16 juillet 2010

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TUNISNEWS
10 ème année, N° 3706 du 16.07.2010
 archives :www.tunisnews.net 


TTU Monde Arabe: Tunisie : Nominations stratégiques Liberté et Equité: Nouvelles des libertés en Tunisie Liberté et Equité: Lettre de Mahfoudh Ben Béchir Omar Ayari C.R.L.D.H.T: Le dossier du bassin minier de Gafsa n’est pas clos Agissons !! Tunisie Verte: Communiqué The Committee to Protect Journalists: CPJ calls for immediate release of Tunisian journalist AFP: Paris « préoccupé » par l’arrestation du journaliste tunisien Fahem Boukadous  France24: Tunisie: le journaliste Boukadous incarcéré à Gafsa, pourvoi en cassation El Watan: Tunisie : Ben Ali ne lâche pas les journalistes dissidents Arnaud Viviant : Ben Brik, le censuré


TUNISIE : NOMINATIONS STRATÉGIQUES


Deux fidèles du président Ben Ali, Abderrahmane Haj Ali et Mohamed Ali Ganzoui, pourraient reprendre en main les services de sécurité tunisiens. Le premier, ancien patron de la sécurité présidentielle, est ambassadeur à Nouakchott, en Mauritanie, depuis 2006. Selon des sources bien informées, il serait nommé, à la rentrée, secrétaire d’Etat à la sûreté nationale. Le deuxième était déjà secrétaire d’Etat, chargé de la sûreté, auprès du ministre de l’Intérieur. Mais en juin 2006, il a été nommé ambassadeur de Tunisie à Malte, suite à l’affaire du yacht volé au banquier français Bruno Roger, dans laquelle le gendre du président, Imed Trabelsi, a été impliqué. Une nomination en forme de sanction, qui, selon certaines sources, aurait été commanditée par Leïla Trabelsi, la première dame tunisienne. Laquelle n’aurait pas apprécié le rôle de Ganzoui dans cette affaire et notamment le rapport qu’il aurait fait au président Ben Ali. Aujourd’hui, il pourrait être nommé à la tête de la sécurité présidentielle à Carthage, avec le départ du général Ali Seriati. Il y aurait, néanmoins, d’autres candidats à la fonction, notamment Adel Tiouiri ou encore Mohamed Boudriga, deux personnalités proches de Leïla Trabelsi. (Source: « TTU Monde Arabe » LETTRE HEBDOMADAIRE D’ INFORMATIONS STRATÉGIQUES 1 5 j u i l l e t 2 0 1 0 – n ° 6 5 6)


Demande tunisienne La DSCA (Defense Security Cooperation Agency) a notifiée au Congrès américain une demande d’autorisation de vente FMS de douze hélicoptères multimissions Sikorsky SH-60F Seahawk, provenant des stocks de l’US Navy, pour un montant de 282 millions de dollars.

(Source: « TTU Monde Arabe » LETTRE HEBDOMADAIRE D’ INFORMATIONS STRATÉGIQUES 1 5 j u i l l e t 2 0 1 0 – n ° 6 5 6)


Liberté pour le Docteur Sadok Chourou, le prisonnier des deux décennies Liberté pour tous les prisonniers politiques Liberté et Equité Organisation de droits de l’homme indépendante 33 rue Mokhtar Atya, 1001, Tunis Tel/fax : 71 340 860 Liberte.equite@gmail.com Tunis, le 15 juillet 2010

Nouvelles des libertés en Tunisie


[…] 2) Abderrazak Ounifi ne peut obtenir son bulletin n°3 Les services sécuritaires refusent de délivrer à monsieur Abderrazak Ounifi son bulletin n°3 qui lui a été réclamé par son employeur. […] Monsieur Ounifi a bénéficié d’un non lieu dans une affaire de collecte de fonds non autorisée en première instance et en appel et il vit une situation sociale difficile du fait des pressions exercées sur lui par les services sécuritaires ; 3) Confirmation de condamnation prononcée en première instance contre monsieur Abdelkarim Ben Aziza La chambre correctionnelle de la Cour d’Appel de Tunis a confirmé mercredi 14 juillet 2010 le jugement prononcé en premier ressort contre monsieur Abdelkarim Ben Aziza, le condamnant à trois mois d’emprisonnement avec sursis […] Pour le bureau exécutif de l’Organisation Le Président Maître Mohammed Nouri (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


Liberté pour le Docteur Sadok Chourou, le prisonnier des deux décennies Liberté pour tous les prisonniers politiques Liberté et Equité Organisation de droits de l’homme indépendante 33 rue Mokhtar Atya, 1001, Tunis Tel/fax : 71 340 860 Liberte.equite@gmail.com Le courrier des opprimés Tunis le 13 juillet 2010  

De : Mahfoudh Ben Béchir Omar Ayari


Je soussigné, le citoyen tunisien Mahfoudh Ayari, détenteur de la carte nationale d’identité n°08141722, ex prisonnier politique condamné à cinq années de contrôle administratif, vous informe que je suis contraint à un émargement quotidien au poste de police de la Cité Najah, ce qui enfreint le décret de contrôle administratif, qui fixe seulement mon domicile et ne prévoit pas d’émargement, et pourtant je signe tous les jours. J’ai leur ai demandé (à l’administration de la sureté) le 29 juin 2010 à me rendre au Kef où réside ma fiancée afin de m’acquitter des formalités du mariage qui est prévu pour bientôt, mais ma demande a été refusée et on m’a promis qu’on m’y autoriserait la semaine suivante et pourtant ma demande a été refusée une seconde fois, le 7 juillet 2010, puis une troisième fois le 10 juillet. Aussi je demande à tous les défenseurs des droits de l’homme d’être à mes côtés face à cette injustice qui me paralyse et m’empêche de mener une vie normale. Organisation Liberté et Equité    (traduction  ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


C.R.L.D.H.T

Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie

membre du Réseau Euro-méditerranéen des Droits de l’Homme

21ter rue Voltaire – FR-75011 PARIS  – Tel/Fax : 00.33.(0)1.43.72.97.34

contact@crldht.org / www.crldht.org

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LE 16 Juillet 2010

 Après Hassen Ben Abdallah incarcéré depuis 26 avril 2010

  Fahem Boukaddous passe(sa première)nuit  à la prison de Gafsa.

 

Le dossier du bassin minier de Gafsa n’est pas clos

Agissons !!

  Exigeons leur libération ! Ecrire :

Le Minitre des Affaires Etrangères Kamel Morjane Avenue de la Ligue des Etats arabes Nord Hilton 1030 Tunis Tunisia Fax: +216 71 784 553    Email: mju@ministeres.tn Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme

Lazhar Bououni Ministry of Justice and Human Rights 31 Boulevard Bab Benat 1006 Tunis – La Kasbah Tunisia Fax: +216 71 568 106 Email: mju@ministeres.tn

 Copie : au CRLDHT

21ter, rue Voltaire 75011 Paris

Email: contact@crldht.org

 

Comité national de soutien aux Populations du Bassin Minier

 

Information

 

Le 16 juillet 2010

 

 

MadameAfef Ben Naceur, épouse du journaliste Fahem Boukaddous, a pu rendre visite à son mari qui se trouve depuis hier à la prison civile de Gafsa, et ce, alors que l’administration de la prison le lui avait refusé dans un premier temps.

Madame Ben Naceur a affirmé que l’état de santé de monsieur Boukaddous était stable mais il était inquiet car il partage sa cellule avec des prisonniers fumeurs, ce qui peut avoir des répercussions négatives sur sa santé puisqu’il souffre d’asthme.

De même, Maître Ridha Raddaoui a pu rencontrer monsieur Boukaddous après avoir essuyé un premier refus de l’administration de la prison alors qu’il avait une carte de visite.

Maître Raddaoui avait fait une requête aux fins d’annulation de l’exécution auprès du procureur près de la Cour d’Appel de Gafsa, au nom de la commission de la défense, avant que Boukaddous ne soit emprisonné, du fait des vices de procédure, tant au niveau de la Première instance que de l’appel.[…]

La demande d’annulation de l’exécution a été refusée au motif que monsieur Boukaddous avait été incarcéré.

[…]

 

Le comité national de soutien aux populations du bassin minier

(traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)

 


 

                                                                                Parti « Tunisie Verte »

NOTRE AMI  LE JOURNALISTE FAHEM  ÉCROUE


Hier, le jeudi 15 juillet 2010, madame AFEF BEN NACEUR nous a contacté pour nous informer que son mari  FAHEM a été arrêté à la sortie de l’hôpital Sahloul de Sousse et emmené directement à la prison civile de GAFSA où il a été écroué. Encore une fois nous exprimons notre grande inquiétude quant à l’évolution  de sa maladie en prison ou il risque d’avoir des complications graves. Ainsi malgré  le soutien de la société civile en Tunisie et dans le monde pour sa libération et même les déclarations officielles des alliés du pouvoir (Etats-Unis et France) n’ont  pas été entendus. Cette situation inquiétante  du pays nous fait craindre  le pire. Sans être trop alarmiste, nous voulons attirer  l’attention des amis de notre pays que tout peut arriver. 1)      La montée en créneau et l’apparition  ostentatoire de la vieille  garde. 2)      Le remplissage médiatique de figures de personnalités protocolaires n’est pas fortuit NOUS VOULONS  CONNAITRE  LA VÉRITÉ QUE SE PASSE-IL DANS LES ARCANES DU POUVOIR? Agissons pour sauver  maintenant NOTRE AMI   FAHEM … C’EST LE PLUS IMPORTANT. En cette année 2010 proclamée par le pouvoir « année de la jeunesse » et en ces jours de fête nationale de la RÉPUBLIQUE, nous voulons une réelle ouverture politique. LIBERTE POUR FAHEM LIBERTE POUR TOUS LES PRISONNIERS POLITIQUES LIBÉRALISATION POLITIQUE DU PAYS RESPECT INTÉGRAL DE LA CONSTITUTION Abdelkader Zitouni Coordinateur National du parti « Tunisie Verte » Membre du Parti Vert Européen, Membre de la fédération des verts africains, Membre chargé de la coordination des verts africains en Afrique du Nord. Membre de « Global Greens ». E- mail : tunisie.verte@gmail.com Tel : 00.216.98.510.596 Fax : 00.216.71.750.907


The Committee to Protect Journalists

CPJ calls for immediate release of Tunisian journalist


New York, July 15, 2010—
The Committee to Protect Journalists calls on the Tunisian authorities to immediately release Fahem Boukadous, a correspondent for the satellite television station Al-Hiwar al-Tunisi, and to overturn his four-year prison sentence. The Tunisian police arrested Boukadous today at Farhat Hached Hospital in Sousse. The journalist had been discharged Wednesday after being treated for respiratory problems, according to news reports. His wife told CPJ that he was arrested early this morning when he returned to the hospital to get a copy of his medical report.  The arrest came after a July 6 court of appeals decision to sentence Boukadous to a four-year prison term on charges of “belonging to a criminal association” and spreading materials “likely to harm public order. » He was sentenced in connection with his coverage of violent labor protests in the Gafsa mining region in 2008. Boukadous could not attend the hearing; he was in the hospital because of asthma. He told CPJ last week that police had unsuccessfully pressured hospital officials to discharge him in time for the hearing. His lawyer, Ridha Raddaoui, called the hearing politically motivated. “We hold the Tunisian authorities responsible for the welfare of Fahem Bouakdous. Our colleague is sick and should not be in prison,” said CPJ Deputy Director Robert Mahoney. “His detention has all the hallmarks of a sustained campaign of harassment of a critical journalist. He must be freed immediately and his conviction overturned.” Raddaoui told CPJ that Boukadous is currently being held in Gafsa prison. « His life is in danger, » he said. Gafsa prison’s capacity is 300-350 prisoners and currently there are approximately 750 prisoners being held there, according to Raddaoui. « Most of the new prisoners sleep on the floor; his health condition does not allow that, » he said. He called for an international campaign to release Boukadous from prison.


Paris « préoccupé » par l’arrestation du journaliste tunisien Fahem Boukadous


 

 
AFP:  16/07/2010 – 16:21 La France est « préoccupée » par l’arrestation jeudi du journaliste tunisien Fahem Boukadous et rappelle son attachement à la liberté d’expression et de la presse, a déclaré vendredi le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero. « Je rappelle notre attachement à la liberté d’expression et à la liberté de la presse en Tunisie comme partout dans le monde. Dans ce contexte, nous sommes préoccupés par cette arrestation. Nous suivons la situation de M. Boukadous, en particulier ses conditions de détention qui doivent lui permettre de suivre son traitement médical », a-t-il dit en réponse à une question sur cette affaire. Fahem Boukadous, 40 ans, a été condamné le 6 juillet en son absence à quatre ans de prison ferme par la cour d’appel de Gafsa (sud-ouest), alors qu’il était hospitalisé depuis le 3 juillet à Sousse (centre-est) pour des problèmes pulmonaires. Pour ses défenseurs et des ONG, le journaliste a été puni pour la couverture de manifestations sociales survenues en 2008 dans la région minière de Gafsa (350 km de Tunis) pour le compte de la chaîne satellitaire Al-Hiwar Ettounsi (Le Dialogue Tunisien, dissidence). Il y a une semaine, les Etats-Unis s’étaient élevés contre le « déclin des libertés politiques, notamment les sévères restrictions de la liberté d’expression en Tunisie ». Jeudi, le Parti communiste français (PCF) avait « condamné fermement » l’arrestation du journaliste. Le gouvernement tunisien a rejeté les critiques en déniant la qualité de journaliste à Fahem Boukadous.


Tunisie: le journaliste Boukadous incarcéré à Gafsa, pourvoi en cassation


 
Le journaliste tunisien Fahem Boukadous a été incarcéré à la prison de Gafsa (sud-ouest) pour purger une peine de quatre ans de prison, en attendant un pourvoi en cassation de son jugement, ont indiqué vendredi son avocat et son épouse.  Le journaliste tunisien Fahem Boukadous a été incarcéré à la prison de Gafsa (sud-ouest) pour purger une peine de quatre ans de prison, en attendant un pourvoi en cassation de son jugement, ont indiqué vendredi son avocat et son épouse. « Avec quelque retard, nous avons fini par le rencontrer dans la prison de Gafsa, où il a été assez bien traité par l’administration, qui lui avait fourni des médicaments vitaux », a dit à l’AFP Me Ridha Raddaoui. « Nous avons décidé d’aller en cassation, mais c’est sans illusions. Pour une affaire politique, le règlement ne peut être que politique », a-t-il ajouté par téléphone depuis Gafsa (350 km de Tunis). Afef Boukadous a indiqué avoir été autorisée à rencontrer son mari et lui porter des vêtements, de la nourriture et des médicaments. Souffrant d’asthme chronique, Fahem Boukadous, 40 ans, a été arrêté jeudi à Sousse (centre), au lendemain de sa sortie d’un hôpital, où il était soigné depuis le 3 juillet pour des problèmes pulmonaires. Il avait été condamné le 6 juillet par un tribunal d’appel en son absence pour « diffusion d’information susceptible de porter atteinte aux personnes et à leurs biens » et de « constitution d?une entente criminelle susceptible de porter atteinte aux personnes et aux biens ». Pour ses défenseurs et des ONG, le journaliste a été puni pour la couverture des manifestations sociales survenues en 2008 dans la région minière de Gafsa (350 km de Tunis) pour le compte d’un canal satellitaire de la dissidence. Les autorités tunisiennes lui dénient la qualité de journaliste, considèrent qu’il est impliqué dans ces troubles et condamné pour « des infractions de droit commun sans rapport avec ses activités journalistiques ». La condamnation de M. Boukadous, un ancien prisonnier et opposant de gauche auteur d’images exclusives sur des manifestations dans la région minière de Gafsa, a suscité des réactions gouvernementales et d’ONG de défense de la liberté de la presse à Washington et à Paris. Vendredi, la France s’est dite « préoccupée » par son arrestation et dit « suivre la situation de M. Boukadous, en particulier ses conditions de détention qui doivent lui permettre de suivre son traitement médical ».
(Source: France24 le 16 juillet 2010 – 19H33)


Tunisie : Ben Ali ne lâche pas les journalistes dissidents


 
Le journaliste Fahem Boukadous a été arrêté, hier, par la police tunisienne. Condamné pour « entente criminelle » et « diffusion d’informations de nature à troubler l’ordre public », le régime lui reproche la diffusion d’images de manifestations sociales en Tunisie. « Fahem Boukadous a été arrêté au lendemain de sa sortie de l’hôpital de Sousse, où il était soigné pour des problèmes respiratoires », alerte son avocate Radia Nasraoui. Il a été interpellé à l’intérieur de l’hôpital Farhat Hached, où il était retourné chercher son dossier médical, hier, en compagnie de son épouse, indique cette dernière. Afef Boukadous a dit craindre pour la santé de son mari asthmatique et tente de connaître le lieu de sa détention pour lui remettre des médicaments qu’il n’avait « pas eu le temps d’emporter » au moment de son interpellation. Fahem Boukadous, 40 ans, est nettement moins connu que Taoufik Ben Brik. Il vit à Gafsa, dans le sud de la Tunisie. Sans lui, le monde et les Tunisiens n’auraient pas entendu parler de l’agitation sociale dans le bassin minier de Gafsa, au premier trimestre 2008. Boukadous en a rendu compte pour la chaîne indépendante Al Hiwar, diffusée un temps par satellite depuis l’Europe puis sur Internet. C’est lui qui a diffusé les seules images connues des émeutes contre les autorités locales, car, à l’époque, la région était totalement bouclée. Recherché au même titre que les syndicalistes de la région, le journaliste a plongé dans la clandestinité en juin 2008. La cible Au cours de cette période, il a été condamné par contumace à six ans de prison pour « association de malfaiteurs » et « diffusion d’informations de nature à perturber l’ordre public ». Une peine ramenée à quatre ans. Fin 2009, quand le pouvoir a gracié les « agitateurs » de Gafsa encore en prison, Boukadous est sorti de la clandestinité. Il a été laissé en liberté, en attendant son procès en appel, qui devait débuter à Gafsa. Fahem Boukadous a été condamné le 6 juillet en son absence à quatre ans de prison ferme par la cour d’appel de Gafsa (sud-ouest), alors qu’il était hospitalisé depuis le 3 juillet à Sousse (centre-est) pour des problèmes pulmonaires. Pour ses défenseurs et des ONG, le journaliste a été puni pour sa couverture des manifestations sociales, puni pour avoir montré au monde les seules images des émeutes sociales dans un régime où tout est contrôlé par la censure officielle. Les autorités tunisiennes dénient la qualité de journaliste à M. Boukadous et considèrent qu’il est impliqué dans ces troubles, assurant qu’il a été condamné pour « des infractions de droit commun sans rapport avec ses activités journalistiques ». Tollé Pour Tunis, il fait partie d’un « groupe criminel » ayant endommagé des bâtiments publics et privés, installé des barrages routiers et causé des « blessures sérieuses » à des officiers, notamment par des jets de cocktails Molotov. Le jugement de Fahem Boukadous a suscité plusieurs réactions hostiles au régime tunisien. En Tunisie, le Parti démocratique progressiste (légal) s’est opposé à son renvoi en prison et a demandé l’annulation du verdict, également dénoncé par des ONG de défense des droits de l’homme. A l’étranger, les Etats-Unis ont dit être « profondément inquiets » quant au recul des libertés en Tunisie, et la France a affirmé son attachement « à la liberté d’expression » dans ce pays maghrébin, suite à l’annonce du verdict. Pas de réaction officielle en Algérie… Pour Reporters sans frontières (RSF), la condamnation de M. Boukadous n’est qu’un « cas de plus qui montre que le régime tunisien se veut implacable avec les journalistes indépendants », qui subissent, selon l’organisation de défense de la presse, un « véritable harcèlement au quotidien ». L’état de santé de Boukadous est à prendre au sérieux, il risque d’avoir une crise d’asthme à n’importe quel moment. Quand on connaît les conditions dures et parfois moyenâgeuses des prisons tunisiennes, ses proches craignent pour sa vie, mais tentent aussi de rester optimistes, à l’image de son avocate Radia Nasraoui : « Je refuse d’être pessimiste. Il y a une très forte mobilisation pour Fahem Boukadous, en Tunisie et à l’étranger. Al Jazeera fait un sujet sur lui tous les jours. Les Etats-Unis et l’Europe ont pris position sur ce cas, on peut espérer qu’il sera libéré avant les quatre ans. En tout cas, on va continuer de batailler pour sa libération et celle des autres défenseurs des droits de l’homme emprisonnés. » Par Ahmed Tazir
(Source: ElWatan (Quotidien – Algerie) le 16 juillet 2010)


International

Ben Brik, le censuré


Symbole de la censure en Tunisie, l’écrivain et journaliste Taoufik Ben Brik, qui vient de passer six mois dans une « prison préhistorique », raconte comment il est devenu un combattant du verbe sous la dictature, plus ou moins soft, de Ben Ali. Il est en pleine forme. Après avoir passé six mois dans un bagne une étoile au pied de l’Atlas, à la suite d’un procès qualifié d’inique et de politique par tous les observateurs, Taoufik Ben Brik, l’écrivain, poète et in fine journaliste tunisien, était à Paris. Exfiltré de Tunisie le lendemain de sa libération, le 27 avril, par un émissaire de Reporters sans frontières, il a peaufiné en France pendant une semaine sa stature d’opposant le plus médiatique au Président Ben Ali. Avant de s’en retourner courageusement au pays, Ben Brik, que Robert Fisk a qualifié un jour de « Maradona du journalisme » nous raconte qui il est, et ce en quoi il croit. Commençons par le commencement. Ton père fut, à Jerissa, une ville du nord-est de la Tunisie, le fondateur du premier syndicat de mineurs. Quel homme était-il ?
Aucun de ses neuf enfants ne lui ressemble véritablement. Existe-t-il un meilleur mot que « diplomate » pour définir l’homme que fut mon père ? Il savait approcher les hommes et laisser les hommes l’approcher. Mon père était, je crois, d’une bonté rare. Alors qu’il était le notable d’une ville minière, les gens les plus proches de lui étaient ceux qu’on appelait les « jetables ». Tout ce que la terre lui rapportait, il le partageait avec une tribu d’intouchables qui n’avaient pas même le droit de travailler dans les mines. Que retenir de lui ? Qu’il a été sollicité par le grand syndicaliste Farhat Hached, qui finira assassiné, pour fonder la section minière de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), laquelle section comptait 3 500 membres. Mais avec l’avènement de l’Indépendance et la volonté de Bourguiba de conquérir toutes les oppositions, mon père n’avait plus sa place. Tant que les colons étaient blancs, on pouvait s’opposer. Mais lorsqu’ils devinrent indigènes, cela marqua la fin de l’opposition. Mon père a délaissé la politique et le syndicalisme dix ans après l’Indépendance en 1966. J’avais six ans. En 1970, Bourguiba s’est arrêté devant notre maison, et mon père et lui ont discuté du tac au tac. En réalité, sous Bourguiba, nous étions déjà contre le système. A quel moment un des membres de ta famille a-t-il été arrêté pour la première fois ? En 1978, lors de la grève générale qui a fait 800 morts en Tunisie, et où Ben Ali, qui était alors directeur de la Sûreté nationale, s’est fait connaître en donnant l’ordre de tirer sur la foule, mon frère Jalel a passé deux jours en geôle. Il avait 14 ans. Ce jour-là, ma mère a pris la grande photo de Bourguiba que nous possédions à la maison, et elle l’a mise dans le four berbère où l’on fait cuire le pain. Ce jour-là, on a mangé du pain à la Bourguiba ! Il faut savoir qu’en 1978, tous les lycéens, tous les étudiants avaient une conscience politique. Tout ce que le marxisme a engendré comme courants était représenté : pas seulement des islamistes, mais aussi des guévaristes, des maoïstes, des zapatistes… En réalité, je suis le mouton noir de la famille, le seul à ne pas être trotskyste ! Mon frère Jalel est devenu syndicaliste. Ma sœur Najeb se prenait pour Rosa Luxembourg, mais elle a déserté le syndicalisme parce qu’elle n’aimait pas l’odeur d’espadrilles des militants. Ma sœur Saïda dirige encore aujourd’hui un syndicat d’enseignants avec la poigne d’un véritable Ben Ali ! C’est sans doute elle la plus proche de mon père. Toi, tu choisis l’écriture comme arme. Oui, en arabe d’abord, car en français, je suis un exilé. Mon père n’avait hérité de son père que d’une bibliothèque, des vieux livres jaunis, essentiellement des poètes su’uluk, les poètes guerriers exilés de la tribu, des sortes de samouraï sans shogun, sans maître, ou disons, qui n’avaient pour maître que l’étendue de leur désolation. J’ai commencé à écrire dans l’enfance. J’étais comme un Cyrano de Bergerac, j’écrivais des lettres d’amour pour mes copains d’école … A 18 ans j’ai été proclamé poète par l’un des plus grands poètes de l’Arabie, Abdel Wahab Al-Bayati. Plus tard, quand je suis allé étudier à Bagdad, ce fut sous le parrainage de Abderrazak Abdelwahed, qui avait obtenu le prix Pouchkine. Et je crois bien être le seul poète d’Afrique du Nord à avoir été publié dans la revue littéraire de l’immense poète palestinien Mahmoud Darwich. J’écrivais sur la mine, sur les bars… Après Bagdad, j’ai voyagé : Istanbul, Damas, Chypre… J’ai fait de la contrebande, si bien que lorsque je reviens en Tunisie en 1980, je suis riche, j’ai 150 000 dollars en poche. Cela va faire de moi le financier, à la faculté de droit, de quinze mouvements d’extrême gauche ! Il faut dire que je suis parallèlement le tenancier de la salle 64 — une salle de jeu clandestin à l’intérieur de la fac. Tout cela va mal finir : avec mes amis, nous sommes un jour encerclés par les B.I.P, les Brigades d’intervention populaire (l’équivalent de vos CRS) : mes amis iront au bagne, dans le Sahara, tandis que je réussis, grâce à un ami de mon père, à quitter le pays pour le Canada, pour étudier le cinéma à la York University de Toronto. En fait, j’ai passé là-bas deux années à pleurer. Bibliographie Et maintenant, tu vas m’entendre, éd. Aloès/Exils Éditeur, 2000 Le rire de la baleine, éd. Le Seuil, 2000 Une si douce dictature. Chroniques tunisiennes 1991-2000, éd. La Découverte, 2001 Chronique du mouchard, éd. La Découverte, Paris, 2001 – Ben Brik président suivi de Ben Avi la momie, éd. Exils Éditeur, 2003 The Plagieur, éd. Exils Éditeur, 2004 Tu n’es donc pas un politique… Je suis un analphabète de la politique, je n’y ai jamais rien compris. Dans Portrait de groupe avec dame, Heinrich Böll raconte que le poète est tout en haut de la pyramide, et que les politiques sont tout en bas. Mais dans ce pays de merde qu’est la Tunisie, vu le désert, je dois faire le poète, le journaliste, le romancier et le politique. Cela dit, s’il n’y avait pas les poètes, qui se souviendrait de ces sombres émirs, vizirs et califes ? Et qui va se rappeler Ben Ali sans Taoufik Ben Brik ? Excusez-moi de me prendre pour moi par instants… Plus radicalement, est-ce qu’être contre le système c’est faire de la politique ? Dans Vol au-dessus d’un nid de coucou, un Mac Murphy sait-il, quand il s’oppose à l’infirmière en chef, qu’il est en train de proposer un véritable « programme électoral » ? Non. Il fait le mouvement. Et ce mouvement, pour moi, c’est la véritable politique. Justement, en 2000, tu fais le mouvement, en entamant une spectaculaire grève de la faim. Pourquoi ? Cela fait un quart de siècle qu’avec Ben Ali, on se frotte les mécaniques. J’ai écrit sur les animaux, ils m’ont dit : non. J’ai écrit sur les légumes, ils m’ont dit : non. J’ai écrit sur l’eau, ils m’ont dit : non. J’ai écrit sur le vent qui pousse le vent, ils m’ont dit : non. Alors, depuis douze ans, je n’ai plus écrit que sur Ben Ali. Ils m’ont cassé un bras, si bien qu’à Tunis, on m’appelle « Bras cassé », c’est mon surnom indien. Ils m’ont empêché de sortir du pays. Quand je me suis présenté à l’aéroport, le douanier a feuilleté mon passeport et a dit : « Où est la page 28 ? », qu’il venait de découper au cutter. Ils ont cassé ma vieille voiture que j’appelais « Smorda » (émeraude en arabe), avec, à l’intérieur, ma petite fille alors âgée de quatre mois, ce qui fait d’elle la plus jeune victime de Ben Ali. Ils m’ont empêché de sortir de Tunis, et bientôt de chez moi. Ils m’ont coupé le téléphone pendant deux ans, ils ont embêté toute ma famille. C’est alors que j’ai pensé devenir plus qu’un écrivain, un combattant. Et j’ai combattu avec une arme futuriste : un bouclier médiatique. Que réponds-tu à ceux qui disent : Ben Ali nous protège de l’islamisme radical ? Ben Ali a joué la carte de l’islamisme radical dans les années 1990 et il a réussi. Il les a terrassés en 1994. Maintenant, il dit : je suis celui qui a émancipé la femme tunisienne. Mais si l’époux de cette femme est humilié, s’il a sans cesse l’échine brisée, qu’importe à cette femme d’être émancipée ? En réalité, même les plus grands défenseurs de Ben Ali, ses inconditionnels, ne peuvent plus le défendre. Car il y a une tare qu’il ne peut plus cacher : il est au pouvoir depuis un quart de siècle. C’est « Ben à vie » comme je le surnomme. Ce n’est pas un pharaon, mais sa momie. C’est un Nosferatu, un Dracula, un zombie. Comment vois-tu la Tunisie du futur ? Ce que je vais dire ne relève pas du désespoir. Toutefois, il y a quelque chose qui ne pardonne pas, quelque chose d’aussi impératif que le fléau d’une balance, et c’est la géographie. La géographie tombe toujours juste. La Tunisie est un pays ancré dans un continent pauvre, retardataire, et politiquement préhistorique. Elle se situe dans une région où vivent les derniers patriarches, un club fermé de tyranneaux, le club des raïs arabes. Pensez-vous, mes amis, que la Tunisie, cette petite merguez entre les deux lèvres d’un grand casse-croûte, la Libye de Kadhafi et l’Algérie de Bouteflika, peut devenir démocratique ? En fait, vous voulez me faire gober qu’un pays du tiers-monde, africain et de surcroît arabo-musulman, peut devenir un Etat de droit ! Vous rêvez ou quoi ? On se prend pour John Lennon : « Imagine… » Imagine donc : la Tunisie aura une Assemblée élue démocratiquement et à sa tête un Président qui sera un Obama basané, moi par exemple… Mais qui va accepter un îlot démocratique au beau milieu du Reich ? Calmez-vous, mes amis… Et avec qui voulez-vous obtenir cette démocratie ? Nous ne disposons plus d’aucun contre-pouvoir : nous n’avons pas de parti d’opposition, pas de société civile, pas de syndicat, pas de presse, pas de cinéma, pas de théâtre, pas de poésie… L’âme du Tunisien a été brisée sur un récif d’acier. En vingt-cinq ans, Ben Ali n’a pas simplement muselé les esprits, il les a exterminés, gazés. La Tunisie aujourd’hui, c’est l’Hiroshima, l’Holocauste d’un rêve. 14 juillet 2010 – Arnaud Viviant 
(Source: Regards.fr le 14 juillet 2010) Lien:  http://www.regards.fr/article/?id=4519&q=category:1175#

 

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