TUNISNEWS
10 Úme année, N° 3706 du 16.07.2010
TTU Monde Arabe: Tunisie : Nominations stratĂ©giques LibertĂ© et EquitĂ©: Nouvelles des libertĂ©s en Tunisie LibertĂ© et EquitĂ©: Lettre de Mahfoudh Ben BĂ©chir Omar Ayari C.R.L.D.H.T: Le dossier du bassin minier de Gafsa n’est pas clos Agissons !! Tunisie Verte: CommuniquĂ© The Committee to Protect Journalists: CPJ calls for immediate release of Tunisian journalist AFP: Paris “prĂ©occupĂ©” par l’arrestation du journaliste tunisien Fahem Boukadous France24: Tunisie: le journaliste Boukadous incarcĂ©rĂ© Ă Gafsa, pourvoi en cassation El Watan: Tunisie : Ben Ali ne lĂąche pas les journalistes dissidents Arnaud Viviant : Ben Brik, le censurĂ©
TUNISIE : NOMINATIONS STRATĂGIQUES
Deux fidĂšles du prĂ©sident Ben Ali, Abderrahmane Haj Ali et Mohamed Ali Ganzoui, pourraient reprendre en main les services de sĂ©curitĂ© tunisiens. Le premier, ancien patron de la sĂ©curitĂ© prĂ©sidentielle, est ambassadeur Ă Nouakchott, en Mauritanie, depuis 2006. Selon des sources bien informĂ©es, il serait nommĂ©, Ă la rentrĂ©e, secrĂ©taire d’Etat Ă la sĂ»retĂ© nationale. Le deuxiĂšme Ă©tait dĂ©jĂ secrĂ©taire d’Etat, chargĂ© de la sĂ»retĂ©, auprĂšs du ministre de l’IntĂ©rieur. Mais en juin 2006, il a Ă©tĂ© nommĂ© ambassadeur de Tunisie Ă Malte, suite Ă l’affaire du yacht volĂ© au banquier français Bruno Roger, dans laquelle le gendre du prĂ©sident, Imed Trabelsi, a Ă©tĂ© impliquĂ©. Une nomination en forme de sanction, qui, selon certaines sources, aurait Ă©tĂ© commanditĂ©e par LeĂŻla Trabelsi, la premiĂšre dame tunisienne. Laquelle nâaurait pas apprĂ©ciĂ© le rĂŽle de Ganzoui dans cette affaire et notamment le rapport quâil aurait fait au prĂ©sident Ben Ali. Aujourdâhui, il pourrait ĂȘtre nommĂ© Ă la tĂȘte de la sĂ©curitĂ© prĂ©sidentielle Ă Carthage, avec le dĂ©part du gĂ©nĂ©ral Ali Seriati. Il y aurait, nĂ©anmoins, dâautres candidats Ă la fonction, notamment Adel Tiouiri ou encore Mohamed Boudriga, deux personnalitĂ©s proches de LeĂŻla Trabelsi. (Source: “TTU Monde Arabe” LETTRE HEBDOMADAIRE D’ INFORMATIONS STRATĂGIQUES 1 5 j u i l l e t 2 0 1 0 – n ° 6 5 6)
Demande tunisienne La DSCA (Defense Security Cooperation Agency) a notifiĂ©e au CongrĂšs amĂ©ricain une demande dâautorisation de vente FMS de douze hĂ©licoptĂšres multimissions Sikorsky SH-60F Seahawk, provenant des stocks de lâUS Navy, pour un montant de 282 millions de dollars.
(Source: “TTU Monde Arabe” LETTRE HEBDOMADAIRE D’ INFORMATIONS STRATĂGIQUES 1 5 j u i l l e t 2 0 1 0 – n ° 6 5 6)
Liberté pour le Docteur Sadok Chourou, le prisonnier des deux décennies Liberté pour tous les prisonniers politiques
LibertĂ© et EquitĂ© Organisation de droits de lâhomme indĂ©pendante 33 rue Mokhtar Atya, 1001, Tunis Tel/fax : 71 340 860 Liberte.equite@gmail.com Tunis, le 15 juillet 2010
Nouvelles des libertés en Tunisie
[âŠ] 2) Abderrazak Ounifi ne peut obtenir son bulletin n°3 Les services sĂ©curitaires refusent de dĂ©livrer Ă monsieur Abderrazak Ounifi son bulletin n°3 qui lui a Ă©tĂ© rĂ©clamĂ© par son employeur. [âŠ] Monsieur Ounifi a bĂ©nĂ©ficiĂ© dâun non lieu dans une affaire de collecte de fonds non autorisĂ©e en premiĂšre instance et en appel et il vit une situation sociale difficile du fait des pressions exercĂ©es sur lui par les services sĂ©curitaires ; 3) Confirmation de condamnation prononcĂ©e en premiĂšre instance contre monsieur Abdelkarim Ben Aziza La chambre correctionnelle de la Cour dâAppel de Tunis a confirmĂ© mercredi 14 juillet 2010 le jugement prononcĂ© en premier ressort contre monsieur Abdelkarim Ben Aziza, le condamnant Ă trois mois dâemprisonnement avec sursis [âŠ] Pour le bureau exĂ©cutif de lâOrganisation Le PrĂ©sident MaĂźtre Mohammed Nouri (traduction dâextraits ni revue ni corrigĂ©e par les auteurs de la version en arabe, LT)
LibertĂ© pour le Docteur Sadok Chourou, le prisonnier des deux dĂ©cennies LibertĂ© pour tous les prisonniers politiques LibertĂ© et EquitĂ© Organisation de droits de lâhomme indĂ©pendante 33 rue Mokhtar Atya, 1001, Tunis Tel/fax : 71 340 860 Liberte.equite@gmail.com Le courrier des opprimĂ©s Tunis le 13 juillet 2010 Â
De : Mahfoudh Ben BĂ©chir Omar Ayari
Je soussignĂ©, le citoyen tunisien Mahfoudh Ayari, dĂ©tenteur de la carte nationale dâidentitĂ© n°08141722, ex prisonnier politique condamnĂ© Ă cinq annĂ©es de contrĂŽle administratif, vous informe que je suis contraint Ă un Ă©margement quotidien au poste de police de la CitĂ© Najah, ce qui enfreint le dĂ©cret de contrĂŽle administratif, qui fixe seulement mon domicile et ne prĂ©voit pas dâĂ©margement, et pourtant je signe tous les jours. Jâai leur ai demandĂ© (Ă lâadministration de la suretĂ©) le 29 juin 2010 Ă me rendre au Kef oĂč rĂ©side ma fiancĂ©e afin de mâacquitter des formalitĂ©s du mariage qui est prĂ©vu pour bientĂŽt, mais ma demande a Ă©tĂ© refusĂ©e et on mâa promis quâon mây autoriserait la semaine suivante et pourtant ma demande a Ă©tĂ© refusĂ©e une seconde fois, le 7 juillet 2010, puis une troisiĂšme fois le 10 juillet. Aussi je demande Ă tous les dĂ©fenseurs des droits de lâhomme dâĂȘtre Ă mes cĂŽtĂ©s face Ă cette injustice qui me paralyse et mâempĂȘche de mener une vie normale. Organisation LibertĂ© et EquitĂ©   (traduction ni revue ni corrigĂ©e par les auteurs de la version en arabe, LT)
C.R.L.D.H.T
ComitĂ© pour le Respect des LibertĂ©s et des Droits de lâHomme en Tunisie
membre du RĂ©seau Euro-mĂ©diterranĂ©en des Droits de lâHomme
21ter rue Voltaire â FR-75011 PARIS  – Tel/Fax : 00.33.(0)1.43.72.97.34
contact@crldht.org / www.crldht.org
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LE 16 Juillet 2010
 AprÚs Hassen Ben Abdallah incarcéré depuis 26 avril 2010
  Fahem Boukaddous passe(sa premiÚre)nuit  à la prison de Gafsa.
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Le dossier du bassin minier de Gafsa n’est pas clos
Agissons !!
  Exigeons leur libération ! Ecrire :
Le Minitre des Affaires EtrangĂšres Kamel Morjane Avenue de la Ligue des Etats arabes Nord Hilton 1030 Tunis Tunisia Fax: +216 71 784 553 Â Â Email: mju@ministeres.tn Ministre de la Justice et des Droits de lâHomme
Lazhar Bououni Ministry of Justice and Human Rights 31 Boulevard Bab Benat 1006 Tunis – La Kasbah Tunisia Fax: +216 71 568 106 Email: mju@ministeres.tn
 Copie : au CRLDHT
21ter, rue Voltaire 75011 Paris
Email: contact@crldht.org
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Comité national de soutien aux Populations du Bassin Minier
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Information
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Le 16 juillet 2010
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MadameAfef Ben Naceur, Ă©pouse du journaliste Fahem Boukaddous, a pu rendre visite Ă son mari qui se trouve depuis hier Ă la prison civile de Gafsa, et ce, alors que lâadministration de la prison le lui avait refusĂ© dans un premier temps.
Madame Ben Naceur a affirmĂ© que lâĂ©tat de santĂ© de monsieur Boukaddous Ă©tait stable mais il Ă©tait inquiet car il partage sa cellule avec des prisonniers fumeurs, ce qui peut avoir des rĂ©percussions nĂ©gatives sur sa santĂ© puisquâil souffre dâasthme.
De mĂȘme, MaĂźtre Ridha Raddaoui a pu rencontrer monsieur Boukaddous aprĂšs avoir essuyĂ© un premier refus de lâadministration de la prison alors quâil avait une carte de visite.
MaĂźtre Raddaoui avait fait une requĂȘte aux fins dâannulation de lâexĂ©cution auprĂšs du procureur prĂšs de la Cour dâAppel de Gafsa, au nom de la commission de la dĂ©fense, avant que Boukaddous ne soit emprisonnĂ©, du fait des vices de procĂ©dure, tant au niveau de la PremiĂšre instance que de lâappel.[âŠ]
La demande dâannulation de lâexĂ©cution a Ă©tĂ© refusĂ©e au motif que monsieur Boukaddous avait Ă©tĂ© incarcĂ©rĂ©.
[âŠ]
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Le comité national de soutien aux populations du bassin minier
(traduction dâextraits ni revue ni corrigĂ©e par les auteurs de la version en arabe, LT)
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                                                                               Parti « Tunisie Verte »
NOTRE AMIÂ LE JOURNALISTE FAHEMÂ ĂCROUE
Hier, le jeudi 15 juillet 2010, madame AFEF BEN NACEUR nous a contactĂ© pour nous informer que son mari FAHEM a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© Ă la sortie de l’hĂŽpital Sahloul de Sousse et emmenĂ© directement Ă la prison civile de GAFSA oĂč il a Ă©tĂ© Ă©crouĂ©. Encore une fois nous exprimons notre grande inquiĂ©tude quant Ă lâĂ©volution de sa maladie en prison ou il risque dâavoir des complications graves. Ainsi malgrĂ©Â le soutien de la sociĂ©tĂ© civile en Tunisie et dans le monde pour sa libĂ©ration et mĂȘme les dĂ©clarations officielles des alliĂ©s du pouvoir (Etats-Unis et France) n’ont pas Ă©tĂ© entendus. Cette situation inquiĂ©tante du pays nous fait craindre le pire. Sans ĂȘtre trop alarmiste, nous voulons attirer l’attention des amis de notre pays que tout peut arriver. 1)     La montĂ©e en crĂ©neau et l’apparition ostentatoire de la vieille garde. 2)     Le remplissage mĂ©diatique de figures de personnalitĂ©s protocolaires n’est pas fortuit NOUS VOULONS CONNAITRE LA VĂRITĂ QUE SE PASSE-IL DANS LES ARCANES DU POUVOIR? Agissons pour sauver maintenant NOTRE AMI  FAHEM … C’EST LE PLUS IMPORTANT. En cette annĂ©e 2010 proclamĂ©e par le pouvoir “annĂ©e de la jeunesse” et en ces jours de fĂȘte nationale de la RĂPUBLIQUE, nous voulons une rĂ©elle ouverture politique. LIBERTE POUR FAHEM LIBERTE POUR TOUS LES PRISONNIERS POLITIQUES LIBĂRALISATION POLITIQUE DU PAYS RESPECT INTĂGRAL DE LA CONSTITUTION Abdelkader Zitouni Coordinateur National du parti « Tunisie Verte » Membre du Parti Vert EuropĂ©en, Membre de la fĂ©dĂ©ration des verts africains, Membre chargĂ© de la coordination des verts africains en Afrique du Nord. Membre de “Global Greens”. E- mail : tunisie.verte@gmail.com Tel : 00.216.98.510.596 Fax : 00.216.71.750.907
The Committee to Protect Journalists
CPJ calls for immediate release of Tunisian journalist
New York, July 15, 2010â
The Committee to Protect Journalists calls on the Tunisian authorities to immediately release Fahem Boukadous, a correspondent for the satellite television station Al-Hiwar al-Tunisi, and to overturn his four-year prison sentence. The Tunisian police arrested Boukadous today at Farhat Hached Hospital in Sousse. The journalist had been discharged Wednesday after being treated for respiratory problems, according to news reports. His wife told CPJ that he was arrested early this morning when he returned to the hospital to get a copy of his medical report. The arrest came after a July 6 court of appeals decision to sentence Boukadous to a four-year prison term on charges of âbelonging to a criminal associationâ and spreading materials âlikely to harm public order.” He was sentenced in connection with his coverage of violent labor protests in the Gafsa mining region in 2008. Boukadous could not attend the hearing; he was in the hospital because of asthma. He told CPJ last week that police had unsuccessfully pressured hospital officials to discharge him in time for the hearing. His lawyer, Ridha Raddaoui, called the hearing politically motivated. âWe hold the Tunisian authorities responsible for the welfare of Fahem Bouakdous. Our colleague is sick and should not be in prison,â said CPJ Deputy Director Robert Mahoney. âHis detention has all the hallmarks of a sustained campaign of harassment of a critical journalist. He must be freed immediately and his conviction overturned.â Raddaoui told CPJ that Boukadous is currently being held in Gafsa prison. “His life is in danger,” he said. Gafsa prison’s capacity is 300-350 prisoners and currently there are approximately 750 prisoners being held there, according to Raddaoui. “Most of the new prisoners sleep on the floor; his health condition does not allow that,” he said. He called for an international campaign to release Boukadous from prison.
Paris “prĂ©occupĂ©” par l’arrestation du journaliste tunisien Fahem Boukadous
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AFP: 16/07/2010 – 16:21 La France est “prĂ©occupĂ©e” par l’arrestation jeudi du journaliste tunisien Fahem Boukadous et rappelle son attachement Ă la libertĂ© d’expression et de la presse, a dĂ©clarĂ© vendredi le porte-parole du ministĂšre français des Affaires Ă©trangĂšres, Bernard Valero. “Je rappelle notre attachement Ă la libertĂ© d’expression et Ă la libertĂ© de la presse en Tunisie comme partout dans le monde. Dans ce contexte, nous sommes prĂ©occupĂ©s par cette arrestation. Nous suivons la situation de M. Boukadous, en particulier ses conditions de dĂ©tention qui doivent lui permettre de suivre son traitement mĂ©dical”, a-t-il dit en rĂ©ponse Ă une question sur cette affaire. Fahem Boukadous, 40 ans, a Ă©tĂ© condamnĂ© le 6 juillet en son absence Ă quatre ans de prison ferme par la cour d’appel de Gafsa (sud-ouest), alors qu’il Ă©tait hospitalisĂ© depuis le 3 juillet Ă Sousse (centre-est) pour des problĂšmes pulmonaires. Pour ses dĂ©fenseurs et des ONG, le journaliste a Ă©tĂ© puni pour la couverture de manifestations sociales survenues en 2008 dans la rĂ©gion miniĂšre de Gafsa (350 km de Tunis) pour le compte de la chaĂźne satellitaire Al-Hiwar Ettounsi (Le Dialogue Tunisien, dissidence). Il y a une semaine, les Etats-Unis s’Ă©taient Ă©levĂ©s contre le “dĂ©clin des libertĂ©s politiques, notamment les sĂ©vĂšres restrictions de la libertĂ© d’expression en Tunisie”. Jeudi, le Parti communiste français (PCF) avait “condamnĂ© fermement” l’arrestation du journaliste. Le gouvernement tunisien a rejetĂ© les critiques en dĂ©niant la qualitĂ© de journaliste Ă Fahem Boukadous.
Tunisie: le journaliste Boukadous incarcéré à Gafsa, pourvoi en cassation
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Le journaliste tunisien Fahem Boukadous a Ă©tĂ© incarcĂ©rĂ© Ă la prison de Gafsa (sud-ouest) pour purger une peine de quatre ans de prison, en attendant un pourvoi en cassation de son jugement, ont indiquĂ© vendredi son avocat et son Ă©pouse.  Le journaliste tunisien Fahem Boukadous a Ă©tĂ© incarcĂ©rĂ© Ă la prison de Gafsa (sud-ouest) pour purger une peine de quatre ans de prison, en attendant un pourvoi en cassation de son jugement, ont indiquĂ© vendredi son avocat et son Ă©pouse. “Avec quelque retard, nous avons fini par le rencontrer dans la prison de Gafsa, oĂč il a Ă©tĂ© assez bien traitĂ© par l’administration, qui lui avait fourni des mĂ©dicaments vitaux”, a dit Ă l’AFP Me Ridha Raddaoui. “Nous avons dĂ©cidĂ© d’aller en cassation, mais c’est sans illusions. Pour une affaire politique, le rĂšglement ne peut ĂȘtre que politique”, a-t-il ajoutĂ© par tĂ©lĂ©phone depuis Gafsa (350 km de Tunis). Afef Boukadous a indiquĂ© avoir Ă©tĂ© autorisĂ©e Ă rencontrer son mari et lui porter des vĂȘtements, de la nourriture et des mĂ©dicaments. Souffrant d’asthme chronique, Fahem Boukadous, 40 ans, a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© jeudi Ă Sousse (centre), au lendemain de sa sortie d’un hĂŽpital, oĂč il Ă©tait soignĂ© depuis le 3 juillet pour des problĂšmes pulmonaires. Il avait Ă©tĂ© condamnĂ© le 6 juillet par un tribunal d’appel en son absence pour “diffusion d’information susceptible de porter atteinte aux personnes et Ă leurs biens” et de “constitution d?une entente criminelle susceptible de porter atteinte aux personnes et aux biens”. Pour ses dĂ©fenseurs et des ONG, le journaliste a Ă©tĂ© puni pour la couverture des manifestations sociales survenues en 2008 dans la rĂ©gion miniĂšre de Gafsa (350 km de Tunis) pour le compte d’un canal satellitaire de la dissidence. Les autoritĂ©s tunisiennes lui dĂ©nient la qualitĂ© de journaliste, considĂšrent qu’il est impliquĂ© dans ces troubles et condamnĂ© pour “des infractions de droit commun sans rapport avec ses activitĂ©s journalistiques”. La condamnation de M. Boukadous, un ancien prisonnier et opposant de gauche auteur d’images exclusives sur des manifestations dans la rĂ©gion miniĂšre de Gafsa, a suscitĂ© des rĂ©actions gouvernementales et d’ONG de dĂ©fense de la libertĂ© de la presse Ă Washington et Ă Paris. Vendredi, la France s’est dite “prĂ©occupĂ©e” par son arrestation et dit “suivre la situation de M. Boukadous, en particulier ses conditions de dĂ©tention qui doivent lui permettre de suivre son traitement mĂ©dical”.
(Source: France24 le 16 juillet 2010 – 19H33)
Tunisie : Ben Ali ne lĂąche pas les journalistes dissidents
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Le journaliste Fahem Boukadous a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©, hier, par la police tunisienne. CondamnĂ© pour « entente criminelle » et « diffusion dâinformations de nature Ă troubler lâordre public », le rĂ©gime lui reproche la diffusion dâimages de manifestations sociales en Tunisie. « Fahem Boukadous a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© au lendemain de sa sortie de lâhĂŽpital de Sousse, oĂč il Ă©tait soignĂ© pour des problĂšmes respiratoires », alerte son avocate Radia Nasraoui. Il a Ă©tĂ© interpellĂ© Ă lâintĂ©rieur de lâhĂŽpital Farhat Hached, oĂč il Ă©tait retournĂ© chercher son dossier mĂ©dical, hier, en compagnie de son Ă©pouse, indique cette derniĂšre. Afef Boukadous a dit craindre pour la santĂ© de son mari asthmatique et tente de connaĂźtre le lieu de sa dĂ©tention pour lui remettre des mĂ©dicaments quâil nâavait « pas eu le temps dâemporter » au moment de son interpellation. Fahem Boukadous, 40 ans, est nettement moins connu que Taoufik Ben Brik. Il vit Ă Gafsa, dans le sud de la Tunisie. Sans lui, le monde et les Tunisiens nâauraient pas entendu parler de lâagitation sociale dans le bassin minier de Gafsa, au premier trimestre 2008. Boukadous en a rendu compte pour la chaĂźne indĂ©pendante Al Hiwar, diffusĂ©e un temps par satellite depuis lâEurope puis sur Internet. Câest lui qui a diffusĂ© les seules images connues des Ă©meutes contre les autoritĂ©s locales, car, Ă lâĂ©poque, la rĂ©gion Ă©tait totalement bouclĂ©e. RecherchĂ© au mĂȘme titre que les syndicalistes de la rĂ©gion, le journaliste a plongĂ© dans la clandestinitĂ© en juin 2008. La cible Au cours de cette pĂ©riode, il a Ă©tĂ© condamnĂ© par contumace Ă six ans de prison pour « association de malfaiteurs » et « diffusion dâinformations de nature Ă perturber lâordre public ». Une peine ramenĂ©e Ă quatre ans. Fin 2009, quand le pouvoir a graciĂ© les « agitateurs » de Gafsa encore en prison, Boukadous est sorti de la clandestinitĂ©. Il a Ă©tĂ© laissĂ© en libertĂ©, en attendant son procĂšs en appel, qui devait dĂ©buter Ă Gafsa. Fahem Boukadous a Ă©tĂ© condamnĂ© le 6 juillet en son absence Ă quatre ans de prison ferme par la cour dâappel de Gafsa (sud-ouest), alors quâil Ă©tait hospitalisĂ© depuis le 3 juillet Ă Sousse (centre-est) pour des problĂšmes pulmonaires. Pour ses dĂ©fenseurs et des ONG, le journaliste a Ă©tĂ© puni pour sa couverture des manifestations sociales, puni pour avoir montrĂ© au monde les seules images des Ă©meutes sociales dans un rĂ©gime oĂč tout est contrĂŽlĂ© par la censure officielle. Les autoritĂ©s tunisiennes dĂ©nient la qualitĂ© de journaliste Ă M. Boukadous et considĂšrent quâil est impliquĂ© dans ces troubles, assurant quâil a Ă©tĂ© condamnĂ© pour « des infractions de droit commun sans rapport avec ses activitĂ©s journalistiques ». TollĂ© Pour Tunis, il fait partie dâun « groupe criminel » ayant endommagĂ© des bĂątiments publics et privĂ©s, installĂ© des barrages routiers et causĂ© des « blessures sĂ©rieuses » Ă des officiers, notamment par des jets de cocktails Molotov. Le jugement de Fahem Boukadous a suscitĂ© plusieurs rĂ©actions hostiles au rĂ©gime tunisien. En Tunisie, le Parti dĂ©mocratique progressiste (lĂ©gal) sâest opposĂ© Ă son renvoi en prison et a demandĂ© lâannulation du verdict, Ă©galement dĂ©noncĂ© par des ONG de dĂ©fense des droits de lâhomme. A lâĂ©tranger, les Etats-Unis ont dit ĂȘtre « profondĂ©ment inquiets » quant au recul des libertĂ©s en Tunisie, et la France a affirmĂ© son attachement « Ă la libertĂ© dâexpression » dans ce pays maghrĂ©bin, suite Ă lâannonce du verdict. Pas de rĂ©action officielle en AlgĂ©rie⊠Pour Reporters sans frontiĂšres (RSF), la condamnation de M. Boukadous nâest quâun « cas de plus qui montre que le rĂ©gime tunisien se veut implacable avec les journalistes indĂ©pendants », qui subissent, selon lâorganisation de dĂ©fense de la presse, un « vĂ©ritable harcĂšlement au quotidien ». LâĂ©tat de santĂ© de Boukadous est Ă prendre au sĂ©rieux, il risque dâavoir une crise dâasthme Ă nâimporte quel moment. Quand on connaĂźt les conditions dures et parfois moyenĂągeuses des prisons tunisiennes, ses proches craignent pour sa vie, mais tentent aussi de rester optimistes, Ă lâimage de son avocate Radia Nasraoui : « Je refuse dâĂȘtre pessimiste. Il y a une trĂšs forte mobilisation pour Fahem Boukadous, en Tunisie et Ă lâĂ©tranger. Al Jazeera fait un sujet sur lui tous les jours. Les Etats-Unis et lâEurope ont pris position sur ce cas, on peut espĂ©rer quâil sera libĂ©rĂ© avant les quatre ans. En tout cas, on va continuer de batailler pour sa libĂ©ration et celle des autres dĂ©fenseurs des droits de lâhomme emprisonnĂ©s. » Par Ahmed Tazir
(Source: ElWatan (Quotidien – Algerie) le 16 juillet 2010)
International
Ben Brik, le censuré
Symbole de la censure en Tunisie, lâĂ©crivain et journaliste Taoufik Ben Brik, qui vient de passer six mois dans une « prison prĂ©historique », raconte comment il est devenu un combattant du verbe sous la dictature, plus ou moins soft, de Ben Ali. Il est en pleine forme. AprĂšs avoir passĂ© six mois dans un bagne une Ă©toile au pied de lâAtlas, Ă la suite dâun procĂšs qualifiĂ© dâinique et de politique par tous les observateurs, Taoufik Ben Brik, lâĂ©crivain, poĂšte et in fine journaliste tunisien, Ă©tait Ă Paris. ExfiltrĂ© de Tunisie le lendemain de sa libĂ©ration, le 27 avril, par un Ă©missaire de Reporters sans frontiĂšres, il a peaufinĂ© en France pendant une semaine sa stature dâopposant le plus mĂ©diatique au PrĂ©sident Ben Ali. Avant de sâen retourner courageusement au pays, Ben Brik, que Robert Fisk a qualifiĂ© un jour de « Maradona du journalisme » nous raconte qui il est, et ce en quoi il croit. Commençons par le commencement. Ton pĂšre fut, Ă Jerissa, une ville du nord-est de la Tunisie, le fondateur du premier syndicat de mineurs. Quel homme Ă©tait-il ?
Aucun de ses neuf enfants ne lui ressemble vĂ©ritablement. Existe-t-il un meilleur mot que « diplomate » pour dĂ©finir lâhomme que fut mon pĂšre ? Il savait approcher les hommes et laisser les hommes lâapprocher. Mon pĂšre Ă©tait, je crois, dâune bontĂ© rare. Alors quâil Ă©tait le notable dâune ville miniĂšre, les gens les plus proches de lui Ă©taient ceux quâon appelait les « jetables ». Tout ce que la terre lui rapportait, il le partageait avec une tribu dâintouchables qui nâavaient pas mĂȘme le droit de travailler dans les mines. Que retenir de lui ? Quâil a Ă©tĂ© sollicitĂ© par le grand syndicaliste Farhat Hached, qui finira assassinĂ©, pour fonder la section miniĂšre de lâUnion gĂ©nĂ©rale tunisienne du travail (UGTT), laquelle section comptait 3â500 membres. Mais avec lâavĂšnement de lâIndĂ©pendance et la volontĂ© de Bourguiba de conquĂ©rir toutes les oppositions, mon pĂšre nâavait plus sa place. Tant que les colons Ă©taient blancs, on pouvait sâopposer. Mais lorsquâils devinrent indigĂšnes, cela marqua la fin de lâopposition. Mon pĂšre a dĂ©laissĂ© la politique et le syndicalisme dix ans aprĂšs lâIndĂ©pendance en 1966. Jâavais six ans. En 1970, Bourguiba sâest arrĂȘtĂ© devant notre maison, et mon pĂšre et lui ont discutĂ© du tac au tac. En rĂ©alitĂ©, sous Bourguiba, nous Ă©tions dĂ©jĂ contre le systĂšme. A quel moment un des membres de ta famille a-t-il Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© pour la premiĂšre fois ? En 1978, lors de la grĂšve gĂ©nĂ©rale qui a fait 800 morts en Tunisie, et oĂč Ben Ali, qui Ă©tait alors directeur de la SĂ»retĂ© nationale, sâest fait connaĂźtre en donnant lâordre de tirer sur la foule, mon frĂšre Jalel a passĂ© deux jours en geĂŽle. Il avait 14 ans. Ce jour-lĂ , ma mĂšre a pris la grande photo de Bourguiba que nous possĂ©dions Ă la maison, et elle lâa mise dans le four berbĂšre oĂč lâon fait cuire le pain. Ce jour-lĂ , on a mangĂ© du pain Ă la Bourguiba ! Il faut savoir quâen 1978, tous les lycĂ©ens, tous les Ă©tudiants avaient une conscience politique. Tout ce que le marxisme a engendrĂ© comme courants Ă©tait reprĂ©sentĂ© : pas seulement des islamistes, mais aussi des guĂ©varistes, des maoĂŻstes, des zapatistes⊠En rĂ©alitĂ©, je suis le mouton noir de la famille, le seul Ă ne pas ĂȘtre trotskyste ! Mon frĂšre Jalel est devenu syndicaliste. Ma sĆur Najeb se prenait pour Rosa Luxembourg, mais elle a dĂ©sertĂ© le syndicalisme parce quâelle nâaimait pas lâodeur dâespadrilles des militants. Ma sĆur SaĂŻda dirige encore aujourdâhui un syndicat dâenseignants avec la poigne dâun vĂ©ritable Ben Ali ! Câest sans doute elle la plus proche de mon pĂšre. Toi, tu choisis lâĂ©criture comme arme. Oui, en arabe dâabord, car en français, je suis un exilĂ©. Mon pĂšre nâavait hĂ©ritĂ© de son pĂšre que dâune bibliothĂšque, des vieux livres jaunis, essentiellement des poĂštes suâuluk, les poĂštes guerriers exilĂ©s de la tribu, des sortes de samouraĂŻ sans shogun, sans maĂźtre, ou disons, qui nâavaient pour maĂźtre que lâĂ©tendue de leur dĂ©solation. Jâai commencĂ© Ă Ă©crire dans lâenfance. JâĂ©tais comme un Cyrano de Bergerac, jâĂ©crivais des lettres dâamour pour mes copains dâĂ©cole ⊠A 18 ans jâai Ă©tĂ© proclamĂ© poĂšte par lâun des plus grands poĂštes de lâArabie, Abdel Wahab Al-Bayati. Plus tard, quand je suis allĂ© Ă©tudier Ă Bagdad, ce fut sous le parrainage de Abderrazak Abdelwahed, qui avait obtenu le prix Pouchkine. Et je crois bien ĂȘtre le seul poĂšte dâAfrique du Nord Ă avoir Ă©tĂ© publiĂ© dans la revue littĂ©raire de lâimmense poĂšte palestinien Mahmoud Darwich. JâĂ©crivais sur la mine, sur les bars⊠AprĂšs Bagdad, jâai voyagĂ© : Istanbul, Damas, Chypre… Jâai fait de la contrebande, si bien que lorsque je reviens en Tunisie en 1980, je suis riche, jâai 150â000 dollars en poche. Cela va faire de moi le financier, Ă la facultĂ© de droit, de quinze mouvements dâextrĂȘme gauche ! Il faut dire que je suis parallĂšlement le tenancier de la salle 64 â une salle de jeu clandestin Ă lâintĂ©rieur de la fac. Tout cela va mal finir : avec mes amis, nous sommes un jour encerclĂ©s par les B.I.P, les Brigades dâintervention populaire (lâĂ©quivalent de vos CRS) : mes amis iront au bagne, dans le Sahara, tandis que je rĂ©ussis, grĂące Ă un ami de mon pĂšre, Ă quitter le pays pour le Canada, pour Ă©tudier le cinĂ©ma Ă la York University de Toronto. En fait, jâai passĂ© lĂ -bas deux annĂ©es Ă pleurer. Bibliographie Et maintenant, tu vas mâentendre, Ă©d. AloĂšs/Exils Ăditeur, 2000 Le rire de la baleine, Ă©d. Le Seuil, 2000 Une si douce dictature. Chroniques tunisiennes 1991-2000, Ă©d. La DĂ©couverte, 2001 Chronique du mouchard, Ă©d. La DĂ©couverte, Paris, 2001 – Ben Brik prĂ©sident suivi de Ben Avi la momie, Ă©d. Exils Ăditeur, 2003 The Plagieur, Ă©d. Exils Ăditeur, 2004 Tu nâes donc pas un politique⊠Je suis un analphabĂšte de la politique, je nây ai jamais rien compris. Dans Portrait de groupe avec dame, Heinrich Böll raconte que le poĂšte est tout en haut de la pyramide, et que les politiques sont tout en bas. Mais dans ce pays de merde quâest la Tunisie, vu le dĂ©sert, je dois faire le poĂšte, le journaliste, le romancier et le politique. Cela dit, sâil nây avait pas les poĂštes, qui se souviendrait de ces sombres Ă©mirs, vizirs et califes ? Et qui va se rappeler Ben Ali sans Taoufik Ben Brik ? Excusez-moi de me prendre pour moi par instants⊠Plus radicalement, est-ce quâĂȘtre contre le systĂšme câest faire de la politique ? Dans Vol au-dessus dâun nid de coucou, un Mac Murphy sait-il, quand il sâoppose Ă lâinfirmiĂšre en chef, quâil est en train de proposer un vĂ©ritable « programme Ă©lectoral » ? Non. Il fait le mouvement. Et ce mouvement, pour moi, câest la vĂ©ritable politique. Justement, en 2000, tu fais le mouvement, en entamant une spectaculaire grĂšve de la faim. Pourquoi ? Cela fait un quart de siĂšcle quâavec Ben Ali, on se frotte les mĂ©caniques. Jâai Ă©crit sur les animaux, ils mâont dit : non. Jâai Ă©crit sur les lĂ©gumes, ils mâont dit : non. Jâai Ă©crit sur lâeau, ils mâont dit : non. Jâai Ă©crit sur le vent qui pousse le vent, ils mâont dit : non. Alors, depuis douze ans, je nâai plus Ă©crit que sur Ben Ali. Ils mâont cassĂ© un bras, si bien quâĂ Tunis, on mâappelle « Bras cassĂ© », câest mon surnom indien. Ils mâont empĂȘchĂ© de sortir du pays. Quand je me suis prĂ©sentĂ© Ă lâaĂ©roport, le douanier a feuilletĂ© mon passeport et a dit : « OĂč est la page 28 ? », quâil venait de dĂ©couper au cutter. Ils ont cassĂ© ma vieille voiture que jâappelais « Smorda » (Ă©meraude en arabe), avec, Ă lâintĂ©rieur, ma petite fille alors ĂągĂ©e de quatre mois, ce qui fait dâelle la plus jeune victime de Ben Ali. Ils mâont empĂȘchĂ© de sortir de Tunis, et bientĂŽt de chez moi. Ils mâont coupĂ© le tĂ©lĂ©phone pendant deux ans, ils ont embĂȘtĂ© toute ma famille. Câest alors que jâai pensĂ© devenir plus quâun Ă©crivain, un combattant. Et jâai combattu avec une arme futuriste : un bouclier mĂ©diatique. Que rĂ©ponds-tu Ă ceux qui disent : Ben Ali nous protĂšge de lâislamisme radical ? Ben Ali a jouĂ© la carte de lâislamisme radical dans les annĂ©es 1990 et il a rĂ©ussi. Il les a terrassĂ©s en 1994. Maintenant, il dit : je suis celui qui a Ă©mancipĂ© la femme tunisienne. Mais si lâĂ©poux de cette femme est humiliĂ©, sâil a sans cesse lâĂ©chine brisĂ©e, quâimporte Ă cette femme dâĂȘtre Ă©mancipĂ©e ? En rĂ©alitĂ©, mĂȘme les plus grands dĂ©fenseurs de Ben Ali, ses inconditionnels, ne peuvent plus le dĂ©fendre. Car il y a une tare quâil ne peut plus cacher : il est au pouvoir depuis un quart de siĂšcle. Câest « Ben Ă vie » comme je le surnomme. Ce nâest pas un pharaon, mais sa momie. Câest un Nosferatu, un Dracula, un zombie. Comment vois-tu la Tunisie du futur ? Ce que je vais dire ne relĂšve pas du dĂ©sespoir. Toutefois, il y a quelque chose qui ne pardonne pas, quelque chose dâaussi impĂ©ratif que le flĂ©au dâune balance, et câest la gĂ©ographie. La gĂ©ographie tombe toujours juste. La Tunisie est un pays ancrĂ© dans un continent pauvre, retardataire, et politiquement prĂ©historique. Elle se situe dans une rĂ©gion oĂč vivent les derniers patriarches, un club fermĂ© de tyranneaux, le club des raĂŻs arabes. Pensez-vous, mes amis, que la Tunisie, cette petite merguez entre les deux lĂšvres dâun grand casse-croĂ»te, la Libye de Kadhafi et lâAlgĂ©rie de Bouteflika, peut devenir dĂ©mocratique ? En fait, vous voulez me faire gober quâun pays du tiers-monde, africain et de surcroĂźt arabo-musulman, peut devenir un Etat de droit ! Vous rĂȘvez ou quoi ? On se prend pour John Lennon : « Imagine⊠» Imagine donc : la Tunisie aura une AssemblĂ©e Ă©lue dĂ©mocratiquement et Ă sa tĂȘte un PrĂ©sident qui sera un Obama basanĂ©, moi par exemple⊠Mais qui va accepter un Ăźlot dĂ©mocratique au beau milieu du Reich ? Calmez-vous, mes amis⊠Et avec qui voulez-vous obtenir cette dĂ©mocratie ? Nous ne disposons plus dâaucun contre-pouvoir : nous nâavons pas de parti dâopposition, pas de sociĂ©tĂ© civile, pas de syndicat, pas de presse, pas de cinĂ©ma, pas de thĂ©Ăątre, pas de poĂ©sie⊠LâĂąme du Tunisien a Ă©tĂ© brisĂ©e sur un rĂ©cif dâacier. En vingt-cinq ans, Ben Ali nâa pas simplement muselĂ© les esprits, il les a exterminĂ©s, gazĂ©s. La Tunisie aujourdâhui, câest lâHiroshima, lâHolocauste dâun rĂȘve. 14 juillet 2010 – Arnaud ViviantÂ