15 avril 2008

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TUNISNEWS
 8 ème année, N°  2883 du 15.04.2008
 archives : www.tunisnews.net


REMDH: Nouvelles mesures de harcèlement à l’encontre d’un défenseur des droits de l’Homme en Tunisie OMCT – FIDH: Nouveaux actes de harcèlement à l’encontre de Khemais Chammari Khemais Chammari: Lettre au Directeur Général des Douanes Tunisiennes OMCT – FIDH: Libération de MM. Foued Khenaissi et Boujomâa Chraïti – IFJ Welcomes Unification of Tunisian Journalists under National Trade Union

Kalima: Affaire du yacht volé: la justice française lance un mandat contre les frères Trabelsi

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 Le Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme
(REMDH)
 

Nouvelles mesures de harcèlement à l’encontre d’un défenseur des droits de l’Homme en Tunisie

 
  Le Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme (REMDH) est sérieusement préoccupé par de nouveaux actes de harcèlement et d’intimidation à l’encontre de M. Khémaïs CHAMMARI, ancien membre de l’Assemblée Nationale, membre individuel du REMDH et membre du Conseil d’administration de la Fondation euro-méditerranéenne de soutien aux défenseurs des droits de l’Homme.
 
De retour d’un séjour professionnel en Europe le 3 avril dernier, M. Khémaïs CHAMMARI a fait l’objet de nouvelles mesures vexatoires de la part des agents des douanes de l’aéroport international de Tunis Carthage. Outre le contrôle systématique de ses bagages et de ses effets personnels dont il fait l’objet lors de chacun de ses déplacements, il lui a été demandé de se soumettre à une fouille corporelle. Face à son refus déterminé de se soumettre à cette mesure provocatrice, et de surcroît sans fondement légal, il a fallu plus d’une demie heure de tractations pour mettre un terme à cet incident qui n’a d’autre visée que d’intimider et d’humilier M. Khémaïs CHAMMARI, dont la mobilité physique est par ailleurs réduite.
 
Le REMDH constate avec une vive préoccupation que cette nouvelle mesure d’intimidation s’inscrit dans le cadre d’une campagne sécuritaire visant à harceler les défenseurs des droits de l’Homme en Tunisie en entravant leur libre déplacement à l’étranger. Le REMDH a, dans ce contexte, déjà exprimé son indignation suite à l’agression brutale et aux mauvais traitements subis par Mme BENSEDRINE et M. MESTIRI à la douane du port de Tunis.
 
Le Réseau réaffirme sa solidarité avec M. Khémaïs CHAMMARI ainsi qu’avec tous les défenseurs des droits de l’Homme tunisiens dans l’exercice de leur mission. Il enjoint les autorités tunisiennes de :

  • Mettre un terme aux harcèlements, intimidations, menaces, et attaques à l’encontre des défenseurs de droits de l’Homme conformément aux dispositions de la déclaration de l’Assemblée générale de l’ONU sur des défenseurs de droits de l’Homme du 9 décembre 1998 ;
  • Respecter les libertés fondamentales des défenseurs des droits de l’Homme tunisiens, notamment leur liberté de mouvement, d’expression et d’association ;
 
Le REMDH invite également les organes de décisions de l’Union européenne à :

  • Faire respecter les engagements internationaux en matière de droits de l’Homme tels qu’exprimés dans la Déclaration de Barcelone à laquelle la Tunisie a souscrit ;
  • Assurer le respect de l’article 2 de l’accord d’association UE/Tunisie ainsi que les lignes directrices de l’Union européenne sur les défenseurs des droits de l’Homme.


L’Observatoire pour la Protection des Défenseurs des Droits de l’Homme

 

APPEL URGENT – L’OBSERVATOIRE

 

TUN 005 / 0408 / OBS 057

Actes de harcèlement

14 avril 2008

L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, programme conjoint de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) et de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH),  vous prie d’intervenir de toute urgence sur la situation suivante en Tunisie.

 

Description des faits :

 

L’Observatoire a été informé de sources fiables de nouveaux actes de harcèlement à l’encontre de M. Khemais Chammari, membre co-fondateur de la Fondation euro-méditerranéenne de soutien des défenseurs des droits de l’Homme (FEMDH).

 

Selon les informations reçues, le 3 avril 2008, alors qu’il rentrait d’un voyage professionnel en Europe, M. Chammari a fait l’objet, à l’aéroport de Tunis Carthage, de mesures de sécurité vexatoires de la part d’agents des douanes, qui lui ont fait savoir qu’il devait être soumis à une fouille corporelle « à la demande des autorités compétentes ». M. Chammari a refusé de se soumettre « à cette mesure arbitraire et provocatrice », selon ses propres termes, qui plus est sans fondement légal, et un accord a été trouvé avec les douaniers après plus d’une demi-heure de discussion.

 

Le lendemain, M. Chammari a adressé un courrier au directeur général des douanes tunisiennes, dans lequel il précisait que ce n’était pas la première fois qu’il est soumis à une fouille exhaustive, puisqu’à chacun de ses déplacements depuis plus d’un an et demi, ses bagages, ainsi que ses objets personnels, sont intégralement fouillés et inspectés, au départ de Tunisie comme à l’arrivée. M. Chammari précise que les agents auxquels il a été confronté ont toujours fait preuve d’un comportement correct à son égard. Dans sa lettre au directeur des douanes, M. Chammari a demandé à ce que ces incident ne se reproduisent pas, et a précisé qu’il « continuera […] à [s]’opposer à toute tentative de ce type à l’avenir ».

 

L’Observatoire rappelle en outre que M. Chammari avait fait l’objet d’une campagne de diffamation en décembre 2007, suite à sa participation à une conférence de presse organisée par le Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL) et le Parti démocrate progressiste (PDP) au cours de laquelle il avait présenté, au nom du Collectif 18 octobre pour les droits et libertés, deux textes portant sur l’égalité de genre et la liberté de conscience[1].

 

L’Observatoire condamne ces actes de harcèlement à l’encontre de M. Chammari, et considère qu’ils visent uniquement à sanctionner ses activités en faveur des droits de l’Homme.

 

L’Observatoire déplore plus généralement la violence croissante avec laquelle les autorités tunisiennes répriment toute personne qui promeut et défend les droits de l’Homme, et rappelle que conformément à l’article 1 de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 9 décembre 1998, “chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, de promouvoir la protection et la réalisation des droits de l’Homme et des libertés fondamentales aux niveaux national et international”.

 

Actions demandées :

 

L’Observatoire vous prie de bien vouloir écrire aux autorités tunisiennes en leur demandant de :

 

i.                     Garantir en toutes circonstances l’intégrité physique et psychologique de M. Khemais Chammari ;

 

ii.                   Veiller à ce qu’un terme soit mis à toute forme de menaces et de harcèlement à l’encontre de M. Khemais Chammari et de tous les défenseurs des droits de l’Homme tunisiens ;

 

iii.           Se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 9 décembre 1998, et plus particulièrement à son article 1 susmentionné, son article 6(b), selon lequel “chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, conformément aux instruments internationaux relatifs aux droits de l’Homme et autres instruments internationaux applicables, de publier, communiquer à autrui ou diffuser librement des idées, informations et connaissances sur tous les droits de l’Homme et toutes les libertés fondamentales”, et son article 12.2 qui dispose que “l’Etat prend toutes les mesures nécessaires pour assurer que les autorités compétentes protègent toute personne, individuellement ou en association avec d’autres, de toute violence, menace, représailles, discrimination de facto ou de jure, pression ou autre action arbitraire dans le cadre de l’exercice légitime des droits visés dans la présente Déclaration” ;

 

iv.           Plus généralement, se conformer aux dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et instruments régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’Homme ratifiés par la Tunisie.

 

Adresses :

 

·         M. Zine el-Abidine Ben Ali, Président de la République, Palais de Carthage, 2016 Carthage, Tunisie, Fax : +216 71 744 721 ou +216 71 731 009

·         M. Mohamed Ghannouchi, Premier Ministre, Secrétariat Général du Gouvernement, Rue de la Kasbah, 1008 Tunis, Tunisie, Fax : +216 71 562 378

·         M. Rafik Belhaj Kacem, Ministère de l’Intérieur et du Développement local, Avenue Habib Bourguiba, 1001 Tunis, Tunisie, Fax : ++ 216 71 340 888 ; Email : mint@ministeres.tn

·         M. Kamel Morjane, Ministère de la Défense Nationale, Avenue Bab Mnara, La Kasbah, 1008 Tunis, Tunisie, Fax : +216 71 561 804

·         M. Bechir Tekkari, Ministère de la Justice et des Droits de l’homme, 57, Boulevard Bab Benat, 1006 Tunis, Tunisie, Fax : +216 71 568 106 ; Email : mju@ministeres.tn

·         Ambassadeur, S.E M. Samir Labidi, Mission permanente de la Tunisie auprès de l’Office des Nations Unies à Genève, 58 Rue Moillebeau, Case postale 272, 1211 Genève 19, Suisse, Fax : +41 22 734 06 63 ; Email : mission.tunisia@ties.itu.int

·         Ambassade de la Tunisie à Bruxelles, 278 avenue de Tervueren, 1150 Woluwe-Saint-Pierre, Belgique, Fax : + 32 2 771 94 33 ; Email : amb.detenusie@brutele.be

 

Prière d’écrire également aux représentations diplomatiques de Tunisie dans vos pays respectifs.

 

***

Genève – Paris, le 14 avril 2008

 

Merci de bien vouloir informer l’Observatoire de toutes actions entreprises en indiquant le code de cet appel.

 

L’Observatoire, programme de la FIDH et de l’OMCT, a vocation à protéger les défenseurs des droits de l’Homme victimes de violations et à leur apporter une aide aussi concrète que possible.

 

L’Observatoire a été lauréat 1998 du prix des Droits de l’Homme de la République Française.

 

Pour contacter l’Observatoire, appeler La Ligne d’Urgence :

E-mail : Appeals@fidh-omct.org

Tel et fax FIDH : 33 1 43 55 20 11 / 33 1 43 55 18 80

Tel et fax OMCT : + 41 22 809 49 39 / 41 22 809 49 29

 

 


 


[1] Cf. appel urgent de l’Observatoire TUN 004 / 1207 / OBS 165, diffusé le 12 décembre 2007.


A l’Aimable Attention de Monsieur le Directeur Général des Douanes Tunisiennes

 

 
Tunis le 04 Avril 2008 Monsieur le Directeur Général,   De retour d’un séjour professionnel en Europe j’ai été confronté, le 03 Avril 2008, à mon arrivée à l’aéroport international de Tunis Carthage, à des mesures de sécurité vexatoires confiées aux agents des douanes qui m’ont signifié que j’étais astreint à une fouille corporelle « à la demande des autorités compétentes ».   Un précédent avait eu lieu il y a un peu plus d’un an et demi et je m’en étais plaint auprès de vous dans une lettre datée du 14 Octobre 2006. Je fais l’objet, depuis et en dépit de mes protestations réitérées, d’une fouille systématique de mes bagages et de mes documents personnels à l’embarquement et au débarquement à Tunis lors de chacun de mes déplacements. Il est clair que ces mesures n’ont d’autre but que de tenter de m’intimider politiquement et de m’humilier. Aussi avais-je pris la décision de ne pas m’en formaliser outre mesure et de réagir d’autant plus calmement que les agents des douanes auxquels j’ai eu à faire ont toujours veillé à se comporter correctement à mon égard. Ma surprise n’en a été que plus grande le 03 Avril quand il m’a été demandé de me soumettre à une fouille corporelle. J’ai bien entendu refusé de me prêter à cette mesure arbitraire et provocatrice. Nous sommes parvenus, au bout de 30 minutes, à une solution qui a permis de mettre un terme à cet inqualifiable incident, et je me dois de prendre acte positivement de l’attitude des cinq officiers et agents des douanes qui ont fait preuve, tout au long de ces tractations, de courtoisie à mon égard dans l’exécution de l’ordre écrit qui leur était signifié. J’ai décidé, en conséquence, d’alerter les instances gouvernementales et non gouvernementales concernées par cet abus de pouvoir ainsi que l’opinion publique car j’estime que vos services ont été impliqués de façon tout à fait abusive dans une décision qui est du ressort des services de sécurité et qui n’a de surcroît aucun fondement légal. Convaincu de mon bon droit et de la nécessaire primauté de la loi pour garantir les droits des individus et des citoyens, j’ai tenu à vous adresser, en votre qualité de directeur général d’une institution dont je respecte la fonction administrative et sociale,  cette lettre de protestation en espérant que ce déplorable incident ne se répètera pas et en insistant sur le fait que je continuerai, avec une extrême détermination, à m’opposer à toute tentative de ce type à l’avenir. J’ai en effet la conviction que face à ce type de mesures arbitraires, illégales et provocatrices, je n’ai d’autre choix que celui du refus déterminé et digne qui a été le mien le 03 Avril 2008.   Avec l’expression de mes salutations    Khemais CHAMMARI Ancien Membre de l’Assemblée Nationale et ancien dirigeant de la LTDH et FIDH,  membre du C.A de la Fondation  Euroméditérranéeenne de soutien aux défenseurs  des Droits de l’Homme,
Expert consultant en  matière des Droits de l’Homme et de développement durable.
 

Libération de MM. Foued Khenaissi et Boujomâa Chraïti –

 
 TUN 004 / 0408 / OBS 049.1 14/04/2008 L’Observatoire a été informé par des sources fiables de la libération, le 10 avril 2008, de MM. Foued Khenaissi, membre de l’Union locale du travail de Redeyef, et Boujomâa Chraïti, secrétaire général du Syndicat de la santé de Redeyef, ainsi que de l’ensemble des personnes qui avaient été arrêtées le 7 avril 2008, à l’exception de MM. Adnane Haji, secrétaire général du Syndicat de l’enseignement de base de Redeyef, Taeïb Ben Othmane, membre du Syndicat de l’enseignement de base de Redeyef et Bechir Labidi, syndicaliste. L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, programme conjoint de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) et de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), a reçu de nouvelles informations et vous prie d’intervenir de toute urgence sur la situation suivante en Tunisie. Nouvelles informations : Selon les informations reçues, ces libérations sont intervenues à la suite d’une manifestation organisée la veille par les femmes de Redeyef ainsi qu’au rassemblement de la population devant le siège de la sous-préfecture de Motamadia. L’Observatoire remercie toutes les personnes, organisations et institutions qui sont intervenues en faveur de la libération de MM. Khenaissi et Chraïti. Cependant, l’Observatoire réaffirme sa préoccupation quant à la poursuite de la détention arbitraire de MM. Adnane Haji, Bechir Labidi et Taeïb Ben Othmane, qui demeurent détenus depuis le 7 avril 2008 et considère que ces événements témoignent d’une volonté de la part des autorités de museler les syndicalistes tunisiens. L’Observatoire souhaite en outre rappeler la violence croissante avec laquelle les autorités tunisiennes répriment toute personne qui promeut et défend les droits de l’Homme, et rappelle que conformément à l’article 1 de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 9 décembre 1998, “chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, de promouvoir la protection et la réalisation des droits de l’Homme et des libertés fondamentales aux niveaux national et international”. Rappel des faits : Le 7 avril 2008, la police a procédé à l’arrestation violente de MM. Haji, Khenaissi, Ben Othmane, Labidi et Chraïti, qui avaient participé la veille à une réunion, à Tunis, portant sur la question du chômage qui frappe de plein fouet les travailleurs du bassin minier de Gafsa, dans le sud-ouest de la Tunisie. Cette réunion est intervenue dans un contexte où, depuis le début du mois de janvier 2008, un mouvement de protestation a vu le jour dans la région de Gafsa et environ 30 syndicalistes, étudiants et chômeurs ont été arrêtés depuis le 6 avril 2008. Ces personnes ont toutes été libérées les 9 et 10 avril 2008. M. Haji, qui souffre d’une insuffisance rénale, ainsi que MM. Khenaissi, Ben Othmane et Chraïti ont été frappés avant d’être arrêtés. Tout de suite après leur arrestation, MM. Haji, Khenaissi, Ben Othmane et Chraïti ont été transférés au commissariat de Gasfa. Quelques heures plus tard, leurs avocats se sont présentés au commissariat afin de pouvoir s’entretenir avec leurs clients, et ils se sont vu refuser l’accès du commissariat. Actions demandées : L’Observatoire vous prie de bien vouloir écrire aux autorités tunisiennes en leur demandant de : i. Garantir en toutes circonstances l’intégrité physique et psychologique de MM. Haji, Khenaissi, Ben Othmane, Chraïti et Labidi ; ii. Procéder à la libération immédiate et inconditionnelle de MM. Adnane Haji, Taeïb Ben Othmane et Bechir Labidi en l’absence de toute charge retenue à leur encontre ; iii. Mettre un terme à toute forme de harcèlement à l’encontre de tous les défenseurs des droits de l’Homme en Tunisie, afin qu’ils puissent exercer leur profession et mener leur activité de défense des droits de l’Homme librement et sans entrave ; iv. Se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 9 décembre 1998, et plus particulièrement à son article 1 susmentionné, son article 6(b), selon lequel “chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, conformément aux instruments internationaux relatifs aux droits de l’Homme et autres instruments internationaux applicables, de publier, communiquer à autrui ou diffuser librement des idées, informations et connaissances sur tous les droits de l’Homme et toutes les libertés fondamentales”, et son article 12.2 qui dispose que “l’Etat prend toutes les mesures nécessaires pour assurer que les autorités compétentes protègent toute personne, individuellement ou en association avec d’autres, de toute violence, menace, représailles, discrimination de facto ou de jure, pression ou autre action arbitraire dans le cadre de l’exercice légitime des droits visés dans la présente Déclaration” ; v. Plus généralement, se conformer aux dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et instruments régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’Homme ratifiés par la Tunisie www.fidh.org [français

 


 

IFJ Welcomes Unification of Tunisian Journalists under National Trade Union

 

14/04/2008

 

The International Federation of Journalists (IFJ) today welcomed the unification of Tunisia’s two journalist unions in a move to strengthen the defence of journalists’ rights and promote press freedom.

 

“We support the decision by our Tunisian colleagues to unite in one union to fight for the rights of media and provide support for journalists and freedom of expression,” said IFJ President Jim Boumelha.

 

Last week the Union of Tunisian Journalists (SJT) said it will join the National Union of Tunisian Journalists (SNJT) in an effort to create a unified voice to advocate for media workers and media freedom.

 

The IFJ said it supports the SNJT’s work to form a unified group of Tunisian journalists in a trade union that will defend independent journalism and professional standards.

 

Tunisia’s journalists created the SNJT earlier this year as a national trade union that focuses on improving the poor working conditions of journalists and defending journalists’ professional rights.

 

For more information contact the IFJ at +32 2 235 2207

The IFJ represents over 600,000 journalists in 120 countries worldwide

 

(Source: le site de la Fédération Internationale de sJournalistes FIJ, le 14 avril 2008)

Lien : http://www.ifj.org/default.asp?Index=6060&Language=FR


 

La Tunisie et la France se préparent pour la prochaine visite de Sarkozy à Tunis

 

 2008-04-13 14:43:50       TUNIS, 12 avril (Xinhua) — Le secrétaire d’état auprès du  Premier ministre français chargé de la prospection, de  l’évaluation des politiques publiques, Eric Besson a annoncé  samedi avoir discuté avec le Premier ministre tunisien Mohamed  Ghannouchi des préparatifs de la prochaine visite du président  français en Tunisie.       Eric Besson qui est actuellement en visite en Tunisie, a  indiqué que son entretien avec le chef du gouvernement tunisien a porté aussi sur la situation de la coopération entre les deux  pays dans plusieurs secteurs dont l’économie numérique, les  technologies de la communication et de l’information et les  infrastructures, et sur les moyens susceptibles de la diversifier  et de la renforcer.       Selon des sources tunisiennes et françaises, le président  Nicolas Sarkozy effectuera une visite d’Etat en Tunisie du 28 au  30 avril, sur invitation de son homologue tunisien Zine El Abidine Ben Ali.       « Cet entretien a permis de passer en revue la prospection et  les préparatifs en cours du projet du président Sarkozy, celui de  l’Union pour la Méditerranée (UPM) qui vise à instaurer un  partenariat équilibré entre les deux rives », a-t-il ajouté.       Le premier sommet des chefs des Etats membres de l’Union  européenne (UE) et les Etats riverains de la Méditerranée qui ne  sont pas membres de cette entité, est prévu le 13 juillet à Paris  pour discuter du projet de l’UPM.       Il sera précédé par une réunion des ministres méditerranéens  du Commerce, le 2 juillet à Marseille, puis par un forum des  milieux d’affaires de la Méditerranée les 3 et 4 juillet, à  l’initiative du MEDEF, de Business Europe et de l’Union  méditerranéenne des confédérations d’entreprises (UMCE).


Affaire du yacht volé: la justice française lance un mandat contre les frères Trabelsi
Sihem Bensedrine 15 avril 2008
Kalima reproduit ci-après l’article paru le 19 mars dernier sur l’emag Mediapart sur les développements dans l’affaire du Yacht volé, eu égard à l’intéret qu’il représente pour ses lecteurs qui n’ont pas accès au site français. Des proches de Ben Ali sont impliqués dans des vols de yachts de luxe Fabrice Lhomme Port de Bonifacio, le 5 mai 2006. Il est environ 5 heures du matin. Surgis de nulle part, plusieurs hommes se glissent à bord d’un superbe yacht, un V 58 de la prestigieuse marque Princess d’une valeur de 1,5 million d’euros, dont ils prennent le contrôle sans difficulté. Quelques minutes plus tard, le Beru Ma s’éloigne de la côte, sans un bruit. Ce que les voleurs ignorent, c’est que le bateau dont ils viennent de s’emparer est la propriété de Bruno Roger, patron de la banque d’affaires Lazard frères, pôle français du groupe Lazard, accessoirement ami intime de Jacques Chirac, et proche de Nicolas Sarkozy ! Le début d’une incroyable affaire, extrêmement embarrassante pour l’Etat tunisien… Le premier épisode a été dévoilé, dès le mois de juin 2006, dans les colonnes du Canard enchaîné. L’hebdomadaire satirique révèle que, grâce aux investigations d’un enquêteur privé mandaté par Generali, la compagnie d’assurances du Beru Ma, le navire a été repéré dans le port de Sidi Bou Saïd, près de Tunis. De leur côté, les gendarmes de la brigade de recherches de Toulon, qui agissent dans le cadre de l’information judiciaire ouverte au cabinet du juge d’Ajaccio, David Launois, reconstituent rapidement l’itinéraire du yacht et l’identité de l’équipage. En effet, victime d’un incident technique, le Beru Ma a dû faire escale à Cagliari, en Sardaigne, attirant ainsi l’attention des douaniers italiens. Les gendarmes décident alors de mettre sur écoute plusieurs suspects. Les conversations interceptées leur permettent d’identifier l’ensemble de l’équipe à l’origine du vol du Beru Ma, également impliquée dans deux autres vols de yachts de luxe : le Sando, dérobé au Lavandou (Var) en décembre 2005, et le Blue Dolphin IV, qui s’était volatilisé un mois plus tard dans le port de Cannes. Les gendarmes placent également sous surveillance le détective de Generali, Jean-Baptiste Andreani, un ancien policier. Ils le soupçonnent d’en savoir beaucoup plus qu’il ne veut en dire. Dans un procès-verbal de synthèse du 10 septembre 2006, les gendarmes notent à propos d’Andreani : « Bien que se montrant affable avec les différents enquêteurs, il apparaît très vite que l’intéressé n’est pas un philanthrope, mais plutôt un chasseur de prime d’assurance. Placé sous surveillance téléphonique, l’intéressé entretient des rapports ambigus avec les différentes parties, et il apparaît clairement qu’il fait de la rétention d’informations à notre encontre. » Sollicité par Mediapart, Jean-Baptiste Andreani a réfuté cette accusation, affirmant avoir entretenu « les meilleurs rapports avec les gendarmes » auxquels il assure n’avoir « absolument rien caché ». Une chose est sûre, c’est en interceptant une communication téléphonique d’Andreani que les gendarmes découvrent l’identité du commanditaire du vol. Il s’agirait d’un certain Imed Trabelsi, qui n’est autre que le neveu de la femme du président tunisien Ben Ali, Leïla. Un personnage redouté du tout-Tunis, qui ne compte plus ses frasques, au grand dam de son oncle par alliance. Pour ne prendre qu’un exemple, le dossier judiciaire contient des témoignages indiquant qu’Imed Trabelsi conduit la Mercedes 500 qui avait été dérobée en mars 2005, lors d’un car-jacking à Marseille, à l’ancien joueur de l’OM, Habib Beye… Régulièrement, l’opposition tunisienne dénonce les agissements d’Imed Trabelsi. Au début du mois de septembre 2006, les gendarmes procèdent à une vague d’interpellations. Parmi les personnes arrêtées, Cédric Sermand, le « cerveau » de l’équipe, impliqué dans les trois vols – pour le convoyage desquels il devait toucher au total 55.000 euros. D’abord peu loquace, Sermand, mis en examen pour « vols en bande organisée, escroquerie en bande organisée, faux et usage de faux » puis incarcéré, va, au fil de ses auditions, changer de stratégie et coopérer. Il sera remis en liberté en mai 2007. Sermand révèle ainsi, à propos du vol du Blue Dolphin IV, que c’est Moaz Trablesi, le frère d’Imed, qui « avait passé commande d’un bateau » via deux intermédiaires, Azzedine Kelaiaia et Amar Kechad. « Nicolas Sarkozy avait appelé » Du fait des intempéries, le yacht avait dû accoster à Bizerte, où Moaz Trabelsi l’attendait impatiemment. « Il est monté pour le visiter, mais comme il y avait beaucoup de monde et qu’il était tard, il l’a visité très rapidement », s’est souvenu Sermand, avant de livrer au juge Launois une anecdote révélatrice de la crainte que suscitent les Trabelsi en Tunisie. Sur le trajet entre Bizerte et Tunis, les deux hommes furent flashés par un radar mobile. Il est vrai que Moaz Trabelsi roulait à plus de 200 km/h… La suite, le juge Launois l’a résumée dans une question, lors d’un interrogatoire le 22 février 2007 : « Moaz Trabelsi aurait alors brusquement freiné, fait marche arrière sur plusieurs centaines de mètres pour aller casser le radar et frapper le policier. Le deuxième policier se serait excusé mais aurait également pris une gifle de Moaz Trabelsi. Est-ce que vous confirmez tout cela ? » « Concernant le déroulement des faits, c’est tout à fait ça », a répondu Sermand. Au cours d’un autre interrogatoire, le 6 mars 2007, Cédric Sermand a révélé les dessous du vol du Beru Ma. Au printemps 2006, après avoir reçu un acompte de 30.000 euros, partagé avec ses complices, Sermand dit avoir fait volte-face. « Je ne me sentais plus de voler un bateau et de le convoyer en Tunisie. C’est à ce moment-là qu’ils sont devenus plus menaçants. » « Qui est devenu plus menaçant ? », l’a relancé le juge. « Environ deux ou trois semaines après que nous avons reçu l’acompte, Xavier Ricco (un ami de Sermand, impliqué dans les trois vols) m’a appelé pour me dire qu’il avait reçu la visite de quatre Italiens qui lui avaient dit qu’il avait intérêt à convoyer le bateau sinon cela allait mal se finir. Xavier était paniqué au téléphone (…). Celui-ci m’a dit que pour ces gens-là, les femmes et les enfants ne comptaient pas. J’ai eu peur pour ma femme et mes enfants. J’ai alors rappelé Azzedine Kelaiaia pour lui dire que j’allais arriver en bateau. » Sermand a ensuite raconté en détail « l’abordage », le 5 mai 2006, du Beru Ma – « Je dois dire que je suis surpris de la facilité avec laquelle on peut voler un bateau d’une telle valeur, ça m’a pris 5 minutes montre en main pour démarrer ce bateau » – puis, surtout, l’entrée dans le port de Sidi Bou Saïd. « Lorsque nous sommes arrivés en Tunisie, s’est souvenu Sermand, il y avait beaucoup de gens qui semblaient nous attendre. Le bateau a plu à Imed Trabelsi et celui-ci m’a dit qu’il allait le garder et qu’il fallait aller faire les papiers à la douane. » Là, les choses se compliquent. Pas pour longtemps. « Le douanier a dit à Imed Trabelsi que ce n’était pas possible de faire les papiers. Imed Trabelsi a dit au douanier : « Comme cela, ce n’est pas possible ? ! » Il a ajouté : « Tu sais à qui tu parles ? » Imed Trabelsi a fait pression sur le douanier et, au final, celui-ci a accepté de faire les papiers en contrepartie du paiement de la taxe de luxe et d’une somme d’argent qu’il versait, au noir, au douanier. » Tandis que des hommes de main de Trabelsi s’affairent sur le yacht afin de le « maquiller », un événement inattendu se produit. « Nous sommes repartis en direction de la douane centrale pour faire établir les vrais « faux papiers tunisiens ». C’est à ce moment-là qu’Azzedine Kelaiaia a reçu un coup de fil lui disant qu’il fallait faire repartir le bateau. En effet, il m’a dit que j’avais volé le bateau du banquier (de) Jacques Chirac et que Nicolas Sarkozy avait appelé pour savoir où était le bateau. » Présent au côté de Sermand au moment de la livraison du Beru Ma, Olivier Buffe, également mis en examen dans la procédure, a déclaré : « Je confirme bien l’épisode dans la voiture où Azzedine Kelaiaia a dit à Cédric Sermand qu’on avait volé le bateau du banquier (de) Jacques Chirac et que Nicolas Sarkozy avait appelé pour savoir où était le bateau. » Une enquête soudain moins prioritaire Manifestement, Jacques Chirac, alors président de la République, et Nicolas Sarkozy, qui était ministre de l’Intérieur, ont suivi de près les développements d’une affaire susceptible de contrarier Bruno Roger, mais aussi de créer de vives tensions avec le régime « ami » de Zine el-Abidine Ben Ali. Ce que l’audition comme témoin, le 24 mai 2006, de l’ancien policier Jean-Baptiste Andreani a largement confirmé. L’enquêteur privé a d’abord indiqué s’être rendu à Sidi Bou Saïd à la demande de Generali, dès le 15 mai 2006, en se faisant passer pour un touriste. « A mon arrivée j’ai été pris en charge par notre correspondant , le commissaire d’avarie. Je ne le connaissais pas avant cette rencontre. Au cours de notre transport au port de Sidi Bou Saïd, ce dernier m’a mis en garde sur les dangers encourus car le bateau se trouvait dans un port protégé par la famille présidentielle », s’est rappelé Andreani. Après avoir authentifié le Beru Ma, le détective dit avoir informé par téléphone Generali ainsi que le propriétaire, Bruno Roger. « Le lundi soir 15 mai 2006, tard, vers 21 h 30-22 heures, j’ai reçu un appel sur mon portable du commandant de gendarmerie en poste à l’ambassade de France, à Tunis. Il m’a demandé où se trouvait le bateau et m’a sollicité pour le conduire sur le lieu d’accostage. Ce commandant avait été contacté par le direction de la gendarmerie qui elle-même avait été contactée par M. Sarkozy, et ce à la demande du propriétaire, M. Roger », a assuré Jean-Baptiste Andreani. « De ce que j’ai pu en savoir, M. Roger est une relation de M. Sarkozy. Sur ce vol de bateau, j’ai été contacté directement à deux ou trois reprises par M. Guéant, directeur de cabinet de M. Sarkozy (Claude Guéant est aujourd’hui secrétaire général de l’Elysée) ainsi que par le major général de gendarmerie Nauroy », a conclu le détective, que les gendarmes soupçonnent d’avoir régulièrement rendu compte, de vive voix, de ses recherches au palais de l’Elysée. Dans un procès-verbal d’août 2006, les gendarmes concluent, notamment sur la base d’écoutes téléphoniques, qu’Andreani a eu « connaissance rapidement de la découverte du navire Beru Ma dans le port de Sidi Bou Saïd. De la même manière, nous serons informés de l’évolution des négociations avec la justice tunisienne relatives à la restitution du navire volé. Il est à noter que la personnalité d’Andreani (il serait un ancien fonctionnaire de police, DST ou RG), tout comme celle du propriétaire du Beru Ma, M. Bruno Roger, directeur de la banque Lazard et proche de certains membres du gouvernement, font que certaines sources ont sans doute été activées localement et que, par conséquent, outre la découverte rapide du navire Beru Ma, le destinataire de ce navire soit tout aussi rapidement identifié comme étant Trabelsi Imed, neveu du président tunisien en exercice ». Est-ce dû à une intervention directe de l’Elysée ? Toujours est-il que, quelques semaines après sa découverte dans le port de Sidi Bou Saïd, le Beru Ma était rapatrié en France et rendu à Bruno Roger. Une efficacité dont n’ont pas bénéficié les deux autres propriétaires lésés. Pourtant, leurs bateaux, à en croire les témoins interrogés, étaient stationnés à côté du Beru Ma. Et pour cause : ils étaient destinés aux mêmes commanditaires, les frères Trabelsi. Lors de son interrogatoire du 6 mars 2007, Cédric Sermand a d’ailleurs déclaré : « Je tiens à préciser que lorsque je suis parti de Tunisie la troisième fois (en mai 2006), les trois bateaux, à savoir le Sando, le Blue Dolphin IV et le Beru Ma étaient dans le port de Sidi Bou Saïd. Je suis surpris que seul le Beru Ma ait pu être rapatrié en France. » Ce n’est pas la seule curiosité du dossier. D’autres éléments laissent à penser que la justice française a considéré l’enquête du juge David Launois, remplacé début 2007 par son collègue Jean-Bastien Risson, beaucoup moins prioritaire une fois le yacht de Bruno Roger récupéré. Des échanges de courriers entre le juge Risson et le parquet d’Ajaccio l’attestent. De mauvaises nouvelles d’Interpol Tunis Au printemps 2007, le juge Risson décide de procéder aux derniers actes qui s’imposent dans son dossier : signifier aux deux frères Trabelsi, qui n’ont pas souhaité répondre à ses convocations, les charges retenues contre eux. Le 3 mai 2007, dans la plus grande discrétion – l’information n’a jamais été révélée à ce jour –, le magistrat ajaccien délivre deux mandats d’arrêt internationaux visant Imed et Moaz Trabelsi. Les mandats d’arrêt valant mises en examen, les deux Tunisiens se trouvent de facto poursuivis pour « complicité de vols en bande organisée » pour le vol du Beru Ma, du Blue Dolphin IV et du Sando. Les mandats d’arrêt sont diffusés par le parquet d’Ajaccio, via Interpol. Le 4 septembre 2007, le juge Risson reçoit un message d’Interpol Tunis l’informant que la police tunisienne ne peut « légalement procéder à l’exécution de cette demande », le juge d’instruction tunisien chargé de l’affaire ayant décidé de classer sans suite le dossier pour « non-établissement de l’infraction » (voir document). Surpris, Jean-Bastien Risson se tourne vers le parquet afin d’obtenir des explications. Il découvre alors que le procureur, José Thorel, n’a pas dénoncé les faits dont il était saisi. Fort mécontent, le juge Risson envoie un courrier, dès le 6 septembre, à Interpol Tunis. « J’ai l’honneur de vous informer, écrit le juge, que le procureur de la République d’Ajaccio a dénoncé aux autorités judiciaires de l’Etat tunisien uniquement des faits de recel de vol concernant le seul navire le Beru Ma. Les faits de vols commis en bande organisée et de complicité de vols commis en bande organisée (…) n’ont donc pas été dénoncés aux autorités judiciaires tunisiennes. En conséquence, celles-ci n’ont pas pu valablement se saisir de ces faits. Au surplus, les autorités tunisiennes n’ont pas été destinataires d’une dénonciation concernant les faits de vols commis en bande organisée, complicité de vol en bande organisée ou de recel de vol concernant les navires le Sando et le Blue Dolphin IV.» Et le magistrat d’insister : les deux mandats d’arrêt visant les Trabelsi « doivent être mis à exécution » (voir document). Jean-Bastien Risson n’est pas au bout de ses (mauvaises) surprises. Début novembre 2007, il est directement contacté par les avocats français des frères Trabelsi qui proposent au juge de se déplacer en Tunisie pour interroger leurs clients en qualité de témoins assistés. Bien entendu, le magistrat, qui entend mettre en examen les Trabelsi, si possible à Ajaccio, décline l’offre. Dans la foulée, le 28 novembre 2007, le juge Risson clôture son dossier. Le jour même, il reçoit une télécopie de Me Jean-François Velut, l’avocat d’Imed Trabelsi, qui revient à la charge. Dans ce fax, l’avocat écrit : « Connaissance prise de la position exacte de mon client qui dénie toute responsabilité pénale dans cette affaire, je pense qu’un certain nombre d’éléments militent en faveur d’une commission rogatoire internationale qui serait exécutée sur place par vos soins. » Or, deux jours plus tard, le 30 novembre 2007, le procureur d’Ajaccio, José Thorel, délivre au juge un réquisitoire supplétif afin d’obtenir de lui qu’il rouvre son enquête et se déplace à Tunis pour recueillir les explications des frères Trabelsi, soit précisément ce que souhaite l’avocat d’Imed. Ce n’est pas tout : le 19 décembre, le procureur Thorel délivre un nouveau réquisitoire supplétif afin de demander au juge Risson, qui a donc été contraint de rouvrir son instruction, de procéder à Tunis à l’audition de témoins susceptibles de mettre hors de cause Imed Trabelsi, ce que lui a réclamé par courrier le jour même Me Velut… Le procureur conteste toute forme de pression De plus en plus furieux, le juge Risson envoie le 19 janvier 2008 au procureur un courrier plein de sous-entendus. « A ce jour, écrit-il, Imed Trabelsi a refusé de s’expliquer en France sur les faits qui lui sont reprochés. Il n’a jamais été entendu et n’est donc pas partie à la procédure. Ni lui ni son avocat n’ont donc eu accès au dossier d’information, sauf à faire apparaître une violation du secret de l’instruction. Il est donc intéressant de remarquer que Me Velut connaît d’ores et déjà les témoins susceptibles de faire apparaître l’innocence revendiquée par M. Imed Trabelsi. » En clair, le magistrat semble persuadé que les frères Trabelsi sont parfaitement informés du contenu de la procédure qui les vise. Au palais de justice d’Ajaccio comme à la gendarmerie de Toulon, certains connaisseurs du dossier se demandent si les neveux du président Ben Ali, qui veulent absolument obtenir la levée des mandats d’arrêt qui les empêchent de se déplacer, n’ont pas bénéficié de la bienveillance, voire d’une forme de protection, des plus hautes autorités de l’Etat français désireuses de ne pas se brouiller avec le chef de l’Etat tunisien. Interrogé par Mediapart, le procureur d’Ajaccio, José Thorel, a contesté avoir subi « la moindre pression de qui que ce soit ». José Thorel rappelle que s’il a dénoncé à Tunis des faits de « recel », « c’est parce que le vol avait eu lieu en France et que les probables receleurs se trouvaient en Tunisie ». Selon le procureur, « c’est la justice tunisienne qui, en ouvrant une enquête pour « vol » plutôt que pour « recel », a tout fait capoter, pour des motifs qu’il ne m’appartient pas de commenter ». José Thorel affirme par ailleurs qu’il « assume parfaitement d’avoir demandé au juge de rouvrir son enquête, afin de se donner toutes les chances d’interroger les deux hommes soupçonnés d’être les commanditaires des vols. Nous attendons d’ailleurs une réponse de Tunis ». A ce jour, le juge Risson n’a toujours pas pu se rendre en Tunisie pour y signifier aux Trabelsi leur mise en examen.  

(Source: Kalima  Numéro 62 mis en ligne le 15 avril 2008)


Les perles de l’équipe Tekkari à l’ONU

Sihem Bensedrine 15 avril 2008
Lors de l’examen du rapport de la Tunisie par le Comité des droits de l’homme des Nations unies à New York le 18 mars dernier, l’équipe gouvernementale dirigée par le ministre de la Justice et des Droits de l’homme, Béchir Tekkari, était bien mise à mal par les questions peu complaisantes des experts onusiens (cf article), à telle enseigne qu’elle a multiplié les gaffes ; voici quelques « perles » relevées lors de cette séance. Le parquet n’ouvre d’instruction que si des preuves solides du délit sont réunies par le plaignant. Répondant à la question sur les plaintes non suivies d’effet déposées par les défenseurs de droits humains, Khemakhem répond : « Le parquet n’accepte d’ouvrir une enquête sur une plainte que lorsque les preuves matérielles du délit sont réunies ». A quoi servent alors les juges d’instructions ? lui rétorque un expert. • Les paroles de notre président sont plus fortes que les lois. L’expert du Royaume-Uni, Rodley a demandé qu’on prenne en compte cette durée indéterminée où le condamné ne sait pas quand il va être exécuté. il a estimé que le fait de laisser une personne dans la terreur avant de commuer sa peine était assimilable à de la torture. Il s’est interrogé si le gouvernement avait l’intention d’abolir la peine capitale. Tekkari s’est contenté de répéter que « la Tunisie était un pays abolitionniste de fait et que le chef de l’État tunisien a annoncé qu’il ne signerait jamais un acte d’exécution. L’experte française, Chanet a alors renchéri en précisant que « l’abolitionnisme de fait signifiait que les juges ne prononcent pas la peine, comme c’est le cas en Belgique » et qu’elle souhaitait connaître les mesures légales qui vont être prises et non les déclarations d’un président qui peut changer; Tekkari a réagi en disant « les paroles de notre président sont plus fortes que les lois » ! Confirmant ainsi que la Tunisie n’est pas dans un Etat de droit ! • Il n’y a ni prisonniers politiques en Tunisie, ni tortures ; il s’agit de campagnes de désinformation ; répondant aux nombreuses interrogations exprimées par les experts concernant des cas de torture dont ils ont été informés, notamment par le CNLT et l’OMCT, le ministre tunisien de la Justice a affirmé qu’il s’agit d’une campagne de désinformation et estimé que la Cour européenne des droits de l’homme était influencée par cette campagne. En tout cas, a-t-il ajouté, chaque fois que l’on constate un acte de torture, les juges n’hésitent pas à le sanctionner ! • On n’a pas intérêt à révéler le contenu des rapports du CICR sur les prisons ; A la question sur l’état des prisons jugées par les experts inhumaines, Tekkari a répondu : « les rapports du CICR qui a visité près de 5000 prisonniers sont confidentiels et si on était autorisés à le faire, nous n’avons pas Intérêt à en révéler sa teneur! » • Nous n’avons pas de juges sans visages et la loi sur le terrorisme ne délie pas l’avocat du secret professionnel ; L’expert du Pérou, Sanchez-Cerro, s’est inquiété de la définition d’un acte terroriste, telle que formulée dans la loi antiterroriste (dont les experts n’ont pu avoir copie qu’à travers les ONG tunisiennes), soit trop large. Il s’est étonné qu’on garantisse l’anonymat des juges et a averti contre les risques de réédition des « juges sans visage », de triste réputation en Amérique latine. Il a également évoqué la question du secret professionnel des avocats qui risque d’être violé si on applique cette loi ; Le ministre s’est énervé de la comparaison avec les juges sans visages et assuré que l’avocat est protégé dans son secret professionnel. Mais si un avocat a connaissance d’informations sur le terrorisme en dehors de ses activités professionnelles, il doit bien entendu communiquer ces informations, a-t-il ajouté. Pourquoi alors spécifier cette obligation pour les avocats ? • Passons aux choses agréables, la violence contre les femmes ; L’experte française revient à la charge, estimant, que les réponses apportées aux questions relatives à la torture ne sont pas satisfaisantes ; « La Tunisie nie le phénomène de la torture, a-t-elle dit. Lorsque l’on nie un phénomène, on n’apporte pas les éléments de prévention qui permettraient de s’en éloigner », a-t-elle déclaré. Ayant achevé de répondre sur cette question dont il a continué de nier en bloc l’existence, Tekkari enchaîne « passons aux choses agréables… la violences contre les femmes » ! et il se fait ramasser par une des membres de son équipe, Monia Ammar « la violence contre les femmes n’a rien d’agréable »!
 

(Source: Kalima  Numéro 62 mis en ligne le 15 avril 2008)


Le Congress américain fait une coupe drastique dans la subvention accordée à la Tunisie

 
Sihem Bensedrine 15 avril 2008 Lors de ses récents débats budgétaires consacrés aux subventions accordées aux pays « amis », le Congress américain a décidé de faire une coupe drastique dans l’aide financière accordée à la Tunisie, la ramenant à 8 millions de dollars, consacrée essentiellement au domaine militaire. Le républicain Ben Chandler s’est alors écrié « Les USA sont en train de donner à un allié un coup de poing symbolique dans l’œil…Le gouvernement tunisien a fait des progrès en matière de libéralisation, et notamment dans le domaine des droits des femmes… une coupe dans l’aide va les décourager à les poursuivre. » La réponse de la secrétaire d’Etat, Condoleeza Rice a été sans appel ; Nous connaissons bien la situation du pays, ils ont l’aide qu’il méritent, a-t-elle répondu en substance ! Une chose est sûre, cette décision met à mal Abdelwahab Abdallah, le ministre des Affaires étrangères, ainsi que monsieur Propaganda, Oussama Romdhani (patron de l’ATCE), qui ont multiplié cette année les interventions marketing aux USA ; ce dernier vient de faire une conférence à la bibliothèque du Congress sur le thème «Au-delà du discours islamiste: les musulmans Regardent leurs sociétés.» essayant ainsi de vendre (encore) la lutte contre le terrorisme. A force de répéter que la Tunisie est un paradis sur terre, leurs partenaires finissent par y croire ; C’est le tribut du mensonge !
 

(Source: Kalima  Numéro 62 mis en ligne le 15 avril 2008)
 

POUR UN RETOUR DIGNE DES EXILES

 

 

Il n’est pas exagéré de penser que l’exil de beaucoup de Tunisiens constitue une vraie situation de rente combien profitable à tous ceux qui ont fait de leur malheur une mine d’or inépuisable et un fond de commerce on ne peut plus rentable.

 

Oui, les « exilés politiques » font l’objet de toutes les convoitises de ceux qui veulent faire de leurs drames, leurs souffrances, et leurs peurs un tremplin pour la réalisation de leur ambition personnelle ou catégorielle. Que des partis, des associations, des candidatures aux élections ou aux prix des droits de l’Homme, des manifestations, des réunions publiques, des pétitions, etc. ont été rendu possibles grâce à l’apport direct ou indirect de cette masse de frustrés… tout simplement parce qu’ils ne peuvent pas rentrer dans leur pays. En faisant durer le calvaire de cette catégorie de Tunisiens, on continue  à mettre de l’huile sur un feu dont ils sont les principales victimes. Privés de leur pays, ces Tunisiens exilés craignent d’être privés et exclus d’un espace symbolique de substitution. Ils s’y attachent, non pas par adhésion, encore moins par conviction, mais parce qu’il s’agit du seul refuge qui s’offre à eux et à leurs enfants : l’horreur du vide oblige !

 

Comme le retour de ces exilés doit mettre fin à une situation de privilèges de ceux qui pêchent dans les eaux troubles et profitent de leur souffrance, ces derniers usent de tous les moyens pour alimenter les rumeurs contre ceux qui brûlent du désir de revoir la mère patrie. Collabos, vendus, ou pions…tous les qualificatifs sont bons pour dissuader ces gens et continuer de les presser comme un citron. Ce stratagème fait souvent mouche, dans la mesure où on leur explique que les portes d’un retour digne au pays ne sont pas encore totalement ouvertes. Il faut comprendre la nature de ces exilés qui, pour résister à la violence de « l’exil » (Mandela n’avait-il pas affirmé, lui qui venait de passer 27 ans de sa vie en prison, « je m’estime heureux de ne pas avoir vécu l’expérience de l’exil »), construisent une carapace de protection presque de salut, qui consiste à s’attacher à des valeurs morales (courage, dignité, honneur, intégrité, sacrifice, etc.) qui donnent sens à leur vie et qui expliquent leur souffrance permanente, malheureusement méconnue ou simplement ignorée.  

 

LE RETOUR signifie l’inutilité de ce fardeau, approvisionné généralement par ceux qui  marchandent avec leur peur et leur souffrance, et par conséquent la rupture avec les fournisseurs. Le retour digne qui préserve leur intégrité et leur capital axiologique changerait leur allégeance et la placerait du côté du pays qui leur aura offert cette possibilité, ce même pays qu’ils avaient quitté il y a si longtemps pour préserver la même dignité. Le parcours de ces exilés est un héroïsme dont doit se réclamer avant tout leur pays qui les a élevés, construits et même préparés pour réussir là où tout les prédestinait à échouer. Des individus qui ont su développer à travers des associations, des comités, des espaces éducatifs et sociaux, des formes de solidarité et d’altruisme faisant d’eux un modèle du genre avec à l’arrivée un bilan globalement positif qui honore tous les Tunisiens. Après avoir mangé leur pain noir, ils commencent à voir l’avenir autrement. Mais, voilà que surgissent les marchands de leur calvaire, les industriels « des chocs des Tunisiens » de tout bord, pour leur imposer leur combat à eux et les replonger dans les spectres de la rupture ! Quel cynisme ahurissant, quand on sait que, le plus souvent, les concepteurs des luttes fratricides se moquent de « l’idéologie » de leurs « clients » dans les petits coins !  

 

Une grande partie de ces exilés a pu réaliser durant ces années d’exil, une forme de réussite  personnelle et sociale sur tous les plans (économique, professionnel, scientifique, associatif et surtout éducatif et familial). Elle aimerait simplement la partager avec tout le pays. Débarrassés des contraintes politiques, d’autres ont des acquis et des centres d’intérêts à faire valoir ! La politique, au sens strict du terme, c’est-à-dire la conquête du pouvoir ne les intéresse plus. C’est en ce sens qu’ils conçoivent des relations plus pacifiées et plus constructives avec le pays. D’autres encore ont épousé des formes d’engagement politique et continuent à œuvrer pour le bien être de leur pays. Ne faut-il pas concevoir leur différence comme une richesse et non comme une menace, une addition et non une soustraction pour le seul combat qui vaille : la réussite de notre pays.

 

Le RETOUR DIGNE signifie, pour ces gens, qu’ils vont retrouver une forme de liberté et que leurs choix ne seraient plus dictés par ceux qui ont su tirer profit de leur malheur. Ensuite, ils auront de nouveaux acquis à préserver (ceux qu’ils retrouveront en rentrant : famille, paix, amour et reconnaissance, fardeau de l’exil jeté, etc.). Ils feront tout pour ne plus dilapider ce dont ils ont été privés des années durant. Enfin,  rien que pour justifier leur retour, ils porteront haut la main une image positive d’un pays qui les a accueillis. Tout le monde en sortira gagnant dans cette affaire, point de vainqueurs ou de vaincus, la Tunisie en sortira grandie et renforcée par la réinsertion d’une partie de ses enfants les plus dévoués et les mieux construits par les épreuves de la vie.

Les exilés qui rentrent au pays sont des gens qui sont tournés vers l’avenir. Ils viennent de tourner la page et de rompre avec toutes les survivances d’un passé qui leur a fait tant mal. Durant de longues années d’exil, ils se sont forgés une identité autonome et indépendante caractérisée par un attachement viscéral à des valeurs dont a besoin leur pays, pour répondre aux défis de ce même avenir qu’il ne faut pas aborder en ordre dispersé. La Tunisie s’apprêtant à vivre des échéances importantes (projet de l’Union méditerranéenne, présidence française de l’Union européenne, défis économiques, élections 2009 et l’indispensable ouverture politique, etc.), le retour digne des exilés dans le cadre d’une démarche d’affirmation de la cohésion nationale, qui exclue toute récupération personnelle ou institutionnelle doit constituer un évènement majeur qui nous permettra de rompre avec cette page triste de notre histoire et d’aborder ces rendez-vous réconciliés et unis dans la défense des intérêts de notre pays.

 

Les autorités tunisiennes ne doivent pas ignorer qu’en allégeant les conditions de retour,  qu’en décomplexant la démarche et qu’en la plaçant sous le signe du salut collectif et non individuel, les candidats seront plus nombreux et par conséquent les gains politiques plus énormes.

 

L’auteur de ces lignes a pu bénéficier d’un retour très digne. Reçu honorablement dès mon arrivée à l’aéroport de Tunis Carthage, puis chaleureusement accueilli par toute une ville (Bizerte) qui m’a comblé de son affection et de sa douceur, j’ai pu mesurer l’impact de cette démarche sur des gens qui voient en nous (les exilés) un idéal de courage et de lutte. Il m’a été donné de voir un pays et un peuple qui a besoin de nous comme l’atteste cette incroyable histoire d’une portée fortement symbolique. À Tunis, j’ai rencontré mon ami, ancien joueur et actuel porte-parole du Club Africain Bessam Mehri qui, sachant que j’allais être reçu au Parc B par mes amis les frères Larbi et Youssef Zouaoui respectivement Directeur technique et entraîneur de l’Espérance Sportif de Tunis, m’a transmis des informations au sujet du Club marocain de Barnoussa que l’EST allait rencontrer dans le cadre de sa campagne africaine, un club qu’il ne fallait pas sous-estimer. Les frères Zouaoui étaient ravis du message amical de Bessam. Je l’étais un peu plus, et je me suis dit, que c’est bien une formidable chose que deux clubs supposés frères ennemis (CA et EST) puissent s’échanger des messages d’amitié par le biais d’un exilé de 17 ans. C’est un signe de la providence : je suis toujours utile pour le pays ! Et de quelle manière : réconcilier des frères ennemis.

Quelle est belle cette Tunisie que j’ai quittée en pleurant comme la première fois il y a dix-sept ans !

Je ne veux pas être l’exception qui confirme la règle. Tous les Tunisiens exilés ont le droit à cette joie, et à chacun une place doit être réservée dans cette Tunisie suffisamment grande pour accueillir tous ses enfants quels qu’ils soient.        

 

Le retour est une chance pour la Tunisie et tous ceux qui l’aiment. Saisissons-la !

 

Paris, le 15 avril 2008

Chokri HAMROUNI, politologue.

 


 

UE-Tunisie : un air irrespirable, oui mais lequel?

Wicem Souissi

 

La préoccupation environnementale est décidément partagée par les gouvernants de part et d’autre de la Méditerranée. Est-ce pour autant une priorité pour tous? Rien n’est moins sûr au regard des gouvernés.

 

La Commission européenne vient d’avancer son pion sur l’échiquier de l’Union pour la Méditerranée, chère à Nicolas Sarkozy, récemment contraint par la chancelière allemande, Angela Merkel, d’associer l’ensemble des Vingt-sept à son projet. Sans attendre le lancement, en juillet, à Paris, de l’institution euro-méditerranéenne, Bruxelles a repris à son compte une idée du président français : assainir d’ici à 2020 la rive sud de la mer.

 

Bel et bien inscrits dans les textes régissant les rapports entre les deux rives, la démocratie et le respect des droits de l’homme, quotidiennement foulés au pied dans le Sud, continuent ainsi à êtres relégués à un rang accessoire, au profit d’intentions on ne peut plus louables, quoiqu’hypocrites.

 

Annoncée le 10 avril, la dépollution maritime envisagée par l’Union européenne rejoint celle que, le même jour ! le président tunisien Ben Ali a programmée pour l’industrie des phosphates de la région de Gafsa. Cette hypocrisie autoritaire tente de faire passer au second plan ce que la population, paupérisée, juge ultra-prioritaire : résorber, non pas la pollution manufacturière, mais celle de l’injustice, qui, là et par tout le pays, avec une corruption galopante, a pris des proportions industrielles.

 

(Source: le blog « Tunisia Watch » de Mokhtar Yahyaou, le 13 avril 2008)

Lien: http://tunisiawatch.rsfblog.org/

 

 


 

L’Institut international de la pensée islamique – IIIT France

dans le cadre de sa formation LMD : études islamiques interdisciplinaires 

 

Séminaire

Dimanche 20 avril 2008 de 9h30 à 17h

Colonialisme, immigration et citoyenneté

en France et en Europe

 

Daniel Rivet & Stéphane Lathion

 

 Au siège de l’Institut : 9/11 avenue Michelet 93400 Saint Ouen 9ème étage

Métro n°13, arrêt Carrefour Pleyel, Sortie BD Ornano

 

9h30 : Inscription

10h-13h : Daniel Rivet, Historien, ancien directeur de l’IISMM, spécialiste du Maghreb colonial

 

 » La France : Terre d’immigration, du 19ème siècle à nos jours »

14h-17h: Stéphane Lathion, Sociologue, Président du GRIS,  groupe de recherche sur l’islam en Suisse

 

« Musulmans d’Europe: de l’immigration à la citoyenneté »

 

Entrée libre

 

 

 

 

Institut international de la pensée islamique (IIIT France)

9-11, avenue Michelet, 9e étage, 93400 Saint Ouen

Tél : 0140102446 Fax : 0140102447 http://www.iiitfrance.net

 

Parutions 2007-2008 IIIT Editions :

Pluralisme et reconnaissance : Défis des particularismes et des minorités, sous la direction de Mohamed Mestiri & Dimitri Spivak

Islamophobie dans le monde moderne, sous la direction de Mohamed Mestiri, Ramon Grosfoguel & Soum El Yamine

Oumma : La communauté charismatique, Mona Abul Fadl

Le problème de la méthodologie dans la pensée islamique, Abdulhamid Abu Sulayman

 

 


 

Droits de l’homme: les pays arabo-islamiques sous le feu des ONG

AFP, le 14 avril 2008 à 17h42

 

GENEVE, 14 avr 2008 (AFP) – Les pays arabo-islamiques tentent de confisquer le temps de parole au Conseil des droits de l’homme de l’ONU pour éviter les questions qui fâchent, a dénoncé lundi à Genève la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH).

En marge de l’examen de l’Algérie par la nouvelle procédure du Conseil des droits de l’homme, l' »Examen périodique universel » (EPU) qui entame sa deuxième semaine à Genève, les défenseurs des droits de l’homme ont à nouveau critiqué les défauts du mécanisme.

« Le bloc latino-européen a posé des questions se fondant sur les documents des ONG et du Haut commissariat aux droits de l’homme, et un second bloc composé des pays arabes et de l’OCI (Organisation de la conférence islamique) a tenté un hold-up du temps de parole et évité les problèmes majeurs des droits de l’homme », a critiqué devant la presse Julie Gromellon de la FIDH.

Les pays arabo-islamiques ont « encore une fois tenté de déplacer le débat sur les droits civils et politiques vers celui sur les droits économiques, sociaux et culturels », a-t-elle ajouté.

« Contrairement à ce qui s’est passé pour la Tunisie, il y a quand même eu une évaluation de l’Algérie (par le Conseil), mais tronquée. On a évacué les questions sur l’impunité et les disparitions forcées », a relevé Julie Gromellon.

Dans son rapport remis au Conseil des droits de l’homme, l’Algérie a indiqué que « malgré un contexte de crise qui a duré plus d’une décennie où la difficulté d’allier liberté et sécurité était omniprésente, l’Etat républicain a continué de fonctionner normalement ».

Or le Collectif des familles de disparus en Algérie comptabilise 8.200 dossiers de personnes disparues du fait des forces de l’ordre depuis le début des années 1990.

« Dans le dossier remis par l’Algérie au Conseil, il n’est fait mention nulle part du dossier des disparitions forcées », a déploré Nassera Dutour, porte-parole du Collectif qui refuse « de clore le sujet » comme le souhaiterait Alger.

Le choix de la Concorde civile et de la Réconciliation nationale proposé par Alger en 1999 et 2005 « ne sacrifie ni la mémoire ni ne consacre l’impunité. Il est la voie de la sagesse que la société martyrisée a décidé d’emprunter pour cultiver le pardon », se défend Alger dans son rapport.

 


 

Les droits de l’homme, enjeu de la nouvelle guerre Nord-Sud

Par Guy Mettan, directeur exécutif du Club suisse de la presse

 

Deux ans après la création du Conseil des droits de l’homme et alors qu’on célèbre le 60e anniversaire de la Charte de 1948, il vaut la peine de se pencher quelques minutes sur les enjeux et les batailles qui se livrent derrière les célébrations rituelles des droits humains. Le calendrier 2008 est particulièrement chargé.

 

Siégeant durant tout le mois de mars à Genève, le Conseil a, entre autres, enregistré le départ de la Haut Commissaire Louise Arbour, et élu Jean Ziegler comme membre de son nouveau comité consultatif. Mais surtout c’est cette semaine que s’ouvre la première session des « examens périodiques universels », sorte de grands oraux auquel les pays membres doivent se soumettre pour savoir s’ils sont dignes de figurer au palmarès des élus qui respectent la Charte. Seize pays passent sur le gril, du Royaume-Uni à la Tunisie. En juin prochain, le Conseil doit élire ses nouveaux membres.

 

Voilà pour l’agenda. Mais ce qui ressemble au traintrain routinier et ennuyeux des réunions onusiennes cache en fait une bataille passionnante et de longue haleine entre l’Occident riche et démocratique d’une part, et l’immense majorité des pays du sud d’autre part. En principe, tous proclament que les droits humains sont universels et inséparables les uns des autres et qu’on ne peut donc les choisir à la carte.

 

Mais la réalité est plus complexe. Aux yeux des pays d’Afrique, d’Asie et du Moyen-Orient, les beaux principes défendus avec emphase par le camp occidental, emmené par les Etats-Unis, le Japon, l’Europe et les puissantes ONG qu’ils financent généreusement, visent en fait à affirmer la primauté des droits politiques et culturels (liberté de vote, d’association, d’expression, droits des minorités…) sur les droits sociaux et économiques (droit à l’éducation, au travail, au logement, à la santé, etc.).

 

En d’autres termes, disent les pays du sud, depuis que vous avez réglé le problème des droits sociaux et économiques chez vous – souvent à notre détriment en nous imposant des conditions d’échange inéquitables – vous vous focalisez sur les droits politiques, qui vous servent de prétexte pour vous ingérer dans la gouvernance de nos pays, dont vous stigmatisez les lacunes pour mieux dissimuler le fait que vous continuez à assurer votre prospérité grâce à l’exploitation de nos ressources naturelles et humaines.

 

A quoi les pays riches rétorquent que tout est lié, qu’on ne peut séparer le développement économique du développement politique. Ce qui reste à prouver quand on sait que le Chili, Taiwan, la Corée, Singapour et maintenant la Chine ont assuré leur décollage économique sans forcément respecter les droits politiques !

 

On le voit, le débat n’est pas anodin. Les enjeux politiques sont immenses et ne sauraient être réglés en quelques séances d’experts. Primauté des droits politiques ou primautés des droits économiques ? Le combat est violent et la guerre de tranchées rude. Quand on se promène dans les couloirs du Conseil des droits de l’homme, on est sommé de prendre parti : pour les Sud-Africains, les Pakistanais, les Egyptiens ou les Algériens qui mènent la fronde anti-nordiste, ou pour l’Union européenne, la Suisse ou les Etats-Unis, qui forment l’avant-garde anti-sudiste.

 

Et pourtant, des (bons) compromis sont possibles

 

La seule manière de dépasser un tant soit peu les clivages est de sortir de l’arène politique pour privilégier une approche pragmatique, sur le terrain, en se concentrant sur les progrès enregistrés, et d’identifier les lacunes qui restent à combler, dans tous les domaines des droits de l’homme, qu’ils soient politiques, sociaux ou économiques.

 

Parmi les 16 pays qui passent ces jours leur examen périodique universel, le dossier remis par la Tunisie constitue un bon exemple de la démarche à suivre pour sortir de l’impasse et fait avancer, de ce fait, l’ensemble de la cause des droits de l’homme.

 

 Premier constat, le rapport – disponible sur le site du Conseil des droits de l’homme, 22 pages au total – est complet et sérieux. La première partie en détail le cadre constitutionnel et législatif du pays en matière de promotion et de protection des droits de l’homme et met en avant les nouveautés (un article constitutionnel garantissant les libertés fondamentales et les droits de l’homme dans leur acception universelle, globale, complémentaire et interdépendante »). Les droits de l’enfant, le rôle du Conseil constitutionnel, des tribunaux et des structures nationales de contrôle tant officielles que privées (ONG) sont détaillés et définis.

 

La deuxième partie fait le point sur les progrès réalisés en matière de droits civils et politiques (rôle des partis, place réservée à l’opposition et aux minorités, indépendance de la justice, répression des actes inhumains commis par des gents de l’Etat, ouverture des prisons aux délégués du CICR, tolérance religieuse, manuels scolaires…). Les points forts sont soulignés, tels que le statut juridique des femmes et leurs droits particuliers dans la société tunisienne. Dans la ligne des pays du sud, la dernière partie met en exergue les progrès très réels et assez spectaculaires enregistrés dans le domaine des droits économiques, sociaux et culturels. Des rapports du PNUD sur le développement humain et du World Economic Forum, qui mettent la Tunisie en très bonne position en matière de qualité de l’enseignement primaire, de dépenses pour l’éducation, de scolarisation des filles, d’accès à l’internet , de développement durable, de croissance économique, de transferts sociaux ou d’égalité des chances.

 

Enfin, la conclusion esquisse les perspectives d’avenir et prend des engagements pour le futur (révision du code électoral, rôle accru des médias, amélioration du système pénal) dans un contexte de terrorisme – la Tunisie a été victimes d’attentats signés d’Al Qaida et, tout récemment, de l’enlèvement de deux touristes autrichiens – et d’extrémisme racial et religieux.

 

Ce rapport épuise-t-il le sujet ? Bien sûr que non. Mais il a le grand mérite d’aborder toutes les questions, de façon concrète et transparente. Le débat peut donc se faire, des critiques peuvent être émises, des recommandations formulées, des avancées constatées, des responsables désignés. Les opposants peuvent se défouler, le gouvernement peut se défendre. Ce qui est finalement la seule chose qui compte. Car tout le reste n’est que vaines palabres. C’est sur le terrain, dans le concret, que progresse la cause des droits de l’homme et sur ce plan, la Tunisie fait plutôt figure de bon élève.

 

(Source : « Tribune de Genève » (Quotidien – Suisse), le 10 -11 avril 2008)

 

 


 

Mme Livni au Qatar appelle les pays arabes à nouer des liens avec Israël

 

AFP, le 14 avril 2008 à 21h45

 

DOHA, 14 avr 2008 (AFP) – La ministre israélienne des Affaires étrangères, Tzipi Livni, en visite au Qatar, a appelé lundi les autres pays arabes à nouer des liens avec l’Etat hébreu, leur suggérant un rapprochement par étape.

 

« J’espère que les autres pays arabes suivront l’exemple du Qatar » en entretenant des contacts avec Israël, a lancé Mme Livni devant les participants à un forum sur la démocratie tenu à Doha, au deuxième jour de sa visite au Qatar, la première dans ce riche émirat gazier du Golfe.

 

Elle a estimé que les Arabes ne devraient pas attendre qu’Israël parvienne à un règlement avec les Palestiniens pour normaliser leurs relations avec l’Etat hébreu, suggérant qu’ils pourraient engager un

rapprochement « étape par étape ».

 

Elle a ajouté comprendre le lien établi par les Arabes entre la normalisation avec Israël et un règlement du problème palestinien, mais leur a demandé d’entreprendre « quelques pas » dans l’intérêt des Palestiniens, et non pas dans celui d’Israël.

 

Le Qatar maintient des contacts avec Israël même en l’absence de relations diplomatiques. Il abrite depuis 1996 un bureau de représentation commerciale israélien géré par deux diplomates, et des représentants des deux pays se rencontrent régulièrement.

 

Mais la question des relations avec Israël demeure très controversée dans le monde arabe en l’absence de progrès sur un règlement du conflit israélo-palestinien.

 

Interrogée sur un plan de paix arabe, vieux de six ans et offrant à Israël une normalisation en échange de son retrait des territoires arabes occupés, un Etat palestinien et le retour des réfugiés, Mme Livni a dit que ce plan représente « les paramètres de la Ligue arabe » et que s’il est « à prendre ou à laisser », « il n’y a pas lieu à un dialogue ».

 

Dans son intervention au Forum de Doha, Mme Livni a associé Israël aux Arabes « modérés » qui affrontent « les radicaux », s’élevant contre ce qu’elle a appelé « le terrorisme » émanant de la bande de

Gaza contrôlée par le mouvement islamiste Hamas, actuellement soumise à un blocus israélien.

 

« Israël ne pose pas de menace pour la stabilité et la paix dans la région (…). La menace provient des radicaux, qui refusent de Reconnaître nos droits démocratiques », a-t-elle dit.

 

« Lorsque je dis +nos+ (droits), je veux dire les droits des Israéliens, des Palestiniens modérés, des Arabes modérés et des régimes musulmans pragmatiques », a-t-elle encore dit.

 


 

Trois Egyptiens transférés secrètement via l’Allemagne par la CIA (presse)

 

AFP, le 15 avril 2008 à 13h58

   

    BERLIN, 15 avr 2008 (AFP) – L’agence américaine de renseignement  (CIA) avait organisé au moins deux vols via l’Allemagne pour  transférer clandestinement des prisonniers soupçonnés de terrorisme  avant que Berlin soit mis au courant de ces affaires en 2004,  rapporte mardi un quotidien allemand.

    En décembre 2001, un vol, pour lequel aucune autorisation de  survol du territoire n’avait été accordée, a permis le transfert par  la CIA de deux Egyptiens de Stockholm au Caire, rapporte le  quotidien Süddeutsche Zeitung citant des élements d’un rapport  confidentiel à la commission parlementaire allemande chargée de la  surveillance des services secrets.

    En février 2003, un autre Egyptien, enlevé par la CIA à Milan,  en Italie, avait été dans un premier temps transporté secrètement à  la base militaire américaine de Ramstein (ouest de l’Allemagne),

avant d’être lui aussi envoyé en Egypte.

    Les organisations de défense des droits de l’Homme ont critiqué  plusieurs gouvernements européens, coupables selon elles, de  complicité dans les détentions secrètes opérées par les Etats-Unis  dans le cadre de la lutte anti-terroriste après les attaques du 11  septembre 2001 par Al-Qaïda, ainsi que dans le transfert secret de  suspects vers des pays où ils ont pu être torturés.

    Les informations publiées mardi proviennent d’un rapport mandaté  par la commission parlementaire qui enquête sur une éventuelle  coopération entre Berlin et la CIA.

    Selon le rapporteur, Joachim Jacob, un ancien responsable de la  protection des données informatiques, il sera difficile d’obtenir de  plus amples informations sur les activités en Allemagne de la CIA  sans la coopération des Etats-Unis.

    Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter  Steinmeier, a du se défendre le mois dernier devant la commission  d’accusations de complicité avec la CIA dans l’enlèvement à

l’automne 2001 d’un Allemand d’origine syrienne, Mohammed Haydar  Zammar, livré ensuite à la Syrie.

    M. Zammar, qui était soupçonné de contacts avec les pilotes  kamikazes responsables pour les attaques du 11 septembre, avait été  arrêté par la CIA alors qu’il effectuait un voyage au Maroc, la

police criminelle allemande ayant communiqué aux Américains les  dates de son voyage. Il avait ensuite été remis à la Syrie où il a  depuis lors été condamné à 12 ans de prison pour appartenance aux  Frères musulmans, un mouvement interdit.

    Un autre Allemand, d’origine libanaise, avait pour sa part été  arrêté fin décembre 2003 en Macédoine à l’occasion d’un voyage. Il  affirme avoir ensuite été séquestré par la CIA qui l’a conduit en  Afghanistan, emprisonné, battu, harcelé, puis libéré au bout de cinq  mois en Albanie sans qu’aucune charge ne soit retenue contre lui.

   

AFP


Egypte: prison ferme pour 25 islamistes devant un tribunal militaire

 
  15/04/2008 13:12:47 – LE CAIRE (AFP) La justice militaire égyptienne a condamné mardi 25 dirigeants de la confrérie islamiste des Frères musulmans, accusés de financement d’une organisation interdite, à des peines allant jusqu’à 10 ans de prison, acquittant 15 autres, a indiqué à l’AFP une source judiciaire. Le numéro trois de la confrérie, Khaïrat al-Chater, ainsi qu’un autre dirigeant, Hassan Malek, ont été condamnés à sept ans de prison chacun, a affirmé cette source. Sept membres des Frères qui se trouvent à l’étranger, jugés par contumace, ont écopé de 10 ans de prison, tandis que 16 autres ont été condamnés à des peines allant d’un an et demi à cinq ans ferme. Les 15 personnes restantes ont été acquittées, a précisé la même source. Accusés de « blanchiment d’argent et financement d’une organisation interdite », les 40 hommes comparaissaient à huis clos depuis le 26 avril 2007. C’est le président égyptien Hosni Moubarak qui avait décidé de déférer les 40 hommes, détenus depuis décembre 2006, devant la justice militaire. Ses verdicts sont sans appel.

Produits alimentaires

La communauté internationale confrontée à une grande crise

 
PARIS (AP) — De Port-au-Prince à Manille en passant par Le Caire, des milliers de personnes manifestent contre la flambée des prix des matières premières alimentaires, poussant les institutions internationales telles que l’ONU et la Banque mondiale à s’interroger sur la politique alimentaire mondiale. Le Président français Nicolas Sarkozy pourrait faire des annonces dans les prochains jours en matière d’aide aux pays en voie de développement, selon Xavier Darcos. Plaidant pour un « New Deal pour une politique alimentaire globale », le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, a expliqué dimanche que « ce n’est pas seulement une question de besoins à court terme, aussi importants soient-ils ». « Il s’agit aussi de s’assurer que les générations futures n’en paient pas elles aussi le prix ». Un rapport sur l’état de l’agriculture dans le monde, réalisé par près de 400 scientifiques et représentants de la société civile et du secteur privé, qui sera présenté aujourd’hui à l’Unesco, appelle à changer d’urgence les règles qui régissent l’agriculture moderne. Une position défendue par le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, qui proposait vendredi dans un tribune à Libération de « faire face aux émeutes de la faim », en « encourageant des réformes structurelles ». « Nous devons privilégier les aides ciblées, encourager la production et soutenir la reconstitution des stocks alimentaires », soulignait M. Kouchner, qui annonçait « la mise en place immédiate d’un groupe de travail de haut niveau associant les ministères de l’Agriculture et des Affaires étrangères ». De plus, M. Sarkozy « fera des annonces » dans les « prochains jours » concernant les aides financières aux pays en voie de développement frappés par cette flambée des prix agricoles et alimentaires, a annoncé le ministre français de l’Education Xavier Darcos. Le week-end dernier à Washington, la France a d’ores et déjà suggéré la création d’une « task force » internationale sous l’égide du Programme alimentaire mondial (PAM). La première urgence est d’abord de renflouer le PAM, dont le déficit de financement atteint les 500 millions de dollars pour la fin du mois (316 millions d’euros), afin d’aider 89 millions de personnes. Touchant quelque 37 pays principalement en Afrique et en Asie, selon le dernier bulletin Perspectives de récoltes et situation alimentaire de la FAO, cette crise s’explique en effet par plusieurs facteurs de fond. Le directeur général de l’organisation onusienne, Jacques Diouf, a évoqué une combinaison de facteurs ayant conduit à une forte hausse des prix, à savoir une production réduite due au changement climatique, les niveaux des stocks historiquement bas (moins de deux mois), une consommation plus grande de viande et de produits laitiers dans les économies émergentes comme la Chine et l’Inde, une demande accrue pour la production de biocarburants et le coût plus élevé de l’énergie et du transport. « La facture des importations céréalières des pays les plus pauvres du monde devrait augmenter de 56% en 2007-2008 après une hausse significative de 37% en 2006-2007 », a prédit la FAO, avec une augmentation de 87% du prix du soja sur une année, voire de 130% pour le blé. Pour les pays à faible revenu et déficit alimentaire en Afrique, cette facture devrait bondir de 74%, selon la FAO. Très inquiet, le directeur du FMI, Dominique Strauss-Kahn, a prévenu que ces émeutes de la faim « pourraient s’étendre un peu partout ». « Il pourrait y avoir un peu partout des situations intenables » et « cela va entraîner pour beaucoup de pays, notamment africains et asiatiques, des déséquilibres très importants de leur balance des paiements et de leur encadrement macroéconomique ». « Si l’envolée de ces prix se poursuit, a dit M. Strauss-Kahn, des milliers, des centaines de milliers de personnes vont être victimes de la faim. Des enfants souffriront de malnutrition, avec des conséquences pour toute leur vie ». Les « émeutes de la faim » ont d’ores et déjà provoqué la chute du Premier ministre haïtien, alors que certains pays comme la Thaïlande font surveiller les rizières contre les voleurs. Et quand les gouvernements prennent des mesures au niveau national, comme des subventions sur les matières premières, cela peut avoir des conséquences ailleurs. Les restrictions sur les exportations de farine chinoise ont fait grimper les prix en Indonésie, selon la FAO. « Nous avons besoin d’une réponse à grande échelle que ce soit au niveau régional ou international », a confirmé Brian Halweil de l’Institut Worldwatch, qui se consacre à la recherche environnementale et au développement durable. « Tous les pays sont suffisamment liés aux marchés alimentaires mondiaux pour que ceci soit considéré comme une crise internationale ».

 

 


 

A peine élu, Silvio Berlusconi vise l’immigration clandestine

Reuters mardi 15 avril 2008, mis à jour à 14:10 Silvio Berlusconi a promis dès mardi de s’appuyer sur sa nette victoire aux législatives en Italie pour fermer la frontière à l’immigration clandestine et lancer une campagne contre l’insécurité et l’armée du mal. Dans des propos largement susceptibles d’être applaudis par son allié xénophobe de la Ligue du Nord, qui est sorti renforcé du scrutin de dimanche et lundi, le milliardaire conservateur a placé la lutte contre l’immigration clandestine et l’insécurité comme ses priorités. Il a également promis, en tant que probable futur président du Conseil, de régler la crise du traitement des déchets à Naples et de sauver la compagnie aérienne Alitalia. « L’une des premières choses à faire est de fermer les frontières et de mettre en place davantage de camps pour identifier les ressortissants étrangers qui n’ont pas d’emploi et sont acculés à la criminalité », a-t-il dit à la télévision. « Deuxièmement, il nous faut davantage de policiers de terrain pour constituer une ‘armée du bien’ sur les places et dans les rues pour s’interposer entre le peuple italien et l’armée du mal », a-t-il ajouté. Selon les derniers résultats communiqués par le ministère de l’Intérieur, la droite italienne recueille au total autour de 47% des suffrages. La gauche obtient autour de 38%. Avec un total de 340 élus à la Chambre des députés, qui en compte 630, le Peuple de la liberté (PDL) – nouvelle alliance de droite du « Cavaliere » – et ses alliés de la Ligue du Nord et du MPA disposent d’une solide majorité. La coalition de gauche, qui regroupe le Parti démocrate de Walter Veltroni et le mouvement Italie des valeurs (IDV) de l’ancien magistrat anti-corruption Antonio di Pietro, n’obtient que 239 députés. Au Sénat, qui regroupe 315 membres élus et sept sénateurs à vie, la coalition de Berlusconi obtient 171 sièges contre 130 pour l’alliance de Veltroni. Par contraste, le gouvernement sortant de Romani Prodi ne disposait depuis 2006 que d’une majorité de deux sièges au Sénat, où il avait été mis en minorité en janvier après 20 mois d’exercice du pouvoir. LA LIGUE DU NORD DOUBLE SON SCORE Outre le PDL de Berlusconi, l’autre grand gagnant du scrutin est le parti séparatiste de la Ligue du Nord, qui a pratiquement doublé son score en deux ans: il passe de 4,6% aux législatives de 2006 à plus de 8% au dernier scrutin. Fort de son succès, le dirigeant de la Ligue Umberto Bossi réclame dans les colonnes de La Stampa de vastes réformes fiscales et une répression de l’immigration clandestine. « Nous avons besoin de réformes tout de suite, sinon nous perdrons patience », prévient-il. Pour le politologue Gian Enrico Rusconi, de l’Université de Turin, les Léguistes devraient « augmenter le prix de leur coopération ». « Je ne pense pas, ajoute-t-il, que le gouvernement Berlusconi sera capable de mener à bien les réformes dont l’Italie a besoin. La Ligue est un parti protectionniste. » Dès sa victoire, Berlusconi a averti qu’il ne serait pas facile de régler les problèmes économiques et annoncé que les Italiens devaient s’attendre à des « mois difficiles ». Berlusconi, qui a dirigé le pays durant sept mois en 1994 et de nouveau entre 2001 et 2006, n’a pas lésiné sur les promesses durant la campagne électorale, s’engageant à réduire la dette publique, à diminuer les impôts et à libéraliser le secteur hautement régulé des services. Les économistes rappellent cependant que lors de son précédent mandat, le seul mené au bout depuis l’après-guerre en Italie, Berlusconi n’a engagé aucune réforme d’envergure et qu’il a laissé filer le déficit budgétaire et la dette publique. Le « Cavaliere » a déclaré dès lundi que son gouvernement traiterait rapidement le dossier de la vente d’Alitalia et la crise des ordures à Naples. Berlusconi n’a pas été plus

L’islamophobie aux Pays-Bas critiquée par des ONG devant l’ONU

GENEVE, 15 avr 2008 (AFP) – Les musulmans vivant aux Pays-Bas sont de plus en plus victimes d’intolérance et le gouvernement devrait combattre davantage les discriminations, ont dénoncé mardi des ONG devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève. « Cela se produit dans tous les domaines de la vie publique: au travail, dans les écoles et aussi dans les établissements comme les cafés, les restaurants et les milieux sportifs », ont-ils relevé dans un rapport remis au Conseil lors de l’examen de la politique des droits de l’homme des Pays-Bas. Pour les ONG, il existe « un manque d’intérêt au niveau gouvernemental pour des études approfondies et des analyses des conséquences de ces stéréotypes, de même que pour assurer la mise en place de lois garantissant les principes de non-discrimination ». Le gouvernement des Pays-Bas a rejeté ces accusations, affirmant pour sa part « qu’une réelle interaction entre les gens de différentes origines aidera à combattre la discrimination et l’islamophobie dans le pays ». « Respecter la liberté des musulmans à pratiquer leur religion est un thème clé des politiques d’intégration et correspond à une longue tradition de liberté de religion aux Pays-Bas », a indiqué le ministre néerlandais de la Justice Nebahat Albayrak devant le Conseil des droits de l’homme. L’intégration des communautés musulmanes est un sujet de débat croissant aux Pays-Bas ces dernières années, particulièrement depuis l’assassinat du réalisateur Theo van Gogh par un musulman extrémiste en 2004, après la diffusion de son film critiquant le traitement des femmes par l’islam. Un autre réalisateur, Geert Wilders, a ranimé la controverse en produisant cette année « Fitna », un film qui présente des images des attaques terroristes de New York et de Madrid couplées à des versets du Coran. Le ministre de la Justice a souligné devant le Conseil que son gouvernement « rejette vivement le message du film ».

Tan Malakka : nationalisme, marxisme et Islam (1/2)

Par Youssef Girard mardi 15 avril 2008

 

« Un peuple capable d’organiser lui-même, sa vie économique, et de produire toujours et partout des dirigeants en son sein ne pourra jamais être soumis à l’aide de tanks et d’avions ». Tan Malakka

Militant nationaliste indonésien, musulman et marxiste, Tan Malakka fut l’une des figures les plus marquantes de ces militants révolutionnaires des Trois Continents qui cherchèrent à décentrer le marxisme et à lier lutte anti-capitaliste, anti-impérialiste et renaissance nationale-culturelle.

A l’instar du Tatare Sultan Galiev, de l’Indien Manabendra Nath Roy, du Péruvien José Carlos Mariategui ou du Vietnamien Ho Chi Minh, Tan Malakka s’attacha à adapter le marxisme, idéologie née dans un contexte européen, aux réalités nationales-culturelles d’un pays asiatique et musulman, l’Indonésie, notamment en prenant en compte sa dimension islamique contre un communisme « occidentaliste » qui ne voyait dans l’Islam qu’un résidu de traditions moyenâgeuses. Pour ces révolutionnaires non-occidentaux le marxisme était compris « en tant que ferment de la renaissance nationale, à vection socialiste »[1].

Né à Suliki à l’ouest de Sumatra en 1897 dans l’Indonésie sous domination coloniale néerlandaise, Tan Malakka étudia à l’école normale d’instituteurs hollandaise de Bukittinggi, le centre culturel et intellectuel du pays Minangkabau. En 1913, il reçut un prêt des anciens de son village pour poursuivre ses études aux Pays-Bas. Là-bas, il suivit les cours de l’école normale de Haarlem jusqu’en 1919.

Arrivant en Hollande, Tan Malakka découvrit le marxisme qu’il se mit à étudier avec le plus grand intérêt. Le marxisme lui fournissait des outils d’analyse critique pour mieux comprendre la situation politique et sociale de l’Indonésie. Ses relations, à la fois avec des étudiants marxistes Hollandais et des étudiants Indonésiens, le convinrent que l’Indonésie devait se libérer de la domination coloniale par la révolution. Dans ce contexte d’émulation intellectuelle, la révolution russe d’octobre 1917 eut une grande importance dans sa réflexion sur l’Indonésie et sur le lien entre capitalisme, impérialisme et oppression sociale.

Rentrant en Indonésie en 1919, Tan Malakka devint instituteur dans une école pour les enfants d’ouvriers de plantation près de Medan dans le nord Sumatra. Dans le même temps, il commença à coopérer avec l’Union Social-Démocrate des Indes [ISDV] qui devait devenir le futur Parti Communiste d’Indonésie [PKI]. En 1920, il quitta Sumatra pour Java où, à la demande de l’organisation nationaliste et islamique Sarekat Islam [Ligue Islamique], il créa une « école du peuple » à Semarang, dans le centre de Java. Cette ville était un centre actif du nationalisme indonésien. Créé en 1912 par Hadji Oemar Said Tjokroaminoto, l’organisation Sarekat Islam était un mouvement nationaliste et islamique défendant les thèses de la salafiyyah impulsées par Djamal ed-Din al-Afghani.

Exposant son travail avec le mouvement Sarekat Islam au quatrième congrès l’International Communiste en 1922 à Moscou, Tan Malakka expliqua : « Nous avons à Java une très grande organisation avec de nombreux paysans très pauvres, le Sarekat Islam (Ligue islamique). Entre 1912 et 1916 cette organisation avait un million de membres, peut-être jusqu’à trois ou quatre millions. C’était un très grand mouvement populaire, qui émergea spontanément et était vraiment révolutionnaire.

Jusqu’en 1921 nous avons collaboré avec lui. Notre parti [le Parti Communiste d’Indonésie], constitué de 13 000 membres, entra dans ce mouvement populaire et y mit en oeuvre sa propagande. En 1921, nous réussîmes à faire adopter notre programme par Sarekat Islam. La Ligue islamique elle aussi faisait de l’agitation dans les villages, pour le contrôle des usines et pour le slogan : « tout le pouvoir aux paysans pauvres, tout le pouvoir aux prolétaires ! » Ainsi, Sarekat Islam faisait la même propagande que notre Parti communiste, parfois seulement sous un autre nom.

Mais en 1921 une scission se produisit comme résultat de critiques maladroites de la direction de Sarekat Islam. Le gouvernement, par l’entremise de ses agents au sein de Sarekat Islam, exploita la scission et il exploita aussi la décision du second congrès de l’Internationale communiste : la lutte contre le pan-islamisme ! Que disaient-ils aux simples paysans ? Ils disaient : regardez, les communistes ne veulent pas seulement scissionner, ils veulent détruire votre religion ! C’en était trop pour un simple paysan musulman. Le paysan se disait à lui-même : j’ai presque tout perdu en ce monde, dois-je perdre aussi mon paradis ? Cà je ne le veux pas ! Voilà comment pensait le simple musulman. Les propagandistes du gouvernement l’exploitaient avec beaucoup de succès. Et donc nous avons eu une scission »[2].

Face aux membres du Congrès de l’Internationale Communiste, Tan Malakka poursuivait son argumentation en faveur d’une collaboration entre les marxistes indonésiens et l’organisation islamique Sarekat Islam : « les Sarekat-islamistes croient en notre propagande et restent avec nous avec leurs tripes, pour utiliser une expression populaire, mais dans leurs coeurs ils restent avec le Sarekat Islam, avec leur paradis. Et le paradis est quelque chose que nous ne pouvons pas leur donner. C’est pourquoi ils ont boycotté nos réunions et que nous ne pouvions plus faire de propagande du tout.

Depuis le début de l’année dernière, nous avons travaillé à ré-établir le lien avec Sarekat Islam. A notre congrès en décembre de l’année dernière, nous avons dit que les musulmans du Caucase ou d’autres pays qui coopèrent avec les Soviets et luttent contre le capitalisme international comprennent mieux leur religion ; et nous avons aussi dit que s’ils voulaient faire de la propagande pour leur religion, ils pouvaient le faire pour autant qu’ils ne le fassent pas dans des réunions mais dans les mosquées.

On nous a demandé dans des réunions publiques : êtes vous des musulmans, oui ou non ? Croyez vous en Dieu, oui ou non ? Comment pouvions nous répondre à cela ? Oui, j’ai dit, quand je suis face à Dieu je suis un musulman, mais quand je suis face à l’homme je ne suis pas un musulman. C’est ainsi que nous avons infligé une défaite à leurs chefs avec le Coran dans nos mains ; et à notre congrès l’année dernière, nous avons contraint les dirigeants de Sarekat Islam, par le biais de leurs propres membres, à collaborer avec nous.

Quand une grève générale a éclaté en mars de l’année dernière, les travailleurs musulmans avaient besoin de nous puisque nous avions les cheminots sous notre direction. Les dirigeants de Sarekat Islam disaient : si vous voulez collaborer avec nous, vous devez nous aider vous aussi. Bien sûr, nous sommes allé à leur rencontre et nous avons dit : oui, votre Dieu est puissant, mais il a dit que sur cette terre les cheminots sont plus puissants ! Les cheminots sont le comité exécutif de Dieu dans ce monde »[3].

Ce rapprochement entre le Sarekat Islam et le Parti Communiste d’Indonésie, eu lieu au moment ou Tan Malakka fut élu président du PKI. En fait, il était le premier partisan et le grand artisan du rapprochement entre le PKI et le Sarekat Islam. Toute fois, du fait de ses activités politiques, il fut arrêté par les autorités coloniales hollandaises à Bandung en 1922 et exilé aux Pays-Bas. Au cœur de la puissance coloniale, il se présenta aux élections parlementaires hollandaises de 1922 comme candidat du Parti Communiste de Hollande qu’il voulait persuader de soutenir la cause de lutte de libération nationale indonésienne.

Par la suite, Tan Malakka se rendit à Berlin puis à Moscou. Il milita au sein de l’Internationale Communiste [Komintern], où il soutint que les communistes européens devaient impérativement aider les luttes nationalistes de l’Asie et des pays colonisés. Du fait de sa connaissance de l’Asie du Sud-Est, il fut nommé agent du Komintern pour cette région.

En 1923, l’Internationale Communiste l’envoya à Canton en Chine, avec pour mission de faire paraître un journal en langue anglaise. A la suite de cela, il se rendit à Manille aux Philippines, alors sous domination américaine. Malgré son action en faveur de l’Internationale Communiste, Tan Malakka était en désaccord avec les thèses de Lénine sur les mouvements de renaissance nationale-culturelle qu’étaient le pan-islamisme ou le pan-asiatisme.

En juillet 1920, le deuxième congrès l’Internationale Communiste traça les grandes lignes de la politique anti-colonialiste du Komintern. Dans ses « Thèses et additions sur les questions nationales et coloniales », le congrès affirmait : « Il est nécessaire de lutter contre les mouvements panislamiques et pan-asiatiques, et autres tendances similaires, qui essaient de combiner la lutte de libération contre l’impérialisme européen et américain avec le renforcement du pouvoir de l’impérialisme turc et japonais ainsi que des potentats locaux, grands propriétaires, hauts dignitaires religieux etc ; »[4]. 

Deux remarques s’imposent au sujet de cette affirmation du congrès qui avait suivi les orientations de Lénine[5] :

– Premièrement, Lénine, de part ses conceptions occidentalo-centriques, était incapable de comprendre en quoi les mouvements panislamiques ou pan-asiatiques étaient porteurs d’une dynamique de renaissance civilisationelle dans des sociétés en proie à la domination politique, économique et culturelle de l’occident ;

– Deuxièmement, alors que les bolcheviks avaient repris les rênes l’empire des Tsars, Lénine dénonçait des mouvements, le pan-islamisme et le pan-asiatisme, susceptible de remettre en cause la domination coloniale russe sur le Caucase, l’Asie Centrale ou l’est de la Sibérie. Derrière la dénonciation du pan-islamisme et du pan-asiatisme ce cachait la défense du projet « Grand Russe » que les bolcheviks avaient repris.

Loin de ces conceptions occidentalo-centristes, Tan Malakka fut l’un des principaux acteurs de ce qu’Anouar Abdel Malek appela une « véritable lutte idéologique  » entre « les marxistes européocentriques et les marxistes nationalitaires (« nationalistes ») des pays sous-développés »[6].
 


[1] Abdel Malek Anouar, La dialectique sociale, Ed Seuil, Paris, 1972, page 36. Anouar Abdel Malek notait que ces marxistes du Sud restaient « inconnus, mal aimés, dénigrés ».

[2] Tan Malakka, Communisme et Pan-islamisme, IVème Congrès de l’Internationale Communiste.

[3] Tan Malakka, Communisme et Pan-islamisme, IVème Congrès de l’Internationale Communiste.

[4] Résolution de l’Internationale Communiste, Thèses et additions sur les questions nationales et coloniales, IIème Congrès de l’Internationale Communiste, Juillet 1920

[5] Dans un texte de préparation du congrès Lénine affirmait « la nécessité de lutter contre le panislamisme et autres courants analogues, qui tentent de conjuguer le mouvement de libération contre l’impérialisme européen et américain avec le renforcement des positions des khans, des propriétaires fonciers, des mollahs, etc ». Cf. Lénine, Première ébauche des thèses sur les questions nationale et coloniale, L’Internationale Communiste, n°11, juillet 1920

[6] Abdel Malek Anouar, La dialectique sociale, op. cit., page 296.

(Source: oumma.com le 15 avril 2008)

 

 

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