14 avril 2008

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TUNISNEWS

 8 ème année, N°  2882 du 14.04.2008

 archives : www.tunisnews.net


AISPP:  Mobilisation pour Taoufik Mizane AISPP:  Communiqué Comité de Soutien aux Habitants du Bassin Minier de Gafsa: Communiqué Abdelkarim Harouni et l’isolement Le Temps Lundi : Aménagement des réservoirs des lavoirs du phosphate du bassin minier de Gafsa Le Temps Lundi: Grossesses des jeunes filles célibataires et récidives entre 12 et 25 ans – Reflet d’un échec social ? Le Temps Lundi: L’interview : Hassouna MOSBAHI, Romancier AFP: Prix: Un responsable islamique prévoit une « explosion » sociale en Jordanie Reuters: Erdogan reconnaît que la majorité de Turcs sont pour la laïcité Reuters: France – Grève sans précédent au journal Le Monde AFP: La sécurité israélienne refuse d’assister Jimmy Carter Le Devoir : Nom de code: «langouste»


 

Liberté pour tous les prisonniers politiques Liberté pour Abdallah Zouari, le journaliste exilé dans son propre pays Association Internationale de Soutien aux Prisonniers politiques 43 Rue Eldjazira, Tunis e-mail : aispptunisie@yahoo.fr

Tunis, le 13 avril 2008 L’association a appris que le autorités hollandaises avaient l’intention de livrer l’ex prisonnier politique Taoufik Mizane aux autorités tunisiennes après que l’office de l’immigration et de la nationalité du ministère de la Justice hollandais ait refusé en date du 11 mai 2006 de lui accorder l’asile politique, en prétextant que le fait qu’il ait obtenu un passeport après sa sortie de prison indiquait qu’il n’était plus persécuté par les autorités tunisiennes pour ses activités politiques. La Cour Suprême a entériné la décision du ministère, prise d’après des considérants inexacts, et lui a laissé un délai de 28 jours pour quitter le pays, dont 24 sont déjà passés ! Monsieur Taoufik Mizane est un citoyen tunisien né le 27 septembre 1971 dans le gouvernorat de Kebili, qui a présenté une demande d’asile politique aux autorités hollandaises le 19 avril 2005, avec,; à l’appui de sa demande, des documents d’identité et un jugement rendu contre lui le 12 février 1998 sous le numéro 25702, à trois ans d’emprisonnement fermes et à une peine de contrôle administratif de cinq ans en fin de peine et il a présenté une carte de sortie de prison indiquant qu’il s’agissait d’une libération conditionnelle le 6 novembre 1999. L’association réaffirme que la peine de contrôle administratif constitue une des pires violations auxquelles sont soumis les prisonniers politiques libérés en ce qu’elle n’est qu’un transfert vers une nouvelle prison… plus vaste, aux frais de la personne libérée …! Le contrôle administratif permanent auquel a été soumis Taoufik Mizane, ainsi que les convocations de la police politique, la privation d’emploi, de possibilité de poursuivre des études l’ont poussé à quitter le pays avec des documents falsifiés. L’association appelle les autorités hollandaises à ne pas livrer Taoufik Mizane à la police politique, rappelant les dispositions de l’article 3 de la convention contre la torture et autres traitements inhumains et dégradants, qui interdisent le renvoi d‘une personne « s’il y a des motifs sérieux de croire qu’elle risque d’être soumise à la torture ». Or c’est ce qu’affirment toutes les organisations et associations de droits de l’homme indépendantes, et c’est ce qui a poussé la justice américaine à refuser à l’administration américaine de livrer le citoyen Mohammed Rahmane (décision de la juge Gladys Kessler du 2 octobre 2007) aussi l’association exhorte toutes les organisations à se mobiliser pour empêcher la livraison de l’ex prisonnier politique Taoufik Mizane ( contact de son avocate hollandaise : tel: 00 31 32 17 20412, fax :00 31 20 95 17 412) et fait porter aux autorités hollandaises l’entière responsabilité de ce qui pourrait lui arriver si elles persistaient à le renvoyer à l’expiration du délai de 28 jours en considérant qu’il s’agirait alors d’une torture par procuration. Pour l’association Le comité directeur (traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


 

Liberté pour tous les prisonniers politiques Liberté pour Abdallah Zouari, le journaliste exilé dans son propre pays Association Internationale de Soutien aux Prisonniers politiques 43 Rue Eldjazira, Tunis e-mail : aissptunisie@yahoo.fr

Tunis, le 11 avril 2008 […] Rectificatif relatif au communiqué du 10 avril 2008 : «  La cinquième chambre criminelle du Tribunal de Première Instance de Tunis, présidée par le juge Touhami El Hafi, a examiné aujourd’hui 10 avril 2008: L’affaire n°15169 dans laquelle sont déférés Khaled Dridi, Houssine Gmati, Nizar Laskri, Karim Kharroubi (en état d’arrestation), ainsi que Hassen Boujnaieh, Lamine Zayani, Salem Dridi, Ayachi Khaldi, Souhaïl Dridi, Boubaker Ben Moghrem, Issam Benaïssa, accusés d’adhésion sur le territoire de la République à une organisation terroriste ayant fait du terrorisme un moyen de réaliser ses objectifs, d’entraînements militaires en Tunisie et à l’étranger en vue de commettre des infractions terroristes sur le territoire de la République, d’utilisation du territoire de la République pour recruter et entraîner des personnes en vue de commettre un acte terroriste sur le territoire de la République. Maîtres Samir Ben Amor, Kelthoum Zaoui et Hatem Belahmar se sont présentés pour les défendre. Le juge a décidé de repousser l’examen de l’affaire au 28 avril 2008 afin que soit amené l’accusé Karim Kharroubi. » Pour la commission de suivi des procès Le secrétaire général de l’Association Maître Samir Dilou (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)

 


 

Comité de Soutien aux Habitants du Bassin Minier de Gafsa

C/o FTCR, 3 rue de Nantes 75011 Paris

Courriel : bassin.minier@yahoo.fr

Tél. : 01 46 07 54 04 ; Fax. : 01 40 34 18

ftcr2@wanadoo.fr

 

 

TUNISIE

APRES LA LIBERATION DES MILITANTS, LA REPRESSION CONTINUE

LE SG DU PARTI AU POUVOIR RCD BOYCOTTE ET CHASSE DE REDEIF.

LA SOLIDARITE A NANTES ET A PARIS

 

Communiqué 13 Avril 2008

 

La lutte des mineurs et de leur famille du bassin minier de Gafsa ne s’épuise pas. La volonté du régime de réduire le mouvement, en emprisonnant dimanche et lundi des jeunes et des syndicalistes a tourné court. L’ensemble des personnes brutalisées par la police de Ben Ali et arrêtées, ont été libérées sous la pression de la vague de protestation qui a suivi ces arrestations aussi bien dans le bassin minier qu’à l’échelle nationale et internationale. Cette formidable solidarité avec les revendications des mineurs et de leur famille ne doit pas être relâchée.

Le secrétaire général du parti au pouvoir RCD qui s’est rendu sur place le 12 Avril 2008 à Redeyef, a été boycotté et chassé par la population, une riposte à la mesure de la provocation. Le régime voudrait calmer les esprits sans vouloir revenir négocier avec les leaders du mouvement, syndicalistes et société civile, pour répondre sérieusement aux  revendications de toute la population de la région pour l’emploi, une vie digne et une meilleure répartition des richesses du pays. Après l’avoir arrêté et brutalisé, les autorités locales ont demandé à Adnane Hajji, secrétaire général du syndicat de l’enseignement de base de Rèdeyef et l’un des animateurs du mouvement de protestation de les aider à ramener le calme. La réponse de Hajji a été de réclamer d’abord et avant tout la satisfaction des revendications.                                                                                                                                          

 

Ne relâchons pas la pression sur le régime de Ben Ali, réclamons la satisfaction de toutes les revendications légitimes.

A Nantes, plusieurs centaines de travailleurs et de jeunes originaires de la région ont manifesté en solidarité avec les évènements du bassin minier.                                                        

Ils ont reçu le soutien de la FTCR , de la ligue des droits de l’homme, Solidaires, de nombreuses associations maghrébines et partis politiques de l’opposition tunisienne (le PCOT et le PDP).

A Paris un rassemblement à l’initiative du comité de soutien du bassin minier de Gafsa a été organisé Boulevard de Belleville ce dimanche de 14h à 17h. A cette occasion, Adnane Hajji est intervenu par téléphone pour expliquer le mouvement et ses revendications. 

De même, M.Massaoud Romdhani membre du Comité national de soutien au bassin minier de Gafsa est intervenu de la ville Kairouan pour expliquer le sens de la mobilisation nationale en faveur de la

 

Paris le 13 Avril 2008


Lettre adressée  Conseil des droits de l’homme de l’ONU lors de l’EPU sur la Tunisie.

 

Abdelkarim Harouni et l’isolement

 

 Tunis le, 25 Mars 2008

Je m’appelle Abdelkarim Harouni, né le 17 décembre 1960 à la Marsa-Tunis , ingénieur principal en génie-civil, ex-secrétaire général de l’Union Générale Tunisienne des étudiants, ex-détenu politique dans l’affaire du Mouvement Ennahdha. J’ai été arrêté le mercredi 30 octobre, 1991 et condamné à perpétuité par le tribunal militaire en août  1992 et libéré le mercredi 7 novembre 2007 sous libération conditionnelle jusqu’à novembre 2009. Durant ces 16 ans d’emprisonnement, j’ai été soumis à un régime d’isolement pendant 15 ans, un régime illégal et inhumain c’est une situation qui est plus que la prison et moins que la peine de mort.

En plus des lois internationales interdisant la pratique de l’isolement individuel en prison, la loi des prisons du 14 mai 2001 est claire : elle limite le recours à l’isolement individuel à 2 cas : en cas de maladie contagieuse dans un pavillon spécial (article 13) ou en cas de punition pour une période qui ne doit pas dépasser les 10 jours (article 22). Pour le reste, les détenus  doivent être répartis dans des chambres collectives selon l’âge, la nature du crime et l’état pénal (détenu ou condamné) et enfin débutant ou récidiviste (article 6).

Contrairement à la loi, l’administration pénitentiaire a placé un nombre de détenus politiques dans l’isolement individuel contre leur volonté et pour des périodes allant de quelques mois à quelques années jusqu’à plus de 10 ans comme le cas de Sadok Chourou, Hamadi Jebali, Ali Laarayedh, Hédi Ghali … d’autres ont été placés dans un régime d’isolement par petits groupes  et le reste dans des chambres de détenus de droit commun.

Personnellement, j’ai été soumis au régime d’isolement individuel et par petits groupes dans les 9 prisons que j’ai fréquentées.

Dans le régime d’isolement individuel, j’ai passé la première semaine de l’emprisonnement dans la cellule n°2 du pavillon E à la prison de Tunis , c’est un pavillon à haute sécurité ou sont détenus les condamnés à mort, les punis et les prisonniers politiques, la cellule est sombre, étroite et manque d’aération, sans lit, seulement un matelas par terre, 2  séances de promenade  par jour ne dépassant pas les 10 minutes chacune, le salut militaire des gardiens, interdiction de papier et de stylos et climat de violence verbale et physique des gardiens contre les détenus.

Puis, du 3 juin 1994 au 4 juillet 1995 à la prison de Monastir (175 km) dans la cellule n° 5 au pavillon d’emprisonnement individuel réservé aux punis dans une cellule étroite (2m/1,5m), un matelas sur du ciment mal éclairée et mal aérée avec un couloir étroit et couvert pour la promenade quotidienne et seulement 2 séances de promenade par semaine d’une 1/2heure chacune dans la cours de la prison celle-ci étant exposée au soleil, dans un climat psychologique tendu vu la nature du pavillon et une pratique courante de la violence contre les détenus jour et nuit, privé de télévision, de radio, de livres provenant de ma famille, de journaux sauf 2 pro-gouvernementaux et avec interruption, de correspondances continues avec la famille, d’achat du magasin de la prison pour un montant dépassant les 15 dinars par mois. En plus du manque d’hygiène et de la médiocrité de la nourriture et la haute surveillance lors de la visite de ma famille ne dépassant pas ¼ d’heure et en présence de plusieurs gardiens y compris l’assistant du directeur de la prison. La situation s’est encore détériorée par la décision de l’administration pénitentiaire de séparer le jour de la visite de la famille et la remise du couffin appliquée seulement aux détenus politiques. En même temps, j’ai été l’objet de fouilles de provocation et d’intimidation de façon successive le 31 mai et le 6 juin, 1995 allant jusqu’à la perquisition de mon livre de Coran sans retour.

Le 27 avril 1996 la veille de l’Aïd El Idha,  j’ai été transféré la nuit de la prison d’El Houareb (195 km) où j’étais en isolement en petit groupe avec 2 autres détenus dans la cellule n° 4 au pavillon des punis, on a été contraints à faire une grève de faim pour améliorer les conditions de notre détention qui étaient illégales et inhumaines, vers la prison de Sidi Bouzid (280 km) et placé en isolement individuel dans une cellule réservée à la punition où les conditions sont insupportables : ni eau, ni toilette, ni promenade en plus des contraintes précitées à la prison de Monastir. J’ai refusé ces conditions et continué la grève de faim. L’administration a refusé le droit de ma famille à la première visite sous prétexte que cela ne correspondait pas au jour de visite désigné par l’administration contrairement aux procédures appliquées, et malgré le long chemin parcouru ma famille est retournée pour la visite dans la même semaine.

Le 6 mai, j’ai été transféré à la prison de Messaadine (160 km) et placé en isolement individuel dans des conditions semblables pendant 6 mois, lors d’une rencontre avec le directeur j’ai dit que l’isolement individuel ne doit pas me priver des droits que la loi me garanti ni des conditions dont bénéficient le reste des détenus en prison comme la télévision. Il m’a répondu que l’isolement veut dire être privé plus que le sont les autres détenus qui sont à leur tour privés de certaines choses bien que garanties par la loi. Dans ce contexte, il m’a demandé de ne pas faire la prière d’El Fajr qu’à partir de 8h00, heure administrative !, comme c’est le cas pour tous les détenus qui ont rejeté cette décision malgré la violence exercée par l’administration qui a finalement été contrainte d’annuler cette décision.

Le 18 avril 2003 j’ai été subitement transféré de la prison d’El Houareb où j’étais encore une fois en isolement par petit groupe avec 2 détenus politiques dans la même cellule n°4 du pavillon des punis où nos conditions se sont relativement améliorées après une longue lutte et de pénibles grèves de faim, la première a duré 45 jours et la deuxième 35 jours. J’ai eu droit à la télévision et aux livres en octobre 2001 c’est-à-dire après 10 ans de lutte. A la prison de Sfax (270 km) , pour me trouver encore une fois dans l’emprisonnement individuel dans une cellule n°4 du pavillon d’isolement réservé aux malades contagieux juste à côté du pavillon des punis, après avoir vu mes livres, mes cahiers, mes lettres familiales confisquées lors d’une fouille le 7 février à El Houareb sans explication. Une cellule étroite (3m/3m), mal aérée, mal éclairée, un lit en fer fixé sur terre, sans télévision, ni livres, ni cahiers, ni lettres. J’étais choqué par cette détérioration des conditions de ma détention et j’ai rencontré le directeur de cette prison pour exprimer mon opposition à ce changement et demander des explications. Il ne possède pas d’explications sauf que ce sont les instructions de la direction générale des prisons. J’ai trouvé le détenu politique Hamadi Jebali dans une cellule voisine qui m’a précédé à partir du 14 mars provenant de la prison Ennadhour de Bizerte où il a passé 9 ans d’isolement individuel. L’administration a refusé de nous permettre de faire nos promenades ensembles, d’échanger les journaux et la nourriture et même de se voir puisque la porte de la cellule était blindée et le guichet toujours fermé même en jour de fête de l’Aïd. Le 19 octobre, nous sommes devenus quatre : Ajmi Lourimi transféré de Monastir, Zied Doulatli de Borj El Amri àTunis, Hamadi Jebali et moi-même, tous en isolement individuel dans un pavillon mis sous contrôle d’une équipe d’agents directement liée à la direction générale des prisons. Un pavillon administrativement isolé du reste de la prison, un traitement strictement sécuritaire. Zied a fait une grève de faim pour revenir à Tunis, près de sa famille, but réalisé. Quant à moi, j’ai entamé une grève de faim le 18 novembre, 2003 soit 7 mois après mon transfert. Mes demandes se résument à mettre fin à l’isolement individuel, l’octroi de mes livres, mes cahiers, mes lettres confisqués à El Houareb et la télévision. Dix jours après, Ajmi est entré en grève de faim pour la levée de l’isolement individuel. Ma grève a duré 50 jours et ma santé ainsi que celle de Ajmi a atteint un état critique. L’administration a refusé notre transfert à l’hôpital. Pendant cette grève et après 12 ans, on m’a accordé une visite directe de la famille (sans obstacle) seulement à mon père et à ma mère, sans mes frères et ma soeur dans le bureau de l’assistant du directeur en sa présence dans le but d’exercer des pressions pour me convaincre d’arrêter la grève, mais sans résultat sachant que les détenus de droit commun peuvent bénéficier de la visite directe une fois par 3 mois. Après cette grève, les conditions de détention se sont améliorées au niveau de l’hygiène, de la nourriture, de l’éclairage de la cellule, des livres et la télévision en janvier 2004, sans la levée de l’isolement individuel.

Avant quelques jours de la visite du Comité International de la Croix Rouge (C.I.C.R.) et précisément le 20 avril 2005, une décision politique a été prise de lever l’isolement individuel sur tous les détenus politiques après une conférence organisée le même jour au siège de la L.T.D.H. avec la participation de Human Rights Watch (HRW). Et depuis, nous sommes devenus isolés en groupes de 3 dans la même cellule.

Le 18 juin, j’ai déposé une plainte judiciaire contre le Directeur Général des prisons pour réfraction à la loi et abus de pouvoir en faisant recours à l’isolement individuel illégal et inhumain et forme de discrimination dans le traitement des détenus. Auparavant, j’ai réclamé le droit de rencontrer mon avocat, Maître Mohamed Nouri, ma demande ainsi que celle de mon avocat ont été rejetées et l’affaire a été classée par la justice !.

Le 14 novembre 2005, j’ai participé à une grève de faim collective avec mes codétenus en isolements pour l’amélioration des conditions de détention : la promenade en groupe, échange de la nourriture et des journaux, l’aération de la cellule , le droit de poursuivre les études universitaires, l’amélioration des conditions de visite de la famille (la durée, la non-interruption de la conversation, la présence d’un seul gardien …), une correspondance normale avec la famille. Le 10 décembre, ma famille a été privée de son droit de visite. Après accord avec l’administration, nous avons mis fin à notre grève le 19 décembre, le 22 du même mois j’ai été transféré à la prison de Tunis et placé en isolement en groupe de 3 au pavillon E précité.

A Tunis, les conditions sont relativement meilleures, j’ai rencontré le C.I.C.R à deux reprises, j’ai bénéficié de deux visites directes, la dernière le 29 juillet 2006 avant le décès de ma chère et regrettée mère Saïda Turki le 16 aôut. J’ai eu le privilège d’assister aux funérailles contrairement à plusieurs prisonniers politiques qui ont été privés de ce droit.

Le 8 septembre, j’ai été transféré comme tous les détenus de la prison de Tunis à la nouvelle prison de Mornaguia (17 km), la prison de Tunis a été démolie quelques mois plus tard. Pour la première fois, je me trouve dans un pavillon normal comprenant 2 chambres de 8 lits chacune avec une cours commune réservée aux prisonniers politiques. Ainsi j’ai passé la dernière année de ma détention hors du régime d’isolement, loin des punis et des condamnés à mort.  Dans cette période, nous avons rencontré des problèmes de soins et surtout d’ opérations chirurgicales dans les hôpitaux comme c’est le cas pour Abdallah Messaoudi, Fraj Jami, Habib Ellouze, Ali Zouaghi, Ali Chniter, Halim Kacem, Ridha Boukadi, Féthi Issaoui, Daniel Zarrouk … . En février 2007, quand Ridha Boukadi a protesté contre la négligence de sa santé, il a été agressé par le gardien responsable du pavillon et placé en isolement individuel dans le pavillon des punis où il a découvert que la violence et la torture contre les détenus de droit commun et les nouveaux prisonniers politiques islamistes est une pratique courante, il a porté plainte, l’affaire a été classée comme d’habitude, notre groupe a fait une grève de faim de protestation contre la violence et la négligence. Le 7 mars, le Directeur Général des prisons nous a visité et promis de régler les problèmes en suspens surtout la santé, la correspondance avec la famille, les conditions de visite et le couffin. Le 9 juillet, j’ai entamé une grève de faim contre la punition collective par l’interdiction de produits alimentaires dans le couffin utilisés par quelques détenus de droit commun pour se fournir en stupéfiants, la non réception de mes lettres par ma famille et celles envoyées par les organisations humanitaires étrangères, l’interdiction de recevoir des journaux et magazines tunisiens et étrangers autorisés dans le pays y compris ceux des partis politiques. Le 23 juillet, ma sœur Hend a été privée de ma visite après son intervention le 17 juillet sur la Chaîne Al-Jazeera me concernant, par solidarité toute la famille a refusé la visite dans ces conditions, le 8 août j’ai reçu une représentante du C.I.C.R. et le Directeur Général des prisons qui a rejeté ma demande concernant les journaux. A ce jour, mon père Amor Harouni n’a pas reçu ma lettre du 7 janvier 2007 !.

En plus des périodes d’isolement individuel, j’ai été soumis au régime de l’isolement en petits groupes dans des pavillons réservés à la punition et dans des prisons lointaines : Ennadhour, El Houareb, Monastir, Mahdia, Messaadine, Sidi Bouzid, Sfax dans un climat de torture psychologique, privé de plusieurs droits que la loi me garantie. Je n’avais pas le choix autre que de lutter pour défendre mes droits face à cette politique d’isolement, d’exil et de mort lente soutenu par ma famille et par les organisations de droits de l’homme en Tunisie et dans le monde.

A partir du 7 novembre 1999, le pouvoir a commencé à libérer conditionnellement un nombre de prisonniers politiques dans l’affaire Ennahdha, le 7 novembre 2002 a réduit les peines aux condamnés par le tribunal militaire et pour la première fois dans l’histoire de la Tunisie, la condamnation à perpétuité a été réduite à 30 ans de prison au lieu de 20 ans. La libération se fait par occasion officielle et par petits groupes comme des otages.

J’ai été libéré le 7 novembre 2007 parmi une dizaine de détenus politiques et laissé 25 autres dans l’affaire Ennahdha dont 3 au pavillon : Sadok Chourou, Ridha Boukadi, Chedli Nakkache.

J’ai découvert que ma famille aussi était soumise à un isolement social dû au climat de terreur dominant la société. Personnellement, en plus du chômage la police a essayé de m’imposer la signature quotidienne au poste de police au nom du contrôle administratif, je me suis opposé à cet acte illégal et inhumain comme je me suis opposé auparavant à l’isolement individuel. Hier, j’ai lutté pour mes droits de prisonnier, aujourd’hui je lutte pour mes droits de citoyen.

 


 

INVITATION   Avril 1988 – Avril 2008 Vingt Bougies…   La Section Tunisienne d’Amnesty International a l’honneur de vous inviter à la réception qu’elle organise  à l’occasion de son vingtième anniversaire   Samedi 19 Avril 2008 De 15h00 à 18h00 Espace EL TEATRO- Avenue Ouled Haffouz – Tunis ****************  LE PROGRAMME – Accueil des invités – Mot de bienvenue du président de la section – Projection d’un film documentaire – Intermède musical avec Zine Essafi       Prière de confirmer par e-mail :admin-tn@amnesty.org/Tél :71353417/Fax :71352671

 


 

Sommaire du numéro 101 d’ELKHADRA

 

elkhadra@hotmail.com

http://elkhadra.over-blog.com

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– La presse de Tunisie est journal de merde (suite) par Rafaa Dkhil* 

– K. TRAOULI..

– FOUILLES DANS LA MEMOIRE DU TEMPS

– BEN ALI’S BOYS…..

– M.MARZOUKI

– LAT…

– AISPP AU FRONT

– Droits humains: la Tunisie s’évite les questions qui fâchent

-Tunisie: Tenir bon

– Irak détruit

– FELONS »

– FAITS DU PRINCE….HAMDI DIGEST

-Sixty years after Deir Yassin

– Lettre à Nicolas Sarkozy

– « Mort aux Arabes ! »

– L’OISEAU A PLUMAGE VERT OLIVE

– Quelques réponses aux grandes questions de notre temps

– J.A DE BEN ALI

– Echec du système éducatif marocain

– BIENTÔT LA TUNISIE.

– Le désordre mondial.

– NUIT ET BROUILLARD.


 

Aménagement des réservoirs des lavoirs du phosphate du bassin minier de Gafsa

 

La compagnie des Phosphates de Gafsa (CPG) s’apprête au cours des prochains mois à parachever les travaux d’aménagement de réservoirs pour le stockage des eaux argileuses en provenance des lavoirs de phosphate de Redayef, avant la fin de l’année 2008, et de ceux d’Oum Larayess, M’dhilla 1 et M’dhilla 2 en 2009 et ce au lieu de 2011.

 

Cette démarche vient en concrétisation des mesures ordonnées par le Chef de l’Etat dans le cadre du Conseil ministériel tenu le 8 Avril 2008, consacré à l’examen de l’état d’avancement des travaux d’aménagement de ces réservoirs.

 

Le Président de la République a décidé, dans ce cadre, de réduire, de 2011 à 2009, le délai de parachèvement des travaux d’aménagement de ces digues en argile, ce qui ne manquera pas d’améliorer la situation environnementale dans le bassin minier.

 

Le programme d’aménagement des réservoirs s’inscrit dans le cadre des efforts de la CPG, visant à améliorer la situation écologique dans les bassins miniers et à réduire l’impact négatif de l’infiltration des boues dans les oueds.

 

Ce programme se base sur une étude élaborée dans le but d’évaluer l’impact des eaux argileuses sur l’environnement et de trouver une solution radicale pour éviter leur déversement dans les oueds.

 

Il y a lieu de signaler que la CPG a mis en place en 2005, un programme complémentaire, d’un coût estimé à environ 20 millions de dinars, pour la création de réservoirs de stockage des eaux argileuses générées par les lavoirs de phosphate des différentes unités de production. Ces unités, dont le nombre s’élève à 14, sont réparties sur les délégations de Redayef, Métlaoui et Oum Larayess.

 

Outre leurs capacités à stocker la boue, ces réservoirs ne manqueront pas d’optimiser la consommation des eaux, et ce, à  travers la récupération, le recyclage et la réutilisation d’environ 40% des eaux industrielles usées dans le lavage du phosphate.

 

Côté réalisation, la CPG a réussi jusqu’à présent à créer 3 digues en argile au niveau des lavoirs de M’Dhilla, Kef Eddour et Metlaoui, ce qui a permis de maîtriser environ 65% du total des eaux argileuses qui s’écoulent vers les oueds, lesquelles sont estimées annuellement à environ 11 millions de m3.

 

Il est prévu d’abandonner définitivement le déversement de ces boues dans les oueds à l’horizon 2009, et ce, avec  le parachèvement des travaux de réalisation du réservoir du lavoir de Redayef dont le taux de réalisation a atteint 55%. L’entrée en exploitation de ce réservoir, est prévue avant la fin de l’année 2008.

 

Les réservoirs des lavoirs d’Oum Larayess, M’Dhilla 1 et M’dhilla 2, devraient, pour leur part, entrer en service avant la fin de l’année 2009.

 

(Source : « Le Temps Lundi » (Hebdomadaire – Tunis), le 14 avril 2008)

 


 

Grossesses des jeunes filles célibataires et récidives entre 12 et 25 ans

Reflet d’un échec social ?

  • Nécessité de les prendre en charge ainsi que leurs bébés et d’éviter aussi les décès néonataux ou l’infanticide.  

  • Dr Moncef Daghfous ; gynécologue : « Une bonne éducation pour éviter la récidive en

  • matière de grossesse non désirée »

  • Chiffres clefs

 

Certaines jeunes filles sont rejetées par leur famille en raison d’une grossesse non acceptée. Une grossesse fait souvent partie de ces accidents liés à des pratiques à risque. Des jeunes filles tombent enceintes par ignorance, par naïveté ou par inaptitude à utiliser une méthode contraceptive. Il s’ensuit des difficultés qui ne font qu’empirer. Quels sont les risques de ces grossesses non désirées ? Comment les prévenir  et comment s’en occuper ? Et rôle des structures sociales pour éviter les décès néonataux ou l’infanticide ?

 

Les grossesses des  jeunes filles célibataires sont celles qui sont non planifiées et non désirées. Elles se terminent souvent par l’interruption volontaire de la grossesse avec toutes les conséquences psychologiques, médicales et économiques qu’elle peut engendrer. Une étude élaborée par le Centre de Planification Familiale de Sousse et présentée aux dernières assises de la santé scolaire et universitaire à Hammamet a porté sur l’ensemble des jeunes filles qui se sont présentées pour interruption volontaire de la grossesse au cours de la période février 2005-février 2006.

 

Cette enquête a révélé que « Parmi les 438 femmes célibataires qui ont consulté pour IVG durant la période d’étude, 238 sont âgées de moins 25 ans soit 64%. La plupart des cas des jeunes ont dépassé l’âge de l’adolescence (l’âge moyen est de 21.6 ) souvent bien éduquées 43% ont atteint le niveau secondaire et 23% ont un niveau supérieur, habitant souvent seules (41%) et dans 81% des cas, ces jeunes filles jugent que la communication au sein de la famille est peu ou pas du tout suffisante.

 

Dans la majorité des cas, ces jeunes filles ont une occupation : 54% travaillent, 20% étudiantes et 1,1% sont encore des élèves. Elles se caractérisent par une instabilité familiale car seulement 41% ont des parents qui vivent ensemble. »

 

Rapports sexuels et partenaires…

 

L’enquête a révélé aussi que : «  Cette population se distingue par des comportements à risque dont la prévalence dépasse celle retrouvée dans la population générale féminine (tabagisme : 47%, alcoolisme 21% et utilisation des drogues illicites 4,3%)

 

Dans cette population, l’âge moyen des rapports sexuels est de 18,7 ans. Le nombre moyen de partenaires dans les trois derniers mois est de 1,4. Par ailleurs, ces jeunes filles préfèrent dans 60% des cas avoir des amis de sexe masculin. Elles sont portées sur la récidive en matière de grossesse et d’interruption volontaire de la grossesse (antécédent de grossesses antérieures 43 % et d’interruption volontaire de grossesse 42 %), et la non utilisation régulière des moyens contraceptifs.

 

Seules 5,3% utilisent toujours la contraception et 10,6% l’utilisent souvent. Ces résultats, prouve l’enquête la vulnérabilité de cette population de jeunes filles qui ressentent des besoins en matière d’éducation et de prévention des problèmes liés à la sexualité à risque »

 

Kamel BOUAOUINA

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Dr Moncef Daghfous ; gynécologue :

« Une bonne éducation pour éviter la récidive en matière de grossesse non désirée »

 

Le Temps : Quel est le profil de ces jeunes filles célibataires qui consultent le spécialiste pour interruption volontaire de la grossesse ?

Dr Moncef Daghfous. : Nous constatons que ces grossesses sont répandues chez

des jeunes filles en décrochage scolaire et issues souvent de famille monoparentale. Ce sont souvent des filles récidivistes âgées entre 15 et 22 ans qui ignorent les moyens de contraception mais qui sont conscientes des risques de grossesse.

 

*Quels sont les risques de ces grossesses non désirées ?

-Ces grossesses non désirées peuvent entraîner plusieurs maladies notamment les infections sexuellement transmissibles (IST) comme l’hépatite et l’herpès génital et la syphilis. Le risque est gros pour des filles qui laissent poursuivre une grossesse plus de trois mois, une manière de s’auto-punir et de punir l’entourage car elles sont toujours dans un état d’échec social complet. Nous avons constaté aussi que ces filles s’adonnent à des rapports sexuels en contre

partie d’argent. Ce ne sont pas des prostituées mais elles sont souvent poussées à ces pratiques pour des raisons financières.

 

*Comment prévenir la prolifération de ces accouchements non désirés ?

-Le nombre de ces grossesses non désirées est en augmentation depuis une dizaine d’années. Rien que dans la maternité de Nabeul, on compte 120 accouchements par an de filles célibataires. Ce phénomène est très répandu dans les pays développés.

En France, on enregistre 6350 naissances chez des mères de 18 ans ou moins dont 954 chez les mères de moins de 16 ans.  La prévention est sociale. Et là il faudrait bien encadrer les familles monoparentales, créer un climat de confiance et de complicité indispensables pour gérer au mieux tous les problèmes qui peuvent surgir au cours de ces grossesses précoces.

 Le placement de jeunes filles abandonnées dans des centres de formation professionnelle est souhaité. L’éducation sexuelle dans nos établissements scolaires doit être développée (information sur les IST, les grossesses et la contraception) La prise en charge de ces jeunes filles et de leurs bébés devra être consolidée par la multiplication des centres d’accueil pour éviter les décès néonataux et éviter les infanticides. Une sensibilisation et une bonne éducation pourront éviter le récidivisme en matière de grossesse et assurer une vie saine à ces jeunes filles.

 

KB

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Chiffres clefs

* Parmi les 438 femmes célibataires qui ont consulté pour Interruption Volontaire de la Grossesse, 238 sont âgées de moins 25 ans.

* La plupart des cas, les jeunes ont dépassé l’âge de l’adolescence (l’âge moyen est de 21.6 ).

* Elles sont souvent bien éduquées, soit 43% ont atteint le niveau secondaire.

* 23 % ont un niveau supérieur.

* 41% habitent souvent seules.

* 81 % des filles jugent que la communication au sein de la famille est peu ou pas du tout suffisante.

*  Dans la majorité des cas, ces jeunes filles ont une occupation : 54 % travaillent, 20 % étudiantes et 1,1% sont encore des élèves.

 

(Source : « Le Temps Lundi » (Hebdomadaire – Tunis), le 14 avril 2008)

 

 

 


 

L’interview : Hassouna MOSBAHI,Romancier

Bédouin universel

 

 Né le 2 octobre 1950 à Dihibet (Rif de Kairouan), études de langue française à l’Université de Tunis, journaliste ayant collaboré à « El Watan El Arabi », « Ed Destour », « El Majela », »El Arab » etc…, auteur de cinq romans, quatre ensembles de nouvelles, cinq essais critiques et plusieurs traductions « Becket, Joyce, Eliès Canetti…), Hassouna Mosbahi a un seul rêve : celui de donner à la Tunisie une dimension internationale à travers l’écriture et la traduction.

 

 

*Le Temps : L’arène de l’Art est un espace -temps où tu n’as pas le droit d’être le second car le second est celui qui perd, qui est mort transpercé par le fer ou dévoré par les fauves. Après une vie vouée à la littérature, penses-tu que tu es vainqueur donc vivant ou perdant donc effacé ?

 

H. Mosbahi : Je ne suis ni perdant ni gagnant parce que je continue à écrire et je continuerais à écrire jusqu’à la fin de ma vie. Si le temps est déterminant dans la littérature, pourquoi Homère, Socrate, Jehadh, Abou Nawass, Moutenabi, Shakspeare, Dante et tous les grands sont encore présents. Ils vibrent avec nous et à travers leurs œuvres nous interrogeons notre présent et peut-être même notre futur. Ils demeurent nos contemporains.

 

 

 

*Ton rapport avec la langue arabe, même s’il est amoureux, semble aussi très dangereux. Tu déclares que les écrivains ont le droit et le devoir de créer leur propre langue, qu’il faut éviter de sacraliser la langue. Et justement, la langue arabe est une langue sacrée ; et c’est là que réside le danger. Pire, tu as même clamé haut et fort que c’est Camus qui t’a appris en quelque sorte à écrire en arabe.

 

Oui, tout à fait. La langue arabe coranique n’est pas une langue de la réalité. Elle se définit elle-même comme langue sacrée… langue divine. Moi je voudrais écrire dans une langue simple ; celle des gens que je côtoie. En dehors de la sacralisation. Même contre la sacralisation s’il le faut.

 

Langue des gens simples, celle des poètes « vulgaires » comme Awled Ahmed. Une langue inventée et toujours réinventée. Et je méprise au plus haut degré la langue déjà apprise. Car l’écrivain est celui qui invente sa langue et moi je crois avoir inventé ma langue arabe : celle des paysans analphabètes, des poètes maudits et de moi singulier personnage errant à travers le monde et parlant plusieurs langues. Donc ne me fouettez pas avec une langue arabe didactique et laissez-moi aller où je veux.

 

 

 

*Où veux-tu donc aller, nomade et sédentaire à la fois ? Ces deux entités s’effacent devant tes caractéristiques de bédouin, même s’il t’arrive des fois de tenter d’oublier (pour ne pas dire renier) ta bédouinité.

 

Je n’ai jamais renié ma bédouinité et ne la renierai jamais. Mais le monde est vaste et j’ai vécu dans les plus grandes capitales du monde : Munich, Prague, Madrid, Londres, Paris. Je n’ai pas peur d’être considéré comme bédouin. J’ai assez vécu pour savoir ce qu’est un écrivain cosmopolite. Ma bédouinité est mon label de cosmopolitisme et je ne peux me présenter en dehors de cette entité, en dehors de mon village perdu au centre de la Tunisie « Dhihibet ». J’ai l’honneur de dire que les Allemands sont venus visiter ce village après avoir lu ce que j’avais écrit. Et je suis fier de savoir que ces visiteurs disent « c’est le village où s’est déroulé « La folie de ma cousine Hénia » (ensemble de nouvelles), « Retour à Tarchich » et « La tortue » entre autres .

 

Mon village est dans toute mon œuvre et j’irais jusqu’à dire qu’il est l’essence même de mon œuvre.

 

 

 

*Je n’ai jamais douté de ta bédouinité et ce que tu m’en dis ne peut que t’honorer. Venons-en maintenant à ton arabité par delà la langue et la géographie figée.

 

Je suis arabe par excellence parce que je dépasse mon arabité idéologique qui est en ce moment très recherchée. Parce que tous ceux que je connais se réclament arabes parce qu’ils n’ont pas d’autres choix.

 

Moi je suis arabe parce que je voudrais écrire un texte qui pourrait planer sur le monde entier. Je suis arabe par et pour la littérature et non par idéologie.

 

Donc je suis arabe par mon texte et non par telle ou telle cause qui secoue le monde arabe, hier, aujourd’hui et demain. La langue arabe peut exprimer la beauté du monde, de la vie. Elle n’est pas morte comme prétendent certains.

 

Les écrivains israéliens reviennent à l’hébreu et nous, nous nous devons de revenir à cette très belle langue qui s’appelle l’Arabe.

 

 

 

*Dan Brown auteur de « Da Vinci Code » a désigné la langue arabe comme étant celle du diable dans « Anges et démons ».

 

Il n’y a pas une langue pour le diable et une autre pour les anges. D’ailleurs dans tous les livres saints, la langue sacrée et la langue du diable se mêlent d’une manière quelque-fois magnifique.

 

Alors pourquoi on ne prolongerait pas ce mélange dans les romans et les nouvelles qui ne sont que des fictions après tout.

 

 

 

*Kundera dit dans « L’Art du roman » que ce genre littéraire est purement une invention « occidentale ». Il met ainsi hors-jeu tout les livres de fiction que l’Orient a produit, allant de « Hay Ibn Yakdhane » en passant par « Kalila Wa Dimna » et « Les mille et une nuits » entre autres.

 

Kundera, à mon sens, c’est quelqu’un qui n’a jamais compris ce qu’est le roman. D’où la pauvreté de certains de ses romans. Il ignore que l’Art de la narration est par excellence oriental. Cela n’empêche qu’il peut m’arriver de respecter certains de ses romans alors que la majorité est maladroitement fabriquée.

 

Celui que je ne respecte pas m’ennuie.

 

Oublions donc ce Monsieur. Mais j’ajoute que Borgès ainsi que G. G. Marquez ont été marqués par l’art arabe de la narration et ils sont loin d’être les seuls.

 

*Parmi les quelques romanciers tunisiens, pourrais-tu donner un petit bouquet de ceux qui te sont proches ou ceux dont tu respectes l’œuvre même s’ils demeurent étrangers à ton approche.

 

J’aime beaucoup les livres de Hassen Ben Othman, par exemple. Mais je déteste ce langage métaphorique controversé, propre à ceux qui prétendent écrire des romans tunisiens, alors qu’il n’y a rien de tunisien dans leurs écrits. Ce sont des gens qui cherchent à se former dans leur formel. Raconter la vie de la Tunisie aujourd’hui c’est ce qui est essentiel pour moi. Le reste ne m’intéresse pas.

 

Entretien conduit par Hechmi GHACHEM

 

(Source : « Le Temps Lundi » (Hebdomadaire – Tunis), le 14 avril 2008)


Prix: Un responsable islamique prévoit une « explosion » sociale en Jordanie

 AFP, le 14 avril 2008 à 12h26

AMMAN, 14 avr 2008 (AFP) – Le chef du Parti de l’Action islamique a affirmé lundi à Amman s’attendre à une « grande explosion » sociale dans les prochains jours en raison de la mauvaise

gestion de la hausse des prix en Jordanie.

 

« La patience a ses limites, et je crois que dans les prochains jours il y aura une explosion, une très grande explosion et personne ne peut prévoir ses répercussions et ses résultats », a indiqué à l’AFP M. Zaki bani Rcheid.

 

« Les autorités traitent la question des prix de manière marginale qui ne résout pas le fond du problème », a relevé le chef du parti le plus influent de l’opposition jordanienne, émanation politique des Frères musulmans.

 

Le roi Abdallah II de Jordanie a ordonné dimanche à son gouvernement de prendre rapidement des mesures pour lutter contre la hausse des prix et le Premier ministre Nader Dahabi a affirmé que le gouvernement annoncerait cette semaine des mesures pour combattre la hausse des prix, notamment des produits de première nécessité.

 

Le mois dernier, le gouvernement jordanien a libéralisé le prix des carburants, ce qui a entraîné une hausse des prix variant entre 38% et plus de 76%. Le prix de l’essence a enregistré trois hausses en un mois, suivant les prix sur le marché international.

 

« Nous sommes convaincus du manque de sérieux des mesures attendues. La poursuite de ce feuilleton effrayant dans la hausse des prix, nous pousse à assumer nos responsabilités » et à prendre les choses en mains, a ajouté M. Bani Rcheid.

 

Les Jordaniens se rappellent encore des émeutes sanglantes d’avril 1989, à la suite de la hausse des prix, qui ont fait 12 morts.

 

D’autres émeutes ont éclaté en 1996, lorsque le prix du pain a augmenté, mais la situation a été rapidement contrôlée.

 

M. Bani Rcheid a par ailleurs dénoncé la vente de terrains et propriétés dans le cadre d’un programme de privatisation en Jordanie.

 

« L’élargissement important des opérations de ventes de terrains est extrêment dangereux, personne ne peut, dans ces circonstances, prédire le futur de la Jordanie et son existence, si tous les terrains, notamment ceux du Trésor et des bâtiments d’institutions publiques et privées sont vendus », a-t-il dit.

 

La Jordanie a annoncé dimanche avoir vendu à une compagnie émirati le port d’Aqaba pour 5 milliards de dollars.

 

« Aujourd’hui on entend dire que l’Université de Jordanie, symbole de l’identité du pays et de sa culture, est en vente. Cela veut dire que la Jordanie est entrée dans un tunnel sombre et je défie les responsables de définir dans ces circonstances le futur de la Jordanie dans 10 ans », a ajouté M. Abni Rcheid.

 

AFP

 


 

 

Erdogan reconnaît que la majorité de Turcs sont pour la laïcité

 

Reuters, le 14 avril 2008 à 15h22

ANKARA, 13 avril (Reuters) – Soupçonné par les milieux militaires, judiciaires et universitaires de vouloir procéder à une islamisation rampante des institutions, le Premier ministre turc Tayyip Erdogan a reconnu dimanche que la majorité de la population restait favorable à la laïcité.

 

« Le principe de la laïcité est consacré dans la constitution par la volonté de notre parlement et avec le soutien de notre nation », a-t-il déclaré lors d’une réunion de son parti AKP, dont le parquet a réclamé à la Cour constitutionnelle la dissolution pour « menées anti-laïques ».

 

« Aujourd’hui, une majorité de notre peuple soutient le système d’Etat laïque », a souligné Erdogan, dont l’AKP a conservé l’an dernier sa majorité absolue au parlement avec 47% des suffrages exprimés.

 

Erdogan a accusé l’opposition laïque traditionnelle d’exploiter à des fins politiques les craintes d’une remise en cause de de la laïcité héritée des années 1920. « Il n’y a pas lieu de voter au sujet de la laïcité en Turquie. »

 

« Personne ne se demande si notre nation soutient ou non la laïcité, sinon M. Baykal », a-t-il dit en se référant à Deniz Baykal, leader du CHP, le principal parti d’opposition.

 

L’examen du cas de l’AKP par la Cour constitutionnelle, qui pourrait prendre jusqu’à sept mois, a provoqué une incertitude politique en Turquie, le Premier ministre et le président Abdulla Gül risquant eux-mêmes cinq ans d’inégibilité.

 

L’AKP est issu de la mouvance islamiste, dont une précédente émanation politique, moins modérée, le Refah de Necmettin Erbakan, avait été écartée du gouvernement par l’armée en 1997 et interdite par la Cour constitutionnelle.

 

L’Union européenne, à la porte de laquelle frappe la Turquie, a prévenu les juges turcs que l’interdiction de l’AKP serait contraire aux principes démocratiques des Vingt-Sept.

 

REUTERS


 

 

 

France – Grève sans précédent au journal Le Monde

Reuters, le 14 avril 2008 à 08h26

 

PARIS, 14 avril (Reuters) – Une grève sans précédent a commencé lundi au journal Le Monde pour protester contre un plan de 130 suppressions d’emplois destiné selon la direction à redresser les comptes du quotidien de référence de la presse française.

 

Selon le journal, c’est la première grève depuis 1976 et la seule de l’histoire du quotidien pour des motifs internes. En 1951 et 1984, de précédentes grèves avaient été envisagées mais le mot d’ordre avait été retiré.

 

Le quotidien ne sera donc pas publié ce lundi, ce qui signifie qu’il ne sera pas disponible à Paris et dans les grandes métropoles dans l’après-midi et mardi dans les régions. Le site internet ne sera pas remis à jour, les salariés étant également en grève.

 

Une assemblée générale du personnel était prévue dans la matinée, ainsi qu’un rassemblement des personnels du groupe devant le siège du journal. L’intersyndicale devait donner une conférence de presse en milieu de journée.

 

Le plan présenté le 4 avril par le directoire du groupe prévoit la suppression de 85 emplois de journalistes et de 45 emplois administratifs. Les départs se feront éventuellement de manière « contrainte », a dit la direction.

 

Est prévue aussi la cession de plusieurs entités du groupe: Fleurus Presse, les Editions de l’Etoile (société éditrice des Cahiers du cinéma), le mensuel Danser et le réseau de librairies spécialisées en littérature religieuse La Procure.

 

Selon la direction, le projet permettra d’économiser au moins 15 millions d’euros sur deux ans, de retrouver l’équilibre financier du groupe dès 2009 et de dégager un résultat positif en 2010.

 

L’intersyndicale du journal demande que la direction « s’engage dans un véritable dialogue social afin que, d’une part, ce plan se fasse sur la base de départs volontaires non contraints, et d’autre part, que toutes les entités du groupe soient maintenues ».

 

La grève intervient sur fond de crise de la presse écrite française, frappée par la concurrence des journaux gratuits et d’internet et par la hausse des matières premières. Le Monde sort aussi d’une longue crise de direction.

 

REUTERS


 

 

 

La sécurité israélienne refuse d’assister Jimmy Carter

AFP, le 14 avril 2008 à 11h54

par Adam Entous

 

JERUSALEM, 14 avril (Reuters) – Les services de sécurité israéliens ont refusé d’assister l’escorte américaine de l’ancien président Jimmy Carter lors de sa venue en Israël, a-t-on appris lundi de sources américaines proches de l’incident.

L’ancien président des Etats-Unis s’est mis le gouvernement israélien à dos en annonçant son projet de rencontrer Khaled Méchaal, chef du bureau politique du Hamas en exil en Syrie, vendredi prochain à Damas, et en décrivant la politique israélienne dans les territoires palestiniens de « système d’apartheid » dans un livre publié en 2006.

Carter, lauréat du prix Nobel de la paix, a négocié à Camp

David le premier traité de paix entre Israël et un pays arabe, l’Egypte, signé en 1979.

Dimanche, il a été reçu par le président israélien, Shimon Peres, dont la fonction est essentiellement protocolaire, mais a été snobbé par la direction politique du pays, dont le Premier ministre Ehud Olmert.

Israël a également rejeté sa demande de visite du dirigeant palestinen Marouane Barghouti, condamné à la réclusion à perpétuité en 2004 pour le meurtre de quatre Israéliens et d’un moine orthodoxe grec dans des attentats palestiniens.

De sources américaines, on ajoute que le Shin Bet, qui assure notamment la protection des dignitaires étrangers en visite en Israël, a refusé de coopérer avec l’escorte des services américains de sécurité protégeant Carter en sa qualité d’ancien président.

« Ils n’ont aucun soutien de la part de la sécurité locale », a dit un Américain.

Selon une autre source, cet incident est « sans précédent » dans les relations entre le Shin Bet et le Secret Service américain.

Le refus de coopération du Shin Bet pourrait poser problème à Carter qui envisage de se rendre à Sdérot, une ville du Sud israélien prise régulièrement pour cible des roquettes tirées par des groupes palestiniens.

Aucun commentaire n’a pu être obtenu dans l’immédiat auprès des services d’Olmert, qui supervise le Shin Bet.

« Je pense qu’il ne fait aucun doute à personne que si Israël veut parvenir à la paix dans la justice (…) alors le Hamas devra être intégré dans le processus », a expliqué Carter sur l’antenne de la chaîne de télévision ABC.

 

REUTERS

 


 

 

Nom de code: «langouste»

 

 

Les syndiqués du Journal de Québec avaient pressenti ce qui les attendait bien avant le début du lock-out, il y a un an

 

Après un an de lock-out, l’issue du conflit au Journal de Québec est plus incertaine que jamais. Désabusés, certains journalistes ont abandonné le navire pendant que les autres livrent la bataille de leur vie. Reste à savoir quels seront les vainqueurs de ce long combat. Ou s’il y en aura.  

Quand on lui demande comment il envisage les mois à venir, le journaliste Taïeb Moalla répond d’abord qu’il se voit de retour «au Journal» avec une nouvelle convention collective toute neuve qui conviendrait aux deux parties. «Mais bon, je suis dans un bon jour. Si nous avions eu cet entretien à un autre moment, j’aurais peut-être été moins optimiste…» Pas toujours facile de garder le moral. Le 22 avril, il y aura un an que le lock-out aura été décrété au Journal de Québec. Les négociations sont au point mort, le ministre du Travail refuse d’intervenir et le conflit ne déchaîne plus les passions comme au début. Les gens se sont habitués à lire MédiaMatinQuébec, mais beaucoup continuent de lire Le Journal de Québec. Rares sont les personnalités publiques qui refusent d’accorder des entrevues aux cadres du Journal et aux employés de Canoë. À part Lise Payette, aucun chroniqueur n’a jugé bon de délaisser ses pages pour dénoncer le lock-out. «C’est décevant de la part de certaines personnes», reconnaît le porte-parole des syndiqués, Denis Bolduc. «On ne demandera pas à Nathalie Elgrably de nous soutenir, mais Julius Grey, je pensais qu’il comprendrait. Richard Martineau, c’est décevant aussi.» Même chose chez les annonceurs. L’homme d’affaires Jacques Tanguay diffuse désormais ses lucratives annonces de meubles dans les deux médias. Quant aux présumés briseurs de grève de Canoë, plus personne n’ose les dénoncer publiquement. Ceux qui ont osé le faire ont dû se défendre devant les tribunaux à la suite des pressions de Quebecor. Beaucoup ont reçu de leurs patrons le conseil de se tenir cois. En somme, c’est «business as usual» dans la belle ville de Québec. Mais le temps passe, et l’usure fait son oeuvre. Le mois dernier, MédiaMatinQuébec a perdu une autre de ses journalistes, Karine Gagnon, qui a accepté un emploi à la radio. Ils sont au moins six jeunes journalistes à avoir abandonné la lutte depuis le début. C’est le cas de Stéphanie Desforges, 26 ans, qui est partie après trois semaines pour un emploi aux communications à l’ADQ. «Ma réflexion était enclenchée depuis un certain temps. Je serais partie même s’il n’y avait pas eu de lock-out», affirme-t-elle. «Les gens voient un conflit de travail, mais, en arrière de ça, il y a un débat idéologique et un débat de société sur la qualité de l’information. Vers où ça s’en va? Moi, ça m’inquiète», lance-t-elle. «Je ne me voyais pas retourner là», explique quant à elle Annie Fernandez qui, à 32 ans, est partie pour fonder sa propre compagnie de rédaction pour les entreprises. «Ce que M. Péladeau et Quebecor veulent faire avec Le Journal à Québec, ce n’est pas ce que je veux. Ce n’est pas pour cela que j’ai voulu devenir journaliste.» Quebecor souhaite que ses journalistes s’habituent à alimenter son portail Internet (Canoë), voire la télévision. On souhaite qu’ils écrivent des blogues, qu’ils puissent prendre des photos sur le terrain, on parle de leur faire manier la caméra et de les initier à la table de montage. Pour Annie Fernandez, ce virage signe l’arrêt de mort de l’information locale, de l’information de qualité. «Forcément, si les budgets se retrouvent à Montréal, l’information de qualité à Québec, elle va être où? Avec une salle de rédaction plus petite, avec moins de moyens, on va être pris à faire plusieurs tâches que l’on n’avait pas à faire avant. […] Avec ce plan de match-là, je ne voyais pas comment je pouvais me réaliser.» Quebecor n’est pas seul à prendre le virage multiplateforme. À la fin de février, La Presse concluait une entente avec ses journalistes concernant leur participation à Cyberpresse. À Québec, Denis Bolduc affirme que son groupe n’aurait pas hésité à approuver une telle entente. Mais Quebecor, dit-il, ne veut pas s’embarrasser «de balises» en ce domaine. Impossible d’avoir le point de vue de l’employeur sur cette question, comme sur tout le reste d’ailleurs. Des demandes d’entrevues au Journal de Québec ainsi qu’à Canoë ont toutes été refusées. le groupe Quebecor a toujours fait valoir qu’il devait moderniser son journal, en laissant entendre que ses employés étaient trop gâtés. «On leur demande de passer de 32 à 36 heures et de quatre à cinq jours par semaine. Cinq jours de travail par semaine, vous savez, c’est assez standard en Occident!», déclarait Luc Lavoie à la télévision publique au début du lock-out. Les syndiqués reconnaissent qu’ils ont les meilleures conditions de la profession. Et alors? «Avec Péladeau père, c’était clair, on lui donnait un journal numéro un, il nous donnait des salaires de numéro un!», résume Denis Bolduc, qui, en temps normal, est chef de pupitre. En mars, le conflit est devenu le plus long de l’histoire des médias francophones au pays, battant le record du journal Le Soleil qui avait été en grève pendant dix mois en 1977. Ceux qui sont restés ont l’impression de mener la bataille de leur vie. MédiaMatinQuébec demeure pour eux une victoire en soi. Bien avant le début du lock-out, les syndiqués soupçonnaient ce qui les attendait. Au travail, ils avaient donné au projet de journal le nom de «langouste». M. Bolduc ne se rappelle plus trop pourquoi, jusqu’à ce que son jeune collègue lui rafraîchisse la mémoire. «Langouste, c’est le code secret dans les James Bond pour parler du siège du MI 6», lance Jean Laroche. On est loin des films de James Bond, mais la salle de rédaction de MédiaMatinQuébec demeure quand même un lieu secret. «C’est notre quartier général, il y a des éléments de stratégie, explique Denis Bolduc. On est quand même face à des experts en conflits.» Source de motivation Non seulement MédiaMatinQuébec s’est attiré la sympathie du grand public, mais il a été reconnu comme un moyen de pression légitime par les tribunaux qui ont rejeté les demandes de Quebecor pour le retirer de la circulation. Taïeb Moalla est convaincu que l’on enseignera un jour le conflit dans les universités. «À ce moment-là, je pourrai toujours bomber le torse et dire fièrement que je faisais partie de « la belle gang des lockoutés du JDQ »», dit-il en riant. «On est en train de réécrire l’histoire des relations de travail», lance Jean Laroche, à qui le conflit a donné la possibilité d’être chef des nouvelles à 28 ans grâce à MédiaMatinQuébec. Le journal, explique-t-il est une source de motivation. «Le moral est maintenu par le MédiaMatin. Ça occupe les gens. Alors que, sur une ligne de piquetage, le temps passe moins vite.» Il concède que c’est plus difficile pour les autres. Les employés d’imprimerie, par exemple, dont la seule activité consiste à se lever aux petites heures tous les matins de la semaine pour distribuer le journal dans les rues du centre-ville. On l’oublie souvent, mais les journalistes ne sont pas seuls dans cette aventure. Les employés de bureau et d’imprimerie défendent aussi leurs emplois. Dans le cas des employés de bureau, des femmes pour la plupart, l’employeur veut supprimer 57 % des effectifs. On veut notamment transférer les services de petites annonces à Kanata, près d’Ottawa. Du côté de l’imprimerie, on veut moderniser les installations, ce qui entraînerait aussi des coupures de postes, et on veut baisser les salaires de 30 %. Dans ses cours, la professeure en journalisme à l’Université Laval Colette Brin a souvent dit aux étudiants de bannir l’adjectif «historique» que les journalistes utilisent à toutes les sauces. Elle reconnaît toutefois que le terme est en partie justifié dans le cas qui nous occupe. «On est en transition vers un nouveau modèle, affirme cette ancienne journaliste de Radio-Canada. Le média papier en a pour trente ou quarante ans.» Même si Quebecor Media est prospère, l’entreprise a des comptes à rendre à ses actionnaires, rappelle-t-elle. «Ils doivent couper dans les dépenses et montrer qu’ils sont prêts à s’adapter aux changements à venir.» D’emblée, les tabloïds risquent de perdre beaucoup dans le virage Web, poursuit-elle. «Même les tabloïds qui réussissent bien en version papier sont en train de s’implanter sur le Web. […] Mais ce que l’on constate en Europe et aux États-Unis, c’est que les médias populistes s’en tirent moins bien sur Internet parce que ce qu’ils font est facile à développer sur Internet. N’importe qui peut lancer un blogue sur Paris Hilton, alors qu’un média de prestige peut très bien se définir une niche et toucher une clientèle internationale.» Dans ce contexte, qui perd? Qui gagne? Au quotidien Le Soleil — le principal concurrent du Journal de Québec –, on affiche une augmentation du lectorat depuis le début du conflit, même si Le Journal de Québec demeure numéro un. Or, comme le soulignait l’éditeur du Soleil en mars, son concurrent doit donner de plus en plus de journaux pour soutenir son tirage. Pendant ce temps, un conflit parallèle se poursuit, dont l’importance pourrait être grande. La Commission des relations de travail devra établir au cours des prochains mois si les travailleurs d’agences comme Canoë et Nomade sont des briseurs de grève au sens de la loi. Les syndiqués ont bon espoir d’avoir gain de cause et surtout de faire jurisprudence. Représentés par le puissant Syndicat canadien de la fonction publique, ils ne sont visiblement pas dans le besoin et ont les fonds nécessaires pour tenir une éternité. Mais, comme disait Woody Allen, «l’éternité c’est long, surtout vers la fin».

 

(Source: Le Devoir (Canada) le14 avril 2008)

 

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