13 décembre 2005

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TUNISNEWS
6 ème année, N° 2031 du 13.12.2005

 archives : www.tunisnews.net


Rapport final de la commission nationale de soutien a la greve de la faim pour les droits et libertes

AP: Les relations franco-tunisiennes sont « excellentes », selon l’ambassadeur de France à Tunis AFP: Annan espère que les pays du SMSI garantiront la liberté d’expression

Survivre au sida: Tunisie : un Français raconte son incarcération pour homosexualité

Dehliz: Halte a la discorde

Le Temps: Les chemins de la drogue – Toxicomanie, malaise social, désengagement familial et crise des valeurs Noura Borsali: La France face à son histoire coloniale Noureddine Hached: Assassinat de Farhat Hached, le 5 décembre 1952 : Un crime d’Etat

 

RAPPORT FINAL DE LA COMMISSION NATIONALE DE SOUTIEN

A LA GREVE DE LA FAIM POUR LES DROITS ET LIBERTES

SOUMIS A L’ASSEMBLEE PLENIERE

 4 décembre 2005

Ce rapport  vient clore les travaux de la Commission Nationale de Soutien à la grève de la faim pour les droits et libertés engagée, dès le 21 octobre, à  apporter son soutien aux grévistes de la faim et à porter haut et fort leurs revendications pour la reconnaissance et l’exercice des libertés d’association et d’organisation politique, d’expression, de presse et d’information et pour la libération de tous les prisonniers politiques et d’opinion.

Fruit d’une réflexion collective et plurielle menée dans le cadre du Comité de soutien[1] dans la perspective de la Plénière de clôture du 4 décembre 2005, ce rapport se veut,  plus qu’un simple exposé des activités, un témoignage de la force de mobilisation des militantes et militants et un hommage à leur sens de l’engagement, un engagement que d’aucun juge à la mesure de la force de la grève de la faim.  Ultime recours face à une politique du pire, la grève de la faim de huit personnalités politiques et associatives témoigne de l’intolérable atteint mais aussi du seuil de l’infranchissable. C’est donc au nom de la Commission Nationale réunie en assemblée plénière  qu’un nouvel hommage est ici rendu aux grévistes, à leur courage, à leur sens de l’abnégation.

L’objectif de ce rapport n’est pas de faire un bilan exhaustif et détaillé des activités de la commission mais de procéder à une lecture rétrospective de toute l’opération et d’en présenter à chaud les premières évaluations. Se voulant critique avec mise à distance objective de l’évènement, le rapport s’en tient  à la recommandation générale qu’il ne s’agit ni d’exagérer, ni de minimiser l’impact et la portée de l’évènement. Fruit d’une réflexion plurielle, ce rapport espère en refléter la richesse et la diversité.  Sa démarche  vise à établir:

– une rétrospective du mouvement (I)

– un diagnostic des évènements (II)

– une synthèse des enseignements (III)

I – RETROSPECTIVE D’UN MOUVEMENT

Le constat quasi unanime est que la grève de la faim a provoqué, au-delà de toutes prévisions, une forte adhésion et mobilisation maintenant la classe politique et la société civile, durant les 32 jours de sa durée, dans une sorte d’effervescence citoyenne qui interpelle le sens et impose dans un premier moment de rappeler brièvement la chronologie du mouvement et ses multiples dimensions. Cette présentation n’a d’autre intérêt que de retracer dans sa trajectoire le mouvement de soutien, en marquant ses différentes étapes, ses acteurs, ses formes, ses expressions et ses lieux.

La mobilisation a pris un triple ancrage national, régional et international, un caractère multiforme et une expression plurielle dont  témoignent :

I- 1 : La mobilisation nationale à travers :

le soutien et la mobilisation de la commission nationale, sa large composition (124 membres) et l’éventail des sensibilités politiques, associatives et indépendante en son sein

 le large soutien des partis politiques de l’opposition  dans la diversité de leurs orientations : le Parti Démocratique et Progressiste,  le Parti Ouvrier communiste tunisien; Le congrès pour la République,  le Forum démocratique pour le travail et les libertés, le mouvement de la Nahdha ( 19 octobre 2005), le mouvement des unionistes nassériens, le Parti Tunisie verte, Le mouvement Tajdid, Les démocrates communistes, L’Initiative Démocratique, le MDS dans ses structures légitimes, le courant Bâathiste, les islamistes progressistes, les communistes révolutionnaires, les patriotes démocrates.

– Le soutien des syndicats des travailleurs  qui a apporté à la dynamique générale  un souffle nouveau  et s’est exprimé par des voies multiples parmi lesquelles celle de  l’Union régional des travailleurs de Sfax, se Mahdia, de Kairouan et de Jendouba, le Syndicat Général de l’Enseignement secondaire, des syndicats régionaux de l’enseignement secondaire et primaire, le syndicat général de l’enseignement de base, et du syndicat général de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, et divers syndicats de fédérations de divers secteurs de la fonstion publique et du secteur  financier et bancaire

– Le soutien  actif des ordres professionnels  et des associations de défenses des droits humains:  Le conseil de l’ordre des avocats, ; La Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme(LTDH), l’Amicale nationale des Anciens résistants ( ANAR), l’Association tunisienne contre la torture( ATT), le Conseil National des Libertés en Tunisie( CNLT), l’Association internationale des soutien aux prisonniers politiques( AISPP), Amnesty International, l’Association Tunisienne des Femmes démocrates (ATFD) ; le Centre pour l’Indépendance de la Justice ( CIJ) ; le Comité de soutien de Mohamed Abbou,  l’association RAID ATTAC, l’Obserrvatoire l’OLPEC, le syndicat des journalistes, la ligue des écrivains libres.

– Le soutien actif des comités de soutien régionaux à la grève de la faim et des comités de défense de la société civile qui ont donné une nouvelle dynamique à la mobilisation en l’inscrivant dans un cadre territorial régional et local à Monastir, Sousse, Bizerte, Nafta-Tozeur, Kairouan, Nabeul, Gafsa, Medenine, Gabes, Sfax, Mahdia, Kélibia, Béja, Siliana, Kasserine, Jendouba, Mateur, Ben Arous.

– Le soutien des étudiants qui s’est exprimé par une mobilisation continue au siège des grévistes et par des initiatives de rassemblements dans différents  établissements   d’enseignement

le soutien et la mobilisation des comités tunisiens de l’immigration : avec la mise en place de comité de soutien à la grève de la faim et l’action collective à travers des coordinations entre différentes associations de défense des droits et libertés dont le CRLDHT à Paris, à Marseille, à Londres, en Suisse, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Suède, au Canada, en Italie.

I-2 : Le Soutien extérieur et international

Le soutien et la mobilisation internationaux se sont exprimés par la mise en place dans plusieurs pays de coordination nationale (telle la coordination marocaine pour le soutien aux démocrates tunisiens, et le collectif des associations égyptiennes) ; par les messages de soutien et la signature de pétitions par les organisation des droits de l’homme, ( tels le réseau des mères et des proches des disparus, le réseau Euro med, le Manifeste des libertés à Paris), ainsi que par les partis  (FFS en Algérie, Parti socialiste français, le parti Communiste , les verts, le LCR) par les artistes ( tels les artistes et intellectuels arabes). De même différentes représentations diplomatiques ont exprimé leur solidarité et leur préoccupation sur l’état des libertés: l’U.Européenne, la Grande Bretagne,  Les USA , la République d’Allemagne, etc.)

Le soutien actif de toutes ces composantes a donné à la mobilisation son caractère de terrain avec des visites en nombre impressionnant au siège des grévistes,  l’organisation de grèves de soutien avec  présence sur les lieux, les rassemblements devant les sièges des administrations d’Etat, les occupations de rues, les assemblées générales, les rencontres et débats, les réunions publiques. Un des moments forts de cette mobilisation a été les « 6 heures pour la liberté ». Elle a trouvé son couronnement  le 16 novembre lors du Sommet Citoyen de Tunis tenu à la LTDH en parallèle au SMSI.

Ce soutien actif et cette vaste mobilisation de terrain n’auraient pas eu leur éclat sans l’écho médiatique qui leur a été fait à travers le bulletin quotidien de la grève de la faim, l’implication du journal al Mawquif, du Tariq al Jadid, le concours actif des membres de la commission information, l’organisation de conférences de presse, l’implication des médias étrangers,  arabes et occidentaux. 

 II –  DIAGNOSTIC DES EVENEMENTS

Compte tenu de ce foisonnement, il y a lieu revenir  sur certains éléments pour en faire le diagnostic et en évaluer le sens : sur la grève de la faim pour évaluer sur sa portée  ; sur la mobilisation pour évaluer son poids et ses significations.

         La Grève de la fin : ses formes et sa portée ?

Déclenchée le 18 octobre 2005 par huit personnalités de l’opposition, chefs de partis politiques et membres d’association civiles, la grève de la faim a suscité au départ la réserve sur son efficacité politique.

La Modalité.  Modalité jugée «  extrême », « désespérée », elle ne semblait pas relever de l’action politique. Or, à l’analyse, et compte tenu du soutien qu’elle a suscité et de la mobilisation qu’elle a enclenchée, elle s’avère être un acte éminemment politique.  Acte extrême de dénonciation, à la mesure du caractère extrême du blocage de la vie publique, elle s’est imposée comme une réponse politique la plus adéquate possible interpellant la conscience du devoir et le sens  de l’urgence de l’action. Si elle est quelque part l’aveu « d’un échec », elle est aussi l’expression d’une récupération de soi et de la reprise de l’initiative.

Le choix du moment a suscité au départ l’appréhension en raison d’une part, des risques de démobilisation sociale qui caractérise généralement le mois de ramadhan  et des risques de la transformation de la grève, dans les circonstances du SMSI, en «  coup médiatique » à usage extérieur sans véritables retombées internes et ancrages réels. Or, il s’avère que le choix du moment procède d’une appréciation pertinente de son opportunité politique. Relevant le défi du calendrier officiel et bousculant les pesanteurs sociales et culturelles, la grève de la faim, a non seulement permis d’enclencher une mobilisation à l’échelle interne avec des points d’ancrage dans différentes régions du pays, mais aussi de se saisir de l’évènement du SMSI et en particulier du SOMMET CITOYEN, pour  donner le plus large  écho à l’intolérable atteint et témoigner de la vitalité de la Tunisie militante.

La forme collective. Grève de la faim regroupant dans une même entité, chefs de partis politiques de sensibilités politiques diverses et des personnalités indépendantes et associatives elle constitue sous cette forme, une première. Cependant,  , elle  n’a pas manqué de susciter la tension  au sein de la classe politique et de la société civile 1) sur la présence islamistes, 2) sur le mélange des genres entre partis politiques, personnalité indépendantes et associations. Le premier groupe  y est favorable et y voit  l’occasion de mettre fin aux anciennes exclusions idéologiques, contentieux de leadership et autres occultations de la réalité politique et associative du pays pour un combat  vital commun, le même, porté par tous et dont la perspective n’est pas de passer des « alliances dangereuses », mais bien d’arriver, dans une phase transitoire, à définir pour tout acteur politique, loin de toute violence et dans le respect de la diversité, le seuil des valeurs démocratiques infranchissables. Les autres, critiques, y voient à l’inverse, une opération de brouillage du projet démocratique rassemblant dans une union « contre nature » islamistes et laïcs ainsi qu’un brouillage de champ public en fusionnant des entités d’un genre différent : les associations et les partis.

Les trois revendications pour les libertés. Dès l’abord, les trois  revendications pour les libertés d’expression, d’association et pour la libération des prisonniers politiques et d’opinion, se sont imposées comme des revendications minimales, un standard commun à toutes les composantes de la société civile et de l’opposition politique. Par cela même, la grève de la faim, n’est pas un acte «  ex – nihilo » mais s’inscrit dans le prolongement des multiples combats qui l’ont précédée. Fruit d’un processus d’accumulation, elle en  représente une nouvelle étape.

– La mobilisation : portée et significations

Un caractère fédérateur. Sous la pression de l’évènement et l’urgence de la situation, la mobilisation  a revêtu un caractère inédit. Ce qui frappe l’esprit est son caractère fédérateur. Elle a fédéré  dans un même élan de soutien aux grévistes de la faim et d’adhésion aux revendications pour les droits et libertés, les partis politiques de l’opposition dans la diversité de leurs sensibilités et de leurs orientations politiques, les associations  autonomes de défense des droits humains, les comités régionaux et locaux de défense de la société civile, les ordres professionnels, les syndicats régionaux et sectoriels, les étudiants,  les personnalités du monde universitaire et de la culture.

Un caractère offensif et de terrain. Ce qui frappe également est le caractère offensif et de terrain de la mobilisation avec réinvestissement et réappropriation de l’espace public et du champ de l’action collective.  Les multiples initiatives (rassemblements, occupations des lieux, grèves de soutien, rencontres, débats) ont non seulement permis de réinscrire le combat dans l’espace public en le portant à la connaissance d’un plus large public, mais aussi de poser les acteurs politiques et associatifs en forces agissantes, capables, par leur posture offensive, de reprendre l’initiative.

Une mobilisation à relativiser. Ces aspects, toutefois,  ne doivent pas cacher les limites de cette mobilisation et induire aux erreurs d’appréciation sur leur portée et leur signification. Le soutien politique s’il est effectif, ne revêt pas un caractère uniforme. D’intensité variable, il est aussi souvent mitigé exprimant à la fois le besoin de dépasser les clivages traditionnels en considération de la grève de la faim et des circonstances du moment mais aussi le besoin d’affirmer la singularité et l’autonomie de ses auteurs. Par ailleurs, aussi intense soit-elle la mobilisation n’a pas réussi à franchir le cercle des élites. C’est souvent les mêmes qui, en raison de leurs multiples engagements dans le cadre des partis ou des associations ou des syndicats, à l’échelle nationale ou régionale, ont été les plus actifs dans les lieux et les espaces de la mobilisation.

En tout état de cause, cette mobilisation si elle renseigne sur une chose, c’est sur la société tunisienne et ses messages en direction des politiques.

          Le premier message est le besoin impérieux d’agir et de sortir de l’immobilisme dominant et du contexte d’oppression et de répression

          Le deuxième est la rupture entre les structures traditionnelles de type partisan et bureaucratique et les formes nouvelles mises en place pour inventer des espaces politiques.

Dans ces conditions, deux questions méritent  qu’on s’y attarde 

1)    En quoi cette expérience est-elle un acquis ? Quels enseignements en tirer ?

2)    A quelles conditions doit-elle connaître se nouveaux prolongements ?

III – UNE EXPERIENCE : DES ENSEIGNEMENTS

Il est incontestable que l’expérience est porteuse d’espoir. Autre étape s’inscrivant dans le processus historique de construction plurielle et de maturation de l’action politique et citoyenne en Tunisie, elle représente un moment fort, chargé de sens. Au-delà de la dénonciation ponctuelle qu’elle a constituée et de la lumière particulière qu’elle a jetée sur la question des libertés en Tunisie, l’expérience revêt des significations plus larges. L’appréciation qui en est faite n’est pas monolithique et laisse entrevoir ses aspects de positivité et les acquis qu’elle a réalisés, mais aussi ses aspects de fragilité et  les crispations qu’elle n’a pas manqué de soulever. 

III – 1 : DES ACQUIS A CONSOLIDER

Trois acquis s’attachent à l’opération dans son ensemble, permettent d’envisager l’avenir avec espoir et confiance et expliquent la volonté de les consolider en leur donnant leurs prolongements.

          1) Les revendications pour les libertés comme axe primordial de mobilisation et d’action.

          2) la coordination  d’action gage de la force de la mobilisation

          3) L’approfondissement du dialogue

1)      Les libertés : axe central de mobilisation et d’action.

L’expérience a montré que les libertés, revendications basiques et standard minimum d’une vie démocratique, constitue le standard commun à toutes les forces politiques et civiles du pays. Il y a donc possibilité d’un entrecroisement sur ces questions vitales pour le pays. La détérioration des conditions de la vie politique et des libertés publiques dans le pays fait l’objet d’un constat identique par tous les acteurs.  C’est donc autour de ces libertés qu’il y a lieu de se rencontrer pour apparaître dans le champ public en forces importantes et  agissantes.

2)      La coordination  et l’unité d’action

L’expérience a montré que la coordination et l’unité d’action sont un préalable nécessaire à la mobilisation collective. Il ne s’agit pas d’une coordination formelle et d’une unité par le haut qui aboutirait à soustraire les acteurs de leurs capacités propres de décision  ou de leur superposer une nouvelle instance. Il y a lieu d’instaurer une réelle coordination capable de donner à la mobilisation ses prolongements réels

3)      L’approfondissement du débat et la décrispation du climat politique.

L’expérience a montré qu’il est important d’instaurer le dialogue et de contribuer à  sortir de la phase des anathèmes pour construire un climat propice au débat d’idée et à la confrontation saine des projets. Rendu possible, le débat est à approfondir sur le fond et ce en vue de passer du slogan  sur les libertés aux valeurs qui s’y attachent.

III – 2 : RECOMMANDATION POUR ASSURER L’AVENIR

Trois éléments ont constitué un objet de « tension ». Ils doivent retenir l’attention pour assurer l’avenir et inscrire cette dynamique dans la durée.

1)- le respect du particularisme associatif et la différenciation entre le champ du politique et le champ civil (société civile)

2)- la différenciation entre la place de «  l’intellectuel indépendant » et les spécificités de l’action politique et partisane.

3) – la présence islamiste

1)      La différenciation entre le rôle de l’indépendant et le rôle du politique

L’expérience montre que ce qu’il est convenu d’appeler les indépendants pour désigner les personnes non affiliées à des partis ont apporté aux différents mouvements politiques une contribution importante. Cette relation suscite l’interrogation  tant sur la nature même de la participation, ses formes et le sens même de l’indépendance, que ce sur quoi elle renseigne : l’ inadéquation entre les attentes des personnes et les cadres partisans

2)      La présence islamiste.

C’est en réalité sur la présence islamiste que les débats, à tord ou à raison, ont été les plus exacerbés. Pour des raisons objectives tenant à des divergences fondamentales de projet de société et à des inquiétudes légitimes sur la nature de l’action commune  qu’il est primordial d’accorder à la question toute son importance par le débat franc et ouvert

3)      La différenciation entre le champ politique et le champ associatif

Il est un fait que les associations qui se sont mobilisées en permanences dans le champ public pour la défense des droits et libertés, restent extrêmement vigilantes sur la ligne de démarcation entre elles et le politique. Jalouses d’une autonomie acquise au prix d’une confrontation permanente avec le pouvoir, elles ne sont pas prêtes à se laisser happer par l’opposition politique. Si elles affirment leur détermination à faire face aux atteintes aux droits et aux libertés, elles affichent aussi une très grande détermination à préserver leur autonomie d’action et de décision.

Pour le comité de suivi

La coordinatrice

 Sana Ben ACHOUR

ANNEXES

I –  La mobilisation nationale et régionale

– 18 octobre 2005 : Appel à l’opinion publique de huit personnalités politiques et associatives en grève de la faim pour la reconnaissance et l’exercice de la liberté d’organisation politique et associative, d’expression, d’information et de presse,  et la libération des prisonniers politiques et d’opinion signé par :

– Ahmed Najib CHABBI, secrétaire général du Parti Progressiste et Démocratique

– Hamma HAMMAMI, porte parole du Parti Ouvrier Communiste Tunisien

– Abderraouf AYADI, vice-Président du Congrès pour la République

– Ayachi HAMMAMI, président du Comité de Défense de l’avocat Mohamed ABBOU et secrétaire général de la Section de Tunis de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme

– Lotfi HAJJI, président du Syndicat des Journalistes Tunisiens.

– Mohamed NOURI, président de l’Association Internationale de Soutien des Prisonniers Politiques        

– Mokhtar YAHYAOUI, magistrat et président du Centre pour l’Indépendance de la Justice et du barreau.

– Samir DILOU, avocat et ancien prisonnier politique

21 octobre 2005 : Constitution du Comité national de Soutien à la grève de la faim pour les droits et libertés. Déclaration 1 

          21 octobre 2005 : Constitution du comité de suivi 22 membres

          2930 octobre 2005 : Grèves  de la faim dans les Régions avec présences dans les locaux des partis de l’opposition, harcèlement policier et violence contre militants (communiqué, annexe IV)

          31 octobre 2005 : Assemblée Plénière du Comité National de Soutien au 15ème jour de la Grève  de la faim. Déclaration 2

          2 novembre 2005 : Hospitalisation du gréviste  Abderraouf Ayadi contraint de suspendre la grève (communiqué médical)

          8 novembre 2005 : Rassemblements

– A l’appel de la LTDH, rassemblement de soutien dans les régions devant les siège de gouvernorat

–  A l’appel  du Comité National de Soutien : Rassemblement 18 h à la Maison Ibn Khaldoun, interdiction,  et manifestation de rue, violence et tabassage des militants

– Assemblée Générale et Déclaration du Comité national de Soutien

10 novembre 2005 : Message de soutien des grévistes de la faim aux professeurs et               instituteurs de l’enseignement secondaire et primaire à l’occasion de la grève syndicale du 10 novembre 2005  contre la visite de Sharon au SMSI ( annexe VIII)

          12 novembre 2005 : 6 heures pour les libertés 

Rassemblement pour le procès de la LTDH – Projet de motion au ministre des la Justice et des droits de l’homme ( annexe IX)

– Rencontre débat « La question de la transition démocratique » animée par H. Marsit

– Après-midi littéraire, poétique et musical au siège de la LTDH

          16 novembre 2005 : Sommet Citoyen de Tunis (en présence de Mmes, Shirin Ebadi, prix   Nobel de la paix, la Présidente de la Délégation européenne, Catherine Trauttman, Mrs le Maire de Genève, Emanuel  Fornare, le Sénateur  membre du parlement italien,  Fiorello Cortiana, les organisateurs du Sommet  Citoyen  pour l’information et la communication représentants : la FIDH, l’IFEX, l’U I. des éditeurs, la Coordination nationale des associations de la société civile tunisienne ( LTDH, CNLT, ATFD, Message du comité de soutien  ( annexe X)

          16 novembre 2005 : Message des  grévistes de la faim au sommet mondial sur la société de l’information

          17 novembre 2005 2005: Délégation  composée de nombre personnalités de la société civile internationale et tunisienne sollicitant les grévistes de la faim à mettre fin au jeûne

          18 novembre 2005 suspension de la grève de la faim. Conférence de presse Internationale. Communiqué des grévistes et  Communiqué du Comité de soutien

          4 décembre 2005 : Assemblée plénière de clôture. Déclaration finale et suspension des travaux du comité national de soutien.

II – LISTE DES MEMBRES DU COMITE NATIONAL DE SOUTIEN A LA GREVE

DE LA FAIM POUR LES DROITS LIBERTES

ADDA Ceorges : 2-     ABDELJAOUAD Hela 3-     ABDELJAOUAD Jounaidi 4-     AKREMI Saîda  5-     AMROUSSIA Ammar 6-     AMDOUNI Lotfi 7-     ARFAOUI Adel 8-     ARFAOUI Karim 9-     ARIF Chawki 10- AZZOUNA Jelloul 11- BADRA Hashem 12- BAÏLI Abdellatif 13- BELARBI Larbi 14- BEL HAJ Ahlem 15- BELHASSEN Souhair 16-  BEL HASSEN Essia 17- BEN ACHOUR Sana 18- BEN ACHOUR Iyadh 19- BEN ARFA Slim 20- BEN AMOR Samir 21- BEN ANESS Abedel moumen 22- BEN BRAHIM Hmida 23- BEN FREJ Hechmi 24- BEN JAAFAR Mustapha 25- BEN MAHMOUD Leila 26- BEN MBAREK Annas 27- BEN JEMIA Monia 28- BEN MRAD Faouzi 29- BEN SEDRINE Sihem 30- BEN SALEM Ali 31- BEN SALEM Oussama 32- BEN SLAMA Raja 33- BHIRI Noureddine 34- BOUTHELJA Mohamed 35- CHAABOUNI Hatem 36- CHABBI Issam 37- CHAMMARI Khemaïs 38- CHAMMARI Alya 39- CHARFI Mohamed 40- CHARFI Abdel Majid 41-  CHARNI Mondher 42- CHARCHOUR Neîla 43- CHEFFI Mansour 44- CHERIF Khédija 45- CHEMAKH Fathi 46- CHIHAOUI Riadh 47- CHOUIKHA Larbi 48- CHRIGUI Moncef 49- DAOULATLI Ziad 50- EBDELLI Jilani 51- ELLOUZE Mongi 52- ESSID Bechir 53- FAHEM Mouldi 54- FELLAH Ali 55- FOURATI Abdellatif 56- GARRAM Abdallah 57- GHARBI Souad 58- GHARBI Riadh 59- GHARBI 60- GHAMAM Mondher 61- GRAIDIA Amor 62- GRIBAA Hichem 63- GHRIS Slim 64-  GOUMANI Mohamed 65- HALOUANI Mohamed Ali 66- HAMMAMI Jilani 67- HAMZAOUI Salah 68- HARMEL Mohamed 69- HAZGUI Ezzeddine 70- HDHILI Abderrahman 71- HIDOURI Lotfi 72- HOUIJ Taoufik 73- IBRAHIM Ahmed 74- JLASSI Mohamed 75- JERBI Fathi 76- JOUHRI Lassaâd 77- JGHAM Hechmi 78- JMOUR Mohamed 79- JOURCHI Slaheddine 80- JRIBI Maya 81- KALAÎ Ahmed 82- KCHIR Khaled 83- KFIF Malek 84- KHALFALLAH Mohamed 85- KHASKHOUSSI Ahmed 86- KHECHANA Rachid 87- KILANI Mohamed 88- KILANI Abderrazak 89- KOUSRI Anouar 90- LAARABI Bachir 91- LASSOUED Zaara 92- MARSIT Mohamed Habib 93- MARZOUKI Moncef 94- MARZOUK Naji 95- MATHLOUTHI Karim 96- MAZTOURI Kaïs 97- MECHICHI Said 98- MCHEREK Rchid 99- MECHRI Balkis 100-         MEKKI Abellatif 101-         MESTIRI Omar 102-         MESTIRI Tahar 103-         MKADMI Safa Eddine 104-         MSALMI Abdelmajid 105-         MZOUGHI Abdel Aziz 106-         NASRAOUI Radhia 107-         NAJAR Rchid 108-         NOURI Mourad 109-         NOURI Tarak 110-               NOURI Youssef 111-               RDISSI Hamadi 112-               OUNAIS Ahmed 113-               ROMDHANI Messaoud 114-               SAADALLAH Belgacem 115-               SGHAIER Abdel Majid 116-               SOUIHLI Sami 117-               TALBI  Mohamed 118-               TLILI Mustapha 119-               TOUZRI Fathi 120-               TRIFI Mokhtar 121-               TRIKI ABDELMAJID 122-               ZAOUIA Khalil 123-               ZEDDINI Ali 124-               ZIADI Habib

III – COMMUNIQUES ET DECLARATIONS

1-    

1بيان الهيئة الوطنية لمساندة الإضراب عن الطعام من اجل الحقوق و الحريات

نحن الممضين على هذا البيان:

ـ وعيا منا بخطورة ما آلت إليه أوضاع بلادنا من تدهور و ما شهده وضع الحريات العامة و الفردية من انتهاكات جسيمة خلال الفترة الأخيرة .

ـ واعتبارا للأبعاد السياسية والرمزية التي يكتسيها التجاء ثلة من الشخصيات الوطنية  من قادة الأحزاب والجمعيات في تونس لخوض إضراب جماعي عن الطعام كأسلوب أقصى  في ظروف الانغلاق الحالية،

وهم السادة:

ـ  أحمد نجيب الشابي ، الأمين العام للحزب الديمقراطي التقدمي

ـ  حمة الهمامي ، الناطق الرسمي باسم حزب العمال الشيوعي التونسي

ـ  عبد الرؤوف العيادي ، نائب رئيس المؤتمر من اجل الجمهورية

ـ  عياشي الهمامي ،  رئيس لجنة الدفاع عن الأستاذ محمد عبو والكا

تب  العام لفرع تونس للرابطة التونسية للدفاع عن حقوق الإنسان

ـ  لطفي حجي ،  رئيس نقابة الصحافيين التونسيين

ـ  محمد النورى ، رئيس الجمعية الدولية لمساندة المساجين السياسيين

ـ  مختار اليحياوى ، قاض و رئيس مركز تونس لاستقلال القضاء والمحاماة

ـ  سمير ديلو ، محام وناشط حقوقي وسجين سياسي سابق

ـ ووعيا منا

بخطورة التضحية التي اقدم عليها المضربون بتعريض صحتهم و حياتهم للخطر قصد حشد  أوسع حركة لفك الحصار المضروب على المجتمع التونسي .

ـ و إدراكا منا للمخاطر المحدقة بحياة المساجين السياسيين ولصعوبة الظروف التي يتحرك فيها المناضلون السياسيون والحقوقيون وافتقادها لأبسط مقومات ممارسة الحقوق والحريات وذلك في تعارض تام مع استعدادات تونس لاحتضان القمة العالمية للمعلومات التي تهدف مبدئيا وأساسا لتوسيع  دائرة حرية الإعلام والاتصال .

ـ وإيمانا منا

بضرورة كسب أوسع التأييد لهذه المبادرة الجريئة باعتبارها نداء حارا لاستنهاض الضمير الوطني ورسالة أمل من أجل الحرية .

ـ وإيمانا 

بضرورة الالتفاف  حول هذه المبادرة التي رفعت مطالب حرية العمل الحزبي و الجمعياتي

و حرية الإعلام والصحافة وإنهاء معاناة المساجين السياسيين ، باعتبارها مطلبا جامعا ما انفكت الحركة الديمقراطية بكل مكوناتها  تناضل من أجل تحقيقه .

ـــ  نعلن تضامننا الكامل مع المضربين عن الطعام ونحيي فيهم الشجاعة و نكران  الذات ، كما نعلن عن التزامنا القوي  بالعمل على تحقيق مطالبهم المشروعة.

ـ  نحمل السلط التونسية المسؤولية الكاملة  عن أي مضاعفات سلبية لهذا الاضراب وندعوها إلى القيام بكل ما من شأنه تجنب المحظور.      

 ـ  نناشد كل القوى الديمقراطية وناشطي المجتمع المدني على الصعيدين الوطني والدولي تقديم كل الدعم والمساندة الذين يفرضهما الحدث

تونس  في  21  أكتوبر 2005

    عن الهيئة   المنسقة

 

سناء ابن عاشور

1) DECLARATION DE CONSTITUTION DU COMITE NATIONAL DE SOUTIEN A LA GREVE DE LA FAIM POUR LES DROITS ET LIBERTES.

Nous,  signataires de la présente déclaration,

– Conscients de la détérioration du climat général et des conditions d’exercice des droits fondamentaux et des libertés publiques dans le pays et mesurant le caractère extrême que représente la grève de la faim de nombre de personnalités nationales de l’opposition démocratique en Tunisie, les militants :

          Ahmed Najib CHABBI, secrétaire général du Parti Progressiste et Démocratique

          Hamma HAMMAMI, porte parole du Parti Ouvrier Communiste Tunisien

          Abderraouf AYADI, vice-Président du Congrès pour la République

          Ayachi HAMMAMI, président du Comité de Défense de l’avocat Mohamed ABBOU et secrétaire général de la Section de Tunis de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme

          Lotfi HAJJI, président du Syndicat des Journalistes Tunisiens.

          Mohamed NOURI, président de l’Association Internationale de Soutien des Prisonniers Politiques

          Mokhtar YAHYAOUI, magistrat et président du Centre pour l’Indépendance de la Justice et du barreau.

          Samir DILOU, avocat et ancien prisonnier politique.

– Conscients de la gravité de cet acte par lequel les grévistes, au péril de leur vie, en appellent à la plus large mobilisation dans le but de lever, par l’action collective, l’étau qui étouffe les libertés ;

– Conscients aussi des périls qu’encourent les prisonniers politiques et d’opinions et de l’insoutenable situation réservée, dans leur propre pays, aux militants politiques et défenseurs associatifs, privés des conditions minimales d’exercice effectif des droits et libertés alors même que les autorités s’apprêtent à accueillir le Sommet Mondial pour la Société de l’Information qui vise  en principe à réduire la fracture numérique et à élargir le champ de la liberté d’information et de communication ;

– Convaincus du soutien à apporter à cette initiative dont le caractère ultime et le message d’espoir, interpellent la conscience de tous et de toutes;

– Décidés par ailleurs à soutenir cette initiative dont les revendications, pour la reconnaissance et l’exercice du droit d’association, d’organisation politique, d’expression et de presse et pour la libération de tous les prisonniers politiques et d’opinion, constituent un standard commun pour lequel la société civile tunisienne, dans ses multiples composantes, n’a cessé de se mobiliser ;

– Déclarons notre soutien aux grévistes de la faim dont nous saluons le courage et le sens de l’abnégation ainsi que notre engagement à porter haut et fort ces revendications.

Mettons les autorités tunisiennes devant leurs responsabilités et les appelons à tout mettre en œuvre pour éviter l’irréparable.

– Appelons toutes les forces démocratiques et acteurs de la société civile nationale et internationale à apporter le soutien qu’exige l’évènement.

Tunis le 21 octobre 2005

Pour le Comité

La coordinatrice, Sana Ben Achour

2) LE COMITE NATIONAL  DE SOUTIEN A LA GREVE DE LA FAIM POUR LES DROITS ET LIBERTES

Message aux grévistes  dans les régions

Le Comité National de Suivi de la grève de la faim pour les droits et libertés salue les initiatives régionales de grève de soutien qui se déroulent ces 29 et 30  octobre 2005 dans plusieurs régions et localités  du pays : Monastir, Sousse, Bizerte, Nafta-Tozeur, Kairouan, Nabeul, Gafsa, Medenine, Gabes, Sfax, Mahdia, Kélibia, Béja, Siliana, Kasserine, Jendouba, Mateur, Ben Arous et Tunis. Il tient à souligner que le soutien général aux grévistes de la faim et la mobilisation pour leurs revendications rentrent aujourd’hui, dans une nouvelle étape significative de l’ampleur  nationale du mouvement et de la forte adhésion à son message pour la reconnaissance et l’exercice du droit d’association, d’organisation politique, d’expression et de presse et pour l’amnistie et la libération de tous les prisonniers politiques et d’opinion.

Le comité national  tient à rendre hommage à la force de l’engagement des militantes et militants, à la multiplicité de leurs initiatives et à la détermination de tous à unir leurs efforts pour faire aboutir ces revendications d’urgence nationale auxquelles aspire l’ensemble des Tunisiens.

Il dénonce les manœuvres et mesures d’intimidation dont des militantes et des militants ont été la cible ainsi que le siège imposé aux locaux des grévistes par les forces de police. Il reste convaincu que cet élan,  fait de pluralité et d’engagement,  qui s’exprime dans l’action unitaire est le meilleur garant pour lever l’hypothèque que le  pouvoir fait peser sur  les droits et les libertés.

Tunis le 29 octobre 2005

Pour le comité

La Coordinatrice.

Sana BEN ACHOUR

3) DECLARATION DE L’ASSEMBLEE PLENIERE DU COMITE NATIONAL DE SOUTIEN A LA GREVE DE LA FAIM POUR LES DROITS ET LIBERTES

Nous,  membres du Comité National de Soutien réunis en assemblée plénière en ce 15ème jour de la grève de la faim pour les droits et libertés

         mus par la volonté d’agir en commun en vue de faire aboutir les revendications pour les libertés d’association et d’organisation politique, d’information et de presse et pour l’amnistie générale et la libération de tous les prisonniers politiques et d’opinion ;

         préoccupés par l’état de santé des grévistes soumis depuis 15 jours à un régime de privation dont les effets sur l’intégrité physique des personnes commencent à être menaçants ainsi qu’en témoigne l’urgence de l’hospitalisation des militants Abderaouf AYADI et Mohamed NOURI

1 – Saluons de nouveau le courage des grévistes de la faim et la noblesse de leur acte par lequel, au péril de leur vie, ils en appellent à la conscience de tous pour lever les carcans et sortir de l’état d’indignité civique et politique qu’un régime autoritaire impose au pays depuis des décennies

2 – Rendons hommage au large mouvement de soutien aux grévistes de la faim et à l’énergique mobilisation de toutes et de tous  qui, dans un même élan, fait de pluralité et d’initiatives régionales et sectorielles, donnent à cette action une ampleur nationale et ouvre sur des perspectives porteuses d’espoirs,

3 – Dénonçons les réactions de dénigrement et de type sécuritaire d’un régime resté sourd et hermétique aux constantes revendications de la société civile et politique tunisienne pour une vie de citoyenneté et de dignité civile et politique

4 – Nous nous élevons contre l’insoutenable paradoxe à accueillir le Sommet mondial de l’information qui vise en principe à libérer le champ de l’information et de la    communication alors qu’au même moment les Tunisiennes et Tunisiens sont privés de leur droit minimum à l’information et sont soumis à l’arbitraire de la censure et de la désinformation ;

5 – Nous renouvelons notre appel à l’ensemble des forces démocratiques et acteurs de la société civile nationale pour apporter tout le soutien qu’exige la gravité de la situation et pour se mobiliser avec force  en vue de réaliser les conditions du tournant démocratique pour lequel des générations de Tunisiennes et de Tunisiens ont apporté leurs contributions

6 – Mettons les autorités devant leurs responsabilités tant en ce qui concerne la santé des grévistes qu’en ce qui concerne la situation des droits et libertés dans notre pays.

Tunis, le 31 octobre 2005

Pour l’Assemblée Plénière du comité de soutien

La coordinatrice.

Sana Ben Achour

4 ) MESSAGE DU COMITE DE SOUTIEN A LA GREVE DE LA FAIM POUR LES DROITS ET LIBERTES AU SOMMET CITOYEN DE TUNIS

Madame Shirin Ebadi, prix Nobel de la paix,

Madame la Présidente de la Délégation européenne, Catherine Trauttman

Monsieur le Maire de Genève, Emanuel  Fornare

Monsieur le sénateur , membre du parlement italien,  Fiorello Cortiana

Mesdames et Messieurs les organisateurs du Sommet  Citoyen  pour l’information et la communication représentants : la FIDH, l’IFEX, l’U I. des éditeurs, la Coordination nationale des associations de la société civile tunisienne

Mesdames et Messieurs les participants au Sommet Citoyen de Tunis 

Au nom du Comité de soutien à la grève de la faim pour les droits et libertés, je salue votre initiative citoyenne et rend hommage à votre détermination à relever encore et en toutes circonstances le défi de la liberté d’opinion, d’expression, de presse et de communication. Le comité de soutien à la grève de la faim, conscient des multiples entraves rencontrées tant  lors de la préparation de ce sommet citoyen que  pour sa tenue, parallèlement au Sommet  mondial sur la société de l’information, voudrait vous apporter ici son soutien et affirmer son engagement  pour cette cause commune et vitale  que représentent les libertés.

L’information, dans le contexte de mondialisation économique marqué par la fracture numérique et le développement inégal, n’est pas comme on  peut le prétendre un simple problème technologique lié au déficit des ressources matérielles mais pose au fond la question du déficit démocratique. Les entraves de toutes sortes à la circulation des idées, à l’accès aux nouvelles technologies, à la diffusion de l’information, à la publication d’œuvres critiques, à l’expression libre et par suite à la créativité et au savoir, constituent autant d’obstacles attentatoires au développement politique, économique, social et culturel des peuples, des nations et des individus.

C’est contre ces atteintes répétées et multiformes au bloc incompressible des droits humains et  des libertés fondamentales que le comité de soutien à la grève de la faim, voudrait joindre sa voix, à toutes celles qui, à l’échelle internationale, régionale et nationale, s’élèvent pour mettre un terme à la censure et à la violence de l’usurpation des  libertés. C’est avec cette ferme volonté que le Comité de soutien à la grève de la faim s’est engagé pour soutenir les grévistes et porter haut et fort leur message et leurs revendications pour les libertés d’association et d’expression et pour la libération des prisonniers d’opinion dont « les cyber – dissidents.

C’est mu par cette volonté d’agir que le comité de soutien en appelle à vous, toutes et tous, pour apporter en ce 29ème jour de la grève de la faim, tout le soutien qu’exige la gravité de la situation et mettre les autorités tunisiennes devant leurs responsabilités tant en ce qui concerne la santé des grévistes qu’en ce qui concerne l’état des libertés en Tunisie. 

Tunis le 16 novembre 2005

Pour le comité

La coordinatrice.

Sana Ben Achour 

5 ) COMITE NATIONAL DE SOUTIEN A LA GREVE DE LA FAIM

POUR LES DROITS ET LIBERTES

Déclaration Finale

Le comité national de soutien à la grève de la faim pour les droits et libertés constitué le 21 octobre 2005,

Prenant acte de l’extraordinaire mouvement de soutien et de mobilisation que l’appel des grévistes de la faim du 18 octobre 2005 pour la reconnaissance et l’exercice des libertés d’association et d’organisation, d’expression, de presse et d’information  et pour la libération des prisonniers politiques et d’opinion, a suscité,

         salue en ce jour le courage des grévistes et leur sens de l’engagement pour les droits et les libertés.

         rend hommage à la force de la mobilisation des militantes et militants et à leur sens de l’action 

         exprime sa reconnaissance à toutes les personnes qui, à titre individuel ou institutionnel ont témoigné leur soutien

Le comité relève  que l’appel des grévistes pour les libertés est parvenu suscitant la détermination de lever par la force de l’engagement et de la mobilisation collective, l’hypothèque qui pèse sur les droits et libertés dans notre pays

Il relève que le message des grévistes de la faim a été entendu de toutes et de tous, et qu’il est parvenu suscitant partout dans le pays une formidable adhésion à ce standard minimum et commun que représentent les libertés

Le comité de soutien convaincu que les objectifs pour lesquels il s’est formé sont pleinement atteints et que sa mission de soutien aux grévistes de la faim est remplie, déclare mettre fin à sa mission et annonce sa dissolution.

Tunis le 4 décembre 2005

Pour le comité.

La coordinatrice

Sana BEN ACHOUR

[1] Le comité de suivi se compose des membres suivants :   ABDELJAOUAD Jounaïdi (coordinateur  de la commission des relations nationales), ARFAOUI ADEL ( secrétaire exécutif),  AZOUNA Jalloul, BELHASSEN Souhair ( coordinatrice de la commission information) , BEL HASSEN Essia, BHIRI Noureddine, BEN ACHOUR  Sana, (coordinatrice du comité de soutien),  BOUTHELJA Mohamed, CHERIF Khadija ( coordination de la commission des relations extérieures) , DAOULTLI Ziad, ELLOUZE Mongi ( coordinateur des remlations nationales), ESSID Bechir, FALLAH Ali, GOUMANI Mohamed ( coordinateur du comité d’organisation), HAMZAOUI Salah, HDHILI Abderarhman ( coordinateur des relations régionales), JERBI Fathi,, JMOUR Mohamed, KILANI Mohamed, KOUSRI Anouar, MARSIT Habib ( coordinateur relation extérieures), ZAOUI Khelil, (coordinateur de la commission médicale).


Photos du SMSI

 Voici un lien qui mène à des dizaines de photos du SMSI. Une majorité d’entre elles ont été prises par l’excellent photographe de presse, Yvérick P. Rangom.

Les responsables de sites qui voudront reprendre ces photos sont donc priés d’en mentionner clairement l’origine.

 Merci

 http://www.cipuf.org/tiki-browse_gallery.php?galleryId=15 www.cipuf.org

Lecteur Assidu www.tunezine.com


Les relations franco-tunisiennes sont « excellentes », selon l’ambassadeur de France à Tunis

 
Associated Press, le 12.12.2005 à 23h09 TUNIS (AP) — L’ambassadeur de France à Tunis, Serge Degallaix, a qualifié lundi les relations franco-tunisiennes d' »excellentes » et « confiantes », niant qu’il y ait un froid entre les deux capitales à cause de la question des droits de l’Homme. « Nous attachons beaucoup d’importance à nos relations avec la Tunisie et nous entendons les conforter dans le cadre d’un dialogue ouvert et cordial », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse. Le diplomate, qui a pris ses fonctions depuis quatre mois, a néanmoins fait remarquer qu' »il y a toujours nécessité d’apporter des clarifications sur certains points ». Lors du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI) tenu en novembre dernier à Tunis, Paris avait réagi pour demander aux autorités tunisiennes de faire « toute la lumière » sur l’agression dont a été victime l’envoyé spécial du journal français « Libération », Christophe Boltanski. Le Quai d’Orsay avait par ailleurs fait savoir qu’il suivait « avec attention » la grève de la faim observée pendant un mois par sept opposants tunisiens qui réclamaient plus de libertés. « Nous ne voulons pas nous ingérer dans les affaires intérieures des autres pays, mais cela ne signifie pas qu’il y ait un dialogue franc, et nous le faisons sur tous les sujets », a-t-il ajouté. Il a illustré la relation « très forte et spécifique » franco-tunisienne par la densité des échanges tant économiques et commerciaux qu’humains et culturels, faisant de la France « le premier partenaire de la Tunisie dans tous les domaines ». Saluant les « progrès impressionnants » accomplis par la Tunisie, notamment dans les domaines de l’infrastructure et des services, avec en prime le revenu par tête d’habitant le plus élevé dans sa région, il a assuré que « la Tunisie trouvera auprès de la France un partenaire important et de confiance ».

Annan espère que les pays du SMSI garantiront la liberté d’expression

 

AFP, le 09.12.2005 à 18h38             TUNIS, 9 déc (AFP) – Le secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan,  a espéré que les pays ayant participé, en novembre à Tunis, au  Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI) « redoubleront  d’efforts » pour garantir la liberté d’expression et d’informer.             « J’espère sincèrement que tous les Etats qui ont souscrit à  l’Engagement de Tunis redoubleront d’efforts pour garantir ces  libertés, conditions indispensables d’un développement démocratique  et économique durable », a déclaré M. Annan dans un message au  président tunisien Zine El Abidine Ben Ali.             Le contenu du message a été rendu public vendredi par l’agence  officielle Tunis Afrique Presse (TAP).             M. Annan a rappelé que l’Engagement de Tunis, adopté par les  Etats membres de l’Onu, « reconnaît que la liberté d’expression et la  libre circulation de l’information, des idées et du savoir sont  essentielles pour la société de l’information ».             Il a estimé que « les décisions prises au sommet laissent espérer  l’édification d’une société mondiale de l’information inclusive où  tous les habitants de la planète pourront bénéficier des avantages  qu’offrent les nouvelles technologies de l’information et de la  communication ».             Il a enfin exprimé sa « reconnaissance » envers M. Ben Ali « pour  les efforts déployés en vue de garantir le succès de cette  manifestation mondiale d’envergure », du 16 au 18 novembre,  remerciant le peuple et le gouvernement tunisiens.

Tunisie : un Français raconte son incarcération pour homosexualité

par Paul Parant

En Tunisie, où l’homosexualité est toujours condamnable par une justice inspirée de la charia (loi islamique), la répression peut brusquement devenir réalité, y compris pour les occidentaux.

Le témoignage de Bruno L., 50 ans, médecin à Paris, rappelle cette réalité. « Je suis arrivé en Tunisie en avril dernier, raconte Bruno. Je m’y rends chaque trimestre. Le 22 avril, j’ai donné rendez-vous à un ami, Khaled, dans un café sur l’avenue Bourguiba à Tunis. Khaled est un Tunisien d’une vingtaine d’années que je retrouve à chacun de mes voyages là-bas. Nous sommes ensuite allés dans l’appartement que je co-loue à 400 mètres du centre-ville.

Apparemment, nous étions suivis : à notre sortie, une heure plus tard, un groupe de policiers nous attendait. Ils ont fouillé l’appartement et trouvé des préservatifs usagés. » Cette « preuve » d’un rapport sexuel, pourtant dans un espace privé, a été considérée comme suffisante pour procéder à leur arrestation. En Tunisie, la sodomie est punie d’emprisonnement, en vertu de l’article 230 du code pénal pour « attentat aux mœurs ». Les deux hommes sont condamnés à six mois de prison le 13 mai. Malgré l’aide de son avocat, Bruno perd également le procès en appel, un mois plus tard. Après la brutalité de son arrestation, Bruno se dit « plus secoué » encore par les conditions de détention : « Nous étions 80 personnes dans une cellule de 55 mètres carrés. On se tassait à trois par matelas. Dans une cellule dite « des étrangers », j’étais le seul blanc et bien sûr, tout le monde savait que j’étais homosexuel. J’étais régulièrement agressé pour cela. Un détenu nigérian voulait me brûler, « comme dans [son] pays ». J’ai fait une grève de la faim pour changer de cellule.

Pour ceux qui n’ont pas de famille sur place pour leur apporter à manger, la prison ne fournissait que quelques miches de pain. Je devais aussi me battre pour ne pas me faire couper la barbe avec le même rasoir qui avait servi aux autres, avec le risque sanitaire que cela entraînait. Tout le monde avait la gale, on ne se douchait qu’une fois par semaine. J’ai vu des policiers corrompus, des prisonniers avec des marques évidentes de torture. »

Finalement, grâce à son statut d’occidental et à des soutiens en France, Bruno est sorti de prison fin juillet. Son ami a effectué l’intégralité de sa peine : il vient tout juste d’en sortir. Aujourd’hui, Bruno cherche à faire connaître son histoire, pour les homosexuels tunisiens et pour améliorer le statut des prisonniers. Il prépare un essai où il racontera sa mésaventure. (Source : http://www.survivreausida.net/a6730 )


HALTE A LA DISCORDE

DEHLIZ Pour beaucoup de tunisiens, le mouvement du 18 Octobre, initié par de valeureux personnages de différentes tendances socio-politiques, a attisé la flamme de la lutte contre le despotisme, quelque peu émoussée durant les années 1990. Rien que pour rendre hommage et marquer notre gratitude (et non allégeance) pour ces hommes, il convient de valoriser ce mouvement et le conforter pour aspirer à la réalisation  objectifs qui ont présidé au déclenchement de ce mouvement et qui semblent cadrer les ambitions communes de toutes les composantes démocratiques du pays. Ce palier ne pourrait être franchi sans la mobilisation et la concentration des efforts et des sacrifices et surtout  l’abnégation pour que cette action gagne en éclat avec la sensibilisation des masses populaires, perdure,  et ne soit pas, comme les autres initiatives, limitée dans le temps et dans l’espace. Les voix discordantes d’exclusion qui ont résonné pour décrier, au nom de la démocratie, le mérite d’un groupe au détriment de l’autre (communiqué de l’I.D) ou pour dénoncer l’attitude de certains participants à la grève (Abou Ghassen) ne doivent, en aucun cas, altérer cet élan et affecter le bien fondé de cette initiative. Ces voix et quelque soit le motif avancé, ne font, en fin de compte, que conforter les positions du pouvoir qui a fondé, durant plus d’une décennie, sa politique d’hibernation, de magouilles et d’exclusion sur les dissensions créées par altruisme ou provoquées par le pouvoir lui-même entre différentes tendances politiques ou au sein des associations. Il est clair que ces forces « démocratiques progressistes » n’ont rien retenu des expériences du passé et n’ont pas « progressé » d’un iota au niveau de leur comportement, imprégné de préjugés,  avec les autres composantes du paysage politique tunisien. Il est temps qu’elles se reprennent en se dissociant de leur slogan habituel et en adaptant leurs priorités avec une démarche plus progressiste et plus coopérative. Il s’agit, entre autres, de reléguer les divergences idéologiques, somme toutes naturelles et légitimes, à un niveau moins imposant dans la hiérarchie de leur programme d’action en se focalisant, avant tout, sur la nécessité de libérer ce pays d’un dogmatisme avilissant qui n’a que trop duré. Il serait plus serein, faute de mieux, de s’abstenir de semer le doute et fragiliser ou anéantir toute initiative réelle de rassemblement dans le but de desserrer l’étau de l’emprise étouffante d’un régime contre-nature qui ne répond à aucune valeur humaine ou déontologique et dont la devise est de briser et corrompre tout esprit libre et propre.


Les chemins de la drogue

Toxicomanie, malaise social, désengagement familial et crise des valeurs

Dossier instruit par Sana Farhat

La consommation des stupéfiants remonte très loin dans l’histoire. Aucune société n’a été épargnée de cet ogre qui représente une menace continu. Mais, les vraies victimes de des toxines sont ceux souffrant des problèmes sociaux, d’intégration, du chômage. En d’autres termes, du malaise social.

Notre pays ne pas, en fait, épargnée de ce problème. Ceux issus des quartiers populaires sont susceptibles d’être dépendants aux stupéfiants. Il s’agit même de tranche de la société la plus touchée, et ce à cause du malaise dont ils vivent. Lutter contre problème est une responsabilité partagée entre la famille et les autorités. Les parents sont appelés à accorder plus d’attention à leurs enfants. Il faut tout de même, répondre aux  vraies problèmes dont souffrent les jeunes sans oublier de multiplier les efforts pour dévoiler les réseaux de distribution.

La toxicomanie se définit comme étant  » la consommation habituelle ou périodique d’un ou de plusieurs produits stupéfiants ou psychotropes susceptibles d’engendrer une  accoutumance ou un état de dépendance physique et psychique ».

En effet, les toxicomanes ont souvent recours aux stupéfiants pour échapper à des sentiments d’impuissance, d’échec, d’incompétence voire d’intégration dans la famille ou dans la société. Ce phénomène est le résultat de plusieurs facteurs sociaux. Il s’inscrit, tout de même, dans un contexte de malaise social, de crise des valeurs et d’inégalité des chances.

La toxicomanie est étroitement associée à d’autres difficultés qui touchent les individus et les groupes dans la société. Il s’agit notamment de la détresse psychologique, de la dégradation de la qualité de vie, de la pauvreté, de la criminalité, de la montée du chômage, de la maladie, de  la violence conjugal et et de la négligence parentale.

La Tunisie

A l’instar des autres pays, le problème de la drogue se pose en Tunisie. La tranche d’âge, 20 à 40 est souvent victime des toxines. Bien que la loi interdise la culture, la consommation et la distribution des stupéfiants, on enregistre chaque année des affaires à cet égard. Selon les statistiques, plus de 400 affaires de drogue ont été repérées au niveau des Chambres correctionnelles en 2003. De même, 300 affaires ont été signalées auprès des Chambres criminelles lors de la même période.

Commission

La dépendance aux stupéfiants est un problème multidimensionnel. Certes, elle a des répercussions négatives sur la santé des individus, sur leur vie économique et sociale. Ceux qui adoptent un comportement addictif risquent, dans quelques cas, de faire face à la justice.  A cet effet, une commission de toxicomanie a été formée dans le cadre du programme national de lutte contre les stupéfiants. Finalité ; prendre en charge les dépendants avants d’être interpellés par la police.  » Cette structure prend en charge pratiquement 80 toxicomanes chaque année « , d’après Taoufik Zid, coordinateur du bureau national des stupéfiants au ministère de la Santé Publique.

Présidée par un juge et se composant de trois médecins et un représentant du ministère de l’Intérieur, la commission examine périodiquement les demandes des toxicomanes ayant manifesté une nette volonté pour se libérer de cette substance. Mais,  » à condition qu’ils ne soient pas interpellés dans des affaires avec la justice « , fait remarquer le coordinateur du programme.

 Et d’ajouter :  » Ils sont par la suite orientés vers le service Espoir à Jebel El Oust ».  

Protéger les toxicomanes

Prévue par la loi 69 cette structure vise à protéger les toxicomanes en les prenant en charge gratuitement. Le nombre des bénéficiaires des services de la commission était moins que celui actuellement. Car, le problème de la toxicomanie ne se posait pas du même degré.  » C’est à cause de la mutation de la société et du mode de vie que le problème se pose « , souligne M.Zid.

Et d’expliquer :  » les enfants sont actuellement livrés à eux mêmes. Ils ne sont pas contrôlés car les parents sont en dehors de la maison toute la journée « .  » Le système d’enseignement a, également, changé. Les élèves passent les heures de creuse à la rue sans aucun contrôle « , insiste-t-il.

Le rôle des parents

De façon générale, le rôle des parents est de conduire l’enfant à l’autonomie de sa vie d’adulte, de l’aider à prendre son envol en lui inculquant les connaissances et les comportements qui lui seront indispensables pour affronter les difficultés de la vie, s’insérer harmonieusement dans la société et vivre heureux. Il s’agit de la finalité de l’éducation. D’où la multiplication

de la responsabilité.

La première consommation intervient généralement durant l’adolescence, dans cette période difficile de remise en question des acquis et d’essais à l’autonomie. En effet, aucun milieu social n’est épargné du danger des stupéfiants. Aucun parent ne peut raisonnablement prétendre que son enfant est à l’abri des drogues. Il est donc important qu’ils adoptent très tôt un comportement préventif qui évitera aux enfants certains dangers.

Phase d’expérimentation

Lors de l’adolescence  les jeunes sont dans une phase d’expérimentation intense, basée essentiellement sur l’imitation de leur entourage.  » Il est important donc de lui apprendre, outre les connaissances de base, les valeurs , les interdits et les permissions de la vie en société et le respect de ces valeurs « , insiste M. Zid.

Et de souligner :  » L’attention des parents pour combler les besoins émotionnels des enfants est indispensable. Ils doivent lui apprendre, très tôt, à avoir des valeurs personnelles.  »  De plus, la présence du père est indispensable dans la vie des enfants pour les protéger contre toute sorte de tentation plus particulièrement, la toxicomanie. De nos jours, le parents sont trop absorbés par leur vie professionnelle. Ils sont appelés à investir davantage dans l’éducation de leurs enfants.

Plan d’action

Pour mieux attirer l’attention des parents et des jeunes aux dangers de la toxicomanie, le programme a établi un plan de travail avec plusieurs intervenants. Il est axés sur trois phases. La prévention primaire à travers la sensibilisation, la prévention secondaire qui consiste dans  la  prise en charge et la prévention tertiaire, à savoir la réintégration sociale. Le programme coordonne en fait avec  plusieurs ministères  impliqué dans cette affaires, avec les centres d’intégration, les clubs des jeunes au sein des lycées, etc.

Des campagnes de sensibilisation et des spots sont aussi diffusés dans les médias. 

Contrôle des circuits

Evoquant le contrôle des circuits de distribution des psychotropes, M. Zid a insisté que ces médicaments ne sont livrés que sous ordonnance médicale. Les patients doivent présenter leurs cartes d’identité pour avoir les médicaments prescrits. Il juge que le contrôle administratif est très sévère à cet égard. Des inspecteurs effectuent des visites périodiques aux pharmacies pour les contrôler.   » La direction est, de plus, équipée d’un système informatique qui permet le recoupement  » conclu -t-il.

Le phénomène  de la toxicomanie est, ainsi, le résultat de plusieurs facteurs sociaux. Il demeure indispensable de les résoudre pour diminuer ce problème qui coûte cher aux victimes et à la communauté.

Sana FARHAT

(Source : « Le Temps » du 12 décembre 2005)


Témoignages:

Un toxicomane « Victime des stupéfiants dès le jeune âge »

Issu d’un quartier populaire, notre jeune interlocuteur de 23 ans est l’un des victimes des stupéfiants. Il a intégré l’univers de la drogue dès son jeune âge, dès qu’il était, encore, élève. Il a tenté la première expérience par les psychotropes, assurés à cinq cent millimes seulement par un patient qui se soigne à l’hôpital Razi. Souffrant des problèmes familiaux, le jeune homme tente d’échapper de cette réalité par différents moyens. Il a jugé que le meilleur refuge est la drogue. Il était tout le temps en quête des cannabis qu’il réussirait à les avoir de son milieu scolaire. Le jeune ne lésine pas sur les moyens pour assurer ses besoins. Il a eu même recours au vol pour garantir ses provisions de cette matière. La pahase finale était avec le héroïne, mais il a risqué sa vie car le corps est affaiblit. Faute d’encadrement et de surveillance des parents qui étaient en désaccord continue, le jeune est devenu dépendant. Mais, il s’est rendu compte que cet ogre lui coûte cher, sa santé, sa vie sociale comme il trouve des difficultés matérielles pour assurer ses besoins. Il décide ainsi de consulter un spécialiste avec un seul espoir se débarrasser de ces stupéfiant et être indépendant.

 Une épouse d’un toxicomane: « Les stupéfiants coûtent chers à la famille »

 Mère de deux enfants, la jeune femme subit les répercussions de la drogue indirectement. Elle est actuellement divorcée, comme elle veille à ses deux enfants. Cette accoutumance lui coûté cher car elle ne supportait pas la vie qu’elle menait avec son époux. Faute d’inconscience, le mari a été piégé par les psychotropes. Il s’agit pour lui de la meilleure solution pour vivre le vrai bonheur. Mais, au contraire, il devenait très violent. Après une longue histoire de souffrance et de misère, car le marie a abandonné son travail, la jeune femme décide de divorcer. Elle œuvre pour élever ses enfants avec un seul objectif les protéger contre cette menace.

(Source : « Le Temps » du 12 décembre 2005)


Amor Farouk Gharbi, Président de Chambre à la Cour d’Appel de Tunis

« La Tunisie est, semble-t-il, un point de transit vers les pays voisins »

Les statistiques révélant les affaires liées à la drogue ne sont, jusqu’à maintenant, pas choquantes, mais, il faut être vigilant. Car, les jeunes tunisiens, de plus de 18 ans, sont des vrais consommateurs des drogues classées dans le tableau « B », tel que le Cannabis. Ce stupéfiant est introduit dans notre territoire de l’étranger. Il semblerait, même, que la Tunisie est un point de transit vers les pays voisins.

La quasi-totalité des consommateurs est issu des quartiers populaires. Mais, attention ce phénomène se pose, également, dans le milieux scolaire. C’est ce que nous a dévoilé le juriste  Amor Farouk Gharbi dans cet entretien.

Le Temps: La drogue est un ogre qui menace les individus. Peut-on affirmer que le nombre des toxicomanes est en augmentation continue dans notre pays ?

Le nombre des affaires de la drogue a augmenté de l’ordre de 30 % depuis la promulgation d’une loi imposant l’analyse médical des suspects. Avant cette date, le magistrat a souvent recours à des épreuves non scientifiques ; à savoir la reconnaissance du suspect en plus des témoignages. Nous avons, actuellement, des épreuves plus crédibles contre les suspects, et ce, grâce à cette loi. D’ailleurs, c’est pour cette raison que nous ne pouvons pas affirmer que le nombre des toxicomanes a augmenté lors des dernières années.

Quel est le type de la drogue le plus répandu chez nous ?

Les enfants âgés de moins de 18 ans consomment très souvent les drogues dures classées dans le tableau « B », plus particulièrement les cannabis. Quant à la tranche d’âge de plus de 18 ans, elle opte pour les psychotropes, telles que l’Artan 15, l’Anaphratime et le Tranqucène. Elles sont classées dans le tableau « B ». D’ailleurs, l’effectif des toxicomanes consommant les psychotropes  déjà citées est en augmentation continue. Ils ont souvent recours aux psychotropes pour échapper des problèmes dont ils souffrent, notamment le chômage, la pauvreté, l’intégration sociale, etc.

La consommation des toxines est-elle répandu dans le milieu scolaire ? 

Faute d’encadrement familial et de contrôle, les enfants sont susceptibles d’être erronés par plusieurs comportements tels que la consommation de la drogue. Livrés à eux même, les lycéens cèdent à la tentation. Ils consomment lors d’une première phase les stupéfiants afin de les découvrir. Ils deviennent par la suite addictés après qu’ils soient piégés par cette substance dangereuse. Nous enregistrons, ainsi des cas de toxicomanie dans le milieu scolaire. A signaler que certains parent sont au courant des pratiques de leurs enfants.

De quel milieu social sont issus les jeunes toxicomanes ?

La majorité des adolescents dépendants, âgés de 14 à 15 ans, sont issus des quartiers  populaires et démunis. Ils sont généralement des délinquants dès leurs jeune âge. Cette frange de la société fait face à des problèmes familiaux, d’encadrement social, sans oublier les orphelins.

La consommation des stupéfiants est étroitement liée aux circuits de distribution. Comment évaluez-vous les efforts déployés à ce niveau pour détenir les réseaux de distribution ?

Il est difficile de contrôler tous les réseaux de distribution. De même, les agents de la sécurité ne peuvent intervenir que dans quelques cas. Ils faut que les preuves soient pertinentes à ce niveau. Bien que les textes législatifs soient sévères, nous enregistrons des récidivistes.

Les psychotropes ne sont disponibles aux patients que sous ordonnance médicale. Faute d’inconscience des répercussions négatives des psychotropes, les malades tentent de les distribuer. Ils deviennent même une source des toxines. Les médecins spécialistes sont, ainsi, appelés à être plus vigilants en prescrivant les médicaments nécessaires. C’est une responsabilité partagée avec les pharmaciens qui sont appelés à être plus déterminés vis-à-vis à ces clients. A remarquer que le nombre des consommateurs des psychotropes est en évolution dans les quartiers populaires. Toutefois, nous pouvons le diminuer en contrôlant de plus ces circuits.

Mais, qu’on est-il par rapport à la distribution des drogues dures, en d’autres termes, celles classées dans le tableau  » B » telles que le cannabis ?

Les consommateurs ne dévoilent pas la vraie source dans plusieurs cas. Mais, il n’est pas difficile de le savoir en multipliant les efforts. Cette toxine est introduite chez nous de l’extérieur. Il parait, même, que notre pays est une zone de transit vers les pays voisins.

Selon les statistiques, les affaires liées à la consommation des stupéfiants tendent vers l’augmentation lors de la saison d’été. Plusieurs cas ont été enregistrés contre les touristes ainsi que nos concitoyens à l’étranger.

Les Tunisiens expulsés à cause des affaires liées à la drogue représentent-ils une menace sur la société ?

Certes, ils menacent la société. D’ailleurs, la quasi-totalité des drogues dures, notamment, le Héroïne, sont assurées par eux.

Quelles sont les mesures qui doivent être prises par les juristes contre eux pour cerner ces réseaux ?

Je juge que le contrôle administratif est la meilleure solution pour limiter ces réseaux. Il s’agit, en fait, de la mesure qui doit être prise contre tous ceux qui ont été détenus dans des affaires liées à la drogue.

Peut-on affirmer que la consommation des stupéfiants est répandue chez les femmes ?

Au contraire, ce phénomène est répandu le plus chez les hommes. Quelques cas uniquement sont enregistrés contre les femmes. Mais, nous remarquons une légère hausse de ce problèmes chez les femmes issues des quartiers populaires.

L’université Tunisienne souffre-t-elle de ce problème ?

L’université est encore épargnée de ce phénomène.

Concrètement, quelles sont les mesures à prendre pour limiter ce problème ?

 Bien que les statistiques liées aux affaires de la drogues ne soient pas choquantes, il faut multiplier les efforts pour cerner cette question. c’est une responsabilité partagée entre les différents acteurs de la société, la famille, les juges, la police, etc. Il faut également résoudre les vrais problèmes sociaux. En d’autres termes apporte des réponses concrètes aux problèmes dont souffrent les jeunes.

Sana FARHAT

 Que dit la loi?

Le législateur a pris en considération trois notions, l’usage, la culture  et le trafic des stupéfiants. L’article 2 de la loi promulguée en mai 1992 interdise la la culture, la consommation, la production, la récolte, la détention et la possession des stupéfiants. De plus, la propriété, l’achat, le transport, la circulation, la cession, l’offre, la livraison, le trafic, la distribution, le courtage, l’importation et l’exportation des toxines sont strictement interdis.

Sont sanctionnés à partir d’un an de prison ceux qui consomment les stupéfiants classées dans le tableau  » B ». Les distributeurs de cette matière sont sanctionnés au moins de cinq ans de prison en plus du contrôle administratif.

(Source : « Le Temps » du 12 décembre 2005)


Khalil Zamiti, sociologue

« Il faut identifier les causes de l’autodestruction et du dégoût de la vie pour mieux cerner la toxicomanie »

Le phénomène de la drogue remonte très loin dans l’histoire. D’après le psychologue, les civilisations ont été toujours marquées par les toxines. Mais, il appelle à déterminer les vraies causes de l’autodestruction des personnes par les stupéfiants pour mieux expliquer ce phénomène.

Le Temps: Comment se justifie la consommation des stupéfiants dans la société ?

Les civilisations ont été toujours marquées par la présence des toxines. On n’a jamais découvert une société dépourvue de stupéfiants. Les anthropologues parlent, même, de l’universalité des toxines. A partir de là , les spécialistes présentent plusieurs explications à cette question. Pour la psychanalyse, les toxines sont une autodestruction de soi qui correspond au fait qu’il y a un instinct de mort « Thanatos ». L’attrait vers la mort devient ainsi, inconscient. C’est une réaction contre l’échec de la satisfaction des besoins d’une manière ou d’une autre. Les personnes dépendantes cherchent dans ce cas à subvenir ce manque en ayant recours à la toxicomanie.

D’autres psychanalystes trouvent que la drogue est liée au plusieurs difficultés sociales, telles que la misère, le chômage. C’est, également, une réaction compensatoire contre la solitude et les problèmes familiaux. D’ailleurs, nous enregistrons une nette augmentation du phénomène dans les quartiers et les zones populaires ou celle où les problèmes sociaux se posent le plus.

Mais, faut-il prendre ces éléments comme les seules explications du phénomène ?

Il faut prendre ces explications comme des éclairages partielles au phénomène. Les arguments cités dévoilent un seul volet du problème. C’est une explication classique. Il est essentiel d’expliquer les causes de l’autodestruction et du dégoût de la vie pour mieux cerner la toxicomanie. Il est important de tenir compte de l’aspect financier de cette question. C’est toute une corporation qui assure les stupéfiants.

Quelle est la responsabilité de la famille vis-à-vis de ce problème ?

Je juge que l’encadrement de la famille est une idéologie. Car, le rôle de la famille change à partir du moment où l’enfant atteint l’âge de la maturité. C’est l’environnement externe et la fréquentation des amis qui influence le comportement des jeunes. On parle actuellement du phénomène de la « bande ».

Comment se justifie l’augmentation du nombre des toxicomanes ?

L’évolution de l’effectif des toxicomanes est étroitement liée à l’accroissement démographique. C’est aussi, un phénomène mondial. Auparavant, la consommation de la drogue a été réservée à une population spéciale. Lorsqu’on interdit quelque chose, elle devient plus répandue.

Comment la société doit-elle réagir face aux dépendants aux stupéfiants ?

Il est recommandé de ne pas juger ces gens. Les éducateurs sociaux ont également un rôle important dans la prise en charge et l’intégration de cette frange de la société. Il faut repérer les causes réelles de la toxicomanie. Par la suite, il est important d’apporte les solutions adéquates aux causes de cette pratique, et ce en prêtant plus d’attention à l’emploi et les problèmes préoccupant les jeunes.

Personne ne peut mieux parler de la drogue qu’un toxicomane, car le discours dépend du lieu d’où il parle.

Sana FARHAT

(Source : « Le Temps » du 12 décembre 2005)


Historique:

Au départ, c’était une thérapie

La pratique des drogues, à des fins religieuses, initiatiques et médicales, remonte très loin dans le temps.

En Asie, les feuilles du cannabis sont utilisées à des fins thérapeutiques depuis des millénaires. La médecine grecque de l’Antiquité utilisait l’opium et en signalait déjà les dangers.

Aux 16ème et 17ème siècles on se servait du tabac pour guérir les plaies. Au 19è siècle, des chirurgiens employaient la cocaïne.

Quant à l’alcool, produit familier s’il en est, il apparaît dès l’Antiquité.

Utilisés pour soigner et guérir, ces produits (dont l’usage varie selon les cultures et les traditions) étaient aussi employés dans des cérémonies sacrées, des fêtes, afin de modifier l’état de conscience et renforcer les relations entre les gens.

Autrefois, le mot drogue désignait un  » médicament « , une préparation des apothicaires (pharmaciens) destinée à soulager un malade. Puis il a été utilisé pour désigner les substances illicites et surtout l’héroïne. Aujourd’hui, pour nommer l’ensemble de tous ces produits, que l’usage en soit interdit ou réglementé, et qui agissent sur le cerveau, on emploie aussi le terme de « substances psychoactives ».

Cependant, le développement de la consommation de ces substances est un phénomène récent.

(Source : « Le Temps » du 12 décembre 2005)


Assassinat de Farhat Hached, le 5 décembre 1952 :

Un crime d’Etat.

Par Noureddine Hached Farhat Hached est tombé en martyr de la cause nationale, tunisienne et maghrébine le 5 décembre 1952 à Tunis. Né à Kerkenna, une île tunisienne au large de Sfax, le 2 février 1914, d’une famille de pêcheurs, il obtient le certificat d’études primaires à l’école franco-arabe en 1929 et part à Sousse à la recherche d’un emploi. Recruté comme convoyeur à la Société privée des Transports du Sahel à Sousse, il s’engage dans le syndicalisme en 1936 à la faveur de l’activité grandissante de la CGT et de son Union Départementale en Tunisie, dans un environnement hautement propice, celui du Front Populaire, en créant un syndicat de base au sein de son entreprise en 1936. Huit années d’engagement corps et âme dans cette école de la vie, qui lui vaudront d’accéder à des responsabilités diverses, aux niveaux local et régional et même dans l’administration centrale de l’U.D., auprès de son secrétaire général Albert Bouzanquet. Mais il subit aussi le renvoi de son emploi en 1939 et vivra, comme les travailleurs et les Tunisiens, des jours difficiles avec la guerre et l’interdiction de toutes ses activités politiques et syndicales sous le régime fasciste. Il est recruté sur concours comme employé à la Direction des Travaux publics à Sfax et reprend ses activités syndicales à l’Union Régionale de Sfax à partir de 1943. Au Congrès de mars 1944 de l’U.D. de la CGT, et devant l’incapacité du syndicalisme métropolitain et ses branches socialiste et communiste à apporter des réponses adaptées aux travailleurs tunisiens, il démissionne de la CGT. Il prend l’initiative dès novembre 1944 de fonder une Union tunisienne autonome qui aboutit le 20 janvier 1946 à la fondation de l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT). Farhat Hached avait 30 ans. Dès le départ il inscrit le Mouvement syndical tunisien dans la lutte pour l’indépendance. Autonome et indépendant, ce mouvement sera un appui important et fidèle au Mouvement national animé et dirigé par le Néo-Destour. Au cours du 4ème Congrès de mars 1951, Farhat Hached peut dresser un bilan tout à fait impressionnant après seulement cinq années d’existence de l’UGTT : * Avec près de 120.000 adhérents, des travailleurs de toutes catégories et de toutes les régions de la Régence, l’UGTT aura pour originalité le rassemblement des ouvriers, des employés et des professeurs, des travailleurs agricoles et même des chômeurs. * Une vraie guérilla sociale contre l’occupant est menée d’une façon organisée et systématique avec des succès notables et avec son lot de victimes tombées au cours d’affrontements violents avec les forces de l’ordre et de l’armée. * Une force d’initiative pour structurer la société tunisienne autour de composantes de la société civile dans tous les domaines : politiques avec les droits démocratiques (avec entre autres le Comité des garanties constitutionnelles et de la représentation populaire); sociaux avec les comités de cherté de vie, les soupes populaires, le soutien aux étudiants démunis etc. L’UGTT aura en son sein une structure de la femme travailleuse avec Mme Cherifa Messadi, première femme membre de la commission administrative. * Une présence internationale après de longues et dures batailles de procédure pour la représentativité de l’UGTT dès 1946 par son adhésion à la Fédération Syndicale Mondiale (FSM) qui aboutit en 1949. Dès la fondation de la Confédération Internationale des Syndicats Libres (CISL), l’UGTT y adhère en 1951 et Farhat Hached devient membre de son Comité exécutif. * La création d’une Union Syndicale Nord – Africaine devient une priorité pour Farhat Hached qui mène une action quotidienne pour encourager les syndicalistes marocains et algériens à créer des syndicats autonomes, et envers la Libye pour mettre en place des structures syndicales. La présence au 4ème Congrès de 1951 de l’UGTT de syndicalistes marocains, algériens, libyens et de quel-ques militants marocains et algériens, futurs dirigeants de la Résistance, est ressentie par le peuple tunisien comme un acte de foi dans l’avenir du Maghreb et de sa construction unitaire nécessaire à travers la mobilisation de ses forces vives , les travailleurs. * Avec son programme économique et social et les chapitres sur les libertés, l’UGTT peut s’enorgueillir en 1951 de doter le Mouvement National et la Tunisie d’un agenda national pour l’après-indépendance tout à fait unique ; ce qui est une première pour l’époque, parmi tous les pays colonisés en lutte. Avec l’année 1952 et l’échec des négociations directes entre les deux gouvernements français et tunisien, suivi de la réponse réactionnaire de la République Française aux demandes d’autonomie et d’indépendance de la Tunisie et de la répression tous azimuts suivie par l’arrestation de Habib Bourguiba, Président du Néo-Destour, et de tous les leaders ainsi que le départ clandestinement en mission auprès des Nations Unies de Salah Ben Youssef et Mohamed Badra, ministres du gouvernement nationaliste, l’instauration du couvre-feu et de l’état de siège, l’interdiction de toute activité politique revendicatrice, les ratissages menés par la Légion étrangère, la destitution du gouvernement nationaliste et l’emprisonnement de ses membres, Farhat Hached et l’UGTT se retrouvent en première ligne du front des luttes, protégés par la loi sur les libertés syndicales et le soutien de la CISL et du syndicalisme américain, ainsi que des Démocrates qui sont au pouvoir aux Etats-Unis. Leader du mouvement national tout au long de cette année 1952 et chef de la Résistance, Farhat Hached organise les cellules d’activistes et coordonne les groupes de moujahidine dans les locaux de l’UGTT dans toutes les régions pour mener des attaques armées contre les symboles de l’autorité coloniale. L’UGTT continue de mener des actions de grève et de mobilisation. Près de 12.000 Tunisiens sont dans les prisons et les camps d’internement. Il voyage, au cours du mois d’avril 1952, à Bruxelles auprès de la CISL et à New York auprès des Nations Unies pour porter la voix de la Tunisie au moment où les questions tunisiennes et marocaines sont débattues au Conseil de Sécurité. A Washington, la position américaine est essentielle dans ce débat et Farhat Hached compte sur les Démocrates, les Congressmen et les syndicalistes de l’AFL et du la CIO. Le gouvernement français se trouve acculé à présenter un énième plan de réformes. Farhat Hached suggère au Bey de réunir un Conseil de 40 personnalités, représentatives de l’opinion, appelé “ Les Etats généraux de la Tunisie ”, à qui le Bey demande d’étudier ce plan et de lui présenter leur avis et ce, le 2 août 1952. La réponse est tout à fait négative avec un rejet dûment et hautement circonstancié. C’est un tournant dans l’expression d’une Représentation populaire tunisienne. Farhat Hached devient l’homme à abattre à cause du danger réel qu’il représentait pour les intérêts de la colonisation en Tunisie, au Maroc, et en Afrique du Nord en général. Dès le mois d’octobre 1952, des officines diverses au sein des services français commencent à étudier divers plans : son éloignement du territoire tunisien, son emprisonnement, sa mise en résidence surveillée, voire son assassinat. De toutes, façons il fait l’objet d’une surveillance permanente, des menaces se multiplient, dont des tentatives de plastiquage de sa maison, à travers des tracts signés “ La Main Rouge ”. Certains articles de journaux de la prépondérance à Tunis, à Casa et à Alger appellent nommément “à frapper Farhat Hached à la tête ” . Le martyre de Farhat Hached Le matin du vendredi 5 décembre 1952, une opération de guet-apens, hautement organisée en moyens humains et logistiques, est exécutée pour éliminer “ ce trublion, ennemi de la France ”. Une première voiture le suit, à la sortie de Radès, ville où il habite, dans la banlieue sud de Tunis. Des rafales de mitraillette sont tirées de la voiture qui roule à toute vitesse. Blessé à l’épaule et à la main, il trouve la force de quitter sa voiture. Une deuxième voiture apparaît avec trois hommes à bord ; ils le prennent de force ; lui tirent une balle dans la tête et le jettent à moins d’un kilomètre au bord de la route. “ Il fallait se débarrasser de Farhat Hached d’une façon ou d’une autre ”, diront les ultras et les colonialistes invétérés. “ Hached a bien été assassiné par la Main Rouge, qui avait reçu l’ordre de le faire. La Main Rouge était une organisation dont l’Etat se servait pour ne pas se mouiller ”. Il est pratiquement prouvé aujourd’hui que la Main Rouge est un label sous le couvert duquel agissaient à l’époque les Services dits spéciaux de l’Etat colonial. Organisée en réseaux avec des exécutants prêts à intervenir, la Main Rouge a été fondée en Tunisie au cours de l’année 1952. L’équipe chargée d’assassiner Farhat Hached était composée de policiers en activité : Pierangéli, Gillet, Santoni, et par des jeunes colons enragés comme Dumont-Galliver et des truands notoires. Pour la chaîne de décision, il est intéressant de noter : en Tunisie, il est tout à fait clair, étant en possession de plusieurs documents et témoignages, que les autorités du protectorat, en connivence et sous l’influence directe des ultras, faiseurs de la politique en Afrique du Nord, ont planifié; organisé et couvert cet acte odieux : Jean de Hautecloque, Résident Général, le Général Garbay, chef militaire en Tunisie, Raymond Pons, Secrétaire Général de la Résidence, Antoine Colonna, sénateur de Tunisie, Gabriel Puaux, sénateur d’Algérie. En Métropole : au sommet de l’Etat, il est aussi tout à fait clair que des membres du gouvernement sont impliqués directement dans la prise de décision de la “liquidation d’une façon ou d’une autre de cet ennemi de la France ” : Brune, ministre de l’Intérieur, Martinaud-Deplat, ministre de la Justice ainsi que les directions du SDECE et de la DST. Je suis en droit d’affirmer que des républicains au dessus de tout soupçon et inscrits comme tels dans l’histoire de France, je veux parler du Président du Conseil et du secrétaire d’état aux Affaires étrangères, sont impliqués dans la gestion du “ cas Farhat Hached ”. Les moyens logistiques de préparation, d’exécution et de gestion politique et diplomatique mis en place, prouvent cette implication par “ les yeux fermés, la couverture de l’acte et la gestion internationale, et stratégique de ses conséquences ”. L’élection aux USA d’un Républicain, le Général Eisenhower, le 1er novembre 1952, est considérée comme le moment propice pour l’exécution du meurtre, d’autant plus que le nouveau président ne sera investi que le 20 janvier 1953 ; le Président Truman, les Démocrates ainsi que les syndicalistes de l’AFL n’avaient plus de réels pouvoir. Cette “ intersession constitutionnelle ” ne gênera pas l’alliance avec les Etats-Unis, et n’aura pas de conséquences sur les relations franco-américaines. Au niveau de la stratégie d’avenir de l’Afrique du Nord et de la perspective d’indépendance de la Tunisie et du Maroc, un débat existait au sein des partis politiques français. Robert Schuman n’avait–il pas déjà parlé depuis avril 1950 à Thionville, “ de l’indépendance de la Tunisie ”. De toute évidence Farhat Hached, “ ennemi de la France et de sa présence en Afrique du Nord ”, pour les tenants d’une politique française étriquée et toujours conquérante, “ n’avait stratégiquement sa place dans aucun des scénarios du Futur ”. Il faudra attendre plus de vingt années, à travers ses Mémoires publiés en 1975, pour découvrir le rôle honorable joué par le Président Auriol, Président de la République en 1952. mais ni constitutionnellement, ni politiquement Vincent Auriol ne put influer sur le cours des évènements, même pas au bon déroulement de la Justice. Le dossier, hautement “ bien ficelé ”, traînera dans les méandres d’instructions successives accompagnées de propagande, de fausses pistes, d’intoxications et de diffamations diverses. Le dossier a été juridiquement clos en mars 1956. Je voudrais saluer la mémoire des hommes libres français, qui furent la conscience de la France, qui n’ont ménagé aucun effort pour dénoncer pendant de longs mois cet assassinat. Ils ont lutté au travers de leurs articles, de leurs déclarations, de leurs pétitions et de leurs démarches, au risque parfois de leur intégrité physique, pour la vérité concernant ce dossier. Je cite : Daniel Guérin, Roger Stéphane, Claude Bourdet, David Rousset, René Louzon, Alain Savary, Gilles Martinet. Des manifestations ont suivi la journée du 5 décembre 1952 à Tunis, à Casa, Constantine, Alger, au Caire, à Damas, à Beyrouth, à Karachi, à Jakarta, à Milan, à Bruxelles et à Stockholm. Farhat Hached avait 38 ans, son épouse Oum El Khir avait 22 ans, Noureddine 8 ans, Naceur 5 ans, Jamila 2 ans et Samira 8 mois. Tels sont les éléments en notre possession à ce jour. De nombreuses zones d’ombre entravent toute la lumière sur ce crime d’Etat. Dans quelques semaines il y aura 53 ans que le crime a eu lieu. Est–il normal que la vérité demeure à ce jour occultée ? L’héritage de Farhat Hached * Farhat Hached a rempli sa mission en fondant l’UGTT le 20 janvier 1946, en la dotant de structures solides et durables, de traditions ancrées au plus profond des luttes ouvrières en Tunisie depuis près d’un siècle, d’un programme économique et social pour l’après-indépendance, de choix stratégiques dans le cadre du syndicalisme libre international. Farhat Hached lui a garanti la pérennité à ce jour. L’UGTT fêtera, le 20 janvier 2006, son 60 ème anniversaire malgré les crises répétées. * Son combat et sa mort ont servi la lutte nationale en Tunisie—moins de quatre ans plus tard, elle était indépendante—et plus largement la libération du Maghreb était en marche à la suite des émeutes sanglantes qui éclatent à Casa le 8 décembre 1952. Le mouvement national du peuple marocain, avec toutes ses forces vives dont Mehdi Ben Barka, rassemblés autour du grand Roi Mohamed V, n’aura de cesse de s’amplifier jusqu’à l’accession à l’Indépendance en 1956. En Algérie, l’année 1952 fut déterminante dans le mûrissement du mouvement de libération nationale, qui a abouti au déclenchement du 1er novembre 1954, et à l’indépendance avec de lourds sacrifices du peuple algérien. * Mais la disparition de F. Hached aura laissé un vide après l’Indépendance acquise. Son combat pour les libertés et la démocratie dès 1951 était annonciateur de sa vision novatrice de la Tunisie future. * Farhat Hached avait une foi inébranlable dans l’unité et la fraternité des travailleurs maghrébins, socle le plus solide pour la construction d’une unité maghrébine incontournable. Les cinquante années depuis l’indépendance de nos Etats seront un échec dans la réalisation de cet objectif . * C’était un internationaliste et un humaniste convaincu, par ses actions en direction des pays colonisés à l’époque, utilisant les tribunes les plus diverses pour construire une solidarité internationale nécessaire au-delà des indépendances qu’il considérait comme inéluctables : “Le Congrès des peuples d’Europe, d’Asie et d’Afrique doit donner naissance à un organisme permanent capable de mener à bonne fin l’immense tâche de coordination féconde entre tous nos peuples qui veulent vivre dans l’harmonie, la liberté, la paix et l’amitié ” “ Les continents doivent en effet vivre dans une interdépendance pouvant faire d’eux un complément l’un pour l’autre…. ” “ Nous avons à jeter les bases de la Communauté internationale de demain, qui sera débarrassée de tous les préjugés, de toutes les arrières pensées, mais nous n’atteindrons ce but qu’autant que les peuples apporteront, à cette tâche noble et immense, le concours librement consenti de leurs énergies et de leur enthousiasme ”, disait–il, du haut de la tribune du Congrès des peuples d’Europe, d’Afrique et d’Asie à Paris en octobre 1948. Ceci annonçait Bandung et la future Tricontinentale. Le dossier Farhat Hached Les autorités coloniales de la Métropole et du protectorat ont su manœuvrer afin d’atteindre leurs objectifs pour clore le dossier, de procédures fallacieuses en procédures de soumission de la Justice : “ L’affaire Farhat Hached est morte ”. La famille et l’UGTT s’étaient portées parties civiles depuis le 6 décembre 1952, et ce pendant plus de quatre années, en commettant des avocats tunisiens et français. J’ai fait de ce dossier une priorité personnelle. Historien de formation et spécialiste de l’Histoire contemporaine, j’y ai consacré près de quarante années de ma vie, avec une quête systématique d’archives en Tunisie (Archives Nationales – C.D.N., ministère de l’Intérieur), en France (Archives Nationales – Quai d’Orsay – Vincennes), aux Etats-Unis (NARA), mais aussi en Belgique, en Egypte et en Italie. Il était de mon devoir, pour la mémoire du peuple tunisien et des peuples maghrébins, de contribuer à jeter la lumière sur ce dossier, devant le silence des autorités françaises ainsi que le verrouillage des archives, basé sur un système législatif de la France destiné à protéger ses nationaux, y compris pour des époques non glorieuses de son histoire. L’histoire de la France coloniale n’est pas sa seule propriété. Elle est commune au peuple français et aux peuples maghrébins. Et c’est précisément à l’occasion de la sortie de l’ombre du tristement célèbre Général Aussarès, en mai 2001, et de ses révélations odieuses sur les crimes inqualifiables commis en Algérie, que j’ai considéré nécessaire de rappeler à l’opinion publique un autre crime odieux commis en 1952, celui de Farhat Hached à travers un article paru dans Le Monde du 18 mai 2001 : “ L’inoubliable sourire de la liberté ”. J’y lançais cet appel : “ Près de cinquante années après, la veuve septuagénaire de Farhat Hached, qui ne nourrit aucune hostilité vis-à-vis de qui que ce soit, exige de savoir, pour la paix des âmes, pour la mémoire des Tunisiens et des Maghrébins, qui a ordonné un tel crime et qui l’a commis … Il dépendra de nous de savoir construire cet avenir commun pour nos enfants. Ce sera possible si les dossiers d’hier sont ouverts, compulsés, étudiés sans complaisance, avec sérénité et hauteur. Notre devoir de vigilance l’exige ”. * Contre toute attente, les réactions – malgré un intérêt et une fébrilité perceptibles – ne furent suivis d’aucun acte concret. J’ai décidé alors d’user des mécanismes juridiques internationaux pour réinstruire le dossier d’assassinat de Farhat Hached et j’ai chargé un avocat belge d’introduire une plainte contre la France, Etat colonisateur, pour crime contre l’humanité, devant la Justice universelle des tribunaux belges, encore en exercice en novembre 2002. La consultation juridique dont il m’a fait part le 8 novembre 2002 conclut : “ Je vous confirme que la loi belge qualifie de crime contre l’humanité le sort qui a été réservé à votre père…. par conséquent les institutions de l’action judiciaire sont réunies, en droit… ” * Le 5 décembre 2002, la Tunisie, le Maroc, l’UGTT ainsi que la CISL à Bruxelles s’apprêtaient à commémorer le cinquantième anniversaire du martyre de Farhat Hached. * Le Président Ben Ali en a fait un grand moment de l’Histoire de la Tunisie. Farhat Hached a eu droit à son panthéon et une cérémonie nationale fut organisée au Palais de Carthage. Un monument sera érigé à Radès sur les lieux de l’assassinat. La CISL, par l’intermédiaire de son secrétaire général Guy Reider, a remis une plaque commémorative à Mme Hached lors d’une cérémonie émouvante à Bruxelles. Casablanca a vécu le 9 décembre 2002, une journée mémorable, des manifestations populaires diverses ont été organisées en présence des leaders et militants Abderahman El Youssefi, Mahjoub Benessedik et Taieb Bouazza. A l’U.G.T.T, Abdesselem Jerad et le Bureau Exécutif ont pris l’initiative d’un programme digne du cinquantenaire. Les syndicalistes et les travailleurs ont pu redécouvrir le fondateur de leur Centrale et la richesse de son héritage. Le mouvement de l’Histoire Le mouvement de l’Histoire s’accélère par le hasard du calendrier international. Les Etats- Unis préparent l’invasion et l’occupation de l’Irak et ce, dès novembre 2002. La France et le Président Chirac, soutenus par la majorité du peuple français disent non aux Etats- Unis. Ce fut la France que nous aimons qui s’exprimait d’une façon magistrale. J’ai décidé immédiatement d’ajourner l’action judiciaire que j’allais engager à Bruxelles. Je crois avoir été fidèle en cela à la mémoire de Farhat Hached et à l’engagement des peuples maghrébins. * Le Président Chirac, en visite officielle en Tunisie les 4 et 5 décembre 2002, fit déposer une gerbe de fleurs au Mausolée de Farhat Hached et, répondant à une lettre de la famille, fit acte de reconnaissance du martyr de Farhat Hached et de son rôle pour l’accès à l’Indépendance de la Tunisie ainsi que pour son héritage et pour sa grandeur auprès du peuple tunisien et de ses travailleurs. Une dérogation pour la consultation des archives est accordée. * Pour sa part, le Président Ben Ali exprime au Président Chirac au nom de l’Etat et de la Tunisie indépendante pour la première fois, le souhait de faire toute la lumière sur ce dossier. * Tout en rendant hommage au Président Chirac et à tous ceux qui ont contribué à faciliter ce travail sur la mémoire, tout en appréciant les pas franchis, nous attendons encore de la France que la Vérité soit faite. Pour nous le dossier n’est pas clos. Nous connaissons tous le contexte dans lequel depuis 2001, évolue le dossier de la colonisation, marqué essentiellement en France par un débat franco–algérien sur l’Histoire, la mémoire, les responsabilités ainsi que le cadre législatif qui canalise tout ce processus. La loi du 25 février 2005 s’inscrit dans cette logique et je ne suis point surpris du débat qui s’en est suivi en France avec la publication du “ Manifeste des Indigènes ” ou de la réaction algérienne. Ceci était prévisible depuis 2001 et je suis tout à fait heureux de ce débat dans lequel s’impliquent les historiens français. Je souhaiterais que les historiens maghrébins s’y associent plus largement. Ceux qui ont pris l’initiative de la loi du 25 février 2005 et de son adoption à l’Assemblée nationale n’aident pas à la sérénité par une lecture partisane de la colonisation et de la responsabilité des colons et de leurs organisations diverses. Cette loi dans sa totalité n’a pas lieu d’être. Puisse ce colloque, organisé par l’Institut Mehdi Ben Barka pour le 40 ème anniversaire de l’enlèvement et de l’assassinat du grand leader, constituer un jalon dans cette quête pour l’élaboration d’un champ commun de débats sereins sur la mémoire commune des deux rives de la Méditerranée. Avec la disparition tragique de Mehdi Ben Barka et de la place qui a été la sienne avant et après les indépendances de l’Afrique du Nord ainsi que du rôle direct de la France en Afrique du Nord avant les indépendances et après, nous sommes au cœur du débat sur le colonialisme et du néo- colonialisme et des choix des élites nord – africaines au cours des cinquante dernières années. Nous sommes ainsi au cœur des débats sur les responsabilités, sur les décideurs ainsi que les exécutants de toutes “ les basses besognes ” dans les colonies et les protectorats. (Source : « Réalités N° 1041 du 8 décembre 2005)  

La France face à son histoire coloniale

Noura Borsali Une proposition de loi socialiste visant à abroger l’article 4 de la loi no 2005-158 du 23 février 2005 “ portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés ”, a suscité, encore une fois en France, une polémique autour de la mémoire coloniale de la France, de l’enseignement de l’histoire et de l’indépendance des enseignants- chercheurs. Cet alinéa avait été voté, le 23 février dernier, sous l’initiative de l’UMP (Union pour la majorité présidentielle)—groupe majoritaire au sein de l’Assemblée nationale française— et remis en cause par la suite par le groupe socialiste. Son adoption en février dernier a provoqué un tollé dans les milieux politiques et associatifs ainsi que chez les historiens et les enseignants d’Histoire. Ce débat, renouvelé à l’occasion du projet d’abrogation de l’alinéa en question, intervient dans un contexte marqué par les évènements des banlieues et au moment où d’une part on cherche à signer un traité franco-algérien, et, d’autre part on célèbre—timidement et furtivement— le bicentenaire de la bataille d’Austerlitz, le 2 décembre dernier. Des manifestations d’associations antillaises ont eu lieu le lendemain pour rappeler que l’empereur français Napoléon 1er a rétabli l’esclavage, aboli en 1794. La France se trouve prise au piège de sa mémoire coloniale. Face au fait colonial, partie sombre de son histoire, la République française semble se chercher. Il a fallu attendre la fin du siècle écoulé pour que l’Assemblée nationale reconnaisse officiellement, par la loi d’avril 1999, la guerre d’Algérie par un vote à l’unanimité après que cette dernière ait été désignée par des expressions comme “ pacification ”, “ évènements ” ou “ maintien de l’ordre ” (Liauzu), que soient enfin accessibles les archives relatives aux faits et que soit inscrite la guerre d’Algérie dans les programmes scolaires nationaux. En 2001, et sous l’initiative de Christiane Taubira (députée de la Guyanne), a été votée la loi du 21 mai 2001 reconnaissant la traite et l’esclavage en tant que “ crime contre l’humanité ” (10.000 morts en Guadeloupe en 1802) et soulignant la nécessité de dispenser un enseignement sur la période de l’esclavage. Cette reconnaissance—quoique tardive— de la République française, quant à ces pages sombres de son histoire, a été applaudie, tout comme la reconnaissance par l’Ambassadeur Français en Algérie des responsabilités de la France dans les massacres de Sétif du 8 mai 1945 (45.000) ou encore la distance prise à Madagascar par le président français vis-à-vis des répressions coloniales. Une loi controversée Alors, on est en droit de s’interroger aujourd’hui sur l’intérêt et l’opportunité de l’amendement du 23 février 2005 stipulant que désormais: “ les programmes de recherche universitaire accordent à l’histoire de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, la place qu’elle mérite. Les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, et accordent à l’histoire et aux sacrifices des combattants de l’armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit… ”. En 2003, face aux harkis, mal perçus des deux côtés de la Méditerranée, on avait projeté de voter une loi leur rendant justice, mais “ chemin faisant, confie l’historien Claude Liauzu au magazine français L’Histoire (octobre 2005), ce texte a inclus des éléments bénéficiant aux rapatriés d’origine européenne ” à qui “ une partie de la classe politique a voulu rendre hommage par une loi “ portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés ” après leur avoir accordé des “ compensations pour leurs pertes matérielles en Algérie ”. Ce texte est destiné à satisfaire les anciens pieds-noirs. Les Européens d’Algérie se sont constitués en lobbies et ont réussi à imposer, dans quelques villes françaises, des monuments “ à la mémoire des victimes de l’Algérie française ”, c’est-à-dire l’OAS. Toujours selon Liauzu, l’article 4, qui a suscité l’indignation des historiens, a été voté “ un vendredi après-midi, à un moment où la plupart des députés sont dans leur circonscription et où seuls étaient présents une trentaine de députés, majoritairement élus du Sud-Est, toutes couleurs politiques confondues, venant de circonscriptions où les associations de rapatriés d’Algérie sont très implantées ”. Et d’ajouter : “ Les élus de gauche se sont abstenus, non pour protester, mais parce que, selon eux, cette loi n’allait pas assez loin dans la reconnaissance et la compensation ”. Suite au tollé qu’a provoqué le vote de l’article controversé, qui souligne donc “ le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord ”, et aux protestations virulentes de l’Algérie—seul pays du Maghreb à avoir réagi contre un tel texte—, le groupe parlementaire socialiste a présenté une proposition de loi visant à abroger l’article en question. Le président Bouteflika, à la suite du vote de l’amendement voilà quelques mois, avait considéré cette disposition comme un moyen d’“occulter les méfaits du colonialisme ” et demandé une repentance de la part de la France. Le parlement algérien l’avait condamnée déjà en juillet dernier et l’alliance présidentielle l’a stigmatisée. Plusieurs députés français de l’opposition craignent que le maintien de l’amendement ne puisse contribuer à “ l’enlisement ” du traité d’amitié franco-algérien dont, de Barcelone, le président français a souhaité encore une fois la signature d’ici la fin de l’année et auquel s’opposent les anciens moudjahidines algériens. La loi maintenue Cette proposition, après avoir été discutée, a été rejetée, le 29 novembre dernier, par 183 voix contre 94, par le groupe UMP qui détient la majorité absolue à l’Assemblée. Alors que pour le président du groupe socialiste, Jean-Marc Ayrault, cet article “ renoue avec ces temps immémoriaux où l’Etat croyait fabriquer de bons Français en sommant l’école de leur enseigner une histoire officielle ”, pour Lionel Luca (UMP), “ cet article cherche à rétablir un équilibre dans la représentation de la colonisation française, en particulier en Algérie ”. Dans ces mêmes débats à l’Assemblée nationale française du 29 novembre dernier, ce même député s’en est pris au Président Bouteflika dans ces termes : “ Abroger cet article est impossible et impensable, a-t-il dit, notamment depuis les déclarations scandaleuses du président algérien, que vous (désignant les députés de l’opposition) relayez. J’observe toutefois que M. Bouteflika n’est pas rancunier puisqu’il vient se faire soigner en France, façon de rendre hommage au colonisateur ”. Les députés de l’UMP se sont insurgés contre l’enseignement de l’histoire dans les manuels scolaires qui est, selon eux, “ tronquée ”, “ partielle ” et “ partisane ”. Lionel Luca en a donné quelques exemples : “ Et sur l’Algérie, poursuit-il, que lit-on dans le même manuel ? “ Les accords d’Evian sont signés le 18 mars 1962 et l’indépendance finalement proclamée le 3 juillet 1962 ”. “ Finalement proclamée ”, voilà à quoi l’on résume tout ce qui s’est passé entre le 19 mars et le 3 juillet 1962, où il y eut plus de victimes que pendant toute la guerre d’Algérie etc…”. Tout en défendant le principe de la neutralité et de l’objectivité scientifique de l’historien et de l’enseignant, des députés se sont dit scandalisés par de tels propos. Le vote de l’article 4, qui constitue, pour eux, “ une provocation ” et “ un ferment de division ” ne saurait, comme l’indique l’exposé des motifs présenté par le PS, passer sous silence les horreurs de la colonisation : “ Les exactions et les répressions policières dans les territoires colonisés comme sur le territoire métropolitain, (…) la torture et les massacres. Or, n’avancer que le rôle positif de la présence française outre-mer et particulièrement en Afrique du Nord, sonne comme une justification de la difficulté qu’a eue la République française à reconnaître le principe de libre détermination des peuples ”. “ En vous demandant d’abroger l’article 4, nous voulons renoncer à ce qui fait l’essence même de l’aventure coloniale : la domination d’un peuple sur d’autres, contraire aux valeurs de la République ”, a déclaré Victorin Lurel (PS, Guadeloupe). A quoi a-t-on rétorqué que “ la colonisation, si elle a d’abord été l’œuvre des militaires, elle est très vite devenue aussi celle des bâtisseurs ”. Dans l’exposé des motifs de la proposition de loi présenté par l’UMP, il est dit en effet que la présence française dans les colonies a eu des avancées dans des domaines comme ceux des infrastructures, des équipements publics, de l’éducation ainsi que dans celui de la santé, comme l’ont affirmé quelques députés UMP. “ Il leur fallut des routes, des voies de chemin de fer, des écoles, des hôpitaux ”, répond une députée PS, mais, dit-elle, “ l’aménagement du territoire se fit en fonction de leurs besoins et non de ceux des populations autochtones. ” “ Coloniser, ajoute-t-elle, c’est annexer des territoires par la violence souvent, par la ruse parfois. (…) Coloniser, c’est amener une population de France pour exploiter les richesses. L’instabilité politique actuelle de certains pays d’Afrique y a peut-être sa source etc…” “ Une loi scélérate ” Aussi ce “ devoir de mémoire ” énoncé par l’article en question selon deux expressions qui ont choqué : “ rôle positif ” et “ en particulier ”, a-t-il également été contesté par les historiens et les enseignants chercheurs. Liauzu qualifiera cette disposition de “ loi scélérate ” et de “ loi contre l’histoire ” qui impose aux professeurs ce qu’ils doivent enseigner. Une première dans l’histoire de la République française, “ si l’on excepte le régime de Vichy ”, note Liauzu. L’historien Français relève le fait que, contrairement à la loi Taubira de 2001 qui reconnaît le commerce triangulaire et l’esclavage comme “ un crime contre l’humanité ” et où l’on ne mentionne nullement la manière dont il faut enseigner cette histoire, l’article 4 dicte le contenu de l’enseignement, à savoir “ le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord ”, autrement dit les bienfaits du colonialisme. Les historiens ont signé une pétition demandant l’abrogation de cet article, qui touche à l’indépendance de la recherche scientifique. Selon Claude Liauzu, le ministre français des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, “ a proposé une évaluation du rôle de la colonisation par une commission d’historiens algériens et français ”. “ Ce renoncement officiel à l’article 4 est un motif de satisfaction ”, commente Liauzu. Désormais, le refus de l’abroger, quant à lui, ne l’est pas. Car, comme le signale l’historien français, “ les objectifs sont souvent électoraux. Les gouvernements réagissent sous la pression des différents lobbies, sans consultation des historiens ”. Ces groupes de pression politique “ exigent que leur mémoire soit transformée en histoire officielle ”, écrit Valérie Esclangon-Morin, professeur agrégé et docteur en histoire, à propos du débat sur la loi du 23 février 2005. Et de noter : “ La quasi unanimité des spécialistes de la colonisation se sont élevés contre cette volonté du pouvoir législatif d’imposer “ une méthode ” d’enseignement pour une histoire visiblement encore polémique ”, après s’être interrogée : “ Est-il possible de traiter seulement l’histoire sous cette forme dichotomique “ positif / négatif ” ? Au-delà de toutes ces questions, disons-le bien, la résurgence du fait colonial, comme lié à des enjeux fondamentalement politiques risque, de provoquer de graves dérives entravant la construction d’une France multiculturelle et multiethnique comme elle devrait l’être, surtout après le séisme des banlieues. (Source : « Réalités N° 1041 du 8 décembre 2005)


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