.38.65.28


Tunisie: le gouvernement annonce une réforme électorale en faveur de l’opposition

 

 
AP Mardi 2 décembre, 22h39 Le premier ministre tunisien, Mohamed Ghannouchi, a annoncé mardi soir une prochaine réforme du code électoral qui accroîtra la présence de l’opposition au sein de la chambre des députés et des conseils municipaux. Selon M. Ghannouchi, qui s’adressait à la première chambre du Parlement à la clôture de la discussion du budget de l’Etat pour 2009, la réforme portera le nombre de sièges réservés aux partis de l’opposition de 37 actuellement à 50 au cours de la prochaine législature. Sur les huit formations de l’opposition légale, seules cinq sont actuellement représentées à la chambre des députés dominée par le parti au pouvoir, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), qui dispose de 80% des 189 sièges. Deux partis radicaux, le parti démocratique progressiste (PDP) et le Forum démocratique pour les libertés et le travail (FDLT) n’y siègent pas. Cette réforme précède les élections présidentielle et législatives prévues en Tunisie en octobre 2009. Le premier ministre s’est fait l’écho de « l’attachement du président Zine El Abidine Ben Ali à faire en sorte que ces élections se dérouleront dans les meilleures conditions et dans la transparence totale ». AP

Alger souhaite l’extension du Réseau méditerranéen de lutte contre la drogue

 

 
AFP, le 1er décembre 2008 à 18h25 ALGER, 1 déc 2008 (AFP) –  L’Algérie souhaite que le Réseau méditerranéen de coopération dans la lutte contre la drogue MedNET soit « soutenu » et « étendu » à tous les pays de cet espace, a indiqué lundi à Alger un responsable de la lutte anti-drogue. « L’Algérie aspire à ce que le réseau soit soutenu et étendu à tous les pays de l’espace méditerranéen avec ses des deux rives et plus que cela », a déclaré Abdelmalek Sayeh, directeur général de l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLDT), à l’occasion de la cinquième réunion du Réseau MedNET. Le Réseau a été lancé en mai 2006 pour promouvoir la coopération, l’échange et le transfert réciproque d’informations entre les pays de l’espace méditerranéen. La réunion s’achèvera par l’adoption d’un projet de programme de travail de ses membres (Algérie, Liban, Maroc, Tunisie, Espagne, France, Italie et Portugal) pour 2009. Rappelant que près de 18 tonnes de cannabis et quelque 900.000 comprimés psychotropes avaient été saisis en Algérie au 30 septembre 2008, le directeur a précisé que plus de 2.000 trafiquants de drogue avaient été arrêtés cette année. Pour lui, les réseaux de trafic de drogue ont un lien « organique » avec les réseaux terroristes et criminels, « les fonds de la drogue servant à financer le terrorisme », ajoute l’APS. M. Sayeh a indiqué que les plus grosses prises étaient enregistrées dans l’Ouest du pays, notamment à Oran, considérée comme une « porte ouverte sur l’Europe ». L’Algérie est voisin du « premier producteur au monde de cannabis, soit 60% de la production mondiale », a-t-il dit, citant les statistiques des agences spécialisées des Nations unies et réclamant une meilleure coopération entre l’Algérie et le Maroc dans ce domaine. AFP

UPM: Jean-Pierre Raffarin plaide pour l’accélération des projets

 

 
AP Dimanche 30 novembre, 17h32 L’ancien Premier ministre français Jean-Pierre Raffarin, en visite à Alger, a plaidé dimanche en faveur de l’accélération de projets inscrits dans le cadre de l’Union pour la Méditerranée (UPM) pour éviter de « fragiliser » les pays de la rive sud de la région. Lire la suite l’article « Il faut que l’UPM ait cette capacité d’accélérer un certain nombre de projets (…) pour éviter le marasme qui serait fragilisant pour l’ensemble des pays de la région », a-t-il déclaré lors d’une conférence sur la « diversité culturelle » et la « mondialisation » animée à l’Ecole supérieure algérienne des affaires. M. Raffarin a appelé à une « dynamique » mondiale de relance économique, visant à réhabiliter le rôle des Etats dans le soutien à l’investissement à travers des projets dans les domaines de la recherche, l’éducation et le secteur des services. Cette relance, pour ce qui concerne l’Europe, doit selon lui cibler « ses premiers partenaires », à savoir les pays du Maghreb dont l’Algérie. « Les Européens doivent réfléchir à tout ce qui se passe dans le sud de la Méditerranée où ils ont un certain nombre de partenaires, qui ne doivent pas souffrir d’une relance caractérisée par un égoïsme continental », a-t-il avancé. L’ancien chef du gouvernement français a par ailleurs appelé à un « humanisme méditerranéen » ayant pour valeur le « respect réciproque » entre les nations pour aboutir à un équilibre entre la rive nord et la rive sud du bassin méditerranéen. AP Associated Press  

 

Vie associative Congrès de l’Association Tunisienne des Femmes Démocrates (ATFD) Sana Ben Achour élue présidente !

A l’issue des travaux du 8ème congrès de l’Association Tunisienne des Femmes Démocrates (ATFD) qui se sont déroulés du vendredi au dimanche tard dans la soirée Mme Sana Ben Achour a été élue présidente de l’Association pour un mandat de deux ans. Les congressistes après l’adoption des motions du congrès qui retracent les grandes lignes du programme d’activités de l’ATFD et ses constantes ont élu les 9 membres du comité directeur. Ces derniers se sont ensuite réunis et ont procédé à l’élection de la présidente et à la répartition des tâches au sein du comité directeur. En voici la composition du nouveau comité: Mme Sana Ben Achour : président Mme Safia Farhat : secrétaire générale Mme Assia Ben Hassen : Trésorière Mme Hlima Jouini : chargée des relations extérieures Mme Fethia Hizem : chargée de l’information Mme Néjiha Boujomâ : chargée de la santé Mme Mounia Ben Jimaâ : chargée des affaires juridiques Mme  Saïda Garrache : chargée du travail Mme Dahmani Rajâa : chargée de l’éducation Néjib SASSI (Source: « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 2 décembre 2008)  

« Ouled Lenin » de Nadia el Fani Communisme tunisien: Naissance et mort d’une utopie

 
La période post indépendance a été  marquée par la naissance de la première République Tunisienne, un  Etat souverain  très vite façonné et dirigé par le Destour, le parti indépendantiste  dont la figure emblématique est Bourguiba , le premier Président de notre pays. Au même moment, le parti communiste se frayait un chemin  vers le pouvoir  se nourrissant de ses idéaux et promesses de victoire jusqu’à la grande désillusion. C’est à cette période là que le père de Nadia El Fani a vécu son rêve rouge et son combat léniniste. Le documentaire recueille des témoignages  sur ce qu’a été le parti communiste vu de l’intérieur, par les anciens  » camarades « . Béchir El Fani est le principal témoin. La réalisatrice  prend le temps de faire le portrait de son père avec un regard d’amour et d’admiration. Avec la curiosité d’un enfant jamais rassasié, elle le laisse raconter sa biographie  et décrire les différentes dimensions de sa personne, alors que  les  autres témoins ne font que brosser l’histoire du communisme.  Se joignent à Béchir Al Fani des ex partisans comme Mondher  Bel Haj Ali, des exilés en Europe, juifs et arabes, hommes et femmes qui livrent les bribes de souvenirs qui leur restent de cette époque et analysent les raisons de l’échec de leur projet.  Les évènements se passent entre les années 60 et 70 où le parti communiste connait le plus grand nombre de militants et une certaine liberté de mouvement. Le milieu estudiantin est le bastion des militants, la plupart  des jeunes qui croient au changement et n’ont pas peur d’assumer leurs principes quitte à être tabassés. Au début, le parti communiste a atteint des records de popularité, puis il s’affaiblit peu à peu sous la pression du pouvoir en place jusqu’à ce qu’il soit totalement étouffé. Suivant ce dessin, les témoins analysent  la vie politique de l’époque, du succès comme de l’échec, de la stratégie comme de la naïveté. Ce qui frappe dans le témoignage des militants, c’est la différence de discours entre la première partie du doc et la fin. Faire l’éloge de ce parti, être fier d’en avoir fait partie, puis le critiquer dans son fondement ou le considérer comme un  » cadavre « . . Les témoins brossent  une brillante histoire du parti, mais à la fin la chute est dure ; le parti communiste est un lointain souvenir qui n’a presque plus de sens aujourd’hui. Les quelques témoins qui se disent encore communistes, ne semblent même pas convaincus. La réalisatrice a provoqué cette contradiction et l’a filmée avec subtilité et humour. Le documentaire est  essentiel .Chaque témoin explique  sa réflexion, sa vision de l’histoire. C’est une Tunisie inconnue qu’on découvre en écoutant les militants et militantes, un passé proche dont on ne parle pas. La suite d’évènements  qu’on arrive à assembler grâce à ces témoignages, explique beaucoup de la Tunisie actuelle. La paranoïa du parti au pouvoir dans les années 70 a conduit aux méthodes les plus risquées pour  maitriser la scène politique. La montée de l’islamisme pour contrecarrer les communistes n’est pas sans conséquence vingt ans après. On comprend mieux la Tunisie, les pouvoirs et les poids. Comprendre l’histoire politique pour pouvoir voir le futur, c’est ce que nous permet de réaliser cet intelligent documentaire. Hager ALMI (Source: « LE Temps » (Quotidien – Tunis), le 2 décembre 2008)


 
 

 

SALUT Ô FRÈRES THAÏLANDAIS.

Par Sonia.D
 
Être pour quelques jours en TUNISIE, profiter de la nuit dense du sud éternel, écouter à quelques mètres de ma couche,de ma bouche, de mon râle, de mon souffle,  au sommet de ma larme,  où mes amours, perdus ou retrouvés  respirent mes angoisses, mes fureurs, mes douleurs, mes joies et la fièvre du baiser et de la caresse, appeler les choses par leurs noms,  et dire aux étoiles filantes, ici je suis, ici je serais, ici je vis et ici je meurs, j’aime tes fièvres et ta folie mon beau pays de la démesure, tu aurais été un homme tu serais mon amant, j’aurais été ta courtisane, la dérive de ta semence  et le fruit de ton pêcher, je t’aime, et c’est si peu te dire ma folie. Je t’aime dans cette nuit belle qui déride mon cœur, qui floue mes souvenirs et mon sommeil, qui déchirem mes flancs et me pousse à aimer mes semblables. mon doux pays, quand je suis entre tes bras, la charogne je sais est toujours aux portes  de nos lieux communs , et même là, tu me manques. quand tu es en moi, ma terre, mon pays, je suis toujours en transit, sur AIR PARABOLE, le monde dans un clin d’œil, parce que  la vie, parce que la mort, parce que je veux t’arracher aux griffes des assassins, AIR PARABOLE, le monde dans un clin d’œil, la cinq française, MBC, CNN, BBC, et surtout ALJAZZIRA, C’est beau  Bangkok  .
 
SALUT FRÈRES THAÏLANDAIS.
 
    La Thaïlande  compte environ 70 millions d’habitants . Sa capitale est Bangkok ( la Cité des anges).Avec une guerre larvée dans les provinces musulmanes du sud. La démocratie thaïlandaise est  le fruit d’un coup d’état militaire, oui, mais les uniformes thaïs, qu’ils soient  militaires policiers ou pompiers, je suis convaincue maintenant qu’ils sont plus intelligent, moins stupides et certainement plus patriotes que les nôtres, ces derniers ne sont que des vulgaires sabreurs, leurs galons, leurs parades et tout le reste sont d’opérette, ils n’ont rien gagné au feu, et ont failli à leur mission sacrée, qui reste quand même, depuis toujours pour toutes les armées du monde, la défense de la parie, de la TUNISIE, et du peuple tunisien, or nos militaires, se sont rangés,  contre leur propre nation, leur propre peuple, du côté des exploiteurs, des spéculateurs, des criminels et des hommes de paille du néocolonialisme, la dictature tunisienne a beau sublimer le mensonge et accuser les démocrates tunisiens, qui exigent la liberté, la démocratie et la citoyenneté, d’être aux service de l’étranger, mais  dans l’esprit et la lettre,  le fond est la forme, c’est bien elle et BEN ALI à sa tête,  qui trahissent les idéaux  patriotiques, ce sont eux,  les hommes de paille et les mercenaires des ordres maffieux qui saignent le monde. SALUT Ô FRÈRES THAÏLANDAIS  Un gouvernement provisoire thaïlandais, il y’ a quelques années,  a mené à la tenue d’élections législatives, et la nomination d’un gouvernement qui paraissait représentatif, mais il s’est avéré être un gouvernement tricheur, véreux, la démocratie thaïlandaise est tellement solide par la mobilisation du peuple thaïlandais a réagis à cette usurpation, la rue à mobilisé les institutions, l’armée, la police et surtout la justice  et a démis ce gouvernement de tricheurs, la démocratie directe et participative a largement fonctionné , et la volonté du peuple fut respectée, le gouvernement  tricheur fut démis par une justice thaïlandaise autonome, c’est un exemple pour tous les peuples opprimés du monde, les peuples trahis, et humiliés, comme nous, nous tunisiens qui ne méritons pas  l’abjection de cette dictature sans nom.OUI, la justice thaïlandaise souveraine a tranché en faveur de la légalité constitutionnelle et la vérité. Voilà un cas  de mobilisation et de grandeur, dans l’honneur et la désobéissance civile, voici un exemple de courage et de pacifisme intransigeant et même, j’ose dire,  guerrier, l’armée et la police du peuple thaïlandais, fils du peuple, conscients et fidèles aux principes  des valeurs qui les animent,  sont resté neutres et respectueux de la constitution thaïlandaise, ils ont même sympathisé avec les millions de contestataires qui avaient occupé pacifiquement  les rues;  le premier ministre et son parti tricheur des élections reconnurent leurs tords et ont présenté leurs démissions, en attendant  que la justice se prononce sur leur cas, et en plus, pour que cette justice soit cohérente avec elle-même et inflexible,  le parti des tricheurs est interdit.Voilà une démocratie et une révolution citoyenne de justice et de droit, qui nous affirme que tout est possible, qu’il ne faut pas céder  au renoncement et aux compromissions,  qu’il faut que les démocrates s’unissent sur les valeurs et les principes pour être dans la paix et le progrés . SALUT Ô FRERES THAILANDAIS  J’envie ces frères thaïlandais, j’envie leur haut degrés de sagesse, de responsabilité et de maturité , même leurs tricheurs respectent  la justice, le droit et la constitution, et pendant ce temps,  la TUNISIE muselée,pervertie, dénudée sombre dans le népotisme, la dégénérescence et la décrépitude. SALUT Ö FRÈRES THAÏLANDAIS La Thaïlande,c’est 70 millions d’habitant, 6 à 7 fois  le nombre d’habitants de la TUNISIE (10 à 11 millions d’habitants). ELLE vit de l’agriculture, la transformation et l’exportation de produits agricoles, notamment du riz, qui sont l’ossature de son économie. Elle est  dépendante d’une monoculture qui l’a rendue extrêmement sensible aux fluctuations des cours mondiaux du riz et aux variations de la production (revue géopolitique, décembre 2006). Il ne reste pas moins  que son  PNB s’élève à 136,9 milliards de dollars, celui de la TUNISIE à 21,254 ( c’est toujours proportionnellement) . Le dynamisme de l’économie thaïlandaise repose sur une demande interne robuste (consommation et investissements privés),Grâce à un pilotage fin de sa politique économique, la société civile a largement contribué aux performances actuelles. Selon une stratégie baptisée  » dual track  » (la voie double), l’état thaïlandais ajuste son soutien en fonction de la conjoncture internationale : en période de ralentissement, les dépenses publiques soutiennent la consommation ; en période plus favorable, le rythme des dépenses diminue et l’état peut s’attaquer aux réformes plus structurelles. Cette politique est rendue possible par la situation remarquable des finances publiques, par la transparence et les systèmes de contrôle , démocratiques, mis en place à tous les échelles, ceci est possible en Thaïlande, parce qu’il existe des ONG , et des syndicats surtout, pluralistes et totalement libres , en TUNISIE, le pays et les organisations sont sous contrôle de la dictature, ceux qui refusent ses diktats et qui se battent  avec des moyens dérisoires, sont impitoyablement réprimées et pourchassées.     taux d’alphabétisation : 92,6% (de la population de + de 15 ans)Alphabétisation, pour la Thaïlande,  74,3 % POUR LA TUNISIE,       pourcentage de la richesse (PIB) qui provient de l’agriculture, de l’industrie et des services : agriculture : 10% industrie : 44,9% service : 45,5% (est. 2006)     richesse par habitant (PIB/habitant) : 9200$ pour la Thaïlande,(TUNISIE :2817 $)  Quant à la population active, elle atteint 3,593 millions de personnes mais la population active occupée totalise 3,085 millions de personnes[99], dont près de 30 % de femmes, Taux de chômage: 13,9%Population active 3,6 millions de personnes en 2007 (environ 24% de femmes). c’est  en ces domaine aussi, une preuve supplémentaire de la gravité de notre misérable situation
 
SALUT Ô FRÈRES THAÏLANDAIS
Libertés publiques complètement acquises et pratiquées en Thaïlande, malgré la conjoncture économique mondiale incertaine et la dépendance, un tourisme complètement laminé, après le tsunami, un presse  totalement libre, des institutions autonomes et représentatives, un parlement souverain, une opposition  vivante et active. Pourtant sur l’ensemble des données,  les potentiels et autres disponibilités de la Tunisie, et des tunisiens sont largement supérieurs, nous sommes naturellement mieux lotis, démographiquement nous sommes au top, sur le plan de l’atavisme historique, qui est de plus en plus important , l’homogénéité d’une nation est fondamentale, pour éviter les chocs psychique et psychologiques,  régionalistes ou culturels  le mal endémique. Le mal qui détruit en profondeur la TUNISIE  résulte  des agissements de la dictature et des détournements, de l’absence totale des libertés publiques et civiques. Voilà deux pays, la Thaïlande et la Tunisie,  qui sont , toute proportion gardée,  du même niveau, mais le premier progresse grâce à sa stabilité politique basée sur  la pratique démocratique, de la justice et la paix sociales,  et de la citoyenneté,  et le second, la Tunisie,  qui ne cesse de régresser, et de  sombrer dans la ruine  jusqu’à produire du malheur et de l’extrémisme,nous sommes  dans la débâcle,  grâce à la dictature de BEN ALI  aux méthodes passéistes, barbares et dépassées d’un dictature illégitime et maffieuse MERCI Ô FRÈRES THAÏLANDAIS. http://elkhadra.over-blog.com/article-25388260.html


Christine Lagarde, ministre Française des finances  » La finance islamique présente bien des avantages »

L’équipe d’Oumma était présente au II ème Forum Français de la Finance Islamique organisé par Secure Finance et la Chambre de commerce franco-arabe à Paris le 26 novembre. Nous diffusons aujourd’hui le discours de Christine Lagarde, Ministre de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi prononcé à cette occasion. Voir la vidéo http://www.oummatv.tv/Christine-Lagarde-La-finance (Source: le site “oumma.com” (France), le28 novembre 2008) Interview Abdellah Laroui : “Tradition, modernité : le mariage impossible” Abdellah Laroui, premier adversaire du passéisme des sociétés arabo-musulmanes, revient sur notre retard de croissance culturel, sociétal et économique. Nous publions, ci-après, les extraits les plus saillants de l’interview accordée par le grand penseur marocain à notre confrère Economia * Propos recueillis par Fadma Aït Mous et Driss Ksikes
Dans votre dernier livre, Sunna Wa Islah, vous parlez de la lecture du Coran en évoquant plus son impact sur l’affect que sur la raison. Comment faut-il lire cette assertion de la part d’un rationaliste ? 
Je n’ai jamais dit que la raison est une totalité qui exclut tout ce qui n’est pas elle. D’ailleurs j’utilise plutôt le terme de rationalité, qui implique le concours de l’homme, comme l’indique le terme arabe de ‘aql. J’ai précisé à plusieurs occasions que le domaine de la rationalité est circonscrit (la science expérimentale, la politique et l’histoire en tant que servante de la politique). Mais l’expérience humaine ne s’arrête pas là ; il reste un vaste domaine où la rationalité ne joue pas un rôle majeur, ou joue un rôle mineur. Ce qui m’a toujours paru dangereux, au vu des précédents historiques, c’est d’introduire l’irrationnel dans un sujet qui, par définition, ou convention, ou utilité certaine, doit rester sous le signe de la rationalité. L’irrationnel est tenu à l’écart du bien commun (Commonwealth) pour la simple raison qu’il est incontrôlable (que faire de la magie en science, de la violence en politique, de la démence en histoire ?). Il reste à l’irrationnel le vaste domaine de l’expérience individuelle, l’art, la littérature, la religion. Une petite digression. Je suis outré que dans nos écoles, le livre sur l’éducation religieuse commence par un chapitre sur le ghaïb, l’invisible, non pas que je nie le ghaïb, mais je m’étonne simplement qu’on puisse en entretenir des enfants alors qu’on devrait en discuter avec des adultes, longtemps après qu’ils ont quitté l’école. L’endroit n’est tout simplement pas approprié.
Le couple tradition/modernité continue d’avoir le vent en poupe, que ce soit dans le discours de l’Etat ou au sein de la société. Vous avez déjà écrit que les deux sphères “tradition et modernité” ne peuvent cohabiter dans un même espace-temps. D’où vient cette certitude ?
Je rappelle que les deux concepts, tradition et modernité, ne coexistent que dans les discours, pas dans les faits. On parle bien de médecine traditionnelle, d’architecture traditionnelle, d’art traditionnel, comme curiosité ou résidu. Mais avez-vous vu dans la rue des motos traditionnelles, dans le ciel des avions traditionnels, dans les hôpitaux des scanners traditionnels ? À moins qu’il ne s’agisse d’un dualisme d’un genre particulier : le corps est moderne et le cerveau traditionnel. Dans ce cas, il s’agit bien d’un regard (traditionnel) qu’on jette sur une réalité (moderne). Or, quand on reprend les textes anciens, on se rend bien compte que la tradition écrite, dont nous avons la trace, est toujours un discours sur une réalité. La Sunna est toujours le procès fait à une bid’a. Cette dernière renvoie à ce qui est vécu, ce qui est palpable, et la Sunna n’en est que la condamnation verbale, sociale, politique. Ce qu’on appelle ‘résurgence de la sunna’ est en toute rigueur renomination de ce que l’histoire crée, innove. La ‘nouveauté’ blâmable n’est jamais effacée, annihilée, elle est seulement étiquetée différemment. C’est ce que nous vivons aujourd’hui. Islamiser, traditionnaliser la modernité, est-ce autre chose qu’adapter sous un autre nom ce dont on ne peut se passer? On l’a bien vu à propos des produits financiers islamiques. Ils étaient connus, ont été utilisés, puis abandonnés, peuvent toujours être utilisés et abandonnés à nouveau. Ils ne sont islamiques que de nom, parce qu’ils ont eu cours dans le passé, dans les pays musulmans.
Mais est-ce que la réinvention de la tradition est compatible avec la notion de modernité ?
Je me demande si le fait de renommer une chose apparue dans une autre société n’est pas un moyen, pour toutes les sociétés actuelles, et pas seulement les nôtres, d’éviter la question des finalités. On passe d’une langue à une autre, comme un enfant qui, jouant au lego, remplace un cube vert par un autre jaune et croit avoir accompli un acte de conséquence. En faisant l’effort de renommer, on se persuade d’avoir compris le concept, alors qu’on en est loin. Le danger n’est pas de re-nommer, mais de concentrer son attention sur le mot au détriment de la chose.
Que pensez-vous de la persistance de ce couple contre-nature (tradition et modernité) dans les discours dominants au Maroc ?
Je n’en ai retenu qu’un aspect. La tradition, qui est en fait une sorte de commentaire déphasé à propos d’une réalité en cours – réalité qui n’est pas vue ou est violemment niée – ne permet pas de s’insérer pleinement dans la modernité.
Est-ce qu’on peut dire qu’en adoptant ce dualisme, il y aurait une volonté (politique) de faire retarder le développement ?
Je ne le pense pas. La question peut être posée autrement, en se référant à la ruse de l’histoire chère à Hegel et Marx. D’ailleurs, on peut se poser la question autrement. L’idée est la suivante : pour faire adopter à une société une invention née chez l’ennemi héréditaire, vous la renommez. Vous vous donnez l’impression d’inventer ce que vous empruntez à autrui mais qui répond à un besoin réel ressenti par l’humanité entière. C’est peut-être ce que nous sommes en train de vivre à travers tout ce bruit et toute cette fureur. D’autres peuples nous ont précédés dans cette voie, faisant preuve d’une folie bien plus destructrice. Que de théories n’a-t-on pas échafaudées sur les particularités qui auraient prédisposé le Japon à être plus moderne que les plus modernes des Européens ! Je ne citerai que le fait de l’alphabétisation. On nous dit qu’elle y aurait été générale dès la fin du XIXème siècle, bien plus tôt que dans la plupart des pays occidentaux. Mais étant donné la différence des signes utilisés dans l’écriture, parlons-nous de la même chose ? Peut-être que les Japonais n’ont fait que renommer ce qu’ils ne pouvaient ni refuser, ni dédaigner. En ayant bien vu l’utilité, ils l’ont adopté avec la fermeté qui les caractérise. Alors que ce qui nous caractérise, nous, c’est la temporisation. Tout le problème, en ce qui nous concerne, c’est de savoir si nous pourrons un jour être réellement inventifs. Passerons-nous du commentaire à l’expérience directe ? Au milieu du XIXème siècle, Russes et Américains posaient la même question au sujet de leurs sociétés respectives.
Vous avez écrit que l’utopie islamique est restée bien vivante avec sa conséquence inévitable de dévaloriser l’idée même de l’Etat. Par quoi pensez-vous aujourd’hui que l’avènement d’un Etat moderne soit le plus freiné : par le poids du religieux ou par le recul du rôle des institutions ?
Je faisais référence à l’opposition entre l’idéologie de l’Etat islamique (califat) et la réalité de l’Etat national. La persistance de la première ne permet pas la consolidation de la seconde. Si vous dites à tout propos ‘le Coran est notre Constitution’ vous empêchez celle que vous avez adoptée par référendum de s’imposer comme seul recours. Le droit est miné à la base. Nous faisons toujours face au même dilemme, mais dans une situation aggravée. Du temps de Hassan II, le danger pour le régime, et il faut le dire, pour l’unité nationale, venait de pays comme l’Egypte ou la Syrie, porte-drapeaux de l’arabisme. Aujourd’hui, il vient de pays moins évolués historiquement et socialement – ceci est un fait – mais avec des moyens infiniment plus grands que n’en possédèrent jamais les premiers. Pensez à leur presse, à leurs chaînes de télévision, à leurs organisations caritatives, etc. L’Etat national, au Maroc comme ailleurs, n’a aucun moyen de s’en préserver, il doit même composer avec ces Etats. Le Maroc est économiquement arrimé à l’Europe mais semble émotionnellement incapable de se détacher de l’Orient.
Est-ce à votre avis un paradoxe qui nécessite une rupture ?
La rupture intellectuelle, facile à opérer, est sans doute utile ; la rupture émotionnelle, plus difficile, n’est pas absolument nécessaire. Dans ce cas aussi, j’aurai recours à la distinction entre public et privé. Si les gens, à titre individuel, tiennent à certaines manières de s’habiller, de manger, de se tenir, de se conduire avec les femmes, etc., pourquoi s’en offusquer ? S’ils y trouvent satisfaction personnelle et équilibre psychologique, pourquoi les en priver ? Après tout, bien des traditions locales, familiales, communautaires, et qui nous séparent les uns des autres, persistent encore chez nous. Mais sur le plan public, quand se décide l’avenir du pays dans son ensemble, c’est le discours rationnel qui doit primer, non l’exemple; d’où qu’il vienne.
Qu’est-ce qui vous a rendu indulgent vis-à-vis de Hassan II quant à sa politique économique ?
En matière de politique économique, on n’a pas à juger par rapport aux désirs, qui sont illimités, mais en tenant compte des contraintes, des possibilités offertes. En temps de guerre, on ne reproche pas à un général la faille stratégique, qui ne dépend pas de lui, mais l’erreur tactique qui découle de sa libre décision. Il est vrai que le chapitre sur l’économie dans Le Maroc et Hassan II est le moins critique. En réalité, j’avais en vue surtout le gouvernement Youssoufi que je voyais tous les jours maltraité dans la presse. “Mais qu’a-t-il fait pour les pauvres, les chômeurs, les jeunes”, disait-on. Comme si des problèmes de nature structurelle qui résultent de plusieurs siècles de retard pouvaient être réglés en quelques années. Surtout que ces critiques venaient des cercles qui ont le plus profité de la politique qu’ils dénonçaient.
L’économie moderne, nous sommes en plein dedans sans en maîtriser les ressorts. D’un côté, la bulle boursière enfle, et d’un autre, dans la réalité, les disparités sociales sont au bord de l’explosion. Pensez-vous que ce paradoxe soit le prix à payer dans un processus de libéralisation ?
L’analyse du système capitaliste ne peut être séparée de l’analyse libérale. Mais le point que Marx a soulevé, et qui n’a jamais été démenti par les faits, c’est que la théorie (capitaliste ou libérale) postule la liberté de l’individu mais ne fonctionne qu’avec des groupes. Ce qui concerne directement la question posée est une autre contradiction indépassable, entre le matériel et l’immatériel. Le capitalisme développe de plus en plus le second, en n’arrivant jamais à se détacher du premier, qu’il minimise continuellement jusqu’à parfois l’éliminer de ses calculs. Alors, le matériel, comme le groupe, se rappellent au capitalisme par les crises. Pendant dix ou vingt ans, il n’y a pas de crise, alors on affirme que la théorie des crises est morte. Puis la crise survient à nouveau. Pourquoi ne pas revisiter ce qu’en disait Marx ? Théoriquement, la Bourse est là pour organiser l’épargne et la mettre à la disposition de ceux qui produisent des biens matériels, mais par une autre forme de la contradiction citée plus haut, le capitalisme donne deux valeurs à une même chose, celle qu’on observe et celle qu’on anticipe. Et alors, on est tenté de jouer sur les disparités. Cela, on n’y peut rien, car le caractère essentiel du capitalisme, c’est qu’il change radicalement notre perception du temps. Maintenant, si tout cela est bien compris, il n’y a pas trop de mal, car la crise fait partie du système. Si ce n’est pas compris parce que l’économie, en tant que discipline, n’est pas ou est mal enseignée, comme chez nous, le passage inéluctable du matériel à l’immatériel – de la production à la Bourse – renforce la foi ‘irrationnelle’ dans l’invisible, le ghaïb. On croit que l’on peut devenir riche du jour au lendemain si l’on sait obtenir un prêt sans garantie, si l’on s’arrange pour avoir l’information adéquate ; on croit que l’Etat peut tout financer, que s’il ne le fait pas, c’est qu’il ne veut pas, par mépris ou perversité. Et on retrouve le problème de l’éducation.
Vous êtes l’un des rares penseurs libéraux qui se réfèrent encore, abondamment, à Marx. Qu’est-ce qui explique son actualité, pour vous ?
Tout simplement parce qu’il est le théoricien le plus conséquent du capitalisme et du libéralisme. Il voulait certes les dépasser, mais il voulait surtout les comprendre. On oublie, ou on ignore, que ceci était très clair pour un homme comme Joseph Schumpeter. Certains confondent Marx, marxisme, bolchevisme, léninisme, stalinisme, comme d’autres avant eux ont confondu Rousseau, Robespierre, la Terreur, etc. Rousseau a été oublié pendant cinquante ans, traité d’homme instable et d’esprit déréglé, puis il a fini par retrouver sa juste place. Bien entendu, Marx ne représente ni le savoir total, ni le dépassement de l’économie, ni l’accomplissement de l’histoire, comme ont pu l’affirmer, à un moment ou à un autre, certains parmi ceux qui le vilipendent aujourd’hui. Il est le commentateur doué, souvent profond, l’analyste autorisé des penseurs qui ont symbolisé, chacun dans son domaine, un aspect de la modernité. Pour ma part, j’y ajouterai Machiavel et Ibn Khaldoun. À son miroir, ils prennent pour moi plus d’éclat.
Vous êtes un penseur très reconnu mais esseulé. Qu’est-ce qui empêche le Maroc d’avoir les canaux et les mécanismes nécessaires pour que la production intellectuelle soit prise en compte dans la prise de décision, économique et politique ?
Pensant contre la tradition, je ne pouvais que heurter. Or, les hommes au pouvoir, à quelque niveau que ce soit, ne peuvent se payer le luxe de heurter. Ils voudraient réformer en donnant l’impression de conserver. Ceci n’est pas particulier au Maroc. J’ai souhaité par exemple l’autonomie de l’université, espérant que plus de responsabilité, de liberté d’action, de variété dans le recrutement (même à l’extérieur du Maroc), en feraient un foyer de modernisation. Mais le Pouvoir, en décidant de lui accorder un maximum d’autonomie, a renforcé le camp de la tradition (volontairement ou non, je n’en sais rien). En fait, il a donné à ce camp de la tradition plus de possibilités pour agir. Le résultat de la réforme n’a pas été à la mesure des espérances. Devons-nous les condamner pour autant ? Non, nous devons simplement en conclure que l’université ne peut être moderne dans une société qui n’est pas tout à fait décidée à l’être.
Qu’est-ce qui fait que vous décidez d’écrire en arabe ou en français ? Pouvons-nous dire que le conceptuel est en français et l’émotionnel en arabe ?
Pas du tout. Souvent c’est le hasard qui décide, le fait que je sois invité à parler devant un auditoire arabophone ou à écrire un article pour un journal étranger. Reste qu’ayant pris la plume et commencé à rédiger en français ou en arabe, c’est le concept qui me guide dans le premier cas et l’étymologie dans le second. La raison en est, me semble-t-il, que l’étymologie française me fait défaut, n’ayant pas fait de latin. J’en prends conscience quand je lis un auteur classique ou même un écrivain moderne comme Aragon. Alors qu’en arabe, la situation est différente. Dans Mafhum a-Tarikh (Le concept d’histoire), c’est l’étymologie du mot hifdh qui m’a guidé vers une théorie spécifique de la tradition, je n’y serais pas arrivé sans cela. De même, dans Sunna Wa Islah, (Tradition et réforme), c’est l’étymologie du mot Qur’an qui m’a éclairé la figure d’Abraham. Aussi étrange que cela puisse paraître, c’est cela que la tradition n’est pas prête à faire, elle donne pour évident ce qui ne l’est pas.
Bio express. 1933. Naissance à Azemmour. 1973. L’idéologie arabe contemporaine : essai critique (éditions Maspero). 1980. Les origines sociales et culturelles du nationalisme marocain (éditions Maspero). 1987. Islam et modernité (éditions La Découverte). 1992. Esquisses historiques – Casablanca (éditions du Centre culturel arabe). 1999. Islam et histoire : essai d’épistémologie (éditions Albin Michel). 2005. Le Maroc et Hassan II : un témoignage (Presses Inter Universitaires). (Source : « Tel Quel » (Magazine hebdomadaire – Maroc), N°348 du 22 au 28 novembre 2008) Lien : http://www.telquel-online.com/348/maroc2_348.shtml

 

 

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