AFP: Tunisie: les enseignants en grĂšve
Jeune Afrique:p DROIT DE REPONSE⊠à lâambassade de Tunisie en France
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Le numéro 45 de Mouwatinoun
organe du Forum Démocratique est maintenant disponible chez votre marchand de journaux.
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Cordialement,
Le webmaster du FDTL (www.fdtl.org)
Le CRLDHT a pris lâinitiative dâorganiser tout le long de lâannĂ©e 2008, une sĂ©rie de rencontres politiques avec les diffĂ©rents acteurs tunisiens sur lâĂ©chĂ©ance de 2009. Ces rencontres seront des moments privilĂ©giĂ©s de rĂ©flexions et dâĂ©changes entre Tunisiens sur la situation politique actuelle et future, en rapport avec les prochaines Ă©lections prĂ©sidentielles et lĂ©gislatives. A cette occasion, le CRLDHT vous invite, toutes et tous, Ă prendre part au dĂ©bat organisĂ© avec nos camarades et amis, M. Mustapha Ben JAAFAR, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du Forum dĂ©mocratique pour le travail et les libertĂ©s (FDTL), M. Khalil EZZAOUIA, membre du bureau politique et M. Abdeljalil BEDOUI, Ă©conomiste universitaire et militant alter mondialiste. Â
Le Vendredi 18 janvier 2008 à partir de 18h30 Dans les locaux de la FTCR, 3 rue de Nantes 75019 Paris Métro CRIMEE ligne 7
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Forum eljahedh  INVITATION  Forum eljahedh a le plaisir de vous inviter au conférence Donnée par Dr. Taïb Baccouche   sur « L UGTT et les courants Idéologique aventage ou obstacle. »  La conférence aura lieu le vendredi 18/01/2008à 18h au local. Veuillez recevoir nos meilleures salutation .  Le comite directeur le président Jourchi Salah eddin  www.eljahedh.org
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Radio 6 Tunis    Programme de la semaine
 www.radio6tunis.net           – Musique orientale et occidentale.        – Jamel Abdennasser 90 ans aprĂ©s, qu’est ce qu’il en reste?        – Le PrĂ©sident Bourguiba, la dĂ©claration de Washington.        – LibertĂ© d’expression hors dĂ©mocratie, un dĂ©bat sur une chaine tunisienne.        – L’info des libertĂ©s.          Radio 6 Tunis est la premiĂšre radio libre en Tunisie.          ( Pour y accĂ©der en Tunisie, rechercher radio6tunis )                  Le Syndicat tunisien des Radios Libres  Â
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CongrĂšs constitutif du Syndicat National des Journalistes Tunisiens :
Une belle leçon de maturitĂ© et d’espoir
Les journalistes tunisiens ont administrĂ©, dans la nuit de samedi Ă dimanche, 12-13 janvier 2008, une belle et mĂ©morable leçon de maturitĂ© et dâespoir. A travers le vote sanction qui a marquĂ© lâĂ©lection du premier comitĂ© directeur de leur nouveau syndicat, ils ont infligĂ© un camouflet sans ambages Ă un pouvoir qui sâest pris dans son propre piĂšge, en mĂ©jugeant des capacitĂ©s dâune corporation quâil croyait dĂ©finitivement soumise et asservie. Dans un sursaut de conscience, dâhonneur et de dignitĂ©, les journalistes tunisiens ont clamĂ© haut et fort leur ras-le-bol, non seulement Ă la face dâun pouvoir, qui les a longtemps mĂ©prisĂ©s et humiliĂ©s, mais aussi de certains aĂźnĂ©s qui ont souillĂ© la profession, la traĂźnant dans la boue durant tant dâannĂ©es. La victoire inespĂ©rĂ©e de la liste des indĂ©pendants est, en effet, un signal fort Ă lâattention de plusieurs parties Câest dâabord un message adressĂ© au pouvoir lui signifiant quâil existe encore dans ce pays, comme dans tous les pays du monde, des journalistes rĂ©ellement indĂ©pendants, profondĂ©ment rĂ©solus Ă dĂ©fendre leurs intĂ©rĂȘts et ceux de leur profession. Des journalistes travaillant, pour la plupart, dans des conditions matĂ©rielles et morales lamentables qui ne leur permettent pas dâassumer dignement la mission qui leur est dĂ©volue. Câest Ă©galement un message adressĂ© Ă certains « Ă©lĂ©phants » de la profession qui se prennent pour des hommes dâexception, irremplaçables et indispensables. Des caciques qui, aveuglĂ©s par une ambition malsaine, nâont pas vu venir la vague. Des mandarins qui, ayant ratĂ© lâoccasion de se retirer par la grande porte, ont fini par se faire botter.    Câest aussi un message adressĂ© Ă tous les opportunistes de tous bords qui, durant tant dâannĂ©es, ont fait passer leurs intĂ©rĂȘts personnels devant ceux de la profession, faisant leur commerce de la misĂšre matĂ©rielle et morale des journalistes, utilisant lâaction syndicale comme une carte de visite, se servant au lieu de servir. Câest, enfin, un message adressĂ© Ă notre centrale syndicale, lâUGTT, qui nâa pas cessĂ©, depuis trois dĂ©cennies, dâentretenir auprĂšs des journalistes tunisiens lâespoir de crĂ©er, un jour, leur propre syndicat, mais qui, à chaque fois, faillit Ă sa parole. La victoire de la liste des indĂ©pendants est aussi, quelque part, la victoire de la jeunesse et de la fraicheur. En effet, MĂȘme si les nouveaux Ă©lus ne sont pas tous des jeunots, en raison de lâapplication dâune clause inique exigeant des candidats une anciennetĂ© de dix ans dans le mĂ©tier, ce sont, essentiellement, les jeunes journalistes qui ont aidĂ© au triomphe de la liste indĂ©pendante. Il appartient maintenant Ă ces jeunes de prouver que ce triomphe nâest pas Ă©phĂ©mĂšre, quâils sont capables de voler de leurs propres ailes, quâils ne sont pas que des rentiers et que dans lâhĂ©ritage qui leur a Ă©tĂ© lĂ©guĂ©, ils sauront bien choisir ce quâil y a de mieux pour bĂątir du nouveau et du solide. Il leur appartient, Ă©galement, de prouver quâils sont capables de prĂ©server et dâenrichir cet important acquis qui est lâĆuvre de plusieurs gĂ©nĂ©rations successives de journalistes et qui est loin dâĂȘtre un cadeau ou une offrande, nâen dĂ©plaise Ă certains « syndicalistes » de la 25Ăšme heure. Il appartient aussi aux membres du bureau directeur de ce nouveau syndicat de prouver quâils sont des professionnels authentiques, libres, indĂ©pendants et solidaires, quâils sont Ă la hauteur de la confiance placĂ©e en eux par leurs collĂšgues et quâils ne sont pas lâotage dâun parti politique ou dâun clan.   Il revient, enfin, au pouvoir de rĂ©sister Ă la tentation de sanctionner une corporation qui a votĂ© librement. Il devrait, pour ce faire, laisser cette nouvelle Ă©quipe travailler dignement et ne pas interfĂ©rer dans ses affaires, en lui tendant des embĂ»ches, en lui coupant les vivres, en sabotant ses projets sociaux, en essayant de provoquer des dissensions au sein du bureau pour le miner de lâintĂ©rieur ou en poussant quelques uns de ses membres Ă la faute. Patriote 2005
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DROIT DE REPONSE⊠à lâambassade de Tunisie en France
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La reconstitution servie par Jeune Afrique (n° 2452 du 7 au 12 janvier 2008) (*) des Ă©vĂ©nements ayant conduit Ă la neutralisation dâĂ©lĂ©ments terroristes par les forces de sĂ©curitĂ© tunisiennes, en dĂ©cembre 2006 et janvier 2007, est incomplĂšte et, sur plusieurs points, erronĂ©e. Les vĂ©ritĂ©s suivantes mĂ©ritent dâĂȘtre portĂ©es Ă la connaissance de vos lecteurs :
– Les forces de lâordre Ă©taient bien au courant de lâentrĂ©e en Tunisie des terroristes, de leur identitĂ© et de leur appartenance salafiste-djihadiste. Les services de sĂ©curitĂ© ont prĂ©fĂ©rĂ© les prendre en filature, et ce afin de cerner leurs desseins et dâidentifier leurs complices Ă©ventuels. Et ce nâest que lorsque les forces de sĂ©curitĂ© se sont assurĂ©es que les terroristes Ă©taient au complet quâelles sont intervenues pour les neutraliser. Les terroristes ont Ă©tĂ© entiĂšrement mis hors dâĂ©tat de nuire avant quââils ne commettent quelque acte terroriste que ce soit. Ă aucun moment de leur conspiration les Ă©lĂ©ments terroristes nâont pu tromper la vigilance des services de sĂ©curitĂ©, qui les suivaient toujours et de trĂšs prĂšs.
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Contrairement Ă la « rumeur insistante » Ă laquelle fait rĂ©fĂ©rence lâauteur de lâarticle, les Ă©lĂ©ments terroristes dans la rĂ©gion de Hammam Chott nâont pas Ă©tĂ© dĂ©noncĂ©s par un boulanger. Comme tous les autres membres de la bande terroriste, ils Ă©taient en fait suivis de prĂšs, dĂšs le dĂ©part, par les forces de lâordre.
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– Le terroriste Lassaad Sassi nâa jamais appartenu Ă la Garde nationale ou Ă tout autre service du ministĂšre de lâIntĂ©rieur tunisien ou de lâadministration publique tunisienne. Il trempait dans les milieux de la criminalitĂ© en Italie avant dâĂȘtre recrutĂ© par des formations terroristes opĂ©rant Ă lâĂ©tranger.
– Parmi les documents qui Ă©taient effectivement en possession des terroristes figuraient des plans de position des siĂšges des chancelleries britannique et amĂ©ricaine Ă Tunis. Ces plans Ă©taient puisĂ©s de «Google Earth » par les terroristes, qui entendaient attaquer ces ambassades le moment venu.
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– Il est curieux que le journaliste ne semble pas mesurer la gravitĂ© de la conspiration, le niveau avancĂ© de sa prĂ©paration et les intentions avĂ©rĂ©es des terroristes. Ainsi, Ă aucun moment lâauteur nâutilise le terme terroriste pour dĂ©signer les Ă©lĂ©ments impliquĂ©s dans cette conspiration, lui prĂ©fĂ©rant des termes comme « maquisards », « combattants », « guĂ©rilleros », voire mĂȘme « activistes ». Bien encore, la dĂ©tention par des Ă©lĂ©ments du groupe de « six fusils mitrailleurs kalachnikovs, des chargeurs, quelques grenades et des talkies-walkies » ne mĂ©rite du journaliste que le qualificatif dâarsenal «rudimentaire ».
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– Lâauteur estime « trĂšs lourdes » les sentences prononcĂ©es Ă lâencontre des Ă©lĂ©ments impliquĂ©s dans cette entreprise terroriste qui a occasionnĂ© des morts et des blessĂ©s. Il qualifie de « bĂąclĂ©s » les dĂ©bats qui ont eu lieu dans le cadre du procĂšs, et ce en dĂ©pit du fait quâils se soient Ă©talĂ©s sur cinq audiences et aient vu la participation dâune soixantaine dâavocats. Lâinstruction de lâaffaire sur prĂšs dâune annĂ©e ainsi que la procĂ©dure de jugement en elle-mĂȘme ont Ă©tĂ© conduites dans le cadre dâune justice indĂ©pendante et sereine, garantissant tous les droits de la dĂ©fense. Lâaffaire sera examinĂ©e de nouveau en appel puisquâun recours a Ă©tĂ© interjetĂ© par les accusĂ©s. En outre, la possibilitĂ© de recours en cassation est ouverte Ă toutes les parties.
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Raouf Najjar
Ambassadeur de Tunisie en France
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(Source : « Jeune Afrique » (Magazine hebdomadaire â France), N° 2453 du 13 au 19 janvier 2008)
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(*) Texte intĂ©gral de lâarticle publiĂ© dans « Jeune Afrique », N° 2452 du 7 au 12 janvier 2008:
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Comment les salafistes ont été neutralisés
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La chambre criminelle du tribunal de premiĂšre instance de Tunis a eu la main lourde. TrĂšs lourde : deux condamnations Ă mort, visant Imed Ben Ameur, menuisier, nĂ© le 20 mai 1973 Ă Sousse, et Sabeur Ragoubi, ouvrier, nĂ© Ă Kairouan le 2 juin 1983 ; huit condamnations Ă la rĂ©clusion Ă perpĂ©tuitĂ© ; plus des peines allant de cinq Ă trente ans de prison pour les vingt autres coaccusĂ©s. PrononcĂ© tard dans la nuit du 29 au 30 dĂ©cembre 2007 par le juge Mehrez Hammami au terme dâune audience marathon marquĂ©e par le retrait de la quarantaine dâavocats du collectif de dĂ©fense des prisonniers, ce jugement constitue lâĂ©pilogue judiciaire de lâaffaire dite du « groupe de Soliman ». Si elle venait Ă ĂȘtre confirmĂ©e et exĂ©cutĂ©e – Samir Ben Amor, un des dĂ©fenseurs des prĂ©venus, a annoncĂ© quâil interjetterait appel -, cette sentence marquerait un revirement doublĂ© dâune rĂ©gression humanitaire, la Tunisie observant, depuis 1993, un moratoire sur les exĂ©cutions capitales. Tous les condamnĂ©s ont Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©s coupables de participation Ă une entreprise terroriste, et certains ont Ă©tĂ© impliquĂ©s dans les affrontements meurtriers avec les forces de sĂ©curitĂ© qui ont fait, selon un bilan officiel, 14 morts, dont 12 terroristes, 1 policier et 1 militaire, entre le 23 dĂ©cembre 2006 et le 3 janvier 2007. Les motivations et le parcours des principaux protagonistes de cette affaire, presque tous Ă©liminĂ©s, et parmi lesquels figurent 6 activistes – 5 Tunisiens et 1 Mauritanien – affiliĂ©s au GSPC algĂ©rien, le Groupe salafiste pour la prĂ©dication et le combat, restent obscurs. Et les dĂ©bats, bĂąclĂ©s, nâont pas aidĂ© Ă comprendre les raisons qui ont poussĂ© des dizaines de jeunes sans histoire ni affiliation politique marquĂ©e Ă basculer dans lâaventure djihadiste. Que sâest-il rĂ©ellement passĂ© il y a un an, dans le triangle Grombalia/Hammam-Lif/Soliman ? Comment les salafistes ont-ils pu se jouer pendant des mois de la surveillance dâune police omniprĂ©sente et supposĂ©e infaillible, et circuler sans ĂȘtre inquiĂ©tĂ©s entre Kasserine, Sidi Bouzid et la banlieue de Tunis ? Quels Ă©taient leurs objectifs rĂ©els, leurs cibles ? MĂȘme si des zones dâombre subsistent, notamment en raison dâune chronologie assez vague – « en juin », « au dĂ©but de lâĂ©tĂ© », « pendant le ramadan » -, et mĂȘme si beaucoup dâĂ©lĂ©ments essentiels Ă la comprĂ©hension de lâaffaire font toujours dĂ©faut, comme les circonstances prĂ©cises de la mort des deux agents des forces de sĂ©curitĂ©, le rĂ©cit que vous allez lire permet de se faire une idĂ©e un peu plus prĂ©cise du film des Ă©vĂ©nements. Il sâappuie exclusivement sur les procĂšs-verbaux dâinterrogatoire des trente condamnĂ©s, tels quâils ont Ă©tĂ© communiquĂ©s aux avocats de la dĂ©fense. Une exclusivitĂ© Jeune Afrique. Djebel Boukafer, quelque part dans un maquis islamiste non loin de Tebessa, dans lâest de lâAlgĂ©rie : Lassaad Sassi, 37 ans, est impatient et fĂ©brile. Il vient de recevoir lâaval de ses chefs du GSPC pour entreprendre une mission particuliĂšrement dĂ©licate : sâinfiltrer en Tunisie pour y crĂ©er des cellules de soutien logistique, et recruter et former de futurs terroristes. Sassi, qui se fait appeler Abou Hechmi, est un Ă©lĂ©ment trĂšs aguerri. Ancien de la garde nationale tunisienne (lâĂ©quivalent de la gendarmerie), vĂ©tĂ©ran de la Bosnie, il est passĂ© par les camps dâentraĂźnement dâAl-QaĂŻda en Afghanistan avant de rejoindre les maquis du GSPC. Il rĂȘve maintenant de poursuivre le combat dans son pays natal. Il rĂ©ussit sans peine Ă convaincre quatre de ses compatriotes, Mohamed HĂ©di Ben Khlifa, Zouhair Riabi, Mohamed Mahmoudi et Tarak Hammami, et un Mauritanien natif de la bourgade de Nbaghia, Mohammadou Maqam Maqam, alias « Chokri », de lâaccompagner. Les six hommes formeront le noyau dur du Jound Assad Ibn Fourat, les soldats dâAssad Ibn Fourat, le conquĂ©rant arabe de la Sicile. Un arsenal rudimentaire Dans la nuit du 22 au 23 avril 2006, le commando passe clandestinement la frontiĂšre, Ă Bouchebka, et gagne le Djebel Chaambi, point culminant de la Tunisie (1 544 mĂštres dâaltitude), aprĂšs quatre jours de marche. Son arsenal est rudimentaire : six fusils-mitrailleurs kalachnikovs, des chargeurs, quelques grenades et des talkies-walkies. Le 27 avril, Sassi et Ben Khlifa, un Bizertin de 25 ans, quittent le refuge pour se rendre dans la ville voisine de Kasserine. Ils achĂštent des vivres et des cartes tĂ©lĂ©phoniques Tunisiana avant de retourner au camp. Quelques jours plus tard, câest au tour de Hammami et de Mahmoudi dâassurer le ravitaillement. Mahmoudi, originaire de Ben Guerdane (Sud tunisien), a pris rendez-vous, par le truchement de sa famille, avec un contact censĂ© lui fournir une cache dans la ville de Sfax et quâil doit rencontrer aux portes de la ville. Câest un piĂšge. Les deux hommes sont arrĂȘtĂ©s par les forces de sĂ©curitĂ©, qui saisissent sur eux une grenade et un peu dâargent1. Ne les voyant pas revenir, Sassi et ses trois compagnons comprennent rapidement. Ils doivent improviser. La gĂ©ographie du Djebel Chaambi et des montagnes de la rĂ©gion ne se prĂȘte guĂšre Ă lâaction clandestine, la vĂ©gĂ©tation y Ă©tant trop rare. Ben Khlifa prĂ©vient son beau-frĂšre, Ramzi el-âIfi2, sympathisant islamiste installĂ© Ă Sidi Bouzid en qui il a entiĂšre confiance, et lui fixe rendez-vous Ă la gare routiĂšre. Il lui demande de lui trouver une cache en ville. Sans succĂšs. Les infiltrĂ©s changent leurs plans et se mettent en quĂȘte dâune planque dans la banlieue de Tunis. On leur prĂ©sente Wael Ammemi3, vendeur de vĂȘtements dans les souks. Câest la couverture idĂ©ale : Âcommerçant, propriĂ©taire dâune Renault Express, il fait de frĂ©quents voyages et ne peut donc Ă©veiller les soupçons. Ramzi et Wael aident le groupe Sassi Ă entrer en contact avec Majdi el-Amri et Sahbi el-Masrouki, membres dâune cellule salafiste tunisoise. DĂ©but juin, les clandestins gagnent la capitale Ă bord de lâExpress, sâinstallent chez Majdi et finissent par trouver une planque Ă Hammam-Lif, localitĂ© populaire Ă une quinzaine de kilomĂštres au sud de la capitale. Un campement Ă AĂŻn Tbornog Il faut maintenant « rapatrier » les armes enterrĂ©es dans les montagnes autour de Kasserine. Ramzi sây attelle, en compagnie de trois Ă©lĂšves de lâInstitut supĂ©rieur dâĂ©tudes technologiques de Sidi Bouzid, militants dâun petit cercle dâĂ©tudiants salafistes, dont un certain Rabia Bacha, originaire de Soliman. DĂ©tail Ă©tonnant : les membres du groupe, qui ont fait lâaller en voiture, effectuent le trajet du retour en bus avec les armes dissimulĂ©es Ă lâintĂ©rieur de gros sacs de sport ! Pendant tout lâĂ©tĂ© et lâautomne, le groupe, fort dĂ©sormais dâune grosse vingtaine de membres, multiplie les prĂ©cautions et change plusieurs fois de cache, tout en restant dans un pĂ©rimĂštre restreint, entre Hammam-Lif, Ezzahra et Hammam-Chott. Sassi initie ses apprentis guĂ©rilleros au maniement des kalachnikovs et Ă la fabrication dâexplosifs Ă partir de produits en vente dans le commerce. Il ne semble pas avoir envisagĂ© dâactions kamikazes et privilĂ©gie la voiture piĂ©gĂ©e comme mode opĂ©ratoire. Le groupe djihadiste projette de sâattaquer aux « infrastructures vitales » de la RĂ©publique, Ă des « objectifs symboliques » ainsi quâaux « intĂ©rĂȘts Ă©trangers » et à « des personnalitĂ©s tunisiennes et Ă©trangĂšres ». Mais il nâen est quâau stade prĂ©liminaire des prĂ©paratifs : les piĂšces versĂ©es au dossier dâaccusation ne font nulle mention « dâattentats planifiĂ©s » contre les hypermarchĂ©s Carrefour ou GĂ©ant ou les ambassades amĂ©ricaine ou britannique. Sassi, qui se fait maintenant appeler « Samir », nâa pas renoncĂ© Ă son idĂ©e de dĂ©part, Ă savoir la crĂ©ation dâun camp dâentraĂźnement dans le maquis. Mais oĂč ? La rĂ©ponse viendra un peu par hasard de Sousse, ville cĂŽtiĂšre et Ă©tudiante, Ă 150 kilomĂštres au sud de Tunis. Sentant la police Ă leurs trousses, la quinzaine de membres dâune cellule salafiste chapeautĂ©e par Mokhles Ammar et Hassanin el-Aifa dĂ©cident de se mettre au vert. Jeunes, ĂągĂ©s de 25 Ă 30 ans pour la plupart, ils ont succombĂ© Ă la vague de piĂ©tĂ© qui submerge la Tunisie depuis le 11 septembre 2001, regardĂ© en boucle les images dâAl-Jazira et dâAl-Manar, frĂ©quentĂ© les mosquĂ©es et rĂȘvĂ© de djihad contre les AmĂ©ricains. Puis, comprenant quâil serait de plus en plus difficile de rejoindre les rangs de la rĂ©sistance irakienne, ont choisi de porter le combat Ă lâintĂ©rieur mĂȘme des frontiĂšres de la Tunisie. Mais voilĂ : ils doivent fuir, car ils craignent dâavoir Ă©tĂ© dĂ©couverts par la police. Lâun dâentre eux, Makram Jrid, alias « Mounir », fils de berger, a passĂ© son enfance dans les collines escarpĂ©es du cap Bon. Il connaĂźt la rĂ©gion comme sa poche et propose Ă ses compagnons de se rĂ©fugier dans une caverne situĂ©e dans le massif dâAĂŻn Tbornog, sur les hauteurs de Grombalia, une bourgade Ă mi-distance entre Tunis et Hammamet. Ils opĂšrent leur retraite Ă la fin du mois de ramadan (novembre 2006). Tout le monde se connaissant dans la mouvance salafiste, le groupe de Sassi finit par entrer en contact avec Makram. « Samir » est sĂ©duit par lâemplacement. La forĂȘt est extrĂȘmement dense et un campement a toutes les chances dây passer inaperçu. DĂ©but dĂ©cembre, la fusion sâopĂšre entre les groupes de Sousse, Tunis, Sidi Bouzid et Kasserine. Sassi est proclamĂ© Ă©mir du Jound Assad Ibn Fourat. Le campement prend alors forme. Il se compose de quatre tentes, dissimulĂ©es sous les branchages. Presque inaccessible, il est Ă cinq heures de marche de la route la plus proche. Câest Mounir qui se charge du ravitaillement quotidien. Il faut nourrir vingt-quatre hommes. Les vivres sont acheminĂ©s en voiture jusquâĂ la ferme familiale, puis Ă dos de mulet jusquâau campement. Une petite poignĂ©e de combattants restent monter la garde dans la planque de Hammam-Chott, oĂč sont entreposĂ©s des explosifs, des vivres et un peu dâargent liquide. Dans la nuit du 23 au 24 dĂ©cembre, la maison est encerclĂ©e par les forces de sĂ©curitĂ©. Ătait-elle surveillĂ©e depuis longtemps ? Les membres du groupe ont-ils Ă©tĂ© dĂ©noncĂ©s par un boulanger du voisinage, comme le suggĂšre une rumeur insistante ? En fait, dâaprĂšs une source proche du dossier, il semblerait que ce soit lâarrestation dâOussama Hajji, un salafiste liĂ© Ă des membres de la cellule de Sousse, qui ait mis les policiers sur les traces de Makram et de ses compagnons. Le fils du berger est interpellĂ©. « CuisinĂ© » par les limiers de lâantiterrorisme, il passe aux aveux. Ammemi, le propriĂ©taire de la Renault Express, est arrĂȘtĂ© le 23 dĂ©cembre Ă Sidi Bouzid. SimultanĂ©ment, la police a donc encerclĂ© la cache de Hammam-Chott. Les djihadistes refusent de se rendre et ouvrent le feu sur les forces de lâordre. Les tirs durent plusieurs heures. Au moins trois policiers sont blessĂ©s. Deux guĂ©rilleros sont tuĂ©s, Zouhair Riabi, lâun des six maquisards infiltrĂ©s, et Majdi el-Amri. Un troisiĂšme est arrĂȘtĂ©. Un dernier rĂ©ussit Ă prendre la fuite. Sur place, les policiers saisissent deux kalachnikovs, 315 cartouches et plusieurs milliers de dinars. LâarmĂ©e en renfort Le lendemain, une dĂ©pĂȘche de la TAP, lâagence officielle, Ă©voque un affrontement entre des policiers et « une bande de dangereux criminels ». Lâinformation ne trompe personne. LâarmĂ©e est appelĂ©e en renfort, un nombre impressionnant de policiers, gendarmes et militaires est dĂ©ployĂ© pour ratisser le cap Bon. Des barrages sont Ă©rigĂ©s partout le long des routes. Le 28 dĂ©cembre, lâarmĂ©e lance une opĂ©ration dans le massif dâAĂŻn Tbornog. Ici survient un rebondissement assez invraisemblable mais consignĂ© dans plusieurs dĂ©positions des accusĂ©s : Makram, qui accompagnait le peloton de militaires, rĂ©ussit à « sâĂ©chapper ». RestĂ© en contrebas de la montagne, sous la surveillance de quelques hommes, on lâautorise Ă faire sa priĂšre. Il en profite pour leur fausser compagnie et parvient Ă gagner le campement, oĂč il donne lâalerte. Sassi ordonne Ă ses combattants de se prĂ©parer Ă rĂ©sister. Sa vingtaine de maquisards disposent en tout et pour tout de quatre kalachnikovs, de quelques milliers de cartouches, de quelques grenades et bombes artisanales. Des tireurs sont disposĂ©s en surplomb, aux endroits stratĂ©giques. Ils repoussent les assaillants jusquâĂ la tombĂ©e du jour. Les hĂ©licoptĂšres survolant la zone des combats Ă basse altitude ne parviennent pas Ă apercevoir les tentes ou les tireurs embusquĂ©s. Sassi comprend cependant que ses hommes se retrouveront vite Ă court de munitions et ne pourront pas soutenir indĂ©finiment le siĂšge. Ă la faveur de la nuit, il ordonne un repli en direction dâune autre montagne. Le lendemain, les fugitifs, qui nâont pas subi de pertes, sont Ă nouveau sur le point dâĂȘtre encerclĂ©s. Sassi dĂ©cide de scinder ses forces en quatre groupes. Les deux derniers, dirigĂ©s par Mokhles Ammar et Taoufik Lahouimdi4 et forts au total dâune dizaine dâĂ©lĂ©ments, doivent se replier sur Sousse et « attendre les ordres » qui leur seront communiquĂ©s par tĂ©lĂ©phone en temps voulu. Les deux premiers, qui comptent une grosse douzaine de combattants, doivent trouver refuge Ă Tunis. Sassi garde toutes les armes de poing et prend le commandement du premier groupe. Il sâentoure des Ă©lĂ©ments les plus aguerris : son lieutenant Ben Khlifa, Chokri le Mauritanien, Makram Jrid, Rabia Bacha, Sahbi el-Masrouki, Mehdi el-Mejri et Riadh Miri. InexpĂ©rimentĂ©s et dĂ©sarmĂ©s, la quasi-totalitĂ© des fugitifs des trois derniers groupes tombent entre les mains des forces de sĂ©curitĂ© dans les heures ou les jours qui suivent. Hassanin el-Aifa se fait exploser au moment de son arrestation et entraĂźne dans la mort un officier de lâarmĂ©e. Un autre djihadiste est tuĂ© dans des circonstances qui restent Ă Ă©claircir. La plupart des autres nâopposent pas de rĂ©sistance, sauf Sabeur Ragoubi. CernĂ© par les militaires, il sâempare dâune bombe et la jette sur les forces de lâordre. Lâengin, artisanal, nâexplose pas, mais ce geste lui vaudra dâĂ©coper de la peine capitale lors du procĂšs.
fusillades en sĂ©rie Seuls les Ă©lĂ©ments du groupe Sassi rĂ©ussissent Ă passer entre les mailles du filet, mais ils sont aux abois quand ils rejoignent la bourgade de Soliman, aprĂšs cinq jours de cavale. Les circonstances de lâassaut final sont confuses. Sassi est tuĂ© au cours dâun accrochage, sans doute Ă lâaube du 3 janvier. Bacha et Chokri parviennent Ă gagner la demeure familiale du premier nommĂ©, dans le quartier du 1er-Juin. Mais la police les a prĂ©cĂ©dĂ©s. Bacha et Chokri, en possession chacun dâun kalachnikov, rĂ©sistent plusieurs heures avant de succomber. Ben Khlifa, Masrouki, Jrid, Mejri et Miri, armĂ©s de deux kalachnikovs, de grenades et dâexplosifs artisanaux, trouvent refuge dans une maison en construction, isolĂ©e Ă la pĂ©riphĂ©rie de la ville. Ils sont rapidement encerclĂ©s par les forces de sĂ©curitĂ©, qui emploient les gros moyens pour les dĂ©loger : aprĂšs une fusillade de plusieurs heures, ils sont eux aussi abattus. 1. TĂ©moins clĂ©s de lâaffaire, ils nâont toujours pas Ă©tĂ© jugĂ©s, leur cas ayant Ă©tĂ© disjoint de celui des autres accusĂ©s. 2. Ramzi el-âIfi a Ă©copĂ© de la prison Ă perpĂ©tuitĂ©. 3. Idem pour Wael Ammemi. 4. Mokhles Ammar a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă la perpĂ©tuitĂ©, Taoufik Lahouimdi Ă trente ans de prison.
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Attentats: Alger critique la dĂ©cision ONU de crĂ©er une commission d’enquĂȘte
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AFP, le 15 janvier 2008 Ă 19h18
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ALGER, 15 jan 2008 (AFP) – Le Premier ministre algĂ©rien Abdelaziz Belkhadem a qualifiĂ© mardi de “mesure unilatĂ©rale” la dĂ©cision du secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’ONU de crĂ©er une commission d’enquĂȘte indĂ©pendante sur les attentats du 11 dĂ©cembre contre deux reprĂ©sentations de l’ONU Ă Alger.
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“L’ambassadeur d’AlgĂ©rie auprĂšs de l’ONU n’a pas Ă©tĂ© consultĂ© et l’avis de l’AlgĂ©rie n’a pas Ă©tĂ© pris”, a dĂ©clarĂ© M. Belkhadem, dont les propos sont rapportĂ©s par l’agence algĂ©rienne de presse APS, en marge du premier forum de l’Alliance des civilisations qui se tient dans la capitale espagnole
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“Les rĂšgles n’ont pas Ă©tĂ© du tout respectĂ©es en la matiĂšre”, a ajoutĂ© M. Blekhadem, soulignant que cette dĂ©cision “ne peut ĂȘtre accueillie favorablement car l’AlgĂ©rie a fait son devoir”, a-t-il insistĂ©.
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AFP
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