13 mai 2010

Home – Accueil

TUNISNEWS
10 ème année, N° 3642 du 13.05.2010
 archives : www.tunisnews.net 


AISPP: Clôture des plaidoiries dans l’affaire des sinistrés des inondations de Redeyef

Slim Bagga: C’est à la population de prendre son destin en main

Abdel Wahab Hani: Âïd / Retornado Si Dr Abdelmajid Najjar (العائد د. سي عبد المجيد النجار) Rentre à Tunis Vendredi 14 Mai 2010

Yahyaoui Mokhtar: Le Gout de La Ville

Libération: L’Europe redresse le statut de Ben Ali

Jamel Heni: A Paris, le grand mufti d’Al-Quds condamne le terrorisme


Association Internationale de Soutien aux Prisonniers Politiques 43 rue Eldjazira, Tunis Aispp.free@gmail.com Tunis, le 12 mai 2010

Clôture des plaidoiries dans l’affaire des sinistrés des inondations de Redeyef


La quatorzième chambre correctionnelle de la Cour d’Appel de Tunis, présidée par le juge Mohammed Ali Ben Chouikha, a examiné, mercredi 12 mai 2010, l’affaire n°711 dans laquelle sont déférés Lotfi Dassi, Mohsen Jendoubi, Abdelkarim Aziza, Mohammed Ghellab, Sami Zaabouti et Mohammed Lifi, pour collecte de fonds non autorisée, sur le fondement du décret du 8 mai 1922, amendé par le décret du 21 décembre 1944, afin de procéder à l’examen de l’appel interjeté contre le jugement n° 32454 rendu en première instance le 4 janvier 2010 condamnant Lotfi Dassi à une peine d’emprisonnement d’un mois avec sursis et condamnant par défaut les autres à une peine d’emprisonnement de trois mois, et ordonnant la mise à la disposition de la caisse de l’état la somme saisie (6000 dinars). La commission de la défense était composée de Maîtres Noureddine Behiri, Najet Laabidi et Samir Dillou. Le juge a repris l’interrogatoire de Lotfi Dassi. Ce dernier a réitéré ses affirmations, à savoir qu’il avait agi selon sa conscience pour venir en aide aux sinistrés des inondations sans arrière pensée, ni intérêt et que ce qu’il avait fait était louable, de par la loi ou la coutume, qu’il n’avait pas collecté des fonds, mais qu’il s’était borné à faire parvenir des sommes aux victimes des inondations de Redeyef et que l’association Marhama, connue au plan international, ne se limite pas à l’aide aux Tunisiens, mais s’active dans des dizaines de pays […] Il a conclu son propos en disant que tous les contacts avec les victimes des inondations avaient été supervisés par les autorités locales. Puis ce fut au tour de l’accusé Mohammed Khelifi d’être interrogé. Le parquet avait fait appel du non-lieu prononcé en sa faveur en première instance. Il a affirmé n’avoir commis aucune infraction pouvant entraîner son défèrement et que son seul tort avait été d’avoir reçu une aide après que son domicile eût été détruit par les inondations, au cours desquelles sa sœur, étudiante en seconde année, avait décédé, et que tous ses biens avaient été emportés par les eaux. Maître Mohammed Nasser Jrad a plaidé l’absence de fondements étayant la culpabilité de son client, ce dernier n’ayant ni collecté ni distribué de fonds, l’impossibilité de le blâmer d’avoir accepté un secours dont il avait un besoin criant, ce dont avait convenu le magistrat en première instance qui l’avait innocenté et prononcé un non-lieu. Maître Samir Dilou a plaidé et fait valoir que le texte qui avait conduit au défèrement avait été promulgué sous le colonialisme français pour criminaliser le financement de la résistance armée aux forces d’occupation et qu’il serait honteux de sanctionner des Tunisiens pour un « crime de solidarité »  […] Aucune loi ne punit la distribution d’aides aux nécessiteux, la loi organise même les collectes de fonds […] et la soumet à une autorisation préalable et il a demandé à ce que soit reconsidérés ceux qui ont pris l’initiative de venir au secours de leurs concitoyens sinistrés, traités en hors la loi. Le juge a décidé de lever la séance et de prononcer le jugement le 22 mai 2010. […] Pour la commission de suivi des procès Le vice-Président de l’Association Maître Abdelwahab Maatar (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


C’est à la population de prendre son destin en main


par Slim BAGGA J’ai parfois l’impression que les Tunisiens et les Tunisiennes ne se sentent plus concernés par leur pays ni par l’avenir de leurs enfants. Complètement tétanisés, ils regardent dans l’indifférence et une totale inertie la privatisation de l’Etat, le dépeçage du territoire, l’instauration d’une monarchie mafieuse, sans que quiconque ne s’en offusque. De l’élite à la police sensée être nationale et protéger la population et non la mafia; des partis politiques à la Ligue des droits de l’homme, aux juges, aux journalistes, aux fonctionnaires, aux ouvriers…aux chômeurs, l’attitude c’est la démission. La peur n’explique pas tout. La lassitude s’est installée dans cette vaste prison tunisienne où une opposition de bureau est davantage prompte à discourir dans hémicycles de l’Europe qu’à faire preuve d’inventivité pour encadrer une population désarçonnée La réalité est en face, et le pouvoir ne s’en cache plus: il s’en fout comme de la dernière averse des protestations, des communiqués, des calculs politiciens de l’opposition, des ralliés d’hier et des déçus de demain. Il asseoie sa dictature sans trop forcer, il place des voyous à tous les postes à prendre, il s’approprie tout le pays dans une indifférence populaire qui frôle l’inconscience. Pendant que cette opposition légaliste médite sur le sexe…des singes. Pendant 20 ans, on a laissé faire en comptant sur une manchette du « Monde » ou un rapport d’Amnesty. Alors que le véritable travail est sur le terrain, là où les entrepreneurs spoliés sont devenues légion, où les familles humiliées, les étudiants emprisonnés, les militants baîllionnés constituent l’affreux quotidien de ce pays sur lequel trône un gang de voyous qui ne s’offusque plus de rien, même pas de son propre ridicule. Comment peut-on être aussi aveugles pour discuter et pour oeuvrer à réformer un régime irréformable? Comment peut-on encore penser que ceux qui gouvernent par la force seraient un jour amenés à céder la moindre parcelle de liberté? Comment peut-on rester aussi naifs pour imaginer que des Trabelsi issus de rien ou qu’un Ben Ali autiste puissent un jour composer avec la société? Regardez ces chiens lâchés par la dictature policière et corrompue: on nous insulte à la moindre contestation, on nous traite d’agents de l’étranger, de « fous » comme à l’époque de Staline, on emprisonne, on envoie le fisc, on met à genoux tout le monde…et les mères… La devise des clans Ben Ali-Trabelsi est une: écrasez-vous, on fait ce qu’on veut et on vous emmerde. Un tel pouvoir ne déguerpira jamais que par la force. Même si c’est douloureux, c’est la seule alternative qui doit être envisagée par la population qui ne doit compter que sur elle-même et sur son armée nationale ou ce qu’il en reste. Que le tyran me fasse un procès pour appel à la subversion, il n’en reste pas moins que c’est grâce à un coup de pied dans le derrière qu’il partira…Que c’est par la mobilisation du peuple que le premier subversif des Tunisiens, l’imposteur Ben Ali et sa clique iront rejoindre le seul endroit qui leur siéra: la prison!

Âïd / Retornado Si Dr Abdelmajid Najjar (العائد د. سي عبد المجيد النجار) Rentre à Tunis Vendredi 14 Mai 2010

 

 

 

Par : Abdel Wahab Hani

Remarque préliminaire : Les sites tunisiens qui souhaitent reproduire ce papier sont priés de respecter l’intégrité du titre et l’ensemble des paragraphes commis par l’auteur qui en assume la responsabilité.

 

A peine un mois après l’obtention de son passeport national  tunisien, Âïd / Retornado Si Dr Abdelmajid Najjar prend s’envole à Tunis, demain vendredi 14 mai 2010, au bord de l’Airbus A319 de la compagnie nationale Tunis Air, assurant le vol TU 725, en partance de l’aéroport international Paris-Orly, à destination de l’aéroport international Tunis-Carthage ;

Départ : 08 :00 heure de Paris ;

Arrivée : 09 :30 heure de Tunis ;

 

Intellectuel engagé mais discret, Homme intègre, Universitaire de renom, Professeurs des Universités en « Sciences islamiques » dans plusieurs pays arabes, écrivain, auteur de près d’une vingtaine de livres et d’une énorme quantité d’articles dans des revues et colloques spécialisés de la Pensée et de la jurisprudence islamiques, Aïd / Retornado Dr Najjar passe pour être l’un des plus ardents défenseurs de a réforme de la pensée musulmane, notamment au sein de l’élite spécialisée dans les Sciences islamiques. Figure respectée de l’Islamisme tunisien au sein de l’élite tunisienne, panarabe et panislamique, Aïd / Retornado Dr Najjar représente l’aile zeitounienne du mouvement islamiste tunisien. Un énorme espoir est né après l’obtention de son passeport le 12 avril dernier, dans la perspective d’ouvrir une nouvelle page entre les islamistes tunisiens et le pouvoir en place et l’élite du pays dans son sens le plus large, après une vingtaine d’années de malentendus et de violentes hostilités, ayant eu un impact très négatif sur la vie politique tunisienne.

 

Cet espoir a été accompagné d’un déluge de réactions extrêmement violentes venu des rangs les plus crispés de son propre parti Ennahdha, anciennement le Mouvement de la tendance islamique (MTI), dont il était l’un des intellectuels les plus respectés. Certains réactions violentes, signés de certains pseudonymes de la diaspora défendant la direction actuelle du mouvement ont cherché à la disqualifier, le dénigrer, voire même l’excommunier.

 

Dans la même veine haineuse et minable des spécialistes en ragologie, des qualificatifs des plus abjectes et indignes ont été jeté sur les commentateurs positifs de ce passeport, accusés d’être les agents des Renseignements tunisiens, notamment notre modeste personne, nous Âïd / Retornado Abdel Wahab Hani, et notre ami Si Slaheddine Jourchi, Grand journaliste, Vice-Président de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme (LTDH) et Animateur du seul Think-Tank tunisien le Forum Al-Jahidh.

 

C’est dire à quel point un passeport peut ouvrir des perspectives de dépassement dans les rangs de la classe politique et de l’ensemble de l’élite du pays, mais aussi des caisses entières de haine venimeuse qui explosent dans les tréfonds et les arcanes les plus sombres des arrières boutiques des appareils des boutiques politiciennes en perte de terrain et de projet politique, mais surtout en faillite morale.

Ces attaques en règle de certains irresponsables se qualifiant de gardiens du temple islamiste sans la moindre orale islamique ni la moindre morale tout court intervient après que les mêmes cercles aient jetés, aux chiens du mercenariat de la plume, l’honneur des militants intègres qui ont sacrifiés les plus belles années de leur vie à défendre le prisonnier, la veuve et l’orphelin, de leurs poches et sans en demander ni merci ni récompenses.

 

Le devoir n’a de récompenses que la tranquillité de l’esprit, le respect de la probité et de l’intégrité. Seul, l’Histoire jugera l’action des Grands Hommes; quant aux les minables, même puissants l’espace de vingt ans ou d’un instant, ils auront à répondre de leurs bassesses devant leur propre conscience et devant la conscience collective de notre peuple. Ils auront à répondre en dernier ressort devant la justice divine de Notre Créateur le Tout Puissant.   Au téléphone, Âïd / Retornado Si Dr Abdelmajid Najjar nous a indiqué ce soir, à la veille de son retour, qu’il continuera à œuvrer pour la Réforme (Al-Islah), la Réconciliation nationale et l’accélération du processus de Retour des Exilés Âïdoun / Retornados qui veulent rompre l’asile et recouvrer leurs droits civiques tunisiens après des années de privation.

 

« C’est le prix de cet engagement que de résister à l’entreprise d’intimidation et de dénigrement de tout bord. Je suis fidèle à mes principes de modération et je continuerai à œuvrer pour le Retour de tous nos compatriotes, en prêchant la bonne parole (الكلمة الحسنة) », nous a-t-il dit, serein. Espérons que ce Retour permettra l’accélération du processus de délivrance des passeports à tous nos concitoyens qui le réclament ; qu’il permette à l’ensemble des Exilés de battre les peurs, les dénigrement et les intimidations et de demander leurs passeports, réellement, auprès de nos Ambassades et Consulats et non virtuellement sur les pages du net. Epris de cet espoir et engagé à le transformé en réalité, nous ne trouvons de mots pour clore ce papier que la reprise de la question fondamentale que nous avions posée dans le papier d’annonce du passeport du Âïd / Retornado Dr Najjar :

 

La Tunisie est-elle capable de tourner la page des années de plomb? Et d’un coté et de l’autre, la question est aujourd’hui posée.

Et d’un coté et de l’autre, il faut savoir tourner la page;

Nous avons, tous, autre chose à faire pour NOTRE PAYS, que de rester prisonniers d’un moment historique qui dure, en stagnant, depuis près de 20 ans;

La Tunisie le veut, les Tunisiens l’exigent;

 

 

Bon Retour Âïd / Retornado Si Dr Najjar et bienvenue chez toi…

 

 

Paris, le 13 mai 2010

Âïd / Retornado, Bi Idhni Allah, Ahabba Al Mouhibboun Wa Kariha Al Karihoun

Abdel Wahab Hani

awhani@yahoo.fr

+33 6 17 96 00 37


 

Le Gout de La Ville


 

Il y a parfois des jours qu’on aurait aimé voir passer sans avoir à les subir. Ce dimanche 9 mai 2010 en est un. Par un temps de sirocco « chhili » comme on dit chez nous il s’annonce déjà mal depuis son début et je dois le porter comme un fardeau jusqu’à sa fin. Je n’ai prévu aucun programme pour l’occuper et je n’ai envie d’aucun, que des heures vides à subir le passage et à maudire jusqu’à demain.

J’ai le gout de la ville au travers de la gorge à en vomir, il n’est pas question de sortir. Je fais le tour des informations sur le net et comme d’habitude il ne se passe rien. C’est le même scénario de tous les jours ; on a d’un coté ceux qui chantent la gloire de leur épopée et de l’autre ceux qui crient la souffrance de leur calvaire. La même dualité qu’a connue tous ceux qui ont pris leur part de damnés de la terre à un moment ou un autre de leur histoire.

Je me suis arrêté sur une note d’un bloggeur écrite ce matin « J’ai voté rouge» dit-il. Au moins un qui parle de ce non événement que constitue les élections municipales qui se déroule aujourd’hui. Voter rouge, c’est voter pour le parti de la dictature qui va gagner à 100% les élections dans toutes les municipalités. « J’ai voté rouge par pic conte tout ceux qui ont accepté de prendre part à cette comédie au coté de l’RCD pour leur faire comprendre qu’ils doivent viser le rôle de l’héro et non du simple figurant. »explique en substance le bloggeur les sens de son vote.

Ça m’a rappelé le gout de la nausée que tous ces jeunes doivent sentir en n’ayant à choisir qu’entre des suppôts de la dictature et de piètres figurants pour exercer leur citoyenneté dans de semblables occasions. Je n’ai même pas pensé moi-même à aller voter. Des jours comme celui là censés se passer comme une célébration de la souveraineté citoyenne sont passés comme une journée d’humiliation nationale pour la majorité des tunisiens. Ce n’est pas le pouvoir qui est en question en de telles élections, c’est la ville, l’esprit de communauté qui lie ses habitants et la gestion des affaires commune en son sein.

Même ce pouvoir au seuil du minimum requis quant on connaît la main mise du ministère de l’intérieur consacré par la loi sur les conseils municipaux n’est pas permis aux tunisiens à pied d’égalité. C’est la tyrannie de l’allégeance qui dicte sa loi et le tri c’est fait déjà à la formation des listes du parti qui va gagner dans routes les villes du pays. Voter ne change rien dan cette course infernale à l’allégeance dont seuls les inconditionnels du président Ben Ali et ses protégés ont droit à en faire partie.

Notre pays n’a plus besoin de ce genre d’élections. Il faut se rendre à l’évidence après plus de 50 ans de pouvoir absolu d’un seul parti, la question n’est plus de savoir qui est avec le pouvoir en place et qui est pour son changement. Réduire les élections à de grotesques entreprise de propagande pour prouver la popularité d’un système dont plus personne n’est en secret de sa véritables nature et de ses maux c’est condamner tout une société à vivre en ghettos et l’empêcher de tout moyen pacifique d’exister dignement.

J’étais la semaine dernière dans plusieurs villages du cap Bon et du nord-ouest, des régions censés être les mieux loti géographiquement du pays. Alors que mon passage coïncidait avec la campagne électorale pour ces élections, je n’ai vu que des ghettos de misère, des villes mortes ou en agonie condamnés à l’immobilisme et au silence en sursis de tous les problèmes de mal vie sans solutions et qui sont entrain de les transformer en sinistrés. Ils ont plus besoin d’homme de terrain et d’action que de nouveaux gardiens.

Donnons à nos jeunes la possession de leurs villes, laissons les investir ses temples vides d’espace publique pour les animer sans se sentir manipulés, ouvrons leurs la voie à la citoyenneté, laissons toutes ces énergies ligotés s’épanouir sans hypocrisie ni censure et arrêtons de se mettre au travers du sens du bon sens et de l’histoire…

Yahyaoui Mokhtar – Tunisie le 09 Mai 2010

(Source: « Tunisa Watch » le 9 mai 2010)

 


L’Europe redresse le statut de Ben Ali

Tunisie . Malgré les critiques sur les droits de l’homme, les Vingt-Sept vont resserrer les liens.


Par CHRISTOPHE AYAD Longtemps, la Tunisie a été la meilleure élève de l’Union européenne au sud de la Méditerranée. Cette réputation a fini par s’effriter, notamment à cause des atteintes régulières aux droits de l’homme et à la liberté d’expression ainsi que de la fermeture du champ politique. Et, alors que la Tunisie a été le premier pays à conclure un accord d’association avec l’UE en 1995, c’est le Maroc, qui, le premier, a bénéficié du «statut avancé», qui resserre encore les liens avec les Vingt-Sept. Hier, l’UE et la Tunisie ont annoncé l’ouverture de négociations en vue d’un renforcement de leurs relations. Un accord a été trouvé sur «la formation d’un groupe de travail dans la perspective d’un statut avancé», a déclaré le secrétaire d’Etat espagnol aux Affaires européennes, Diego López Garrido, dont le pays préside l’UE en ce moment. Le commissaire européen en charge de la Politique de voisinage, Stefan Füle, a précisé que cette négociation devait s’engager «sans tabou». Une manière de parer à l’avance les critiques des ONG et des eurodéputés, qui dénoncent cette prime donnée à l’un des régimes les plus répressifs du sud de la Méditerranée. Une façon aussi de prévenir les dirigeants tunisiens qui dénoncent toute critique comme une ingérence. Le ministre tunisien des Affaires étrangères, Kamel Morjane, présent hier à Luxembourg, n’aura pas la partie facile. Les négociations sont censées s’achever d’ici à la fin de l’année et l’exemple donné ce week-end par les élections municipales en Tunisie n’incite pas à l’optimisme : le RCD, du président Ben Ali, a remporté la totalité des conseils municipaux en lice… Morjane, un diplomate de carrière, a été nommé en janvier à la place d’Abdelwahab Abdallah, sanctionné pour son échec à obtenir le statut avancé auquel Tunis postule depuis fin 2008. La Tunisie est soutenue dans sa démarche par la France, l’Italie et, dans une moindre mesure, l’Espagne. Les pays du nord de l’Europe, moins présents économiquement, sont plus critiques sur l’absence de progrès politique. Mais les Vingt-Sept n’ont, jusqu’à présent, jamais soulevé officiellement la question de la non-application du volet politique de l’accord d’association. Peut-être parce que la Tunisie est le seul pays à avoir appliqué l’intégralité des réformes imposées par le volet économique et parce qu’elle mène une lutte sans faille contre l’immigration clandestine et l’islamisme. Il est vrai aussi que l’UE s’apprête à signer un accord d’association avec la Libye du colonel Kadhafi.
 
(Source: « Libération » (Quotidien – France) le 12 mai 2010)

A Paris, le grand mufti d’Al-Quds condamne le terrorisme


Jeudi, 13 Mai 2010 07:19 Jamel Heni, Paris. Le cheikh Tayssir Tamimi, juge, grand mufti d’Al-Quds et président du Comité du dialogue islamo-chrétien, a donné une conférence au Club de la presse arabe de Paris, juge. Notre correspondant revient sur l’essentiel de ses propos. Notamment sa condamnation sans ambages de toute forme d’extrémisme religieux. «Qu’est ce que cela peut bien dire Etat juif?  Serait-ce un Etat religieux? Eh bien, nous n’en voulons pas. Nous n’appelons pas non plus à la création d’un Etat musulman en Palestine, pas plus qu’à  des cantons monothéistes selon la formule de Clinton, nous voulons vivre ensemble dans la même ville trois fois sainte: Al-Quds!». Sous l’œil admirateur de la sociologue franco-algérienne Nacira Guénif, le président du Comité de dialogue islamo-chrétien, juge et grand mufti d’Al-Quds, Cheikh Tayssir Tamimi, fut solennel lors de la conférence sur ‘‘La bataille pour Al-Quds’’, organisée, vendredi 7 mai, par le Club de la presse arabe au Centre d’accueil de la presse étrangère (Cape) à Paris. La bataille pour Al-Quds!  
Aujourd’hui, Al-Quds, «chef-lieu de l’ascension nocturne du prophète vers l’au-delà, de la naissance de Jésus et terre des révélations abrahamiques», n’occupe pas seulement les deux milliards de Chrétiens. Le milliard et demi de Musulmans de par le monde, elle les préoccupe tout autant. Et pour cause. La ville est sous contrôle militaire israélien depuis 1967. En 1980, une loi fondamentale israélienne la consacre «capitale éternelle et indivisible d’Israël». Les résolutions 467 et 478 de l’Onu, qui rejettent la lettre et l’esprit de cette disposition coloniale, n’entament en rien le processus d’annexions territoriales planifiées d’Al-Quds Charqieh (Jérusalem-Est) où 4580 colonies seront construites d’ici 2015, pour avoisiner les 9200 en 2020. «Les Israéliens procèdent à des fouilles archéologiques qui menacent les fondations de la mosquée Al-Aqsa. Toute la mosquée, et pas uniquement le Dôme du Rocher qui n’est qu’un dôme. Ils interdisent la prière aux plus jeunes fidèles et maintiennent des avant-postes de contrôle aux accès du troisième lieu saint de l’Islam! J’en ai fait l’amère expérience en en étant interdit des mois durant! A leur tour, nos frères chrétiens ont été interdits de fêter les dernières Pâques à l’Eglise de la résurrection. Et pourtant nous ne sommes pas du Hamas!», a-t-il tempêté. Membre de l’OLP, le cheikh a vanté les mérites de feu Abou Ammar qui «avait toujours défendu Al-Quds, ses monuments et ses habitants.» Il n’en a pas moins déploré la mollesse de l’Unesco qui brille par son absence face aux violations du patrimoine mondial de la ville maqdissi. «Même l’Organisation de la Conférence Islamique (Oci) n’assume que vaguement son rôle de défenseur d’Al-Quds!», a-t-il renchéri. «J’appelle tous les Musulmans et Chrétiens de la terre à se rendre à Al-Quds. A venir prier dans ses mosquées et églises, à soutenir les commerçants de la vieille ville, assujettis à d’exorbitants impôts. Ne vous trompez pas de boycott. Une chose est de soutenir Al-Quds et tout autre chose est de venir bronzer sur les plages israéliennes! Les Musulmans de France doivent être un facteur de stabilité et de paix. Ceux qui posent des bombes dans les métros, ceux qui ont lancé des avions contre les tours jumelles n’ont rien à voir avec l’Islam. Qu’est-ce qu’un Musulman qui tue des innocents?», a fulminé le cheikh. Al-Quds confessionnelle, Al-Quds universelle  
«‘‘La bataille pour Al-Quds’’, cela me rappelle la bataille d’Alger. Ce sont les mêmes mécanismes historiques de répression et d’insurrection qui sont encore d’actualité». Reposant la question de la ville en termes sociologiques, Mme Guénif aborde Al-Quds «française» sanctifiée par une terminologie anachronique de «terre sainte». «En France, où la sécularisation a atteint son apogée avec l’Etat laïc, deux termes sont privilégiés: Jérusalem et terre sainte. Il ne vient à l’idée de personne de parler d’Al Quds. Mais en même temps on nous parle de terre sainte». Ce vocabulaire est d’autant moins sécularisé qu’il rappelle les liens que la France chrétienne, fille aînée de l’Eglise, entretenait avec Jérusalem, notamment pendant les croisades, souligne la sociologue en substance. «C’est un cadre surdéterminé qui affecte les jeunes français d’ascendance migrante et la manière dont ils perçoivent aujourd’hui Al-Quds. Je serais même tentée de dire qu’il y a aujourd’hui une hiérarchisation où la problématique d’Al-Quds est en quelque sorte subordonnée à la problématique palestinienne… Sinon comment expliquer qu’on en sait si peu sur la situation préoccupante voire alarmante de la ville mais que dans l’ordre des formes de mobilisation elle demeure subordonnée à une problématique, plus actuelle et plus mobilisatrice, qui est celle de Gaza ? S’il fallait nommer deux lieux emblématiques, ce serait d’abord Gaza puis Al-Quds.» «Cela montre en quoi, au-delà de la géographie physique et géopolitique qui vient d’être décrite, il y a aussi une géographie imaginaire qui est à l’œuvre et qui mobilise beaucoup plus. Cette géographie imaginaire est travaillée par la France. On ne peut pas ignorer les dimensions françaises de cette géographie qui se porte vers la question palestinienne et qui, dans cette question, va inclure Al-Quds et le traitement qui en est fait depuis 1967» a-t-elle ajouté. Alors quelle bataille pour Al-Quds en France? Comment éviter les chocs confessionnels et les écueils sectaires? La sociologue ne voit pas d’autre solution que le rempart laïc. «S’il fallait qu’à un moment donné Al-Quds prenne place dans le contexte français (et je ne suis pas là pour en juger d’autant qu’il ya d’autres problématiques tout aussi importantes et urgentes), je pense que le rempart de la laïcité – non pas au sens où la France l’a pratiquée mais au sens de la sécularisation – serait tout à fait efficace contre la confessionnalisation qui va à l’encontre d’une identification avec cette ville. S’il faut que la mobilisation au tour d’Al-Quds devienne pensable possible et puisse trouver un espace d’expression en France, alors le passage par ce qui est conçu comme  sécularisation, c’est-à-dire la liberté de culte et de croyance, permettrait effectivement de diffuser plus largement et de rendre plus légitime cet engagement pour ceux qui sont les plus susceptibles de s’en emparer».  Plus une conclusion qu’un sage conseil. La nécessité de séculariser la bataille pour Al-Quds est d’autant plus évidente que la France s’est douloureusement laïcisée et demeure particulièrement tendue sur les approches confessionnelles. Croyait-elle si bien dire? Ce jour-là il n’y avait pas un seul militant laïc reconnu pour livrer la bataille d’Al-Quds!
 
(Source: Kapitalis.com le 13 mai 2010)

Home – Accueil الرئيسية

 

Lire aussi ces articles

25 mai 2006

Home – Accueil – الرئيسية TUNISNEWS 7 ème année, N° 2194 du 25.05.2006  archives : www.tunisnews.net El Maoukif: Sadok Chourou derriere

En savoir plus +

2 février 2005

Accueil   TUNISNEWS   5 ème année, N° 1719 du 02.01.2005  archives : www.tunisnews.net التكتل الديمقراطي من أجل العمل والحريات:

En savoir plus +

Langue / لغة

Sélectionnez la langue dans laquelle vous souhaitez lire les articles du site.

حدد اللغة التي تريد قراءة المنشورات بها على موقع الويب.