Nouvelles des libertés en Tunisie
Reporters Sans Frontières TUNISIE – Le journaliste Fahem Boukadous arrêté
Reporters Sans Frontières Quand le monde tourne à l’envers et la justice tunisienne avec
Publié le 15 juillet 2010
Le 15 juillet 2010, le journalisteFahem Boukadous a été arrêté vers 9h30 (heure locale) dans la cour de l’hôpital Ferhat Hached de Sousse, alors qu’il était en compagnie de sa femme. Il a été transféré dans un lieu encore inconnu.
Cette interpellation fait suite à la confirmation en appel, le 6 juillet 2010, de la condamnation du journaliste à une peine de quatre ans de prison ferme. Le tribunal d’appel de Gafsa avait rendu sa décision alors même que le journaliste était hospitalisé depuis le 3 juillet dernier pour des problèmes respiratoires.
Le journaliste était sorti le 14 juillet vers 12h30 de l’hôpital, et avait passé la nuit chez des amis près de Sousse. Il était revenu le 15 juillet à l’hôpital afin de récupérer son dossier médical.
Fahem Boukadous a été poursuivi avec acharnement par les autorités tunisiennes depuis deux ans pour sa couverture des manifestations populaires dans la région minière de Gafsa en 2008. Reporters sans frontières est d’autant plus inquiète pour le journaliste qu’il souffre de problèmes pulmonaires. Il est toujours sous traitement médical et les médecins l’ont convoqué pour de nouveaux examens le 23 août prochain.
C’est un cas de plus qui montre que le régime du président Zine El-Abidine Ben Ali se veut implacable avec les journalistes indépendants. Les autorités sont même prêtes à enfreindre leurs propres règles de justice pour arriver à ses fins (cf. communiqué précédent).
Depuis la réélection du président Ben Ali, en octobre 2009, le pays a renforcé son image d’Etat policier, journalistes et blogueurs subissant un véritable harcèlement au quotidien. Récemment, le Parlement a adopté un projet de loi visant à criminaliser directement les activités de sensibilisation menées par les défenseurs des droits de l’homme tunisiens, renforçant son dispositif légal destiné à verrouiller les libertés fondamentales.
Historique de l’affaire
Le 5 janvier 2008, la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG), principal employeur d’une région marquée par un fort taux de chômage, publie les résultats du concours d’embauche. La population de la région de Redeyef, jugeant ces résultats frauduleux, entend dénoncer la politique de recrutement de la CPG, le favoritisme et la corruption.
Le 7 avril 2008, une trentaine de grévistes sont interpellés, provoquant d’importantes manifestations. Une vague de répression s’abat alors à l’encontre des jeunes et des activistes de la région qui multiplient les rassemblements. Trois jeunes manifestants sont tués. Deux d’entre eux sont tués par balles le 6 juin 2008.
Fahem Boukadous a couvert pour El Hiwar Ettounsi ces manifestations populaires. Il collabore depuis 2006 avec cette chaîne de télévision satellitaire privée, lancée en 2002 à partir de la France .
Les images filmées par Fahem Boukadous sont reprises par d’importants médias panarabes et postées sur les sites de partages de vidéos, tels que YouTube et Dailymotion, tous deux censurés en Tunisie. Le 5 juillet 2008, par crainte d’être arrêté, Fahem Boukadous entre dans la clandestinité.
Le 4 décembre 2008, s’ouvre le « procès des 38 », accusés “d’entente criminelle en vue de commettre des attentats contre les personnes et les biens“, de “rébellion armée commise par plus de dix personnes“ et de “troubles à l’ordre public“. A l’issue du procès le 11 décembre, 33 personnes sont condamnées à des peines allant de deux ans d’emprisonnement avec sursis, à dix ans et un mois de prison ferme. Cinq personnes sont relaxées. Le verdict est rendu en l’absence de plaidoiries de la défense et d’interrogatoires des prévenus.
Fahem Boukadous est, quant à lui, condamné, par contumace, par le tribunal de première instance de Gafsa, à une peine de six ans de prison ferme, pour “appartenance à une association criminelle susceptible de porter atteinte aux personnes et à leurs biens”, et “diffusion d’informations de nature à troubler l’ordre public“, sur la base des articles 131 et 121 du code pénal tunisien.
Le procès en appel s’ouvre le 13 janvier 2009. Le 5 février 2009, la cour d’appel confirme la condamnation de Fahem Boukadous à une peine de six ans de prison ferme.
Le 24 novembre 2009, le journaliste se présente libre au tribunal de Gafsa, mettant ainsi un terme à près de dix-sept mois de clandestinité. Absent lors de son procès, Fahem Boukadous peut faire opposition du premier jugement. La procédure recommence depuis le début, annulant les décisions juridiques précédentes concernant le journaliste.
Il a été condamné le 13 janvier 2010 à quatre ans de prison ferme par le tribunal de Gafsa pour les mêmes faits que ceux qui lui étaient reprochés en décembre 2008. Depuis, le procès avait été reporté à plusieurs reprises.
Des affaires « en veux-tu, en voilà »
Le 14 juillet 2010, le tribunal cantonal de Jendouba a annoncé le report du procès du journaliste Mouldi Zouabi, reporter à Radio Kalima, au 4 août prochain.
Alors qu’il s’attendait à être convoqué en tant que plaignant dans l’affaire où il avait été agressé par Khalil Maaroufi, un proche des services de police, Mouldi Zouabi avait reçu, le 7 juillet 2010 pour répondre de l’accusation de « violences aggravées et injures publiques » contre son agresseur.
Le 1er avril 2010, le journaliste a été agressé devant le poste de police central de Jendouba par Khalil Maaroufi, gérant d’un café situé en face du palais de justice à Jendouba (200 km à l’ouest de Tunis).
« Le type est sorti d’une voiture et m’a demandé si je m’appelais Mouldi Zouabi. A peine avais-je répondu par la positive qu’il s’est jeté sur moi en me rouant de coups et me traitant de tous les noms. Il a cassé mes lunettes. Il m’a arraché mes papiers. Il m’a tout pris, mes papiers d’identité, ma carte de presse de la Fédération internationale des journalistes, ma carte bancaire, mon permis de conduire, mon dictaphone et d’autres documents personnels », avait déclaré Mouldi Zouabi.
Mouldi Zouabi avait alors porté plainte auprès du parquet de Jendouba après avoir été examiné par un médecin qui lui a délivré un certificat médical attestant des blessures provoquées par l’agression.
Aujourd’hui, la plainte qu’il avait déposée a été classée pour « insuffisance de preuves » et son agresseur le poursuit pour les faits dont lui-même avait été victime.
Zakia Dhifawi, journaliste à Mouatinoun, a été agressée, le 1er juillet 2010, à Nantes par des policiers tunisiens en civil alors qu’elle intervenait au Forum mondial des droits de l’homme. Elle a porté plainte. A son retour en Tunisie, le 6 juillet 2010, elle a subi une fouille corporelle humiliante.
Dans un communiqué de presse commun daté du 17 juin 2010, Reporters sans frontières, l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’homme, un programme conjoint de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), le Réseau Euro-méditerranéen des droits de l’Homme (REMDH), Amnesty International et Human Rights Watch ont publiquement condamné l’adoption par le Parlement tunisien, le 15 juin 2010, d’un projet de loi visant à criminaliser directement les activités de sensibilisation menées par les défenseurs des droits de l’homme tunisiens (http://fr.rsf.org/tunisie-adoption-…).
Le 8 juillet 2010,une lettre a été envoyée au Président tunisien, Monsieur Zine El-Abidine Ben Ali, afin d’attirer son attention sur les conséquences de l’adoption d’un tel amendement sur les activités de promotion et de protection des droits de l’homme menées par les défenseurs des droits de l’Homme tunisiens, et lui demandant d’abroger cet amendement.
(Source: Reporters Sans Frontièresle 15 juillet 2010)
Urgent – Alerte
Arrestation du journaliste Fahem Boukaddous
Nous venons d’apprendre l’arrestation ce matin, 15 juillet 2010, du journaliste Fahem Boukaddous.
Il est à rappeler que Fahem Boukaddous, qui a quitté l’hopital le mercredi 14 juillet 2010, a été condamné, le 6 juillet à 4 ans de prison ferme par la cour d’appel de Gafsa (Lire communiqué CRLDHT ci-dessous)
La cour d’appel de Gafsa confirme la condamnation
du journaliste Fahem Boukadous à 4 ans de prison
La Cour d’appel de Gafsa a confirmé aujourd’hui, mardi 6 juillet 2010, la condamnation prononcée en première instance à l’encontre du journaliste Fahem Boukadous à quatre ans de prison ferme.
Fahem Boukadous, hospitalisé à Sousse depuis plusieurs jours, est poursuivi suite à la couverture journalistique qu’il a assurée du mouvement social du bassin minier de Gafsa en 2008. Il a été condamné par contumace à 6 ans de prison ferme en décembre 2008, puis de nouveau en appel en février 2009 en même temps que les leaders du mouvement de protestation sociale du bassin minier de Gafsa.
M. Fahem Boukadous est sorti de la clandestinité le 24 novembre 2009, et s’est présenté à la justice pour faire opposition à sa condamnation par contumace. Il a été condamné en première instance à 4 ans de prison ferme. Il vient de connaître le même sort que Hassen Ben Abdallah, qui a subi le même jugement sévère de 4 ans de prison, prononcé à son encontre par la même Cour .
M. Boukaddous, dont la santé est en état critique, est actuellement hospitalisé à Sousse (Centre-Est de la Tunisie) et risque l’incarcération à tout moment.
Le CRLDHT dénonce ce procès scandaleux et inique, dans un Etat, la Tunisie, où la justice délibère en absence même de l’ «accusé» empêché d’être présent physiquement pour des raisons de santé. .
Il exige la libération immédiate de MM. Fahem Boukadous et Hassen ben Abdallah et l’arrêt des poursuites à leur encontre.
Le CRLDHT tient le gouvernement tunisien pour responsable de toute dégradation de l’état de santé de M.Fahem Boukadous.
Le CRLDHT rappelle que le dossier du bassin Minier n’est pas clos et exige l’arrêt des poursuites à l’encontre de MM Maher Fajraoui (condamné par contumace à 10 ans de prison) et Mouhiédine CHERBIB, membre fondateur du CRLDHT, condamné par contumace à 2 ans et 15 jours de prison ainsi que le rétablissement de tous les anciens (et nouveaux détenus) dans l’intégralité de leurs droits, à commencer par celui de retrouver leurs emplois.
Paris, le 06 juillet 2010
Parti communiste français
Arrestation du journaliste Fahem Boukadous: le PCF réitère sa condamnation
Ce matin, le journaliste tunisien Fahem Boukadous a été arrêté par la police alors qu’il se trouvait à l’hôpital pour des examens médicaux. Le PCF condamne fermement cette arrestation. D’autre part, le Parti communiste français réitère sa consternation face à la condamnation scandaleuse à 4 ans de prison pour «diffusion d’information de nature à troubler l’ordre public», dont Fahem Boukadous fait l’objet, alors qu’il n’a fait qu’exercer son travail de journaliste. Le PCF exprime toute sa solidarité avec Fahem Boukadous et avec son épouse, ainsi qu’avec tous les démocrates et progressistes de Tunisie. Parti communiste français, Paris, le 15 juillet 2010. Jacques Fath Membre du Comité exécutif national du PCF Responsable des relations internationales 01 40 40 12 87 06 31 44 30 84
Arrestation du journaliste tunisien Fahem Boukaddous
Tunisie: arrestation du journaliste Fahem Boukadous
Tunisie: arrestation du journaliste Fahem Boukaddous
Le journaliste tunisien Fahem Boukadous a été arrêté
Contactée par Nouvelobs.com, sa femme, qui était présente lors de son arrestation, dit ne plus avoir de nouvelles du journaliste depuis.
Journaliste tunisien emprisonné: «On ne peut que craindre pour sa vie»
interview
Recueilli par Sylvain Mouillard
En Tunisie, l’empire taillé sur mesure de Sakhr El-Materi,
30ans, le gendre du président Ben Ali
Elu député en2009, il est membre du comité central du RCD, le parti au pouvoir
Tunis
Envoyée spéciale
Mohamed Sakhr El-Materi est un homme d’affaires comblé. Ce mardi 13 juillet,il a été le premier chef d’entreprise tunisien à faire tinter la cloche à la Bourse de Casablanca, comme le veut la tradition à chaque nouvelle introduction boursière.
Héritier d’une famille illustre, M.Materi est, à tout juste 30 ans, à la tête d’un puissant groupe qui réalise ainsi une première dans le Maghreb: une double cotation sur deux places financières différentes, en Tunisie et au Maroc.
Il est aussi député, membre du comité central du parti au pouvoir, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) et, ce qui ne gâte rien, le gendre du président Zine El-Abidine Ben Ali.
En moins de cinq ans ,M.Materi s’est bâti un petit empire rassemblant dans sa Princesse Holding des activités aussi fructueuses que diversifiées dans les domaines de l’automobile, de l’immobilier, du tourisme, de la banque, des médias ou encore de l’agriculture.
Aujourd’hui, il cède une part, –limitée à40%–,du capital du fleuron de son groupe, Ennakl, une entreprise spécialisée dans l’importation de voitures de marques étrangères (Volkswagen, Porche, Audi et depuis peu Seat et Kya), rachetée en 2006 pour 22 millions de dinars (11,7 millions d’euros).
Inédite, l’opération est présentée comme la « volonté de provoquer quelque chose en faveur de l’intégration économique maghrébine», selon Firas Saied, un dirigeant de Princesse Holding. Elle permet, au passage, de bénéficier d’une réduction d’impôt dans le cadre d’incitations fiscales pour encourager les introductions en Bourse.
«Charia compatible»
«C’est une autre première», se félicite M.Saied, en décrivant le succès des souscriptions closes par anticipation au bout de trois jours. Rien qu’à Tunis, où a lieu le gros de la vente (seulement 10% étant réservés à Casablanca), la demande a été «23 fois supérieure à l’offre initiale», affirme-t-il.
« Sur près de 50000 souscripteurs, 42000 sont des personnes physiques qui demandaient au maximum des titres pour une valeur de10000 dinars,doncessentiellement des petits porteurs », indique Ferid El-Kobbi, président du conseil du marché financier.
« Depuis un peu plus d’un an, on sent une reprise », avance prudemment Mahmoud Ben Romdhane, économiste, membre du parti d’opposition Ettajdid, qui ajoute dans un grand sourire: «Mais je ne serai pas étonné que cette introduction connaisse, au moins pendant un temps, un certain succès.»
La proximité de M.Materi, titulaire d’un diplôme de gestion décroché à Bruxelles, avec le chef de l’Etat tunisien dont il a épousé la fille, Nesrine, en 2004, apparaît comme un accélérateur d’affaires. «Son groupe est un des derniers de la classe mais il grossit très, très vite», note un diplomate en poste à Tunis.
En quatre ans, souligne Mustapha Jaber, ancien dirigeant d’Ennakl devenu un fidèle de M.Materi, l’entreprise «a multiplié par 4 son chiffre d’affaires, à 330 millions de dinars (175 millions d’euros) et par 17 le résultat net, à 22millions (11,7millions d’euros)». L’existence de quotas d’importation de voitures n’est pas un obstacle.
En Tunisie, le volume attribué à chaque constructeur est lié à sa production, sur place, de pièces détachées. Rien de plus simple pour M. Materi qui a fait ouvrir pour Volkswagen sept nouvelles usines en l’espace de deux ans.
Il y a à peine trois mois, le 28 mai, il lançait la première banque islamique de Tunisie, Zitouna, du même nom que la radio islamique qu’il dirige également depuis 2007.
Quelques-unes des plus grandes fortunes du pays, comme Abdelwahab Ben Ayeb, président duplus gros groupe privé Poulina, ou Aziz Milad, patron du premier opérateur de tourisme, TTSGroup, ont rejoint son tour de table.
Une première, là encore avec des règles spécialement adaptées pour être «charia compatible».
Ainsi le prêt avec intérêt est proscrit (remplacé par une marge), la carte de crédit porte le nom de «carte de paiement», etc. Alors que l’on prête de plus en plus d’ambition politique à M. Materi, jusqu’à en faire le dauphin potentiel de son beau-père, cette approche des affaires lui permet de prendre pied dans les milieux conservateurs, plutôt hostiles, jusqu’ici, au palais présidentiel.
Le gendre préféré n’a pas l’intention de s’arrêter là. Les capitaux levés grâce à l’introduction en Bourse d’Ennakl sont impatiemment attendus pour financer, avec les mêmes principes que la banque, une compagnie d’assurances islamique baptisée Takaful.Une autre opération, bien plus prosaïque mais tout aussi ambitieuse, est prévue, avec un projet de dessalement d’eau de mer à Djerba. L’appétit, dit-on, vient en mangeant.
Isabelle Mandraud
Amnesty dénonce l’infiltration à la tunisienne Un général sous mandat d’arrêt, mais en liberté
Dans un rapport rendu public mardi 13juillet Amnesty International dénonce le «harcèlement des personnes qui critiquent le gouvernement et des militants des droits
de l’homme» en Tunisie.«Une tactique insidieuse consiste en l’infiltration d’une organisation par les partisans du gouvernement en vue d’en prendre le contrôle», écrit-elle en citant
notamment la Ligue tunisienne des droits de l’homme. Le9 juillet, un porte-parole du département d’Etat américain, MarkToner, a indiqué que «les Etats-Unis [étaient] profondément inquietsd’un déclin des libertés politiques » en Tunisie après la condamnation d’un journaliste
(Source : « Le Monde » (Quotidien – France) le 14 juillet 2010)
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