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La Haut Commissaire aux droits de l’homme s’apprête à dépêcher une équipe en Tunisie, et affirme que plus de 100 personnes sont mortes durant les événements récents
GENÈVE – La Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Navi Pillay, a déclaré mercredi que plus de 100 décès ont eu lieu jusqu’à présent lors des troubles en Tunisie, et a annoncé qu’elle prévoit le déploiement d’une équipe d’évaluation en Tunisie dans les prochains jours. Dans une déclaration présentée lors d’une conférence de presse à Genève, Mme Pillay a noté que « des violations des droits de l’homme ont été au cœur des problèmes de la Tunisie, et par conséquent, les droits de l’homme doivent être à l’avant-garde des solutions à ces problèmes ». Pillay a dit qu’elle s’attend à ce que son équipe, en plus de recueillir des informations sur la situation actuelle et passée des droits de l’homme, revienne avec un ensemble de propositions d’actions concrètes sur les questions relatives aux violations passées ainsi que les réformes futures.
Discours de la Haut Commissaire aux Droits de l’homme sur la situation en Tunisie Genève, le 19 janvier 2011
Bonjour,
C’est avec une grande inquiétude que nous avons observé les développements historiques et rapides qui ont bouleversé la Tunisie ces dernières semaines. Il est du devoir de la communauté internationale, de soutenir pleinement le peuple tunisien dans sa quête de liberté et de respect total de ses droits de l’homme. Les droits de l’homme se trouvent au cœur de ces bouleversements historiques, dont l’issue a été le départ de l’ancien Président Ben Ali. Nous espérons que cela favorisera l’émergence d’une nouvelle Tunisie, où la nation toute entière vivra sans craindre les arrestations arbitraires, la détention, la torture ou toute autre forme d’abus. Une Tunisie respectant la liberté de la presse, et où les individus pourront exprimer leurs opinions sans crainte. Une Tunisie où le gouvernement gouverne en fonction des intérêts socio-économiques de sa population, et non pas par sa mainmise sur le pouvoir, et l’enrichissement de ses membres et leurs familles. Une Tunisie où tout citoyen est libre de se présenter à des élections sans craindre de représailles, de choisir ses représentants, et dans laquelle il a foi que les urnes sont sûres. Je suis persuadée, étant donné le niveau d’éducation élevé de la population tunisienne vivant à la fois dans le pays ou en exil, que cette Tunisie neuve et tant attendue peut devenir une réalité. Cependant, rien n’est garanti pour le moment. La situation évolue encore, et reste extrêmement précaire. Les manifestations d’hier, ainsi que les démissions ministérielles l’illustraient clairement. Les violations des droits de l’homme étaient au centre des problèmes en Tunisie. C’est pourquoi les droits de l’homme doivent être la considération première pour la résolution de ces problèmes. Le peuple tunisien a aujourd’hui une opportunité unique de façonner un meilleur avenir, basé sur des lois qui soient en conformité avec les règles internationales et respectées de manière scrupuleuse par les autorités. A l’avenir, tout ceux qui abuseront du pouvoir, allant du Président de la République jusqu’au juge, en passant par l’officier de sécurité de la rue, devront répondre de leurs actes devant la justice. Tout est possible à présent mais ce ne sera pas simple. Il est extrêmement triste que tant de vies aient dû être sacrifiées afin d’arriver à ce changement. Mon bureau a reçu des informations qui font état de plus de cent morts au cours des cinq dernières semaines, des morts causées par des tirs par balles réelles, des suicides de protestation, ou encore en raison de mutineries dans les prisons durant la fin de semaine. Je souhaiterais exprimer ma plus profonde sympathie aux proches et amis des victimes qui ont succombé des suites de la violence récente, de la répression brutale, ainsi qu’à tous ceux qui ont été victimes d’abus de leurs droits durant les années ou décennies passées. En tant que Haut Commissaire aux droits de l’homme je me suis demandée ce que mon bureau en particulier, et la communauté internationale en général, étaient en mesure de faire afin de soutenir le peuple tunisien, et afin de tirer profit de cette opportunité actuelle. Même s’il est encore tôt, il est essentiel que les graines du changement soient plantées maintenant, et de manière sage, avant que d’anciens intérêts ne se manifestent à nouveau, ou que de nouvelles menaces n’apparaissent. Nous devons agir rapidement afin de permettre au prochain gouvernement, issu d’élections libres et équitables, d’être efficace sur ces questions dès le début de son mandat. Lundi, j’ai rencontré un groupe de sept ONGs travaillant sur la Tunisie, lesquelles m’ont présenté leurs préoccupations, ainsi que des suggestions pour la période à venir. J’aimerais saluer le rôle important joué au fil des années par l’ensemble des ONGs locales et internationales en Tunisie. Mes collègues ont également pris en compte les avis et conseils d’autres acteurs clé en droits de l’homme travaillant en Tunisie. Leurs contributions seront essentielles pour les mois à venir. Ce matin même, j’ai également pu m’entretenir au téléphone avec le nouveau Ministre Adjoint des Affaires Etrangères, Mr. Radhouane Nouicer. Je lui ai exprimé mon soutien au peuple tunisien et j’ai discuté de mon intention d’envoyer une équipe de collègues hautement qualifiés en Tunisie pour faire une évaluation des priorités en matière de droits de l’homme. Mr. Nouicer a très bien accueilli cette proposition, et nous allons travailler ensemble sur la préparation d’une telle mission avec le gouvernement intérimaire et les autres parties intéressées dans les prochains jours. Les membres de cette mission devraient se rendre en Tunisie dans le courant de la semaine prochaine. Ils y rencontreront des représentants du gouvernement intérimaire, des organisations de droits de l’homme ainsi que d’autres acteurs clé. Ils mèneront cette mission avec un esprit ouvert, sans agenda prédéfini, quoique j’attende d’eux- en plus de la collecte d’informations sur la situation présente et passée des droits de l’homme- de revenir avec une série de propositions concrètes pour toute action future. Je salue les mesures importantes déjà entreprises par le gouvernement intérimaire, notamment sa décision de libérer l’ensemble des prisonniers politiques, d’autoriser tous les partis politiques de fonctionner librement et l’établissement de la liberté de la presse. Je salue également l’annonce par le gouvernement intérimaire de nouvelles politiques économiques et sociales, visant à répondre aux causes profondes des troubles récents, et à améliorer les conditions économiques existant en Tunisie. Entre autres, mon équipe sera par conséquent amenée à examiner si ces politiques sont réellement mises en œuvre. Nous sommes par ailleurs disposés à leur faire des recommandations afin d’atteindre leurs objectifs. Par ailleurs, je souhaiterai également saluer la décision du gouvernement intérimaire de mettre en place de trois commissions: deux commissions d’enquête sur les violations des droits de l’homme et la corruption, ainsi qu’une commission sur les réformes politiques. Les trois commissions sont présidées par des personnalités connues pour leur engagement dans le domaine des droits de l’homme. Il s’agit là d’une étape importante, et le gouvernement doit assurer que ces commissions jouissent d’une indépendance totale, disposent d’un budget approprié, d’un accès à toutes les sources d’information, et qu’elles soient en mesure de publier les résultats de leurs investigations. Il est également important que ces processus de réforme, actuels et à venir, soient transparents et participatifs. Il ne doit pas y avoir d’opacité quand il s’agit de responsabilité. Il existe une série d’autres questions qui doivent être examinées durant les prochaines semaines et mois, y compris des mécanismes de poursuite des auteurs de violations des droits de l’homme commises durant ces dernières décennies, mais aussi durant ces dernières semaines. Il y a plusieurs manières de traiter de la question de la justice transitionnelle. Il est essentiel que la communauté internationale déploie tous les efforts nécessaires au soutien de l’aspiration du peuple tunisien à la justice. Il est tout aussi important qu’entre temps, la population ne se fasse pas justice elle- même. Les questions de justice et de procès équitable doivent être renforcées, et non sapées par des actes de violence supplémentaires. Une révision des lois tunisiennes, de son système de sécurité et de ses institutions reste également nécessaire. Je crois par ailleurs que la réforme du système judiciaire devrait être une priorité, afin que celui-ci puisse exercer son rôle de façon réellement indépendante. Il est en outre essentiel que le gouvernement intérimaire agisse en conformité absolue avec ses obligations internationales s’agissant de l’application de la loi sur l’état d’urgence. Les autorités ne peuvent pas remettre en cause les droits fondamentaux- notamment le droit à la vie, l’interdiction de la torture ainsi que les autres formes de mauvais traitement- ou les principes fondamentaux de garantie de procès justes et équitables et l’interdiction des arrestations arbitraires. Je continue d’observer avec la plus grande attention la situation en Tunisie, et je ferai tout ce qui est en en mon pouvoir afin de m’assurer que les aspirations du peuple tunisien soient respectées, et que ses sacrifices n’aient pas été vains. FIN Pour des renseignements supplémentaires sur le mandat de la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme veuillez consulter : http://www.ohchr.org/FR/AboutUs/Pages/HighCommissioner.aspx BCNUDH, Droits de l´homme par pays – Tunisie : http://www.ohchr.org/FR/Countries/MENARegion/Pages/TNIndex.aspx Pour de plus amples informations et les demandes de la part des medias, veuillez contacter M. Rupert Colville (Tel.:+ 41 22 917 9767 / e-mail: rcolville@ohchr.org)
Déclaration « Tunisie Verte »
Aujourd’hui, Mercredi 19 Janvier 2010, le Bureau Politique élargi aux membres fondateurs, s’est réuni à son local provisoire au 17 Rue Talleyrand à Tunis. Le bureau élargi a été informé par le coordinateur national de la remise officielle du visa de notre parti le 17 janvier2011etde son entrevue avec le premier ministrele18 janvier2011. Tous les membres fondateurs présents ont exprimé dans leurs interventions, leurs satisfactions quant à leurs victoires sur le dictateur. Ils ont aussi exprimé leurs attachements à la révolution du jasmin de la jeunesse et du peuple tunisien. La réunion a été honorée par la présence de Monsieur Ahmed Zghal, considéré par les écologistes tunisiens, comme le vétéran du mouvement écologiste en Tunisie et particulièrement à Sfax. Notre ami Ahmed Zghal a soutenu notre parti et l’a exprimé directement aux autorités de l’époque après le Hold-up sur notre parti le 03/03/2006. Les membres fondateurs de « Tunisie Verte » saluent la déclaration de notre camarade Daniel Cohn Bendit sur la situation en Tunisie au parlement européen. Nous considérons que la révolution n’a pas réalisé les objectifs et il faut rester vigilant face à un retour de la dictature. Quant à la participation au gouvernement, nos militants membres fondateurs ont exprimé leur refus de participer à un gouvernement « Liquidateur » et espère que seul un gouvernement de salut public peut répondre aux exigences du soulèvement populaire. Le Bureau élargi aux membres fondateurs a effectué un renforcement du Bureau politique dont nous citons la liste définitive. Le bureau élargi aux membres fondateurs va animer le parti, le structurer et nous aider à préparer la prochaine élection législative et présidentielle. Coordinateur national : Mr Abdelkader Zitouni Membres: Mme Nejiba Bakhtri Mme Naima Guiza Mr Raouf chemmari Mr Fadhel Rouached Mr Mustapha Zitouni Mr Mohsen Maatoug Mr Adel Azzabi Mr Faouzi Hadhbaoui Coordinateur des jeunes verts : Mr Walid Hmam
Exclusif : Comment Zine El Abidine Ben Ali a été débarqué
Veto de Kadhafi contre Rached Ghannouchi
Mardi, 18 Janvier 2011 16:58 Juste après la fuite du président tunisien déchu Zine El Abidine Ben Ali, les Algériens et les Libyens ont décidé en urgence de boucler leurs frontières avec la Tunisie. Lundi, les deux pays ont fait savoir au premier ministre désigné ainsi qu’au ministre des Affaires étrangères Kamel Morjane qu’ils n’accepteraient, en aucun cas, qu’un quelconque rôle politique soit accordé au leader du parti islamiste interdit Ennahda, Rached Ghannouchi qui vit en exil à Londres depuis 1989. Si le DRS -services du renseignement algérien- et El Mouradia se sont montrés très discret à ce sujet pour ne pas se mettre à dos l’opinion publique algérienne solidaire de la révolution du Jasmin, les Libyens sont au contraire montés au créneau et ont formulé explicitement que la Jamahiriya ne « pouvait tolérer la présence d’islamistes dans le gouvernement tunisien ». Les dirigeants libyens sont même allés plus loin. Ils ont fait savoir à leurs amis au sein du RCD -parti de Ben Ali- ainsi qu’à certains dirigeants de l’opposition notamment à Nejib Chebbi, qu’ils pourraient geler tous les accords bilatéraux signés avec la Tunisie ainsi que tous les investissements et mettre fin aux aides et aux dons. De sources concordantes à Tripoli, Maghreb-intelligence a appris qu’une cellule de crise chargée par le guide de la révolution libyenne de suivre heure par heure les développements en Tunisie a été mise en place. Elle se compose du ministre des Affaires étrangères Moussa Koussa, du patron des services de sécurité Abou Zeid Dordah et du ministre de l’Economie Mohamed Lahouej. Le principal dossier sur lequel devrait plancher cette cellule est le sort des 5000 membres de la garde rapprochée de Zine El Abidine Ben Ali qui ont trouvé refuge en Libye. Mouammar Kadhafi aimerait les garder sur le sol libyen pour les utiliser si jamais Rached Ghannouchi venait à faire une percée en Tunisie.
Le face-à-face Kamel Morjan/Mohamed Jegham
Mardi, 18 Janvier 2011 17:08 Quand Mohamed Ghannouchi donne lecture des noms des ministres qui composent le gouvernement d’union national, une clameur monte quand il évoque le nom de Mohamed Jegham (voir portrait dans Maghreb-intelligence en date du 19 avril 2010) en tant que ministre du Commerce et du Tourisme. L’ancien ministre de l’Intérieur et de la défense et homme de confiance de Ben Ali est un pur produit du RCD. C’est également l’un des hommes les plus intègres et les plus respectés de la Tunisie de Ben Ali. En 2001, il devient le héros du parti au pouvoir. Il a osé dire nom à Leïla Trabelsi et à son clan. La phrase qu’il lui aurait lancée est restée célèbre : « Madame excusez-moi, vous êtes la première dame et non la présidente ». Il subit alors la vindicte de la « régente de Carthage ». Ejecté du gouvernement et éloigné comme ambassadeur à Rome, il tombe définitivement en disgrâce en 2005, date à laquelle il se reconverti dans le privé et travaille chez le milliardaire Nadhmi Auchi à Amman. Ensuite, il regagne le pays pour diriger la branche tunisienne de Gneneral Mediterranean Holding (GMH) à Hammamet. En 2010, Leïla Trabelsi parachève sa vengeance contre l’homme de 67 ans. La filiale tunisienne de GMH écope d’un redressement fiscal. Abdelwaheb Abdallah signifie à Nadhmi Auchi qui veut négocier un accord qu’e se sera possible s’il se sépare de Jegham. Mais pourquoi ce natif de Hammam Sousse comme Ben Ali dérangeait tant. Mohamed Jegham est l’archétype du haut commis de l’Etat. Il se targue d’une carrière exemplaire au service de la Tunisie. Après des études en économie et un diplôme de l’Ecole nationale d’administration, il rejoindra le ministère de l’intérieur où il officiera dans les régions les plus difficiles du pays notamment à Béja, Gafsa, Jendouba, Bizerte et Gabès dont il fut gouverneur. En 1988, Ben Ali le nomme directeur général des affaires régionales au ministère de l’intérieur. En 1995, son accension se poursuit jusqu’à ce qu’il devienne directeur du cabinet présidentiel. Aujourd’hui, celui qui a été longtemps « dauphin putatif » de Ben Ali se repositionne en vue des prochaines élections présidentielles. Il hérite d’un portefeuille de grande importance en ces moments difficiles. Il lui incombe de faire démarrer la machine du tourisme et de l’export dont dépend fortement l’économie tunisienne. Mais face à lui, se profile un autre natif de Hammam Sousse. Kamel Morjan, ministre des Affaires étrangères a beaucoup d’atout à faire valoir, notamment la confiance des Américains dont il est très proche et celle du général Rachid Ammar chef d’état-major dont il s’est lié d’amitié en 2005 quand il était devenu ministre de la Défense. Kamel Morjan est en effet un de ces cadres tunisiens brillants qui se sont fait dans les institutions internationales. Le monsieur, en plus de ses amitiés américaines, a gardé de son passage aux Nations Unies beaucoup de contacts au Moyen-orient et en Afrique. Cela dit, Morjan souffre d’un handicap énorme. Il est en effet marié à Dorra Ben Ali, fille de Bouraoui Ben Ali, cousin du président déchu. Une liaison qui pourrait lui être fatale dans l’avenir.
Nouveau témoignage :Les nouveaux magouilleurs du ciel ou la danse du loup (Acte IV)
Il fut un temps où un simple faux pas, lié à un acte de gestion, sera susceptible d’un virement d’un PDG d’une entreprise publique (« yarhamek ya rajel ommi loul », Que paix soit posée sur toi, Bourguiba). Désormais, les temps ont changé. Le 10/08/2010, Nabil Chettaoui, le vrai « faux commandant » de notre compagnie nationale Tunisair a livré un interview-choc au quotidien « Le Temps ». Tenez-vous bien : un PDG d’une compagnie nationale qui parle d’une « flotte, devenue obsolète » pour expliquer les causes d’ un « retard de 12 heures » ; de pièces de rechange « fabriquées en Chine » (sic !) pour justifier le retard accusé de 8 mois lors de la réparation de deux avions de type Airbus A320. Lors de ce même interview, notre brillant PDG n’a avancé la moindre réponse pour s’expliquer des retards dans les vols (constatés même par le Président de la République lors de l’inauguration de la ligne du Métro de la Manouba), les vols d’objets, le mauvais accueil … Une tôlée de colère et une grogne a surgie du côté du personnel de la compagnie. Même réaction de la part du Ministre des transports qui, le jour même, a proposé son éviction et son remplacement par Mr. Rachid Kechiche, l’ancien ministre des finances. Rien de tout ça n’a finalement eu lieu puisqu’il bénéficie de la bénédiction de la Première femme de Tunisie et de son frère ainée, Belhassen Trabelsi (PDG de la compagnie Karthago Airlines) pour ses services loyaux. En effet, l’année 2009 s’est soldée sur l’achat par Nabil Chettaoui d’un nouvel avion présidentiel de type Airbus A320 pour la » modique » somme de 260 MD, financée à moitié par la Trésorerie générale de la Tunisie et à moitié par un crédit, rétrocédé par l’Etat à Tunisair, octroyé par l’Inde. L’histoire de cet avion remonte à l’été 2009 lorsqu’un émir de Qatar a voulu le vendre sur un état d’âme après avoir aménagé plus que sa moitié (salon, salle à coucher, salle de bain …). Information aussitôt reçue par Nabil Chettaoui, plus vite fut sa réaction et son montage financier. Et que fut l’ancien avion présidentiel ? La générosité de Nabil Chettaoui n’a pas de limite. Il l’a offert à Madame la Présidente pour ses déplacements personnels (shoppings et autres). Et, pour couronner tout ça, il a effacé les créances de la Présidence de la République envers Tunisair (aux alentours de 3 MD pour une durée de 20 ans) des écritures comptables de l’exercice comptable de 2010. Si, je me rappelle aujourd’hui l’illustre Bourguiba qui prenait l’avion aux mêmes conditions qu’un simple passager tunisien et sur des vols réguliers (pour la petite histoire, feu Bourguiba n’a jamais eu d’avion spéciale, ni de staff réservé), je dirai toujours que les Grands ne meurent jamais. Et, en guise de récompense pour Tunisair et surtout pour alléger ses pertes prévues, et en vertu de l’Article 34 de la loi de Finances pour la gestion de 2010 (Loi 71-2009 du 21/12/2009 – JORT N° 102), les services d’entretien, de réparation et de contrôle technique des aéronefs destinés au transport aérien et les services de formation et d’apprentissage des pilotes réalisés au profit des entreprises de transport aérien bénéficient de la suspension de la taxe sur la valeur ajoutée. Mieux encore, et en vertu d’une décision présidentielle du 09/07/2010, la taxe supplémentaire sur le Kérosène a été supprimée. Dans le même sillage, le projet de loi des finances pour l’exercice 2011 a programmé une exonération des droits de douane pour les Aéronefs pour le transport aérien ainsi que les équipements, pièces, pièces détachées et accessoires destinés à être incorporés dans l’avion, jusqu’à leur transformation, la réparation ou de maintenance ou d’installation, fournies par l’État ou des entreprises de transport aérien ou les institutions, la réparation et l’entretien des aéronefs opérant dans le secteur. Et, pourtant, l’exercice 2009 de notre compagnie a été soldé sur un bénéfice de 60 MD (sic !) en dépit de l’acquisition du nouvel avion, déjà cité, et ce, par un simple jeu d’écriture comptable (consolidation des comptes du groupe Tunisair puisque seuls Tunisair Handling et Tunisair Technics sont bénéficiaires du groupe qui compte 9 filiales). D’ailleurs, et faute d’arguments comptables solides, l’Assemblée Générale, prévue pour le mois de Juin 2010, n’a pas vue le jour jusqu’à aujourd’hui (ces difficultés ont été constatés lors d’une conférence-débat préliminaire avec les représentants de la Bourse de Tunis le Jeudi 13 Mai 2010). Rappelons au passage que les grosses pertes du Groupe Tunisair proviennent de la filiale Mauritania Airways (qui incombe à sa minuscule et obsolète flotte; et son personnel peu qualifié) et de la filiale Seven Air (ex-Tuninter, qui, et je le prédis dès maintenant, un jour viendra et verra sa flotte partagée entre Tunisair et Karthago Airlines). Aussi, et en réplique à la régression constatée du taux d’occupation des avions (il est même arrivé et à plusieurs reprises qu’un avion retourne à Tunis avec 4 passagers à bord) et constatant de visu la dégringolade des recettes de leur compagnie, les commandants de bord de Tunisair n’ont pas tenu de recul à investir dans des petits projets parallèles leur rapportant de l’argent frais. Sur un autre plan, rien ne va plus du côté de nos confrères de l’OACA. En effet, le courant ne passe plus, voilà déjà maintenant deux ans, entre Nabil Chettaoui et Mohamed Cherif, PDG de l’OACA (lâché aussi par Ali Mabrouk, l’époux de Jalila Trabelsi, la sœur de Madame la Présidente). Les deux frères ennemis ne passent même plus le bonjour. Désormais, rien ne recule devant Mohamed Cherif qui gouverne à l’heure actuelle comme un vrai patriarche bénéficiant des résultats de son plan diabolique de licenciement et de neutralisation de tous les vieux lions de la compagnie. La politique de pots de vin envers les membres de son Conseil d’Administration, et par ailleurs son Contrôleur d’Etat, s’avère payante puisqu’il a même fait accroupir les membres de la commission de la Cours des comptes, venant l’inspecter et qui ont finit par éditer un rapport conclu sur une queue de poisson, occultant au passage un Terminal II à l’aéroport de Tunis Carthage (estimé à 10 MD et qui a été construit par Ali Mabrouk au coût final de 14 MD) qui tourne à 5 % de sa capacité (dont les recettes ne couvrent même pas la facture annuelle de l’eau), un aéroport à Monastir qui risque un jour ou l’autre d’être fermé ou à être spécialisé dans les vols charter, un aéroport à Jerba dont le toit a brusquement sauté cet été en pleine campagne estivale, un aéroport à Gafsa fermé à durée indéterminée » pour travaux » et d’une étude d’exécution avancée d’un nouveau aéroport à Kerkennah (pour les beaux yeux de Madame la Présidente qui a acheté un lot de terrain qu’elle compte investir dans l’activité hôtellerie). Pauvre Tunisie. Est-ce qu’on mérite vraiment tout ça ? Peut-être bien, oui. 28/10/2010 Marwan Ben Mustapha
BARRONS LA ROUTE À LA MAFFIA, à l’RCD.
Rien d’étonnant que les « autorités saoudiennes » accueillent un dictateur, ami de surcroît. Peut-il en être autrement? Le ROYAUME est depuis longtemps une luxueuse décharge publique de parrains pourchassés. Il s’agit, comme je le rappelle depuis longtemps déjà, de solidarité entre amis. Il faut de toutes les façons être prévoyant : On ne sait jamais ! Qui par exemple prendrait en charge des monarques aux abois, le jour venu ? Mais devant une demande d’extradition, bientôt exigée par le peuple Tunisien, la tache sera compliquée. Dans le cas contraire, on portera plainte au TPI (Tribunal Pénal International) pour traduire notre ZINOCHET en justice, pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre… Maintenant que le dictateur souffrirait de sevrage alcoolique, et sa femme de minijupes assorties à ses coiffures, en Arabie Saoudite, KADDAFI (Lèvres de Chameau) insiste pour étaler sa « légendaire »hospitalité. En fait çà n’est nullement par générosité, mais par amour (propre), non vis à vis de Leyla Trabelsi (elle en a vu d’autres), mais parce que la révolution tunisienne lui fait des cauchemars. Il ne peut l’admettre, lui qui sied sur le cou de la plèbe Libyenne depuis le 01/09/1969, et craint quand même la contagion, ne semblant pas crever bientôt pour quitter la scène. Il va donc probablement, une fois BEN ALI et sa garde rapprochée (qui serait déjà sur place) réunis chez lui, leur offrir l’arsenal de guerre nécessaire pour nuire à la grande révolte du vaillant et malheureux voisin, peuple tunisien. C’est d’ailleurs, me semble-t-il, le programme concocté, en collaboration avec les crânes d’oeuf restés en TUNISIE pour la cause. D’ailleurs, en concertation avec leur parrain, ces derniers n’ont jamais arrêté les préparatifs, après sa fuite. Il s’agit du « 1er ministre » Mohamed GHANNOUCHI et ses ministres RCDistes, de Abdallah KALLEL, le tristement célèbre boucher du peuple, de Foued MEBAZZAA et consorts, du nauséabond RCD (Rassemblement Constitutionnel Démocratique), recherchés par Interpol pour la plupart d’entre eux. D’autre part, la ministre française des affaires étrangères, vient de reprendre sa débile chanson d’intervention française pour aider à « la paix » en Tunisie. Non plus pour garder BEN ALI à rester au pouvoir, mais pour le rétablir cette fois-ci, en aidant ses acolytes restés au « pouvoir » pour le moment, et qui tentent de s’y accrocher, avec l’aide de nouveaux thuriféraires désormais dénudés dont Ahmed Néjib ECHABBI et compagnie. Egalement, on pourrait s’attendre à l’intervention du despote voisin de l’ouest, le tortionnaire BOUTEFLIKA. Toutes ces mauvaises volontés : Libyenne, Française, algérienne ou autres, pourraient se conjuguer pour tuer dans l’oeuf, le choix du peuple tunisien. J’appelle donc la conscience universelle à rester alerte pour aider à abolir définitivement l’esclavage, masqué ou manifeste. Il y va de l’intérêt de l’humanité entière, parce que plus on chasse le totalitarisme, plus on aide la paix à s’installer, dans notre petit Monde. Peuple de TUNISIE, prépare toi à empêcher le retour par la fenêtre, du parti criminel RCD, qu’on a péniblement chassé par la porte. Pitié, plus jamais de maffia. Descendons dans la rue et finissons le travail, une fois pour toutes, sinon on aura signé notre arrêt de mort. Plus jamais, mais jamais d’RCD. RABAM, heureux déjà, même si je mourrais, maintenant.
Chers es amis es,
Appel pour accompagner la Révolution du Jasmin en Tunisie
Au regard de l’évolution permanente de la Révolution tunisienne et des événements en cours, qui ne cessent de s’accélérer, nous vous appelons à rester mobilisés.
En effet, le Gouvernement annoncé est mis en cause par la rue tunisienne, les manifestations se multiplient dans tout le pays pour demander la dissolution du RCD et le départ du gouvernement des anciens membres de ce parti symbole des années de dictature de Ben Ali.
Plus que jamais , nous appelons nos amis, en France, en Europe , au Maghreb dans le Monde Abe, en Afrique et au Canada à rester vigilant et à continuer la mobilisation pour porter les revendications de la rue mais aussi à ne pas trahir les acquis de la révolution du peuple tunisien pour sa liberté.
N.B/ Plusieurs manifestations ( Rassemblements, des Réunions Publics ou Manifestations de rue, aujourd’hui et tout le long de ce weekend en Solidarité avec le peuple tunisien sont annoncées à : Toulouse – Paris – Bruxelles – Lyon – Rennes – Rabat – Alger etc..).
Nous appelons à leur multiplication jusqu’à la victoire !
Restons mobilisés.
Dernière Info :
Une Manifestation vient de partir de la place de Mohamed, Ali siège de l’UGTT, elle se dirige vers l’ Avenue Bourguiba (à suivre)
Amitiés
Mouhieddine CHERBIB
0615577914
Info :
Le collectif de Solidarité avec les Luttes des Habitants de Sidi Bouzid – Tunisie, appelle à un :
Rassemblement
Jeudi 20 Janvier 2011 à 18h.00
Fontaine des Innocents à Paris
Metro : Chatelet – RER : Les Halles
Quand Slim 404 remplace Ammar 404
Ridha Rmiri Une petite devinette, qui a dit ? : « Ma conscience est tout à fait prête à faire des concessions si on me paie » Une phrase promontoire pour son auteur mais un gâchis pour moi qui faisais travailler mes neurones depuis quelques jours, cherchant de belles formules pour célébrer la liberté enfin retrouvée, l’héroïsme du peuple tunisien, son intelligence collective et sa dignité, qui ont laissé le monde entier bouche bée. Mais voilà que la fête est gâchée. Nul besoin de faire travailler son cerveau en surrégime. Tout est dit, rien à ajouter, aucune critique à faire, aucun reproche à formuler. Comment pourrions-nous reprocher à un ministre de faire ce qu’il dit et de tenir enfin ses promesses ? Qui déclare en mars 2010 qu’il est prêt à vendre sa conscience si on le paie et qui passe à l’acte quelques mois plus tard. Quel gâchis, car en effet, je me disais que maintenant que Ben Brik avait gagné, j’allais être le Ben Brik de Ben Brik, le pied. Je l’ai entendu déclarer sa victoire par KO contre Ben Ali à l’issue d’un combat au corps à corps qui a duré 23 ans. Je voulais tester le fameux adage stipulant que « la dictature c’est “ferme ta gueule” et la démocratie c’est “cause toujours” » alors causons. Et voilà que je trouve en face de moi un Slim 404 qui joue carte sur table et qui nous invite à lui porter la contradiction, comment contrer le vide ? Parmi les bonnes cartes abattues par le cercle du dictateur disparu, il se trouve que la nomination d’un blogueur du nom de Slim Amamou dans le Gouvernement est vraiment un super coup, un coup digne des meilleurs spin doctors de la place. Maintenant qu’Ammar 404 ne répond plus, nous avons Slim 404, pseudonyme de Slim Amamou le nouveau Secrétaire d’Etat à la Jeunesse et aux Sports. A la place d’un mur, nous avons le néant, le mur renvoie la balle à la gueule, ce qui renforce, le vide vous engouffre comme vous êtes. Je ne connaissais que vaguement Slim, son nom a éclaté au grand jour quand il fut arrêté début janvier 2011, soupçonné d’avoir participé à une cyber attaque conte les sites du Gouvernement. J’ai donc voulu voir de plus près le parcours de cette étoile filante qui, de la blogosphere, s’est retrouvée au Gouvernement en passant par la case prison et le tout en quelques jours, un génie de Monopoly. Parmi les billets que Slim a publié sur son blog, il en est un qui a particulièrement retenu mon attention (sic), il s’agit de celui du 14 mars 2010, intitulé : « Payer les enfants pour aller à l’école (ou L’économie de l’attention expliquée à ma femme) ». Dans lequel Slim nous explique doctement comment notre attention est monnayable, ce billet réagit à la proposition qui a été faite de rétribuer les enfants en échange de leur présence à l’école et que l’attention que nous accordons aux spots de publicité pourrait l’être également. Il déclare : « Ayant un biais pour les solutions simples et pragmatiques, je trouve que rémunérer les étudiants pour leur attention est une solution idéale. Ne serait ce que pour son accompagnement au changement de paradigme et son alternative au revenu de vie. » C’est épouvantable de vivre sous une dictature, fort heureusement il y a toujours une minorité de femmes et d’hommes qui sont dotés d’un sens moral inébranlable et qui les pousse à résister quelque soit le prix à payer. Est-il besoin de citer les Marzouki, Mourou, Ben Brik, Nasraoui. La dictature fait tout pour tuer ce qu’il y a de plus noble en l’homme mais la vie l’emporte tôt ou tard et résiste à l’entropie. La dictature est épouvantable, mais la démocratie c’est d’un triste ! Elle permet aux charlatans d’exercer sans aucune entrave et à la médiocrité d’occuper l’espace. Quelques billets de masturbation intellectuelle par-ci, quelques photos sur Facebook par-là, quelques tweets indigestes battant des records de médiocrité syntaxique et le voilà maître du monde. Les mères de Kasserine pleurent encore, la flemme de Sidi Bouzid brûle encore, les tombes ne sont pas encore refermées mais il n’y a aucune limite à l’arrivisme de certains. 404 est mort, vive 404 !
DE LA DIGNITÉ.
La Tunisie se réveille A vous de jouer.
Tunisie: le parti islamiste interdit Ennahda va demander sa légalisation (dirigeant)
Tunisia: riaperta Radio Kalima
ANSA, le 18 janvier 2011 à 14h08 GMT ALGERI (ats/ansa) Lo staff dell’emittente tunisina Radio Kalima, guidato dalla sua direttrice Sihem Bensedrine, « ha forzato questa mattina i sigilli messi da molti anni dalla polizia di Ben Ali, è si è riappropriato dei suoi locali ». Ne dà notizia Radio Kalima Algeria sul suo sito internet. La direttrice di Radio Kalima, la militante dei diritti umani Sihem Bensedrine, riporta la stessa fonte, è stata in passato arrestata più volte e, dopo un esilio forzato in Spagna, è riuscita a rientrare in Tunisia soltanto il 14 gennaio scorso. La giovane radio indipendente, come ha denunciato più volte anche Reporters Sans frontières, era nel mirino del regime Ben Ali. Diversi suoi giornalisti sono stati arrestati a più riprese. Tra loro Mouldi Zouabi, fermato anche all’inizio della rivolta, e Nebrass Hedhil, selvaggiamente picchiato dalle forze di sicurezza il 30 dicembre, precisa Radio Kalima Algeria. I locali dell’emittente a Tunisi erano stati chiusi dalla polizia nel 2009 e la radio ha continuato a lavorare con redazioni installate in Europa. La società francese, Eutelsat, aveva oscurato in marzo il segnale di radio Kalima Tunisia e Algeria sul suo satellite hotbird, « in seguito alle pressioni dei governi algerino e tunisino », si legge sul sito internet delle due emittenti. Le due radio hanno continuato a trasmettere via internet.
Moncef Marzouki, opposant historique au régime de Ben Ali rentré en Tunisie (officiel)
AFP, le 18 janvier 2011 à 13h51 GMT TUNIS, 18 Jan 2011 (AFP) – Moncef Marzouki, opposant historique au régime du président déchu Zine El Abidine Ben Ali, est rentré mardi en Tunisie, a annoncé l’agence officielle tunisienne TAP. « L’opposant Moncef Marzouki, président du parti le Congrès pour la République (CPR) interdit, est rentré mardi en Tunisie après des années d’exil » à Paris, a rapporté l’agence. Il a été accueilli à l’aéroport de Tunis-Carthage par un « nombre important » de militants de son parti qui ont scandé l’hymne national ainsi que des slogans contre la situation politique actuelle, a-t-on ajouté de même source. M. Marzouki a appelé l’Arabie saoudite à livrer l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali, qui a fui vendredi son pays, afin de le traduire devant la justice, selon TAP. Il a indiqué qu’il allait se rendre aussitôt à Sidi Bouzid (centre-ouest), « terre des martyrs et des hommes libres », où le suicide d’un jeune chômeur a déclenché mi-décembre la révolte populaire contre le régime autoritaire du président Ben Ali. Moncef Marzouki a souligné la nécessité de former un gouvernement d’union nationale transitoire associant « tous les partis politiques à l’exception du RCD », le Rassemblement constitutionnel démocratique de l’ancien chef d’Etat. Il a aussi appelé à « la nomination d’une personnalité nationale indépendante à la tête du ministère de l’Intérieur pour superviser les élections » présidentielle et législatives qui doivent avoir lieu d’ici six mois. Moncef Marzouki, issu de la gauche laïque, avait annoncé lundi sa candidature à l’élection présidentielle, qui doit être organisée dans les six mois en Tunisie et qualifié de « mascarade » le gouvernement d’union nationale, fustigeant le maintien de ministres du président déchu Ben Ali à des postes clés. Exilé en France, ancien président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme, jusqu’en 1994, et co-fondateur du Conseil des libertés en Tunisie (CNLT, non reconnu), M. Marzouki avait créé le Congrès pour la République en 2001. Il avait été condamné à un an de prison en 2000.
Ben Ali: Paris critique l’attitude de l’Internationale socialiste
Le parti de Ben Ali exclu de l’Internationale socialiste
AFP, le 18 janvier 2011 à 11h50 GMT STRASBOURG, 18 Jan 2011 (AFP) – Le parti du président tunisien déchu Zine El Abidine Ben Ali, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), vient d’être exclu de l’Internationale socialiste, a annoncé mardi le chef de file des socialistes au Parlement européen, Martin Schulz. Officiellement affilié à gauche, le RCD tunisien n’avait pas de relation exclusive avec l’Internationale socialiste. Le parti de M. Ben Ali avait ainsi signé, en juin 2009, un accord de coopération euro-méditerranéenne avec le Parti populaire européen (PPE), la formation qui rassemble tous les pays conservateurs européens. Lors d’une conférence de presse au Parlement à Strasbourg (est de la France), M. Schulz a annoncé que le RCD « avait été expulsé de l’Internationale socialiste, dont il était membre » depuis les années 1970. Sur son site internet, l’Internationale socialiste précise que « une décision a été prise (…) de faire cesser l’adhésion du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) de Tunisie ». « Cette décision, dans des circonstances exceptionnelles, est conforme aux valeurs et principes qui définissent notre mouvement et à la position de l’Internationale sur les développements dans ce pays », ajoute la courte déclaration mise en ligne lundi.
Tunisie: Ennahda (islamistes) aux législatives mais pas à la présidentielle
AFP, le 18 janvier 2011 à 10h05 GMT PARIS, 18 Jan 2011 (AFP) – Le mouvement islamiste tunisien Ennahda « n’aura pas de candidat à la présidentielle » prévue dans six mois en Tunisie mais veut participer aux législatives, estimant qu' »il n’y aura pas de transition démocratique sans Ennahda », a déclaré à l’AFP un de ses porte-parole à Paris. « Rached Ghannouchi (le chef du parti islamiste en exil à Londres) ne sera pas candidat, Ennahda n’aura pas de candidat à la présidentielle », a déclaré à l’AFP Houcine Jaziri, porte-parole du mouvement en France. « Il y a eu en Tunisie une révolution du peuple qui a revendiqué des droits sociaux et politiques. On ne veut pas avoir l’air de récupérer ce mouvement. On est disponible pour consulter tout le monde, toutes les forces politiques et de la société civile », a-t-il expliqué. En revanche, Ennahda a vocation à « participer aux législatives », a-t-il dit, prévenant qu’il n’y aurait « pas de transition démocratique sans Ennahda ». Réagissant à l’annonce lundi du Premier ministre Mohammed Ghannouchi de la formation d’un gouvernement d’union nationale, comptant 24 membres dont d’anciens ministres de l’équipe de l’ex-président déchu et trois chefs de l’opposition légale, il a dénoncé l’exclusion d’acteurs majeurs. « Ce n’est pas un gouvernement d’union nationale, c’est le gouvernement des exclusions nationales », a-t-il dit. « Ennahda, le CPR (Congrès pour la république, laïque) de Moncef Marzouki et le PCOT (parti communiste ouvrier tunisien de Hamma Hammami) sont les trois piliers de la résistance au RCD (Rassemblement constitutionnel démocratique) de Ben Ali », a-t-il souligné, citant trois partis de l’opposition interdits. Ennahda, démantelé après les élections de 1991 où il avait obtenu 17% des voix, se présente comme un parti réformateur représentant un islam modéré et dit proche de l’AKP turc, le parti islamo-conservateur au pouvoir à Ankara.
Tunisia: gaffe diplomazia Parigi; Ben Ali ha ripreso controllo
PARIGI (ansa) « Ben Ali ha ripreso il controllo della situazione »: queste le parole dell’ambasciatore di Francia a Tunisi, Pierre Menat, in un telegramma inviato all’Eliseo e al ministero degli Esteri di Parigi poche ore prima della fuga di Ben Ali dalla Tunisia, il 14 gennaio. Una gaffe, che secondo il giornale satirico Le Canard Enchaîné è destinata a passare alla storia, Da giorni, in Francia, non si placano le critiche nei confronti del governo, accusato di essere stato troppo tenero con il regime di Ben Ali e di aver sottovalutato le proteste. « Sulla crisi tunisina ho saputo più cose dalla nuova moglie del ministro Eric Besson (la giovane studentessa tunisina, Yasmine Tordjman, 24 anni) e dallo stesso Besson che dal nostro ambasciatore a Tunisi », ha ruggito il presidente Nicolas Sarkozy, irritato anche dal fatto che il ministro degli Esteri Michele Alliot-Marie sia partita per il fine settimana nella sua circoscrizione elettorale proprio mentre in Tunisia imperversava la crisi.
Berlin promet son soutien au blocage de comptes de Ben Ali dans l’UE
BERLIN, 19 Jan 2011 (AFP) – Berlin soutiendra tout blocage de comptes bancaires que l’ex-président tunisien Zine El Abidine Ben Ali et ses proches possèdent dans l’UE, a déclaré le secrétaire d’Etat allemand aux Affaires européennes Werner Hoyer dans la presse mercredi. Le gouvernement allemand s’engage à ce que « l’UE ne soit pas à un havre de paix pour de l’argent d’Etat détourné », a déclaré M. Hoyer au quotidien Der Tagesspiegel. « Si des mesures comme le blocage de comptes bancaires ou l’interdiction de se rendre (dans l’UE) sont nécessaires, nous les soutiendrons », a-t-il dit. Lundi, la ministre française de l’Economie, Christine Lagarde, avait précisé que les avoirs tunisiens suspects dans les banques françaises étaient sous « vigilance particulière », mais qu’il fallait une décision judiciaire ou internationale pour geler ces avoirs. Et mardi elle a promis une action « très ferme » de la France pour empêcher la fuite des avoirs de l’ancien président Ben Ali et de ses proches, précisant que les autorités judiciaires françaises avaient été pré alertées. L’Union européenne discute actuellement de sanctions contre M. Ben Ali et son entourage pour empêcher les actions de déstabilisation en Tunisie.
L’agence Moody’s abaisse d’un cran la note souveraine de la Tunisie
PARIS, 19 Jan 2011 (AFP) – L’agence de notation Moody’s Investors Service a annoncé mercredi qu’elle avait abaissé d’un cran la note de la Tunisie en raison des incertitudes économiques et politiques qui pèsent sur le pays, en proie à de graves troubles depuis le « changement inattendu de régime ». Moody’s a dégradé de « Baa2 » à « Baa3 » la note de la dette souveraine de la Tunisie et pourrait ne pas s’arrêter là, dans la mesure où la perspective d’évolution de cette note est désormais « négative ». L’agence a également abaissé la note de la banque centrale à « Baa3 » avec une perspective négative, selon son communiqué. La note « Baa3 » est octroyée par Moody’s à des « émetteurs de qualité moyenne mais capables de faire face au paiement » de leur dette. C’est la plus faible note possible pour les émetteurs considérés comme fiables. L’agence justifie sa décision par « l’instabilité du pays, due au récent changement inattendu du régime (ndlr: du président Zine El Abidine Ben Ali), résultant d’une crise politique qui a débuté par des émeutes sociales ». Elle relève aussi « les importantes incertitudes économiques et politiques » et la poursuite des troubles et la situation politique « qui met en danger la stabilité du pays ». Avant Moody’s, les deux autres agences de notation Standards and Poor’s et Fitch avaient indiqué de leur côté envisager d’abaisser la note de la Tunisie. « Moody’s met en garde contre le prolongement d’une crise qui serait potentiellement dommageable pour l’économie du pays, étant donné sa dépendance envers le secteur du tourisme et les investissements étrangers », explique dans le communiqué Aurélien Mali, analyste de l’agence. Les évènements récents « vont affecter les recettes fiscales et la croissance en 2011 », ajoute-t-il. Moody’s « suivra de près le risque politique en Tunisie dans les prochains mois, un nouvel accès de violence pouvant mettre une pression négative sur l’économie », poursuit l’analyste. Toutefois, l’agence estime que le risque est « limité » sur le paiement de la dette de la Tunisie, seules deux opérations de refinancement d’un montant total de 775 millions de dollars étant prévues cette année, en avril et en septembre. Elle souligne que le pays dispose de 6 milliards de dollars à la banque centrale, en raison de la privatisation partielle de l’opérateur Tunisie Telecom et qu’elle devrait « bénéficier d’une aide extérieure en cas de besoin ». La dette de la Tunisie ne devrait pas dépasser 39% de son produit intérieur brut fin 2010, contre 55,6% en 2003 et le pays devrait afficher une croissance de 3,8% en 2010 après avoir atteint 3,1% en 2009, relève également l’agence. Le Premier ministre tunisien a annoncé mardi sa démission du parti du président déchu Ben Ali alors que le gouvernement, formé lundi et qui comprend des ministres de l’ancien régime, est contesté dans la rue et affaibli par le départ de trois ministres et le retrait d’un autre.
Tunisie: une livraison de matériel de maintien de l’ordre bloquée à Paris
AEROPORT DE ROISSY, 19 Jan 2011 (AFP) – Un avion pour la Tunisie chargé de « matériel de maintien de l’ordre » a été bloqué à Paris le 14 janvier, quelques heures avant la chute du président Zine El Abidine Ben Ali, a-t-on appris mercredi de source aéroportuaire. Le gouvernement français a « intercepté » ce matériel commandé à une entreprise française par le régime du président déchu, a confirmé son porte-parole, François Baroin. « Le matériel a été stocké » à l’aéroport parisien de Roissy-Charles de Gaulle, a précisé M. Baroin, interrogé par la presse à la sortie du Conseil des ministres. Le chargement comprenait des grenades lacrymogènes, ainsi que « des gilets pare-balles », a ajouté le porte-parole du gouvernement français. « Un avion a été bloqué par les douanes à Roissy avec du matériel de maintien de l’ordre à destination de la Tunisie », avait indiqué à l’AFP la source aéroportuaire, confirmant une information du site internet Marianne2.fr. Selon cette source, cette mesure a été prise sur intervention du ministère français des Affaires étrangères. Le site de l’hebdomadaire Marianne a expliqué qu’il s’agissait d’une commande du gouvernement du président Ben Ali auprès d’un groupe français, spécialisé dans l’exportation d’uniformes et d’équipement de police. Le chargement comprenait notamment des grenades lacrymogènes, soufflantes ou éclairantes, des uniformes et des protections, mais pas de matériels militaires, selon le site. La chef de la diplomatie française, Michèle Alliot-Marie, a été vivement critiquée en France pour avoir proposé le 11 janvier une coopération policière avec le régime du président Ben Ali, trois jours avant sa chute. Selon un bilan du gouvernement tunisien, 78 personnes ont été tuées et 94 blessées pendant la « Révolution du jasmin ».
ANALYSIS-Tunisia revolt makes Islamist threat ring hollow
* Arab leaders play up threat from religious radicals * But Islamists take back seat as Tunisia charts future * Governments unlikely to relax tough security – analysts By Tom Pfeiffer CAIRO, Jan 19 (Reuters) – The absence of Islamist slogans from Tunisia’s pro-democracy revolt punches a hole in the argument of many Arab autocrats that they are the bulwark stopping religious radicals sweeping to power. Ousted strongman Zine el Abidine Ben Ali spent much of his 23-year rule crushing Islamist opposition groups who opposed his government’s brand of strict secularism: after Sept. 11 2001, he was an enthusiastic backer of Washington’s « war on terror ». But the evidence of the past week is that the protest slogans that rang out before his fall demanded not an imposition of Islamic sharia law but fair elections and free speech. « The lesson from what’s happening in Tunisia is that (Arab leaders) won’t be able to hide any more behind the Islamist threat argument, » said Amel Boubekeur, a North Africa specialist at social sciences school EHESS in Paris. It remains to be seen whether Tunisia’s enfeebled Islamists will be able to win significant support in the event that they are unbanned and allowed to contest planned free elections. But so far most complaints levelled at a new interim government set up after Ben Ali fled to Saudi Arabia have focused not on a lack of Islamists but on too many faces from the old regime. Islamists were « not able to carry the concerns and longings of the vast majority of Tunisian people, especially the middle class which has chosen freedom and justice, » said Egyptian political analyst Nabil Adbel Fatah. It looks embarrassing for the Western governments that spent decades justifying their support for Ben Ali — and other secular-minded Arab world strongmen — by suggesting the alternative was Iran-style Islamic revolution. From Syria to Egypt and Algeria, governments have used the Islamist peril to justify draconian security policies and emergency laws that gnawed at civil liberties and allowed broad powers of search, arrest and imprisonment without trial. Civil liberties campaigners have long said the Islamist threat is a thin pretext to destroy not just the Islamists but all challenges to the grip of ruling elites. « We’ve seen this in Egypt, where the regime makes it impossible for secular political opposition forces to get anywhere in order to tell the West it’s the Islamists or us, » said North Africa expert Hugh Roberts. Analysts said Arab rulers might respond by backtracking on anti-Islamist rhetoric and warning instead of the danger of social chaos caused by high unemployment. TUNISIA ISLAMISTS DIVIDED, WEAK Political Islam does seem uniquely weak in Tunisia — a relatively wealthy country with a strong education system and deep ties to secular France — compared to its Arab neighbours. Leaders of Tunisia’s moderate Islamist Ennahda (Renaissance) movement have said they want to cooperate with the interim government, not overthrow the country’s secular institutions. Tunisian authorities outlawed Ennahda in the early 1990s, after accusing it of a violent plot to overthrow secular rule. Hundreds of Ennahda supporters were put on trial in Tunisia in the 1990s while others fled to Europe. The movement, whose exiled leader Rached Ghannouchi has said he plans to return, denies it seeks violence. Its thinking is seen by some analysts as in tune with the moderate Islamist-rooted AK party that came to power in Turkey in 2002. In a bid to expoit Tunisia’s unrest, the Algerian-based Al Qaeda in the Islamic Maghreb called on Tunisian youth to join its fighters for training in Algeria. But analysts say the group has negligible support, even in Algeria. Al Qaeda analyst Camille Tawil said that while small numbers of angry young Tunisians might eventually be tempted, it was clear demonstrators were ordinary people protesting against despotism and the al Qaeda appeal would have no impact. Across the region, Israel’s conflict with the Palestinians and the U.S.-led invasions of Iraq and Afghanistan have bolstered the message propagated by religious radicals that the West is waging a war on Muslims. In reaction, Arab societies have become more outwardly pious, with more women wearing veils, more men wearing beards and more people attending mosques. Even in Tunisia, mosques became spaces for political protest and some young Tunisians adopted a language of revolt that took a cue from Salafist groups and Egypt’s Muslim Brotherhood. « There has been growth in Tunisia of what could be called manifestations of popular piety, » said Michael Willis of Oxford University. « But many Tunisians see that as a protest against the regime, as Ben Ali spoke against headscarves. » « The Islamist opposition is not what it was 20 years ago, » said Boubekeur. « Many young people don’t even know who Rached Ghannouchi is. » Elsewhere in the Arab world, moderate Islamists have become part of the political landscape, all touting the values of freedom and democracy, at least in public. « We hope (Tunisia’s) popular intifada will be crowned by a pluralistic democratic regime that guarantees everyone their rights, » Sheikh Hamsour Mansour, head of Jordan’s Islamic Action Front, told Reuters. Commenting on Tunisia, Morocco’s Justice and Development Party (PJD) said « achieving stability and prosperity is tied to respecting the democratic option and the people’s will ». Egypt’s Muslim Brotherhood welcomed the overthrow of an autocrat in Tunisia and said many Tunisian problems were also true of Egypt. The group, which is the country’s biggest opposition force and could rally thousands of supporters according to some analysts, refuses to confront the state on the streets.
Sarkozy appelle à une transition pacifique en Tunisie
Tunisians speaking out as shackles of silence fall
By ELAINE GANLEY, Associated Press
TUNIS, Tunisia – How does it feel to speak your mind in public for the first time — and make a difference?
Tunisians silenced for the last 23 years are wasting no time finding out, now that the strongman who muzzled the nation has fled.
There is no letup in street protests, partly spurred by Facebook and cell phone mobilization, that helped push President Zine El Abidine Ben Ali into exile. Journalists at a major state-run newspaper have staged a mutiny. Everywhere, people vow to guard their newfound freedom of expression whatever the price.
« The people decided to speak and the people have spoken, » said a well-known cartoonist at La Presse, a major state-run daily. Lotfi Ben Sassi helped lead the charge to push the old guard executive editor out the door this week. « I’ve never lived in a democracy and I’m 51 years old. »
There is a pervading sense among Tunisians that they are, at last, on the doorstep of democracy and this opportunity to get it right must not be missed. Street demonstrations small and large, often dispersed in chaos by police firing tear gas, funnel the joy, anger and fear of Tunisians trying to ensure that their « people’s revolution » doesn’t stop.
Tunisia is a nation of contradictions. With few natural resources and only 10 million people, it has made its population its main resource, developing an educated middle class and strong tourism economy. Few visitors would recognize the repression that kept the nation silent.
Beneath that veneer of stability and modernity, journalists or others who challenged the authorities under Ben Ali faced intimidation, arrest, or worse. Less than two weeks ago, reporters who wrote about police shooting at protesters in the provinces were summoned by communications authorities to answer for their actions.
This North African country, a former French colony where tourists come to soak up the Mediterranean sun, has been turning the pages of history at blinding speed since Friday when Ben Ali fled to Saudi Arabia.
In the four days that followed, an interim president was named after some stumbling, the nation’s first modestly multi-party government was appointed and less than 24 hours later, four ministers resigned amid cries from the street to dismantle the entire system of the former ruling party.
« We don’t believe this, » said Saida Ferjani, 56, chatting Tuesday at a table in a sidewalk cafe about politics — impossible under Ben Ali’s reign. « We think it’s a movie. We feel like we’re dreaming …. Before, when we talked, it was quietly at home. We were afraid to express ourselves. »
Ferjani, like many others, credits online media and social networks for breaking the barrier of silence.
« It’s thanks to the Internet and Facebook that we could topple this government. It’s the young who did it, » she said.
For weeks, mainstream newspapers and the state-controlled TV and radio paid virtually no attention to riots around the country that preceded Ben Ali’s downfall. The protest movement began in a provincial town where a young university graduate set himself on fire Dec. 17 in despair over bleak job prospects.
It spread to other towns as Tunisians were constantly updated via blogs and Facebookers like one called the « Tunisian Girl, » photos shot on cell phones and posted online, and satellite TV — particularly Al-Jazeera. Twitter has made less of an impact and video-sharing YouTube and Daily Motion were censored until last week.
A testimony to the power of bloggers was the appointment Monday of a just-released jailed blogger to the government, Slim Amamou, now minister of youth and sports. He was briefly imprisoned, then freed, in the final days of Ben Ali’s regime.
Only a day before fleeing to Saudi Arabia did Ben Ali commit himself to freedom of the press, Internet and expression in general. Too late.
The press watchdog Reports Without Borders has repeatedly listed Ben Ali among the world’s 40 top « predators » of the media.
« Journalists and human rights activists are the target of constant bureaucratic harassment, police violence and surveillance by the intelligence services, » the group says in its 2010 report. Independent journalists suffered reprisals, and foreign journalists are assigned minders by a regime « almost obsessive about control of news and information. »
Such pressures were a daily reality for journalists at the state-run paper La Presse. Inspired by the new climate, they revolted and dismissed their boss, Gawhar Chatty, and set up their own interim committee to run the paper.
When Chatty showed up at the office Monday after a call advising him to stay home, cartoonist Lotfi marched into his office for the final farewell.
« We informed him (by phone) that we’re taking charge of the paper and if he comes in we’ll break his face, excuse the expression, » managing editor Faouzie Mezzi told AP Television News.
The other leading French language paper, Le Temps, tried to save its honor in its Friday edition, out before news of Ben Ali’s quick exit — conceding that there has been a « system within a system … a hidden lock » that kept journalists from doing their job.
The transition from silent fear to speaking out isn’t automatic for everyone, and some Tunisians still prefer the shadow of anonymity or whispers.
« We made a revolution in a month and in six days we can’t all demonstrate, » said a woman calling herself only Malika, worried about the repercussions of having her full name published.
Facebook sites remain mostly anonymous, often using a version of the red and white Tunisian flag as a profile picture. But they have friends: 380,742 on Tuesday for a page calling itself « RCD Get Out, » a reference to Ben Ali’s party. Other Tunisian Facebook sites attract similar numbers.
Yes, says Ferjani, the housewife, « We’re happy and we’re free. »
AFP, le 19 janvier 2011 à 14h15 GMT
La Tunisie peut-elle se passer du « parti-Etat » honni de Ben Ali ?
Par Imed LAMLOUM TUNIS, 19 Jan 2011 (AFP) – La Tunisie peut-elle se passer du tout puissant « parti-Etat » du régime déchu du président Ben Ali pendant la transition démocratique ? La question agite la classe politique, alors que la rue réclame le bannissement du RCD, devenu le symbole de la corruption et de la répression. Chaque jour depuis la fuite de Zine El Abidine Ben Ali, qui s’est réfugié vendredi en Arabie Saoudite, les Tunisiens exigent dans la rue la dissolution du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), qui règne sur la Tunisie depuis son indépendance en 1956. Le RCD, qui revendiquait plus de deux millions d’adhérents sur une population de dix millions, a été fondé en 1988 par le président déchu sur les restes du Néo-Destour, qui avait conduit le pays à l’indépendance sous la houlette de l’ancien président Habib Bourguiba. Aux cris de « peuple révolte-toi contre les restes de la dictature », les manifestants dénoncent la mainmise de caciques de l’ancien gouvernement Ben Ali de ministres du RCD dans le gouvernement de transition formé lundi par le Premier ministre Mohamed Ghannouchi, lui-même reconduit dans ses fonctions. Mais une partie de l’élite tunisienne estime que le pays ne pourra pas, au moins dans l’immédiat, se passer purement et simplement de ce parti qui contrôle toute l’administration et de la compétence de ses cadres, au risque de paralyser l’appareil d’Etat. Outre la préparation d’élections « démocratique et libres » dans les six mois, l’exécutif provisoire doit s’atteler à rétablir totalement la sécurité et à relancer la machine économique. « A l’heure actuelle, l’urgence est de rétablir l’autorité de l’Etat », estime l’universitaire et militants des droits de l’Homme, Larbi Chouikha, partisan du maintien dans l’immédiat des ministre RCD au gouvernement. Huit membres de l’équipe Ben Ali trustent les postes-clé (Intérieur, Défense, Finances, Affaires étrangères) dans l’équipe de transition. « Mais ce sont des technocrates qui se distinguent par leur intégrité et surtout par leur compétence ,et qui ne sont pas mouillés dans des affaires de corruption », ajoute M. Chouikha. En outre « le pouvoir n’est plus seul. Il y a la société civile, la rue. A tout moment on peut réagir et dire non », argumente-t-il. Le syndicaliste Houssine Dimassi, nommé lundi ministre de la Formation et de l’Emploi mais qui a démissionné mardi à la demande de son organisation, la puissante Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), juge également que le RCD est « une composante du pays » incontournable. « On ne peut pas l’exclure du gouvernement. Cela n’a pas de sens, mais il doit avoir une place proportionnelle à son poids », plaide-t-il. A l’inverse, l’écrivain et intellectuel indépendant Sofiane Ben Farhat, rédacteur en chef du journal gouvernemental La Presse, plaide pour qu’on fasse place nette: « La situation politique actuelle doit être immédiatement représentative de la révolution ». Or « nous avons l’impression que le RCD tente de la confisquer », ajoute-t-il. Les ministres RCD de l’exécutif provisoire sont certes des technocrates, mais ils ont, selon lui, été eux-aussi « mêlés soit à la corruption soit au pouvoir autoritaire », au moins par leur assentiment. Ahmed Mestiri, fondateur du premier parti d’opposition du pays après s’être opposé au président Bourguiba, s’est également indigné de ce gouvernement d’union nationale dans lequel il voit « une opération indigne » et « une franche violation des acquis légitimes obtenus le mois dernier par le peuple tunisien ». Tentant de se refaire une virginité, le RCD a annoncé mardi la radiation de l’ancien président Ben Ali et de ses collaborateurs les plus mouillés dans la corruption et la répression. Mais la rue ne démord pas. A Ben Ben Guedane (sud-est) et à Tunis, des manifestants ont porté des cercueils pour célébrer les « funérailles » du RCD.
AFP, le 19 janvier 2011 à 14h41 GMT
10 Jews move to Israel after Tunisia uprising
By MATTI FRIEDMAN, Associated Press JERUSALEM (AP) _
JERUSALEM (AP) – Ten Tunisian Jews have moved to Israel because of the instability following the popular uprising in their home country, an Israeli official said Wednesday.
The Jewish Agency, a quasi-governmental body that handles immigration, said the Tunisians arrived in Israel on Tuesday and had requested citizenship.
Last week, a popular uprising ousted Tunisian President Zine El Abidine Ben Ali after 23 years in power. Officials say 78 protesters and civilians died in the protests that forced Ben Ali to flee the country, many of them killed by police bullets. Looting and random violence have continued.
Although Jews have not been specifically targeted, Israeli leaders have expressed concern for the safety of the 1,500-member community, which is concentrated on the island of Djerba and in the capital of Tunis.
There has long been a slow trickle of Jewish immigration from Tunisia to Israel, but the number of new arrivals Tuesday was unique. Jewish Agency spokesman Michael Jankelowitz said just 16 Tunisians immigrated in all of 2010.
In addition to the 10 who plan to stay permanently in Israel, 10 other young Tunisian Jews arrived Tuesday for a previously scheduled study program, he said.
Most of Tunisia’s some 100,000 Jews left between the 1940s and the 1960s, fleeing a wave of violence and persecution that followed Israel’s establishment. Around 800,000 Jews were forced from their homes in Arab countries in those years.
Most Tunisian Jews went to France and Israel. While the tiny Tunisian Jewish community’s ties with the Muslim majority are generally good, a 2002 al-Qaida suicide bombing targeting a synagogue on Djerba killed 19 people, including 14 German tourists.
Silvan Shalom, an Israeli Cabinet minister and vice prime minister born in Tunisia, expressed concern this week that Islamist groups could take advantage of the chaos, and said Israel was following the situation in the country and particularly that of the Jewish community.
« I don’t think they will face problems, but we have to take everything into account and get prepared if something will happen, » he told the AP on Sunday.
AFP, le 19 janvier 2011 à 14h38 GMT
Tunisie: les journalistes prennent le pouvoir dans les rédactions
Par Mohamed HASNI TUNIS, 19 Jan 2011 (AFP) – Les journalistes tunisiens, bâillonnés sous le régime du président déchu Zine El Abine Ben Ali, mènent leur propre « Révolution du jasmin » en s’emparant de la ligne éditoriale dans les rédactions, sans pour le moment exiger le départ de leur direction. Phénomène sans précédent, des comités de rédaction se sont formés dans les médias d’Etat, les journaux privés réputés proches de l’ancien régime et jusque dans ceux de l’ancien parti au pouvoir, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), dont la rue réclame la dissolution. « C’est nous qui décidons désormais de la ligne éditoriale », a déclaré à l’AFP Faouzia Mezzi, journaliste de La Presse, un titre prestigieux qui, sous Ben Ali, était passé totalement aux ordres de son entourage. « On a constitué deux comités de rédaction, l’un pour La Presse et l’autre pour Essahafa », quotidien du même groupe en arabe, explique Mme Mezzi, ajoutant que le président directeur général du groupe a été confiné pour le moment au rôle de celui qui « signe les chèques » pour assurer la marche de l’entreprise. Le premier signe du changement dans les médias est apparu dans la nuit qui a suivi la fuite vendredi de Ben Ali, avec la disparition du logo « Tunis7 » sur l’écran de la télévision publique qui renvoie au 7 novembre 1987, date à laquelle l’ancien président a pris le pouvoir. « Télévision nationale », proclame le nouveau logo, sur fond rouge et blanc, les couleurs nationales. Le ton a totalement changé depuis cette date sur la chaîne publique, qui donne désormais la parole aux anciens opposants et aux gens dans la rue, et organise même des débats! Hermétique, elle était honnie en cachette par les Tunisiens car elle chantait à longueur de journée les mérites du régime. La population était en permanence branchée sur les télévisons satellitaires arabes. Mais certaines habitudes ont la vie dure comme le fait de respecter l’ordre protocolaire au principal journal du soir. Mardi soir, la première information concerne le président par intérim, Foued Mebazaa, qui reçoit un message du président algérien Abdel Aziz Bouteflika. « Aucune censure ne s’excerce aujourd’hui », indique Karima, une journaliste du service des informations de la radio publique RTCI mais « nous filtrons les informations en tentant de vérifier les faits. L’équipe de direction est là, mais elle nous laisse faire notre travail de journalistes ». Même son de cloche au groupe de presse proche de l’ancien pouvoir Maison Al-Anouar, qui a quatre titres. Les directeurs de l’information ont disparu mais les journalistes continuent de travailler, indique Chokri Baccouche, rédacteur en chef adjoint de l’un de ces titres. A l’agence officielle TAP, après un moment de flottement, la rédaction a pris les choses en main, tout en gardant le PDG. La prise de pouvoir s’est également effectuée à Radio Mosaïque FM, qui appartenait à des proches de Ben Ali. « Nous avons décidé de prendre en main la ligne éditoriale de la radio pour qu’elle transmette la voix des Tunisiens quelles que soient leurs sensibilités et leur appartenance », ont annoncé dans un communiqué les cadres, les journalistes et les employés de cette station. Le gouvernement de transition a annoncé « la liberté totale » de l’information et aboli le ministère de la Communication, l’organe de propagande et de censure de l’ancien régime. Des journalistes disent savourer la nouvelle liberté, avec un sens de la responsabilité. « Je sens que le rôle des journalistes dans la période qui s’ouvre est d’informer tout en préservant cette révolution contre les dérives et les usurpateurs », souligne l’un d’eux Mahmoud Hosni.
AFP, le 19 janvier 2011 à 14h27 GMT
Tunisie: « aucune variation du stock d’or » (Banque centrale)
TUNIS, 19 Jan 2011 (AFP) – La Banque centrale de Tunisie (BCT) a affirmé mercredi que son stock d’or « n’a enregistré aucune variation », démentant des informations faisant état de la fuite de la famille du président déchu Zine El Abidine Ben Ali avec 1,5 tonne d’or. « La rumeur qui a circulé dans les médias ayant trait au retrait d’une tonne et demi d’or de la caisse de la BCT est dénuée de tout fondement », a assuré la Banque centrale dans un communiqué. « Le niveau du stock de l’or monétaire, qui constitue le stock stratégique de la Tunisie, n’a enregistré aucune variation durant les dernières années », a-t-elle souligné. « Pour ce qui est de l’or commercial, exclusivement réservé à l’approvisionnement des artisans et des coopératives de bijoutiers, les ventes réalisées pour l’année 2010 sont de l’ordre de 177 kg et aucune transaction n’a été effectuée à ce titre en 2011 », selon le communiqué. « Le stock d’or conservé dans les coffres de la BCT est sujet à des opérations d’audit annuel effectuées par des auditeurs extérieurs, dont les rapports sont publiés dans les états financiers de la BCT », a poursuivi la Banque. « Le stock en or de la BCT, qui est de l’ordre de 5,3 tonnes, obéit à des mesures de sécurité draconiennes », a-t-elle précisé. La chaîne TF1 et le journal Le Monde ont indiqué mardi que la famille Ben Ali aurait fui la Tunisie avec 1,5 tonne d’or, sous forme de lingots, d’un montant évalué à 45 millions d’euros. Selon les services secrets français cités par Le Monde, Leïla Trabelsi, la femme du président, « se serait rendue à la Banque centrale de Tunisie chercher des lingots d’or », et aurait essuyé un refus du gouverneur, avant qu’il ne cède sous la pression de Zine El Abidine Ben Ali. Selon TF1, le retrait des quantités d’or a eu lieu fin décembre. A peine formé lundi, le gouvernement de transition avait annoncé le limogeage du gouverneur de la BCT, Taoufik Baccar, remplacé par Mustapha Kamel Nabli, ancien économiste de la Banque Mondiale. Le gouvernement n’a pas fourni d’explication officielle à ce changement. Zine El Abidine Ben Ali a fui vendredi son pays pour l’Arabie Saoudite, après un mois de manifestations réprimées dans le sang qui ont mis fin à 23 ans d’un règne sans partage.
Tunisie: un parti d’opposition se retire définitivement du gouvernement
Tunisie: tous les prisonniers politiques du pays ont été libérés
Le gouvernement transitoire tunisien a annoncé mercredi la libération de tous les prisonniers politiques du pays, estimés à 1800. Dans le même temps, des milliers de manifestants ont exigé le retrait du gouvernement de transition des figures de l’ancien régime et la dissolution du parti du président déchu. « Tous les détenus politiques ont été libérés aujourd’hui », a déclaré le nouveau ministre du Développement régional, Najib Chebbi, par ailleurs dirigeant d’un parti d’opposition. Prié de dire si cela englobait les islamistes du parti Ennahda, il a répondu: « Il n’y a plus de prisonniers d’Ennahda en prison ». Ces libérations interviennent avant même la première réunion, peut-être jeudi, du cabinet d’union nationale, formé lundi dont quatre membres appartenant à l’opposition se sont déjà dissociés. « Il nous est impossible de participer à un gouvernement qui intègre des symboles de l’ancien régime », a répété mercredi le secrétaire général de la centrale centrale syndicale UGTT, Abdessalem Jrad. Le Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL) a quant à lui annoncé mercredi qu’il se retirait définitivement du gouvernement d’union nationale, où il disposait d’un ministère et a demandé de nouvelles négociations en vue d’un nouveau cabinet. Population mécontente Des manifestations contre ce gouvernement ont rassemblé des milliers de personnes à Tunis et dans plusieurs villes de province, notamment à Sidi Bouzid, Regueb, Kasserine, et Thala. « Nous voulons un nouveau Parlement, une nouvelle Constitution et nouvelle République », ont scandé les manifestants, qui s’en sont pris au Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti du président déchu Zine El Abidine Ben Ali. « Ça se poursuivra chaque jour jusqu’à ce que nous soyons débarrassés du parti au pouvoir », a proclamé Faydi Borni, un instituteur » Légalisations Trois partis d’opposition non reconnus sous le régime du président déchu ont par ailleurs été légalisés durant les trois derniers jours. Il s’agit de Tunisie Verte (écologique) d’Abdelkader Zitouni, le Parti socialiste de gauche de Mohamed Kilani et le Parti du travail patriotique et démocratique tunisien, d’Abderrazek Hammami. (ats / 19 janvier 2011 19:49)
Témoignage de Tunisie
«Dans une prison sans barreaux…»
Emblème de l’opposition à Ben Ali, Taoufik Ben Brik vit de l’intérieur la révolution tunisienne. Pour «La Liberté», il lance ici un cri du cœur: «Un soulèvement comme ça, on aimerait en avoir plus souvent.»
Taoufik Ben Brik, Tunis
Des drapeaux, une foule de syndicalistes, d’étudiants et de lycéens qui chantent et dansent… des chants révolutionnaires qui s’élèvent… une gaieté, une énergie jusque devant le Ministère de l’intérieur. On scande: «RCD dégage», et on demande le départ de Ben Ali. Ce matin du mardi 18 janvier 2011 à Tunis, tout peut basculer. Les enfants de la balle occupent de nouveau l’avenue Habib-Bourguiba, principale artère de la capitale. Déchirement au sein du gouvernement intérimaire… Démission des ministres intrus. Que veulent les Américains… Que dit El Jazira ?
Oser enfin parler
Nous vivons dans une prison sans barreaux. Slah ose parler. Vingt-trois ans de Ben Ali, une désertification politique totale, une pluie de bombes lacrymogènes… La foule manifeste toujours. Ils courent les uns vers les autres en levant les bras, en levant les poings, par grappes qui se mêlent, de couleurs différentes, médecins, écrivains, avocats, enseignants, journalistes, chômeurs, lycéens, fonctionnaires, vendeurs à la sauvette, ouvriers, paysans, petites bonnes de Jendouba. Ballet de caméras en train de se filmer entre elles. Là, on s’écarte avec le cercle des journalistes… la même mêlée. La même histoire.
On aperçoit la Dakhilia, le Ministère de l’intérieur tant décrié, une banderole noire en travers, comme un brassard de deuil. De tout Tunis, ils sont venus: bain de sang ou pas bain de sang? C’est la matinée des bras levés… c’est à pleurer. Regardez: un garçon et une fille enlacés. Les photographes sont tous en train de louper cette photo. Nous voilà renvoyés aux liesses du 14 janvier, le printemps des possibles… une autre foule arrive… des poings levés partout des bras levés «RCD dégage», «il délogera coûte que coûte», pas la peine de parler tunisien, on vit un instant universel…
Acteurs de l’histoire
On s’en fout de ce qui se passera demain. Ils sont montés sur scène, ils sont acteurs de l’histoire, ils sont acteurs de leur vie… citoyens de Tunis. Sur les arbres, des banderoles… des vagues de tension parcourent la foule… la police charge. Sous les gaz lacrymogènes, la foule résiste… une fête, une ivresse… la police pourrait à nouveau tirer… tout est possible… tout peut basculer… la prise de la Bastille, c’est ici. La police fait main basse sur la ville.
Main basse sur la ville
13 heures, Tunis se vide. Une ville immobile, entièrement aux mains de l’armée. Des rumeurs flottent dans l’air, de bouche à oreille, d’un portable à l’autre. En janvier 2011, le portable aura été à Tunis ce que le transistor fut en Mai 68 à Paris. Des tanks dans la rue. Seul lieu de vie, les bas-fonds occupés par les chômeurs et les costauds de la smala. Chômeurs, enfants du miracle tunisien, criant «23 ans, basta! »
14 heures, la nouvelle tombe comme un pic: les syndicalistes démissionnent du gouvernement félon.» Des slogans, des cris, des chants, des youyous, des habitants barricadés dans leurs appartements. L’état d’urgence n’y peut rien.
Police, pègre, parti
Ben Ali est parti. Combien de jeunes abattus par les forces de l’ordre? Combien de jeunes immolés pour que, le 14 janvier 2011, Ben Ali quitte le pouvoir et Tunis-Carthage? PPP: police, pègre, parti, les trois têtes d’un régime de Renseignement. Au bout de vingt-trois années de poigne de fer, il part. Il est parti, la Tunisie est retombée à la case départ. «Despote», «Ben Avi», dans les grands médias, ces qualificatifs ne sont pas très récents. Il y a encore peu, c’était «notre ami Ben Ali». Avec sa croissance de 5 à 6% et sa croisade contre les islamistes, on lui passait tout. Il a fait gagner beaucoup. Il en a gagné beaucoup, il en a volé beaucoup.
Après Bokassa, Idi Amin ou Mobutu, aujourd’hui, l’Occident n’a plus besoin de Ben Ali. C’est vrai qu’il aurait pu rester encore un peu, mais il y a eu les tueries de Tala et Kasserine, qui ont provoqué sa chute.
Un tyran après l’autre
Etonnante image de Ben Ali, ce vendredi 14 janvier, à la vingt-cinquième heure, descendant à l’aéroport de Jedda, en Arabie saoudite. Des images qui frappent toute la Tunisie. En Tunisie, comme partout, un tyran peut en cacher un autre.
Mohamed Ghannouchi, le premier ministre de Ben Ali et Fouad M’bazaâ, le président d’un parlement – non élu – et bras droit de Ben Ali se relaient sur une présidence vacante. Le changement sans le changement. On a coupé la tête du canard, mais la bête bouge encore. Ben Ali s’est éclipsé, mais il a laissé derrière lui son système qui repose sur les PPP. Ici, tout repose sur le karakouz, le théâtre d’ombre turc. Et on sait bien qui, désormais, est le marionnettiste qui manipule le karakouz, la marionnette.
Nul n’est dupe. Le pouvoir est toujours entre les mains des anciens caciques de Ben Ali. «Un bain de sang ne les ferait pas reculer» c’est l’avis général. La police, le RCD, le parti au pouvoir et la pègre ne vont pas lâcher prise facilement. Ce ne sont pas une association de charité.
Le pied dans le tapis
La Tunisie du «miracle économique» s’est pris le pied dans le tapis, l’économie de la débrouillardise a montré là son vrai visage, le visage d’une machine sans conducteur. Une économie sans but, sans pilote dans l’avion, un avion qui s’écrase et qui s’appelle Tunisie. Et qui s’écrase sur qui? Sur les Tunisiens eux-mêmes. On a vu, à Sidi Bouzid, à Kasserine, à Jendouba, à Gafsa, à Medenine, la ruine s’installer, le chômage s’étendre.
Nul parmi les Etats, européens, partenaires de la Tunisie, n’avait prévu cet effondrement foudroyant. Qui peut donc honnêtement prévoir les conséquences de cette révolution ininterrompue. Un soulèvement comme on aimerait en avoir plus souvent. Un affreux dictateur chassé par un peuple vaillant. C’est déjà ça. I
La plume pour arme de combat
Taoufik Ben Brik, 50 ans, opposant farouche au régime de l’ex-président Ben Ali. ll a collaboré à de nombreux journaux francophones et à des agences de presse indépendantes de France, de Suisse et de Belgique. Ses articles parus dans l’édition du «Nouvel Observateur du 24 février 2007 ont provoqué la saisie du titre en Tunisie. Auteur d’écrits satiriques ciblant le président tunisien, parus notamment dans «La Liberté», le journaliste a subi les pressions et machinations destinées à le faire taire.
Le journaliste et opposant a été libéré en avril dernier, après six mois d’emprisonnement. Taoufik Ben Brik connaît bien les prisons tunisiennes. A la demande de «La Liberté», il raconte le jour où la Tunisie a chassé Ben Ali. Le jour de la révolution du jasmin. Aujourd’hui, il dit qu’il a peur que la jeune révolution tunisienne ne soit trahie. Taoufik Ben Brik juge durement la composition du gouvernement de transition. «J’ai eu un moment de liesse mais il est retombé. J’ai à présent un sentiment de désespoir et de détresse.» «La révolution dont je suis l’un des pères est trahie.» Pour lui, le nouveau gouvernement ne fait pas table rase de l’ère Ben Ali: «on a coupé la tête mais le canard court toujours», a-t-il lancé en forme de cri d’alarme sur les ondes d’Europe 1.
(Source: “La Liberté” (Quotidien – Suisse), le 19 janvier 2011)
«CE QUI SE PASSE EST L’ÉQUIVALENT DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE»
TEXTE : MURIEL JARP
HISTORIQUE
Les manifestations tunisiennes qui ont débouché sur la fuite du président Ben Ali le 14 janvier sont une première dans le monde arabe. Un mouvement suivi de très près par les pays voisins et qui risque de faire des émules. Le point avec Ould Mohamedou, expert à Genève.
Les manifestations tunisiennes sont devenues révolution. Révolution de jasmin, du nom de la fleur symbole du pays. Pour les observateurs, la chute d’un régime autoritaire dans le monde arabe par un mouvement populaire pacifique est une première. Le spécialiste Ould Mohamedou, professeur à l’Institut de hautes études internationales et du développement, expert au Centre de politique de sécurité à Genève, n’hésite pas à comparer les actuels événements de Tunisie à des dates phare de l’histoire mondiale, comme la Révolution française de 1789 ou la Révolution de velours à Prague en 1989. «Pour la première fois dans cette région du monde, quelque chose s’est véritablement enclenché. Car des émeutes, que l’on appelle émeutes du pain, il y en a eu un certain nombre, comme récemment encore en Algérie. Mais aujourd’hui, en Tunisie, on est dans une configuration différente.»
Comment expliquer que la population ne se révolte qu’aujourd’hui, alors que la dictature de Zine el-Abidine Ben Ali gangrène la Tunisie depuis vingt-trois ans? «Cela couvait depuis longtemps, même si la Tunisie pouvait parfois être perçue comme idyllique. La contestation est montée crescendo depuis 1987. La répression policière est devenue insoutenable. Le népotisme a atteint des proportions énormes. Tous les postes clés, toute l’économie étaient aux mains du clan Trabelsi, la famille de sa seconde épouse. Tous les débouchés sont sclérosés par la corruption. Ce sont tous les milieux socioéconomiques qui en ont pâti.» Le professeur Ould Mohamedou ajoute qu’à la corruption, au bafouement constant des libertés, il faut ajouter que Ben Ali s’est affaibli avec l’âge (74 ans). Il a donc suffi d’une déflagration, ce fut la mort d’un jeune vendeur, qui s’est immolé par le feu le 17 décembre, après s’être fait confisquer sa marchandise par la police. «Les Tunisiens demandent bien sûr la démocratie, des libertés, mais avant tout ils ont soif de justice. Ils souhaitent un remboursement de tout ce qui leur a été pris. Car on a volé à ce peuple ses moyens non seulement de vie, mais aussi de survie.»
Un exemple tunisien qui va probablement faire des émules dans la région. «Tout le monde arabe suit très attentivement ce qui se passe. Cela risque de marquer un changement important dans cette région du monde», estime le professeur Ould Mohamedou. Preuve en est, la révolution de jasmin est saluée tant à Alger qu’au Caire par la population. Alors que les dirigeants, eux, sont nombreux à la condamner, comme l’a fait le Libyen Mouammar Kadhafi, au pouvoir depuis 1969.
(Source: “L’Illustré” (Magazine hebdomadaire – Suisse), le 19 janvier 2011)
SPÉCIAL TUNISIE PORTRAIT
LA COIFFEUSE DEVENUE RÉGENTE
TEXTE : YAN PAUCHARD
FIN DE RÈGNE
Elle symbolise toute l’arrogance et les excès du système Ben Ali. La seconde épouse du président et son clan se sont accaparé les richesses du pays, poussant l’indécence jusqu’à précipiter la chute du régime. Portrait d’une redoutable manipulatrice.
Durant ces jours historiques, elle n’est pas apparue, cachée, semble-t-il, à Dubaï. Pourtant, l’ombre de Leïla Ben Ali plane encore sur Tunis, tant l’ancienne première dame est honnie de son peuple. Car si, en dix-huit ans de mariage, elle a toujours tenu en public son rôle d’épouse dévouée à son mari, le président Zine el-Abidine Ben Ali, en coulisses, c’est elle qui, aux yeux de tous, dirigeait réellement le pays. «L’ascendance de Leïla était réelle», confirme la journaliste française Catherine Graciet, coauteur du livre La régente de Carthage. Une influence qui s’était accentuée ces dernières années, son époux, 74 ans aujourd’hui, étant affaibli par la maladie (on parle d’un cancer de la prostate). Pour preuve, en mai 2010 elle était la seule personnalité tunisienne à figurer dans la liste des 50 Arabes les plus influents établie par le mensuel The Middle East. «Les décisions importantes n’étaient plus prises au Conseil des ministres, mais dans leur chambre à coucher», ose le politologue Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen, à Genève.
FILLE DE LA MÉDINA
Rien ne prédestinait pourtant Leïla, née modestement Trabelsi le 20 juillet 1957, à devenir cette Catherine de Médicis tunisienne, aussi puissante que crainte. Fille d’un vendeur de fruits secs, elle a grandi entourée de dix frères et sœurs à El Hafsia, quartier parmi les plus délabrés de la médina de Tunis. A l’adolescence, elle entre à l’école de coiffure de la rue de Madrid, puis fait ses armes au salon Chez Wafa. Leïla est une jeune femme intelligente, indépendante, au goût prononcé pour la fête, d’où le surnom de Leïla Gin, en référence au fameux alcool. Son ascension sociale sera fulgurante, toujours appuyée par les hommes qui partageront son lit. Il y a d’abord un mariage de trois ans avec Khelil Maaouia, directeur local d’Avis, qui lui permet d’être embauchée dans une agence de voyages. Elle découvre Paris, Rome. Il y a ensuite cette liaison avec Farid Mokhtar, un puissant industriel, beau-frère du premier ministre de l’époque. Grâce à lui, Leïla obtient un poste de secrétaire de direction et fait son entrée dans la bonne société de Tunis. C’est enfin au milieu des années 80 que la jeune femme rencontre le général Ben Ali, alors ministre de l’Intérieur. Elle devient rapidement sa maîtresse. Ils partagent une même ambition. «Sois patiente, nous serons bientôt au palais de Carthage», lui a-t-il dit. Zine el-Abidine Ben Ali tiendra sa promesse. Le 7 novembre 1987, il annonce à la radio avoir démis le vieux Bourguiba pour cause de sénilité. Il devient président et chef suprême des armées. Une année plus tard, l’homme divorce pour épouser finalement, en 1992, Leïla Trabelsi.
RÉGIME POLICIER
Les nombreux espoirs suscités par l’arrivée au pouvoir de Ben Ali seront déçus. Malgré ses promesses, l’ancien chef des renseignements, formé aux sciences militaires en France et aux Etats-Unis, installe un régime policier et autocratique. Les opposants sont arrêtés, torturés, les médias censurés. Décrit comme «peu sûr de lui et paranoïaque», il ne laissera à personne d’autre la gestion de l’appareil sécuritaire. L’homme ne s’intéressera cependant guère aux questions économiques. C’est dans ce domaine que sa femme va étendre inexorablement son pouvoir et, avec elle, les hommes de sa famille, notamment son frère Belhassen Trabelsi, ainsi que son gendre, Mohamed Sakhr El-Materi, mari de Nesrine, sa fille aînée. La Famille, comme on l’appelle en Tunisie, va ériger un empire. Expropriations, extorsions de pots-de-vin, corruption, arrestations, rien n’arrête les Trabelsi. «Ils vont s’accaparer tous les secteurs: transport aérien, banque, médias, automobile, note Catherine Graciet. Jusqu’à mettre la main sur le marché de la friperie, c’est dire.» A Genève, Hasni Abidi confirme: «On peut parler d’une OPA inamicale sur un pays, une opération qui a eu comme conséquence d’affaiblir la bourgeoisie traditionnelle et d’appauvrir la classe moyenne, le socle de la société tunisienne.» Et de précipiter la fin du régime Ben Ali? La question est posée.
Depuis longtemps, en effet, la famille Trabelsi focalise la haine du peuple tunisien, qui ne supporte plus l’enrichissement sans limite de ce clan, son attitude «nouveaux riches», son train de vie bling-bling, et surtout son impunité. Neveu de Leïla, Imed Trabelsi symbolise à lui seul toutes ces dérives. Connu pour sa goujaterie avec la gent féminine et l’amour des voitures de luxe volées (il roulait avec une Mercedes 500 dérobée à Marseille à un footballeur de l’OM), il commandite en 2005 le vol de trois yachts en France. Manque de chance pour lui, l’un des navires, le Beru Ma, appartient à Bruno Roger, un intime de Nicolas Sarkozy. L’affaire fait grand bruit. L’Elysée ne veut pas passer l’éponge, mais hors de question pour Leïla de lâcher Imed. En avril 2008, l’épouse du raïs tunisien se permet, sous prétexte d’un deuil familial, de ne pas être présente lors de la visite de Nicolas Sarkozy et de son épouse, Carla Bruni. Mais personne n’est dupe. La France finira par plier et Imed ne fera jamais un jour de prison.
POIGNARDÉ À MORT
Mais l’enfant terrible des Trabelsi sera rattrapé par ses affaires. Vendredi, alors que le peuple est en passe de renverser le régime, Imed est poignardé à mort. On parle d’un règlement de comptes. La colère des Tunisiens à l’encontre de la Famille explose. Leurs maisons et leurs entreprises sont pillées et incendiées. Belhassen Trabelsi est arrêté par l’armée alors qu’il tente de fuir vers Lyon et placé aux arrêts dans la caserne d’Al Aouina. Le gendre préféré, Mohamed Sakhr El-Materi a, lui, réussi, vendredi, à fuir le pays à bord de son jet privé, direction Montréal, où il possède une luxueuse demeure. Sa femme Nesrine l’y a précédé, accueillie à l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau par les huées d’une foule de Tunisiens, prévenus de son arrivée.
La régente Leïla Ben Ali se rêvait présidente, succédant à son époux. C’est depuis la suite d’un palace, après avoir fui avec 1500 lingots d’or dans ses bagages et, peut-être, l’un de ses fameux manteaux Dior à 30 000 euros, qu’elle a assisté, impuissante, à la fin de ses ambitions.
POUVOIR
D’abord discrète, Leïla va inexorablement prendre l’ascendant sur son mari, le président Ben Ali, affaibli par la maladie (photo prise en 1987 au palais de Carthage).
ATOUT CHARME
Issue d’un milieu modeste, Leïla Ben Ali connaîtra une ascension sociale fulgurante, aidée par les hommes qui partageront son lit.
LE CLAN QUI TENAIT LA TUNISIE
La belle-famille du président Ben Ali avait fait main basse sur l’économie du pays, instaurant un système quasi mafieux.
LA CHEFFE «LA RÉGENTE»
Après son mariage avec le président Ben Ali, Leïla Trabelsi n’a eu d’obsession que de placer «ses» hommes aux postes clés de l’Etat et de permettre l’enrichissement des siens. Elle est aujourd’hui en exil dans le golfe Persique.
SON FRÈRE «LE PARRAIN»
Belhassen Trabelsi est le plus riche et le plus détesté du clan. A la tête de l’un des grands groupes privés du pays, il est aussi considéré comme le patron de la contrebande en Tunisie. Vendredi, il était arrêté par l’armée.
SON GENDRE «LE PRÉFÉRÉ»
En moins de cinq ans, le jeune Mohamed Sakhr El-Materi a bâti un empire économique sur fond de corruption et de collusion avec l’islam politique. Il serait aujourd’hui en fuite au Canada.
SON NEVEU «LE TERRIBLE»
Homme d’affaires sans scrupules et grossier personnage, Imed Trabelsi s’était fait connaître en commanditant le vol de trois yachts en France. Vendredi, il était poignardé à mort, lors d’un règlement de comptes.
(Source: “L’Illustré” (Magazine hebdomadaire – Suisse), le 19 janvier 2011)
SUISSESSE TUÉE: LA RÉVOLTE DES SIENS
PHOTOS CLAUDE GLUNTZ – TEXTE CHRISTIAN RAPPAZ
REPORTAGE
Alors que le vent de l’histoire souffle sur la Tunis ie, Sarra (12 ans) pleure sa maman, Fatma Djerbi Marendaz, une habitante de Mauborget (VD), victime innocente des émeutes. Son mari veut engager Me Vergès afin d’attaquer l’ancien régime pour assassinat.
DE NOS ENVOYÉS SPÉCIAUX EN TUNISIE CHRISTIAN RAPPAZ (TEXTES) ET CLAUDE GLUNTZ (PHOTOS)
Il est 18 h 30 à Dar Chaabane, ce vendredi 14 janvier désormais historique pour la Tunisie. Dans la pièce exiguë servant à la fois de salon et de chambre à coucher, toute la famille Djerbi est réunie en cette journée de deuil. Eric Marendaz (62 ans) est venu d’Yverdon pour soutenir sa fille Sarra et sa famille dans une terrible épreuve: la mort d’une épouse, la perte d’une maman. Ils viennent de rentrer de l’enterrement de Fatma (66 ans) et crient leur révolte après le meurtre gratuit de celle qui leur était si chère. Soudain, la petite Sarra s’arrête net: alors que les images des violences de l’aprèsmidi à Tunis tournent en boucle sur l’écran plasma posé sur un vieux dressoir en bois, la chaîne d’information en langue arabe Al Jazeera annonce l’impensable: le président Zine el-Abidine Ben Ali vient de quitter le pouvoir et le pays après vingt-trois ans d’un règne féroce et sans partage. «Salaud, traître, minable, voleur, assassin!» Dans la pièce jusque-là emplie d’émotion et de chagrin, les noms d’oiseaux fusent. Entre exaltation et soulagement, chacun crie aussi sa rage. Car, aux yeux de tous, Ben Ali et sa clique ne sont pas seulement responsables d’avoir confisqué leur liberté et leurs biens, mais également de la mort de Fatma.
C’est deux jours avant, sur la terrasse de son appartement où la Vaudoise d’adoption était montée avec Sarra et des voisins pour regarder les manifestations de rue, qu’elle a été mortellement blessée par une balle de 9 mm tirée en plein cou. Farid et Farag, témoins du drame, choqués par la tragédie de la mort d’une amie que tout le monde adorait pour sa joie de vivre sont catégoriques: «Nous avons vu deux hommes en civil armés de carabines, embusqués sur le toit de la mosquée juste en face.» «Vraisemblablement des miliciens du président», avance le mari, Eric, qui peine à garder son calme. «Des salopards qui ont bouleversé notre vie et qui n’auront sans doute jamais à répondre de leur crime barbare. Et délibéré. C’est à leur second coup qu’ils ont abattu ma femme. Nous avons relevé un autre impact sur les lieux», s’emporte le mécanicien de précision, en confirmant son intention de porter plainte contre l’ancien régime: «Je vais m’adresser à Me Vergès. Seul un avocat de son calibre est en mesure de faire bouger les choses. Et encore…»
Raouf, le frère de Fatma, est lui aussi révolté: lui qui a emmené sa sœur aînée à l’hôpital après avoir, en vain, attendu les secours pendant près d’une heure, souligne que «le juge ayant signé l’acte de décès a promis de diligenter une enquête. Mais à cette heure, nous n’avons vu personne.» La jeune Sarra, elle, ne se remettra jamais complètement de ce qu’elle a vécu: «Même si quelqu’un m’a rapidement éloignée de la terrasse, je sais maintenant que j’ai vu ma maman se faire assassiner à côté de moi.»
«C’EST UN NELSON MANDELA QUI NOUS MANQUE»
Avec l’escalade de la violence en Tunisie depuis la fuite du président déchu, l’enquête sur la mort de Fatma n’est pas près de voir le jour. Malgré le couvrefeu imposé dès vendredi, la police, dont une partie restée fidèle à Ben Ali est accusée de semer la terreur et le chaos, tente tant bien que mal d’assurer la sécurité des habitants sur les routes et à l’intérieur des localités. Une mission vite devenue impossible face à l’anarchie régnant dans le pays, mis à feu et à sang. Et cela malgré le renfort de citoyens munis d’armes automatiques qui n’hésitent pas à braquer les automobilistes et à les fouiller sans ménagement au passage de checkpoints improvisés.
Un climat de terreur qui amplifie encore l’inquiétude de millions de Tunisiens qui ne savent pas de quoi leur avenir sera fait et qui, pour certains, doutent déjà du bien-fondé de la révolution. «Ben Ali a certes trahi notre confiance. Mais les membres de l’opposition sontils réellement prêts à prendre le relais? J’en doute, estime un fonctionnaire du service public sous le sceau de l’anonymat. On ne s’autoproclame pas politicien de haut rang. L’exercice du pouvoir ne s’improvise pas. Il s’acquiert au fil du temps par immersion dans l’appareil politique. Une expérience que les leaders de l’opposition, dont la plupart ont de surcroît vécu une partie de leur vie en exil, ne possèdent pas.» Avant d’ironiser: «Partout, les Tunisiens de l’étranger fêtent le départ de Ben Ali pendant que nous, ici, nous sommes terrés dans nos maisons et terrorisés par ce qui se passe. Preuve que l’exil déconnecte des réalités et ne constitue pas un gage infaillible d’attachement au pays et à ses habitants. Nelson Mandela a assumé son engagement jusqu’au bout, préférant la prison à la fuite. C’est un homme de cette trempe qui nous manque.»
«NOUS FORMIONS UNE SUPER PETITE FAMILLE»
Chez les Djerbi, la peur se mêle au chagrin. «J’ai retrouvé papa en pleurs dans son lit ce matin. Ça fait terriblement mal. Les trois, nous formions une super petite famille, unie comme les doigts de la main. Le voyou qui a tué maman a tout détruit.» Vingtquatre heures après l’ensevelissement de Fatma au cimetière d’El Gobba, une colline dominant la plaine de Dar Chaabane, le clan a tenu à se recueillir une dernière fois. Sarra, adoptée par ses parents à l’âge de 6 mois, traverse cette douloureuse épreuve avec un courage admirable, mais elle n’a que faire des spéculations sur l’avenir du pays. A l’heure où elle aurait dû embarquer avec sa mère sur le bateau qui devait les ramener à Gênes, c’est le sien qui l’inquiète. Scolarisée dans une école privée en Tunisie, elle retrouvera Mauborget (VD) et la Suisse dans quelques jours, trois ans après son dernier séjour. «Je serai contrainte à réapprendre un nouveau programme, à troquer l’arabe et l’anglais contre le français, que je ne maîtrise plus à 100%. Ces chambardements m’angoissent un peu.» Une appréhension légitime qui inquiète aussi son père, Eric. «T’en fais pas Sarra, un jour ou l’autre, nous retrouverons ces criminels qui nous font tant souffrir.» En se penchant une dernière fois sur la sépulture que Sarra a recouverte d’un petit drapeau suisse, Eric l’a aussi promis à sa femme, innocente victime d’une révolution tachée de sang…
VIES BRISÉES
Avant de repartir pour Mauborget (VD), Eric Marendaz a tenu à se recueillir une dernière fois sur la tombe de Fatma, son épouse. Sarra, sa fille, qui a déposé un drapeau suisse en guise d’hommage, et Fafani, sa belle-mère âgée de 92 ans, l’ont accompagné au cimetière familial d’El Gobba, dans la banlieue de Dar Chaabane.
DYNAMIQUE ET GÉNÉREUSE
Les témoignages sont unanimes: à 66 ans, Fatma, instrumentiste à la retraite après avoir travaillé trente ans dans divers hôpitaux vaudois, était une femme dynamique, généreuse et qui n’avait pas d’ennemis.
MARI ANÉANTI
Eric Marendaz ne comprend pas: «Au nom de la révolution, on abat n’importe qui.»
DOULEUR
Déjà très éprouvés par les événements, les membres de la famille Djerbi Marendaz pleurent de surcroît une des leurs.
DÉCHIRANT
L’adieu d’une fille à sa maman. Depuis quelques années, Fatma vivait en Tunisie avec Sarra.
LE LIEU DU DRAME
C’est là, sur la terrasse de son appartement, que Fatma a été tuée par une balle de 9 mm tirée par un sniper en embuscade sur le toit de la mosquée, juste en face. En guise de souvenir, ses amis ont laissé la casquette qu’elle portait au moment du drame.
(Source: “L’Illustré” (Magazine hebdomadaire – Suisse), le 19 janvier 2011)
Tunisi, governo nuovo: tutti temono gli islamisti La vendetta del popolo: caccia ai parenti di Leila
Tunisi – La Tunisia ha un nuovo governo, ma i ministeri che contano sono in mano alla vecchia guardia del presidente Ben Alì, costretto alla fuga. Lo stesso primo ministro, Mohammed Ghannouchi, e il capo dello Stato provvisorio, il presidente del Parlamento Fouad Mebazaa, sono uomini del vecchio regime. Nell’esecutivo entrano tre membri dell’opposizione, ma la gente continua a manifestare urlando slogan come «la rivoluzione continua. Via l’Rcd (il partito di Ben Alì nda)» a Tunisi e altre città. Non solo: dall’estero gli oppositori in esilio parlano di «governo farsa». Ieri il premier Ghannouchi ha annunciato il nuovo esecutivo confermando nei dicasteri chiave come l’Interno, la Difesa e gli Esteri i ministri in carica. Ben Alì, prima di lasciare il Paese, aveva silurato il ministro dell’Interno sostituendolo con l’accademico e più moderato Ahmed Friaa. La gente in piazza, però, non dimentica che la polizia ha sparato ad alzo zero sui manifestanti, provocando 78 morti. I volti nuovi sono Najib Chebbi, nominato ministro dello Sviluppo regionale, Ahmed Ibrahim, responsabile dell’Istruzione e Mustafa Ben Jaafar, a capo della Sanità. Chebbi è il fondatore del partito Progressista democratico di opposizione. Ibrahim guida il movimento del Rinnovamento e Ben Jaafar l’Unione della libertà e del lavoro. Il premier ha annunciato la formazione di una commissione d’inchiesta sulla sanguinosa repressione presieduta da Taoufiq Bouderban, ex presidente della Lega dei diritti umani. La procura indagherà sulla corruzione e le elezioni si terranno fra sei mesi, non più in due come si ipotizzava. Il problema è che l’opposizione, cooptata nel nuovo governo, esisteva pure prima, ma era addomesticata da Ben Alì. Non a caso dal suo esilio a Parigi, il rivale storico dell’ex presidente, Moncef Marzouki, leader della sinistra laica, ha bollato il nuovo esecutivo come «una farsa: le forze reali del Paese sono state escluse». Marzouki ha intenzione di tornare in patria e presentarsi alle elezioni presidenziali con il Congresso repubblicano. Dall’esecutivo sarebbe rimasto escluso anche il partito comunista. Il suo leader, Hamam Hammami era stato arrestato nei giorni scorsi e poi liberato con la fuga del presidente. La vera incognita è quella degli islamisti, che il nuovo governo vuole continuare a bandire. Se le elezioni saranno veramente libere sarà praticamente impossibile proibire il ritorno di partiti come Ennahdha (Rinascita), vicino ai Fratelli musulmani. Il leader in esilio a Londra, Rached Ghannouci, scalpita per tornare in patria. Discepolo del sudanese Hassan al Tourabi, pensa che la sovranità in un Paese musulmano sia di Allah. Il pericolo principale, però, è rappresentato dal serbatoio di rabbia e disoccupazione giovanile nel quale possono pescare movimenti ben più estremisti approfittando della situazione armi in pugno. L’11 gennaio il leader di Al Qaida nel Maghreb islamico, Abu Musaab Abdul Wadud, incitava il popolo tunisino a rovesciare il «faraone» Ben Alì, messo al potere dai «crociati». Con un appello sui siti filoterroristi Wadud ha definito le proteste «un urlo contro il boia» che «ha rotto il muro di silenzio che dominava la Tunisia da secoli». Alla fine ha invitato i tunisini ad arruolare i loro figli in Al Qaida «per la battaglia finale contro gli ebrei, i crociati e le loro spie». A vigilare, con l’aiuto degli americani, contro lo spettro dei fondamentalisti, ci penserà il generale Rachid Ammar, capo di stato maggiore delle forze armate. Ben Alì lo aveva silurato, perchè non ha dato l’ordine ai soldati di sparare sulla folla. L’ambasciata americana lo ha appoggiato nel mezzo colpo di palazzo, che ha mandato in esilio Ben Alì. La gente lo considera un eroe. Lui non si fa vedere, ma opera dietro le quinte per diminuire il peso della polizia a favore dell’esercito. E su Facebook è nata, non per caso, una pagina intitolata al «generale Rachid Ammar presidente», con un vasto seguito di fan. (Source : Il Giornale, (Quotidien – Italie), le 18 janvier 2011) Lien: http://www.ilgiornale.it/esteri/a_tunisi_ce_nuovo_governo_ma_tutti_temono_islamisti/18-01-2011/articolo-id=500148-page=0-comments=1
Tunisia. Premier: « Capo islamista rientrerà dopo amnistia »
Tunisie : un avion contenant du matériel de maintien de l’ordre bloqué vendredi (14 janvier 2011) à Roissy
Alliot-Marie, DSK, Mitterrand, ils se sont tous levés pour Ben Ali!
Tefy Andriamanana Janvier 2010, la France découvre que des hommes de vertu sont prêts à soutenir une dictature pour un contrat ou une villa en bord de mer. Il fallait s’y attendre. A peine Ben Ali avait-il quitté Tunis que le passé diplomatique de plusieurs personnalités françaises a ressurgi. Toutes ont été accusées de complaisance envers le régime tunisien. La dénonciation est sans doute louable mais sûrement tardive. Michelle Alliot-Marie a été épinglée pour son initiative un peu à contretemps consistant à proposer une aide policière à l’ancien régime juste avant la fuite de Ben Ali. Elle a d’ailleurs dénoncé une campagne malveillante voulant lui faire dire « le contraire de ce qu’elle voulait dire ». Mais la ministre est connue de longue date dans les milieux parisiens pour sa très grande proximité avec le pays. Dominique Strauss-Kahn constitue le plus beau morceau de bravoure. En visite à Carthage en novembre 2008, le directeur du FMI avait vanté les mérites du modèle économique tunisien : « L’économie tunisienne va bien (…) la politique économique qui est conduite est saine, et je pense que c’est un bon exemple à suivre pour les pays émergents ». A la bonne heure ! Et dire que les amis de Strauss-Kahn mettent la dernière main au storytelling de leur champion qui aurait rendu le FMI plus social…. La vidéo immortalisant la rencontre Ben Ali-Strauss-Kahn dépasse allègrement les 100 000 visites. Idem pour Frédéric Mitterrand. L’amiral Jacques Lanxade, ex-ambassadeur en Tunisie, avait révélé qu’il avait obtenu la nationalité tunisienne directement de Ben Ali. Il possèderait également une maison sur place. Mitterrand a également été décoré de l’insigne d’Officier du Mérite culturel tunisien et de celui du Grand Officier de l’ordre du 7 novembre. Le ministre de la Culture avait fait polémique en déclarant sur Canal+ en plein mouvement tunisien : « Dire que la Tunisie est une dictature univoque comme on le fait si souvent me semble tout à fait exagéré ». Jacques Séguéla s’est aussi fait piéger. Selon Bakchich, le publicitaire aurait été le conseiller en communication de Ben Ali. C’est lui qui aurait servi de coach pour l’intervention de l’ex-chef de l’Etat à la télévision le 10 janvier. Mais Jacques Séguéla a démenti ses informations. Ces révélations montrent que les marchands d’armes ou au Quai d’Orsay n’ont pas le monopole de la realpolitik. On peut être le socialiste favori des sondages, ministre de la Culture « d’ouverture » ou publicitaire mondain et placer ses intérêts avant sa conscience. On peut parier que des activistes cherchent déjà les casseroles de Serge Moati ou Bertrand Delanoë. Et dans les dîners en ville, certains doivent déjà craindre la chute du prochain dictateur méditerranéen et les révélations qui vont suivre. (Source : « Marianne2 » (Hebdomadaire – France), le 18 Janvier 2011) Lien : http://www.marianne2.fr/Alliot-Marie-DSK-Mitterrand-ils-se-sont-tous-leves-pour-Ben-Ali_a201862.html
Mohamed Ben Kilani, anonyme devenu héros en Tunisie
Bouazizi martyr, Ben Kilani héros. S’il ne pouvait pas encore s’appuyer sur de réels leaders politiques, le peuple tunisien a trouvé des icônes à son soulèvement.
Une révolution a besoin de leader. La chute du totalitarisme en Europe de l’Est a montré ses meneurs- Lech Walesa en Pologne, Vaclav Havel en Tchécoslovaquie – tous ou presque issus du monde politique. En Tunisie, il en fut autrement, comme en Iran où le mouvement vert s’est émupour le sort de Neda, une jeune femme tombée sous les balles en juin 2009.
Faute d’avoir pour l’heure une opposition forte et unie,le peuple tunisien en colère s’est retrouvé dans des figures d’anonymes commeMohamed Bouazizi, ce jeune de 26 ans qui s’est immolé le 17 décembre dernier, donnant le coup d’envoi à la révolte de jasmin, ou comme Mohamed Ben Kilani, ce pilote de 37 ans qui a refusé de décoller alors qu’une partie duclan Ben Ali avait pris place dans son avion pour s’enfuir.
Si le premier est devenu martyr, le deuxième est sans doute devenu le héros de la révolution tunisienne. A la sortie de l’avion Tunis Air, à l’aéroport de Tunis, Mohamed Ben Kilani raconte les quelques minutes qui l’ont conduit à dire non: « J’avais embarqué les passagers, j’étais prêt à décoller pour Lyon (centre-est de la France) vendredi à 14H30 (13H30 GMT) mais je n’en ai pas reçu l’autorisation. On m’a prévenu qu’il y aurait cinq passagers supplémentaires, que c’était un ordre.J’ai tout de suite compris qu’il s’agissait de la famille présidentielle, la famille Trabelsi (nom de la belle-famille du président Ben Ali). Quelqu’un de la compagnie me l’a confirmé », a-t-il expliqué à l’AFP.
Pendant la présidence de Zine El Abidine Ben Ali, il n’était pas rare en effet que ses proches et ceux de son épouse embarquent ainsi au dernier moment, selon les hôtesses de l’air.
Ensuite, tout s’est enchaîné selon le pilote: « Il y a eu comme un flash dans ma tête, j’ai revu les images des événements ces derniers jours en Tunisie et j’ai décidé de ne pas participer à cette expédition de criminels. Si je ramène cette famille, je serai un traître pour toute ma vie », poursuit-il.
Moins d’une heure plus tard, l’armée prenait possession de l’aéroport de Tunis et l’espace aérien tunisien était fermé pour la journée. Sauf pourZine El Abidine Ben Ali qui fuyait le pays pour se réfugier en Arabie Saoudite, après 23 ans de règne sans partage, victime d’un mois de révolte populaire sans précédent contre son régime, qui a embrasé le pays et fait une centaine de victimes, tombées sous les balles des forces de l’ordre, selon les chiffres l’ONU.
Les circonstances exactes du fait d’armes de Mohamed Ben Kilani, 37 ans, cheveux courts et fines lunettes, restent encore obscures mais les motifs de son acte semblent, eux, bien clairs. « J’ai fait mon devoir en tant que Tunisien. Je regrettais de ne pas avoir pris part aux manifestations alors j’ai voulu participer au mouvement (de révolte) à ma manière. Je représente l’opinion publique tunisienne, j’avais aussi l’approbation discrète du copilote et du reste de l’équipage, ils ne voulaient pas participer non plus, je le voyais sur leurs visages », assure Mohamed Ben Kilani.
De nombreux journaux ou sites relatent les messages d’internautes publiés en masse sur sur Facebook ou Twitter, qui remercient ou complimentent le nouveau héros de la Tunisie. L’un deux réclame même le changement de nom de l’aéroport d’Enfhida-Zine El Abidine Ben Ali:« Pour que l’aéroport Nfidha devienne l’aéroport Mohamed Ben Kilani. » Vingt ans plus tôt, Lech Walesa avait aussi droit à son aéroport, à Gdansk, en Pologne.
Source : « L’express.tr » Le 19-01-2011
Ennahda, visage de l’islamisme tunisien
Rached Ghannouchi, chef exilé du parti islamiste Ennahda, va bientôt rentrer au pays.
Lachute de Ben Ali annonce le retour en Tunisie de plusieurs leaders politiques exilés depuis de nombreuses années. Parmi eux, Rached Ghannouchi, le leader d’Ennahda (“Renaissance“ en français), un parti politique islamiste.
Réfugié à Londres depuis les années 90, Rached Ghannouchi a annoncé lundi qu’il préparait son retour en Tunisie et qu’il est prêt à travailler à la formation d’un gouvernement d’union nationale. Son parti, interdit sous le régime Ben Ali, va demander sa légalisation et entend devenir une force politique « comme les autres », a annoncé mardi un autre de ses dirigeants, Ali Laraidh.
Forcé à l’exil par Ben Ali
Condamné à la peine de mort sous l’ère Bourguiba, Rached Ghannouchi a ensuite été gracié par Ben Ali. Mais lui et son parti n’ont néanmoins jamais pu se présenter aux élections en Tunisie, son parti ayant été décimé par la première vague de répression du régime Ben Ali en 1989.
Ben Ali déchu de ses fonctions, Rached Ghannouchi considère désormais que son parti est autorisé en Tunisie. Ennahda se serait même allié avec une partie de l’opposition, jusque-là illégale, sur la base d’un « code de bonne conduite », selon les informations du journal Le Figaro. Mais, « pour l’instant, il n’y a pas de contact » entre lui et la nouvelle équipe au pouvoir, a-t-il déclaré au journal Libération .
« Nous sommes un mouvement pacifique »
En vertu de cet accord, le parti politique islamiste a notamment accepté le statut de la femme et le droit à l’avortement, et se compare à l’AKP d’Erdogan, en Turquie.
“Nous sommes pour toutes les libertés démocratiques“, se défend Ajmi Lourimi, un proche de Rached Ghannouchi, en précisant le positionnement de l’Ennahda au micro d’Europe 1. “Nous sommes le produit de la culture tunisienne, du système éducatif tunisien, nous sommes le prolongement du mouvement réformiste, nous ne sommes pas venus d’une autre planète“, explique-t-il.
« Nous sommes un mouvement pacifique », se défend Ajmi Lourimi.
Pas de candidat à la présidentielle
Rached Ghannouchi a par ailleurs indiqué qu’aucun candidat de l’Ennahda ne serait présenté à la future élection présidentielle, mais que le parti comptait tout de même participer aux législatives.
« Il y a eu en Tunisie une révolution du peuple qui a revendiqué des droits sociaux et politiques. On ne veut pas avoir l’air de récupérer ce mouvement“. […] Nous faisons très attention à ce qui se passe depuis le 11 septembre (2001), à la perception de l’islam ou de conflits entre Orient et Occident. On ne veut ni de la violence ni de la peur », a assuré le leader de l’Ennahda.
Source : « europe1 » Le 19-01-2011
Quel avenir pour les relations entre la France et la Tunisie
Pourquoi une telle mansuétude de la France envers le régime de Ben Ali ? Ne s’est-elle pas discréditée auprès du peuple et des futurs dirigeants tunisiens ? Décryptage par Jean-Pierre Tuquoi, journaliste spécialiste du Maghreb et auteur d’un livre qui fait référence, Notre ami Ben Ali (La Découverte).
TC : Quelles étaient les relations entre l’Union européenne, notamment la France, et le régime de Ben Ali ? Jean-Pierre Tuquoi* : Au vu des déclarations successives de François Mitterrand, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, elles étaient excellentes. D’autant que la Tunisie a toujours su donner une bonne image d’elle et de son régime. Malgré les nombreuses dénonciations des défenseurs des droits de l’homme, aux yeux de beaucoup de Français, la Tunisie c’était le tourisme, le jasmin… Les dirigeants français et européens ont-ils pu ignorer les dérives du régime ? Non. D’ailleurs, quand on lit les rapports diplomatiques révélés par le site Wikileaks et les conversations entre diplomates occidentaux, on constate que tous les diplomates, français, européens, américains… étaient parfaitement au courant de la nature liberticide du régime et de la forte corruption. Y a-t-il eu, ces dernières années, des tentatives diplomatiques pour inciter le pouvoir tunisien à changer d’attitude, notamment en ce qui concerne le respect des droits de l’homme ? De la part des États-Unis, oui. Les Américains sont très sévères dans leur analyse du régime de Ben Ali. Ils sont en contact avec les opposants. Sous la présidence Georges W. Bush, ils n’hésitaient pas à dénoncer publiquement les dérives du pouvoir tunisien. Depuis Barack Obama, ils n’ont pas changé de ligne de conduite, mais ont opté pour une autre stratégie. Ils sont plus dans un registre de discrétion. Concernant la France, on ne sait pas très bien. Mais on n’a pas l’impression qu’elle a beaucoup fait pression sur le régime. Lorsque Nicolas Sarkozy est allé en Tunisie, en avril 2008, Rama Yade, secrétaire d’État aux Droits de l’homme, faisait partie du voyage. L’entourage du président a dit qu’il avait parlé des droits de l’homme avec son homologue tunisien. Mais, on n’a aucune preuve. Comment expliquer une telle mansuétude de la part de la France et de ses voisins européens ? La Tunisie a toujours été le bon élève, notamment d’un point de vue économique. Elle a toujours été en avance par rapport à l’Algérie et au Maroc dans ses relations avec l’Union européenne, en matière de libéralisation et d’ouverture des marchés. Elle a été la première à baisser ses barrières douanières avec l’Europe. Concernant le projet d’Union pour la Méditerranée, cher à Sarkozy, elle a été le premier pays arabe à dire : « OK, ça nous intéresse ». Les diplomates redoutaient avant tout une déstabilisation de la Tunisie, avec en toile de fond, la peur de la montée des islamistes. Analyse que l’on peut élargir au reste du Maghreb. Mais c’est une vision à court terme, car en tolérant un régime parmi les plus corrompus et les plus policiers, on encourage les mouvements extrémistes. S’emparant des questions sociales et dénonçant la corruption, les islamistes irriguent l’opinion publique. En soutenant le régime de Ben Ali jusqu’au bout, notamment par son silence sur les événements de ces dernières semaines, la France ne s’est-elle pas discréditée auprès du peuple tunisien et des futurs dirigeants au cas où les opposants arriveraient au pouvoir ? La France ne sort pas grandie de l’affaire. Les premiers échos qui arrivent de Tunisie nous le confirment. En ce qui concerne les relations avec les futurs dirigeants, même si c’est l’opposition qui prend le pouvoir, on sait qu’il y a des constantes dans la politique étrangère française. La France est le premier partenaire économique de la Tunisie, on ne peut pas changer d’amis, de partenaires du jour au lendemain.
Source:”Temoignage chretien” Le 19-01-2011
Tunisie : « c’était prévisible », assure Yade (E1)
« Je suis très fière du peuple tunisien qui a réussi à se libérer lui-même, tout seul. Je lui tire vraiment mon coup de chapeau », a lancé mercredi Rama Yade, au micro d’Europe 1. Mais pour l’ancienne secrétaire d’Etat aux droits de l’Homme en France, « tout ce qui s’est passé ces dernières semaines était prévisible puisque moi-même je me suis rendue en Tunisie lors d’un déplacement dont vous vous rappelez sans doute en 2008 où ça a été une lutte permanente pour rencontrer les ONG, les militants des droits de l’homme que je voulais rencontrer », a-t-elle aussi certifié. Quant à savoir pourquoi les autorités françaises n’ont pas de leur côté anticipé la chute du régime Ben Ali, à l’instar de l’actuelle ministre des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie, Rama Yade a rétorqué : « moi je ne suis pas au gouvernement, donc je n’en connais pas les coulisses ». « Mais c’était prévisible », a réaffirmé celle qui a depuis été nommée ambassadrice de France auprès de l’Unesco
Source : « europe1 » Le 19-01-2011
Tunisie: Chassé-croisé au dessus de la Méditerranée
TUNISIE – Beaucoup rentrent au pays, d’autres rejoignent l’Hexagone…
Les uns se pressent pour ne pas rater leur avion, les autres sont soulagés d’être arrivés. Mardi, le vol quotidien Marseille/Tunis de la Tunisair était plus rempli que ces derniers jours. Au comptoir de la compagnie, Rached, qui travaille depuis huit ans dans les environs de Marseille, est venu presque sur un coup de tête.
«Je n’avais pas prévu d’aller à Tunis, mais ça m’embêtait trop de ne pas être là-bas», explique-t-il. À son arrivée, il fera le tour de sa famille et des connaissances. Il ira visiter son cousin «qui a reçu une balle dans une jambe au cours d’une manifestation. La police lui a tiré dessus».
La Tunisie sans Ben Ali, il en fait un constat simple. «Avant, tu parlais mal de Ben Ali ou t’allais faire la prière, la police t’arrêtait. T’allais danser ou boire un coup, on te jetait enprison. Aujourd’hui on veut la liberté, être tous ensemble.»
« Intelligentsia importante »
Dans la file d’embarquement du vol Tunisair, Dalila s’impatiente. «Je suis ici depuis un mois. Je suis venu voir mes enfants, mais j’avais hâte de rentrer, je me sens loin», explique cette femme élégante, retraitée d’une grande banque tunisienne.
Comme beaucoup, elle ne s’attendait pas au départ de Ben Ali. Désormais, elle espère que «la révolte du peuple se transformera en quelque chose de bien». «Il y a enTunisie une intelligentsia très importante qui n’a pas pu jouer son rôle à cause de la dictature», explique-t-elle, confiante.
À l’opposé du terminal 1 de l’aéroport de Marignane, des familles de Français arrivent en provenance de Tunis, avec bagage et enfants. «On n’avait pas prévu de rentrer, indique un père de famille, résidant à Carthage. Mais avec les milices, les hélicoptères, les barrages… Et on a tiré sur la maison, alors mes filles ont eu peur». Beaucoup d’entre eux comptent attendre «que la situation se calme.»
Source : « 20minutea.fr » Le 19-01-2011
La presse tunisienne de l’après Ben Ali
La Tunisie fait une expérience nouvelle. Celle de la liberté de la presse. C’est la voix de la rue qui s’exprime , et s’imprime dans les journaux, l’ombre de la propagande ne plane plus sur les colonnes.
Pendant 23 ans, La Presse fut le journal du régime. Ses journalistes nous montrent un détail qu’on ne retrouvera plus jamais, en première page : “C’est soit la photo du président, soit celle de la femme du président, explique Lotfi Ben Sassi. Même si le président n’a pas d’activité on invente n’importe quel prétexte pour parler du président.”
Le directeur du quotidien n’est plus que l’ombre de lui même, il sait que ses jours à ce poste sont comptés. Il s’enferme désormais dans son bureau, pour des tâches purement administratives. C’est d’ici qu’il recevait les ordres présidentiels : “-Certaines consignes on les reçoit ici, dans ce bureau, par téléphone, dit Mansour M’henni.
-Qui vous appellait ?
-Généralement lorsqu’il y a le ministère, c’est l’appareil du ministère.”
Même vent de liberté, à Radio Mosaïque. Elle appartenait à la femme de Ben Ali. Alors forcément maintenant, la parole se libère. Une liberté dont il va falloir faire bon usage, les journalistes savent qu’ils ont une lourde responsabilité à présent.
Source : « euronews » Le 19-01-2011
La fuite de Ben Ali et le retour des hommes d’affaires
La chute de Ben Ali et de sa femme Leïla Trabelsi pourrait donner un grand bol d’air à l’économie tunisienne. Corruption et spoliation étaient monnaie courante.
Les clans de l’ex-président Ben Ali et de sa femme Leïla Trabelsi ont tenu d’une main de fer jusqu’au bout l’économie de la Tunisie.Leur fuite devrait donner une plus grande liberté aux chefs d’entreprise qui craignaient comme la peste«la Famille», comme ils surnommaient le pouvoir, en référence aux films évoquant la mafia.
«La famille élargie du président est fréquemment présentée comme le carrefour de la corruption en Tunisie», écrit un diplomate américain dans un mémo publié par WikiLeaks etLe Monde. «Expropriation», «extorsions de pots-de-vin», le fonctionnaire énumère les cas d’abus de pouvoir flagrants dans une note datée de juin 2008 et intitulée «ce qui est à vous est à moi».
La voracité des Trabelsi
«Ces personnes étaient présentes dans beaucoup de secteurs, ils ponctionnaient les profits des entreprises et ont réduit par conséquent la capacité de ces dernières à investir», note Jean-Raphaël Chaponnière, économiste à l’Agence française pour le développement (AFD). Moins d’investissement, c’est moins de croissance et moins d’emploi.
Pour échapper à la voracité des Ben Ali et des Trabelsi, les entrepreneurs avaient adopté un leitmotiv, «rester petit», rapporte Béatrice Hibou,économiste au CERI-Sciences Po. «Les chefs d’entreprises disaient avoir peur d’investir et de grandir. Si c’est vrai, alors le départ des clans devrait entraîner une reprise de l’investissement», ajoute la chercheur, qui avance aussi d’autres explications à ce phénomène, comme le maintien du contrôle des sociétés par la famille de l’homme d’affaires. Et la volonté de ne pas ouvrir les comptes.
Impôts arbitraires
Après24 ans de règne de Ben Ali, la Tunisie se caractérise «par le nombre extrêmement faible de grandes (0,4 % du total des entreprises) et même de moyennes entreprises (0,3 % ou 1,7 %)», relève Béatrice Hibou. Même «le plus grand des groupes tunisiens, Poulina, est en réalité un conglomérat de 71 filiales pour 6 000 salariés seulement.»
Le pouvoir ne se contentait pas de spolier. Il utilisait aussi le fisc pour remercier ou punir. «Les impôts étaient prélevés de façon très arbitraire: si vous n’étiez pas en odeur de sainteté à Carthage, vous essuyiez un redressement fiscal ; si vous étiez un ami, vous ne payiez pas d’impôts», relève ainsi Mohamed Ali Marouani, économiste à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Les sociétés étrangères n’échappaient pas à la règle: «tout le monde est passé à la caisse!», dénonce un ancien ministre du prédécesseur de Ben Ali, Habib Bourguiba, et «exilé volontaire» à Paris. «Le pouvoir se servait sans retenue, c’est même ce qui a tué le régime», ajoute Catherine Graciet, auteur d’une enquête sur la femme de Ben Ali, Leïla (La Régente de Carthage).
«Des temps incertains»
Pas sûr toutefois que la disparition de cette quasi-mafia permette un rebond spectaculaire des investissements. «Avec l’évènement mouvementé de la démocratie, nous entrons dans des temps incertains peu propices aux investissements», prévient Jean-Raphaël Chaponnière, économiste à l’Agence française pour le développement (AFD). L’agence de notation Moody’s a d’ailleursdégradé la note du pays ce mercredi. La corruption, d’après de nombreux observateurs, devrait survivre à la dictature, bien qu’à une moindre échelle.
Source : « Le Figaro » Le 19-01-2011
Les défis économiques de l’après Ben Ali
Désormais débarrassée de l’emprise mafieuse de l’ancien régime, l’économie tunisienne a des atouts pour relancer la croissance et donner de l’emploi à ses jeunes diplômés. Mais il reste des obstacles de taille à surmonter.
Voilà une nouvelle dont laTunisie se serait bien passée : Moody’s aabaissé d’un cran la note du pays, en proie à de graves troubles depuis le « changement inattendu de régime ». Dans son communiqué, l’agence de notation met en garde contre le prolongement d’une crise qui serait potentiellement dommageable pour l’économie du pays, étant donné sa dépendance envers le secteur du tourisme et les investissements étrangers ». Le message est clair: dans l’immédiat, la priorité doit être de rétablir l’ordre politique afin de restaurer l’image touristique du pays et rétablir les flux qui ont été interrompus. Car avec 8 millions de visiteurs par an, le tourisme représente 15% du PIB et 800 000 emplois directs et indirects.
Donner de l’emploi aux jeunes
Mais une fois passée la période de transition, le premier vrai défi du gouvernement sera de s’attaquer au chômage. Si le taux national est de 15%, il s’élève à 30% parmi les jeunes qui ont fait des études. De fait, « le régime a chuté d’abord sur le problème du chômage des jeunes diplômés, estime Radhi Meddeb, président de l’IPEMED. L’ancien président Bourguiba avait misé sur l’enseignement et la libération de la femme. Aujourd’hui cela porte ses fruits. » Sauf que l’économie, elle, est restée dominée par des secteurs qui emploient de la main-d’oeuvre peu qualifiée. Les jeunes diplômés se retrouvent donc sur un marché de travail qui ne leur offre que des emplois dans les calls centers, les hôtels et les usines textiles. « Plus on est diplômé, moins on a de chance de trouver du travail », résume Karim Bitar, économiste à l’IRIS.
Au total, il s’agit de créer 80.000 emplois par an pour absorber la main d’oeuvre. « Or l’emploi ne se décrète pas, affirme Rahdi Meddeb. Il résulte de l’investissement, qui nécessite un climat de confiance, aussi bien au niveau national qu’international ». La fin du régime de Ben Ali devrait grandement aider en ce sens.
Démanteler le système Ben Ali
« Les Tunisiens n’osaient pas investir à cause de la mauvaise qualité du climat des affaires et par peur que les groupes proches du clan Ben Ali nemettent la main sur leurs parts« , explique le président de l’IPEMED. « Du petit restaurant à la grande banque, toute l’économie était ponctionnée par Ben Ali et la famille Trabelsi », confirme Karim Bitar. « Et ce qui était ponctionné n’était pas réinvesti dans l’économie tunisienne mais investi à l’étranger dans des secteurs oisifs non producteurs de valeur ajoutée, que ce soit des placements financiers en Suisse ou dans de l’immobilier, en France ou dans les pays du Golfe », renchérit El Mouhoub Mouhoud, professeur d’économie à Dauphine. Selon la Banque mondiale, sans cette emprise familiale, le taux de croissance de la Tunisie, aujourd’hui de 4% par an, pourrait même atteindre 6 à 7%, autant que l’Inde.
Reste à traiter les actifs encore détenus par le clan Trabelsi. Une commission créée par le ministère de la Justice doit se charger dedébusquer les avoirs acquis grâce au népotisme et à la corruption. Moncef Cheikhrouho, économiste tunisien et professeur de finance à HEC, prend l’exemple de la chaîne de bricolage Bricorama, qui s’est installée en Tunisie après la conclusion d’un accord avec un membre de la famille Trabelsi. « Légalement, il faudra trouver à Bricorama un autre partenaire. Les parts seront vendues aux enchères via un processus ouvert. » Pour El Mouhoub Mouhoud, « la Tunisie devrait passer par une période similaire à l’économie de transition des pays d’Europe de l’Est. Le gouvernement devra nationaliser temporairement ces actifs de prédation avant de les revendre au secteur privé. »
Assainir le système bancaire
Se débarrasser de l’emprise du clan Ben Ali signifie aussi « assainir le secteur bancaire en s’attaquant aux créances en souffrance qui représentent 20% des crédits bancaires, explique Lahcen Achy, économiste au centre Carnegie pour le Moyen-Orient. Sous la pression, les banques ont en effet dû accorder des crédits aux proches du régime sans pouvoir s’assurer de la qualité des projets ou de la fiabilité des emprunteurs ».
N’empêche que la fuite de Ben Ali ne suffira pas à relancer les investissments et à lutter contre le chômage. « Le changement de régime ne va pas altérer la structure économique du pays et résoudre par miracle tous ses problèmes », avertit El Mouhoub Mouhoud.
Monter en gamme dans le tourisme et les services
Pour commencer, le pays est fortement inégalitaire selon les régions. « Les zones rurales ont été négligées à la faveur des zones touristiques côtières. C’est pourquoi l’aménagement du territoire devra être un des grands chantiers du gouvernement », selon Karim Bitar, qui rappelle que les émeutes sont parties de Sidi Bouzid, une ville du centre-ouest du pays.
Autre fragilité de l’économie: la polarisation autour du tourisme low-cost et de la manufacture légère, que ce soit la production textile ou l’assemblage mécanique. « Le tourisme tunisien doit monter en gamme, estime Lahcen Achy. D’autant plus qu’avec la crise européenne et la montée du chômage, le marché bas de gamme est de plus en plus volatil. Il faut imiter la stratégie du Maroc, qui arrive à engranger plus de recettes avec moins de touristes ». La même montée en gamme doit s’opérer dans les services : « le pays ne doit plus se contenter d’ouvrir des call centers, il doit aller vers les services de la connaissance, le support informatique, le consulting, ajoute El Mouhoub Mouhoud. Après tout, la Tunisie a tous les atouts nécessaires : une main d’oeuvre qualifiée et qui parle bien français. »
Réduire la dépendance à l’Europe
Ensuite, « le commerce doit réduire sa dépendance vis-à-vis de l’UE, qui absorbe 75% des exportations tunisiennes, poursuit Lahcen Achy, car avec la crise, la demande baisse. La Tunisie doit donc se tourner vers les autres pays émergents et arabes ».
« Il faut absolument améliorer la coopération entre voisins maghrébins, confirme El Mouhoub Mouhoud. Aujourd’hui, à cause des droits de douane et des autres problèmes de frontières, le commerce entre pays d’Afrique du nord coûte cinq fois plus cher qu’avec l’UE, déplore-t-il. Si le Maghreb arrivait à créer une zone de libre échange, cela constituerait un marché régional assez vaste pour attirer les investissements étrangers ». Cela serait particulièrement bénéfique pour la Tunisie, qui avec ses 11 millions d’habitants, « représente à elle seule un trop petit marché pour intéresser les investisseurs étrangers ».
Source : « l’express.fr » Le 19-01-2011
Les Ben Ali-Trabelsi, les prédateurs de la Tunisie
Il est accusé d’avoir pillé durant quinze ans les richesses du pays en maniant la corruption, le vol, l’intimidation. Qualifié de « quasi-mafia » par la diplomatie américaine, selon WikiLeaks, le « clan Trabelsi », belle-famille de l’ex-président Ben Ali, subit aujourd’hui de plein fouet la colère du peuple tunisien. Au cours des dernières journées d’émeutes, leurs multiples propriétés ont été brûlées et pillées. Catherine Graciet, journaliste et coauteur avec Nicolas Beau de La régente de Carthage (éditions La Découverte), répond aux questions du Point.fr.
Le Point.fr : Quand les Trabelsi accèdent-ils au pouvoir ?
Catherine Graciet : Lorsque Ben Ali épouse Leïla Trabelsi en 1992, des clans existaient déjà. Kamel Eltaief, proche ami du président Ben Ali, était surnommé « le président bis » et convoquait tous les matins les ministres pour leur donner des ordres. Deux gendres de Ben Ali, Chiboub et Mabrouk, pratiquaient déjà une forme de prédation économique sur le pays. Par exemple, en 2001, Slim Chiboub réussit à installer un hypermarché Carrefour sur un terrain que les domaines de l’État lui ont cédé à un prix symbolique.Marouane Mabrouk, lui, hérite de la concession de Mercedes à Tunis et sa femme Cyrine prend la haute main sur l’Internet en Tunisie. Après quatre ans de lutte intestine, Leïla parviendra à les mettre politiquement sur la touche.
Qui sont les chefs du clan ?
Les Trabelsi sont nombreux : en plus des dix frères et soeurs de la première dame, il faut compter sur ses neveux et nièces. La cheftaine, c’est bien sûr Leïla, qui fait faire ce qu’elle veut à l’administration. Son frère aîné, Belhassen, est le capitaine économique, un prédateur comme jamais la Tunisie n’en avait connu. Tous ont pratiqué une mise en coupe réglée du pays, des banques à la téléphonie, des transports aux douanes. Une des soeurs de Leïla a, elle, mis la main sur les buvettes des écoles et des universités : ça allait du très petit business, presque minable, au plus massif.
Au vu et au su de tous ?
Oui, et cela explique en partie l’intensité de la révolte. Les gens se vengent. En Tunisie, le peuple a une éducation à la hauteur, et a accès à Internet. Les gens étaient parfaitement informés de ce qui se passait, d’autant que beaucoup ont eu à en souffrir, et que les Trabelsi avaient un mode de vie très ostentatoire.
Où pensez-vous qu’ils soient, aujourd’hui ?
Il est difficile de se prononcer. Selon certaines rumeurs, Leïla serait à Dubaï et Sakhr el-Materi, le mari de sa fille Nesrine, au Qatar. Ce qui est sûr, c’est qu’ils resteront dans des pays d’où ils sont sûrs de ne pas être extradés. Et qu’ils vont devoir voyager pour gérer leurs avoirs à l’étranger.
Quels sont les pays concernés ?
Une grande partie de l’argent du clan est probablement à Dubaï. Peu avant la crise, ils avaient noué des relations avec de grands banquiers locaux. Ils ont sans doute aussi des avoirs à Malte, où le président se faisait soigner, ainsi qu’en Argentine. Mais leurs richesses sont, évidemment, très difficiles à chiffrer. La fortune personnelle de Ben Ali a été évaluée par Forbes, en 2008, à cinq milliards de dollars. Pour le camp Trabelsi, on peut parler sans trop de risques de centaines de millions d’euros.
De quelles protections disposent-ils ?
Celle de dictateurs proche-orientaux, bien sûr. Mais on ne saurait oublier qu’ils ont longtemps profité de la protection de l’Europe, et de la France au premier chef. Washington a lâché Ben Ali dès mercredi soir, et avait mis en garde en amont sur les dérives du régime. En France, rien. Quand Nicolas Beau et moi avons publié la régente de Carthage, on nous a même ri au nez. On nous disait : « Mais la Tunisie a une croissance stable, importante, les femmes y sont libres. » Cette indulgence a, d’ailleurs, des raisons idéologiques. En arrivant au pouvoir, Ben Ali a fait le choix du libéralisme économique, et a préféré se tourner vers l’Europe plutôt que vers le monde arabe. Cela lui a valu la reconnaissance de la Banque mondiale, du FMI, et de nombreuses protections : les abus sur les droits de l’homme ont largement été passés sous silence en Europe. Quant au volet « corruption », peu de monde était au courant en Europe. Quelle entreprise va se vanter d’avoir versé cinquante millions d’euros à Belhassen Trabelsi pour s’implanter en Tunisie ?
Qu’adviendra-t-il de leur fortune en Tunisie ?
Certains parlent de nationalisations, comme celle de la banque de Sakhr el-Materi. Mais la priorité du pays est de ramener le calme dans la rue, et de constituer un gouvernement stable.
Source: ”Le Point.fr” Le 19-01-2011
Tunisie. Ben Dhia, mort ou vivant?
Contrairement à ce qui a été annoncé par ‘‘Le Monde’’, Abdelaziz Ben Dhia, l’ancien conseiller du président déchu Ben Ali, n’est pas décédé. Selon certaines sources, il aurait quitté Tunis, le 14 janvier, pour la France.
Dans un spécial sur les dernières heures à Carthage du clan Ben Ali-Trabelsi,‘‘Le Monde’’ a écrit: «Abdelaziz Ben Dhia, 74 ans, conseiller de Ben Ali serait mort le 13 janvier 2011 à son domicile de Gammarth dans la banlieue nord de Tunis. Il serait décédé dans son fauteuil en écoutant à la télévision Ben Ali dénoncer ceux qui, disait-il, lui avaient caché la vérité de la Tunisie». Des sources sûres ont confirmé à Kapitalis que l’enfant de Moknine (dans la région au sahel) et ancien doyen de la Faculté des droits et des sciences politiques de Tunis est bien vivant et qu’il s’est enfoui en France. Marié à une Toulousaine, c’est dans cette ville du sud de la France, où il a fait ses études et compte de nombreux amis, qu’il aurait trouvé refuge. D’autres sources précisent que M. Ben Dhia est toujours à Tunis, et qu’il vaque normalement à ses activités. Tant que l’intéressé n’a pas fait d’apparition publique, toutes les rumeurs sont permises. Dans la ville natale de M. Ben Dhia, on préfère ne pas faire de commentaire sur le sort de l’ancien conseiller spécial de Ben Ali et personne n’ose blesser un membre de sa famille par un commentaire ou une question déplacée. Quelques indiscrets ont cependant fait propager que l’ancien professeur de droit constitutionnel aurait, ces dernières semaines, liquidé tous ses biens. Ce qui reste à vérifier
Source:”Kapitalis” Le 19-01-2011
Tunisie : sur la terrasse de la mafia Ben Ali
Un neveu de l’ex-président venait d’achever une grande villa. Dévastée par le feu, elle est visitée par des curieux effarés par le luxe des lieux
L’homme s’accoude à la balustrade de la terrasse et écoute un instant la petite musique du ressac, en contrebas. Il se retourne et, avec un large sourire, se coule dans la peau d’un marchand de biens pour jet-setteurs.« Alors, que pensez-vous de l’emplacement ? » Pas mal. On s’y verrait bien en tongs, l’été venu, à trancher chaque matin un choix cornélien : la mer ou la piscine (approximativement 15 mètres sur 15) ? À quelque 60 kilomètres de Tunis, le panorama embrasse plein sud tout le golfe d’Hammamet. Le fort de cette ville éminemment touristique est à main gauche, à 2 kilomètres à peine. Nul besoin d’un colossal effort pour s’imaginer ici une vie délivrée des tracas du quotidien.
Seulement voilà, le propriétaire de cette villa en cours d’achèvement n’y résidera sans doute jamais. Sofiane Ben Ali n’a pas demandé son reste après le départ de son oncle de dictateur, vendredi dernier. Lundi, il aurait été aperçu au seuil d’une banque genevoise. Alors que démarre son exil doré, les habitants d’Hammamet visitent les lieux, ou du moins ce qu’il reste. Rue Farhat-Ached, le défilé est permanent. On frôle la thrombose automobile.
La maison n’a pas été saccagée. Elle a été méthodiquement vidée de son mobilier dès samedi. Il n’y a plus rien à emporter entre les murs noircis par l’incendie, à part des reliquats des lustres de cristal tordus par la chaleur. « Les gens d’Hammamet n’y sont pour rien. Ce sont les Ben Ali qui ont mis le feu en partant », assure un pèlerin de passage. À voir. Deux grosses motos ont subi le même sort à l’entrée de la propriété.
Étalage de luxe
C’est bien de pèlerinage qu’il convient de parler. La villa de Sofiane Ben Ali est déjà un vestige du régime déchu, comme d’autres demeures confortables de la nomenklatura Ben Ali-Trabelsi (du nom de la famille de Leila Trabelsi, seconde épouse de Zine el-Abidine Ben Ali) à Gammarth, sur le golfe de Tunis, ou à La Marsa, autre banlieue huppée. Son état de délabrement est un symbole de la revanche du peuple. Mais le luxe insolent qui pointe encore sous la suie est surtout un marqueur du train de vie qui avait cours au sein du clan mafieux.
Entre les deux colonnes d’angle qui rappellent maladroitement l’architecture punique, une bambouseraie encadre la large porte vitrée. L’escalier vers l’étage part sur la gauche, tandis qu’un salon aux dimensions hollywoodiennes s’ouvre droit devant, face à la mer. C’est un royaume de marbre, agrémenté de plantes tropicales. « Nous sommes des musulmans, nous ne pouvons pas accepter ça. Pas des toilettes en marbre, il ne faut pas abuser », s’insurge Hossein, un jeune restaurateur de Yasmine Hammamet, l’extension balnéaire de la ville.
Une femme âgée a tenu à monter à l’étage. Elle visite chaque pièce, foule chaque mètre carré jusqu’au local de la climatisation. Pour imprimer les images dans sa mémoire, pour se convaincre que le cauchemar appartient au passé, peut-être. « C’est l’argent des Tunisiens qui est ici, Monsieur. Mon argent. Je me suis fait voler toute ma vie pour qu’on construise des maisons comme celle-là. » La voix vibre et enfle, le débit s’accélère. C’est une colère qui ne peut pas rester enfouie après deux décennies de contention. La femme continue à marcher, farouchement. Elle s’approprie avec ses pieds un bien bâti sur la confiscation à grande échelle.
Transfert de propriété
Personne n’a protesté contre le déménagement du mobilier, le week-end dernier. Ce n’était jamais qu’un maigre remboursement pour des Tunisiens spoliés par le « benalisme ». La maison a été soigneusement ciblée. A priori, on ne déplore pas de dégâts dans le voisinage plutôt cossu. Nul ne connaît encore le destin de cette propriété, mais la chronique locale en a retenu l’histoire. Le terrain figurait dans le patrimoine d’une famille aisée d’Hammamet. Sofiane est venu, Sofiane a vu, Sofiane a voulu. Vente forcée ? Accaparement pur et simple ? Ce point reste flou. Toujours est-il que les gamins qui avaient l’habitude d’y jouer au foot en ont été chassés.
Ils sont de retour aujourd’hui avec un ballon et ont improvisé des buts entre les palmiers, sur une pelouse impeccablement taillée de l’avenir de laquelle on ne donne pas cher. À elle seule, cette partie acharnée est un formidable pied de nez à une époque révolue. À l’extérieur du mur d’enceinte, une main anonyme a tracé « Power to the people » en lettres capitales. Il y a dans ce slogan une vraie pertinence. Comme l’écho des cris d’enfant qui résonnent désormais sur cet îlot d’opulence, d’où l’on narguait naguère les gens de peu.
Source: “Sud Ouest” Le 19-01-2011
Des femmes d’influence pour vendre la Tunisie de Ben Ali
La fête devait être somptueuse. Les salons d’un palace parisien, le Shangri-La, avaient été réservés pour célébrer, mardi 25 janvier, les vingt ans de l’association EFT (Echanges franco-tunisiens). En guest stars :Frédéric Mitterrand, le ministre français de la Culture, etAbdelwahab Abdallah, « ministre conseiller chargé des Affaires politiques auprès du président de la République deTunisie ».
Honni par les Tunisiens, « AA » a étélimogé jeudi 13 janvier par Ben Ali juste avant sa fuite. Depuis, la réception parisienne a été annulée. Et son grand ordonnateur, Hosni Djemmali, le fondateur d’EFT, s’est mis aux abonnés absents. Cet homme d’affaires franco-tunisien, patron des clubs de vacances Sangho et éditeur de l’inénarrable magazineTunisie Plus, laisse une femme,Valérie Dell, son assistante, répondre à sa place.
« Les femmes et la Méditerranée sont les deux passions d’Hosni »
Les femmes, c’est la marotte de ce septuagénaire. Depuis huit ans, il s’est escrimé à bâtir, en marge d’EFT, un réseau baptisé « Femmes de Méditerranée » – « parce que les femmes et la Méditerranée sont les deux passions d’Hosni », explique Valérie Dell.
Officiellement, il s’agit, en leur offrant deux jours tous frais payés au soleil, de faire se rencontrer des femmes françaises, tunisiennes et marocaines – selon que le club Sangho choisi pour accueillir le « séminaire » se trouve au Maroc ou en Tunisie. Le casting français, variable selon les éditions, réunit en général :
- des femmes qui occupent des positions d’influence dans différents médias (Marie-Odile Amaury, la propriétaire du Parisien, de l’Equipe et du Tour de France ; Christine Goguet, cadre au Parisien ; Carole Bellemare, croqueuse de « Décideurs » au Figaro ; Myriam Multigner, désormais directrice de la communication de Public Sénat…) ;
- des femmes politiques (Christine Boutin, Najat Vallaud-Belkacem…) ;
- un paquet de « femmes de » (l’épouse de Jean-David Levitte, conseiller diplomatique à l’Elysée ; celle d’Eric Woerth, invitée quand son mari était encore ministre du Budget ; celle de Nicolas Charbonneau, rédacteur en chef au Parisien…) ;
- et une… « belle-soeur de », celle de Nicolas Sarkozy.
La complainte de Florence Woerth
Cette assemblée hétéroclite a parfois été le théâtre d’échanges de haute volée. Une journaliste raconte :
« Une anthropologue nous parlait depuis un moment de la réforme de laMoudawana [droit de la famille, ndlr] au Maroc. Florence Woerth s’est alors plainte du fait qu’on parlait des femmes maghrébines depuis des heures et qu’il serait bon de s’intéresser au sort des femmes du CAC 40 confrontées à de douloureux problèmes de parité. »
Sollicitée via son avocat, Florence Woerth n’était pas joignable ces derniers jours pour confirmer l’épisode.
Si certaines « femmes Sangho » ont enchaîné les sessions sans se poser de questions, d’autres se demandent toujours où ce « cher Hosni » veut en venir. Florence Noiville, du Monde des livres – par ailleurs épouse de Martin Hirsch – a accepté une fois, début 2010, l’invitation de Djemmali. Motif invoqué : la présentation de son ouvrage « J’ai fait HEC et je m’en excuse ». Réinvitée plusieurs fois depuis, elle a « toujours dit non » :
« Je me suis dit, compte tenu des autres participantes, que cette personne [Hosni Djemmali, ndlr] était intéressée par le fait de constituer un groupe d’influence. »
L’attaché de presse du régime de Ben Ali en France
Mais au profit de qui ? Des participantes ont identifié « une part évidente de lobbying » en faveur du groupe Sangho et de la Tunisie.
Gérante de portefeuille, Christine Mulot-Sarkozy (la fameuse belle-sœur) croit pouvoir se rassurer en soulignant qu’elle n’a « jamais entendu Hosni parler politique » au bord de la piscine. « Il ne s’occupe pas de politique », jure en écho le magistratGeorges Fenech, ancien député UMP et actuel président d’EFT. « Oui », concède-t-il, « Hosni construit un réseau, mais un réseau d’amitié. »
Un officiel tunisien déchu juge ces propos bien naïfs : « Hosni Djemmali est un homme intelligent. Il est plus subtil que ça. » Il assure qu’au palais présidentiel de Carthage, Djemmali était considéré comme l’attaché de presse du régime de Ben Ali en France.
Selon la journaliste Catherine Graciet, coauteure de « La Régente de Carthage » :
« Djemmali, homme affable, devait promouvoir un visage souriant de la Tunisie. Il faisait partie d’un plan de communication global destiné à vendre le système Ben Ali. »
En phase avec la conviction du publicitaireJacques Séguéla, pour qui« les pays sont des marques ».
Reste que, selon une essayiste invitée par l’hôtelier :
« Sangho, c’est sympa, mais c’est quand même pas le Hilton. Si c’est avec ça que les élites françaises se laissent acheter, c’est un peu pathétique. »
Source : « rue89 » Le 19-01-2011
Lien : http://www.rue89.com/2011/01/19/des-femmes-dinfluence-pour-vendre-la-tunisie-de-ben-ali-186304
La Tunisie : « Un État de droit »
Leila Trabelsi: Imelda Marcos of the Arab world
Leila Trabelsi, the first lady of Tunisia, fled with £35 million worth of gold, in a cut-and-run reminiscent of the most famous of this ilk, Imelda Marcos.
Dido will be turning on her pyre at the news that the latest “Queen of Carthage”, deposed first lady Leila Trabelsi, has fled via a raid on the Bank of Tunisia’s gold reserves to the tune of £35 million, a hefty one-and-a-half tons of ingot.
Appropriately, she made her escape aboard her nifty “shopping plane”.
“Hang them all, but first bring back our gold,” was the street mob’s eloquent reaction as they ransacked her palatial villas.
Trabelsi, 53, a former hairdresser, has proved her mettle as a dictator’s wife by leaving no cliché unturned. Mrs Ben Ali is known for her penchant for fast cars – the family boasted more than 50 – luxury pads, and extravagant designer shopping jaunts to Dubai.
Her despised extended family, known as “The Mafia”, exerted a £3.5 billion stranglehold on business, construction and foreign investment, routinely jetting across continents for jollies.
Her 24-year-old daughter, Nesrine, and her playboy husband Sakhr are currently taking refuge in Disneyland Paris – a location no more fantastic than the ones she grew up in. Whether his pet tiger has joined them is still unclear.
’Twas ever thus, of course. Behind every powerful man of a totalitarian bent, there is a studiously groomed schemer a-pulling those strings.
Tunisia’s “Madame La Présidente” has been dubbed “the Imelda Marcos of the Arab world”. Were one to make the allusion in her company, she would doubtless be flattered.
Imelda, ah, Imelda, the dictator’s wife’s dictator’s wife. When Mrs Marcos fled to Hawaii from the Philippines in 1986, she memorably left in her wake 1,000 handbags, 508 gowns, 15 mink coats, lakes of perfume, and an infamous designer footwear collection numbering 3,000 pairs.
Was she repentant? Quite the contrary, boasting only recently that “when they opened Imelda’s cupboards, they did not find skeletons. They only found beautifully made shoes”.
Manila’s favourite foot fetishist is still going strong at 81. Indeed, in spring 2010, the “Iron Butterfly”, who returned to her homeland after the death of her husband, launched an unexpected bid for a congressional seat.
The self-appointed “grandmother of the nation” has embraced environmentalism, declaring: “I fight for truth and beauty. My ambition now is to save Mother Earth for humanity.” Something of a volte-face for a woman whose footwear left one hell of a carbon footprint.
Once one of the 10 richest women on earth, Mrs Marcos, who has never been jailed, has paid back very little looted dosh, although 901 civil and criminal cases have been filed against her.
She regularly pleads poverty, yet appears permanently bejewelled and lives in an exotic Manila penthouse where oil paintings adorn the lavatories.
Nevertheless, it was the ancient world that set the standard for the tyrant’s consort, as anyone who has enjoyed Radio 4’s recent dramatisation of Robert Graves’s I, Claudius will be aware.
Harry Mount, author of bestseller Amo, Amas, Amat and All That, observes: “There’s a goddess/monster thing going on with imperial women. The emperors were treated as semi-divine so their wives were treated with reflected divinity; or – if they were at all dodgy – became horrific monsters.
Livia, Augustus’s wife and a shocker of a controlling mother to Tiberius, is the perfect example – the ambition-crazed killer of pretenders to the imperial throne, who ensured that any word against her was considered treason.”
Tacitus’s hint that Livia had control freak qualities was transformed by Graves into a coruscating depiction of the most foul behind-the-scenes corruption. Certainly Suetonius’s remark that she was buried without Tiberius seeing her body because he let her rot suggests some lack of filial regard. Still, 13 years after her death in AD 42, Claudius dutifully deified her.
Contemporary examples of autocrat arm candy we love to hate abound. Haiti’s Jean-Claude “Baby Doc” Duvalier’s marriage to the as yet undeified Michelle Pasquet fostered resentment, the extravagance of the couple’s estimated £3million 1980 nuptials, not least. Six years later he had been ousted.
In 2008, hundreds of Swazi women marched the capital’s streets to protest about a shopping trip taken by nine of the king’s 13 wives.
Grace Mugabe, wife of the Zimbabwean president, reportedly withdrew £69,200 before a spree to Hong Kong in 2009, as her country festered with poverty and disease. She is also thought to own the obligatory 3,000 pairs of heels.
In the same year, Her Excellency Chantal Biya of Cameroon upstaged Paris Hilton and Naomi Campbell with a lavish hairstyle and her trademark bold prints.
Earlier, at an audience with the Pope, she put his mitre in the shade with a wedding cake-sized pink and white titfer emblazoned with crosses.
The dictator’s wife, it seems, is a stereotype that will run and run, with former beauty queens lining up to fill the role’s (copious, designer) shoes.
Why even Adam, the world’s first dictator, required a spot of female misadventure in the form of first Lilith, then Eve, without whom he would have blokishly got on with naming things.
Something in our collective psyche would appear to need such feminine excesses, to crave their existence by way of colour in an otherwise unremarkable tale: chap gains power; chap abuses power.
Democratically elected politicians such as Ronald Reagan and Tony Blair require quotidianly nutbar sidekicks of the sort to seek out astrologers and new-age massage gurus. Autocrats are defined by the real, grotesquely high-rolling McCoy. If we didn’t have dictators’ wives, then we would have to invent them.
Indeed, perhaps we do. Feminist commentators have been swift to label some of the tales that circulate around despots’ consorts as misogyny.
In The First Ladies of Rome by Annelise Freisenbruch, the author argues that the perceived characters of the wives and daughters of the Julio-Claudians were dictated by critical reactions to imperial agendas.
Accordingly, pre-Holinshed, whose chronicles of Scotland’s history were the basis for Shakespeare’s play, Lady Macbeth may have been a blameless Scottish matriarch, hands unspotted. While there is every chance that Lucrezia Borgia was gormless papal chattel rather than a poisonous femme fatale.
Harry Mount is unconvinced so far as the ancient world is concerned: “I don’t think all this is misogynist.
Emperors got the same black and white treatment as their spouses: Caligula the nutty perv, Nero, fiddle-playing arsonist. The story of the emperors and empresses is packed with exaggerated caricatures; still, it makes for terrific copy.”
And not merely newspaper or history book copy. Today, the apotheosis of wifely despotism is not to become a goddess, but to be transformed into the heroine of a musical.
Eva Peron received the Andrew Lloyd Webber / Tim Rice treatment, Evita’s breakaway hit, “Don’t Cry for Me, Argentina” passing over the fact that such tears may have been less for her, than prompted by her.
More recently, David Byrne and Fatboy Slim conspired to write Here Lies Love, a song cycle about Imelda Marcos, inspired by their heroine’s passion for disco, and released as a double album featuring Florence Welch, Martha Wainwright and Cyndi Lauper.
Byrne remarked: “I imagined that the ecstatic joy and loss of self inherent in a lot of dance music might mirror some of the headiness of a person in power, as well as their view of themselves as a living symbolic entity.” Quite.
Meanwhile, we, the little people tap our toes in our pitiably humdrum shoes. Leila Trabelsi take note
Source: “The Telegraph” Le 19-01-2011