TUNISNEWS
6 ème année, N° 2031 du 13.12.2005
Rapport final de la commission nationale de soutien a la greve de la faim pour les droits et libertes AP: Les relations franco-tunisiennes sont « excellentes », selon l’ambassadeur de France à Tunis AFP: Annan espère que les pays du SMSI garantiront la liberté d’expression Survivre au sida: Tunisie : un Français raconte son incarcération pour homosexualité
Dehliz: Halte a la discorde
Le Temps: Les chemins de la drogue – Toxicomanie, malaise social, désengagement familial et crise des valeurs Noura Borsali: La France face à son histoire coloniale Noureddine Hached: Assassinat de Farhat Hached, le 5 décembre 1952 : Un crime d’Etat |
RAPPORT FINAL DE LA COMMISSION NATIONALE DE SOUTIEN
A LA GREVE DE LA FAIM POUR LES DROITS ET LIBERTES
SOUMIS A L’ASSEMBLEE PLENIERE
4 décembre 2005
Ce rapport vient clore les travaux de la Commission Nationale de Soutien à la grève de la faim pour les droits et libertés engagée, dès le 21 octobre, à apporter son soutien aux grévistes de la faim et à porter haut et fort leurs revendications pour la reconnaissance et l’exercice des libertés d’association et d’organisation politique, d’expression, de presse et d’information et pour la libération de tous les prisonniers politiques et d’opinion.
Fruit d’une réflexion collective et plurielle menée dans le cadre du Comité de soutien[1] dans la perspective de la Plénière de clôture du 4 décembre 2005, ce rapport se veut, plus qu’un simple exposé des activités, un témoignage de la force de mobilisation des militantes et militants et un hommage à leur sens de l’engagement, un engagement que d’aucun juge à la mesure de la force de la grève de la faim. Ultime recours face à une politique du pire, la grève de la faim de huit personnalités politiques et associatives témoigne de l’intolérable atteint mais aussi du seuil de l’infranchissable. C’est donc au nom de la Commission Nationale réunie en assemblée plénière qu’un nouvel hommage est ici rendu aux grévistes, à leur courage, à leur sens de l’abnégation.
L’objectif de ce rapport n’est pas de faire un bilan exhaustif et détaillé des activités de la commission mais de procéder à une lecture rétrospective de toute l’opération et d’en présenter à chaud les premières évaluations. Se voulant critique avec mise à distance objective de l’évènement, le rapport s’en tient à la recommandation générale qu’il ne s’agit ni d’exagérer, ni de minimiser l’impact et la portée de l’évènement. Fruit d’une réflexion plurielle, ce rapport espère en refléter la richesse et la diversité. Sa démarche vise à établir:
– une rétrospective du mouvement (I)
– un diagnostic des évènements (II)
– une synthèse des enseignements (III)
I – RETROSPECTIVE D’UN MOUVEMENT
Le constat quasi unanime est que la grève de la faim a provoqué, au-delà de toutes prévisions, une forte adhésion et mobilisation maintenant la classe politique et la société civile, durant les 32 jours de sa durée, dans une sorte d’effervescence citoyenne qui interpelle le sens et impose dans un premier moment de rappeler brièvement la chronologie du mouvement et ses multiples dimensions. Cette présentation n’a d’autre intérêt que de retracer dans sa trajectoire le mouvement de soutien, en marquant ses différentes étapes, ses acteurs, ses formes, ses expressions et ses lieux.
La mobilisation a pris un triple ancrage national, régional et international, un caractère multiforme et une expression plurielle dont témoignent :
I- 1 : La mobilisation nationale à travers :
– le soutien et la mobilisation de la commission nationale, sa large composition (124 membres) et l’éventail des sensibilités politiques, associatives et indépendante en son sein
– le large soutien des partis politiques de l’opposition dans la diversité de leurs orientations : le Parti Démocratique et Progressiste, le Parti Ouvrier communiste tunisien; Le congrès pour la République, le Forum démocratique pour le travail et les libertés, le mouvement de la Nahdha ( 19 octobre 2005), le mouvement des unionistes nassériens, le Parti Tunisie verte, Le mouvement Tajdid, Les démocrates communistes, L’Initiative Démocratique, le MDS dans ses structures légitimes, le courant Bâathiste, les islamistes progressistes, les communistes révolutionnaires, les patriotes démocrates.
– Le soutien des syndicats des travailleurs qui a apporté à la dynamique générale un souffle nouveau et s’est exprimé par des voies multiples parmi lesquelles celle de l’Union régional des travailleurs de Sfax, se Mahdia, de Kairouan et de Jendouba, le Syndicat Général de l’Enseignement secondaire, des syndicats régionaux de l’enseignement secondaire et primaire, le syndicat général de l’enseignement de base, et du syndicat général de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, et divers syndicats de fédérations de divers secteurs de la fonstion publique et du secteur financier et bancaire
– Le soutien actif des ordres professionnels et des associations de défenses des droits humains: Le conseil de l’ordre des avocats, ; La Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme(LTDH), l’Amicale nationale des Anciens résistants ( ANAR), l’Association tunisienne contre la torture( ATT), le Conseil National des Libertés en Tunisie( CNLT), l’Association internationale des soutien aux prisonniers politiques( AISPP), Amnesty International, l’Association Tunisienne des Femmes démocrates (ATFD) ; le Centre pour l’Indépendance de la Justice ( CIJ) ; le Comité de soutien de Mohamed Abbou, l’association RAID ATTAC, l’Obserrvatoire l’OLPEC, le syndicat des journalistes, la ligue des écrivains libres.
– Le soutien actif des comités de soutien régionaux à la grève de la faim et des comités de défense de la société civile qui ont donné une nouvelle dynamique à la mobilisation en l’inscrivant dans un cadre territorial régional et local à Monastir, Sousse, Bizerte, Nafta-Tozeur, Kairouan, Nabeul, Gafsa, Medenine, Gabes, Sfax, Mahdia, Kélibia, Béja, Siliana, Kasserine, Jendouba, Mateur, Ben Arous.
– Le soutien des étudiants qui s’est exprimé par une mobilisation continue au siège des grévistes et par des initiatives de rassemblements dans différents établissements d’enseignement
– le soutien et la mobilisation des comités tunisiens de l’immigration : avec la mise en place de comité de soutien à la grève de la faim et l’action collective à travers des coordinations entre différentes associations de défense des droits et libertés dont le CRLDHT à Paris, à Marseille, à Londres, en Suisse, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Suède, au Canada, en Italie.
I-2 : Le Soutien extérieur et international
Le soutien et la mobilisation internationaux se sont exprimés par la mise en place dans plusieurs pays de coordination nationale (telle la coordination marocaine pour le soutien aux démocrates tunisiens, et le collectif des associations égyptiennes) ; par les messages de soutien et la signature de pétitions par les organisation des droits de l’homme, ( tels le réseau des mères et des proches des disparus, le réseau Euro med, le Manifeste des libertés à Paris), ainsi que par les partis (FFS en Algérie, Parti socialiste français, le parti Communiste , les verts, le LCR) par les artistes ( tels les artistes et intellectuels arabes). De même différentes représentations diplomatiques ont exprimé leur solidarité et leur préoccupation sur l’état des libertés: l’U.Européenne, la Grande Bretagne, Les USA , la République d’Allemagne, etc.)
Le soutien actif de toutes ces composantes a donné à la mobilisation son caractère de terrain avec des visites en nombre impressionnant au siège des grévistes, l’organisation de grèves de soutien avec présence sur les lieux, les rassemblements devant les sièges des administrations d’Etat, les occupations de rues, les assemblées générales, les rencontres et débats, les réunions publiques. Un des moments forts de cette mobilisation a été les « 6 heures pour la liberté ». Elle a trouvé son couronnement le 16 novembre lors du Sommet Citoyen de Tunis tenu à la LTDH en parallèle au SMSI.
Ce soutien actif et cette vaste mobilisation de terrain n’auraient pas eu leur éclat sans l’écho médiatique qui leur a été fait à travers le bulletin quotidien de la grève de la faim, l’implication du journal al Mawquif, du Tariq al Jadid, le concours actif des membres de la commission information, l’organisation de conférences de presse, l’implication des médias étrangers, arabes et occidentaux.
II – DIAGNOSTIC DES EVENEMENTS
Compte tenu de ce foisonnement, il y a lieu revenir sur certains éléments pour en faire le diagnostic et en évaluer le sens : sur la grève de la faim pour évaluer sur sa portée ; sur la mobilisation pour évaluer son poids et ses significations.
– La Grève de la fin : ses formes et sa portée ?
Déclenchée le 18 octobre 2005 par huit personnalités de l’opposition, chefs de partis politiques et membres d’association civiles, la grève de la faim a suscité au départ la réserve sur son efficacité politique.
La Modalité. Modalité jugée « extrême », « désespérée », elle ne semblait pas relever de l’action politique. Or, à l’analyse, et compte tenu du soutien qu’elle a suscité et de la mobilisation qu’elle a enclenchée, elle s’avère être un acte éminemment politique. Acte extrême de dénonciation, à la mesure du caractère extrême du blocage de la vie publique, elle s’est imposée comme une réponse politique la plus adéquate possible interpellant la conscience du devoir et le sens de l’urgence de l’action. Si elle est quelque part l’aveu « d’un échec », elle est aussi l’expression d’une récupération de soi et de la reprise de l’initiative.
Le choix du moment a suscité au départ l’appréhension en raison d’une part, des risques de démobilisation sociale qui caractérise généralement le mois de ramadhan et des risques de la transformation de la grève, dans les circonstances du SMSI, en « coup médiatique » à usage extérieur sans véritables retombées internes et ancrages réels. Or, il s’avère que le choix du moment procède d’une appréciation pertinente de son opportunité politique. Relevant le défi du calendrier officiel et bousculant les pesanteurs sociales et culturelles, la grève de la faim, a non seulement permis d’enclencher une mobilisation à l’échelle interne avec des points d’ancrage dans différentes régions du pays, mais aussi de se saisir de l’évènement du SMSI et en particulier du SOMMET CITOYEN, pour donner le plus large écho à l’intolérable atteint et témoigner de la vitalité de la Tunisie militante.
La forme collective. Grève de la faim regroupant dans une même entité, chefs de partis politiques de sensibilités politiques diverses et des personnalités indépendantes et associatives elle constitue sous cette forme, une première. Cependant, , elle n’a pas manqué de susciter la tension au sein de la classe politique et de la société civile 1) sur la présence islamistes, 2) sur le mélange des genres entre partis politiques, personnalité indépendantes et associations. Le premier groupe y est favorable et y voit l’occasion de mettre fin aux anciennes exclusions idéologiques, contentieux de leadership et autres occultations de la réalité politique et associative du pays pour un combat vital commun, le même, porté par tous et dont la perspective n’est pas de passer des « alliances dangereuses », mais bien d’arriver, dans une phase transitoire, à définir pour tout acteur politique, loin de toute violence et dans le respect de la diversité, le seuil des valeurs démocratiques infranchissables. Les autres, critiques, y voient à l’inverse, une opération de brouillage du projet démocratique rassemblant dans une union « contre nature » islamistes et laïcs ainsi qu’un brouillage de champ public en fusionnant des entités d’un genre différent : les associations et les partis.
Les trois revendications pour les libertés. Dès l’abord, les trois revendications pour les libertés d’expression, d’association et pour la libération des prisonniers politiques et d’opinion, se sont imposées comme des revendications minimales, un standard commun à toutes les composantes de la société civile et de l’opposition politique. Par cela même, la grève de la faim, n’est pas un acte « ex – nihilo » mais s’inscrit dans le prolongement des multiples combats qui l’ont précédée. Fruit d’un processus d’accumulation, elle en représente une nouvelle étape.
– La mobilisation : portée et significations
Un caractère fédérateur. Sous la pression de l’évènement et l’urgence de la situation, la mobilisation a revêtu un caractère inédit. Ce qui frappe l’esprit est son caractère fédérateur. Elle a fédéré dans un même élan de soutien aux grévistes de la faim et d’adhésion aux revendications pour les droits et libertés, les partis politiques de l’opposition dans la diversité de leurs sensibilités et de leurs orientations politiques, les associations autonomes de défense des droits humains, les comités régionaux et locaux de défense de la société civile, les ordres professionnels, les syndicats régionaux et sectoriels, les étudiants, les personnalités du monde universitaire et de la culture.
Un caractère offensif et de terrain. Ce qui frappe également est le caractère offensif et de terrain de la mobilisation avec réinvestissement et réappropriation de l’espace public et du champ de l’action collective. Les multiples initiatives (rassemblements, occupations des lieux, grèves de soutien, rencontres, débats) ont non seulement permis de réinscrire le combat dans l’espace public en le portant à la connaissance d’un plus large public, mais aussi de poser les acteurs politiques et associatifs en forces agissantes, capables, par leur posture offensive, de reprendre l’initiative.
Une mobilisation à relativiser. Ces aspects, toutefois, ne doivent pas cacher les limites de cette mobilisation et induire aux erreurs d’appréciation sur leur portée et leur signification. Le soutien politique s’il est effectif, ne revêt pas un caractère uniforme. D’intensité variable, il est aussi souvent mitigé exprimant à la fois le besoin de dépasser les clivages traditionnels en considération de la grève de la faim et des circonstances du moment mais aussi le besoin d’affirmer la singularité et l’autonomie de ses auteurs. Par ailleurs, aussi intense soit-elle la mobilisation n’a pas réussi à franchir le cercle des élites. C’est souvent les mêmes qui, en raison de leurs multiples engagements dans le cadre des partis ou des associations ou des syndicats, à l’échelle nationale ou régionale, ont été les plus actifs dans les lieux et les espaces de la mobilisation.
En tout état de cause, cette mobilisation si elle renseigne sur une chose, c’est sur la société tunisienne et ses messages en direction des politiques.
– Le premier message est le besoin impérieux d’agir et de sortir de l’immobilisme dominant et du contexte d’oppression et de répression
– Le deuxième est la rupture entre les structures traditionnelles de type partisan et bureaucratique et les formes nouvelles mises en place pour inventer des espaces politiques.
Dans ces conditions, deux questions méritent qu’on s’y attarde
1) En quoi cette expérience est-elle un acquis ? Quels enseignements en tirer ?
2) A quelles conditions doit-elle connaître se nouveaux prolongements ?
III – UNE EXPERIENCE : DES ENSEIGNEMENTS
Il est incontestable que l’expérience est porteuse d’espoir. Autre étape s’inscrivant dans le processus historique de construction plurielle et de maturation de l’action politique et citoyenne en Tunisie, elle représente un moment fort, chargé de sens. Au-delà de la dénonciation ponctuelle qu’elle a constituée et de la lumière particulière qu’elle a jetée sur la question des libertés en Tunisie, l’expérience revêt des significations plus larges. L’appréciation qui en est faite n’est pas monolithique et laisse entrevoir ses aspects de positivité et les acquis qu’elle a réalisés, mais aussi ses aspects de fragilité et les crispations qu’elle n’a pas manqué de soulever.
III – 1 : DES ACQUIS A CONSOLIDER
Trois acquis s’attachent à l’opération dans son ensemble, permettent d’envisager l’avenir avec espoir et confiance et expliquent la volonté de les consolider en leur donnant leurs prolongements.
– 1) Les revendications pour les libertés comme axe primordial de mobilisation et d’action.
– 2) la coordination d’action gage de la force de la mobilisation
– 3) L’approfondissement du dialogue
1) Les libertés : axe central de mobilisation et d’action.
L’expérience a montré que les libertés, revendications basiques et standard minimum d’une vie démocratique, constitue le standard commun à toutes les forces politiques et civiles du pays. Il y a donc possibilité d’un entrecroisement sur ces questions vitales pour le pays. La détérioration des conditions de la vie politique et des libertés publiques dans le pays fait l’objet d’un constat identique par tous les acteurs. C’est donc autour de ces libertés qu’il y a lieu de se rencontrer pour apparaître dans le champ public en forces importantes et agissantes.
2) La coordination et l’unité d’action
L’expérience a montré que la coordination et l’unité d’action sont un préalable nécessaire à la mobilisation collective. Il ne s’agit pas d’une coordination formelle et d’une unité par le haut qui aboutirait à soustraire les acteurs de leurs capacités propres de décision ou de leur superposer une nouvelle instance. Il y a lieu d’instaurer une réelle coordination capable de donner à la mobilisation ses prolongements réels
3) L’approfondissement du débat et la décrispation du climat politique.
L’expérience a montré qu’il est important d’instaurer le dialogue et de contribuer à sortir de la phase des anathèmes pour construire un climat propice au débat d’idée et à la confrontation saine des projets. Rendu possible, le débat est à approfondir sur le fond et ce en vue de passer du slogan sur les libertés aux valeurs qui s’y attachent.
III – 2 : RECOMMANDATION POUR ASSURER L’AVENIR
Trois éléments ont constitué un objet de « tension ». Ils doivent retenir l’attention pour assurer l’avenir et inscrire cette dynamique dans la durée.
1)- le respect du particularisme associatif et la différenciation entre le champ du politique et le champ civil (société civile)
2)- la différenciation entre la place de « l’intellectuel indépendant » et les spécificités de l’action politique et partisane.
3) – la présence islamiste
1) La différenciation entre le rôle de l’indépendant et le rôle du politique
L’expérience montre que ce qu’il est convenu d’appeler les indépendants pour désigner les personnes non affiliées à des partis ont apporté aux différents mouvements politiques une contribution importante. Cette relation suscite l’interrogation tant sur la nature même de la participation, ses formes et le sens même de l’indépendance, que ce sur quoi elle renseigne : l’ inadéquation entre les attentes des personnes et les cadres partisans
2) La présence islamiste.
C’est en réalité sur la présence islamiste que les débats, à tord ou à raison, ont été les plus exacerbés. Pour des raisons objectives tenant à des divergences fondamentales de projet de société et à des inquiétudes légitimes sur la nature de l’action commune qu’il est primordial d’accorder à la question toute son importance par le débat franc et ouvert
3) La différenciation entre le champ politique et le champ associatif
Il est un fait que les associations qui se sont mobilisées en permanences dans le champ public pour la défense des droits et libertés, restent extrêmement vigilantes sur la ligne de démarcation entre elles et le politique. Jalouses d’une autonomie acquise au prix d’une confrontation permanente avec le pouvoir, elles ne sont pas prêtes à se laisser happer par l’opposition politique. Si elles affirment leur détermination à faire face aux atteintes aux droits et aux libertés, elles affichent aussi une très grande détermination à préserver leur autonomie d’action et de décision.
Pour le comité de suivi
La coordinatrice
Sana Ben ACHOUR
ANNEXES
I – La mobilisation nationale et régionale
– 18 octobre 2005 : Appel à l’opinion publique de huit personnalités politiques et associatives en grève de la faim pour la reconnaissance et l’exercice de la liberté d’organisation politique et associative, d’expression, d’information et de presse, et la libération des prisonniers politiques et d’opinion signé par :
– Ahmed Najib CHABBI, secrétaire général du Parti Progressiste et Démocratique
– Hamma HAMMAMI, porte parole du Parti Ouvrier Communiste Tunisien
– Abderraouf AYADI, vice-Président du Congrès pour la République
– Ayachi HAMMAMI, président du Comité de Défense de l’avocat Mohamed ABBOU et secrétaire général de la Section de Tunis de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme
– Lotfi HAJJI, président du Syndicat des Journalistes Tunisiens.
– Mohamed NOURI, président de l’Association Internationale de Soutien des Prisonniers Politiques
– Mokhtar YAHYAOUI, magistrat et président du Centre pour l’Indépendance de la Justice et du barreau.
– Samir DILOU, avocat et ancien prisonnier politique
– 21 octobre 2005 : Constitution du Comité national de Soutien à la grève de la faim pour les droits et libertés. Déclaration 1
– 21 octobre 2005 : Constitution du comité de suivi 22 membres
– 29– 30 octobre 2005 : Grèves de la faim dans les Régions avec présences dans les locaux des partis de l’opposition, harcèlement policier et violence contre militants (communiqué, annexe IV)
– 31 octobre 2005 : Assemblée Plénière du Comité National de Soutien au 15ème jour de la Grève de la faim. Déclaration 2
– 2 novembre 2005 : Hospitalisation du gréviste Abderraouf Ayadi contraint de suspendre la grève (communiqué médical)
– 8 novembre 2005 : Rassemblements
– A l’appel de la LTDH, rassemblement de soutien dans les régions devant les siège de gouvernorat
– A l’appel du Comité National de Soutien : Rassemblement 18 h à la Maison Ibn Khaldoun, interdiction, et manifestation de rue, violence et tabassage des militants
– Assemblée Générale et Déclaration du Comité national de Soutien
– 10 novembre 2005 : Message de soutien des grévistes de la faim aux professeurs et instituteurs de l’enseignement secondaire et primaire à l’occasion de la grève syndicale du 10 novembre 2005 contre la visite de Sharon au SMSI ( annexe VIII)
– 12 novembre 2005 : 6 heures pour les libertés
– Rassemblement pour le procès de la LTDH – Projet de motion au ministre des la Justice et des droits de l’homme ( annexe IX)
– Rencontre débat « La question de la transition démocratique » animée par H. Marsit
– Après-midi littéraire, poétique et musical au siège de la LTDH
– 16 novembre 2005 : Sommet Citoyen de Tunis (en présence de Mmes, Shirin Ebadi, prix Nobel de la paix, la Présidente de la Délégation européenne, Catherine Trauttman, Mrs le Maire de Genève, Emanuel Fornare, le Sénateur membre du parlement italien, Fiorello Cortiana, les organisateurs du Sommet Citoyen pour l’information et la communication représentants : la FIDH, l’IFEX, l’U I. des éditeurs, la Coordination nationale des associations de la société civile tunisienne ( LTDH, CNLT, ATFD, Message du comité de soutien ( annexe X)
– 16 novembre 2005 : Message des grévistes de la faim au sommet mondial sur la société de l’information
– 17 novembre 2005 2005: Délégation composée de nombre personnalités de la société civile internationale et tunisienne sollicitant les grévistes de la faim à mettre fin au jeûne
– 18 novembre 2005 suspension de la grève de la faim. Conférence de presse Internationale. Communiqué des grévistes et Communiqué du Comité de soutien
– 4 décembre 2005 : Assemblée plénière de clôture. Déclaration finale et suspension des travaux du comité national de soutien.
II – LISTE DES MEMBRES DU COMITE NATIONAL DE SOUTIEN A LA GREVE
DE LA FAIM POUR LES DROITS LIBERTES
III – COMMUNIQUES ET DECLARATIONS
1-
1بيان الهيئة الوطنية لمساندة الإضراب عن الطعام من اجل الحقوق و الحريات
نحن الممضين على هذا البيان:
ـ وعيا منا بخطورة ما آلت إليه أوضاع بلادنا من تدهور و ما شهده وضع الحريات العامة و الفردية من انتهاكات جسيمة خلال الفترة الأخيرة .
ـ واعتبارا للأبعاد السياسية والرمزية التي يكتسيها التجاء ثلة من الشخصيات الوطنية من قادة الأحزاب والجمعيات في تونس لخوض إضراب جماعي عن الطعام كأسلوب أقصى في ظروف الانغلاق الحالية،
وهم السادة:
ـ أحمد نجيب الشابي ، الأمين العام للحزب الديمقراطي التقدمي
ـ حمة الهمامي ، الناطق الرسمي باسم حزب العمال الشيوعي التونسي
ـ عبد الرؤوف العيادي ، نائب رئيس المؤتمر من اجل الجمهورية
ـ عياشي الهمامي ، رئيس لجنة الدفاع عن الأستاذ محمد عبو والكا
تب العام لفرع تونس للرابطة التونسية للدفاع عن حقوق الإنسان
ـ لطفي حجي ، رئيس نقابة الصحافيين التونسيين
ـ محمد النورى ، رئيس الجمعية الدولية لمساندة المساجين السياسيين
ـ مختار اليحياوى ، قاض و رئيس مركز تونس لاستقلال القضاء والمحاماة
ـ سمير ديلو ، محام وناشط حقوقي وسجين سياسي سابق
ـ ووعيا منا
بخطورة التضحية التي اقدم عليها المضربون بتعريض صحتهم و حياتهم للخطر قصد حشد أوسع حركة لفك الحصار المضروب على المجتمع التونسي .
ـ و إدراكا منا للمخاطر المحدقة بحياة المساجين السياسيين ولصعوبة الظروف التي يتحرك فيها المناضلون السياسيون والحقوقيون وافتقادها لأبسط مقومات ممارسة الحقوق والحريات وذلك في تعارض تام مع استعدادات تونس لاحتضان القمة العالمية للمعلومات التي تهدف مبدئيا وأساسا لتوسيع دائرة حرية الإعلام والاتصال .
ـ وإيمانا منا
بضرورة كسب أوسع التأييد لهذه المبادرة الجريئة باعتبارها نداء حارا لاستنهاض الضمير الوطني ورسالة أمل من أجل الحرية .
ـ وإيمانا
بضرورة الالتفاف حول هذه المبادرة التي رفعت مطالب حرية العمل الحزبي و الجمعياتي
و حرية الإعلام والصحافة وإنهاء معاناة المساجين السياسيين ، باعتبارها مطلبا جامعا ما انفكت الحركة الديمقراطية بكل مكوناتها تناضل من أجل تحقيقه .
ـــ نعلن تضامننا الكامل مع المضربين عن الطعام ونحيي فيهم الشجاعة و نكران الذات ، كما نعلن عن التزامنا القوي بالعمل على تحقيق مطالبهم المشروعة.
ـ نحمل السلط التونسية المسؤولية الكاملة عن أي مضاعفات سلبية لهذا الاضراب وندعوها إلى القيام بكل ما من شأنه تجنب المحظور.
ـ نناشد كل القوى الديمقراطية وناشطي المجتمع المدني على الصعيدين الوطني والدولي تقديم كل الدعم والمساندة الذين يفرضهما الحدث
تونس في 21 أكتوبر 2005
عن الهيئة المنسقة
سناء ابن عاشور
1) DECLARATION DE CONSTITUTION DU COMITE NATIONAL DE SOUTIEN A LA GREVE DE LA FAIM POUR LES DROITS ET LIBERTES.
Nous, signataires de la présente déclaration,
– Conscients de la détérioration du climat général et des conditions d’exercice des droits fondamentaux et des libertés publiques dans le pays et mesurant le caractère extrême que représente la grève de la faim de nombre de personnalités nationales de l’opposition démocratique en Tunisie, les militants :
– Ahmed Najib CHABBI, secrétaire général du Parti Progressiste et Démocratique
– Hamma HAMMAMI, porte parole du Parti Ouvrier Communiste Tunisien
– Abderraouf AYADI, vice-Président du Congrès pour la République
– Ayachi HAMMAMI, président du Comité de Défense de l’avocat Mohamed ABBOU et secrétaire général de la Section de Tunis de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme
– Lotfi HAJJI, président du Syndicat des Journalistes Tunisiens.
– Mohamed NOURI, président de l’Association Internationale de Soutien des Prisonniers Politiques
– Mokhtar YAHYAOUI, magistrat et président du Centre pour l’Indépendance de la Justice et du barreau.
– Samir DILOU, avocat et ancien prisonnier politique.
– Conscients de la gravité de cet acte par lequel les grévistes, au péril de leur vie, en appellent à la plus large mobilisation dans le but de lever, par l’action collective, l’étau qui étouffe les libertés ;
– Conscients aussi des périls qu’encourent les prisonniers politiques et d’opinions et de l’insoutenable situation réservée, dans leur propre pays, aux militants politiques et défenseurs associatifs, privés des conditions minimales d’exercice effectif des droits et libertés alors même que les autorités s’apprêtent à accueillir le Sommet Mondial pour la Société de l’Information qui vise en principe à réduire la fracture numérique et à élargir le champ de la liberté d’information et de communication ;
– Convaincus du soutien à apporter à cette initiative dont le caractère ultime et le message d’espoir, interpellent la conscience de tous et de toutes;
– Décidés par ailleurs à soutenir cette initiative dont les revendications, pour la reconnaissance et l’exercice du droit d’association, d’organisation politique, d’expression et de presse et pour la libération de tous les prisonniers politiques et d’opinion, constituent un standard commun pour lequel la société civile tunisienne, dans ses multiples composantes, n’a cessé de se mobiliser ;
– Déclarons notre soutien aux grévistes de la faim dont nous saluons le courage et le sens de l’abnégation ainsi que notre engagement à porter haut et fort ces revendications.
– Mettons les autorités tunisiennes devant leurs responsabilités et les appelons à tout mettre en œuvre pour éviter l’irréparable.
– Appelons toutes les forces démocratiques et acteurs de la société civile nationale et internationale à apporter le soutien qu’exige l’évènement.
Tunis le 21 octobre 2005
Pour le Comité
La coordinatrice, Sana Ben Achour
2) LE COMITE NATIONAL DE SOUTIEN A LA GREVE DE LA FAIM POUR LES DROITS ET LIBERTES
Message aux grévistes dans les régions
Le Comité National de Suivi de la grève de la faim pour les droits et libertés salue les initiatives régionales de grève de soutien qui se déroulent ces 29 et 30 octobre 2005 dans plusieurs régions et localités du pays : Monastir, Sousse, Bizerte, Nafta-Tozeur, Kairouan, Nabeul, Gafsa, Medenine, Gabes, Sfax, Mahdia, Kélibia, Béja, Siliana, Kasserine, Jendouba, Mateur, Ben Arous et Tunis. Il tient à souligner que le soutien général aux grévistes de la faim et la mobilisation pour leurs revendications rentrent aujourd’hui, dans une nouvelle étape significative de l’ampleur nationale du mouvement et de la forte adhésion à son message pour la reconnaissance et l’exercice du droit d’association, d’organisation politique, d’expression et de presse et pour l’amnistie et la libération de tous les prisonniers politiques et d’opinion.
Le comité national tient à rendre hommage à la force de l’engagement des militantes et militants, à la multiplicité de leurs initiatives et à la détermination de tous à unir leurs efforts pour faire aboutir ces revendications d’urgence nationale auxquelles aspire l’ensemble des Tunisiens.
Il dénonce les manœuvres et mesures d’intimidation dont des militantes et des militants ont été la cible ainsi que le siège imposé aux locaux des grévistes par les forces de police. Il reste convaincu que cet élan, fait de pluralité et d’engagement, qui s’exprime dans l’action unitaire est le meilleur garant pour lever l’hypothèque que le pouvoir fait peser sur les droits et les libertés.
Tunis le 29 octobre 2005
Pour le comité
La Coordinatrice.
Sana BEN ACHOUR
3) DECLARATION DE L’ASSEMBLEE PLENIERE DU COMITE NATIONAL DE SOUTIEN A LA GREVE DE LA FAIM POUR LES DROITS ET LIBERTES
Nous, membres du Comité National de Soutien réunis en assemblée plénière en ce 15ème jour de la grève de la faim pour les droits et libertés
– mus par la volonté d’agir en commun en vue de faire aboutir les revendications pour les libertés d’association et d’organisation politique, d’information et de presse et pour l’amnistie générale et la libération de tous les prisonniers politiques et d’opinion ;
– préoccupés par l’état de santé des grévistes soumis depuis 15 jours à un régime de privation dont les effets sur l’intégrité physique des personnes commencent à être menaçants ainsi qu’en témoigne l’urgence de l’hospitalisation des militants Abderaouf AYADI et Mohamed NOURI
1 – Saluons de nouveau le courage des grévistes de la faim et la noblesse de leur acte par lequel, au péril de leur vie, ils en appellent à la conscience de tous pour lever les carcans et sortir de l’état d’indignité civique et politique qu’un régime autoritaire impose au pays depuis des décennies
2 – Rendons hommage au large mouvement de soutien aux grévistes de la faim et à l’énergique mobilisation de toutes et de tous qui, dans un même élan, fait de pluralité et d’initiatives régionales et sectorielles, donnent à cette action une ampleur nationale et ouvre sur des perspectives porteuses d’espoirs,
3 – Dénonçons les réactions de dénigrement et de type sécuritaire d’un régime resté sourd et hermétique aux constantes revendications de la société civile et politique tunisienne pour une vie de citoyenneté et de dignité civile et politique
4 – Nous nous élevons contre l’insoutenable paradoxe à accueillir le Sommet mondial de l’information qui vise en principe à libérer le champ de l’information et de la communication alors qu’au même moment les Tunisiennes et Tunisiens sont privés de leur droit minimum à l’information et sont soumis à l’arbitraire de la censure et de la désinformation ;
5 – Nous renouvelons notre appel à l’ensemble des forces démocratiques et acteurs de la société civile nationale pour apporter tout le soutien qu’exige la gravité de la situation et pour se mobiliser avec force en vue de réaliser les conditions du tournant démocratique pour lequel des générations de Tunisiennes et de Tunisiens ont apporté leurs contributions
6 – Mettons les autorités devant leurs responsabilités tant en ce qui concerne la santé des grévistes qu’en ce qui concerne la situation des droits et libertés dans notre pays.
Tunis, le 31 octobre 2005
Pour l’Assemblée Plénière du comité de soutien
La coordinatrice.
Sana Ben Achour
4 ) MESSAGE DU COMITE DE SOUTIEN A LA GREVE DE LA FAIM POUR LES DROITS ET LIBERTES AU SOMMET CITOYEN DE TUNIS
Madame Shirin Ebadi, prix Nobel de la paix,
Madame la Présidente de la Délégation européenne, Catherine Trauttman
Monsieur le Maire de Genève, Emanuel Fornare
Monsieur le sénateur , membre du parlement italien, Fiorello Cortiana
Mesdames et Messieurs les organisateurs du Sommet Citoyen pour l’information et la communication représentants : la FIDH, l’IFEX, l’U I. des éditeurs, la Coordination nationale des associations de la société civile tunisienne
Mesdames et Messieurs les participants au Sommet Citoyen de Tunis
Au nom du Comité de soutien à la grève de la faim pour les droits et libertés, je salue votre initiative citoyenne et rend hommage à votre détermination à relever encore et en toutes circonstances le défi de la liberté d’opinion, d’expression, de presse et de communication. Le comité de soutien à la grève de la faim, conscient des multiples entraves rencontrées tant lors de la préparation de ce sommet citoyen que pour sa tenue, parallèlement au Sommet mondial sur la société de l’information, voudrait vous apporter ici son soutien et affirmer son engagement pour cette cause commune et vitale que représentent les libertés.
L’information, dans le contexte de mondialisation économique marqué par la fracture numérique et le développement inégal, n’est pas comme on peut le prétendre un simple problème technologique lié au déficit des ressources matérielles mais pose au fond la question du déficit démocratique. Les entraves de toutes sortes à la circulation des idées, à l’accès aux nouvelles technologies, à la diffusion de l’information, à la publication d’œuvres critiques, à l’expression libre et par suite à la créativité et au savoir, constituent autant d’obstacles attentatoires au développement politique, économique, social et culturel des peuples, des nations et des individus.
C’est contre ces atteintes répétées et multiformes au bloc incompressible des droits humains et des libertés fondamentales que le comité de soutien à la grève de la faim, voudrait joindre sa voix, à toutes celles qui, à l’échelle internationale, régionale et nationale, s’élèvent pour mettre un terme à la censure et à la violence de l’usurpation des libertés. C’est avec cette ferme volonté que le Comité de soutien à la grève de la faim s’est engagé pour soutenir les grévistes et porter haut et fort leur message et leurs revendications pour les libertés d’association et d’expression et pour la libération des prisonniers d’opinion dont « les cyber – dissidents.
C’est mu par cette volonté d’agir que le comité de soutien en appelle à vous, toutes et tous, pour apporter en ce 29ème jour de la grève de la faim, tout le soutien qu’exige la gravité de la situation et mettre les autorités tunisiennes devant leurs responsabilités tant en ce qui concerne la santé des grévistes qu’en ce qui concerne l’état des libertés en Tunisie.
Tunis le 16 novembre 2005
Pour le comité
La coordinatrice.
Sana Ben Achour
5 ) COMITE NATIONAL DE SOUTIEN A LA GREVE DE LA FAIM
POUR LES DROITS ET LIBERTES
Déclaration Finale
Le comité national de soutien à la grève de la faim pour les droits et libertés constitué le 21 octobre 2005,
Prenant acte de l’extraordinaire mouvement de soutien et de mobilisation que l’appel des grévistes de la faim du 18 octobre 2005 pour la reconnaissance et l’exercice des libertés d’association et d’organisation, d’expression, de presse et d’information et pour la libération des prisonniers politiques et d’opinion, a suscité,
– salue en ce jour le courage des grévistes et leur sens de l’engagement pour les droits et les libertés.
– rend hommage à la force de la mobilisation des militantes et militants et à leur sens de l’action
– exprime sa reconnaissance à toutes les personnes qui, à titre individuel ou institutionnel ont témoigné leur soutien
Le comité relève que l’appel des grévistes pour les libertés est parvenu suscitant la détermination de lever par la force de l’engagement et de la mobilisation collective, l’hypothèque qui pèse sur les droits et libertés dans notre pays
Il relève que le message des grévistes de la faim a été entendu de toutes et de tous, et qu’il est parvenu suscitant partout dans le pays une formidable adhésion à ce standard minimum et commun que représentent les libertés
Le comité de soutien convaincu que les objectifs pour lesquels il s’est formé sont pleinement atteints et que sa mission de soutien aux grévistes de la faim est remplie, déclare mettre fin à sa mission et annonce sa dissolution.
Tunis le 4 décembre 2005
Pour le comité.
La coordinatrice
Sana BEN ACHOUR
[1] Le comité de suivi se compose des membres suivants : ABDELJAOUAD Jounaïdi (coordinateur de la commission des relations nationales), ARFAOUI ADEL ( secrétaire exécutif), AZOUNA Jalloul, BELHASSEN Souhair ( coordinatrice de la commission information) , BEL HASSEN Essia, BHIRI Noureddine, BEN ACHOUR Sana, (coordinatrice du comité de soutien), BOUTHELJA Mohamed, CHERIF Khadija ( coordination de la commission des relations extérieures) , DAOULTLI Ziad, ELLOUZE Mongi ( coordinateur des remlations nationales), ESSID Bechir, FALLAH Ali, GOUMANI Mohamed ( coordinateur du comité d’organisation), HAMZAOUI Salah, HDHILI Abderarhman ( coordinateur des relations régionales), JERBI Fathi,, JMOUR Mohamed, KILANI Mohamed, KOUSRI Anouar, MARSIT Habib ( coordinateur relation extérieures), ZAOUI Khelil, (coordinateur de la commission médicale).
Photos du SMSI
Voici un lien qui mène à des dizaines de photos du SMSI. Une majorité d’entre elles ont été prises par l’excellent photographe de presse, Yvérick P. Rangom.
Les responsables de sites qui voudront reprendre ces photos sont donc priés d’en mentionner clairement l’origine.
Merci
http://www.cipuf.org/tiki-browse_gallery.php?galleryId=15 www.cipuf.org
Lecteur Assidu www.tunezine.com
Les relations franco-tunisiennes sont « excellentes », selon l’ambassadeur de France à Tunis
Annan espère que les pays du SMSI garantiront la liberté d’expression
Tunisie : un Français raconte son incarcération pour homosexualité
par Paul Parant
En Tunisie, où l’homosexualité est toujours condamnable par une justice inspirée de la charia (loi islamique), la répression peut brusquement devenir réalité, y compris pour les occidentaux.
Le témoignage de Bruno L., 50 ans, médecin à Paris, rappelle cette réalité. « Je suis arrivé en Tunisie en avril dernier, raconte Bruno. Je m’y rends chaque trimestre. Le 22 avril, j’ai donné rendez-vous à un ami, Khaled, dans un café sur l’avenue Bourguiba à Tunis. Khaled est un Tunisien d’une vingtaine d’années que je retrouve à chacun de mes voyages là-bas. Nous sommes ensuite allés dans l’appartement que je co-loue à 400 mètres du centre-ville.
Apparemment, nous étions suivis : à notre sortie, une heure plus tard, un groupe de policiers nous attendait. Ils ont fouillé l’appartement et trouvé des préservatifs usagés. » Cette « preuve » d’un rapport sexuel, pourtant dans un espace privé, a été considérée comme suffisante pour procéder à leur arrestation. En Tunisie, la sodomie est punie d’emprisonnement, en vertu de l’article 230 du code pénal pour « attentat aux mœurs ». Les deux hommes sont condamnés à six mois de prison le 13 mai. Malgré l’aide de son avocat, Bruno perd également le procès en appel, un mois plus tard. Après la brutalité de son arrestation, Bruno se dit « plus secoué » encore par les conditions de détention : « Nous étions 80 personnes dans une cellule de 55 mètres carrés. On se tassait à trois par matelas. Dans une cellule dite « des étrangers », j’étais le seul blanc et bien sûr, tout le monde savait que j’étais homosexuel. J’étais régulièrement agressé pour cela. Un détenu nigérian voulait me brûler, « comme dans [son] pays ». J’ai fait une grève de la faim pour changer de cellule.
Pour ceux qui n’ont pas de famille sur place pour leur apporter à manger, la prison ne fournissait que quelques miches de pain. Je devais aussi me battre pour ne pas me faire couper la barbe avec le même rasoir qui avait servi aux autres, avec le risque sanitaire que cela entraînait. Tout le monde avait la gale, on ne se douchait qu’une fois par semaine. J’ai vu des policiers corrompus, des prisonniers avec des marques évidentes de torture. »
Finalement, grâce à son statut d’occidental et à des soutiens en France, Bruno est sorti de prison fin juillet. Son ami a effectué l’intégralité de sa peine : il vient tout juste d’en sortir. Aujourd’hui, Bruno cherche à faire connaître son histoire, pour les homosexuels tunisiens et pour améliorer le statut des prisonniers. Il prépare un essai où il racontera sa mésaventure. (Source : http://www.survivreausida.net/a6730 )
HALTE A LA DISCORDE
Les chemins de la drogue
Toxicomanie, malaise social, désengagement familial et crise des valeurs
Dossier instruit par Sana Farhat
La consommation des stupéfiants remonte très loin dans l’histoire. Aucune société n’a été épargnée de cet ogre qui représente une menace continu. Mais, les vraies victimes de des toxines sont ceux souffrant des problèmes sociaux, d’intégration, du chômage. En d’autres termes, du malaise social.
Notre pays ne pas, en fait, épargnée de ce problème. Ceux issus des quartiers populaires sont susceptibles d’être dépendants aux stupéfiants. Il s’agit même de tranche de la société la plus touchée, et ce à cause du malaise dont ils vivent. Lutter contre problème est une responsabilité partagée entre la famille et les autorités. Les parents sont appelés à accorder plus d’attention à leurs enfants. Il faut tout de même, répondre aux vraies problèmes dont souffrent les jeunes sans oublier de multiplier les efforts pour dévoiler les réseaux de distribution.
La toxicomanie se définit comme étant » la consommation habituelle ou périodique d’un ou de plusieurs produits stupéfiants ou psychotropes susceptibles d’engendrer une accoutumance ou un état de dépendance physique et psychique ».
En effet, les toxicomanes ont souvent recours aux stupéfiants pour échapper à des sentiments d’impuissance, d’échec, d’incompétence voire d’intégration dans la famille ou dans la société. Ce phénomène est le résultat de plusieurs facteurs sociaux. Il s’inscrit, tout de même, dans un contexte de malaise social, de crise des valeurs et d’inégalité des chances.
La toxicomanie est étroitement associée à d’autres difficultés qui touchent les individus et les groupes dans la société. Il s’agit notamment de la détresse psychologique, de la dégradation de la qualité de vie, de la pauvreté, de la criminalité, de la montée du chômage, de la maladie, de la violence conjugal et et de la négligence parentale.
La Tunisie
A l’instar des autres pays, le problème de la drogue se pose en Tunisie. La tranche d’âge, 20 à 40 est souvent victime des toxines. Bien que la loi interdise la culture, la consommation et la distribution des stupéfiants, on enregistre chaque année des affaires à cet égard. Selon les statistiques, plus de 400 affaires de drogue ont été repérées au niveau des Chambres correctionnelles en 2003. De même, 300 affaires ont été signalées auprès des Chambres criminelles lors de la même période.
Commission
La dépendance aux stupéfiants est un problème multidimensionnel. Certes, elle a des répercussions négatives sur la santé des individus, sur leur vie économique et sociale. Ceux qui adoptent un comportement addictif risquent, dans quelques cas, de faire face à la justice. A cet effet, une commission de toxicomanie a été formée dans le cadre du programme national de lutte contre les stupéfiants. Finalité ; prendre en charge les dépendants avants d’être interpellés par la police. » Cette structure prend en charge pratiquement 80 toxicomanes chaque année « , d’après Taoufik Zid, coordinateur du bureau national des stupéfiants au ministère de la Santé Publique.
Présidée par un juge et se composant de trois médecins et un représentant du ministère de l’Intérieur, la commission examine périodiquement les demandes des toxicomanes ayant manifesté une nette volonté pour se libérer de cette substance. Mais, » à condition qu’ils ne soient pas interpellés dans des affaires avec la justice « , fait remarquer le coordinateur du programme.
Et d’ajouter : » Ils sont par la suite orientés vers le service Espoir à Jebel El Oust ».
Protéger les toxicomanes
Prévue par la loi 69 cette structure vise à protéger les toxicomanes en les prenant en charge gratuitement. Le nombre des bénéficiaires des services de la commission était moins que celui actuellement. Car, le problème de la toxicomanie ne se posait pas du même degré. » C’est à cause de la mutation de la société et du mode de vie que le problème se pose « , souligne M.Zid.
Et d’expliquer : » les enfants sont actuellement livrés à eux mêmes. Ils ne sont pas contrôlés car les parents sont en dehors de la maison toute la journée « . » Le système d’enseignement a, également, changé. Les élèves passent les heures de creuse à la rue sans aucun contrôle « , insiste-t-il.
Le rôle des parents
De façon générale, le rôle des parents est de conduire l’enfant à l’autonomie de sa vie d’adulte, de l’aider à prendre son envol en lui inculquant les connaissances et les comportements qui lui seront indispensables pour affronter les difficultés de la vie, s’insérer harmonieusement dans la société et vivre heureux. Il s’agit de la finalité de l’éducation. D’où la multiplication
de la responsabilité.
La première consommation intervient généralement durant l’adolescence, dans cette période difficile de remise en question des acquis et d’essais à l’autonomie. En effet, aucun milieu social n’est épargné du danger des stupéfiants. Aucun parent ne peut raisonnablement prétendre que son enfant est à l’abri des drogues. Il est donc important qu’ils adoptent très tôt un comportement préventif qui évitera aux enfants certains dangers.
Phase d’expérimentation
Lors de l’adolescence les jeunes sont dans une phase d’expérimentation intense, basée essentiellement sur l’imitation de leur entourage. » Il est important donc de lui apprendre, outre les connaissances de base, les valeurs , les interdits et les permissions de la vie en société et le respect de ces valeurs « , insiste M. Zid.
Et de souligner : » L’attention des parents pour combler les besoins émotionnels des enfants est indispensable. Ils doivent lui apprendre, très tôt, à avoir des valeurs personnelles. » De plus, la présence du père est indispensable dans la vie des enfants pour les protéger contre toute sorte de tentation plus particulièrement, la toxicomanie. De nos jours, le parents sont trop absorbés par leur vie professionnelle. Ils sont appelés à investir davantage dans l’éducation de leurs enfants.
Plan d’action
Pour mieux attirer l’attention des parents et des jeunes aux dangers de la toxicomanie, le programme a établi un plan de travail avec plusieurs intervenants. Il est axés sur trois phases. La prévention primaire à travers la sensibilisation, la prévention secondaire qui consiste dans la prise en charge et la prévention tertiaire, à savoir la réintégration sociale. Le programme coordonne en fait avec plusieurs ministères impliqué dans cette affaires, avec les centres d’intégration, les clubs des jeunes au sein des lycées, etc.
Des campagnes de sensibilisation et des spots sont aussi diffusés dans les médias.
Contrôle des circuits
Evoquant le contrôle des circuits de distribution des psychotropes, M. Zid a insisté que ces médicaments ne sont livrés que sous ordonnance médicale. Les patients doivent présenter leurs cartes d’identité pour avoir les médicaments prescrits. Il juge que le contrôle administratif est très sévère à cet égard. Des inspecteurs effectuent des visites périodiques aux pharmacies pour les contrôler. » La direction est, de plus, équipée d’un système informatique qui permet le recoupement » conclu -t-il.
Le phénomène de la toxicomanie est, ainsi, le résultat de plusieurs facteurs sociaux. Il demeure indispensable de les résoudre pour diminuer ce problème qui coûte cher aux victimes et à la communauté.
Sana FARHAT
(Source : « Le Temps » du 12 décembre 2005)
Témoignages:
Un toxicomane « Victime des stupéfiants dès le jeune âge »
Issu d’un quartier populaire, notre jeune interlocuteur de 23 ans est l’un des victimes des stupéfiants. Il a intégré l’univers de la drogue dès son jeune âge, dès qu’il était, encore, élève. Il a tenté la première expérience par les psychotropes, assurés à cinq cent millimes seulement par un patient qui se soigne à l’hôpital Razi. Souffrant des problèmes familiaux, le jeune homme tente d’échapper de cette réalité par différents moyens. Il a jugé que le meilleur refuge est la drogue. Il était tout le temps en quête des cannabis qu’il réussirait à les avoir de son milieu scolaire. Le jeune ne lésine pas sur les moyens pour assurer ses besoins. Il a eu même recours au vol pour garantir ses provisions de cette matière. La pahase finale était avec le héroïne, mais il a risqué sa vie car le corps est affaiblit. Faute d’encadrement et de surveillance des parents qui étaient en désaccord continue, le jeune est devenu dépendant. Mais, il s’est rendu compte que cet ogre lui coûte cher, sa santé, sa vie sociale comme il trouve des difficultés matérielles pour assurer ses besoins. Il décide ainsi de consulter un spécialiste avec un seul espoir se débarrasser de ces stupéfiant et être indépendant.
Une épouse d’un toxicomane: « Les stupéfiants coûtent chers à la famille »
Mère de deux enfants, la jeune femme subit les répercussions de la drogue indirectement. Elle est actuellement divorcée, comme elle veille à ses deux enfants. Cette accoutumance lui coûté cher car elle ne supportait pas la vie qu’elle menait avec son époux. Faute d’inconscience, le mari a été piégé par les psychotropes. Il s’agit pour lui de la meilleure solution pour vivre le vrai bonheur. Mais, au contraire, il devenait très violent. Après une longue histoire de souffrance et de misère, car le marie a abandonné son travail, la jeune femme décide de divorcer. Elle œuvre pour élever ses enfants avec un seul objectif les protéger contre cette menace.
(Source : « Le Temps » du 12 décembre 2005)
Amor Farouk Gharbi, Président de Chambre à la Cour d’Appel de Tunis
« La Tunisie est, semble-t-il, un point de transit vers les pays voisins »
Les statistiques révélant les affaires liées à la drogue ne sont, jusqu’à maintenant, pas choquantes, mais, il faut être vigilant. Car, les jeunes tunisiens, de plus de 18 ans, sont des vrais consommateurs des drogues classées dans le tableau « B », tel que le Cannabis. Ce stupéfiant est introduit dans notre territoire de l’étranger. Il semblerait, même, que la Tunisie est un point de transit vers les pays voisins.
La quasi-totalité des consommateurs est issu des quartiers populaires. Mais, attention ce phénomène se pose, également, dans le milieux scolaire. C’est ce que nous a dévoilé le juriste Amor Farouk Gharbi dans cet entretien.
Le Temps: La drogue est un ogre qui menace les individus. Peut-on affirmer que le nombre des toxicomanes est en augmentation continue dans notre pays ?
Le nombre des affaires de la drogue a augmenté de l’ordre de 30 % depuis la promulgation d’une loi imposant l’analyse médical des suspects. Avant cette date, le magistrat a souvent recours à des épreuves non scientifiques ; à savoir la reconnaissance du suspect en plus des témoignages. Nous avons, actuellement, des épreuves plus crédibles contre les suspects, et ce, grâce à cette loi. D’ailleurs, c’est pour cette raison que nous ne pouvons pas affirmer que le nombre des toxicomanes a augmenté lors des dernières années.
Quel est le type de la drogue le plus répandu chez nous ?
Les enfants âgés de moins de 18 ans consomment très souvent les drogues dures classées dans le tableau « B », plus particulièrement les cannabis. Quant à la tranche d’âge de plus de 18 ans, elle opte pour les psychotropes, telles que l’Artan 15, l’Anaphratime et le Tranqucène. Elles sont classées dans le tableau « B ». D’ailleurs, l’effectif des toxicomanes consommant les psychotropes déjà citées est en augmentation continue. Ils ont souvent recours aux psychotropes pour échapper des problèmes dont ils souffrent, notamment le chômage, la pauvreté, l’intégration sociale, etc.
La consommation des toxines est-elle répandu dans le milieu scolaire ?
Faute d’encadrement familial et de contrôle, les enfants sont susceptibles d’être erronés par plusieurs comportements tels que la consommation de la drogue. Livrés à eux même, les lycéens cèdent à la tentation. Ils consomment lors d’une première phase les stupéfiants afin de les découvrir. Ils deviennent par la suite addictés après qu’ils soient piégés par cette substance dangereuse. Nous enregistrons, ainsi des cas de toxicomanie dans le milieu scolaire. A signaler que certains parent sont au courant des pratiques de leurs enfants.
De quel milieu social sont issus les jeunes toxicomanes ?
La majorité des adolescents dépendants, âgés de 14 à 15 ans, sont issus des quartiers populaires et démunis. Ils sont généralement des délinquants dès leurs jeune âge. Cette frange de la société fait face à des problèmes familiaux, d’encadrement social, sans oublier les orphelins.
La consommation des stupéfiants est étroitement liée aux circuits de distribution. Comment évaluez-vous les efforts déployés à ce niveau pour détenir les réseaux de distribution ?
Il est difficile de contrôler tous les réseaux de distribution. De même, les agents de la sécurité ne peuvent intervenir que dans quelques cas. Ils faut que les preuves soient pertinentes à ce niveau. Bien que les textes législatifs soient sévères, nous enregistrons des récidivistes.
Les psychotropes ne sont disponibles aux patients que sous ordonnance médicale. Faute d’inconscience des répercussions négatives des psychotropes, les malades tentent de les distribuer. Ils deviennent même une source des toxines. Les médecins spécialistes sont, ainsi, appelés à être plus vigilants en prescrivant les médicaments nécessaires. C’est une responsabilité partagée avec les pharmaciens qui sont appelés à être plus déterminés vis-à-vis à ces clients. A remarquer que le nombre des consommateurs des psychotropes est en évolution dans les quartiers populaires. Toutefois, nous pouvons le diminuer en contrôlant de plus ces circuits.
Mais, qu’on est-il par rapport à la distribution des drogues dures, en d’autres termes, celles classées dans le tableau » B » telles que le cannabis ?
Les consommateurs ne dévoilent pas la vraie source dans plusieurs cas. Mais, il n’est pas difficile de le savoir en multipliant les efforts. Cette toxine est introduite chez nous de l’extérieur. Il parait, même, que notre pays est une zone de transit vers les pays voisins.
Selon les statistiques, les affaires liées à la consommation des stupéfiants tendent vers l’augmentation lors de la saison d’été. Plusieurs cas ont été enregistrés contre les touristes ainsi que nos concitoyens à l’étranger.
Les Tunisiens expulsés à cause des affaires liées à la drogue représentent-ils une menace sur la société ?
Certes, ils menacent la société. D’ailleurs, la quasi-totalité des drogues dures, notamment, le Héroïne, sont assurées par eux.
Quelles sont les mesures qui doivent être prises par les juristes contre eux pour cerner ces réseaux ?
Je juge que le contrôle administratif est la meilleure solution pour limiter ces réseaux. Il s’agit, en fait, de la mesure qui doit être prise contre tous ceux qui ont été détenus dans des affaires liées à la drogue.
Peut-on affirmer que la consommation des stupéfiants est répandue chez les femmes ?
Au contraire, ce phénomène est répandu le plus chez les hommes. Quelques cas uniquement sont enregistrés contre les femmes. Mais, nous remarquons une légère hausse de ce problèmes chez les femmes issues des quartiers populaires.
L’université Tunisienne souffre-t-elle de ce problème ?
L’université est encore épargnée de ce phénomène.
Concrètement, quelles sont les mesures à prendre pour limiter ce problème ?
Bien que les statistiques liées aux affaires de la drogues ne soient pas choquantes, il faut multiplier les efforts pour cerner cette question. c’est une responsabilité partagée entre les différents acteurs de la société, la famille, les juges, la police, etc. Il faut également résoudre les vrais problèmes sociaux. En d’autres termes apporte des réponses concrètes aux problèmes dont souffrent les jeunes.
Sana FARHAT
Que dit la loi?
Le législateur a pris en considération trois notions, l’usage, la culture et le trafic des stupéfiants. L’article 2 de la loi promulguée en mai 1992 interdise la la culture, la consommation, la production, la récolte, la détention et la possession des stupéfiants. De plus, la propriété, l’achat, le transport, la circulation, la cession, l’offre, la livraison, le trafic, la distribution, le courtage, l’importation et l’exportation des toxines sont strictement interdis.
Sont sanctionnés à partir d’un an de prison ceux qui consomment les stupéfiants classées dans le tableau » B ». Les distributeurs de cette matière sont sanctionnés au moins de cinq ans de prison en plus du contrôle administratif.
(Source : « Le Temps » du 12 décembre 2005)
Khalil Zamiti, sociologue
« Il faut identifier les causes de l’autodestruction et du dégoût de la vie pour mieux cerner la toxicomanie »
Le phénomène de la drogue remonte très loin dans l’histoire. D’après le psychologue, les civilisations ont été toujours marquées par les toxines. Mais, il appelle à déterminer les vraies causes de l’autodestruction des personnes par les stupéfiants pour mieux expliquer ce phénomène.
Le Temps: Comment se justifie la consommation des stupéfiants dans la société ?
Les civilisations ont été toujours marquées par la présence des toxines. On n’a jamais découvert une société dépourvue de stupéfiants. Les anthropologues parlent, même, de l’universalité des toxines. A partir de là , les spécialistes présentent plusieurs explications à cette question. Pour la psychanalyse, les toxines sont une autodestruction de soi qui correspond au fait qu’il y a un instinct de mort « Thanatos ». L’attrait vers la mort devient ainsi, inconscient. C’est une réaction contre l’échec de la satisfaction des besoins d’une manière ou d’une autre. Les personnes dépendantes cherchent dans ce cas à subvenir ce manque en ayant recours à la toxicomanie.
D’autres psychanalystes trouvent que la drogue est liée au plusieurs difficultés sociales, telles que la misère, le chômage. C’est, également, une réaction compensatoire contre la solitude et les problèmes familiaux. D’ailleurs, nous enregistrons une nette augmentation du phénomène dans les quartiers et les zones populaires ou celle où les problèmes sociaux se posent le plus.
Mais, faut-il prendre ces éléments comme les seules explications du phénomène ?
Il faut prendre ces explications comme des éclairages partielles au phénomène. Les arguments cités dévoilent un seul volet du problème. C’est une explication classique. Il est essentiel d’expliquer les causes de l’autodestruction et du dégoût de la vie pour mieux cerner la toxicomanie. Il est important de tenir compte de l’aspect financier de cette question. C’est toute une corporation qui assure les stupéfiants.
Quelle est la responsabilité de la famille vis-à-vis de ce problème ?
Je juge que l’encadrement de la famille est une idéologie. Car, le rôle de la famille change à partir du moment où l’enfant atteint l’âge de la maturité. C’est l’environnement externe et la fréquentation des amis qui influence le comportement des jeunes. On parle actuellement du phénomène de la « bande ».
Comment se justifie l’augmentation du nombre des toxicomanes ?
L’évolution de l’effectif des toxicomanes est étroitement liée à l’accroissement démographique. C’est aussi, un phénomène mondial. Auparavant, la consommation de la drogue a été réservée à une population spéciale. Lorsqu’on interdit quelque chose, elle devient plus répandue.
Comment la société doit-elle réagir face aux dépendants aux stupéfiants ?
Il est recommandé de ne pas juger ces gens. Les éducateurs sociaux ont également un rôle important dans la prise en charge et l’intégration de cette frange de la société. Il faut repérer les causes réelles de la toxicomanie. Par la suite, il est important d’apporte les solutions adéquates aux causes de cette pratique, et ce en prêtant plus d’attention à l’emploi et les problèmes préoccupant les jeunes.
Personne ne peut mieux parler de la drogue qu’un toxicomane, car le discours dépend du lieu d’où il parle.
Sana FARHAT
(Source : « Le Temps » du 12 décembre 2005)
Historique:
Au départ, c’était une thérapie
La pratique des drogues, à des fins religieuses, initiatiques et médicales, remonte très loin dans le temps.
En Asie, les feuilles du cannabis sont utilisées à des fins thérapeutiques depuis des millénaires. La médecine grecque de l’Antiquité utilisait l’opium et en signalait déjà les dangers.
Aux 16ème et 17ème siècles on se servait du tabac pour guérir les plaies. Au 19è siècle, des chirurgiens employaient la cocaïne.
Quant à l’alcool, produit familier s’il en est, il apparaît dès l’Antiquité.
Utilisés pour soigner et guérir, ces produits (dont l’usage varie selon les cultures et les traditions) étaient aussi employés dans des cérémonies sacrées, des fêtes, afin de modifier l’état de conscience et renforcer les relations entre les gens.
Autrefois, le mot drogue désignait un » médicament « , une préparation des apothicaires (pharmaciens) destinée à soulager un malade. Puis il a été utilisé pour désigner les substances illicites et surtout l’héroïne. Aujourd’hui, pour nommer l’ensemble de tous ces produits, que l’usage en soit interdit ou réglementé, et qui agissent sur le cerveau, on emploie aussi le terme de « substances psychoactives ».
Cependant, le développement de la consommation de ces substances est un phénomène récent.
(Source : « Le Temps » du 12 décembre 2005)
Assassinat de Farhat Hached, le 5 décembre 1952 :
Un crime d’Etat.
La France face à son histoire coloniale