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TUNISNEWS
6 ème année, N° 2158 du 19.04.2006
Dr. Ahmed Manaï: Appel à tous les Tunisiens libres : Laisserons-nous la Tunisie de Ben Ali siéger au Conseil des droits de l’homme des Nations unies ? Membres du Congrès Pour la République: Non à l’imposture
Khaled Ben M’barek: Après la carotte, l’Etat brandit ostensiblement la bâton – Collusion ouverte entre l’etat et la mafia CRLDHT: Une justice aux ordres pour la mise au pas totale de la LTDH Plate-forme non gouvernementale EUROMED: Communiqué
Le FDTLempeché de mener a bien ses activites ACAT: Cas du prisonnier Zidani Abdelaziz – Lettre à Monsieur Bechir Takkari Ministre de la Justice Troisième Anniversaire du Parti « TUNISIE VERTE »: Appel Au Peuple de Gauche en Tunisie Le Temps : Présever la diginité du professeur Reuters: La Tunisie veut que l’investissement étranger favorise l’emploi AFP: Chirac: les réformes doivent être menées par chaque pays « à son rythme » Nawaat: « Bourguiba et la Modernité » Retour sur la rencontre de l’IMA du 30 mars 2006 Jeune Afrique: Tunisie et antisémitisme Jeune Afrique: Hors du mariage, point de salut ? Jeune Afrique: « Il nous a quittés » Mohamed Fitouri
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Appel à tous les Tunisiens libres :
Laisserons-nous la Tunisie de Ben Ali siéger au Conseil des droits de l’homme des Nations unies ?
par Ahmed Manaï, ITRI, 19 avril 2006 Chers compatriotes, Que vous soyez dissidents de l¹intérieur ou de l¹extérieur, exilés dans votre propre pays ou aux quatre coins de la planète, réfugiés, emprisonnés ou en semi-liberté, en sursis ou condamnés, cet appel vous concerne. Le 9 mai prochain, le nouveau Conseil des droits de l’homme va être élu par l¹Assemblée générale des Nations unies à Genève. 13 sièges sur 47 sont réservés pour les pays africains. Parmi les candidatures, celle de la Tunisie aux côtés de celles du Maroc et de l¹Algérie. Nos frères algériens ont lancé une campagne contre la candidature de l¹Algérie, assortie d’une demande de création d’un Tribunal pénal international sur l¹Algérie. Allons-nous, Tunisiens épris de justice, de liberté et démocratie, regarder ce cirque sans rien dire ? Ce serait indigne de nous. Je vous propose donc, en tant que militant indépendant de la liberté du peuple tunisien, de nous concerter rapidement pour lancer une campagne coup de poing² contre la candidature indigne de la Tunisie de Ben Ali à ce siège prestigieux. Contactez-moi par mail à : tunisielibre@yahoo.fr ou contact_tunisitri@yahoo.fr pour que nous organisions une campagne très rapidement. Essayons d¹oublier les rancœurs, les inimitiés, les reproches sur le passé proche ou lointain et sachons nous unir ponctuellement sur un objectif clair : faire entendre à la communauté internationale la voix de l¹autre Tunisie, celle des hommes et des femmes droits !
Vous trouverez ci-dessous tous les liens utiles pour connaître dans les détails les objectifs et les modalités de mise en place du Conseil des droits de l¹homme, ainsi que les documents par lesquels la Tunisie (en anglais) et l¹Algérie (en français) ont présenté et argumenté leur candidature (le texte de candidature du Maroc n¹a pas été communiqué). Ce sont deux textes dignes d¹une anthologie de la littérature surréaliste karakouzique. Je vous signale d’ailleurs que le seul pays à présenter sa candidature aussi en langue arabe a été…Cuba !
Devrions-nous envisager un exil de masse vers cette île paradisiaque ? Bien sûr, me direz-vous, peut-être notre Oncle Sam préfèrerait-il nous voir là-bas, mais dans un charmant club de vacances situé à Guantanamo Bay !
Remarquons d¹ailleurs que les USA, qui avaient tenté de s¹opposer à la création du Conseil des droits de l¹homme – avec leurs habituels alliés, les Iles Marshall, Palau et Israël -, n’ont pas présenté leur candidature, ce que M. Kofi Annan a regretté de tout son cœur !!!
Documents à consulter Résolution 60/251 du 15 mars 2006 de l¹Assemblée générale instituant le Conseil des droits de l¹homme http://daccessdds.un.org/doc/UNDOC/GEN/N05/502/67/PDF/N0550267.pdf?OpenElement
Modalités des élections du Conseil des droits de l¹homme http://daccessdds.un.org/doc/UNDOC/GEN/N06/292/40/PDF/N0629240.pdf?OpenElement
Liste des candidatures http://www.un.org/french/ga/60/elect/hrc/
La création d’un Conseil des droits de l’homme, une décision « historique », selon Kofi Annan http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=12033&Cr=Annan&Cr1=CDH
Conseil des droits de l’homme : Kofi Annan regrette que les Etats-Unis ne présentent pas leur candidature http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=12167&Cr=&Cr1=
Déclaration de candidature de la Tunise http://www.un.org/ga/60/elect/hrc/tunisia.pdf
Déclaration de candidature de l¹Algérie http://www.un.org/ga/60/elect/hrc/algeria.pdf
Lettre à Kofi Annan de la Coordination Nationale des Familles de Disparus en Algérie et ³Ubu roi d¹Alger : la candidature de l’Algérie aux élections du Conseil des Droits de l’Homme² – Communiqué de Justitia Universalis, La Haye, le 8 avril 2006 http://www.justitia-universalis.net/
Pour suivre au jour le jour les nouvelles des Nations unies à Genève http://www.unog.ch/80256EDD006B9C2E/(httpHomepages)/15406DAB6CB569F080256F04006E8812?OpenDocument&cntxt=027E3&cookielang=fr
Non à l’imposture
« Le 19 (le lendemain du SMSI) sera un autre jour » ! Répétèrent nerveusement sur un ton menaçant les nervis du régime tunisien aux représentants de la société civile très en vue pendant toute la période du Sommet.
Effectivement, depuis quelque temps, la Tunisie est en train de vivre l’une des périodes les plus sombres de l’ère toute répressive de Ben Ali.
Montages pornographiques, menaces de mort, dégradation de biens, procès montés de toutes pièces, agressions physiques, humiliations, tracasseries administratives, campagnes calomnieuses, … etc. Tous les moyens mêmes les plus ignobles sont bons pour mater une opposition revigorée et unie contre la dictature.
Parmi ces procédés abjectes et révélateurs de la nature criminelle du régime tunisien, l’envoi de pseudo-émissaires du président afin de soudoyer une partie de l’opposition sous prétexte d’une fallacieuse mesure de clémence.
En tant que victimes de ce régime du mal et en tant que personnes approchées par les dits émissaires, nous voulons apporter les précisions suivantes (déjà évoquées lors des réunions habituelles de notre parti CPR) :
– Nous considérons cette démarche comme étant une manoeuvre policière médiocre qui vise à semer la zizanie au sein de l’opposition exilée et à briser l’unité naissante entre ses différentes factions.
– Cette manoeuvre vise également à détourner les regards des Tunisiens de la campagne de harcèlement et de répression sans précédent contre un certain nombre d’opposants (Mohamed Abbou, Néziha Rjiba alias Oum ziad, Moncef Ben Salem, Souhair Belhassen, Raouf Ayadi, Hammadi Jebali, Lassad Jouhri …) et par conséquent aveugler l’opinion nationale et internationale sur la réalité dramatique du pays.
– ِCette manoeuvre veut substituer la logique du salut individuel à celle du salut collectif et instaurer le principe de l’amnistie présidentielle à la place de l’amnistie générale qui restitue les droits et ouvre la voie au jugement des responsables. Elle veut confirmer la suprématie de la personne du Président au détriment de la Loi.
Pour toutes ces raisons avancées, nous :
– Exprimons notre refus catégorique, en tant qu’exilés privés du droit de retour, de traiter avec ces imposteurs ou de négocier, derrière les rideaux, avec des flics habillés en bienfaisants.
– Appelons tous les exilés tunisiens à ne pas céder à la tentation et à rester vigilants.
– Affirmons notre volonté de continuer à militer pour l’amnistie générale et pour le jugement des responsables de la vague de répression des deux dernières décennies.
– Renouvelons notre soutien sans faille aux militantes et militants qui payent le tribut très lourd de leur engagement pour une Tunisie libre et démocratique.
Chokri Hamrouni
Imad Ben Mohamed
Imad Daimi
Salim Ben Hamidane
Membres du Congrès Pour la République
JE SUIS CONVOQUE PAR LA POLICE
A la suite de la publication de mon article « ce n’était ni une initiative politique ni une manœuvre policière mais une escroquerie » parue sur les journaux électroniques ce mercredi 19 avril 2006, la direction générale des services spéciaux me convoque pour ce jeudi 20 avril 2006 à 10 heures du matin. Je suis disposé à assumer mes responsabilités mais étant donné mon age avancé 57 ans révolus et mon état de santé, souffrant d’un double ulcère d’estomac, suivi par le professeur mosef gargouri dossier S 151, et d’hypoglycémie suivi par le docteur ben amor clinique cnss el khadre dossier 6380/99, je supporterai très mal un séjour en prison et je pourrai succomber sous la torture. Je prie toutes celles et tous ceux qui combattent pour le droit et la liberté d’_expression de me soutenir et me venir en aide. Merci TAIEB SMATI
Après la carotte, l’Etat brandit ostensiblement la bâton : COLLUSION OUVERTE ENTRE L’ETAT ET LA MAFIA
Voilà donc que j’avais pris hier Sancho Pança pour Don Quichotte en personne. Je voudrais m’en excuser auprès de Tunisnews et de ses lecteurs. Ce dernier s’appelle en fait Mohamed Farjaoui. Il se présente comme un homme d’affaires.
Il est riche et dispose d’une puissance dont ne jouissent que les courtisans et autres hommes de main affairistes sans vergogne. Notre homme est probablement un officier de la milice (C’est la milice qui gouverne notre pays, même si l’opposition refuse (ou a peur de) reconnaître ce fait majeur qui crève les yeux ; on préfère parler des forces de l’ordre et autres euphémismes malsains).
Nous nous ferons un devoir et un plaisir de rendre compte fidèlement de ses faits et gestes, tout en nous excusant auprès de lui pour l’avoir raté de si peu hier. Monsieur était donc à Paris et vaquait à la tâche que nous avions exposée hier, avec un succès fort limité, pour ne pas dire plus, comme nous aurons le temps de le reprendre très prochainement. Il prévoyait de rentrer à Tunis demain, jeudi 20 avril. Mais ne voilà-t-il pas que Taïeb Smati le canarde d’un texte qui semble l’avoir assommé. Il semble être rentré précipitamment pour en découdre avec le frondeur.
Ce dernier vient de faire paraître un communiqué-SOS indiquant qu’il avait reçu une convocation à se rendre auprès des Services spéciaux demain matin, jeudi 20 avril. Cette convocation tombe le jour même où notre barbouze est rentré à Tunis pour se venger de T. Smati.
Deux scénarios sont possibles :
1- Farjaoui, alias Hammadi est un homme de main confirmé, qui aurait plus de pouvoir sur les Services que le ministre de tutelle lui-même. Dans ce cas, Smati risque de passer un mauvais quart d’heure, certes, mais on aura la signature de M. Ben Ali sur les agissements de Farjaoui. Ce sera lui qui aura ordonné la convocation de son détracteur. 2- Ou alors, Smati est reçu juste à titre de témoin (de quoi ??) et ce serait une chute probable du parrain autoproclamé. Cette hypothèse est appuyé par le fait que M. Smati ait été convoqué par téléphone. Mais d’ores et déjà, les Services ne se cachent plus pour intervenir directement dans les grosses magouilles, dont ils tirent les ficelles.
Reste la possibilité à ne pas exclure que le pouvoir temporise et cherche à gagner du temps. Dans ce cas, le contenu de l’interrogatoire de l’intéressé sera très instructif, tant est qu’il accepte de se rendre chez les tortionnaires sur un coup de fil. Un dernier mot concernant Dr Sahbi Amri. M. Chedli Ayadi a tenu à son propos un discours qui appuie l’idée d’une victime durement éprouvée plutôt que d’une mezrification sordide.
Il est apparemment remonté contre Smati et serait de mèche avec Farjaoui pour lui nuire.
Il vaut donc mieux réserver le diagnostic pour l’instant, dans un contexte où les jeux de renseignement se mélangent avec les tactiques et appétits des uns et des autres ; mais la chaos finira par s’apaiser..
On ne perdra jamais de vue que tout ce petit jeu détourne l’attention des Tunisiens de leurs problèmes essentiels. Rien que cela est déjà un objectif ordinaire des services de renseignement. Mais chacun ayant son diable dans sa poche, selon le fameux dicton tunisien, il est hors de question de laisser les barbouzards agir sans au moins les commenter.
Qui vivra verra Khaled Ben M’barek
CRLDHT
COMMUNIQUE
UNE JUSTICE AUX ORDRES POUR LA MISE AU PAS TOTALE DE LA LTDH
La ligue tunisienne des Droits de l’Homme ( LTDH), la plus ancienne des ligues autonomes arabes et africaines, est de nouveau prise pour cible de la part du pouvoir policier de Ben Ali. Depuis plusieurs mois, la LTDH est en butte à des procès iniques et à un harcèlement policier systématique, visant l’interdiction de la tenue du son 6ème congrès et par-là entraver le combat exemplaire qu’elle mène en faveur des droits humains. En effet, le mardi 18 avril 2006 le tribunal de première instance de Tunis a ordonné en référé l’interdiction de la tenue du congrès de la LTDH prévu les 27 et 28 mai 2006, et de tous les travaux préparatoires qui en précèdent. Ce jugement a été prononcé suite à une requête déposée par 20 pseudo ligueurs appartenant au RCD, le parti au pouvoir. Et c’est la deuxième fois qu’un tel jugement ait prononcé par ce tribunal, dans un marathon judiciaire qui n’en finit pas et qui dit long sur l’état de la justice tunisienne. En même temps les mêmes personnes ont porté plainte sur le fond devant la chambre civile de 1ère instance de Tunis pour un énième procès fixé pour le 06 mai prochain. Faut-il rappeler que c’est la 32ème affaire tentée contre la ligue depuis son dernier congrès en octobre 2000 par une justice sous tutelle, instrumentalisée par un régime aux abois. Ce nouvel épisode juridique intervient dans un climat de violence extrême pratiquée à l’encontre des opposants politiques et des défenseurs des Droits humains et notamment les responsables nationaux et régionaux de la LTDH. Ainsi le siège de la ligue a été encerclée le samedi 15 avril dernier par un impressionnant dispositif policier venant interdire l’accès du local à tous les membres des différentes sections du grand Tunis et du Nord convoqués par le comité directeur pour une concertation interne autour du prochain congrès. Des pressions de tout genre sont appliquées depuis quelques temps pour exiger de nouveau l’annulation de la convocation du Comité Directeur pour la tenue du 6ème Congrès à la date indiquée, après avoir utiliser la force pour fermer de façon permanente et depuis le mois de septembre 2005 toutes les sections de la ligue et empêcher les membres de la moindre activité en leur sein, pire ces derniers sont pourchassés au quotidien dans leurs moindres déplacements. Cette politique de répression et d’étouffement vise, en réalité, l’anéantissement total de la ligue dans son rôle indépendant de défense des droits et des libertés qu’elle assure avec tant de courage et de pertinence. Dans un communiqué publié aujourd’hui, la ligue tunisienne des Droits de l’Homme, en conformité aux décisions prises par son comité directeur et son dernier conseil national du 12 mars décide son retrait et celui de ses avocats de l’affaire en cours et se considère n’être plus concernée par cette procédure parodique ! Le CRLDHT salue la résistance de la ligue et tous ses militants (es) dans cette nouvelle épreuve et leurs assure de son soutien infaillible pour la réalisation de son congrès en toute indépendance. Le comité exige par la même occasion des autorités tunisiennes le respect des conventions et traités internationaux qu’ils ont ratifié, relatifs au respect des défenseurs et à la promotion des droits humains. Ie CRLDHT lance un appel pressant aux amis et à ses partenaires politiques et associatifs nationaux, régionaux et internationaux pour la mobilisation aux côtés de la LTDH pour la tenue de son 6ème congrès, le respect de sa mission et son autonomie. Le CRLDHT Paris le 19/04/2006
Communiqué
Monsieur le Président et cher ami, Au nom du Conseil d’administration de la plate-forme, de son Président et de l’ensemble de nos réseaux et plates-formes membres, je voudrai te réaffirmer ainsi qu’à l’ensemble du comité directeur de la LTDH notre entière solidarité et notre soutien total. Ce nouvel épisode (dans une épreuve qui n’a que trop duré) montre à quel point – et si besoin était- la liberté d’association et d’__expression demeure fargile dans de nombreux pays de la Méditerranée (dont malheureusement la Tunisie). Le décalage entre le discours dont se parent de nombreux Etats en matière de respect de l’Etat de droit et de la démocratie et la réalité que vivent les acteurs de la société civile (et tout particulièrement les défenseurs des droits de l’Homme) devient parfaitement intolérable. Nous saisissons dès aujourd’hui (et à nouveau) l’ensemble de nos partenaires institutionnels pour qu’ils agissent en faveur de votre juste combat pour l’autonomie et la liberté d’exister et de mener votre mission conformément aux normes, législations et accords internationaux auxquels la Tunisie est liée. Si la plate-forme demeure attachée au dialogue et à la concertation avec les institutions et les pouvoirs publics, elle ne peut admettre la persistance de la situation faite à un de ses membres. Soyez assurés, chers amis, de notre soutien actif. Allal Mourad Coordinateur général Plate-forme non gouvernementale EUROMED allalmourad@aol.com www.euromedforum.org tel: + 33 1 48 18 72 07 fax: + 33 1 48 57 52 48
L’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT) France
A Monsieur Bechir Takkari Ministre de la Justice Ministère de la Justice 31 Boulevard Bab Benat 1006 Tunis – La Kasbah Tunisie Fax : 00 216 71 568 106 Le 11 avril 2006 Monsieur le Ministre, Alerté(e) par l’ACAT, je m’inquiète de l’état de santé de Zidani Abdelaziz (numéro d’écrou 3982) incarcéré à la prison de Nadhor. Ce dernier souffre de diabète, d’hypertension et d’une angine de poitrine qui s’est déclarée en 2002. Il a en outre dû être hospitalisé durant 13 jours à la suite d’un infarctus survenu le 25 avril 2005. Le médecin en charge de son dossier a alors demandé sa libération pour raisons médicales. L’ACAT réclame la libération immédiate de Mr Zidani Abdelaziz afin qu’il puisse bénéficier des soins médicaux dont il a besoin. Nous demandons également que l’ensemble des frais de son traitement soit pris en charge par les autorités tunisiennes. Nous vous remercions de nous lire et nous vous prions d’agréer, Monsieur le Ministre, l’__expression de notre plus haute considération. Pour le pôle actions Nicole Pignon Péguy CC : Copie à l’ambassade de Tunisie, 25 rue Barbet de Jouy, 75 007 Paris, Fax : 01 45 56 02 64 L’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT) France est affiliée à la Fédération Internationale de l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture, ayant statut consultatif auprès des Nations unies et du Conseil de l’Europe.
MATEUR : LE FDTL EMPECHE DE MENER A BIEN SES ACTIVITES
vendredi 14 avril 2006. Une fois encore, le FDTL a été empêché de mener ses activités et même de rencontrer , non pas les citoyens en général, mais ses propres militants en particulier. La réunion, programmée le vendredi 14 avril 2006 à Mateur (60 km de Tunis), devait rassembler les militants du FDTL et quelques invités parmi les personnalités de la société civile, notamment les camarades Mohamed Salah Ennahdi et Ali Bensalem, présidents des sections régionales de Mateur et de Bizerte de la LTDH. Très tôt, le lieu de la réunion a été encerclé par un grand nombre de policiers en civil qui ont procédé à des manœuvres d’intimidation, terrorisant les passants et allant jusqu’à agresser deux militants du FDTL : les camarades Adnane Bjaoui (non voyant) et Mohamed Zinelabidine. Celui-ci a été l’objet de coups et blessures à la tête, à l’oreille et à la jambe, nécessitant, après constat médical, treize jours de repos. Devant la gravité de la situation, les camarades Mustapha Benjâafar, secrétaire général et Khélil Ezzaouia, membre du bureau politique, ont tenté de raisonner les policiers afin qu’ils lèvent le siège et laissent se dérouler la réunion normale d’un parti « légal ». Aux arguments juridiques la réponse des policiers fût toujours la même : « ce sont les instructions ». Ce qui s’est passé à Mateur s’intègre dans une suite d’incidents qui ont marqué, ces derniers mois, les relations conflictuelles entre le pouvoir et le FDTL : interdiction d’une réunion du comité du 18 octobre prévue le 24 janvier 2006 au siège du FDTL, d’une réunion organisée par le parti le 10 février 2006 en solidarité avec les prisonniers politiques et d’un rassemblement le 24 février 2006 au siège du FDTL autour du droit de réunion…Cela participe au climat général tendu visant à bloquer toute activité politique et associative dès lors qu’il s’agit d’organisations, mêmes légales, jalouses de leur indépendance. C’est le cas de la Ligue tunisienne des droits de l’homme, de l’Association des magistrats, de l’association tunisienne des femmes démocrates, de l’association des jeunes avocats, du syndicat des journalistes… Le FDTL rejette sur les autorités l’entière responsabilité des dérapages et condamne les violences policières qui ont visé ses militants et ses invités. Il réaffirme son droit inaliénable d’organiser des réunions avec les citoyens pour s’enquérir de leurs préoccupations et les informer sur son programme et ses choix. Il reste déterminé à poursuivre la lutte pour les libertés, la démocratie et le rassemblement des forces du changement. Mustapha Benjâafar Secrétaire général
Troisième Anniversaire du Parti « TUNISIE VERTE »
Appel Au Peuple de Gauche en Tunisie
Nous commençons d’abord par rassurer Bouraoui, maryem, Chaker, Ayoub, Mohamed, Wissem, Que notre ami NOUREDDINE1 n’est pas mort, car l’olivier ne mourra jamais, regardez autour de vous, il est là parmi vous, partout …, il vous sourit , il vous tient par la main et regarde très loin, très haut, suivez sa trace partout, l’olivier n’est pas mort ; s’il a perdu un peu de sa verdure, de son éclat, de sa vigueur, c’est à cause de la pollution, du phospho- gypse, des gaz toxiques de la SIAP, ICM, NPK et companies2.
Prenez garde, nos jeunes amis et camarades, le périple est long, très long nous devons continuer ensemble, unis, en rangs serrés, et le sourire de Noureddine nous accompagnera.
N’oubliez jamais ce qu’a dit Bernanos « La jeunesse, C’est la fièvre du monde, si la jeunesse se refroidit, le monde claque les dents ».
Les Ayoub, Chaker, Ayoub, Mohamed, Wissem… restons Unis, car les loups nous guettent, nous provoquent, et feront tout pour nous diviser … pour continuer à régner. Ce n’est pas le dernier combat, ce n’est pas la lutte finale, le chemin est encore long.
Avec l’endurance, la persévérance et l’union, nous semons mille graines, et pousseront mille fleurs
Vous allez nous dire peut être, avec quelles armes ?
Nous avons laissés nos réflexions, nos écrits, nos témoignages, nos poèmes, notre musique, notre théâtre, notre cinéma, etc. et c’est un patrimoine inestimable, que nous vous léguons, avec beaucoup de conviction et de confiance en vous pour continuer le chemin, le combat pour la liberté pour tous, la justice pour les plus démunis, la démocratie pour notre peuple qui a payé très cher pour ces valeurs nobles et qui continu à payer sans hésitation, la moindre. Il faut continuer le combat chacun à sa façon, à sa manière comme il l’entend et le désire, mais dans l’union, il ne faut ni déserter les partis de gauche, mais faire tout pour les renforcer, ni les organisations démocratiques, ni les syndicats, ni les associations des droit de l’homme, les associations militantes pour la protection effective de notre environnement, de nos ressources naturelles menacées et tout espace de liberté.
Il ne faut jamais laisser le terrain vide, Il ne faut jamais quitter l’espace que vous occupez, défendez le, gagnez du terrain tous les jours, le changement est l’accumulation de petits acquis, et ces acquis doivent être les nôtres.
La Tunisie nous appartient, nous l’avons bâti depuis cinquante ans, et personne ne nous la volera. Peuple de Gauche, démocrates de tous les temps, rappelez vous, nous étions à Borg Erroumi, à Ennadhour,au Habs jeddid, oubliés à Saouaf, dans des pavillons cellulaires, embrigadés dans les casernes, exilés à Rgim Mâatoug ; Pourquoi se laisser voler ? la Tunisie nous appartient, plus que jamais, par ce que nous étions dans tous les chantiers, les usines, les écoles, les lycées, les universités, les hôpitaux, toutes les institutions, les syndicats, nous l’avons bâtie notre culture et notre presse libre. Nous lançons un défit ? Y’a t – il un endroit, un lieu où le peuple de gauche n’a pas laissé son empreinte, son label, son génie ? Peuple de gauche, vous les travailleurs, les militants, les syndicalistes, les créateurs, les poètes, les écrivains libres, s’ils nous gouvernent aussi, c’est avec nos idées, nos projets qu’ils ont usurpés et déformés. C’est pourquoi il faut crier haut et fort : La Tunisie nous appartient. La Tunisie appartient au peuple de gauche d’abord, Ce peuple penseur, rêveur, idéaliste, généreux, innovateur, génial, et … crédule… Cette crédulité vertueuse …, mais parfois hélas fatale, car il arrive qu’on soit « maso » ou « passif » ou partisan du « minimum politique ». Et Voilà pourquoi aujourd’hui on fait main basse sur l’écologie, et on la brade au premier comparse venu (et parvenu). En vérité, les idées des verts, l’écologie politique, la défense de l’environnement pour une vie meilleure, n’appartiennent qu’au peuple de gauche. Nous les verts, notre lutte est à gauche, et nous sommes partie intégrante du peuple de gauche, pour la liberté, la démocratie, les droits de l’homme et de la femme, et pour un environnement sain et durable pour nous et nos enfants. Notre combat pour l’environnement est Mondial aux cotés de tous les mouvements verts de par le monde. Nous restons fermement opposés à toute injustice dans notre pays et dans le monde et nous ferons tous pour que cesse ces injustices envers l’homme et envers l’environnement. Lorsqu’on nous a volé nos idées, mercantilisé l’écologie, convertie en gros sous, pour se payer les luxes, nous nous sommes opposés à ces usurpations et nous continuerons plus que jamais ce combat. Notre principal apport, c’est d’avoir rendu l’écologie à la gauche. A ceux qui veulent commercialiser notre eau, notre désert, et notre mer, l’air et la terre, la montagne et la forêt, les pollueurs du monde entier nous disons STOP. Assez d’exploitation de nos richesses et notre bien être, Ces idées, l’écologie politique, militante, n’a-t-elle pas revitalisé le peuple de gauche dans d’autres pays et sous d’autres cieux. Regardez le peuple de gauche en Amérique latine, le pays de « Che » dans les cordillères des ondes à la Sierra et en Amazonie, il s’est mobilisé autour des idées écologiques et a porté la gauche et l’écologie au pouvoir ! Pourquoi pas nous ? Regardez l’Italie, saluer la victoire de la gauche et l’écologie dans ce pays ami et voisin. Pourquoi nous laisser gouverner par une droite ingrate, arrogante, revancharde et vindicative qui refuse d’appliquer même les réformes qu’elle a promulguées ? Cette droite sans foi ni loi, qui a un jour enterré le père de ses réformes, et l’a abandonné dans sa vieillesse. Cette droite, qui après 50 ans de dictature du parti unique défend avec ses thérufaires encore au 21ème siècle, le pouvoir du prince et les désirs de l’homme providentiel. Peuple de gauche notre jeunesse, soyons unis, le périple est encore long, mais l’avenir nous appartient, l’écologie nous appartient. Défendons la. Abdelkader Zitouni Coordinateur National de « TUNISIE VERTE »
————————————————— (1) : Membre fondateur du parti « TUNISIE VERTE » notre camarade a été l’un des principaux animateurs de la nouvelle gauche en Tunisie du groupe « Perspective Tunisienne », a purgé plus de dix ans au sinistre bagne de Borej Erroumi décédé le 11 Février 2005 suite aux séquelles d’une longue maladie. (2) : Usines chimiques polluantes à Sfax, Skhira, Gabes et Gafsa.
Enseignement – Grève des professeurs dans les collèges et les lycées *
-Chedhly Gary, SG du syndicat national de l’enseignement secondaire :
Présever la diginité du professeur
– « L’éducation des adolescents devient de plus en plus pénible, de l’aveu même des parents, pourquoi renie-t-on ses conséquences sur les professeurs ? »
– « L’indemnité proposée par le ministère n’est pas à la mesure des sacrifices consentis. »
– « Il faut supprimer les recrutements par contrat. Un enseignant ne peut pas vivre éternellement avec le sentiment qu’il est révocable à tout moment. »
Le monde du travail en Tunisie est certes organisé par le code du travail, mais, il n’empêche que chaque catégorie socio-professionnelle a son statut particulier, lequel comporte l’organisation du travail du corps et de son mode de rémunération. Ces statuts sont révisés régulièrement, lors des négociations sociales, mais, parfois aussi, d’une manière spécifique, à un corps particulier. Ainsi, des négociations sont-elles en cours entre le ministère de l’Education et de la Formation et le syndicat national de l’enseignement secondaire sur l’amélioration des conditions des professeurs.
Il est certain que l’enseignement est un pilier fondamental de l’éducation. N’est-ce-pas à l’école que l’on apprend, non seulement à lire et à écrire, mais aussi à adhérer à certaines valeurs sociales et morales qui vont nous orienter durant notre vie. L’établissement scolaire possède, à ce titre, un statut de mission et le corps des enseignants est porteur d’un message éducationnel, d’égale portée à celui de la famille, et peut-être même plus influent.
Vu l’importance accordée à l’éducation, un débat s’est installé concernant les doléances de ce corps et quelques rounds de négociations, notamment la réunion du 8 avril. Ils ont même abouti à des résultats tangibles. Or, ceci n’a pas empêché le syndicat de maintenir son mot d’ordre de grève pour aujourd’hui.
Le Temps a contacté le secrétaire général pour comprendre les raisons de cette alternative.
Interview.
Le Temps :Comment vous justifiez le maintien du mot d’ordre de la grève malgré les résultats obtenus
Chedhly Gary :
Pour comprendre nos doléances, il faut revenir un peu en arrière. Les deux dernières décennies ont été marquées par des transformations notoires de la morale et des valeurs sociales, notamment chez les adolescents. Leur éducation devient de plus en plus difficile, de l’aveu même de leurs parents. Les normes éducationnelles sont ainsi chambardées et les établissements scolaires en sont énormément touchés. Et du coup, les approches sur les concepts pédagogiques de la tenue d’une classe ont changé, pour s’adopter aux nouvelles données. Mais, si une conclusion est vraiment évidente, c’est que la mission est devenue plus difficile. Les difficultés de la mission éducationnelle se répercutent sur le rendement et même sur la santé des enseignants, notamment, leur santé mentale.
Cette situation mérite d’être prise sérieusement en considération. Notre requête concernant la révision à la baisse de l’âge de la retraite n’a jamais été immuable. Nous réclamons principalement que le ministère reconnaisse qu’enseigner est un métier pénible.
-Pourtant le ministère s’est dit prêt à discuter les cas sociaux et à les résoudre cas par cas.
– Ce n’est pas la résolution des situations spécifiques qu’on cherche, celle-ci est déjà acquise par les lois en vigueur. Des commissions médicales spécialisées ont, depuis toujours, étudié les dossiers des enseignants dépressifs ou des autres cas similaires. Ce que nous réclamons, c’est une reconnaissance du principe que l’enseignement est un métier pénible. Nous sommes prêts à étudier, avec le ministère, les conséquences de cette reconnaissance, nous serons alors ouverts à toutes les propositions.
-Et pour les autres réclamations ?
– Concernant le droit syndical, il est certes garanti par la constitution, mais, nous réclamons un texte clair organisant ce droit dans l’enceinte de l’établissement scolaire, notamment le droit de réunion. Plusieurs proviseurs empêchent encore les enseignants de se réunir sur le lieu de travail. Pourtant, le contact permet d’informer nos collègues sur leurs droits et leurs devoirs.
.-Le ministère a pourtant proposé des révisions substantielles de l’indemnité de correction et un calendrier pour l’intégration des 3420 contractuels.
– D’abord, l’indemnité proposée n’est pas à la mesure des sacrifices des enseignants. Quant à l’intégration des contractuels, nous proposons de ne plus recourir à ce mode de recrutement, synonyme d’instabilité. Il est inconcevable qu’un quelconque enseignant, en activité, puisse se sentir révocable à chaque instant, ce qui est le cas chez les contractuels.
– Les observateurs pensent que le ministère a donné tout ce qu’il peut dans une conjoncture caractérisée par l’envolée des prix du carburant.
– Les indemnités de correction sont hors-budget, les candidats s’acquittent des frais annexes des examens nationaux, à travers les timbres dont les prix ont sensiblement augmenté. Ces révisions ne sont donc pas tirés de la caisse de l’Etat. Pour ce qui est de l’intégration des contractuels, elle n’entraine pas des conséquences financières. Vous voyez donc bien que la pression sur le budget de l’Etat n’a rien à voir dans les propositions qui nous sont soumises.
-Et le mot de la fin ?
– Nous tenons à préciser que nous ne sommes nullement des maximalistes. Nous cherchons plutôt à redonner sa dignité à l’enseignant et à préserver le niveau de l’enseignement. Nos doléances ne sortent guère de ces deux objectifs.
Propos recueillis par Mourad SELLAMI
(Source : « Le Temps » du 19 avril 2006)
La Tunisie veut que l’investissement étranger favorise l’emploi
par Sonia Ounissi Reuters, le 18.04.2006 à 18h13 TUNIS, 18 avril (Reuters) – Les autorités tunisiennes tablent sur une hausse de 10% des investissements étrangers en 2006 et espèrent que la majeure partie de ceux-ci profiteront aux secteurs les plus demandeurs en main d’œuvre, a déclaré mardi Mongia Khemiri, directrice générale de l’Agence tunisienne de promotion de l’investissement, lors d’un entretien à Reuters. Tunis souhaite parallèlement voir s’accroître la part des pays arabes dans les investissements sur son sol, a-t-elle ajouté. La majeure partie des investissements étrangers dans le pays proviennent actuellement de pays européens, en premier lieu la France, l’Italie et l’Espagne. « Nous nous attendons à ce que les investissements extérieurs atteignent 1,2 milliards de dinars (730 millions d’euros environ) en 2006, contre 1,088 milliards de dinars in 2005 », a déclaré Khemiri. « Nous tenons à attirer plus d’investissements dans les secteurs les plus demandeurs de travailleurs: le secteur de l’industrie manufacturière et les services, qui sont l’avenir de l’économie de notre pays », a-t-elle ajouté. Un montant de 1,2 milliard de dinars d’investissements directs étrangers constituerait un record annuel pour la Tunisie selon les statistiques de la FIPA. Sur les cinq dernières années, les investissements ont fluctué entre 718 millions et 1,19 milliard de dinars. Khemiri a souligné que la Tunisie voulait privilégier la création d’emplois. TUNIS VEUT CHOISIR SES INVESTISSEURS « Nous sommes sélectifs, nous acceptons les investissements extérieurs qui répondent à nos objectifs », a-t-elle dit en référence aux créations d’emplois. La Tunisie cherche depuis plusieurs années à favoriser les investissements étrangers pour dynamiser sa croissance et combattre le chômage, qui touche officiellement 13,9% de la population active. De nombreux Tunisiens estiment que le taux de chômage réel est en fait bien supérieur. Les investissements étrangers ont créé en moyenne 260.000 emplois par an au cours ces dix dernières années, selon les statistiques officielles, dont 80% dans des secteurs dont les besoins en main d’œuvre sont élevés, tels que l’agroalimentaire, le textile et l’assemblage automobile. Pour Khemiri, la Tunisie est de plus en plus attractive pour les investisseurs arabes. « Les investissements arabes sont limités mais nous déployons nos efforts pour attirer les marchés arabes en rapprochant nos besoins de leurs intérêts », a-t-elle dit. « Nous sommes en train de chercher les projets qui intéressent les investisseurs arabes, tel que les projets dans le secteur pétrolier ou le tourisme. » Le promoteur des Emirats arabes unis Emaar Properties a annoncé ce mois-ci son intention d’investir 1,82 milliard de dollars dans un projet immobilier en Tunisie, dans le but d’encourager les riches touristes à acheter des résidences dans le pays. Khemiri a expliqué que Tunis utiliserait différents moyens pour attirer les investisseurs arabes, y compris culturels, bancaires et diplomatiques. Mais elle a reconnu que cela prendrait du temps. « Nous ne pouvons pas avoir des résultats demain, c’est un processus a long terme », a-t-elle expliqué. REUTERS
Chirac: les réformes doivent être menées par chaque pays « à son rythme »
AFP, le 18.04.2006 à 23h16 LE CAIRE, 19 avr 2006 (AFP) – Le président français Jacques Chirac a défendu les réformes prudentes engagées par l’Egypte, affirmant que celles-ci devaient « être conduites par chacun à son rythme », dans une interview publiée mercredi par le quotidien égyptien Al Ahram. Faisant référence à la réforme du mode d’élection du chef de l’Etat et aux élections présidentielles et législatives, M. Chirac a qualifié ces changements de « féconds ». Le président français entame mercredi une visite officielle de deux jours en Egypte. La France, a-t-il dit, « voit la démocratie comme une valeur universelle mais elle comprend que les réformes doivent être conduites par chacun à son rythme, souverainement et dans le respect de son identité ». « L’important est que ce pays puisse déterminer souverainement et démocratiquement les voies et le rythme de sa modernisation », a assuré le président français qui s’est souvent démarqué du projet américain de promotion de la démocratie dans le Grand Moyen-Orient. M. Chirac a également souligné que « l’Egypte est un grand pays qui joue un rôle essentiel à la stabilité du Moyen-Orient, mais aussi de la Méditerranée et de l’Afrique », au moment où les tensions se multiplient dans la région. Assurant que l’Egypte partage avec la France de nombreuses « valeurs communes, fondées sur le dialogue et le respect de l’autre », « c’est pour nous un partenaire global et constructif », a-t-il dit. « Il est donc important que nos deux pays se concertent en permanence », a ajouté Jacques Chirac qui affirme avoir « beaucoup d’estime » pour Hosni Moubarak qu’il connaît « depuis plus de trente ans ». « Nos entretiens sont toujours comme des entretiens entre de vieux amis », a-t-il souligné.
« Bourguiba et la Modernité »
Retour sur la rencontre de l’IMA du 30 mars 2006
Par Astrubal D’abord merci à l’Institut du Monde Arabe d’avoir accueilli dans ses murs cette manifestation consacrée à « Bourguiba et la modernité », et ce, à l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance tunisienne, tout comme d’avoir publié sur son site un compte rendu de cette réunion. Ensuite, disons-le d’emblée à quel point il paraît toujours difficile d’organiser une telle manifestation relative au sens de l’action bourguibienne qui s’est étalée sur près d’un demi-siècle. Tant auprès de ses admirateurs que de ses détracteurs, la passion suscitée est toujours aussi vigoureuse de la part de celui que la Constitution tunisienne consacra « combattant suprême » et président à vie de la République tunisienne [1]. Ladite manifestation va encore révéler précisément à quel point l’approche de l’itinéraire historique du fondateur de la République tunisienne se trouve prise par les mythes et les tabous historiques. Mais le plus gênant, s’agissant de la rencontre du jeudi 30 mars 2006, c’est que celle-ci, en dépit du fait qu’elle se voulait plus proche du colloque académique que d’une modeste réunion ne dérogea pas à la règle. En effet, universitaires, diplomates, historiens et anciens ministres (certains cumulaient plusieurs casquettes) s’étaient réunis pour évoquer les rapports de Bourguiba à la modernité. La manifestation étant ouverte au public, les crispations des attitudes face aux propos tenus par certains conférenciers et les débats tendus prirent hélas vite le dessus. Prometteur pourtant, le thème de la rencontre ne fut hélas pas judicieusement abordé. Est-ce parce qu’au-delà des rapports de Bourguiba à la modernité, se profile le rapport bien plus problématique de toute une nation à cette même modernité ? Et s’agissait-il de la modernité vue par les conférenciers Pierre Hunt, Jean Lacouture, Jean Daniel ? Ou alors celle de Tahar Haddad, Mohammed Talbi ou Edouard Saïd ? Et puis s’agissait-il de cette modernité restrictive qui repose sur les seuls critères de la scolarisation massive, la santé publique et le code du statut personnel ou comme le fit fort justement remarquer l’un des présents, Abdellatif Ben Salem, qui prend également en compte les institutions politiques, la pratique du pouvoir et la culture du pluralisme. Si, en effet, l’action de Bourguiba en faveur de la scolarisation, la santé publique et le statut de la femme ne sont pas -sous certaines réserves (cf. infra)- contestables, le bilan global de l’homme demeure pourtant, le moins que l’on puisse dire, mitigé. S’arrêter sur ces éléments restrictifs de la modernité comme certains conférenciers l’on fait, à l’instar de Mohammed Charfi, c’est faire preuve d’une lecture à la fois partielle et partiale de l’histoire. S’agissant du CSP, et sans minimiser le rôle de Bourguiba, il faut néanmoins relever que si ce code fut adopté très tôt à l’issue de l’indépendance, c’était aussi parce que la volonté du nouveau chef de l’État n’était pas sans coïncider avec une représentation nationale disposée à voter le texte, tout comme avec une prédisposition (aussi minime soit-elle) d’une opinion publique dont l’œuvre révolutionnaire de Tahar Haddad ne laissait guère plus indifférent [2]. En outre, concernant l’abolition du mariage polygamique, il n’est pas inutile de rappeler que depuis des siècles déjà, certains usages locaux (’amal), tel à Kairouan, faisaient du « Shart (condition) » monogamique une quasi-institution [3]. Comment également ne pas comprendre les crispations des débats qui suivirent lorsque le modérateur, ancien ambassadeur de France à Tunis, fit maladroitement sienne la phrase de Masmoudi qui qualifiait Bourguiba d’un « […] homme parti de rien, et qui veut, de la nation tunisienne, faire un État comme la France ». Des propos confortant le mythe, historiquement fallacieux, de l’homme qui, d’une « poussière d’individus a forgé un peuple ». Curieuse appréciation à la fois sélective et tronquée de l’histoire de la naissance de l’État tunisien. Un État, au sens wébérien du terme, né pourtant il y a près de cinq siècles avec la dynastie hafcide. C’est sous ces derniers en effet qu’une authentique nation se révèle et, du coup, la genèse d’un État qui s’avérera différent de tous ceux qui l’ont précédé, car désormais peuplé par une Nation qui se reconnaît en tant que telle. Ainsi, ce n’est nullement en 1956, mais dès la fin du règne des hafcides, que les fondations de l’Etat-nation tunisien étaient déjà jetées [4]. Il faudrait peut-être un jour ou l’autre cesser de confondre la fondation de l’Etat-Nation tunisien et son appareil d’État, avec la fondation d’un nouveau régime politique, en l’occurrence le régime républicain. Par ailleurs, l’affirmation « d’un homme parti de rien » qui bâtit un État moderne devient quasi ridicule lorsque l’on songe que le socle sur lequel Bourguiba va fonder son action et ses revendications (y compris jusqu’à la dénomination même de son parti) est un socle enraciné dans l’une des histoires institutionnelles parmi les plus riches de la région. C’est sur ce socle, formé entre autres par le pacte fondamental (1857) et la première Constitution tunisienne (1861) que fermenteront les idées et la culture d’un État constitutionnel moderne. Certes, nous connaissons tous les conditions dans lesquels ces documents furent promulgués. Mais quelles que soient leurs tares congénitales, ils seront le catalyseur du mouvement constitutionnaliste tunisien, le même qui donnera naissance aux partis destourien et néo-destourien. Et lorsque Bourguiba promulga la nouvelle Constitution de l’État tunisien indépendant le 1er juin 1959, il le fit avec la promesse solennelle que ce nouveau texte fondant la nouvelle République n’aura pas le sort de celui qui l’a précédé. Cette promesse fut tenue au sein d’un long et non moins mémorable discours vantant les mérites d’une République moderne avec des pouvoirs séparés et surtout un exécutif qui ne pouvait en aucun cas s’accommoder d’un chef au mandat viager. Sinon, avait-il pris soin de préciser, « ils pouvaient vieillir, devenir incapables d’assumer le pouvoir et tomber sous la coupe d’un entourage de courtisans et de créatures. C’était l’impasse, sans aucun moyen d’en sortir » [5]. Nul doute que ce jour-là, de tels propos ne pouvaient qu’être en phase avec les conceptions que l’on est en droit de se faire de la modernité. Évaluer le bilan de Bourguiba au regard de la modernité, non pas celle que certains prétendent, mais celle plus authentique avec ses composantes politique, sociale, culturelle et morale, dépendra toujours de l’appréciation que l’on se fait du contexte de l’époque. Une appréciation anachronique, en somme au regard des exigences morales et démocratiques d’aujourd’hui, des besoins de respect des garanties et libertés fondamentales actuelles, ferait du bilan de Bourguiba un fait négatif. Ce bilan serait d’autant plus négatif, qu’il est question ici d’un pays, la Tunisie, qui n’est pas sortie du néant. Un pays avec une nation largement pacifiée car constituée – y compris au sens contemporain du terme- depuis près d’un demi-millénaire ; une nation qui n’est en aucun cas comparable à certaines autres qui souffrent de maux en rapport avec le tribalisme ou les conflits ethniques et religieux. Si, en revanche, l’on ne désire pas tomber dans l’anachronisme, en ne perdant pas de vue les mœurs politiques de l’époque (c’est-à-dire jusqu’à la fin des années 70), y compris et surtout dans les pays dits démocratiques ; si l’on prend en considération que les assassinats politiques étaient également une pratique courante des services secrets et/ou spéciaux de ces mêmes pays dits démocratiques ; si l’on ne néglige pas le fait que, partout dans le monde, l’indépendance de la justice souffrait de quelques lacunes, que la rigueur du respect des règles de droit n’était pas toujours au rendez-vous, que parfois l’on prenait quelques libertés au regard de la séparation des pouvoirs, que le harcèlement politiques n’était pas vraiment absent selon que l’on était communiste au pays de l’oncle Sam ou libéral dans les pays du « socialisme réel », que de temps à autre ce qui se passait dans les prisons occidentales n’était pas franchement glorieux, que le respect des normes constitutionnelles faisait quelquefois défaut, tout comme pour le respect des conventions internationales …, alors, peut-être, et en faisant abstraction de tout jugement moral, le bilan de Bourguiba jusqu’au tournant de l’année 1976 pourrait, au regard de ce que se passait ailleurs et à la même époque, être apprécié sous une marque non dénuée d’une certaine modernité. En effet, la renaissance d’un nouvel Etat indépendant avec ce que cela suppose en terme de nouvel ordre politique n’est jamais si simple. L’accouchement et l’installation du nouveau régime politique républicain fondé par Bourguiba et ses camarades ne pouvait pas, comme ailleurs non plus, avoir lieu « sans douleurs ». Les carences propres à la naissance de tout nouvel ordre politique, notamment en matière de consensus nationaux autour des éléments fondateurs du régime (éléments tant politiques, idéologiques qu’institutionnels) ne peuvent être que porteuses d’une fragilité certaine. La même fragilité qui va nourrir une forme d’exercice du pouvoir davantage balisée par celui qui gouverne que par des textes juridiques dont le temps n’a pas encore raffermi la suprématie. Durant cette ère de jeunesse, l’on ne peut que se fier au volontarisme démocratique et moderne de celui qui gouverne … tout comme à sa probité. Durant une première période du règne de Bourguiba qui s’étale jusqu’en 1976, malgré des excès moralement et juridiquement condamnables mais que sûrement la jeunesse même du régime rendait inévitable, Bourguiba pouvait se targuer d’avoir fait preuve d’un volontarisme incontestable en faveur d’une modernité dont les éléments sont largement décrits par ses hagiographes et adulateurs. Entre autres ce qui a été précédemment mentionné, CST, scolarisation, santé publique, culture, etc. Mais le règne de Bourguiba ne s’est pas arrêté en 1976, année de la première refonte d’envergure de la Constitution tunisienne. Et parce qu’il a choisi de demeurer encore à la tête de l’État, ses succès passés ne peuvent, ni ne doivent absoudre les échecs de son archaïsme politique et la pleine responsabilité qu’il endosse envers la dissolution des principes républicains. Pourtant, dès 1970, Bourguiba lui-même avait su poser un juste diagnostic des dangers de l’archaïsme politique qui guettait la Tunisie. Le 8 juin de la même année, après avoir constaté que « l’expérience [révèle] que la concentration du pouvoir entre les mains d’un seul, aussi dévoué soit-il, comporte des risques », il décrit les grandes lignes de la réforme institutionnelle qu’il envisage. Celle-ci portera, avait-il annoncé, sur « des amendements [qui] rendront le gouvernement responsable devant le président de la République, mais aussi devant l’Assemblée nationale qui est issue du suffrage populaire. Ainsi, il sera loisible à cette assemblée de démettre un ministre ou le gouvernement par un vote défavorable […]. D’autres modifications de la Constitution allégeront les responsabilités qui sont assumées jusqu’ici par le président de la République et par lui seul. […] Après quinze années d’exercice du pouvoir, il est temps de réviser la Constitution pour établir une certaine collaboration entre le Chef de l’État, l’Assemblée nationale et le Peuple » [6]. Ainsi, Bourguiba annonçait une nouvelle étape, celle qui devait enfin faire entrer la Tunisie de plein pied dans la modernité politique ardemment désirée. Le discours de Bourguiba suscita beaucoup d’espoir. Il fut même à l’origine d’une certaine effervescence politique, laquelle fut couronnée par un congrès du P.S.D. d’une rare audace. En effet, durant le « Congrès de la Clarté » du 12, 13 et 14 septembre 1974 à Monastir, beaucoup de langues ont su se délier produisant des motions qui rivalisaient de hardiesse [7]. Et le 8 avril 1976, effectivement, une profonde révision constitutionnelle fut promulguée. Sur le papier, cette réforme, bien qu’imparfaite, n’était pas exempte de relents modernistes de par la nouvelle distribution des pouvoirs qu’elle organisait. Elle était certes incomplète, puisqu’elle n’a pas produit de réelle avancée en matière d’indépendance de la justice tout comme elle passa sous silence le contrôle de la constitutionnalité des lois. Un contrôle pourtant si crucial, qu’aucun régime politique aspirant à la modernité ne peut se permettre le luxe de contourner. Mais à ce moment-là, il était encore permis d’envisager que ces manquements pour installer la Tunisie dans une authentique modernité politique puissent être encore rattrapés assez vite. Hélas cela ne sera pas le cas. Et 20 ans après la promulgation du CSP, Bourguiba venait, avec la réforme de 1976, d’entreprendre le dernier acte inachevé vers une modernité tant espérée de la part d’une Nation politiquement constituée en tant que telle depuis au moins 400 ans (n’en déplaise à certains laudateurs). À partir de cette même année (1976), une nouvelle période commence qui fit entrer la Tunisie dans une décennie noire. L’esprit de la réforme constitutionnelle nouvellement adoptée n’ayant pas été respecté, les engagements de Bourguiba du 1er juin 1959 comme ceux du discours du 8 juin 1970 vite oubliés, il ne restait plus que l’esprit de l’article 39 (instituant la présidence à vie) qui allait prévaloir, achevant ainsi d’installer la Tunisie dans cette caricature de République gouvernée par un authentique monarque. Une sorte de souverain vieillissant, entouré – en reprenant les termes de Bourguiba lui-même – « de courtisans et de créatures […] sans aucun moyen d’en sortir ». Le moins que l’on puisse dire, c’est que les coups de semences ne manquèrent pas pour redresser la barre. Il y a eu d’abord la grève générale de janvier 1978 avec ses centaines de morts, les événements de Gafsa (1980) puis la révolte de 1984 (dite la révolte du pain). Pourtant, durant ce glissement vers les affres du désordre provoqué par l’archaïsme du mode d’exercice du pouvoir, les occasions cruciales d’un virage vers le pluralisme politique ne manquèrent pas. Nous songeons principalement aux possibilités qu’auraient pu offrir les législatives de 1981 et celles de 1986 pour une transformation des mœurs politiques vers une modernité indétachable du fait pluraliste. Pour le scrutin de 1981, celui-ci va s’avérer le premier d’une longue liste de ces scrutins théoriquement pluralistes mais qui ne représentent dans la pratique que des tromperies électorales. Dans son Pamphlet Lettre ouverte à Habib BOURGUIBA, le premier ministre de l’époque révélera – quelques années de trop après les faits – la nature des ordres intimés à Driss GUIGA pour l’organisation de la première farce électorale. « Le ministre de l’intérieur, Driss GUIGA, – écrit Mohamed MZALI – était venu la veille du scrutin [du 1er novembre 1981] me rendre visite[…]. Il feignit, devant moi, d’être désolé de ne pouvoir, comme je le lui avais demandé, de respecter la légalité scrupuleuse du scrutin, même s’il devait résulter un succès des opposants qui remporteraient les suffrages nécessaires. Il m’a affirmé que le président [Bourguiba] l’avait convoqué – ce jour samedi – en compagnie de l’ancien Gouverneur de Tunis, Mhaddheb ROUISSI, et lui avait ordonné « d’organiser » la victoire totale de toutes les listes du P.S.D et de donner des instructions dans ce sens aux gouverneurs ». « Quand j’arrivais le lendemain à Tunis – poursuit le premier ministre disgracié – je fus mis devant le fait accompli. J’appris que le matin même entre 5 heures et 6 heures, un » commando » composé notamment de Messieurs GUIGA, ROUISSI… s’était rendu au siège du gouvernorat de Tunis et y avait trafiqué les résultats […] » [8]. Il faut bien réaliser que cette grande capacité à contrôler l’appareil d’État en toutes circonstances et cette maîtrise totale du processus électoral par le ministère de l’intérieur au point de manipuler les résultats avec une telle aisance, incarne en soi des circonstances proportionnellement aggravantes de cet acte qu’est la fraude électorale. Car frauder ainsi sans troubles politiques, démontre paradoxalement les ressources réelles de l’État à supporter la pratique effective du pluralisme politique. Élément qui rend d’autant plus archaïque et condamnable la fraude électorale en présence d’un puissant appareil de maintien de l’ordre quadrillant tout le territoire sans exception. Quant aux législatives de 1986, le désastre n’en sera qu’accentué. Outre la fraude, par les persécutions, les procès préfabriqués et la répression tous azimuts, le scrutin n’a fait qu’engluer davantage la République dans les pratiques d’un autre âge. En effet, et déjà que le scrutin de 1981 fut, comme nous l’avons vu, scandaleusement fraudé, il va se révéler pourtant, par rapport au scrutin de 1986, comme étant « […] paradoxalement l’âge d’or de la démocratie [sic] tunisienne » [9]. C’est dire combien les élections de 1986 furent à des lieux des mœurs politiques modernes. Et sur le plan de la pratique électorale, nous ne pouvons qu’abonder dans le sens de l’intervention, parmi le public, du plus pédant des plumitifs au service de l’actuelle dictature tunisienne (incapable d’aligner trois phrases sans gaver l’auditoire de citation de Platon, Socrates ou Machiavel), et pour lequel Ben Ali n’est que « le digne successeur de Bourguiba ». En matière de bouffonneries électorales, il l’est sans le moindre doute. Les appréciations qui viennent de suivre concernant Bourguiba et ses rapports à la modernité sont les nôtres aussi imparfaites soient-elles. Et aussi injustes puissent-elles paraître aux yeux de certains, ces appréciations sont toutes aussi légitimes que celle des admirateurs qui ne désirent retenir que les aspects positifs du bilan du même homme. Que certains, ayant connu et fréquenté l’ex-président tunisien ; ayant succombé à son charisme au point de s’estimer liés par une sorte d’obligation de loyauté à son égard au détriment de la vérité historique, c’est leurs droits. Que ceux qui, lors de la rencontre du 30 mars à l’IMA étaient invités à s’exprimer sur le thème de « Bourguiba et la modernité », puissent esquisser, comme le fit pertinemment rappeler l’un des présents, Abdelatif Ben Salem, ce même thème pour parler de tout, sauf du sujet de la rencontre (Cf. le compte rendu de l’IMA), c’est également leur droit quand bien même l’attitude est intellectuellement inélégante et historiquement malsaine. En revanche, ce qui fut quelque peu choquant, ce sont les outrages commis à l’égard de ceux qui parmi le public ne partageaient pas cette attitude laudatrice et qui étaient venus pour écouter et échanger sur le thème annoncé. Nous songeons notamment à Tarek Ben Salah qui fut brutalement empêché par Tahar Belkhodja de développer ses propos relatifs aux aspects négatifs du parcours bourguibien (l’ancien ministre de l’intérieur Belkhodja, lui a outrageusement arraché le micro de la main). De même, on regrettera la cacophonie provoquée par Pierre Hunt afin de couvrir la voix d’un autre intervenant, Abdelatif Ben Salem, cherchant à exprimer son appréciation de certains faits historiques mettant en doute le « modernisme politique » de Bourguiba. « Le droit d’inventaire » à l’égard de Bourguiba et l’appréciation objective de son parcours d’homme d’État appartient à tous les Tunisiens et à tout chercheur qui s’y intéresse sans que quiconque ne puisse être empêché de le faire sous le fallacieux prétexte de porter atteinte à la mémoire de l’homme. Les organisateurs de la rencontre voulaient-ils peut-être organiser une commémoration « bonne enfant » à la mémoire de Bourguiba, et ce, entre les membres d’un même « fan club » ? C’est possible en effet. Et cela relève assurément de leur liberté -absolue- de le faire. Mais dans ce cas alors, il ne fallait pas à l’appui d’un thème riche et prometteur, inviter le public à se déplacer pour le brimer ensuite lorsqu’il tente de prendre la parole pour émettre son appréciation sur le même sujet. Les Tunisiens ont longtemps souffert et continuent à l’être par la manipulation de l’histoire, ce mal si caractéristique à certains régimes. L’histoire de Bourguiba, y compris dans ses rapports à la modernité, reste encore à réécrire. Et c’est aussi, entre autres, lors des commémorations publiques des grands événements (la rencontre commémorait également le cinquantenaire de l’indépendance tunisienne), que les avancées en matières de relecture moins subjective de l’histoire se font. Enfin, disons-le encore une fois, et quelles que soient les tournures que cette rencontre consacrée à Bourguiba ait pu prendre du fait des nombreuses maladresses du/de ses initiateurs, notamment de Pierre Hunt, merci à l’IMA de l’avoir accueilli dans ses murs et merci à son président Yves Guéna d’avoir su trouver le ton juste pour clore les débats en appelant à davantage de tolérance et de respect… surtout lorsque les divergences s’avèrent importantes. Astrubal, le 16 avril 2006
Annexe Compte rendu de la rencontre du 30 mars 2006 par L’IMA
Source : http://www.imarabe.org/aujourlejour/actualites.php ?i=31 Jeudi 30 mars 2006 Bourguiba et la modernité Cette séance, consacrée au souvenir de Habib Bourguiba, cinquante ans après l’indépendance de la Tunisie, était tenue en présence du Président de l’IMA, qui a confié à Pierre Hunt, ancien ambassadeur de France à Tunis, le soin de modérer les débats. Celui-ci avait d’ailleurs pris l’initiative de cette soirée, organisée dans un esprit de commémoration. L’ambassadeur a rappelé ce que disait M. Masmoudi à Pierre Mendès-France, à propos de l’homme qu’il a longtemps servi en tant que chef de la diplomatie : « C’est un homme parti de rien, et qui veut, de la nation tunisienne, faire un Etat comme la France. » Avant de passer la parole à Mohammed Charfi, professeur à l’Université de Tunis, ancien ministre, le modérateur a lu un message du Président Giscard d’Estaing. Mohammed Charfi a voulu centrer son exposé sur les transformations de la société tunisienne induites par l’action de Bourguiba : urbanisation, scolarisation, passage à un autre modèle familial, « évasion » des femmes de la triple prison où elles se trouvaient enfermées : le voile, la maison, l’ignorance. Il a insisté sur le rôle décisif qu’aura joué, après les grandes figures de la Réforme tunisienne (Kheireddine, Tahar Haddad…), le Combattant suprême. Si le sous-développement est une maladie, Bourguiba aura su faire le juste diagnostic, et mettre en œuvre les remèdes efficaces. Afin de « rattraper la caravane de la civilisation », il fallait d’abord consacrer l’essentiel des ressources budgétaires au « capital humain » – santé, éducation –. Plus tard dans la soirée, plusieurs intervenants remettront en question l’ampleur des succès obtenus dans cette bataille du développement, qui était effectivement une des idées centrales du Président tunisien ; ces transformations de la société, d’ailleurs inachevées, ne se seraient-elles pas produites de toute façon, comme elles se sont produites dans tous les pays de la région après les indépendances ? Et quel est le rôle véritable d’un individu, aussi énergique et visionnaire qu’il soit, dans ces vastes mouvements ? La singularité de l’expérience tunisienne tiendrait plutôt au volontarisme juridique mis en œuvre par Bourguiba, dès les premiers mois de son pouvoir : abolition de la polygamie et de la répudiation. Le Code de statut personnel constitue donc l’essentiel de l’héritage, au point d’être devenu une sorte de bloc de consensus, une sorte de seconde constitution, que les islamistes eux-mêmes ne remettent plus en cause, du moins publiquement. Etablissant un parallèle avec Ataturk, l’orateur a soutenu que Bourguiba aurait eu la volonté de réformer la société « à l’intérieur de l’islam », et non pas contre lui ; cette transformation de la société, sa modernisation, était accompagnée d’une action d’explication, modulée selon les publics auxquels Bourguiba s’adressait, en pédagogue plutôt qu’en tribun. Cette dimension de réformateur, certains disent : de mujtahed, sera remise en question par Hélé Béji, qui soulignera, au contraire, le caractère transgressif de bien des gestes bourguibiens, notamment dans le domaine du statut de la femme. Jean Lacouture, journaliste, écrivain, familier des leaders arabes de cette génération des indépendances, a indiqué que la relation, essentielle, de Bourguiba avec la France – cet attachement profond qui lui aura fait refuser, par exemple, toutes les avances italiennes pendant la guerre – cette relation ne doit pas nous faire oublier qu’il entretenait aussi des rapports, fussent-ils problématiques, avec l’Orient. Puis l’orateur a retracé, avec une vivacité juvénile, les grandes lignes d’une existence marquée de nombreuses épreuves, et toute entière orientée par cet objectif de la création d’un Etat moderne et souverain ; l’orateur a témoigné de la colère, mal maîtrisée, de Bourguiba se voyant proposer, en 1955, une formule de « co-souveraineté ». C’est cette défense sourcilleuse de l’indépendance de son pays, et de l’identité tunisienne, qui suscitera des malentendus avec les pays de la Ligue Arabe, mais qui sera, en revanche, mieux comprise par les Etats-Unis, avec lesquels Bourguiba aura su établir des liens de confiance et d’amitié ; pour lui, à la différence d’autres leaders du monde arabe, le non-alignement n’était pas synonyme d’anti-américanisme. Jean Daniel, sollicité par le modérateur, a évoqué une conversation entre Bourguiba et Jacques Berque, à propos de l’islam : pour le chef de l’Etat tunisien, l’islam, associé au parti du vieux Destour, aurait historiquement favorisé la colonisation de la Tunisie. Mohammed Charfi, intervenant en réponse à une question, a nuancé cette idée en disant que la rupture indéniable opérée par Bourguiba s’était faite davantage avec la société traditionnelle qu’avec l’islam en tant que tel. Mezri Haddad, auteur de Delenda est Karthago, et qui s’apprête à faire paraître un livre sur Bourguiba, a insisté sur le combat mené contre l’ « obscurantisme » ; mais lorsqu’il a fait allusion à l’actuel Président tunisien, « son digne successeur », il a été interrompu par une partie du public. Plusieurs intervenants ont voulu rappeler les traits négatifs de l’héritage bourguibien, sa pratique autocratique, les assassinats politiques, la destruction méthodique de tout véritable pluralisme… Le débat tournant à la confusion, le Président de l’IMA est intervenu pour rappeler les règles de la prise de parole, et lever la séance. (LB)
————————————– [1] La révision constitutionnelle de 1975 a introduit un nouvel alinéa à l’article 39 disposant qu’ »À titre exceptionnel et en considération des services éminents rendus par le Combattant suprême Habib Bourguiba au peuple tunisien qu’il a libéré du joug du colonialisme et dont il a fait une Nation unie et un État indépendant, moderne et jouissant de la plénitude de sa souveraineté, l’Assemblée nationale proclame le président Habib BOURGUIBA président de la République à vie ». [2] A l’occasion du cinquantenaire du Code du statut personnel tunisien, nous publierons sur Nawaat.org (courant juin 2006), un document contenant une sélection de textes de l’auteur et lesquels textes retracent le formidable débat pour l’époque suscité par Tahar Haddad tant en Tunisie que dans le reste du Monde arabe. [3] Cf. Yadh Ben Achour : Politique religion et droit dans le monde arabe. Tunis, Cérès Production, 1992, p. 91. [4] Et, l’arrivée en Ifriquia des conquérants Turcs (1569 ), n’y changera pas grand-chose. Et pour cause, lorsque Housseïn Ben ALI devint bey en 1705, il le fut grâce à la population de Tunis qui le proclama souverain. Et le maintien de cette nouvelle dynastie n’a été possible qu’au prix d’une véritable » domestication » du personnel politique (Cf. M. Camau, La Tunisie. Paris, Que sais-je, 1989, p. 35) notamment par le biais des » alliances matrimoniales avec les grandes familles tunisiennes » (Cf. Michel Bronciard : Le Maghreb au cœur des crises. Lion, 1994, Ed. Chroniques Sociales, p. 30.). À cet égard, et à propos de la dynastie housseïnite, C. A. Julien fit remarquer très justement, que déjà, la Tunisie avait accumulé « […] un passé et des traditions qui ne sombrèrent pas avec la dynastie hafcide. Les citadins, soucieux […] d’un gouvernement qui maintînt l’ordre, obligèrent l’autorité turque à se couler dans le moule que l’Ifriquia imposait à ses Maîtres depuis des siècles » (C. A. Julien, Histoire de l’Afrique du Nord. Des origines à 1830. Paris , Payot, 1994, p. 657). [5] Habib Bourguiba : Le Bardo, discours du 1er juin 1959, jour de la promulgation de la Constitution tunisienne. [6] Extrait du discours du 8 juin 1970 à Tunis. In Habib Bourguiba, citations choisies par l’agence Tunis-Afrique-Presse. Tunis, Édition Dar-El-Amal, 1978, p. 85 et 86. [7] Cf. Les deux quotidiens tunisiens L’Action du 16 septembre 1974 et Essabah du 6 octobre 1974 relatant les propositions du congrès relatives aux futurs aménagements de la Constitution. [8] Mohamed MZALI : Lettre ouverte à H. Bourguiba. Paris, éd. Alain MOREAU, 1987, p. 27 et 28. [9] Cf. Michel Deuré et Jean de la Guerrivière in « Le Monde » du 1er novembre 1986, p. 4. (Source : www.nawaat.org, le 18 avril 2006)
TUNISIE Participations croisées
Fuba Printed Circuits Tunisie attend le feu vert de la Banque centrale de Tunisie (BCT) pour acquérir 50 % du capital de son partenaire allemand Fuba Printed Circuits GmbH. Numéro un européen dans la production des circuits imprimés, l’entreprise germanique détient 25 % du capital de son homologue tunisienne. Elle emploie plus de 1 000 personnes et réalise un chiffre d’affaires de près de 300 millions d’euros. Créée en 1991 grâce à un joint-venture entre Fuba Printed Circuits GmbH et Tunisie Câbles, leader tunisien dans le secteur électrique, électronique et des télécommunications (1 750 employés et 30 millions d’euros de chiffre d’affaires), Fuba Tunisie est composé de neuf sociétés industrielles, dont cinq totalement exportatrices vers l’Europe et les États-Unis, qui produisent des composants électroniques et électromécaniques.
(Source : Jeune Afrique, N°2362 du 16 au 22 avril 2006)
Hors du mariage, point de salut ?
TUNISIE – 16 avril 2006 – par RIDHA KÉFI Le nombre des mères célibataires – et des enfants sans père – est en constante augmentation. Un reportage tourné à Gafsa témoigne de leur calvaire. Orpheline de père, Souad vivait avec sa mère et son beau-père. Un homme brutal qui la jetait dehors en pleine nuit en criant : « Va chercher de quoi payer tes dépenses ! » Pour survivre, l’adolescente a dû se prostituer. Elle eut ses premiers rapports sexuels à 12 ans et, à 30 ans, sa première grossesse. Aujourd’hui, elle a une fille de 3 ans, née d’un père inconnu, qu’elle élève seule. « Je ne sais pas de quoi demain sera fait », lâche-t-elle, désespérée. Née d’une relation hors mariage, Sabrine a quant à elle 15 ans. Elle aussi a eu une enfance difficile. À cause du manque d’argent – sa mère était femme de ménage -, mais surtout de son statut d’enfant naturelle. Pour éviter les allusions déplaisantes de ses camarades à propos de son « père absent », elle a très tôt arrêté sa scolarité. Il y a un an, son père s’est enfin décidé à assumer ses responsabilités. Mais l’adolescente continue de souffrir de ce qu’elle appelle le « jugement de la société ». Pourquoi Souad, Sabrine et d’autres jeunes femmes ont-elles accepté de témoigner à visage découvert ? « J’ai longtemps été écrasée par la honte et la culpabilité. Aujourd’hui, j’ai besoin de libérer tout ce que j’ai sur le cœur », répond la première. Ces témoignages sont extraits d’un documentaire tourné à Gafsa, dans le sud-ouest de la Tunisie, par l’Office national de la famille et de la population (ONFP) et diffusé en introduction à une table ronde sur « les mères célibataires et l’enfant né hors mariage » organisée à Tunis, le 31 mars. Chef du service de gynécologie-obstétrique au Centre de maternité et de néonatologie de Tunis (CMNRT), le Pr Héla Chelli déplore le manque de statistiques fiables – preuve que le sujet est encore tabou. En se fondant sur les statistiques du centre qu’elle dirige, elle estime cependant que le nombre des mères célibataires et des enfants nés hors mariage est en constante augmentation. Selon un rapport de l’Unicef (2004), le nombre d’enfants « nés de grossesses non désirées et ne pouvant être pris en charge par leurs mères » est passé de 300 par an dans les années 1960 à plus de 1 000 aujourd’hui (1 660, selon l’Institut national de statistique). Encore ce chiffre est-il inférieur à la réalité, car il ne prend en compte que les enfants nés dans les centres hospitaliers publics. Or beaucoup naissent dans des cliniques privées, voire hors des circuits sanitaires. Le rapport précise que l’écrasante majorité (93 %) de ces « mères malgré elles » sont célibataires, les deux tiers étant âgées de 15 ans à 25 ans et 25 % mineures. Quatre-vingt-cinq pour cent d’entre elles n’ont fait que des études primaires ou sont pratiquement analphabètes. Qu’elle soit jeune fille, femme séparée de son conjoint, divorcée ou veuve, la femme célibataire est, en terre d’islam, généralement assimilée à une fajira (« prostituée »), une âhira (« dépravée ») ou une fatina (« séductrice »). Coupable du délit de zina (« liaison interdite »), elle est, selon la charia, passible de la peine de mort par lapidation. Cette loi archaïque aujourd’hui ignorée dans la plupart des pays musulmans a été appliquée à la lettre, il y a quelques années, par les talibans afghans. En pratique, les oulémas encouragent les hommes à épouser des mères célibataires, afin de leur donner une seconde chance et de sauver leurs enfants, en leur donnant une éducation islamique. Considéré comme ibn haram (« enfant du péché »), l’enfant né hors mariage n’est pas mieux loti. Pour éviter d’éventuelles controverses sur sa filiation, l’islam interdit l’adoption, tout en encourageant la kafala (« tutelle légale »), qui permet à l’enfant adopté par décision juridique d’avoir un nom patronymique, sans pour autant bénéficier de la filiation proprement dite ni de ses attributs légaux (héritage). La Tunisie est le seul pays musulman à ne pas prohiber l’adoption dans son acceptation universelle. Elle est aussi l’un des rares pays de la région à avoir entrepris d’améliorer le statut et les conditions de prise en charge judiciaire et matérielle des enfants nés hors mariage. Depuis l’indépendance, plusieurs lois ont été promulguées concernant l’adoption, l’identité matrilinéaire, l’autorité parentale de la mère et même la recherche de paternité par test ADN. La loi n° 98-75 du 28 octobre 1998 donne à l’enfant naturel ou abandonné le droit d’intenter une action en recherche de paternité. Une fois la paternité établie, « par aveu, témoignage ou tests d’empreintes génétiques », l’enfant a droit au nom patronymique et à une pension alimentaire versée par son géniteur. Le législateur n’a cependant pas poussé l’audace jusqu’à lui reconnaître le droit à l’héritage. Un amendement introduit il y a trois ans rend le test ADN obligatoire. En cas de refus du père présumé de s’y soumettre, le tribunal peut accorder d’office la paternité à l’enfant biologique. « Les juges interprètent généralement le refus du père comme un aveu de paternité non assumée », explique Sassi Ben Halima, professeur à la faculté de droit et des sciences juridiques de Tunis. Malgré cette législation révolutionnaire pour un pays musulman, la Tunisie est loin d’être un paradis pour les mères célibataires et les enfants nés hors mariage. Ces derniers n’y sont pas socialement mieux acceptés que dans les autres pays de la région. Et les lois ne sont pas toujours respectées. Beaucoup donc reste à faire, notamment en matière de prise en charge des mères et des enfants dans des centres spécialisés, qu’ils soient publics ou gérés par des ONG.
(Source : Jeune Afrique, N°2362 du 16 au 22 avril 2006)
Abraham Serfaty MAROC – 16 avril 2006 – par YASMINA LAHLOU Ancien prisonnier politique marocain « L’une des premières décisions de Mohammed VI, quelques semaines après son intronisation, ?a été d’autoriser mon retour d’exil. Ce moment où j’ai enfin été reconnu en tant que citoyen a été ?l’un des plus heureux de ma vie. ». Après quinze mois ?de clandestinité, dix-sept ans de prison et huit ans de bannissement, l’un des plus célèbres opposants ?au régime d’Hassan II pouvait enfin tourner la page. C’était en septembre 1999. Aujourd’hui, Abraham Serfaty (80 ans) et son épouse Christine Daure coulent ?une paisible retraite à Marrakech, mais sans renoncer ?à la lutte politique. Depuis les attentats de Casablanca, en 2003, ils se montrent très préoccupés par la montée de l’islamisme. Issu d’une famille juive de Tanger, Serfaty est diplômé de l’École des mines, à Paris. Très tôt rallié au marxisme, il participe activement à la lutte anticoloniale, comme il le raconte dans le film Un printemps 56. L’indépendance du Maroc, que vient de réaliser Frédéric Mitterrand. Au lendemain de l’indépendance, il occupe différents postes importants et, en 1960, devient directeur du développement au sein de l’Office chérifien des phosphates (OCP). Mais la brillante carrière à laquelle il paraît destiné connaît un brusque coup d’arrêt. En 1970, il fonde Ilal Amam, une organisation d’extrême gauche, ce qui lui vaut d’être emprisonné et torturé. Libéré, il entre dans la clandestinité. À nouveau arrêté en 1974, il restera dix-sept ans en prison. Tout au long de sa détention, Christine, son épouse, de confession protestante (coopérante au Maroc, elle l’a caché quand il était dans la clandestinité et, en 1986, obtiendra l’autorisation de l’épouser en prison), ne cessera d’alerter l’opinion et les médias. En 1991, Serfaty est enfin libéré, mais déchu de sa citoyenneté marocaine et contraint à l’exil : le couple s’installe en France. De retour au Maroc en 1999, l’ex-opposant est nommé conseiller auprès de l’Office national de recherche et d’exploitation pétrolière (Onarep). Victime d’une maladie génétique aggravée par sa détention, Serfaty est contraint depuis plusieurs années de se déplacer en fauteuil roulant. Ce qui ne l’empêche pas de se mobiliser pour les causes qui lui tiennent à cœur : il participe à des manifestations, intervient dans des colloques et des conférences… Le reste du temps, il sort rarement de sa modeste villa dans le quartier Assif. « Cette maison, nous l’avons achetée à crédit. Les traites courent jusqu’en 2008, Abraham a refusé l’indemnisation que lui proposait, comme à toutes les victimes des “années de plomb”, l’Instance Équité et Réconciliation [IER] », précise son épouse. « Je n’ai fait que mon devoir et n’ai pas à être indemnisé pour cela. J’ai été rétabli dans mes droits, et ma retraite d’ancien cadre de l’OCP me suffit », confirme l’intéressé. Bien sûr, il se réjouit des progrès réalisés par Mohammed VI en matière de liberté d’_expression et, depuis la réforme de la Moudawana (le code de la famille), concernant la situation des femmes. Reste, selon lui, à régler la question berbère – composante essentielle de l’identité marocaine – et celle du Sahara occidental. Mais, sur ces deux points aussi, la politique royale lui paraît sur la bonne voie. L’islamisme ? « Il est beaucoup moins offensif que dans d’autres pays, car l’esprit de tolérance prévaut chez les Marocains. En outre, le statut d’Amir al-mouâminine [Commandeur des croyants] du roi est le meilleur rempart contre une dérive extrémiste. » Le 20 avril, Abraham, Christine et Aziz Binebine, l’un des rares rescapés du sinistre bagne de Tazmamart, doivent donner à l’École des hautes études en management de Marrakech une conférence intitulée ?« Les chemins de la liberté ». Heureux que Tazmamart ait été récemment rasé par les autorités, il souhaiterait qu’un monument dédié aux victimes soit édifié sur le site. « L’espérance renaît, on avance dans le sens de la démocratie et de la modernité », juge-t-il. Abraham Serfaty est désormais un homme en paix. (Source : Jeune Afrique, N°2362 du 16 au 22 avril 2006)
« Il nous a quittés »
Mohamed Fitouri
par MOHAMED HABIB LADJIMI L’ancien ministre tunisien des Affaires étrangères est décédé le 10 avril 2006. Treize années de dialyses éprouvantes ont fini par avoir raison de sa résistance. Mohamed Fitouri, ancien ministre tunisien des Affaires étrangères, est décédé, le 10 avril 2006, des conséquences d’un diabète. Il était âgé de 81 ans. Depuis qu’il avait quitté la scène politique, en avril 1980, Fitouri était revenu à ses premières amours : le barreau de Tunis. Il était avocat depuis le début des années 1960. D’abord stagiaire dans le cabinet de Me Tahar Lakhdar, ses compétences en avaient fait un véritable ténor, et il était membre du Conseil de l’ordre. La politique l’a happé presque par hasard. En septembre 1969, son vieil ami, feu Hédi Nouira, devient Premier ministre après la chute du ministre de la Planification et des Finances, Ahmed Ben Salah, et la fin de la doctrine socialiste en Tunisie. Nouira impose Fitouri au président Habib Bourguiba comme candidat du Parti socialiste destourien (PSD) à la Chambre des députés, avant de le nommer ministre de la Justice dans son premier gouvernement, en novembre 1970. Aux côtés de Mohamed Ghenima, Mustapha Zaânouni et Abderrazak Rassâa, il est l’un des « jeunes Turcs » qui entourent le Premier ministre pour faire oublier aux Tunisiens les désillusions du « socialisme destourien ». Quand il passe au ministère des Finances, c’est avec la mission de gérer au mieux les deniers de l’État, selon les nouvelles normes du libéralisme économique. Le climat lui viendra fort opportunément en aide en se faisant très pluvieux au début des années 1970. Francophone, chic et fin plaisantin, Fitouri noue d’excellentes relations avec les grands argentiers du Golfe, notamment Al Hamad du Koweït et Aba Al Khaïl d’Arabie saoudite, ce qui facilite grandement les investissements arabes dans les secteurs bancaire et touristique en Tunisie. Tout semble parfaitement fonctionner, jusqu’à la surprenante démission collective, en 1978, de cinq ministres, dont celui des Affaires étrangères, Habib Chatti. Nouira remplace ce dernier par Fitouri. Un avocat à la tête de la diplomatie tunisienne, cela semble, de prime abord, très incongru. Mais le nouveau titulaire ne tarde pas à faire ses preuves, notamment avec le transfert provisoire du siège de la Ligue arabe du Caire à Tunis et la nomination d’un Tunisien, Chedli Klibi, au poste de secrétaire général. Une grande victoire diplomatique, au point que les nostalgiques parlent aujourd’hui d’âge d’or de la Tunisie. Bien que peu féru de voyages, Mohamed Fitouri va de New York à Paris et de Rabat à Libreville, sautant d’un avion à l’autre pour faire entendre la voix de son pays et la sagesse du « Combattant suprême ». Tout va pour le mieux jusqu’à l’accident vasculaire cérébral qui frappe Hédi Nouira au début de 1980, le clouant au lit pour toujours. Ainsi s’achève, en même temps, la carrière politique de Fitouri, ce fils de Kairouan, mélomane à ses heures, ami des artistes et fan de l’Étoile sportive du Sahel, l’un des grands clubs du football tunisien. Il consacrera le reste de sa vie à ses enfants, deux filles et un garçon, à son cabinet d’avocat et à sa ferme verdoyante de Bir Drassen, près du Cap Bon. (Source : Jeune Afrique, N°2362 du 16 au 22 avril 2006)
Hamza Belloumi, Tunis, Tunisie – J’ai lu avec plaisir l’article de Jeune Afrique consacré à l’hommage rendu par les universitaires tunisiens à leur collègue, le professeur Paul Sebag, cofondateur de l’université où il a enseigné jusqu’en 1977, décédé en septembre 2004 (voir J.A. n° 2359). Nous pouvons être fiers de cet homme et de son engagement pour la cause tunisienne, qui lui a valu la prison sous le régime de Vichy. Dans son enquête sur les tentations antisémites qui touchent actuellement la Tunisie, votre collaborateur ne mentionne pas le fait que les islamistes sont de plus en plus présents à l’intérieur des facultés. Les étudiantes sont désormais nombreuses à se voiler, et un courant s’organise sous une étiquette dite « des indépendants ». Il a gagné plusieurs sièges aux conseils scientifiques lors des dernières élections. Les slogans antijuifs proférés à l’encontre de Paul Sebag ne sont qu’un épisode dans la série de réactions orchestrées par ce courant islamiste. Nous avons vécu leur colère contre le Danemark lors de l’affaire des caricatures, et leurs positions prises contre la liberté des femmes lors de la Journée internationale de la femme, le 8 mars, en disaient long sur leurs opinions. Nous sommes les premiers à constater ce « retour de l’islamisme » en Tunisie et sommes décidés à le combattre. Mais il ne s’agit pas d’un « danger imminent » qui guette la société. Nul besoin, donc, que Roger Cukierman, président du Conseil représentatif des institutions juives de France, et que Claude Matef, président de la Société d’histoire des juifs de Tunisie profitent de cette occasion pour demander aux autorités « des sanctions à l’encontre des auteurs de cet incident antisémite ». Avant que d’être juif, Paul Sebag était tunisien, nous serons donc les premiers à le défendre. (Source : Jeune Afrique, N°2362 du 16 au 22 avril 2006)
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