UPI: Detainee transfers concern U.S. senators The Washington Post:Detainee Transfers Concern Senators CNLT: Nouveaux harcèlements contre maître Ayadi Arab Press Network; Dévergonder la Presse est le Propre de Ben Ali Arab Press Network: Fonds d’Entraide pour Prisonniers d’Opinion Saloua Charfi: La rhétorique de l’affrontement dans les médias PANA: Tunisie: Situation des étrangers Kamerun Scoop: famille dati : entre ors et trous de la republique
LA PRATIQUE DE LA TORTURE EN TUNISIE PREOCCUPE HUIT PARLEMENTAIRES AMERICAINS !!
Pour la 1ére fois, 6 éminents sénateurs américains parlent ouvertement dans une lettre commune adressée le 13 juillet 2007 à Condoleeza RICE de la pratique de la torture en Tunisie
(Et 2 autres membres du congrès américain parlent du même sujet dans 2 lettres envoyées séparément à C. Rice)
Published: July 14, 2007 at 3:24 PM
Detainee transfers concern U.S. senators
WASHINGTON, July 14 (UPI) — A growing number of Democratic U.S. senators fear detainees at Guantanamo Bay, Cuba, may be transferred to countries where they might be tortured.
The concern comes as discussions accelerate about closing the U.S. military detention facility at Guantanamo, The Washington Post reported Saturday.
In a letter Friday to Secretary of State Condoleezza Rice, the six senators said they opposed sending the detainees to nations with shoddy human rights records, such as Libya and Tunisia.
The senators said the current policy of obtaining diplomatic assurances the detainees will be treated lawfully is not enough and called for an independent review process of future transfers.
The letter was signed by Sens. Richard J. Durbin and Barack Obama, both of Illinois, Edward M. Kennedy of Massachusetts, Patrick J. Leahy of Vermont, Russell Feingold of Wisconsin and Sheldon Whitehouse of Rhode Island.
An estimated 375 detainees remain at Guantanamo.
(Source: une dépêche de l’agence de presse UPI, le 14 juillet 2007)
Lien : http://www.upi.com
Voici le texte de l’article du Washington Post (du 14 juillet 2007) qui cite des extraits de la lettre adressée par les 6 sénateurs à la ministre des affaires étrangéres Condoleeza Rice
Detainee Transfers Concern Senators
By Josh White
Washington Post Staff Writer Saturday, July 14, 2007; Page A11
As the Bush administration accelerates discussions about closing the U.S. military detention facility at Guantanamo Bay, Cuba, a growing chorus of Democrats on Capitol Hill is imploring the State Department not to transfer detainees to countries that may torture them.
In a letter to Secretary of State Condoleezza Rice yesterday, six senators expressed “grave concern” that detainees at Guantanamo Bay will be sent to countries where they have a credible concern of mistreatment upon their arrival. The senators cited recent transfers of detainees to nations with shoddy human rights records, such as Libya and Tunisia.
|
|
Led by Sen. Richard J. Durbin (D-Ill.), the majority whip, the senators wrote that the current policy of obtaining diplomatic assurances that the detainees will be treated lawfully is not enough. They called on the administration to develop an independent review process.
“It is vitally important that the United States stand by its legal obligations not to render individuals to countries where they likely will be tortured,” Durbin wrote in a letter also signed by Sens. Edward M. Kennedy (Mass.), Barack Obama (Ill.), Patrick J. Leahy (Vt.), Russell Feingold (Wis.) and Sheldon Whitehouse (R.I.).
“That outcome would make the Guantanamo process even worse in the eyes of the world,” Durbin added in an interview.
There are approximately 375 detainees at Guantanamo. U.S. officials have said there are about 80 or so whom the government would like to repatriate if it can obtain assurances that the countries will not mistreat them. No third country has accepted a Guantanamo detainee who has been deemed an enemy combatant.
Such considerations are complicating discussions about closing Guantanamo, senior administration officials said. Also at issue is how to bring remaining detainees to the United States for trial or continued detention and how to deal with detainees in the United States should they win their release in U.S. courts.
Jennifer Daskal, senior counterterrorism counsel at Human Rights Watch, yesterday called for independent oversight of the State Department transfer process and a way to enforce diplomatic assurances about repatriated detainees. “It’s absolutely essential that the detainees are not sent to a fate that is worse than Guantanamo in an effort to clean out Guantanamo,” she said.
Despite assurances, a detainee who was transferred to Tunisia last month said through his attorney that he was beaten and threatened with rape upon his arrival.
Abdullah bin Omar, who was released to the Tunisian government in June with another detainee, told his attorney that, in the state security center, “one of the officers began to slap him and threatened him with rape and threatened to bring his family and insulted and cursed him and threatened to rape his wife,” according to a written statement from the lawyer, Samir ben Amor, provided to The Washington Post by Human Rights Watch.
Reps. Edward J. Markey (D-Mass.) and Jan Schakowsky (D-Ill.) sent letters to Rice this week asking for clarification of State Department policies regarding the transfer of detainees, and expressing concern about Omar as well as Lufti bin Swei Lagha, another former Guantanamo detainee now held in Tunisia.
“While I believe that the United States should shut down Guantanamo Bay prison,” Schakowsky wrote, “I also feel that we have a responsibility to ensure that when we transfer prisoners, we take proper measures to ensure that their human rights are protected.”
(Source: “The Washington Post” (Quotidien américain), le 14 juillet 2007)
Lien : http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2007/07/13/AR2007071301892.html
Les sites web officiels des 6 sénateurs américains qui ont signé la lettre commune à Mme Rice :
Les sites web officiels des 2 membres du congrès américain qui ont envoyé 2 lettres séparées à Mme Rice :
http://www.house.gov/schakowsky/
CONSEIL NATIONAL POUR LES LIBERTES EN TUNISIE Tunis le 15 juillet 2007 Nouveaux harcèlements contre maître Ayadi
Liberté de la Presse: Dévergonder la Presse est le Propre de Ben Ali
Entretien avec Omar Mestiri, un homme qui a beaucoup à dire sur la Tunisie, la pression et la répression qu’y subit la presse libre.
Le Cap, Afrique du Sud, à la veille du 60ème Congrès Mondial des Journaux. Le Word Editors Forum, structure regroupant les rédacteurs en chef au sein de l’Association Mondiale des Journaux (AMJ) qui tient en parallèle sa 14ème conférence, organise un cocktail dans une des salles du Convention Centre. Une occasion de rencontrer ceux dont on ne connaît que le nom et les écrits. Reste donc à scruter les badges où sont inscrits le nom, l’entreprise et le pays de celui ou de celle qui le porte. Sur l’un de ces petits sésames que les participants arborent autour du cou, on lit Tunisie. « Mais ce pays ne figurait pourtant pas sur la liste des participants », s’interroge-t-on tout haut. « C’est que j’ai été inscrit sous pavillon allemand », répond… Omar Mestiri, directeur de publication de Kalima. «Nous ne rendrons jamais assez grâce à l’AMJ d’avoir exclu l’association des journaux tunisiens », poursuit cet homme qui en a beaucoup à dire sur la Tunisie, la pression et la répression qu’y subit la presse libre. S’il vit aujourd’hui à Hambourg, en Allemagne, dans une vie antérieure, Omar Mestiri dirigeait une société de production de semences en Tunisie. « C’était une entreprise phare du secteur », confie-t-il. Il se trouve que Mestiri est aussi un fervent militant des droits de l’homme. « En 1999, j’étais Secrétaire Général du Conseil National pour les Libertés en Tunisie (CNLT) et l’on venait de publier un rapport sur les failles du système électoral tunisien. J’ai alors reçu une inculpation pour divers crimes, dont la diffusion de fausses nouvelles. Le juge d’instruction m’a interdit de quitter le district de Tunis prétendument pour m’empêcher de mener mes « activités criminelles ». Mes avocats lui ont fait remarqué que ces prétendues activités criminelles, qui consistaient notamment à suivre les procès d’opinion, se déroulaient précisément à Tunis. Cette mesure n’allait donc pas y mettre fin. En réalité, le but était de m’empêcher de me rendre à mon travail, à une soixantaine de kilomètres de Tunis, car l’une des méthodes du régime tunisien est d’étrangler les activistes par tous les moyens, y compris en les acculant professionnellement et financièrement », explique-t-il.
Quelques mois après ce procès, le président tunisien Ben Ali est élu à l’issue d’un scrutin contesté pour un troisième mandat. « Nous sommes alors en novembre 1999 et la Tunisie venait de connaître une décennie noire de terreur et de répression», rappelle Mestiri. « La presse tunisienne avait été littéralement massacrée. On n’avait certes pas à déplorer la mort de journalistes comme en Algérie mais les pratiques étaient complètement dévergondées. Les journalistes étaient formatés par les services de sécurité et les directeurs de publication faxaient leurs papiers avant de les publier. Résultat : une presse lamentable qui relayait un discours unique. Les meilleurs plumes avaient quitté la scène médiatique et s’étaient reconvertis », poursuit-il. La situation de la presse tunisienne est telle que même le président Ben Ali concède qu’elle laisse à désirer… en prenant bien soin de mettre cet état de fait sur le dos de journalistes adeptes de l’autocensure ! Ce « discours scandaleux », la journaliste Sihem Bensedrine (épouse d’Omar Mestiri) le prend au mot. Dès le lendemain, elle diffuse un communiqué où elle s’engage à créer un journal qui ne pratiquera jamais l’autocensure.
C’est ainsi que l’acte de naissance de Kalima est déposé le 16 novembre 1999 au ministère de l’intérieur puisque telle est la procédure en Tunisie. « Sauf que cette façon de faire s’avère pernicieuse car il faut détenir un récépissé de cette déclaration pour pouvoir imprimer. Or le ministère de l’intérieur nous l’a refusé et il nous était donc impossible de procéder à l’impression», explique Omar Mestiri. Confronté à ce refus, les fondateurs de Kalima, convaincus que « dans ce genre de système, la meilleure façon de défendre son droit,c’est de l’exercer », profitent alors d’un vide juridique pour lancer Kalima sur le net. C’est ainsi que le premier journal tunisien ayant pignon sur Web voit le jour grâce au soutien de Reporters Sans Frontières au cours de l’année 2000. La ligne éditoriale de Kalima repose sur deux principes de base : l’ouverture et l’indépendance. « Le propre du régime de Ben Ali c’est de dévergonder la presse et de lui faire renier ses principes », signale Mestiri et nous, nous proposons une autre école. Outre Sihem Bensedrine qui en assure la rédaction en chef, de nombreuses plumes connues pour leur intransigeance collaborent à Kalima. Citons notamment Taoufik Benbrik, très médiatisé depuis sa grève de la faim, ou Oum Ziad dont la notoriété est certes moindre mais pas le talent. « En 1988, elle travaillait pour le journal El Ray, un symbole de la presse indépendante en Tunisie. Dans un de ses papiers, Oum Ziad avait mis en doute le discours de Ben Ali qui promettait monts et merveilles et la démocratisation à la clé. Elle estimait que les qualités et le passé du président ne l’habilitaient pas à concrétiser ses promesses. Le journal fut saisi et ce fut la fin d’El Ray. Oum Ziad n’a plus écrit une ligne… jusqu’à ce que Kalima republie son article pour rafraîchir la mémoire des Tunisiens. La republication de ce papier lui a donné envie de reprendre sa plume après une dizaine d’années d’abstinence et aujourd’hui elle est l’un des piliers de notre journal », raconte-t-il. Paradoxalement, si la plupart des contributeurs de Kalima vivent à Tunis, où ils disposent d’un bureau, leurs articles ne sont pas accessibles dans leur pays. Le site étant bloqué depuis sa création sauf pour les plus astucieux qui savent recourir aux Proxy et autres outils techniques permettant de contourner la censure. Pour être malgré tout lu des Tunisiens, l’équipe de Kalima imprime et distribue en toute illégalité des samizdats offrant le même contenu que le journal en ligne. Et toujours pour faire fi des ciseaux d’Anastasie, les articles sont également diffusés via un bulletin d’information électronique. Kalima n’est pas la seule publication tunisienne à écrire des vérités qui fâchent le pouvoir. « Le gouvernement admet quelques journaux d’opposition comme les hebdomadaires El Mawkif et Mouwatinoun ainsi que le mensuel El Tarik El Jadid», précise Mestiri. « Ayant fait l’objet de saisies pendant les années noires, ils sont aujourd’hui tolérés mais mal distribués. Le pouvoir sait que leur diffusion est assez limitée. Seule une marge d’intellectuels tunisiens est abonnée et le régime fait en sorte que le lectorat en reste là. Ces titres sont assez libres et très critiques sur le plan politique et la question des droits de l’homme. La ligne rouge qu’ils ne franchissent pas est la corruption. A la différence de Kalima qui cite les affaires et les proches du président qui y sont impliqués », commente Mestiri. « Il y a certes une prise de parole indéniable au sein de la société depuis le début de cette décennie. Il y a eu des actes de défi », poursuit-il. Il estime que le régime a même été déstabilisé mais qu’il s’est rapidement réadapté à cette audace. « Aujourd’hui, le pouvoir ne cherche plus à intimider mais à cantonner et cloisonner cette revendication et à en restreindre l’impact. Les dissidents sont mis dans une cage et exclus de la société. Une manière pour le régime en place de prouver leur échec, leur stérilité et leur impuissance. Par ailleurs avec l’alibi de la coopération dans le cadre de la lutte anti-terroriste depuis le 11 septembre, la communauté internationale n’exerce plus aucune pression, » regrette le directeur de Kalima. Mais cette pseudo liberté concédée à ces titres au tirage confidentiel n’est certes pas un signe de bon augure. Et d’ailleurs, il ne se passe pas une semaine en Tunisie sans que la plus petite lueur d’espoir finisse par s’éteindre. Dernier incident en date ? L’encerclement depuis plusieurs semaines des locaux de Kalima à Tunis et l’agression d’une série de collaborateurs du journal (voir article d’APN et communiqué de l’AMJ (en anglais)). C’est précisément pour cette raison que Sihem Bensedrine et Omar Mestiri vivent depuis quelques années en Allemagne. « La fondation hambourgeoise de soutien aux persécutés politiques nous a offert l’opportunité de séjourner en Allemagne et nous avons accepter pour contourner l’encerclement et le harcèlement que nous subissons en Tunisie », explique Mestiri qui insiste que pour autant, lui-même et son épouse, restent connectés à la situation de leur pays où ils se rendent régulièrement. Comment y sont-ils accueillis ? « A l’aéroport, nous avons droit à une fouille sévère. Nos documents sont confisqués ce qui est désuet car à l’heure du numérique que signifie de confisquer des documents ? Reste que c’est l’occasion pour nous de provoquer un petit scandale en déclarant haut et fort qu’il s’agit là d’un travail de policier et non de douanier. Nous disons aux douaniers de surveiller plutôt les valises de ceux proches du pouvoir. Ils sont alors intimidés et ne se sentent pas très fiers. On essaye de gagner la bataille morale», raconte Mestiri. Aussi répressif que soit le climat, la contestation ne se laisse pas étouffer. Il arrive plutôt qu’elle prenne d’effrayantes tournures. « Aujourd’hui, plusieurs milliers de Tunisiens sont tentés par le salafisme parce qu’ils ne supportent plus de rester dans la marge qu’on leur propose. Cette tendance est sous-estimée alors qu’elle est porteuse de grosses menaces », prévient Mestiri. Et dans un tel contexte le combat de Kalima et les valeurs qu’il véhicule n’en deviennent que plus importants. « Je pense que la bataille de l’information est la bataille majeure. Et notre défi aujourd’hui est d’avoir des moyens de communication qui nous permettent d’atteindre les Tunisiens et de les inciter à réclamer leur citoyenneté. Nous pensons y contribuer en lançant une radio d’ici à la fin de l’année. On espère que d’autres nous emboîteront le pas et qu’ainsi nous pourrons avoir le dessus », conclut Mestiri.
(Source : Arab Press Network, le 13 juillet 2007)
Fonds d’Entraide pour Prisonniers d’Opinion
Mise au point
M Jamel Arfaoui, correspondant du site américain Maghraébia, vient d’illustrer à merveille la pratique médiatique douteuse de l’administration américaine en ne transmettant de mon intervention au cours de la conférence de Dar Assabah que ce qui sied à la politique médiatique de Bush et ses faucons qui ne reconnaissent pas le principe de l’équilibre dans leur discours aussi bien guerrier que politique ou médiatique.
Saloua charfi
Voici le texte intégral de l’ intervention de Mme Charfi à la Table ronde de Dar Assabah intitulée «Le rôle des médias dans la lutte contre le terrorisme» Organisée par DEFI Médias, en collaboration avec le MEPI à Tunis le 12 juillet 2007.
La rhétorique de l’affrontement dans les médias
Saloua Charfi
Maître de conférences Institut de presse et des sciences de l’information. Université de la Manouba. Tunis
Les médias contribuent-ils à la formation d’une culture de la haine, du rejet de l’autre et de l’affrontement, autrement dit du développement du terrorisme ?
Des études théoriques et empiriques ont démontré que :
– L’amour et la haine, le rejet et l’intégration, bref tout ce qui relève du domaine des sentiments est beaucoup plus le fruit des représentations et du discours que des faits.
– Les médias constituent de nos jours le principal moyen de la formation des représentations et de leur propagation.
– La production des médias tend à être de plus en plus idéologique que factuelle
Ceci nous permet de supposer que les médias peuvent avoir un rôle important dans la formation d’une culture de l’affrontement comme celle de la paix.
Notre suivi et observation de la production médiatique, aussi bien arabe qu’occidentale, démontre que certaines opinions émises et même certaines informations, représentent beaucoup plus les pouvoirs, qu’ils soient politiques, financiers ou idéologiques, que l’opinion publique. Ceci fait des médias un relais de l’agenda de ces forces qui s’affrontent.
Cette intervention se propose donc de décrire les mécanismes responsables de cette déviation qui donne un coup de canif dans le contrat de communication régissant le rapport entre émetteur et récepteur, en dénaturant la fonction première des médias, à savoir celle d’informer et d’aider l’opinion publique à se faire sa propre opinion.
Du terrorisme médiatique
Si nous nous accordons sur le fait que le terrorisme es l’acte d’attaquer des civils, nous pouvons dire qu’aussi bien Oussama Ben Laden que le Président américain G W Bush sont des terroristes, et que par conséquent tout média qui véhicule leur agenda et les soutient fait l’apologie du terrorisme et participe par sa rhétorique à la propagation de la culture de l’affrontement.
Il faut cependant noter que le succès de cette rhétorique ou parole, ne peut être exclusivement du à la seule force du mot. Pour convaincre et persuader, une part de vérité est nécessaire. Cette vérité est celle des crimes et injustices commises par celui qui est montré du doigt comme étant un ennemi.
Aux USA la rhétorique et les images sur la tragédie du 11 septembre, suffisent à pousser l’opinion à demander que justice soit faite sur le principe d’œil pour œil dent pour dent, et tant pis si l’Irak n’a rien à voir dans cet acte d’agression. Ne sont-ils pas tous des arabes, des musulmans et des dictateurs, autant de maux susceptibles d’en faire des ennemis ?
Côté arabe, les USA ne soutiennent ils pas aveuglément et inlassablement Israël et n’ont-ils pas attaqué l’Irak en se basant sur un tissus de mensonges ?
Une vision, mais aussi une réalité, qui a débouché sur un discours médiatique manichéiste, d’un monde déchiffré à travers des grilles de lecture trop simplificatrices pour éclairer sa complexité. Un discours basé sur la sanctification de soi et la diabolisation de l’autre, que l’on peut résumer en paraphrasant la célèbre phrase de J.P.Sartre : « l’enfer c’est l’autre » et plus particulièrement l’histoire religieuse de l’autre.
Ainsi, au lieu de proposer des messages de paix, certains médias offrent des prétextes pour les conflits.
Ce discours fait finalement le jeu de certains courants politiques extrémistes aussi bien en Occident que dans le monde arabe et musulman.
Des extrémistes qui ont fait de l’hostilité aux musulmans ou à l’Occident un facteur d’identité, occupent sur les petits écrans et les colonnes des journaux plus de place que les préoccupations du publique.
Dans ce genre d’approche, l’opinion publique est pratiquement marginalisée. Deux indices confirment nos conclusions :
1) Dans le débat d’opinion, la dynamique du discours médiatique tend de plus en plus vers la radicalisation plutôt que vers la modération. L’opinion est appelée à juger plus qu’à choisir. La question type qu’on lui pose est principalement connotée de façon moraliste en opposant le bien au mal, le vrai au faux. Il s’agit donc de porter un jugement global, en termes de valeurs, plutôt que de choisir.
Le débat est ainsi mis en sourdine. C’est une démarche qui cherche à éliminer la différence pour se replier sur la ressemblance, à arracher un consensus par l’adhésion à une idée plus que par l’évaluation d’un fait.
2) Le discours médiatique est également en train de produire une image idéologique de soi et de l’autre, ce qui est de nature à altérer les relations humaines à l’échelle internationale.
Le jeu très sophistiqué et pernicieux des médias, empêche le récepteur d’avoir conscience de l’économie réductrice de l’image, de son caractère relatif et du fait que les attributs de la personnalité de l’autre n’émanent pas de son essence humaine.
Ainsi, dans certains débats, on ne craint ni contradiction ni ridicule. Dans leur propagande menée contre la France et sa culture, en raison de l’opposition française au projet de guerre américain contre l’Irak, l’accusation la plus grave portée par les médias américains contre le candidat aux présidentielles John Kerry, consistait à dire qu’il avait un look français.
De telles manipulations font flamber les conflits culturels au lieu de les résorber.
Le pouvoir des mots ou quand dire c’est faire
Est-il déontologiquement et professionnellement correcte pour un média d’offrir régulièrement l’antenne à une personne comme Ben Laden qui ne fait qu’appeler à l’assassinat pour crime de différence religieuse, comme l’a fait à maintes reprises la chaîne d’information qatarie EL Jazeera ?
Lorsque l’on sait que cet homme utilise déjà Internet, et lorsque l’on prend connaissance de la nature de ce qu’il propage sur la toile, l’on est en droit de se demander si ce que présente El Jazeera entre dans le cadre de l’information et de l’opinion ou bien dans celui du délit et si ce média est un moyen d’information ou le complice de ceux qui appellent au crime ?
Gabriel Wilmann, le spécialiste du terrorisme international, affirme dans son rapport sur l’instrumentalisation de la toile par les terroristes, que les membres dirigeants de l’organisation de la Qaida ont essentiellement utilisé Internet pour la planification des attentats du 11 septembre.
Au jour d’aujourd’hui, il suffit de taper les mots « sites jihadistes » sur le moteur de recherche « Google » pour être en contact direct avec des dizaines de sites répertoriés par ordre géographique : el Jazeera, bilad eshem, bilad errafidin…
Sur la page d’accueil du site qui porte le nom de « Le groupe des jihadistes en ligne » on recrute.
Une annonce exhorte ceux qui désirent accomplir leur devoir de jihad électronique à les rejoindre. « Il suffit, précise l’annonce, d’avoir une âme jihadiste, une expérience technique et de disposer d’un ordinateur»
Le rôle du jihadiste en ligne consiste à attaquer les sites électroniques des ennemis.
Cependant, le rôle de ces sites ne se limite pas au jihad virtuel, sa fonction principale est l’endoctrinement par le biais d’un discours d’influence et de persuasion, en utilisant comme argument les versets du coran les plus meurtriers et en se basant sur le registre sentimental. Les sites utilisent aussi des techniques visuelles et auditives très performantes destinées à renforcer le discours sentimental. Un des slogans annonce clairement que « la nation qui maîtrise la technique de la mort est une nation qui mérite la vie »
“الأمة التي تجيد صناعة الموت تستحق أن توهب لها الحياة”
En outre, la formation des jihadistes sur ces sites constitue le volet le plus dangereux. On les forme à la technique de la guérilla et on leur apprend à fabriquer des mines, des explosifs, des poisons et à se familiariser avec les armes.
El Jazeera ne soutient pas exclusivement Ben Laden mais d’autres personnages qui lui ressemblent.
Le 14 aout 2006, au lendemain du cessez le feu entre Israël et le Hizbollah, et alors que les Libanais ramassaient encore leurs morts, la chaîne el Jazeera n’a pas trouvé mieux que d’attiser les tensions entre les communautés et entre le gouvernement et l’opposition, en choisissant au cours d’une émission micro trottoir, de donner exclusivement la parole aux alliés du Hezbollah et à leur poser des questions dirigées. Ces questions tendaient à leur faire dire que le gouvernement était à la solde de l’ennemi et qu’il fallait par conséquent qu’il démissionne de grès ou de force. Nous avions à ce moment là prévenu dans un article, qu’il s’agit de la première étincelle de la guerre civile et du signal donné à une nouvelle cohorte d’attentats.
Et encore, récemment, M Yasser Abdrabbou, le secrétaire général du comité exécutif de l’OLP, a dénoncé avec vigueur, l’impartialité d’El Jazeera dans sa couverture du conflit armée opposant Hamas au Fatah au détriment de celui-ci. (Journal El Hayyet du 18 juin 2007)
Les médias américains n’ont pas fait moins au cours de la couverture des événements ultérieurs et postérieurs à la guerre menée par les USA contre l’Irak. Une guerre qui a pourtant fait fi de la légalité internationale et qui s’est basée sur des arguments mensongers, donc un acte de terrorisme d’Etat.
A la veille de l’invasion de l’Irak ces médias ont relayés sans discontinuité, les accusations portées contre ce pays par les hommes politiques américains, créant ainsi un faux consensus dans l’opinion américaine.
L’observatoire d’information américain indépendant « Fair » qui a analysé au cours de cette période le contenu de 6 journaux télévisés américains a affirmé que le téléspectateur recevait 25 opinions favorables à la guerre contre une seule opposée. Les sources d’information dominantes étaient d’origine militaire et 4% seulement étaient d’origine académique ou civile.
Tout comme El Jazeera, cette pratique relève de la propagande noire et du lavage du cerveau et non pas de l’information, puisque les faits et les opinions présentés imposent une certitude et une conviction qui éliminent toute place laissée au doute sur les questions débattues.
Un tel discours est dictatorial car monolithique et absolu.
Ses effets ne peuvent qu’être dramatiques.
En effet, selon un sondage d’opinion, près de la moitié des Américains croyaient que parmi les terroristes du 11 septembre se trouvait un Irakien.
Des journaux américains, dont le « New York times », reconnaissent maintenant qu’ils avaient commis des erreurs lors de leur couverture de la guerre, en se fiant à des informations recueillies auprès de milieux douteux. Cette découverte arrive, hélas, trop tard. Cette guerre a déjà fait des milliers de morts Irakiens et Américains.
Les médias des deux bords n’ont donc pas tenté de favoriser une intercompréhension. Leur démarche, comme nous venons de le constater, n’avait pas pour objectif d’interpeller l’activité cognitive du récepteur et d’édifier un idéal ou une référence.
Ces pratiques ôtent toute crédibilité au discours politique et médiatique occidental, c’est ainsi que le 11 septembre a produit, à l’instar du discours sur les crimes nazis, ses propres négationnistes. On ne compte plus le nombre d’articles, de livres et de sites qui démentent l’implication d’el Qaida dans ce drame, et qui en font porter la responsabilité à Bush et à ses faucons. Ces négations et accusations s’étendent maintenant aux événements similaires.
Ainsi, dans Assarih, quotidien tunisien d’expression arabe (en date du jeudi 5 juillet 2007, P4) le journaliste Mohsen Hamdi écrit dans sa rubrique « waraqa » ou « Papier » : « Je ne crois pas à l’histoire de la cellule terroriste des médecins musulmans découverte en Grande Bretagne. Cette histoire est montée de toute pièce. C’est un mensonge destiné à terroriser le nouveau Premier Ministre Gordon Brown, afin de l’obliger à poursuivre la politique pro-américaine et sioniste de son prédécesseur Tony Blair »
Le journaliste place cette information dans le cadre de ce qu’il décrit comme étant : « un complot occidental, chrétien, anglican et sioniste, contre la nation arabe et les musulmans »
Cette perception n’est-elle pas le fruit d’une série d’injustices politiques et économiques ? Le résultat de l’arrogance d’Etats puissants qui justifient leur désir d’expansionnisme par la nécessité de faire régner le Bien ? Une démarche tout autant fanatique que celle de l’intégrisme religieux de Ben Laden, puisqu’elle exprime une pensée qui postule une transcendance de la vérité absolue.
Ainsi, notre monde se trouve t-il piégé dans les tentacules de deux intégrismes qui ont développé des tendances fortes aux particularismes. Ils ont par ce fait réinventé leurs relations avec l’autre.
Cette perception n’est-elle surtout pas le résultat de tant de désinformation et de mensonges ?
L’information dénaturée est certes fallacieuse et malgré cela, son pouvoir reste immense et parfois même meurtrier.
C’est ce qui a fait dire à Platon que la parole est despotique et à déduire que la tyrannie ne s’obtient et ne s’exerce qu’au prix de la falsification de la parole.
FIN
Tunisie: Situation des étrangers
FAMILLE DATI : ENTRE ORS ET TROUS DE LA REPUBLIQUE.